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Full text of "Comptes rendus des séances de la Société de Biologie et de ses filiales .."

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coMPTES  umu  DES  mm 


ET 


mEmoires 


DE  LA 


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SOCIETE  DE  BIOLOGIE. 


TOME  III.  —  limei  1851. 


AU  BUREAU  DE  LA  GAZETTE  MEDIC  ALE, 

14,  roe  nacine,  pres  tie  lOdeon. 


ET 


Chez  J.-B.  BAILLIERE, 

Rue  Hautefeaille ,  19. 

18S2 


;S  REIDS  DES  SEAIES 


ET 


MEMOIRES 


DE  LA  SOClfiTfi  DE  BIOLOGIE 


PENDANT  I;ANNEF,   I8S(. 


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TAIilS.  IMPRIMK  TAR  K.   THUNitT   I:T  (1% 

litii-  linrinr-.  Vl.  prrs  <li'  I'ddcnn. 


coiiPTEs  m\m  oes  seances 


ET 


MEMOIRES 


DE  LA 


r  f 


S0€1ET£  DE  BIOLO(ilE. 


TOME  III.  —  JVNM  1851. 


AU  BUREAU  DE  LA  GAZETTE  MEDIC  ALE, 

14,  rnr  Harine.  pros  de  I'Odpon 
ET 

Cm;/,  J.-R.   BAILMKIIK, 

niic  llaiitcfciiille,  19. 

1852 


MEMOIRES 


LUS 


A  LA  SOCI£t£  DE  BIOLOGIE 

PENDANT  L'ANNEE  18S1. 


COMPTE  RSNDU 

DES  SEANCES 


UE 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDANT   LE   MOIS   DE   JANVIER  1851  ; 


IL   SECOND,  KcrtiUUrv. 


Pr^sidence  de  M.  RATER. 


I.  —  Anatomie. 
!•  tbCohie  de  l'intestin  ;  par  M.  Second. 

Quand  la  thSorie  d'un  organe  est  generalement  acceptee  on  Onlt  toujours  par 
y  subordonner  les  differeutes  manieres  de  considerer  cet  organe,  et  la  lh6orie 
se  soulient  lant  qu'elle  est  compaiibie  avec  la  masse  des  documents  accu- 
mules. 

II  est  tr6s-remarquable  d'observer,  ^  propos  de  l'intestin,  que  la  viellle  bypo- 


1 


thdse  tie  Galiea  sur  la  preponderance  de  I'esiomac  regne  encore  dans  lontes 
les  descriptions  el  appreciations  de  eel  organe,  alors  qui*  depuis  longtemps 
celle  hypothese  n'esl  plus  en  harmonic  avec  I'ensenible  des  renseignemenls 
oblenus  sur  le  canal  alimentaire.  En  clTet,  d'Aristote  i  Vicq-d'Azyr,  la  melbode 
de  description  de  I'inteslin  n'a  fait  en  realile  aucun  pas ;  el  bien  que  ce  dernier 
propose  pour  eel  organe  un  plan  d'etude  plus  propre  a  en  decouvrir  les  fonc- 
tions,  cependant  les  derniers  experimeniateurs  en  sont  encore  au  point  de  vue 
de  Galien ;  seulement,  au  lieu  d'expliquer  les  pbenomenes  de  la  digestion,  par 
les  facultes  de  I'estomac,  ils  les  expliquenl  par  les  vertus  du  sue  gastrique.  Of 
il  importe  aujourd'hui  de  renverser  une  bypolhese  qui,  malgre  la  signification 
de  beaucoup  d'experiences,  pourrait  longtemps  encore  entrelenir  une  fausse 
notion  du  canal  alimentaire,  et  reagir  par  suite  sur  les  recberches  pbysiolo- 
giques. 

Quand  on  soumet  la  demonstration  de  I'intestin  d'un  verlebre  superieur  aux 
divers  precedes  tournis  par  I'observaiion  directe,  I'experimenlalion  et  la  com- 
paraison,  on  arrive  a  reconnaitre  Ires-neilement  que  la  parlie  la  plus  tixe  el 
par  consequent  la  plus  imporlanle  de  ce  canal  est  Vintestin  grile.  La  structure 
de  cette  partie  et  ses  connexions  avec  certains  appareiis  secreteurs  annexes,  le 
petit  nombre  d'anomalies  qu'eUe  pent  presenter  par  rapport  a  celles  des  autres 
parties  de  I'organe,  son  developpement  piimordial  chez  I'embryon,  la  dispari- 
tion  successive,  dans  la  serie  des  animaux,  des  parties  qui  la  precedent  ou  qui 
la  suivent,  le  danger  proporlionnellement  plus  grand  des  maladies  et  des  ope- 
rations pratiquees  sur  cette  parlie  du  canal,  enfin  le  peu  de  modifications  rela- 
tives qu'elle  subil  pendant  la  vie,  tout  concourl  a  etablir,  aussi  positivemenl 
qu'on  pent  le  faire  en  biologic,  la  preponderance  marquee  de  Tinleslin  grele 
sur  toules  les  autres  parlies  du  canal  alimentaire. 

Ce  n'esl  pas  tout,  si  on  veut  se  placer  au  point  de  vue  physiologique,  des 
fails  nombreux  viennenl  soulenir  cette  theorie. 

Des  eludes  precises  sur  le  sue  gastrique  onl  montre  que  I'influence  accordee 
h  ce  liquide  a  ete  tres-exageiee ;  on  trouve  meme,  d'apres  des  recberches  de 
M.  CI.  Bernard,  que,  chez  des  animaux  ii  es-voisins,  ce  liquide  a  des  proprietes 
ditlerentes,  tandis  que  les  liquides  verses  dans  I'inteslin  grele  el  le  sue  intesti- 
nal resultant  de  leur  melange,  onl  des  proprietes  plus  fixes  el  plus  impor- 
tantes  et  operenl  la  veritable  digestion  des  aliments. 

Je  rappellerai  ici  Texp^rlence  inleressanle  rapportee  dernieremenl  a  la  So- 
eiete  par  M.  Bouley,  d'apres  laquelle  on  a  vu  qu'il  suffisait,  pour  paralyser  Pac- 
tion de  la  noix  vomique,  d'empecher  cette  substance  de  penelrer  dans  rinlestin 
grele  au  moyen  d'une  ligature  faite  au  pylore  (l).  Depuis,  M.  Bouley  m'a  fail 
part  d'une  nouvelle  experience  faite  sur  un  veau  qui,  apres  la  ligature  preala- 
ble  du  pylore,  a  resisle  pendant  dix  beures  a  la  noix  vomique. 


^1)  Voir  ]e  bulletin  de  decemlire  1850. 


3 

Toutes  ces  observations  viennent  appuyer  la  tlieorie  que  je  soutiens,  et  on 
pourrail  la  demonlrer  nieme  en  restant  au  point  de  vue  anatomique.  On  peut 
prevoir,  d'apres  une  indication  experinienlaie  que  je  vais  donner,  que  de  nou- 
veaux  fails  vienrlront  bientol  la  consolider. 

On  sent,  d'apres  cette  theorie,  qu'il  y  a  lieu  a  modifier  beaucoup  d'experiences 
entreprises,  soil  dans  le  but  d'eclairer  le  probieme  de  la  digestion,  soit  pour 
resoudre  les  questions  variees  sur  Taction  des  medicaments  et  des  poisons.  On 
comprend  en  effet  que,  pour  la  nettete  de  certains  resultats,  11  y  aurait  un 
grand  inleret  a  pouvoir  agir  directement  sur  I'inlestin  grele.  Mais  toutes  les  ex- 
periences directes  tentees  a  eel  egard,  et  en  parliculier  I'elablissement  artifi- 
ciel  des  fislules,  sonl  des  operations  tres-perilleuses  pour  les  animaux  soumis 
aux  experiences,  resultat  que  Ton  pouvait  facilement  prevoir  a  I'aide  de  la 
tbeorie  que  je  propose.  J'ai  done  imagine  un  precede  que  je  livre  a  tous  nos 
habiles  experimentateuis,  et  qui  consiste  a  elablir  prealablement  une  Ostule 
storaacale,  chez  un  cbien  par  exemple,  et  a  penetrer  dans  I'intestin  grele  par  le 
pylore,  au  moyen  d'une  sonde  en  gomme  elastique  du  n"  12  ou  13.  Quand  on 
voudra  simplement  porter  des  substances  dans  le  duodenum,  il  suffira  deles 
injecter  par  la  sonde;  et  quand  on  voudra  recueillir  des  liquides  du  commen- 
cement de  I'inlestin  grele,  on  se  servira  d'un  niandrin  muni  d'une  eponge.  Du 
reste,  suivant  les  cas,  le  genie  experimental  perfectionuera  les  diverses  applica- 
tions particulieres  de  ce  procede. 

2°  KESCME  d'un  travail  SUR  LE  DEVELOPPEMENT  DES  PARTIES   GENITALES  ET  DRO- 

poiETiQUES  CHEZ  LES  BATRACiENS ;  par  M.  Jean  Marcdsen  ( de  Saint-Peters- 
boiirg). 

«  1"  Dans  le  premier  temps  du  deve.'oppemeni,  c'est-a-dire  avant  que  I'ceuf 
soit  transforme  en  tetard,  on  ne  trouve  aucune  trace  des  parties  genitales  el 
uropoietiques. 

u  2°  Dans  le  tetard,  on  voit  apparaiire  avant  la  formation  des  parties  genitales 
el  uropoietiques,  deux  organes  situes  immediatemenl  sous  les  branchies,  avec 
deux  conduits  qui  longent  la  colonne  verlebrale  et  qui  finissent  dans  I'anus 
temporaire  forme  seulemenl  par  la  peau  et  situe  a  la  parlie  poslerieure  du  ven- 
tre. Ces  deux  organes  out  ete  decouverts  par  M.  MuUer  (de  Berlin),  qui  les  a 
designes  sous  le  worn  de  corps  de  Wolfl'. 

»  3°  Dans  le  tetard  apparaissent  les  deux  reins,  deux  corps  jaune-rougeStres 
situes  immediatemenl  sous  la  colonne  verlebrale,  avec  deux  conduits  excr^- 
teurs  qui  finissent  dans  I'anus  temporaire.  lis  sont  composes,  dans  ce  temps, 
de  tubules  droits  ayant  une  direction  perpendiculaire  sur  la  ligne  mediane. 

n  li°  Les  premieres  traces  des  parties  genitales  sonl  deux  plaques  allong6es, 
placees  du  cole  interne  des  reins. 

»  5"  Le  developpenient  de  ces  deux  plaques  marche  de  la  maniere  suivanle. 
Sur  leur  boul  anierieur,  il  se  forme  deux  ou  Irois  excroissances  digitees;  npres 


k 

piles  se  retrtcissenl  en  plusieurs  endrolls,  et  en  meme  temps  il  s'esl  forme 
plus  d'appenciices.  Le  conduit  excreteur  du  corps  de  Miillcr  commence  a  mar- 
cher de  la  jigne  mediane  en  dehors. 

»  6°  II  se  forme,  entre  les  reins  et  la  glande  genilale,  des  conduits  tres- 
mioces.  Les  glandesgenilales  deviennent  plus  grandes;  les  excroissances  digi- 
tees  coraniencnt  a  etre  couveries  par  la  glande  genilale.  Le  corps  de  MuUer 
commence  a  disparailre.  Son  conduit  excreteur  est  arrive  au  bord  exlerne  du 
rein  et  y  est  visible  comnie  un  canal  bleuatre. 

n  7°  Le  pli  du  peritoine  qui  attache  le  conduit  excreteur  du  corps  de  Miiller 
au  bord  externa  du  rein  croit,  et  par  consequent  le  conduit  lui-meme  s'eloigne 
plus  du  rein.  La  partie  anterieure  qui  va  jusqu'aux  extremlK^s  anlerieures  de- 
vient  onduleuse,  la  partie  posterieure  se  jetle  dans  le  cloaque  apres  avoir  em- 
brasse  le  rein. 

»  go  Chez  la  femelle,  la  glande  genilale  devient  I'ovaire;  le  conduit  excreleur 
du  corps  de  Miiller,  ou  au  moins  le  canal  qui  longe  le  bord  externe  du  rein 
devient  I'oviducte;  la  partie  posterieure,  en  s'elargissant,  devient  I'ulerus.  Chez 
le  male,  la  glande  genilale  devient  le  testicule;  les  canaux  entre  elle  et  le  rein 
sont  la  communication  que  Swammerdam  coni.aissait  deja  et  que  M.  Bidder  a 
recemment  irouvee  chez  tous  les  amphibies  nus.  La  partie  anterieure  du  con- 
duit excreteur  du  corps  de  Muller  disparait  chez  les  males;  la  partie  posterieure 
qui  se  reunit  au  conduit  excr6ieur  du  rein  devient  I'urelre  et  le  vase  deferent 
en  meme  temps.  Chez  les  grenouilles,  il  se  developpe  encore  sur  la  partie  poste- 
rieure, avant  son  entree  dans  le  cloaque,  une  glande,  que  I'ou  a  nommee  pros- 
tate; chez  les  crapauds,  ce  developpement  n'a  pas  lieu. 

i>  9°  Le  corps  de  Miiller  est  peul-elre,  sous  le  rapport  physiologique,  un  corps 
de  Wolff,  c'est-a-dire  un  organe  fcetal  secernant  des  malieres  urineuses  ;  pour- 
tant  ce  n'est  pas  encore  demontre,  I'analyse  thimique  n'ayant  pas  encore  ete 
faite.  Sous  le  rapport  morphologique,  ce  ne  sont  que  les  reins,  qui  sont  les  ve- 
ritables  corps  de  Wolf,  ce  qui  est  demontre  par  la  formalicn  des  glandes  ge- 
oitales  a  leur  cdl6  interne,  et  surlout  par  le  developpement  des  canaux  entre  la 
glande  genilale  et  les  reins ;  car  c'est  ainsi  que  Ton  trouve  les  rapports  entre  ie 
corps  de  Wolff  et  les  glandes  genitales  chez  les  animaux  superieurs  vertebres. 
Ce  sont  ces  canaux  qui  fornieni  une  partie  de  I'epidydime. 

»  10°  Les  canaux  de  communicalion  entre  la  glande  genilale  et  les  reins 
chez  les  batraciens  sont  I'epid} dime  des  animaux  superieurs. 

»  11°  L'^lat  permanent  des  parlies  genitales  et  uropoietiques  des  batraciens 
«presente  Petal  transiloire,  foetal  des  animaux  superieurs.  » 

3°   PnUEBE.MEBIL-ME. 

La  commission,  charg^e  d'examiner  les  communications  de  M.  Souleyet  re- 
latives a  cclle  question,  a  expose  a  la  Sociele  par  I'organe  de  son  rapporteur 
les  travatu  qu'elle  a  effcciues  a  eel  6gard.  Le  rapport  de  la  commission  em- 


5 

brassant  .'enseiiible  des  recherches  relatives  au  fait  du  phlebeot^risme sera  I'ob- 
jet  d'une  jiublication  parliculiere. 

II.  —  Physiologie. 

NOTE   SUK    LES   VIBRATIONS  THORACIQUES  QOI  ACCOMPAGNENT  LES  PHENOUENES 

DE  LA  voix  ;  par  M.  Second. 

Les  vibrations  du  thorax,  vaguement  interpretees  par  quelques  physiologistes, 
me  paraissent  devoir  occuper  desorniais  une  place  importante  dans  I'elude  de 
la  phonaiion. 

Le  poumon  et  la  trachee-artere,  une  fois  caracterises  dans  leur  office  de 
soufflet  et  de  porte-vent,  I'attenlion  s'est  nalurellement  portee  d'abord  surl'or- 
gane  essentiel  de  la  production  des  sons,  ensuite  sur  le  luyau  vocal  qui,  dans 
les  changements  de  timbre  de  I'articulation  des  mots,  joue  un  role  si  impor- 
lant.  Bien  que  I'etude  de  ces  deux  parlies  de  I'appareil  vocal  ne  soit  pas  com- 
plete, il  est  urgeut  d'etendre  I'observation  aux  phenomenes  Ihoraciques  eux- 
memes,  alin  d'embrasser  toutes  les  cinonstances  capabies  de  modifier  le  son 
produit  par  le  larynx. 

C'est  aux  recberches  interessantes  de  M.  Monneret  sur  la  veritable  explica- 
tion des  bruits  thoraciques  que  je  dois  d'avoir  aborde  plus  nettement  qu'on  ne 
I'a  fait  jusqu'ici  I'elude  de  ces  vibrations.  Aide  par  la  delicatesse  remarquable 
qu'il  a  acquise  dans  ce  genre  d'observation,  j'ai  pu  instituer  une  serie  d'expe- 
riences  comparatives  pour  les  principaux  phenomenes  vocaux.  Comme  les  re- 
sullats  obtenus  peuvent  deja  constituer  une  base  pour  I'etude  des  vibrations 
thoraciques  pendant  les  phenomenes  normaux  de  la  voix,  j'ai  pense  que  je 
pouvais  les  communiquer  a  la  Societe. 

Lorsque  le  larynx  produit  et  soulient  un  son,  les  vibrations  des  levres  de  la 
glotte  se  transmettent  aux  parois  thoraciques,  soit  directement  par  les  parlies 
solides,  soit  par  I'intermediaire  de  I'air  lui-merae,  mis  en  vibration  ;  de  telle 
sorle  que  le  thorax  peut  etre  cousidere,  relalivement  &  la  glotte,  comme  une 
caiisc  consonnante.,  capable  de  renforcer  le  son  et  de  lui  imprimer  un  caraclere 
particulier. 

Pour  un  meme  registre,  ces  vibrations  sont  d'autant  plus  notables  que  le 
son  est  plus  grave.  Cette  difference  constante  tient  sans  doute,  d'une  part,  au 
degre  d'amplitudedes  vibrations  de  la  glotte,  d'autre  part  a  la  situation  du  la- 
rynx par  rapport  a  la  cavite  thoracique. 

Le  registre  de  poilrine  excite  dans  le  thorax  des  vibrations  bien  plus  consi- 
derables que  le  registie  de  tete. 

C'est  prob:;blenient  aux  considerations  que  nous  avons  signalees  dans  le  cas 
precedent  qu'il  faut  egalement  rapporter cette  difference. 

Lorsque,  dans  un  meme  registre,  on  donne  alternativenient  un  mSme  son, 
en  timbre  clair  et  en  timbre  sombre,  on  remarque  pour  ce  dernier  timbre  des 


6 

Tibrations  plus  lines  que  pour  le  premier.  Sans  essayer  a  cet  egard  aucune  ex- 
plication, je  me  coutenterai  de  rappeler  qu'au  poinl  de  vue  de  I'eclat  el  de  la 
parlie  du  son  ce  limbre  clair  Temporlede  beaucoup  sur  le  timbre  sombre. 

Dans  les  deux  registres,  quel  que  soil  le  timbre  employe,  les  vibralions  du 
iliorax  augmenienl  sous  I'inQuence  de  reO'ort  qui,  ainsi  que  je  I'ai  indique,  tend 
i  Oxer  le  larynx  ires-inferieureraenl  (l).  Pour  ce  dernier  cas,  la  situation  de 
I'organe  par  rapport  au  pouvoir  superieur  du  thorax  explique  la  difference. 

Lesmemes  experiences  comparatives  faiies  sur  la  voix  inspiraloire  fournis- 
seiil  les  memes  resultats.  Seulemenldans  louscescas  les  vibrations  sonl  propor- 
lionnellenient  beaucoup  plus  faibles. 

Quant  aux  vibralions  du  crane,  elles  tiennenl  surtoul  a  la  direction  donnee 
au  son.  Lor.sque  le  son  passe  par  la  cavite  buccale,  elles  sont  beaucoup  moins 
sensibles  que  pour  le  cas  oil  le  son  s'ecoule  lolalement  ou  en  partie  par  les 
tosses  nasales. 

Dans  la  voix  nasonnee,  alors  que  la  bouche  seule  sen  a  remission  du  son, 
les  vibrations  sonl  moins  notables  que  lorsque  la  voix  traverse  les  caviles  na- 
sales sans  y  retentir. 

Pour  le  crane  conime  pour  le  thorax,  les  vibrations  sont  plus  faibles  pendant 
la  voix  de  tele  que  pendant  la  voix  de  poitrine. 

Tels  sont  les  principaux  phenomenes  qu'on  peulnoter  dans  I'exploration  des 
vibralions  thoraciques  qui  accompagnent  les  phenomenes  vocaux,  el  qui  mepa- 
raissent  devoir  etre  pris  en  consideration  dans  la  question  du  timbre  de  la 

TOiZ. 

III.  — Exploration  pathologiqde. 

DE  L'BMPLOI  du  TBEPAN  DANS    LES  FRACTDRES  DC    RACHIS ;  par  M.  BROWN- 

Seohard. 

On  sail  corabien  sonl  rares  les  cas  de  guerison  apres  les  fractures  du  racbis 
chezl'homme.  M.  Brown-Sequard  a  cberche  si  Ton  ne  pourrait  pas  employer 
avec  avantage  le  trepan,  dans  beaucoup  de  cas  de  fractures  du  rachis  avec 
compression  de  la  moelle  soil  par  les  pieces  osseuses  fraclurees,  soil  par  les 
liquidesepanches  dans  le  canal  rachidien.  Une  des  raisons  qui  font  repousser 
I'emploi  du  trepan,  c'est  que  la  mise  a  nu  de  la  moelle  epiniere  serait  dange- 
reuse.  Or  cette  opinion  est  tout  a  failerrouee,  si  I'homme  ressemblea  certains 
mammiferes  et  oiseaux  sur  lesquels  M.  Browii-Sequard  a  lrouv6  qu'on  peut 
impunement  meltre  la  moelle  a  nu. 

Apres  avoir  fracture  le  rachis  sui  des  cochons  d'Indc,  il  a  enlev6  les  por- 
tions d'os  fraclurees  etiaisse  s'ecouler  les  liquides  epanches.  Celte  experience 
a  ele  faile  sur  sept  individus  qui  ont  tons  survecu.  On  pourrait  penser  que  les 

(1)  Voyez  Archives  de  uedecine,  18&8. 


7 
eobayes  different  de  I'homme,  en  ce  qu'ils  auraient  la  faculty  de  survivre  lou- 
jours  aux  fractures  du  rachis.  II  n'en  est  rien  cependant,  car  six  individus 
ayant  eu  le  rachis  fracture,  sans  qu'on  ait  eu  soin  d'enlever  les  pieces  osseuses 
deplacees,  sont  morts  dans  I'espace  du  second  au  onzieme  jour.  C'est  done  k 
I'application  du  trepan  que  les  sept  autres  ontdu  de  ne  pas  mourir. 

Dans  une  autre  communication,  M.  Brown-Sequard  parlera  des  autres  causes 
de  mort  apres  les  fractures  du  rachis,  et  en  particulier  de  la  formation  d'ulceres 
etd'escarres  au  sacrum  et  dela  diminution  de  la  chaleur  animale.  II  fera  voir 
que  Ton  peut  se  garantir  aisement  de  ces  facheux  accidents. 

IV.  —  BiBLIOGRAPHIE. 
DE  LA  PARACENTfeSE  DE  LA  POITRINE  ;    par  M.  LACAZE-DUTHIERS. 

La  Societe  a  requ  de  M.  Lacaze-Dulhiers  rhommage  d'un  travail  sur  la  para- 
centese  de  la  poitrine  dont  il  lui  parait  utile  de  transmeltre  les  conclusions 
suivantes : 

«  Le  medecin,  dit  I'auteur,  se  trouve  toujours  place  entre  ces  deux  alterna- 
tives :  ou  bien  I'asphyxie  est  iniminente,  ou  bien  elle  est  eloignee.  Dans  la  pre- 
miere alternative,  ilfautoperer,  quelles  que  soientla  nature  du  liquide,lacause 
Eloignee  ou  prochaine  et  son  anciennete,  a  moins  toutefois  qu'il  n'exisle  des  le- 
sions organiques  telles  que,  en  dehors  de  I'epanchement,  la  mortarrivera  dans 
un  temps  tres-court.  Dans  la  seconde  alternative,  le  devoir  du  medecin  est: 
l'  d'employer  les  moyens  therapeutiques  conseilles  en  pareil  cas,  et  de  mesu- 
rer  leur  emploi  a  la  rapiditede  la  niarche  de  I'epanchement ;  2°  d'operer  quand 
I'epanchement  devient  excessif;  3°  de  s'abstenir  si  la  Devre  n'est  pas  tombee 
et  quand  I'epanchement  est  mediocre  et  slationnaire;  de  s'abstenir  surlout  dans 
les  cas  d'epanchement  mediocre,  que  Ton  a  tout  lieu  de  supposer  tuberculeux 
ou  purulenls;  w  d'avoir  dans  lous  les  cas  I'ceil  ouvert  surlesepanchements  re- 
belles  et  considerables;  car  1°  il  arrive  qu'ils  prennent  une  marcherapidement 
ascensionnelle  capable  d'amener  la  mort ;  2°  ils  peuvent  determiner,  comme  il 
a  etedit,  le  marasme  et  les  tubercules. 

»  En  resume,  I'operalion  de  la  paracenlese  du  thorax  n'offre  plus  la  gravity 
qu'on  lui  attribuait ;  elle  est  un  moyen  efflcace  de  guerison  des  hydrothorax 
aigus.  Les  objections  dirigees  contra  son  emploi  restent  sans  valeur  devant 
r^tude  attentive  des  faits. » 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 


DD 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDANT   LE   MOIS   DE   F^VRIER  1851  ; 


U.   SEGOKD,  Mer«Ulr«. 


Pr^sidence  de  lU.  RAYER. 


1.  —  Th£ORIE   DES   MILIEUX. 


KOTE    SUB   LES    CAUSES   DU  GOlTRE    ET  DU   CRETINISME   ET   SUR  LES  MOYENS    D'EN 

PRESERVER  LES  POPULATIONS ;  par  M.  le  doctcur  Grange. 

•  Les  recherches  quej'ai  entreprises  sur  le  goitre  et  le  cr6tinisme  ont  eu 
sp^cialement  pour  bui  une  etude  aussi  exacle  et  aussi  precise  que  possible  de" 
circonstances  exciusivement  propres  a  tous  les  pays  oil  ces  maladies  exercenl 
leurs  ravages. 

»  Comnie  bases  de  celte  6tude,  j'ai  dress6  des  cartes  geographiques  de  la 


10 

distribulioQ  du  goitre  en  France,  en  Savoie,  en  Suisse  et  en  Piemont,  eu  me 
servant  pour  ceia  des  tableaux  du  recrutenient,  des  statistiques  que  j'ai  pu 
recueillir  et  qui  presentent  toute  raulhenliciie  desirable. 

»  En  comparanl  ies  localites,  les  provinces  dans  lesquelles  ces  maladies  sonl 
endeniiques,  on  reconnait  que  la  hauieur  au  dessus  du  niveau  de  la  mer,  que 
la  latitude,  que  I'exposition  au  soleil,  aux  vents,  la  disposition  orographique  du 
sol  soit  en  plaines,  soit  en  vallees  profondes,  le  voisinage  des  niarais,  I'etat  by- 
grometrique  de  I'air,  ne  sont  pas  des  causes  imraediates  du  developpement  de 
ces  maladies,  et  que  ces  circonstances  ne  peuvent  jouer  qu'un  role  tres-secon- 
daire.  On  trouve  en  effet,  dans  la  menie  province,  dans  la  meme  vallee,  et  par 
consequent  dans  les  uiemes  circonstances  meteorologiques  et  hygieniques,  des 
villages  profondement  atteinis  et  d'autres  enlierement  epargnes.  II  en  est  ainsi 
dans  la  Savoie,  dans  le  canton  du  Valais,  sur  le  versaut  meridioual  des  Alpes  et 
dans  la  chatne  des  Alpes  maritimes. 

n  D'autre  part,  eu  comparant  les  formations  geologiques  sur  lesquelles  sont 
fixees  les  populations  atteintes  de  goitre,  j'ai  reconnu  que,  dans  les  Alpes, 
toutes  ces  formations  appartenaient  auxcalcaires  metamorphises  par  la  magne- 
sie  (ca  caire  metauiorphique),  et  que  dans  le  voisinage  les  terrains  de  mica- 
schisle  et  ceux  del'epoque  cretacee,  lorsqu'ils  nepresentaient  pas  de  masses  ad- 
venlives  de  dolomie,  les  populations  etaient  entierement  epargnees. 

»  Des  phenomenes  seniblables  s'observent  dans  tous  les  pays  oil  le  goitre  est 
endeniique  ;  on  trouve  le  goitre  endemique  dans  les  Pyrenees  sur  les  calcaires 
du  lias  et  sur  les  calcaires  magnesiens  qui  se  trouvent  sur  la  zone  d'eruption 
des  ophites;  sur  le  trias  dans  les  Vosges;  sur  le  lias  dans  le  Jura,  les  hautes 
Alpes  et  les  basses  Alpes  ;  sur  les  calcaires  dolomitiques  de  I'epoque  carboni- 
f^re,  eu  Angleterre,  en  France  et  en  Belgique ;  sur  le  trias  dans  le  Wurtem- 
berg,  la  Saxe,  elc;  sur  les  dolomies  dans  le  Tyrol,  dans  I'lnde  et  en  Amerique ; 
sur  la  molasse  marine  et  sur  les  alluvions  qui  proviennent  du  pays  oil  le  goitre 
et  le  crelinisme  sont  endemiques. 

»  On  observe  qu'en  Europe  le  lias,  les  formations  du  trias,  marnes  iris6es, 
muschelkalk,  zechsteio,  sont  partout  habitees  par  des  populations  atteintes  de 
ces  maladies  endemiques.  Cela  s'explique  par  la  nature  meme  des  formations 
qui  presentent  la  meme  composition  mineralogique  dans  toute  leur  ctendue,  les 
niemes  fossiles  et  souvent  la  meme  Dore,  qui  onl  presque  toujours  la  meme 
constitution  physique  etdes  dispositions  orographiques  entii-remenl  semblables. 
II  nVst  point  etonnant  que  les  memes  affections  soient  endemiques  sur  des  for- 
mations enlierement  semblables,  dans  leur  nature  chimique  et  dans  leurs  con- 
ditions physiques  et  physio' ogiques. 

.)  En  m'appuyant  sur  la  presence  generale  des  goilreux  sur  les  terrains  ma- 
gnesiens et  sur  I'analyse  des  eaux  qui  ont  la  reputation  et  la  propriete  inr on- 
testable  de  donner  lieu  au  developpement  du  goitre,  j'ai  ete  conduit  a  admctire 
(]uc  ccile  allection  poiivail  dependro  de  la  presence  des  sels  de  magnesie  dans 


11 

les  eaux  et  les  aliments.  II  a  cite  des  fails  qui,  s'ils  etaient  plus  nombreux, 
etabliraient  que  la  niagnesie  provoque  le  developpement  du  goitre. 

»  Je  fais  observer  a  la  Societe  que  quelques  circonslances,  et  notanimeiit  la 
presence  de  I'iodure  de  potassium  dans  les  aliments  et  les  eaux,  pouvaient  mo- 
difier et  annibiler  cette  influence  deletere;  et  c'est  ninsi  que  j'explique  I'absence 
des  goitreux  au  voisinage  de  la  mer  et  la  diminution  de  I'lnfection  dans  les  villes 
qui  ont  des  eaux  choisies  et  une  alimentation  plus  variee  provenant  en  grande 
partie  de  pays  sains  et  induslrieux. 

i>  Au  point  de  vue  nosologique,  je  tonsidere  ie  goitre  comme  une  atl'eclioa 
plus  generale  qu'on  ne  I'admet  ordinairemenl;  cette  maladie  n'est  pas  seule- 
ment  propre  a  la  glande  tbyroide,  elle  atteint  les  glandes  sublinguaies  sous- 
maxillaires,  le  foie,  les  lesticules,  lesmamelles  qui  se  Irouvent  souvent  anorma- 
lement  developpees,  bien  que  Taction  se  porte  plus  generalement  sur  la  glande 
tbyroide.  D';  utres  faits  etablissent  encore  que  I'on  a  affaire  a  une  diathese  par- 
ticuliere  qui  s'acconq)agne  souvent  de  deformations  dans  les  articulations,  d'un 
defaut  d'energie  musculaire  et  nerveuse,  et  que  les  enfants  qui  naissent  de 
parents  plus  ou  moins  modifies  par  cette  diathese  ne  se  developpent  ni  sous  le 
rapport  des  forc^^s  physiques  ni  sous  celui  des  forces  intellectuelles.  Les  cretins 
se  rapprochent  cerlainement  des  idiots  a  certains  points  de  vue,  mais  iis  en 
diflerent  surtout  par  le  developpement  si  anormal  et  si  inconiplel  des  forces 
physiques. 

»  II  existe  un  grand  nombred'autres  differences  moins  importantes  et  moins 
precises  et  qui  ne  peuvent  etre  indiquees  ici. 

n  Les  animaux  prennent  rarement  le  goitre ;  mais  dans  les  vallees  oil  ces 
affections  font  le  plus  ravages,  les  bestiaux  sont  chetifs  et  sont  inconiparable- 
ment  inferieurs  en  force  et  en  qualite  4  ceux  des  pays  sains.  Dans  beaucoup 
de  vallees  on  ne  peut  pas  clever  les  bestiaux  nes  des  troupeaux  du  pays;  ils 
sont  pourainsi  direcretinises;  les  paysans  vont  acheter  au  dehors  des  animaux 
sains  qui  seuls  peuvent  se  developper  assez  bien  pour  repondre  aux  besoins  des 
populations. 

»  Comme  reoyens  de  preservation  el  de  guerison,  je  propose  le  changemeni 
du  regime  des  eaux  lorsqu'il  est  possible,  et  sinon  I'usage  des  sels  ioduresde  1 
k  5  dix-milliemes.  » 

II. — Teratologie. 

CRABE    COMMUN     (CANCER    MCEN'AS     L.)    POURVU     DE    DEUX  PETITES    PATTES-PINCES 
SCRNUMERAIRES  DU  COTE  GAUCHE. 

M.  Rayer  met  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Societe  un  crabe  commun, 
dont  la  patte-pince  du  cote  droit  est  norniale.  La  palte  pince  cor:espondante  du 
c6te  gauche,  moins  forte  que  celle  du  cote  droit,  se  tern)ine  par  deux  pinces 
dont  I'une  est  dirigee  du  cote  de  la  pinpe  du  cote  oppose  el  vers  I'axe  du  corps, 


12 
ell'autreen  sens  inverse,  de  sorte  qu'elles  formeutune  espece  de  T  avec  les  ar- 
ticles qui  les  supportent.   Une  troisienie  palte-pince  surnumeraire  nail  d'un 
article  conmiun  aux  deux  precedents.  En  resume,  ce  crabe  a  une  patie-pince 
normale  du  cote  droit  at  trois  pelites  patles-pinces  du  cote  gauche. 
Ce  cas  de  t^ratologie  a  et6  communique  a  M.  Rayer  par  M.  Valenciennes. 

111.  —  Exploration  pathologique. 

1"  MALADIES  D£  L'OEUF  HUMAIX;  HEMORRHAGIE  DE  LA  CADOQUE. 

M.  Boucbut  prcsente  un  oeuf  humain  alleie  recueilli  dans  les  circonstances 
suivantes  -. 

Une  femme  de  35  ans,  deja  deux  fois  mere  ct  ajanl  donne  !e  jour  a  des  en- 
fants  bien  portanis,  a  vu  de  nouveau  ses  regies  disparaitre  au  mois  de  juin 
1850 ;  elle  se  crut  enceinte,  car  elle  eprouvait  les  phenomenes  gastriques  el  les 
indispositions  qui  avaienl  signale  ses  autres  grossesses. 

Au  bout  de  deux  mois,  une  metrorrhagie  eut  lieu  et  conlinua  avec  plus  ou 
moinsde  violence  pendant  les  mois  d'aoiil,  septembre,  novembre,  d^cembre. 
Elle  entra  a  la  Pitie  au  mois  de  Janvier  1851,  avec  I'uterus  tres-volumineux, 
renfermant  un  corps  elranger  donl  la  nature  resta  douteuse.  L'ulerus  avail  le 
volume  des  deux  poings  du  sujet-  L'hemorrhagie  conlinuait,  et  M.  Bouchul 
donna  du  seigle  ergote  a  cette  femme,  qui  rendit  bienlol  une  tumeur  grosse 
comme  le  poing  compos^e  comme  il  suit : 

Une  tumeur  creuse,  a  parois  epaisses  d'un  centimetre,  remplie  de  sang  li- 
quide;  I'interieur  de  cette  tumeur  est  partout  mamelonuee  ;  et  sur  un  de  ces 
mamelons  se  voient  quelques  petits  vaisseaux  reunis  en  un  pedicule  ou  cordon 
d'un  demi-centimetre  de  longueur  au  bout  duquel  est  suspendu  un  foetus  bien 
apparent  dont  on  voit  I'extremite  cephalique,  le  corps,  et  quatre  tubercules  qui 
sont  I'origine  des  quatre  membres. 

Cette  cavite  est  formee  par  la  cavite  de  I'amnios,  et  sous  cette  membrane  se 
trouve  le  chorion,  puis  la  caduque,  et  dans  cette  membrane  du  sang  ancienne- 
ment  coagule  endurci  formant  la  parol  de  la  tumeur ;  cette  paroi  est  a  peu 
pres  de  la  meme  epaisseur  dans  tous  ses  points,  sauf  les  mamelons  deja  signa- 
les,  qui  en  augmentent  ^k  et  la  le  diametre;  c'est  la  en  consequence  une  he- 
morrhagiede  la  caduque  aux  premiers  mois  de  la  grossesse,  qui  s'est  repandue 
tout  autour  de  I'oeuf  et  a  suspendu  son  d6velopperaent  ulterieur. 

2<>  ETAT  DES  MUSCLES   DE  LA  JAMBE  ET  DU   PIED  ,   ET    DE   L'APONEVROSE   PLANTAIRE 
DANS  UN  CAS  DE  PIED-BOT  VARUS  (2«  DEGRE  DE  M.  J.  GUERIN)  ;  par  M.  CHARCOT. 

«  Un  hoiurae  age  de  60  ans  environ,  etait  entre  dans  le  service  de  M.  Rayer, 
a  I'hopilal  de  la  Charlie,  pour  y  etre  traite  d'une  affection  cancereuse  de  la 


13 
langue.  Mine  depuis  longlemps  par  la  cachexie,  il  succomba  enfin  a  un  oedfeme 
de  la  glotte,  et  probablement  aussi  au  ramollissement  de  masses  cancereuses 
disseminees  daus  les  deux  poumous. 

»  Get  homme  elait  porteur  d'un  double  pieb-bot  varus,  didormil^  probable- 
ment congenilale,  mais  qui  remonlait  tout  au  moins  a  une  6poque  Ires-voisine 
de  la  naissance ;  il  odrait  en  outre  une  deviation  de  la  colonne  vertebrale,  Le 
pied  droit  etait  de  beaucoup  le  plus  diflbrme ;  c'est  le  seul  que  j'aie  disseque. 

11  Avant  la  dissection  des  parlies  molles,  on  constatait  les  faits  suivants  :  1°  la 
face  dorsale  du  pied  regarde  directement  en  avant  el  un  peu  en  bas;  elle  esi 
en  outre  doublenient  convexe,  dans  le  sens  de  la  longueur  et  dans  le  sens  de 
la  largeur.  On  y  reniarque  une  saillie  tres-prononcee,  arrondie,  situee  a  3  cen- 
timetres au  moins  au-dessous  du  sillon  de  rariiculation  libio-tarsienne;  ceite 
saillie,  dirigee  en  oulre  nianifeslement  en  dehors,  est  evidemment  due  a  la 
tete  de  I'astragale;  2°  la  face  plantaire  regarde  en  arriere  et  un  peu  en  haul; 
elle  est  profondement  excavee  daus  tous  les  sens  et  recouverte  par  une  peau 
fine  et  formant  des  plis  nombreux  et  profonds ;  3"  le  bord  interne  du  pied  forme 
un  angle  droit  avec  I'axe  de  la  jambe ;  il  offre  en  outre  une  legere  concavite ; 
le  bord  externe,  devenu  inferieur,  offre  une  convexite  dontle  sommetest  forme 
par  une  saillie  due  au  cuboide,  et  a  une  partie  de  I'exlremite  anterieure  du 
calcaneura.  Cette  saillie  est  recouverte  par  une  peau  tresepaisse  comme  cor- 
nee;  c'est  sur  elle  que  reposait  tout  le  polds  du  corps  ;  U°  les  orteils  sont  demi- 
flechis,  mais  non  relractes ;  cetle  flexion  augmente  encore  la  concavite  de  la 
plante  du  pied;  5°  le  talon  est  tres-eleve;  son  bord  inferieur  est  au  niveau  ne 
I'exlremite  inferieuredes  malleoles ;  6°  la  jambe, entin,  est  amaigrie,  cylindrique, 
molle.  On  rencontre,  par  la  palpation,  une  corde  due  au  tendon  d'Achille,  et 
une  autre  corde  produite  par  la  tension  du  jambier  anterieur. 

n  II  etait  necessaire  d'indiquer  a  quel  degre  etait  arrive  ce  pied-bot ;  voici 
I'etat  des  muscles  : 

»  Le  jambier  anterieur,  I'extenseur  commun  des  orteils,  I'extenseur  propre 
du  gros  orteil  ont  un  volume  relativement  assez  considerable. 

»  Le  jambier  anterieur  seul  presente  de  la  pSleur  et  du  ramollissement  dans 
les  fibres  les  plus  inferieures. 

»  Le  muscle  pedieuxest  enlierement  alrophie,  ligamenteux. 

)i  Le  long  et  le  court  p6ronier  ont  un  volume  presque  normal ;  tous  deux  pre- 
sentent  la  degenerescence  graisseuse  des  fibres  muscuiaires  les  plus  inferieures, 
le  court  peronier  lateral  surtout. 

»  Le  jumeau  et  le  soleaire  ont  diminue  au  moins  de  moitie ;  les  jumeaux  n'ont 
pas  subi  de  transformation  graisseuse ;  le  soleaire,  au  contraire,  a  ses  fibres  de- 
colorees,  friables  et  melangees  de  tissu  adipeux.  Le  tendon  d'Achille  est  tres- 
court;  son  extremite  inferieure  est  mince  et  cylindrique. 

»  Tous  les  muscles  de  la  couche  profonde  de  la  region  post^rieure  de  la  jambe 
sont  atrophies  et  inUltres  de  graisse. 


14 

n  Le  jambier  posterieur  est  le  plus  modifie. 

»  Le  flechisseur  propre  du  gros  orieit  a  seul  conserve  un  certain  volume  et 
une  quanlite  notable  de  fibres  musculaires  rouges. 

.)  Quant  aux  muscles  de  la  region  plantaire,  ils  sent  generalement  petits, 
pales,  mous  et  friables,  mais  non  transformes. 

»  Pour  bien  juger  du  degre  d'action  de  chacun  de  ces  muscles,  je  les  ai  cou- 
pes successivement.  La  section  des  tendons  des  deux  jambiers  a  fait  cesser  en 
partie  radduction,  et  lepied  varus  aete  transformeen  pied  equin,  ou  mieux,  en 
equin  varus,  car  un  degre  notable  d'adduction  se  montrait  encore.  La  section 
du  tendon  d'Achille  a  fait  disparaitre  une  partie  seulement  de  I'equinisme ;  celle 
du  long  peronier  lateral  a  diminue  un  pen  la  convexite  du  pied  dans  le  sens  de 
sa  largeur.  L'ablaiion  de  tous  les  autres  muscles  n'a  rien  donne  de  plus,et,  re- 
duit  a  son  squelelle  ligamenteux  et  aponevrotique,  le  pied  presenle  encore  une 
dillormite  tres-considerable. 

"  L'abduclion  et  I'exlension  sont  empechees  par  I'aponevrose  plantaire  rac- 
courcie,  epaisse,  nacree  et  formant  comme  une  corde  lendue  contre  le  calca- 
neum  et  I'extremite  anterieure  des  metalarsiens.  La  convexite  dans  le  sens  de 
la  longueur  du  pied  est  aussi  lout  enliere  sous  la  dependance  de  I'aponevrose 
plantaire,  car  elle  n'a  pas  ete  sensibleraent  diminuee  par  I'ablation  des  diffe- 
rents  muscles  qui  peuvent  la  produire. 

»  Tous  les  OS  ont  conserve  un  certain  degre  de  mobilite.  Les  ligaments  arti- 
culaires  tendus  et  allonges;  ceux  qui  sont  silues  dans  le  sens  de  I'adduc- 
tion  sont  situes  dans  le  sens  de  Tabduclion  sont  relacbes  et  replies  sur  eux- 
niemes,  conlrairement  a  ce  qui  a  eu  lieu  pour  I'aponevrose  plantaire ;  il  est  done 
probable  qu'apres  la  section  de  cette  derniere,  lout  rentrerait  dans  I'ordre,  a 
moins  qu'il  n'existe  quelque  alteration  profonde  dans  les  surfaces  articulaires 
deplacees,  ce  que  je  n'ai  pas  encore  verifie. 

»  Les  arteres  principales  de  la  jambe  et  du  pied,  prealablement  injectees, 
avaient  subi  une  legere  diminution  de  volume;  les  nerfs  ne  m'ont  presente  au- 
cune  modiDcation  notable.  Une  bourse  muqueuse  considerable  et  traversee  par 
des  filaments  tendineux  existait  entre  la  peau  epaissie,  corneeet  la  face  snpe- 
rieure  du  cuboide,  qui  reposait  en  partie  sur  le  sol. 

1)  En  resume,  dans  ce  cas  de  pied-bot  varus  tres-prononce  et  ancien,  nous 
croyons  devoir  noter  surtout  les  faits  suivants  ; 

I)  1°  Tous  les  muscles  de  la  jambe  et  du  pied  ont  subi  une  diminution  generale 
de  volume  ;  aucun  d'eux  n'a  entieiement  disparu,  aucun  n'est  enlierement  rem- 
place,  soit  par  du  tissu  fibreux,  soil  par  de  la  graisse.  Le  pedieux  fail  seul  ex- 
ception, il  est  entierement  ligamenteux. 

2"  La  transformation  graisseuse,  dans  les  muscles  qui  en  sont  atteints,  se 
montre  surtout  au  niveau  de  leur  extremile  tendineuse.  L'eiendue  de  cette 
transformation,  dans  les  differents  muscles,  n'est  d'ailleurs  nullement  en  rap- 
port avec  le  degre  d'action  qu'ils  ont  pu  avoir  sur  la  production  de  la  difformite; 


15 

les  muscles  qui  ont  dCi  agir  ne  sont  ni  plus  Di  moins  allures  que  ceax  qui  ont  db 
se  reposer. 

»  3°  L'ablalion  des  differents  muscles  n'a  moditie  que  lr6s-incompletement  la 
difformite,  dont  la  plus  grande  parlie  dependait  du  raccourcissement  de  I'apo- 
nevrose  plantaire,  et  a  laquelle  les  ligaments  articulaires  ne  prenaient  aucune 
part.  • 

3»  DEVIATION  ET  CONTRACTCRE  PERMANENTE  DES  MEMBRES  APRfeS  L'ECRASEMENT 
DE  LA  MOELLE  EPINIERE  ;  par  M.  BROWN-SeQOARD. 

Dans  le  courant  de  I'annee  1850  et  posterieurement,  M.  Brown-Sequard  a 
monlre  plusieurs  fois  a  la  Sociele  des  pigeons,  sur  lesquels,  a  I'aide  d'une  tige 
metallique  introduite  dans  le  rachis,  il  avail  ecrase  toute  la  portion  de  moelle 
epiniere  qui  donne  des  nerfs  aux  membres  posterieurs.  Une  roideur  convul- 
sive permanenle  est  survenue  peu  a  peu  dans  ces  membres,  qui  ont  neanmoins 
toujours  conserve  des  traces  de  mouvements  volontaires  ou  reflexes.  Dans  le 
plus  grand  nombre  des  cas,  les  membres  contractures  se  maintenaient  dans 
I'extension ;  dans  quelques  autres  la  jambe  restait  fortement  flechie  sur  la 
cuisse.  Des  deviations  dans  diverses  parties  de  ces  membres  se  sont  develop- 
pees  avec  lenteur,  mais  d'une  maniere  continue,  realisant  ainsi,  sous  les  yeux 
de  I'observateur  et  de  la  fa^on  la  plus  incontestable,  la  partie  de  la  doctrine 
de  M.  Jules  Guerin  relative  aux  liens  de  causalite  existant  entre  les  alterations 
du  sysleme  nerveux  et  les  deviations. 


^ 


COMPTE  RUNDU 

DES  %UUU 


UE 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PKNDANT   LE    MOIS    DK    MARS  1851  ; 


vAn 


M.  Ic  Docteiir  BROWK-S^QUAIU) ,  B«cr«tair«. 


Pr^sidence  de  M.  RAYER< 


I.  —  PHTSIOLOGIE. 
I"    INFLUENCE   DE   LA   (.INQLIEME   PAIRE   DE   NERFS   SUB  LA   SECRETION   SALIVAIRE , 

par  M.  Louis  Vella  (de  Turin). 

Depuis  longlemps  on  connail  I'mfluence  que  le  nerf  trijumeau  exerce  8ur  la 
nutrition  de  la  face,et  parliculierement  Ics  alterations  qui  surviennent  dans  I'oeil 
apr6s  que  cc  nerf  a  ete  coupe ;  mais  on  n'avait  pas  examine  I'influence  specials 
que  la  cinqui^me  paire  pouvait  avoir  sur  la  secretion  des  glandcs  salivaires. 

Plusicurs  physiologistes  ont  donnt'  des  raisong  plus  ou  moins  plausible*  pour 


18 

demontrer  que  la  troisienie  paiie,  ou  le  fiwiitl  s.Nmpatliique  peuvent  influencer 
exclusivfment  la  secretion  de  la  salive  ;  mala  leurs  opinions  ne  sunt  baseessur 
aucune  experience  directe,  seul  moyen  cependant  de  resoudre  la  question.  C'est 
ce  moyen  que  M.  Vella  a  employe.  II  resume  ainsi  les  resullats  qu  il  a  ob- 
tenus : 

«  J'ai  experimente  sur  le  chien  et  sur  le  lapin,  et  voici  ce  que  j'ai  observe  : 

»  1"  Sur  un  chien  adulte,  j'ai  coupe  la  cinquieme  paire  dans  le  crane,  et  le 
jendemain,  les  symptomes  consecutifs  k  la  section  du  nerf  eiant  ires-manifestes, 
c'est-^-dire  que  I'ffiil  commenqait  a  s'enfiammer,  la  cornce  a  devenir  opaque  el 
que  I'insensibilite  de  tout  le  cole  de  la  face  eiait  bien  apparente,  j'ai  dccouverl, 
du  c6le  ou  se  trouvait  la  section  du  nerf,  le  conduit  parotidien,  dans  lequel  j'ai 
introduit  un  petit  tube  pour  recueillir  dela  salive.  J'ai  ensuite  excite  laseerelion 
ealivaire  en  versant  du  vinaigre  dans  la  bouche,  et  j'ai  bientot  vu  qu'il  y  avait 
ecoulement  d'une  salive  qui  etait  alcaline  et  presentait  les  caracteres  de  la  salive 
normale.  Les  jours  suivants,  j'ai  fait  des  observations  semblables  sur  I'ecoule- 
ment  de  la  salive,  et  j'ai  remarque  que  la  secretion  allait  en  diminuant,  et  que, 
lequatrieme  jour,  elle  etait  devenue  presque  nulle  lorsque  I'animal  mangeaitet 
machait  des  corps  durs,  ou  bien  quandon  introduisail  dans  sa  gucule  des  sub- 
stances acides  comme  le  vinaigre.  Le  septifeme  jour,  apies  avoir  constate  que  la 
secretion  salivaire  avait  a  peu  pres  disparu,  j'ai  sacrifie  I'animal,  et  I'autopsie 
m'a  clairement  montrc  que  le  nerf  eiaii  bien  coupe. 

i>  2»  Sur  un  lapin  adulte,  j'ai  coupe  la  troisieme  paire  dans  le  crane  du  cote 
gauche.  Immediatement  apres,  les  symptomes  de  la  section  se  sent  montres,  et 
des  le  lendemain,  la  cornee  a  commence  h  devenir  opaque.  Le  huilieme  jour, 
I'animal  etant  du  reste  assez  bien  poitant,  j'ai  mis  a  nu  et  j'ai  ouvert  le  conduit 
parotidien  des  deux  cotes  de  la  face.  J'ai  ensuite  lait  manger  I'animal,  qui  etait 
^  jeun  depuis  vingt-quatre  heures.  J'ai  observe  avec  soin  I'ecoulement  de  la  sa- 
live des  deux  cotes,  et  j'ai  vu  qu'il  y  avait  k  peine  un  suintement  leger  du  cote 
de  la  section,  tanJis  que  du  cote  sain  la  salive  coulait  en  abondance  comme  dans 
I'etat  normal. 

»  3°  Sur  une  cliienne  adulte,  j'ai  decouvert  sur  les  joues  les  deux  conduits 
parotidiens,  dans  lesquels  j'ai  introduit  des  tubes  pour  recueillir  la  salive ;  puis 
j'ai  pratique  la  section  de  la  cinquieme  paire  du  cote  gauche.  Avant  cette  sec- 
tion, j'avais  constate  que  I'ecoulement  etait  egalement  abondant  des  deux  coles. 
Apr6s  la  section,  j'ai  fait  la  meme  observation  en  introduisaot  du  vinaigre  dans 
lagueule  de  I'animal,  et  j'ai  constate  k  plusieurs  reprises  que  I'ecoulement  etait 
beaucoup  plus  considerable  du  cote  oii  le  nerf  etait  coupe.  Le  lendemain,  cette 
augmentation  persistait.  Je  n'ai  point  encore  tue  le  chien  pour  m'assurer  par 
I'autopsie  de  la  section  complete  du  nerf  j  mais  les  symptomes  d'insensibilite  de 
la  face  donnent  lieu  de  croire  que  cette  section  exisle. 

»  D'apres  ces  experiences,  il  est  evident  que  la  section  dc  la  troisieme  paire  a 
influence  la  secretion  salivaiic.  J'ai  en  elTet  conflate  : 


19 

ti  i»  Que  quelques  jours  apres  la  section  de  la  cinquieme  paire,  la  secretion 
salivaire  diminue  el  finit  par  disparaiire  completement,  tandis  qu'elle  continue 
(111  cote  oii  ie  nerf  n'a  pas  ete  coupe ; 

»  2"  Que  cette  disparition  n'a  pas  lieu  immediatement  apres  I'operation,  et  sur 
Ie  chien  qui  fait  le  sujet  de  la  tioisieme  experience,  la  secretion  a  paru  augmen- 
ter  dans  les  premiers  moments ; 

3°  Que,  dans  tous  les  cas,  la  secretion  de  la  parotide  est  restee  alcaline  et  h 
presente  les  caract^re s  physiques  de  la  saiive  dans  I'etat  normal. 

»  Je  ne  tirerai  pas  d'autres  conclusions  de  ces  fails,  parce  qu'ils  sonl  encore 
Irop  pen  nombreux.  » (8  mars.) 

2°    SUR     UN    NOUVEAU    PRINCIPE    IMMEDIAT    DE     L'ECONOMIE     ANIHALE ; 

par  M.  Verdeil. 

«  J'ai  decouverl  dans  le  tissu  pulmonairedes  principaux  mammif^res  un  nou- 
veau  principe  immedial.  Cette  substance  existe  aussi  dans  le  sang  :  c'est  un 
corps  cristaliisable,  azote,  ayanl  une  reaction  acide ;  il  est  tres-soluble  dans  I'eau, 
peu  soluble  dans  I'alcool  et  insoluble  dans  I'ether.  N'ayant  pas  encore  termina 
I'etude  cbimique  de  cette  substance,  je  bornerai  \k  pour  aujourd'hui  ce  que  j'ai 
^  dire  de  ce  nouveau  corps. » (22  mars.) 

II. — Pathologie  et  anatomie  pathologique. 

1°  TUMEUR   DU  VOLUME    d'UN  OEUF   DE   PIGEON   COMPRIMANT  LE    c6tE    DROIT    DE   LA 

moelle  allongee  ET  LES  NERFS  QUI  EN  PARTENT ;  Observation  recueillie  par 
M.  Charcot. 

Une  fimme  agee  de  48  ans,  entree  le  28  fevrier  k  I'hopital  de  la  Charite,  est, 
dit-on,  malade  depuis  trois  mois  environ;  elle  a  ete  soignee,  au  debut  de  son 
afTection,  par  M.  le  docteur  Gublei',  qui  a  bien  voulu  nous  donner  les  rensei- 
gnements  qui  suivent.  M.  Gubler  a  vu  cette  malade  quinze  jours  environ  apr^s 
le  debut  de  la  ce|jhalalgie  opcipito-temporale  tics-violente  donl  elle  se  plaignait. 
I.a  nuque  etait  alors  un  peu  douloureuse  a  la  pression,  ceque  la  malade  attri- 
buait  flle-memea  une  violeui-e  exterieure  qu'elle  avail  fubie  auparavant;  mais 
.M-  Gubler  n'a  pas  trouve  les  points  douloureux  circooscrits  des  nevralgies  pro- 
prcmenl  diles.  Les  organes  des  sens  ofFraient  une  ties-grande  susceptibilite ;  Ic 
(noindre  bruit,  I'impvession  li'une  faible  lueur,  etaienl  impaliemmenl  supportes 
el  semblaient  exasperer  les  douleurs  de  tele 

Cliaque  mouvement  du  corps  rcveil'.iit  des  envies  de  vomir  qui  etairnt  quel- 
quefois  suiviesd'efTel ;  aussi  la  malade  eprouvaitelle  la  plusgrande  repugnanco 
a  quitter  le  repos  absolu  aiiquel  elle  s'olait  rnndamnee,  pour  rc(iondre  aux  ques- 
tions qn'on  lui  adri  ssail. 

A  cps  syniptomes   s'ajoutaient  iiii    resserrement  considc'rnble  lie  la  pupille  et 


M 

une  c<.>DStipation  opiniitre,  sans  ballonnement  ni  sensibilite  exageree  du  ventrf . 
I J  langue  etait  un  peu  blanche,  mais  humide ;  le  pools  n'avait  point  de  frequence ; 
la  peau  etait  sans  chaleur  febrile.  11  n'y  avail  aucune  douleur  dans  le  tronc  ni 
dans  les  membres,  ni  paralysie  dans  un  point  quelconque.  Jamais  il  n  y  avait  eu 
ni  Tfrtiges  ni  conTulsioos  epileptiques. 

Daprte  cet  ensemble  de  circonstances,  M.  Gubler  s'arreta  a  I'idee  d'un  ramol- 
lis^emenl  superficiel  et  circonserit  de  la  substance  grise,  et  mieux  encore  a  une 
tumeur  intracranienne.  ^Dii  sangsues  furent  appliquees  derriere  cbaque  oreiUe ; 
CO  administra  un  purgatif :  calomel,  1  gramme ;  rhobarbe,  4  grammes.  En  ou- 
tre, du  chloroforme  fut  exploye  en  applications  topiques  pour  calmer  la  cephal- 
algia) 

n  en  resulta  un  soulagement  tres-considerable ;  mais  au  bout  de  deux  jours, 
cetle  femme  fulemmenoe  par  son  fil5,et  M.  Gubler  la  perdit  de  vue.  D'apres  les 
renseignements  qui  nous  ont  eledonnes  par  le  fiis  de  la  malade,  peu  apres  I'e- 
poqne  oil  M  Gubler  cessa  de  la  voir,  se  manifestent  une  grande  heldlude,  de  la 
faiblesse  dans  tous  les  membres,  avec  resolution  et  sans  douleur,  et  enfin  un 
embarras  tres-remarquab!e  de  la  parole.  La  cephalalgie  se  reproduit  bientot  avec 
lameme  intensite  q-je  par  le  passe;  les  voraissements  et  la  constipation  persis- 
tent opiniatrement. 

Un  seton  a  la  nuque,de5  vesicatoires  aux  cuisses,  restenl  sans  efifet.  et  on  se 
decide  enfin  a  faire  entrer  la  malade  a  ITiopital.  Nous  la  trouvons  alors  dans 
I'etat  suivant  : 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord,  c'est  I'air  hebete  de  cette  femme.  Apres  avoir  assea 
nettement  rvpondu  aux  questions  qu'on  lui  adresse,  elle  ne  tarde  pas  a  montrer 
d'elle-meme  que  ses  facultes  intellectoelles  sont  profondemenl  allaiblies  el  per- 
verties.  Elle  se  plaint  de  douleurs  tres-vives  dans  la  region  du  cervelet;  sa  tete 
est  sans  cesse  penchee  vers  I'epaule  droite,  mais  sans  aucune  roideur  ou  con- 
tracture des  muscles  du  coo.  Tons  les  membres  sont  dans  !a  resolution ;  cepen- 
dant,  quand  on  dit  a  la  malade  de  remuer  ses  bras  el  ses  jambes,  elle  le  fait  sans 
trop  de  difficu'.le.  D'ailleurs,  ni  douleurs  ni  contracture  dans  les  membres  supe- 
rieurs  oa  inferieurs;  ceux  du  cote  droit  neparaissenl  pas  plus  faibles  que  ceux 
do  cote  gauche  Quand  on  ia  pince ,  elle  sent  assei  vivement  et  assei  rapi- 
dement. 

Pas  de  strabi^me ;  pas  de  chute  de  la  paupiere ;  pas  de  surdite.  Les  pupilles 
•Qt  one  dilatation  egale.  La  malade  dit  n'avoir  jamais  eprouve  de  Terliges,  n'a- 
Toir  jamais  en  de  bluettes,  n'aToir  jamais  eu  de  bourdonnements  d'oreille  on 
autres  hallucinations. 

La  bouche  est  on  peu  pendante;  mai?  il  n'y  a  pas  reellejoent  paralysie  du 
facial,  ct  la  malade  pent  siffler  et  soufDer.  Quand  un  lui  dit  de  lirer  la  iangue, 
elk  le  fait  rapidemeni ,  mais  la  pointe  de  cet  organe  est  immcdiatement  porlee 
a  droite;  cependanl  die  peut  la  fair?  tourner  dans  sa  Uiuthe,  ei  en  porle  aise- 
m^ai  la  points  do  roip  caiifhe  quand  nn  lui  ordnnne  de  le  bire.  Mais  s>  on  Iqj 


21 

repute  rinjoDction  de  tirer  la  langue,  elle  en  porte  de  nouveau  la  pointe  4  droite. 
Nous  n'avons  pas  recherche  si  ie  gollt  persistiit  ou  etait  aboli,  s'i!  y  avail  quel- 
que  modification  dan*  la  sensibilite  de  la  face.  Les  moavements  de  la  deglutition 
sont  conserves  intyrii.  Pendant  tout  le  temps  que  la  malade  est  restee  dans  la 
salle,  les  vomissements  n'ont  cesse  d'exister  et  la  constipation  a  ele  ext  eme- 
ment  opinialre.  Le  tiaitemeiit  a  consiste  en  I'apposiiion  de  boulons  de  feu  k  la 
region  de  la  nuque.  Nonobslant  la  prostration  a  augmente;  il  est  survenu  una 
sorte  de  coma,  et  la  malade  est  morte  le  9  mars,  sans  avoir  jamais  eprouve  de 
phenomenes  convulsifs. 

En  raison  des  phenomenes  que  nous  venons  de  decrire,  il  panissait  probable 
qu'il  s'agissail  icl  d'u;  e  tumeur  difficile  a  determiner,  laquelle  aurait  comprimc 
le  nerf  hypoglosse. 'Aj  julons  que  I'abseDce  d'ai  cidents  syphilitiqueaou  luberco- 
leux,  que  ('absence  de  cachexie  cancereuse,  permeltaienl  dej4  d'eloigner  I'idee 
de  I'influe  ce  de  I'une  de  ces  diatheses.  L'autopsie  fit  reconnaitrequ'une  tumeur, 
du  volume  et  de  la  forme  d'un  gros  oeuf  de  pigeon,  etait  situee  a  la  partie  ante- 
rieure  du  lobe  droit  du  cervelel,  dans  lequel  elle  s'elait  creus^  une  logette. 
Cetle  tumeur  comprimalt  egalement  le  pedoncule  droit  du  cerveau,  et  repoua- 
sant  vers  la  gauche  la  moelle  allongce,  ejie  aplatissait  tres-manifeUement  tous 
les  nerfs  qui  en  partcnt,  ceux  du  c6te  droit  seulement,  bien  entendu  (audllif, 
facial,  pneumogastrique  ,  glosso-pharyngien,  et  en  pariicuiier  I'hypoglosse).  La 
cinquieme  paire  elle-meme  etait  considprablement  aplatie.  Le  moteur  oculaire 
commun  et  le  moteur  oculaire  exlerne,  places  sur  la  ligne  mediane,  etaieot  par- 
(aitementintacts. 

Cette  tumeur,  comprise  entre  la  tente  do  cervelet,  d'un  cote,  et  le  cervelet 
)ai-meme,  de  I'autre,  n'avait  contracte  que  de  tres-faibles  adherences  avec  ces 
differentes  parties,  el  on  pouvait  I'enucleer  avec  !a  plus  grande  facilite  en  de- 
truisant  un  tissu  cellulaire  tres-lache. 

ConsiJeree  en  elle-memi',  'a  tumeur  paraissait  recouverte  a  I'interieur  par  une 
8orte  de  tunique  fibreuse  difficile  a  enlever.  Son  tissu  propre  etait  dur,  eriant 
sous  le  scalpel,  sec,  un  peu  mamelonne.  L'exim''n  microscopique  y  demon- 
trait  tous  les  caracieres  du  tissu  fibro-plastique ,  avec  predominance  du  tissu 
fibreus. 

Void  done  un  exemple  dans  lequel  la  deviation  de  la  pointe  de  la  langne  pa- 
rait  bien  neUement  determines  par  la  compression  exercee  sur  I'hypoglosse  par 
une  tumeur  extra-encephalique ;  mals  il  reste  a  se  demander  comment  la  com- 
pression simultanee  de  la  pJupart  des  nerfs  qui  naissenl  du  cote  droit  de  la  moelle 
alloiigee  ne  s'est  pas  accompagiiee  de  phenomenes  plus  saillants  que  ceux  qui 
ont  ete  observes.  Nous  avoiis  dit,  eu  elT-t,  qu'il  n'existail  pas  de  vraie  paialysie 
faclale  (du  mouvement},  pas  de  vives  doaleurs  d'un  cdtede  ia  face.  L'audition  ne 
paraissait  pas  abolieni  meme  modiCee.  Aucan  phenomene  anorraal  du  c6t6  de 
la  deglutition  n'etait  appreciable.  (15  mars.; 


22 

2«  SDR  QUELQUES  ALTl^RATIONS  DES  CARTILAGES  D'ENCROUTEUENT  ;  par  M.  Bl^RAUD. 

«  On  sait  que  les  cartilages,  examines  au  microscope,  presentent  deux  choses  : 
d'un  cole,  c'est  une  substance  fonilaraentale,  liomogene,  sans  fibres  d'aucune 
esp6i?e;  d'un  autre  cole,  c'est  une  espece  de  caviie  qu'on  appelle  vpsicule  on  cel- 
lule, et  qui  est  epaise  en  plus  ou  moins  gr:ind  nombre  et  avec  plus  ou  moins  de 
regularile  dans  celle  substance.  Nous  allons  done  examiner  les  aileralions  que 
nous  avons  vues  dans  cliacun  de  ces  elements  dii  tissu  cartilagineux. 

»  1°  Dp.  la  substance  fondamentale.  —  Quand  un  cartilage  est  sain,  on  n'y 
voil  ni  lissu  cellulaire  ni  vaisscaiix,  d'apres  les  opinions  les  plus  lepandues;  ce- 
pendant,  quand  on  examine  au  microscope,  comme  je  I'ai  fait,  un  fragment  de 
cartilage  qui  appartient  a  une  tumeur  blainhc,  on  pent  y  trouver  une  oigani- 
fation  plus  avancee.  J'y  ai  vu  du  li.-su  cellulaire  et  des  vaisseaiix  s'y  developper 
sous  influence  du  Iraviiil  particulier  qui  a  pioduil  la  tumeur  blanche. 

»  Le  tissu  cellulaire  m'esl  apparu  dans  un  fragment  de  cartilage  pris  sur  un 
condyle  femora!  compris  dans  une  tumeur  blanche.  Ces  fibres  de  lissu  cellulaire 
etaient  bien  caracterisces  par  des  filaments  cylindii(iues,  h  contours  lisses  et 
clairs.  Lesreaclifs  chimiques  m'ont  encore  prouve  qu'il  s'aglssait  bien  du  tissu 
cellulaire.  Ces  fibrilles  elaieni  insolubles  dans  I'acide  acetique. 

»  Les  vaisseaux  des  cartilages  d'encroiiiement  ont  cle  iiies  a  I'elat  sain  par 
Beclard  et  par  M.  Velpeim  ;  je  neveux  pas  aborder  cette  question  aujourd'hui  :  je 
ne  venx  parler  que  des  etats  pathulogiques.  Eh  bien  !  dans  ce  cas,  j'ai  vu  des 
vaisfeaux  dans  les  cartilages.  Voici  ijuelle  est  lenr  di.-posilion  sur  le  desEin  que  je 
vais  vous  montrer. 

»  Vers  le  point  oil  le  cartilage  cesse  sur  le  condyle  femoral,  il  exists  un  rameau 
arteriel  assez  volumineux,  ayant  presque  1  millimetre  de  diametre.  De  sa  con- 
vexite  partem  des  ramifications  qui  s'en  vonl  dans  I'epaisseur  du  cartilage.  Sur 
la  partie  posserieure  du  condyle  externo,  il  y  a  un  lameau  arteriel  extiemement 
bien  injfctr,  qui  s'avance,  en  se  ramifiant,  jusque  vers  la  parlie  moyeruie  du 
condyle,  et  vient  presque  s'anas  omoser  avec  le  vaisseau  qui  part  du  cote  oppose 
du  condyle.  AInsi  chaque  condyle  est  enlace  par  un  ceicle  aiteriel  d'oCi  partent 
des  ramiaux  qui  travcrsent  lasub.-lance  du  cartilage. 

»  J'ai  d'abord  doubi  que  ce  lut  dans  I'epaisseur  du  cartilage  que  I'lnjeclion  eut 
penetre,et  j'ai  cru  avoir  tiouvii  un  fait  d'injection  lie  la  syiioviale  existant  sur 
les  cartilages;  mais  en  examinant  avec  attention,  j'ai  bien  vu  que  c'elail  dansle 
cartilage  mcnie  que  ces  vaisseaux  existaient.  J'ai  r^ndu  M.  Robin  tcmuin  de  ce 
fait.  Voici  conunent  j'ai  pratique  I'injection. 

'  »  J'ai  pris  du  chromate  de  potasse  et  de  I'azotate  de  p'omb ;  j'.;ii  mis  ces  deux 
substances  dans  IVau.  II  s'e>l  form6,  par  double  decomposilon,  du  chromate 
fie  plomb,  qui,  rcslant  suspendu  dans  I'air,  a  cte  ainsi  injecle  par  I'articulaiie 
moyenne. 

»  J'ai  paric  de  ce  fait  h  M.  Brora,  proFectenr  h  la  Faculte  de  medecine,  qui 


23 

m'a  fait  voir  des  dessins  ile  cartilages  d'encroutement  malades  injectes.  On  sail, 
d'un  autre  cote,  que  Sanson  (Journal  des  connaissances  m£dico-chirurgicales, 
p.  143,  annee  1835)  dit  avoir  injecte  des  cartilages  articulaires  pendant  qu'il 
etait  prosecteur  de  Dupuytren,  et  avoir  plusieurs  fois  trouve  sur  le  cadavre  de 
sujets  morts  k  la  suite  de  tumeurs  blanches,  drs  cartilages  articulaires  avec  ra- 
molissement  fongueux  dans  une  partie  de  leur  epaisseur,  tandis  que  d'autres 
couches  du  meme  cartilage  n'etaient  que  rouges  etramollies. 

»  Dans  une  these  soutenue,  en  1841,  k  la  Faculte  de  Montpellier,  on  parle 
encore  de  rinjection  des  cartilages  articulaires,  mais  c'est  k  I'etat  sain.  Ces  in- 
jections Oiil  etc  faites  par  M.  Verges,  prosecteur  de  cetle  Faculte. 

»  Ainsi,  sans  vouloir  discuter  la  question  des  vaisseaux  k  I'etat  sain,  nous 
pouvons  dire  qu'il  y  a  des  vaisseaux,  dans  les  cartilages,  a  I'etat  patho- 
logique. 

»  2o  Alterations  des  cellules  et  des  corpuscules  cartilagineux.  —  En  m^me 
emps  qu'il  se  forme  des  productions  nouvelles  dans  la  substance  fondamentale 
du  cartilage,  ces  autres  elements  se  ressentent  de  cette  nouvelle  vie.  Les  cellules 
deviennent  opaques  et  les  corpuscules  cartilagineux  se  diviseiit,  et  finissent  meme 
par  se  presenter  sous  la  forme  d'une  poussiere  noiratie,  extremement  fine ;  de 
sorte  qu'on  croirait  avoir  sous  les  yeux  un  corpuscule  osseux,  uial  delimite.  Je 
n'ai  pas  encore  examine  les  proprietes  chimiques  de  cette  poussiere.  Quoi  qu'il 
en  soit,  il  est  tres-facile  de  constater  au  microscope  ces  plaques  noiralres  disse- 
minees  dans  la  substance  du  cartilage.  Les  parois  de  la  cellule  semblent  detruites, 
k  cause  de  I'irregularite  que  presentece  corpuscule  noiralre. 

»  Ainsi  voila  un  organe  qui  tend  k  revetir  une  autre  forme  :  il  se  vascularise, 
il  tend  k  s'elever  dans  son  degre  d'organisation,  mais  ce  n'est  que  pour  etre  mieux 
detruit,  etavcc  cette  nouvelle  vitalite  du  cartilage,  nous  pouvons  nousexpliquer 
toutcs  les  alterations  de  ce  tissu  avec  une  tres-grande  lacilite.  Quand  ce  cartilage 
aura  toutes  les  proprietes  d'un  os,  par  exemple,  pourquoi  ne  pourrait-il  pas  en 
avoir  les  maladies?  Aussi  il  pourra  etre  altcint  d'ulceralion  el  d'inflammation,et 
si  Ton  vient  a  le  diviser,  ou  s'il  est  le  siege  d'une  solution  de  continuite  quel- 
conque,  il  pourra  se  cicatiiser. 

»  On  sait  aussi  que  cenx  qui  admettent  la  non-vitalite  des  cartilages  preten- 
dent  que  les  alterations  de  ce  tissu  sont  toujours  consecutives  aux  alterations  de 
I'os  correspoiulaiit  au  point  makule;  mais  si  nous  admettons,  comme  nous 
croyons  I'avoir  deniontre,  que  les  cartilages  peuvent  i'organiser,  nous  nous  ren- 
drons  eompte  de  leurs  alteiatioris  inddpeiidamment  de  celles  des  os.  J'ai  vu  tres- 
souvent  des  ulcerations,  des  rainoUissements  du  t.ssu  cariilagineux  avec  une 
inlegrite  parfaite  de  i'os  situe  au-dessous.  Cependaiit  je  ne  pietends  pas  dire 
que  si  I'os  est  maladc,  Ic  cartilage  ne  le  deviendra  pas  :  loin  de  la.  (22  mars.)  » 

3°  NouvEAUx  CAS  d' ALTERATIONS  RES  CARTILAGES;  par  le  meme. 

Dans  la  communication  qui  precede,  M.  Beraud  avail  avance  que  les  cartila- 


'2h 
Kes  peuvent  etre  nlleres  independamment  de  I'os  silue  au-dessous;  il  piesenle  df^ 
nouvelles  pieces  a  I'iippui  de  cetle  proposition.  II  monlre  d'abord  deux  roluleft 
qui  olFrent  dans  un  point  bien  determine,  laige  comme  une  piece  de  l  franc, 
une  alteration  qui  donne  au  cartilage  I'aspect  d'un  velours  k  flls  tres-longs.  Ces 
filaments,  separes  les  uns  des  autres,  sonl  mous  et  non  elastiques.  En  coupant 
la  rotule  perpendiculairement  a  la  surface  arliculaire,  on  voil  que  la  lamelle 
osseuse  sous-cartllagliieuse  est  non-seuiement  intacle ,  mais  encore  il  reste 
un  lisere  du  cartilage  qui  ne  parail  pas  avoir  perdu  de  ses  pioprietes  nor- 
males. 

La  memc  disposition  se  rencontrail  sur  deux  condyles  de  deux  tibias. 

Mais  sur  une  tete  femorale,  il  a  constate  vers  le  point  le  plus  cieve  de  cetle 
eminence,  non  loin  du  ligament  lond,  une  plaque  qui  avail  les  caracteres  sui- 
vants :  elle  prcsenlait  un  gonflement  assez  manjuc,  large  comme  une  pi6ce  de 
50  centimes.  Ce  gonllement  etait  encore  plus  appreciable  quand  on  fendait  la  tete 
femorale.  Alors  on  pouvait  voir  que,  dans  ce  point,  le  cartilage  avalt  une  hau- 
teur de  1  millimetre  et  plus  audessusdes  parties  circonvoisines.  D'ailleurs,  ce 
gonflement  allait  en  diminuaiit  d'une  manieie  insensible.  Slais  partout  oil  exis- 
tait  ce  gonflement  aial  limite,  il  y  avait  aussi  une  rougeur  tres-vivequi  etait  mal 
circonscrite.  On  ne  pouvait  pas  dire  qu'elle  tenait  a  une  imbibition  d'un  liquide 
colore;  car  alors  les  autres  points  de  la  suifaie  cartilagineuse  auraient  eu  la 
raeme  coloration.  Dans  cet  endroit,  le  cartilage  etait  ramoUi,  mais  n'avait  pas 
encore  perdu  complelement  son  olasticile.  L'os  corresponilant  au  point  malade 
du  cartilage  n'a  offertaucune  alteration  appreciable,  etil  avail  les  niemcs  carac- 
teres que  dans  les  points  correspondants  a  des  cartilages  sains.  II  faut  ajouter 
que  la  synovie  n'etait  ni  augmentce  ni  coloree.  (29  mars.) 

4*  VEGETATIONS  DES  VALVULES  ACRICDLO-VENTRICULAIRES  GAIICHES,  AVEC  HVPERTRO- 
PHIE  DU  COEUR  ET  HYDROPISIE  ASCITE  ;  ULCERATIONS  MULTIPLES  DE  LA  MUQUEUSE 
DE  L'ESTOMAC  ;  TUMeURS  GELATINEUSES  DANS  LE  FOIE,  CHEZ  UN  CHIEN  AGE  DE  I  2  ANS  ; 

par  M.  Charcot. 

Un  chien  de  garde,  matin,  d'assez  forte  taille,  et  qui  avait  epronve  la  nialadie 
dans  les  premieres  semaines  de  sa  vie,  s'etait  ensuile  toujours  bien  porte,  lors- 
qu'il  y  a  quatre  k  cinq  mois,  il  tomba  tout  a  coup  malade,  cessa  de  manger  re- 
guliferement  et  maigrit  d'une  maniere  tres-inompte.  II  etait  alors  age  de  12  ans 
moins  quelques  mois.  Sa  maladie  fut  attribuee  k  ce  qu'il  avait  mange  avec  avi- 
dite  des  etoupes  servant  au  pansement  d'une  plaie  suppurante  d'un  cheval.  Quoi 
qu'il  en  soit,  ce  fut  quelques  semaines  aprcs  que  la  maladie  eclala.  D6s  le  debut, 
outre  I'amaigrissement  et  I'inappetence,  il  faut  encore  noter  une  soif  que  rien 
ne  pouvait  satisfaire,  et  a  cette  epoque  dej^,  les  excrements,  qui  etaient  toujours 
sees,  farineux  el  d'une  teinte  grisatre,  devinrent  habilncllenient  noirs  el  semi- 
liquides.  Peu  k  peu  le  train  de  derriere  s'alTaiblit  considcrablement  et  ne  peul 
plus  supporter  I'animal,  qui  ne  se  deplace  plusgiierc.  La  maigreur  devient  ex- 


25 

cessivc;  nmis  le  ventre  reste  volutnineu^  el  prtsente  tous  les  signes  de  l'h3fdro- 
pisie ascite.  Dans  les  derni^ies  semaines  de  sa  vie,  ranima!  reruse  toule  nourri- 
ture;  il  boit  sans  cesse  avec  avidito,  rend  des  excrements  liquides  jaunatres  et 
teints  de  sang.  La  veille  de  sa  mort,  il  eprouve  quelques  vomissements,  et  rend 
de  nouveau  des  excrements  colores  en  rouge.  On  note  que  le  cadavre  n'eprouva 
pas  de  roideur. 

Le  cerveau  et  la  moelle  epiniere  ne  presentent  h  I'autopsie  aucune  alteration 
qui  puisse  expliquer  la  paralysie  des  membres  posterieurs.  Le  coeur  est  tres-vo- 
lumineux;  les  parois  du  venlricule  gauche  surlout  sonl  fortement  epaissies.  Le 
bord  libre  des  valvules  auriculo-ventriculaires  gauohes  presente  une  serie  de 
vegetations  volumineuses,  transparentes,  tresadherentes  aux  valvules.  Ces  ve- 
getations ont  toutes  leur  extremite  libre  dirigee  vers  la  cavite  de  roreiilette.  Ces 
vegetations,  examinees  au  microsi;ope  par  M.  Leberl  et  M.  Davaine,  paraissent 
essentiellement  composces  de  fibrine  a  I'etat  amorphe,  contenant  des  granula- 
tions de  caractere  indetermine,  insolubles  dans  I'acide  acetique.  Pas  de  traces  de 
vascularisation.  Les  valvules  auriculo-ventriculaires  droites  presentent  au  ni- 
veau de  leur  bord  llbie  un  epaississemeiit  et  quelques  vegetations  analogues 
aux  precedentes,  myjs  bien  nioins  importantes.  Rien  aux  valvules  sygmoides; 
rien  de  notable  non  plus  dans  les  autres  points  de  I'endocarde.  Les  poumona 
etaient  sains. 

L'abdomen  etait  distendu  par  une  grande  quantite  de  serosiJe  jaunatre,  trans- 
parente,  sans  flocons  albumineux. 

Les  intestins,  examines  dans  toute  leur  etendue,  ne  presentaient  aucune  le- 
sion, leur  inuqiieuse  etait  lapissee  par  un  mucus  d'un  brun  rouge  tres-fetide. 
L'estomac,  un  peu  revenu  sur  lui-menie,  piesentait  a  sa  face  interne  de  nom- 
breux  plis  ;  mais  en  outre  sa  muijueuse  presentait  une  coloration  Qii  et  la  rouge 
brique,  et  par  places  d'un  violet  fonce;  on  y  voyait  un  nombre  considerable  d'ul- 
cerations  ovalaires,  d'etendue  variable,  mais  dont  quelques-unes  etaient  aussi 
larges  qu'une  piece  de  1  franc.  De  ces  ulcerations,  les  unes  paraissaient  en  pleine 
activite  et  etaient  entourees  d'une  aureole  violacee ;  d'autres  semblaient  en  voie 
de  reparation  el  ne  presentaient  plus  ci  leur  pourtour  ou  dans  leur  fond  de  vas- 
culariteanormale.  Quelque.— unes  dVntre  elles  niettaienl  a  decouverl  la  tunique 
celluleuse;  d'autres,  au  contr:iiri%  n'avaient  pas  attaque  toute  I'epaisseur  de  la 
membrane  :  c'etaient  de  simples  exnicerations. 

Le  foie,  assez  volumineux  et  un  peu  bossele,  etait  seme  de  noyaux  blancha- 
tres,  diaphanes,  de  consistance  gelatineuse,  dont  quelques-uns  atteignaient  le 
volume  d'une  grosse  noisette.  22  mars.) 

h°   HEPATITE  SUPPUREE,    LOBULAIRE,     AVEC  CIRRHOSE  GENERALE ;    par 

M,  Laboulbene. 

M  Laboulbene  presente  k  la  Societe  le  foie  d'un  iiiiilfHle  qui  a  .sui-combe  dan» 
le  service  de  M.  Monnercl,  a  i'hopital  deBon-Sccours. 


26 

Le  malade  est  rcsle  un  mois  el  demi  environ  dans  le  service  ;  il  ofl'rait  des 
signes  non  equivoques  d'une  cirrhose  ancienne  et  d'utie  nialadie  du  coeur  ca- 
racterisce  par  un  soulDe  au  premier  liruit ;  Toedeme  etait  considerable.  II  fut 
ponctionnedeuxfois,  et  la  paiacentfce  fouinit  un  liquide,  clair,  sans  grumeaux; 
enfin  on  lui  a  pratique  des  mouchetures  tres-superficielles  aux  deux  jamlies,  et 
il  s'est  ccoule  pendant  douse  jours  uneseiosite  extremement  limpidefort  abon- 
dante ;  il  n'y  eut  pas  de  fignes  d'hepatite. 

Le  foie  avail  toujours  ele  difficile  k  limiter  a  cause  d'un  son  clair,  intestinal, 
qui  dominait  dans  la  region  hcpatique;  neanmoins  I'organe  ne  paraissait  occu- 
per  qu'un  minime  espace.  La  digestion  s'est  trfis-longtemps  accomplie  d'une 
inaniere  reguliere  ;  il  n'y  avail  jamais  eu  d'ictere. 

AuTOPSiE.  Le  foie,  profondemenl  attache  dans  I'hypocondre,  adliAre  dans  toule 
son  etendue  au  diaphragme  et  a  une  portion  de  I'estomac.  II  a  diminue  d'un 
tiers  de  son  volume  naturel.  11  rst  lobule,  fortemeiit  niamelonne  sur  ses  deux 
faces. 

La  capsule  de  Glisson  est  epaissie,  blanchatre,  surtoul  au  niveau  des  depres- 
sions; elle  est  doublee  par  une  fausse  membrane  continue  qui  s'enleve  et  se  de- 
tache  avec  elle  (peritonite  p^rihepatique).  Dans  quelques  portions,  la  capsule 
seule  existe  sans  fausses  membranes. 

Face  superieure  inegale,  sillonnee  par  de  profondes  depressions,  isolant  de 
grosses  saillies  mamelonnaires;  face  inferieure  plus  inegale  et  plus  bosselee  et 
comme  divisee  en  une  foule  de  lobules. 

Le  tissu  du  foie  est  constitue  par  de  grosses  granulations  jaunes  semblables  k 
du  tissu  graisseux,  laissant  apercevoir  cntre  elles  un  reseau  vasculaire  tres-abon- 
dants,  de  nouvelle  formation,  qui  les  separe  en  une  foule  de  granulations  se- 
condaires.  De  nombreuses  ecchymoses  interstitielles  s'observent  partout. 

A  rextrrmite  du  bord  trancliant  et  droit  du  foie  existe  une  petite  induration 
blancbatre  formee  par  un  abces  qui  a  son  siege  dans  le  tissu  hcpatique,  sans 
connexion  avec  ses  conduits ;  un  second  abc^s  plus  central,  de  la  grosseur 
d'une  noisette,  ett  plus  manifeaement  encore  que  le  premier  le  resultat  de  la 
suppuration  de  lobules  hepatiques.  Un  kyste  ou  une  membrane  commence  k  se 
former  autour  de  eel  abc6s. 

Plus  loin  encore,  dans  le  centre  du  foie,  se  trouve  un  troisi^me  abc6s  forme 
par  I'agglomeration  de  plusieurs  grains  du  foie  qui  onl  suppure.  La  colkction 
purulenle  est  enkystce. 

Un  peu  plus  loin  enfin  et  en  avanl  un  quatrieme  abc6s,  situe  pres  de  la  vesi- 
cule  du  Cel  (mais  sans  connexions  avec  elle),  renferme  un  pus  verclaire,  phleg- 
moneux.  Le  tissu  hepatique  environnant  est  fortement  enflarame,  dur,  rougeatre, 
sillonne  par  de  petits  vaisseaux  de  nouvelle  formation  et  de  petiles  ecchymoses. 
Cette  partie  enflammeeest  assez  dureet  tranche  ainsi  sur  leresle  du  foie  qui  est 
d'une  mollesse  extreme.  Le  tissu  de  I'organe  se  reduit  partout  en  une  bouillic 
jaunatre. 


27 

II  est  digne  de  remarque  toutefois  que,  dans  un  grand  nombre  de  points  eloi- 
gnes  des  abces,  le  tisau  est  fortement  congestlonne,  et  cette  congestion  est  par-ci 
par-1^  portee  jusqu'a  I'hemorrhagie. 

La  veins  porte  a  ete  poursuivie  avec  grand  soin  et,  sauf  une  coloration  d'un 
rouge  livide,  suspecte,  qui  ne  parait  etre  qu'un  resultat  d'imbiljition  cadave- 
rique,  elle  ne  prcsente  aucune  trace  d'inflammation ;  elle  ne  renferme  aucun 
caillot. 

Rien  dansles  conduits  biliaires,  ni  dans  la  vesicule  du  fiel. 

C(Bur,  Cavites  et  valvules  droites  normales.  Co3ur  gauche  avec  la  valvule  mi- 
trale  saine  ;  mais  sur  deux  des  valvules  sigraoides,  dans  leur  epaisseur  meme, 
sont  deposees  de  grosses  granulations  osteocalcaires,  faisant  saillie  surl'uneet 
sur  I'autre  face;  elles  n'empechent  point  les  valvules  de  jouer  et  d'etre  suffl- 
santes.  L'eau  projetee  dans  i'aorte  ne  s'ecoule  point  dans  le  ventricule  gauche. 

L'aorte  est  alteree,  atheromateuse ;  elle  est  revetue,  surtout  dans  sa  portion 
pectorale,  de  plaques  cretacees  pour  la  plupart  et  faisant  saillie  dans  le  vaisseau. 
(t"mars.) 

6°  son  UN  CORPS  ^Stranger  de  L'ARTictLATiON  coxo-femorale  ; 
par  M.  Beraud. 

Aujourd'hui  on  pent  rattacher  les  corps  elrangers  des  articulations  k  quatre 
sources,  Les  uns  les  font  venir  des  surfaces  libres  de  la  synoviale ,  d'autres  des 
cartilages,  d'autres  encore  du  sang  organise;  les  derniers  enfin  de  I'agglomdra- 
tion  des  cellules  epitheliales  qui  revetent  les  surfaces  artlculaires.  U  existe  des 
exemples  de  chacune  de  ces  origines,  de  sorte  qu'il  ne  faudrait  pas  elre  exclu- 
sif.  Sur  la  piece  monlree  par  M.  Beraud,  on  voit  un  fragment  de  cartilage  libre 
dans  I'articulation  et  encore  placee  dans  le  point  d'oii  il  s'est  deiache.  Ce  frag- 
ment a  la  forme  et  le  volume  d'un  grain  de  bte  un  peu  aplati  ;  ses  bords  sont 
arrondis,  dememe  que  les  bords  de  la  solution  de  continuite  du  cartilage.  II  est 
deux  fois  plus  petit  que  I'espace  d'ou  il  s'est  detache,  de  sorte  qu'il  olTre  par 
rapport  au  cartilage  le  meme  aspect  que  I'os  necrose  par  rapport  k  la  portion 
d'os  encore  vivante.  On  voit  un  peu  plus  haut  d'autres  petits  fragments  de  carti- 
lage qui  sont  sur  le  point  de  se  detacher,  et  qui  ne  sont  plus  adherents  que  par 
un  point  tres-circonscrit  de  leur  face  profonde.  (29  mars.) 

7°  ALTERATIONS  DES  AHTICOLATIONS  DANS   LE  RHUMATISME  ARTICCLAIRE  CHRONIQUE; 
FAUSSE  CONTRACTURE  RHUMATISMALE ;  ANKYLOSES ;  par  M.  CHARCOT. 

L'observation  et  les  pieces  anatomiques  que  j'ai  I'honneur  de  presenter  i  la 
Societe  sont  de  nature  a  eclairer  plusleurs  points  de  I'histoire  du  rhumatisme  ar- 
ticulaire  chronique.  Les  articulations  presentent  en  effet  k  tous  les  degres  pos- 
sibles, depuis  la  simple  erosion  du  cartilage  jusqu'^  I'ankylose  celluleuse,  les 
lesions  qu'on  a  designees  dans  ces  derniers  temps  sous  le  nom  d'arthrite  scche. 


28 
Nous  voyons  en  outre  uiie  loiileur  avec  obstacle  a  I'extension  complete  de  Tavant- 
bras  sur  le  bras,  consideree  pendant  la  vie  eomme  due  a  une  contracture  rhu- 
matitmale  sitigeaiit  dans  les  muscles,  mais  que  I'autopsle  demonlre  tenir  tout 
simplenient  k  une  lesion  particuliere  de  I'articulation  du  coude.  Voici  d'abord 
quelques  details  sur  les  phenomenes  observes  pendant  la  vie. 

Le  3  mars  1851,  entre  dans  lasalle  Saint-Michel,  service  de  M.  Rayer,  a  I'ho- 
pital  de  la  Charite,  le  nomme  Maul-Laurier  Beaufils,  tailleur,  age  de  56  ans. 
Cet  homme  n'a  pas  eu  de  parents  goutteux  ou  rhumatisants ;  il  se  nourrit  habi- 
tuellement  mal  et  ne  boit  jamais  de  vin.  En  1828, 11  habitait  un  rez-de-chaussee 
tenement  humide  que  les  murs  en  sont  continuellement  mouill6s  et  qu'ils  sent 
couverts  de  cristaux ;  au  bout  d'un  an  de  sejour  dans  ce  lieu,  Maul  eprouve  tout 
k  coup  pendant  la  marclie  une  douleur  lellenienient  vive  dans  larticulation  de 
la  premiere  avec  la  deuxieme  phalange  du  gros  orteil  droit,  qu'on  est  force  de 
le  ramener  chez  lui.  Cette  douleur,  il  la  compare  a  un  cngourdissement  tres-in- 
tense.  Quelques  mois  apres  cette  premiere  altaque,  loutes  les  articulations  des 
orteils  du  pied  gauche  deviennent  simultanement  rouges,  tumefiees,  et  causent 
des  douleurs  analogues  k  celles  qui  avaient  existe  dans  le  pouce  ;  cette  nouvelle 
invasion  est  d'ailleurs  piecedce  de  frissons  et  accompagnce  de  fievre ;  bienl6t 
apres  le  pied  droit  se  prend  lui-meme,  et  enfin  les  articulations  des  doigts  des 
deux  mains.  D'abord  bornees  aux  petiies  articulations,  la  tumefaction,  la  rongeur 
et  la  douleur  se  montrent  bientol  aux  articulations  tibio-tarsiennes  et  aux  deux 
articulations  du  poignet,  Cette  perio'le  d'acuitc  dure  huit  jours  environ  pendant 
lesquels  le  malade  ne  pouvant  plus  marcher  elait  traiisporte  chaque  jour  a  I'hS- 
pital  Saint-Louis  oii  il  fait  usage  des  le  debut  de  bains  de  vapeurs  et  de  fumiga- 
tions. Au  bout  de  ce  temps  survient  une  remission,  suivie  bienlot  de  nouveaux 
acces  venant  irregulierement  de  temps  a  autre,  le.-quels  etaicnt  precedes  par  de 
legers  frissons  et  s'accompagnaient  de  sueurs  abondantes.  Les  choses  restent 
ainsi  pendant  cinq  ans  environ. 

En  183.'),  Maul,  qui  habite  cependant  alors  un  logement  sec,  voit  le  mal  qui 
s'etait  borne  [iresque  exclusivement  aux  petites  articulations  des  pieds  et  des 
mains  envahir  les  coudes,  et  a  cette  epoque  dej^  se  nianifesle  une  certaine  difH- 
culte  d.ms  I'extension  de  I'avant-bras  sur  le  bras.  Ce  sont  surtout  les  membres 
superieurs  qui  sont  le  siege  du  mal  k  cette  nouvelle  pciiode  de  la  maladie.  C'est 
alors  qu'il  commence  a  apercevoir  une  deformation  dans  les  articulations  des 
doigts  de  la  main;  a  cette  epoque  aussi  il  fait  remonter  les  diverses  ankyloses 
que  nous  observerons  dans  diverses  articulations  des  extremites  inferieures. 
Enfin,  apr^s  une  seriede  rechutes  pendant  lesquelles  augmentent  les  dilTormites 
articulaires  et  la  perte  ou  la  diminution  des  mouvements  de  certaines  d'entre 
elles,  une  douleur  se  manifeste  pour  la  premiere  fois  dans  I'epaule  gauche  sans 
rougeur  ni  gonflement  cette  fois. 

Lors  deson  entree  a  I'hopilal,  cet  homme  nous  parait  d'une  constitution  en- 
liercment  deterioree;  il  est  faible,  cacochyme,  pale  et  maigrc.  11  assure  nc  tous- 


set  que  depuis  iiti  mois  environ,  el  n'avoir  jamais  crache  de  sang.  II  y  a  dix 
jours  qu'k  la  suite  de  frissons  il  eprouva  un  point  de  cote  a\ec  oppression  au  c6t6 
gauche  de  la  poitrine;  bientot  surviennent  de  rinsomnieetde  I'inappetence.  II 
assure  que  lors  de  I'invasion  du  point  de  c6te,  les  articulations  des  mains  qui 
etaient gonflees  et  rougis  cess^rent  subitement  d'etre  tumeGees  et  douloureuses. 
D'ailleurs  pas  d'aniei-edents  syphilitiques,  jamais  aucim  pheiiom6ne  notable  soil 
du  cote  de  I'estomac,  soit  du  cote  du  coeur  ou  des  intestins.  L'urine  est  habituel- 
lement  tr6s-claire. 

Get  homme,  outre  les  bains  de  vapeurs  dont  il  a  fait  usage  h  une  certaine  epo- 
que,  se  contentait  de  prendre  lors  des  attaques  de  huit  k  dix  gouttes  de  teinture 
de  colchique,  medicament  qui  le  soulageait  toujours,  mais  dont  il  etait  bientot 
force  de  suspendre  I'usage  k  cause  d'hallurinations  et  de  maux  de  gencives  qui 
ne  tardaient  pas  a  survenir. 

Dans  I'etatactuel  nousavons  aetudierchez  cemalade:  1°  les  vestiges  derafifec- 
tion  habituelle  des  articulations  qui  est  en  ce  moment  dans  une  periode  de  re- 
mission ;  2°  une  affection  pectorale. 

Voici  d'abord  dans  quel  elat  nous  trouvons  les  diverses  arlieulations  : 

Pied  GAUCHE.  — Aucune  ankylose;  seulemeni  quand  on  met  les  surfaces  arti- 
culaires  les  unes  sur  les  autres  on  enlend  un  legcr  craquement  dans  les  diverses 
articulations  des  orleils,  et  en  particulier  du  gros  oiteil.  L'articulation  tibio- 
tarsienne  paiait  deformec,  c'est-i-dire  que  lesenfoncements  naturelsparaissaient 
remplis,  et  quand  on  en  palpe  les  contours,  la  mollesse  habituelle  des  parties  est 
remplaceepar  une  resistance  tr6s-giande;  il  sembleque  toutlepourtour  de  l'arti- 
culation se  soit  incruste  d'une  matiere  solide  ;  d'ailleurs  immobilite  complete  de 
cetle  articulation ;  le  pied  est  fixe  4  angle  droit  sur  la  jambe.  Cette  soudure  etait 
deja  complete  il  y  a  une  dizained'annees. 

Dans  loutes  les  autres  articulations  du  pied  et  dans  celles  desorteils,  les  mou- 
vements  paraissent  conserves ;  les  dlfferentes  pieces  du  tarse  paraissent  cepen- 
danl  soudees  entre  elles. 

Au  pied  droit,  pas  d'ankylose  soit  aux  orteils,  soit  au  tarse,  soit  dans  l'articu- 
lation tibio-tarsienne  ;  ni  deformation  ni  ri  ugeur  ni  gonflement  de  ces  diverses 
articulations;  cependant  le  fiottement  des  surfaces  avticulaires  fait  entendre  un 
certain  cmquement.  Le  malade  assure  n'avoir  jamais  souifert  dans  les  articula- 
tions femoro-libiale  ou  coxo-femorale. 

Membre  superiedr  gauche.  —  En  general,  les  articulations  du  m^tacarpe  avec 
les  doigts  et  des  differenles  [ihalanges  entre  elles  sont  gonflees,  deformees,  mais 
sans  rougeur  pour  le  moment.  La  deformation  parait  tenir  k  un  gonflement  des 
tissus  osseux  memes,  ou  bien  a  des  productions  osseuses  periarliculaires  de 
nouvelle  formation.  Les  doigis  ont  par  suite  uu  asf(ect  fusiforme  avec  des  renfle- 
ments  au  niveau  de  chaque  article. 

On  remarque  dans  l'articulation,  entre  le  premier  metatarsien  et  la  premiere 
phalange  du  pouce,  une  sorte  de  luxation  de  cette  derni^re  en  avanl  et  en  dedans 


30 
lie  la  tete  du  metatarsien ;  en  m6me  temps  les  mouvemenls  provoques  de  cetle 
articulation  sonl  obscurs  ;  II  y  a  une  sorte  de  demi-ankylose,  ce  qui  n'einpeche 
pas  que  le  frottement  des  surfaces  ariicuiaires  ne  determine  un  craquement  lr6s- 
sensible;  d'ailleurs  deformation  et  gonflcment  analogues  des  articulations  des 
deuxifeme,  troisifime  et  quatri6me  melatarsiens  avec  les  phalanges  correspon- 
dantes,  avec  craquement  des  surfaces  ariicuiaires,  mais  sans  ankylose  -,  les  pha- 
langes paraissent  en  outre  deformees  un  peu  en  avant  de  la  tete  des  metarcar- 
piens  ;  deformation  analogue,  mais  plus  leg^re  dans  les  articulations  des  diffe- 
rentes  phalanges  entreelles;  crepitation  sensible  dans  les  mouvements  provoques 
dans  ces  diverses  articulations. 

La  main  considerce  en  general  est  en  outre  deformee;  ainsi  les  diverses  pha- 
langes des  doigts  sent  habiluellement  dans  rextension,  mais  les  doigts  sont  leg6- 
rement  flechis  sur  les  metacarpiens;  de  plus,  ils  sont  legerement  inclines  vers 
le  bord  interne  de  la  main.  Les  mouvements  volontaires  sont  pour  la  plupart 
conservees,  mais  difHcilcs;  les  mouvements  provoques  sont  limiies.  C'est  ainsi 
qu'il  y  a  un  obstacle  k  rextension  de  tous  les  doigts  sur  les  metatarsiens,  et  que 
les  mouvements  divers  dans  I'articulation  du  premier  metacarpien  avec  la  pre- 
miere phalange  sonl  tres-faibles  par  suite  de  la  demi-ankylose  dej4  nolee. 

Articulation  radio-carpienne.  —  Elle  est  deformee;  les  saillies  osseuses  sont 
pcu  prononcees;  les  enfoncements  sont  combles.  La  main  est  immobile  dans 
I'axe  de  I'avant-bras ;  les  mouvements  provoques  ou  spontanes  sont  tout  k  fait 
riuls.  L'ankylose  parait complete;  elle  remonte,  dit-il,  a  une  dizaine  d'annees. 

Articulation  humero-cdbitale.  —  L'avant-bras  fait  un  angle  de  35  k 
40  degres  avec  le  bras ;  l'avant-bras  et  la  main  sont  en  outre  dans  une  prona- 
tion habituelle.  Quand  on  cherche  a  etendre  l'avant-bras  sur  le  bras,  ou  a  pro- 
voquer  la  supination,  on  ne  pent  y  parvenir,  car  aussitotles  muscles  paraissent 
agir  violemment  et  des  cordes  correspondantes  a  leurs  tendons  se  dessinent  dans 
les  teguments.  Ces  cordes  paraissent  dues  aux  tendons  des  muscles  long  supina- 
teur,  grand  et  petit  palmaires,  cubital  anterieur,  grand  pronateur.  D'ailleurs 
elles  existent  k  un  certain  degre,  alors  meme  qu'on  ne  cherche  pas  a  detruire 
la  flexion.  Quand  on  dit  au  malade  de  flechir  l'avant-bras  sur  le  bras,  11  le  fait 
d'ailleurs  sansdouleur  ou  difficulte.  Le  biceps  brachial  el  le  brachial  anterieur  ne 
paraissent  jouer  aucun  role  dans  I'obstacle  ci  I'extension.  Ajoutons  que  le  frotte- 
ment des  sui  faces  ariicuiaires  de  I'articulation  du  coude  s'accompagne  d'un  cra- 
quement tr6s-sensible. 

L'epaule  est  douloureuse  depuis  Irois  mois  environ  ;  cependant  il  n'y  avail 
pas  de  craquemenls  sensihies,  el  les  mouvemenls  en  sont  assez  libres. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  du  merabre  superieur  gauche  s'applique  exacte- 
ment  au  membre  superieur  droit. 

Tel  est  I'elal  des  diverses  articulations.  Mais  nous  I'avons  dit,  le  rbumatisrae 
n'esl  pas  acluellemenl  la  maladie  principale.  Nous  avons  parle  du  debut  de  I'af- 
feciiou  peclorale. 


31 

Le  3  mars,  jour  d'enlree,  nous  constatons,  par  I'auscullalion,  des  rales  tres- 
abondanls,  muqueux,  de  grosses  bulles  des  deux  cotes  de  la  poitrine,  pas  de 
malite  par  la  percussion.  Souffle  au  premier  temps  au  coeur  et  a  la  base  ;  ce 
souffle  est  doux.  Souffle  vasculaire  au  col ;  expectoration  de  crachats  muqueux, 
verts,  larges,  arrondis;  oppression  assez  forte;  fievre. 

Les  jours  suivanis,  menie  etat.  (Pot.gom. ;  diete.) 

10, 11.  Potion  slibiee,  0,010  cenligr. 

12, 13,  ill.  Pot.  kermes,  0,10  ceniigr. ;  legere  amelioration. 

lit.  Application  d'un  vesicatoire  sur  le  cote  gauche  de  la  poitrine.  Ce  jour-lS, 
on  avail  observe  de  Tobsciiril^  du  son  sous  la  clavicule  gauche  et  quelques  rales 
susjiecls ;  et  en  outre  de  la  niaiite  relative  a  la  partie  foUiculeuse  et  inferieure 
du  poumon  gauche.  En  ce  poini,  il  n'existait  pas  de  souffle,  mais  les  rales  mu- 
queux qui  occupaient  loute  I'etendue  du  lobe  inferieur  resonnaient  en  ce  point 
iivec  un  timbre  tout  parliculier,  analogue  a  celui  qu'ils  acquierent  quand  lis 
eclatent  au  milieu  du  souffle  bronchique. 

Les  jours  suivants,  I'amaigrissement  se  prononce,  la  tievre  s'accroit,  la  lan- 
gue  se  seche,  la  dyspnee  auginenie.  EnDn,  il  survientdu  devoiement,  et  le  ma- 
lade  meurt  le  16  mars. 

A  I'autopsie  :  1°  etat  des  articulations;  2°  etat  des  visceres. 

Les  ariiculations  presentent  tous  les  degresimaginablesde  I'airection  (ju'on  a 
appelee,  dans  ces  derniers  lenips,  du  nom  A'arthrite  seche. 

Dans  un  premier  groupes,  nous\oyons  les  cartilages  presenter  en  certains 
points  des  depressions,  d'aulres  fois  de  veritables  pertes  de  substance,  des  ul- 
cerations donl  le  fond  est  rugueux.  Deja  la  membrane  synoviale  est  epaissie  el 
injectee  elle-meme.  Une  espece  de  synovia  Ires-epaisse,  tres-visqueuse,  remplit 
la  cavite  articulaire.  Cest  dans  C( t  etal  que  se  trouvent  les  articulations  fe- 
moro-tibiales. 

Au  deuxieme  degre,  le  pourlour  du  cartilage  est  pour  ainsi  dire  erode.  II  est 
anfraci  ueux  el  irregulier.Au  centre  memedu  cartilage  existent  aussi,  soitsimple- 
ment  des  abrasions,  des  erosions,  soil  des  ulcerations  plus  ou  moins  prolondes, 
dont  quelques-unes  nietient  a  nu  la  suhsianceosseuse.il  semble  qu'en  meme 
lemps  la  texture  du  cartilage  lui  meme  ail  change  de  ualure;  il  parait  s'etre 
.ijoute  a  la  subsiance  cartilagineuse  propre,  du  tissu  fibreux  qu'on  enleve  sous 
forme  de  lamelles.  Dans  ce  degie,  la  synoviale  est  tres-epaissie;  elle  a  une  co- 
loration d'un  violet  fonce;  sa  face  interne  est  convene  de  bourgeons  charnus, 
donl  quelques-uns  sont  pedicules.  Un  liquide  epais  et  visqueux,  mais  transpa- 
rent, remplit  la  caviie  synoviale ;  mais  dans  quelques  articulations,  on  rencontre 
une  sorte  de  substance  blanche  albumineuse,  un  peu  concrete,  completement  li- 
bre  au  milieu  de  la  caviie  droite. 

Notons  qu'en  ouire  la  face  externe  de  la  membrane  synovi.ile  est  doiiblee  par 
une  couche  fibf-euse  ires  rr.sistante,  qui  la  separe  des  ligaments  artinulaires 
proprements  dils.  Ceito  couche  nonvelle,  qui   semble  due  au  lissu  celhilaire 


39 

«ou$-synoTial  epaissi  el  dcTenu  tibreux,  joue  un  grand  rule  dans  I'obscurlte  des 
mouvements  executes  par  certaines  aniculalions.  Nous  avons  parle  de  I'obstacle 
qui  exislait  pendant  la  vie  a  I'extension  de  I'avant-bras  sur  ie  bras  ;  nous  avons 
dtl  rechercher  sur  Ie  cadavre  a  quoi  tenait  cet  obstacle.  Aussi  avons-nous  dis- 
sequ6  avec  soin  :  1°  Ie  tissu  celiulaire  sous-cutane;  2"  les  muscles  eux-memes; 
3*  les  ligaments  periarticulaires.  Apres  avoir  coupe  successivemeiit  ces  diffe- 
rentes  parlies,  nous  ne  vimes  pas  cesser  Ie  moins  du  monde  I'obsiacle  a  I'ex- 
tension ;  mais  sous  les  ligaments  periarticulaires  que  nous  enlevames  avec  pre- 
caution, nous  renconlrames  une  couche  epaisse,  fibreuse,  qui  les  separailde 
la  synoviale.  Quand  cette  couche  eul  eie  coupee,  et  qu'il  ne  resta  plus  que  la 
sereuse  elle-meme,  tons  les  mouvements  s'executerent  dans  rarticuhuion  comnie 
^  I'etat  normal.  C'etait  done,  non  pas  dans  I'articulation  meme,  non  pas  non 
plus  precisenient  en  dehors  d'elle,  que  gisait  la  cause  de  ceiie  contracture  ap- 
parente,  mais  bien  dans  la  couche  intermediaire  a  la  synoviale  et  aux  ligaments 
periarticulaires,  laquelle  s'etait  epaissie  et  retractee,  ce  qui  ne  veut  pas  dire 
que,  pendant  la  vie,  les  muscles  ne  jouaient  pas  un  certain  role  dans  la  difE- 
cnlte  qu'on  eprouvait  a  etendre  I'avaut-bras;  mais  ce  role  cessa  completement 
apres  la  morl. 

Les  articulations  qui  presentaient  les  alterations  que  nous  venons  de  decrire 
(^taientles  plusnonibreuses.C'elaientlaplupartdes  articulations  nietacarpo-pha- 
Inngiennes  etmetatarso-phalangiennes.celles  des  phalanges  entreelles  aux  doigts 
comme  aux  orleils.  Les  deux  articulations  du  coude  renirent  dans  Ie  meme 
groupe. 

Que!ques-unes  de  ces  articulations  presentaient  en  outre,  en  dehors  de  la  sy- 
noviale, dans  la  couche  meme  dont  I'epaississement  avait  cause  au  coude  une 
sorle  d'ankylose  intraariiculaire,  uneespece  de  productions  osseuses,  lesquelies 
elaient,  pour  ceriaines  articulations,  une  des  principales  causes  de  leur  gonfle- 
nient  anormal. 

EnHn,  dans  un  dernier  groupe,  nous  assislons  au  debut  de  I'ankylose  intra- 
ariiculaire celluleuse,  el  quelques  articulations  de  noire  malade  pr6sentenl  Ie 
<legre  Ie  plus  eleve  de  celte  alteration  ;  dans  les  articulations  du  premier  me- 
tatarsien  avec  la  premiere  phalange  des  deux  pouces,  on  rencontre,  au  sein 
ineme  de  la  cavite  articulaire  des  brides  libro  celluleuses  qui  s'etendent  du  me- 
latarsien  S  la  phalange.  Dans  ces  niemcs  jointures,  oil  la  synoviale  est  rouge, 
villeuse,  couverte  de  bourgeons  cliarnus,  on  rencontre  aussi,  en  dehors  de  ceite 
synoviale,  des  brides  celluleuses  intermediaires  a  la  sereuse  el  aux  ligaments 
periarticul  lires.  II  y  a  done,  dans  ce  cas,  ankylose  intraariiculaire  et  exlra-arli- 
culaire. 

En  regie  generale,  c'est  du  fond  d'une  ulceration  du  cartilage,  laquelle  a  mis 
I'os  S  nu,  que  partem  les  brides  celluleuses  intraarticulaires.  Ces  dernieres  vont 
de  I'autre  ciiie  se  nndre,  soil  au  fond  d'une  ulceration  analogue  du  cartilage 
oppose,  soil  i  la  face  inlerne  d'un  point  <|uelconque  de  la  synoviale,  elle-m6me. 


33 

Mais,  dans  d'autres  cas,  a  ce  qu'il  nous  a  sembl^  du  moins,  c'est  le  cartilage 
lui-nieme  transl'orme,  devenu  fibro-cariilage,  que  Ton  voit  partir  ces  ligaments 
interarliculaires  de  nouvelle  formation.  Ces  derniers,  lantot  friables,  minces  et 
iransparents,  lantot  plus  epais  et  plus  resistants,  permettent  d'ailleurs  encore 
certains  mouvenients;  ils  permettent,  par  exemple,  dans  les  articulations  meta- 
carpo-piialangiennes  des  pouces,  un  certain  degre  de  flexion ,  mais  iimitent 
completement  ['extension  et  I'abduciion ;  aussi  le  muscle  court  abducteur  du 
pouce  a-t-il  subi  completement  la  transformation  graisseuse,  ce  qui  contraste 
avec  l'et?t  des  autres  muscles  de  la  main  qui  onl  conserve,  a  peu  de  chose  pres, 
leur  volume  et  leur  coloration  norniales. 

Un  degre  de  plus,  et  I'ankylose  celluleuse  intraarliculaire  est  complete.  Les 
liens  ceiluleu\  de  nouvelle  formation  sont  solides,  resistants,  el  les  mouvemenis 
de  flexion  ou  d'extension  sont  devenus  lout  a  faU  nuls  ;  c'esl  ce  qui  exisle  pour 
les  articulations  radio-carpienne,  libio  larsienne  ducole  gauche. 

Dans  quelques  articulations  phalangiennes,  le  but  ou  le  r^sultalde  la  mala- 
die  a  ele  tout  different  de  ce  que  nous  venons  de  voir;  le  cartilage  a  presque 
entierement  disparu,  il  n'en  reste  plus  que  quelques  ilots.  L'os  mis  a  nu  est  ru- 
gueux,  mais  presque  sans  alteration.  Mais  ce  qui  est  surtout  A  noter,  c'est 
qu'il  n'existe  ici  aucune  production  celluleuse  intraarticulaire.  C'est  dans  ces 
articulations  surtout  que  le  frottemenl  des  surfaces  determinait  pendant  la  vie 
una  crepitation  tres-sensibie. 

En  resume  : 

Le  gonflement  el  la  deformation  des  articulations  tenail  dans  ce  cas  :  1°  a 
repaississenient  de  la  synoviale  ;  2°  a  i'epaississement  avec  transformation 
tibreuse  du  lissu  cellulaire  sous-synovial ;  3°  a  la  formation  dans  ce  tissu  cel- 
lulaire  de  productions  canilagineuses  el  osseuses. 

La  diminution  de  la  mobilile  des  os  les  uns  sur  les  aulres,  tenait,  soil  a  la 
formation  de  liens  celluleux  developpes  entre  les  deux  surfaces  articulaires  con- 
tigues,  soil  a  I'epaississemenl  avec  production  de  liens  fibreux  de  la  coucbe 
celluleuse  sous-synoviale.  C'est  a  cetle  derniere  variete  d'ankylose  qu'^tail  due 
la  fausse  contraclure  des  niembres  superieurs ;  n'esl-il  pas  possible  des  lors 
(jue  Talt^ration  designee  par  quelques  auteurs  sous  le  nom  de  contraclure  rhu- 
matismale,  ne  soil  souvenl  rien  moins  que  !e  resullal  d'une  modilicallon  dans 
le  lissu  meme  des  muscles. 

Enfin,  nous  assistons  a  lous  les  degres  possibles  d'une  alteration  parliculiere 
des  cartilages,  comnien^ani  par  une  simple  exulceraiion  et  se  lerminanl  par 
una  denudation  plus  ou  moins  elendue  des  os  subjacents,  alteration  qui  s'ac- 
compagne  souvenl  de  I'adjonction  de  lissu  tibreiix  a  la  substance  carlilagineuse 
elle-meme,  el  pendant  ce  temps  la  synoviale  s'esl  injectee,  gonflee,  elle  s'est 
Kouverla  de  bourgeons  cbarnus ;  mais  le  liqnide  qu'elle  exhale  ne  differe  de  1'^- 
lul  normal  que  par  sa  viscostle  pins  grande,  el  dans  certains  cas,  par  la  pr^- 


34 
sence  d'une  substance  albumineuse  plus  ou  iiioius  opaque  ;  pas  de  pus,  pas  iJe 
yeritables  fausses  membranes. 

Le  coeur  ne  pr^senlc  aucune  alteration  sensible,  soil  dans  ses  parois,  soit 
dans  ses  valvules.  Les  deux  poumons  presenteni  de  nombreux  tubercules,  qk  et 
la  des  excavations  au  sommet  des  deux  organes.  Le  lobe  inferieur  gaucbe  pre- 
senle  une  induration  considerable  h  son  centre,  laquelle  est  due  a  une  hepatisa- 
tion  pulmonaire  diduse  qui  environnede  toutes  purls  un  noyau  d'intiliration  lu- 
berculeuse  dent  le  centre  s'est  deja  ramolli. 

Les  aulres  organes  n'ont  rien  presenle  de  notable.  (22  mars.) 

8*  CORPS  FiBRECX  DE  l'uterds,  recueilli  dans  le  service  de  M.  Gobler,  S  Saint- 
Anloine;  par  M.  Canuf.t. 

Le  8  mars,  il  est  entre  dans  le  service  une  femme  ageede  66  ans,  presentaiit 
tous  les  signes  exterieurs  d'une  cachexie  cancereuse  tres-avancee  ;  une  h6mor- 
rhagie  uterine  tres-abondanle  durait  depuis  plusieurs  jours ;  elle  ne  cessa  pas 
pendant  le  sejour  a  I'hopital,  et  la  malade  mourul  le  lendemain. 

A  I'autopsie,  on  trouve  I'uterus  distendu  a  peu  pres  uniformement,  ayant  ac- 
quis le  volume  de  I'organe  au  Iroisieme  mois  de  la  conception,  il  presentaii 
une  renitence  tres-considerable,  ses  parois  ne  se  iaissaient  pas  deprimer  meme 
par  une  pression  assez  forte.  Lorsqu'on  embrasse  avec  loute  la  main  le  corps  de 
I'uterus,  on  sent  queiques  saillies  arrondies.  L'organe  enleve,  on  constate  I'e- 
l:il  suivant :  les  parois  du  vagin  sotil  dans  loute  leur  elendue  transformees  en 
matiere  cancereuse  ranioUie,  le  col  de  I'uterus  est  presque  entierenient  detruii 
par  la  meme  cause;  I'orifice  ulerin  se  trouve  silue  lout  a  fait  sur  I'exlremiie 
droite  de  la  partie  degenereequi  represenle  le  col;  lorsqu'on  incise  le  corps  de 
I'uterus,  on  lombe  sur  des  tumeurs  tibreuses,  multiples ,  ofl'rant  plusieurs 
noyaux  tres-durs;  ces  tumeurs  paraisseut  developpees  conime  toutes  les  tu- 
meurs libreuses  dans  I'epaisseur  de  la  lunique  moyenne  ou  musculeuse,  elles 
se  sont  surtout  formeesdans  la  partie  gauche  de  l'organe,  de  sorte  que  la  ca- 
vile  uterine,  doni  I'elendue  est  notablement  reirecie  est  rejelee  completenieni  a 
droite.  La  trompe  du  cole  droit  est  ires-distendue  el  contient  un  liqiiide  puru- 
lent que  la  pression  pent  faire  refluer  dans  la  cavite  uterine  par  I'orilice  de  la 
trompe. 

Ainsi  on  remarquera,  dans  cotte  piece,  la  coincidence  d'un  cancer  du  vagin 
et  du  col  de  Puterus  avec  des  tumeurs  libreuses  du  corps  de  l'organe. 
(8  mars.) 

9"  ECOUI,EMR\T  DE  PCS  PAR  LES  POINTS  LACRYMAUX,  SANS  TtlMKl'R  l.ACRYMAI.K  ; 

par  M.  Beraud. 

M.  Beraud  presenle  une  piece  rectieillie  sur  un  cadavre  d'homme  age  d'ep 
viron  50  ans.  II  signale  les  parlicularilt^s  suivantes  : 


3^ 

10  Les  points  lacryniaux  et  les  conduits  lacr>Diaux  soot  parfaitement  sains. 

2°  II  n'existe  pas  de  valvule  a  leur  orifice  commun  dans  le  sac  lacrymai,  ce 
qui  a  lieu  dans  les  deux  tiers  des  cas,  d'apres  des  dissections  qu'il  a  faites, 
et  sur  lesquelles  il  aura  ['occasion  d'appeler  I'attenlion  de  la  Society  prochai- 
nement. 

3°  Le  sac  lacrymai  renfernie  une  petite  quantite  de  matiere  purilornie  ;  il  est 
retreci  dans  lous  ses  diametres,  surtout  du  cole  gauche,  oil  il  est  reduit  a  sa 
moitie.  Leur  surface  est  criblee  de  pelites  ouvertures  qui  ne  sont  autre  chose 
que  les  orifices  des  glandes  particulieres  contenues  dans  le  sac  lacrymai. 

W  II  n'existe  pas  de  valvule  a  I'orilice  inferieur  du  sac,  comme  cela  devrait 
exister  dans  la  moitie  des  cas,  d'apres  M.  Beraud.  Cette  disposition  est  la  meme 
idroiteeta  gauche. 

5°  Le  canal  nasal  des  deux  cotes  est  completement  oblitere  par  le  developpe- 
ment  de  la  mnqueuse  du  conduit.  On  ne  pent  pas  voir  I'oriOce  inferieur  dans  le 
meat. 

6"  II  y  a  absence  de  tumeur  et  de  tistule  lacrymale,  malgre  I'obliteration  com- 
plete, et  cela  coincidant  avec  ['absence  de  valvules  auxquelles  M.  B6raud  fait 
jouer  un  grand  role  dans  le  mecanisme  de  la  formation  de  cette  affection  des 
voies  lacrymales.  (29  mars.) 

10°  CAS  DE  PYELITE;  par  M.  CHARCOT. 

Une  jeune  tille  de  18  ans,  blanchisseuse,  etait  entree  dans  le  service  de  M.  Bri- 
quet, a  la  Charite,  le  10  mars  1851 ;  elle  mourut  le  20  mars.  Elle  se  disait  ma- 
lade  depuis  trois  semaines  seulemenl,  mais  avouait  avoir  ete  tourmentee  d'assei 
vives  douleurs  de  reins  il  y  a  trois  ou  quatre  mois,  lesquelles  douleurs  reparais- 
saient  de  temps  a  autre.  Cependant  rien,  dans  ses  antecedents,  qui  ressemble 
a  de  veritables  coliques  nephritiques,  et  elle  assure  n'avoir  jamais  rendu  de 
calculs  ou  de  graviers  avec  les  urines.  Lors  de  son  entree  a  I'hopital,  on  lui 
trouve  un  peu  de  fievre  avec  exacerbation  le  soir ;  quelques  frissons  erratiques ; 
une  douleur  lombaire  que  la  pression  ou  la  percussion  exasperent,  et  qui  se 
fait  sentir  surtout  dans  la  region  du  rein  droit.  La  percussion  methodique  pra- 
tiquee  i  la  region  lombaire  demonlre  que  les  deux  reins  ont  augmente  de  vo- 
lume, mais  que  le  rein  droit  est  sensiblemenl  plus  volumineux  que  le  gauche. 
Cinq  ou  six  jours  avant  son  entree  a  I'hopital,  elle  avait  et6  prise  d'une  h^matu- 
rie  assez  abondante ;  c'est  la  premiere  fois  que  ce  phenomene  se  presentait.  A 
la  suite  de  pissement  de  sang,  I'urine,  dont  la  quantite  reste  a  peu  pres  nor- 
male,  devient  epaisse,  bourbeuse  et  fetide,  tres-fetide  meme  et  exhalant  une 
odeur  gangreneuse,  surtout  dans  les  derniers  moments  de  sa  vie.  Ces  urines, 
par  le  repos,  laissaient  deposer  un  precipite  purulent,  mais  la  partie  superieure 
n'en  devenait  pas  pour  cela  beaucoup  plus  transparente,  et  la  partie  decant^e 
pr^cipilail  fortement  par  I'acidp  nilrique. 


36 

L«s  deux  (leruieis  juurs,  la  laugue  esl  secbe,  la  peau  devieot  ile  couleur 
plomb^e  el  seche,  il  survienl  du  subdelirium,  eii  un  mot  tous  les  signes  d'un 
plal  lyphoide  assez  grave.  Jamais  la  malade  n'a  present^  de  voinissemenls. 

Le  trailemenl  a  consisle  principalenieiil  en  rapplication  de  cauteres,  par  If 
precede  Mayor,  sur  la  region  du  rein  droit. 

A  Paulopsie,  on  Irouve  les  deux  reins  auguientes  de  volume,  presque  du 
double.  Ct  lie  augmenlalion  esl  due  a  la  dilatation,  par  du  pus  fetide,  des  bas- 
sinets, dont  les  parois  sont  couvertes  d'une  sorte  de  pseudomembrane  verte,  ei 
presentenl  en  quelques  points  des  ulcerations  d'aspect  et  d'odeur  gangreneux. 
La  substance  memedu  rein  est  amincie,  aplatie,  non  alleree.  On  Irouve,  au  ni- 
veau de  I'inserlion  des  ureteres,  dans  le  bassinet,  a  droite  et  a  gauche,  un  cal- 
cul  a  peine  du  volume  d'un  haricot.  Un  autre  calcul  du  volume  d'un  gros  pois 
nageait  au  milieu  du  pus  que  contenait  le  bassinet  gauche. 

Les  ureteres  etaient  doubles  de  volume,  leurs  parois  epaissies ;  lis  etaient  en 
meme  temps  noueux  et  presentaient  ca  et  la  des  dilatations. 

La  muqueuse  vesicate  etait  epaissie,  brune,  violacee,  surlout  au  niveau  de 
son  pied. 

Les  troiscalculs  dont  nous  avons  parlesont  les  seuls  qui  aienl  ete  rencontre? 
dans  les  organes  genito-urinaires.  (29  mars.) 

III.  —  Teratologie. 

SLR  UN  CAS  DE  DUPLICITE  CHEZ  LE  LIMAX   AGRESTIS;  par  M.   LAIJHENT. 

M.  Laurent  communique  le  fait  d'une  monstruosite  observeesur  un  enibryon 
du  Umax  agreslis  qui,  au  lieu  de  n'offrir  qu'une  seuie  vesicule  ombilicale  et 
une  seule  rame  caudale,  ce  qui  constitue  I'etat  normal,  presente  uu  corps  uni- 
que en  avant,  bifurque  en  arriere  et  lermine  par  deux  rames  caudales  dont  les 
mouvements  d'expansion  et  de  contraction  alternent  entre  eux  et  contrastent 
avec  les  memes  mouvements  d'une  seule  vesicule  ombilicale.  (29  mars.) 


COMPTIB  RISNBU 


DC 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDANT   LE    MOIS    D'AVRIL  1851  ; 


MM.  les  docti'nrs  TEBERT  et  BROWN -SEQUARD ,  spcrflaires. 


Presidence  de  M.  RAYEH. 


I.  —  ANATOMIE    NORMALE. 


1°   PAVILLONS  MULTIPLES   RE^'CO^'IRES  SUR   DES    TROMPES    LTERINES   DE    FEMMES ; 

par  M.  A.  Richard  fils. 

<<  M'occupant  de  recherches  sur  la  frompe  uterine,  dont  je  me  propose  de 
donner  les  resultats  dans  ma  these,  j'ai  renfontre  sur  plusieiirs  Irompes  une 
anomalie  dont  aucun  auteur  jusqu'cl  present  n'a  fait  mention  :  je  vciix  parler  de 
la  presence  sur  une  meme  trompe  de  plusieurs  pavilions  distinrts.  Je  crois  que 


38 
le  hasiird  m'a  favorise  duns  ces  recherclies ;  car  sur  une  Irentaine  ile  caJavres  de 
femmes  d'age  different  dont  j'ai  eiileve  I'uterus  et  ses  annexes  pour  les  examiner, 
j'ai  rencontre  cinq  fois  cette  singuliere  anomalie.  Voici  en  quelques  mots,  d'une 
maniere  geoerale,  en  quoi  elle  consiste. 

»  Le  pavilion  normal  qui  termine  I'oviducte  existe  sur  loutes  ces  places.  II 
n'offre  rien  de  particulier;  mais  en  examinant  le  corps  de  la  trompe,  au-dessous 
de  son  pavilion,  on  rencontre  ft  une  distance  qui  varie  depuis  quelques  millime- 
tres jusqii'a  2  ou  3  centimetres,  un  second  orifice  muni  de  fianges  analogues  k 
celle  du  pavilion  normal,  formees  par  consequent  par  la  muqueuse  de  I'ovi- 
ducte, qui  fait  en  quelque  sorte  hernie  au  travers  des  tuniques  musculeuse  et 
sSreuse  de  la  trompe.  II  m'a  toujours  ete  possible  d'introduire  par  I'orifice  que 
presentent  ces  pavilions  accessoires  un  stylet,  et  de  pouvoir  ainsi  constater  que 
cette  ouverlure  anormale  fait  communiquer  le  canal  de  la  trompe  avec  la  cavils 
peritoneale;  et  poussant  let:6rement  le  stylet  soit  vers  I'oriflce  abdominal,  soil 
▼ers  I'orifice  uterin  de  la  trompe,  on  le  voyait,  dansle  premier  cas,  sorlir  par 
le  veritable  pavilion ,  et  dans  le  second  cas ,  penetrer  dans  la  cavite  de  la 
matrice. 

»  Je  n'entrerai  pas  dans  la  description  speciale  de  cliaque  pi6ce ;  qu'il  me  sufHse 
de  dire  que,  sur  les  cinq  cas  que  je  possede,  une  trompe  appartient  i  un  foetus  a 
terme  et  presenledeux  pavilions  accessoires;  une  seconde  ci  une  fiile  de  15  ana 
non  rejiee,  et  offre  egalement  deux  pavilions  anormaux;  les  trois  autres  h 
des  femmes  adultes,  et  sont  munies  chacune  d'un  pavilion  surnuineraire. 

1)  Je  ne  parlerai  pas  non  plus  des  deductions  physiologiques  que  I'on  pourrait 
tirer  de  I'examen  deces  trompes  pour  I'explication  des  causes  si  peu  connues  do 
la  variete  abdominale  des  grossesses  extra-ulerines;  je  voulais  simplement  con- 
staler  le  fait  anatomique,  me  proposant  de  trailer  avec  quelques  details  cette 
question  dans  malhese.  »  (12  avril.) 

2"  SDR   LE  CANAL  CENTRAL  DE  LA  MOELLE  EPLVlfeRE ;   par  M.   BeRALD. 

M.  Beraud  met  sous  les  yeux  de  la  Societe  une  moelle  de  chien  adulle  re- 
cerament  sacritie,  pour  en  montrer  le  canal  central. 

Voici  ce  qu'il  a  Irouve  de  particulier.  II  existe  un  canal  dans  loute  I'etendue 
de  la  moelle,  canal  que  Ton  constate  par  des  coupes  transversales  du  cordon 
mMullaire.  Ce  canal  est  situe  sur  la  ligne  mediane,  et  se  presente  sous  la  forme 
d'une  feme  ayant  1  millimetre  environ  dediametre.  Transversalement,  la  paroi 
aoterieure  est  appliquee  sur  la  paroi  posterieure,  de  maniere  que  la  cavite  est 
pour  ainsi  dire  effacee ;  mais  si  Ton  presse  lateralement,  on  fait  enlr'ouvrir  les 
I6vres  de  cette  ouverture,  el  I'on  voit  manifestement  qu'il  y  a  un  canal.  II  oc- 
cupe  un  espace  compris  entre  la  commissure  blanche  ou  anterieure  et  la  com- 
missure grise  ou  posterieure.  De  plus,  une  membrane  mince  en  tapisse  tout 
riul6rieur.  On  li'a  pas  de  peine  k  conslaier  la  presence  de  ceite  membrane  en 


30 
penetrant  dans  !e  sillon  median  anterieur  ou  bien  dans  le  sillon  median  poste 
rieur.  Si  on  d^lruit  la  substance  de  la  commissure,  on  irouve  au-dessous  d'elle 
une  membrane  tres-mince,  ircs-lransparente,  venanl  se  coniinuer  avec  la  mem- 
brane qui  tapisse  la  face  posterieure  du  bulberachidien 

L'ouvertureque  presente  ce  canal  a  la  coupe  iransversale  n'est  pas  parfaile- 
raent  la  meme  a  lous  les  points.  Superieurement,  elle  est  arrondie;  plus  bas, 
elle  devient  iransversale. 

Ce  qui  a  surtout  fixe  raltention  de  M.  Beraud  est  la  presence  d'oriUces  tres- 
nombreux,  assezregulierement  disposes  dans  touie  la  hauteur  du  canal,  ^  une 
distance  d'environ  l  centimetre  les  unsdes  autres.  U  sedemande  sices  orifices 
arrondis  ne  seraient  pas  les  ouvertures  de  canaux  particuliers  qui  viendraient 
se  rendre  dans  cliaque  pairede  nerfs;  de  sorfe  que  cbaque  cordon  nerveux  au- 
rait  aussi  nn  canal  central.  Mais  il  reconnait  que  ceite  interpretation  merite 
d'etre  reservee.  II  se  promel  d'ailleurs  de  faire  quelques  etudes  surce  point.  II 
n'a  pas  trouve  de  liquide  dans  I'interipur  de  ce  canal.  (12  avril.) 

II.  —   PATHOLOGIE   ET   ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

1°   TARIOLE  DU   FOETUS;   VAKIOLOIDE  CHEZ  LA    JIERE ;   AVORTEMENT    AU    CI.NQUIEUE 
MOIS  DE    LA  GR0SSE3SE;    par  M.    CHARCOT. 

«  Une  femme  Sgee  de  23  ans,  hrune,  d'un  temperament  oil  predomine  evi- 
demment  le  systeme  nerveux,  bien  reglee  habituellement,  portant  au  bras  gau- 
che des  cicatrices  de  legitime  vaccine  et  n'ayant  jamais  eu  la  variole,  enlre,  le 
25  mars,  &  I'hopital  de  la  Charile  (salle  Saint-Basile,  10,  service  de  M.  Rayer) ; 
elle  se  dit  enceinte  de  cinq  mois. 

»  Voici  les  fails  que  nous  croyons  devoir  noler  dans  ses  antecedents,  filanl 
fres-jeune,  elle  a  eu  des  ti6vres  revenant  par  acces  tous  les  deux  jours ; 
plus  lard,  a  I'age  de  13  ans,  elle  a  ele  chorHque  pendant  plusieurs  mois.  Les 
regies  se  sont  etablies  dilBcilement;  leur  apparition  a  ete  precedee  et  suivie  de 
flueurs  blanches  abondantes.  Mais  eniin  elles  sont  devenues  regulieres.  II  y  a 
deux  ans,  une  premiere  grossesse  semanifeste.  Nul  accident  ne  I'accompagne, 
si  ce  n'est  quelques  douleurs  dans  les  reins  et  dans  le  bas-venlre  pendant  la 
raarche  el  la  station  veriicale.  L'accouchement  se  fait  d'ailleurs  nalurellemeni. 
a  lerme,  el  I'enfant  est  aujourd'hui  bien  portant.  II  y  a  cinq  mois,  signes  d'une 
nouvelle  grossesse.  Ajoutons  que,  dans  I'intervalle  enlre  la  premiere  et  la 
deuxieme  grossesse ,  aucun  phenomene  morbide  ne  s'est  manifeste. 

»  Des  le  debut  de  la  nouvelle  grossesse,  la  malade  eprouve  une  fatigue  inso- 
lile,  de  la  langueur.  En  meme  temps  les  lissus  palissent ;  il  survienl  de  la  cephal- 
algie,  des  douleurs  dans  les  reins  et  dans  les  aines,  surlout  pendant  la  marche. 
En  meme  temps  un  abondant  ecoulement  de  flueurs  blanches  apparait.  Les  paU 
pitalions  ne  sont  pas  habituelles,  mais  il  y  a  de  temps  a  autre  des  lipolhymies. 
Tout  ceci  dure  pendant  les  qualre  premiers  mois  de  la  grossef;sP. 


ft  II  y  a  tioJs  semaincs  environ,  sans  cause  connue,  le  malaise  augmente ;  en 
memc  temps  des  frissons  assez  intenses,  de  I'inappelence,  de  la  clialeur  febrile  se 
font  sentir;  puis,  k  la  suite  de  legeres  demangeaisons,  des  boutons  apparaissent 
aux  bras,  aux  poignets,  aux  cuisses,  sur  la  face.  Ces  boutons  sont  tout  au  plus 
au  nombre  do  dix  en  tout :  ce  sont,  d'apres  la  description  de  la  malade,  des  pa- 
pules qui  bientot  se  couvrent  d'une  vesicule  argentee  dont  I'enveloppe  se  dess6- 
che  bientot  de  maiiiere  a  former  une  croute.  Cette  croi'ile,  apres  sa  cbute,  laisse 
voir,  surlout  a  la  face  palmaire  du  poignet  droit,  deux  petites  ulcerations  super- 
(icielles  du  derme,  dont  on  voit  encore  tres-bien  les  traces  aujourd'hui. 

»  D'ailleurs ,  I'apparition  de  I'eruption  que  nous  venons  de  decrire  a  ete  ac- 
compagnce  d'une  remission  presque  complete  des  plienomenes  generaux  qui  I'ont 
precedee.  L'evolution  des  pustules,  depuis  I'apparition  des  papules  jusqu'a  la 
chute  des  eroutes,  s'est  faite  a  peu  presen  cinq  jours.  Notons  que,  dans  les  phe- 
nomenes  prodromiques,  nous  n'avons  a  remarquer  ni  vomissements  ni  douleurs 
de  reins  nouvelles. 

»  C'est  a  cette  epoque  que,  pour  la  premiere  fois,  les  mouvements  de  I'enfant 
se  firent  sentir.  Assez  intenses  d'abord,  douloureux  meme  pour  la  mere,  ils  ne 
tarderent  pas  a  dpvenir  tr^s-rares,  et  bien  differents,  dit-elle,  de  ce  qu'ils  s'e- 
taient  montres  lors  de  la  premiere  arossesse.  Remarquons  toutefols  qu'elle  assure 
avoir  senti  remuer  jusqne  dans  ces  derniers  temps;  mais  c'etait  surtout  quand 
elle  changeait  de  position,  et  alors  une  sorte  de  choc  se  faisait  sentir  dans  la 
partie  de  I'uterus  devenue  la  plusd^clive. 

»  Quinze  jours  apres  le  debut  de  la  fievre  eruptive,  elle  entre  a  I'hopital,  ou 
nous  la  trouvons  dansl'elat  suivant : 

»  La  face  est  tres-pale,  plombee ;  les  yeux  sont  enfonces  et  enloures  d'un  cer- 
c'e  brun.  fitat  de langueur  extreme;  cephalalgie;  pas  de  palpitations;  pas  d'oe- 
deme  de?  membres  inferieurs.  La  malade  ne  tousse  pas-,  elle  assure  ne  pas  tous- 
ser  habituellement  et  n'avoir  jamais  crache  de  sang.  L'auscultation  des  poumons 
ne  fait,  au  reste,  entendre  aucun  bruit  anormal.  Souffle  doux  bien  manifeste,  au 
coGur,  au  premier  temps  et  a  la  base;  murmurevasculairecontinu  dans  les  vais- 
seaux  du  cou. 

«  Douleurs  dans  les  reins  et  dans  le  has- ventre,  spontanees  et  provoquees  par 
la  pression,  par  la  marche  et  par  la  station.  ■  k!  )-i  ^)d')itr;.' 

11  La  langue  est  rouge,  sans  enduit,  parfois  seche.  La  peau  s'echauffe  un  peu 
le  soir,  et  il  y  a  de  temps  en  tem;is  des  frissons  erratiques.  Le  soir  aussi  Ic  pouls 
devient  generalement  assez  frequent  (de  90  k  100  pulsations).  Pas  de  sueurs  noc- 
turnes. 

11  Lc  foic  et  la  rate  ont  leur  volume  normal ;  I'uterus  remonte  i  1  ou  2  poucses 
nu-dessus  de  rombilic  Jamais  l'auscultation  de  I'uterus  n'a  pu  nous  denoter 
I'cxistence  soit  du  souffle  placentaire,  soit  des  battements  du  coeur  du  foetus. 

•>  En  raisonde  ces  symplomes,  on  administre  a  la  malade  50  centigrammes  de 
»ous-carlHMiatc  dfc  fcr  chaquc  soir;  bains  simples. 


hi 

•■>  Au  bout  de  ciilq  ou  six  jours  de  ce  traitement,  la  malade  se  sent  beaucoup 
niieux  et  pense  de]k  h  sortir  de  riiopital.  Ainsi  la  petite  fi6vre  du  soir  avail  dimi- 
nu6 ;  les  douleurs  dans  les  reins  et  dans  le  bas-ventre  avaient  presque entierement 
cess6,  lorsque,  dans  la  nuit  du  3  au  4  avril,  la  malade  est  reveillee  tout  h  coup 
par  une  violenle  douleur  siegeant  au-dessus  du  pubis,  douleur  suivie  presque 
aussitot  d'un  ecoulement  assez  abondant  de  sang  par  les  parties  genitales.  Ces 
douleurs  prennent  bientot  le  caract6re  de  douleurs  expultrices,  et  I'accouehement 
s'opere  d  une  heure  de  I'apr^s-midi,  le  4  avril. 

»  L'enfant  ollre  tous  les  caractures  d'un  foetus  de  6  mols,  et  presente  en  outre 
tous  les  signes  qui  denotent  une  mort  remontant  deji  k  plusieurs  jours  au  moins. 
Eneffet,  le  tissu  eellulaire  pericranien  est  abondamment  infiltre  de  s6rosite 
rousse;  de  plus,  I'epiderme  s'enleve  presque  partout  avec  la  plus  grande  faci- 
lite,  surtout  aux  mains  et  aux  pieds.  D'ailleurs,  pas  de  fetidite  bien  remar- 
quable. 

1)  Le  corps  dece  fetus  presente  qk  et  li  des  pustules  de  divers  volumes,  dont 
les  unes  sont  isolees,  dont  les  autres,  au  contraire,  sont  reunies  en  plaques  plus 
ou  moins  larges.  De  ces  pustules,  les  unes  ont  de  6  a  7  millimetres  de  diamfetre  : 
ce  sont,  il  est  vrai,  les  plus  volumineuses;  il  en  est,  au  contraire,  qui  ont  tout  au 
plus  de  1  &  2  millimetres  de  large;  il  en  est  enfm  de  volumes  intermediaires. 
Toutes  sont  parfaitement  airondies,  et  font  une  legere  saillie  au-dessus  du  niveau 
dela  peau.  La  plupartpresentent  une  depression  centrale  de  I'ombilic;  d'autrfs 
presentent,  au  contraire,  une  surface  entierement  lisse,  et  cet  ombilic  n'existe 
pas  plus  specialement  soil  sur  les  grandes  pustules,  soit  sur  les  petites ;  car  11  est 
de  trfes-petits  boutons  qui  ont  a  leur  centre  une  depression  bien  nette;  il  en  est 
de  volumineux,  au  contraire,  qui  n'en  presentent  pas  de  traces. 

»  La  couleur  des  pustules  est  d'un  blanc  jaunatre,  mat,  opaque,  qui  tranche 
vivement  sur  la  coloration  rouge  foncee  des  teguments.  Voici  d'ailleurs  d'une 
mani6re  generale  comment  elles  sont  disposees  k  la  surface  du  corps.  La  region 
du  crane  presente  quatre  ou  cinq  pustules,  petites,  non  ombiliquees ;  trois  pus- 
tules volumineures,  non  ombiliquees,  sur  la  face  :  I'une  en  avant  du  lobule  de 
I'oreille  droite;  I'aulre  k  la  commissure  droite  des  16vres;  I'autre  enfin  au-des- 
sous  de  la  levreinferieure.  La  region  de  la  nuque  est  entierement  couverte  par 
une  large  plaque  composee  de  pustules,  dont  les  plus  peripheriques  sont  encore 
libres  par  une  partie  de  leur  circonference,  dont  les  plus  centrales  sont  entiere- 
ment confondues.  De  larges  Assures  sillonnent  cette  plaque,  au  fond  desquelles 
le  derme  est  mis  k  nu  par  suite  de  la  chute  d'une  partie  de  I'epiderme  et  de  la 
matiere  opaque  sous-jacente,  laquelle  est  en  ce  point  friable  et  comme  caseeuse. 
Quatre  ou  cinq  pustules  de  divers  volumes,  dont  quelques-unes  sont  ombiliquees , 
k  la  partie  superieure  de  la  region  du  dos;  quatre  petites  pustules  non  ombili- 
quees sur  la  fesse  gauche;  trois  pustules  non  ombiliquees  sur  la  region  anterieurc 
de  la  poitrine. 

>■  Les  mcmbrcs  inferleurs  presentent  les  boutons  les  plus  volumineux, les  tnieux 


h'2 
caraclerises ,  les  niieux  onibiliques.  Ces  boulons,  chose  a  noter,  semblent  la*- 
sembles  autourdes  arliculations  du  genou.  C'est  ainsi  qu'on  rencontre  trois  pus- 
tules, dent  deux  tr6s-volumineuses  et  bien  ombiliquees,  immediatement  au-des- 
sus  du  genou  gauche,  4  la  partie  interne  et  infei  ieure  de  la  cuisse ;  quatre  pustules, 
dont  trois  volumineuses  et  ombiliquees,  k  la  partie  superieure  du  moilet  gauche ; 
k  droite,  une  large  pustule  non  ombiliquee  a  la  partie  interne  et  superieure  de  la 
jamlie,  et  plus  has  deux  ou  trois  pelits  points  blancs  non  ombiliques.  Le  membrc 
superieur  droit  ne  presente  qu'une  seule  pustule,  sans  ombilic  k  la  parlie  poste- 
rieuie  et  inf^rieure  del'epaule;  mais  le  gauche  presente  au  coude  une  large 
plaque  composee  d'au  nioins  huit  ou  dix  pustules,  dont  la  plupart  sont  encore 
dislinctes  et  bien  ombiliquees.  11  en  existe  en  outre  une  autre  tr6s-grande  et 
sans  ombilic  k  la  parlie  postericure  de  I'avant-bras,  au-dessus  de  I'arUculalion 
du  poignet. 

»  Nous  avons  cherche  k  nous  rendre  compte  de  la  composition  anatomique  de 
ces  pustules.  Yoici  ce  a  quoi  nous  sommes  arrive. 

»  Si  Ton  enlfeve  I'epiderme  de  la  peripherie  de  la  pustule  vers  son  centre,  ce 
qui  est  facile  a  cause  de  la  maceration  a  laquelle  le  fcetus  a  ete  expose,  on  enl6ve 
avec  lui  la  matiere  blanchatre  qui  donne  au  bouton  son  relief  et  sa  coloration. 
Alors  on  voit  a  la  surface  du  derme,  mis  a  nu,  une  foule  de  papilles  coniques, 
d'une  eouleur  blanchatre,  hyaline,  du  centre  dcsquelles  part  generalement  un 
poil.  Les  portions  du  derme  sur  lesquelles  sont  implantees  ces  papilles  presen- 
tent  aussi  une  coloration  blanche  et  une  legeresaillie  au-dessus  du  niveau  du 
derme.  En  dehors  de  la  tache  blanche  formee  par  ces  papilles,  qui  ne  sont  evi- 
demment  que  les  foUicules  pileux  anormalement  developpes,  d'une  part,  et  le 
derme  infiltre  d'une  substance  particuli^re,  de  I'autre,  se  voit  une  aureole  d'un 
rouge  vif  sur  laquelle  les  foUicules  pileux  sont  encore  volumineux,  mais  beau- 
coup  moins  qu'au  niveau  de  la  tache.  Enfin ,  en  dehors  de  I'areole,  le  derme 
presente  ses  caract^res  normaux ,  et  les  foUicules  pileux  y  ont  leur  volume  or- 
dinaire. 

»  Si  Ton  fait  une  coupe  verticale  de  la  peau  passant  par  le  milieu  d'une  pus- 
tule, et  qu'on  examine  la  tranche  mince  ainsi  obtenue,  par  transparence  et  aa 
microscope,  on  voit  au  niveau  de  la  pustule  le  derme  plus  epais,  plus  opaque 
qu'ailleurs,  contenant  des  foUicules  verticalement  disposes  et  presque  juxta- 
poses, cylindriques  a  leur  centre,  mais  termincs  en  cul-de-sac  k  une  de  leurs 
extremites,  celle  qui  correspond  a  la  face  profonde  du  derme.  Ces  foUicules  pa- 
raissent  en  outre  distendus  par  un  liquide,  et  I'emportent  au  moins  d'un  tiers  en 
volume  sur  les  foUicules  pileux  du  derme  examine  en  dehors  des  pustules.  Du 
centre  de  chaque  follicule  part  un  poil,  qui  nait  tout  pres  du  cul-de-sac  termi- 
nal, traverse  la  couche  anormale  sous-epidermique,et  enfin  Tepiderme lui-mcme; 
et  en  effet,  en  examinanta  la  loupe  la  surface  des  pustules,  on  la  voit  herissee 
d'une  foule  de  pelits  polls,  comme  cela  a  lieu  d'ailleurs  pour  le  roste  de  la  surfaic 
trsumcntaire.         , 


43 

»  Nous  avons  examine  ensuite  I'epiderrae  et  la  matiere  anormale  qu'on  enle* 
vait  avec  lui,  et  a  laquelle  la  pustule  devait  la  plus  grande  partie  de  son  relief. 
Or,  dans  cette  masse,  a  part  les  cellules  epidermiques  a  contours  bicn  nets  et  a 
noyauxbien  distincts,  cellules  tres-nombreuses,  il  est  vrai,au  niveau  dela  pus- 
tule, nous  n'avons  vien  trouve  de  remarquable,  si  ce  n'est  une  matifere  amorphe, 
au  sein  de  laquelle  existaient  des  granulations  arrondies,  opaques,  disposees  en 
groupes;  nous  n'avons  pas  pu  determiner  la  nature  de  ces  g'obules,  mais  nous 
pouvons  allirmer  qu'il  ne  s'agissait  pas  14  de  globules  de  pus,  bien  qu'on  put 
les  considerer  comme  tels,  eu  egard  ii  leur  volume. 

»  Rien,  dasis  la  structure  des  pustules,  qui  ait  pii  nous  indiquer  par  quel  me- 
canisme  s'etait  operee  I'ombilication.  Le  plus  souvent  la  depression  centrale  em- 
brassait  le  sommet  de  cinq  ou  six  foUicules  pileux,  qui  d'ailleurs  ne  paraissaient 
pas  plus  volumineux  ou  autrement  alteres  que  ceux  qu'on  rencontrait  dans  le 
reste  de  la  pustule. 

1)  L'ouverture  du  cadavre  ayant  ete  faite,  nous  n'avons  rien  trouve  de  notable 
dans  les  principaux  visceres.  La  muqueuse  buccale,  celle  du  pharynx,  ne  pre- 
sentent  pas  de  pustules.  Rien  de  notable  dans  I'oesophage,  I'estomac,  I'intestin 
grele,  le  gros  intestin,  qui  ont  eie  examines  dans  toute  leur  etendue;  foie  deco- 
lore,  non  congestionne;  rate  normale.  Les  poumons  sont  sains,  ainsi  que  le 
coeur  et  le  thymus.  Une  certaine  quantite  de-serositesanguinolente  dans  lesplfe- 
vres,  le  pericarde  et  le  peritoine  ;  mais  ceci  peul  naturellement  etre  attribue  au 
genre  de  mort  du  foetus. »  (5  avril.) 

2"  SUR  DEUX  TUMEORS   DU   SINUS  MAXILLAIRE ;   par  M.   NeLATON. 

M.  Triquet  presente,  au  nom  de  M.  Nelaton,  deux  tumeurs  du  sinus  maxil- 
laire. 

'  L'uneest  uo  lipome;  I'autre,  enlevee  il  y  aquelques  jours,  est  une  tumeur 
fibreuse. 

»  Ces  tumeuTS  sont  excessivement  rares  dans  le  sinus  maxillaire;  je  ne  crois 
pas  que  les  auteurs  en  aient  decrit  de  semblables  en  cet  endroit.  Elles  doivent 
interesserla  societe  a  plus  d'un  titre  : 

«  lo  Par  leur  nature;  2°  par  leur  siege ;  3"  par  les  symptomes ;  4"  par  le  diagnos- 
tic et  par  le  traitement. 

0  Chez  des  malades  jeunes,  les  polypes  cancereux,  les  exostoses,  sont  commnns 
et  se  rencontrent  tous  les  jours ;  mais  il  est  peut-etre  sans  exemple  qu'on  ait  ren- 
contre deux  tumeurs  de  la  nature  de  eelles  qui  nous  occupent. 

»Le  lipome  etait  tout  a  fait  sembhible  a  ceux  qu'on  trouve  ailleurs:  masse  adi- 

peuse  compacte,  cloisonnee  par  des  lamelles  celluleuses.  Chacune  des  loges  ren- 

fermait  de  pelites  masses  de  graisse  jaunatre ;  il  n'y  avait  pas  de  traces  de  vais- 

geaux.  Un  oeuf  ordinaire  en  peut  mesurer  le  volume.  La  tumeur  fibreuse  est 

comparable  k  un  oeuf  de  pigeon.  A  la  coupe,  on  ne  voit  que  des  lames^et  des 

* 


44 
fibres  de  tissu  cellulo-Qbreux ;  a  la  pression,  on  n'en  voit  sortir  aucune  espece  de 
liquide.  Elle  ne  pvf^senle  egalement  point  de  vaisseaux.  Une  membrane  de  tis? u 
cellulaire  fin  et  rose  I'enveloppe  de  toutes  parts  :  aussi  a-t-on  pu  I'enucleer  du 
sinns  en  quelquc  sorle  et  avec  une  spatule. 

n  Cps  deux  tumeurs,  bien  que  peu  volumincuses,  avaient  distendu  les  parois 
du  sinus.  Ces  parois  6laient  amincies  au  point  qn'une  cpingle  ordinaire  pouvait 
traverser  la  voulc  palatine  sans  difflculte. 

n  Chez  les  deux  sujets,  quelques  dents  manquaient,  et  c'est  en  penetrant  par 
ces  alveoles  que  M.  Nehitonput  confirmer  son  diagnostic  et  reconnaiire  i  quelle 
espece  de  tnmeur  il  avail  aflair.\  Une  tr^s-petite  portion  avait  cte  cxcisee  avec 
des  ciscaux  fins,  et  donne  ainsi  le  specimen  de  la  tumeur  (si  Ton  pent  ainsi  dire). 
Uu  teste,  les  parois  du  sinus  elaient  tellement  amincies  qu'un  instant  on  avait 
pu  croire  a  une  fluctualion  apparente. 

i>  Quant  au  traitement,  M.  Nelaton  imagina  de  prolonger  un  peu  en  dehors  la 
commissure  labiale,  au  moyen  du  bistouri,  dans  I'etendue  de  1  a  2  centimetres. 
La  parol  antcrienre  du  sinus,  ainsi  mise  k  decouvert,  fut  enlevee  au  moyen  d'un 
scalpel  ordinaire,  et  la  tumeur  futextirpee  par  enucleation  en  quelque  sorte,  et 
avec  assez  de  facilite.  Quant  au  lipome,  c'est  une  piece  trouvee  sur  un  cadavre, 
dans  un  pavilion  de  dissection ;  elle  n'en  a  pas  moins  une  certaine  valeur  au 
point  de  vne  de  I'anatomie  patholosique.  »  (5  avril.) 

3o  LA   PRESENCE  DE  l'aLBUMINE   DANS  L'URINE  DES   DIABETIQUES  EST-ELLE  TOUJOURS 
UN  SIGNE   FAVORABLE?  pat  M.   RaYER. 

«  M.  Landouzy,  professeur  de  clinique  medicale  a  Reims,  m'a  adresse  un  ma- 
lade  atteint  depuis  plusieurs  annees  de  diabSte  sucre.  La  privation  des  feculent? 
et  I'usage  des  alcalis  ont  beaucoup  diminue  la  proportion  du  glucose  dans  I'urine 
et  les  autres  symptomes  da  diabete.Toutefois  la  guerison  est  loin  d'etre  complete. 
Depuis  deux  mois  environ,  M.  Landouzy  a  constate  qu'une  certaine  quantite  d'al- 
bumine  s'etait  ajoutee  au  glucose.  La  proportion  de  I'albumine  dans  I'urine  ayant 
augmente,  le  malade  a  eprouve  une  sorte  d'etourdissement  et  un  trouble  marque, 
mals  passager,  dans  la  vision. 

1)  Dans  un  premier  echantillon  d'urine,  j'ai  constate,  comme  M.  Landouzy, 
Vexislence  d'une  certaine  quantite  de  glucose.  La  quantite  d'albumine,  notable 
dans  ce  premier  echantillon,  I'etait  beaucoup  moins  dans  un  second,  qui  m'a  cte 
remis  quelques  jours  aprfis.  Du  restc,  le  malade  ne  presentait  aucune  trace  d'oe- 
d6me  a  la  face  ou  aux  mcmbres,  aucune  trace  d'infiltration  des  paupieres,  enfin 
aucun  des  caracteres  extcrieurs  de  la  maladie  de  Bright.  II  ne  parait  pas  non 
plus,  chez  lui,  y  avoir  d'inflammation  des  voies  urinaires  ni  d'affection  du  cceur. 
Or  je  n'ai  pas  cru  pouvoir  me  prononcer  sur  ce  que  pouvait  signifier,  dans  ce  cas, 
rapparilion  de  I'albumine  dans  I'urine. 

"Pour  justiftercefte  reserve,  je  rappel'erai  d'abord  une  opinion  emlse  parDu- 


i5 

puylrenetM.  Tlieuaid;  j'lndiquerai  ensuiie  iiuelques  observations  qui  nie  sont 
propres  et  quelques  autres  que  j'emprun'erai  a  M.  Christison. 

n  Dans  un  memoire  lu ,  en  1806,  a  la  Societe  de  la  Faculte  de  medecine  de 
Paris  et  inseie  dans  son  Bulletin  (Bulletin  de  la  Societe  de  la  Faculte  de  me- 
decine de-Paris,  180C,  p.  41),  MM.  Dupuytren  et  Thenard  annoncercnt  qu'en 
ne  donnant  aux  diabetiques  que  des  aliments  animalises,  leur  urine  avail  change 
assez  piompteraent  de  nature;  que  d'abord  on  y  tr^uvait  une  matiere  alhumi- 
neuse  dont  la  quantite  allant  pendant  quelques  jours  en  croissant,  paraissait  etre 
un  signc  non  equivoque  de  la  guerison  de  la  ma'adie;  qu'cnsuite  Talbumine 
disparaissait  peu  i  peu,  et  que  I'urine  ne  tardait  pas  a  reprendre  les  caracteres 
de  I'urine  d'un  homme  sain. 

»  Comme  MM.  Dupuytren  et  Thenard,  j'ai  vu  chez  une  personne  alteinte  de 
diabete  sucre  le  sucre  disparaitre  de  I'urine,  et  etre  rernplacc  par  une  cevtaine 
quantite  d'aibumine;  mais,  dans  ce  cas,  I'urine  continua  d'etre  chargee  d'albu- 
mine  pendant  plus  d'un  mois,  et  elle  I'etait  encore  lorsque  la  niulade  quitta  I'lio- 
pital.  J'ai  rapporte  ce  cas  dans  mon  Traite  des  maladies  des  reins,  t.  H,  p.  22'4. 
C'ctait  celui  d'une  femme  agec  de  33  ans,  dont  I'urine,  apves  avoir  contenu  une 
assez  grande  quantite  de  glucose  (elle  pesait  1,037  a  I'aveometre  do  Baumc),  de- 
vint  ensuite  forlement  albumineuse  ct  leg^rement  sanguinolente.  Aprfis  la  dis- 
parition  du  sucre,  il  survint  un  catarrhe  pulmonaire,  accompagne  d'ademe  et 
d'autres  accidents  graves.  La  toux,  la  dyspnce  et  Toedeme  cedcrcnt  au  bout  d'un 
mois  et  demi  de  traitement  environ,  et  la  malade,  se  regardant  comme  guerie, 
voulut  quitter  I'hopilal.  A  cette  cpoque,  on  ^'assura  de  nouveau  qu'il  n'y  avait 
pas  de  sucre  dans  I'urine  ;  mais  elle  continuait  d'etre  albumineuse.  Quatre  mois 
apr6s,  j'appris  que  eelte  femme  avait  succombe  a  une  afleclion  de  poitrine,  et 
que  I'ouverture  du  corps  n'avait  pas  ete  faite. 

1)  On  ne  peut  dire  d'une  maniere  positive  quelle  fut,  dans  ce  cas,  la  cause  de 
I'apparilion  de  I'albuniine  dans  I'urine.  L'ffideme  passagrr  fut-il  lie  k  ('existence 
de  I'urine  albumineuse,  comme  dans  la  maladie  de  Bright?  Plus  lard,  dans  quel 
etat  eut-on  trouve  les  reins  si  I'autopsie  du  cadavre  cut  cte  faite  ?  Tons  ces  desi- 
derata de  I'observation  lui  olent,  je  le  reconnais,  une  grande  partie  de  son  in- 
teret;  toutefois  elle  montre  que  la  disparilion  du  sucre,  suivie  de  I'apparition  el 
de  la  persistancederalbuminedansl'urine,  nepermet  pasde  s'abandonner  i  une 
securlte  complete. 

11  Au  resle,  un  autre  cas  qui  s'est  presente,  dans  mon  service  a  I'hopital  de  la 
Charite,  et  que  M.  Bell  a  cite  dans  son  excellent  travail  sur  le  diabete  (H.  Bell, 
An  essay  on  diabetes;  translated  by  Alfred  Markwick.  Lond.  18'i2),  etablit  net- 
tement  que  I'apparition  d'une  urine  albumineuse  dans  le  cours  d'un  diabete  est 
quelquefois  I'lndice  d'une  complication  grave,  au  lieu  d'etre  un  signe  favorable. 
C'etait  le  cas  d'un  diabetique  qui  succomba  il  une  nephrite  terniince  par  suppu- 
ration. 

•  Une  observation  recueillie  par  M.  Chrislison  dcmontrc  aussi  que  I'apparition 


U5 

de  I'albumiiie  dans  I'urine,  dans  un  cas  de  diabele,  peul  etre  un  symplome  trei- 
grave,  suivi  tot  ou  laid  d'hydropisie ;  le  symptome,  enfin,  d'une  alteration  des 
reins  qui  se  terminera  par  la  mort.  II  s'agit  d'un  hoinme  de  40  ans,  bien  consli- 
tue,  qui,  souffrant  du  diabete  depuis  deux  ans,  avail  perdu  graJuellement  de 
son  embonpoint  et  de  scs  forces.  L'uiine  fermenlait  avec  la  levure  de  biere,  et 
pesait  de  lOiS  a  1055-  Entre  a  I'hopital  le  9  juillel  183S,  cet  homme  languit  jus- 
qu'au  milieu  de  septembre.  A  cette  epoque,  I'urinc  devint  fottement  coagulable 
par  I'acide  nilrique  et  par  la  chaleur ;  sa  pesanteur  speciQque  diminua  progres- 
sivement  le  10  decembre;  elle  n'etait  plus  que  de  1010;  le  5  Janvier  1839,  de 
1005;  il  n'y  avait  plus  de  traces  de  sncre.  Le  malade,  epuise  par  une  diarrhee 
rebelle,  mourut  vers  la  fin  de  mars.  A  I'ouvertute  du  corps,  on  trouva  des  epan- 
chements  sereux  dans  le  peritoine,  les  pl6vres,  le  piiricarde  et  rarachnoide.  Une 
quantite  considerable  de  matiere  jaune  etait  deposce  dans  la  substance  corlicale 
(les  reins,  et  se  prolongeait  entre  les  tubes  uriniferes,  alteration,  dit  M.  Christison, 

qu'on  observe  souvent  dans  I'affection  granuleuse  des  reins. 

»  L'auteur  ajoute  que,  dans  plusieurs  aulres  occasions,  il  a  observe  de  I'albu- 

mine  dans  des  urines  de  diabeliques,  et  que  dans  un  cas  oil  la  quantite  de  I'al- 

bumine  etait  considerable,  les  reins  prcsenterent,  apres  la  mort,  la  degeneres- 

cepce  granuleuse. 

»  Pour  les  autres  cas,  il  ne  fait  aucune  remarque. 

»  En  resume,  si  rapparition  de  I'albumine  dans  I'urine  des  diabetiques  est 

quelquefois  un  signe  favorable,  cette  circonstance  pent  etre  aussi  I'indice  d'une 

complication  grave  ou  de  la  substitution  d'une  autre  maladie,  parfois  mortelle.  » 

(12  avril.) 

4°  HE   LA  LEUCOCYTHEMIE  OU  DU  SANG  A  GLOBULES  BLANCS  ;  par  M.  HuGHES  BeNNETT, 

professeur  de  physiologie  et  de  clinique  medicale  a  Edimbourg. 

«  Le  19  mars  1845,  j'ai  examine  le  corps  d'un  homme  qui  avait  succombe 
dans  le  service  de  M.  Christison,  ^  I'inQimerie  royale  d'Edimbourg.  Ce  malade 
avait  ete  atteint  d'une  hypertrophic  de  la  rate  el  du  foie ;  son  sang  renfermait 
une  quantite  tres-notable  decorpuscules  ressemblant  a  ceux  du  pus  (Edinb.  meb. 
AND  suR.  jouRN.,  octobre  1845).  Au  mois  d'aoiit  1845,  Virchow  adisseque,  a  I'ho- 
pital de  la  Charite,  a  Berlin,  le  corps  d'un  homme  qui  avait  egalement  un  en- 
gorgement notable  du  foie,  el  chez  lequel  il  y  avait  la  meme  augmentation  des 
globules  blancs.  Le  31  decembre  1845,  on  a  re?u  k  I'hopital  Saint-Georges,  i 
Londres,  un  homme  qui  presenlait,  uu  docteur  Fuller,  le  meme  phenomene 
avant  et  aprfis  la  mort;  il  avait  eu,  comme  les  autres,  une  hypertrophie  notable 
de  la  rale  (Lancet.,  juillel  1816).  Depuis  cette  epoque,  plusieurs  cas  semblables 
ont  ete  publies,  dans  lesquels  cette  augmentation  n'a  point,  11  est  vrai,  ete  con- 
statee  pendant  la  vie,  mais  doit  necessairement  avoir  existe,  d'aprcs  les  fait* 
mentionnes.       < 


til 

i>  Le  noin  de  leuceinii?,  doiine  k  cette  nialadie  par  Virchow,  ne  parull  pHe 
designer  neitement  cette  maladie,  parce  que  le  sang  n'est  pas  blanc,  niais  pre- 
Benie  .'a  coloration  rouge  ordinaire  lorsqu'on  le  tire  de  la  veine,  et  en  outre  on  a 
donnece  nom,  avec  plus  de  raison,  au  sang  gras  examine  par  Fraill,  Christison 
et  d'aulres;  car  c'est  plulot  ce  sang  qui  presente  une  apparence  laiteuse  et  opa- 
lisante.  Le  nom  h  donner  a  ce  sang  doit  expiimer  que  le  sang  abonde  en  globules 
blancs;  le  terme  de  leucocythemie  provenant  de  )^euxtic  blanc,  xuOo?  cellule,  et 
oljj-a  sang,  designe  done  le  I'ait,  I'etat  palhologique,  sans  impliquer  de  tlieoric. 

>•  J'ai  examine,  pour  ma  part,  quatre  cas  de  leucocythemie. 

»  Obs.  1.  —  Un  homme  est  admis  dans  la  clinique  de  Christison  le  27  fevrier 
18  55.  II  presente  une  tumefaction  considerable  de  I'abdomen  dependant  evidem- 
ment  d'un  engorgement  du  foie  ct  de  la  rate,  qui  remontait  a  un  an  de  date  en- 
viron. Les  glandes  lymphatiques  du  cou,  de  I'aisselle  et  de  I'aine  etaient  engor- 
gees  aussi ;  les  autres  symptomes  etaient  I'ocdcme  des  jambes,  une  diarrhee  con- 
siderable et  un  peu  de  fl^vrequi  survint  le  13  marS;  il  succomba  le  15.  Le  corps 
ne  fut  examine  que  le  19,  quatre  jours  apres  la  mort. 

»  fiiAT  DU  SANG.  Dans  tout  le  systfime  veineux,  le  sang  etait  bien  coagule  et 
remplissait  le  calibre  des  vaisseaux.  On  y  distinguait  une  partie  rouge  inferieure 
et  une  partie  jaune  et  superieure;  la  partie  rouge  etait  de  couleur  brique  un  peu 
granuleuse  sur  la  coupe  et  grumeleuse;  la  partie  jaune  etait  d'un  brun  clair  et 
opaque,  facile  a  rompre  et  ressemblant  h  du  pus  cremeux.  Examine  au  micro- 
scope, avec  un  grossisscment  de  251  metres,  on  y  voyait  beaucoup  de  filaments 
fibrineux  melesavec  des  globules  variant  de  diametre  entre  1/SO  et  1/120  de  mil- 
limetre, de  forme  ronde  et  globuleuse,  a  aspect  granuleux  et  ressemblant  tout  k 
fait  aux  corpuscules  du  pus.  De  I'eau  leur  faisait  perdre  leur  apparence  granu- 
leuse et  montrait  un  noyau  de  1/200  de  millimetre,  ou  deux  ou  trois  plus  petits. 
La  partie  rouge  du  caillot  contenait  une  plus  petite  quantite  de  globules  blancs 
meles  avec  beaucoup  de  globules  rouges. 

>i  Les  parois  des  vaisseaux  etaient  saines,  par  places  accidentellement  adh^rentes 
au  caillot,  mais  faciles  4  detacher.  Lespetites  veines  des  meninges  paraissaient 
comme  remplies  de  pus. 

»  Le  foie  etait  tres-hypertrophie  et  pesait  10  livres  et  12  onces;  la  rate,  egale- 
ment  hypertrophiee,  pesait  7  livres  et  12  onces;  les  glandes  lymphatiques  etaient 
partout  tres-volumineuses,  surtout  dans  I'aine,  oil  plusieurs  avaient  le  volume 
d'un  oeuf  de  poule.  Sur  la  coupe,  elles  presentaient  un  liquide  sale  et  comme  lac- 
tescent, qui,  au  microscope,  contenait  de  nombreuses  cellules  propres  a  ces 
glandes. 

)i  Les  autres  organes  etaient  sains  ;  nulle  part  il  n'y  avail  dn  pus. 

»  Obs.  H.  —  C'etait  un  garqon  de  17  ans,  re(ju  dans  ma  division  clinique  le  25 
Janvier  1850.  II  etait  pale,  les  conjonctivcs  tres-decolorees  et  presentant  une  ap- 
paioncc  lout  h  fait  cachectiquc.I.'abdonicn  est  tri'S-distendti  par  une  tumeur  splc- 


AS 
tuijue  qui,  des  deruieres  cotes,  s'etend  jusqu'a  un  pouce  et  demi  de  distance  de 
la  symphyse  du  pubis;  en  avant,  la  tumeur  presente  une  convexite  demi-circu- 
laire,  et  on  la  sent  jusqu'^  un  pouce  et  demi  h  droite  de  I'ombiJic ;  en  arri6re, 
on  suit  la  tumeur  jusqu'4  3  pouces  de  distance  des  apophyses  des  vertfebreslom- 
baires.  La  percussion  determine  de  la  matite  sur  lO  pouces  de  longueur  et  13  et 
demi  de  largeur;  le  foie  est  de  volume  normal ;  tout  le  corps  tr6s-amaigri ;  diar- 
ihee  abondante,  parfois  hemorrhagie  nasale  et  gingivale. 

a  Ce  gargon  reste  pendant  six  mois  i  ThSpital,  od  le  sang  ne  subit  aucun 
changement,  malgre  les  traitements  varies.  Du  fer  et  du  sulfate  de  quinine  ont 
ete  donnes  k  fortes  doses,  et  la  diarrliee  devint  si  intense  qu'elle  dut  reclamer 
bientot  les  principaux  soins  du  traitement.  Deaucoup  d'astringents  furent  essayes, 
mais  avec  un  succes  tout  au  plus  passager.  Pendant  un  temps,  il  fut  si  faible  que 
d'un  jour  k  I'autre  on  croyait  le  perdre;  cependant  il  reprit  un  peu  de  force; 
celies-ci  etaient  toujours  en  rapport  avec  la  diarrliee.  Au  mois  d'avril  des  symp- 
tomes  pulmonaires  survinrent,  mais  diminuerent  sous  I'influence  desloniques, 
de  I'huile  de  foie  de  morue  et  de  la  bonne  saison,  au  point  qu'il  demanda  k  sor- 
tir  de  I'hopital  pour  retourner  chez  lui  k  Hull.  11  fit  ce  voyage  en  aout  1850,  arriva 
en  bonne  sante  chez  lui  od  il  vit  toujours,  et  j'ai  appris  par  une  lettre  du  doc- 
leur  Sandwith  de  cette  ville,  en  dale  du  mois  d'avril  1851,  qu'il  etait  toujours 
dans  le  meme  etat  dans  lequel  il  avail  quitte  Edlmbourg. 

»  Le  docleur  Robertson  a  eu  la  bonte  d'analyser  pour  moi  le  sang  dans  ce  cas, 
et  d'aprfes  le  resultat  qu'il  a  obtenu,  il  parait  que  la  quantite  de  fibrine  etait 
doublce,  tandis  que  I'albumine  et  les  sels  existaient  en  quantite  normale.  Les 
globules  existaient  dans  la  proportion  de  la  moitie  de  la  quantite  physiolo- 
gique,  tandis  que  la  quantite  d'eau  avail  augmente  d'autant.  Le  resultat  de  I'ana- 
lyse  est  lesuivant: 

Pesanteur  specifique  du  sang.  .  .    1041,5 
—  serum.  .    1026,5 

Composition  de  1 ,000  parties : 

Fibrine (> 

Parties  solidesdu  serum 72 

Globules (i7,5 

Total  des  parties  solides.        1 4  5, 5 
Eau 854,5 

1000,0 

•>  Obs.  111.—  Une  blanchisseusc,  agee  de  53  ans,  fut  rerue,  le  15  juillet  1850, 
a  riiopital  d'Edimbourg,  dans  le  service  de  M.  Robertson.  Elle  presentait  comme 
symptomc  des  vomissemcnis,  Thcmoptisic,  du  saignomcnt  des  gencives  ct  de? 


laches  dc  purpura;  elle  etait  conslipee  el  tite-faib!e.  Kile  siiccomLa  le  22.  i^eit- 
dant  la  vie  et  apres  la  mort,  la  leucocythemie etait  constatee  par  Texamcn  mi- 
croscopique. 

»  Les  falts  principaux  trouves  k  I'autopsie  fureiit  une  grande  fluidite  du  sang, 
I'elat  du  foie  comme  dans  la  dernieie  obseivation,  mais  je  n'en  ai  pas  pris  les 
dimensions  exactes. 

"  A  I'examen  microscoplque,  on  a  constate  une  legere  augmentation  des  glo- 
bules blancs,  peut-ciire  trois  fois  plus  qu'a  I'etat  normal.  Je  regarde  ce  cas  comme 
un  commencement  de  leucocythemie.  Le  foiehypertrophiepesait  i2  liv.  5  onces ; 
la  rate  hypertrophiee  3  liv.  6  onces.  Les  glandes  lymphaliques  du  mesent^re 
etaient  tres-volumineuses  et  ramollies.  Les  taches  de  purpura  existaient  k  la 
peau  et  dans  divers  tissus.  Les  autres  organs  etaient  sains. 

I)  La  composition  du  sang,  dans  ce  cas,  etait  la  suivante : 

Pesanteur  specifique  du  sang  ....     1030 
—  serum  .  .  .     1023 


Parties  organiques  ....    55,8 
Parties  inorganiques .  .  .     11,2 


1,000  parties  contenaient : 
Fibrine 2,3 

Parties  solides  du  serum.    C7,0 
Globules 49,7 

Total  des  parties  solides.  1I9,0 
Eau 881,0 

!fiOO,0 

11  Obs.  IV.  —  C'est  celle  d'un  liomme  qui  est  encore  en  ce  moment  dans  mon 
.service  k  I'hopital.  II  est  atteint  d'une  bypertrophie  considerable  du  foie  et  de  la 
rate.  Son  teinl  estlegerement  icterique ;  il  a  souvent  des  saignements  de  nez  et 
de  la  diarrhee.  Le  sang  presente  les  memes  caracteres  que  dans  les  cas  prece- 
dents. 

»  A  part  les  quatre  cas  que  j'ai  examines  moi-mdme,  on  m'en  a  communique 
liuit  autres,  dans  lesquels  la  leucocythemie  a  cte  determinee  par  un  examen  ml-" 
croscopique  exact.  Huit  autres  cas  ont  ete  publics  par  Craigie,  Virchonne,  ParkeSi 
Fuller,  Chambers  et  Vogel.  Dans  tous  ces  cas,  le  meme  etat  de  sang  fut  con- 
state; il  existe  done  vingt  cas  posit! fs  de  ce  genre  dans  la  science.  ■• 

1)  En  outre,  les  recueils  periodiques  de  medecine  renferment  un  certairt 
nombre  de  cas  qui  ont  ete  rassenibles  par  Virchow  ;  mais  comme  I'examen 
microscoplque  n'a  point  (5te  fait,  je  ne  le  compte  pas  ici.  Si  je  voulais  .analyser 
ces  vingt  cas  sous  le  rapport  des  causes,  de  la  duree,  des  symptomes  et  de 
ranatoniio  pathologique,  cela  nic  incnerait  trop  loin  dans  oette  communication. 


50 
Lii  travail  fera  du  resle  le  sujet  d'un  niemoire  que  je  publierai  bient6l.  I'lnsis-- 
lerai  ici  seulemenl  sur  quelques  points  importants  : 

I.  loDix-neuf  fois  sur  vingt  la  rate  elait  hypertrophi6e,  et  dans  iin  seal  cas 
exceptionnel  le  foie  6tait  ires-engorge,  ainsi  que  les  glandes  lymphaliques. 

»  2°  Dans  trois  cas  seulement  les  malades  avaient  eu  des  (ievres  intermil- 
tentes  douze  a  quinze  ans  auparavant,  de  fagon  que  I'hypertrophie  de  la  rale 
ne  peut  paselre  altribuee  a  la  Gevre. 

»  3°  J'ai  vu  plusieurs  fois  I'hypertrophie  de  la  rale  consecutive  a  la  fievre,  el 
dans  ce  cas  il  n'y  avail  point  de  leucocylhemie. 

»  li°  Douze  fois  sur  vingt,  il  y  avail  hypertrophic  du  foie,  et  onze  fois  sur 
douze  la  rate  etait  en  menie  temps  tres-engorgee.  Une  seule  fois  les  glandes 
niesenteriques  et  le  foie^taienl  seuls  hypertrophic^s. 

»  5°  Neuf  fois  sur  vingt,  on  a  fail  I'aulopsie  ;  dans  les  autres  cas,  on  a  con- 
ttate  la  maladie  pendant  la  vie  seulement. 

»  6°  Dans  plusieurs  des  neuf  cas  d'aulopsie,  les  glandes  mesenleriques  et 
Jympbaliques  elaient  generalemenl  plus  ou  moins  hypertrophiees. 

1)  7°  L'analyse  des  symptomes  nous  conduirait  trop  loin.  Les  plus  communs 
elaient  des  saignements  du  nez  ou  d'aulres  hemorrhagies  des  membranes  mu- 
ijueuses,  plus  ou  moins  de  dvspnee,  dependant  probablemenl  du  volume  de  la 
lumear  abdominale.  La  diarrhee  abondanle  et  continue;  un  ^tat  febrile  leger, 
mais  plus  ou  moins  persistant.  II  est  a  peine  necessaire  d'observer  que  ces 
memes  symptfimes  se  irouvent  dans  I'hypertrophie  de  la  rale,  sans  leucocy- 
lhemie tenant  a  ce  qu'il  u'y  a  point  de  relation  speciale  avec  Talteration  du 
sang. 

>•  Quelles  conclusions  peut-on  lirer  de  ces  fails  par  rapport  ^  I'origine,  a  la 
pathogeuie  de  celte  remarquable  alteration  ?  Sur  ce  poinl,  je  sens  qu'il  faut 
elre  reserve,  el  que  celte  maladie  est  en  connexion  avec  la  formation  du  sang 
lui-meme,  sujet  entoure  encore  de  beaucoup  d'obscuriie.  On  a  suppose  que 
chez  des  jeunes  sujels  quatre  glandes,  la  thyrroide,  le  thymus,  la  rate  et  les 
capsules  sus-r6nales,  servenl  a  la  nutrition  et  que  ce  sont  des  glandes  sanguines. 
Celte  opinion  est  soutenue  par  Goodsir,  qui  a  trouve  que  les  trois  dernieres 
glandes  se  forment  ensemble  dans  la  membrane  germinative  et  se  separenl 
seulemenl  plus  lard  (PniLos.  transact.,  1868).  Toules  ces  glandes  sont  rem- 
plies  de  noyaux  dont  on  suppose  qu'ils  entrent  dans  le  sang  par  les  vaisseaux 
lymphaliques.  Les  glandes  mesenleriques  possedent  des  cellules  semblables  et 
sans  doule  dans  le  but  d'elaborer  du  sang.  II  est  curleux  que  dans  le  seal  cas 
de  leucocylhemie  dans  lequel  la  rate  n'elait  pas  engorgee,  les  glandes  mesenle- 
riques el  lymphaliques  I'etaicnt  considerablement.  Sans  insister  trop  sur  les 
fails  nombreux  qui  viennent  a  I'appui  de  la  doctrine  des  relations  entre  ces 
diverses  glandes  et  la  formation  du  sang,  il  est  possible  que  I'hypertrophie  dc 
ces  organes  amene  une  plus  grande  quanlile  de  ces  cellules  a  noyaux  dans  le 
Siing,  el  que  la  formation  des  globules  colores  soil  enlravec  en  proportion  de  l» 


51 
4>lus  grunde  aboudauce  des  globules  blancs,  et  se  develuppeiu  aux  depcus  du 
blasleme  qui,  dans  d'autres  circoDstances,  aurait  form^les  globules  rouges. 

n  On  peut  supposer  que  le  developpement  normal  du  sang  est  trouble  par 
une  cause  inconnue,  et  que  ces  globubes  blancs  ne  soient  autre  cbose  qu'un 
etat  anterieur  de  developpement  des  globules  colores.  Je  ne  pourrais  pas  dire 
laquelle  des  deux  theories  est  exacte,  ou  si  peut-etre  plus  tard  I'une  et  I'autre 
ne  pourraient  etre  trouvees  fautives. 

B  La  decouverte  de  ces  conditions  speciales  du  sang  doit,  il  me  semble,  don- 
ner  le  coup  de  grace  a  deux  theories  soutenues  pardespatbologistes  distingues; 
la  premiere  est  celle  soutenue  par  Addison  et  Williams,  que  la  slase  dans  I'in- 
ilammation  est  produite  parraccumulatioti  des  globules  blancs  dans  le  sang  ;  lu 
seconde  est  celle  de  Zimmermann  et  d'autres,  que  les  abces  multiples  qui  se 
forment  dans  les  cas  d'lufeclion  purulente  proviennent  de  I'obstruclion  des 
capillaires  par  I'arretdes  globules  du  pus. 

u  Quant  au  iraitementde  la  maladie,  nous  n'en  savons  rien.  Dansun  cas,  j'ai 
donne  pendant  quelque  lemps  du  fer  et  du  sulfate  de  quinine  a  haute  dose, 
sans  amener  le  moindre  changement  dans  la  composition  du  sang.  Du  reste, 
r^pislaxiset  la  diarrheesont  souventsi  abondantes  qu'elles  reclament  toute  la 
sollicitude  du  pralicien;  et  ces  symptomes  ainsi  que  d'autres  symplomes  acci- 
<lentels  doivent  etre  traites  avec  suite  d'apres  les  raethodes  ordinaires.  » 
(26  avrit.) 

III.  — Teratologie. 

1"  ANATOMiE  d'un  monstre  humain  celosomien  ;  par  M.  HonE{.. 

«  Ce  monstre  a  ete  envoye  de  Crenelle  pour  etre  depose  au  musee  Dupuylrcn ; 
il  appartient  a  la  famille  designee  par  M.  Isidore  Geott'roy-Saint-Hilaire  sous  le 
nom  de  celosomien.  C'est  un  foetus  a  peu  pres  ii  lerme.  Toute  la  moiiie  supe- 
rieure  de  son  corps,  jusqu'a  I'ombilic,  est  bien  conformee ;  la  nioitie  inferieure 
fst  au  contraire  le  siege  de  nombreuses  anomalies,  qui  ont  beaucoup  de  rap- 
ports avec  un  premier  foetus  que  j'ai  presente  I'annee  derniere  a  la  Societe ; 
dans  ce  premier  fait,  les  membres  inferieurs  avaient  subi  un  mouvemeut  de  ro- 
tation en  arriere  tel,  que  les  orteils  repondaient  a  la  pariie  posterieure  du  Ironc, 
el  les  talons  a  la  partie  posterieure.  Sur  ce  foetus ,  la  rotation  est  moins 
complete,  la  pointe  du  pied  de  chaque  membre  est  dirigee  en  dehors.  Mais  les 
anomalies  qui  portent  sur  la  portion  sous-ombilicale  sont,  k  peu  de  chose  pres, 
analogues  au  fait  deja  cite.  Nous  trouvons,  en  eJTet,  a  la  face  posterieure,  sur 
le  c6t6  droit,  une  enorme  tumeur  remplie  d'un  liquide  sereux  ;  c'est  un  spina 
bilida,  qui  communique  avec  le  rachis  par  un  oriUce  d'un  centimetre  environ ; 
i  parlir  de  ce  point,  la  colonne  vert6brale  se  trouve  device  ii  droite,  en  nieme 
temps  que  toute  sa  partie  inferieure  est  porlee  en  avant,  ce  qui  retreclt  nota- 
blement  la  cavite  abdominalo  et  pelvienne.  II  existe  a  la  partie  anterieure  du 


62 
irunc  uue  vaste  eveiiiralioii  abiluiuinale  qui  contieul  tout  le  paquei  iiitestiiialet 
le  foie;  a  la  parlie  anterieure  de  celle  evenlration  se  trouve  une  surface  lisse, 
dans  laquelle  vienl  s'ouvrir,  it  droile  lintestin  grele,  a  gauche  le  gros  intestin, 
qui  est  reduit  a  un  cui-de-sac  d'envirou  3  centimetres ;  sur  cette  iTieiTil)rane 
s'ouvrent  encore  les  deux  ureleres;  on  pourrait  aiors  se  demander  si,  dans  ce 
cas,  ce  cul-de-sac  est  une  atropine  de  vessie  ou  un  coocum  dans  lequel  les  ure- 
teres  seraient  venus  s'ouvrir.  J'avoue  queje  penche  de  preference  pour  la  pre- 
miere opinion.  A  la  partie  inferieure  de  cette  vessie  extrophiee  se  rencontre 
un  petit  corps  arrondi  qui  ni'a  paru  etre  la  verge,  et  dans  la  cavite  abdoniinale 
j'ai  rencontre  les  deux  tesiicules;  le  scrotum  existe  sous  forme  de  deux  petits 
replis  cutanes  separes  les  uns  des  autres  et  silues  a  la  partie  interne  des  cuisses- 
enlre  ces  deux  replis  se  trouve  un  petit  orilice  assez  etroit,  d'un  centimetre  et 
demi  de  profondeur,  (jui  se  termine  en  cul-de-sac,  et  m'a  paru  etre  I'orifice  anal, 
qui  s'estalors,  conime  on  le  salt,  developpe  separement  et  independammont  du 
rectum,  qui  n'existe  pas.  »  (22  mars.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SMMES 


DE 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDAM   LE   MOIS   DE    MAI  1851  ; 


PAtt 


HM.  les  doctenrs  LEBERT  et  BROWN-SlflQUAIU) .  secr^tatret. 


Pr^sidence  de  M.  RAYER. 


I.  —  Anatomie  normale. 

1°  SUR  L'ORIFICE  DU  SINUS  MAXILLAIRE ;   par  M.  GOSSEUN. 

M.  Gosselin  appelle  I'attention  de  la  Societe  sur  I'orifice  de  communication 
du  sinus  maxillaire  avec  le  mdat  moyen  de  la  fosse  nasale. 

Les  descriptions  donnees  par  les  auteurs  classiques,  ^  propos  de  I'ost^olo- 
gie,  sont  propres  a  faire  penser  que  cet  orifice  creuse  sur  I'os  maxillaire  et  li- 


54 
mite  par  le  cornet  iuferieur  en  bas,  le  palaiiii  en  arriere,  I'etbmoide  en  baut, 
occupe  la  partie  moyenne  du  meat  moyen,  et  se  irouve  h  peu  pres  au  niveau 
du  bord  inferieur  du  cornet,  a  5  ou  6  cenlim.  en  an  iere  de  la  narine.  Parmi  ces 
auteurs,  les  uns  donnent  ia  meme  description  a  propos  de  I'etude  des  losses 
nasales,  les  autres  placenl  rorlQce  du  sinus  raaxillaire  plus  baut  et  pins  en 
avant  dans  un  endroit  oil  il  est  dlQicile  a  apercevoir.  Quelques-uns  disentqu'il 
y  a  parfois  deux  ouvertures ;  mais  ne  s'expliquent  pas  sur  la  question  de  savoir 
laqueile  est,  dans  ces  cas,  la  plus  reguliere  el  laquelle  est  anorraale. 

II  y  a  done  sur  ce  point  un  peu  d'incertitude,  lorsqu'on  s'en  tient  seulement 
aux'counaissances  qui  nous  sont  fournies  par  nos  traites  d'anatomie. 

II est  vrai  que  les  auteurs  de  palhologie  sont  plus  precis;  ceux  d'entre  eux 
surtout  qui  ont  fait  une  etude  speciale  des  maladies  du  sinus  niaxillaire,  tels 
que  Jourdain  dans  son  Teaite  des  maladies  de  la  boucue  (t.  I),  Bordenave 
dans  son  niemoire  insere  dans  le  t.  IV  de  I'Acadeniie  de  chirurgie,  n'ont  etu- 
die  le  sinus  et  son  oriliceque  sur  des  pieces  fraiches,  el  ont  place  cet  orilice  a 
la  partie  superieure  et  un  peu  anterieuredu  cornet  moyen  et  non  vers  sa  partie 
moyenne.  Les  deux  auteurs  que  nous  venons  de  nonimer  ont  meme  assez  bien 
indique  la  position,  les  dimensions,  la  direction  de  I'ouverture. 

Cette  contradiction  entre  les  auteurs  d'anatomie  et  ceux  de  palhologie  re- 
pand  encere  un  peu  d'incertitude  sur  ce  sujet.  Pour  la  faire  cesser,  il  suffil 
d'examiner  comparalivement  un  certain  nombre  de  sinus  maxillaires  ;  c'est  le 
r6sultat  d'une  etude  de  ce  genre  que  je  soumeis  aujourd'bui  a  la  Societe  de 
biologip. 

L'orilice  du  sinus  niaxillaire  est  le  plus  souvcnl  unique  ;  quelquefois  il  est 
double. 

Lorsqu'il  est  unique,  il  se  trouve  a  la  partie  superieure  interne  el  anlerieure 
du  sinus,  oil  il  represente  une  sorle  d'infundibulum,tant6t  arrondi  tantot  allonge 
d'avant  en  arriere.  Cet  infundibulum  est  le  commencement  d'un  canal  long  de 
5  a  6  mill,  qui  se  dirige  quelquefois  iransversalement,  el  le  plus  souvent  de  bas 
en  haul,  d'aulres  fois  decrit  une  courbe  a  convexile  superieure  et  a  concavite 
inferieure.  II  vient  s'ouvrir  vers  la  partie  anlerieure  du  meat  moyen,  dans  une 
rainure  profonde  qui  resu|le  de  la  jontlion  du  maxillaire  superieur  avec  I'eth- 
moide,  et  que  Ton  appelle  infundibulum.  Au  niveau  de  cette  ouverture,  la  mu- 
queuse  forme  quelquefois  un  repli;  m-.^is  cette  disposition  n'est  pas  consianle. 
La  rainure  du  meal  moyen,  au  fond  de  Inquelle  se  trouve  l'orilice  du  sinus  maxil- 
laire, le  masque  entierement,  de  meme  qu'elle  masque  deux  autres  orifices  pla- 
ces a  son  niveau,  mais  plus  en  avant  el  plus  en  haul ;  I'un  est  celui  du  sinus 
frontal(orificenaso-fronlal.,  Tautre  estceluides  cellules  elhmoidales  anlerieures 
(oriiice  nasoethmoidal  anterieur). 

Cet  orilice  du  sinus  niaxillaire,  que  j'appelle,  pourle  dislinguer  des  deux  pre- 
cedents, naso-maxillaire,  est  en  delinillve  place  de  telle  fagon  que  les  liquides 
aceumules  dans  la  cavile  nc  pourraient  pas  en  sorlir  pendant  la  station  verii- 


55 
cale,  el  ne  seraient  evacues  que  d;ios  la  position  borizontale  ou  pendant  les 
inclinaisons  laterales  forcees  de  la  tete. 

Lorsqu'ii  y  a  deux  orifices, le  premier  est  celui  que  nous  venons  de  designer; 
le  second  se  trouve  a  la  place  indiquee  par  beaucoup  d'anatomistes,  c'esl-a-dire 
a  la  partie  nioyenne  du  meat  moyen,  a  peu  pres  sur  le  meme  plan  que  le  bord 
inferieur  du  cornet  et  au  niveau  de  ce  large  hiatus  que  presente  sur  la  piece 
dessecheelemaxillaire  superienr;  tanlot  il  esttres-elroit,lant6til  est  plus  large; 
en  tout  cas  il  n'est  pas  abrite  par  une  rigole,  comme  le  precedent,  et  se  trouve 
un  peu  plus  declive,  par  consequent  mieux  dispose  pour  I'ecoulement  des 
liquides. 

La  plus  constanle  et  la  plus  normale  des  deux  dispositions  est  celle  dans  la- 
queile  I'orilice  est  unique  et  place  en  liaut  et  en  avant,  c'est  celle  que  Ton 
trouve  chez  le  foetus  a  terme  et  chez  les  enfants.  L'existence  du  second  orifice 
est  exceplionnelle  el  ne  se  rencontre  que  sur  les  sujets  adulles  ou  les  vielllards, 
tantcil  d'un  seul  cote,  laulol  des  deux  cries  en  meme  temps.  (10  mai.) 

2"  DESCRIPTION  D'UNE  VALVULE  INCONNUE  JOSOU'lCI  ET  QUI  EXISTE  DAXS  LES  VOIES 

LACRVMALES  ctiEZ  l'homme  ;  par  M.  Beracd. 

M.  Beraud  souraet  a  la  Societe  des  i)ieces  el  un  dessin  pour  faire  voir  les 
dispositions  nouvelles  qu'il  a  trouvees  dans  les  voies  lacrymales. 

Sur  une  piere,  il  nionlre  qu'a  ToriUce  des  conduits  lacryniaux  dans  le  sac,  il 
existedeux  pelils  lubercules  niamelonnes,  siegeanl  Tun  au-dessus,  I'autre  au- 
di ssous  de  Touverture  commune  de  ces  conduits.  II  y  a  en  meme  temps,  iui- 
medialement  au-dessous  de  eel  orifice,  une  valvule  meniionnee  par  Huschke. 
Elle  se  dirige  en  haul  el  s'oppose  ainsi  au  passage  des  larmes  dans  le  sac. 
Quelquetois  celle  valvule  esl  circulaire  el  enibrasse  ainsi  I'ouverlure  commune 
des  conduits  lacrymaux,  en  representant  une  espece  de  diaphragme  perce  a 
son  centre.  Elle  ofTre  une  hauteur  de  2  a  3  millim.  et  elle  lend  a  venir  s'appli- 
quer  sur  la  parol  du  sac  el  termer  les  conduits  qui  apporlenl  les  larmes.  Mais 
la  nature  a  employe  un  moyen  ires  ing(  nieux,  analogue  a  celui  qu'elle  a  em- 
ploye pour  les  valvules  sigmoides,  alin  d'empecher  les  valvules  de  se  coller 
d'une  maniere  lro()  iniime  sur  les  parois  correspondanles  Ici  la  nature  n'a  pas 
p:ace  les  globules  sur  rexlremite  de  l.i  valvule,  il  y  auraii  eu  des  inconvenients 
graves;  a  cause  de  hi  direction  de  la  valvule,  le  globule  auraii  pese  sur  son  ex- 
tremity libre  et  i'aurail  renverse  tanlot  en  dehors,  tanlot  en  dedans.  Aussi 
voyez  comme  la  nature  a  ele  prevoyanie,  elle  a  mis  ces  globules  sur  la  paroi 
meme  du  sac  a  I'ouverlure  des  conduits  lacrymaux.  Par  ce  mecanisme  difK- 
renl,  lememe  butn'est-il  pas  atteinlH 

Outre  celle  valvule  que  M.  Beraud  propose  d'appeler  valvule  superieure  du 
sac  lacrymal,  il  en  existe  une  autre  vers  la  reunion  du  sac  avec  le  canal  nasnl, 
et  qui  doit  Sire  appel6e  a  cause  de  sa  disposition  valvule  infirieure  du  sac  1a- 
crvmal. 


56 
Cetle  valvule,  donl  lexislence  D'esi  pas  coostaote  et  doni  la  description  ue 
se  trouve  dans  aucun  ouvrage  d'aoatomie,  soil  ancien,  soil  moderne,  est  si- 
luee  k  la  partie  iiiferieure  du  sac,  elle  se  detache  de  la  parol  externe  de  ceite 
cavite  et  se  dirige  en  haul  d'une  maniere  oblique,  de  sorte  que  si  oh  la  pro- 
longe  par  la  pensee,  elle  vient  renconlrer  la  parol  inlerne  du  sac  vers  sa  par- 
tie  superieure.  Elle  est  plus  hauie  que  la  precedenle;  elle  a  environ  l  millim. 
de  plus.  Son  epaisseur  est  aussi  un  peu  plus  considerable.  Celle-ci  ne  presenle 
pas  de  globules;  11  n'y  a  rien  sur  les  parois  qui  denote  quelque  chose  d'aua- 
logue  a  ce  que  nous  avons  vu  pour  la  valvule  superieure.  M.  Beraud  n'a  pas 
encore etudie  la  structure  de  ces  valvules;  mais  il  se  propose  de  le  faire  dans 
un  memoire  special  oil  il  demontrera  I'inQuence  que  cet  appareil  pent  avoir 
dans  la  pbysiologie  et  la  pathologic.  II  croit  surtout  que  c'est  par  cette  valvule 
qu'on  doit  expliquer  la  formation  de  la  tumeur  et  de  la  hstule  lacrymale,  et 
que  le  traitementde  cette  affection  qui  fait  aujourd'hui  le  desespoir  du  chirur- 
gien  doit  etre  base  sur  cette  connaissance  anatomique. 

M.  Beraud  pense  aussi  que  si  la  disposition  dece  peiit  appareil  valulaire  n'a 
pas  ele  vu,  cela  tient  uuiquement  a  ce  qu'on  ouvrait  les  voies  lacrymales  par 
le  cole  externe  et  anlerieur.  Dans  cette  preparation,  on  incisait  presque  siire- 
ment  les  valvules.  Aussi  pour  verifier  les  faits  avances  par  lui,  il  faudrjit  ouvrir 
le  canal  par  sa  face  interne,  conime  il  le  fait  toujours.  (24  mai.) 

3*    SUB  DES    CORPS  QDl    SONT  APPENDUS    A    L'EXTREMITE    SUPERIEURE    DU    COD 
DES  CHEVRES  ET  DES   UOUTONS  ;    par  M.  ARM,  GOCBACX. 

t  C'est  apres  avoir  fait  inutilement  des  lecherches  dans  plusieurs  ouvrages 
d'anatomie  comparee  et  d'histoire  naiurelle  que  je  me  suis  decide  a  communi- 
quer  a  la  Societe  une  note  relative  a  des  corps  qui  sont  appendus  au  niveau 
de  la  gorge  dans  quelques  animaux  des  especes  caprine  el  ovine ,  corps  que 
Ton  conuait  vulgairement  sous  les  noms  de  breloques,  pendants  d'oreillet 
ou  glands. 

»  Ces  appendices  ne  peuvent  pas  etre  consideres  comnie  un  caractere  speci- 
iiquederace;  carj'ai  eu  I'occasion  d'observer  une  chose  assez  singuliere  a 
regard  de  leur  existence  chez  des  animaux  de  I'espece  caprine.  Je  vais  citer 
cetle  observation. 

»  Dans  une  meme  ecurie  ou  il  y  avail  deux  chevres,  I'une  avait  des  pendants 
d'orcille  et  I'aulre  n'en  avait  pas.  Ces  betes  etaient  pleines.  —  J'ignore  si  les 
boucs  qui  les  avaient  saillies  presentaient  de  semblables  productions,  mais  cela 
importe  peudu  resle.  EUes  mirent  bas  a  la  meme  epoque,  et  dans  la  portee 
de  chacune  il  y  eut  un  male  et  une  femele.  Dans  la  portee  de  I'une.  le  bouc 
avait  des  breloques  et  la  chevre  n'en  avait  pas.  Ce  ful  le  conlraire  qui  se  fit  re- 
marquer  chez  les  animaux  de  I'autre  portee. 

>•  Ces  appendices  existent  tres-frequemment  dans  les  chevres.  et  asspz  rare- 
menl  dans  les  montons,  maisj'en  ai  vu  aussi  chpz  ces  derniers  animaux. 


57 

>  Quels  que  soieiit  la  longueur  (A  ^  5  ceDtim.)  et  le  volume  des  pendants 
d'oreille,  ils  ont  a  peu  pres  la  forme  d'une  poire  dont  la  grosse  extremity  libre 
est  inferieure,  taudis  que  la  petite  extremity  est  superieure  et  continue  k  la 
peau  du  cou,  en  regard  de  I'articulation  dela  premiere  verlebre  cervicale  avec 
la  deuxieme. 

»  Les  glands  sont  completement  entoures  par  la  peau,  qui  conserve  a  cet 
endroit,  les  caracteres  qu'elle  a  partout  ailleurs. 

D  Quand  on  roule  ces  appendices  entre  les  doigts,  on  sent  un  corps  dur,  re- 
sistant, etendu  longitudinalement  dans  le  repli  en  cul-de-sac  que  constitue  la 
peau. 

»  Valmont  Bomare  (l)  et  Grognier  (2)  ont  considere  ces  appendices  corame 
«  des  especes  de  verrues,  »  et  ce  dernier  a  dit  «  qu'elles  sont  plus  com- 
munes sur  les  boucs  que  sur  les  chevres.  » 

»  J'ai  disseque  plusieurs  fois  des  pendants  d'oreille,  et  je  les  ai  toujours 
trouves  formes  par  les  memes  parlies. 

»  La  peau  forme  uie  veritable  bourse,  dans  I'interieur  de  laquelle  on  trouve 
un  corps  cartilagineux,  aplaii  et  plus  large  en  haut  que  dans  tout  le  reste  de 
son  etendue,  applique  sur  le  muscle  slerno-maxillaire  au  niveau  de  I'articula- 
tion atloidu-axoidienne,  el  mainlenu  a  la  surface  de  ce  muscle  par|du  tissu 
cellulaire  assez  serre. 

1)  Cette  lame  cartilagineuse  diminue  d'epaisseur  de  haut  en  bas,  s'enfonce 
dans  le  repli  cutane,  et  adhere  au  fond  du  cul-de-sac  que  ce  repli  constitue. 

u  Dans  son  trajet,  celle  lame  cartilagineuse  est  accompagnee  par  des  vais- 
seaux  (une  artere  et  une  veine)  et  par  uoe  division  nerveuse. 

•  Lorsque  les  bergers  tondent  les  animaux,  ils  coupent  quelquefois  les  pen- 
dants d'oreille  avec  leurs  forces;  ilen  resulte  une  hemorrhagic  qui  n'a  jamais 
de  consequences  facheuses. 

B  On  ignore  completement  quels  peuvent  etre  les  usages  de  ces  appendices, 
et  c'est  un  prejuge  sans  fondement  de  croire  que  les  chevres  qui  ont  des  pen- 
dants d'oreille  sont  meilleures  laitieres  que  celles  qui  n'en  ont  pas.  »  (24  mai.) 

II.  — Physiologie. 

SCR  LA   DUREE  DES  MOUVEMENTS  VIBRATILES   CILIAIRES  CHE?   UN  SUPPLICIE  ; 

par  M.  GossELiN. 

A  propos  d'une  communicatioa  de  M.  Girald^s,  M.  Gosselin  annonce  h  la  So- 
ciete  qu'il  a  constate  I'existcnce  de  I'epithelium  vibralile,  avec  les  mouvemeuts 
des  oils,  sur  lamuqueuse  des  fosses  nasales,  sur  toute  I'etendue  de  celle  qui  ta- 

(l'*  DicT.  RAisoNNE  UNIV.  d'hist.  nator.  (art.  Bouc  Damoiseau). 

(2)  COURS  DE  ZOOLOGIE  VETfeRlNAIRE,  2*  ed.  1837  (DE  LA   CHEVRE),  p    69. 


58 
pisse  les  sinus  maxillaiies,  les  sinus  frontuiu  et  les  sinus  splieiionlaux.  Cies  oli- 
servations  ont  ete  faites  sur  un  supplicie,  qui  a  f^le  poite  k  I'fieole  pralique  le 
15  mai,  huit  lieures  apres  la  mort. 

A  ce  propos,  M.  Gosselin  demand?  i  ceu\  des  mcmbres  de  la  Suciete  qui  s'oc- 
cupent  le  plus  d'analomie  microscopique,  s'ils  onl  determine  ou  si  les  auteurs 
allcmands  ont  determine  jusqu'a  quelle  (-poque  apr6s  la  mort  le  moovement 
eiliaire  pouvait  etie  constate  sur  le  cadavre.  Cette  determination  a  etc  faite  cliei 
les  animaux,  particulierenient  chez  les  animaux  inferieurs,  par  Purkinje,  Valen- 
tin et  Muller;  mais  a-t-on  cherclie  t  la  faire  chez  I'homme?  Voici  k  cet  egard  ce 
que  M.  Gosselin  a  constate  sur  ce  supplii'ie.  Huit  lieures  apres  la  moit,  les  mou- 
vernents  ciliaires  etaient  exlremement  marques  sur  la  mnqueiise  des  fosses  na- 
sales  et  de  tous  les  sinus,  ainsi  que  sur  celle  de  la  traclice-artere. 

Trente-deux  heures  apres  la  mort,  ccs  mouvements  etaient  affaiblis,  mais  se 
voyaient  encore  bien  evidemment  sur  la  muqueuse  des  cavites  nasales  et  sur 
celle  des  sinus;  ils  etaient  beaucoup  plus  prononces  sur  celle  de  la  trachee- 
artere. 

Cinquante-six  heuresapifis  la  mort,  il  n'y  avait  plusaucun  mouvement  vibra- 
tile  dans  les  fosses  nasales  et  les  sinus.  II  est  vrai  que  les  pieces,  apres  avoir  ete 
soumises  aplusieurs  coupes,  etaient  restees exposees  a  I'air.  C'etait  ie  17  mai;  la 
temperature  avait  etc  de  8  a  12°+  0  dans  la  journee  et  dans  celles  qui  avaient 
precede.  Mais  4  cette  menie  epoque,  la  vibration  etait  encore  tr^sprononcce 
et  tres-forte  dans  la  muqueuse  de  la  trachde-artere ,  4  sa  partie  superieure. 
(17  mai.) 

Post-scriptum.  Depuis  le  moment  oil  cette  communication  a  ete  faite,  M.  Gos- 
selin a  examine  jour  par  jour  la  muqueuse  de  la  trachee  et  des  bronclies;  il  a 
reconnu  I'existence  du  mouvement  eiliaire  beaucoup  plus  falble  que  les  premiers 
jours,  mais  encore  bion  prononce  jusqu'au  jeudi  24  inclusivement,  c'est-a-dirn 
()ue  re  mouvement  existait  encore  cent  soixante-huit  heures  apres  la  mort.  Le 
vendredi  25,  la  putrefaction  etait  assez  avancee;  on  ne  retrouvait  plus  ni  les 
cellules ,  ni  les  cils,  ni  leurs  mouvements,  et  I'on  ne  conslatait  plus  dans  le 
champ  du  microscope  que  le  mouvement  moleculaire  rppele  mouvement  rota- 
toire  de  Brown. 

Sur  un  autre  supplicie  age  de  20  ans,  qui  a  ete  apporte  dans  les  amphithea- 
tres le  mercredi  18  juin  dernier,  M.  Go  selin  a  examine  de  nouveau  les  mouve- 
ments des  cils  vibratiles  de  la  muqueus',  des  losses  nasales,  des  sinus,  de  la  tra- 
chea et  des  bronches.  II  a  constate,  pendant  les  vingl-quatre  premieres  heures, 
que  ces  mouvemenls  etaient  extrcmement  rapides,  el  .-e  transmettaient  en  plu- 
sienrs  points  des  cils  a  la  cellule  el!e-meme.  Le  Icnilemain,  ils  etaient  encore 
ir^s-apparenls,  quoiqu'i^s  eussent  perdu  de  leur  intensite. 

Le  vendredi  20,  a  deux  heures, c'est-a-dire  cimiuantc-six  heures  aprfes  la  mort, 
la  muqueuse  du  larynx  etait  putrefiee,  et  ne  pe'rnietlait  plus  de  reconnailre  les 
cellules  ni  les  cils.  Celie  du  sinus  et  de  la  trachee,  qui  n'etait  pas  aussi  imm^- 


59 

diatement  exposce  k  I'air,  etait  moins  pulreflee  et  presentait  encore  les  inouve- 
menls  ciliaires  lis  6taient  affaiblis,  et  iie  se  trouvaient  plus  sur  toutes  les  cel- 
lules, comme  le  premier  jour.  Le  samedi ,  &  deux  heures,  soixante  dix-huit 
heures  apres  la  mort,  ils  etaient  encore  assez  prononces  dans  les  endroits  oil  les 
cellules  avaient  Lonserve  leur  for;iie  et  leur  apparence  naturelle,  quoiqu'un  bou 
nombre  de  ces  cellules  en  fut  depourvu.  Dans  d'autres  endroits  oil  la  pu- 
trefaction etait  commenci'e ,  on  ne  trouvait  que  1«  mouvement  rotatoire  de 
Brown, 

Enfin,  le  dimanche  22,  cent  heures  apr6s  la  mort,  toutes  ces  muqueuses  etaient 
putrefiees,  et  il  etait  impossible  de  retrouver  en  aueun  point  les  mouvements 
vibratiles  ciliaires. 

La  ditTerence  des  resullats  obtenus  sur  ces  deux  sujets  s'explique  sans  doute 
par  la  difKrcnce  de  temp  Tature.  Le  iheimometre  s'etait  eleve  h  20»  cent,  -j-  0 
le  20  el  le  21  juin,  et  la  putrefaction  avail  marclie  beaucoup  plus  vite  que  sur 
le  premier  cadavre. 

A  propos  de  la  communication  de  M.  Gosselin,  M.  Ch.  Robin  rapporte  avoir 
vu  les  mouvements  ciliaires,  dans  I'espece  humaine,  durer  une  fois  vingt-quatre 
heures,  une  fois  trente  heures  apres  In  mort,  dans  la  Irachee  et  dans  les  trompes 
uterines.  11  ajoute  que  M.  Richard  a  observe  k  peu  pres  la  meme  duree. 

III.  —  PATHOLOGIE   ET   ANATOMIE    PATHOLOGIQCE. 

lo  SL'R  l'epizootie  DE  MiTRY ;  par  M.  Charcot. 

«  Le  matin  meme  de  noire  arrivee  4  Mitry,  le  12  avril,  deux  poules  avaient 
succombe  k  I'influence  epizoolique,  qui  cependant  s'etait  singulierement  ralentie 
depuis  une  Imitaine  de  jour.s.  Ces  animaux  furent  mis  a  noire  disposition.  Voici 
ce  que  nous  appiit  leur  dissection. 

»  1°  Etat  du  sang  dans  les  veines.  —  Toutes  les  veines  du  corps  etaient  rem- 
plies  et  comme  ai  tificiellement  injectecs  d'un  sang  noir,  poisseux,  presque  so- 
nde, h  tel  point  que  la  section  trausversale  du  va'sseau  ne  s'accompagnait  d'au- 
cun  ccoulement  de  liquide.  Ce  ne  sonl  pas  seulemenl  les  gros  troncs  qui  con- 
tiennent  ce  ?ang  solidifie,mSi\s  aussi  les  plus  petits  troncs,  ceux  des  parenchymes 
comme  ceux  des  muscles,  etc.  Le  ca3ur,  qui  a  d'ailleurs  son  volume  ordinaire,  a 
ses  cavites  enlierement  vides  et  revenues  sur  elles-memes,  k  I'exception  de  I'o- 
relUette  droite,  qui  seule  est  distendue  par  un  caillot. 

o  2°  Serosite  dans  le  pericarde  et  matiere  gilatineuse.  —  Le  pericarde  se 
trouve  distendu  par  une  assez  grande  quantite  de  serosite  entieremenl  limpide 
et  transparente.  Quand  ce  liquide  s'est  ecoule  par  une  incision  praliquee  au  sac 
pericardiaque,  il  reste  encore  autour  du  coeurune  masse  gelatineuse,  bien  trans- 
parente, en  tout  analogue,  pour  ses  proprietes  physiques,  a  I'humeur  vitree.  II 
parait  que  cctte  substance  exisle  presque  conslamment  thez  les  animaux  morts 


60 

sous  I'iDfluence  epizootique;  car  M.  Martin,  qui  a  pralique  plusieuri  autopsies, 
I'a  toujours  rencontree. 

n  3°  Flat  des  parenchymes.  —  Le  foie  elait  un  peu  plus  volumineux  que 
d'habitude ,  et  tres-friable  dans  les  deux  cas.  C'est  encore  \k  un  fait  constant , 
d'apr^s  M.  Martin.  Quand  on  pratique  une  coupe  dans  sa  substance,  on  voit  la 
surface  de  section  couverte  d'une  sorte  de  sable,  qui  tient  lout  simplement  k  la 
presence  d'une  foule  depetits  caillots  noirs  de  diverses  dimensions, qui  obturent 
la  lumi^re  des  veines  etdes  veinules  du  foie. 

»  La  rate  presente  le  meme  piquete,  la  meme  injection;  mais  elle  a  conserve 
son  volume  ordinaire  et  n'est  pas  du  tout  friable. 

»  Les  reins  sont  dans  le  meme  cas  ;  ils  sont  finement  injectes,  mais  ne  presen- 
tent  pas  de  ramollissement. 

»  Mais  ce  sont  les  poumons  qui  ont  presente  les  alterations  les  plus  remarqua- 
bles.  Dans  un  cas ,  les  deux  poumons  presentaient  une  coloration  d'un  bleu 
noiratre,  due  evidemment  a  une  congestion  vive,  laquelle  d'ailleurs  n'occupait 
que  les  extremites  anterieures  des  deux  organes;  car  la  face  posterieure  des  or- 
ganes  respiratoires  avait  conserve  sa  coloration  rosee  norma!e.  Les  parties  noires 
ou  congestionnees  n'etaient  d'ailleurs  pas  entierement  privees  d'air,  car  il  y  avait 
encore  Qk  etl4  un  peu  de  crepitation;  et  quand  un  petit  morceau  du  parenchyma 
6tait  jete  dans  I'eau,  il  surnageait.  D'ailleurs,  pas  d'extravasation  du  sang  dans 
le  parenchyme.  Quand  on  examine  la  surface  d'une  coupe  k  la  loupe,  on  la  voit 
presenter  un  pointille  plus  ou  moins  fin,  analogue  k  celui  que  nous  avons  decrit 
dans  le  foie.  Ajoulons  que  le  tissu  pulmonaire  a  conserve  sa  coloration  habi- 
tuelle,  et  qu'il  ne  s'ecrase  pas  plus  facilement  qu'k  I'elat  normal. 

»  Chez  I'autre  animal,  I'alteration  des  poumons  etait  bien  differente.  Ceux-ci, 
dans  presque  toute  leur  etendue,  presentaient  une  coloration  acajou.  En  meme 
temps  ils  etaient  tres-friables,  et  de  pelits  fragments,  jetes  dans  I'eau,  gagnaient 
immediatement  le  fond.  En  un  mot,  il  y  avait  Ici  de  toute  evidence  inflammation 
du  parenchyme.  Remarquons  que  I'hepatisation  pulmonaire  occupait  d'ailleurs, 
chez  le  deuxieme  animal,  les  memes  points  que  la  congestion  chez  le  premier, 
c'est-^-dire ,  ainsi  que  nous  I'avons  indique ,  la  partie  anterieure  des  deux 
poumons. 

B  Ecume  bronchique.  —  Dans  Its  deux  cas,  quand  on  coupait  le  parenchvme 
et  quand  on  le  comprimait  ensuile,  il  ne  s'ecoulait  pas  de  sang;  car,  Ici  comme 
aiUeurs,  ce  liquide  s'etait  fige,  solidifie.  Mais  il  s'ecoulait  une  grande  quantite  de 
serosite  transparente,  d'ecume  bronchique.  Et  quand  on  pressait  certains  points 
du  poumon,  on  produisait  un  bruit  qui  rappelait  le  rale  crepitant. 

»  Les  autres  organes  ont  ete  examines,  mais  Ton  n'y  a  Irouve  rien  de  remar- 
quable.  C'est  ainsi  que  le  cerveau  est  completementsain ;  seulement  les  veines  du 
sinus  sont  distendues  par  des  caillots  noirs,  solides. 

•  Rien  de  remarquable  dans  les  intestins.  Le  jabot  contient  des  aliments.  Le 
TCntricule  succenturi^  et  le  gesier  n'oCTrent  rien  de  notable ;  il  en  est  de  meme  des 


61 

inteetins  el des ctEtunis,  qui  contiennent  di'S  excrementj  d'aspecl  normal, et  dont 
les  paroissont  rialurelles. 

»  Putrifaction.  —  Nous  avons  pu  nous  convaincre  que  la  putrefaction  des 
cadavres  d'animaux  morts  par  suite  de  rcpizootie  ne  s'opfire  pas  plus  rapidement 
que  celle  des  autres.  En  effet,  une  poule  morte  depuis  quatre  jours  avail  ete 
abandonnee dans  un  coin;  elle  ne  presentalt  pas  encore  de  signes  de  putrefac- 
tion bien  manifeste. 

»  Symptdmes.  —  Un  seul  animal  paraissail  domine  par  I'infloence  epidemi- 
que.  Nous  I'examinames  avec  soin.  Nous  fumes  frappe  d'abord  de  son  air  triste  el 
abattu,  et  Ton  nous  fit  remarquer  que  sa  crete  etait  plus  chaude  que  cela  ne  dolt 
etre.  Get  animal  semblait  en  outre  gene  dans  sa  respiration,  et  faisait  entendre 
i  chaque  inspiration,  de  temps  a  autre,  une  sorte  de  rale,  qui  semblait  se  passer 
dans  la  trachee.  Ceci  nous  donna  I'idee  depratiquer  I'auscultation,  etnous  aus- 
cultames  comparativemrnt  d'autrcs  aniniaux  parfaitement  sains.  Chez  la  poule 
malade,  on  entendait  d'une  maniere  trcs-evidente,  pendant  I'inspiration  et  dans 
toute  I'etendue  des  deux  pouaions,  un  rale  en  tout  analogue  au  rale  crepitant  de 
la  pneumonie,  ou  mieux,  de  I'ffideme  du  poumon.  Ce  phenomene  pouvait-il 
etre  per^u  chez  tons  les  animaux  atteints?  Je  I'ignore;  mais  Ton  nous  a  assure 
que  I'espece  de  vale  tracheal  que  nous  avons  signale  etait  loin  d'etre  constant. 

»  Mais  le  cas  qu'il  nous  a  ete  donne  d'obseiver  etait,  a  ce  qu'il  parait,  un  cas 
Ipger,  ou  du  moins  a  lent  developpement ;  car,  dans  la  majorite  des  cas,  la  ina- 
ladie  agit  avec  tant  de  rapidite  qu'on  n'a  pas  meme  le  temps  d'etre  prevenu  et 
d'observer  le  malade  pendant  les  prodromes. 

»  Nous  noterons  cependant  un  fait  sur  lequel  on  a  appele  notre  attention.  Les 
excrements  des  animaux  malades  out  une  coloration  noire  qui  n'est  pas  habi- 
tuelle;  en  meme  temps  elles  sont  mouiees  en  petits  cylindres,  et  presentenl  k 
peine  k  leur  surface  une  toute  petite  quantite  de  matiere  blanche. 

»  Conditions  hygieniques;  especes.  —  Les  conditions  hygieniques  ontproba- 
blementpeu  d'influencesur  le  developpement  de  la  maladie.  On  nous  a  con:luit 
dans  un  fort  beau  jardin  anglais, au  milieu  duquel  existe  une  faisanderie  fort  bien 
enlretenue.  Cette  faisanderie  contenait  six  faisans;  quatre  sont  morts  sous  I'in- 
fluence  epidemique.  Le  meme  jour,  deux  canards  exotiques  ont  ete  frappe.=. 
Plusieurs  poules ,  dans  la  meme  maison ,  ont  aussi  succombe  en  fort  peu  de 
temps. 

»  La  propri6te  dont  je  parle  ici  est  situee  fort  loin  de  I'etablissemerit  de  M.  Mar- 
tin, au  cote  oppose  du  bourg  de  Mitry. 

»  C'est  d'ailleurs  au  voisinage  de  retablissement  de  M.  Martin  et  dans  I'eta- 
blissement  meme  que  la  maladie  a  sevi  avec  le  plus  d'intensite. 

»  Lefermier  qui  ale  plus  soufTert,  el  qui  a  vumourir  presquetousses  animaux, 
n'est  separ^  de  la  propriete  de  M.  Martin  que  par  un  mur  mitoyen.  »  (3  mai.) 


02 


2»  SDR  DES  iVSTES  MCOtJEUX  DU  SINUS  MiXILLMRE;  par    M;  BerALD. 

M.  Beraud  presente  deux  pieces  prises  sur  des  sujels  diO'ereiits  pour  I'aire 
Toir  a  la  Societe  des  kystes  muqueux  du  sinus  maxillaire. 

Dans  la  premiere  piece,  recueillle  sur  un  homme  de  60  a  50  ans,  destine  aux 
dissections  de  I'ficole  pratique,  d'une  laille  elevtie,  d'une  bonne  conformation 
et  ayant  la  peau  extrememenl  rugueuse,  seche  et  epaisse ;  il  montre  le  sinus  du 
cote  droit,  qui  presente  les  particularites  suivanles. 

Le  sinus  est  bien  conforme,  mais  en  I'ouvrant,  on  voit,  dans  la  cavite,  des  pe- 
lites  tumeurs  disseminees  a  la  surface  de  la  muqueuse,  lunieurs  donlle  volume 
^gaie  celui  d'une  lentille.  Elles  existent  sur  la  paroi  inferieure,  sur  la  paroi  in- 
terne et  sur  I'externe.  Elles  dillerent  de  couieur ;  les  deux  qui  soni  sur  la  paroi 
inferieure  et  externe  sont  bJanchaires,  niolies,  uu  peu  elastiques,  el  faisanl  un 
leger  relief  dans  I'interieur  du  sinus.  Elles  sont  conienues  dans  I'epaisseur  de 
la  muqueuse.  Quand  on  les  presse,  on  ne  le  vide  pas,  mais  si  on  les  fend,  on 
faitecouler  un  liquideepais,  tiiant,  albuniineux,  qui,  examine  au  microscope,  se 
presente  sans  organisation  et  n'olTie  qu'une  masse  bjaline.  Sur  la  paroi  interne, 
au  voisinage  de  I'ouverlure  du  sinus  dans  les  fosses  nasales,  il  exisle  un  amas 
depetites  tumeurs  ayant  un  volume  variable,  depuis  celui  d'une  teie  d'epingle 
jusqu'a  celui  d'un  petit  pois.  Ces  granulations  sont  rougeatres,  el  lorsqu'on  les 
presse,  on  en  fait  sortir  un  liquide  muqueux,  epais,  lilant,  analogue  a  celui  des 
glandes  de  Naboth.  L'exanien  au  microscope  montre  les  memes  caracteres  que 
pour  les  tumeurs  precedentes. 

Le  resle  de  la  membrane  muqueuse  du  sinus  est  dans  son  elat  normal,  c'esl- 
a-dire  qu'elle  n'ofTre  pas  les  caracteres  de  I'inOammalion,  soil  aigue,  soit  cbro- 
iiique. 

M.  Beraud  pense  que  ces  pelits  kystes  ne  sonl  autre  cbose  que  des  especes 
de  tannes  de  la  muqueuse  du  sinus,  produiles  par  I'obliteralion  de  I'ouverture 
des  follicules  muqueux  apparlenant  a  la  membrane  qui  lapisse  cette  cavite. 

Sur  la  deuxierae  piece,  M.  Beraud  montre  les  memes  alterations  a  un  degre 
bien  plus  avance. 

II  s'agit  d'un  jeune  garc^on  de  15  a  16  ans,  qui  avail  des  ganglions  cervicaux 
parotidiens,  considerablement  afTecies  de  lubercules  a  tous  les  degres.  Les  gan- 
glions parolidiens  avaienl  meme  supi)ure,  el  la  maiiere  purulente  s'etait  fail  jour 
au  niveau  de  la  partie  moyenne  de  la  parotide.  De  plus,  ce  garcjon  paraissait 
avoir  succombe  a  une  osteite  frontale  qui  avail  produil  des  desordres  assez 
etendus.  Ainsi,  sur  la  panic  moyenne  du  front,  el  un  peu  a  gauche,  on  voyait 
une  ouverture  arrondie  et  communiquanl  jusque  sur  les  os.  La  peau  etail  saine 
autour  de  I'ouverlure:  mais  au-dessous  d'elle,  enlre  les  os  el  le  periosle,  il 
existait  une  cavite  contenanl  du  pus  el  occupant  surtoul  le  c6t6  gauche  du 
coronal.  Cettc  poche  s'6tendait  transversalement  jusqu'au  niveau  de  I'arcade 


63 
sourciliere  el  descendail  meme  jusqu'a  la  racine  du  nez.  Le  perioste  decolle 
6tait  considerablement  epaissi  et  vasculaire.  La  table  exierne  etait  detruite;  ob 
voyait  encore  quelques  debris  au  milieu  du  pus ;  mais  cet  abces,  qui  commu- 
niquait  ^  I'exterieur  par  une  seule  ouveriure,  s'elait  fait  jour  dans  les  sinus 
frontaux  par  trois  points,  dont  un,  a  droite  de  la  ligne  mediane,  commuuiquait 
avec  les  sinus  frontaux  correspondants,  et  les  deux  autres  avec  les  sinus  fron- 
taux du  cote  gauche.  La  communication  des  sinus  avec  les  fosses  nasales  u'e- 
tait  pas  detruite. 

En  examinant  le  sinus  maxillaire  du  cote  droit,  M.  Beraud  a  vu  qu'il  etait 
rempli  par  une  matiere  gelatineuse,  jaunalre,homogene  et  se  moulant  sur  toutes 
les  anfractuosites  du  sinus.  On  pouvait  facilement  soulever  les  parois  de  ce 
kysle,  qui  n'offiait  aucune  adherence  avec  les  parlies  voisines.  La  parol  de  ce 
kyste  etait  lisse,  el  avail  a  peine  un  demi-niillimetre  d'epaisseur,  se  laissait  fa- 
cilement dechirer,  et  offrait  ca  el  la  quelques  ramifications  vasculaires.  Lecon- 
tenu  de  la  poche  etait  jaunalre,  filant  et  ne  s'ecoulant  pas  quand  on  le  plagait 
dans  la  declivile;  il  offrait  tons  les  caracteres  du  mucus  epaissi,  Quand  ce  kyste 
a  etc  enleve  du  sinus,  ce  qui  a  ele  Ires-facile,  parce  qu'il  n'existait  pas  d'adh6- 
rence,  si  ce  n'est  dans  un  point ;  M.  Beraud  a  vu  une  seconde  tumeur  analogue 
a  cel!e-la,  mais  moins  voluraineuse,  siegeant  dans  le  meme  sinus,  vers  la  re- 
union de  la  paroi  posietieure  avec  I'externe.  Celte  tumeur  renfermait  un  liquide 
d'une  consislance  gelatineuse  analogue  a  celle  du  premier,  mais  d'une  couleur 
un  peu  plus  opaline.  De  plu?,  il  etait  contenu  dans  I'epaisseur  de  la  muqueuse, 
car,  apres  avoir  delache  celle-ci,  ilfaisait  saillie  sur  le  cote  profond  de  la  mem- 
brane fibro-muqueuse.  Elle  avait  un  volume  egal  a  celui  d'un  gros  pois.  D'ail- 
leurs  les  parois  des  sinus  n'offraient  aucune  alteration;  elles  n'eiaient  pas  re- 
foulees,  de  sorts  querieu  ii'apparaissail  a  I'exterieur. 

M.  Beraud  croit  que  ces  fails  prouvent  que  les  follicules  muqueux  du  sinus 
maxillaire  peuvent  donner  lieu  a  des  kystes  analogues  aux  kystes  des  autres 
membranes  muqueuses.  (3  mar.) 

3°  CAS  DE  CANCROIDE  GINGIVAL;   par  M.    LeBERT. 

M.  Lebert  monire  a  la  Societe  un  cancroide  epilbelial,  qui  a  pris  son  origine 
dans  les  gencives  de  la  machoire  inferieure,  el  qui  a  penetre  I'os  verticalemenl 
jusqu'au  niveau  du  canal  dentaire  qui  a  ete  respecte,  ainsi  que  son  contenu  ar- 
teriel  et  nerveux. 

Sous  le  maxillaire  se  tronve  une  glande  lymphalique  infiltree  d'epiderme  el  en 
parlie  suppuree. 

Ce  cas  est  le  second  de  cancroide  gingival,  observe  par  M.  Lebert ;  c'est  une 
maladie  des  gencives  non  decritedans  les  auleurs  jusqu'a  cejour.  Quant  a  I'in- 
fection  epidermique  des  glandes  lymphaliques  voisii^es  d'un  cancroide,  M.  Le- 
bert I'a  deja  observee  un  certain  nombre  de  fois.  flO  mai.) 


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4*   SUR   ON   KTSTE    DU   SINUS  MAXILLJURE    CONTEMANT  DU    MUCUS   AVEC   HE    LA 
CHOLEST^RINE  ;  par  M.  B^RAUD. 

M.  Beraud  pr^sente^i  la  Societe  un  sinus  maxillaire  du  cdte  droit,  dans  lequel 
il  y  a  un  kyste  presque  reduit  h  ses  parois.  II  flotte  dans  la  cavite  du  sinus.  11 
adhere  vers  la  partie  anterieure  de  I'angle  interne  et  inferieur  de  cette  cavite.  Son 
aspect  est  blanchatre,  sa  surface  interne  est  plissee  k  cause  de  revacuation  du  li- 
quide  qui  s'est  faite  probablement  pendant  la  vie,  au  moyen  d'une  rupture;  car 
aujourd'hui  on  ne  voit  plus  dans  le  sinus  le  liquide  que  le  kyste  a  dO  conlenir. 
Quand  on  I'ouvre,  il  s'echappe  une  petite  quantitede  mucosites  dans  laquelle  on 
reconnait  facilement  des  paillettes  de  cholesterine.  Quand  on  Tinsufile  on  lui  fait 
acquerlr  un  volume  egal  k  celui  d'une  noisette,  de  sorle  qu'il  occupe  environ  la 
moitie  de  I'antre  d'Highmore.  Alors  on  reconnait  que  les  parois  sont  transpa- 
rentes,  assez  minces,  peu  resistantes,  parcourues  par  des  vaisseaux  tres-Dns  qui  de 
la  base  vont  en  rayonnant  se  distribuer  vers  I'extremite  libre.  Vers  le  bord  adhe- 
rent de  cette  poche,  la  muqueuse  acquiert  une  epaisseur  considerable.  Ce  que  ce 
fait  offre  de  particulier,  c'est  I'existence  de  la  cholesterine  au  milieu  du  liquide, 
et  meme  les  paillettes  s'etaient  deposees  a  la  face  interne  de  la  cavite  kystique,  ce 
qui  donnait  a  cette  parol  un  aspect  soyeux.  SI  Ton  rapproche  le  kyste  de  ceux  qu'a 
deji  presentes  M.  Beraud  sur  le  meme  point,  on  verra  que  des  kystes  varies  peu- 
vent  exister  dans  le  sinus  maxillaire  (24  mal). 

M.  FoLUN  rapporte  que  M.  Jobert  (de  Lamballe)  vient  detrouver  aussi  de  la  cho- 
lesterine dans  un  kyste  du  sinus  maxillaire.  Fergusson  avait  deja  observe  le  meme 
fait. 

i*  SDR  DES  TOBERCCLES  l^TDDltS  DANS  DEDX  OISEADX  DE  L'ESPfeCE  PENELOPE  HAHAIL  ; 

par  M.  Desharest. 

M.  Desmarest  montre  k  la  Societe  le  tronc  d'un  pinelope  marail  male  {pene- 
lopemarail Gmelin;  salpizamarailV^' asier)  qui  offrede  nombreuses  indurations 
tuberculeuses  sur  ou  dans  I'lnterieur  de  phisleurs  de  ses  organes  internes.  II  fait 
remarquer  deux  indurations,  atteignant  a  peu  pr6s  le  volume  d'une  noix,  qui  sont 
placces  aux  environs  du  poumon,  et  il  fait  voir  que  le  siege  de  la  maladie  sera- 
ble  surtout  etre  situe  dans  le  foie.  En  elTet,  on  sent  de  grosses  induialions  tu- 
berculeuses dans  I'interieur  de  cet  organe,  et  Ton  voit  de  petlts  tubercules  jau- 
naties  k  sa  surface.  Les  reins,  ainsi  que  le  coeur,  ne  semblent  pas  avoir  de 
tubercules. 

Ce  penelope,  dont  I'espece  habite  la  Guyane,  mais  qui  etait  ne  en  France,  en 
1846  a  litampes,  a  vecu  pendant  trois  annees  a  la  menagerie  du  Museum  d'his- 
toire  naturelle  de  Paris.  Donne  en  1847  par  M.  Pommc,  il  y  est  niort  le  l« 
mai  1851. 

Hans  un  autre  oiseau  delnmemeespecequl  provenait  pgalemenldeM.  Pommr, 


65 

etait  aussi  ne  i  litampes  et  avail  vecu  deux  ans  el  demi  au  Museum,  oii  il  etail 
morl  le  21  fevrier  1851,  noire  collegue  avail  fail  une  remarque  semblable.  Tous 
les  organes  inlernes  de  ce  penelope  etaieot  couverts  de  lubercules  el  de  forles 
indurations ,  mais  on  en  observail  principalement  dans  les  poumons,  dans  le 
foie  et  dans  les  reins. 

En  lerminant  sa  communicalion,  noire  confrere  rappelle  que  dans  la  seance  du 
3  mars  1849  (comptes  rendus,  annee  1849,  p.  45),  il  a  fait  une  observation  sur 
un  autre  oiseau,  le  jabiru  {abycteria  americana,  Gmelin)  qui  presentait  aussi 
de  nombreux  lubercules,  surtout  dans  les  poumons,  mais  que  eel  oiseau  etanl  con- 
serve dans  I'alcool  on  n'avail  pu  complelemenl  en  eludier  la  maliere  luberou- 
leuse. 

Generalemenl,  ajoule  M.  Desmarest,  les  mammiferesdes  pays  chauds  que  Ton 
am6ne  dans  nos  menageries  europeennes,  el  meme  ceux  originaires  de  ces  re- 
gions, qui  naissenl  dans  nos  pays,  presentenl  presque  tous,  k  I'autopsie,  des 
lubercules  nombreux.  D'apres  les  fails  qui  viennenl  d'etre  signales  etquelques 
aulres  qui  onl  die  recueillis  dans  nos  kboratoires,  ne  serail-on  pas  en  droil  d'en 
conciui-e  ce  que  Ton  pouvail  prevoir  a  priori,  que  les  oiseaux  americains  sont 
soumis  a  la  meme  regie?  (17  mai.) 

6»  soR  ON  CAS  d'infiltration  graissetjse  des    muscles  sans  changement 

DE  VOLUME  ;    par  B^RAUD. 

II  s'agil  d'unefemme  de  40  a  45  ans,  apportee  duns  les  pavilions  de  dissec- 
tions de  rficole  pratique,  el  sur  laquelle  on  ne  peut  pas  malheureusement  four- 
nirdes  renseignements. 

La  tele,  la  poitrine  et  le  ventre  elaient  ouverts;  le  cerveau,  le  poumon  el  le 
coBur  etaient  enleves  ainsi  que  le  foie.  Cetle  femme  etail  d'une  laille  au-dessus 
de  la  moyenne ,  d'une  bonne  conformation ;  elle  avail  des  formes  arrondies  el  des 
mamelles  trcs-volumineuses,  et  au  premier  aspect  elle  ne  paraissait  pas  tr^s- 
grasse,  Cependanl  un  examen  attenlif  m'a  fail  voir  les  alterations  suivantes. 

La  peau  est  rude,  seche,  biunatre;  le  tissu  cellulaire  sous-cutane  est  rempli 
de  graisse  en  quantite  assez  notable,  sans  depasser  pourtanl  les  limites  ordi- 
naires  ;  mais  les  muscles  du  Ironc  el  des  membres  etaient  envahis  par  la 
graisse  k  un  degre  plus  ou  moins  avance,  suivanl  les  regions  od  on  les  conside- 
rait. 

Au  tronc,  les  muscles  pectoraux,  ceux  des  parois  abdominales,  ceux  des  goul- 
li^res  vertebrales  etaient  d'un  aussi  beau  jauneque  la  plus  belle  graisse;  on  n'y 
reconnaissait  plus  la  moindre  trace  des  fibres  musculaires.  Les  muscles  intercos- 
taux  el  le  diaphragme,  quoique  un  peu  graisseux,  ofTraient  encore  une 
coloration  tr6s-prononcee  qui  conlraslait  avec  celle  des  muscles  voisins. 

Au  membre  superieur,  on  renconlrail  les  memes  alterations  vers  la  racine, 
et  la  graisse  allail  en  diminuant  de  quantite  h  mesure  que  Ton  se  rapprochait 
de  la  main.  Ainsi  tous  leg  muscles  de  I'^paule  etwent  graisseux  a  un  degre  aosei 


66 

prononce  que  ceux  du  tronc;  ceu\  du  bras  I'ctaieiit  encore,  mais  d'une  maniere 
moins  prononcee ;  on  y  voyait  gi  et  Ik  quelques  fibres  d'un  rouge  tr^s-p^le. 
Les  extenseurs  et  les  flediisseurs  elaient  cgalemcnt  et  unifortnement  atteiots. 
A  I'avant-bras,  les  progres  du  mal  elaient  moins  avances.  La  giaisse  avail  bien 
envahi  les  muscles  de  la  region  antei  icure  et  ceux  de  la  region  posterieure,  mais 
c'elait  d'une  maniere  bien  plus  prononcee  a  la  partie  superieure,  vers  le  coude 
que  vers  le  poignet,  oil  la  fibre  musculaire  reprf'nait  peu  a  peu  tout  son  eclat. 
A  la  main,  elle  se  trouvait  exempte  de  toule  alleralion  dans  sa  couleur,  sa 
eonsistance  et  ses  proprietes. 

Au  membre  inferieur,  les  muscles  offraient  le  menie  ordre  de  phenom^nes. 
Ainsi  granile  quanliti;  de  graisse  dans  ceux  de  la  racine  du  membre,  absence 
totale  dans  les  extremit^s  apres  avoir  diminue  insensibiement  dans  les  points 
intermcdiaires.  Les  fessiers,  les  psoas,  les  iliaques,  les  peivitrochanteriens  A 
droile  et  a  gauche  elaient  toialement  infiitres  de  graisse  et  d'une  maniere  egale 
et  symetrique.  C'est  dans  le  grand  fessier  que  Ton  pent  bien  voir  que  le  muscle 
a  bien  conserve  sa  forme;  au  lieu  de  faisceaux  muscuiaires  on  a  des  faisceaux 
de  coloration  jaunatre,  d'un  aspect  huileux  et  laissant  suinter  de  la  matieie 
grasse  liquide.  A  la  cuisse,  comme  au  bras,  la  graisse  diminuait  d'une  maniere 
assez  appreciable,  et  la  coloration  jaune  paiile  devenait  un  peu  plus  foncee. 
DejA  ii  la  jambe,  au  milieu  des  faisceaux  completement  envahis,  on  voyait  ga  et 
\k  quelques  fibies  d'un  rouge  pale  ;  mais  ici,  comme  au  membre  superieur,  on 
voit  que  la  graisse  s'est  deposee  symetriquement  a  droile  et  a  gauche  sur  les 
exlenseurs  comme  sur  les  flecliisseurs.  Au  pied  comme  i  la  main,  la  fibre  mus- 
culaire  n'avait  rien  de  change  dans  ses  propiicles  physiques.  Les  muscles  de  la 
face,  de  I'orbite,  ceux  du  cou  sont  exempts  de  toute  alteration.  II  n'existait  au 
niveau  des  arliculations  rien  de  particulier.  Les  tissus  fibreux  aponevrotiques,  le 
perioste,  ne  paraissent  pas  aiieints  par  la  graisse;  au  conlraire,  pouvant  etre  se- 
pares  facilement  des  parties  voisines,  ils  ont  I'aspecl  tres-prononce;  cepeiidant 
ils  n'olTrent  la  meme  eonsistance  que  dans  Petat  normal.  Les  visceres  qui  res- 
taient  dans  I'abdomen  comme  le  foie  et  la  rate  ne  m'ont  rien  olTert  de  particu- 
lier. 

Les  fails  constates  dans  cette  autopsie  peuvent  se  resumer  dans  les  quatie 
parliculariles  suivantes : 

4°  Alteration  graisseusedes  muscles  sans  atrophie; 

2°  Envahissement  successif  de  la  graisse  en  partant  du  tronc  vers  les  extre- 
miles. 

3°  Absence  de  deviation  dans  les  articulations ; 

4o  Intc'grite  d'une  partie  du  systcime  musculaire. 

Quelle  interpretation  peut-on  donnera  une  telle  maladic?  Peut-on  dire  qu'il  y 
avail  liice  que  Sauvages  et  Cullen  ontdecrit  sous  le  nom  Ae  polysarcie?  Nous 
ne  le  pcnsons  point  k  Cause  de  ce  caraclerc  que  la  graisse  n'avait  pas  ele  de- 
posee dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutane. 


67 

Faut-il  croire  qu'il  s'agissait  de  cette  affection  qu'on  a  decrite  recemaient 
!ous  le  nom  d'atrophie  progressive  des  muscles  ?  Non ,  puisque,  ainsi  que 
nous  I'avons  deji  fait  lemarquer,  le  volume  apparent  des  muscles  n'etait  pas 
diminue. 

Serait-cealors  la  suite  d'une  paralysie  ?  Nous  ne  le  croyons  pas  plus,  parce  que 
la  paralysie,  siegeant  sur  une  aussi  grande  etendue,  n'aurait  pas  laisse  la  ma- 
lade  vivre  assez  de  temps  pour  que  des  alterations  semblables  se  fussent  pro- 
duites. 

II  fautdoncpenser  qu'il  s'agil  14  d'une  maladiespeciale  du  systfeme  musculaire, 
maladie  qui  scraitsous  la  dependance  d'une  cause  qui  nous  ^chappe,  et  sur  la- 
queile  il  serait  bon  que  les  pathologistes  eclaires  par  les  decouveites  recentes  de 
la  physiologic  fissent  des  reclierches  serieuses.  (31  mai.) 

IV.  —  HlSTOIRE   NATORELLE. 

SUR  l'algue  des  (EL'fs  de  limace  ;  par  M.  Montagne. 

•  J'ai  examine  au  microscope  un  oeuf  du  Umax  agrestis  qui  m'a  ete  remis  par 
notre  confrere  M.  le  docteur  Laurent,  et  j'ai  promptement  reconnu  qu'une  my- 
cophycee  qui  I'envahissait  et  formait  autour  de  lui  comme  une  couronne  de  fila- 
ments transparents  et  delies,  etait  le  saprolegnia  molluscorum  de  Nees  d'Esen- 
beck,  Cette  production  n'est  point  rare  dans  la  nature,  et  ce  qui  le  prouverait, 
independamment  de  toute  autre  consideration,  c'est  la  grande  quantite  de  tra- 
vaux  divers  dont  elle  a  ete  I'objet  el  les  differents  noms  sous  lesquels  elle  a  cte 
decrite. 

D  Voici,  en  effet,  sa  synonymic  :  conferva  ferax  Gruithuisen,  Nova  acta  Acad. 
lEOP.  CAR.  NAT.  CURIOS.,  1821,  p.  460,  t.  XXXVIII ;  conferva  piscium  Schrank, 
Baiersche  FLORA,  t.  II,  p.  553;  byssvs  aquatica,  Fl.  dan.,  t.  896;  vaucheria 
aquatica  Lyngb,  Hydrophvtol.  dan.,  tab.  22  (I'auteur  aflirme  I'avoir  observee 
sur  un  gasterostee,  et  M.  Ch.  Robin  nous  I'a  montree  aussi  sur  une  epinoche); 
hydronema,  Caius,  in  Acta  leop.  car.  nat.  curios,  1823,  t.  LVIII;  saprolegnia 
molluscorum  ct  achyla  prolifera  Nees,  Nov.  act.  Acad.  nat.  Curios.,  t.  XI, 
p.  513  (M.  Kutzing  reunitces  deux  genres  en  un  seul,  auquel  il  conserve  le  nom 
Ae.  saprolegnia);  leptomitus  clavatus,  prolifer  ei  ferax,  Agardh,  Syst.  Alg., 
p.  49;  leptomitus  pisidicola,  Berkeley,  Gleaning  of  Alg.,  p.  30,  tab.  2,  fig.  1. 
Voy.  encore  Meyen,  in  Wiegm.  arch.,  t.  VI,  1835,  p.  354,  et  Kutzing,  Phvcolo- 
gia  generalis,  p.  167,  tab.  1,  ou  Ton  trouve  une  fort  belle  figure  de  la  planle, 
observee  dans  tons  ses  etats. 

1)  Quant  k  I'autre  question  po^ce  par  notre  savant  confrere  M.  Laurent,  k  savoir 
d'expliquer  comment  les  germes  de  cette  algue  ont  pu  penetrer  dans  I'oeuf,  d'ou 
plus  tard,  rompant  ses  entraves,  celle-ci  est  sortie  pour  vegeter  au  dehors,  on 
conQOit  dc  combien  de  difflcultes  elle  est  herissee,  et  Ton  nous  permeltra  de  ne 
pas  nous  en  occuper  iei.  Le  champ  des  hypotheses  est  vaste,  et  chacun  y  pcut 


68 

trrer  en  toute  liberie ;  mais  il  esl  rare  qu'on  j  decouTre  une  issue  qui  coaduise 
i  la  verity.  Deji,4 1'occaslon  d'un  fait  analogue  que  nous  avons  observ6  M.  Rayer 
et  moi,  et  qui  a  ete  consigne  dans  ses  Archives  de  medecine  compar^e,  nous  nous 
sommes  contente  d'exposer  simplement  le  fait,  sans  tenter  d'en  donner  une  expli- 
cation quelconque.  b  (3  mai.) 

V.  —  Teratologie. 

SDR  LA  COMPOSITION   DE  LA  TUMEUR  DES   MONSTRES  PSEDDENC^PHALIENS  ; 

par  M.  Adolphe  Richard. 

«  Le  monstre  qui  fait  le  sujet  de  ce  travail  est  un  foetus  humain,  du  sexe  fe- 
minin,  venu  h  terme.  II  etait  fort  pesant ;  c'est  une  particularite  indiquee  dans 
la  plus  grande  partie  des  observations  d'anencephales.  Tout  chez  lui,  a  part  la 
tele,  etait  normal,  et  je  m'en  suis  assure  par  une  dissection  minutieuse.  J'ai,  en 
effet,  non-seulement  explore  avec  soin  tous  les  visceres,  mais  aussi  disseque  les 
muscles  des  membres  avec  leurs  principaux  nerfs.  Aucune  anomalie  ne  m'a 
frappe,  si  ce  n'est  du  cote  gauche  seulenienl,  I'absence  de  I'insertion  radiate  du 
fl6chisseur  sublime. 

»  Relalivemenl  k  la  monslruosite  offerte  par  le  crane  et  I'encephale,  notre 
sujet  reiiicsente  tres-bien  celte  transition  entre  les  exencephales  et  les  anence- 
phales,  que  Geoffroy  Sainl-Hilaire  a  nommes  pseudenciphaliens,et  parmi  ceux- 
ci,  il  ponrrait  servir  de  type  a  la  variete  admise  par  M.  Isidore  Geoffroy  sous  le 
nom  de  nosencephales,  comprenant  les  monstres  pseudencephaliens,  dont,  sui- 
vant  les  paroles  de  M.  Isidore  Geoffroy,  I'encephale  est  remplace  par  une  tumeur 
vasculaire,  le  crane  largement  ouverl  en  dessus,  mais  seulement  dans  la  region 
frontale  et  parietale,  le  Irou  occipital  restant  distinct. 

»  Si  les  animaux  n'ont  point  offert  jusqu'ici  d'exemple  de  cette  monslruosite, 
elle  n'est  pourtant  pas  tr^s-rare  chez  I'homme,  et  I'on  en  pourrait  maintenant  reu- 
nir  environ  une  trentaine  d'observations.  Mais  elle  est  beaucoup  moins  commune 
queranencephalie,ci  laquelleelle  conduit,  et,  par  exemple.si  lemuseeDupuytren 
renferme  une  colleclion  assez  complete  d'anencephales,  je  n'ai  pu  y  decouvrir  de 
pseudencephalie  proprement  dite. 

»  Je  ne  rappellerai  point  ici  la  physionomie  singuli^re  de  la  face  chez  ces 
monstres  :  c'est  celle  que  plusieurs  auteurs  ont  decnte  a  propos  des  anencephales 
et  de  quelqnes  exencephaliens.  Le  squelette  du  crane,  qui  devait  avant  lout  atti- 
rer  rattention,  a  etc  aussi  Ires-bien  ctudie,  et  Ton  sail,  surtout  depuis  les  tra- 
vaux  de  Geoffroy  Saint-Hiiaire,  que,  quelque  considerable  que  soil  le  trou  qui 
livre  passage  a  celte  sorle  de  hemic  cerebraie,  il  n'y  a  jamais  absence  d'aucun 
OS  du  crane,  on  pourrait  presque  dire  d'aucune  de  ses  parlies  :  ces  os  sont  sim- 
plement arreles  dans  ieur  developpemenl,  el  Geoffroy  Sainl-Hilaire  n'a  pas  man- 
que de  developper  celle  decouverte  au  nombre  des  meilleures  preuves  du  prin- 
«»pc  d'unil^  de  composition  organique . 


69 

»  Afln  done  d'evilev  de  developper  dea  faitsdeji  tr6s-conau8,;'arreterai  seula- 
ment  un  instant  I'attention  de  la  Societe  sur  la  partie  singuli^re  qui  repre- 
sente  ici  les  vestiges  de  I'encephale,  sujet  d'etude  tout  k  fait  neglige  par  les  au- 
teurs. 

n  Au  niveau  de  la  solution  de  continuite  du  crane,  tr6s-reguli6rement  circu- 
laire  et  assez  bien  representee  par  la  ligne  qui,  sur  un  crane  normal,  separe  la 
base  de  la  voule  cranienne,a  ce  niveau,  dis-je,  en  bas,  la  peau  du  front,  de  la 
parlie  superieure  des  paupieres,  de  la  tempe,  de  la  nuque,  s'arrete  brusquement 
en  s'enfonQant  un  peu  et  adhere  au  cercle  osseux.  En  haut.s'eleve  du  meme  point 
et  k  nu  la  tumeur  pseudencephalique,  separee  de  la  circonference  cutanee  par  un 
lisere  cicatriciel.  Cette  tumeur  est  du  volume  environ  d'un  ceuf  de  dinde,  irre- 
gulierement  arrondie,  beaucoup  plus  large  et  saillante  en  avant  qu'en  arriere, 
assez  symetrique  dans  ses  deux  moities  gauche  et  droite,  lesquelles  sont  sepa- 
rees,  mais  dans  leur  milieu  seulement,  par  une  scissure  profonde. 

»  Au  premier  coup  d'oeil  jete  sur  I'exterieur  de  la  tumeur,  il  est  difficile  de  ne 
pas  songer  aux  hemispheres  cerebraux.  Outre  cette  sorte  de  scissure  interhemi- 
spherique  dont  j'ai  parie,  il  y  a  quelques  indications  de  scissures  transversales 
qui  peuvent  donner  I'idee,  assez  vague  cependant ,  de  lobules  anterieurs, 
moyens  et  posterieurs.  Nous  nous  expliquerons  tout  a  I'heure  A  cet  egard. 

»  A  I'exterieur  au  moins,  la  nature  du  tissu  dontsenible  formee  la  masse  pseud- 
encephalique est  bien  ceque  les  auteurs  ont  decritou  represente  c'est.sous  une 
enveloppe  fine  et  peliiculeuse,ce  tissu  spongieux,  rougeatre,  gorge  de  sang,  qui 
donne  I'idee  d'une  sorte  de  substance  eiectile.  Mais  on  aurait  tort  de  penser, 
d'apres  les  auteur?,  que  ce  tissu  est  inextricable.  La  dissection  permet,  au  con- 
traire,  de  distinguer  les  differentes  couches,  et  conduit,  je  pense,  k  une  interpre- 
tation satisfaisante  de  la  monstruosite. 

»  Les  teguments,  peau  et  tissu  sous-cutanes,  s'arretentoil  cessent  les  os.  Et  ce 
que  Geoffroy  Saint-Hiiaire  a  prouvepour  le  squelelte  semble  egalement  vrai  pour 
les  teguments;  car,  bien  que  le  front  manque  entierement,  on  voit  naitre  de  1^  k 
la  racine  du  nez,  a  la  base  des  paupieres  supcrieures,  de  longs  cheveux  rares.qui 
doivent  appartenir  normalement  a  des  teguments  places  plus  haut. 

»  Sur  notre  tumeur,  nous  ne  trouvons  rien  non  plus  qui  rappeiie  la  durc- 
mere.  Cette  membrane,  elle  aussi ,  s'est  arretee  avec  les  os,  et  cela  vlendrait 
a  I'appui  du  nom  qu'on  lui  attribue  souvent  de  perioste  interne  des  os  du 
erane. 

»  L'arachnoide  couvre  la  plus  grande  parlie  de  la  surface  de  la  tumeur,  man- 
quant  toutefois  en  certaines  places;  elle  est  sous  forme  de  pelliculecrasseuse, 
qui,  detachee  du  plan  sous-jacent,  parait  y  tenir  au  moyen  de  quelques  tractus 
lilamenteux,  vestige  du  tissu  ceilulaire  sous-arachnoidien. 

»  Avant  la  dissection,  il  elait  facile  de  prevoir  que  I'aspect  spongieux,  rou- 
geatre, de  la  masse  cerebrate  ^tait  du  surtoiit  a  la  membrane  pie-mere.  J'avais  en 
efTel  ouvcrt  en  arriere,  dans  toute  son  ctendue,  le  canal  raehidien.  Apr^s  avoir 


70 

conslate,  ce  qui  n'arrive  pas  loujouis  en  pareil  cas,  un  etat  pnrfuitement  normal 
el  regulier  dans  les  vertebres,  je  \is  qu'il  en  elait  de  meme  de  la  moelle,  ferme, 
volumineuse,  protegee  de  ses  trois  membraneg.  Le  Lulbe  fut  reconnu  parfaiie- 
ment  conforme  dans  toute  son  etendue,  mais  offrant  seulement  quelquc  chose  de 
tout  a  fait  insolite  dans  sa  membrane  immediate,  son  nevrilAme.  A  son  niveau, 
en  effet,  la  pie-mere  change  de  caractere  :  elle  devienl  epaisse,  gorgee  de  sang, 
rouge,  fongueuse,  et  se  continue  alnsi  supcirieurement  avec  la  masse  de  meme 
nature  qui  couvre  la  tumeur  pseudcncephaliquc. 

»  Dans  cette  derni^re,  du  reste,  le  scalpel  scpare  avec  facilile  la  couche  de  la 
pie-mere,  et  on  s'assure  que  cette  membrane  seule  ofl're  les  caracteres  singu- 
iers  qui  signalent  I'exleiieur  de  notre  tumeur. 

»  La  pie-mere  delachce ,  et  c'est  ellc  qui ,  par  son  epaisseur  el  ses  prolonge- 
ments,  forme  Ja  plus  graude  parlie  de  la  tumeur,  et  la  tumeur  tout  entiere  en 
avanl  eten  arriere,  on  Irouve  au-dessous  d'elle  irois  poches  spheriques  bien  dis- 
tinctes,  isolables  dans  toute  leur  etendue,  I'anterieure  tres-considerable,  celle  du 
milieu  beaucoup  plus  petite.  En  ouvrant  ces  poches,  on  les  trouve  formees  d'une 
eouche  ferme,  pen  epaisse,  blanchatre  et  nerveuse  a  I'interieur,  et  limitant  une 
sorte  de  kyste  plein  deserosite  sanguinolente. 

»  En  resume,  ahsence  dcs  teguments  des  os,  de  la  dure-m6re;  arachnoide 
presque  effacce;  pie-mere  hypertrophiee;  trois  poches  nerveu^es  :  telle  est  la 
eomposition  de  la  lumeur  du  pseudenccphale. 

»  Devant  celte  dissection,  on  ne  peut  plus  songer  k  comparer  cette  tumeur  aux 
hemispheres  du  ccrvcau.  Les  lobules anterieurs  el  posterieurs  sont  une  illusion; 
ils  sont  formes  par  la  pie-mere,  el  rien,  sous  nos  poches  neiveuses,  qui  repre- 
sente  les  portions  basilairesde  I'encephale.  Mais  en  meme  temps  une  interpreta- 
tion bien  plus  satisfaisanle  s'ofTre  a  I'esprit. 

1)  Dans  ces  trois  poches  nerveuses,  peut-on  meconnaitre  les  cellules  ciri- 
brales,  premier  rudiment  de  tout  I'encephale  chez  rembryon?  C'est  ainsi,  sauf 
le  volume,  que  ces  cellules  se  pre-entenl  au  commencement  de  leur  formation, 
pleines  de  liquiJe  et  laissant  deposer  la  maliere  nerveuse  sur  la  face  interne  de 
leurs  parois  :  si  bien  que  la  cause  de  la  monstruosilc,  (ividente  pour  les  tegu- 
ments et  les  OS  du  crane,  le  diveloppement  arrili,  expliqueraienl  encore  la  mo- 
dification profondc  de  I'encephale. 

»  Plus  on  etudie  les  monstruosites  les  plus  compiiquces,  plus  on  voit  que  I'etat 
tcratologique  revolt  loujours  I'arret  de  developpement  comme  explication  fonda- 
mentale,  en  ajoutant  cependant  qu'une  fois  le  developpement  anete  k  un  certain 
point,  a  une  ccrtaine  heure,  pour  ainsi  dire,  un  travail  conseculif  vient  souvent 
mettre  sous  les  yeux  de  I'observateur  toule  autre  chose  qu'un  etat  transitoire  de 
I'embryon. 

»  II  etail  curieux  d'etudier  dans  ce  sens  le  nerf  optique,  emanation  evidente, 
des  les  premiers  temps,  de  la  deuxifeme  cellule  ccrebrale.  Je  I'ai  trouve  grele  et 
n'oftrant,  sous  son  enveloppe  nevrilematique,  qu'un  tube  nerveux  d'une  grande 


71 
minceur,  plein  de  seiositci.  Le  meme  arret  de  developpement  a  done  frappci  le 
nerf  optique. 

»  Au  nerf  de  la  vision  s'opposent  tons  les  autres  nerfs  encephaliques  (je  ne  parle 
point  de  I'olfactif,  qui  n'est  point  un  neif),  tous  parfaitement  normaux;  cela  est 
naturel :  c'est  qu'en  realite  tous  naissent  du  bulbe. 

»  J'ai  suivi  jusqu'au  bout  tous  les  nerfs  musculaires  de  I'orbite.  La  cinqui^me 
paire,  avec  son  ganylion  de  Gasser,  a  tout  son  developpement,  preuve  nouvelle  de 
sa  veritable  origine  dans  la  profondeur  du  bulbe,  malgre  son  emergence  apparente 
des  pedoncules  cerebelleux  moyens. 

»  Malgre  I'etat  du  nerf  optique,  la  retine  avail  tout  son  developpement,  comme 
on  pourra  s'en  convaincre  sur  I'autre  oeil ,  qui  n'a  point  ete  ouvert.  Ce  n'est 
pas  la  le  seal  exemple  qui  demontre  I'erreur  de  ceux  qui  veulent  faire  provenir, 
faire  pousser  les  parties  du  corps  les  unes  des  autres  :  le  rein  ou  les  organes 
genitaux  du  corps  de  Wolff,  les  glandes  de  I'intestin,  les  nerfs  de  la  moelle,  le 
coeur,  des  vaisseaux,  etc.,  ou  reciproquement.  Quelle  que  soit  la  continuite  ou  la 
dependance  des  parties,  chaque  chose,  dans  I'embryon,  se  forme  h  sa  place  et  pour 
soi-menie. 

»  Quant  k  I'efat  spongieux  si  remarquable  de  la  pie-m6re,  des  injections  ont 
monlre  plusieurs  fois  que  cet  etat  est  du  a  une  foule  de  vaisseaux,  veines  et  ar- 
teres,  entrelaces  les  uns  dans  les  autres.  On  pourrait  peut-etre  comprendre  une 
semblable  disposition,  comme  le  rcsultat  de  revolution  naturelle  de  cette  mem- 
brane, destinee  a  s'amplifier  considerablement  pour  embrasser  les  nombreuses 
circonvolutions  cerebrales. 

»  L'encephale  ne  s'etant  point  developpe,  ce  travail  de  la  pie-mere  avdrterait, 
pas  assez  cepeiidant  pour  que  la  membrane  conservat  sa  minceur  liabituelle. 
Ajoutez  encore  que  la  pie-mere  se  trouve  ici  a  I'exterieur,  sous  le  mince  feuillet 
de  rarachnoide,  et  que  cette  exposition  insolite  peut  eontribuer  a  modifier  sa  nu- 
trition. 

»  Je  n'ajoute  plus  qu'un  mot  :  la  base  de  la  tumeur  pseudencephalique  est, 
dans  toute  sn  circonference,  adherente  au  pourtour  osseux  et  cutane,  excepte 
pourtanten  un  point  :  c'est  dirertement  en  arriere  oii  se  voit  un  oriflee  admet- 
tant  I'extremite  du  petit  doigt.  II  me  parall  a  pcu  pres  certain  que  ce  trou  n'est 
autre  que  le  trou  de  Magendie ,  ou  I'orilice  borde  par  deux  replis  de  la  pie- 
mere  qui  fait  communiquer  le  quatrieine  ventricule  avec  le  tissu  cellulaire  sous- 
anichnoidien.  Ce  trou,  en  effet,  mene  en  bas  a  recartement  du  calamus  scrip- 
torius.  n  (10  mai.) 

VI.  —  BiBLIOGRAPHIE. 

ESSAI    CLINIQUE    SIJR    LE    DIAGNOSTIC   SPECIAL    ET    DIFFERENTIEL   DES   MALADIES   DE 
LA    VOIX    ET    DU    LARYNX  ;    par   M.    B.-C.-G.    DUFOUR.    ' 

M.  Laboulbene  prcsenle  a  la  Societe  I'ouvrage  qui  a  servi  de  these  a  M.  Du- 


72 

four ;  il  en  signale  les  principaux  points,  et  donne  lecture  des  conclusions  sui- 
vantes  : 

u  lo  La  situation,  la  structure  et  les  usages  du  larynx  expliquent  la  variete  et 
la  gravite  des  maladies  qui  peuvent  alteindre  cet  organe,  et  qui  en  font  un  des 
detroils  morbides  les  plus  redoutes  du  praticien. 

»  2'  Presque  toujours  le  diagnostic  exact  et  precis  de  ces  etats  pathologiques 
est  d'une  grande  importance  pour  la  therapeutique;  mais  tr^s-souvent  aussi  il 
est  difficile  k  etablir,  et  les  causes  d'incertitude  et  d'erreur  sont  encore  tr^s-nom- 
breuses. 

»  3°  La  semeiotique  des  affections  laryngees  puise  la  plupart  de  ses  elements 
dans  les  symptomes  locaux  fonctionnels  (douleur,  alterations  de  lavoix,  de 
la  toux). 

»  4°  Dans  I'etat  actuel  de  la  science,  les  methodes  physiques  ne  fournissent 
qu'un  petit  nombre  de  renseignements  utiles;  cependant  il  est  de  ces  symptomes 
physiques  auxquels  I'experience  clinique  assigne  une  haute  valeur,  et  par  con- 
sequent le  medecin  doit  chercher  attentivement  i  les  apprecier  (alterations  de  la 
gorge,  de  I'orifice  superieur  du  larynx ,  sifflement  aigu,  bruit  de  soupape,  etc.). 
L'auscultation  thoracique  pent  aussi  eclairer  le  diagnostic  dans  des  eas  fort 
obscurs. 

u  5°  Parmi  les  nombreuses  sources  de  difficultes  et  d'erreurs,  je  citerai  les  cir- 
constances  suivantes :  la  simulation  (aphonic,  mutile);  I'existence  d'un  symptome 
fonctionnel  sans  lien  organique  manitcste;  I'analogie  symptomatologique  des 
formes  graves  de  la  maladie  ou  de  maladies  pen  dissemblables  (laryngite  aigue 
grave,  angine  striduleuse);  I'insuffisance  des  lesions  necroscopiques  pour  expli- 
quer  la  gravite  des  symptomes ;  I'existence  de  complications  meconnues ;  les 
variations  accidentelles  ou  individuelles  des  symptomes  (laryngite  chronique); 
I'epoque  a  laquelle  le  medecin  est  appele ;  la  rarete  de  la  maladie ;  la  negligence 
d'un  traitement  specilique ;  la  predominance  de  symptomes  du  cote  de  la  poi- 
trine ;  la  marche  foudroyante  des  accidents  ;  la  ressemblance  des  memes  pheno- 
m^nes  graves  occasionnes  par  des  causes  diverses  (laryngo-sthenosie);  une  fausse 
appreciation  de  la  sensation  tactile,  ou  un  oubli  de  I'inspection  directe  et  du 
toucher;  la  confusion  des  denominations  nosologiques;  la  preoccupation  trop 
exclusive  d'un  etat  general  grave;  la  securitc  aveugle  des  personnes  qui  entou- 
rent  le  malade  ;  I'intermiltence  des  accidents  (corps  etrangers) ;  I'absence  ou  I'in- 
suffisance de  signes  commemoratifs ;  le  pen  de  gravite  apparente  de  la  lesion  ex- 
terieure. »  • 


COMPTE  R1SNDU 

DES  seam:es 


DE 


LA  SOClfiTfi  DE  BIOLOGIE 


PENDANT    LE    MOIS    DE    JDIN  1851  ; 


M.  le  Docleiir  BROWN -Sl^OUARD ,  secretaire. 


Pr^sidence  de  M.  RAYER. 


I.  —  Physiologie. 


1"  DE   LA   SURVIE    DES    BATRACIENS    ET    DES    TORTUES    APRES    L'AELATION     DE    LEOR 
MOELLE  ALLONGEE  ;  par  M.  BROWN-SfeODARD. 

En  18i7,  M.  Brown  Sequard  a  annonce  a  I'Academie  des  sciences  (Compies 
KENDDS,  t.  XXIV,  p.  363)  que  certains  verlebres  a  sang  froid  pouvaient  sur- 
vivre  Ires-longtemps  a  la  perle  de  leur  moelle  allongee,  a  la  condition  d'etre 
tenus  dans  une  atmosphere,  donl  la  temperature  soil  infcrieure  a  6  on 
8"  c,  et  superieure  a  zero.  Or  a  cette  temperature  tous  Ics  phinomenes  de  la 


74 
vie  soul  ralenlis  chez  les  vertebres  a  sang  Iroid.  En  consequence,  en  exageranl 
le  degre  de  ce  ralentissement,  on  a  e(e  jusqu'ct  supposer  qu'une  survie  d'un 
ou  de  plusieurs  mois,  a  una  tres-basse  temperature,  equivalait  par  le  total  de^ 
phenoraenes  vitaus  a  une  survie  de  queiques  heures  en  ete,  saison  oil  ces  phe- 
nomenes  ont  une  grande  activite. 

M.  Brown-Sequard,  pour  repondre  a  cette  objection,  rappelle  d'abord  que 
Chez  les  batraciens,  prives  de  la  moeile  allongee  el  soumis  a  Paction  d'une 
basse  temperature,  le  coeur  ballant,  en  moyenne,  35  fois  par  minute  et  la 
survie  durant  quatre  mois,  c'est-a-dire  172,800  minutes,  il  s'ensuit  que  pen- 
»laut  cette  survie  le  coeur  bat  35  fois  172,800,  ce  qui  fait  plus  de  six  millions 
de  battements  (H,  En  ete,  la  survie  maximum  elanl  de  six  heures,  le  coeur 
battant  en  moyenne  45  fois  par  minute,  il  en  resulte  qu'il  y  a  16,200  battements 
pendant  la  survie,  nombre  qui  est  a  celui  des  battements  a  une  basse  tempera- 
ture, comme  1  est  a  375. 

On  voit  par  la,  d'une  maniere  eclatanle,  corabien  il  est  faux  de  dire  qu'en 
raison  du  ralentissement  des  phenomenes  vilaux,  dans  des  temps  froids,  une 
survie  de  queiques  mois  n'est  pas  alors  plus  longue  qu'une  survie  de  queiques 
heures  en  ete. 

Reste  maintenant  la  question  de  savoir  pourquoi  la  survie  est  si  courte  en 
6te  et  si  longue  en  hiver  La  cause  de  cette  difference  se  trouve  en  ceci  que  la 
respiration  cutanee  qui  continue  a  se  faire  apres  I'ablation  de  la  moeile  allon- 
gee (nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  que  la  respiration  pulmonaire  n'a  plus 
lieu),  etquiest  sufBsante  tant  que  la  temperature  est  tres-basse,  devient  au  con- 
trair^insulBsante  quand  la  temperature  s'eleve,  etd'autant  plus  que  I'elevation 
est  plus  grande.  Ce  que  W.-F.  Edwards  a  trouve  a  cet  egard,  pour  les  batra- 
ciens intacts,  est  egalenient  vrai  pour  les  batraciens  depouilles  de  la  moeile 
allengee. 

Cest  ce  que  prouveraient  encore,  s'il  en  elait  besoin,  les  experiences  sui- 
vantes  que  nous  rapporlons  pour  faire  voir  que  les  vertebres  a  sang  froid  peu- 
venl,  meme  a  une  temperature  elevee,  survivre  longtenips  a  la  perte  de  leur 
moeile  allongee,  pourvu  qu'on  augmente  leur  respiration. 

M.  Brown-Sequard  a  constats  que  les  grenouilles  privees  dela  moeile  allon- 
gee, a  une  temperature  estivale  de  24  a  28°  c,  meurent  en  general  en  moins 
de  cinq  ou  six  heures,  si  on  les  laisse  dans  I'air  atmospherique,  tandis  qu'elles 
peuvent  survivre  au  contraire  bien  plus  longtemps  si  on  les  met  dans  de  I'oxy- 
gene. 

(1)  II  y  a  en  Allemagne  plusieurs  pbysiologistes  distingues,  MM.  Budge 
rl  Moritz  Schitl  entre  autres,  qui  soutiennent  que  c'est  la  moeile  allongee  qui 
fait  battrc  le  coeur.  lis  changeront  certainement  d'avis  en  apprcnant  que  chez 
les  batraciens  le  canir  pent  encore  battre  six  millions  de  fois  avec  energie  et 
rcgularile  apres  I'ablation  do  la  moeile  allongee.  ^^^^ 


75 

Dans  deux  series  d'experiences,  I'uue  execulee  au  mois  de  juin  1867, 1'autre 
au  mois  de  juillet  1850,  des  grenouilles  tenues  sous  de  grandes  cloches  pieines 
d'oxygene  y  ont  vecu  de  huit  a  quatorze  jours  apres  Tabiation  de  la  moeile 
allongee.  Au  moment  de  {'operation  dans  les  experiences  de  1847,  la  tempera- 
ture elait  de  23",  el  dans  celles  de  1850  elle  etait  de  25o.  Dans  les  deux  cas,  la 
temperature  a  varie,  apres  ['operation  et  jusqu'au  dernier  jour  des  experiences, 
de  18  a  29°. 

On  avail  mis  sous  les  cloches  de  la  potasse  causlique  pour  que  I'aeidecarbo- 
nique  ne  put  pas  s'y  accumuler. 

II  est  tres-probable  que  les  batraciens,  mis  en  experience  dans  ces  circon- 
stances,  auraient  survecu  plus  longtenips  si  Ton  avait  pu  s'en  occuper  davan- 
tage  et  leur  fournir  de  nouveau  de  I'oxygene. 

Dans  ces  derniers  temps,  M.  Brown-Sequard  a  fait  sur  des  tortues  grecques 
des  experiences  qui  lui  ont  donne  des  resultals  analogues  a  ceux  obtenus  avec 
les  batraciens. 

II  enleva  la  moeile  allongee  sur  irois  tortues  grecques,  sur  lesquelles  il  pra- 
tiqua  riiisutflation  pulmonaire  toutes  les  deux  ou  trois  heures.  L'une  d'elles, 
deux  jours  apres  I'operatioD,  etant  restee  cinq  heures  sans  etre  insufflee,  avait 
perdu  loute  trace  de  la  faculle  rellexe.  On  aurait  pu  la  considerer  comnie 
morte ;  cependant,  apres  plusieurs  insufflations  des  pounions,  la  faculte  reflexe 
reparut  et  I'animal  survecut  encore  cinq  jours.  Les  deux  autres  tortues  surve- 
curent,  l'une  douze,  I'autredix-sept  jours.  La  mort  n'a  eu  lieu  chez  toutes  trois 
que  parce  qu'elles  sont  restees  sans  insufflation  plus  de  cinq  ou  six  heures. 
Pendant  ces  experiences,  la  temperature  a  varie  de  18  a  30">c. 

La  plus  longue  survie  observee  par  M.  Brown  Sequard  chez  des  tortues  de- 
pouillees,  en  etc,  de  la  moeile  allongee,  et  non  insufflees,  a  ete  de  vingt-trois 
heures.  En  general  la  survie  est  bien  plus  courte.  En  hiver  la  plus  longue 
survie  a  ete  de  dix  jours,  et  consequemment  nioindre  qu'elle  n'a  ete  en  ete 
par  le  secours  de  I'irisufflation  pulmonaire. 

De  ce  qui  precede  il  resulte  que  si  la  moeile  allongee  est  essenlielle  a  la  vie, 
c'est  surlout,  sinon  exclusivemeni,  parce  qu'elle  sert  i  la  respiration  pulmo- 
naire. 

2°    DES  ACTES  DE  LA   GENERATION  CHEZ   DES   ANIMAUX    ATTEINTS  DE  PARAPEEGIE 

INCOMPLETE;  par Ic  memc. 

iM.  Brachet  rapporte  qu'apres  avoir  coupe  en  travers  la  moeile  epiniere  cLez 
una  jeune  chienne  en  chaleur,  a  la  hauteur  de  I'ariiculalion  de  la  seconde  avec 
la  troisieme  vertebre  lombaire,  et  ayaiit  mis  cette  chienne  en  rapport  avec  un 
male,  il  a  constate  que  la  conception,  la  fecond;ition  et  le  developpement  em- 
bryonnaire  out  eu  lieu. 

M.  Brown-Sequard  ne  veut  pas  nier  I'exactitude  de  rex()erience  de  M.  Bra- 
chet, mais  il  aobtenu  des  resultals  tout  dillcrenls,  eiil  sc  borne  ici  a  les  signs- 


76 
ler.  II  a  experimentti  sur  sept  femelles  de  cocbons  d'lude,  ayaiU  eu  la  nioilie 
laterale  droite  de  la  moelle  epiniere  coup6e  a  la  hauteur  de  I'une  des  irois 
dernieres  verlebres  costales.  Chez  ces  animaux  la  paraplegic  n'a  existe  qu'i 
un  faible  degre ;  elle  etait  complete  au  contraire  dans  I'exp^rience  de  M.  Bra- 
chet;  pourlant,  bien  que  I'acte  du  coit  ait  ele  tres-frequemment  r^peie  depuis 
plus  d'un  au  que  la  moelle  a  ete  I6see,  il  n'y  a  jamais  eu  de  fecondation,  ou  du 
moins  le  developpement  n'a  pas  eu  lieu  ;  nous  devons  dire  que  ces  auimaux  ont 
tous  assez  souvent  des  convulsions;  peut-etre  esi-ce  dans  cette  circonstance 
qu'il  faul  trouver  la  cause  de  I'insucces  du  coit. 

Si  les  femelles  decochons  ne  peuvent  plus  engendrer  apres  la  section  d'une 
moilie  laterale  de  la  moelle  epiniere  au  dos,  il  n'en  est  pas  de  meme  des  males : 
ceux-ci  Ires-peu  de  temps  apres  I'operation  conimencenl  deja  i  se  livrer  au 
coit.  Bien  des  fois  le  coit  entre  ces  animaux  et  des  femelles  nou  paralys^es  a  ele 
fruciueux.  La  secretion  spermatique,  I'erection,  la  copulation  et  I'ejaculation 
ont  done  lieu  chez  ces  cochons  d'Inde. 

En  consequence,  la  section  transversale  d'une  moilie  laterale  de  la  moelle 
epiniere  parait  empecher  soil  I'ovulalion,  soil  la  fecondalion,  soitle  developpe- 
ment de  I'embryon  chez  les  cobajes,  mais  elle  ne  detruil  aucune  des  tonctions 
generatrices  chez  les  males  de  ceite  espece  d'animaux. 

3*  EXPERIENCE   NODVELLE  SUR    LA    VOIE   DE  TRANSMISSION    DES    IMPRESSIONS 
SENSITIVES  DANS  LA  MOELLE  EPINlfeRE;   par  IC  mCme. 

On  salt  que  M.  Brown-Sequard  a  trouve  que  les  impressions  sensitives  se 
transmeltent  en  parlie  dune  maniere  croisee  dans  la  moelle  epiniere.  L'une  des 
experiences  qui  lui  ont  fail  oblenir  ce  resulial  consiste  a  faire  une  section  trans- 
versale d'une  moitii  laterale  de  la  moelle  epiniere  au  devant  de  I'origine  des 
nerfs  des  membres  soil  posterieurs,  soit  anlerieurs.  II  a  fait  recemment  une 
experience  qui  paraitra  plus  decisive  a  certaines  personnes. 

Apres  avoir  fait,  a  la  hauteur  de  la  dixieme  et  de  la  onzieme  vertebre  costale, 
une  section  longitudinale,  d'un  demi  ou  d'un  centimetre,  sur  la  ligne  mediane 
de  la  moelle  epiniere,  il  fait  deux  sections  iransversales  d'une  moilie  laterale  de 
cet  organe,  chacune  de  ces  sections  pariant  des  extreniites  de  la  section  lon- 
gitudinale, de  maniere  a  retrancher  un  fragment  assez  considerable  de  la 
moelle.  L'animal  qui  a  subi  cetle  operation  conserve  presque  toute  I'energie 
de  ses  raouvenients  volontaires,  excepte  dans  le  menibre  poslcrieur  du  cole  de 
la  section,  lequel  cependant  possede  encore  des  mouvenients  volontaires  tres- 
faibles,  mais  incontestables.  Quant  a  la  sensibililu,  ce  dernier  membre  paraii 
au  moins  aussi  sensible  qu'a  I'etat  normal,  tuiidis  que  le  membre  posterieur  du 
cote  oppose  (cole  ou  la  moelle  est  inlacle)  a  perdu  nolablenient  de  sa  sensi- 
bilite. 

Deux  cochons  d'Inde,  sourais  a  cette  experience,  sonl  montres  a  la  Sociele. 
On  a  d'abord  reconnu  I'existence  des  phenomenesqui  viennenl  d'etre  signales, 


77 
puis  I'autopsie  a  ete  faite  seance  tenante,  et  les  lesions  iudiquees  ont  ele  con- 
statees. 

li"  SUR   PLUSIEURS   CAS  D£  CICATRISATION    DE  PLAIES  FAITES   A  LA  MOELLE  tPINltRE, 

AVEc  RETOUR  DES  FONCTioNs  PERDUEs ;  par  ie  meme. 

Dans  le  couraut  des  irois  dernieres  annees,  M.  Brown- Sequard  a  fait  un 
grand  nombre  d'experiences  dans  le  but  de  chercher  le  degre  de  curabilil6  des 
plaies  de  la  moelle  epiniere;  ses  premiers  resultals  ont  ete  publics  dans  la  Ga- 
zette Medicale  (voy.  Comptes  rendus  de  la  Soc.  de  blol.,  fev.  1849  et  janv. 
1850J,  Jusque-la  il  n'avait  vu  qu'un  relour  parliel  de  la  sensibilite  et  des  mou- 
vements  volontaires.Depuislors  il  a  vu  des  pigeons  se  mouvoir  volontairement 
presque  aussi  bien  qu'i  I'elal  nornial  et  recouvrer  coiupleteuieut  la  sensibilite, 
apres  avoir  subi  cependant  la  section  iransversale  complete  de  la  moelle  epi- 
niere. Deux  de  ces  pigeons  sur  irois  sent  niorts  sans  avoir  ete  examines,  pen- 
dant un  voyage  de  M.  Brovvn-Sequard.  Le  Iroisieme  vit  encore  :  il  a  ete  opere 
il  y  a  quinze  mois;  la  moelle  a  ele  coupee  entierement  a  la  hauteur  de  la  cin- 
quieme  ou  de  la  sixieme  vertebre  costale.  II  va  sans  dire  qu'apres  I'operatiou 
il  n'y  a  plus  eu  la  moindre  trace  de  sensibilite  ni  de  mouvements  volonlaires 
dans  le  train  posterieur.  An  bout  de  irois  mois  on  commencja  a  reconnaitre 
I'existence  de  mouvements  volonlaires  meles  aux  mouvements  reflexes.  La  sen- 
sibilite semblait  aussi  rejiaraitre.  Ce  relour  vers  I'etat  normal  s'accrul  peu  a  peu, 
et  au  bout  de  six  mois  le  pigeon  pouvaii  se  nieitre  et  se  lenir  quelque  temps 
sur  ses  paltes;  mais  des  qu'il  voulait  marcher  il  tombait.  Dans  le  cours  du  sep- 
tieme  mois,  il'put  marcher,  mais  il  irebuchait  souvent  et  etait,  a  chaque  in- 
stant, oblige  de  se  servir  de  ses  ailes  pour  s'arc-boutcr.  A  la  lin  du  huilieme 
mois,  il  marchait  assez  bien  pourvu  qu'il  ailat  lenlemenl  et  que  rien  ne  I'emo- 
lionnat.  Toutes  les  f'ois  qu'il  voulait  aller  vile,  il  tombait  lautot  d'un  cote,  tantot 
de  I'aulre,  a  moins  qu'il  n'eiit  le  temps  de  deplier  son  aile  et  de  s'en  servir 
comme  point  d'appui  sur  le  sol.  Toules  les  lois  qu'il  marchait  un  peu  vite,  ses 
ailes  etaieni  au  quart  etendues,  coinme  s'il  les  tenait  preles  k  lui  servir  de  pa- 
rachute, ou  comme  s'il  s'en  servail  en  guise  de  balancier.  Entin  douze  mois 
apres  I'operalion,  il  a  pu  courir,  et  aujourd'hui  (fin  du  quinzieme  mois)  il  se- 
rait  lout  a  fail  a  i'etat  normal  s'il  ne  reslait  quelque  chose  de  roide  dans  sa  de- 
marche. 

Sur  plusieurs  cochons  d'Inde  ayant  subi  la  section  Iransversale  d'une  moitie 
lalerale  de  la  moelle  epiniere,  M  Brown  Se(]uard  a  consiate  le  relour  des  mou- 
vements volonlaires,  mais  d'une  maniere  incomplete,  sept  ou  huit  mois  apres 
I'operalion.  Sur  un  coclion  d'Inde  qui  avail  subi  celle  operation  depuis  pres 
d'un  an  el  chez  lequel  la  sensibilite  elait  revenue  assez  coniplelemenl  el  les 
mouvements  volonlaires  d'une  maniere  moins  complete,  M.  Brown-Sequard, 
avec  le  concours  d'un  habile  micrographe,  M.  Laboulbene,  a  fait  Tcxamen  de 
la  cicatrice  de  la  moelle.  Voici  ce  que  ces  messieurs  on(  conslale.   La  peau 


78 
ayant  et6  enlevee,ils  virent,  ce  que  M.  Brown-Sequ.trd  a  toujours  vuen  pareiK 
cas,  les  arcs  poslerieurs  des  verlebres  sur  lesquelles  aTuil  port6  la  lesion,  en- 
lierement  regeneres  et,  a  bien  peu  pres,  avec  leurs  dimensions  normales.  Im- 
medialemenl  au-dessous  de  ces  arcs  osfeux  et  adherant  avec  eux  se  trouvait 
line  lame  fibreuse  epaissea  laquelle  la  moel;eelait  altachee.  Apres  avoir  separe 
la  raoelle  de  ce  plan  fibreux,  il  fut  constate  qu'elle  etaitcorarae  6lranglee,  re- 
trecie  en  ce  point.  I. 'operation  faiie  depuis  plus  d'un  an  sur  cette  moelle  avail 
consiste  non-seulemeni  dans  la  section  iransversale  de  la  nioilie  lalerale  droite, 
mais  aussi  dans  la  section  du  cordon  posterieur  gaucbe,  de  sorte  que,  au 
meme  niveau,  les  deux  cordons  poslerieurs,  le  cordon  lateral  et  le  cordon  an- 
terieur  droits,  ainsi  que  la  portion  de  substance  grise  de  la  nioitie  droite,  avaienl 
ete  coupees  transversalement.  En  exaniinant  allenllTenHnt  la  moelle,  on  vit 
que  le  retrecissement  n'existait  que  sur  les  parlies  qui  avaienl  eie  coupees.  Au 
niveau  de  cette  sorte  de  coarctation,  tres-legere  d'ailleurs,  il  exisiaiiune  trace 
blanchalre.  Celle  ligne  blanche  el  cette  depression  iudiquaient  d'une  maniere 
certaine  I'endroit  de  la  plaie.  L'examen  microscopique  vint  du  reste  contirnier 
cette  maniere  de  voir.  Une  tres-petite  portion  de  la  face  poslerieure  de  la 
moelle,  prise  a  reiidroit  meme  de  la  pariie  deprimee  el  blanchalre,  niontra  : 

!»  Des  fibres  de  tissu  cellulaire  en  ires-grand  nombre,  formanl  cette  cica- 
trice blanchalre  visible  a  I'oeil  nu.  Ces  fibres,  de  0,001  a  0,002  de  millim.  de 
diamelre,  sont  pour  la  plupart  dirigees  transversalement  ou  tres-legerement 
obliques,  croisant  ainsi  perpendiculairemeul  ou  a  peu  pres  les  fibres  ner- 
veuses. 

2°  Des  fibres  nerveuses,  a  double  contour,  ayant  de  0,004  i  0.006  de  millim. 
de  diamelre.  Ces  tubes  nerteux  sont  en  ires-grand  nombre  dans  le  champ  du 
microscope,  au  milieu  des  fibres  cellulaires.  Aucun  d'eux  ne  presenle  de  traces 
de  deformation  ni  de  rupture;  ils  se  coniinuenl  sans  interruption  non-seule- 
ment  dans  loute  I'etendue  de  la  cicatrice,  c'est-a-dire  de  la  pariie  oil  se  irou- 
venlles  fibres  cellulaires,  niais  encore  au  devanl  el  en  arriere. 

3°  II  y  avail  de  pares  corpuscules  nerveux  epars  au  milieu  des  fibres  ner- 
veuses. 

En  examinant  la  partie  blanchalre  au  microscope,  ou  y  trouvaii  vers  son 
milieu  une  quantite  de  fibres  cellulaires  peul-eire  plus  considerable  que  celle 
des  fibres  nerveuses.  En  depla^ant  peu  a  peu  le  porle-objei  on  voyail  diminuer 
le  nombre  des  fibres  cellulaires,  elenfiu  en  cessait  d'en  voir,  tandis  ([ue  les  fibres 
nerveuses  se  voyaient  toujours  et  avec  le  meme  aspect  en  dedans  et  au  dehors 
de  la  cicatrice. 
II  suit  de  ces  rccherches  : 

1"  Que  les  plaies  de  la  moelle  epiniere,  ainsi  que  I'avaienl  dejii  vu  MM.  Flou- 
rens,  Oilivier  el  Jobert,  sont  capables  de  cicatrisalion ; 

2"  Que  les  fonclions  de  la  moelle  epiniere  peuvenl  revenir  comme  a  I'elat 
norma',  meme  apres  une  section  iransversale  coin[>lele  de  eel  organe. 


79 
Nous  ajouterons  que,  suivant  ce  que  M.  Brown-Seqaard  a  vu  dans  trois  cas ; 
une  fois  avec  M.  Lebert,  une  autre  fois  avec  M.  Follin  et  surtout  une  derniere 
fois  aTec  M.  Laboulbene,  les  cicatrices  des  plaiesanciennes  delamoelleepiniere 
renferment  beaucoup  de  Obres  nerveuses,  ayant  lout  a  fait  I'aspect  normal  et 
se  continuant  avec  les  fibres  des  parties  intactes  de  la  moelle. 

5«  suR  UNE  NOuvELLE  ESPECE  DE  TouRNOiEMENT ;  par  Ic  meme. 

On  connaissalt  deux  especes  de  tournoiement,  savoir :  un  mouvement  de  ma- 
nege et  un  mouvement  de  rotation  autour  de  I'axe  longitudinal  du  corps. 
M.  Brown-Sequard  en  a  trouve  une  troisieme  espece,  qui  a  des  caract^res  pro- 
pres.touten  elant,  a  certains  egards,  un  intermediaire  entre  les  deux  pre- 
cedentes. 

Dans  le  tournoiement  par  un  mouvement  de  manege,  Tanimal  qui  I'execute  a 
I'axe  longitudinal  de  son  corps  courbe  en  arc  lateralemcnt.  Get  arc  forme  le  plus 
souvent  une  partie  de  la  circonference  que  dccrit  I'animal  en  se  mouvant  : 
d'oii  il  suit  que  plus  est  petit  le  rayon  de  cet  arc,  plus  le  cercle  de  tournoiement 
est  petit. 

Dans  la  maniere  de  tourner  trouvee  par  M.  Qrown-Sequard,  il  y  a  bien  une 
sorte  de  mouvement  de  manege;  mais  i'animal  n'est  pas  courbe  en  arc  latera- 
lement,  ou  s'il  Test,  ce  n'est  qu'a  un  faible  degre.  En  uutre,  il  se  tient  tres  bien 
sur  ses  quatre  membres  ;  mais  quand  il  veut  marclier,  an  lieu  d'aller  devant 
lui  ,il  se  porte  sur  le  c6te,  comme  le  font  quelquefois  les  chevaux  fringants.  Ce 
mouvement  s'execute  toujours  dans  une  meme  direction  laterale;  mais  comme 
il  arrive  que  les  pas  laleraux  faits  par  les  membres  antcrieurs  sont  plus  grands 
que  ceux  des  membres  poslerieurs,  la  tete  et  le  train  antiTieur  parcourent  plus 
de  chemin  que  le  train  posteileur,  de  sorte  que  ranimal  decrit  un  cercle.  L'axe 
longitudinal  de  son  corps,  au  lieu  d'etre  une  partie  de  la  circonference  decrite, 
comme  dans  le  mode  de  louinoiement  connu,  est  toujours,  au  contraire,  paral- 
lele  4  I'un  des  rayons  du  cercle  decrit,  de  fagon  que  le  museau  de  I'animal  reste 
toujours  a  la  circonference,  tandis  que  sa  queue  est  la  partie  de  son  corps  qui 
avoisine  le  plus  le  centre  du  cercle;  en  d'autres  termes,  I'animal,  dans  sa  loco- 
motion, ne  se  propage  pas  dans  la  direction  du  grand  axe  median  de  son  corps, 
mais  perpendiculairement  a  cet  axe. 

M.  Brown-Sequard  a  vu  ce  tournoiement  sur  des  cochons  d'Inde  dont  il  avail 
transperce  le  crane  et  I'encephale  par  une  epingle,  enfoncee  de  haul  en  bas,  et 
un  pen  d'avant  en  arriere  et  de  dehors  en  dedans.  Cette  epingle  pas? ait  a  travers 
le  tiers  posterieur  du  lobe  cerebral  gauche,  puis  par  le  tubercule  nates  gauche, 
dans  son  milieu,  et  par  la  partie  inferieure  du  tubercule  testes  du  meme  cote. 
Elle  se  dcgageait  de  I'encephale  par  la  face  inferieure  de  la  protuberance,  pres  de 
sonbord  anterieur  et  au  milieu  de  I'espace  compris  entre  la  ligne  mediane  et  le 
bord  lateral  gauche  de  cet  organe ,  en  avant  et  en  dedans  de  I'origine  du  nerf 
trijumcau. 


80 

Ell  enfonQanl  lentement  repingle,  M.  Biown-Sequard  a  vemaiquii  :  l"  qu'a- 
pr6a  le  transpercement  ducerveau,  il  n'y  avail  aucun  trouble  dans  les  niouve- 
ments;  2'  tja'apr^s  le  transpercement  du  tubercule  nates,  il  survenait  un  tour- 
noiement  par  lemouvement  de  manege  connu  depuis  longtemps;  3"  qu'il  afallu 
percer  la  protuberance  pour  que  le  mouvement  a  la  fois  lateral  et  circulaiie,  de- 
crit  ci-dessus,  s'operat.  Ce  mouvement  a  toujours  eu  lieu  sur  le  cote  droit  du 
corps,  c'est- ii-dire  A  I'oppose  du  c6te  sur  lequel  sidgeait  la  lesion  de  la  protube- 
rance et  des  tubercules.  Les  animaux  clicz  lesquels  ce  tournoiement  a  ete  pro- 
duit  ont  paru  conserver  partout  la  sensibilite  et  les  mouvements  volontaires. 

Dans  les  premiers  moments  apr^s  I'operation,  le  cercle  de  tournoiement  a  ete 
tr6s-petit ;  il  s'estagrandi  pen  k  peu,  et  il  a  acquis  quelquefois  un  si  grand  rayon 
que  I'animal  ne  paraissait  plus  decrire  un  cercle  et  semblait  tout  simplemont  se 
porter  de  cote. 

Nous  ajouterons  que  I'oeil  droit  etait  convulse  et  porte  un  peu  en  bas;  I'oeil 
gauche  n'avait  pas  de  mouvements  convulsifs :  il  conservait  sa  position  normale 
et  toute  la  liberie  de  ses  mouvements.  Les  nerfs  moteurs  de  I'oeil  n'avaient  pas 
etc  leses.  La  convulsion  de  I'oeil  droit  ne  pent  s'expliquer  que  par  la  piqiire 
des  tubercules  quadrijumeaux  du  cote  gauche.  C'est  1^  une  action  croisee  assez 
singuliere. 

Des  faits  mentionnds  dans  cette  note,  il  resulte  qu'une  pii|iire  d'une  cer- 
taine  partie  de  la  protuberance  pent  produire  une  espfice  de  tournoiement  jus- 
qu'ici  non  decrite. 

II.    —   ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 
TOMEDRS    F0LLIC13LAIRES    DE    LA   MIQUEUSE    DU    SINUS    MAXILLAIRE; 

par  M.  Vernecil. 

Sinus  maxillaire  gauche  d'un  jeuno  homme  de  23  ans  environ,  normalement 
conformee.  La  muqueuse  est  finement  injectee;  on  y  observe  cinq  ou  six  petites 
tumeurs  dont  le  volume  varie  depuis  celui  d'un  grain  de  millet  jusqu'ci  celui 
d'une  lentillc.  Ces  tumeurs  font  saillie  dans  la  cavitii  du  sinus;  elles  sont  con- 
tenuesdans  I'epaisseurde  la  muqueuse, el  sont  separeesdel'os  par  letissu  fihreux 
qui  double  la  muqueuse. 

L'aspect  et  le  contenu  de  ces  tumeurs  est  variable.  Les  plus  petites  tumeurs 
sont  transparentcs,  assez  consistantes.  La  substance  contenue  est  hyaline  et  assez 
semblable  au  tissu  du  cristallin ;  elle  parait  etre  adherente  aux  parois,  et  avec  la 
pointe  d'un  scalpel  (in,  on  pent  enlever  toute  la  masse. 

La  tumeur  la  plus  volumineuse  presentc  une  tout  autre  apparence  :  elle  res- 
semble  k  une  pustule  sans  ombilic;  elle  est  molle,  fluctuante;  le  contenu  est 
semi-liquide,  puriforme,  fllant  et  doue  d'une  cohesion  assez  notable.  Le  micro- 
scope permet  de  constater  dans  ces  productions  une  assez  forte  proportion  de 
cellules  d'eiiithclium  cylindriquedans  une  gangue  grcnue,  visqueuse,  tres-colie- 


81 
rente.  Celte  matifere  est  surlout  tris-abondante  dans  la  tumeur  d'apparence  pu- 
riforme.  Les  cellules  epitheliales  sont  beaucoup  plus  rares.  U  n'y  a  aucune  trace 
de  globules  purulents. 

A  la  partie  Inferieure  du  sinus,  le  toucher  reconnait  deux  ou  trois  petites  sail- 
lies  tr^s-dures,  dues  k  des  concretions  tr6s-adherentes  a  la  muqueuse,  acquerant 
k  peine  le  volume  d'une  tele  d'epingle.  L'analyse  chimique,  sous  le  microscope, 
y  dcmontre  la  nature  du  tissu  osseux.  Cetle  derni^re  particularity  me  parait 
tr6s-remarquable.  Des  concretions  osseuses,  prenant  naissance  dans  I'epais- 
seur  d'une  muqueuse,  constituent  une  exception  pathologique  interessante. 
(21  juin.) 

III.  —  Teratologie. 

CAS    DE    MONSTRIIOSITE    DOUBLE    OBSERVEE    CHEZ    LE    CANARD    ORDINAIRE; 

par  M.  Second. 

Le  monstre  double  que  je  presente  k  la  Societe  m'a  ete  transmis  par  madame 
Dupre  (de  Santeny)iii  a  ete  rencontre  dans  une  couvee  de  canards  et  a  v6cu  pen- 
dant quelques  instants  apres  son  eclosion.  Plonae  dans  I'alcool  depuis  quinze 
jours  environ,  il  m'a  ete  difDcile  d'etudier  avec  precision  plusieurs  organes  inte- 
rieurs.  L'aspect  exleiieur  de  ce  monstre  permet  de  le  rattacher  au  genre  dera- 
delphe,  de  la  famille  des  monocephaliens.  11  ne  pourrait  y  avoir  hesitation  qu'en- 
tre  ce  genre  et  \e&synotes,  dernier  genre  des  sycephaliens;  mais  I'unite  appa- 
rente  de  la  tete  ne  doit  laisser  k  cet  egard  aucun  doute.  Les  deux  corps,  separcs 
et  opposes  face  a  face  au-dessus  de  rombilic,  sont  reunis  en  un  double  thorax  a 
deuxsternums  lateraux  et  opposes.  Les  membres  sont  au  nombre  de  huit.  Le 
cou,  volumineux,  contientles  elements  distincts  de  deux  rachis.  L'arri6re-crane 
est  plus  elargi  qu'a  I'ordinaire ;  il  presente  deux  trous  occipitaux.  Entre  ces 
trous,  la  fusion  des  moities  correspondantes  inverses  des  deux  occipitaux  forme 
une  cloison  falciforme,  en  saillie  k  I'ouverture  du  crane.  Malgre  i'alteation  des 
centres  nerveux,  j'ai  pu  tr^s-facilement  reconnaitre  deux  moelies  allongees. 

Pour  les  organes  de  la  vie  vegetative,  ceux  de  la  region  sous-ombilicale  sont 
doubles  et  normaux ;  les  organes  urinaires ,  les  organes  genitaux  et  la  moitie 
inferieure  de  I'intestin.  Quant  a  la  moilie  superioure  de  I'inteslin,  elie  est 
simple  et  aboutit  a  un  gesier  et  k  un  cesophage  simples.  Le  foie  est  double;  I'un 
des  deux  seulement  est  pourvu  d'une  vesicule  biliaire.  11  existe  qnatie  poumons, 
comme  quatre  series  de  cotes  et  deux  trachees  s'ouvrant  dans  un  pharynx  com- 
mun  de  chaque  cote  de  I'oesophage ;  entre  les  poumons,  deux  coeurs,  I'un  de  moi- 
tie  plus  volumineux  que  I'autre. 

Je  regrette  intiniment  que  les  conditions  dans  lesquelles  j'ai  observe  ce  monstre 
ne  m'aient  pas  permis  de  donner  plus  de  precision  a  I'etude  des  organes  inte- 
rieurs.  II  est  facile  de  reconnaitre  que,  dans  la  situation  actuelle  de  la  teratolo- 
gic, cette  partie  de  I'histoire  des  monstres  doubles  n'est  pas  celle  qui  a  ete  le 
mieux  etudiee,  et  Ton  pent  dire  que  les  theories  qui  rcgissent  aujourd'hui  cette 


82 
etude  etant  suitout  inspirees  par  la  consideration  des  organes  de  la  vie  aniiiiale, 
ne  peuvent  avoir  qu'un  caraclere  provisoire.  Quand  la  veritable  relation  eiitre 
les  appareils  aura  d'ubord  ctii  etablle  an  point  de  vue  normal,  je  ne  doute  pas 
que  la  theorie  des  monstres  n'y  doive  puiser  de  nouvelles  bases  de  classi- 
fication. 

IV.  —  BOTAMQUE. 
CONFERVE   PARASITE  SUR   LE  CYPRINOS  CARPIO ;   pat   M.   DaVAINE. 

M.  Davaine  met  sous  les  yeux  de  la  Societe  une  carpe  [cyprinus  carpio)  dont 
I'extreraite  caudale  et  le  pourtour  de  I'ouverture  des  branchies  etaient  couverts 
d'un  duvet  grisatre.  M.  Davaine  reeonnut  que  ce  duvet  etait  forme  par  une  con- 
ferve,  Vachlya  prolifera.  EUe  consistait  en  filaments  tubuleux,  simples,  non 
cloisonnes,  plus  ou  moins  transparents,  de  l  a  2  centimetres  de  Mongueur,  de  2 
a  3  centiemes  de  millimetre  de  largeur,  et  renfermant  des  granules  moleculaires 
en  quantite  variable.  Ces  filaments  etaient  termines  par  un  renfltment  allonge  , 
en  forme  de  doigt  de  gant  ou  de  massue,  dont  la  cavite,  separee  de  celle  de  la 
tige  par  une  doison  tr^s-mince ,  contenait  des  granules  moleculaires  et  des 
spores  arrondies  plus  ou  moins  apparentes ,  suivant  leur  d^gre  de  develop- 
pement. 

Apres  deux  ou  trois  jours  de  conservation  dans  de  I'eau  fraiclie,  il  s'etait  pro- 
duitde  nouveaux  filaments,  termines,  conime  les  precedents,  par  un  sporange, 
pour  la  plupart  en  forme  de  massue,  en  meme  temps  qu'un  grand  nombre  d'au- 
tres  s'etaient  allonges  ou  avaient  donne  naissance  k  des  filaments  plus  minces, 
transparents,  entre-croises  en  divers  sens. 

La  carpe  sur  laquelle  on  ohserva  cette  conferve  etait  conservee  dans  un  re- 
servoir avec  d'autres  poissons,  dont  quelques-uns  se  couvrirent  d'un  duvet  sem- 
blable  etmoururent. 

M.  Davaine  a  eu  I'occasion  d'observer  une  epizootic  qui,  si  Ton  en  juge  par 
I'apparence  du  corps  des  poissons,  etait  due  au  deveoppement  d'une  conferve  du 
meme  genre;  mais  I'examen  microscopique  n'en  fut  pas  fait.  Cette  epizootie 
regna  sur  les  poissons  d'un  dtang  dont  un  grand  nombre  etaient  languissants  et 
venaient  a  la  surface  de  I'eau.  lis  etaient  plus  ou  moins  reconverts  d'un  duvet 
d'un  blanc  grisatre.  Ceux  dont  ce  duvet  avait  envahi  une  grande  partie  du  corps 
ne  tardaient  pas  a  niourir ;  ceux,  au  contraire,  qui  n'en  presentaient  que  sur  un 
ou  plusieurs  points  assez  circonscrits  gueiissaient.  Le  duvet  tonibail,  et  la  partie 
qui  en  avait  ete  le  siege  restait  plus  blanche  ou  rosee. 

V.   —  BiBLIOGRAPHIE. 

SUR  l'OUVRAGE  de  M.  BARRAL,  INTITUL)^  :  STATIQUE  CHIMIQUE  DES  ANIMAUX,  APPLigUEE 
SP^CIALEMENT  A  LA  QUESTION  DE   l'eHPLOI  DU  SEL ;  par  M.  BrOWN-SeQUARD. 

Get  outrage  remarquable  n'est  pas  seulemcnt  I'exposr  de  lout  ce  qui  a  etc  fail 


83 
jusqu'ici  sur  I'utilile  ilu  sel  poui  I'liomme  el  les  animaux,  il  contient  en  outre 
un  grand  nombre  de  recherches  et  de  vues  nouvelles  propres  a  I'auteur,  sur 
Temploi  du  sel  el  sur  la  statique  chimique  des  animaux. 

11  nous  est  impossible  d'indiquer  ici  tout  ce  qu'il  y  a  d'imporlanl  dans  le  li- 
vre  de  M.  Bairal ;  nous  nous  bornerons  h  mentionner  quelques-uns  des  princi- 
paux  resultats  physiologiques  qui  y  sont  rapportes. 

Entre  autres  questions  dont  M.  Barral  a  cherche  la  solution,  celle  que  je  vais 
poser,  dans  les  termes  memes  que  ceux  dont  il  s'est  servi,  est  assurement  une 
des  plus  grandes : 

«  Connaissant  la  quoiiie  et  la  composition  elementaire  des  aliments  tanl  so- 
lides  que  liquides  ingeres  chaque  jour,  etablir  la  quotite  et  la  composition  ele- 
mentaire des  evacuations,  transpirations  et  excretions  diverses,  de  maniere  a 
pouvoir  poser  I'equation  des  gains  el  des  pertes  du  corps  humain.  » 

J.  Liebig  avail  essaye,  avant  M.  Barral,  de  resoudre  ce  probleme,  mais  il  a  ne- 
glige d'analyser  tons  les  aliments,  de  sorte  que  ses  resultats  sont  loin  d'avoir  la 
valeur  de  ceux  du  chimiste  de  Paris,  qui  n'a  rien  neglige. 

Le  precede  employe  par  ce  dernier  a  consiste  k  analyser  tout  ce  qui  6tait  ing^re 
(aliments  et  boissons)  et  tout  ce  qui  etait  rendu  (malieres  fecales,  urine,  etc.), 
par  une  meme  personnc,  dans  un  temps  donne. 

L'experience  a  ete  faite  cinq  fois  :  deux  fois  sur  M.  Barral  lui-meme,  et  une 
fois  sur  un  enfant,  sur  un  vieillard  el  sur  une  femme.  Chaque  fois  l'experience  a 
dure  cinq  jours. 

On  comprendra  aisement,  sans  doute,  combien  ont  dii  elre  nombreuses  et  pe- 
nibles  les  analyses  que  I'auteur  a  executees.  Mais  son  labour  lui  sera  paye,  car, 
ainsi  queTadilM.  deGasparin  :  «cet  immense  Iravnil  analylique  ne  pent  maii- 
qucr  d'attircr  la  serieuse  attention  des  physiologistes  et  de  faire  lionneur  k  son 
auteur.  » 

On  sail  que  jusqu'ici,  pour  arriver  a  connailre  la  quanlite  de  carhone  qu'un 
homme  rend  dans  un  temps  donne  par  la  respiration,  on  a  analyse  et  dose  dirti- 
lement  I'air  expire.  M.  Barral  a  reconuu,  par  un  procede  tout  a  fait  difterent, 
rexactilude  des  resullals  rapportes  a  cet  egard,  et  particulierement  ceux  de 
MM.  Andral  et  Gavarret.  Ayant  trouvc  quelle  est  la  quanlite  de  carbone  qui  en- 
tre dans  Ic  corps  d'un  individu,  dans  un  temps  donne,  el  quelle  est  la  quantile 
qui  en  sort  par  les  evacuations,  excepte  les  transpirations,  il  trouve  aisement  par 
le  calcul,  quelle  est  la  quanlite  qui  sort  par  la  respiration.  Ainsi,  par  exemple, 
LU  un  jour,  dans  une  experience,  il  est  entre  066  grammes  de  c.nbonc,  les  di- 
verses evacuations  en  ont  contenu  30  grammes.  En  relranchant  ce  dernier  chillVe 
du  precedent,  on  a  le  chifTre  du  carbone  rendu  par  la  respiration,  c'est-4-dire 
;336  grammes. 

M.  Barral  a  trouve  une  grande  difference  entre  I'hiver  et  I'ete,  sous  le  rapport 
de  la  quantile  du  carbone  rendu.  En  hivcr,  il  y  en  a  eu  336^,7  ;  cnele,  ?42»,3. 


Dans  an  jour,  M.  Vierorrll  a  obtenu  des  resultaU  analogues  par  des  analyses  di- 
recles. 

La  plupai  t  des  physiologistes  admettent  qu'il  y  a  dans  I'air  expire  un  peu  plus 
d'azote  que  dans  lair  inspire.  Par  son  procede  de  recherche,  M.  Barral  arrive  au 
memc  resultat. 

Des  fails  pleins  d'interet  sont  rapportes  par  M.  Barral  a  I'egard  de  la  chaleur 
animale.  Ainsi  il  a  Irouve  qu'en  hiver,  durant  vingl-quatre  heures,  11  produisalt 
;5  136,720  calories,  tandis  qu'en  ele  il  n'en  produisait  que  2,312,000.  Dans  le 
premier  cas,  pour  un  kilogramme  de  son  corps,  il  produisait,  en  vingt-quatre 
heures,  66,036  calories,  etseulement  48,673  dans  le  second. 

La  quantite  de  chaleur  degagee  par  un  enfant  de  6  ans  a  ele  bien  plus  grande 
que  celle  produite  par  des  adultes  :  elle  a  ete  de  81,597  calories  en  vingt-quatre 
heures,  pour  l  kilogr.  du  corps.  II  est  vrai  que  I'experience  a  ete  faite  en  hiver. 

En  dernier  lieu,  nous  dirons  que  M.  Barral  donne,  comme  equation  generale 
de  lastatique  chimiquedu  corps  humain,  les  quantites  suivantes  : 

ENTREE.  =    100  =  SOBTIE. 

etliqnldes  oiygcne  persplral.  carbgnlque.      K'acualions.  pg„„ 

74,4  2,S,6  34,8  30,2  34,5  0,5 


UE 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BTOLOGIE 


PENDANT    LE    MOIS    DE    JUILLET  1851  ; 


M.  le  Doctear  BROW!^-SEQUARD ,  secrOlaire. 


Presidence  de  M.  RAYER. 


I.  —  Physiologie. 


SUR   L  INFLUENCE  DE  LA   SECTION    DES   NEUFS   PNEUMOC.ASTRIQUES   SL'R    LA    DURICE 
DE   LA  CIILOUOFORMISATION;    par  M.    MOYSE. 

L'anesthesie  produitc  par  le  chloroformc  pent  clrc  refardcc  dans  un  certain 
nombrc  de  cas.  La  section  des  pneumogastriques,  par  cxemple,  clicz  ies  mammi- 
ffires  et  les  oiseaux,  a  constamment  ralenti  I'.iflinn  du  chloroforme. 

Void  Ies  resultats  coniparatifs  obtcnus  siir  dcs  auimaux  du  memc  age,  I'un  A 
I'ctat  normal,  I'autre  sanspneiimogastriques. 


86 

Alammi fires.  —  Lc  chien  normal  a  i't(i  Llilorolorniise  au  Lout  Je  lioia 
minutes. 

L'autre  apr^s  douze  minutes. 

Le  lapin  normal  chIorofonnis6,  douze  minutes ;  vingt-deux  minutes  api6s, 
l'autre  avait  toute  sa  sensibility. 

Cochon  d'Inde  chloroformise,  douze  minutes ;  vingt-deux  minutes  apriis,  l'au- 
tre ne  I'etait  pas  encore. 

Oiseaux.  —  Pigeon  normal,  deux  minutes  trente  sccondes. 

L'autre,  huit  minutes. 

Moineau  normal,  cinqnanle-cinq  secondes. 

L'autre,  deux  minutes  trente  secondes. 

Je  n'aurais  pas  entretenu  la  Societe  de  ccs  experiences,  si  cites  n'empruntaicnt 
une  valeur  relative  aux  phenomenes  que  m'ont  presentes  lesgrenouilles. 

Chez ces  reptiles,  la  section  des  pneumogastriques  accel6rc  la  respiration,  el 
alors  la  chloroformisation  est  beaucoup  plus  rapide.  La  respiration  normale  chez 
I'un  est  de  48 ;  apr6s  la  section,  88.  Chez  un  autre,  60 ;  apr6s  la  section,  110.  Chez 
un  troisi6me,  CO;  aprte,  116. 

J'avais  d'abord  place  deux  grenouilles,l'une  saine, l'autre  oper6e,sous  la  meme 
cloche.  L'absorption  par  la  peau,aussi  rapide  chez  tous  deux,  n'a  pas  montre  de 
difference  sensible  dans  I'anesthesie.  Au  bout  de  deux  minutes  trente  secondes, 
elles  etaient  chloroformisees  toutes  deux.  Je  les  ai  mises  alors  dans  un  appareil 
qui  ne  perraettait  que  la  respiration  et  a  I'abri  de  toute  absorption. 

La  grenouille  operee  a  etd  chloroformisee  au  bout  de  dix-sept  minutes ;  l'autre, 
vingt-scpt  minutes  apres. 

De  ces  experiences,  je  crois  pouvoir  conclure  que  I'anesthesie  suit  I'accelera- 
tion  des  mouvements  respiratoires.  La  quantite  d'air  absorb6e,  et  par  consequent 
de  chloroformc,  est  moindre  quand  les  mouvements  sont  ralentis.  La  grenouille 
surtout  vient  i  I'appui  de  ce  que  j'avance,  puisque  chez  clle  I'acceleration  des 
mouvemeuls  du  poumon  coincide  avec  la  rapidite  plus  grande  de  I'aneslhesie. 

IL — Anatomie  normale. 

RECHERCHES  SUR  LES  NERFS  DE  l'UT^RUS;  par  M.  BOULAKD. 

M.  Boulard  a  lu  ^  la  Societe  un  memoire  qu'il  rdsume  lui-raeme  en  ces 
termes  : 

«  Les  resultats  de  nos  dissections  se  sont  constamment  trouv(^s  en  opposition 
avec  ceux  de  Robert  Lee,  et  en  lisant  pour  la  premiere  fois,  aprfis  avoir  termine 
nos  rccherches,  la  description  de  cet  anatomiste,  en  voyant  les  planches  qu'il  a 
publiees,  puis  en  etudiant  de  meme  le  memoire  de  Snow  Beck  (Transactions 
FHiLosoPHiQUEs,  I8»(j),  nous  avons  Ot6  vivement  Irappe  de  uuus  Irouver  comple- 
lement  d'accord  avec  ce  dernier. 


8? 

-  Nous  no  pOQvons  done  que  ropeter  avcc  lui : 

»  l^Les  neifs  de  Tuttiius  viennent  du  plexus  hypogaslriqucdes  deruieres paives 
sacrees,  du  plexus  mcsenterique  inferieur,  sans  qu'il  soil  possible  en  aucune  fa- 
^on  de  dLstinguer,  au  milieu  du  reseau  inextricable  que  constituent  les  nerfs 
emanes  de  cette  double  origine,  si  ceux qui  se  rcndent  k  I'uteius  sont  fournis  par 
I'un  des  deux  systfimes  de  la  vie  animale  ou  de  la  vie  de  relation,  plutot  que  par 
I'autre.  Cependant  nous  avons  constamment  trouve  du  cote  droit  un  nerf  assez 
volumineux  (relativementparlant),quisedetacliaitdirectement  du  plexus  lombo- 
aorliqne,  traversait  le  ligament  large  pour  se  distribuer  h  I'utcrus,  aux  trompes, 
au  ligament  rond,  ct  envoyer  quelques  filets  k  I'ovaire.  Ce  nerf  s'anastomosait 
sur  les  cotes  de  I'uterus  avec  une  ou  deux  branches  emanees  directement  du 
plexus  ou  ganglion  liypogastrique.  Notons,  en  passant,  que  telle  est  la  tcnuite 
de  ces  filets,  notamment  de  ceux  qui  se  rendent  k  la  trompe  et  k  I'ovaire,  et  qui 
14  vont  peut-etre  s'anastomoser  avec  ceux  beaucoup  plus  nombreux  qui,  emanes 
des  plexus  aortiqueet  renaux,  vont  constituer  les  plexus  ovariques;  que  si  Ton  veut 
les  suivre  et  les  isoler  completement  jusqu'i  I'organe  auquel  ils  se  rendcit,  on 
les  casseinfaillitlement.  On  les  voit  beaucoup  inieux  par  transparence  sous  I'eau 
sur  une  piece  qui  n'a  pas  beaucoup  macere,  en  tiraillant  leg6rement  le  tronc  qui 
les  fournit.  Nous  avons  egaiement  une  fois  trouve  un  filet  emane  du  nerf  in- 
guino-cutane  qui  se  rendait  au  ligament  rond,  le  penetrait  au  niveau  dc  I'orifice 
externe  du  canal  inguinal,  I'accompagnait  jusqu'4  I'uterus  el  se  ramifiait  dans  son 
epaisseur.  Nous  n'avons  pu  le  suivre  dans  I'epaisseur  de  I'uterus ;  car  au  niveau 
de  cet  organe,  existaient  une  assez  grande  quantited'un  tissu  fibreux  tr6s-densc  el 
des  adherences  anormales. 

»  2"  Les  nerfs  utcrins  sont  en  trfis-pelit  nombre. 

»  3°  Ils  sont  Ires-fins. 

»  40  lis  n'augmentent  pas  de  volume  pendant  la  grossesse,  si  bien  que  nous 
no  pouvons  que  rcpeter  ce  que  nous  disail  M.  le  professeur  Cruveilliier,  qui  pen- 
dant quelques  instants  avail  ete  temoin  de  nos  recherches:  C'est  se  creer  une 
difilculte  de  plus  que  dechcrcher  les  nerfs  de  I'uterus  sur  cet  organe  prealable- 
iiienl  developpe  par  le  travail  de  la  grossesse.  Ce  qui  nous  a  suggcre  I'idee  de 
preparer  ccs  nerfs  comparativement  sur  I'uterus  d'un  enfant  de  12  ans  environ, 
vX  sur  celui  d'une  femme  niortn  au  moment  du  travail  de  raccouchcment,  ct  nous 
avons  vu  que  les  principales  modifications  portaient,  non  pas  tant  sur  le  volume 
des  nerfs,  qui  est  k  peine  difTerent,  que  sur  Tetat  du  plexus.  Chez  Tcnfant,  les 
elements  de  ce  plexus,  rapproches,  serres  les  uns  centre  les  autrrs,  semblcnt 
constituer  une  veritable  membrane  ncrveuse;  de  Ik  partent  des  nerfs  trfis-greles 
qui  se  rendent  k  I'uterus  et  aux  ligaments  larges  pour  gagncr  les  trompes,  les 
ovaircs  ft  les  ligaments  ronds,  el  y  distribuer  des  filets  lout  a  fail  capillaires. 

Clicz  la  femme  dont  I'uterus  est  developpe,  le  plexus,  ainsi  que  I'observe  Beck, 
fsl  rcmonW ;  les  elements  en  sent  ecartcs  et  constituent  des  mailles  plus  ou 
Ynoins  larges,  et  quant  aux  nerfs  qui  on  parliMil,  ils  nc  dillV'rent  que  par  une  pin'? 


88 
giande  longueur,  coincidanl  avcc  une  tcnuilc  plus  gvandc,  si  on  Ics  compare  k 
ceux  qui  se  rencontrcnt  sur  Tuterus  normal  d'unc  fcmmc  adultc. 

11  5°  Ces  nerfs  cmanent,  outre  celui  ilont  j'ai  indique  I'origme,  du  plexus  ou 
ganglion  hypogastHque,  ainsi  que  de  I'anneau  ou  ganglion  nerveux  qui  cnloure 
I'urctiire  a  son  entree  dans  lavessie.lls  gagnent  les  parties  laterales  do  I'utcrus, 
et  1^  suivent  en  partie  la  distribution  dcs  artercs.  En  tout  cas,  ils  sont  constam- 
ment  accompagnes  par  une  arteriole  tr6s-petite.Quelques-uns,  trte-iins,  gagnent 
les  faces  anterieure  et  posterieure,  ainsi  que  le  fond  de  I'utcrus. 

»  6°  Quant  au  col,  imitant  la  sage  reserve  de  M.  Longet,  nous  ne  nous  permet- 
trons  pas  de  trancher  absolument  la  question,  en  raison  de  la  difflcultc  de  cettc 
dissection ;  cependant  nous  croyons  ctre  arrive  a  nous  convaincre  que  le  col 
utcrin  (portion  sous-vaginale)  n'est  pas  completeracnt  prive  de  nerfs,  et  qu'il  est, 
sous  ce  rapport,  dans  le  mcrae  etat  que  le  reste  de  I'organe.  Nous  croyons  du 
moins  avoir  pu  suivre  un  filet  qui  se  ramiflait  manifestement  dans  la  levre  ante- 
rieure du  museau  de  tanchc. 

1)  1°  Jamais  nous  n'avons  trouve  de  ganglions  ni  de  plexus  ulerin;  il  sufllt,  du 
reste,  de  jeter  les  yeux  sur  les  parois  d'un  uterus  dcveloppc,  aprcs  avoir  preala- 
Llement  decolle  le  peritoine,  pour  reconnaitre  combien  I'erreur  est  aisee  et 
combien  facilement  on  peut  representer  comme  nerfs  et  ganglions  des  fibres  mus- 
culaires,  des  veinules,  des  vaisseaux  lymphatiques,  etc.,  surtout  aprcs  une  im- 
mersion un  peu  prolongee. 

»  Nous  croyons  devoir  nous  borner  a  I'enonce  de  ces  quelques  propositions, 
sans  entrer  dans  des  details  plus  etendus  soil  sur  I'liistorique  de  la  question,  soil 
sur  les  dispositions  particulieres  que  nous  avons  pu  rcmarquer  dans  la  distri- 
bution des  divers  plexus,  solaire,  aortique,  renaux,  etc.,  laissant  ainsi  de  cote  ce 
qui  peut  ctre  considere  comme  generalement  connu,  nous  reservant  de  donner 
plus  tard  un  peu  plus  d'extension  i  ces  recherches  et  d'en  tircr  quelques  deduc- 
tions physiologiques  et  patliologiques.  » 

III.  —  Pathologie- 

1°  OBSERVATION  D'aCCIDENTS  DIVEHS  PABAISSANT  PUODUITS  PAR  DES  VERS  ; 

par  M.  Henry  Roger. 

Mademoiselle  X.,  cuisiniere,  agee  de  28  ans,  non  mariee,  d'une  forte  con- 
stitution et  d'une  bonne  same ;  Alsacienne,  a  Paris  depuis  cinq  mois  seu- 
lement. 

Cette  femme  ne  se  rappelle  point  avoir  eu  aucune  alTeclion  qui  puissc  ctre 
rapporltie  aux  accidents  derniers ;  jamais  elle  n'a  rendu  de  vers,  jamais  clle  n'a 
rien  aper^u  dans  ses  garde-robes  qui  lui  parut  exiraordinaire.  Depuis  quatrc 
mois  elle  est  sujette  a  des  coli(]ues  generalement  intonses  ;  il  y  a  un  mois,  ces 
roliques  devinrent  encore  plus  fortes ;  les  crises  de  douleur  elaienl  parfois  sui- 
"ies  d'une  espece  de  syncope ,  apyreliqucs,  sans  rnpporl  avcc  les  repas  ou 


89 
ilioure  de  I'ingeslion  des  alimeiUs,  en  appareucc  loui  a  fait  nerveuses,  dies 
siegeaienl  surloul  vers  la  fosse  iliaque  gauche,  et  elles  elaienl,  dans  ces  der- 
siiers  leraps,  acconipagnees  d'6preinles  el  d'envies  d'aller  a  la  garde-robe  extre- 
mement  frequenles  et  sans  r<5sulial ;  il  y  avail  piutol  de  la  constipation,  J'ajou- 
lerai  que,  dans  quelques-unes  des  crises,  il  lui  serablail  que  quelque  chose  la 
tiraillaii  dans  le  venire. 

J'essayai,  sans  succes,  d'6tablir  le  diagnostic  exact  de  ces  coliques ;  j'6loi- 
gnai,  apres  examen  des  coliques  et  des  selles,  I'idee  d'une  colique  nephretique 
ou  hepalique;  le  toucher  ne  me  donna  6galemenl  que  des  rfisultats  n^gatifs 
au  point  de  vue  d'une  colique  dependant  de  contractions  ut^riaes  (la  menstrua- 
tion elait  d'ailieurs  reguliere). 

Apres  avoir  vu  echouer  les  bains,  les  antispasmodiques  et  les  narcotiques,  je 
pensai  qu'il  pouvait  y  avoir  un  tania,  et  je  donnai,  provisoirement,  de  I'huile 
de  ricin  et  ensuite  du  calomel ;  aucune  portion  de  loenia  ne  fut  reconnue  dans 
les  selles.  Seuienient  la  malade  6vacua  cinq  ou  six  ascarides  lombricoides  en 
paquet,  enroules  dans  du  mucus. 

Les  accidents  se  calmerent  momentanement,  mais  bienlot  les  douleurs  revin- 
renl  avec  une  acuite  excessive.  Je  me  contenlai  de  prescrire  des  lavements,  deux 
par  jour  successivement,  I'un  de  decode  de  guiniauve  tres-fort,  puis  aussilot 
apres  qu'il  serait  rendu,  un  lavement  opiace,  en  recommandanl  de  nouveau 
d'examiner  avec  altenlion  les  selles,  ce  que  la  malade  faisait  depuis  une  quin- 
zaine. 

Le  5  de  ce  mois,  apres  le  premier  lavement,  la  malade  apercul  au  fond  du 
vase  de  nuit,  mele  a  la  bouillie  fecale  (il  n'y  avail  pas  d'urine)  un  pelolon  de 
matiere  glaireuse  blanchatre,  dans  laquelle  elaienl  pour  ainsi  dire  emprisonnes 
une  vingtaine  de  petits  vers,  et  en  outre,  au  moins  autant  de  ces  vers  nageaient 
dans  le  depot  liquide.  Retires  du  vase,  ces  corps  paraissaienl  evidemment  ani- 
mes  et  ils  se  mouvaient.  Elle  en  recueillit  quelques-uns,  la  nioilie  environ,  et 
me  les  apporla  le  jour  meme  (ils  avaient  ete  rendus  le  matin) ;  quand  je  les  d6- 
lachai  du  lambeau  en  apparence  muqueux ,  pseudo-membraneux ,  auqucl  ils 
elaienl  adherents,  je  ne  les  Irouvai  plus  aninies  de  raouvemenls. 

A  pariir  de  ce  moment,  les  coliques  de  la  malade  ont  cesse  comme  par  en- 
chantement.  Aujourd'hui,  12  juillet,  je  I'ai  revue,  et  elle  m'a  confirme  sa  gue- 
rison  complete. 

■2°  BIIL'MATISME  ARTIGULAIRE  AIGU  ;  PHENOMfcNES  COMATEUX  ;  HEJirPL^CIE  ;  INFII-TltA- 
TION  d'une  SUBSTANCE  PLASTIQUE  CONCnitTE,  COMENANT  DES  GLOBULES  PYOIDE? 
DANS  PLUSIEURS  VISCiiRES  ,  ET  EN  PAUTICIILIER  DANS  LE  CERVEAU  ET  LA  RATE, 
LESIONS  DYSSENTISrIQUES  DE  LA  MUQUEUSE  DE  l'iNTESTIN  GliCl.E  ET  DU   COLON  ;   pal 

M.  Chaiicot. 

Un  honimc  vigourcux,  ago  dc  ?9  ans,  Journalicr,  pnlic,  le  ?i  mai,  a  I'liopilal 
!i'  la  Chaiile  pour  y   ctie  (raitc  d'un  iluimntismc  aitiiulaiif  sub  aiuii,  dntan* 


90 
d'une  huitaine  de  jours,  et  occupant  la  plupar  des  ailiculalions,  pavliculicrc- 
ment  I'epaule  gauche.  Le  malade  a  etc  dcji  tiaitc  pour  la  meme  all'ection  A  plu- 
sieiirs  reprises;  mais  il  a  joui,  dans  les  intervalles  des  attaques,  d'une  bonne 
sante  et  n'a  pas  ete  sujet  i  des  palpitations  ou  h  quelque  autre  phenomine  indi- 
quant  la  persistance  d'une  lesion  cardiaque.  Pendant  les  dix  ou  douze  premiers 
jours  deson  sejour  k  I'hopital,  rien  de  remarquable,  si  ce  n'est  que  le  malade  est 
profondement  aiieraique  et  qn'il  presente  peu  de  reaction  febrile.  L'anscultation 
du  cceur  demontre  I'existence  d"une  lesion  valvulaire.  Le  traitement  employe 
pendant  cette  periode  de  la  maladie  a  consiste  en  I'administration  chaque  jour 
de  deux  pilules  contenant  chacune  5  centigrammes  d'extrait  Ihebaique.  L'e- 
paule  gauche  paraissant  surtout  douloureuse,  on  y  applique  un  large  ve- 
sicatoire. 

Aucun  amendement  n'avait  encore  et6  obtenu  sous  I'influence  de  ce  traite- 
ment, lorsque  peu  5  peu  surviennent  du  subdelirium  prononcc,  surtout  la  nuit, 
un  mouvement  febrile  plus  intense  que  de  coutume  et  un  peu  do  diarrhiie.  L'exa- 
men  des  divers  organes  fait  reconnaitre  au  niveau  du  lobe  inferieur  du  poumon 
gauche  I'existence  d'un  soulllc  bronchi(|ue  tr6s-manileste,  melange  de  quelques 
rSles  sous-crepitants  fins.  Cependant  la  matite,  dans  ces  memes  points,  n'est  pas 
tres-prononcee.  Peu  de  toux ,  pas  d' exasperation ,  pas  de  point  de  cote.  A 
peine  quelques  rales  sous-crepitants  dans  les  autres  parties  de  I'organe  pul- 
monaire. 

Ces  plicnomfines  locaux,  coincidant  avec  une  exacerbation  dc  la  tlcivre,  font 
songer  i  une  pneumonie,  et  une  saignee  generals  de  8  onces  est  prescrite.  Cette 
saignee  n'est  suivie  d'aucane  modification  dans  I'etat  du  malade;  nolons,  en 
passant,  que  le  sang  en  est  un  peu  plastique,  et  que  le  caillot  est  recouvert  d'une 
pellicule  couenneuse  tris-mince.  Le  lendemain  de  la  saignee,  un  large  vesica- 
toireest  applique  sur  le  cote  malade,  et  en  meme  temps  on  prescrit  une  potion 
contenant  0,10  centigrammes  de  tartre  stibie.  Nul  amendement  n'est  remarque 
les  jours  suivants,  pendant  lesquels,  au  contraire,  I'adynamie  et  le  subdelirium 
scmblent  augmenter  graduellement;  cependant  on  continue  I'emploi  du  tartre 
stibie  h  la  meme  dose. 

Le  5  juin,  a  la  visile  du  matin,  on  remarque  quo  le  malade  ne  pent  plus  mou- 
voir  la  jambe  gauche  ni  le  bras  du  meme  cole  ;  en  mcmetemps  la  commissure 
des  Icvres  semble  un  peu  device  en  haut  el  a  droilc.  Quand  on  pince  le  malade 
de  ce  cole,  il  n'eprouve  rien,  tandis  que,  si  on  le  pince  avec  une  force  cgaledu 
cote  oppose,  il  donne  des  signes  de  douleur.  Chaque  jour  dcpuis  lors  jusqu'.i 
i'epoque  de  la  mort,  les  nicmes  phenomisnes  out  pu  clre  constates,  el  jamais  on 
n'a  remarque  ni  convulsions  cloniqucs  ni  contractures  dans  les  membres  para- 
lyses. Toulclbis,  i  plusieurs  reprises,  le  malade  a  accuse  une  douleur  asscz  in- 
tense et  sponlanec  tout  le  long  du  inembrc  inferieur  gauciie,  paralyse  du  senti- 
ment et  du  mouvement. 

Pondnnt  crtir  p''rin(|p  i\r  \n  mabirtir,  I'adynamie  va  i-i(ii?8anl;  Ic  (•ont.'i  sr  pro- 


91 

nonce  de  plus  en  plus;  en  memc,  temps  la  diarriiee  augmcnie  a  Icl  point  qu'ou 
est  force  de  cesser  I'usage  du  calomel ,  qu'on  avail  administre  k  la  dose  de 
1  gramme  k  I'epoque  oh  Ton  avail  remarqud  Texistence  de  I'hcmipk'gie. 

Le  12  juin,  on  remarque  que  les  sclles,  dcvenues  tres-frequentes  ct  involon- 
taires,  lachenl  les  draps  du  lit  en  vert  roux;  il  sembie  que  ces  selles  soient  prcs- 
que  exclusivement  composees  de  muco-pus  et  de  glaires  striees  de  sang. 

Le  14  juin,  le  malade  est  pris  d'un  delire  bruyant;  il  se  plaint  beaucoup  de 
douleurs  spontanees  dans  les  membres  paralyses.  En  meme  temps  la  face  est 
devenue  profondcment  terreuse ;  la  langue  s'est  sechee,  et  des  rales  laryngo-tva- 
cheaux  se  font  entendre  k  distance.  Le  malade  de  temps  k  autre  cxpectore  des 
crachats  d'aspect  presque  purulent. 

Je  noterai  qu'on  n'a  jamais  remarque  qu'il  y  eutdes  frissons,  bien  qu'on  y  ait 
pris  garde. 

La  mort  a  eu  lieu  le  15  juin. 

A  l'autopsie,  faite  vingt-quatre  heures  apres  la  mort,  on  Irouve  : 

1°  Une  absence  complete  de  roideur  cadaverique. 

2"  Cerveau.  —  A  la  face  inferieure  du  lobe  cerebral  droll,  dans  le  tissu  cellu- 
laire  sous-arachnoldienqui  recouvre  lasclssure  de  Sylvius,  on  trouve  une  sorte 
de  fausse  membrane  verdatre  qui  enveloppe  de  toutes  parts  les  ramifications 
des  arteres  cerebrales  correspondantes.  Apr6s  avoir  enleve  cette  production,  on 
trouve  le  tissu  cerebral  qui  avoisine  les  couches  optiquesetle  corps  slrie,  ramolli 
et  d'une  teinte  manifestement  verdatre.  Le  ramollissementa  atteint  la  parol  px- 
terne  du  ventricule  cerebral  lui-meme ;  mais,  chose  remarquable,  la  couche 
optique  et  le  corps  slrie  sonl  restes  sains  au  milieu  de  rallL-raticn  des  parties  voi- 
sines,  ce  qu'on  pent  aisemenl  constater  par  une  serie  de  coupes  faites  a  diverscs 
hauteurs. 

Les  meninges  en  general  etaient  epaissies,  rouges,  injectees;  on  y  voyait  par 
places  des  macules  blancbatres;  mais  en  les  enlevant,  on  n'entrainail  pas  avec 
elles  la  substance  cerebrale. 

•3<>  Thorax.  —  Le  coeur  est  un  pen  hypertrophie.  On  trouve  les  valvules 
mitrales  et  tricuspides  epaisses ,  cartilagineuses ,  insuflisantes.  Les  valvules 
mitrales  en  parliculier  sont  ulcerees  a  leur  bord  libre,  qui  porte  des  vege- 
tations. 

Dans  la  parol  muscuiaire  anterieuredu  ventricule  droit,  au  volsinage  du  sil- 
lon  auriculo-venlriculaire,  on  trouve  un  point  tndi/r^,  jauiie  verdatre,  sans 
ramollissement  au  centre ,  analogue  en  tout  aux  productions  que  nous  rencon- 
trerons  dans  d'autres  visceres.  11  sembie  qu'il  y  all  ]k  inliltralion  plastique  dans 
la  trame  meme  du  muscle.  Rien  k  noter  dans  le  pericarde. 

Les  poumons,  palpes  et  percutes,  paraissenl  lout  i  fait  sains ;  seulement  ils 
sont  emphysemateux  dans  toule  leur  etendue  (emphysemo  v^siculairn  ullime). 
Par  les  surfaces  des  sections  pratiquees  dans  le  parenchyme,  il  s'ecoule  des  bron- 
ches  de  tout  calibre  une  grande  quantite  de  muco-pus  ti6s-ppais,  trt^s-coliLTent. 


92 

d'uspcct  vruinient  puruienl.  L'nc  substance  analogue  el  tics-abondante  s'es( 
ecoulee  par  la  tiachee-arltie  loisqu'on  I'a  coupec  pour  enlever  les  pouiuons, 

Seule,  re\tn'niild  infciieure  du  lobe  iiiferieur  du  poutnon  uauclie  presenle  uii 
certain  deyre  de  splenisation  non  inflanimatoire.  Celte  portion  du  poumon  litail 
amincic  el  avail  ele  manifeste.nicnl  comprimee  par  la  rate,  re  dent  on  avail  pii 
s'assurer  lorsque  tons  les  organes  etaient  encore  en  position.  De  li  cvidemnient 
provenait  le  soullle  bronchique  ciui  a  etii  observe  t  une  certaine  epoque  de  la 
nialadic. 

S"  Abdomen.  —  Lc  fo'.e  a  son  volume  et  sa  coloration  normales;  on  le  divisc 
dans  tous  les  sens,  et  on  n'y  rencontre  rien  de  particulier. 

La  rate  a  un  volume  considerable,  et  elle  est  tres-epaisse ;  mais,  chose  k  noter, 
elle  depasse  a  peine  le  rebonl  des  fausses  cotes  gaudies.  Elle  s'est  developpee 
du  cote  du  diaphragme  qu'elle  a  refoule  en  haul,  en  mcme  temps  qu'elle  a  corn- 
prime  mediatement  le  poumon,  comme  nous  I'avons  deja  dit.  Kn  mcme  temps 
elle  s'est  recourbee  sur  elle-mcme,  sur  sa  face  interne.  II  est  a  noter  encore  que 
son  grand  axe  est  dirige  presque  verticalement  de  haul  en  bas.  Ses  diamfetres 
tiont;  celui  du  grand  axe,  23centim.;  du  petit  axe,  9;  de  I'epaiisseur,  5.  Get  or- 
gane  est  tres-pesanl,  renilent,  el  quand  on  I'incise  on  voit  qu'il  a  acquis  unc 
consistance  particuliere.  Le  tissu  en  est  friable  et  rappelletouti  fait  la  sensation 
qu'on  cprouve  quand  on  comprime  en  I'ecrasant  un  morceau  de  poumon  hepa- 
tise  au  douxitme,  mais  suitout  au  troisieme  degre. 

La  surface  de  section  est  generalement  d'nne  couleur  lie  de  vin,  marbree  do 
:;randes  taclies  dont  les  lines  sont  d'un  blanc  jaunatre,  lesautres  d'un  jaune  ver- 
tiatre,  d'auties  enfin  presque  vertes.  En  general,  ces  tachesont  des  contours  bien 
nets,  bien  arrctes,  et  trnnchent  vivement  sur  la  coloration  plus  t'onceedu  reste 
de  la  surface  de  section.  La  consislance  des  parties  de  couleur  lie  de  vin  et  celles 
(les  parties  jaunes  est  a  peu  pres  la  meme  ;  cepenJatit  ces  dernieres  sont  un  peu 
plus  molles  et  comme  ramoUies  au  centre;  mais  nulie  part  i I  n'y  a  de  vrais 
lovers.  Les  parties  violetles,  lesquelles,  soil  dit  en  passant,  devienncnt  d'un 
rouge  vif  au  contact  de  I'air,  ces  parties,  dis-je,  remporlent  un  peu  en  etendue 
sur  celles  qui  out  I'aspect  purulent. 

Je  lerminerai  en  disant  qu'en  raclant  la  surface  de  section  on  enlcve  une  sub- 
stance I'paisfc,  crcmcuse,  analogue  au  produit  plastique  et  purulent  de  rinflam- 
mation  du  poumon  au  troisieme  degre, 

6°  Reins.  Les  deux  reins  ont  k  la  coupe  leur  aspect  normal,  quant  a  la  texture 
et  a  la  coloration;  seulement  ils  contiennent  c},  et  \k,  surtoulau  voisinage  de  la 
capsule,  des  laches  jaunes  analogues  par  leur  aspect  et,  comme  nous  le  verrons, 
par  leur  composition  microscopique,  4  celles  que  nous  avons  rencontr^es  dans 
la  rate ;  mais  elles  sont  plus  dures,  k  peine  friables  et  entourees  d'une  sorte  d'au- 
reole  violacee.  Examinre  attentivemcnt,  au  niveau  des  laches  jaunatres,  la  sub- 
stance du  rein  parait  conscrvce,  cii  cc  sens  qu'on  y  observe  a  la  loupe  unc  fouic 
dcstries  indiquant  Ics  pyramidesdc  Forrein. 


93 

(j'  Les  inteslins  examines  a  I'exterieur  sont  parsemes  de  laclies  d'uii  bleu  noi- 
latre,  visibles  k  travers  le  peritoine,  analogues  par  leur  aspect  i  des  ecchymoses. 
De  ces  ta'ches,  les  unes  sont  ;^randes  comme  des  piiices  de  5  fr.,  les  autres  toules 
petites  comme  des  tetes  dYplngle.  Ces  taclies  sonl  repandues  egalement  sur 
I'intestin  grele  et  le  gros  intesliu ;  on  en  voit  une  ties-giandc  au  niveau  du 
grand  cul-de-sac  de  restomac. 

L'estomac  prcsente  4  sa  face  interne  une  sorte  d'eccliymose  d'un  noir  tr^s-fonce, 
qui  semble  situee  sous  la  muqueuse;  mais  la  muqueuse  elle-meme  est  ramol- 
lle  h  son  niveau. 

Injection  vive  et  pointill^e  dans  le  duodenum. 

Dans  les  regions  oii  les  valvules  conniventes  sont  tr6s-apparentes,  on  trouve 
un  developpement  de  quelques  follicules  isoles,  dont  le  contenu  est  blanc ;  et  qk 
et  ]h  on  voit  h  travers  la  muqueuse  quelques  taches  violacees.  Nulle  autre  alte- 
ration de  cette  membrane. 

Dans  I'ilcon,  les  plaques  de  Payer  sont  blanchatres,  mais  non  hypertrophiees. 
Quelques  follicules  clos  developpes ;  quelques  taches  noiratres  visibles  k  travers 
la  muqueuse  qui  n'eslpas  autremenl  altcree. 

Colon.  Dans  le  colon  ascendant,  teinte  rouceatre  de  la  muqueuse ;  beaucoup 
de  follicules  saillants,  mais  aucune  alteration  de  la  muqueuse.  Le  colon  trans- 
verse et  le  descendant,  bien  qu'ayant  une  teinte  pale,  oflrent  des  alterations  re- 
marquables  de  la  muqueuse.  Celle  ci  a  ete  enlevee  par  places  comme  par  I'em- 
porte-piece,  laissant  a  nu  la  tunique  celluleuse  ;  et  c'est  bien  la  muqueuse  qui 
a  disparu,  car  les  parties  qui  en  restent  sont  tr6s-reconnaissables  a  la  loupe  par 
ta-presence  des  follicules  liberkuhniens  qui  les  caracterisent  anatomiquemenl. 
C'est  surtout  au  niveau  du  rectum  que  cette  alteration  est  prononcce. 

Les  malieres  contenues  dans  ce  colon  sont  une  esp6ce  do  glaire  contenant  c^k 
etla  du  muco-pus  plus  ou  moins  strie  de  sang. 

7°  La  plupart  des  grandes  articulations  ont  ete  ouvertes  ;on  n'y  a  absolument 
rien  rencontre.  Les  luirines  et  la  bouchc  n'ont  rien  produit  non  plus  k  noler. 
Plusieurs  veines  prises  au  hasard  (veines  des  membresinferieurs  et  superieurs, 
veine  cave)  ont  etc  ouvertes  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  etendue;  elles 
ne  presentaient  pas  d'alteralion. 

8»  Les  depots  plastiques  que  nous  avons  notes  dans  plusieurs  visceres  rap- 
pellent  par  leur  aspect  ceux  qu'on  rencontre  dans  certaines  maladies  generales, 
et  en  particulier  dans  la  morve,  la  syphilis.  L'aureole  violacee  qui  les  environne 
dans  le  rein  est  analogue  a  celle  qu'on  rencontre  dans  les  veritables  abces  mul- 
tiples de  la  resorption  purulente.  Mais  est-ce  bien  k  du  pus  infiltre  dans  la  trame 
des  tissus  qu'on  avail  all'aire  dans  le  cas  qui  fait  le  sujet  de  cet  article?  C'est  cc 
que  I'examen  microscopique  seul  pouvait  decider.  Or,  au  microscope,  les  depots 
plastiques  du  rein  ct  de  la  rate  ont  paru  composes  d'une  matiere  amorphe  conte- 
nant une  foulc  do  granulations  elemenlaires,  et  de  globules  arrondis  composes  de 
beaui'oup  dc  granulations,  mais  n'ayant  pas  de  contours  bien  nets,  analogues  en 


9& 

tout  i  ceux  qu'on  a  dusignes  tlans  ces  demiers  temps  sous  le  nom  Je  globules 
pyoidcs.  II  n'y  avait  pas  de  veritables  globules  purulents. 

Ce  fait  nous  en  rappelle  un  autre  analogue  sous  beaucoup  de  rapports,  que 
nous  avoDS  observe  il  y  a  deux  ans  dans  le  service  de  M.  Behier  ^  I'hopital  de 
Bon-Secours. 

Une  vieille  chiffonniere,  agee  de  70  ans,  dans  un  etat  de  maigreur  extreme, 
presentantune  teinte  jaunatre  de  la  peau  trfis-prononcee,  n'offrait  de  remarquable 
h  I'examen  clinique  qu'unc  augmentation  de  volume,  enorme  il  est  vrai,  de  la 
rate  et  du  foie.  On  la  supposait  affectee  d'une  alteration  cancereuse  deces  deux 
organes.  EUe  etait  sourde ;  son  intelligence  paraissait  alteree ;  elle  ne  pouvait  en 
un  mot  donner  aucun  renseignement  sur  son  etat  anlerieur.  De  temps  h.  autre 
elle  avait  des  syncopes,  et  c'est  pendant  une  de  ces  syncopes  qu'elle  mourut. 

A  I'autopsie,  le  foie  parail  i  la  coupe  seme  d'une  vingtaine  de  points  noiratres 
non  enucleables,  gros  comme  des  noisettes.  Le  tissu  de  la  rate,  dur,  friable,  d'une 
teinte  rouge  sombre,  est  marbrede  grandes  taches  verdatres,  dontquelques-unes 
paraissent  contenir  a  leur  centre  du  pus  rassemble  en  foyer.  Quelques  ganglions 
mesenteriques  sont  developpes  et  11  en  est  qui  contiennent  au  centre  des  depots 
analogues  k  ceux  qui  avaient  ete  rencontres  dans  la  rate  et  dans  le  foie.  La  veine 
porte  et  les  branches  principales,  la  veine  cave,  ne  contenaient  pas  de  pus.  L'exa- 
men  microscopique  des  depots  du  foie  y  a  demontrc  I'existence  de  globules  ana- 
logues k  ceux  du  pus  par  quelques-uns  de  leurs  caracteres,  mais  en  difTerant 
sous  beaucoup  d'autres  (pyoides?). 

Ces  deux  cas  nous  paraissent  appartenir  h  un  meme  groupe  pathologique.  La 
mulliplicite  des  depots  plastiques  dans  plusieurs  visc6res,  le  foie,  la  rate,  les 
reins,  rappellent  ce  qu'on  volt  dans  la  morve,  I'infection  purulente,  etc. 

Mais  dans  les  cas  qui  nous  occupent,  ce  n'est  pas  du  pus  veritable  qui  consti- 
tuait  la  matiere  des  depots  observes  dans  les  visceres,  mais  bien  un  produit  tout 
particulier  que  nous  designerons,  faute  de  mieux,  sous  le  nom  de  substance 
plastique  concrete,  contcnant  des  globules  pyoides. 

Nous  avons  pense  que  nos  observations,  tout  incompletes  qu'elles  sont,  pour- 
raient  acquerir  une  certaine  utilite,  si  d'autres  cas  analogues  venaicnt  'i  se  pre- 
senter par  la  suite,  et  Ics  rendraient  pour  ainsi  dire  moinsinattendues. 

IV.  —  Anatomie  pathologique. 

SDH  UNE  TLMEUR  CABTILAGINEUSE  DE   LA   BASE   DU   CRANE    (  ENCBONDROME  ); 

par  M.  LuDOvic  Hirsciifeld. 

J'ai  montre  recemment  k  la  Society  une  tunieur  cartilagineusc  qui  avail 
son  siege  k  la  base  du  cr^ne.  Ayant  fait  depuis  quelques  recherchesi  ce  sujet, 
je  me  propose  aujourd'hui  de  completer  cette  communication. 

Je  rappellerai  quele  sujet  sur  lequel  j'ai  trouvd  la  tumeur  6tait  du  sexe  fcmi- 


95 
nin,  cl  paraissailagii  dc  30  a  35  ans.  11  m'esl  impossible  de  founiir  sur  lui  aucun 
renscignement  anleeedent,  car  il  etait  destine  aux  dissections. 

La  lumeur  (lue  j'ai  tiouvee  etait  d'une  couleur  grisatre,  de  I'aspect  et  du 
volume d'une  giosse  framboise  ;  elle  etait  placee  dans  ia  gouttidre  caverneuse  du 
cole  droit,  ets'etendait  depuis  i'apopliyse  clinoide  posterieure  jusqu'i  la  depres- 
sion du  sommet  du  rocher,  en  dedans  du  ganglion  de  Gasser.  Elle  adherait  in- 
tiinemeniila  gouttiere  basilaire  par  des  prolongements  flbreux,  penetrant  dans 
I'interieur  du  diploe  de  la  lame  carree  du  splenoide,  diploe  mis  a  nu  par  la  des- 
truction de  la  table  du  tissu  compacte.  La  dure-m6re  qui  la  recouvrait  etait  re- 
toulee  en  dehors  et  en  haul.  J'oubliais  dedire  qu'une  membrane  celluleuse  Irfes- 
deliee,  servant  d'enveloppe  ii  la  tumeur,  la  separait  de  la  dure-mere. 

Sur  la  piece  que  j'ai  presentee,  on  a  pu  voir  quels  ont  ete  les  effets  de  la  com- 
pression sur  les  organes  voisins  :  ainsi  le  ganglion  de  Gasser  etait  elargi,  repousse 
en  dehors,  un  pen  ramolli,  plus  blancqu'a  I'ordinaire;  les  nerfs  moteur  oculaire 
comniun  et  pathetique  avaient  eprouve  les  mcmes  alterations.  On  a  constate 
I'aplatissement  de  I'art^re  carotide  inlerne  et  la  diminution  de  son  calibre.  Le 
sinus  caverneux  et  le  sinus  ophthalmique  elaient  pour  ainsi  dire  elfaces.  Conlre 
mes  previsions,  j'ai  trouve  le  globe  de  I'cjcil.ses  muscles  et  Tartere  ophthalmique 
tout  k  fait  k  I'etat  normal. 

Les  parties  du  cerveau  correspondantcs  a  la  tumeur,  c'est-i-dire  une  portion 
de  la  protuberance  annulaire  etdu  lobe  nioyen,  offraient  une  depression  assez 
forte,  se  moulant  exactement  sur  la  saiUie  cartilagineuse. 

L'aspect  exterieur  de  cette  derniere  ne  pouvait  pas  donner  d'indications  cer- 
taines  pour  le  diagnostic;  aussi  I'a-t-on  prise  successivement  pour  une  tumeur 
syphililique,  fibro-plastique,  fongueuse,  enOn  pour  une  exostosc  cartilagineuse 
ou  enchondrome.  Le  microscope  a  prouve  cette  derniere  assertion.  En  ellct,  une 
tranche  fraiche,  mise  sous  le  microscope,  nuus  a  montre,  k  mon  honorable  col- 
l(iguc  M.  le  docteur  Robin  ct  k  moi,  la  tramc  homogene  par  place,  libroide  dans 
d'autres  points,  des  corpuscules  caracterisliques  du  cartilage,  c'est-a-dire  des  ca- 
vites  creusees  dans  la  trame  et  contenant  chacune  une  ou  plusieurs  cellules  ayant 
loules  un  noyau  spherique.  Nous  n'y  avons  pas  decouvert  de  vaisseaux.  Cette 
petite  tranche ,  vuc  k  I'oeil  nu  ,  etait  tres-dense  et  ressemblail  a  une  cornc  gri- 
satre. 

Cette  tumeur,  qui  n'offre  aucun  interet  au  point  de  vue  symptomatologique, 
puisque  nous  sommes  prives  de  renseignements  antecedents,  n'est  pas  sans 
quelque  importance  sous  le  rapport  de  son  siege  et  de  I'anatomie  palhologique. 

En  elTet,  M.  Miiller,  qui  le  premier  a  fixe  I'attenlion  des  pathologisles  sur  cette 
all'ection,  en  rapporte  trente-quatre  observations,  qu'il  a  recueillies  en  Allema- 
gne  ct  en  Angleterre.  Sur  ces  trente-quatre  tunieurs,il  y  en  avail  vingt-lrois  aux 
phalanges  et  aux  metacarpiens,  trois  ;\  la  jambe,  une  a  la  cuisse,  une  a  I'os  des 
lies,  une  aux  cotes,  une  ;\  la  base  du  ciane,  une  a  la  paiotide,  une  k  la  glande 
mammairc,  deux  dans  le  tcsticulo.  Ou  tiouvr  cniorc  dans  rouvragc  dc  JI.  If- 


96 
tieii,  dans  ccux  dc  iM.  Glugc  el  dc  M.  Vogcl,  six  autrcs  obscivations  d'cnclion- 
dromes,  donl  deux  situees  sur  les  phalanges  (Tunc  dc  ces  observations  avail  cle 
cominuniquec  ii  M.  Leberl  par  M.  DcmarquayJ,  une  sur  un  nictacarpicn,  unc 
dans  I'intericur  du  tibia,  une  dans  le  lissu  ceilulairc  sous-cutane  de  la  parlie 
gauche  du  cou,  et  enfin  une  dernierc  cnlre  les  deux  lobes  pulmonaires.  Celle-ci 
avail  cle  donnee  h.  M.  Leberl  par  M.  Barlh. 

On  voit  done  que  le  siege  de  predilection  dc  ces  maladies  est  sur  les  os  longs, 
ct  parliculicrement  sur  les  mtitacarpiens  el  les  phalanges;  on  n'cn  fail  menlion 
qu'une  seuic  fois  k  la  base  du  crane,  et  encore  sans  preciser  davanlage ;  aussi  la 
tumeurdonlje  viens  d'entretenir  la  Societe  pourrail-elle,  sous  le  rapport  de  son 
siege,  etrc  enregistree  parmi  les  cas  rares. 

V.  — Teratologie. 

ANOMAUE  HER^DITAIRE   DES   DENTS;   par  M.   RaOUL  LeROY-D'^TIOLLES. 

«  Cette  anomalie,  caraclerisee  par  I'absence  dc  dcveloppemcnl  d'un  germe  de 
la  seconde  dentition,  a  ete  observee  chez  une  dame  etses  Irois  enfants. 

))  1"  Chez  la  mere,  I'anomalie  a  son  siege  sur  Vincisive  laterale  gauche  du 
maxillaire  supcrieur.  La  dent  de  lait,  tombee  spontanement,  n'a  pas  ete  rempla- 
cec  par  une  dent  permanente. 

2°  Chez  Icplusjeune  enfant,  gargon  de  14  ans,  I'anomalie  a  dc  mcme  son 
siege  sur  Vincisive  laUrale  gauche  du  maxillaire  supcrieur.  Cette  dent  vacil- 
lail ;  elle  est  tombee  par  une  faible  traction.  Sa  racine  etait  sensiblcment  dimi- 
nuee  de  volume  et  la  couronne  un  peu  erodee.  La  dent  dc  remplacement  no 
s'est  pas  montree,  cl  cependant  les  dents  voisines  ne  se  sent  pas  rapprochecs. 

»3»  Chezla  troisicmepersonne.jeunefilledeprfis  de  17  s,ns,V incisive  laterale 
gauche  superieure,  prenant  une  position  vicieuse,  fut  arraclice.  Cette  dent  nc 
vacillail  point ;  la  racine  etail  longue,  et  I'avulsion  a  ete  douloureuse.  Cel  os- 
Icide  n'etait  pas  comme  toute  dent  de  lait,  qui  lombe  usee  h  la  racine,  alteree 
dans  sa  forme  el  elargie  h  I'interieur  de  son  canal  el  de  sa  couronne.  Elle  etait, 
au  contraire,  intacte  en  tout  point. 

»  4°  Chez  la  quatri6me  personne,  I'ainee,  qui  est  dans  sa  vingtiemc  annce,  I'a- 
nomalie  a  aussi  son  siege  en  haul,  du  cote  gauche,  mais  sur  la  canine.  Cette 
dent  {dent  de  lait)  n'a  pas  etc  aiTachee ;  elle  a  persislc  el  occupe  sa  place  nor- 
male  :  elle  est  sculcmcnt  d'une  teinte  un  peu  plus  blanche  que  les  autrcs  et  d'un 
volume  plus  petit,  comme  le  comportc  la  machoire  d'un  enfant.  Elle  n'cstpaf 
lout  i  fait,  pour  ccttcraison,  a  Icur  niveau. 

1)  Quant  ;\  la  dent  permanente,  die  ne  s'est  pas  montr(5c  plus  ici  que  chcz  les 
autrcs  donl  jc  vicns  dc  parlor.  •> 


97 

VI.    —  CllrMIE   rilYSIOLOGlQUE. 
DE  LA   NATURE   DES    GBAISSES    QVl    SE    TRODVENT    DANS    LE    SANG  ; 

par  M.  W.  Marcet. 

Dans  un  menioire  que  j'ui  iiublie  dernicrement  (1),  j'annonQai  que  le  serum 
du  saD£>-  prive  de  I'albumine  par  la  coagulation  pouvait  etre  conipletement  de- 
barrasse  des  graisses  qui  so  trouvent  sous  did'erentes  formes  dans  ce  liquide, 
lorsqu'ou  y  ajoutait  du  sulfate  de  chaux  en  poudre,  et  qu'on  laissait  evaporer 
la  liqueur  soumise  a  Taction  dc  ce  sulfate  de  chaux.  Apres  avoir  s6pare  le  pre- 
eipite  forme  en  grande  pariie  par  le  sel  qu'on  y  a  ajoute,  et  par  les  substances 
qui  se  sont  precipitees,  on  obtient  une  liqueur  qui  n'abandonne  a  Tether  et  a 
I'alcoo)  que  des  graisses  non  saponiliables,  telles  que  la  cholest(5rine  et  la 
sardine. 

Le  precipite  de  sulfate  de  chaux  doit  done  contenir  toules  les  autres  graisses 
qui  ont  el6  constatees  par  les  analyses  d'un  grand  nombre  de  chimistes.  J'ai 
pense  que,  par  ce  moyen,  on  pourrait  arriver  a  la  counaissancc  exacle  des 
graisses  qui  sont  contenues  dans  le  sang,  considerant  que  le  precipite  les  ren- 
fermerait  loutes  k  Telat  de  sel  de  chaux.  Pour  niieux  debarrasser  le  precipite 
de  sulfate  de  chaux  des  substances  etrangeres,  je  le  Iraitai  par  Talcool  bouillant. 
Celui-ci  devint  acide,  et  parle  refroidissement  lalssa  deposer  des  llocons  d'ap- 
parence  graisseuse.  J'examinai  ce  depot  etje  vis  qu'il  etait  compost  d'acides 
gras.  Ces  acides  gras  provenaient-ils  de  substances  etrangeres  au  precipite 
forme  par  le  sulfate  de  chaux,  ou  d'une  decomposition  des  savons  a  base  de 
chaux  ?Jerepetai  done  Toperalion  sur  une  nouvelle  quantite  de  sang. 

Dans  ce  but,  je  melai  du  sang  delibrine  avec  un  volume  (igald'eau,  puis  Tal- 
bumine  fut  coagulee  par  la  chaleur  et  retenue  sur  un  filtre.  J'ajoutai  a  la  li- 
queur lillree  du  sulfate  de  chaux  en  poudre,  et  elle  fut  concentree  au  bain- 
marie,  en  agitan'i.  continuellement  le  melange  pour  amener  en  contact  chaque 
parlicule  du  liquide  et  du  sulfate.  Lorsque  la  liqueur  fut  reduile  a  la  moitie  de 
son  volume  priniitif,  je  la  liltrai  atin  d'isoler  le  precipite,  que  je  me  proposals 
d'examiner.  Ce  precipite  fut  soigneusement  lave  avec  de  Teau  distillee,  puis 
ensuite  seche  h  100'.  II  avait  acquis  une  couleur  verte,  une  consistancegrasse. 
et  son  odeur  rappelait  celle  de  Thuile  un  peu  ranee. 

Le  precipite  de  sulfate  de  chaux,  debarrasse  de  Teau  de  lavage  qu'il  avait 
retenu,  fut  traite  par  Tether  dans  Tappareil  de  Payen,  puis  par  un  melange  d'e- 
Ihcr  et  d'alcool,  de  maniere  a  isoler  tons  les  acides  que  j'avais  rcconnus  etre  so- 
lubles dans  ces  milieux.  Cette  dissolution  acide  fut  abandonnee  pendant  quel- 
ques  jours  pour  operer  la  cristallisation  des  matieres  dissoutes.  Les  cristaux 

(1)  ReCIIERCIIES    sur    les    rRL\t:U'ES    LMIILDIATS    QUI    COMrOSENT    LE     SANC.    PF 

L'noMME  ET  DES  TRiNciPAUX  JiAMMiFERES ;  par  MM.  F.  Verdcil  el  W.  Marcet. 


98 
qui  se  f«riiiereni  furent  tHudies  au  microscope ,  el  ensuile  souniis  A  des  re- 
actions chiiniques. 

Au  microscope,  je  reconnus  la  presence  de  I'acide  margarique  accompagne 
d'un  peu  d'acide  stearique  el  de  gouttelettes  d'acide  olelque.  La  masse  des  cris- 
taux  I'ut  ensuite  traitee  par  I'oxyde  de  plomb  k  chaud  et  dissoute  par  rdther,  qui 
s'empara  de  I'oleate  de  plomb  seulement,  laissant  les  acides  margarique  et  stea- 
rique sous  la  forme  de  comhinaison  insoluble  avec  cctte  base. 

Le  precipile  de  sulfate  de  chau\  completement  debarrasse  d'acides  gras  fut 
mele  dans  un  ballon  avec  de  I'alcool  et  un  peu  d'acide  chlorhydrique;  aprte 
quelque  temps,  je  retrouvai  egalement  des  acides  gras,  mais  ils  6taicnt  1^  k  I'etat 
de  sel  de  chaux. 

Comme  on  aurait  pu  admettre  que  les  acides  gras  obtenus  directement  du 
sulfate  de  chaux  par  I'ether  et  I'alcool  provenaient  d'une  decomposition  de  ce 
sel  de  chaux,  j'ai  fait,  avec  ces  dillercnts  acides  gras,  des  savons  de  chaux,  et  je 
les  ai  traites  par  I'etlier  et  I'alcool,  mais  ils  n'ont  abandonne  aucune  substance 
k  reaction  acide. 

J'ai  cru  pouvoir  aussi  conclure  que  les  acides  gras  h  I'ctat  libre  contenus  dans 
le  sang  avaient  cte  entraines  par  le  sulfate  de  chaux  (action  qui  se  montre  quel- 
quefois  avec  les  sels  metalliques),  et  que  j'avais  obtenu  ces  acides  en  dissolution 
dans  I'etat  meme  oh  ils  se  trouvent  dans  le  sang  comme  principe  immediat. 

Lecanu  (15tude  chimique  scr  le  sang)  avail  deji  conclu,  de  scs  experiences, 
que  les  acides  margarique  et  oleique  existaient  i  I'etat  libre  dans  le  sang,  mais 
n'ayant  pu  se  servir  que  d'une  methode  fort  imparfaite,  il  n'etait  pas  arrive  h 
oblenir  ces  acides  purs,  c'est-i-dire  sous  la  forme  ciistalline,  ce  qui  etait  neces- 
saire  pour  metlre  hors  de  doute  la  solution  de  cetle  question. 

Ces  recherches,  je  les  ai  faites  dans  le  laboratoire  de  chimie  de  M.  Verdeil,  qui 
a  cu  la  bonte  de  diriger  les  manipulations  dont  j'ai  parledansce  memoire. 

VII.  —  BOTANIQUE. 
SUR  UN  CAS  DE  SOUDURE  DE  DEUX  CHAMPIGNONS;  par  M.   EUG.  FORGET. 

L'auteur  presentc  un  singulier  exeraplo  de  greffe  accldentcUe  par  approche, 
qu'il  a  lui-mcmerecucilli  surune  champlgnonnifire. 

Elle  s'est  cfl'ectuee  spontanement  entrc  deux  champignons  appartcnant  k  I'cs- 
p6ce  agaricus  campestris  Lin.  {cdulis  Bull),  de  la  manifcie  suivaute  : 

A  un  moment  plus  ou  moins  rapproche  de  celui  de  leur  naissance,  les  deux 
chapeaux  sc  sont  trouves  accidcntellement  en  contact  par  leur  face  convexc,  ce- 
lui du  plus  grand  des  deux  champignons  s'etant,  par  I'incurvation  de  sou  pedi- 
cule,  oppose  k  celui  du  plus  petit,  qui  s'elevait  dans  sa  rectitude  naturelle. 

Dans  cette  situation  respective  des  deux  vcgetaux,  par  suite  d'une  cause  inci- 
dentequcM.  E.  Forget  cxposcra  plus  tard,  unc  adherence  s'esl  faite  entre  les 
deux  chapeaux,  adherence  loUcmcnt  solidr,  que  le  plus  grand  champignon,  en 


99 
ledressaiil  son  pedicule  incurve,  a  entraine  de  bas  en  haul,  el  finalement  dera- 
clne  le  plus  petit,  de  telle  sorte  que  ce  dernier  a  continue  de  se  developper,  cha- 
peau  en  lias,  pi5dicule  en  I'air,  vcgclant  ainsi  aux  depens  du  champignon  prin- 
cipal sur  iequel  il  elait  enle. 

Une  circonstance  fort  remarqualjle,  c'cst  que  le  pedicule  aerien  s'est  depouille 
de  son  mycelium  et  de  toute  apparence  de  racine  quelconque,  ct  qu'il  s'est  re- 
couvert  d'un  epidemic  lisse,  uni,  lilanrliatre,  analupuc  a  cclui  dont  lout  le  reste 
de  la  plante  est  pourvu. 


COMPT£  RBNBU 


DC 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PKNDANT    LE    MOIS    D'AOIT   1851  ; 


M.  le  Doctcur  BROWN-S^QUARD ,  secretaire. 


Pr6sidence  de  M,  RAYER. 


Physiologie. 


1°     PREUVE    NOUVELLE    A    L'APPUI    DE    LA     DOCTRINE     DE     HALLER     RELATIVE    i 

l'independance  DE  l'irritabilite  musculaire;  par  M.  Brown-Sequard. 

En  raison  de  la  persislance  des  adversaires  de  Haller  k  nier  que  le  tissu  mus- 
culaire soil  indcpendant  du  systems  nerveux,  ^  regard  de  son  irritabilite,  ii  est 
important  de  faire  connaitre,  d6s  qu'on  les  trouve,  les  fails  qui  prouvent  la  ve- 
rite  de  la  doctrine  de  eel  illustre  biologisle. 


102 

Fonlana  a  Irouve  sur  des  agncaux  ct  des  clievics,  auxquels  il  avail  coupe  W 
neif  sciatique,  que  les  muscles  de  la  jambe,  au  bout  d'un  certain  temps,  ne  se 
conlractaient  plus  quand  le  bout  peripherique  du  nerf  sciatique  etait  excite,  tan- 
dis  qu'ils  se  contractaient  encore  quand  ils  ctaient  excites  directement;  en  d'au- 
tres  termcs,  il  a  constate  que  le  nerf  moteur  perd  sa  propri6te  vitale,  tandis  que 
le  muscle  ne  perd  pas  son  irritabilitc,  alors  que  I'un  et  I'autre  sent  separes  du 
centre  cerebro-rachidien. 

Haighton  et  Astley  Cooper  ont  vu  que  le  nerf  sciatique,  chez  les  chiens,  perd 
sa  propriete  motrice  peu  de  jours  aprfes  qu'on  I'a  coupe.  Steinrueck,  Guenther  et 
Sclioen,  Stannius,  Kilian  et  d'autres  pliysiologistes,  ont  reconnu  I'exactitude  du 
rosuitatobtenu  par  Haighton  et  Astley  Cooper.  On  s'accorde  generalement  k  re- 
connaitre  aujourd'liui  qu'au  bout  de  cinq  a  six  jours,  apres  la  section  d'un  nerf 
moteur,  son  bout  peripherique  n'est  plus  capable  de  faire  contracter  les  muscles, 
quelle  que  soil  I'energie  de  I'excitation  qu'on  emploie.  Les  muscles,  au  contraire, 
restent  tres-longtemps  irritables.et  ilspeuvcnt  meme  demeurer  indeflniraent  irri- 
tables.  Ainsi  M.  Brown-Sequard  a  garde  vingt  et  un  mois  une  laplne  sur  laquelle 
le  nerf  facial  avait  ete  arrachc ,  et  il  a  vu  rirritabilite  durer,  dans  les  muscles 
paralyses,  pendant  toute  la  viede  cet  animal.  On  ne  peut  pas  objecter  qu'il  a  pu, 
dans  ce  cas,  y  avoir  reunion  des  bouts  du  nerf;  car  le  nerf  n'avait  pas  ete 
coupe,  mais  extrait  dans  presque  toute  son  etendue,  a  partir  de  son  insertion 
a  la  moelle  allongee  jusqu'^  ses  divisions  dans  les  muscles.  II  avait  ete  ar- 
rache. 

11  y  a  quelques  annees,  M.  Brown-Sequard  (1)  a  public  une  experience  tris- 
propre  a  demontrer  que  I'irritabilite  n'est  pas  donnee  aux  muscles  par  les  cen- 
tres nerveux  ou  par  les  nerfs  moteurs,  et  qu'elle  depend  de  ['organisation  meme 
du  muscle  et  de  sa  nutrition,  en  tant  que  celle-ci  maintient  I'organisation  i  I'etat 
normal,  II  rapporte  cette  experience  en  ces  termes  :  « J'ai  coupe  lenerf  sciatique 
d'un  cote  sur  deux  lapins  et  sur  deux  cochons  d'lnde.  Uix  jours  apres ,  je  me 
suis  assure  que  le  sciatique  coupe  ne  causait  plus  de  mouvcments  quand  je  le 
galvanisais.  Les  muscles  se  contractaient  vivement  quand  j'appliquais  sur  eux 
les  deux  conducteurs  de  la  pile.  Cela  reconnu,  j'ai  lie  I'aorle  derriere  I'origine 
des  renales,  et  trois  heures  aprfes,  j'ai  essaye  de  nouveau  I'application  de  la  pile. 
II  n'y  a  eu  de  contractions  dans  les  muscles  de  la  jambe  ni  quand  j'excitais  le 
nerf  ni  quand  j'excitais  directement  les  muscles.  J'ai  lache  alors  la  ligature ;  au 
bout  de  tr6s-peu  de  temps  les  muscles  de  la  jambe  sont  redevenus  irritables,  Le 
nerf  sciatique  n'a  rien  retrouve  de  sa  propriete  perdue. »  II  est  evident  que,  dans 
cette  experience,  c'est  le  sang,  c'est-i-dire  la  nutrition,  qui  a  rendu  aux  muscles 
leur  irritabilitc. 

Rccemment  M.  Brown-Sequard  a  fait  une  nouvelle  experience  plus  decisive 


(1)  Voy.  les  Bulletins  de  la  Sociktis  piiilohatioue,  p.  74-76.  1847. 


103 
encore  que  la  precedentc.  Toutes  les  circonstances  do  cctte  nouvelle  cpieuve  ont 
ete  les  memes  que  celles  de  I'ancienne,  k  I'cxception  d'une  seule,  qui  est  capi- 
tale.  Dans  rexpeiience  que  nous  venons  de  rapporter,  on  avait  attendu  tout 
simplement  la  disparition  de  I'lrritabilite  musculaire  pour  lacher  la  ligature  de 
I'aorte;  dans  la  nouvelle  experience,  on  a  attendu  non-seulement  cette  dispari- 
tion, mais  I'apparition,  depuis  trois  quarts  d'heure  ou  meme  depuis  une  heure, 
de  la  rigidite  qu'on  appelle  cadaverique.  Cette  nouvelle  recherche  a  prouve  que 
des  muscles,  prives  de  Taction  du  centre  cerebro-rachidien  et  de  celle  deleur  nerf 
moteur,  peuvent,  sous  I'influence  de  la  nutrition,  redevenir  vivants,c'est-a-dire 
irritables.  Ce  n'est  done  pas  le  syst^me  nerveux  qui  donne  aux  muscles  leur  irri- 
tabilite,  mais  bien  Taction  nutritive  exercee  par  le  sang. 

2"  RECHERCHES  SUR   LE   RETABLISSEMENT    DE    L'lRRITABlLlTE    MUSCULAIRE   CHEZ    UN 
SECOND  SUPPLICIE,   PLUS   DE  QUATORZE  HEURES  APRfeS  LA  MORT  ;  par  IC  memC  (1). 

Ces  recherches  seront  rapportees  in  extenso  dans  un  memoire  qui  fera  partic 
de  ceux  de  la  Societe,  et  que  la  Gazette  publiera.  Nous  nous  bornerons  a  dire 
que,  dans  cette  nouvelle  epreuve,  Tirritabilitea  ete  retablie  non-seulement  dans 
les  muscles  de  la  main,  mais  dans  ceux  de  Tavant-bras,  et,  chose  singuliere,  a 
un  degr6  plus  marque  dans  ceux  du  bras,  bien  qu'ils  fussent  coupes  au  milieu  de 
leur  longueur  (le  bras  avait  ete  ampute)  et  qu'ils  aient  dii  recevoir  moins  de  sang 
que  les  autres  muscles.  L'irritabilile  est  aussi  revenue  dans  les  fibres-cellules 
musculaires  de  la  peau.oii  la  chair  de  poule  s'est  montree  dune  maniere  tres- 
prononcee.  Le  sang  employe  efait  du  sang  arteriel  de  chien ,  defibrine  par  Ic 
battage. 

II.  —  Pathologik. 

1*  SUR  UN  CAS  DE  R^TRfiCISSEMENT  ORGANIQUE  DE  l'aNNEAU  PYLORIQUE,  AVEC 
ATROPIIIE  DE  TOUTES  LES  TUNIQUES  QUI  LE  CONSTITUENT;  ATROPHIE  DU  FOIE ; 
RETRECISSEMENTS  MULTIPLES  NON   ORGANIQUES  DU   COLON  ;   par  M.    CHARCOT. 

Un  homme  age  de  54  ans  (salle  Saint-Michel,  n"  1,  service  de  M.  Rayer,  hopi- 
tal  de  la  Charite)  s'etait  toujours  bien  porte  et  n'avait  jamais  fait  d'exc^s  alcoo- 
liques,  lorsque,  il  y  a  dix-huit  mois  environ,  il  commenga  a  eprouver  habituel- 
lement  des  vomissements  qui  survenaient  environ  deux  heures  aprfes  le  repas  da 
soir.  Ces  vomissements  ne  furent  d'abord  composes  que  de  matieres  aliinen- 
taires  nageant  dans  une  quantite  variable  de  mucus  visqueux  ;  mais  il  y  a  un 
an,  se  manifestiirent  pour  la  premiere  fois  des  vomissements  d'une  matiere  noi- 
rdtre,  analogues  a  de  la  suie,  qui  se  reproduisirenl  par  la  suite  deux  ou  trois  fois 
encore  avec  le  meme  caractere. 

(1)  Les  recherches  sur  un  autre  supplicic  onl  6tc  publiccs  dans  la  Gazetti' 
Medicale,  n*  27,  5  juillet  1861, 


Depuis  cc  temps  Ics  maliiircs  rejetees  sont  toutes  composees  d'un  mucus  vis- 
qaeux  incolore  contenant  les  aliments,  tantot  d'une  substance  ayant  une  colo- 
ration cafe  au  lail  ou  mcme  diocolat. 

D6s  le  diibul  (le  la  maladie,  la  constipation  est  opiniatre,  et  le  malade  ne  peut 
aller  i  la  sells  qu'a  I'aide  de  lavements.  L'amaigrissement  et  la  perte  des  forces 
nc  tardent  pas  a  se  montrer  u  un  haul  degre.  De  vives  douleurs,  dont  le  siege 
principal  est  la  region  de  restomac,  maisqui  s'irradient  dans  tout  I'abdomen,  se 
montrent  principalement  avanl  et  pendant  les  vomissements ;  mais  elles  ne  cea- 
sent  jamais  completement  d'exisler  et  sont  exasperees  par  la  pression. 

L, 'abdomen  est  habituellement  volumineux;  tantot  il  est  mat  a  la  percussion 
dans  la  plus  grands  partie  de  son  etendue,  et,  dans  ce  cas,  la  palpation  fait  re- 
connaitreau  niveau  de  la  region  de  I'estomac  un  gargouillement  stomacal  tres- 
prononce,  que  le  malade  perQoit  d'ailleurs  parfaitement  quand  il  s'agite,  et  qu'on 
peut  alors  entendre  a  distance ;  d'autres  fois,  au  contraire,  la  plus  grande  partie 
de  I'abdomen  est  sonore,  et  alors  le  gargouillement  n'est  plus  per§u.  Le  premier 
phenomensestsurtoul  evident  quand  les  vomissements  nese  sont  pas  montres  de- 
puis deux  ou  trois  jours,  et  le  malade  prevoit  alors  qu'ils  vont  bientot  se  decla- 
rer;  le  deuxifime  se  montre,  au  contraire,  quand  ils  viennent  d'etre  abondants, 
II  existe  enfin  quelquefois  un  etat  de  I'abdomen  intermediaire  aux  precedents; 
dans  ce  dernier  cas,  I'liypocondre  gauche  est  tres-sonore,  ainsi  que  la  partie  su- 
perieure  de  la  region  epigastrique.  La  region  ombilicale,  au  contraire,  ainsi  que 
le  flanc  gauche ,  sont  mats  et  resistent  au  doigt  qui  percute.  Cette  matite  se 
limite  en  bas  par  une  ligns  courbs  a  grand  rayon,  dont  la  concavite  regarde  en 
haul.  Superieurement,  la  limite  de  la  matite  se  fait  par  une  ligne  horizontale, 
quand  le  malade  est  assis;  plus  ou  moins  oblique,  quand  il  est  couche  sur  un 
des  cotes  du  corps.  Cetle  zone  mate  permet  de  determiner  d'autant  mieux  la 
limits  inferieure  de  Testomac  que  les  intestins  sont  plus  sonores ;  quand  ils  sont, 
au  contraire,  remplis  de  matiferes  st  mats  eux-memes,  la  palpation  fait  encore 
souvent  roconnaitrs  a  la  partie  moyenns  ds  I'abdomen  une  tumeur  molle  et 
fluctuante  terminee  du  cote  de  I'ombilic  par  un  bord  convexe.  Jamais  la  palpa- 
tion n'a  permis  de  distinguer  I'existsnce  d'une  tumeur  dure  dans  I'abdomen. 

Malgre  la  distension  habituelle  ds  I'abdomen,  le  bord  superieur  du  foie  ne  re- 
monte  pas  plus  haul  que  csla  n'a  lieu  dans  I'etat  normal ;  son  bord  inferieur  ne 
peutetre  reconnu  par  la  percussion,  car  un  son  intestinal  des  plus  evidents,  oc- 
cupant la  plus  grande  partie  de  I'hypocondre  droit,  demontre  qu'une  anse  d'ln- 
testin  ,  appartenant,  scion  toute  probabilite,  au  colon,  est  interposee  entre  les 
parois  thoraciques  el  la  partie  inferieure  de  la  face  anterieure  du  foie. 

Le  premier  ds  ces  fails,  c'est-a-dire  le  siege  normal  du  bord  superieur  du  foie, 
ports  k  penser  que  laglande  hepatique  adiminue  de  volume;  car  I'auscultation 
et  la  percussion  ne  demontrant  rien  d'anormal  dans  la  cavite  pleurals  droite,  il 
est  clair  que  le  foie,  en  le  snpposant  d'un  volume  normal,  n'eut  pas  manque  de 
remonter  dans  le  thorax  en  nieme  temps  que  Ic  diaphragmo,  par  suite  dc  la  dis- 


105 
tension  habituelle  des  visccires  intestinaux,  el  en  consequence  son  bord  superieur 
se  flit  rapproche  de  la  clavicule. 

Les  urines  n'ont  jamais  presente  d'alteration,  ni  en  particulier  la  coloration 
rouge  foncee  propre  k  la  cirrhose. 

Deux  mois  environ  avant  la  mort  du  malade,  de  I'oedeme  se  manifesto  aux 
membres  inferieurs,  et  bienlot  apres  il  y  a  ascite.  L'epanchement  de  serosile  dans 
I'abdomen  ne  tarde  pas  i  devenir  considerable,  et,  chose  k  noter,  les  vomisse- 
ments  cessent  alors  completementd'exisler;  ils  n'ont  pas  paru  une  seule  fois 
pendant  le  dernier  mois  de  la  vie. 

L'estomac  bientot,  on  le  con^oit,  ne  peut  plus  etre  explore,  et  le  malade  as- 
sure ne  plus  pouvoir  produire  le  gargouillement  stomacal  qu'il  provoquait  au- 
trefois si  facilement  en  s'agitant  dans  son  lit. 

La  constipation  fait  bientot  place  k  une  diarrhee  habituelle.  Le  malade,  qui 
prenait  encore  quelques  aliments  liquides,  les  refuse  completement.  Les  bras,  le 
tronc  et  la  face  s'amaigrissent  a  un  degre  extreme,  ce  qui  contraste  avec  I'etat 
de  I'abdomen  et  des  membres  inferieurs,  qui  sont  extremement  distendus  par  la 
serosite.  La  langue,  qui  etait  restee  longtemps  naturelle,  devient  tres-rougej  il 
en  est  de  meme  des  parois  buccales,  qui  se  couvrent  de  plaques  blanches  de  mu- 
guet.  Bien  que  les  vomissements  aient  cesse,  comme  nous  I'avons  dit,  les  douleurs 
epigastriques  paraissent  incessantes  et  sont  tr6s-violentes. 

Tels  sont  les  pheuomenes  eprouves  par  notre  malade  pendant  les  trois  der- 
ni^res  semaines  de  sa  vie. 

La  mort  arrive  le  3  septembre  1851.  Le  marasme  6tait  considerable;  le  delire 
ne  s'^tait  jamais  montr6. 

En  raison  de  ces  faits,  le  diagnostic  avait  ete  etabli  de  la  mani^re  suivante  : 

1°  Obstacle  au  cours  des  mati^res  ing^rees,  siegeant  k  la  region  pylorique  et 
consistant  probablement  en  une  tumeur  carcinomateuse  :  la  nature  des  vomis- 
sements conduirait  k  cette  derni^re  idee,  bien  qu'on  n'ignorat  pas  les  faits  assez 
nombreux  de  vomissements  bruns  en  I'absence  de  tumeurs  ou  d' ulcerations  can- 
cereuses  de  l'estomac,  et  en  particulier  celui  qui  a  ete  decrit  avec  soin  par  M.  An- 
dral(Andral,  Cunique  medicale,  t.  11,  obs.  V); 

2o  Ampliation  de  l'estomac,  demontree  par  la  palpation,  la  percussion,  la  suc- 
cussion,  etc.  (Piorry,  Atlas  de  percussion,  pi.  27,  p.  59,  et  Alios,  Proced^  ope- 
RATOiRE ;  Duplay,  Memoire  sur  l'ampliation  morbide  de  l'estomac,  Arch.  GJ^Ni^R. 
de  medec,  p.  549-660, 1833,  et  Andral,  obs.  cit.); 

3°  Diminution  du  volume  du  foie,  constatee  par  la  percussion,  qui  demontre 
que  le  bord  superieur  de  cet  organe  ne  s'est  pas  eleve  dans  le  thorax,  malgre  la 
distension  de  I'abdomen ; 

4"  Obstacle  au  cours  du  sang  dans  le  foie,  etpeut-etre  aussi  dans  la  veine  cave 
inferieure,  par  suite  de  I'extension  de  la  tumeur  supposie,  du  cote  de  ce  vais- 
seau.  II  n'existait  pas,  d'ailleurs,  de  caracteres  de  la  coagulation  spontanee  du 
sang  dans  les  veines  iliaques,  et  d'un  autre  cote,  le  coeur,  de  volume  normal,  ne 


106 

presentait  a  rauscultatioii  aulre  cliose  qu'un  souffle  doux  au  premier  temps, 
maximum  k  la  base. 

Le  traitement  nepouvait  fitre  que  palliatif  (charbon  vegetal,  opium,  etc). 

Ai'TOPSiE.  —  L'ouverturc  de  la  cavitii  abdominale  donne  issue  h  une  grande 
quanlitc  de  serosite  limpide;  mais  il  en  reste  encore,  apres  cette  operation,  une 
quantite  considerable,  et  ce  liquide  recouvre  completement  les  visceres  abdomi- 
naux,  k  I'exception  :  1°  du  colon  ascendant;  2°  d'une  partie  du  colon  trans- 
verse, qui  remonte,  sous  forme  d'anse,  en  atant  du  foie;  >  d'une  petite  partie  de 
la  face  anterieure  de  I'estomac.  Ces  differents  organes  surnagent ;  tons  les  autres 
sont  comprimes  et  comme  submerges  par  le  liquide. 

L'eslomac  n'a  pas  I'elendue  qu'on  lui  avail  attribuec  pendant  la  vie ;  mais  il 
est  aplati,  replie  sur  lui-meme,  comme  s'il  eut  dn  ceder  h  la  pression  exercee 
par  le  liquide.  Toulefois  la  grande  courbure  arrive  a  1  pouce  environ  de  I'ombi- 
lic.  La  region  pylorique  de  ce  viscfere  adhere  intimement  a  la  face  inferieure  du 
foie  par  des  adhcrences  qui  paraissent  de  tres-vieille  date ;  il  en  est  de  meme 
de  I'origine  de  la  premiere  partie  du  duodenum,  dans  I'etendue  d'un  pouce  en- 
viron. 

Au  niveau  du  pylore  existe  un  etranglement  etroit,  analogue  a  celui  qui  peut 
etre  produit  par  une  mince  corde.  Disons  d'avance  que  ce  retrecissement  est 
organique,  c'est-a-dire  que  la  distension  produite  h  I'int^rieur  des  visceres  par 
les  tentatives  d'inlroduction  de  I'index ,  dirige  de  la  cavitc  stomacale  vers  le 
duodenum,  ne  le  font  pas  cesser  k  I'endroit  du  retrecissement.  La  tunique  peri- 
toncale  est  d'un  blanc  opaque  et  comme  froncee.  La  deuxieme  et  la  troisieme 
partie  du  duodenum  occupent  leur  position  habituelle ;  leur  calibre  a  notable- 
ment  diminue.  11  en  est  de  meme  de  I'intestin  greie  dans  toute  son  etendue.  Le 
colon  ascendant  est  tres-volumineux,  distendu  par  des  gaz  etdesliquides;  ilsur- 
nageait,  comme  nous  I'avons  dit,  avant  Tissue  de  la  serosite  abdominale.  Mais 
au  moment  de  devenir  colon  transverse,  il  offre  un  retrecissement  considerable 
dans  I'etendue  de  3  pouces  environ.  Ce  retrecissement  n'est  pas  organique,  c'est- 
a-dire  qu'il  cede  par  la  dilatation  de  I'intestin.  Au-dessus  de  ce  retrecissement, 
on  voit  une  anse  de  colon  dilate,  pleine  de  liquide  et  de  gaz,  qui  se  porte  en 
avant  de  la  face  anterieure  du  foie,  et  de  ]k  descend  vers  I'ombilic  pour  se  porter 
sous  la  face  postericure  de  I'estomac.  En  ce  point  un  nouvcau  retrecissement  se 
manifeste,  lequel  occupe  la  moitie  gauche  du  colon  transverse  et  tout  le  colon 
desccndanl.  Ce  rctretissement  cede  par  la  distension  exercee  de  dedans  en  de- 
hors. L'inteslin  toulefois  n'acquiert  pas,  malgre  cette  distension  artilicielle,  le 
meme  calibre  que  les  parties  naturellemenl  dilatces.  Au  commencement  de  I'S 
iliaque,  iiouvelle  dilatation  sous  forme  d'anipoulc ,  puis  nouvcau  retrecisse- 
ment; nouvelle  ampoule,  situee  dans  la  fosse  iliaque  droite ,  sous  le  coecum , 
qui  est  repousse  un  pcu  en  haut,  etenfln  vient  Ic  rectum,  d'un  diam^tre  a  peu 
pies  normal. 
Nous  aurons  a  nous  rxpliquer  plus  tard  sui  la  cause  dc  ccUe  serie  dc  dilata- 


S07 
lions  ct  de  relrecisscmenls ;  disons  tout  de  suite  que  les  parlies  dilalees  lenler- 
maient  un  semi-liquide  jaunatrc,  des  matieres  fccales  assez  bien  formees,  cn  un 
mot.  Les  parties  contractees  etaient  vides,  et  la  muqueuse  etait  simplement  re- 
couverte  de  mucus  visqueux. 

Les  tuniques  de  I'estomac  etaient,  d'une  manifire  generate,  hjpertrophiees.  La 
tavile,  qui  est  double  de  capacite  a  pen  prfis,  renfernie  un  peu  de  mucus  vis- 
queux et  quelques  matieres  alimentaires.  La  muqueuse  est  generalemenl  pale  ; 
mais  elle  offre  qk  et  1^  un  pointille  grisatre,  manifeste  surtout  et  conlluent  au 
voisinage  du  pylore.  Au  niveau  du  relrecissement,  la  muqueuse  devient  brusque- 
ment  tres-mince. 

La  tunique  muscuteuse  est  tr^s-epaissie  (elle  a  environ  0,002"""', 3  en  epais- 
seur).  Les  fibres  qui  la  constituent  sont  pales,  mais  tres-apparentes ;  elles  ne 
forment  pas  au  niveau  du  r6trecissement  une  sorte  d'anneau  ou  valvule;  au 
contraire  elles  se  terminent  en  s'amincissant. 

Le  tissu  cellulaire  sous-muqueux,  epaissi  dans  toute  I'etendue  des  parois  sto- 
mac-ales,  s'amincitlui-meme  conslderablement  au  niveau  du  retrecissement. 

Avant  d'inciser  la  partie  relrecie,  on  constate  qu'elle  admet  tout  au  plus  I'ex- 
tremite  de  I'ongle  du  petit  doigt.  Un  gros  tujau  de  plume  y  entre  avec  frotte- 
ment.  L'incision  ayant  ete  pratiquee,  le  diametre  au  niveau  du  point  retreci  est 
de  2  c.  1/2  seulement.  (Sur  3  estomacs  provenant  d'individus  morts  de  diverses 
maladies,  nous  avons  constate  que  le  diametre  de  restomac,  au  niveau  de  la 
valvule  pylorique,  variait  de  5  c.  1/2  i  G  c.  L'index  passait  dans  ces  cas  tr6s-fa- 
cilement  a  travers  I'anneau  pylorique.) 

Au  niveau  du  retrecissement,  la  muqueuse,  comme  nous  I'avons  dit,  s'amin- 
clt  brusquement;  elle  conserve  ce  caract6re  dans  toute  I'etendue  de  la  premiere 
partie  du  duodenum  ;  la  celluleuse  6tait  egalement  amincie  et  un  peu  froncee; 
quant  k  la  musculeuse,  elle  avait  completement  disparu,  et  a  peine  trouvait-on, 
au  niveau  du  point  retreci,  dans  toute  relendue  de  la  premiere  portion  du  duo- 
denum, quelques  fibres  pales,  melangees  de  graisse. 

Le  peritoine  avait  I'opacite  et  I'epaisseur  que  nous  avons  signalees. 

La  coarctation  de  I'anneau  pylorique  n'ctant  pas  due  a  I'hypertrophie  des  tu- 
niques musculeuse  ou  celluleuse,  il.fallait  cn  chercher  la  cause  aiileurs.  Peut-etr« 
avait-il  existe  autrefois,  au  niveau  de  la  region  du  pylore,  une  ulceration  de  la 
membrane  muqueuse,  dont  la  cicatrice  i>jcte!<sepouvait  jusqu'^  un  certain  point 
expliquer  le  froncement  qu'on  remarque,  non  dans  la  membrane  muqueuse  elle- 
meme  il  est  vrai,  mais  dans  la  celluleuse  sous-jacente.  L'examen  de  la  mem- 
brane muqueuse,  dans  sa  structure  intime,  pouvait,  4  ce  qu'il  nous  semble,  de- 
cider seul  la  question.  Eh  bien  !  sur  le  versant  stomacal  du  retrecissement,  une 
tranche  mince,  provenant  d'une  coupe  faite  perpendiculairement  k  la  surface  de 
la  muqueuse  et  examinee  au  microscope,  presentait  les  tubes  en  cul-de-sac  juxta- 
poses; sur  le  versant  duodenal  au  contraire,  la  mcme  operation  faisait  recon- 
naitre  dans  la  membrane  interne  de  Tintcstin  les  glandes  acineuscs  de  Brunner- 


los 

La  membrane  muqueuse  etait  done  lepiesentce  la  par  ses  principaux  elementn. 
On  ne  pouvait  done  pas  invoquer  eomme  cause  productrice  du  rctrecisscment 
I'existence  d'un  tissu  cicatriciel. 

Ce  n'est  qu'avec  peine  que  la  region  pylorique  de  I'estomac  et  que  le  commen- 
cement du  duodenum  ont  pu  etre  separes  par  la  dissection  de  la  face  inferieure 
du  fciie,  k  cause  des  adlicrenees  intimes  que  nous  avons  signalees.  Les  canaux 
biliaires  et  pancreatiques  s'ouvraietU  comme  d'habitude  dans  le  duodenum  et 
etaient  complelement  libres. 

Le  foie  avail  k  peu  pr6s  la  moilie  de  son  volume  lial  ituel;  sa  coloration  etait 
k  peu  pr6s  normale.  La  trame  celluleuse  n'y  etait  pas  liypprtropliiee  et  il  n'y 
existait  pas  de  deformation.  Son  tissu  etait  un  peu  friable,  et  il  etait  impregne 
d'une  assez  grande  quantite  de  sang.  L'examen  microseopique  qui  en  a  ele  fart 
par  M.  Rayer  a  demontre  qu'il  y  existait  beaucoup  moins  de  graisse  que  dans 
I'etat  normal.  Les  autrcs  visceres  n'ont  presente  vien  de  bien  remarquable.  11  n'y 
avait  pas  de  tubercules  dans  les  poumons.  Le  coeur  etait  parfaitement  sain.  11 
n'y  avait  pas  de  caillots  dans  les  principalesveines  des  membres  inferieurs  etde 
I'abdomen. 

Remarql'es.  Nous  ferons,  au  sujet  de  I'observalion  abregee  que  nous  venons  de 
relater,  les  remarques  suivantes : 

lo  Le  retrecissement  pylorique  dont  il  est  iei  question  est  un  fait  exceptionnef, 
k  ce  qu'il  nous  a  semble  du  moins.  Dans  le  remarquable  memoire  de  M.  Duplay, 
on  trouve  rassemble  un  grand  nombre  de  fails  d'ampliation  de  I'estomac  avec 
retrecissement  du  pylore;  mais  dans  touscescas,  quand  il  n'existaitpas  de  tumeur 
cancereusc,  la  tunique  celluleuse  etait  hypertropliide  Dans  I'observation  qui  nous 
est  propre,  toutes  les  tuniques  eonstituant  les  parois  de  I'orifice  pylorique  sont  au 
contraire  atrophiees.  On  trouve  bien  encore  dans  le  jncnioire  de  M.  Duplay  des 
cas  d'ampliation  de  I'estomac  dans  lesquels  la  tunique  musculaire  s'etait  par- 
tiellement  alropbiee  (obs.  I,  loc.  ciU,  et  Andral,  Ci-in.  mi;d,,  obs.  cit.) ;  mais  cette 
atrophic  portait  alors  sur  une  etendue  plus  ou  moins  considerable  de  cette  tu- 
nique au  voisinage  du  pylore.  Dans  notre  observation,  I'atrophie  commence  ini- 
mediatementau  niveau  du  retrecissement,  et  se  retrouvc  seulcment  dans  la  plus 
grande  partie  de  la  premiere  portion  du  duodenum.  D'ailleurs,  dans  tons  ces  cas 
d'ampliation  d'estomac  avec  atrophic  des  fibres  musculaires,  le  diamdtre  de 
I' ortfice  pylorique  itail  resti  normal.  II  en  est  de  meme  de  robservatinn  rap- 
portee  par  M.  Duplay,  dans  laquelle  rampliation  de  Tcstomae  eoineidait  avec 
une  aherence  intime  de  sa  region  pylorique  avec  la  face  inferieure  du  foie.  Sans 
doutu  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  comme  dans  I'obs.  1  du  memoire  de  M.  Du- 
play, les  adherences  qui  existaient  enire  restomac,  le  duodenum  et  la  glande 
hcpatique  devaient  gener  singuliferement  le  passage  des  mati^res  de  I'estomac 
dans  le  duodenum,  acte  dans  lequel  les  (ibrcs  musculaires  longitudinales  du 
duodenum  jouent  un  si  grand  role  (Magendie,  Tu.  de  piivsiol.,  t.  II,  p.  109);  et 
par  suite  I'ampliation  de  I'estomac  avait  pu  se  produire.  Mais  le  retrecissement 


109 
ne  nous  semble  pas  alors  sufTisamment  explique,  puisquc,  dans  des  circonslances 
k  peu  prfes  analogues,  rorilice  pyloiique  a  pu  etie  rencontre  de  diametre  normal 
ou  meme  dilate. 

11  ne  nous  resle  plus  d6s  lors,  si  nous  voulons  absolument  une  explication, 
qu'A  invoquer  le  retrail  qui  succede  k  I'organisation  des  fausses  membranes ; 
nous  admettrons  d6s  lors  une  peritonite  anterieure,  detres-ancienne  date,  et  cir- 
conscrite  au  voisinage  du  pylore,  les  adherences  que  nous  avons  signalees  entre 
I'estomac  et  le  duodenum  d'un  cole,  et  le  foie  de  I'aulre,  nous  autorisent  d'ail- 
leursa  faire  cette  supposition.  L'anatomie  inlime  de  la  membiane  muqueuse  au 
niveau  du  pylore,  nous  a  deja  fait  rejeter  I'ideed'une  cicatrice  vicieuse  due  k  la 
reparation  d'une  ulceration  de  la  membrane  muqueuse,  dont  on  aurait  pu  aussi 
supposer  I'existence.  11  est  bien  reconnu  aujourd'hui,  h  ce  que  je  crois,  par  les 
anatomo-pathologistes,  que  la  muqueuse,  quand  elle  se  repare,  ne  recupere  pas 
tous  ses  elements,  ses  elements  glandulaires  surtout.  M.  Glugea  vulesviliosi- 
tes  reparaitre  plus  ou  moins  completement  dans  la  cicatrisation  des  ulceres  ty- 
phoides  (Gluge,  Atlas  d'anat.  pathol.)  ;  les  glandes  de  Lieberkuson  ne  s'etaienl 
pas  reproduites. 

2"  De  Haen  s'est  beaucoup  preoccupe  des  relrecisseir.enis  que,  nous  avons 
nommes  ici  non  organiques,  et  il  en  a  fait  figurer  une  quinziiine  de  cas  (Ratio 
MEDENDi,  t.  VI,  Paris  mc,  p.  246).  II  ne  s'explique  pas  suffisamment  sur  la  cause 
anatomique  ou  physiologique  de  ces  retrecissements  auxqucls  il  attribue  une 
grande  part  dans  la  production  des  symptomes  observes  pendant  la  vie  ;  il  les 
a  rencontres  d'ailleurs  dans  des  maladies  tres-diverses  et  dans  lesquellcs  les  vis- 
c6res  intestinaux  ne  paraissent  pas  avoir  ete  autrement  interesses.  Pour  nous, 
nous  ne  faisons  que  signaler  le  fait  en  passant;  est-ce  un  phenomene  cadave- 
rique  ou  un  phenomene  des  derniers  temps  de  la  vie?  quelle  est  son  importance 
etsa  signification?  M.  Andral  s'est  depuis  longlemps  pose  ces  questions;  il  est 
porte  k  penser  qu'il  est  «  des  malades  qui  presentent  un  certain  ensemble  de 
symptomes  qu'il  serait  porte  h  expliquer  par  une  contraction  spasmodique,  soit 
durable,  soit  passagere,  d'un  point  du  tube  digestif. »  (Precis  d'anat,  path.,  t.  II, 
p.  121.)  Copland,  d'un  autre  cote,  assignedes  phenomenes  particuliers  au  spasme 
des  intestins ;  et  Mayo  (Outlines  OF  HUMAN  pathology,  Lond.  i83G,  p.  351)  en 
rapporte  une  observation  qui  parait  concluante.  Nous  n'avons  observe  chez  notre 
malade  aucun  phenomene  particulier  qu'on  piit  rattacher  a  ces  retrecissements 
multiples  des  intestins. 

2'  recherches  sl'r  la  contagion  de  la  gale  des  ANiMAux  A  l'homme  et  sur  les 

MOEURS  DE  L'aCARUS  DE  LA  GALE;  par  M.  BOURGUIGNON. 

«  J'ai  entrepris  depuis  quelques  mois  de  nouvelles  recherches  sur  la  contagion 
de  la  gale,  avec  le  concours  de  M.  Delafond,  professeur  k  I'ecole  d'Alfort. 

1)  Ces  nouveaux  essais  ont  porte  sur  la  gale  du  mouton  et  du  cheval.  Quelques 
moutons  tires  d'un  troupcau  alfecte  de  gale,  que  M.  Delafond  a  eteappele  a  gu6- 


liO 
rir,  nous  ont  abondammenl  fourui  reldment  dc  la  contagion.  Nous  avons  piis 
(les  scares  de  mouton  et  nous  les  avons  deposes  sur  Ic  corps  d'une  douzaine  d'e- 
16ves  d'Alfort,  sans  aucune  precaulioii  prealablc,  sans  les  recouvrir  d'aucun 
verre;  chaque  el6ve  a  recju  jusqu'i  10  k  15  inseetes,  males,  femelles,  separ6s  ou 
accouples,  ainsi  que  des  jeunes  larves ;  quclques-uns  d'entre  eux  ont  eprouve  de 
legers  chalouillemenls  pendant  les  deux  ou  trois  premieres  heures,  vers  les  re- 
gions oh  I'application  des  inseetes  avail  ete  faile,  mais  aucun  d'eux  n'a  ressenti 
de  veritables  demangeaisons,  ni  vu  survenir  aucune  Eruption.  Les  memes  essais 
de  contagion  ont  ete  lentes  avec  I'acarus  du  cheval,  dans  des  conditions  identi- 
ques  quant  au  noniLre  des  ireectes,  et  la  facilite  qui  leur  a  ete  laissee  de  se  re- 
pandre  sur  tout  le  corps,  sans  donner  plus  de  resultat.  L'acarus  du  cheval  a 
quelquefois  fait  eprouver  une  sorte  de  picotement  produit  par  rintroduction  des 
mandibules  dans  les  chairs;  mais  14  se  sont  bornes  les  signes  qu'il  a  donnes  de 
sa  presence. 

))  Ainsi,  ces  experiences  de  contagion,  faites  dans  des  conditions  plus  favorables 
que  celles  qui  peuvent  resulter  des  rapports  de  I'hommeavec  ces  animaux  ont 
ete  de  tout  point  negatives,  et  prouvent  d'une  manifire  irrefutable,  comme  nous 
I'avions  dej4  demontre,  que  le  psore  des  animaux  ne  saurait  se  transmettre  a 
I'homme  par  I'element  essentiel  de  la  contagion,  l'acarus. 

»  Nous  avons  pousse  plus  loin  nos  investigations  :  si  les  animaux  ne  nous 
Iransmettent  point  leur  gale,  ils  pouvaient  nous  communiquer  les  maladies  qui 
compliquent  cette  affection ;  aussi  avons-nous  inocule,  k  I'aide  de  la  lancette,  la 
serosite,  les  humeurs  prises  sous  les  croutes  des  eruptions,  ou  resultant  de  la  tri- 
turation d'un  amas  d'acarus.  Jamais  nous  n'avons  pu  faire  naitre  la  moindre 
eruption.  Mais  ces  conditions  n'etaient  pas  de  celles  qui  d'ordinaire  transmettent 
une  maladie  de  peau,  il  fallait  operer  un  contact  immediat  et  prolonge  entre  la 
peau  de  I'homme  et  la  peau  de  I'animal  galeux ;  c'est  ce  que  nous  avons  fait.  Un 
el6ve  a  applique  son  avant-bras  sur  le  dos  d'un  mouton  galeux,  I'a  laisse  ainsi 
en  contact  pendant  vingt  minutes,  provoquant  par  le  frottement  I'exhalation  de 
la  serosite  psorique ;  il  I'a  retire  au  bout  de  ce  temps,  tout  convert  de  detritus 
crouteux  et  epidermiques,  baigne  de  serosite,  rouge  et  fortement  irrite.  Nous  es- 
perions  voir  se  developper  une  vive  inflammation  ou  tout  au  moins  une  erup- 
tion ;  il  n'en  fut  rion.  De  telle  sorte  que  nous  etions  ainsi  conduits  k  nier  non- 
seulement  la  contagion  de  la  gale,  mais  celle  des  maladies  de  peau  qui  la  com- 
pliquent. Cependant,  sur  ce  dernier  point,  un  doute  nous  reste ;  nous  ne  pouvons 
voir  un  simple  rapport  fortuit  entre  la  maladie  de  tant  de  personnes  dont  on  cite 
les  observations,  et  celle  des  animaux  avec  lesquels  elles  avaient  un  contact 
journalier.  On  a  vu  trop  frequemmenl  un  individu  qui  touchait  ou  caressait  un 
animal  affecte  d'une  maladie  de  peau,  gagner  lui-meme  une  semblablc  alTection, 
pour  que  le  fait  cite  plus  haut  change  completement  notre  conviction  k  cet 
egard. 
»  Nous  avons  profitc  de  cette  occasion,  on  Ic  pensc  bien,  pour  eludicr  Torga- 


Ill 

nisalion  de  I'acarus  du  mouton  donl  Wolz  a  donne  un  dessin  fort  pcu  exact,  ct 
cet  examen  nous  a  fourni  des  notions  toutes  nouvelles  et  fort  curieuscs  sur 
riiistoire  des  acarus. 

•  L'acarus  du  mouton  se  pr6sente  avec  des  caract^res  differents,  suivant  les 
ages,  c'est-cl-dire  qu'il  subit  de  nombreuses  metamorphoses.  Ainsi,  k  sa  nais- 
sance,  comme  les  autres  insectes  a  huit  pattes,  il  n'en  a  que  six ;  il  est  a  l'6tat 
de  larve;  la  metamorphose  qui  va  suivre  et  qui  lui  donnera  ses  huit  pattes  en 
fera  un  insecle  complet  propre  k  I'accouplement.  Une  fois  I'accouplement  et  la 
fecondation  operes,  la  femelle  eprouve  une  metamorphose  nouvelle,  perd  plu- 
sieurs  des  caracteres  de  son  sexe ;  certains  organes,  situes  a  la  region  dorsale,  vers 
I'extremite  posterieure,  et  qui  sont  destines  £i  penetrer  dans  des  ventouses  que 
le  male  porte  a  la  face  ventrale,  disparaissent.  A  partir  de  ce  moment,  la  femelle 
n'est  plus  propre  a  raccouplement  et  pent  pondre  sans  I'approehe  du  male  des 
OGufs  fecondes. 

i>  Ces  faits  nous  ont  permis  de  jeter  un  coup  d'oeil  retrospectif  sur  I'histoire  de 
I'acarus  de  I'homme,  que  nous  avons  toujours  trouve,  il  vous  en  souvient,  a 
I'etat  de  femelle ;  il  est  probable  que  notre  acare  eprouve,  comme  celui  du  mou- 
ton, plusieurs  metamorphoses,  et  qu'il  penetre  sous  notre  cpiderme,surtout  quand 
il  a  etef^condc.  Dans  cettc  hypoth^se,  il  faudrait  croirequeles  larvesviventdans 
des  sillons  jusqu'a  la  premiere  mue  ou  metamorphose;  qu'i  cette  epoque  les 
acarus  male  et  femelle  restent  quelque  temps  k  la  superficie  de  la  peau,  s'accou- 
plent,  et  une  fois  la  fecondation  operee,  que  les  femelles  seules  font  de  nouvcaux 
sillons  dans  lesquels  elles  pondent.  Les  males,  lr6s-probablement  pourvus  d'or- 
ganes  supplementaires  qui  leur  permettent  de  vivre  a  la  surface  de  I'epiderme, 
vont  k  la  recherche  des  femelles,  les  fecondent  (car  I'accouplement  est  materiel- 
lement  impossible  dans  le  sillon),  vivent  ainsi  plus  ou  moins  longtemps,  et  meu- 
rent  sans  qu'on  ait  occasion  de  les  rencontrer  meme  k  I'aide  du  microscope  mo- 
bile, car  il  faudrait  ctre  bicn  heureusement  servi  par  le  hasard  pour  rencontrer 
au  milieu  des  rides  de  la  peau  un  insecte  si  petit,  surtout  avec  I'opinion  ou  nous 
etions  jusqu'a  ce  jour  que  males  et  femelles  vivaient  dans  les  sillons.  La  presence 
de  I'acarus  male  sur  le  corps  expliquera  sans  doute  un  jour  le  developpement  de 
certaines  atlie.ctions  cutanees,  telle  que  le  prurigo,  par  excmple,  dont  la  cause 
nous  echappe.  On  comprend  facilement  qu'il  y  ait  necessite  pour  la  femelle  dc 
crcuser  un  sillon  pour  y  pondre;  lesoeufs  sous  la  couche  epidermique  sont  ainsi 
dans  les  meilleures  conditions  de  developpement,  le  frottement,  le  lavage,  etc., 
ne  sauraicnt  les  alteindre.  Le  premier  besoin  du  male  parait  etre  la  mobilite ; 
celui  de  la  femelle  fecondee  et  metamorphosce,  la  fixite. 

»  Comme  vous  levoyez,  a  mesure  que  nous  nous  livrons  k  I'ctudc  de  la  gale, 
le  champ  des  rcchcrches  s'agrandit,  ct  quelqucs  faits  observes  et  jusquc-lii  incx- 
pliqucs  trouvenl  leur  raison  d'etre. 

»  Nous  vcnons  dr  porter  notre  cxamcn  sur  la  calc  des  animaux,  ct  nous  nous 
tronvons  rnlrain('s  a  r('50udre  grand  nombrr  de  qneslion?  imprrvurs  qui  surgis- 


112 
sent  a  chaque  pas.  Ainsi,  pour  u'cn  cilor  qu'un  cxcmple,  une  observation  atten- 
tive nous  a  fait  constater  que  I'acarus  du  cbeval  et  celui  du  mouton  sont  abso- 
lument  idenliques ;  ils  ont  les  mcmes  caract6res ;  les  femelles  subissent  les  memes 
metamorphoses.  De  !&  necessity  dc  recUerciier  si  les  acarus  du  clieval  transmis 
au  mouton,  et  reciproquement,  determineront  chez  ce  dernier  une  maladie  iden- 
tique,  etc.  II  va  sans  dire  que  nous  avons  dessine  I'acarus  du  mouton,  ainsi  que 
le  pou  qui  lui  cause  des  demangeaisons  tr6s-vives,  et  que  les  agriculteurs  pour- 
raient  prendre  pour  I'acarus  lui-meme.  La  question  du  traitement  attirera  aussi 
toute  notre  attention. » 

III.  —  Helminthologie. 

SUR  DES   LARVES   RENDUES  PAR  LES  SELLES ;  par  M.    DaVAINE. 

Nous  avons  examine,  M.  Rayer  et  moi,  des  larves  qui  nous  ont  ete  remises  par 
M.  le  docteur  Roger,  et  qui  avaient  ete  rendues  par  une  malade  dont  I'observa- 
tion  est  consignee  dans  les  comptes  rendus  delaSociete  (juillet  1851).  Nous  nous 
sommes  assures  que  ces  larves,  que  Ton  designe  vulgairement  sous  le  nom  de 
vers,  etaient  des  larves  de  dipteres ;  mais  nous  n'avons  pu  en  determiner  I'es- 
p^ce.  Nous  exposerons  les  caracleres  de  ces  larves  avec  quelques  details  qui  nous 
paraissent  justifies  par  la  rarete  du  fait  et  par  la  conQrmation  qu'ils  donnent  k 
i'opinion  de  M.  Roger,  i  savoir,  qu'il  n'y  a  eu,  dans  ce  cas,  ni  erreur,  ni  super- 
cherie  de  la  part  de  la  malade. 

Sept  de  ces  larves  nous  ont  el6  remises;  elles  etaient  enchevetrees  dans  un 
mucus  glaireux,  semblable  au  mucus  de  I'intestin,  et  dont  il  etait  fort  difficile 
de  les  debarrasser  complctement.  Deji  elles  avaient  subi  un  commencement  de 
putrefaction,  qui  cependant  n'avait  point  altere  leur  forme  exterieure,  mais  qui 
ne  nous  a  pas  permis  de  faire  de  ces  larves  une  anatomie  aussi  complete  que  nous 
I'aurions  desire.  Elles  offraient  les  caract6res  suivants :  larves  fusiformes,  nuan- 
cees  de  gris,  de  rose  et  de  chatain,  longues  d'un  centimetre.  Extremite  ante- 
rieure  tr6s-amincie ;  extremite  posterieure  moins  amincie  et  bifurquee  dans  la 
plupart;  corps  ne  presentant  point  d'anneaux  ou  de  segments  appreciables ;  huit 
paires  de  mamelons  ambulatoires,  simples,  places  sur  les  cotes ;  extremite  ante- 
rieure  ou  tete  armee  de  trois  paires  de  crochets,  dont  deux  beaucoup  plus  forts 
et  visibles  k  un  faible  grossissement;  16vre  terminale  munie  de  papilles  saillantes; 
point  d'yeux  visibles ;  deux  stigmates  olTrant  un  pavilion  palme,  grand,  blan- 
chatre,  compose  de  16  k  20  digitations ;  deux  trachees  principales,  partant  de  ces 
stigmates  et  renflees  en  arrifere,  se  terminant  par  deux  autres  stigmates  evases 
occupant  le  sommet  de  chaque  bifurcation  de  I'extremite  posterieure ;  teguments 
presentant,  a  un  fort  grossissement,  des  polls  nombreux,  courts  et  roides,  simples 
ou  rarcment  bifides,  dissemines  irreguli^rement  sur  toute  la  surface  du  corps.  A 
I'interieur,  outre  I'intestin  tr6s-alterc  et  les  trachees  dont  nous  avons  parle,  nous 


113 

avons  constate  I'exislencc  d'une  pi6ce  cornee,  oesophagieune,  supporlanl  les  cio- 
chets.  Les  figures  annexees  h  celte  note  donnent  une  idee  exacte  de  ces  diverses 
dispositions. 

D'apres  cette  description,  il  est  evident  que  cette  larve  n'est  pas  celle  qu'on  a 
designee  sous  le  nom  de  larve  de  Vwstrus  hominis.  Les  larves  d'oestre  ont  ie 
corps  divise  en  segments  marques  par  des  polls  disposes  en  series  transversales ; 
elles  n'offrent  point  de  stigmates  anterieurs  disposees  en  pavilion  digite ;  en 
outre,  les  crochets  de  la  larve  que  nous  avons  observee,  beaucoup  moins  forts, 
relativement,  que  ceux  des  larves  d'oestre,  rappellent  plutot  ceux  des  larves  des 
muscides. 

D'un  autre  cote,  on  ne  pent  confondre  les  larves  rendues  par  la  malade  de 
Bl.  Roger  avec  les  larves  de  la  mouche  carnassiere  et  de  la  mouche  domestique, 
larves  dont  le  corps  est  annele  et  tronque  en  arri6re.  Enfin,  elles  different  en- 
core davantage  de  la  larve  du  scatopse  noir,  si  commun  dans  les  lieux  d'ai- 
sances  {musca  stercoraria),  et  que  nous  avons  etudiee  comparativement. 

En  resume,  les  larves  rendues  par  la  malade  de  M.  Roger  n'etaient  pas  de 
celles  que  cette  femme  aurait  pu  facilement  se  procurer,  si  elle  eut  voulu  se  Ji- 
vrer  a  une  supercherie. 

J'ajouterai,  en  terminant,  que  M.  Rayer  desirant  s'assurer  si  des  larves  de 
mouche  ou  de  scatopse  introduites  dans  I'estomac  ou  I'intestin  pouvaient  y  vi- 
vre  un  certain  temps,  comme  quelques  larves  d'mstre,  ou  si  elles  pouvaient  par- 
courir  toute  I'etendue  du  canal  intestinal  sans  cesser  d'etre  reconnaissables,  I'ex- 
perience  suivante  a  ete  faite  par  M.  Claude  Bernard  :  des  larves  de  la  mouche 
carnassiere  et  des  larves  de  la  mouche  stercoraire  ont  ete  introduites  dans  I'esto- 
mac d'un  chien  qui  portait  une  fistule  stomacale ;  or  le  lendemain  et  le  surlen- 
demain,  on  a  retrouve,  dans  les  matieres  fecales,  plusieurs  de  ces  larves  en  ap- 
parence  non  alterees.  M.  CI.  Bernard  se  propose  de  repeter  et  de  varier  ces  ex- 
periences. 

IV.  —  Wratologie  vegetale. 

SUR  UNE  MONSTRUOSITE  DE  LA  FLEUR  DU  CHOU-FLEUR,  OCCASIONNEE  PAR  LA  PRESENCE 
d'un  champignon  PARASITE,  LE  CYSTOPUS  (OREDO)  CANDIDUS ;  par  M.  M.-J.  BER- 
KELEY. 

On  trouve  dans  la  fleur  transformee  : 

!•  Quatre  sepales,  mais  ceux  qui  sont  lateraux  dans  la  fleur  normale  sont  ici, 
I'un  anterieur  et  I'autre  posterieur. 

2«I1  y  a  deux  verticilles  de  petales,  trois  pour  chacun ;  les  exterieurs  sont  verts 
en  grande  partie ;  il  en  manque  un ;  les  interieurs  sont  jaunes,  et  I'un  d'cux,  ce- 
lui  marque  2,  a  son  limbe  enrouie.  Le  quatrieme  manque  egalement. 

3»  II  y  a  aussi  deux  verticilles  d'etamlnes,  dont  I'intcrieur  est  place  sur  la  base 


Hi 
allongce  del'ovaire.  Du  veilicille  e\lerieur,  Ics  deux  paiies  sonl  i  pcu  pr6s  (ians 
leur  condition  normale ;  mais  les  deux  etamines  solitaires  sent  (Onvertieschacunc 
en  un  pedoncule  qui  porte  un  boulon  compose  de  sepales,  de  petales,  d'otamincs 
et  d'un  ovaire  dans  leur  position  ordinaire. 

4°  II  n'y  a  pas  trace  de  glandes. 

5°  L'ovaire  est  Ires-renfle,  et  quand  on  I'analysc,  on  trouve  que  les  placentas 
sunt  parfaitemcnt  distincts,  excepte  a  la  base. 


€OMPT£S  R13NDU 

DES  SEANCES 


DE 


F r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGTE 


PENDANT    LE    MOIS    DE    SEPTEMBRE  1851  ; 


11.  le  Doeteur  BROWIV-SKQVARD ,  seer^laiip. 


Pr^sidence  de  M.  RAYER. 


I.  —  Anatomie. 


SDR  LA   PORTION  CEPHALIQUE  DU  GRAND  STMPATHIQUE  ;    par  M.  LUDOVIC 

HlRCHFEI.D. 

«  Depuis  la  decouverie  des  ganglions  ophthalmique,  spheuo-palalin,  oti- 
aue,  etc.,  I'existence  de  la  portion  cephalique  du  grand  sympalhiqueest  devenue 
un  sujet  de  controverse  parmi  les  anatomistes.  Les  uns,  rattacbant  au  syslenie 
ganglionnaire  de  la  vie  organique  tous  les  ganglions,  quel  que  soit  le  lieu  qu'ils 
occupent,   admeltent  que  le  grand  sympathique  s'etend  a  la  tetc,  comma  au 


116 
thorax  el  a  I'abdomen ;  de  la  la  denomination  de  trisplanchnique  sous  laqueHe 
ils  I'ont  designe.  Les  aulres,  au  contraire,  souliennent,  mais  sans  faire  con- 
nallre  leurs  motifs,  que  les  ganglions  de  la  lete  apparlienuent  a  une  tout  autre 
categoric  que  ceux  du  grand  sympatliique,  et  que  celui-ci  n'a  pas  de  portion 
cephalique. 

B  D'apres  M.  Longet,  la  pariie  cephalique  du  grand  sympalbique  est  repre- 
sentee par  les  ganglions  de  la  lete  el  par  les  nombreuses  irradiations  du  gan- 
glion cervical  superieur,  qui  accompagne  soil  la  carolide  interne,  soil  la  ca- 
rotide  externe,  ainsi  que  la  piupart  de  leurs  branches.  M.  Arnold  considere  les 
ganglions  de  la  tele  comme  cousiiluant  un  petit  systenie  a  pari,  destine  aux 
organes  des  sens.  M  Blaudin,  lout  en  admellanl  la  destination  speciale  aux 
organes  des  sens,  des  ganglions  craniens,  les  ratlacbe  a  la  scrie  des  aulres 
ganglions  sympalhiques ;  selon  lui,  la  portion  cephalique  du  grand  sympalbique 
se  composerail  surlout  des  ganglions  ophlbalmique,  spbeno-palalin,  olique, 
sous-maxillaire  et  sublingual;  le  ganglion  cervical  superieur  concourrait  aussi 
a  sa  formation. 

»  Pour  mon  comple,  les  ganglions  de  la  tele  n'appartiennenl  nullemenl  au 
sysleme  ganglionnaire  du  grand  sympalbique,  mais  ils  forment  un  petit  appa- 
reil  de  ganglions  a  pari,  qui  dependent  des  nerfs  craniens  (3"  el  5«  paire),  de 
la  meme  nianiere  que  les  ganglions  iuterverlebraux  dependent  des  nerfs  racbi- 
diens.  Les  raisons  anatomiques  qui  m'onl  fait  adopter  celte  maniere  de  voir 
sont  les  suivantes  :  1°  Lorsque  quelques-uns  des  ganglions  craniens  manquent, 
les  rameaux  qui  en  proviennent  babiluellemenl  emergent  du  Irijumeau.  Ainsi 
les  ganglions  spbeno-palalin,  olique,  sublingual  el  sous-maxillaire  manquent 
quelquefois  cbez  I'bomrae;  le  ganglion  spbeno-palalin  n'exisle  pas  cbezles  ru- 
minants, les  rongeurs;  il  manque  aussi  cbez  le  cbienet  le  cbal;  alors  les  ra- 
meaux qui  en  naissenl  babiluellemenl  viennenl  du  irijumeau.  2°  Les  liens  qui 
raltacbenl  les  ganglions  de  la  tele  a  I'appareil  ganglionnaire  du  grand  sympa- 
lbique (racines  vegelalives)  manquent  assez  souvent,  el  meme  on  pourrail  con- 
tester  I'exislence  des  racines  vegelalives  des  ganglions  olique,  sous-maxillaire, 
sublingual,  tandis  queje  n'ai  jamais  vu  nianquer  les  lilets  (racines  sensiiivo- 
motrices)  qui  les  lixent  au  nerf  cranien.  3°  Ces  ganglions,  quelquefois  rou- 
geatres,  ont  souvent  un  aspect  aussi  blanc  que  celui  des  nerfs  craniens,  ce  qui 
s'exp'ique  parce  qu'ils  renferment  beaucoup  moins  de  substance  grise  que  les 
ganglions  sympalhiques.  4°  Si  Ton  examine  entin  la  texture  des  ganglions  cra- 
niens, on  voil  qu'elle  est  tout  a  fail  analogue  a  celle  des  ganglions  interver- 
tebraux,  tandis  qu'elle  diiTere  de  celle  des  ganglions  survertebraux  splanch- 
niques. 

»  Des  recherches  toules  recenles  et  pleines  d'interet  de  M.  ledocleur  Robin 
vlennent  pleinement  confirmer  celte  derniere  assertion  ;  voici  ses  propres  pa- 
roles :  «  II  enlre  dans  la  constitution  des  ganglions  nerveux  craniens  les  memes 
corpuscules  ganglionnaires  (cellules  nerveuses  de  beaucoup  d'auteurs)  que  dans 


117 
ies  ganglions  rachidiens.  Un  certain  nombre  de  ces  corpuscules  correspond 
aux  tubes  nerveux  minces,  ils  sont  moins  nombreux  que  ceux  de  memo  nature 
existant  dans  Ies  ganglions  du  grand  sympathique.  Celui  des  ganglions  qui 
renferme  le  plus  de  ces  derniers  corpuscules  eslle  ganglion  de  Gasser,  qui  cer- 
tainement  ne  sera  pas  pas  compare  aux  ganglions  du  grand  sympathique.  Les 
ganglions  craniens  (ophthalmique,  genicule,  sous-maxillaire,  etc.)  sont,  comme 
les  ganglions  rachidiens,  remarquables  surtoutpar  I'abondancedes  corpuscules, 
comparativement  au  tissu  cellulaire  eta  la  matiere  amorphe  granuleuse;  c'est 
k  cetle  predominance  de  corpuscules  qu'est  due  la  couleur  blanche  des  gan- 
glions nerveux  cepbaliques,  qui  les  distingue  deja  a  I'oeil  nu  des  ganglions  sym- 
pathiques.  Cette  difference  coincide  avec  une  difference  de  structure  intime, 
puisque  dans  ces  ganglions  viscerauxon  trouveau  contraireune  grande  propor- 
tion de  cette  substance  amorphe  et  aussi  de  tissu  cellulaire  et  d'elements  fibro- 
plastiques,  comparativement  a  la  masse  des  globules  ganglionnaires. 

»  Ainsi  done  :  l"  la  proportion  considerable  des  corpuscules  dans  les  gan- 
glions cepbaliques,  la  petite  proportion  des  elements  accessoires,  comparee  a 
la  petite  quantite  des  corpuscules  dans  les  ganglions  visceraux  avec,  au  con- 
traire,  grande  proportion  des  elements  accessoires;  ces  fails,  disons-nous, 
moutrent  que  les  ganglions  des  nerfs  de  la  lelene  peuvent  pas  etre  consideres 
comme  analogues  aux  ganglions  du  systeme  nerveux  dit  de  nutrition.  2°  Les 
faits  indiques  precedemment  montrent  que  I'on  peut  comparer  les  ganglions 
craniens  aux  ganglions  rachidiens,  puisqu'ils  contiennent  les  memos  elements 
I'ondamentaux  el  accessoires. » 

»  L'existenee  constanle  de  liens  qui  les  llxent  aux  nerfs  niedullo-encepha- 
liques,  la  communaute  d'aspect  et  de  texture  m'autorisent  h  supposer  une  com- 
munaute  de  fonclions  dans  les  ganglions  craniens  et  les  ganglions  rachidiens. 
Si  done  les  idees  d'Arnold  sont  fondees  relaiivement  a  I'usage  des  ganglions  cra- 
niens, les  ganglions  rachidiens  (inlervertebraux)  devront  aussi  elre  consideres 
comme  des  ganglions  sensoriaux,  avec  cette  restriction  toutefois  que  les  gan- 
glions craniens  ont  sous  leur  dependance  immediate  les  quatre  sens  speciaux 
qui  ont  leur  siege  a  la  tele,  tandis  que  les  ganglions  inlervertebraux,  etant  pla- 
ces sur  le  trajet  de  toules  les  racines  sensitives,  auront  pour  usage  de  modifier 
la  perception  des  sensations  generales  etde  rendre  les  nerfs  sur  le  trajet  des- 
quels  ils  sont  places  aptes  ^  iransmettre  les  sensations  speciales  du  tact  et  du 
toucher. 

»  Apres  avoir  demonlre  que  les  ganglions  de  la  tele  ne  peuvent,  anatomi- 
quement  parlant,  etre  consideres  comme  la  portion  cephalique  du  grand  sym- 
pathique, il  nous  reste  a  parler  du  prolongement  cranien  du  ganglion  cervical 
sup6rieur  qui,  a  raison  de  ses  norabreuses  connexions  avec  les  nerfs  crSniens, 
de  ses  divisions,  de  ses  anastomoses,  de  ses  plexus  multiples  et  de  ses  gan- 
glions (ganglion  carolidienet  peut-eire  ganglion  pituitaire),  peut  etre  envisage 
comme  I'origine  cephalique  du  grand  sympathique.  » 


lis 

II.  —  Phtsiologie. 

1'    RECHERCHES   SCR    LES  VARIATION'S  DE     L'ACIDITE  DE   L'DRINE    ALX    DIFFERENTES 

tiiissiOiNs  Du  JOUR ;  par  M.  Delavaud. 

Les  auteurs  (1)  disentque  I'urine  est  toujours  acide  lorsqu'elle  provientd'uc 
individu  sain  ,  et  que  les  variations  qu'elle  subit  sous  ce  rapport,  comme  sous 
bien  d'auires,  sent  purement  accidentelles  et  dues  principalement  a  la  naiure 
des  aliments. 

J'ai  examine  sur  moi-meme  Tacidite  de  Purine  des  differentes  emissions  de 
la  journee,  et  j'ai  fait  a  celegard  trois  series  d'observntions :  la  premiere  com- 
prend  Tingt-trois  jours,  du  24  aoiit  au  15  septembre  1850 ;  la  deuxieme  en 
coiiiprend  vingtquatre,  entre  le  16  septembre  et  le  13  octobre,  et  la  troisieme 
sept,  enlre  le  11  et  le  20  novembre  -,  en  tout  cinquante-quatre  jours. 

Ces  observations  ont  ete  faites  simplement  avec  des  bandes  de  papier  de 
tournesol  sur  lesquelles  on  laissait  tomber  un  lilet  de  Purine  au  moment  de  son 
emission.  Puis  la  reaction  acide,  neulre  ou  alcaline,  elait  nolee  sur-le-champ. 
Le  papier  qui  a  reagi,  gardant  apres  sa  dessiccationia  meme  reaction  qu'aupa- 
ravant,  i-a  passant  lout  au  plus  de  I'etat  neutre  a  une  acidite  «i  peine  sensible, 
cela  m'a  permis  de  conserver  les  resullats  materiels  obtenus,  et  de  plus  de  dis- 
tinguer  des  diUereuces  bien  tranchees  dans  I'inlensite  de  I'acidile. 

Dans  la  premiere  serie  d'observations  {du  24  aout  au  15  septembre),  j'ar 
voulu  tenir  compie  de  toutes  les  circonsiances  capables  d'inDuer  sur  I'econo- 
niie.  Voici  les  conditions  dans  lesquelles  je  me  suis  irouve  :  temperature  mo- 
deree(18  a  21°  c.  dans  ma  chambre,  a  Paris),  temps  assez  beau.  Reveil  et  lever 
de  cinq  heures  a  sq)theures,  ordinairement  6  beures,  sejour  dans  la  chambre 
jusqu'au  dejeuner;  dejeuner  a  neuf  heures  et  demie,  quelquefois  dix  heures 
ou  dix  heures  et  demie ;  nourriiure  se  composant  a  ce  repas  de  viande,  ceufs  et 
fruits.  Pendant  le  milieu  du  jour,  ordinairement  promenade  d'une  heure  et 
travail  de  cabinet.  A  cinq  heures  et  demie,  diner,  se  composant  de  potage  (avec 
quelquescarottes,  navels;,  bceuf,  legumes  (telsque  articbauts,  haricots,  ponimes 
de  lerre),  roli  (bceuf,  veau,  niouton,  volaille,  gibier),  salade,  fruils  (tels  que 
peches,  abricots,  fraises,  poires,  raisins),  vin  et  eau.  Apres  le  diner,  prome- 
nade d'une  ou  deux  heures;  puis  travail  de  cabinet,  et  enUn  coucher  a  dix 
heures  et  demie  environ. 

Le  resultat  total  auquel  je  suis  arrive  a  ete  le  suivant :  1°  la  premiere  emis- 
sion d'urine,  i  I'heure  du  reveil  (de  cinq  heures  a  sept  heures,  ordinairement 
six  heures),  s'est  moutree  conslamment  tres-manifestement  acide;  2°  les  emis- 

(1)  M.  Delavaud  ue  connaissait  pas  les  belles  recherches  de  M.Bence  Jones. 
Nous  ea  publierons  bientut  un  resume,  en  meme  temps  que  les  resullats  de 
recherches  qui  nous  sont  propres.  BnowN-SEQUiBD. 


119 
sioDS  suivanles  jusqu'au  dejeuner  (neuf  beures  et  demie,quelquefois  dix  hearer, 
dix  beures  et  demie),  et  peu  apres  ce  repas  ont  ele  presque  toujours  Deuiresou 
■{res-legeremeut  alcalines  ou  a  peine  acides,  et  fort  rarement,  et  dans  des  cas 
exceptionnels,  d'une  acidite  marquee;  3°  pendant  lereste  de  la  journeeet  pen- 
dant la  nuit,  I'urine  a  toujours  ete  acide.  La  premiere  emission  apres  le  diner 
(cinq  heures  et  demie),  pendant  la  digestion  stomacale,  m'a  offert  constammeut 
une  acidite  tres-forte. 

Dans  la  seconde  serie  d'observations,  comprenant  vingl-quatre  jours  (entre  le 
16  septembreet  le  13  octobre  1850),  le  regime  a  ete  le  meme  que  dans  la  pre- 
miere, exceple  que  generalement  il  n'y  a  pas  eu  ingestion  de  fruits  au  dejeu- 
ner, et  que  le  travail  auquel  je  me  suis  livre  exigeait  du  mouvement  et  la  sta- 
tion verticale,  a  partir  de  ce  repas  jusqu'au  diner. 

Le  resultat  total  a  ete  le  meme  que  pour  la  premiere  serie ;  j'y  ai  constats,  en 
outre,  qu'il  y  avait  diminution  notable  dans  I'acidite  vers  I'heure  du  coucher, 
de  dix  heures  a  onze  heures.  Mais  je  n'insiste  pas  sur  cefait  pas  plus  que  sur 
<:elui  du  maximum  d'acidite  quelque  temps  apres  le  diner;  je  les  note  seule- 
ment  pour  plus  d'exactitude.  * 

Les  observations  dela  tioisieme  serie,  comprenant  sept  jours  (entre  lell  et  le 
20  novembre  18S0\  n'ont  pas  ete  faites  aussi  regulierement  que  les  precedentes, 
quelques  emissiors  de  la  journee  ayant  ete  negligees.  Elles  confirment  toute- 
fois  le  resultat  deja  obtenu,  [et  montrent  qu'il  est  le  meme  a  diverses  epoques, 
malgre  la  difference  des  saisons  et  les  quelques  changeraents  que  cela  apporte 
dans  le  regime. 

Depuis  ce  temps,  plusieurs  autres  observations  isolees  ont  ete  faites  Qa  et  la, 
et  le  resultat  a  ete  constant. 

Dans  ce  grand  nombre  d'observations,  je  n'ai  trouve  que  tres-peu  d'excep- 
lions.  Quatre  fois  seulement,  I'urine,  ordinairement  neutre  le  matin,  entre  la 
premiere  emission  du  jour  et  le  dejeuner,  s'est  montree  sensiblement  acide  ; 
mais  ce  fait  coincidait  precisement  avec  de  la  fatigue  eprouvee  pendant  la  nuit 
et  dans  la  matinee. 

Quant  a  I'inOuence  du  genre  d'alimentation,  je  ne  puis  en  juger,  la  nourri- 
ture  ayant  ete  presque  constamment  la  meme  pendant  toute  la  duree  des  obser- 
vations, c'est-a-dire  assez  variee  pour  chaque  jour. 

Ainsi,  en  resume,  la  reaction  de  I'urine  sur  le  papier  de  tournesol  a  beaucoup 
varie  selon  les  emissions  de  chaque  jour,  et  ce  sont  les  repas,  comme  on  devait 
s'y  altendre,  qui  influent  sur  ces  variations.  Le  sommeilne  me  parait  avoir  ici 
qu'une  influence  secondaire,  comme  je  I'expliquerai  tout  a  I'heure. 

Maintenant,  ce  resultat  cst-il  individuel,  ou  doit-il  etre  etendu  k  un  plus  on 
-moins  grand  nombre  d'individus  pris  dans  des  circonstances  h.  peu  prt-s  sembla- 
bles  ?  Le  premier  cas  pourrait  etre  vrai,  d'autant  plus  que  ma  constitution  est  as- 
■sez  faible.  Quant  a  I'urine  que  j'ai  emise  pendant  ces  recherches,  elle  a  toujours 
ete  claire  ct  limpide.  J'ai  constate  maintcs  fois  depuis  qu'elle  ne  ss  lroub!?Jt  pa-* 


120 
rebullilion  que  lorsqu'elle  etait  neutie  ou  alcaline.  Le  depot  forme  n'est  pas  un 
carbonate,  car  il  ne  fait  pas  efTervescence  par  les  acides,  I'acide  chlorhydrique, 
par  exemple.  II  ne  faut  pas  se  servir  ici  d'acide  nitrique,  parce  que,  s'il  rcnferme 
la  moindre  trace  d'acide  nitreux,  I'uree  en  degago  de  I'azote,  cc  qui  peut  induire 
en  erreur.Ce  depot  n'est  pasde  ralbumine,  quoiqu'il  ressemble  quelqupfois,  lorsqu'il 
est  plus  abondant  que  de  coutunie,  au  trouble  que  donne  par  la  chaleur  I'urine 
d'un  hydropique,  convenablement  etendue  d'eau  ou  d'urine  normale :  I'une  et 
I'autre  s'eclaircissent  par  I'addition  d'une  tres-pellle  quantite  d'acide  nitrique; 
mats  si  I'on  en  ajoute  encore,  le  trouble  reparait  dans  I'urine  albuminurique 
meme  fort  etendue,  tandis  que  la  premiere  reste  transparente.  Le  tiouble  en 
question  est  dii  A  des  phosphates  terreux,  car  apres  I'avoir  bien  lave  k  I'eau  dis- 
lillee  par  decantation,  puis  traite  par  I'acide  nitrique  pour  le  dissoudre,  par  le 
nitrate  d'argent  et  par  de  I'ammoniaque  pour  neulraliser  la  dissolution,  j'ai  ob- 
tenu  un  precipite  jaune-serin  (1).  Quant  k  I'uree,  150  grammes  d'urine  de  la  jour- 
nee  m'ont  donne  une  fois  9  grammes  de  nitrate  d'uree  brut  et  humide,  ce  qui 
est  une  forte  proportion  ;  une  autre  fois,  j'ai  obtenu  immediatement  du  nitrate 
d'uree  en  lamelles  micacees  en  versant  de  I'acide  nitrique  dans  I'urine  non  eva- 
poree.  A  I'occasion  de  cette  forte  proportion  d'uree,  on  peut  remarquer  en  pas- 
sant que,  si  elle  est  un  indice  de  I'alteration  profonde  des  aliments,  elle  n'est  pas 
toujours  en  rapport  avec  la  force  de  constitution  des  individus.  Quelques  autres 
faits  provenant  de  personnes  d'une  complexion  assez  faible  ou  extcnuees  par  des 
exces  me  le  font  egalement  penser.  Enfin  d'autres  recherches,  chimiques  et  mi- 
croscopiques,  faites  depuis  sur  cette  urine,  h  des  epoques  indeterminees,  ne  m'y 
out  rien  fait  decouvrir  d'essentiellement  anormal.  Des  circonstances  particulieres 


(1)  Ces  phosphates  sont  maintenus  en  dissolution,  au  moins  en  partie,  par  de 
I'acide  carbonique ;  car  I'urine  fraiche,  neutre  et  precipitable  par  la  chaleur, 
laisse  degager,  quand  on  la  fait  bouiUir,  de  I'acide  carbonique  troublant  I'eau  de 
chaux,  et  apres  qu'elle  a  ele  ainsi  troublee,  elle  s'eclaircit  par  un  courant  d'acide 
carbonique,  pour  se  troubler  de  nouveau  par  une  deuxi6me  ebullition.  Ayant  une 
fois  vu  I'urine  acide  se  troubler  egalement  par  la  chaleur,  j'ai  constate  aussi  que 
cette  urine  laissait  degager  de  I'acide  carbonique,  et  que  ce  gaz  I'eclaircissait 
quand  elle  etait  troublee.  II  est  probable  que  cette  urine  se  troublerait  si  Ton  en- 
levait  I'acide  carbonique  par  le  moyen  du  vide.  Get  acide  carbonique  peut  ne  dis- 
soudre que  partiellement  les  phosphates,  car  dans  I'uiine  acide,  la  reaction  reste 
la  meme  apres  le  trouble  par  rebullilion,  la  cause  de  cette  acidile  peut  maintenir 
encore  une  portion  des  phosphates  en  dissolution. 

J'ai  remarque  que  sur  Purine  neutre  et  se  troublant  par  la  chaleur,  il  se  for- 
mait,  apres  quelques  heures  seulemenf,  une  pellicule  irisee,  tres-mince,  bril- 
lante,  prcsque  cntierement  composee  de  cristaux  de  phosphate  ammoniaco-ma- 
gncsien. 


121 

ae  m'ont  pas  permis  et  ne  me  permettront  pas  encore,  d'ici  quelque  temps,  de 
faire  k  cat  egard  des  analyses  completes  et  regulieres. 

Dans  tons  les  cas,  des  observations  faites  sur  d'autres  individus  devenaient  ne- 
cessaires.  Malheureusement,  je  n'ai  pu  en  recueillir  qu'un  bien  petit  nombre,  et 
encore  sont-elles  incompletes.  Cependant  elles  semblent  ^onfirmer  jusqu'^  pre- 
sent le  resultat  obtenu  sur  moi-meme. 

D'abord,  je  puisciter  un  jeuue  homme,  du  meme  age  que  moi  (26  ans),  d'une 
constitution  robuste,  d'un  temperament  sanguin,  et  dont  les  urines  sont  ordinai- 
rement  jaune-rouge  et  chargees  d'acide  urique.  Les  trois  premieres  observations 
qu'il  fit  lui  donneient,  pour  la  premiere  emission  de  la  journee  une  reaction  acide, 
et  pour  les  suivantes,  avant  le  dejeuner,  une  reaction  moins  acide  et  neutre.  Je 
dois  dire  que  d'autres  observations  lul  donnerent  plus  tard  une  reaction  constam- 
ment  acide,  mais  ces  observations  etaient  faites  dans  des  conditions  irreaulieres 
et  difTetentes,  reiativement  aux  heures  du  lever  et  du  premier  repas,  et  c'est  deja 
quelque  chose  que  d'avoir  obtenu  certaines  fois  le  resultat  en  question.  Du  reste, 
void  d'autres  observations. 

Les  unes  ont  ete  recueillies  chez  un  homme  de  30  ans,  bien  constitue.  Dans 
deux  cas,  le  lever  ayant  eu  lieu  h  sept  heures  et  le  dejeuner  a  onze  heures,  la 
premiere  emission,  k  sept  heures,  a  ete  trfis-acide ;  la  deuxitoe,  a  neuf  heures, 
beaucoup  moins;  et  la  troisieme,  a  dix  heures  et  demi,  tout  k  fait  neutre.  Chez 
le  meme,  lorsqu'il  prend  un  premier  repas  a  huit  heures  et  demie,  la  reaction 
est  touj  ours  acide. 

Les  autres  proviennent  d'un  homme  de  SO  ans,  d'une  constitution  moyenne, 
menant  une  \ie  irregulierement  active.  Jamais,  comme  dans  les  observations 
precedentes,  I'urine  n'a  presente,  pour  cette  personne,  une  reaction  neutre  de- 
puis  le  dejeuner  jusqu'au  lendemain,  et  deux  fois  sur  six,  cette  neutralite  s'est 
manifestee  entre  le  reveil  et  le  premier  repas. 

Ainsi,  ce  petit  nombre  de  recherches  sur  differents  individus  pent  faire  penser 
que  le  resultat  de  mes  propres  observations  est  susceptible  d'etre  etendu  ou  gene- 
ralise. Pour  trancher  la  question,  il  faudrait  des  observations  suivies  faites  dans 
des  conditions  bien  d^terminees,  et  k  peu  pr6s  semblables,  ou  relatives  aux  tem- 
peraments divers. 

Une  explication  de  cette  variation  de  I'aciditc  des  urines  dans  un  meme  jour 
serait  done  anticipee.  On  ne  pent  cependant  meconnaitre  le  rapport  qui  existe 
entre  cette  acidite  et  les  vepas ;  elle  semble  etre  un  des  indices  de  la  digestion  (du 
moins  de  celle  d'une  nourriture  non  herbacee),  tandis  que  la  neutralite  in- 
diquerait  une  digestion  tout  a  fait  achev^e  et  un  besoln  d'aliments.  J'ai  voulu, 
k  cet  efl'et,  reconnaitre  quelle  serait  I'influence  du  jeune.  Et  j'ai  vu,  par  deux 
experiences  oii  j'ai  retarde  de  quatre  k  cinq  heures  le  premier  repas  de  la  jour- 
nee; que  legfirement  alcaline  de  huit  k  dix  heures  du  matin,  Purine  redevenait 
acide  vers  midi  et  une  heure,  aucun  aliment  n'ayant  encore  ete  ingere.  Mais  faut- 
U  conclure  de  1^  quo  I'influence  des  repas  est  nuUe  sur  I'acidite  du  liquide  uri- 


122 
naire,  et  que  les  beures  de  la  journee  en  soot  I'unique  cause?  Cette  conclusioo 
serait  contraire  k  ce  qu'on  salt  aujourd'hui  sur  I'influence  du  jcflne,  pendant  le- 
quel  I'animal  vit  de  sa  propre  substance.  II  semble,  en  supposant  que  cette  aci- 
dite  coincide  avec  raltcialion  des  substances  alimentaires,  que,  cette  alteration 
etant  achevce  complelement  le  matin,  Teconomie  soit  habiluee  aux  quelques 
heures  d'abstinence  qui  precedent  le  dejeuner,  et  que  ce  n'est  qu'i  partir  de  ce 
moment  qu'une  digestion  artiflcielle  et  incessante  des  lissus  memes  du  corps 
s'opere  pour  rempiacer  ce  premier  repaslorsqu'il  estsoustraiti  I'individu.  Quant 
au  sommeil,  il  ne  contribue  sans  doutequ'i  rendre  la  digestion  plus  lente  et  plus 
complete.  De  la  fatigue  eprou\ee  pendani  la  nuit  ou  dans  la  matinee  produirait 
le  meme  efTct  que  I'abslinence,  en  provoquant,  par  la  consommation  des  forces, 
une  digestion  plus  rapide  des  aliments,  et  necessitant  bientot  I'alteration  des  lis- 
sus eux-memes.  Mais  ce  ne  sont  la  que  de  pures  suppositions  auxquelles  je  n'at- 
tache  ici  qu'une  valeur  secondaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  observations  fournissent  une  nouvelle  preuve  en  faveur 
de  I'importance  qu'il  y  a  ^  ne  point  donner,  en  physiologie,  I'analyse  absolue  des 
liquides  provenant  de  la  digestion,  et  montre  combien  est  grande  I'influence  des 
conditions  varices  oii  se  trouve  I'economie.  Ainsi  (chez  certains  individus,  du 
moins),  I'urine  totale  de  la  journee  etant  acide,  il  est  des  moments  oil  elle  est 
neutre.  II  me  semble  que  si  Ton  pouvait  trouver,  ne  fiit-ce  que  dans  un  seul  in- 
dividu,  un  rapport  bien  constant  entre  la  composition  du  liquide  urinaire  et  le 
grand  phenomene  de  la  digestion,  k  diverges  periodes  de  la  journee,  ce  serait 
rendre  k  la  physiologie  un  service  plus  grand  que  de  lui  offrir  des  centaines  d'a- 
nalyses  faites  independamment  de  ces  vues.  Je  ne  fais,  du  reste,  en  cela,  que  me 
conformer  aux  idees  des  physiologistes  eminents  de  nos  jours.  La  variation  dans 
I'acidite  de  I'urine  n'est  peut-etre  ici  qu'une  chose  secondaire,  des  variations 
plus  importantes,  plus  constantes  et  plus  generales  peuvent  exister  dans  la  secre- 
tion urinaire.  C'est  dans  cette  direction  que  je  compte  poursuivre  ces  etudes,  en- 
core si  imparfaites,  des  que  les  circonstances  me  le  permettront. 

2o  RECHERCHES  SUR  LES  LIMACES ;    par  M.    LAURENT. 

M.  Laurent  communique  quelques  fails  que  ses  recherches  sur  les  limaces  lui 
ont  presentes : 

1°  II  rappelle  k  ce  sujel  la  communication  qu'il  a  deja  faite  sur  les  metamor- 
phoses des  zoospermes,  qui  ont  lieu  dans  la  vesicule  copulative,  et  rapproche 
les  observations  sur  le  Umax  agrestis  de  celles  qu'il  vient  de  recueillir  sur  le 
Umax  ater.  D'apres  ce  rapprochement,  il  y  a  lieu  de  multiplier  les  observations 
sur  le  nombre  des  oeufs  fecondes  ou  infccondes,  soit  dans  des  pontes  successives, 
soit  dans  uneseule  ponte. 

2°  11  a  vu  presque  tous  les  embryons  de  Umax  ater  atteints  d'une  hydropisie 
de  la  vesicule  ombiiicale ,  produile  par  leur  immersion  dans  I'eau.  11  dit  en- 


123 
suite  en  avoir  gueri  quelques-uns  en  les  pla^ant  dans  I'air  et  les  faisant  secher  en; 
partie. 

3°  Parmi  les  oeufs  de  Umax  ater,  il  en  a  vu  quelques-uns  qui  contenaient 
deux  embryons,  et  I'un  de  ces  oeufs,  dont  les  deux  vitellus  etaient  tres-rappro- 
ches,  lui  a  presente  une  monstruosite  double  qui  a  paru  resulter  de  la  soudure 
des  deux  embryons  dans  les  premiers  moments  de  leur  formation. 

III.  —  Pathologie. 

OBSERVATION  DE  DIATHESE  CANCEREUSE  ;  TCMEURS  VARIOLIFORMES  DE  LA  SDRFACE 
DES  INTESTINS;  REFLEXIONS  SDR  LA  MARCHE  ET  LE  MODE  DE  DEVELOPPEMENT  DE 
LA  GENERALISATION   DU  CANCER;   par  M.   E.    BeYLARD. 

Lanommee  R ,  coucheeau  n"  12  delasalle  Sainte-Cecile,  k  I'hopital  Saint- 

Antoine,  est  entree  le  samedi  matin  9  aoiit,  et  a  succombe  dans  le  courant  de  la 
nuitsuivante. 

A  son  entree  a  I'hopital,  elle  presentait  tons  les  caract^res  de  la  cachexie  can- 
cereuse  arrivee  k  son  terme ;  elle  etait  tres-amaigrie  et  ofFrait  la  telnte  jaune 
paille  caracteristique. 

Le  ventre,  notablement  augmente  de  volume,  contenait  cvidemment  une  cer- 
taine  quantite  de  liquide ;  les  membres  inferieurs  etaient  cedematies. 

La  rapidite  avec  laquelle  cette  femme  a  succombe  n'a  pas  permis  de  prendre 
d'autres  renseignements  sur  la  maladie. 

AcTOPSiE.  —  L'examen  necroscopique  a  surabondamment  justifie  le  diagnostic 
porte  pendant  la  vie.  Nous  verrons,  en  effet,  que  non-seulement  cette  femme  est 
morte  par  suite  d'une  affection  cancereuse,  mais  de  plus  qu'un  grand  nom- 
bre  de  ses  organes  etaient  ,atteints  de  la  maladie  k  un  degre  plus  ou  moins 
avance. 

La  cavite  abdominale  ayant  ete  ouverte,  il  s'en  ecoula  une  assez  grande  quantity 
de  serosite  rougeatre.  Les  anses  intestinales,  distendues  par  un  commencement 
de  decomposition  cadaverique,  au  lieu  de  presenter  une  surface  lisse  et  reguliere, 
comme  a  I'elat  normal,  etaient  le  siege  d'un  grand  nombre  de  tumeurs  verru- 
queuses,  ombiliquees,  les  unes  discretes,  les  autres  confluentes,  ayant  la  plus 
grande  ressemblance  avec  les  boutons  de  la  variole  au  debut  de  la  suppuration. 
Ces  tumeurs,  situees  au-dessous  de  la  membrane  peritoneale  qu'elles  soulevaient, 
occupaient  aussi  bien  la  convexite  que  la  concavite  des  anses  intestinales  dans 
toute  la  longueur  du  tube  digestif,  k  rexception  de  I'estomac  et  du  rectum.  Leur 
coloration  variait;  laplupart  offraient  la  meme  nuance  que  I'intestin.  Quelques- 
unes  presentaient  a  leur  sommet  une  leinte  rouge  vive,  due  k  un  deveioppe- 
ment  de  vaisseaux  sanguins  qui  se  dirigeaient  de  leur  circonference  vers  leur 
centre. 

De  nombreuses  adherences  anciennes  rcunissaient  les  anses  intestinales  entre 
elles  ct  avec  les  parois  abdominales. 


12Zi 

Au  niveau  du  point  oili  I'S  iliaque  se  continue  avec  le  reclum,  toute  I'epais- 
seur  de  I'intestin  avail  subi  la  degenerescence  canceieuse.  En  cet  endroit,  il 
elait  dur,  lardace,  criant  sous  le  scalpel  et  notablement  augmenle  de  volume, 
ce  qui  diminuait  son  calibre  et  avait  pu  pendant  la  vie  produire  un  obstacle  au 
cours  des  mati^res  fecales. 

Le  mesentere  etait  le  siege  d'un  assez  grand  nombre  de  ces  memes  tumeurs 
que  nous  venons  de  signaler.  Les  ganglions  etaicnt  volumineux  et  inflltres  de 
matiere  cancereuse  que  Ton  en  faisait  suinter  par  la  pression;  mais  on  les  dis- 
tinguait  facilement  des  tumeurs  de  nouvelle  formation,  qui  etaient  beaucoup  plus 
petites  el  de  forme  lenticulaire. 

Les  vaisseaux  lymphatiques  qui  se  rendent  de  I'intestin  au  mesentere  etaient 
plus  developpes  qu'a  I'etal  normal  et  se  dessinaient  en  blanc  sous  le  periloine. 
lis  paraissaient  distendus  par  un  liquide  semblable  k  celui  qu'on  faisait  sourdre 
des  ganglions.  Nous  donnerons  plus  loin  I'examen  microscopique  que  M.  Gubler 
a  bien  voulu  faire  de  ces  proJuclions. 

Le  foie  n'etait  pas  notablement  change  de  volume.  Sa  surface  reguliere  pre- 
sentait  des  traces  manifestes  de  peritonite  ancienne,  et  etail  unie  a  la  parol  ab- 
dominale  par  des  adherences  filamenteuses. 

A  la  face  inferieure  du  lobe  gauche  etait  appendue  par  un  pedicule  elroit  une 
tumeur  de  la  grosseur  et  de  la  forme  d'une  noisette,  d'un  blanc  jaunatre,  dure, 
criant  sous  le  scalpel ,  evidemment  constituee  par  de  rencephaloide  cru.  Une 
coupe  pratiquee  dans  le  foie,  au  niveau  du  pedicule  de  cette  tumeur,  a  fait  voir 
qu'elle  penetrait  au  moins  de  0,03  millim.  dans  I'interieur  de  la  glande,  dans 
laquelle  elle  venait  se  perdre  en  se  renflant. 

D'autres  tumeurs  moins  volumineuses,  au  nombre  de  six  ou  sept,  existaient  a 
la  face  inferieure  et  au  bord  Iranchant  du  meme  organe,  et  etaient  toutes  de 
meme  nature  que  celles  precedemment  decrites. 

L'uterus  avait  deux  ou  trois  fois  son  volume  ordinaire,  sans  que  cependant  sa 
forme  fiit  manifestement  alteree.  Le  corps  et  le  col  etaient  envahis  en  totalitepar 
la  degenerescence  cancereuse,  qui  presentait  sur  cet  organe  tons  les  degres  in- 
termediaires  entre  la  erudite  absolue  et  le  ramollissement  complet.  Les  ovaires 
offraient  la  meme  lesion, 

CaviU  thoracique.  —  II  existait  une  petite  quantile  de  serosite  dans  les  pl6- 
vres  des  deux  cotes.  Au  premier  abord,  les  poumons  paraissaient  sains;  cepen- 
dant, i  un  examen  plus  attentif,  au  bord  inferleur  du  lobe  moyen  du  poumon 
droit  et  du  lobe  infcrieur  du  poumon  gauche,  on  trouvait  deux  noyaux  indurea 
du  volume  d'une  noix,  piesentant  a  leur  peripherie  une  coloration  rouge  pale,  et 
a  leur  centre  une  nuance  d'un  gris  jaunatre,  plus  marque  vers  la  partie  tran- 
chante. 

Une  incision,  pratiquee  dans  I'epaisseur  de  ces  noyaux,  laissa  voir  le  tissu  pul- 
monaire  indure,  Icgerement  granuleux,  infiltre  d'un  liquide  grisatre,  d'apparencc 


125 

purulente,  que  Ton  faisait  sortir  par  la  pression.  Ces  noyaux,  plonges  dans  un 
vase  rempli  d'eau,tombaient  rapidement  au  fond. 

Le  tissu  environnant,  gorge  de  sang,  etait  d'un  rouge  fonce,  ressemblant  k  un 
foyer  apopleclique;  il  est  reste  permeable  k  I'air.  La  plevre,  au  niveau  de  ces 
royaux,  etait  veloutee,  rugueuse,  el  offrait  des  arborisations  arterielles  nombreu- 
ses,  dues  a  une  inflammation  manifeste.  Au-dessous,  a  la  surface  des  poumons, 
SB  trouvaient  des  trainees  nolratres  dont  le  siege  anatomique  etait  difficile  k  de- 
terminer, et  qui  semblaient  tenir  a  un  commencement  de  depot  melallique.  En 
outre,  sous  la  plevre  diaphragmatique,  dans  un  point  correspondant  k  la  con- 
vexite  du  foie,  existaient  plusieurs  petites  tumeurs  aplalies,  nummulaires,  molles, 
la  plupart  grisatres,  peu  vasculaires,  analogues  a  celles  dc  I'intcstin ;  I'une  d'elles, 
de  la  largeur  d'une  piece  de  60  centimes,  etait  d'un  brun  rouge  et  comme  erec- 
tile ;  elle  faisait  leg^rement  saillir  la  plevre.  En  incisant,  il  s'ecoulait  un  liquide 
blanc,  opaque,  semblable  k  celui  des  tumeurs  intestinales.  Ce  depot  penetrait 
dans  le  diapliragme  et  allait  se  confondre,  au-dessous  de  ce  muscle,  avec  une 
couche  de  meme  nature  qui  I'unissait  intimement  au  bord  convexe  du  foie. 

Examen  des  tumeurs.  —  1»  Les  tumeurs  varioliformes  de  I'intestin  grele  et 
celles  du  diaphragme  laissent  suinter  par  la  pression  un  sue  blanc,  opaque,  trfis- 
epais,  bomogene,  qui  se  montre  au  microscope  forme  d'un  liquide  dans  lequel 
nagent  une  quantite  enorme  de  cellules  cancereuses  parfaitement  caractcrisees, 
les  unes  arrondies,  les  autres  ovalaires  ou  elleptiques,  ou  en  raquette,  en  mas- 
sue.  Ces  cellules  renferment  un  tres-gros  noyau  ovale,  pourvu  de  granulations 
fines  et  de  quelques  granules  fortement  ombres,  plus  gros  (nucleoles).  II  y  a  aussi 
dans  le  liquide  des  noyaux  isoles  et  des  granules  moleculaires. 

2°  La  partie  indurce  du  lobe  inferieur  du  poumon  gauche  offre  en  dehors,  sur 
la  plevre,  une  couche  grisatre,  molle,  formee  de  detritus  fibrineux,  de  granules 
moleculaires  en  grande  quantite,  de  quelques  cellules  allongees,  k  noyau  (elements 
flbro-plastiques)  et  de  globules  pyoides  et  granuleux. 

La  substance  des  lobules  indures,  qui  est  grisatre  aussi,  renferme  des  elements 
semblables,  meles  a  des  cellules  d'epithelium  et  a  de  tares  globules  de  pus  pour- 
vues  de  noyaux. 

3°  Les  veines,  ou  du  moins  les  espaces  lineaires,  d'apparence  vasculaire,  noirs 
€t  comme  melauiques,  silues  sous  la  plevre  diaphragmatique,  conliennent,  outre 
des  cellules irregulieres  enormes,  ayant  au  moins  les  dimensions  des  grandes 
cellules  cancereuses  et  chargees  de  granules  moleculaires  noiratres,  conliennent, 
dis-je,  une  tres-grande  quantite  de  ces  granules  noiratres,  libres,douesdu  mou- 
vement  brownien  ou  agglomeres,  et  un  certain  nombre  de  globules  fortement 
refringenls ,  en  apparence  identiques  k  ceux  du  beurre  on  aux  globules  gras 
du  foie. 

4">  La  substance  du  foie  est  tres-opaque,  jaunatre,  d'un  aspect  gras.  En  efifet, 
ses  cellules,  trfes-ampUfiees,  renferment  dc  veritables  goutteleltes  de  graisse, 
dont  quelques  autres  sontlibres  dans  le  liquide,  ou  elles  nagent  avec  des  globules 


126 

^as,  de  volumes  varies.  Quehjucs  masses  de  malitire  grasse  paraissent  demi- 
concr^tes. 

Gette  observation,  mallieureusement  incomplete  en  ee  qui  conceme  la  marche 
■de  raffection,  surtout  pendant  les  dcrniers  jours  de  I'existence,  presente  encore 
beaucoup  d'interetau  point  de  vue  de  la  generalisation  cancereuse. 

Nous  voyons  en  effet,  chez  cette  femme,  le  cancer  ayant  envahi  depuis  long- 
temps  I'uterus,  et  probablement,  a  une  epoque  plus  recente,  les  intestins,  prendre 
■tout  k  coup  une  grande  extension  et  apparaitre  dans  le  foie,  le  poumon  et  la  pI6- 
vre ;  car,  pour  nous,  les  tumeurs  constatces  dans  ces  organes  sont  le  premier 
degre  du  developpement  local  du  cancer  k  I'etat  aigu.  G'est  ce  que  nous  allons 
nous  efforcer  de  demontrer,  en  nous  appuyant  sur  les  observations  semblables 
qui  ont  fait  le  sujet  de  plusieurs  discussions  interessantes  dans  le  sein  de  la  So- 
■ciete  anatomiqur. 

En  184G,  M.  Deville  presenta  a  cette  Societe  les  poumons  d'un  homme  qui  avail 
succombe  a  la  suite  d'une  operation  de  cancer  de  la  verge.  Sur  toute  leur  eten- 
due  se  trouvaient  eparses  de  petites  tumeurs,  variant  du  volume  d'un  gros  pois  k 
celui  d'une  noisette,  d'un  noir  grisatre,  formees  pour  la  plupart  d'une  substance 
en  apparence  organisee,  de  consistance  cerebelleuse,  parcourues  de  vaisseaux  et 
dans  quelques  points  de  petils  tuyaux  ressemblant  k  des  canalicules  bronchi- 
ques.  La  pression  en  faisait  sorlir  un  sue  epais  et  sale. 

D'autres,  formees  de  la  meme  subsiance,  etaient  reduites  en  un  putrilage  epais 
et  glutineux,  d'une  teinte  grise  jaunatre,  comme  s'il  y  avait  melange  d"une 
grande  quantite  de  pus.  Ces  tumeurs  etaient  entourees  d'un  kysle  jaunatre  assez 
resistant. 

11  n'y  avait  qu'a  hesiter  entre  des  abces  de  diath^se  purulente  et  des  produc- 
tions cancereuses.  Les  avis  furent  partages.  Rien  cependant,  dans  les  sympto- 
mes,  durant  la  vie  ne  justifiait  I'idee  d'une  infection  purulente.  II  n'y  avait  eu 
aucun  frisson,  et  le  malade  s'etait  eteint  a  la  suite  d'hemorrhagies  successives, 
deux  mois  apr6s  I'operation. 

Les  lesions  que  cet  homme  avait  presentees  etaient  d'une  nature  trop  obscure 
pour  permeltre  de  trancher  la  question;  mais  elles  eveillerent  I'attention,  et  k 
aae  des  seances  suivantes,  M.  Gubler  montra  des  portions  de  poumons  prove- 
nant  d'un  homme  mort  dans  le  service  de  M.  Velpeau,  au  quinzieme  jour  d'une 
■castration  pour  un  encephaloide. 

Les  symptOnies  qui  se  montrerent  avant  sa  mort  pouvaient  aussi  bien  elre 
attribues  a  une  generalisation  de  raffection  cancereuse  qu'a  une  infection  pu- 
rulente. 

A  I'autopsie,  on  renconlra  du  pus  dans  les  plevres.  Les  poumons  etaient  cri- 
bles  de  tumeurs  nombreuses,  quelques-unes  du  volume  d'un  marron,  arron- 
dies,  d'un  rouge  grisatre,  d'une  substance  molle,  facile  a  ^eraser. 

Plusieurs,  constituees  par  une  sorte  de  bouillie  grisatre,  presque  toutes  fa- 
ciles  a  enucleer,  Etaient  entourees  par  du  tissu  pulmon^ire  sain. 


127 

Au  microscope ,  elles  etaient  coiistiluees  par  les  elements  librineux  da 
sang. 

Isoles,  ces  fails  n'avaieiit  pas  una  valeur  suffisante  ;  rapproches,  ils  acquie- 
raient  plus  d'importance.  Cependant  une  discussion  assez  longue  s'ensuivit,  et 
il  resta  encore  du  doute  dans  I'esprit  de  quelques  membres. 

Quelques  jours  apres,  un  autre  interne  de  M.  Velpeau,  M.  Lailler,  presents 
des  pieces  provenant  d'un  liomnie  qui  etail  niort  a  la  suite  de  ['extirpation 
d'une  tumeur  cancereuse  de  la  cuisse.  Six  semaines  apres  I'operation,  il  sur- 
vintdes  douleurs  dans  I'abdomen,  des  frissons  et  des  etouirements.  Les  pou- 
mons  contenaient  des  masses  cancereuses  evidentes,  la  plupart  placees  sous  la 
plevre.  Mais  c'etait  le  foie  qui  etait  le  siege  des  lesions  les  plus  interessantes 
il  etait  rempli  de  masses  de  differente  nature;  les  unes  cjairement  encephaloi- 
des,  les  autres,  positivement  fibrineuses,  etaient  noiratres,  formees  par  de  la 
fibrine  imbibee  d'une  forte  quantite  de  sang.  Quelques  autres,  probablement 
plus  anciennes,  etaient  jaunatres. 

De  ces  masses,  les  unes  etaient  completement  isolees,  d'autres  etaient  appli- 
quees  centre  les  tumeurs  cancereuses,  dont  elles  ne  se  trouvaient  separees  que 
par  une  mince  enveloppe. 

Au  centre  d'une  de  ces  tumeurs  existait  un  petit  noyau  blanc  ayanl  la  plus 
grande  ressemblance  avec  de  rencephaloide.  Ces  lesions  etaient  absolument 
semblables  a  celles  qui  avaient  ete  le  sujet  des  discussions  dans  les  seances  pre- 
cedentes. 

Au  microscope,  MM.  Lebert,  Robin  et  Desormeaux  ont  trouve  dans  les  tu- 
meurs cancereuses  les  caracteres  paihognomoniques. 

On  voit  done  chez  ce  malade  ua  simple  epanchementsangnin'subir  les  diver- 
ses  transformations  habituelles,  accompagner  et  peut-etre  preceder  la  secretion 
cancereuse  m6tastatique. 

De  I'expositiou  de  cesfaits,  nous  pensons  pouvoir  conclure  que  la  diathese 
cancereuse  a  plusieurs  modes  de  manifestations: 

1"  Elle  produit  des  lesions  locales  essentiellement  chroniques  ; 

2"  Elle  determine  des  alterations  disseminees,  presque  toujours  secondaires, 
mais  h  marcbe  encore  lente,  la  tievre  ne  se  monlrant  qu'a  la  fin  avec  la  cacbexie ; 
dans  ce  cas  les  productions  morbides  sont  comme  interposees  dans  la  trame 
des  lissus  sans  que  ceux-ci  manifestent  de  reaction  ou  aient  subi  la  moindre 
alteration. 

Ces  deux  modes  sont  acceples  par  lous. 

3°  Enlin  qu'une  operation  ou  tout  autre  circonstance  peut  donner  un  coup  de 
fouet  a  la  diathese  cancereuse ;  alors  se  montrent  la  tievre  et  des  efforts  repe- 
tes  sur  plusieurs  organes  a  la  fois  ou  sur  divers  points  d'un  menieorgane.  Dans 
ce  cas,  les  tumeurs  primitives  s'accroissent  plus  rapidement,  et  en  outre  il  y  a 
tendance  a  la  formation  de  tumeurs  nouvelles,  Mais  le  travail  morbirle  outre- 


128 
passani  les  homes,  au  lieu  d'cpanchements  de  lymphe  plastique  oii  plus  lard 
s'organisera  la  maliere  canctireuse,  determine  des  epancheraents  de  saog  en 
nature,  apoplectiforme,  qui  tanl6t  subissent  les  cbangements  des  caillots  san- 
guios  (resorpiion  de  la  serosile,  condensation,  decoloration,  etc.),  tantol  au 
contraire,  et  cclte  derniere  modification  se  presentera  dans  les  cas  les  plus  ai- 
gus  et  les  plus  inllammatoires,  il  y  aura  fonle  purulente  des  noyaux  apoplec- 
tiques. 

On  voit  d'apres  cela  que  certains  cas  d'abces  multiples  visc^raux  seraienl  le 
resultat  de  la  diatbese  cancereuse  generalisee  a  forme  aigue,  pouvant  ainsi  se 
confondre  avec  I'infeciion  purulente  proprement  dite  et  par  ses  symptOmes  et 
parses  caracteres  anatomiques,  ainsi  que  cela  a  eu  lieu  pour  les  pieces  pre- 
sentees par  MM.  Deville  et  Gubler  qui  offraient  la  plus  grande  analogic  avec 
celles  que  j'ai  I'honneur  de  mellre  sous  les  yeux  de  la  Sociele. 

Si  dans  le  cas  present  on  etudie  comparativement  au  microscope  les  lumeurs 
du  poumon  et  celles  du  diaphragrae  qui  presentent  a  I'oeil  nu  de  nombreuses 
ressemblances,  on  trouve  que  les  unes,  celles  du  diaphragme,  renferment  un 
liquide  dans  lequel  nagent  une  quantite  enorme  de  cellules  cancereuses  parfai- 
tement  caracterisees,  tandis  que  celles  du  poumon  ne  renferment  que  des 
grandes  moleculaires,  quelques  cellules  allongees  a  noyau,  et  des  globules 
pyoides  el  granuleux.  II  est  pourtant  difficile  de  ne  pas  trouver  la  plus  grande 
analogic  entreles  lesions  du  poumon  et  celles  du  diaphragme.  Pour  nous,  nous 
sommes  convaincu  que  les  dillerences  constatees  au  microscope  sont  dues  aux 
differences  de  vilalite  des  deux  organes,  et  que  si  cetle  femme  eut  vecu  plus 
longteraps  on  aurait  trouve  dans  les  poumons,  soil  dans  les  tumeurs  deja  exis- 
tantes,  soit  dans  leur  voisinage,  de  la  degenerescence  cancereuse,  ainsi  que  I'a 
montre  M.  Lailler  dans  la  piece  qu"il  a  presentee  a  la  Societe  anatomique  et  dont 
il  a  ete  question  plus  haul. 

IV.  —  Teratologie  vegetale. 

SVK.  QCELODES    MONSTRUOSITES    VEGETALES ;   par  M.  GUBLER. 

M.  Gubler  montre  un  dessin  representant  une  anomalie  de  la  foliole  termi- 
nale  du  phaseolus  vulgaris  ou  coccineus  dont  la  nervure  mediane  s'arrete 
brusquement  a  12  millim.  environ  au-dessous  du  sommet  obtus  de  la  foliole, 
se  detache  de  la  face  inferieure  (oil  Ton  sail  que  les  nervures  sont  toujours 
plus  proeminentes),  devient  libre  et  constitue  un  veritable  peliolule  long  d'un 
centimetre  qui  se  dilate  de  nouveau  pour  produire  une  foliole  supplementaire 
lanceolee  lineaire  longue  de  2  cenlim.  et  demi,  large  de  moins  d'un  centimetre. 
Celte  foliole  semble,  par  sa  forme  et  ses  dimensions,  completer  la  foliole  princi- 
pale  qui  est  comme  tronquee  ;  elle  rappelle  la  disposition  de  la  bractee  florale 
du  lilleul.  C'est  la  une  anomalie  elementaire  dont  on  ne  peut  se  rendre  compte 
par  d'aulres  circonstances  qui  s'y  Irouveraient  renferm^cs. 


129 
M.  Rayer  a  aussi  reniis  a  M.  Gubler  une  anoniaiie  du  dahlia,  dans  laquelle  on 
voit  deux  fleurs  adossees  et  placees  de  champ,  mais  completes,  chacune  ayant 
la  double  rangee  de  folioles  de  son  caiice  commun,  dont  I'exterieure  est  formee 
de  cinq  pieces  dilTerentes  et  siniule  un  calicule.  Ces  Oeurs  sont  portees  sur 
un  pedoncule  commun  a  I'exlremite  duquel  elles  sont  parfailementsessiles.  La 
forme  aplalie  de  ce  pedoncule,  la  ligure  ellipsoide  du  canal  meduiiaire  jointes  a 
I'exislence  de  deux  fleurs  completes  montrent  qu'on  a  affaire  a  une  veritable 
fasciation  et  non  a  une  synanlhie  propremeut  diie. 

V.  —  ficONOMIE   RURALE. 
CASTRATION  DEs  VACHES ;  par  M.  Desbans. 

M.  Rayer  communique  une  lettre  de  M.  le  docteur  Lesauvage,  concernant  la 
castration  des  vaches.  M.  Lesauvage  annonce  que  depuis  une  vinstaine  d'an- 
nees,  M.  Desbans,  veterinaire  qui  exerce  dans  le  departement  du  Calvados,  a 
pratique  cette  operation  sur  une  centaine  de  vaches,  et  qu'il  n'en  a  perdu  qu'une 
seule.  Suivant  M.  Desbans,  la  castration  serait  specialement  applicable  aux  va- 
ches taiirelieres.  Les  vaches  que  Ton  dcsigne  sous  ce  nom  sont  affectees  de  ce 
qu'on  nomme  en  medecine  fureur  uUrine,  maladie  qui,  d'apres  les  remarques 
suivantes,  meriterait  peut-etre  mieux  le  nom  de  fureur  ovarienne.  Ces  vaches 
ont  I'ceil  hardi,  les  oreilles  dressees;  elles  inflechissent  frequemment  le  rein, 
agitent  sans  cesse  la  queue  qu'elles  portent  haut,  et  on  remarque  aux  deux  cotes 
de  son  origine  une  depression  qui  produit  une  sorte  de  retraction  de  la  vulve. 
Ces  vaches  sont  sans  cesse  en  mouvement,  sautent  i  tout  moment  sur  les  au- 
tres  et  ne  prennent  ni  reposni  embonpoint.  Dans  I'herbage,  elles  fatiguent  con- 
tinuellement  tout  le  betail,  altaquent  le  taureau  lorsqu'il  veut  fonctionner,  font 
de  grands  efforts  pour  le  remplacer  et  parviennent  meme  quelquefois  k  I'eloi- 
gner.  Cette  tourmente  continuelle  empeche  I'engraissement,  oblige  d'enlever  la 
vache  taureliere  de  I'herbage  et  de  la  vendre  a  vil  prix.  L'enlevement  des  ovaires 
fait  cesser  I'agitation  de  I'animal,  qui  engraisse  ensuite  rapidement. 

La  castration  a  ete  pratiquee  aux  fitats-Unis,  en  Suisse  et  en  France,  dans  le 
but  d'obtenir  un  rendement  de  lait  plus  abondant,  et  surtout  de  prolonger  la 
secretion  laiteuse  au  dela  de  son  terme  ordinaire,  Les  observations  de  M.  Des- 
bans ne  concordent  pas  avec  celles  que  nous  venons  de  rappeler.  II  a  acquis  la 
certitude  qu'apres  l'enlevement  des  ovaires,  la  production  du  lait  n'augmentait 
pas  sensiblement,  et  que,  deux  ou  trois  mois  apres,  la  quantite  de  lait  suivait  une 
proportion  inverse  de  I'embonpoint,  qui  allait  rapidement  en  croissant. 

Suivant  M.  Desbans,  la  castration  favorise  incontestablement  I'engraissement : 
c'est  li  son  utilite.  La  vache,  mise  i  I'herbe ,  eprouve  assez  periodiquement  le 
rut.  Alors  e!le  s'agite,  mange  moins,  et  souvent  chaque  retour  fait  perdre  au 


130 
rooins  (lix  a  quinze  jours  de  I'engraissage.  Elle  tourmente  quelquefois  les  autres 
vaches  k  la  mani^re  des  tauriliires. 

Pour  remedier  h  cet  inconvenient,  on  est  dans  I'habitude  de  placer  un  taureau 
dans  le  troupeau ;  mais  bientot  il  en  vesulte  une  perte  par  la  quantite  de  nour- 
riture  qu'absorbe  le  produit,  de  nulle  valeur  lorsqu'on  livre  la  vache  a  la  bou- 
elierie. 


COMPTi:  RENDU 

DES  SEANCES 


BE 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDANT    LE    HOIS    D"0CT0BRE  1851; 


MM.  les  doctcurs  LEBEBT  et  BROWK-SEQUARD ,  secr«iairc«. 


Pr^sidence  de  M.  HAYER. 


I. — Anatomie  normale. 

SDR  LE  OEVELOPPEMENT  DES  tJEUFS  DES  ARAIGNEES,  par  M.  ViCTOR  CaRUS. 

Les  CEufs  ovariens  des  genres  Lycosa,  Thomisu?,  Salticus  et  Tegenaria  pre- 
sentent,  en  outre  de  la  vesicule  germinative ,  un  corps  singulier,  qui  a  ele  de- 
crit  par  IVUtich  dans  sa  These  (Observationes  qlvedam  he  Araneahum  ex  ovo 
EVOLUTIONE,  IS45),et  qui  a  ele  mentionnee  par  de  Siebold  dans  son Traite  d'ana- 
tomie  comparee.  La  nature  de  ce  corps  n'ayant  pas  encore  ete  etudice  suflisam- 


132 
ment,  j'en  nil  fait  le  sujet  de  quelques  leclierches ,  ct  ainsi  que  snr  le  systeme 
ovarien  des  araignces  en  general. 

L'ovaire  presente  la  forme  d'un  sac ,  dans  la  paroi  inlerne  duquel  s'ins^re 
une  corde  solide  a  laquelle  les  cDufs  sont  fixes  par  des  pedoncules  courts.  A 
Tendroit  mcme  ou  les  oeufs  sont  attaches,  les  cellules  epitheliales  qui  couvrent 
les  pedoncules  forment  plusieurs  couches  un  peu  au  dedans  de  I'insertion  dc 
I'oeuf. 

L'interieur  des  oeufs  presente  ici  presque  toujours  des  corps  graisseux  plus 
grands  que  les  autres  elements  du  vitellus  dont  je  parlerai  bientol.  La  vcsicule 
germinative  presente,  dans  toules  les  esp6ces  que  j'ai  etudiees ,  la  nature  celiu- 
laire,  montrant  la  tache  germinale,  comme  son  nucleus,  et  presque  toujours 
quelques  corps  tres-petits  en  dedans  de  celle-ci ,  rcpresentant  les  nucleoles.  Au 
tour  de  la  vesicule  gcrminative,  on  aperQoit,  chez  les  oaufs  de  plusieurs  genres 
un  peu  avances,  une  sorte  de  halo  formee  par  des  granules  tres-fixes.  Ce  sont 
tous  les  elements  qui  constituent  I'oeuf  dans  les  genres  Clubiona,  Micrommata, 
Agelena,  Tetragnella  et  Epeira;  mais  dans  les  genres  menlionnes  plus  haul,  il  y 
a  un  corps  de  plus  ,  qui  est  rond  ,  et  ft  I'etat  frais  tros-finement  granule.  Mais, 
bientot  apres  avoir  mis  I'ffiuf  sous  le  microscope,  on  voit  les  granules  s'arranger 
dans  un  sens  concentrique.etsurtoutes  les  parlies  peripheriques.  L'eau  ell'acide 
acctique  font  voir  des  stries  concenlriques.  La  potasse  caustique  rend  ce  corps 
extremement  raou,  au  point  que  Ton  pcut  le  faire  disparaitre  par  une  compression 
legere.  Aulour  de  ce  corps  se  forme  le  mcme  halo  des  granules  fixes ,  qui  a  ele 
observe  aulour  de  la  vesicule  germinative  dans  les  ceufs  des  araignces  depour- 
Yues  de  ce  corps  nouveau ,  tandis  qu'au  point  de  I'insertion  on  voit  les  memes 
corps  graisseux   plus  grands  que  ces  granules  qui  entourent  le  corps  adven- 

litiel. 

Les  OEufs  des  araignees  n'olTrenl  pas  une  segmentation  totale,  ellev  estscule- 
mcnt  parlielle,  c'est-k-dire,  leur  vitellus  contient  deux  elements  differents,  ainsi 
que  les  oeufs  des  oiseaux  et  des  poissons,  savoir  :  le  vitellus  plastique  et  le  vitel- 
lus nutritif.  Le  premier  seulement  subil  la  segmentation.  Les  deux  especes  de 
vitellus  peuvent  etre  dislinguees  aiscment,  en  ce  que  le  vitellus  nutritif  est  com- 
pose de  corps  graisseux  beaucoup  plus  grands  que  le  vitellus  plastique.  Le  vi- 
tellus nutritif  se  forme ,  dans  les  deux  series  d'ceufs ,  dans  le  meme  endroit ,  au 
point  de  I'insertion.  Lorsqu'il  ne  constilue  pas  une  partie  esscntielle  de  I'oeuf,  il 
provient  des  cellules  en  dehors  de  I'cEuf  lui-meme  ;  ce  sont  ces  corps  graisseux 
donl  j'ai  fait  mention.  Le  vitellus  plastique,  la  partie  la  plus  essentielle  de  I'oeuf, 
rst  forme  dans  l'interieur  de  I'ffiuf,  mais  dans  deux  differenls  endroits.  Dans  les 
oeufs  dcpouTVus  de  ce  corps  parliculier  que  j'appelle  noyau  vilelcne.le  vitellus 
plastique  provient  de  la  vesicule  germinative  sous  forme  de  granules  ;  il  se 
forme  ainsi  dans  les  genres  mentionn('s  au  commencement.  —  Lc  volume  dece 
corps  varie  entre  0"',0I  —  0"',0'2  ;  seulement ,  dans  la  Tegenaria  domestica,  il 
atteint  0"',005  de  diamelre. 


133 

.I'ai  observe  un  corps  seniblable,  compose  ties  granules  un  peu  plus  grands  iiue 
dans  les  araignees,  dans  les  oeufs  de  la  Rana  lemporaria.  Les  corps  granuleux 
sont  reunis  par  une  malifere  albumineuse,  qui  se  dissout  dans  I'eau  au  bout  da 
quelques  heures.  La  grandeur  naoyenne  de  ce  corps  cliez  les  grenouilles  etait 
de  0'",03. 

Quoiqu'il  soit  vraisemblable  que  ce  corps  puisse  exister  dans  tons  les  reufs  de 
plusieurs  autres  animaux,  je  ne  I'ai  cherche  que  dans  les  genres  Cyprinus  et 
Salmo,  parmi  les  poissons,  oi  il  n'existe  pas. 

Dans  un  nouveau  travail  de  M.  le  docteur  de  Wiltich,  publie  dans  les  Ar- 
chives de  Muller,  1849,  au  momBnt  ou  le  mien  s'imprimait,  ce  naturalisle  decrit 
I'ovaire  comme  ayant  la  forme  d'une  grappe  sans  enveloppe  externc.  D'apres  des 
nouvelles  rccherclies  que  j'ai  faites  sur  ce  sujet,  je  ne  puis  que  conflrmer  les  ob- 
servations de  Treviranus  et  de  Siebold ,  qui  ont  decrit  I'ovaire  des  araignees 
comme  je  I'ai  fait  plus  haul.  Mais  un  fait  plus  interessanl,  c'est  queWitlich  fait 
mention  de  corps  albumineux  d'une  forme  pas  toujours  reguliere,  qu'il  dit  avoir 
rencontres  dans  ces  roufs.  J'ai  vu  ces  memes  masses,  mais  je  n'en  ai  fait  aucune 
mention  ,  parce  que  mes  observations  ne  me  donnalent  pas  jusqu'a  present  la 
certitude  d'avoir  bien  observe.  D'apres  ce  que  j'avais  vu,  il  m'etait  reste  I'im- 
pression  que  ces  corps  etaient  des  masses  d'une  substance  contractile.  On  les 
voit  souvent  changer  de  forme;  tantot  on  y  apergoit  des  vacuoles,  tantot  ces 
corps  enferment  des  granules  de  vitellus.  Ordinairement,  ils  sont  rnnds,  d'autres 
fois,  on  en  voit  deux  ou  trois  se  reunir  ou  se  separer.  J'ai  indique  ce  fait  a  M.  di'. 
Siebold,  aupres  duquel  j'ai  fait  ces  observations,  mais  je  n'avais  pas  eu  le  temps 
d'etudrer  de  nouveau  ce  point  d"ovologie.  11  sera  tres-important  de  monlrer 
que  les  ceufs  conliennent ,  dans  un  ilat  amorphe ,  la  substance  contractile 
dont  I'animal ,  en  se  developpant ,  a  lesoin  dans  tant  de  parlies,  et  je  mc 
propose  de  faire  des  recherches  ulterieures  sur  ce  sujet ,  i  I'aide  du  galvanisme 
applique  aux  etudes  microscopiques. 

II.  —  Physiologie. 

RECHERCHES  SUR    LA    GENERATION  DES  LIMACES ;   par    M.    LaL'RENT. 

M.  Laurent  communique  les  faits  suivants  : 

1"  II  a  vu  pour  la  seconde  fois  un  Umax  flavus,  qui  sans  s'etre  jamais  accouple 
a  produit  vingt-cinq  reufs  qui  sont  feconds  et  dont  le  developpement  embryon- 
naire  est  dejii  au  1 1'  jour. 

11  rapproclie  ce  fait  d'un  semblable,  concernant  un  individu  de  la  meme  cs- 
p^ce,  qui  avail  pondu  successivemeut  chaque  fois  trois  a3ufs  en  trois  mois,  un 
scul  oeuf  SUV  les  neuf  pondus,  etait  dans  ce  cas  fccond  et  donna  un  cmbryon 

rmal. 

1"  II  -a  vu,  il  y  a  quelqucs  annces,  un  ojuf  de  limax  agrcstis  dont  le  vilellu.s 


i3it 

itait  entoure  d'un  grand  nombre  Je  zoospermes  sous  la  forme  primitive  qu'ifs 
ontdans  le  paienchyme  tesliculaire  et  dans  le  premier  spermiducte. 

Ces  fails  lui  semblent  devoir  servir  ii  jeler  quelque  jour  sur  le  probleme  con- 
cernant  le  lieu  oii  s'opere  la  fecondation  dans  les  gasteropodes  hermaphrodites 
insudisants. 

Dans  une  communication  posterieure,  M.  Laurent  annonce  que  le  meme  indi- 
vidu  du  limax  flavus  qui  a  pondu  le  I"  octobre,  vingt-cinq  ffiufs  f^conds  donl  ie 
developpemcnt  normal  est  en  voie  de  tendance  a  raccomplissement,  vlent  de 
faire  une  nouvelle  ponte  de  14  oeul's.  Cetle  deuxieme  ponte  par  un  limax  vierge 
sera  peut-etre  f6conde  et  constituera  un  fait  de  plus  pour  eclairer  la  question 
problematique  du  lieu  oii  s'opere  la  fecondation  dans  les  mollusques  gasteropo- 
des hermaphrodites  insuflisants  {t8  octobre). 

III. — Anatomie  pathologiqde. 

SUR  DEDX  CAS  d' ALTERATION  DU  FOIE  ET  SUR   UN    CAS  DE  FONGCS   DE  LA  DDRE  WfeRE  ; 

par  MM.  Cl.  Bernard  et  Charcot. 

M,  Claude  Bernard  et  M.  Charcot  communiquent  les  observations  snivantes  : 
1°  Granulations  graisseuses  du  foie. — Un  homme,  age  de  40  ans,  prescnte 
tous  les  signesde  la  tuberculisation  generate  la  plus  avancee.  —  Signes  sthetho- 
scopiques  el  plessimetriques  d'excavations  spacieuses  dans  les  deux  poumons. — 
Phthisie  laryngee,  aphonic;  diarrhee  incessante,  probablement  produitepar  des 
ulcerations  tuberculeuses.  A  I'autnpsie  du  cadavre,  on  trouve  les  poumons  farcis 
de  tubercules  dans  leurs  lobes  inferieurs,  et  creuses  de  grandes  cavernes  a  leui- 
sommet.  Ulceration  des  cordes  vocales  inferieures;  tubercules  dans  les  ganglions 
mesenteriques ;  ulceration  a  fond  tuberculeux  dans  Tileon  et  le  colon.  Le  foie  est 
un  pen  plus  volumineux  qu'il  ne  doit  I'etre ;  sa  coloration  generale  est  foncee,  sa 
consistance  est  augmenlee,  son  tissu  eric  un  peu  sous  le  scalpel,  il  est  gorge  de 
sang  noir;  il  est  seme  d'une  quantite  de  granulations,  du  volume  d'un  petit  pois, 
pour  la  plupart,  lesquelles  ont,  pour  I'aspect,  la  plus  grande  analogic  avec  les 
tubercules  des  autres  visceres.  L'examen  microscopique  demontre  a  M.  Bayer 
que  ces  granulations  ne  sont  pas  des  tubercules,  raais  blendes  granulations  he- 
patiques,  surchargees  de  globules  de  graisses.  L'lnfiltration  du  paienchyme  du 
I'oic,  par  des  globules  de  graisse,  au  lieu  d'envahir  le  foie  tout  entier,  et  de  le 
transformer  en  foie  gras,  comme  cela  a  lieu  le  plus  habituellement,  ne  se  mon- 
trait  ici,  que  dans  un  certain  nombre  de  granulations  hepatiques  isolees  les  uncs 
des  autres. 

2"  Aratomie  d'un  foie  atteint  de  cirrhose.  —  Un  homme,  age  de  45  nns, 
entre  k  I'liopital  de  la  Charite,  le  8  aoiit  1851  ;  hydropisie  ascitc  considerable, 
ffideme  des  membres  inferieurs,  des  bourses  et  du  penis;  amaigrissement  du 
thorax,  de  la  face  et  des  membres  supcricurs;  Icinte  jaunatrc,  plombcc,  et 
Hieme  parfois  jcterique  des  teguments.  La  peau  cft  on  mcmc  temps  s^chc  et 


135 
Jtigueuse.  Le  coeur,  de  volume  normal,  ne  presente  pas  de  bruits  anormaux;  Ic 
bord  inferieur  du  foie  ne  peut  etre  limile  par  la  percussion,  mais  son  bord  supe- 
rieur  ne  remonte  pas  au-dessus  du  mamelon  ,  malgre  la  distension  de  Tabdo-* 
men.  Les  urines  sent  d'une  couleur  rouge  fonce.  Les  rcactifs  n'y  demontrent 
pas  I'existence  de  la  matiere  colorante  de  la  bile. 

Le  19,  la  sulTocation  etait  imminente,  et  le  malade  demandail  h  grands  cris 
du  soulagement ;  une  ponction  de  I'abdomen  est  pratiquee  le  20  seplembre  par 
ies  moyens  ordinaires.  La  serosite  qui  s'ecoule  est  transparente.  Le  lendemain, 
douleur  abdominale  h  la  pression  ,  vomissements  bilieux  incessants,  diarrliee, 
fievre.  La  cirrhose  (car  tel  avait  ete  le  diagnostic),  s'etait  done  compliquee  d'une 
peritonite  aigue,  dont  la  ponction  abdominale  semble  avoir  ele  la  cause  provo- 
catrice.  Le  malade  succombe  le  28  septembre. 

Cet  homme  se  disait  malade  depuis  six  mois  environ  ;  il  n'etait  pas  buveur,  et 
il  n'avait  jamais  remarque  d'accidents  syphilitiques. 

A  I'autopsie  du  cadavre,  on  note  :  lo  les  lesions  d'une  peritonite  generale  in- 
tense ;  2°  une  diminution  de  moitie  au  moins  dans  le  volume  du  foie,  qui  est  en 
Jneme  temps  legerement  bombe,  d'une  coloration  jaunc  generale,  et  dont  le 
lissu  est  dur  et  crie  sous  le  scapel.  Sur  la  coloration  jaune  generale  se  detachent 
des  granulations  noiratres. 

Le  foie  petit  est  ratatine  et  comme  cliagrine  t  sa  surface  exterieure  par  une 
multitude  de  petites  elevures  inegales  et  diversement  colorees.  La  couleur  de  ce 
foie  ne  rappelle  en  rien  celle  du  tissu  hepatique  sain.  Sur  un  fond  d'un  blanc- 
gris  sale,  on  remarque  trois  couleurs  principales,  le  noir,  le  rouge  lie-de-vin 
et  le  jaune ,  disseminees  comme  un  granit  a  la  surface  du  foie.  Les  colorations 
jaune  et  noire  appartiennent  generalement  aux  elevures  dela  surface  liepatique, 
tandis  que  la  couleur  rouge  lie-de-vin  se  voit  par  transparence  au  travers  de  la 
membrane  peritoneale  epaissie. 

Sur  la  coupe  du  tissu  du  foie,  on  observe  egalement  une  sorte  de  marbrure 
granitee,  formee  par  les  trois  colorations  visibles  k  la  surface  exterieure  du  foie, 
savoir,  le  jaune,  le  noir  et  le  rouge  lie-de-vin.  Seulement  il  est  a  remarqucr  que 
les  granulations  de  couleur  noire  siegent  plus  specialement  dans  le  tissu  hepa- 
tique qui  avoisine  la  surface  exterieure  de  I'organe ,  tandis  quo  les  granulations 
jaunatres  sont  assez  uniformement  repandues  dans  le  tissu  du  foie.  Les  laches 
rouges  lie-de-vin  suivent  plus  specialement  les  branches  de  la  veine  porte.  On 
voit  en  outre  sur  la  coupe  du  tissu  hepatique  des  points  blancbatres  comme 
fibreux,  coincidant  avec  un  epaississement  de  la  membrane  de  Glisson,  une 
atrophic  evidente  et  une  diminution  de  calibre  des  vaisseaux  sanguins  hepati- 
ques,  qui  semblent  epaissis  dans  leurs  parois,  surtout  pour  les  rameaux  de  la 
veine  porte. 

A  I'examen  microscopique ,  on  constate  quelques  differences  de  structure,  sui- 
vant  les  points  du  tissu  hepatique  qu'on  examine. 

1"  Quand  on  soumct  au  microscope  la  substance  des  granulations  jaundlrcs 


136 
du  foie,  on  voil  qu'elle  est  composee  par  un  grand  nombie  de  cellules  hepa- 
liques  assez  reguli^res  et  assez  developpees,  et  melangees  d'une  grande  quantile 
de  graisse  k  I'ctal  ue  gouttelettes  huileuses  qui  sont ,  les  unes  adlicrentes  aux 
cellules  hepatiques  ,  les  autres  libres  sur  le  champ  du  microscope.  Les  cellules 
hepatiques,  pourvues  pour  la  plupart  de  noyau,  ne  paraissent  pas  offrir  d'allera- 
tion  bien  speciale ,  si  ce  n'est  une  sorte  d'inQltration  graisseuse  pour  quelques- 
unes  d'entre  elles. 

2"  La  substance,  qui  constitue  les  granulations  noires ,  ayant  leur  siege  pres 
de  la  surface  exterieure  du  foie  ,  presente  une  structure  dilVerente.  Les  cellules 
hepatiques  qui  y  sout  nombreuses,  sont  generalement  plus  petitcs  et  plus  irrc- 
gnli^resdans  leurs  formes  que  celles  de  la  substancejaune.  Quelques-unes  ont  un 
noyau  interieur,  mais  aucun  ne  contient  de  graisse  adherente  ou  libre  a  I'etat  do 
globules  liuileux,  comme  dans  la  substance  des  granulations  jauncs.  De  plus . 
on  rencontre  dans  ces  particules  noiratres  du  foie  un  grand  nombre  d'elemenls 
Ubro-plasliques,  qui  sont  generalement  d'un  petit  volume,  mais  d'une  forme  par- 
faitement  caracteristique.  On  ne  pourrait  pas  toutefois  en  inferer  que  la  prc- 
.■•ence  des  elements  fibro-plastiques  est  distinctive  de  I'alteration  noire  du  foie , 
car  on  retrouve  ces  memes  elements  dans  d'autres  points  du  tissu  malade  du  foie, 
surtout  lorsqu'on  examine  son  tissu  dans  les  parties  les  plus  voisines  de  la  sur- 
face exterieure  de  cet  organe.  Mais  dans  les  particules  jaunes  du  foie,  on  ne 
decouvre  aucune  trace  de  ces  memes  elements  fibro-plastique. 

3»  Dans  Ifs  points  rouges  lie-de-vin,  on  remarqueau  microscope  a  peu  pres 
la  meme  structure  que  dans  les  parties  jaunatres  du  foie,  qui  paraissent  seule- 
ment  avoir  ete  teintes  dans  ces  points  par  de  la  matiere  colorante  sanguine. 
Comme  dans  les  granulations  jaunes ,  le  microscope  n'y  montre  que  des  cellules 
hepatiques  plus  ou  moins  melangees  de  graisse  a  I'ctat  de  globules  huileux. 

En  resume,  cefoie  se  dilTerencie  d'un  foie  sain  par  son  aspect  et  sa  forme  spe- 
ciale, et  par  une  grande  consistance.qui  leur  senible  etre  due,  surtout  h.  I'epais- 
sissement  de  la  membrane  de  Glisson  et  des  vaisseaux  sanguins.  De  plus ,  a 
I'examen  microsopique ,  le  tissu  de  ce  foie  altere  offre  une  modification  dans 
I'aspect  et  le  volume  des  cellules  hepatiques  ,  et  de  plus  la  presence  d'un  assez 
grand  nombre  d'elements  flbro-plastiques. 

3"  Anatomie  d'un  FONGis  DE  LA  DURE-MiiRE.  —  Uuc  fcmme  agce  de  28  ansy 
cuisiniere,  entre  le  1"  septembre  1851,  dans  le  service  de  M.  Rayer. 

Cette  femme  se  plaint  depuis  longtemps  de  douleurs  dans  la  tete,  douleurs 
dont  elle  ne  pcut  preciser  le  siege.  Ces  douleurs  ne  sont  pas  accompagnces  de 
vomissements.  Elle  vient  a  pied  a  I'hopital,  ct  dans  la  premiere  quinzaine  de 
son  sejour,  elle  n'offre  pas  d'autres  symplonies  que  ceux  de  la  chlorose.  Ce- 
pendant,  deja  elle  se  plaint  de  voir  mal  de  I'ocil  gauche,  etla  paupierc  du  meme 
ciMc  est  un  peu  tombante.  Les  douleurs  de  tele  sont  intenses ;  mais  leur  siege 
n'est  pas  precis.  Le  20,  du  subdelirium  se  montre,  la  face  est  un  peu  injcctee, 
la  malade  s'agite  dans  son  lit,  qu'cUc  no  qiiiltc  plus.  Pas  de  vomisscmcnls,  pa? 


137 
Je  contracture,  pas  de  paralysie  du  sentiment  ou  du  mouvement  dans  aucun 
des  menibres  superieurs  ou  inferieurs.  La  paupiere  gauclie  tombe  sur  le  globe  de 
I'oeil  et  en  recouvre  iiabituelleraent  la  moitie  superleure;  cependant  la  malade 
pent  encore  elever  parfois  la  paupiere  quand  on  lui  ordonne  de  le  faire.  La 
pupille  du  memo  cote  est  Ires-dilatee;  I'oeil,  fixe  et  immobile,  n'est  pas  dirige 
plutot  en  dedans  qu'en  dehors.  Get  ceil  ne  peut  suivre  un  objet  que  Ton  fait 
mouvoir  devant  lui.  11  est  difficile  de  dire  si  la  vision  est  modifies,  et  comment 
elle  est  modifiee ;  car  la  malade  delire  completement.  Sangsues  derriere  les 
oreilles ;  purgatifs.  Les  jours  suivant,  ctat  typhoide,  parfois  de  I'agilation,  plaintes 
continuelles.  IVlemes  phenomfines  du  cole  de  I'ceil  et  de  la  paupiere  gauche ;  pas 
de  vomissements.  Aucun  phenomene  k  signaler  du  cote  des  membres,  que  la 
malade  fait  mouvoir.  La  sensibilite  generate  est  intacte. 

La  malade  meurt  presque  subilement  le  29  septembre,  alors  que,  depuis  deux 
ou  trois  jours,  son  etat  avail  paru  s'ameliorer. 

A  I'ouverlure  du  crane,  on  trouve  la  dure-mere  adlierente  au  cerveau  dans  un 
point  tres-circonscrit  de  la  partie  anterieure  et  externe  du  lobe  moyen  du  cote 
gauche-,  au  niveau  de  la  terminaison  externe  de  la  scissure  de  Sylvius.  En  ce 
point,  la  dure-mere  donne  attache  a  une  sorte  de  champignon  pedicule,  du  vo- 
lume d'une  grosse  noix,  lequel  penetre  tout  entier  dans  la  substance  cerebrate 
qu'il  a  deprimee.  La  surface  de  ce  champignon  est  separee  de  la  substance  cere- 
brale  par  une  sorle  de  kyste  a  parois  vasculaires,  du  volume  d'un  gros  ceuf  de 
pigeon.  Ce  kyste  contient  un  liquide  jaunalre,  hyalin,  comme  gelatineux.  11 
apparait  sur  la  parol  superieurs  du  ventricule  lateral  gauche,  un  peu  en  dehors 
du  corps  strie  correspondant.  Le  corps  strie,  la  couche  optique  et  la  substance 
cerebrale  qui  avoisinent  tant  le  fongus  que  le  kyste,  presentent  tous  les  carac- 
teres  du  ramollissement  blanc  dans  une  certaine  etendue  {k  peine  peut-on  re- 
connailre  la  forme  du  corps  strie;  mais  dans  la  place  qu'il  occupe,  la  substance 
cerebrale  est  changee  en  une  masse  pultacee  sans  trace  de  vascularite).  Les  nerfs 
optiques,  ceux  de  la  troisieme  el  sixieme  paires,  sont  parfaitement  libres  et  nul- 
lement  comprimcs.  II  en  est  de  meme  de  I'origine  des  nerfs  de  la  cinquieme 
paire. 

L'examen  anatomique  de  la  tumeur  a  demontre  qu'elle  adherait  intimement 
a  la  dure-m6re  par  un  pedicule  assez  large.  A  la  coupe,  la  tumeur  ne  criait  pas 
sous  le  scalpel ;  elle  offrait  une  couleur  jaunatre  plus  vasculaire  pres  de  sa  sur- 
face et  oll'rait  9a  et  la  quelques  points  ramollis. 

A  I'observation,  microscopique,  a  un  grossissement  de  350  diametres,  on  a 
trouve  le  tissu  de  ce  fongus  de  la  dure-mere,  constitue  presque  exelusivement 
par  des  elements  bien  analogues  par  la  forme  aux  cellules  Cbro-plastiques,  mais 
en  differant  cependant  par  quelques  caracteres  qui  seront  indiques  plus  loin. 
Dans  les  parties  ramollies  de  la  tumeur,  ces  elements  anatomiques  s'isolent  et 
se  dissocient  facilcment,  tandis  que  dans  les  parties  plus  resistantcs  de  la  tu- 
meur, ils  restent  unis  et  agglomercs  en  un  lissu  analogue  pour  I'apparence  k  ce 


138 
qui  a  I'te  appele  tissu  libro-plastiquc.  Parmi  ces  elements  anatuiniiiues,  il  en  est 
cominc  pour  les  cellules  fibro-plastiques  qui  sont  pourvus  de  deux  queues  tr^s- 
allongees,  landis  que  d'autres,  qui  n'ont  qu'une  seule  queue  ,  presentent  ainsi 
la  forme  d'une  raquetle.  Dans  leur  interleur,  toutes  ces  cellules  offrent  des  gra- 
nulations moleculaires  et  un  ou  quelquefois  deux  noyaux.  Les  caracteres  qui 
rapprochent  ces  elements  anatomiques  des  cellules  fibro-plastiques  sont:leur 
forme,  la  longueur  des  queues  qui  les  terminentet  leur  slraliflcation  en  un  tissu 
serre  conslitue  en  lotalite  par  ces  cellules  placees  longitudinalement  a  cote  les 
unes  des  autres.  Les  caracteres  qui  dillerencieraient  ces  elements  anatomiques 
des  cellules  (ibro-plastiques  et  pourraient  les  rapprocher  d'une  forme  de  cellule 
cancereuse  sent  leur  volume  beaucoup  plus  considerable  que  celui  des  cellules 
libro-plasliques,  la  nettete  de  contours  et  I'lividence  des  noyaux  interieurs.  Si 
ce  rapprochement  pent  etre  fortifie  par  I'existence  dans  le  tissu  de  la  tumeur  de 
quelques  autres  cellules  tres-rares,  il  est  vrai,  mais  ayant  une  forme  ovale  avec 
un  ou  deux  noyaux  interieurs  et  ressemblant  ainsi  beaucoup  k  la  cellule  cance- 
reuse la  plus  ordinaire,  il  faul  ajouter  que  les  cellules  allongees  ne  rentrent  ri- 
goureusement  dans  ancune  des  foimes  des  cellules  canccreuses  figurees  jus- 
qu'ici. 

IV.  —  Teratologie. 

SUR  UNE  ANOMALIE  DE  POSITION  DES  TESTICULES  ET  DE  L'ePIDIDYME;  par  M.  FOLLIN. 

M.  FoUin  monlre  a  la  sociele  un  nouvel  exemple  d'anomalie  de  position  du 
testicule,  decrit  dejS  par  lui  dans  les  archives  (juillet  1861),  c'est  un  testicule 
retenu  a  I'annean  inguinal  interne  avec  un  epididyme  descendu  au-dessous  de 
lui  dans  le  serotum. 

Ce  testicule  est  legerement  alrophie,  il  mesure  dans  son  plus  grand  diamctre 
3  centimetres,  tandis  que  dans  le  testicule  du  cote  oppose  on  trouve  4  centimetres; 
cette  atrophic  existe  constamment  dans  les  testicules  retenus  i  I'anneau,  dans  le 
canal  incninal  ou  dans  I'abdomen  :  sur  ce  testicule  est  place  un  epididyme,  long 
aussi  de  3  centimetres.  La  tete  et  le  corps  de  I'epididyme  n'ofFrent  rien  de  special; 
mais  au  niveau  de  sa  queue  on  voit  partir  un  simple  filament,  canal  deroule  de 
I'epididyme  qui  descend  dans  le  scrotum  suivant  une  etendue  de  3  centimetres 
en  ne  conservant  qu'une  marche  tres-peu  tortueuse;  bientot  ce  canal  s'enroulc 
de  nouveau  et  scs  flexuosites  augmentant,  on  retrouve  I'aspect  general  de  la 
queue  de  I'epididyme.  Mais  ce  deroulement  de  I'epididyme  a  gagne  le  fond  du 
scrotum  et  on  le  trouve  situe  k  G  centimfelres  1/2  au-dessous  de  I'extremite  infe- 
rieure  du  testicule;  aux  dernieres  flexuosites  de  Tepididyme  succede  le  canal 
deferent  qui  rcmonte  vers  le  canal  inguinal  suivant  sa  route  habituelle. 

L'cpididyme,  en  descendant  ainsi  dans  les  bourses  en  avant  du  testicule,  a 
entraine  une  gaine  peritoneale  en  dehors  de  laquelle  il  se  trouve  situe  tou- 
tcfoif. 


J 


COMPTI!  RIINDU 

MS  SEANCES 


UE 


r  r 


LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 


PENDAM    I.E    MOIS    DE    IVOVEMBRE  1851  ; 


FAR 


U.  le  Doclcur  SEGOND ,  secretaire. 


Pr^sidence  de  M.  RAYER. 


I.  —  Principes  imm^diats. 


DE   LA  PRESENCE  D'uN   ACIDE  LIBRE  S^CR^T^  PAR  LES  PODMONS  DECOMPOSANT  LES  CAR- 
BONATES ALCALINS   DU  SANG,    ET  METTANT   AINSI  L' ACIDE   CARBONIQtE    EN  LIBERTE  ; 

par  M.  Verdeil. 

«  Parmi  les  resultats  auxquelsm'ont  amene  les  recherches  que  j'ai  entrepriscs 
sur  la  composition  des  humeurs  et  des  lissus  des  animaux,  il  en  est  qui  sont  de 
nature  a  interesser  la  Societe  de  biologie. 


IZiO 

I)  J'ai  trouve  dans  le  parenchynie  du  poumon  des  mammiferes  un  acide  parli- 
culier,  que  je  suis  parvenu  k  isoler  a  I'otat  parfaitement  pur  et  crislallise. 

»  Le  tissu  du  poumon  d'uii  animal  tue  fraicliement  ne  lougit  pas  sensiblemenl 
le  papier  bleu  de  lournesol.  Mais  lorsqu'on  liache  ties-fm  une  certains  masse 
de  poumon,  qu'on  le  fait  macerer  avec  un  peu  d'eau  tiede,  on  remarque  que  la 
liqueur  poss6de  une  reaction  acide;  reaction  qui  devient  ires-nelte lorsqu'on  a, 
par  la  chaleur,  coagule  Talbumine  et  les  globules  sanguins  qui  rougissaient  ia 
liqueur. 

»  Cette  acidite  est  due  a  la  presence  d'un  acide  libre  en  dissolution  dans  les 
sues  dont  le  tissu  pulmonaire  est  impregne. 

»  Ce  corps  est  forme  de  carbone  d'hydrogene,  d'azote  et  d'oxygene  dans  des 
proportions  definies. 

»  II  cristallise  en  aiguilles  brillantes  reflechissant  fortement  la  lumiere. 

»  II  est  assez  soluble  dans  I'eau  froide,  presque  insoluble  dans  Talcool  froid, 
raais  plus  soluble  dans  I'alcool  bouillant.  L'alcool  absolu  bouillant  n'en  dissout 
qu'une  tres-petite  quantite.  U  est  tout  a  fait  insoluble  dans  I'ether. 

»  II  possede  une  reaction  acide,  et  chasse  I'acide  carbonique  du  carbonate  de 
soude  et  de  potasse. 

»  ChaulTe  jusqu'a  lao  deyres,  il  ne  perd  point  d'eau  de  cristallisation.  A  une 
temperature  plus  elevee,  il  crepite,  devient  opaque  et  se  decompose  en  donnant 
lieu  a  des  produits  empyreumatiques  ;il  forme  une  masse  charbonneuse  qui  dis- 
parait  completenient  sans  laisser  trace  de  cendrr. 

»  Le  parenchyme  des  poumons  renferme  done  ainsi  un  acide  libre ;  nous  avons 
pu  constater  aussi  qu'une  partie  de  I'acide  que  nous  extrayons  du  poumon  exis- 
tait  dans  ce  tissu  a  I'etat  de  sel  de  soude, 

•  Que  doit-on  conclure  de  la  presence  d'un  acide  dans  les  poumons?  11  est 
evident  que  soumis  aux  lois  generales  qui  regissent  les  corps  chimiques,  cet 
.•icide  doit  decomposer  les  carbonates  alcalins  amenes  par  le  sang  ;  ceux-ci  mis, 
dans  le  poumon,  en  contact  intime  avec  I'acide  qui  en  baigne  le  tissu,  il  doit  sb 
former  un  nouveau  sel  de  soude  et  de  I'acide  carbonique  doit  etre  degage. 

»  Les  vesicules  pulmonaircs  secrfitent  incessamment  notre  acide,  qui  se  Irouve 
en  contact  avec  le  carbonate  de  soude  du  sang  amenc  par  les  capillaires;  I'acide 
se  combine  avec  la  soude  du  carbonate;  I'acide  carbonique  devient  libre,  et 
pent  alors  sortir  par  la  respiration.  Le  nouveau  sel  de  soude  forme  retournedans 
le  sang  oil  nous  I'avons  retrouve,  non  pas  libre,  mais  combine  avec  de  la 
soude. 

»  Ce  travail  est  continu ;  lout  dans  les  caracteres  de  I'acide  et  dans  les  phe- 
nom^nes  de  la  respiration  concourt  a  verifier  non  pas  une  theorie,  mais  ce  fait 
qu'un  acide  constamment  secrete  par  les  parois  des  vesicules  pulmonaires  de- 
compose le  carbonate  de  soude  du  sang  en  contact  avec  lui  et  met  son  acide 
rarbonique  en  liberie. 

•  Ce  fait  vjcnl  expliquer,  enlre  aulres  observations  physiologiques,  la  derom- 


I 


position  descyanures  ou  des  bicarbonates  ak'alins  injectes  dans  Je  sang  lorstiu'iis 
anivent  dans  ie»  poumons,  faits  observes  par  M.  (Jl.  Bernard.  • 

11. — Anatomie  >ormale. 

1»S»JR    LES   ORGANES    DE  LA  Gl^NERATIOX    ET   l'EVOLUTION  DE    LEURS  PRODUITS  CUEZ 
LES  POLYPES  DU  GENRE  HYDRA  ;  par  M.  Cu.  RoUGET. 

An  niois  de  mai  dernier,  en  examinant  des  hydres  vertes,  je  trouvai  ii  la  face 
exlerne  du  corps  deux  sortes  de  renflements,  I'un  esp6cedebourrelet,  soulevant 
la  membrane  externe  situee  au  voisinage  du  pied,  etait  evidemment  ce  que  tons 
les  observateurs  out  considere  comme  un  ceuf  en  voie  de  developpement;  les 
autres  exeroissances,  moins  volumineuses,  mamelonnees,  siUiees  au  Yoisinage 
des  tentacules,  ont  ele  considerees  par  Vallois,  Roesel  et  M.  Laurent,  comme  des 
pustules  morbides,  comme  le  resultat  d'une  maladie  de  I'hydre.  L'examen  mi- 
croscopique  m'ayant  montre  dans  ces  petites  tumours  des  spermatozoides  par- 
faitement  caracterises,  je  crus  avoir  observe  un  fait  entierement  neuf;  mais 
depuis  ma  premiere  communication  k  la  Societe  de  biologie,  je  me  suis  assure 
que  Ehrenberg,  Wagner  et  Siebold  avaient  avant  moi  constate  I'existence  de 
spermatozoides  dans  les  diverses  especes  d'hydres.  Neanmoins  mes  observations 
m'ayant  permis  d'etablir  quelques  faits  nouveaux  relatifs  k  revolution  des  sper- 
matozoides etdes  elements  de  I'organe  femelle,  je  crois  utile  de  les  consigner  iri. 
Organes  MALES.  —  Les  capsules  seminales,  en  nombre  variable,  de  quatre  a 
sjxou  plus,  siluecs  immediatemont  derriere  les  tentacules,  sont  de  petites  lu- 
meurs  hemispheriques,  de  petits  boutons  surmontes  d'une  esp6ce  de  mamelon 
de  papille,  par  le  sommet  de  laquelle  on  voit  sortir  les  spermatozoides.  La  mem- 
brane d'enveloppe  de  la  capsule  serainale  est  amorphe,  et  n'est  pas,  comme  la 
membrane  d'enveloppe  de  I'organe  femelle,  un  prolongement  de  la  membrane 
externe  de  I'animal.  Le  contenu  de  cette  capsule  male  repose  sur  cette  meme 
membrane  externe,  tandis  que  le  contenu  de  I'organe  femelle  est  depose  en  quel- 
que  sorte  entre  la  membrane  interne  et  la  membrane  externe. 

Au  voisinage  du  mamelon,  on  voit  deja,  a  un  grossissement  de  300  diametres , 
les  spermatozoides  s'agiter  dans  I'interieur  de  la  capsule.  En  se  rapprochant 
davantage  de  la  parol  du  corps,  le  contenu  de  la  capsule  est  constitue  par  des 
cellules  spermatiques,  des  ceufs  males  a  dill'erents  degres  de  developpement ; 
revolution  est  d'autant  plus  avancee  qu'on  se  rapproche  plus  du  mamelon.  Le 
premier  dcgre  consiste  dans  des  cellules  de  volume  variable,  dont  les  plus  grosses 
ODt  jusqu'a  14/860  de  millim.  de  diametre.  Dans  I'interieur  de  ces  cellules  sont 
contenues  de  petites  vesicules  (deux  a  quatre  ordinairement,  quelquefois  plus) 
resultant  de  la  segmentation  du  contenu  de  la  cellule.  Le  volume  de  ces  vesicules 
est  constant ;  Icur  diametre  est  de  ;5  a  4/860  de  millim.;  au  centre  on  aper^oit 
une  tache  etroite,  obscure,  de  1  a  2/860  de  millim.  de  long.  En  pressant  sur  la 
capsule  seminale,  on  en  fait  sorlir  des  amas  de  ces  vesirules  encore  agglu- 


142 
lin^es  ensemtilc,  niais  debarrassees  de  I'enveloppe  de  la  cellule-mere.  A  un  gros- 
sissement  de  300  diametres,  on  voil  deja  tris-nellement  ces  amas  de  v^siculcs 
etre  agites  de  mouvement ;  nnais  il  ne  faut  pas  moins  un  ^rossissement  de  860 
diametres  pour  constaler  tous  les  details  de  leur  structure.  On  voit  alors  que  les 
mouvements  de  ces  vcsicules  soiit  dus  a  des  cils  extremement  delies,  longs  de 
25  a  30/860  de  millim.,  qui  sorlent  de  I'inlerieiir  de  chaque  vesicule.  On  voit 
quelques  vesicules  se  detacher  des  groupes  et  nager  librcment  a  I'aide  des  mou- 
vements de  ce  filament  qui  ii'esl  autre  chose  que  laqueuedu  spermatozoide,  dont 
ia  tele  reste  enveloppee  comme  dans  une  espece  de  capuchon,  dans  la  cellule 
oii  il  s'est  developpe  et  a  I'egard  de  laquelle  il  joue  le  role  de  noyau.  Le  filament 
caudal,  d'abord  enferme  comme  tout  le  spermatozoide  dans  I'interieur  de  la  ve- 
sicule, sort  le  premier,  et  bienlot,  quand  le  spermatozoide  a  accompli  toutes 
les  periodes  de  son  developpement,  la  tete  elle-meme  se  degaae  de  la  vesicuh- 
mfere,  et  le  spermatozoide  execute  alors  des  mouvements  tres-vifs. 

Organe  femelle.  —  Tous  les  polypes  que  j'examinai  etaient  pourvus  de  cap- 
sules scminales;  mais  un  certain  nombre  manquaient  de  renflemenis  ovariques, 
el  parmi  eux  quelques-uns  portaieni  au  voisinage  du  pied  des  rejetons  gemmu- 
laires  i  divers  degres  de  developpement.  Dans  ce  dernier  cas,  les  capsules  semi- 
ualesrenfeimaieutpen  ou  pas  de  spermalozoaires  bien  developpes.  On  sail  que 
la  generation  gemmulaire  precede  chez  les  polypes  la  generation  ovulaire.  Des 
fails  qui  precedent,  il  resulle  done  que  les  organes  males  commeneentci  se  deve- 
lopper  avaot  I'organe  femelle,  je  les  ai  vus  aussi  persister  apres  I'entiere  evolu- 
tion d'un  bourrelet  ovarique. 

j'ai  pu  suivre  presque  toutes  les  periodes  de  developpement  de  ce  dernier  or- 
gane.  Ce  n'est  d'abord  qu'un  depot  de  cellules  rouvelles  dans  un  point  de  la  pa- 
rol du  corps  entre  la  membrane  interne  el  la  membrane  externe  du  polype.  Peu 
a  peu  les  cellules  pullulent,  le  depot  augmente  surtoul  au  centre  et  souleve  la 
membrane  externe.  Bientot  le  renflemenl  devient  de  plus  en  plus  globuleux, 
s'elrangle  h  sa  base,  la  membrane  externe  se  dechire  dans  un  point,  et  laisse 
I'chapper  une  masse  irreguli6rementglobuleuse,  que  tous  les  observateurs  s'ac- 
cordenl  a  regarder  comme  I'oeuf  du  polype. 

Enlouree  par  une  louclie  gelatiniforme  assez  resislante,  celte  masse  ovulaire 
parait  consliluee  uniquemenl  pour  d'innombrables  vesicules  de  8  ^  10/440  de 
(liamelre,  remplies  de  globules  vilellins  el  ne  presentant  aucune  trace  de  noyau 
iii  de  nucleole.  On  n'a  pu  y  decouvrir  jusqu'a  present  ni  tache  ni  vesicule  ger- 
minalive,  et  eel  oeuf  differait  en  outre  des  ujufs  de  tous  les  aulres  animaui  en  ce 
que  la  segmentation  du  jaune  s'y  operail  avant  le  moment  ou  i'oeuf  sedetache 
de  I'ovaire. 

Mais  ce  n'est  pas  \k  la  seule  difference  entre  cette  masse  ovulaire  et  un  <jcuf 
veritable;  en  voici  une  autre  bien  plus  importanle. 

En  suivant  pas  a  pas  revolulion  du  bourrelet  ovarique,  je  me  suis  assure  que 
If.s  vesicules  qui  fornient  !f  rfintrnii  de  re  pietendii  ocuf  ne  se  developpent  jamais 


4  I'inleiieur  d'une  cellule-m6re  et  par  spgmenlation  du  conlenu  decette  cellule; 
ce  qui  est  le  caracteie  fondamental  de  I'evolutinn  de  I'oeuf  dans  la  serie  animale. 
Au  commencement  le  blasteme  ovarique,  depose  entre  les  deux  parois  du  corps 
du  polype,  contient  de  nombreuses  cellules  munies  d'un  noyau  et  d'un  nucleole 
proportionnellement  tres-grands  (la  cellule  aG  a  10/440,  le  noyau  3  a  4/440,  le. 
nucleole  10/440).  Le  noyau  est  clair  et  transparent ;  la  cellule  contient  quelques 
granules  vitellins  jaunatros.  Peu  a  peu  les  cellules  augmentent  de  volume,  la 
parol  s'ecartant  de  plus  en  plus  du  noyau  qui,  lui,  ne  change  pas.  En  meme 
temps  le  conlenu  vitellin  est  plus  abondant  dans  I'interieur  des  cellules.  Dans 
les  plus  volumineuses  qui  se  trouvent  a  la  peripherie  et  dans  le  point  le  plus 
eleve  du  renflement  ovarique,  le  noyau  parait  memeenvahi,  ou  plutot  en  partie 
cache  par  les  granulations  vitellines  ;  mais  toujours  dans  le  voisinage  on  trouve 
d'autres  cellules  de  volume  variable,  dans  lequel  le  noyau  et  le  nucleole  sont 
tresevidents et  conservent leurs  caracteres.  Tout  a  coup  une  metamorphose  a 
lieu  dans  le  conlenu  de  I'ovaire,  et  sans  qu'il  m'ait  etc  possible  de  Irouver  de 
iransition,  toutes  ces  cellules  de  volume  variable,  mais  caracterisees  par  la  pre- 
sence d'un  noyau  et  d'un  nucleole,  toutes  ces  cellules  disparaissent,  et  on  ne 
trouve  plus  que  des  vesicules  de  volume  et  d'aspect  uniformes  (8  d  10/440  mill.), 
completement  depourvues  de  noyau  et  de  nucleole,  et  remplies  de  granulations 
vitellines  jaunatres. 

Ce  sont  ces  vesicules  qui,  s'agglomerant  en  une  masse  spheroidale  et  s'echap- 
pant  k  travers  une  dechirure  de  I'enve  oppe  externe,  vont  constituer  ce  que  Ton 
a  regarde  comme  I'oBuf  du  polype.  Mais  apres  I'expulsion  de  cet  oeuf,  il  resle 
encore  autour  du  point  qu'il  occupait  un  grand  nombre  de  vesicules  entiere- 
ment  semblables  a  celles  qui  le  constituent  et  qui  rappellent  singulierement  ces 
debris  du  contenu  des  vesicules  de  Graaf  qui  forment  les  corps  jaunes. 

II  y  a,  en  cfTet,  pour  moi  plus  qu'une  analogie  entre  ces  deux  faits:  il  y  a  iden- 
lite.  Le  renflement  ovarique  des  h\dres  n'est  pas  un  ceuf,  comme  on  I'a  toujours 
dit,  mais  un  element  ovarien,  une  ve;icule  de  Graaf,  un  ovisac  isole,  et  dans 
son  type  le  plus  simple. 

Les  cellules  a  noyau  clair  et  k  nucleole  sontautant  d'ovulesqui  doivenlavor- 
ter,  sauf  un  seul,  ou  plutot  I'ovule  n'est  autre  chose  qu'une  des  cellules  du  con- 
lenu de  I'ovisac,  se  deveioppant  aux  depens  des  autres  pour  une  fonction  spe- 
ciale.Il  se  passe  la  ee  qui  se  pass«  dans  une  ruche  d'abeilles;  I'ovule,  c'est  la  larve 
liereine.  Les  cellules  Iranslormees  en  vesicules  vitellines  entourent  et  cachent 
probablement  I'ovule  veritable,  quej'ai  cru  trouver  une  fois,  el  qui  a  sans  doute 
echappe  aux  recherches  a  cause  de  rextrerae  deliciitesse  deses  membranes,  qui 
ne  resistent  pas  aux  manojuvres  necessaires  pour  le  debarrasser  de  I'amas  de 
vesicules  vitellines  au  milieu  desquelles  il  est  loge,  comme  I'ovule  au  milieu  des 
cellules  du  cumulus  proliger. 

De  meme  qu'au  moment  de  la  dehiscence  de  la  vesicule  de  Graaf,  I'ovule  sort 
accompagne  rt  eutoutt'  encore  par  des  debris  du  cumulus,  de  meme  chez  le  po- 


Ijpe  la  masse  qui  s'ecliappe  lors  de  la  rupture  de  I'enveloppe  externa,  represente 
la  masse  cellulaire  qui  entoure  I'ovule  etest  desllnee  k  sa  nutrition,  I'oeuf  veri- 
table est  cache  au  centre  de  celle  masse.  Celte  hypolhese  est  parfaiiement  en 
harmonieavec  les  fails  que  j'ai  observes,  avec  ce  que  d'anires  observateurs  out 
dej4  vu ;  elle  rend  compte  des  anomalies  en  apparence  si  profondes  qui  distin- 
gueraient  I'ocuf  du  polype  de  celui  des  autres  animaux,  savoir  :  !•  la  forme  irri- 
guliere  (generalementarrondie,  mais  non  pnsexactementspheriqueou  ellipsoide); 
2"  le  mode  de  formation  (par  I'aggloineialion  d'clemenls  primilivement  isoies,  et 
non  pas  par  une  segmentation  de  contenu  cellulaire);  3'  enfin  I'absence  appa- 
rente  de  testicule  et  de  taches  germinatives. 

III.  —  Phtsiologie. 
1*  sua  l'irritabilite  des  miisci.es  paralyses  ;  par  M.  Hrow.n-Sequard. 

M.  Brown-Sequard  lapporle  le  fait  suivaiit,  donl  il  tircra  les  consequences 
dans  une  autre  communication. 

Un  lapin  de  3  mois,  trfes-faible,  ayant  eu,  depuis  cinq  jours,  le  nerf  sciatique 
et  le  nerf  crural,  d'un  cole,  coupes  aussi  haut  que  possible,  fut  tue  par  strangu- 
lation. 

On  trouva  que  l'irritabilite  dans  les  muscles  de  la  jambe  paralysee  dura  plus 
de  quatre  heures,  tandis  qu'elle  ne  dura  que  dix-sept  ou  dix-huit  minutes  dans 
les  muscles  de  la  jambe  intac'e.  Dans  ces  derniers,  la  rigidile  cadaverique  etail 
deja  tres-forte  vingt-cinq  minutes  apres  la  mort;  dans  les  autres,  elle  n'etait  de- 
venue  forte  que  six  heures  apres  la  mort. 

Le  lendemain,  la  putrefaction  commencait  k  se  faire  sentir  dans  la  jambe  in- 
lacte ;  elle  ne  se  montra  que  deux  jours  plus  tard  dans  la  jambe  paralysee.  (Juin 
1851.) 

20   SCR  LES  CAUSES  DE  L' APPARITION  DV  SUCRE  DANS  L'URINE  ;   par  M.  CLAUDE 

BERNARD. 

«  Depuis  I'annee  l&liS,  oil  jai  pu!ilie,  dans  le  sein  de  ceite  Societe,  mes  re- 
cherches  sur  I'origine  du  sucre  riiez  les  animaux,  et  sur  la  production  des 
urines  sucrees  par  les  |)iqiires  d'un  point  determine'  de  la  nioelle  allongee,  un 
grand  norabre  de  physiologistes  et  de  chiniistes  se  soni  preoccupesdemes  ex- 
periences, tant  pour  les  repeter  que  pour  en  recher.her  I'explication.  Je  rappel 
lerai  seulemenlqu'apres  avoir  deinontre  une  fonclion  animale  jusqu'alors  restee 
inconnue ,  la  glucogenie  ou  formation  de  sucre  s'operant  dans  le  foie,  j'ai 
prouve  qu'elle  pouvaitetre  influencee  directenientpar  le  systeme  nerveux.  D'un 
autre  cote,  ayant  etahli  aussi  que,  chez  les  animaux  adulles,  b  matiere  sucree 
semblait  se  produire  et  se  detruire  dans  I'organisme  en  ra|>pori  avec  I'inteusite 
de  la  respiration,  il  elait  naturel  de  supposer  que  I'appariiion  du  sucre  dans 


l/l5 
I'arine  des  animaux  que  je  piquais  k  la  moelle  allougee  etait  le  resullai  d'uae 
combustion  incomplele  par  suite  d'une  energie  moins  grande  dans  I'actiTite 
respiratoire.  Cette  liypothese  avail  pour  elle  un  autre  fait  que  j'ai  egalement 
decouvert,  a  savoir,  que  chez  les  foetus,  le  sucre  se  trouve  dans  I'urine  et  dans 
les  liquides  amnioiique  et  allantoidien.  Cependant  j'ai  toujonrs  repousse,  dans 
mes  lemons  particulieres  et  dans  mes  cours  publics  au  college  de  France,  cette 
explication  purement  chimique,  pour  en  admetlreune  autre  plus  physiologique, 
qui  consiste  a  dire  que  I'excitation  produite  dans  le  sysleme  nerveux  fait  de- 
verser  dans  le  sang  une  quantite  de  niatiere  sucree  trop  grande  pour  etre  de- 
truite  dans  un  lenips  doiiue,  d'oii  il  suit  que  I'exces  passe  dans  les  urines,  ab- 
solunient  comme  cela  arrive  a  un  animal  chez  lequel  on  injecte  par  la  veine  ju- 
gulaireune  trop  grande  quantite  de  glucose. 

»  Tout  recemmeni,  on  a  pense  appuyeria  theorie  chimique  de  la  combustion 
incomplete  du  sucre,  comme  cause  de  I'apparition  de  celte  niatiere  dans  I'urine, 
en  annongant  que  I'etherisation  et  les  causes  qui  diraiouent  la  respiration  en 
asphyxiant,  peuvent  faire  apparaitre  I'urine  siicree.  Tout  en  reconnaissant  I'in- 
leret  qui  s'altache  aux  resultats  signales,  je  ne  crois  pas  qu'ils  soient  de  nature 
a  prouver  que  le  passage  du  sucre  dans  I'urine  depend  d'une  combustion  in- 
complete dans  le  pouinon.  En  effet,  un  des  moyens  les  plus  certaiuset  les  plus 
puissanis  pour  diminuerl'energie  respiratoire,  consiste  a  couper  les  deuxnerfs 
vagues  dans  la  region  du  cou  ;  or,  dans  les  experiences  excessivement  nom- 
breuses  que  j'ai  faites  a  ce  sujet  depuis  tres-longlemps,  je  n'ai  jamais  vu  cette 
operation  ameuer  du  sucre  dans  I'urine,  et  j'ai  indique  a!i  contraire  depuis 
Ires-longtemps  qu'elle  faisait  disparaitre  le  sucre  dans  le  tissu  du  foie  :  il  en  est 
de  meme  de  beaucoup  d'autres  causes  asphyxianles.  Je  pense  done  que  I'eiher 
ou  les  auires  moyens  employes  n'ont  point  determine  le  passage  du  sucre  en 
agissant  comme  asphyxiant,  mais  en  agissant  specialement  comme  modilica- 
teurs  du  sysleme  nerveux.  Je  developperai  bienlot,  dans  un  travail  que  je  pre- 
pare depuis  longlemps,  le  mecanisme  de  cette  sorte  de  diabete  sucre  artificiel 
que  j'ai  produit,  non-seulement  par  la  piqure  de  la  moelle  allongee,  mais  encore 
en  moditiant  le  sysleme  nerveux  par  une  foule  d'autres  causes  tres-diverses  en 
apparence,  telles  que  par  certaines  commotions  cerebrales,  par  Taction  du  cu- 
rare combinee  avec  rinsulilation  pulmonaire,  etc.  J'espere  demonlrer  que  dans 
tous  les  cas  I'apparition  du  principe  sucre  dans  I'urine  a  pour  cause  commune 
essenliellel'excilalion  du  sysleme  nerveux  grand  sympathique. 

»  Je  terminerai  ces  remarques  en  disant  qu'on  s'esl  irompe  quand  on  a  sup- 
pose que,  dans  mes  experiences,  je  pique  la  moelle  allongee  liy  maniere  a  dimi- 
nuer  la  respiration,  par  une  blessure  qui  inleresserait  le  point  de  la  moelle  plus 
specialomenl  en  rapport  avec  le  phenomene  respiratoire,  el  qui  a  ele  designe 
par  M.  Flourens  sous  le  nom  de  ncBud  vital  ou  point  vital.  Je  pique  beaucoup 
plus  haul  pour  determiner  le  passage  du  sucre  dans  I'urine,  et  j'ajouterai  que 
lorsqu'on  blesse  !a  moelle  nu  niveau  dn  point  vilal,  non-sculement  on  ne  deter- 


mine  pas  rapparition  du  principe  sucre,  Diais  on  le  fait  au  coDtiaire  complete- 
ment  disparaitre,  meme  dans  le  tissu  du  foie.  »  (31  oclobre.) 

3"  INFLUENCE  D'UNE  PARTIE  DE  LA  MOELLE  EPINlfeBE  SUR  LES  CAPSULES  SURRENALES ; 

par  M.  Brown-Seouard. 

Sur  8  ou  10  cochons  d'Inde  ayant  eu  une  moitie  laterale  de  la  moelle  epiniere, 
au  dos,  coupee  depuis  huit,  dix  ou  quinze  mois,  M.  Brown-Sequard  a  trouveune 
hypertrophie  tres-notable  des  deux  capsules  surienales.  Ces  ortianes  avaient  ac- 
quis, dans  quelques  cas,  le  triple  de  leur  volume  normal,  el  dans  d'autres  cas 
seulement  le  double.  II  n'a  pas  paru  y  avoir  de  cliangement  dans  leur  striic- 
ture. 

En  examinant  des  capsules  surrenales  sur  des  cochons  d'Inde  ayant  subi,  de- 
puis quelques  heures  ou  quelques  jours,  la  section  d'une  moitie  laterale  de  leur 
moelle  epiniere,  au  niveau  des  dernifires  vertebrcs  dorsales,  M.  Brown-Sequard 
a  trouve  ces  organes  congestionneset  contenant  meme  un  epanchement  de  sang 
plus  ou  moins  considerable.  II  y  a  lieu  de  croire  que  c'esl  celte  hyperhemie  qui 
produit  rUypertrophie  de  I'organe  qu'on  rencontre  chez  les  animaux  operes  de- 
puis longtemps. 

Bien  que  la  section  de  la  moelle,  qui  est  suivie  d'une  congestion  des  capsules 
surrenales,  soit  faite  au  voisinage  de  ces  organes,  M.  Brown-Sequard  ne  croit  pas 
que  cette  congestion  soit  un  resultat  mecanique  de  I'operation.  II  croit  qu'elle 
provient  d'un  trouble  particulier  de  Taction  nerveuse.  11  fait  remarquer  que  les 
reins  ne  presentent  aucune  trace  de  congestion,  meme  dans  les  cas  ou  il  y  a  une 
hemorrhagic  considerable  dans  les  capsules  surrenales. 

Quel  que  soit  le  cote  de  la  moelle  qui  ait  ete  lese,  les  deux  capsules  surrenales 
se  congestionnent  et  a  peu  pres  au  meme  degre.  Quelquefois  il  a  sufli  de  piquer 
la  moelle  pour  agir  sur  ces  capsules. 

Les  lesions  de  la  moelle  epiniere,  partoul  ailleurs  que  dans  la  portion  dtendue 
depuis  la  premiere  vertebre  dorsals  jusqu'a  la  tioisieme  verlebre  lombaire,  sont 
seules  capables  de  congestionner  et  de  produire  I'liyperlrophie  des  capsules  sur- 
renales. 

IV.  —  Exploration  pathologiqde. 

1*  OBSERVATION  D'DN  NOUVEAU  NEAFFECTE  D'UYDROCEPHALIE   SANS  ADGMENTATION 
DE  VOLDME  DE  LA  BOiTE  CRANIENNE  ;  par  M.  HENBI   ROGER. 

Neslorine,  tille,  nouvellement  nee  et  deposee  k  I'hospice  des  Enfants-Trouv6s, 
le  20  octobre  1851,  me  fut  presentee  le  21 ;  elle  oD'rail  uue  teinle  rouge  vineuse 
de  toute  la  peripherie  cutanee  et  une  coloration  seniblable  des  membianesmu- 
queuses ;  les  extreniites  surlout  avaient  iine  couleur  violelie,  et  en  outre  elles 
elaient  le  siege  d'un  oedeuie  tres-ni;ir(iue,  cedeme  nioiiis  pronoiice  duns  les  au- 
Ires  regions  du  corps,  et  iion  complique  alors  d'iuduraiion  du  lis.^u  cellulaire 


147 
inliltre.  L'entant  etait  un  peu  froide  et  un  peu  endormie,  comrae  le  soul  toujours 
les  sujets  affectes  d'oedeme  des  nouveau-nes;  du  resle,  elle  criail,  elle  reinualt 
les  pieds  et  les  mains  spontaDement,  mais  le  cri  eiait  faible  et  incomplet,  les 
mouvements  etaienl  lents  ;  la  succion  elait  tres-peu  energique,  et  quand  on  in- 
troduisait  le  doigl  dans  la  houche,  qui  elait  fraiche,  celle-ci  s'entr'ouvrait  el 
restait  beanie  apres  quelques  legers  ed'orls  d'aspiration  ;  la  circuliflion  et  la  res- 
piration elaientun  peu  ralenlis.  Celte  paresse  des  mouvements,  cetle  langueur 
des  foDclions,  cette  exigui'ledu  cri  et  celie  somnolence  continuelle  contrastaient 
avec  la  force  apparente  du  corps,  avec  le  volume  assez  notable  des  membres 
de  I'enfant,  laquelle  semblaii  une  grosse  et  robuste  lille,  contrairement  k  ce 
qu'on  observe  pour  les  oedemateux,  le  plus  souvent  faibles  de  naissance  el  fre- 
quemment  non  a  lerme.  Mais  conmie  Neslorine  avail  un  cedeme  ires-evident  et 
comme  les  phenomenes  d'assoupisseraent  et  d'allanguissenienl  fonctionnel  sont 
caraclerisliques  de  cette  atl'ection,  ils  ne  nous  etonnerent  pas  aulrement,  et 
pour  nous  cette  petite  maladc  ne  parut  differer  en  rien  des  aulres  enfanis  oede- 
uialeux. 

Le  lendemain  et  les  jours  suivants,  il  n'y  eul  de  change  dans  la  position  de 
celte  petite  iiile  que  la  diminution  de  I'oedeme,  I'apparition  d'une  teinte  jaunatre 
de  la  peau  se  melanl  a  la  leinte  vineuse  des  teguments,  seulement  I'assoupis- 
semenl  et  la  refrigeration  generale  augmenterenl  en  meme  temps  que  I'inOI- 
iralion  du  tissu  cellulaire  se  transforma  en  endurcissemenl;  mais  il  n'y  eul  po- 
silivement  aucun  phenomene  ni  de  convulsion,  ni  de  paralysie  proprf  menl  dite  : 
I'enfant  senlail  et  remuait,  comme  on  s'en  assura  plusieurs  fois,  el,  je  le  re- 
pele,  le  demi-sommeil  oil  elle  elait  plongee,  la  lenteur  de  ses  mouvements  el 
sa  sensibilite  moindre  aux  influences  du  monde  exlerieur  n'eiaienl  pas  plus  pro- 
nonces  qu'ils  ne  le  sont  habiluellemenl  dans  le  sclerema;  la  torpeur  generale 
des  fonctioBS  nous  parut  dependre  de  cetle  affection,  ainsi  que  de  I'abaissement 
de  la  temperature  animale  qui  la  caracterise  (le  matin  du  jour  ou  la  mort  eul 
lieu,  le  lliermometre  place  dans  I'aisselle  ne  marquait  que  27°  et  demi  centi- 
grades,  au  lieu  de  37°,  chill're  moyen  de  la  temperature  des  nouveau-nes).  La 
petite  malade  fut  observee  avec  soin,  et  jusqu'aux  derniers  moments,  on  ne  con- 
slata,  du  cole  du  sysleme  nerveux,  aucun  desordre  qui  fiit  en  rapport  avec  I'al- 
teration  extraordinaire  du  cerveau  que  la  necropsie  revela. 

La  mort  ne  survint  que  le  29  octobre  au  soir,  c'est-a-dire  apres  dix  jours 
d'exislence. 

Necropsie.  —  L'examen  anatomique  revele  les  alterations  propres  a  I'cEdeme 
dur,  rinliltralion  du  tissu  cellulaire  par  une  serosile  jaunatre,  et  en  outre  I'hy- 
periropliie  de  la  couche  graisseuse.  On  irouve,  comme  cela  est  si  commun  dans 
le  sclerenie,  une  apoplexie  des  deux  poumons,  bornee  a  quelques  noyaux  pour 
les  lobes  superieurs  et  pour  le  cole  droit,  mais  comprenant  la  presque  lotalite 
du  lolie  inferieur  gauche;  le  parenchyme  est  dur,  d'un  rouge  noiratre,  friable, 
et  comme  constilue  par  un  caillot  sanguin.  Si  Ton  pouvalt  douter  de  la  nature 


lis 
apoplecliquc  ile  cetie  lesion  pulmonaire,  on  la  reconnallralt  h  Texistence  d'une 
meme  infiltralion  sanguine  du  tissu  cellulaire  qui  occupait  chez  la  petite  malaiie 
la  panie  anterieure  et  superieure  de  la  region  axillaire. 

II  n'y  avait  pas  d'auire  epanchement  sanguin  dans  les  autres  visceres,  qui 
paraissaient  a  I'elat  normal;  le  foie  dlait  petit  et  dur ;  les  reins  6taient  pareille- 
ment  un  peif  moins  volumineux,  mais  sans  autre  alteration  marquee. 

La  tete  parait  bien  conformee;  son  volume  est  tout  a  fait  normal;  le  cuirche- 
relu  est  l^gerement  inliltre  de  serosile  jaunalre  comme  le  tissu  cellulaire  de 
I'enveloppe  cutanee.  Le  crane  n'offre  rien  d'extraordinaire  ni  pour  I'epaisseur, 
ni  pour  la  coloration  des  os,  et  les  foutanelles  ne  sont  pas  plus  ecartees  que  de 
coutume.  On  fait  une  incision  sur  le  c6t6  de  la  ligne  mediane,  et  aussilot  il  s'e- 
chappe  un  flot  de  liquide  cilrin,  peu  dense.  Celte  serosite  ecoulee  (on  peut  en 
evaluer  la  quantite  k  80  grammes),  et  la  calotte  osseuse  enlevee,  si  ce  n'est  en 
arriere,  dans  une  languetle  d'un  centimetre  environ  de  largeur,  voici  ce  qu'on 
aper^oit :  le  cerveau,  ou  plulot  ce  qui  reste  du  cerveau,  n'est  pas  en  contact 
avec  la  boite  cranienne;  il  existe  enlre  eux  deux  un  intervalle  de  plus  d'un  cen- 
timetre, inlervalle  qui,  sans  doute,  etait  comble  par  la  serosite  citrine.  Ante- 
rieurement  est  une  espece  de  moignon  de  substance  cerebrate,  recouveri  par 
les  meninges ;  ce  sont  les  lobes  anierieurs  un  peu  affaisses  et  dont  le  volume  est 
plus  de  moitie  moindre  qu'a  I'etat  normal.  Puis,  au  lieu  des  lobes  moyens  et 
posterieurs,  on  ne  Irouve  qu'une  masse  de  serosile  comme  prise  en  gelee  Irans- 
parente  d'un  blanc  jaunatre,  et  maintenue  par  les  membranes  minces,  verilable 
pellicule  qui  se  dechire  dans  les  inouvemeuts  imprimes  a  la  masse  loiale;  et 
alors  celle-ci  tombe  en  deliquium,  et  s'ecliappe  presque  en  entier,  cette  serosite 
geiatinilorme  etant  un  peu  plus  cpaisse  et  plus  onctueuse  dans  les  parties  les 
plus  decljves  du  crane.  Cette  masse  totale  (correspondanl  aux  lobes  cerebraux) 
etait  d'ailleurs  separee  en  deux  par  la  faux  du  cerveau,  comme  on  I'observe  nor- 
malement. 

Une  fois  tout  le  liquide  ecoule,  on  ne  veil  plus  que  les  debris  de  la  membrane 
d'enveloppe,  la  faux,  et  tout  a  fail  a  la  base  un  plancher  forme  par  unecouche 
de  substance  cer6brale. 

Nous  jivons  d('j^  dit  que  les  deux  hcmispheies  cerebraux,  dans  Iruis  lobes 
moyens  et  posterieurs,  manquent  k  peu  pres  complctenient ;  cette  absence  date 
tres-probablement  longtemps  avant  la  naissance,  car  sur  les  bords  de  cette  Forte 
de  substance,  il  existe  une  espece  de  bourrelet  forme  par  une  cicatrice  tres-an- 
cienne,  la  disposition  est  la  meme  des  deux  coles  et  represenle  une  ouverturc 
ovalaire  ayant  d'avant  en  arriere  une  etendue  de  4  centimetres;  la  voute  consti- 
tute par  le  corps  calleux  a  ele  completement  detruite,  et  la  cloisnn  qui  separe 
les  ventiicuies  lateraux  est  elle-meme  perforee  dans  plusieurs  points.  Les  ven- 
tricules  lateraux  ont  une  grande  capacite,  el  ils  communiquent  largcment  I'un 
avec  I'autre  par  Toiiverlure  sisnalee  h  travers  le  septum  lucidum;  dans  le  fond 
de  ces  ventrirnlfs,  on  rctrouvc  tres-distinctemeni  Ip.a  plexus  rhoroidrs,  qui  sont 


1/^9 

volumineux ;  les  couches  optiques  paraissent  hypertrophiees,  tandis  que  lea  corps 
«tries  sont  au  contraire  un  peu  diminues  de  volume.  Le  troisieme  ventricule  oirre 
ses  dimensions  normaies ;  le  cervelet,  la  protuberance  annulaire  et  le  bulbe  ra- 
chidien  sont  normaux,  ainsi  que  les  nerfs  auxqueis  ils  donneiit  naissance. 

2»  OBSERVATION  d'UNE  TUMEUR  CANCEREUSE  IMPLANTEE  DANS  LE  PETIT  BASSIN,  PRISE, 
PENDANT  LA  VIE  DE  LA  MALADE,  POUR  UNE    GROSSESSE  ANORMALE;  par  M.  le  dOC - 

teur  Chambert. 

«  Elvire  Fruchart,  16  ans  et  demi,  temperament  sans  aucune  predominance 
particuliere,  bonne  constitution,  embonpoint  modere,  me  fut  conduite,  vers  le 
raois  de  juin  1851,  par  ses  parents.  Voici  les  renseignemenls  qui  me  furent  don- 
nes  sur  ses  antecedents. 

»  Cetle  jeune  fille  a  loujours  joui  d'une  bonne  sante;  elle  n'a  jamais  eu  de 
maladie  serieuse.  Depuis  un  an  seuiement,  sujette  a  ries  diflicultes  considerables 
dansrevacualionmenstruelle,  elleeprouve  toutes  les  incommoililes  des  personnes 
mal  reglees.  Douleurs  vagiiesdans  le  ventre  et  dans  les  lombes;  sentiments  d'op- 
pression,  d'etouirement,  etc.,  etc.  Les  regies  ne  sont  pas  supprimeesenticrement, 
elles  se  sunt  encore  montrces  il  y  a  deux  mois  environ,  mais  elles  sont  irregu- 
iieres,  capricieuses  dans  leur  apparition  et  leurabondance. 

»  La  malade  presente,  dans  la  fosse  iliaque  droite,  une  tumeurdure,  bosselee, 
de  la  grosseur  d'un  gros  ceuf  de  poule,  la  region  hypogastrique  est  s-ouple,  ainsi 
que  le  reste  de  I'abdomen.  Les  fonctions  digestives  s'accomplissenl  d'une  ma- 
niere  normale,  a  part  cependant  un  peu  d'irregularile  dans  I'appetit. 

»  Je  fas  etonne  de  la  presence  d'une  tumeur  de  cette  nature  chez  une  jeune 
personne  de  IG  ans,  qui  paraissait  d'ailleurs  jouir  d'une  sante  parfaite  et  qui  n'a- 
vait  jamais  rien  eprouve  du  cute  des  voies  lespiratoires.  Je  ne  cachai  pas  ma 
surprise  aux  parents,  et  je  prescrivis  un  traitement  iodure  h.  I'interieur  et  a  I'ex- 
terieur,  et  des  applications  frequentes  de  sanasues  a  I'anus,  dans  le  but  d'exercer 
une  revulsion  utile  et  de  favoriser  en  meme  temps  le  retour  des  regies. 

n  Je  perdis  la  malade  de  vue.  Le  24  octobre  dernier,  je  fus  appele  aupres  d'elle, 
chez  ses  parents,  k  quatre  lieues  de  Laon.  Avant  de  me  conduire  a  son  lit,  on  me 
raconta  que  I'oflicier  de  sanle  de  la  localile  avait  repandu  le  bruit  que  cette  fille 
etait  enceinte,  et  meme  en  avait  fait  au  inaire  la  declaration.  Les  soins  q'u'il  don- 
nait  a  la  malade  avaient  ete  continues  par  un  confrere  des  environs,  qui  avait 
cru  non-seuleraent  que  cette  fille  avait  un  eniant  dans  le  ventre,  mais  qu'elle 
en  avait  deux;  il  formulait  ainsi  son  diagnostic,  dans  une  lettre  qu'il  m'adres- 
sait  : 

•  Grossesse  uterine,  compliquie  d'niie  yrossesse  abdominale  avec  implan- 
tation du  placenta  anormal  sur  la  droile  et  probablement  sur  I'une  des  de- 
pcndances  de  la  matrice. 

»  Voici  dans  quel  etat  je  trouvai  la  malade  :  le  ventre  avait  acquis  un  volume 


150 

(■noime;  le  palper  el  la  pcri'ussiun  in(lii]iiaicnt  une  tumeiii-  dure,  airomlie,  oc- 
cupant ia  fosse  iliaque,  et  une  purtle  Uu  fluac  droit  su  conliuuant  dans  la  region 
hypogastriqueoil  elle  s'elevaiti  12  centimetres  environ  au-dessus  du  pubis,  et 
remontant  ensuite  dans  la  fosse  iliaque  gauche  pour  se  prolonger  dans  I'liypo- 
chondre  du  meme  cote  et  la  nioitie  gauche  de  I'epigastre.  Dans  ces  derniers 
points  la  lumeur  presentait  des  Losselures  irregulieres  et  une  durete  conside- 
rable ;  le  reste  du  ventre  etait  distendu  par  de  la  serosite.  Le  toucher  vaginal 
permettait  de  constater  une  tumeurtres-dure,  a  surface  unie;  il  etait  impossible 
de  trouver  le  col  uterin. 

o  La  malade  etait  d'une  maigreur  extreme,  Les  digestions  elaient  presque 
nulles,  le  ventre  etait  le  siege  de  douleurs  atroces,  les  selles  et  les  urines  n'e- 
taient  expulsees  qu'avec  la  plus  grandu  difficulte.  La  voix  etait  pre.-queeteinte, 
et  les  moindres  mouvements  elaient  impossibles.  Lediaphragme  refoule  en  haul 
par  le  gonflement  abdominal  avail  diminue  le  champ  respiratoire.  La  malade 
etouffait.  Ses  douleurs  lui  occasionnaient  des  insomnies  insupportables. 

i>  Mon  role  etait  devenu  bien  faible.  Je  ne  pouvais  pas  guerir,  je  ne  pouvais 
qu'attenuer  un  peu  les  soulTrances  de  la  paliente.  Une  potion  calmanle  et  des 
frictions  sur  le  venire  avec  une  pommade  opiatee  furent  seules  prescriles.  Je  lis 
pressenlir  ci  la  famille  la  crainle  d'une  issue  fatale,  et  le  8  novembre  la  malade 
succomba. 

»  Les  parents  m'appelerent  pour  en  faire  I'autopsie  et  pour  faire  taire  les  c:i- 
lomniesqui  avaient  ele  repandues  sur  le  compte  de  leur  fille.  J'y  procedai  le 
9  novembre ,  vingt-huit  heures  apres  la  morl. 

»  AuTOPSiE.  —  Rigidite  cadaverique  peu  prononcee,  le  corps  est  encore  chaud ; 
il  est  d'une  maigreur  excessive.  L'abdomen  presenle  la  meme  apparence  que 
pendant  la  vie. 

»  Une  ponction  faite  avec  le  scalpel  donne  issue  k  cinq  litres  environ  de  sero- 
site limpide  de  couleur  citrine.  La  parol  anterieure  de  l'abdomen  etant  enlevee 
par  une  incision  semi-lunaire  a  convcxile  inferieuie,  je  decouvre  une  eiiorme 
tumeur  qui  occupe  tous  les  points  sur  lesquels  on  Ta  constatce  du  vivant  de  la 
malade. 

»  Cette  tumeur  pent  elre  consideree  comme  bilobee.  Le  lobe  droit  est  uniforme, 
uni,  arrondi;  son  sommet  presenle  une  ulceration  superlicielle ,  a  surface  rou- 
gealre,  raniollie,  de  6  a  7  cenlimetres  de  diaraelre.  Le  lobe  gauche  est  nia- 
melonne ;  il  est  subdivise  en  plusieurs  aulres  pelits  lobes  formes,  comme  le 
reste  de  la  tumeur,  d'une  substance  jauniitre,  de  consistance  caseuse.  L'inle- 
rieur  de  la  tumeur  presenle  un  commencement  de  ramoUissement,  car  les  in- 
cisions qu'on  pratique  laissent  ecouler  une  sanie  purulente. 

»  L'uterus  et  les  ovaires  sont  comprinies  enire  la  paroi  abdominale  et  la  face 
anterieure  de  la  tumeur.  II  est  aplati,  adherant  k  la  production  morbide  parsa 
lace  poslerieure. 

11  La  tumeur  s'implanle  dans  le  petil  bassin  a  la  face  anterieure  du  sacrum  ; 


151 
elle  adhere  tres-fonement  k  la  parlie  anl6rieure  ties  deux  tiers  du  sacrum.— Le 
restede  la  masse  inteslinale  est  refoule  en  arriere  et  en  haul.  La  tumeur  p^se 
15  livres.  —  Je  ne  puis  trouver  d'autres  ganglions  mesenteriques  engorges  ni 
tuberculeux. 

»  Les  poumons  soiit  parfaitement  crt^pitants ,  un  peu  engoues  a  leur  face  pos- 
t6rieure.  Leurs  sommets,  examines  avec  la  minutie  la  plus  scrupuleuse ,  ne 
presentent  aucun  vestige  de  granulations  grises  ni  de  productions  tubercu- 
leuses.  —  Les  ganglions  bronchiques  sont  a  I'etat  normal.  Le  cceur  est  petit, 
ses  cavites  pleines  de  sang  noir. 

»  Je  n'insiste  pas  sur  les  caracteres  de  la  tumeur,  car  I'examen  direct  qu'on 
en  pourra  faire  les  demontrera  beaucoup  mieux  que  ma  description. 

»  Je  livre  a  la  Societe  de  Biologie  cette  observation  sans  commentaires ,  j  in- 
siste  seulement  sur  quelques  points  que  je  ne  fais  qu'indiquer. 

»  Les  considerations  qui  me  paraissent  les  plus  remarquables  dans  cefait , 
sont  : 

»  1°  Le  volume  considerable  de  cette  production  anormale; 

»  2°  La  rapiditede  son  evolution  ,  puisqu'en  cinq  mois  a  peu  pres  elle  a  at- 
teint  des  dimensions  enormes; 

»  3*  L'absence  de  tout  vestige  de  tubercules  dans  les  poumons ; 

»  W  Les  difficultes  et  les  erreurs  du  diagnostic  auxquelles  elle  a  donne 
lieu. 

»  L'examen  microscopique  de  la  tumeur,  faitpar  MM.Lebret  et  Robin ,  a  eta- 
bli  sa  nature  cancereusc.  Au  milieu  des  elements  gras ,  on  pouvait  observer 
loutes  les  varietes  des  elements  cancereux  :  les  noyaux  libres  elaient  en  plus 
grande  quantite  que  les  cellules.  » 

3"   sun  DES  GRANULATIONS  GBAISSEUf  ES  DU   REIN  ;  par  M.   DaVAINE. 

M.  Davaine  a  presente  deux  reins  reunis  en  fer  a  cheval,  provenant  d'un 
homme  mort  d'une  anasarque  :  les  urines  avaient  ete  albumineuses ,  le  foie 
etait  affecte  de  cirrhose. 

Ces  reins  ,  depouilles  de  leur  membrane  propre  etaient  marbres,  melanges  de 
jaune  et  de  rouge.  lis  offraient  en  outre  beaucoup  de  granulations ,  du  volume 
d'nn  grain  de  semoule  pour  le  plus  grand  nombre ;  quelques-unes  atteignaient 
celui  d'une  petite  tele  d'epingle;  enfin,  d'autres  etaient  a  peine  perceptibles  a 
I'ceil  nu.  M.  Davaine  a  constate  par  l'examen  microscopique  que  les  plus  grosses 
de  ces  granulations  contenaient  un  liquide  epais,  entierement  forme  de  matiere 
grasse ;  les  autres  contenaient  loutes  plus  ou  moins  de  maliere  grasse  infiltree 
dans  le  lissu  elementaire  du  rein. 


COMPTH  RESNDU 

DES  SEANCES 


UE 


LA  SOClfiTfi  DE  BIOLOGIE 


PKNDANT    r.E    MOIS    DK    DF.CEMBRE  1851  ; 


M.  le  Docleur  SECOND,  secretaire. 


Pr^sidence  de  M.  RAYER. 


I.  —  Anatomie. 


SUR    LA    nOUR8F.  SYNOVIALE     SOUS-TROCHANT^RIENNE    ET    SUR   LES    CORPS    STRANGERS 

qu'elle  peut  contenir  ;  par  M.  Beraud. 

« II  exisle  sous  la  voute  acromio-coracoidienne  et  sous  le  deltoide  une  bourse 
synoviale  plulot  indiquee  que  decrite  par  les  auteurs.  Elle  est  cependant  men- 
tionnee  dans  lous  les  cours  avec  beaucoup  de  soin.  Si  vous  consultez  les  auteurs 
pour  en  connailre  une  description  precise ,  vous  etes  oblige  dc  resler  dans  le 
iloule  sur  son  etendue,  sa  capacile,  ses  rapports,  sea  comniunicalions  avec 


15/i 
(I'autres  synoviales.  Voici  sur  ce  point  I'opinion  de  M.  Cruveilhier :  Dae  circon- 
slance,  dit-il,qui  prouve  I'utilite  dc  cette  voute  (acromio-coraco'idienne) ,  et  les 
contacts  frequents  qu'elle  doit  avoir  avec  I'humerus,  c'est  I'existence  constante 
d'une  capsule  synoviale  situee  entre  la  voute  coraco-acromiale  d'une  part,  et, 
d'autre  part,  le  tendon  du  susepineux  et  le  grand  trochanter  de  I'humerus.  Dans 
un  autre  endroit,  ce  professeur  s'exprime  en  ces  termes :  II  (le  deltoide)  recouvre 
Tarticulation  scapulo-humerale ,  dont  il  estseparepar  une  lame  aponevrolique 
faisant  suite  ^  I'aponevrose  sous-epineuse  et  au  ligament  coraco-acromien.  Entre 
cette  lame  aponevrotique  et  le  grand  trochanter  de  I'humerus  se  trouve  un  tissu 
cellulaire  iilamenteux  tr6s-abondant  et  presque  toujours  une  capsule  synoviale. 
On  volt  par  ces  paroles  que  M.  Cruveilhier  ne  donne  pas  de  details  sur  cette 
bourse  synoviale.  M.  Sappey  ne  dit  pas  qu'il  y  ait  une  synoviale  sous  le  deltoide. 
Dans  les  auteurs  de  chirurgie,  meme  incertitude  sur  les  maladies  de  cette  bourse 
et  meme  sur  son  existence.  Ainsi ,  elle  n'est  citee  ni  parmi  les  bourses  synoviales 
noimales ,  ni  parmi  les  accidentelles.  Je  vais  done  en  presenter  ici  une  descrip- 
tion, et  jesignalerai  ensuite  un  nouveau  corps  elranger  que  j'ai  trouve  dans  sa 
cavite. 

»  §  I.  Elle  existe  d'une  manifere  constante;  seulement,  elle  peut  presenter 
quelques  varietes  dans  sa  disposition  par  rapport  aux  organes  qu'elle  est  des- 
linee  a  recouvrir.  Cette  membrane  part  de  la  face  inferieure  de  I'acromion  et  du 
ligament  acromio-coracoidien,  tapisse  cette  face  profonde,  sedirigeen  arri^re 
et  vient  se  reflechir  sur  le  muscle  susepineux  apres  avoir  revetu  toute  cette  face. 
Elle  se  continue  sur  la  face  superieure  du  muscle;  puis,  sur  son  tendon  ,  arrive 
ainsi  sur  la  face  externe  de  la  capsule  et  vient  se  reflechir  de  has  en  haut  vers 
la  base  du  grand  trochanter  de  I'humerus,  pour  se  prolonger  k  la  face  profonde 
du  deltoide  jusque  vers  le  sommet  de  I'acromion,  d'ou  nous  I'avons  vue  partir. 
Sur  les  parties  lalcrales,  elle  se  reflechit  h  la  partie  externe  de  I'apophyse  cora- 
coide,  et  sur  son  cote  externe,  elle  tapisse  I'extremite  du  tendon  du  sous-epineux. 
Elle  se  trouve  doublee  dans  certains  points  par  un  tissu  fibreux  quelquefois  trds- 
dense.  Ainsi.  nous  avons  vu  M.  Cruveilhier  deerire  une  aponevrose  qui  la  se- 
pare  du  deltoide;  en  arri^re,  dans  la  fosse  susepineuse,  existe  une  autre  apone- 
vrose dependanle  du  susepineux  qui  la  bride  d'une  maniere  tres-puissante.  Sur 
les  parties  laterales,  il  y  a  moins  de  tissu  fibreux  pour  la  proteger.  Elle  offre  dans 
tout  son  trajet  une  adherence  intime  avec  les  tissus  qu'elle  revet.  D'apres  cette 
description,  on  voit  que  sa  capacite  est  extremement  grande;  elle  ne  le  c6de  en 
rien  k  celle  de  la  bourse  prerotulienne,  dont  les  maladies  sont  si  frequentes.  Ce- 
pendant  elle  n'offre  pas  toujours  la  meme  disposition.  Elle  peut  etre  divisee  en 
deux  compartiments  Men  distincts,  I'un  correspondant  A  la  voiite  acromio-cora- 
coidienne,  I'autre  k  la  face  profonde  du  deltoide.  II  faut  dire  que  ce  cas  est  assez 
rare.  D'autres  fois,  elle  oiTre  une  communication  avec  la  synoviale  articulairc  au 
moyen  du  prolongement  que  celJe-ci  envoie  au  muscle  sous-scapulaire.  Cette 
bourse  s^reuse,  quoique  protegee  par  un  muscle  cpais  et  puissant,  devait,  k 


155 
cause  de  son  voisiuagtt  el  de  son  etendue ,  etre  sujette  h  beaucoup  de  maladies, 
et  plus  frequemmenl  que  beaucoup  d'autres  bourses  de  la  meme  nature ;  aussi 
toutes  les  fois  que  j'ai  fait  des  autopsies,  j'ai  eu  soin  de  I'examiner,  et  il  m'est 
arrive  deux  ou  trois  I'ois  de  la  trouver  remplie  de  pus  dans  des  autopsies  de  dia- 
these  purulente,  et  cela  independamment  de  rarticulation  scapulo-humerale ; 
mais  le  but  de  cette  note  n'est  pas  de  faire  son  histoire  pathologique :  je  veux  seu- 
lement,  comme  je  I'ai  deji  dit,  faire  voir  comment  des  corps  etrangers  peuvent 
s'y  developper. 

»  §  II.  On  salt  que  les  corps  etrangers  des  bourses  sercuses  n'ont  ete  bien 
connus  en  France  et  en  Angleterre  que  par  les  travaux  de  Dupuytren  et  d'A. 
Cooper.  Depuis  on  a  cherche  a  s'en  rendre  compte  soit  en  les  examinant  au  mi- 
croscope, soitenles  soumettanla  I'analyse  chimique.  Les  uns  ont  dit  que  c'etait 
des  flocons  de  lymphe  coaguiable  (Brodie) ,  les  autres  (Velpeau)  que  c'etait  du 
sang  epanche  qui  avait  fourm  des  noyaux  fibrineux.  Dupuytren ,  appuye  par  les 
descriptions  de  Bosc,  Durnevil  et  Raspail,  pensait  que  c'etaient  des  animaux.  Au 
milieu  de  ces  explications,  il  n'y  a  d'acceplables  que  celles  de  Brodie  et  Velpeau ; 
mais  je  pense  qu'elles  ne  rendent  pas  compte  de  tons  les  cas  :  ce  qui  le  prouve , 
c'est  la  pi^ce  que  j'ai  mise  sous  les  yeux  de  la  sociele.  On  y  voit,  en  effet,  deu\ 
modes,  suivant  lesquels  des  corps  etrangers  peuvent  se  former  dans  les  bourses 
sereuses.  Dans  la  partie  correspondante  au  grand  trochanter,  il  y  a  un  corps 
libre  dans  sa  cavite.  II  a  le  volume  d'une  petite  cerise,  un  peu  aplatie,  de  forme 
olivaire  ,  lisse ,  poli,  revetu  d'une  couche  cartilagineuse ,  d'une  durete  osseuse, 
en  rapport  d'ailleurs  avec  sa  structure ,  comme  I'a  demontre  un  examen  de- 
taille.  Ce  corps  est  loge  dans  la  partie  declive  de  cette  bourse  sereuse.  11  est  uni- 
que ;  mais  on  voit  que  d'autres  sonten  voie  do  formation.  11  existevers  la  base  du 
grand  trochanter  d'autres  stalactites  osseuses  qui  viennent  faire  saillie  dans  sa  ca- 
vite ;  elles  bourgeonnent ,  et  quelques-unes  de  ces  vegetations  ne  sont  plus  adhe- 
rentes  que  par  un  pedicule  assez  etroit.  On  trouve  encore  dans  le  voisinage  une 
depression  qui  a  ete  prohablement  le  point  ou  s'est  detache  le  corps  que  nous 
avons  trouve  flottant  dans  la  cavite  sereuse.  Ainsi  voila  un  point  oii  les  corps 
etrangers  sont  produits  par  des  vegetations  osseussf  • 

"  Mais,  au  niveau  du  tendon  susepineux,  il  y  a  aussi  deux  corps  pedicules 
qui  allaient  se  detacher  et  dont  le  mode  de  production  differe  du  precedent.  En 
effet,  sur  une  etendue  de  2  centimetres,  le  tendon  est  depouille  de  la  sereuse, 
et,  dans  ce  point,  on  voit  entre  les  fibres  tendineuses  des  vegetations  t  tons  les 
degres  et  de  toutes  les  formes,  depuis  une  tele  d'epingle  jusqu'a  un  noyau  de 
cerise;  les  unes ,  les  plus  petites,  sont  encore  celluleuses,  les  autres,  plus  vo- 
lumineuses,  sont  cartilagineuses  et  osseuses.  €elles-ci,  au  nombrede  deux,  sont 
pediculees  et  sur  le  point  de  se  detacher. 

»  Du  reste  il  n'y  avait  pas  de  liquide  dans  cette  bourse  sereuse,  il  n'y  avait  que 
les  traces  d'une  inflammation  analogue  k  cequeM.  Deville  a  decrit  demierement 
sous  le  nom  d'arthrite  s6ehe.  Cette  pi^ce ,  il  faut  le  dire,  a  et6  prise  sur  un  sujet 


156 
de  iO  k  55  ans ,  d'un  trfes-grand  embonpoint  el  presentanl  une  aoudure  com- 
plete de  la  colonne  vertebrale  au  niveau  du  dos,  avec  des  exostoses  trds-volumi- 
neuses.  L'articulation  scapulo-humerale ,  d'aileurs,  n'otTrait  pas  d'alleration 
bien  manifeste.  > 

2»  ESAHEN  DES  CARACTfeRES  RECONSUS  SDR  LES  CRANES  DES  ANC1EN8  EGYPTIENS  ; 

par  M.  Lebret. 

C'est  une  question  encore  fort  debaltue  que  celle  de  determiner  lea  veritables 
origines  de  I'ancienne  population  de  I'figypte.  On  comprend  comment  en  pre- 
sence des  monuments  d'une  haute  civilisation  I'interet  des  observateurs  a  ete 
vivement  excite,  jlexiste  un  contraste  si  frappant  enlre  ces  debris,  annales  d'une 
nation  eminemment  iiiteliigente,  et  le  spectacle  doune  par  lespeuples  qui  vivent 
sous  la  meme  latitude,  exposes  aux  memes  influences  de  la  zone  torride,  qu'A 
defaut  de  la  valeur  historique  du  piobleme,  sa  solution  tiendrait  une  place  assez 
importante  dans  I'etude  de  noire  espece. 

Luissant  de  cote  les  donnees  etrangeres  et  tres-precieuses  d'ailleuis,  je  me 
placerai  ici  au  point  de  vue  des  caracteres  biologiques,  et  parmi  eux  c'est  a  la 
forme  generals  et  aux  parlicularites  de  la  charpente  osseuse  du  crane  que  je  li- 
raiterai  cet  examen  exciusif. 

Blumembach  le  premier  a  degage  la  verite  au  miiieu  des  idees  fausses  ou 
imparfaites  qui  regnaient  avantlui  sur  la  conformation  des  premiers  figyptiens( I  )• 
Un  petit  nombrede  momies  lui  furenl  soumises  k  Londres,  etlui-meme  lit  gra- 
ver dans  ses  decades  Irois  cranes  provenanl  de  source  cerlaine  et  dont  les  deux 
premiers  offrent  bien  les  formes  ebsentielles  du  type  en  question.  Blamant  Win- 
kelman  qui  avail  donne  la  representation  d'un  Chinois  comme  le  module  de  la 
beaule  egyptienne,  il  compara  avec  ses  observations  cranioscopiques  les  figures 
peinies  ou  sculptees  sur  les  sarcopliages  el  sur  les  monuments  de  I'Egyple  con- 
nus  alors,  et  de  cette  analyse  retulta  poor  lui  la  dislinction  de  Irois  vari6tcs 
dans  la  physionomie  nationale  des  anciens  Egypliens.  La  premiere  qu'il  nomnia 
ethiopienne  porle  I'empreinle  de  la  trace  nigre.  Cesont  des  miiclioires  avancees, 
des  levres  epaisses,  un  nez  aplati,  des  yeux  saillants;  tes  caracteres  avaient  dejA 
ele  assignes  aux  Copies  modernes  que  quelques  voyageursde  noire  temps  re- 
gardenl  comme  les  descendants  de  la  nation  originaire;  mais,  suivanl  ce  qui  sera 
demontie  par  I'analyse  des  recherches  ullerieures,  on  pent  y  voir,  ou  bien,  avec 
le  docteur  Wisemann,  une  represenlalion  grossiere  de  la  foime  egyptienne,  ou 
plulot  un  exemple  de  melange  analogue  a  celui  des  mulalres.  Les  deux  autres 
types  etablis  par  Blumembach  sont  beaucoup  plus  reels ;  celui  qu'il  appelle 
hindou  est  caracterise  par  un  nez  long  et  mince,  des  paupieres  allongees  et  s'e- 
caitant  de  la  racine  du  nez,  des  oreilles  situees,  dit-il,  h  une  grande  hauteur. 


(1)  Blumembach,  Decades,  cbamohl'm,  Transact,  philos.,  1*96. 


157 
L'habitude  du  corps  presente  une  certalne  delicatesse  dans  les  formes  unie  k  la 
longueur  Inaccoutumee  du  membro  inferieur.  A  quelques  remarques  de  details 
pr6s,  nous  verrons  se  condrmer  cet  exeniple  de  provenance  etrang^re  si  remar- 
quable  dans  les  premiers  habitants  de  la  vallee  du  Nil.  Le  dernier  type  ou  ber- 
bere  est  qualifie  de  mixte;  en  elTet,  une  certaine  bouflissure  dans  I'ensemble  de 
I'individu,  un  menton  court,  des  yeux  larges  et  saillants,  des  jones  pendantes, 
se  rapportent  assez  bien  au  type  de  la  masse  indigene  du  peuple  eayptien. 

Soemmering  fl)  donne  egalement  la  description  de  quatre  tetes  de  momies 
examinees  par  lui.  Deux  d'entre  elles  ne  difleraient  sous  aucun  rapport  des  tetes 
fi'Europeens  ;  k  la  troisi^me  il  reconnut  la  forme  africaine,  distincte  surtout  par 
riiisertion  du  muscle  crotaphyte  sit  une  grande  surface  de  la  region  temporale. 

Depuis,  le  docteur  Leach,  au  British  Musffium,  le  docteur  Hodgskin,  au 
Guy'sHospilal,  ont  recueilli  des  momies  avec  soin,  et  pour  les  observateurs 
comme  pour  les  savants  auteurs  de  ces  collections,  rien  n'est  plus  evident  que  lo 
caractfere  caucasien  des  tetes  qu'elles  presentent.  Le  temoignage  de  Lawrence, 
dans  ses  leQons  sur  I'histoire  naturelle  de  I'homme,  confirme  cette  assertion,  et 
nous  trouvons  menie  dans  le  Musee  des  Antiquites  egyptiennes,  reunion  de 
tableaux,  publics  chez  nous,  par  M.  Ch.  Lenormant,  les  portraits  de  deux  mo- 
mies donnees  pour  t\  pes  (  PI.  X,  fig.  10  et  12  j.  «  La  tete  representee  sous  le  n"  10 
»  a  ete  rapportee  en  France  dans  uu  etat  complet  de  conservation.  L'angle  facial , 
»  ajoute-t-on  ,  se  rapproche  beaucoup  de  Tangle  droit,  et  les  dents  incisivessont 
»  plantees  verlicalement  et  non  inelinees,  ni  avancees,  comme  elles  le  seraient 
»  dans  une  tete  de  negre;  ces  profils  rapproches  de  ceuxdu  n"  12,  dont  la  coupe 
»  a  ete  dessinee  avec  le  plus  grand  soin ,  peuvent  donner  une  idee  precise  de  la 
»  forme  de  la  tete  des  anciens  Egyptiens.  »  Cuvier  avail  tire  du  meme  examen 
osteologique  I'induction  qu'il  est  aise  de  s'assurer  que  les  Egyptiens  apparte- 
naient  k  la  meme  race  que  nous,  et  qu'ils  avaient  le  crane  et  le  cerveau  aussi 
volumineux. 

Le  docteur  Prichard  ,  auquel  (2)  la  science  est  redevablede  recherches  con- 
scieiicieuses  sur  ranthropologie,  ne  pent  se  refuser  a  I'evidence.  11  reconnait  que  le 
crane,  chez  les  anciens  Egyptiens,  presentait  la  forme  ovale  et  completement 
developpee, commune,  dit-il,  k  tous  les  peuples  avances  en  civilisation;  il  donne 
meme  une  figure  faite  d'apres  une  tete  qui  appartient  au  musee  du  college  des 
chirurgiens  de  Londres,  et  dont  le  type  caucasien  ne  saurait  etre  mis  en  doute. 
Mais  les  traits  physiques  qu'il  a  rassembles  tant  d'apres  les  monuments  et  les 
peintures  antiques  que  suivant  le  recit  des  voyageurs,  la  pesanteur  de  certains 
cranes  egyptiens,  la  proeminence  de  I'arcade  alveoiaire,  la  forme  particulifere 
desjambes,  et  I'aplatissement  des  pieds,  trouves  chez  divers  modeles  ,  le  font 


(1)  Soemmering,  De  corporis  hcmani  fabrica,  1793. 

(2)  Prichard,  Researches  into  the  phvsic.  hist,  of  mank.,  t.  )l. 


158 
penchcr  vers  I'opinion  d'une  souclie  africaine  commune  aux  EgypUens  ct  au\ 
peuples  voisios. 

Blumembach  divisanl  le  genre  liumain  en  cinq  varietes  principales,  avail  deja 
place  la  famille  egyptienne  entre  la  race  caucasienne  et  la  race  ethlopienne.  Pri- 
chard  loin  d'etre  aussi  aflirmatif ,  se  retranche  derriere  une  conjecture,  a  savoir 
qne  les  traits  dans  lesquels  consiste  la  pretendue  ressemblance  africaine  des 
Egyptiens,  se  sent  developpes  chez  eux  sous  I'influence  de  certaines  circonstanccs 
extcrieures  auxquelles  la  race  a  ete  soumise  pendant  des  milliers  d'annees. 

Jusque-la  les  caract^res  physiques  des  premiers  Egyptiens  n'avaient  etc  etablis 
que  sur  un  petit  nombre  de  fails,  et  bien  plutot  au  nioyen  de  comparaisons  archeo- 
losiques.  Aussi  rapportait-on  tour  i  tour  cette  origliiR  aux  Juifs,  aux  Arabes,  au\ 
Hindous,  aux  Nubienset  aux  Negres.  Un  ethnographe  tres-distlngue,  M.  le  doc- 
teur  Morton,  de  Philadelphie,  a  eu  I'heureuse occasion  de  recevoir  cent  trente- 
sept  cranes  egyptiens  dont  une  centaine  appartient  aux  anciens  habitants  de 
I'Egypte,  et  possesseur  dcji  d'une  collection  de  six  cents  cranes  humains,  il 
a  pu  etablir  son  analyse  sur  des  bases  toutes  nouvelles.  Dej4 1'ethnologie  avail  ete 
enrichie  par  ce  savant  d'un  travail  fort  complet  sur  les  formes  cranioscopiques 
de  la  race  Americaine.  L'etude  qu'il  a  pubiiee  en  1843  sous  le  litre  de  Crania 
EGYPTiACA  ou  OBSERVATIONS  SUR  l'ethnographie  Sgyptienne  tirces  de  l'Anatomie, 
DE  l'histoire  et  DES  MONUMENTS,  jctte  une  grande  lumiere  sur  les  incertitudes 
de  la  question  et  merite  une  attention  serleuse. 

Le  docteur  Morton  etail  en  relation  avec  M.  Gliddon,  consul  des  Etats-Unis  au 
Caire  et  auteur  lui-meme  de  recherches  importantes  sur  les  antiquites  egyptien- 
nes ;  c'est  par  les  soins  de  ce  dernier  que  les  cranes  ont  ete  recueillis.  Nous  devons 
a  cette  circonstance  un  degre  d'authenticite  qui  manquait  souvent  dans  les  ob- 
servations du  meme  genre.  Tant  de  nations  diverses ,  au  milieu  des  vicisssitudes 
les  plus  contraires,  ont  occupe  le  sol  de  I'figypte  a  travers  une  longue  serie  de 
siecles  qu'il  n'est  pas  indifleient  de  rechercher  la  date  des  individus  momifles 
dont  on  etudie  les  restes.  Blumembach  avail  tellemeut  senti  cette  diffieulte  qu'il 
cherchait  lespreuves  d'anciennete  jusquedans  la  conformation  des  dents  incisives 
particuliere  a  ses  yeux,  mais  evidemment  exagerce.  Aujourd'hui ,  l'etude  des 
texles  hieroglyphiques  a  confirme  ce  que  la  commission  de  I'Institut  d'ftgypte 
avail  deji  entrevu  au  sujel  de  I'age  relativement  moderne  des  monuments  de  la 
haute  Egypte.  On  sail  que  ceux  de  Thebes,  par  exemple,  ne  remontent  pas  beau- 
coup  au  deli  de  trois  mille  ans  avanl  Tere  chretienne  el  qu'il  faut  descendro, 
jusqu'i  Memphis  pour  retrouver  les  traces  de  la  civilisation  primitive  de  I'figypte. 
La  premiere  des  sept  series  etablies  par  M.  Morton  ,  dont  la  collection  comprend 
vingt-six  cranes  decouverts  dans  la  necropole  de  Memphis,  est  aussi  la  plus 
importante.  Le  lieu  de  sepulture  forme  \k  un  vaste  iabyrinthesouterrain  detoni- 
beaux  creuses  dans  le  roc,  et  11  est  i  croire  que  ces  simples  catacombes  ont 
precede  la  construction  des  pyramides  qui  supposenl  un  plus  grand  devcloppc- 
nient  de  civilisation.  D'ailleurs  le  mode  d'cmbaunicment  des  mornios  e\humeet> 


159 
de  cet  endroit  proclame  leur  anciennele;  elles  semblent  avoir  subi  une  simple 
immersion  dans  le  bitume  suivie  de  I'exposilion  au  four,  et  I'on  remarque  que, 
dans  plusieurs  letes  le  cerveau  n'a  pas  ete  detruit  h  travers  les  narines  suivant 
une  coutume  posterieure;  car  rellimoide  est  intact,  et  la  mati6re  ccrcbrale  a 
ete  extiaite  du  grand  trou  occipital.  Ces  preuves  auraient  un  grand  poids  quand 
meme  il  ne  serait  pas  etabli  que  les  Egyptiens  fussent  eux-memes  maltres  de 
Memphis  et  enferm6rent  leurs  morts  dans  ces  necropoles ,  plus  de  deux  mille  ans 
avant  que  les  Perses  ou  les  Grecs  n'eussent  fait  la  conquete  de  ce  pays. 

Dans  les  localites  d'oii  proviennent  les  soixante-quatoize  teles  qui  completent 
les  autres  series,  nous  noterons  que  si,  comme  a  Abydos,  les  ornements  fune- 
raires  temoignent  de  la  caste  elevee  des  momies,  ailleurs  M.  Gliddon  en  decou- 
vrit  un  grand  nombre  embrassant  toules  les  classes  d'individus,  h  en  juger  par 
la  vari^te  du  mode  d'embaumement ;  teiles  nous  les  montrent  les  grottes  de  Maab- 
deh,  les  catacombes  de  Thebes  et  aussi  les  temples  de  Philoe  et  de  Debod,  situes 
sur  les  frontieresde  I'Egypte  et  de  la  Nubie  et  oh  se  rendaient  un  grand  coneoms 
de  pelerins.  Le  parallele  etabli  entre  ces  cranes  et  ceux  de  Memphis,  d'une  date 
plus  reculee,  comporte  done  une  valeur  toute  partlculiere  sur  laquelle  on  ne  sau- 
rait  trop  insister. 

M.  Morton  admet  trois  divisions  dans  les  types  de  la  race  caucasique ,  a 
savoir  :  l»  Un  type  qu'il  nomme  pelasgique,  et  presentant  la  plus  belle  confor- 
mation de  tete  telle  qu'on  I'observe  chez  les  nations  caucasienne,  de  I'Asieocci- 
dentale,  de  I'Europe  moyenne  et  septentrionale;  2"  le  type  semitique,  marque 
dans  les  families  juives,  au  front  fuyant,  au  nez  proeminent,  aux  yeux  assez 
eloignes  I'un  de  I'autre,  au  developpement  presque  massif  de  la  face;  3°  un 
type  egyptien,  proprement  dit,  qui  differerait  du  type  pelasgique  par  un  front 
plus  etroit  et  plus  incline,  une  ouverture  un  peu  moindre  de  Tangle  facial ,  le 
nez  droit  ou  aquilin  et  les  traits  comme  anguleux.  Autant  les  deux  premieres 
distinctions  se  caracterisent  d'elles-memes ,  autant  cette  derni6re  me  semble 
echapper  a  la  certitude  de  methode  familiferc  h  M.  Morton.  II  suflit  de  jeler  uti 
regard  sur  les  tables  oil  il  a  consigne  les  mensurations  diverses  appliquees  h  ces 
cranes,  pour  rapporter  a  des  conditions  individuelles  les  differences  bien  Icg^res 
dont  il  a  constitue  un  type  dit  egyptien.  Lui-meme ,  dans  ses  preliminaires, 
reconnait  que  beaucoup  de  tetes  de  sa  collection  reunissent  les  caractferes  a  la 
fois  egyptien  et  pelasgique,  el  que,  pour  eviter  cette  subdivision,  il  les  a  ran- 
gees  toutes  dans  le  groupe  egyptien.  Suivant  les  preceptes  de  Blumembach  (I), 
on  ne  saurait  refuser  aux  formes  du  crane  une  certaine  Constance  ni  nier  qu'ellcs 
sont  un  des  principaux  caracteres  qui  delerminent  la  manicre  d'etre  nationale 
et  qu'elles  repondentparfaitementi  la  physionomie  despeuples,maisil  fautbiea 
se  preserver  de  cet  exces  d'analyse  qui  fait  pcrdre  de  vue  les  caracteres  gene- 


(I)  Blumembach,  De  i'.mtaie  gener.  humam. 


160 
raux  et  importants.  La  meme  critique  s'appliquera  aussi  aux  minutieuses  me- 
sures  dont  M.  Morton  a  trace  la  stalistique  dans  son  memoirs. 

De  ce  que  Tangle  facial  sur  vingt  cranes  egyptiens  a  represente  83"  pour  la 
plus  grande  mesure ,  et  76*  pour  la  plus  petite,  il  prend  une  moyenne  significa- 
tive de  78°,  inferieure  de  2  degres  seulement  k  la  moyenne  de  80°attribuee  ^ 
la  forme  pclasgique;  on  ti'jgnore  pas  que  la  direction  de  la  ligne  faciale  se  trouve 
souvent  la  meme  chez  des  nations  diCferentes  dont  les  cranes  n'offrent  entre  eux 
aucune  analogic,  tandls  qu'elle  varie  beaucoup  sur  des  tetes  parfaitement  sem- 
blables  quant  aux  autres  signes  et  qui  appartiennent  au  meme  peuple.  J'en 
dirai  aulant  de  la  capacile  inferieure  du  crane  mesure  soigneusement  par 
M.  Morton ,  sur  tous  ses  exemplaires,  eti  I'aide  de  laquelle  il  cherche  k  etablir 
revaluation  du  volume  du  cerveau  sans  tenir  compte  de  I'absence  des  mem- 
branes et  de  leurs  sinusjet  des  varieles  de  proportions  possibles  entre  les  parties 
cerebrales.  Toutefois  M.  Morton  a  pu  avec  raison,  eriger  en  fait  general ,  la 
pelilesse  de  la  tete  chez  les  Egyptiens,  du  moins  dans  les  cranes  recueillis 
aux  catacombes  de  la  partie  sud  de  Memphi?. 

A  la  suite  du  type  caucasique  predominant  dans  cet  ensemble  se  range  le 
typen^gre  bien  reconnaissabie  et  celui  que  M.  Morton  qualifle  de  iVe^rotde , 
pour  indiquer  le  melange  des  types  precedents  sur  I'individu.et  qu'il  assimile 
an  mulatre. 

Un  tableau  ethnographique  a  ete  dresse  resumant  la  distribution  de  ces  ca- 
racteres,  et,  suivant  I'expression  de  I'auteur  du  travail,  cette  table  parle  d'elle- 
meme.  Elle  montre  que  plus  des  huit  dixiemes  des  cranes  de  la  collection  appar- 
tiennent k  la  race  caucasique ,  la  forme  semitique  y  comptant  pour  un 
huitieme  ;  que  le  vingti^me  du  tout  est  compose  de  cranes  sur  lesquels  existe 
une  empreinte  du  type  ou  negre  ou  elranger;  que  la  conformation  negroide 
apparait  dans  huit  exemples,  et  entin  qu'il  y  a  un  seul  n6gre  pur  au  milieu  de 
ces  series. 

Devant  un  resultat  si  positif  et  pris  en  lui-meme,  comment  pourrait-on , 
comme  on  I'a  tente  de  nos  jours,  dans  un  bultres-honorable,  reproduire  Topi- 
jiion  de  Volney  (1)  qui  rattache  a  la  race  negre  la  population  et  la  civilisation 
del'Egypte.  Cette  question  avail  deja  ete  jugt5e  sans  retour  par  la  vue  des  se- 
pultures et  des  peintures  monumentales ,  sur  lesquelles  les  Egyptiens  a  cote  des 
traits  de  leur  propre  race  distinguaient  tresparticuli^rement  ceux  de  leurs 
csclaves  africains.  Herodote  (2) ,  comme  tous  les  Grecs,  qualiDait  de  noires  les 
nations  plus  meridionales  au  teint  basane  et  chez  lesquelles  on  rencontrait  des 
negres  ;  son  suffrage  est  rejete  aujourd'hui.  Mais  ce  n'esl  pas  la  seule  rectifi- 
cation apportee  par  le  niemoire  de  M.  Morton  a  quelques  opinions  rcgnanles.  II 


(t)  Volney,  Voyage  en  Syrie. 

(V)  Herodote,  trad,  de  Larcher.  Passim. 


161 

futacccpte,  sur  la  foi  d'Herodote,  qu'ci  la  suite  d'une  balaille  livree  eutre  les 
Egvptienset  les  Parses,  les  cranes  des premiers  se  reconnaissaient  a  leur  epais- 
seur,  due  a  I'habitude  de  tenir  la  tetenue,  et  contrastant  avec  les  minces  parois 
osseuses  chez  les  seconds,  adversaiies  plus  eflemines.  M.  Morton  assure  que  les 
cranes  egypliens  ont  en  general  une  texture  anssi  delicate  qu'on  la  trouve  chez 
I'Europeen  et  qu'une  tete  pesante  est  rare  dans  sa  collection,  ^  moins  que  le 
bitume  ne  se  soit  infiltre  au  milieu  du  diploe. 

Blumenbach,  observant  en  1779  des  fraymentset  des  tetes  entieres  de  momies 
egypliennes,  avail  note  une  anomalie  parliculiere  des  dents  incisives.  Leur  cou- 
ronne  n'etail  pas  taillee  en  biseau  ,  mais  epaisse  et  semblable  a  un  cone  tronque. 
Cette  singularite ,  retrouvee  a  plusieurs  reprises,  lui  semblait  pouvoir  servir  a 
laire  reconnaitre  le  sificle  et  la  nation  auxquels  ont  appartenu  les  differentes  mo- 
mies; il  pensait  aussi  que  les  dents  avaient  pu  s'user  sur  les  racines  et  les  tiges 
<le  vegetaux  que  Diodore  de  Sicile  assigne  comme  nourriture  aux  premiers  figyp- 
tiens.  M.  Morton  n'a  pas  retrouve  celte  disposition  des  incisives  sur  la  plupart 
de  ses  exemples ,  surtout  chez  les  jeunes  sujets ,  et  quand  elle  se  presente ,  il  en 
donne  pour  cause  egalement  la  mastication  de  substances  dures,  cequi  se  voit 
de  meme  chez  quelques  Hindous. 

11  refute  d'autre  part  I'assertion  de  M.  Bureau  de  la  Malle(l),  suivantlaquelle 
le  trou  auditif  des  momies  ,  et  par  consequent  des  anciens  figyptiens  ,  etait  place 
plus  haut  que  chez  I'Europeen,  de  sorte  qu'une  ligne  horizontale,  menee  de  te 
trou  vers  la  parlie  anterieure  de  la  face  ,  atteindrait  la  region  de  I'oeil  sur  la  tete 
egyplienne.  M.  le  docteur  Clot-Bey  et  d'autres  ont  signale  cette  disposition  sur 
les  Coptes  modcrnes ;  le  voyageur  Raw  la  note  chez  les  Indous ,  quelques-uns 
chez  les  Juifs.  «  Les  antiquaires ,  dit  Blumembach ,  savent  que  plusieurs  idoles 
»  de  I'ancienne  Egypte,  faites  en  airain ,  en  terre  cuite ,  en  pierre,  en  bois  de 
»  sycomore,ou  peintes  sur  les  sarcophages,  ont  les  oreilles  tres-elevees.  »  Au 
jugement  du  docteur  Morton,  I'aplatisseinent  artificiel  des  cartilages  des  oreilles 
atrompe  tous  ces  observateurs ,  et  il  n'a,  de  son  cote,  jamais  rencontre  une 
situation  anormale  du  trou  auditif  externe  sur  les  cranes  des  momies  depouilles 
de  leurs  parties  molles.  Nous  signalerons,  chemin  faisant,  la  belle  apparence 
des  chevelures  conservees  sur  trente-six  tetes  egyptiennes,  avec  une  teinte  noire 
legerement  brunie  par  la  maliered'embaumement.et  aussi  la  raretedes  momies 
d'enfants  dans  les  cataconibes  du  Nil,  fait  qui  n'a  pas  ete  sulTisammentexplique. 

M.  Morton,  non  content  d'avoir  retrouve,  dans  I'inspection  des  caract6res 
cranioscopiques ,  les  litres  des  premiers  figyptiens,  a  poursuivi  son  etude  jus- 
qu'aux  documents  historiques.  II  a  cherche  de  plus  si ,  au  milieu  du  melange 
des  populations  modernesde  I'figypte,  on  nepourraitplus  decouvrir  I'empreinte 
du  type  original :  il  a  cru  saisir  sur  les  Fellahs,  paysans  et  laboureurs  du  Delta, 
cetle  trace  que  d'autres  font  dcriver  des  Coptes.  Nous  n'aborderons  pas  aujour- 

(I)   COMPTES   REND.  DE  l'Ac.  DES  SCIENCES,  1837. 


162 

d'hui  ces  questions  si  complexes  et  obscures ,  mais  il  est  necessaire  de  reprendre 
lo  resultat  general  formule  en  ces  lermes  :  «  La  plupart  des  cranes  egypUens, 
'•  dit-il ,  ofTrent  le  type  caucasien  de  la  mani^re  la  plus  frappante  et  la  moins 
»  equivoque  ,  soil  par  leur  forme,  soit  par  leur  dimension  ,  soil  par  la  mesure 
»  de  leur  angle  facial.  On  serait  meme  tente  de  se  demander  si  Ton  pourrait 
»  trouver  une  plus  grande  proportion  de  tetes  aussi  admirablement  modelees  sur 
»  unnombre  egal  d'individustire  au  hasard  d'une  nation quelconquedel'Europe.i) 
En  regard,  placerons-nous  ces  figures  d'une  beaute  si  remarquable  qu'on  a 
donnees  des  indigenes  de  I'lndostan,  et  ce  crane  d'un  Indou  que  Richard  em- 
pruntea  un  voyageur,  et  qui  ne  saurait  etre  rapporte,  suivant  lui,  qu'au  type 
caucasien  ?  La  premiere  des  conclusions  de  Morton  est  forraelle  :  «  La  vallee  du 
»  Nil,  4  la  fois  en  figypte  et  en  Nubie,  fut  originairement  peuplee  par  une 
»  branche  de  la  race  caucasique.  »  Toutefois ,  nous  ne  saurions  admettre  avec 
lui  que  dans  leu rs  caracteres  physiques,  les  figyptiens  soient  intermediaires 
entre  les  Indo-Europeens  et  les  races  semitiques.  Dans  I'etat  actuel  de  la  science, 
les  Semites  ou  Syro-Arabes  representent  celte  race  d'hommes  au  teint  basane , 
nomades  ou  mercantiles ,  qui  se  sont  fixes  dans  I'Arabie,  la  Syrie,  la  Phenicie , 
I'Assyrie  et  la  Chaldee.  Depuis  I'lndou  et  le  Persan ,  jusques  et  y  comprises  les 
families  celtea,  germaines  et  slaves,  la  race  indo-germaine  ou  indo-europeenne, 
race  japhetique  pour  d'autres,  se  compose  de  toutes  les  nations  dont  la  langue 
derive  du  Sanscrit.  Le  type  caucasique,  tel  qu'il  a  ete  ddsigne  plus  haul,  do- 
mine  ce  groupe.  Apr6s  avoir  recueilli  les  preuves  de  la  date  et  de  la  condition 
sociale,  et  les  caracteres  biolosiques  de  la  precieuse  collection  du  docteur  Mor- 
ton, nous  n'hesitons  pas  a  regarder  la  premiere  population  de  I'Egypte,  celle 
dont  les  monuments  attestent  la  civilisation  ,  comme  absolument  asiatique  (1). 
Geographiquement  parlant,  par  suite  de  ses  rapports  naturels  avec  la  mer 
Rouge  et  la  mer  des  Indes,  la  vallee  superieure  du  Nil  appartient  vraiment 
plutot  a  I'Asie  qu'i  I'Afrique.  Si  les  Pelasges ,  les  Hellenes ,  les  Scythes  et  les 
Pheniciens,  ont  plus  tard  modiOecette  branche  du  grand  tronc  indo-europeen , 
il  nous  reste  acquis ,  en  derniere  analyse ,  que  les  catacombes  de  Memphis  te- 
raoignent  hautement  delasouche  premiere,  et  c'est  Ic  point  special  que  cette 
esquisse  devait  mettre  en  evidence.  » 

II.  —  Anatomie  pathologiqce. 

D^GENERESCENCE   FIBREUSl  ET  GRAISSEISE  DES  MDSCLES  CHEZ   LES   SUJETS  ATTEINTS 

DE  PIEDSBOTS. 

M.  Jules  Guerin  prcsente  un  sujet  offrant  un  double  pied-bot,  varus-equin, 
cliez  lequcl  la  plupart  des  muscles  de  la  jambe  el  du  pied  sont  atteints  de  dcge- 
rcscence  fibreuse  et  graisseusc.  II  indique  a  cette  occasion  les  conditions  (;ui  pre- 

(I)    COMHES  RKND.  DE  LA  SOC.  ETHNOLOG.,  an.    lRiC-1817, 


16o 
sideot  k  ces  deux  ordres  d'alterations.  (Nous  publierons  celte  communicalion  eii 
cntier.) 

III.  — Physiologie. 

!•  INFLUENCE  DU  GRAND  SYBPATHIQUE  SUR  LA  SENSIBILlTlS  ET  S«R  LA  CALORIFICATION; 

par  M.  Claude  Bernard. 

»  t'  Influence  sur  la  calorification.  On  sail  depuis  longtemps  que  la  section 
de  la  moelle  epiniere  ou  de  certains  troncs  nerveux ,  tels  que  les  nerfs  vagues , 
sciatique,  etc.,  amene  un  refroidissement  general  on  partiel  du  corps;  mais  je 
veux  montrer  ici  que  c'est  preciseraent  le  phenomena  inverse  pour  le  grand 
synipathique. 

■>  J'ai  vu  qu'aussitot  apres  la  section  du  filet  sympatliique  cervical  qui  unit  les 
i;anglions  cervicaux,  il  survient  une  augmentation  de  chaleur  dans  tout  le  cole 
correspondant  de  la  face.  Get  accroissement  de  la  calorification  pent  s'apprecier 
par  la  main  trfis-facilement.  Quand  on  plonge  le  thermometre  coraparativement 
soit  dans  les  oreilles  ou  dans  les  narines  de  Tanimal ,  on  constate  que  la  tempe- 
rature est  plus  elevee  de  4  ^  6"  cent,  du  cote  ou  le  filet  de  grand  sympathique  a 
ete  coupe.  Cette  experience,  qui  m'a  donne  les  memes  resultats  chez  le  chien  , 
le  cheval  et  le  lapin ,  est  surtout  tr6s-facile  a  repeter  chez  ce  dernier  animal ,  a 
cause  de  I'isolcment  qui  existe  au  cou,  entre  le  pneumo-gastrique  et  le  grand 
sympathique. 

»  Quand  on  enleve  le  ganglion  cervical  superieurdu  grand  sympathique,  on 
produit  exactement  les  memes  efi'ets  et  quelquefois  avec  plus  d'intensite.  Du  reste, 
I'energie  du  phenomfine  est  en  general  en  rapport  avec  la  force  de  I'animal;  il 
est  moins  marque  chez  les  animaux  affaiblis. 

))  En  meme  temps  que  la  chaleur  augmente  dans  les  parties ,  la  circulation  y 
devient  plus  active ,  ce  qui  est  tres-apparent  sur  les  oreilles  des  lapins ,  ainsi 
que  je  I'ai  montre  en  reproduisant  les  experiences  devant  la  Societe,  Je  m'expli- 
querai  plus  tard  sur  cette  modification  de  la  circulation ,  au  point  de  vue  de 
son  mecanisme  et  de  la  question  de  savoir  si  elle  est  la  cause  ou  Teffet  de  I'ac- 
croissement  de  la  chaleur  animale. 

»  Le  phenom^ne  de  calorification  augmentee  dure  tres-longtemps ;  je  I'ai  con- 
state pendant  plusieurs  moisde  suite  chez  les  chiens,  sans,  toutefois,  jamais  ob- 
server aucune  inflammation,  ni  osd6me,  ni  d'autres  alterations  patliologiques 
dans  les  parties. 

»  Enfin  j'ai  constate  que  la  section  des  autres  nerfs  de  mouvcment  ou  de  sen- 
timent de  la  face,  n'empeche  pas  Taugmenlation  de  chaleur  de  se  produire 
aussitot  qu'on  vient  a  couper  le  grand  sympathique. 

»  2<>  Influence  sur  la  sensibility.  Quand  on  coupe  les  nerfs  de  sentiment  qui 
se  dislribuent  dans  une  partie,  tout  le  monde  sait  qu'on  la  rend  inscnsilile  ^ 
c'esl  encore  riiivcrsc  pour  la  section  du  grand  sympathique. 


16/i 

»  Ainsi  quand  on  extirpele  ganglion  cervical  supcrieur  chez  un  chatou  chei  un 
lapin ,  la  sensibilite  se  trouve  augmentee  dans  tout  le  cote  correspondant  de  la 
face.  C'est  particulifirement  sur  I'ocil  qu'on  pent  constater  le  pheiiom^ne  avec  le 
plus  de  facilite.  Toutefois,  cette  esp6ce  d'apprecialion  de  la  sensibilite  exageree 
est  souvent  difficile  a  obtenir  par  les  moyens  ordinaires.  Mais  le  fait  devient 
trfes-evident  quand  on  fait  agir  certaines  substances  comme  le  curare,  par 
exemple,  qui  abolissent  peu  h  peu  la  sensibilite. 

•  Ainsi  quand  on  empoisonne  un  animal  par  una  dose  de  curare  tr6s-di- 
luee ,  toutes  les  parties  du  corps  oil  le  sympathique  n'a  pas  eie  coupe  deviennent 
insensibles  bien  avant  le  cote  de  la  face  oil  le  ganglion  cervical  a  ete  enleve. 
Toute  cette  pariie  du  corps  semble  survivre  plus  longtemps  que  les  autres. 
Je  dois  ajouter  que  cette  calorification  s'y  maintient  egalement  toujours  plus 
elevee. 

»  Je  me  borne  k  signaler  ces  deux  resultats  parcequ'ilsme  paraissent  tr^s-lnn- 
portants  et  que  je  les  crois  entierement  nouveaux.  Je  ne  veux  que  prendre  date 
aujourd'hui ,  parce  que  ces  faits  se  trouveront  developpes  et  commentes.dans  un 
travail  que  j'espfere  bientot  publier  sur  le  grand  sympathique.  » 

2"   PREUVE    DE    LA    CONTRACTILITY  DU  TISSU   CELLULAIRE  ;  par   M.  BROWN-S^QUARD. 

II  y  a  quelques  ann^es  (1),  M.  Bro\vn-S6quard  a  constate,  contrairement  aux 
assertions  de  Haller,  Muck  et  Soemmering  que  I'iris  des  poissons  e?t  mobile.  II  a 
trouve  aussi  que  chez  ces  animaux ,  de  meme  que  chez  les  batraciens,  le  tissu  de 
I'iris  peut  se  contracter  sous  I'excitation  directe  de  la  lumi^re  et  sans  interven- 
tion de  la  retine  et  de  I'encephale.  II  a  vu  en  outre  que  I'iris  est  nn  peu  plus 
mobile  en  general  chez  les  poissons  cartilagineux  que  chez  les  poissons  osseux , 
bien  que  ce  soit  parmi  ces  derniers  que  Ton  trouve  le  plus  grand  degre  de  mo- 
bility (chez  les  anguilles  ,  les  soles  et  les  congres). 

Le  fait  de  la  mobilite  de  I'iris  chez  les  poissons  et  en  particulier  les  poissons 
cartilagineux,  demontre  positivement  que  le  tissu  cellulaire  est  contractile.  En 
effet,  ainsi  que  M.  Leydig  (2)  -vient  de  le  constater,  I'iris  chez  les  chondroptery- 
giens  ne  contient  aucun  element  musculaire.  Les  seules  fibres  qu'on  y  trouve 
sont  des  fibres  de  tissu  cellulaire  et  des  tubes  nerveux.  Les  contractions  evidentes 
qui  y  out  lieu  sont  done  des  contractions  du  tissu  cellulaire. 

A  I'occasion  de  cette  communication,  M.  Ch.  Robin  fait  remarquer  que  dans 
les  recherches  qu'il  a  faites  avec  M.  Segond  sur  les  cephalopodes ,  il  a  vu  que 
I'iris  de  ces  animaux  est  depourvu  de  fibres  musculaires,  qu'il  contient  du 
tissu  cellulaire  et  que  ses  contractions,  meme  par  Taction  directe  de  la  lumifire. 


(\)    COMPTES  RE.NDUS  DE  l'ACAD.  DES  SCIENCES,  1817,  t.  XXV.  p.   482. 

(2)   BeiTRACE    ZCU     MIKROSKOPISCUEN    ANAT.    UNO    EmTWICKELCNG     DER      ROCHEN 

USD  Haie,  Leipzig.  1861,  p.  23. 


165 
sont  tr^s-manifesles.   Celte  observation   avail  demontre  depuis  longtemps  a 
MM.  Segond  ei  Robin  que  le  tissu  cellulaire  est  contractile. 

IV.  —  Exploration  pathologique. 

vARi^T^  NOUVKLLE  d'element  fibro-plastique;  par  M.  Bauvais. 

M.  do  Bauvais,  surunefemme  de  quarante-cinq  ans,  a  rencontre  une  tumeur 
fibro-plastique  du  volume  d'un  gros  oeuf  de  poale ,  developpee  entre  le  feuillet 
visceral  et  le  feuillet  parietal  de  I'arachnoide  au  niveau  de  la  partie  anterieure 
tlu  lobe  gauche  anterieur  du  cerveau.  Pendant  les  huit  jours  qui  ont  precede  la 
inert,  cette  femnie  a  seulement  presente  dela  diarrhee,  des  vomissements  et  une 
legere  enterite.  —  M.  de  Bauvais,  d'apres  les  curacteres  exterieurs  dilferentiels 
etablis  par  M.  Lebert  entre  ces  tumeurs  et  les  tumours  cancereuses,  avail  de- 
termine sa  nature  fibro-plastique.  II  est  resultc  de  I'examen  microscopique  de 
cette  tumeur  fait  par  M.  Ch.  Robin  qu'elle  etait  ersentiellement  formee  de 
noyaux  fibro-plastiques  et  en  outre  d'une  variete  nouvelle  d'element  libro- 
plastique  non  decrite  par  les  auleurs  et  consistant  en  une  cellule  spherique 
transparente  pourvue  d'un  noyau  allonge  et  ordinairement  accule  aux  parois 
de  la  cellule.  —  Dans  le  cas  actuel  la  grande  abondance  de  noyaux  fibres  per- 
meltait  de  reduire  la  tumeur  en  pulpe  par  une  legere  pression. 

V. —  BOTANIQUE. 
DE    LA    FASCIATION  CHEZ  LES  FRUITS  ADHERENTS  ;  par  M.  GeRMAIN. 

«  J'ai  I'honneur  de  presenter  a  la  Sociele  divers  exemples  interessants  du  phe- 
nom6ne  de  la  fasciation  chez  les  fruits  adberents. 

•  M.  Rayer,  notre  president,  qui  a  eu  la  bontc  de  me  communiquer  les  fruits 
qui  font  I'objel  de  cette  communication  et  qui  ont  etc  recueilHs  par  ses  soins 
m'a  egalement  remis  des  exemples  de  plusieurs  autres  phenom6nes  teratolo- 
giques  dont  j'entreliendrai  plus  tard  la  Societe.  Je  ne  veux  aujourd'hui  dire  que 
quelques  mots  sur  les  pommes  monstrueuses  que  je  place  sous  ses  yeux.  La 
plupart  semblent  etre  le  resultat  de  la  soudure  par  rapprochement  de  deux  fruits 
originairement  distincts,  et  c'est  en  effet  au  phenom^ne  de  la  soudure  que  Ton 
a  attribue  jusqu'4  ce  jour,  non-seulement  dans  le  monde ,  mais  dans  la  science, 
res  fruits  anormaux  qui  se  rencontrenl  assez  frequemment  et  qui  ont  du  de  tout 
temps  attirer  I'attention  des  observateurs  et  du  vulgaire. 

•  J'ai  cte  conduit  k  voir  dans  cette  anomalie ,  non  pas  un  phenomena 
de  soudure,  mais,  au  contraire,  un  phenomene  de  disjonction.  Apres  avoir 
etudie  le  phenomene  de  la  fasciation  chez  les  tiges  et  avoir  acquis  la  conviction 
qu'une  tige  fasciee  est  le  resultat  d'un  meme  axe,  et,  dans  aucun  cas,  ne  pro- 
vient  de  plusieurs  axes  soudes  (qu'elle  soil  simple  ou  qu'elle  s'cpanouisse  en 


166 

plusieurs  rameaux) ,  j'ai  dCi  considerer  I'axe  des  fleurs,  (jui  est  la  continualion 
de  I'axe  du  rameau,  comme  pouvant  participer  au  phenomfene  de  la  fascialion. 
II  serait  trop  long  d'exposer  aujourd'hui  la  serie  des  modifications  qu'entraine  la 
fascialion  ou  epanouissement  de  I'axc  de  la  fleur  sur  les  parties  appendiculaires 
inserees  sur  cet  axe.  Je  me  borne  aujourd'hui  i  signaler  la  nature  du  pheno- 
m6ne,  me  reservant  de  soumettre  plus  tard  a  la  societe  les  idees  auxquelles  jc 
suis  arrive  relativement  au  phenomfene  de  la  fascialion.  » 


COMPTES  RENDUS 

DES  SEANCES  DE  LA  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 

PENDANT  L'ANN^E  1851. 


RAPPORT 

A  Li  SOCIETE  DE  BIOLOGIE 

rAR    ■<*     COHMISMIOSI     CHAROEE    D'EXAHiniER    LES    COIUIVNICATIOIV*    BE 

M.  SOULEYET 

RELATIVES  A  LA  QUESTION  DESIGNEE  SOUS  LE  NOM  DE 

PHL^BENTJ&RISME. 


PEfiLIIINAmES. 


§  I.  — Vous  devez  vous  rappeler  que,  dans  une  communication  faite  h 
cette  soci6t6,Ie  19  octobre  dernier,  par  noire  collogue  M.  de  Quatre- 
fages,  ce  savant  nous  fit  connaltre  quelques  details  anatomiques  et  phy- 
siologiquesdu  lube  digestif  des  fiolides. 

Des  fails  qu'il  communiqua,  il  lira  des  arguments  en  faveur  de  la  ques- 
tion qu'il  ad4velopp4e  dans  piusieurs  m^moires  sous  le  nom  de  phleben- 


G 
Uritme,  etcombattit  a  leur  aide  les  opiaions  des  auteursqui  ont  ecrit 
dans  un  sens  coutraire. 

Dans  la  seance  suivante,  M.  Souleyet,  s'appuyant  sur  les  textesde  ses 
travaux  anatomiques  concernant  le  memo  sujet,  sur  ceux  de  quelques 
savanls  6lrangers,  compares  aus  ecrits  de  M.  de  Quatrefages  et  aus  siens, 
eslvenu  defendra  I'exactitude  dese3propresrecherche5.1lsoutinldenou- 
veau  que  les  opinions  de  ce  naturalisle  oe  pouvaJent  §tre  consider^es 
comma  exprimanl  d'une  mani^ro  exacte  ce  que  demontre  et  ce  que  per- 
met  de  conclure  I'anatcmie  des  memes  animaux  etdes  esp6ces  tout  a  fait 
voisines. 

Une  reponse  faite  hull  jours  apr^s  par  M.  de  Quatrefages  eut  pour  but 
de  montrer  que  les  interpretations  de  M.  Souleyet,  basees  sur  des  lextes 
incompletement  ou  trop  bri^vement  extraits,  ne  pouvaient  pas  donner  utie 
id6e  satisfaisante  de  la  question  et  pouvaient  memo  lui  faire  attribuer  un 
sens  dififerent  de  celui  qu'il  a  voulu  donner  a  ses  propres  Merits. Enfin,  dans 
la  stance  qui  suivit  celle-ci,  le  2  novembre,  M.  Souleyet  vint  lire  un  tra- 
vail plus  etendu  dans  lequel,  reprenant  la  question  des  son  origine  el  la 
suivant  jusqu'a  I'^poque  actuelle,  il  tend  a  etablir,  par  des  citations  plus 
nombreuses  et  plusl  ongues,  I'exactitude  de  ses  opinions,  cello  de  ses  in- 
terpretations et  mfime  celle  deses  extraits ;  car,  en  retablissant  celui  qui 
contient  les  mols  ious  au  lieu  du  plus  grand  nombre,  on  ne  change  rien 
k  I  a  question,  dont  il  conteste  le  fond  et  I'ensemble  aussi  bien  que  les  de- 
tails. 

Sur  la  remarque  faite  par  quelques  membres  que  des  discussions  de  co 
genre  pourraient  durer  sans  fin  si  I'examen  de  la  question  par  une  com- 
mission ne  venait  y  mettre  un  terme,  vous  avez  charge  MM.  Brown-Se- 
quard,  Follin,  Lebert,  Segond,  Verneuil  et  Robin,  de  vous  presenter  ua 
rapport  surle  sujet  de  !a  discussion. 

Cette  commission  s'est  r^unie  pour  la  premiere  fois  le  samedi  14  de- 
cembre.  EUe  a  reconnu  qu'elle  devait,  pour  arriver  a  remplir  son  but, 
prendre  la  question  des  son  origine  et  la  suivre  dans  tous  les  travaux  pu- 
blies  sur  ce  sujet  jusqu'a  I'epoque  actuelle;  ce  qu'elle  a  fait  et  continue 
dans  ses  reunions  des  21  ct  28  decembrelSoO,  seance  dans  laquelle  elle 
a  nomme  son  rapporteur.  Votre  commission  s'est  appuyee  aussi  sur  I'exa- 
meo  des  preparations  de  M.  Souleyet,  relatives  aux  bolides  et  aux  Acteons. 
C'est  le  resuUat  de  cet  examen  qu'elle  vient  vous  presenter. 

§  II.  — Nous  devoas  cependant  repondre  d'abord  a  la  lettre  de  M.  de 
Quatrefages,  lue  a  ia  Socielc  duns  lu  b6ance  du  4  junvier  4851,  lultre  dans 


7 

laquelle  il  recuse  la  competence  de  votre  commission  pour  juger  la  ques- 
tion, dans  lescirconstances  pr^sentes. 

M.  Souleyet  ayant  6t6  accus6  d'avoir  mal  interprets  les  testes  de 
M.  de  Quatrefages,  et  ayant  reclame  a  cet  egard,  nous  avons  eu  pour 
mii;sion  de  verifier  en  effet  les  assertions  deM.  Souleyet,  et  par  conse- 
quent nous  avons  &i6  obliges  nous-mSmes  d'interpreter  M.  de  Quatrefages 
pour  savoir  si  M.  Souleyet  I'interprete  bien. 

Quand  M.  de  Quatrefages  a  demand^  lui-meme  qu'une  commission  fit 
nommee,  il  a  assez  bien  caracterisS  la  nature  de  cet  examen  pour  qu'il 
ne  puisse  aujourd'hui  y  apporter  des  restrictions  de  nature  a  annuler  toute 
espece  de  jugement  serieux. 

M.  de  Quatrefages  avait  deja  communique  a  la  Society  les  arguments 
qu'il  opposait  a  M.  Souleyet  a  uneSpoque  ou  celui-ci  ne  s'etait  pas  en- 
core fait  connatlre  parmi  nous. 

Ce  n'est  done  pas  M.  Souleyet  qui  a  provoqu6  le  debat  devant  la  So- 
ciete  de  Biologie,  mais  bien  M.  de  Quatrefages  lui-m^me.  Si  M.  de  Qua- 
trefages pensait  qu'il  y  avait  inconvenance  a  en  appeler  a  un  autre  tri- 
bunal qu'a  celui  qui  s'etait  d'abord  institue  a  I'Academie  des  sciences, 
il  devait  ^viter  de  se  prononcer  publiquement  devant  une  autre  So- 
ciete  avant  que  ce  premier  tribunal  eul  prononc6;  et  quels  que  soient 
d'ailleurs  les  resultats  du  travail  de  la  commission  nommee  par  la  So- 
ciete  de  biologie,  nous  pensons  qu'en  aucune  fagon  lis  ne  pourraient  dis- 
penser rAcad6mie  des  sciences  de  faire  un  rapport;  car  le  terrain  sur 
lequel  nous  sommes  places  est  different.  Deplus,  nous  avons  attendu  que 
le  rapport  a  I'Academie  des  sciences  ait  ete  lu  pour  lire  celui-ci. 

M.  de  Quatrefages  parait  ignorer  que  la  commission  a  continue  son 
travail;  cependant  il  a  assiste  a  la  premiere  reunion,  et  il  savait  tres- 
bien  que  la  commission  devait  se  reunir  de  nouveau  a  jours  et  heures 
fixes. 

M.  de  Quatrefages  nous  recuse  comme  juges  ofBciels  sur  un  point  de 
science  soumis  en  ce  moment  a  une  commission  academique.  Nous  pen- 
sons  qu'il  est  inutile  de  repousser  une  recusation  a  I'appui  de  laquelle 
M.  de  Quatrefages  ne  saurait  trouver  une  raison  suffisante. 

M.  de  Quatrefages  tient  beaucoup  a  ce  que  sa  lettre  soit  conserv6e 
comme  preuve  qu'il  n'a  pas  mis  obstacle  a  ce  qu'un  rapport  fut  fait  k 
I'Academie  des  sciences.  Nous  repondrons  qu'un  rapport  sur  les  commu- 
nications de  M.  Souleyet  ne  peutd'aucune  maniere  annuler  un  rapport 
sur  lesdebats  entre  M.  de  Quatrefages  et  M.  Souleyet. 


INTROEUCTION. 


$  III. — L'6tude des  fails  concernant  les questions  scienlifiques  qui  se  sont 
passes  successivement  au  sein  des  populations  qui  ont  observe  les  corps 
el  les  phenom6nes  qu'ils  pr^sentent,  d'une  maniere  sysl^matique  el  non 
puremenlempirique,  constitue  I'histoire  de  la  science.  Lorsqu'on  vient  a 
jelerlesyeux  sureux,  et  particuiierement  sur  ceux  qui  concernent  l'(5- 
tude  des  6tres  organises,  on  peut  y  Irouver  une  source  d'enseignement 
des  plus  f^condes ,  parce  que,  a  I'aide  du  pass6 ,  elle  conduit  a  juger  ot  a 
appr^cier  le  present,  et  meme,  dans  de  cerlaines  limites,  a  prevoir  quel- 
ques-uns  des  fails  a  venir. 

Nous  voyons  dans  I'origine  les  hommes  observant  autour  d'eux,  juger 
de  CO  qui  se  passe  au  dehors  d'apres  ce  qui  se  passe  en  eux  :  c'est  aussi 
la  marcbe  suivie  par  chaque  indi vidu  dans  le  cours  de  son  developpemen  t 
inleliectuel.  Au  fond,  nous  trouvons  la,  a  I'elat  d'ebauche,  les  questions 
de  fait  d'abord,  les  questions  de  doctrine  ensuite  :  doctrines  qui  servent 
h  relier  les  fails  les  uns  aux  autres. 

On  peut  encore  observer  un  autre  fait  historique,  qui  se  lie  au  prece- 
dent et  lui  est  conseculif.Les  premiers  observateursse  sont  trouves  places 
n^cessairement  dans  un  cercio  vicieux.  En  effet,  nul  fait,  nuUe  observa- 
tion ne  peut  6tre  de  quelque  uliiite  sans  6lre  interprel6e  et  reli6e  a  d'aulres 
analogues,  d'apres  cetle  interpretation.  Mais  nuUe  observation  ne  peut 
fclre  inlerpretee  que  d'apres  une  doctrine.  Les  deductions  seront  vraies 
ou  fausses,  d'apres  la  verite  ou  la  faussete  de  la  doctrine.  Or  voila  oii  se 
trouve  le  cercle  vicieux  :  c'est  que  nulle  doctrine  ne  peut  elre  reconnue 
vraie  qu'autant  qu'elle  s'applique  rigoureusement  a  un  ensemble  de  fails 
dont  aucun  de  ceux  qui  sont  essenliels  ne  vient  la  contredire;  qu'autant, 
en  un  mot,  qu'elle  est  verifiee  par  les  fails. 

Si  done,  dans  I'origine  des  sciences,  les  observateurs  ont  616  forces  de 
secreerdes  doctrines  qui  etaient  purement  hypothetiques,  transitoires, 
et  ne  leur servaient  qu'a  guider  leurs  observations,  une  fois  les  fails  devenus 

asseznombreux,en  mathemalique,  astronomie,  physique,  chimie,  etc 

on  a  pu  d'abord  creer  des  doctrines  purement  negatives  ou  melaphysiques, 
qui  ont  servi  a  renverser  les  premieres;  puis  enfin  il  a  616  possible  d'embras- 


9 

ser  tous  les  fails communs a  toutes  les sciences  pour  cr^er  une  doctrine  posi- 
tive, qui  tend  a  embrasser  tous  les  faitsconnus.Ddslors  les  fails  bien  ob- 
serves d'apres  cette  doctrine  la  modifient  elle-meme  plus  ou  moins  dans 
les  details,  selon  leur  nature,  de  maniere  a  la  rendre  de  plus  en  plus  apte 
a  se  mouler  sur  tous  les  phenom^nes  naturels  ou  artificiellement  produits. 

II  est  results  de  cela  que ,  dans  les  questions  particuli^res  ,  dans  les 
questions  de  detail,  les  questions  de  faits  dominentcelles  de  doctrine,  les- 
quclles  reposent  sur  les  faits.  Mais  comme  il  est  certain,  d'autre  part, 
que  les  doctrines  influent  loujours  sur  I'interpretation  des  faits,  il  faut 
toujours  en  tenir  compte  comme  de  ceux-ci.  En  efl"et,  elles  en  modifient 
I'acception,  et  par  suite  la  valeur;  elles  influent  aussi  sur  le  travail  d'ob- 
servation,  et  conduisent  a  le  rendre  plus  ou  moins  complet,  parce  que 
loujours  les  id6es  menent  les  hommes,  parce  que  le  cerveau  guide  I'oeil 
el  la  main,  ce  dont  nous  aliens  voir  des  exemples. 

§  IV. — Des  faits  acquis  par  I'^tude  des  etres  organises,  consid^res  en  lant 
qu'aptesa  agir,  et  non  comme  agissant,  c'est-a-dire  au  point  de  vue  sta- 
tique,  et  non  encore  au  point  de  vue  dynamique,  i!  decoule  deux  ordres 
de  deductions.  Les  unes  constituent  les  faits  gen^raux  ou  communs  a 
Vanatomie  de  tous  les  elres,  ce  qu'on  appelio  les  lois  anatomiques.  La 
principale  est  ['existence  d'une  correlation  intime  et  constante  entre  toutes 
les  parties  (d'ordres  divers  pour  la  complication),  qui  composent  chaquo 
fetre  vivant.  C'est  la  une  condition  d'existence,  un  fait  n^cessaire,  un  fait 
sans  lequel  I'^tre  ne  pourrait  vivre,  ce  que  prouvent  certaines  anoma- 
lies, dans  lesquelles  nous  voyons  le  developpement  incomplet  d'un  ap- 
pareil  entrainer  I'impossibilite  de  I'ensemble  des  actes  qui  caracterisent 
la  vie. 

Les  autres  deductions  sent  de  nature  zoologique,  ou  relatives  a  ce  fait, 
que  la  disposition  anatomique  des  parties  interieures  est  en  relation  in- 
time  et  constante  avec  la  disposition  des  parties  exterieures,  et  recipro- 
quement :  d'ou  il  resulte  que  la  disposition  anatomique  des  unes  se  tra- 
duit  au  dehors  par  la  disposition  des  autres,  quant  aux  faits  anatomiques 
vraiment  fondamentaux.  C'est  la  un  autre  principe,  ou  fait  de  doctrine, 
c'est-a-dire  demontre  par  I'experience  universelle.  On  pent  done,  a  I'aide 
des  modifications  de  I'une,  saisir  et  juger  les  modifications  de  I'autro.  En 
un  mot,  etant  donne  un  animal  connu  anatomiquement,  on  peut  conclure 
de  son  organisation  inlerieure  a  celle  d'un  animal  non  dissequ^  qui  lui 
ressemble  exterieuremenl  :  d'ou  naturellement  on  est  porte  a  placer  ce- 
lui-ci  a  c6te  du  premier.  Cette  correlation  des  dispositions  anatomiques 


10 
internes  et  exlernes  vraiment  fondamenlales  est  telle  qu'on  peut  quelque- 
iois,  en  physiologie,  tirer  parli  de  celte  relation  pour  juger  do  I'impor- 
iance  de  tel  organe  ou  do  telle  disposition  d'un  appareii. 

Comme  I'experience  a  montre  qu'il  y  a  un  certain  nombre  do  fails  com- 
muns  dans  la  maniere  dont  cette  relation  entre  la  conformation  interieure 
et  I'exterieure  est  etablie,  on  dit  qu'elle  se  fait  d'apr^s  certaines  lois.  Celles- 
ci  s'appuient  sur  la  connaissance  des  lois  anatomiques,mai3  en  different : 
d'ou  est  nee  une  nouvelle  branche  dela  biologic  statique,  qui  &e  place  ^ 
c6te  de  Tanatomie  :  c'est  labiotaxie;  science  qui  traite  des  lois  decor- 
relation  entre  la  conformation  interieure  et  la  conformation  ext^rieure  : 
d"ou  possibilite  de  classement  des  etres  et  formation  des  classifications, 
tant  zoologiqoes  que  botaniques.  D'apres  cette  science,  on  peut  d  priori 
juger  de  la  structure  de  I'animal  non  disseque  d'apres  celui  qui,  I'ayant 
ite,  se  trouve  rang6  pres  de  lui ;  comme  on  peut  aussi,  en  anatomie,  con- 
clure  de  la  dissection  d'un  etre  a  la  place  qu'il  devra  occuper  pres  d'un 
autre,  d'apres  ies  ressemblances  de  leur  conformation  exterieure. 

§  v.— Ainsi  done  I'etude  statique  desetres  vivants  conduit  a  deux  ordres 
de  deductions  :  Ies  unes  reposentprincipalement  sur  I'etude  de  I'organisa- 
sation  interieure  et  constituent  Ies  lois  anatomiques;  Ies  autres,  au  con- 
traire  reposent  principaiement  sur  I'etude  de  I'organisalion  exterieure,  et 
ses  rapports  avec  la  precedente  constituent  Ies  lois  de  la  Biotaxie  zoolo- 
gique  et  botanique. 

Voila  deux  sciences  distinctes,  et  le  fait  est  si  general,  si  universelle- 
ment  reconnu,  qu'il  est  devenu  un  fait  de  doctrine.  Quoique  liees  I'une  a 
I'autrepar  la  necessite  commune  d'analyser  anatomiquementi'organisme, 
Ies  confondre  serait  fairs  une  erreur  de  doctrine. 

Les  naturalistes  qui  nieraient  cette  distinction  se  rangeraient  parmi  ceux 
•qui,  niant  toute  esptee  de  fails  generaux,  c'est-a-dire  communs  au  plus 
-grand  nombre,  se  trouvent  prels  a  repousser,  auivantle  besoin,  tel  ou  tel 
ordre  de  lois  naturelles;  ceux  qui  la  nieraient  se  rangeraient  parmi  ies 
auteurs  qui,  n'envisageant  qu'une  petite  partie  de  ses  subdivisions  et  ne 
pouvant  toules  les  relier  en  un  faisceau  puissant,  raisonnent  sur  I'ensem- 
ble  de  ce  qu'ils  omettent  ou  sur  des  erreurs  comme  s'ils  s'appuyaient  sur 
an  fait  anatomique  vrai. 

§  VI.  —  Un  fait  anatomique  peut  done  avoir  deux  ordres  de  consequen- 
ces :  ies  unes  relatives  au  rapport  exislant  entre  les  differenles  parlies 
constituant  I'filre  organise;  les  autres  se  rapportant  a  la  relation  qui  existe 
entre  I'organisalion  interne  et  I'exterieur  de  i'elre. 


11 

On  sait  de  plus  qu'a  toute  disposition  anatomique  se  rattache  d'uno 
maniere  a  la  fois  inevitable  et  indispensable  une  notion  physiologiqiie 
qui  est  en  correlation  inlime  et  constanto  avec  elle.  C'est  encore  la  un 
fait  de  doctrine  d'une  autre  nature,  en  ce  qu'il  se  rapporte  alaphysio- 
logie,  a  retre  consider^  enaction  :  ainsi,  d'un  fait  anatomique  nouveau, 
quelle  que  soil  la  maniere  dont  on  le  decouvre,  on  peut  done  de- 
duire  :  1°  que  la  relation  entre  la  disposition  anatomique  d'un  appa- 
reil  etsa  fonction  n'est  pas  ce  qu'on  la  croyait  ^tre;  que  la  disposition 
anatomique  de  la  veino  porte,  par  exemple,  n'est  passeulement  en  rap- 
port avec  la  secretion  biliaire,  comme  on  le  pensait,  mais  encore  avec  la 
fonction  urinaire;  2°  ilpeut,  d'autre  part,  montrer  que  la  relation  entre 
I'interieur  et  I'exterieur  de  I'animal  n'est  pas  enti^rement  ce  qu'on  la 
croyait  6tre;  alors  il  conduit  a  changer  I'etre  de  la  place  qu'il  occupait 
dans  les  classifications. 

Ici,  qu'il  y  ait  erreur  ou  verile,  la  doctrine  n'est  pas  Changee.  S'il  y  a 
verite,  les  fails  font  plus  ou  moins  d'honneur,  selon  Timportance  de  I'ap- 
pareil,  selon  la  grandeur  du  changement  progressif  apporle  aux  notions 
acquises  jusqu'alors.  S'il  y  a  erreur,  au  contraire,  ils  sent  juges  d'une  ma- 
niere correspondante. 

D'erreurs  de  ce  genre,  nul  anatomiste  n'est  exempt :  I'histoire  le  mon- 
tre.  Mais  tant  que  la  doctrine  n'est  pas  changee,  la  posterite,  le  plus 
souventmeme  sans  critiquer  le  fait  que  le  temps  monlre  errone,  I'aban- 
donne  simplement  et  prend  ce  qui  est  vrai  pour  i'admirer  et  se  I'assimi- 
ler.  Elle  abandoone  le  systkme  exhaiant  de  Bichat  et  appr^cie  I'admi- 
rable  etude  des  tissus  et  des  systemes,  venanl  faire  avec  I'etude  des  or- 
ganes  etdes  appareils  un  seul  corps  de  science. 

Mais  que  dire  deceux  qui  deduiraient  d'un  fait  anatomique  qu'il  n'y  a 
pas  de  relation  necessaire  entre  I'appareil  et  sa  fonction ;  qu'il  n'y  a  pas 
correlation  intime  entre  les  dift"6rents  appareils  d'un  nieme  Hre  ?  Que  dire 
de  ceux  qui,  d'autres  fails  anatomiques,  concluraient  qu'il  n'y  a  pas  de 
relation  entre  rorganisation  interieure  et  I'exterieur  de  I'animal,  ou  plu- 
t6t  qui ,  traitant  des  corps  vivanls ,  s*aient  assez  depourvus  de  doc- 
trine pour  ne  pas  elre  conduits  a  voir  qu'il  y  a  erreur  la  ou,  dans 
dans  I'etat  actuel  de  nos  connaissances,  une  telle  conclusion  devient 
forcee  ? 

Ici  on  le  reconnait,  il  y  a  erreur  de  doctrine  ,  c'est-a-dire  qu'il  y  a  une 
de  ces  erreurs  qui  tendent  a  renverser  en  un  moment  ce  qui  resulto  de 
I'experience  des  si^cles  anterieurs. 


12 

Ceux  au  conlraire  qui  sont  suflBsamment  peoetres  des  principes  ou 
fails  gen^raux  que  nous  enseigne  I'etude  des  corps  organises,  renver- 
sent  I'erreur  pour  la  remplacer  par  des  fails  reels;  c'est  la  ce  qui  dis- 
tingue I'appreciation  ind^pendante,  de  la  critique  toujours  perturbatrico. 
Mais  cette  appreciation  n'est  que  plus  energique  a  relever  ce  qui,  par 
erreur,  change  a  tort  ce  qu'on  savait.  Et  cela  parce  qu'elle  sent  qu'on 
renversant  une  doctrine  vraie,  on  force  a  recommencer  la  science 
sans  profiler  des  mat^riaux  acquis;  parce  qu'elle  sent  qu'une  fois  les 
principes  generaux  vicies,  il  faut  un  effort  intellecluel  6norme  pour  les 
ramener  simplement  a  leur  veritable  valeur;  il  faut  un  temps  considera- 
ble pour  les  replacer  dans  I'etat  oii  ils  ^talent  d'abord;  parce  qu'enGn 
elle  sent  que  tout  ce  qui  transforme  mal  a  propos,  annule  ou  detruit  une 
doctrine,  exprimant  I'ordre  naturel  et  permettant  au  cerveau  de  le  repro- 
duire  en  nous,  par  la  pens6e,  tend  a  rendre  nul  le  labour  de  la  societe  et 
des  notions  p6niblement  acquises. 

§  VII.  —  Tels  sont  les  principes  et  les  donn6es  d'ind^pendance  scientifi- 
quequidoivent  nous  guider  dans  rappr6ciation  des  travaux  sur  lesquels 
repose  la  discussion  que  vousavez  entendue,  et  qu'il  importait  de  preciser 
pour  mettre  la  question  sur  son  veritable  terrain.  Tels  sont  les  principes  ge- 
neraux dominant  toute  question  scientifique  et  dont^  chaque  pas  vous  allez 
trouver  soil  les  developpements,  soil  les  applications  successives.  Tels 
sont  les  principes  qui  seront  mis  en  relief  chemin  faisant  autant  par  la 
necessite  oil  vous  serez  d'en  faire  usage  pour  comprendre  les  erreurs  de 
ceux  qui  les  ont  omis,  que  par  leur  utilite  intrinseque.  Ainsi  qu'on  le  voit 
d'avance,  nous  passerons  legerement  sur  les  erreurs  anatomiques,  quand 
elles  n'apporteront  aucune perturbation  aux  fails  g^neralement  acquis; 
mais  nous  insisterons  naturellement  sur  les  fails  reconnus  errones  qui 
tendraient  a  nous  montrer  qu'il  n'y  a  pas  de  relation  entre  I'exterieur  et 
I'interieur  de  I'animal,  ou  que  la  fonction  n'est  pas  inherente  a  Vappa- 
reil.  Nous  ferons  par  centre  ressortir  les  fails  qui  sont  restes  de  cette  dis- 
cussion, et  qui,  malgre  tout,  ont  pu  faire  progresser  la  science. 

§  VIII. — Pour  faciliter  I'expose  qui  va  elre  fait,  nous  I'avons  divis6  en 
deux  parties  :  chacune  d'elles  se  rapporle  reellement  a  deux  phases  de  la 
discussion  dont  on  vous  a  lu  les  testes.  Css  deux  phases  sont  naturellement 
continues;  la  seconde  decoule  de  la  premiere,  en  sorle  qu'elles  sont  cer- 
tainement  confondues  dans  quelques  esprils;  mais  il  est  bien  certain, 
comme  on  va  levoir,  qu'il  regnedeux  ordresd'idecs  dans  cette  discus- 
sion. 


13 
c.  Dans  la  premiere  phase  les  faits  anatomiques,  d'apres  lesquels  on 
croit  que  I'inteslin  peut  remplacer  en  totality  ou  en  partie  les  vaisseaux, 
sont  peu  nombreux:  la  theorie  de  ce  remplacement  n'est  encore  qu'a 
I'etatd'ebauche;  mais  bienl6t  les  faits  se  multipliant,  on  en  tire  toutes  les 
consequences.  Ces  consequences  sont  de  deux  ordres,  mais  plus  ou  moins 
confondues;  premiere  faute  centre  la  methode,  qui  conduit  insensiblement 
a  deux  plus  grandes,  serapportant  aux  deux  ordres  de  considerations  dont 
nousavonsparle,  les  unes  anatomo-physiologiques,les  autreszoologiques. 
En  premier  lieu,  on  admet,  d'apres  un  certain  nombre  de  faits  que  : 
c'est  se  former  une  idee  Men  petite  et  lien  fausse  des  ressources  de 
la  nature  que  de  la  croire  assujettie  a  la  necessite  de  se  servir  toujour s 
du  meme  appareil  pour  remplir  la  meme  fonction ;  il  faut  Men  un 
appareil  pour  la  remplir,  mais  ce  n'est  pas  toujour s  le  meme,  et  de  ce 
que  les  pattes  de  VEcrevisse  ont,  comme  ses  mdchoires,  pour  usage  de 
servir  d  la  mastication,  on  est  porte  a  en  conclure  que  V appareil  di- 
gestif peut  aussi  remplacer  celui  de  la  circulation  (1),  Premiere  erreur, 
qui  vient  de  la  confusion  entre  la  notion  d'osAGES  lesquels  peuvent  etre 
multiples  pour  un  seul  organe,  et  la  notion  de  fonctions  qui  est  toujours 
unique  pour  chaque  appareil. 

En  second  lieu,  si  Tappareil  digestif  peut  remplacer  ainsi  celui  de  la  cir- 
culation ,  en  tout  ou  en  partie,  chez des  animaux  dent  i'apparence  esterieure 
ne  s'^Ioigne  pasessentiellement  de  celle  d'animaux  qui  ont  deux  appareils 
pour  ces  deux  fonctions,  on  ne  peut  plus,  en  zoologie,  conclure  de  cette 
forme  ext6rieure  a  I'organisation  interne.  II  faut  done,  suivant  que  la  dis- 
section pre'alable,  devenue  dans  cette  ecole  toujours  indispensable  au 
classi/icateur  montre  un  seul  ou  deux  appareils  pour  les  deux  fonctions 
diff^rentes,  classer  ces  etres  dans  deux  ordres  differents  et  non  plus  dans 
un  seul.  Telle  est  la  conclusion  du  deuxi^me  ordre  ;  n^cessairement  vraie, 
si  la  premiere  est  vraie,  necessairement  fausse  si  la  premiere  et  les  faits 
anatomiques  sur  lesquels  elle  s'appuie  sont  erron^s. 

b.  Mais  arrive  bientot  la  deuxieme  phase  :  les  faits  anatomiques  sur  les- 
quels s'appuient  ces  conclusions,  ne  sont  pas  confirmes.  Alors  la  deduction 
physiologique  du  remplacement  de  I'appareil  circulatoire  par  I'appareil 


(I)  Milne-Edwards,  Observations  SUR  LA  CIRCUUTIOH  (AisN.  pes  sc.  natubelles, 
1845,  t.  Ill,  voir  p.  262  et  203). 


ik 

digestif  auquel  on  avail  4t^  jusqu'a  attribuer  deabattetnents  rhythmiques 
comme  ceux  du  coeur  (1),  ne  pouvant  plus  etre  d^fendue,  on  fail  inter- 
venir  un  nouvel  616ment  de  discussion  qui  grandit  jusqu'a  I'absorbertout 
emigre  en  la  d^pla^ant.  Ce  nouvel  eli^nient  est  emprunl6  au  fait  d'une 
disposition  specials  du  sysl^me  veineux.  On  le  consid^re  comme  degrade 
et  constitu^  seulem«Dt  par  des  lacunes  ou  cavit^s  sans  parois. 

Voila  pour  la  deuxieroe  phase  de  la  discussion. 

La  premiere  partie  comprend  I'expose  de  la  discussion  qui  se  rapporle 
a  la  premiere  phase  et  la  seconde  partie  a  la  seconde  phase. 

L'ordre  historique,  le  seal  qui  soil  approprie  a  I'examen  de  ces  ques- 
tions, nous  force  a  vous  faire  passer  en  revue,  d'abord,  les  travaux  d'un 
certain  nombre  d'auleurs,  avant  do  vous  parler  de  ceux  de  M.Souleyet, 
dont  nous  avons  a  examiner  sp^cialement  les  communications. 

(1)  De  Quatrefages,  M^uoibe  sus  les  «asieb.opqd£s  i'{((j^itE;Nx£R£»  (^n,  t>£S 
SQ«  JUKX'y,  ISii,  1. 1,  p.  129);. 


PREMIERE  PARTIE. 


§  IX.  —  Les  Mollusques  dotU  nous  allons  parler  ici  appartienaent princi- 
paleraent  au  groupe  des  Nudibranches ,  des  Inferobranches  ei  aussi 
des  Tectibranches. 

Chez  les  premiers,  restomac  regoit  la  bile  par  plasieurs  conduits  con- 
siderables et,  dit  Cuvier,  «  Ton  conceit  a  peine  comment  les  aliments  ne 
penetrentpas  dans  ces  vaisseaux  et  ne  les  engorgent  pas  »  (1).  Le  foie 
pent  occuper  une  grande  partie  de  la  masse  du  corps,  ou  bien,  comme  le 
dil  Jean-Frederic  Meckel,  etre  place  le  long  des  branchies  a  leur  face  in- 
terne (2).  Dans  la  Byphillidia  lineata,  dit  Meckel,  «  je  trouvais  seule- 
»  menl  Irois  conduits  qui,  se  dirigeant  d'avant  en  arriere, s'ouvrent  au  c6t6 
»  gauche  de  I'estomac.  lis  naissent  de  la  substance  glandulaire  corres- 
»  pondant  a  la  branchie  gauche.  »  Trois  ans  plus  tard,  en  4  826,  le  meme 
Meckel  insistait,  en  parlant  de  la  Pleurophyllidie,  sur  ces  rapports  du  foie 
avec  les  branchies  et  la  largeur  des  conduits  gastro-biliaires  ou  gastro- 
h6patiques.  «  L'observation  de  la  structure  interne  de  I'animal,  dit-il  (3), 


(1)  Cuvier,  M^m.  pour  servir  a  l'histoire  et  a  l'anatomie  des  mollcsques, 
Paris,  1817,  in-4»,  p,  15. 

(2)  J.-P.  Meckel,  Beschreibdng  einer  ^ECEN  Molluske  (Arch,  for  Physiol., 
vol.  VIII,  1823,  p.  191  a  207.;  voy.  p.  205). 

(3)  Meckel,  Ueber  die  Pleurophtllidia  (Arch,  fur  Anat.  end  Phtsiologie, 
1826,  t.  I,  p.  13  k  19;  voy.  p.  15).  (C'est  le  meme  animal  que  !a  DyphilUdia 
lineata.) 


16 

»  me d^monlra  la  presence des glandes  salivaires,  la  situation  et  Tairan- 
»  gement  remarquables  du  foie,  qui  formait  una  masse  aplatie,  brunatre 
»  allong^e  de  chaque  cold  du  corps,  le  long  de  la  base  des  branchies,  da 
»  laquelle  au  moins  six  conduits  transversaux  allaient  s'ouvrir  dans  I'es- 
»  tomac,  Dotamment  vers  sa  partie  elargie  du  commencement,  de  telle 
»  sorte  que  les  anterieurs  depassaient  les  posterieurs  en  longueur  et  lar- 
»  geur.  D'apres  Delle  Chiaje,  qui  observa  laPleurophillidie  plus  tardque 
»  moi,  sans  pourtant  connaitre  raestravaux,  I'estomac  serait  entourd  par 
»  le  foie  (1);  cependant  cela  n'est  nullement  le  cas,  puisque  les  foies  se 
»  trouvent  dans  les  parois  laterales  du  corps,  sont  entoures  a  leur  face 
»  interne  par  des  fibres  musculaires,  et  sont  unis  a  I'estomac  seulement 
»  par  des  canaux  transversaux.  »  Meckel  a,  depuis,  reproduit  en  abreg6 
ces  faits  dans  son  Traite  d'anatomie  comparee  (2). 

Meckel  n'est  pas  le  seul  qui  ait  indique  cette  disposition  singuli^re  du 
foie  dans  les  branchies,  qui,  ainsi  qu'on  va  le  voir,  prendra  bient6t  de 
I'importance.  Delle  Chiaje,  quidit  en  avoir  indiqud  la  disposition  entre  les 
lames  branchiales  des  1823,  c'est-a-dire  la  memeannee  que  Meckel,  au 
tome  I,  page  128,  des  memoires  cites,  en  d^montra  amplement  I'existenco 
en  1 841 ,  dans  sa  nouvelle  edition  du  meme  ouvrage  (3). 

Laildit,  en  effet,  que  le  foie  de  la  Pleurophyllidia  neapolitana  est 
d'un  brun  jaune  et  occupe  le  bord  inferieur  du  manteau  et  se  trouve  dis- 
pos6  en  une  serie  de  petiteslamellesdemi-imbriqudes;  ses  lobules  com- 
muniquent  avec  cinq  ou  sept  conduits  biliaires  qui  s'ouvrent  sur  les  deux 
c6tes  de  I'estomac.  II  indique  ensuite  la  situation  de  I'ovaire  qu'il  recon- 
nait  avoir  pris  jadispour  le  foie  (page  42). 

Nous  arrivons  maintenant  a  des  animaux  plus  voisins  encore  de  ceux 
qui  vont  nous  occuper  directement.  M.  Delle  Chiaje,  dans  la  planche  88 
de  i'ouvrage  que  nous  avons  deja  cit^,  planche  gravde  et  publieo  en  1 842, 
figura  I'appareil  hepatique  de  VEolis  cristata  {Janus  spinola;,  Verany) 
sous  forme  de  deux  longs  conduits  brunatres  longeant  les  deux  coles  du 
corps.  Vers  la  queue ,  lis  se  confondent  en  un  seul ,  qui  parcourt  une 


(1)  Fascicules  III  et  IV  des  Hehorie  sdlla  storia  e  notohia  degli  aniual: 

SENZA  VERTEDRE  DEL  REGNO  DI  NaPOLI,  etC.  Napol),  1824,  p.  28. 

(2)  Meckel,  Anatom.  comparee,  t.  VII,traduct.  fran?ais«,  1836,  p.  298. 

(3)  Delle  Chiaje,  Descrizione  e  notomia  degli  animali  invertebbati  dilla 
SiciLiA  citeriora.  Napoll,  in-l'olio,  tomo  II,  18U,  p.  42. 


17 

certaiiie  longueur  de  cetorgane;  ils  s'anastomo.>eiit  nar  un  cituil  trans- 
verse   vers  le  tiers  posli^rieur  environ  et  se  jettfri!  cli;:ciin,  par  un  seul 
rameau  ou  canal  biliaire  transversal ,  dans  le  c6te  correspondant  de  I'es- 
lomac;  ou  ,  si  Ton  veut ,  chaque  canal  biliaire,  s'aboiichant  dans  le  c5le 
correspondant  de  re^tomac,  se  porte  en  dehors  ,  puis  se  divise  en  une 
branche  qui  remonte  vers  la  tete  sans  se  joindre  a  colle  du  c6te  oppose  , 
et  une  seconde  branche  va  en  arriere  se  joindre  a  celle  du  cote  oppose  , 
pr^s   de    la   queue.   En  outre,  elles  s'anastonio^ent    transversalement 
par  une  branche  volumineuse.  Du  cote  externe  de  chacun  de  ces  longs 
conduits  brunatres  el  do  leurs  extremites  partenl  des  rameaux  subdivises, 
dent  les  subdivisions  se  terminenl  en   cul-de-sac.  L'une  d'elles  penelre 
dans  les  branchies  et  s'y  termine  par  un  groupe  de  pelites branches  toutes 
disposees  en  culs-de-sac  un  peu  renfles  et  sans  anastomoses.  Ces  branchies 
sent,  comme  on  le  sait,  de  petits  corps  generalement  cylindriques ,  qui 
sont  aussi  appeles  par  quelques  auteurs  cirrhes  branchlaux,  cirrhes 
dorsaux,  papilles  dorsaies.  Nous leurconserverons  lenoni  de  branchies 
ou   cirrhes   branchianx,  avec  la  plupart  des  analomistes.   Dans  una 
figure  d'une  branchie  isolec,  Delle  Chiaje  represente  aussi  avec  exacti- 
tude les  details  de  cette  lerminaison  ainsi  que  I'organe  terminal  de  la  bran- 
chie,   appele   organe  calcaire,   et  encore  poche   ou  glande  des  or- 
ganes  urticanis  (1).  Dans  la  meme  planche,  il  figure  encore  uno  bran- 
chie grossie  de  VEolis  cristata  ,  et  montre  ce  meme  organe  des  cellules 
urticantes,  ainsi  que  le  conduit  biliaire  fonc6  en  couleur,  qui  porte  des 
ramifications  toutes  terminees  par  un  petit  renflemenl  en  cul-de-sac ,  res- 
semblant  a  un  petit  grain  p^dicule. 

§  X. — La  en  etail  la  question  sur  ces  animaux,  lorsque,  danscetle  m^me 
annee  1 842, M.  Milne-Edwards  publia  une  note  intitulee  :  Sur  l'existenc^ 

D'UN  APPAREIL  GASTRO-VASCULAIRE  CHEZ  LA  CaLLIOPEE  DE  RiSSO  (e)  ,  MOL- 
LUSQUE   DE  LA  FAMILLE  DES  EOLIDIENS  (2). 

Voici  le  texte  de  cette  note  :  «  En  observant  a  Nice  une  petite  Calliopee 
B  dontles  tissusetaient  incolores  et  d'une  grande  transparence,  j'ai  apercu 

(1)  De  Qualrefages,  Memoire  sur  quelques  planariees  marines  (Ann.  des  sc. 
NAT.,  1845,  vol.  IV,  p.  146).  Voir  aussi  Comptes  rendus,  I844,et  Hancock  and  Em- 
bleton,  On  the  anatomy  of  eolis,  a  genus  of  molluskes  of  the  order  nudibrax- 
CHIATA  (Ann.  OF  NAT.  HlSTOilY,  vol.  XV,   1815,  p.  80,  pi.  4  et  6), 

(2)  Milne-Edwards,  Sur  la  structure  et  les  fonctions  de  quei.queu  zoo- 
phytes, mollusques  et  CRUSTACES  des  cotes  de  la  FRANCE  (AnN.  DES  SC.  NAT., 
1842,  t.  XVm,  p.  330). 

•2 


fvfei 


iS 

»  chez  ce  mollusque  un  systeme  de  canaux  tr6s-developp6  qui  communique 
»  avec  la  portion  aniurieure  du  tube  digestif,  recoitdans  f.on  int^rieur  ies 
>>  malieres  aiimentaiies,  presqu'aussil6t  que  raiiiinal  les  a  avaiees,  et  se 
»  repand  dans  toules  les  parties  du  corps.  Ce  singulier  appareilse  compose 
»  principaiement  de  dmix  vaisseaux  iongitudinaux  qui  occupent  les  cotes 
»  du  corps  et  donnentnaissance  a  un  grand  nombrc  de  branches  dont  les 
»  unes  penetrent  dans  les  tentacules,  d'auties  se  distribuent  aux  levres, 
»  au  pied,  etc.,  et  d'autres  encore  se  portent  debas  en  haul  et  en  dehors, 
»  puis  se  divisent  chacun  en  deux  ou  trois  rameaux,  lesquels  s'engagent 
»  dans  les  appendices  foliaces  implant^s  sur  le  dos  et  dt5sign6s  commun^- 
»  ment  sous  le  nomdebranchies.  Chaque  appendice  recoil  un  decesvais- 
»  seaux  ,  qui  bientOt  se  rcnfle  beaucoup  et  constitue  une  sorte  d'utricule 
»  allongee  dont  les  dimensions  sent  souvent  presque  egaies  ci  celles  de 
»  I'appendice  lui-m6me.  Ces  coecums  sont  tr^s-contracliles ,  et  les  ma- 
»  lieres  contenues  dans  leur  inlerieur  ainsi  que  dans  le  reste  du  systeme 
^ivj,f  de  canaux  situ^s  au-dessous,  y  circulent  avec  rapidity.  » 

»  ..  «  Get  appareil  me  semble  devoir  6tre  compart,  d'une  part,  a  celui  qui, 
•  I     I       f  i/t'fw/'^*  chez  les  Meduses,  se  porte  a  I'estomac,  au  pourtour  de  I'ombrelie  et  y 
A/l<|^|VC'j\      '      \    »  constitue  un  lacis  vasculaire  tres-serr^,  etd'autre  part  aux  appendices 
i'.  (    ji^      ^(  »  lubulcux  qui,  chez  les  Nymphous,  naissent  du  canal  digestif,  penetrent 

^»^"  V^\/    »  jusqu'a  I'exlremite  des  patles  et  sont  animus  d'un  mouvement  peristal- 

■    »  lique  tres-rapide.  Je  ne  me  rappelle  pas  en  avoir  vu  I'existence  men- 
f)^  fhf}v^  « I'.*-"  l7Wi|'^  tionnee  par  lesmalacologistes,  et  je  regrette  de  n'avoirpas  eu  Toccasion 
j  »  d'en  faire  une  elude  plus  appiofondie;  mais  les  lacunes  que  je  laisse 

y>  dans  sa  description  ne  tarderont  pas  a  etre  comblees  par  un  jeune  zoo- 
id  logisle  d'un  grand  m^rite;  M.  Loven  (de  Stockholm)  a  fait  sur  ce  point 
'.  .  »  des  observations  plus  completes  que  les  miennes,  et  se  propose  de  les 

»  publier  prochainement.  »  M.  Edwards  ajoute,  en  note,  que  depuis  la 
redaction  de  cet  article,  paru  en  decembre,  il  a  recu  de  M.  de  Quatre- 
fages  une  lettre'contenantde  nouveaux  details  sur  cet  appareil  (voyez  les 
€oMPTES  RENDUSDE  l'Academie  DES  SCIENCES,  Stance  du  24  octobre  1 842), 
€t  que  le  m^moire  qu'il  prepare  sur  ce  sujet  et  sur  quelques  autres  points 
relatifs  a  i'anatomie  des  eolides  paraltra  prochainement  dans  les  Annales 

DES  SCIENCES  NATURELLES.  • 

Avant  d'aborder  les  travaux  annonc^s  ici ,  il  est  ^  remarquer  que  cette 
note  est  importante  dans  la  question.  II  est  probable  que  si  M.  Milne- 
Edwards  eilt  connu  la  6gure  de  Delle  Chiaje,  il  n'eiit  pas  donn^  une  pa- 
reille  determination  de  cet  organe.  Neanmoins,  on  ne  saurait  trops'^- 


19 

tonnerde  voir  comment,  sans  aulres  connaissances  anatomiques  sur  la 
structure  d'un  animal  que  la  presence  de  reslomac  ct  de  I'appareil  pre- 
cedent, plus  des  branchies,  on  peut  se  iaisser  ailer  a  etablir  immediate- 
ment,  sans  plus  d'examen,  de  pareilles  analogies,  D'une  part,  ce  sont  des 
Mollusques,  animaux  ayant  tous  un  tube  digestif  complet,  un  cceur,  un 
appareil  vascuiaire  ,  des  organes  genitaux  compliques  et  surtout  un  sys- 
tdme  nerveux  complexe,  sinon  volumineux.  D'autre  part ,  ce  sont  des  Me- 
dusas, ^tres  qui  ne  sont  plus  repr^sentes,  pour  ainsi  dire,  que  par  un  tissu 
homogene  parlout,  pourvu  seulement  de  fibres  contractiles  deliees,  sans 
m^me  avoir  les  tubes  et  lescorpuscules  gangiionnaires  nerveux  bien  carac- 
t^rises,  au  moins  chez  la  plupart;  animaux  chez  lesquels  I'appareil  appele 
digestif,  ramifie  dans  le  corps,  ne  peut,  en  general,  recevoir  que  des  corps 
d^ja  liquidesou  microscopiques,  etqui  ontun  appareil  reproducteurporte 
a  un  tel  degrede  simplicitequeles  organes  mSles  ne  different  des  femeiles 
que  par  la  coloration.  Puis,  d'un  autre  cot^,  ce  sont  les  Nymphons,  Arti- 
cules  qui,  en  raison  de  I'ensemble  de  leur  organisation,  sont  ranges  avant 
les  Mollusques  dans  tous  les  traites.  Ces  simples  reQexions  eussent  du 
faire  donner  une  autre  determination,  ou  au  moins  la  faire  suspendre 
jusqu'a  plus  ample  informe  du  reste  de  I'organisalion.  Elles  auraient  du 
au  moins  faire  rechercher  si  ces  vasles  canaux  biliaires,  dont  la  grandeur, 
chez  des  Mollusques  voisins,  ^tonnait  tant  Cuvier,  ne  pouvaienl  pas,  en 
effet,  recevoir  les  aliments  sans  s'engorger,  puisque  pr^cis^ment  ces  etres 
se  nourrissent  de  parlicules  infiniment  petiles  qu'ils  enlevent  a  la  surface 
des  corps  a  I'aide  d'une  langue  ciuirgee  de  fines  pointes  corn^es. 

Mais  vous  serez  moins  elonnes  de  celte  promptitude  a  conclure  sans 
relier  les  fails  analogues  les  uns  aux  autres,  si  vous  admeltez  les  opinions 
deja  citees  de  M.  Milne-Edwards ,  que  c^est  se  faireune  idee  bien  petite  et 
bienfausse  des  ressources  de  la  nature,  que  de  la  croire  assujettie  a  la 
necessitede  se  servir  toujour s  dumeme appareil  pour  remplir  la  mcme 
fonction.  II  faut  bien  un  appareil  pour  en  operer  I'accomplissement, 
mais  ce  n'estpas  toujour s  le  meme;  etde  ce  que  Von  voit  que  lespatles 
de  I'Ecrevisse  ont,  commeses  mdchoires  etmandibules,  un  usage  dans 
la  mastication,  on  estporte  a  en  conclure  que  Vappareil  circulatoire 
disparaissant,  celui  de  la  digestion pourra  le  remplacer  dans  sa  fonc- 
tion (1).  Si  vous  admettez  le  fait,  le  nom  d'appareil  gastro-vasculaire 


(1)  Milne-Edwards,  Observations  sor  la  circolation  (Ann.  des  sc.  nat,,  1845, 
t.  Ill,  p.  262  et  263). 


20 

doil  vous  paraitre  heureusempnt  choisi.  Pouilant,  dira-t-on.  il  n'y  a , 
Chez  les  Medu^e«,  qu'une  cavite  centrale  qa'on  appelle  o.-lomac ,  d'ou 
se  reiinisseni  des  lubes  dans  le  corps  el  ses  appendices,  et  ils  n'ont  pas 
de  vaisseoux  sanguins.  Observez  de  plus  que  cet  eslomacne  recoil  aucun 
aliment  solide  autre  que  des  Infusoires;  qu'il  ne  digere  rien  autre  et  se 
remplit,  c'.icz  laplupart  par  I'lnlermediaire  des  reseaux  qii'on  a  conside- 
res  comme  y  prenanl  origine  ,  ou  par  les  conduits  lenlaculaires;  or,  ces 
conduits  rt-ooivenl  leur  iiquide  par  des  orifices  capillaires  nombreux,  qui 
ne  sonlpasdes  bouchcs  proprement  diles.  Aussi  Siebold  dil-il  que  les 
Acalejihes  n'ont  pas  de  vrai  tube  digestif  (I).  Mais  de  plus,  voyez  quelle 
simplicile  d'organisation  chez  ces  animaux,  quel  que  soil  leur  volume, 
coniparce  a  cello  de  IMcllutques  plusieur.-i  cenlaincs  de  fois  plus  pelits. 
C'est  alors  surtout  que  vous  reconnailrcz  que  vouloir  cbez  un  Moilusque 
retrouver  un  appareil  semblable  a  celui  des  Acal^phes,  plus  ceux  qui  s'y 
trouvent  dcja,  c'est  meconnuitre  les  lois  de  Tanalogie  et  la  maniere 
dent,  suivant  la  simplicile  ou  la  complication  de  I'organisine,  s'elablitla 
relation  enire  I'appareil  et  la  function.  Des  lorson  est  place  dans  un  cer- 
cle  \icieux.  Aussi,  pour  nep;;s  Irop  chequer  le  simple  bon  sens,  qui  n'esl 
autre  que  I'expression  inrtinclive  etspontanee  des  lois  de  I'oidre  naturel, 
on  se  Irouve  conduit  a  vouloir  faire  disparaitre  do  choz  ces  l\Iollusques 
les  appareils  donl  le  nombre  met  obstacle  a  la  conception  d'une  coordina- 
tion r^guliere. 

Que  les  conduits  gaslro-hepatiques  viennenten  aide  a  la  digestion  lou- 
les  les  fois  que  les  aliments  y  peuvent  peiielrer,  il  n'y  a  la  rien  de  bien 
choquant,  et  le  fait  doil  avoir  lieu,  puisquon  sail  positivenienl  que  la 
bile  vient  en  aide  a  la  dissolution  des  malieres  uzotees,  d'une  manie;  e 
Ir^s-prononcee.  Mais  rcmarquez  que  ces  malieres  n'y  sejournent  pas, 
puisqu'cllos  les  parcoureiil  avec  rapidite,  conditions  peu  favorables  pour 
qu'elles  y  soient  absorbees. 

Mais,  direz-YOUs,  avant  de  determiner  la  nature  de  cet  appareil  et  des 
orcanes  qui  le  composent ,  pourquoi  ne  pas  poursuivre  son  analyse  ana- 
tomiquc  successivcinent  dans  tous  les  ordres  de  notions  qu'il  peut  ofTrir 
a  I'observateur?  Pourquoi  ne  pas  en  poursuivre  I'analyse  anatomique 
depuis  le  point  de  vue  de  I'appareil  jusqu'a  celui  de  I'element  crgani- 


fl)  De  Slcbokl,  Ma.mei.b'anvio>iieo.omi'aree,  tradiict. franc.  Pari?,  1849.  in-lS, 
t.  I,  p-  ''^- 


•21 

que?  Pourquoi  ne  pas  arriver  d'abord  jusqu'a  ces  parties-la  des  corps 
qui  caraclerisent  les  tissus  et  en  determinent  la  nature?  Ce  defaut  de 
m^thode  ne  doit  pas  vous  etonner  au  fond.  Remarquez,  en  efTet, 
que,  negligeant  les  fails  qui  etablissent  une  correlation  enlre  I'exte- 
rieur  et  I'inlerieur ,  et,  d'autre  part,  enlre  la  complication  ou  la  simpli- 
cite  des  organes  qui  composent  un  seul  et  meme  appareil,  lis  ne  sent 
nullement  guides  par  I'id^e  de  voir,  a  un  intestin  simple,  annexe  un  foie 
simple,  qui,  par  suite  de  sa  simplicite  meme,  vient  accessoirement  en 
aide  au  tube  digeslif.  Aussi,  d'un  seul  bond  franchissant  des  classes 
enlieres,  il^  vont  dans  les  Acalephes,  animaux  des  plus  simples, 
chercher  un  appareil  soud^  avec  la  substance  du  corps  et  qui  seul  sufiflt 
a  raccomplissement  des  actes  de  la  vie  de  nutrition.  En  outre,  lisez  les 
Perils  trailant  du  snjel  qui  nous  occupe,  et  vous  verrez  alors  qu'au  fond 
celte  ODiission  derive  de  cette  autre  crreur  de  doctrine  qui  fait  consi- 
derer  I'elude  successive  et  coordonnee  des  difl^rentes  parties  composant 
I'organisme,  en  y  rattachanl  les  nolions  ph\;!.iologiques  qui  s'y  rappor- 
tent,  comme  des  di^linclions  scolasliques,  residant  plul6t  dans  les  mots 
que  dans  la  nature  des  choses,  etsans  ulilile  pour  la  science.  Vous  ver- 
rez qu'ils  pensent  qu'cn  admettant  cette  d^pendance  necessaire  entre  la 
function  et  I'appareil,  on  ne  pcut  rien  comprendre  a  la  physiologic  des 
animaux  infeiieurs.  Mais  ils  pensent  qu'il  en  est  tout  autrement  en  ad- 
mettant ce  qu'ils  appellent  le  [)rincipe  contraire;  alors  I'etude  physiolo- 
gique  de  ces  animaux  cesse  de  presenter  aucune  difficulte  serieuse.  Ne 
semble-t-il  pas  ici  que  la  science  consisle  a  6viter  et  tourner  les  difScultes 
et  non  pas  a  les  resoudre?  Ne  semble-t-il  pas  qu'il  s'agitd'omettre,pour 
ne  pas  s'en  embarrasser ,  les  choses  difSciles,  plut6t  que  de  voir  ce  qui 
est,  en  jetanl  les  yeux  surl'ensemble  des  etres  pour  rapproclier  les  choses 
qui  se  ressemblent,  et  en  deduire  les  fails  communs  au  plus  grand 
nombre,  c'est-a-dire  generaux. 

S'ils  eussent,  au  contraire,  examine  le  tissu  de  ces  conduits  et  les  ele- 
ments qui  les  composent ;  s'ils  les  eussent  compares  a  ceux  des  Mollus- 
ques  deja  connus,  ainsi  que  I'ont  fait  tant  d'auteurs  (1),  ils  eussent  vu 
que  la  conformation  des  culs-de-sac,  que  les  cellules  qui  les  tapissent  et 


(I)  Muller,  De  glandularum  penitioki  strcctura,  Berlin,  1831,  in-folio; 
Heinrich  Meckel,  Mikrographie  einiger  Drdsen  Apparate  der  niederen  Thieris 
(Arch,  de  Mci,ler,  1846,  p.  l  et9),  etc... 


22 

la  coloration  del'huile  en  goutteletlesquecelles-ci  renferment,  etd'autres 
caracteres  encore,  nepermetlaientpasde  conclure  a  un  appareil  sans  ana- 
logue chez  les  Mollusques  conniis. 

§  XI. —  Ainsi,  en  resume,  la  disposition  generale  de  I'organe,  et  surtout 
son  insertion  a  restoniac,lacomparaison  dela  constitution  desautres;ippa- 
reils  de  I'animal  a  celui-ci  et  a  I'organisation  totale  des  esp^ces  voisines  par 
leur  conformation,  basee  sur  les  fails  de  doctrine  les  plus  elementaires, 
s'opposent  a  ce  que  nous  puissions  accepter  la  determination  donn^e  par 
M.  Milne-Edwards.  En  consequence,  nous  appuyant  sur  I'anatomie  de 
I'organe  pris  en  lui-m^me,  sur  sa  comparaison  avec  les  appareils  qui  lui 
ressemblent,  dans  les  animaux  analogues  a  celui-la  et  deja  etudi^s  anato- 
miquemcnt,  nous  ne  pouvons  des  a  present  admeltre  autre  chose  sur  la 
Calliopee  qu'un  foieramifie,  dont  les  conduits  larges  proportionnelle- 
nient  et  contractiies,  comme  tout  conduit  hepatique,  sont  penetres  et 
parcourus  par  les  aliments  en  m^me  temps  que  par  les  granulations  mo- 
leculaires  de  la  bile.  Par  consequent  enfin,  le  nom  d'appareil  gastro- 
vasculalr e  ne  sams'n  ^tre  conserve,  car  il  porte  avec  lui  I'idee  d'un 
appareil  nouveau  et  surajoute  qui  n'existe  pas.  II  n'y  a  la  autre  chose 
qu'un  organe  existant  partout  ailleurs  qui,  au  lieu  d'un  u^age  unique, 
en  a  deux;  fait  general,  frequent  dans  I'organisme.  Ainsi,  outre  son 
usage  habituel  de  conduire  la  bile,  il  a  de  plus  un  autre  usage,  celui 
de  se  laisser  parcourir  par  les  aliments,  et  sans  doute  en  m^me  temps 
d'en  hater  la  dissolution  par  un  melange  plus  rapide  avec  la  secretion  du 
foie. 

II  importait  beaucoup  d'insister  sur  ce  pretendu  appareil  gaslro-vas- 
culaire,  car  vous  ie  voyez,  tout  repose  sur  lui.  Admettant  cet  appareil 
des  Acaiephes  chez  un  Mollusque  elev6,  vous  ne  pouvez  guere,  sans  chequer 
la  logique,  admottre  en  outre  ce  qui  existe  chez  tous  les  autres  mollus- 
ques, car  I'un  existant,  a  quoi  servent  les-vaisseaux?  Pourquoi  ce  double 
emploi,  pourquoi  cette  complication  insolile  precisemenl  chez  les  ani- 
maux les  moins  voluminenx,  les  plus  simples  d'autre  part,  et  par  conse- 
quent chez  lesquels  la  nutrition  et  la  distribution  de  ses  materiaux 
se  font  dans  I'organismo  total  avec  le  plus  defacilite,  avec  le  moins 
de  frais  quant  au  nombre  des  organes  de  toule  sorte ,  quant  a  leur 
^tendue,  et,  par  suite,  necessairement  quant  a  leur  solidity?  Une 
fois  admis  done,  I'esprit  n'est  plus  libre  .  et  I'cxploration  anatomique, 
.ussi  bien  que  I'inteliigence,  sen  ressentenl.  Vous  le  senlez  facilement, 
les  interpretations  ne  peuvent  plus  6tre  les  m^mes.  Si  cet  appareil  est 


23 

plus  developp^  chez  un  6tre  voisin ,  il  faut  que  d'autres  le  soient  moins; 
serieusement,  si  vous  I'admettez,  il  vous  estpresque  impossible  de  nepas 
admettre  d  priori,  malgr6  vous,  que  les  vaisseaux  manquent  en  toutou 
en  partie,  que  I'intestin  m^me  n'a  pas  d'anus.  Et  voyez  la  gene  incessante 
ou  Ton  est  l6rsqu'onvient  a  trouverqu'aveccelappareil,  destine  a  porter  des 
mat^riaux  nulritifs  dans  le  corps,  il  se  trouve  en  meme  temps  que  ce  sont 
precisement  les  arleres,  ayant  le  meme  usage,  qui  sont  les  vaisseaux  les 
plus  developpes.  Voyez  la  gene,  quand  on  voit  ce  pretendu  appareil  gas- 
tro-vasculaire  aller  penetrer  dans  les  branchies  la  ou  les  vaisseaux  sotit 
le  plus  nettement  demontrables. 

§XII.  —  Aumois  d'octobre  1842,  M.  deQuatrefages  communiqua  a  i  Jn- 
stitut  (1)  les  faits  suivants  par  une  leltre  adressee  a  M.  Milne-Edwards  : 
«  J'ai  trouve,  dit  M.  de  Quatrefages,  un  petit  Mollusque  nuqui  me  parait 
»  fort  interessant ;  sa  transparence  m'a  permis  de  I'etudier  au  micro- 
»  scope,  et  d'en  faire  une  anatomie  a  tres-peu  de  choses  pres  complete. 
»  C'est  un  Gasteropode  dont  le  corps  est  couvert  de  cirrhes  assez  gros, 
»  qu'il  dresse  d'un  air  menacjantau  moindre  contact ,  comme  fait  le  Porc- 
»  epic  avec  ses  piquant?.  L'appareil  digestif  consiste  en  un  canal  cen- 
»  Iral ,  d'ou  partent  a  droite  et  a  gauche,  d'une  maniere  parfaitement  sy- 
»  m^trique,  des  branches  qui  aboutissent  a  un  canal  marginal  tres-grele 
»  regnant  lout  autour  du  corps.  De  chaque  branche  partent,  en  outre, 
»  des  canaux  qui  p^netrent  jusque  vers  I'extremile  des  cirrhes.  On  voit 
»  parfaitement  les  matieres  en  digestion  aller  et  venir  dans  ce  systdme 
»  de  canaux.  Ces  dispositions  anatomiques  m'onl  rappele  les  dessins  de 
»  M.  Loven  ;  mais  grSce  a  la  transparence  de  mun  petit  mollusque, j'ai  pu 
»  aller  plus  loin  et  reconnaitre  I'existence  d'un  cceur  d'ou  partent  des  ar- 
»  teres,  maisou  n'aboutissent  point deveines. Deux oreillettesplacees en 
»  arri^re  rcQoivent  lesang,  qui  arrive  de  loutes  parts  par  des  mailles  la- 
»  ches  et  lacuneuses.  Ces  oreilleltes  elles-m^ines  semblent  n'^tre  qu'une 
»  de  ces  lacunes  un  peu  m  eux  organisee  et  douee  d'une  contracLilite  ac- 
»  live.  »  Vient  ensuite  la  description  du  sysleme  nerveux,  et  M.  de 
Quatrefages  termine  en  concluant  pour  la  symetrie,  comme  tout  a  I'heure 
M.  Milne-Edwards  en  parlant  de  I'inteslin  ,  c'est-a-dire  qu'il  conclut  a  des 
analogies  entre  les  Mollusques  d'une  part  et  les  Articules  plus  les  Riiyonnes 

(0  De  Quatrefages,  Sur  quelques  faits  relatifs  a  l'histoire  des  anmmaux  in- 
vERTEBREs  (C.  R.  dcs  se'anccs  de  I'Acad.  des  sc.  de  Paris,  seanre  du  2i  oct.  1842, 
t.  XV,  p.  798). 


'2!i 
fi'iuitre  part.  11  dil.  on  effet  (1)  :  «  J'ajoutcrai  que  tout  psL  synietriqiie 
»  diiiis  ce  singulicr  Mollusque ,  sauf  les  organes  geniUuix.  Voiia  done  iin 
»  Mollusque  appartenant  a  une  des  divisions  les  plus  elevees  de  eel  em- 
»  branchement,  qui  |)resente  des  rapports  evidents  d'un  cole  avec  les  Ar- 
»  ticule.-^,  et  do  I'autre  avec  les  Rayonnes.  »  Pourquoi  celle  conclusion? 
11  est  difficile  de  le  savoir.  Ce  n'cst  eertainemenl  pas  pour  etabiir  une 
liaison  des  Rayonnes  aux  MoUusques,  ni  deceux-ci  aux  vertebras,  puisque 
les  disciples  de  Cuvier  n'admetlent  pas  i'exislence  de  la  serie  animale, 
c'est-a-dire  la  reunion  des  etres  analogues  ranges  en  groupes,  lesquels 
sont  ensuite  disposes  en  serie  les  uns  a  la  suite  des  autres,  d'apres  la 
complication  croissante  ou  decroissante  de  Tensemble  de  leur  organisa- 
tion. En  un  mot,  on  ne  voit  nullement  pourquoi  est  eiabli  ce  rapport  de 
symelrie,  dont  est  prive  pourtant  I'appareil  generateur  ;  on  ne  voit  pas  a 
quoi  il  aboulit,  a  quoi  il  mene,  quel  principe  il  viont  appuyer  ou  ren- 
verser,  de  quel  principe  il  peul  etre  la  source.  Ces  deductions  d'affinites  , 
d'ordre  zoologique  ,  M.  de  Qualrefages  les  reproduil  et  les  pousse  encore 
plus  loin  ,  en  1843,  dans  un  travail  plus  elendu  sur  le  nieme  animal  (2). 
Par  le  coeur,  I'animal  ressemblerait  aux  Crustaces  et  aux  Insectes.  car 
chez  lui  le  coeur  se  ratlacherait  physiologiquement  a  I'appareil  digestif 
et  au  respiraloire.  Or,  pour  M.  de  Quatrefagcs,  le  coeur  des  Insectes  se 
rattache  principaleinent  a  Vappareil  digestif  dont  il  est  un  annexe , 
tandis  que,  chez  les  Crustaces,  il  est  un  annexe  de  I'appareil  respi- 
raloire. De  plus ,  ce  Mollusque  ressemblerait  aux  Anndes ,  par  la 
symetrie  de  son  systeme  verveux  et  meme  par  une  espece  de  di- 
vision du  corps  en  segments  se  repel  ant  les  uns  les  autres  sur  une  serie 
lineaire,  autre  caractere  eminemment  propre  aux  Jnneles.  Ainsi, 
chez  cet  animal ,  il  y  aurait  tendance  a  la  symetrie  binaire  et  a  I'an- 
nulation;  de  sorte  que ,  tout  en  conservnnt  un  ensemble  de  caracteres 
qui  ne  permet  pas  de  la  separer  des  autres  Nudibranches,  lEolidine 
touche  d'un  cdte  aux  Meduses,  de  Vautre  aux  Crustaces  et  aux  Anne- 
lides  errantes  (3).  Vous  le  voyez  ,  ce  n'est  pas  la  une  simple  erreur  de 

(0  De  Quatrefascs,  toe.  cit.,  1842,  p.  799. 

(2)  De  Qualrefages,  Memoire  sur  l'eolidine  paradoxale  (eolidinaparadoxdm, 
D.  Q.)  (Ann.  des  sc.  nat.,  1843,  t.  XIX,  p.  274,  voy.  p.  300-305,  et  C.  r.  des 
seances  de  I'Acad,  des  sc.  de  Paris,  1843,  t.  XVI,  p.  1 123). 

(.3)  De  Qualrefages.  Mem.  sdr  l'Eolipine  (Ann.  des  sc.  nat.,  1843,  1.  XIX, 
p,  300  a  305). 


25 
fiiit,  el  les  principes  generaux  enonces  plus  haul. sur  les  consequences  ou 
conduit  I'absence  de  doctrine,  louchanl  la  conslilulion  de  i'organii=me  en 
general  et  loiichant  les  relations  positives  qui  existent  enlre  I'inlerieur 
el  i'exterieur  d'un  elre  .  trouvent  ici  leur  application.  Le  nom  donne  a 
I'animal ,  EoLiDiNA  PARADOXUM  ,  D.  Q.,  caracterise  lui-meme  le  fait.  Un 
pareil  animal ,  en  effet,  ne  saurail  elre  que  paradoxal ,  el  a  I'aide  de  fails 
semblables  vouloir  soutenir  des  principes,  ce  serail  vouloir  deliuire  la 
science  par  la  destruction  des  donnees  fournies  par  la  logique. 

Mais  laissons  les  conclusions  zoologiques  pour  arriver  a  celles  qui  con- 
cernent  !a  constitution  et  les  analogies  anatomiques  de  I'animnl.  «  Les 
»  organes  de  la  circulation  ,  dit  M.  de  Quatrefages  (1),  chez  I'fiolidine  se 
y>  composent  d'un  coeur  dorsal,  univenlriculaire  et  d'un  sysleme  de  vais- 
»  seaux  arleriels.  Le  systeme  veineux  manque  entierement.  II  est  en 
»  quelque  sorte  remplace  par  les  lacunes  du  tissu  areolaire.  L'absence 
»  des  veines  proprement  dites,  la  maniere  dont  le  sang  se  dtiverse  di- 
»  reclement  des  lacunes  du  corps  dans  le  ventricule  unique  du  coeur, 
»  scmblent  devoir  entrainer  la  disparition  de  I'appareil  respiratuire.Aussi 
»  ne  Irouvons-nous  rien  ici  qui  rappelle  le  moins  du  monde  les  brancliies 
»  ou  les  poumons  decrils  jusqu'a  ce  jour  dans  les  moilusques.  Mais  les 
»  cirrhes  qui  couvrent  le  dos  de  I'animal  n'en  remplissent  pas  moins  le 
»  role  d'organes  de  la  respiration  :  chacun  d'eux  represente  assez  bien  la 
»  forme  d'un  doigtde  gant.  Un  coecuni  partant  des  brancliies  inteslinales 
»  p^netre  dans  son  inlerieur  et  laisse  enlre  lui  et  les  parois  du  cirrhe  un 
»  espace  toujours  rempli  par  le  sang  que  les  arteres  ont  vers6  dans  la  ca- 
V  vileabdominale,  sang  que  nous  pouvonsconsiderercomme  veineux.  Les 
»  contractions  du  cirrhe,  en  se  repetant  a  chaque  instant,  renouvellent 
»  sans  cesse  ce  liquide  ,  et  I'exposenl  a  Taction  de  i'eau  aeree  par  des 
»  mouvemenls  qui  rappellent ,  au  moins  pour  le  but ,  I'inspiralion  et  I'ex- 
»  piration  des  animaux  pulmones.  » 

Dans  les  Annales  des  sciences  natuuelles  ,  M.  de  Quatrefages 
ajoute  (2) :  «  L'inteslin  a  la  forme  d'un  lube  conique  elendu  en  ligne 
»  droile  sur  la  ligne  medianedu  corps  et  aboulissanta  un  anus  dorsal 
»  tres-pelit  (3).  De  chaque  c6l6  de  cette  espece  de  tronc  intestinal 
»  sorlent,  d'une  maniere  symetrique  ,  des  branches,  dont  le  nombre 

(1)  De  Quatrefages,  loc.  rii.,  Comptes  rendus,  etc.,  1843,  p.  1124. 

(2)  De  Quatrefages,  mem.  cite  sur  rEolidine,  1843,  p.  285. 

(3)  PI.  II,  fit:.  2,  c. 


26 

»  est  ^gal  a  celui  des  rang^es  transversales  de  cirrhes  respiratoires,  moins 
»  deux;  mais  les  deux  premieres  se  bifurquent  un  peu  au  dela  de  leur 
»  origine,  etT^galil^  de  nombre  se  Irouve  ainsi  retablie.  De  chacune  de 
»  ces  brandies  laterales  pnrtent  des  coecums  qui,  se  portant  vers  la  face 
»  dorsale  de  i'animal,  penetrentdansrinterieur  des  cirrhes.  A  leur  ex- 
»  tremite,  les  branches  d^bouchent  dans  un  tronc  marginal  fort  etroit , 
»  qui  r^gne  sur  tout  le  pourtourdu  corps  de  i'fiolidine.   » 

Plus  loin  (1) ,  M.  de  Quatrefages  dit  que  1  fiolidine  n'a  pas  le  foie  con- 
tenu  dans  la  cavity  abdominale  ,  mais  11  montre  que  les  coecums  qui  par- 
tent  des  branches  de  I'intestin  pour  penetrer  dans  les  cirrhes  s'enlourent 
en  entrant  dans  leur  cavile  d'un  espece  de  fourreau  irregulier  forme  d'une 
Sub.^tance  granuieuse  bien  moins  transparente  que  le  reste  des  tissus.  II 
pense  avec  raison  qu'on  peut  regarder  cet  organe  comme  n'etunt  autre 
chose  que  le  foie  qui  s'est  morcele  en  autant  d'organes  distincts  qu'il  y  a 
de  coecums  branchiaux.  On  se  demande  comment,  apres  avoir  determine 
ainsi  d'une  maniere  exacte  le  foie,  il  considere  comme  ramifications  de  I'in- 
testin, el  non  comme  conduits  biliaires,  les  canaux  sur  iesquels  la  sub- 
stance glandulaire  se  trouve  appliquee. 

En  comparant  ce  foie  a  celui  des  Annt51ides,  on  arrive  bien  aux  memes 
conclusions  que  M.  de  Quatrefages;  mais  en  le  comparant,  comme  on  doit 
le  faire,  a  celui  des  Moliusques  voisins,  c'est  aux  resuitats  que  nous  don- 
nons  qu'on  est  conduit,  en  passant  successivement  par  un  certain  nombre 
de  dispositions  intermediaires  entre  le  foie  des  Diphyllidies  et  celui  des 
fiolidines,  ainsi  que  I'indique  Delle  Chiaje  (voir  plus  loin). 

«  Les  organes  de  la  circulation,  dit  M.  de  Quatrefages  (2),  se  composent 
»  seulement  du  cceur  et  des  arleres.  Maigre  tout  le  soin  possible  ,  il  m'a 
»  ete  impossible  de  decouvrir  la  moindre  trace  de  veines.  Comuie  j'ai  en 
»  mfeme  temps  reconnu  les  dispositions  analomiques  qui  suppl^ent  a  I'ab- 
»  sence  des  canaux  veineux,  je  crois  pouvoir  affirmer  que  cetle  portion  du 
»  syst6me  circulatoire  a  disparu  compietement  dans  I'fiolidine.  C'est  la  un 
»faitentierement  nouveau  dans  I'hisloire  anatomique  des  Moliusques,  et 
»  sur  lequel  je  reviendrai  plus  loin  pour  en  deduire  quelques  cons^- 
»  quences.  Ici  je  me  bornerai  a  la  description  des  organes  persis- 
»  tants.  » 


(1)  Loc.  «■«.,  1843,  p.  286-287. 

(2)  De  Quatrefages,  mem.  cite  (Ann.  des  sc.  nat.,  1842,  p.  ".'88). 


27 

Vient  ensuite  la  description  du  coeur,  celle  de  I'aorte  qui  se  diviserait 
en  deux  branches  se  distribuant  a  peu  pres  symetriquement  de  chaque 
c6te  du  corps,  puis  celle  des  organes  de  la  generation  qui  seraient  de  la 
plus  grande  simplicite.  Dans  ses  considerations  generales,  M.  de  Quatre- 
fages,  apr6s  avoir  rappele  que  M.  Milne-Edwards  est  le  premier  natura- 
liste  qui  ait  signale  chez  un  Nudibranche  I'existence  d'un  appareil  gastro- 
vasculaire  analogue  a  ce  qui  se  voit  chez  les  Meduses,  insiste  sur  le  fait 
en  ces  lermes  (1) :  «  En  ce  qui  louche  aux  Rayonnes,  le  rapprochement  est 
»  frappantau  premier  coup  d'ceil  par  la  disposition  des  organes  de  la  di- 
»  gestionchez  I'fiolidine.  A  une  bouche  aussi  peu  armee  que  les  Meduses, 
»  succMe  un  court  canal  aboulissantace  que  nous  avons  appele  la  cavite, 
»  la  masse  stomacale.  Les  fails  directs  ob^erv^s  sur  un  mollusque  voisin 
»  nous  aulorisent  a  penser  que  c'est  la  que  se  fait  la  digestion  ,  et  I'ab- 
»  sence  de  tout  aliment  solide  dans  les  ramifications  diverses  de  I'intestin 
»  confirme  cette  maniere  de  voir.  A  cet  organe  qui  represente  si  bien  la 
»  cavite  digestive  des  meduses,  succede  un  inlestin  ramifie  et  pourvu  d'un 
»  canal  marginal  absolument  comme  chez  les  Acalephes  que  nous  venons 
» de  nommer,  et  le  trespelit  anus,  que  j'ai  eu  beaucoup  de  peine  a 
■  apercevoir,  semble  reellement  n'exister  que  pour  completer  I'ana- 
» logie ,  en  representant  les  orifices  marginaux  excr^teurs  signales  par 
»  M.  Erhenberg  dans  les  Aurelies,  par  M.  Milne-Edwards  dans  les  fiquo- 
»  rees.  » 

§  XIII. — Ainsi,  messieurs,  vouslevoyez,cepretendu  appareil  gastro-vas- 
culaire  n'est  pas  un  fait  isole,  on  peut  le  retrouver  dans  d'autres  animaux. 
Cetorgane, que  la  simple  analogie  pouvaitdejaconduireareconnaitrepour 
ce  qu'il  est,  cet  organe  qu'd  priori,  ainsi  que  M.  de  Blainville  le  disait, 
on  pouvait  determiner  exactement,va  prendre  une  singuliere  importance, 
et  tout  cela  par  suite  de  celle  erreur  de  doctrine  qui  consisle  a  croire  que 
la  fonclion  (devenue  une  espece  d'entite),peut  persister  quand  son  api)a- 
reil  ordinaire  a  disparu,  et  qu'elle  peut  ^Ire  acconiplie  par  I'un  des  aulres 
appareils  persistants  qui  se  trouve  ainsi  cumuler  deux  fonclions. 

Que  dans  un  seul  organe  s'accomplisse  I'acte  physico-chimique  de  la 
dissolution  des  aliments;  que  dans  les  dependances  direcles  de  cet  appa- 
reil s'opere  I'acte  m^canique  du  transport  des  liquides  resultant  du  premier 
acte;  que  memo  pendant  ce  transport  s'opere,  selon  toutes  probabilil^s,  le 
double  acte  d'endosmose  ou  d'exosmose  qui  caraclerise  la  respiration, 

(1)  Loc.  cit.,  1842,  p.  301-302. 


28 

c'est  la  iin  fait  qui  est  inconlestabltj  chez  les  acalephe;;  et  CLM-tains  polypes. 

Qiioi  qu'on  puisse  faire,  il  n'y  a  la  qu'iin  seul  appareil.  Or,  si  vous 
prenez  le  fait  qui  s'y  passo  en  re  qu'il  est,  vous  ne  pounez  dire  autre 
chose  que  ceci ;  II  n'y  a  qii'un  appareil,  done  il  n'y  a  qu'une  fonction,  et 
ceia  preci?emment  parce  qu'il  n'y  a  qu'un  appareil.  Maiiitenant  qii'un 
des  organes  dis^olve,  que  ceux  qui  en  parlent  transportent,  et  que  pen- 
dant C(?  temps  le  liquide  prenne  ct  rejelte  des  gaz  ou  de  I'eau,  je  dirai  tou' 
jours  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  fonction  pour  la  vie  de  nutrition,  fonc- 
tion  caract6ris6e  par  I'accomplissement  dans  un  seul  appareil  de  tous  les 
actes  elementaires  qui,  dans  les  verlebres,  etc.,  s'acconiplissent  a  I'aide 
d'autant  d'appareiis  distincts.  lis  s'accomplissent  parce  qu'ils  ne  peuvent 
pas  ne  pas  s'accomplir;  il  ne  se  passe  la  rien  autre  que  des  actes  Elemen- 
taires, qui  sont  des  propri^tes  dont  jouissent  tous  les  solides  et  tous  les 
liquides  organises;  mais  il  n'y  a  la  aucune  des  actions  accessoires,  a  ces 
actes  fondamentaux,  dont  I'ensemble  caracterise  une  fonction,  ainsi 
nomniee  pour  etre  distinguee  des  proprieles  de  tixsus ,  des  usages  des 
organes,  etc.  Et  chez  ces  animaux  le  fait  ne  vous  etonne  pas  dii  tout,  parce 
qu'il  est  en  rapport  avec  I'extr^me  simplicite  de  leur  organisme,  qui  est 
entiereinent  forme  de  deux  a  trois  tissus,  avec  un  ou  deux  produils,  soil 
epithelial,  soit  spiculaire,  et  non  de  dix  a  quinze  tissus,  comme  les  Mol- 
lusques.  Des  lors,  pourvu  que  les  actes  elementaires  s'accomplissent 
dans  tout  cet  organisme  si  simple  compart  aux  autres,  il  pent  exister  pen- 
dant un  certain  temps;  mais  il  n'y  a  la  qu'un  seul  appareil  et  une  seule 
fonction,  puis  plus  haut  chez  les  mollusques  precisement  vous  commen- 
cez  a  voir  chacun  des  actes  Elementaires  s'operer  specialement  dans  un 
appareil  special  :  alors  il  s'y  ajoute  nombre  d'actes  accessoires  ,  autant 
qu'il  y  a  d'organes  ayant  chacun  son  usage  particulier  ou  plusieurs  usages  ; 
et  a  i'ensemble  de  ces  actes  vous  donnez  le  nom  de  fonction.  Mais  arrE- 
tons-nous,  car  vous  vous  rappelez  que  ces  auteurs  considerent  toutes 
ces  divisions  comme  purement  scolastiques,  comme  questions  de  mots 
et  non  comme  des  faits;  et  ils  sont  d'autant  plus  absolus  en  cela  qu'ils 
confondent  toutes  les  considerations  d'urdres  divers  et  de  plus  en  plus 
compliquees  en  un  seul  ordre,  et  vous  voyez  quels  en  sont  les  rEsuI- 
tats. 

§  XIV.  —  Quoi  qu'il  en  soit,  M.  de  Quatrefages  admet  i'appareil  gaslro- 
vasculaire;  consequent  a  cefait,  il  montre  le  syst6me  veineux  disparais- 
sant. 

Mais  ce  qui  est  inconsequent,  c'est  de  voir  un  iMollusque,  ayant  les  ap- 


29 
pareils  d'un  Mollusque,  ^Ire  analogue  aiix  Animaux  rayonn^s,  qi'.anl  ;\  l;i 
constitution  gJ^n^rale  des  appareilset  quant  a  leurs  fonctions,  d'une  part, 
puis  d'autre  part  avec  des  Arlicules,  animaux  dontles  organes  sont  r(§gu- 
li^rement  disposes  de  chaque  cote  d'un  plan  ,  ou  dont  les  anneaux  se  r6- 
p^tent  apeu  pres  identiquement  dans  le  sens  de  la  longueur.  Ce  qui  en- 
core est  inconsequent,  c'est  de  dire  que  Ton  ne  trouve  chez  ces  animaux 
rien  qui  rappelle  le  moins  dti  monde  les  branchies,  ce  qui  est  en  rap- 
port avec  I'absence  de  sysl^me  veineux  quant  on  decrit  les  cirrhes  bran- 
chiaux  toujours  consideres  comme  des  branchies.  Pourquoi  alors  dans  la 
m^me  phrase  dire  que  ces  (entacules  dorsaux  n'enjonent  pas  moins  le 
role  d'organes  de  la  respiration  et  que  le  sang  y  subit  une  veritable 
heniatose  (1)?  Qu'est-ce  done  que  cet  appareil  forme  d'organes  inces- 
sammcnt  baignes  par  I'eau  puisqu'ils  couvrent  le  corps,  et  dans  lesquels 
le  sang  est  pousse  et  repousse  alternalivement  pour  subir  I'hematose,  si 
ce  ne  sonl  des  branchies? 

A  de  pareilles  objeclions  faites  par  M.  Gervais  a  la  Sociele  philoma- 
tique,  M.  de  Quat.ref<iges  repond  (2)  «  que  dans  loules  les  classilicolions 
proposees  jusqu'a  ce  jour  pour  les  MoUusques,  le  mot  branchie  a  une  si- 
gnificalion  precise.  Tout  le  monde  a  entendu  p;ir  la  un  organc  respira- 
loire  oil  le  sang  arrive  a  I'elat  de  sang  veineux  par  un  syslenie  de  vais-' 
seaux  veineux  el  d'oii  ii  ressort  a  I'etat  de  sang  arteriel  par  un  sysleme 
de  vaisseaux  arteriels.  Or,  rien  de  sembiable  n'exisle  chez  les  MoUusques 
donl  il  s'agit,  ou  les  soil-disant  branchies  sont  formees  uniquement  par 
deux  poches  concenlriques  apparlenant,  I'ime  au  sysleme  tegumentaire  , 
I'aulre  au  tube  digestif,  sans  aucune  apparence  de  vaisseaux,  sans  qu'on 
puisse  elablir  la  dislinclion  de  sang  veineux  et  de  sang  arteriel.  »  Un 
mois  plus  lard,  M.  de  Quatrefages  ^lablit  qu'anatomiquement ,  les  ap- 
pendices du  corps  de  ces  MoUusques  ne  sont  pas  des  branchies,  mais 
quHls  en  remplissent  seulement  les  fonctions  (3). 


(1)  De  Quatrefages,  loc.  cit.,  1813  (Ann.  des  so.  nat.,  p.  291,  etC.  iiendus, 
p.  1124). 

(2)  De  Quatrefages,  Organes  de  la  respiration  daks  les  phlebent£r£s,  seance 
de  la  Societe  phiiomalique,  tlu   30  decembre  18415; 

Journal  l'Institijt,    annee  i844,  p.  33. 

(3)  Seance  de  la  Societe  phiiomalique,  du  2:   Janvier  1844; 
Journal  l'Institut,  annee  18'i4,  p.  64. 


30 

§XV. — Vous  le  voyez,  messieurs,  les  faits  se  niultiplient,  et  avec  une 
pareille  doctrine  sur  les  notions  d'organe  el  d'usage,  sur  les  relations  qu'iiy 
a  entre  I'appareil  et  la  fonction,  il  est  difficile  de  prevoir  par  quelles  conse- 
quences on  pourrait  dtre  arrete  dans  le  raisonnement.  Comment  accep- 
ter une  doctrine  sur  I'organisation  totale  qui  permet  de  croire  qu'un 
animal  pourra  posseder  la  conformation  ext^rieure ,  la  bouche ,  I'cs- 
tomac  et  I'aiius  d"un  MoUusque,  un  inteslin  ramifie  comme  les  Me- 
duses,  et  de  plus  presenter  la  symetrie  bilaterale  et  m^me  longitu- 
dinale  propre  aux  Anneles?  L'esprit  s'y  perd  ,  on  ne  sail  plus  quelle  loi 
jusqu'alors  confirmee  par  toutes  les  recherches  pent  6tre  considt^ree 
comine  vraie.  Les  consequences  les  plus  eiementaires  des  travaux  de  nos 
devanciers  sont  annulees,  car  si  un  animal  voi;in  des  fiolides  ressemble 
a  tant  d'animaux  a  lafois,  tout  se  ressemble  ou  rien  ne  se  ressemble. 
Tout  retombe  dans  la  confusion,  il  est  impossible  de  rien  saisir  et  de  d6- 
duire  quoi  que  ce  soitde  forganisiUion  des  animaux  sans  tout  reprendre 
a  nouveau.  Ceux-la  seulsqui,  depourvusd'une  doctrine,  ne  peuvent  en- 
visager  qu'une  petite  portion  du  regne  animal  et  font  constituer  la  science 
k  declasser  et  reclasser incessamment  les  especes,  pourront  ^prouver  autre 
chose  qu'une  sterile  el  vague  inquietude  en  lisant  de  semblables  deduc- 
tions. 

Cependant  tout  ne  s'arr^te  pas  la,  ou  plutot  les  consequences  natu- 
relles  de  ce  qui  precede  se  developpent. 

§  XVI.  —  En  mars  1844,  M.  deQuatrefagcs  publie  des  recherches  plus 
etendues  sur  le  meme  sujet  d'apr^s  I'examen  anatomique  et  physiologique 
de  genres  nouveaux,  tons  de  sa  creation  moins  un  (1).  Ce  sont  les  genres 
Zephyrine,  Acteonie,  Amphorine,  Pavois  et  Chalide  ,  et  le  genre  Action 
a'Oken. 

Dans  la  Zephyrine,  I'auteur  retroiive  Vappareil  gastro-vasculaire, 
dormant  naissance  a  un  tres-grand  nombre  de  coecums  qui penetrent 
dans  les  cirrhes  des  corps  (2)  ;  i'anus  est  dorsal  et  median  comme  chez 
I'Eolidine,  fails  tout  ii  fait  singuliers,  caron  salt  que  chcz  les  MoUusques 
I'anus  se  trouve  assez  generalement  plac^  sur  les  c6l^s  du  corps. 

«  Je  n'ai  rien  vu  dans  la  Ze[ihyrine,  dit  I'auteur  (page  136),  qui  pilt 


(1)  De  Quatrefages,  Sur  les  gast^ropodes  phl^benteres  (  phlebenterata 
De  Q.)  (Ann.  dessc.  nat.,  mars  1844,  vol.  I,  p.  129). 

(2)  Zoccit.,  p.  137. 


31 

»  ^tre  fonsidere  comme  un  appareii  circulaloire.  Je  n'y  ai  distingue  ni 
»  coeur,  ni  arteres,  ni  veines,  quelque  soin  que  j'aie  mis  a  ies  cherchcr. 
»  Si  ce  fait  etait  isole,  je  pourrais  croire  que  I'opacite  des  parties  a  d^rob^ 
»  ces  organes  a  mes  recherches;  mais  nous  ie  verrons  se  reproduire  dans 
»  d'autres  Moliusques  voisins  qui  iaissaient  peu  a  desirer  sous  le  rapport 
»  de  la  transparence.  Je  crois  done  pouvoir  afiQrmer  que  Vappareil  cir- 
»  culatoire  manque  ici  iotalement.  » 

Dans  le  genre  Acteon,  M.  de  Quatrefages  donne  I'anus  comme  dorsal  et 
il  «  croit  etre  certain  qu^il  n'y  a  chez  Ies  Acteons  ni  cwur,  ni  vaisseau, 
»  ni  organe  respiratoire  proprement  dit  (1).  »  II  y  a  egaienient  un  ap- 
pareii gastro-vasculaire,  conslitue  par  deux  conduits  lateraux,  presen- 
tant  chacun  una  branche  anterieure  et  une  branche  posterieure;  ces 
branches  ont  des  rameaux  pourvus  de  dilatations  ampulliformes  (2). 

Dans  VAmphorine,  il  n'y  aurait  plus,  selon  M.  de  Quatrefages,  qu'une 
bouche,  terminee  brusquement  en  arriere,  et  sur  Ies  cotes  de  laquelle 
s'ouvre  Vappareil  gastro-vasculaire,  compose  de  deux  sacs,  dont  cha- 
cun a  son  orifice  distinct  dans  la  cavity  buccale.  Ces  sacs  fournissent  de 
grands  ccecums  qui  penetrent  dans  Ies  appendices  hranchiaux  (de  Qua- 
trefages, p.  148)  et  Ies  remplissent  presqu'en  entier.  «  Je  n'ai  pu  rocon- 
»  naitre  la  moindre  trace  d'ouverture  posterieure  a  I'appareil  digestif, 
»  dit  M.  de  Quatrefages ;  je  suis  done  certain  que  la  masse  buccale  se  ter- 
»  mine  en  arriere,  comme  je  I'ai  dit  plus  haul  (3).  »  «  Je  suis  done  tres- 
»  porte  a  croire  que  I'Amphorine  n'a  pas  d'anus,  et  que  Ies  residus  de  la 
»  digestion  sent  rejetes  par  la  bouche  (4).  » 

Chez  Ies  Pavois  «  le  pylore  est  fort  ^troit  et  donne  immediatement  dans 
»  un  sac  unique  a  parois  epaisses  et  peu  transparentes  qui  occupe  pres- 
»  que  toute  la  cavite  abdominale,  et  remonte  d'arriere  en  avant  des  deux 
»  cotes,  jusqu'a  la  hauteur  de  I'cesophage.  II  m'a  et^  impossible  de  re- 
»  connaitre  la  moindre  trace  de  communication  entre  ce  grand  sac  intes- 
»  tinal  et  Ies  teguments,  et  je  suis  tres-porte  a  croire  que  chez  Ies  Pavois 
»  comme  chez  I'Amphorine,  il  n'existe  pas  d'anus  (5).  Get  appareii  ne  pre- 
»  sente  que  des  boursouflures,  mais  pas  de  coecums  veritables.  » 


(1)  De  Quatrefages,  loc.  cit.,  1844,  p.  142. 

(2)  P.  141. 

(3)  Loc.  cit..,  p.  148. 

(4)  Loc.  cit,,  meme  page. 

(5)  Mem.  cite,  1844,  p.  153. 


32 

Chez  les  Clialides,  «  I'oesophage  aboulil  a  un  sac  inleslinal  forme  de 
»  (ieux  graiides  poches  allongees  qui  s'elendent  de  chaqiie  cote,  d'line  ex- 
»  tr^mite  d  Tautre  de  la  cavite  abdominale,  et  sent  reunies  sur  la  ligne 
»  mediane  par  un  boyau  court  et  gros  en  communication  avec  I'oesophage. 
»  Ici,  non  plii>  que  chez  les  pavoi^,  je  n'ai  pu  decouvrir  d'anus  (1).  » 

Voiia  les  fails  exlrails  textuellement  du  memoire  de  M.  de  Quatrefages  ; 
en  voici  niamlenant  les  conclusions  generales  tirees  textuellement  du 
m^me  travail  (2)  :  «  Les  MoUusques  dont  je  viens  de  fairs  Thistoire  me 
»  semblent  meriter  toute  Tallention  des  zoologistes.  Voisins  d'animaux 
»  que  tons  les  naturalistes  placent  dans  la  classe  des  Gnsleropodes,  r\ous 
»  les  voyons  conserver  le  caractere  exterieur  d'oit  est  tire  le  nom  de 
»  ce  grand  groupe  ;  niais  en  memo  temps  nous  voyons  leur  organisa- 
»  Hon  s'ecarter  de  telle  sorte  du  type  primitif,  que  les  principaux  ap- 
n  pareils  de  la  vie  se  modipent  profondeinent,  et  quo  deux  de  ccux 
»  qu'on  regurde  g^neralemenl  comme  essenliels  a  rembranchement  dis- 
y>  paraissent  completement.  » 

ttDans  rfeolidine,  I'appareil  circulatoire  se  reduil  a  un  cceur  el  des  ar- 
»  teres  :  les  veines  disparaissent,  ot  avec  elles  les  organes  respiratoires 
»  propreuient  dits.  lis  sont  supple6s  par  un  lube  intestinal  qui  n'est 
»  plus  charge  seulement  d'exlraire  des  aliments  un  chyle  propre  a  enri- 
»  chirdo  nouveaulesangappjuvri,  mais  qui  doll,  en  outre,  fiiire  snhir 
»  au  produit  de  la  digestion  un  dogr6  de  plus  de  preparation  el  le  sou- 
»  mettre  immediatement  au  contact  de  Pair;  les  organes  de  la  digestion 
»  sont  done  charges  en  parlie  des  fonciions  respiratoires.  Dans  la  ZJphy- 
»  rine,  dans  les  Acleons  et  I'Acteonie,  le  coeur  (qui  dans  rf^olidine  ne 
»  remplissail  plus  que  les  fonciions  d'un  agent  de  melange)  disparait  el 
»  entraine  avec  lui  le  resle  de  i'appareil  circulatoire.  Le  tube  digestif  se 
»  ramifie  encore  plus  que  dans  I'eolidine;  il  presente  des  niouvements 
»  qui  rappellent  les  pulsalions  du  cceur.  Les  fonciions  de  la  respiration 
«  semblent  lui  elreentieremenl  d^volues  ;  mais  probablement  que  deja  la 
»  peau  acquiert,  sous  ce  rapport,  une  grande  importance,  et  que  la  res- 
»  piration  n'est  pas  localisee  uniquement  dons  les  cirrhes  branchiaux. 
»  Dans  I'Amphorine,  nous  voyons  ccs  raniificaiions  diminuer  de  nombre 
»  en  augmentant  de  volume,  disposition  qui  doit  entrainer  une  plus  grande 


(1)  Loc.  eit.,  p.  15C. 

(2)  Mem.  citi;,  1884,  p.  16: 


33 

»  parlicipalion  de  la  peau  aux  actes  respiraloiies,  mais  il  existe encore 
»  des  appendices  ext^rieursdans  lesquels  p6n6lro  I'inlestin,  et  quel  que 
»  soit  le  role  que  jouenl  les  teguments,  cette  fcnction  ne  leur  apparlient 
»  pas  encore  en  entier.  EnBn,  dans  les  Pavois  el  les  Clialides,  toutnppen- 
»  dice  exterieur  disparait  :  Tintestin  sembie  se  concentrer  en  une  ou  deux 
»  grandes  poches;  il  en  revient  probablement  a  n'agir  que  tres-secondai- 
»  rement  dans  la  respiration,  et  la  peau  seule  reste  chargee  de  celto  im- 
B  portante  fonclion.  Ainsi  _  le  fait  qui  domine  dans  les  modifications  qua 
»  eprouvees  le  type  des  Gasteropodes  pour  donner  naissance  aux  Mol- 
»  lusques  que  nous  venons  d'examiner,  c'est  le  transport  des  fonclions 
»  respiratoires  aux  organes  d'alimentation  et  aux  teguments,  c'est-a-dire 
»  qu'une  fonclion  qui,  chez  lesGasteropodesordinaires,  s'execule  a  I'aide 
»  d'appareils  sp^ciaux,  s'ajoute  ici  a  celles  dont  sont  deja  charges  d'autres 
»  organes.  » 

Passant  ensuite  plus  directement  aux  considerations  d'affinites  zoolo- 
giques,  M.  de  Quatrefages  dit  (1)  :  «  Les  fiolidines,  les  Calliopees,  les 
»  Zepliyrines,  etc.,  sonl  si  bien  des  Mollusqut's  gasteropodes  par  leurs 
»  formes  exterieures ,  que  tous  les  naturalistes  les  onl  rapporlees  a  ce 
))  grand  groupe.  On  aurait  certainenient  assigne  la  meme  place  aux  Pavois 
»  et  aux  Chalides  ;  cependant  les  caracteres  anatomiques  de  ces  ani- 
»  maux  les  excluent  non-seulement  de  la  classe  des  Gasteropodes,  mais 
»  encore  de  Vembranchement  des  Mollusques. 

»  Nous  avons  vu  que  les  caracteres  nouveaux  resultaient  de  la  dispari- 
»  tion  des  appareils  circwlatoire  et  respiratoire,  de  la  diffusion  du  liquide 
»  dans  la  cavile  generale ,  du  transport  des  fonctions  de  respiration  aux 
»  organes  digestif  et  cutane.  Nous  devons  done,  d'apres  ce  qui  precede, 
I)  regarder  nos  animaux  ,  non  pas  comme  formant  une  classe  el  un  em- 
»  branchement  distincts,  mais  seulement  comme  des  Mollusques  gas- 
»  teropodes  degrades,  c'esl-a-dire  des  Gasteropodes  inferieurs.  » 

En  consequence,  M.  de  Quatrefages  s'appuyanlsur  tous  ces  protendus 
fails  analomiques,  reunitces  mollusques  dans  un  ordre  parliculier  de  la 
classe  des  Gasteropodes  et  propose  le  nom  de  phlebenteres  {phleben- 
terata.  De  Q.) ,  mot  que  nous  voyons  apparailrc  pour  la  premiere 
fois  (2J. 

(1)  Mem.  cite,  l8ii,p.  168. 

(2)  De  Quatrefages  :  Suii  les  phlebenterks  ;  mem.  cite  des  Ann.  des  Sc.  mat., 
18*4,  t.  I,  p.  169. 

3 


9ft 

Tous  ces  faits  paraissent  assez  nets  pour  qu'il  les  formule  par  un  tableau 
des  families  et  des  genres  de  cet  ordre  nouveau  qu'ii  vient  de  cr6er  ;  con- 
sequence zoologique  necessaire  des  fails  analomiques  precedents  qui  les 
caiacterisentet  les  mettent  en  relief  de  la  niani^re  la  plus  saillante. 

«  Nous  pouvons,  dit-il  (p.  169),etablir  deux  families bien  dislinctes  de 
»  i'ordre  des  phiebenler^s.  Dans  Vune,  les  fonclions  respiratoires  sont 
»  exercees  au  moins  en  grande  partiepar  I'inieslin  ;  dans  I'autre,  ce 
»  sont  les  teguments  seuls  qui  en  sont  charges.  Ces  differences  physiolo- 
»  giques  se  iraduisent  au  dehors  par  des  caracleres  tranches.  Le  tube  di- 
»  gcslif  des  animaux  appartenant  a  ia  premiere  fiimille  est  plus  ou  moins 
»  ramifie,  etses  divisions  se  prolongent  en  coecums  dans  des  appendices 
»  exlerieurs  de  nonibre  et  de  formes  variables.  L'inteslin  des  animaux  ap- 
»  partenanta  la  seeonde  famille  est,  au  contraire,  fort  simple  :  il  consiste 
»  en  un  petit  nombre  de  grandes  poches  contenues  dans  la  cavity  abdomi- 
»  nale,  et  il  n'y  a  plus  d'appendices  exterieurs.  De  la  les  noms  d'ENXE- 
»  ROBRANCHES  {enter obrancMota)  et  de  dermobranches  {dermobran- 
»  chiata)  que  je  propose  pour  ces  deux  groupes  secondaires.  » 

Quant  a  I'ordre  des  plebenlheres,  il  est  caracterise  par  I'auleur  en  ces 
lermes  :  «  MoUusques  gasteropodes  a  circulation  imparfaite  ou  nuUe, 
prives  d'organes  respirutoires  proprenient  dils  (1). 

Ainsi,  vous  le  voyez,  phlebenteres  veut  dire  circulation  imparfaite 
ou  nulle  ,  inteslin  ramifie  avec  prolongements  de  ccecunas  dans  les  appen- 
dices dorsaux,  ou  bien  sans  coecums  et  alors  I'intestin  est  dispose  en  po- 
ches  contenues  dans  la  caviie  abdominale.  Avec  tout  cela  pas  d'organes 
respiraloires  proprement  dits,  car  les  appendices  dorsaux  ne  sont  plus 
appeles  des  branchies,  fait  qu'il  faut  mettre  en  relief. 

§  XVII. — Viennentensuile,  avec  une  nouvelleinsistance,  les  diverses 
considerations  sur  les  rapports  entre  les  mollusques  et  les  m^duses  d'une 
part,  les  anneles  de  I'autre. 

«  Sans  repeler  ce  que  j'ai  dit  a  cet  ^gard,  ajoute  M.  de  Quatrefages 
»  (p.  473),  j'ajouterai  que  les  points  de  ressemblance  se  mulliplient  par 
»  suite  des  nouveaux  faits  que  je  viens  d'exposer.  L'estomac  aveugle  des 
»  Zephyrines,  des  Acteons^  des  Acteonies,  d^oupartent  les  ramifications 
»  intestinales  et  respiraloires,  rappelle  exactement  ce  qui  se  voit  chez 
»  la  plupart  des  Medusaires.  La  m6me  reflexion  s'applique  a  I'Ampho- 


(1)  De  Quatrefages,  m6m.  cite,  1844,  p.  171. 


55 

»  rine,  ou  I'estomac  n'existe  pas,  etoii  la  division  de  I'intestin  commence 
»  d6s  la  masse  buccale  elle-m6me,  dont  la  cavil6  remplit  tres-probable- 
»  ment  les  fonclions  du  visc^re  qui  a  disparu.  » 

Ce  n'est  du  reste  pas  sans   un  certain   ^tonnement  qu'apr^s  avoir 
entendu  parier  de  Vestomac  aveugle  des  Zephrjrines ,  des  Jcleons, 
des  Jcteonies  (p.  473),  on  lit,  deux  pages  plus  loin,  les  paragraphes 
suivants  qui   lermineni  le  memoire  de  M.  de  Quatrefages.  II  dit,  en 
effet  (p.  175-176) :  «  Dans  aucune  des  considerations  precedentes,  je  n'ai 
I)  fait  entrer  en  ligne  de  compte  I'absence  ou  la  presence  de  I'anus,  non 
»  plus  que  la  position  de  cet  orifice.  Bien  que  je  croie  etre  certain  qu'il 
»  manque  chez  les  Z^phyrines,  et  surtout  dans  les  Pavois  et  les  Chalides,  je 
»  suis  le  premier  a  reconnaitre  qu'il  pent  exisler  quelques  doutes  a  cet 
»  egard.  J'ai,  en  effet,  la  plus  grande  difficulte  a  reconnaitre  son  exis- 
»  tence  dans  les  Acteons,  les  Acteonies,  etc.  11  serait  done  tres-possible 
»  qu'il  m'eut  echappe  dans  les  genres  que  je  viens  de  nommer.  En  tout 
a  cas,  s'il  existe,  il  ne  me  senible  pas  possible  qu'il  s'ouvre  ailleurs  que 
»  sur  Ic^  ligne  mediane,  en  arriere  du  dos,  et  cetle  opinion  a  pour  elle  I'a- 
»  nalogie.  La  difEculle  extreme  d'apercevoir  I'orifice  anal,  alors  nieme 
»  qu'il  existe  bien  reellcment;  I'impossibilile  ou  je  me  suis  trouve  de  dis- 
»  tmguer  la  portion  rectale  de  I'intestin,  nous  apprennent  au  moins  que 
»  cette  partie  du  tube  digestif  doit  ^tre  d'un  tres-petit  calibre.  Nous  trou- 
»  vons  ici  une  confirmation  de  plus  des  analogies  deja  tant  de  foissignaI6es 
»  par  nous  entre  les  Mollusquesphlebenteres  et  les  Anneles.a 

§  XVIII.  —  Tels  sont  les  points  essenliels  de  ce  travail ,  tels  sont  les 
points  se  rapporlant  de  la  maniere  la  plus  directe  a  des  questions  de  doc- 
trine, qui,  presentes  a  I'Academie  des  siences  (1 )  dans  sa  seance  du  8  Jan- 
vier 4844,  etaient  approuves  dans  un  rapport  de  M.  Milne-Edwards.  Ce 
rapport,  lu  dans  ia  seance  suivante,  celledu  15  Janvier  4  844  (2),  conclut 
a  I'insertion  du  travail  dans  le  Recueil  des  memoires  presentes  par  les 
SAVANTS  ETRANGERS  A  l'acadeuie  ,  conclusions  qui  furent  adoptees.  Voici 
les  passages  de  ce  rapport  qui  sont  relalifs  au  sujet  dont  nous  traitons. 


(i)  De  Quatrefages,  Memoire  sur  les  phlebenteres.(C.  r.  des  seances  de  I'A- 
cadeniie  des  sciences  de  Paris,  8  Janvier  1844,  t,  XVlII,p.  13). 

(2)  Milne-Edwards,  Rapport  sur  uhe  serie  de  mSm.  de  M.  Armand  de  Quatre- 
fages. (C.  r.  des  seances  de  I'Acad.  des  sc.  de  Paris,  15  Janvier  1844,  t.  XVIII, 
p.  67). 


36 

DanslegenreEoliclinedeM.de  Quatrefages,  dit  M.  Milne-Edwards  (I), 
«  il  existe  un  ccBur  el  des  arteres  bien  conslilues,  mais  pas  de  veines 
»  proprement  dites,  et  le  sang  ne  revient  des  diverses  parties  du  corps 
p  que  par  un  sysleme  de  lacunes  irregulieres,  disposition  tout  a  fait  ana- 
»  logue  a  celle  dont  les  Crustacds  nous  avaient  d^ja  fourni  un  exemple. 
»  Enfin,  dans  d'autres  esptees,  que  M.  de  Qualrefages  a  decouvertes  sur 
»  les  cotes  de  la  Bretagne ,  le  cceur  et  les  arteres  disparaissent  a  leur 
»  tour ;  de  sorte  que  la  circulation  devient  des  plus  incompletes  et  res- 
»  semble  a  celle  qu'on  apercoitchez  lesBryozoaires.  » 

Ainsi,  vous  levoyez,  plus  de  doute  raaintenant,  phlebentere  veut  bien 
dire  circulation  imparfaite  ou  nulle,  puisque,  pour  le  savant  academi- 
cien  aussi,  le  cceur  et  les  arteres  disparaissent  a  leur  (our  (p.  75) 
chez  qtielques-uns  de  ces  animaux.  Ainsi  voila  des  animaux  qui,  sauf 
le  volume,  ne  s'eloignent  pas  essentiellementde  la  conformation  g^nerale 
des  Limaces,  sauf  les  cas  oil  existent  les  appendices  branchiaux  exl^rieurs 
qui  se  trouvent  organises  interieurement  comme  les  derniers  des  Mollus- 
ques,  commedes  Mollusques  que  beaucoup  d'auleurs  ne  veulent  pas  en- 
core regarder  comme  des  Malacozoairos  et  maintiennent  encore  dans  la 
classe  des  Polypes.  On  se  demande,  en  lisant  ces  lignes,  si  Cuvier,  qui  di- 
sait,  avec  tous  les  anatomistesanterieurs  :  il  est  evident  que  Vharmonie 
convenable  entre  les  organes  qui  agissent  les  uns  sur  les  autres  estune 
condition  necessaire  de  V existence  de  Vetre  auquel  ils  appartiennent  (2) , 
evit  pu  reconnailre  ia  les  paroles  de  ses  disciples.  Ainsi,  voila  des  animaux 
Mollusques  gasteropodes  exl^rieurementqui  se  trouvent,  de  la  mani^re  la 
plus  inattendue,  organises  interieurement,  quant  a  la  circulation,  a  peu  pr6s 
comme  des  etres  que  M.  Milne-Edwards  retire  de  la  classe  des  Polypes , 
parce  qu'ils  sent,  comme  les  Mollusques,  pourvus  d'unintestin  possedant 
un  anus  lateral,  et  ont  un  cceur  tubuleux,  dou6  de  contractions  vermicu- 
laires. 

Voila  des  Mollusques  gasteropodes,  dont  quelques-uns  se  trouveraient 
m^me  depourvus  danus,  tandis  que  les  tous  derniers  mollusques  en  ont 
un  qui  sert  a  les  classer.  Mais,  du  reste,  les  derniers  passages  du  mepioire 
sur  \es  phlebenteres  nousmontrent,  contrairement  aux  pages  qui  les  pr6- 
cedaient,  que  I'absence  de  cetanus  n'est  pas  tr^s-certaine.  Aussi  le  rap- 


(1)  Loc.  cit.,  I8i4,  p.  75. 

(2)  Cuvier,  Anat.  coMPARiiE,  2»  uflit.,  t.  1, 1835,  p.  50. 


37 

port  a  TAcademie  des  sciences  n'en  fait  pas  mention,  et  d^sormais  nous 
n'entendrons  parler  que  fort  peu  de  celte  partie  importante  du  lube  diges- 
tif. Voici  en  effet  en  quels  lermes  continue  M.  Milne-Edwards  (1) : 

«  Ces  modifications  del'appareil  circulaloire  entrainent  pour  ainsidire 
»  a  ieur  suite  une  degradation  correspondante  dans  la  structure  des  orga- 
»  nes  de  la  respiration.  Chez  lesMoiiusquesordinaires,  ies  rapports  entre 
»  I'air  et  le  fluide  nourricier  s'etablissent  par  I'intermediaire  d'un  reseau 
»  de  vaisseaux  capiilaires  tr6s-developpes  et  disposes  de  maniere  a  con- 
»  stituer  des  branchies  ou  des  poches  pulmonaires. 

«  Dans  ies  Gasteropodes,  dont  M.  de  Quatrefages  a  fait  connaitre  !a 
»  structure,  il  n'existe  rien  de  sembiable  :  tantot  la  respiration  est  sim- 
»  plement  cutanee  et  parait  s'exercerpar  tous  Ies  points  de  la  surface  du 
»  corps;  tanlot,  au  conlraire,  elle  parait  6tre  plusou  moinscompletement 
»  localisee  el  devenir  I'apanage  d'appendices  particuliers  qui  recouvrent 
»  le  dos  de  I'animal ;  mais  lors  meme  que  celte  concentration  du  travail 
»  respiraloire  est  porlee  a  son  plus  haul  degre,  il  n'existe  aucun  reseau 
»  vasculaire  sembiable  a  celui  dont  Ies  branchies  ordinaires  sont  compo- 
»  sees,  et  la  nature  supplee  a  Vabsence  de  ces  vaisseaux  en  introdui- 
»  sant  dans  I'economie  une  combinaison  organique  que  jusque  dans 
n  ces  derniers  temps  Von  croyait  appartenir  exclusivement  aux  Me- 
n  duses  et  a  divers  Helminthes.  En  effet,  la  cavite  digestive  donne 
j>  alors  naissance  a  un  systeme  de  canaux  dont  Ies  rameaux  penetrent 
»  dans  Ies  appendices  branchiformes  du  dos  de  V animal,  et  y  portent 

»  DIHECTEMENT    LES  MATIERES  NUTRITIVES   QUI,  APRES   Y   AVOIR   SUBI   l'iN- 
>   FLUENCE  de  l'aIR,    DOIVENT  SE  DISTRIBUER   dans  LES  DIFFERENTES  PAK- 

»  TIES  DU  CORPS  et  y  servir  a  Ventretien  de  la  vie.  » 

Ils'agit,  dans  ce  travail,  de  questions  de  doctrine  tellenientimportan- 
tes,  et  ies  doctrines  se  manifestent  d'une  maniere  si  intime  par  Ies  ex- 
pressions du  langage  qu'il  est  tres-important  de  remarquer  le  passage  ci- 
dessus.  II  se  rapporte,  en  eflfet,  directement  a  I'idee  de  iaquelle  derivent 
tous  lesautres  points  de  la  question.  Vous  le  voyez,  la  nature  supplee  a 
Vabsence  de  vaisseaux  par  I'appareil  gastro-vasculaire.  Celui-ci  est 
forme  par  un  systeme  de  canaux  dont  Ies  rameaux  penetrent  dans  Ies 
appendices  branchiformes  du  dos  de  I'animal  el  y  portent  directement 
Ies  matieres  nutritives  qui,  apres  y  avoir  subi  I'influence  de  I'air,  doi- 


'1    Milne-Edwards,  lapporlcitr,  iSii,  i>.  7.i. 


38 
vent  se  distribuer  dans  le  corps  et  y  servir  a  Ventretien  de  lavie.  Voila 
qui  est  texluel,  caracteristique  et  ne  saurait  laisser  de  doute.  II  n'y  a  pas 
deuxmanieres  d'interpreter  les attributions  physiologiques  que  Ton  donne 
a  cet  appareil.  C'esl  la  nature  qui  supplee  par  lui  a  I'absence  de  vaisseaux ; 
il  porte  directement  les  mati^res  nulrilivesdans  les  appendices  branchi- 
formes,  oil  elles  subissent  le  contact  de  I'air  et  de  la  vont  servir  a  I'entre- 
tien  de  la  vie,  en  se  dislribuant  dans  le  corps.  II  n'est  meme  pas  question 
la  du  foie  que  M.  de  Quatrefages  a  pourtant  exactement  decrit  comme 
formanl  une  couche  ou  des  amas  granuleux  a  la  surface  des  pociies  gastro- 
vasculaires  ou  des  ccecums  qui  vont  dans  les  branchies.  Aussi  I'appareil 
devienl  vasculo-gaslrique.  M.  Milne-Edwards  continue  en  ces  termes(l): 
«  Cesysteme  vasculo-gastrique,  dont  j'avais  dej^signale  I'existence  dans 
»  un  fiolidien  des  c6tes  de  Nice,  a  ete  etudie  d'une  maniere  plus  appro- 
I)  fondie  par  M.  de  Quatrefages :  11  parait  atteindre  son  plus  haul  degre  de 
»  d^veloppemenl  chez  les  Gasteropodes  que  cet  obiervateur  habile  a  de- 
»  signes  sous  le  nom  d'fiolidine;  mais  chez  d'autres  Mollusques,  con- 
»  struits  d'ailieurs  sur  lo  m^me  plan  general ,  cet  appareil  se  degrade  a 
»  son  tour,  et  quelques-nnes  des  formes  qu'il  affecte  rappellent  tout  a  fait 
»  la  disposition  de  la  cavile  digestive  chez  certaines  Sangsues  et  chez  di- 
^  verses  Planariees.  Dans  les  genres  Pavois  et  Chalide,  par  exemple,  M.  de 
»  Quatrefages  n'a  plus  trbuve  d'appendices  rameux  en  communication 
»  avec  la  cavite  digestive,  mais  seulement  deux  grandes  poclies  dans  I'in- 
»  l^rieur  desquelles  les  matiferes  alimentaires  pen^trent  et  s^journent 
»  pendant  quelqiie  temps.  » 

II  n'e.-it  pas  question  de  la  manifere  dont  elles  sorlent;  apres  avoir 
dit  qnelques  mots  du  sysleme  nerveux,  le  savant  rapporteur  continue 
ainsi  (1)  : 

«  Des  parlicularil^s  d'organisalion  de  cette  importance  doivent  neces- 
»  sairement  6lrc  reprcjenlees  dans  nos  m6:hodes  naturellcs.  Aussi  M.  de 
»  Quatrefages  a-t-il  6i6  conduit,  par  les  recherches  analomiques  dont  nous 
»  venons  de  rendre  compte,  a  proposer  un  ordre  nouveau  dans  la  classe 
»  des  Gasleropodes.  Ce  groupe,  que  notre  auleur  d^signe  sous  le  nom  de 
»  Phlebenleres,  pour  rcppeler  I'un  des  trails  les  plus  saiilanls  du  type 
»  ordinique,  abeaucoup  d'analogie  avec  la  division  des  Polybratiches  pr4- 


(1)  Milne-Edwards,  rapport  cite,  1844^.  75. 

(2)  Loe.  eit.,  p.  76, 


39 
»  cedemment  ^tablie  par  M.  deBlainville;  mais  en  est  different  sous  plu- 
»  sieurs  rapports  et  se  compose  deja  de  plusieurs  families  distinctes.  Le 
»  genre  Acteon,  que  Ton  avail  jusqu'a  present  confondu  avec  les  Aply- 
»  liens,  doit  y  prendre  place,  et,  suivant  toute  probability,  11  faudra  6ga- 
»  lement  y  faire  entrer  les  Glaucus,  les  Placobranches  et  tons  les  autres 
»  Gasleropodes  qui  sonl  d^pourvus  de  branchies  vasculaires;  enfin  cer- 
»  taines  Planaires  viendront  peut-elre  s'y  rattacher.  » 

«  Les  recherches  de  M.  de  Quatrefages  sur  les  Gast^ropodes  phieben- 
»  t^res  conduisent,  comme  on  le  voit,  a  des  resultats  fort  importants  pour 
»  I'histoire  desMollusques  ;  et  parmi  les  Iravaux  dont  la  zoologie  fut  en- 
»  richie  depuis  quelques  annees,  il  n'en  est  peut-^tre  aucun  qui  renferme 
»  un  nombre  aussi  considerable  de  faits  nouveaux  et  curieux.  » 

II  ne  faut  done  pas  Hre  ^tonne,  apr^scette  approbation,  de  voir  les  con- 
clusions du  rapport  adoptees  et  adoplee  aussi  la  proposition  additionnelle 
roncernant  I'importance  qu'il  y  aurait  a  faire  sur  les  phlebenteres  de  la 
Mediterranee  des  recherches  analogues  a  celles  dont  on  vient  de  voir 
indiquesles  principaux  resultats. 

§  XIX.  D'apres  cela,  I'institution  des  iois  zoologiques,  qui  n'ont  ja- 
mais cesse  de  se  liouver  exactes  quand  la  forme  et  la  situation  des  par- 
ties exterieures  n'a  pas  ete  etudi^e  trop  superficiellement,  semble  devoir 
^tre  impossible  dans  beaucoupde  cas.  Arrives  a  ce  point.  Ton  craint  de 
voir  I'anntomie  ne  plus  conduire  a  conclure  par  analogic  de  la  forme 
exl^rieure  d'un  animal  a  la  conformation  int^rieure  d'un  autre  qui  lui 
est  analogue  exlerieuremenl.  Mais  surlout  la  Zoologie  ne  pourra  plus 
(par  une  reaction  si  frequenle  et  si  utile  dans  ies  sciences  qui  se  lou- 
chent  sans  se  confondre),  la  Zoologie,  dis-je,   ne  pourra  plus  r^agir 
salutairement  sur  I'anatomie  pour  la  conduire  a  donner  plus  d'homo- 
geneite  et  d'intimile  aux  relations  purement  analomiques  et  physio- 
logiques,  que  les  Anatomistes  doivent  toujours  tendre  a  elabiir  enlre 
la  structure  interne,  d'une  part,  puis  la  structure  et  les  actes  ext^- 
rieurs,   accessibles  a  nos   sens,  d'autre  part.  L'Anatomie  absorbe  la 
Zoologie;  Ton  appuie  [ainsi,  implicitement,  les  pretendus  principes  des 
auteurs   qui  pensent  qu'on  ne  saurait  etablir  de  dirtinclion    entre  la 
Zoologie  et  I'Anatomie  ;   de  ceux  qui,  pour  etablir  des  genres  et  des 
families,  se  plaisent  a  puiser  les  caract^res  distinctifs  dans  la  forme, 
le  volume  et  autres  carac:6res  du  systeme  nerveux  central,  de  I'intes- 
tin,  etc.,  parce  que  ces  organes  presentent  des  dilf^reuoes  d'une  espece , 
d'Dii  genre,  d'une  farnille  a  I'autre.  Pour  classer  un  animal  done,  vous 


liO 

commencerez  par  le  dissequer ;  le  mot  entero-branchiata  vous  I'in- 
dique,  car  il  faudra  que  vous  alliez  voir  si  cet  animal  a  une  portion  de 
rintestin  dans  ses  branchies. 

§  XX. — Des  la  fin  du  mois  de  join  de  la  m^me  ann^e  1 844,  M.  de  Quatre- 
fages  rcmplissant  sa  mission  ecrivait  de  Sicile  une  iettre  inseree  dans  les 
Comptes  rendusde  I'Academie  des  sciences,  numero  dul5  juill.  1844  (1). 
Dans  cette  letlre  M.  de  Quatrefages  dit  en  parlant  des  phlebenleres  :  «  Pius 
»  heureuxque  jen'auraisos6resperer,j'en  airecueilli  vingt-et-une especes 
»  nouveiies.dont  un  petit  nombre  seulement  rentrera  dans  les  genres  con- 
»  nus.  Toutes  ces  especes  ont  ete  etudiees  par  moi  dans  les  plus  grands  de- 
»  tails,  et  ;e  possede  I'anatomie  complete  de  prefque  toutes.  En  presentant 
»  a  TAcademie  quelques-uns  des  principaux  r^sultats  auxquels  je  suis 
»  parvenu,  j'ajouterai  que  M.  Milne-Edwards,  avec  qui  je  parcours  les  c6tes 
»  de  la  Sicile,  a  bien  voulu  verifier  mes  observations.  »  (P.  190.) 

Vient  ensuite  la  description  generale  de  I'intestin.  L'anus  est  toujours 
dorsal,  tanlot  sur  la  ligne  mediane,  tantot  a  droite  de  cette  ligne.  Le  foie 
est  represent^,  «  chez  les  Enterobranches,  par  les  masses  glandulaires  qui 
»  entourent  les  coecums  branchiaux,  et  chez  les  Dermobranches  par  la 
»  membrane  granuleuse  qui  fail  parlie  des  parois  des  grandes  poclies  in- 
»  testinales.  »(P.  190.) 

A  I'appareil  digestif  et  a  chacun  des  autres  appareils  est  destine,  dans 
cette  Iettre,  un  paragraphe  special.  Or,  a  I'appareil  gastro-vasculaire  est 
destine  un  paragraphe  particulier  au  meme  titro  qu'au  digestif,  qu'au 
circulatoire,  qu'a  celiii  de  la  generation,  etc...  Sa  description  ne  presents 
rien  de  nouveau,  que  I'insistance  avcc  laquelle  I'auteiir  montre  que  chez 
I'Acleon  les  rameaux  des  troncs  gastro-vasculaircs  vont  tapisser  toute  la 
surface  du  corps.  (P.  191.) 

«  III.  Appareil  circulatoire.  Cet  appareil  n'exisfe  pas,  meme  a  I'^tat 
»  rudimentaire  ,  chez  le  puis  grand  nombre  des  phlebenleres.  Dans  une 
»  grande  erpece  j'ai  trouve  un  coeur  et  des  arteres  presentant  la  disposi- 
»  lion  que  j'ai  decrite  chez  I'fiolidine  paradoxale.  Dans  quelques  autres 
»  especes,  le  coeur  cxislait  seul ;  toule  trace  de  sysleme  vasculaire  avail 
»  disparu.  »  (P.  191). 

« IV.  Caracteres  exierieurs.  Par  I'ensemble  de  leurs  caracteres  exle- 
srieurs,  les  mollusques  dont  nous  parlons  rappellenl  les  Gast^ropodes 

(I)  De  Quatrefages,  Sur  les  mollusques  CAsrtROPODES.  (C.  r.  des  seances  de 
I'Acad.  des  sciences  dc  Paris,  184i,  t.  XIX,  p.  190-193). 


41 

»  nudib  ranches.  Ilss'en  distinguent  par  la  tendance  a  la  symetrie  binaire 
»  lalerale  des  organes  exlerieurs,  eta  la  repetition  en  s6rie  longiludinaie 
»  de  ces  memes  organes.  »  (P.  4  92.) 

Voici  maintenant  les  conclusions  de  ce  travail  : 

«  1°  Chez  tous  les  Mollusques  gasteropodes  phlebenteres,  la  fonclion  i!e 
»  digestion  se  confond,  pour  ainsi  dire,  aveccelles  de  la  respiration  etde 
»  la  circulation.  C'est  1^  le  caraclere  dominateur  de  ce  groupe.  »  (P.  192.) 

«  2°  Cette  esp6ce  de  fusio'i  entraine  la  disparition  des  organes  respira- 
»  toires  proprement  dits.  Aiicun  phlebentere,  n'a  de  branchies  dans  I'ac- 
»  ception  ordinaire  de  ce  mot.  » 

On  se  demande  ici  pourquoi  I'auteur  rejelte  la  determination  des  ap- 
pendices dorsaux,  comme  branchies,  par  la  seiile  raison  qu'ils  n'ont  pas 
de  vaisseaux  comme  celles  des  autres  Mollusques,  lorsqu'il  appelle  una 
famille  de  ses  phlebenteres  du  nom  d'enterobravches.  On  appelle  le  tube 
digestif  et  ses  annexes  du  nom  d'appareil  digestif,  parce  qu'on  y  voit  s'ope- 
rer  une  ensemble  d'actes  qui  ont  un  resultat  unique  appele  digestion;  il 
en  est  do  menie  pour  la  Irachee,  le  poumon,  etc.,  qu'on  appelle  appareil 
respiratoire,  parce  que  I'ensemble  des  actes  qui  s'y  passe  a  ete  appele 
re«p/rfl/(on  avant  qu'on  eiitdisseque  tout  I'appareil.  En  un  mot,  I'histoire 
des  sciences  monlre  que  les  appareils  ont  ete  determines  anatomiquement, 
et  ont  ete  nommes  successivement  d'apr^sla  determination  de  leur  fonc- 
tion.  Pourquoi  done  refuser  le  nom  de  branchie  a  un  organe  oil  cependant 
on  reconnaitque  sefait  la  respiration? qu'importe  I'absence  des  vaisseaux 
proprement  dits,  si  c'est  la  que  s'opere  la  fonction?  Du  reste,  nous  verrons 
qu'il  s'y  trouve  reellement  des  vaisseaux. 

»  3»  Par  la  m^me  raison  (celle  d'absence  d'orgnnes  respiratoires  pro- 
»  prement  dits),  I'appareil  circulatoire  sesimplifie  progressivement,  jus- 
»  qu'd  son  annihilation  complete.  Aucun  phlebentere  ne  possede  de 

»  VEINES;    LES  ARTERES   ET  LE   CCKDR    MEME   DISPARAISSENT   dunS    le   plus 

n  grand  nombre.  Quand  ils  existent,  ce  ne  sonlplus  que  des  organes 
»  destines  a  agiter,  dmelanger  le  sang  ;  ils  n'ont  pas  d'auire  fonction 
»  que  levaisseau  dorsal  des  Insectes.  «  (P.  192.) 

«  40  Chez  les  enterobranches,  la  division  de  I'appareil  digestif  entraine 
»  le  morcellement  du  foie  ;  chez  les  dermobranches,  cetie  glande  ne  forme 
>  qu'une  portion  des  parois  des  poches  gastro-vasculaires  abdominales. 
»  Chez  aucun  phlebentere  le  foie  n'eiiste  comme  organe  distinct.  Dans 
»  rembrancbement  des  mollusques,  le  caractere  anatomique  appartient, 
»  jusqu'a  present,  exclusivement  au  gronpe  dont  nous  paiions.  » (P.  192.1 


42 

«  B"  L'appareil  reproducteur  est  toujours  asymetrique  chez  les  phl^- 
»  benler^s.  A  celte  exception  pres,  les  organes  tant  internes  qu'externes, 
»  presenlent  une  symetrie  iaterale  binaire,  qui  serait  entiere  si  I'anus  ne 
»  se  portait  queiquefois  a  droite  de  la  ligne  mediane.  Ceux  de  ces  moilus- 
»  ques  qui  possedent  des  organes  exterieurs  multiples  tendent  en  outre  a 
»  les  repeter  en  serie  longitudinale.  Ces  deux  tendances  rapprochent  les 
»  phlebenteres  du  type  des  animaux  annel^s.  Remarquons  ici  que  parmi 
»  les  gasteropodes  medibranches,  il  en  est  qui  rappellent  les  phlebenteres 
»  par  la  disposition  symetrique  de  certains  organes  exterieurs.  Les  quel- 
»  ques  especes  qui,  sous  ce  rapport,  presenlent  de  I'anaiogie  avec  nos 
»  moliusques,  s'en  rapprochent  en  outre  queiquefois  par  leur  organisa- 
»  tion  interieure.  Ce  sont  des  lermes  de  transition  destines  a  rattacher 
»  Tune  a  I'autre  deux  series  d'ailleurs  parfaitement  distinctes.  »  (P.  193). 

§  XXI.  Ainsi,  messieurs,  vous  le  voyez,  l'appareil  gastro-vasculaire 
existe  partout,  il  est  Ir^s-developpe,  soit  sous  forme  de  sacs  remplissanl 
I'abdomen,  soit  sous  forme  de  ramifications  distribuees  dans  les  tissus; 
l'appareil  circulatoire  se  simplifie  progressivement  jusqu'd  son  anni- 
hilation complete;  aucun  phlebentere  ne  possede  de  veines,  le  cceur  et 
les  arteres  memes  disparaissent  dans  le  plus  grand  nombre.  La  fone- 
iion  de  digestion  se  confond  pour  ainsi  dire  avec  celles  de  la  respira- 
tion et  de  la  circulation.  Cest  la  le  caraclere  dominateur  du  groupe. 
Voila  des  phrases  textuelles  (p.  192)  qui  ne  laissent  pas  de  doiite  a  I'es- 
prit;  rien  de  plus  clair,  et  M.  Milne- Edwards  a  bien  voulu  verifier  ces 
observations.  (P.  190.)  En  voyant  un  pareil  appui,  avec  des  garanties 
telles,  il  ne  fiuil  pas  etre  etonne  de  voir  la  question  grandir  el  bienldt 
prendre  des  proportions  considerables.  Sous  de  pareilles  impulsions,  elle 
arrive  rapidement  a  son  apogee.  La  pluparl  des  savants  s'en  emeuvent. 
Ceux  qui,  a  I'exemple  de  M.  deBlainville,  etaient  pourvus  d'une  doctrine 
susceptible  d'embrasser  Tensemble  des  faits  anatomique^,  et  de  les  relier 
scientifiquement  a  I'ensenible  des  fails  zoologiques,  ceux-la  se  conlentent 
de  laisser  passer  la  question;  iislajugent  d  priori,  comme  etrange  en 
elle-meme,  contraire  au  bon  sens  et  perversible  pour  tout  ce  qu'on  a  pu 
apprendre  jusqu'a  ce  jour.  D'autres,  imbus  des  principes  reconnus  vrais 
jusqu'a  ce  jour,  de  la  correlation  inlimo  desappareiis  profonds  enlre  eux, 
de  ceux-ci  avec  les  organes  superficiels,  mais  moins  au  courant  de  I'elude 
de  ces  etres,  nient,  mais  avec  doute,  ou  reslent  dans  I'inquietude.  La 
difference  reelle  qui  separe  la  maniere  d'etudier  les  etres  les  plus  simples 
des  ^tres  complexes,  difference  en  rapport  avec  la  nature  plus  delicate 


43 

des  tissus,  exageree  par  les  fauteurs  des  doctrines  contraires,  au  point 
de  sembler  exiger  une  nouvelle  speciality  d'anatomistes,  devient  un  argu-r 
ment  qui  parait  devoir  ecraser  toute  repliqiie,  at  reduit  au  silence  qui- 
conque  n"a  vu  de  lui-m^me  en  quoi  elle  consiste  posilivement. 

La  coordinalion  des  fails  anatomiques  et  zoologiques  existant  avait, 
jusqii'a  ce  jour,  fait  progresser  la  Biologie  aussi  regulierement  que  loules 
les  sciences  inorganiques,  quoique  plus  lentement,  vu  le  plus  grand  nom- 
bre  des  difficultes  et  le  champ  plus  vaste  aux  divagations  metaphysiques 
de  toute  sorte  auxquelles  peuvent  donner  lieu  les  phenomenes  vilaux. 
Malgre  cela,  divers  savants,  loin  de  rester  dans  le  doute  et  I'indifference, 
loin  de  reconnaitre  qu'il  doit  y  avoir  quelques  modifications  a  apporter 
dans cesidees  qui  viennent  changer  loulacoup  lesfaits  admis  sans  les  rem- 
placcr  par  queique  chose  de  plus  melhodique,  les  admettent  sans  repu- 
gnance. En  cela,  zoologistes  comme  anatomisles  omettent  de  tenir  compte 
des  veritables  principes  de  doctrine  qui  reposent  sur  la  notion  exacte  de 
la  relation  des  appareils  dans  un  meme  organisme,  et  de  chaque  appareil 
dans  la  totality  des  etres. 

Arrivees  a  leur  apogee,  ces  idees-la  semblaient  vraiment  devoir  modi- 
fier singulierementla  science,  si,  par  des  moyens  quelconques,  elles  eus- 
sent  el6  soutenues  longtemps.  Elle  elit  au  moins  ete  retarded  queique 
temps  dans  ses  progres  par  la  direction  de  toutes  les  idees  sur  un  seul  point, 
si  des  anatomistes  et  zoologistes  depourvus  d'opinions  preconcues,  n'e- 
taient  venus  replacer  les  choses  sur  le  terrain  de  la  realite,  en  montrant 
ou  residait  la  cause  dt  I  a  deviation. 

§  XXII.  Nous  ailoRo  /oir,  sous  leur  influence,  se  manifesler  une  nou- 
velle periode.  Das  discussions  s'el;iblissent,  et  les  faits,  faits  si  nettement 
articules,  vont  decroilre  en  precision,  et  ce  changement  se  manifeste  au- 
tant  sur  les  faits  anatomiques  et  zoologiques  eux-memes  que  sur  les  hypo- 
theses qu'on  voulait  soutenir  a  leur  aide. 

Ici  les  difficultes  augmentent  et  pour  le  rapporteur  et  pour  le  lecteur. 
les  publications  se  mulliplient,  roulanl  toujours  sur  les  memos  faits, 
mais  avec  des  interpretations  diverses.  II  est  tout  nalurel  que,  croyant 
encore  a  une  partie  des  faits  signales  plus  haut  et  voyant  les  autres  ren- 
verses,  mais  remplac6s  par  d'aulres  plus  reels,  les  auteurs  cherchent 
a  defendreceux  qui  restent.  lis  cherchent  au  moins  a  defendre  et  sauver 
les  debris  des  idees  auxquelles  ils  servaient  de  point  d'appui,  mais  pour- 
tant  qui  decroissent  insensiblement,  avec  les  faits  soit  mal  decrits,  soil 
positifs,  mais  mal  interpretes,  qui  leur  servant  desoutien. 


Ici  alors  se  melentdans  la  discussion  des  interpretations  diverses  sou- 
vent  reeilement  obscures  et  vagues,  dans  iesquelles  des  comparaisons  de 
tout  genre  interviennent.  Ainsi,  par  exemple,  de  ce  que  les  Moliusques 
ont  un  appareil  gastro-vasculaire  comme  les  Meduses,  on  en  conclut  que 
les  Meduses  sent  de  tous  les  animnux  les  plus  phiebenleres;  car  tout 
animal  qui  a  des  ccecums  ou  dilatations  unilalerales  de  Tintestin  devient 
phlcbentere.  Mais  comment  soutenir  une  pareille  opinion,  s'il  est  demon- 
tre  que  ce  qu'on  appelle  des  prolongements  de  I'intestin  chez  ces  Molius- 
ques n'est  rien  autre  que  des  canaux  biliaires  plus  larges  que  chez  les 
Moliusques  voisins,  el  pouvant,  a  cause  de  cela,  se  laisser  parcourir  par 
les  aliments  ;  mais  qui,  par  leurs  insertions,  ramifications  et  rapports  avec 
les  Elements  du  foie,  restent  analogues  a  ceux  qui  sont  irop  etroils  pour 
cela? Ici  done  ccs  interpretations  peuvent  jeter  le  trouble  et  la  confusion 
dansl'esprit  de  ceux  qui  neconnaissent  pas  les  fails  par  cux-memes,  qui 
ne  les  connaissent  que  par  lecture  ou  par  oui-dire.  lis  peuvent  meme 
jeter  le  vague  dans  I'esprit  de  ceux  qui,  les  connaissantdirectement,  se 
laissent  aller  a  oublier  un  instant  les  grandes  verites.  modifiabies  dans  les 
details,  mais  invariables  au  fond  depuis  Aristote,  qui  constituent  les 
principes  de  la  science,  et  font  partiedes  doctrines  scienlifiques  positives. 
II  est  important  de  se  maintenir  dans  la  question  telle  que  voiis  venez  de 
la  voir  se  developper,  sans  se  laisser  entrainer  par  les  idees  accessoires 
auxquelles  louche  a  chaque  instant  la  question  principale,  c'est-a-dire  le 
remplacement  d'un  ou  deux  appareils  qui  disparaissenl  par  un  autre  qui 
prend  de  I'extension. 

§  XXIII.  Nous  avons  deja  nomme ,  encommen^ant,  I'un  desanimaux 
que  M.  de  Quatrefages  place  en  tele  de  ses  phlebenteres  :  c'est  VEolis 
cristata  ou  Janus  spinolce.  Nous  avons  vu  que  M.  Delie  Chiaje  avail 
figur^,  en  1842,  un  organe  ramifie  penetrant  dans  les  branchies  et  s'abou- 
chant  sur  les  c6tes  de  I'estomac  :  c'est  I'oigane  que  depuis  nous  avons  vu 
devenir  lappareil  gastro-vasculaire  de  M.  Milne-Edwards.  Or  le  texte 
qui  se  rapporte  it  celte  planche  ne  parut  qu'eni844  :  c'esi  le  volume  VllI 
de  I'HisTOiRE  DES  ANIMAUX  SANS  VERTEBRES  du  royaumc  de  Naples,  pu- 
blic par  M.  Delle  Cliiaje.  A  cetle  epoque,  M.  Delle  Cliiaje  connaissait  le 
m^moire  de  M.  de  Quatrefages  sur  Veolidine  paradoxale,  et  la  note  de 
M.  Milne-Edwards  sur  ce  qu'il  appelle  Yappareil  gastro-vasculaire  de 
la  Calliopec.  Sans  se  laisser  influencer  par  cettesinguliere  determination, 
M.  Delle  Chiaje  n'cn  continue  j'as  moins  a  considerer  cet  organe  comme 
elant  un  foie,  et  rien  autre  cliosc,  determination  non  encore  publiee 


lib 

pourtant,  et  qu'il  lui  aurait  6te  facile  ile  clianger  s'il  y  eiit  ou  doute 
pour  lui  sur  la  structure  et  les  fonctions  de  I'organe,  Voici  en  effet  ce 
qu'il  dit  en  ^844,  t.  VIII,  p.  9,  a  propos  de  VEolis  cristata  : 

«  La  singuliere  disposition  de  I'appareil  hepatique  enlre  les  lamelles 
»  branchiales  fut  indiquee  par  moi  dans  la  Pleurophyllidie  en  1 823  {loc. 
y>  cit.),  mieux  examinee  par  Meckel  en  1826  [loc.  cii.),  puis  amplement 
»  demontree.  »  (Ici  Delle  Cliiaje  renvoie  au  passage  publie  e|Ll841,  que 
nous  avons  cite  plus  haul.)  «  Cette  disposition  singuliere  ne  m'avait  pas 
»  echappe  dans  les Eolides  de  Cuvier,  annelicorne,  Pellegrina,  et  dans 
»  les  cirrhes  de  celle-ci,  comnie  deja  cela  etait  connu  par  Cavolini.  Milne- 
»  Edwards  I'appelle  gaslro-vasculaire  dans  la  Caliiopee,  et  il  a  ete  mcr~ 
»  veilieusement  figure  par  de  Quatrefages  dans  VEoUdine.  Aux  c6les  de 
»  I'estomac  de  VEolide  a  crele,  s'abouchent  les  deux  troncs  hepatiques 
»  lineaires,  d'un  jaune  brunatre,  derives  d'un  canal  droit  lateral  et  d'un 
»  autre  gauche  identique,  etendu  de  la  partie  anlerieure  des  corps  jus- 
»  qii'a  la  queue,  ou  ils  s'unissent; sans  parlerd'un  rameau  anastomotique 
»  transverse  place  au-dessus  de  I'anus.  Exterieurement  tout  vase  hepa- 
»  tique  a  une  serie  de  petits  canalicules;  chacun  se  subdivise  en  quatre, 
»  dislribu^s  a  la  petite  lamelle  correspondanle,  et  ils  finissent  en  se  rami- 
»  fiant  dichotomiquement.  Le  petit  tronc  du  ccecum  doi'sul,  qui  apparail 
»  impair  diinsl'extremite  de  la  queue,  communique  au  milieu  de  chacun 
»  des  arcs  des  cirrhes  de  VEolide  napolitaine,  et  de  pareils  petits  ra- 
»  meaux  hepatiques  s'y  abouclient,  commc  aussi  ceux  qui  arrivent  des 
»  c6les  du  pied  communiquent  dans  le  conduit  hepatique,  deja  mentionn^, 
B  des  arcs  des  cirrhes. 

»  A  la  convexite  de  ces  arcs,  se  terminent  les  pelils  conduits  pinnali- 
»  fides  des  cirrhes,  et  divers  autres  minces  ramicelles  de  leur  concavile. 
»  II  est  bon  d'averlir  que,  dans  le  conduit  du  seu!  premier  arc,  s'abou- 
»  che  un  gros  Ironcbiparli,  dontlerameau  inferieur  recueille  lesramus- 
»  cules  du  pied,  et  le  superieur  celui  des  tentacules  frontaux  et  cervicaux, 
»  outre  le  reseau  cutane  admirable  dont  est  brodee  la  region  anterieure 
r>  du  corps,  el  se  repand  au  dela  de  la  poche  cardiaque.  En  raison  de 
»  I'exislence  d'un  canal  particulier,  la  bile  est  port^e  dans  I'oesophage. 
»  Le  foie  est  simplement  tubulo-granuleux  dans  les  Eolis  pellegrina  et 
»  laciniata.  »  (Delle  Chiaje,  p.  10.) 

Dans  I'explicalion  des  planches,  Delle  Chiaje  n'a  pas  plus  de  doute  sur 
I'interpr^lalion  de  ces  conduits  ramifies,  comme  ^tant  un  foie  dispose  en 
ramifications.  A  part  les  mots  cit^s  plus  haul  surM.  Milne-Edwards  et 


46 

M.  de  Qualrefages,  il  ne  fait  plus  mention  de  leur  determination  du  m6me 
organe  comme  appareil  gastro-vasculaire.  Sans  se  iivrer  ^  aucune  hy- 
polh^se,  il  decrit  Torgane ,  et  d'apres  son  analogie  avec  le  foie  d'aulres 
Mollusques  (Pleurophyllidies),  d'apres  la  couleur  du  tissu,  si  canicl^ris- 
tique  partout  oil  on  rencontre  les  elements  du  foie,  ni6me  reduit  a  une 
couchede  cellules  hepaliques,  il  determine  I'organe  comme  clant  un  foie. 
A  la  page  11,  1844,  explication  de  la  pi.  73,  il  monlre  «  V appareil  he- 
patique  gf^cieusemenl  eparpille  sur  les  parlies  deja  cilees;  avec  la  pre- 
miere ramification  branchiale,  s'ahouchant  dans  roesopbage  par  le  con- 
duit signale  plus  haul.  »  Pour  VEolis  pellegrina,  il  dit  :  «  19  d  est  le 
cirrhe  dorsal  isole,  avec  son  canal  hepatique.  Vour  ['eolis  laciniata,  ii 
dit :  29  c  est  le  cirrhe  dorsal  grossi,  contenant  un  groupe  de  corpus- 
cules  a,  outre  I'appareil  hepatique.  » 

Nous  avons  cile  ce  passage  du  naturaliste  italien,  avant  lous  les  tra- 
vaux  sur  ce  sujet  publics  en  1844,  pour  faire  sentir  que,  avant  de  con- 
naltre  I'extension  singuli^re  donnee  plus  tard  aux  deductions  tirees  d'une 
vicieuse  determination  du  foie,  un  anatomiste  a  pu  ne  pas  se  laisser  in- 
fluencer  par  I'idee  d'appareil  gastro-vasculaire.  filoigne  du  lieu  de  la 
discussion,  et  sans  connailre  les  doutes  qui  se  repandaient  alors  sur  ce 
pretendu  appareil,  il  a  pu  rester  dans  le  vrai  en  se  guidant  sur  Tanalo- 
gie,  et  ne  voir  la  qu'un  foie  d'une  disposition  particuliere,  mais  non  sans 
analogue. 

§  XXIV.  Du  reste,  des  le  mois  d'octobre  1843,  MM.  Alder  et  Han- 
cock montrerent  que  I'anus  de  VEolidine  paradoxale  n'est  pas  situ6  sur 
la  ligne  mediane  du  corps ,  au  bout  du  vaisseau  central  de  i'appareil 
gastro-vasculaire,  mais  qu'il  a  la  meme  place  que  dans  les  autres  genres, 
c'est-a-dire  sur  le  c6l6.  lis  pensent  que  cet  animal  ne  doit  pas  former  un 
genre  a  part,  mais  doit  indubilablement  elre  consideie  comme  apparle- 
nant  au  genre  Eolis  {]).  Nul  fait  n'est  venu  depuis  lors  contredire  ce 
qu'avancent  ces  auteurs,  et  M.  de  Quatrefages,  qui,  a  la  fin  de  la 
publication  de  son  memoire  sur  les  phlebent^res,  connaissait  ce  tra- 
vail, n'a  fait  que  demander  s'lls  n'avaient  pas  pris  I'orifice  genital 
pour  I'anus,  supposition  que  rien  n'est  venu  verifier,  ainsi  que  nous  le 
verrons. 
Au  mois  d'aoiit  de  I'annee  1844,  en  mSme  temps  que  M.  Souleyet,  dont 

(1)  Alder  et  Hancock,  Notice  of  x  British  species  of  CiauoPiEA.  (Ann.  a«d 
Magazine  of  nat.  bistort,  1843,  vol.  XII,  p.  238. 


1x1 
nous  allons  analyser  les  travaux,  MM.  Alder  et  Hancock  publient  un  nou- 
veau  travail  sur  le  genre  feolidine  {\).  lis  montrent  d'abord  que  ce  n'est 
pas  un  genre  nouveau  dont  I'animal  doit  6tre  le  type  ;  car  il  n'est  rien 
autre  qu'une  £olis  observee  imparfaitement.  lis  montrent  qu'il  a  pris 
la  bouche  pour  restomac;  puis,  parlanl  de  I'inlestin,  ils  font  allusion  au 
passage  suivant  de  M.  de  Quatrefa^es  (Memoire  sur  l'eolidine  pa- 
RADOXALE,  1843,  p.  306  el  307),  dans  lequel  ce  naturaliste  dit  :  «  Je 
pense  que,  comme  chez  certains  Radiaires,  tels  que  les  Edwarsies,  il  se 
fait  chez  I'fiolidine  un  premier  depart  des  aliments,  dans  lequel  les  par- 
ties les  plusgrossidres  reslent  dans  le  biilbe  stomacal  pour  etre  rejetees 
ail  dehors;  mais  de  plus  il  me  paratt  probable  qu'il  s'en  fait  un  second  a 
I'extremite  des  coecums  intestinaux.  En  effet,  le  liquide  qui  rempiit  la 
cavit^  de  I'organe  ovoide  (plus  lard  reconnu  par  M.  de  Quatrefages  (2) 
pour  un  orgyne  stylifcre)  ne  renferme  jamais  aucun  corpuscule  flottant.  » 

«  Ce  corps  ovoTde ,  dont  les  fonclions  paraissent  d'abord  assez  enig- 
»  matiques  ,  ne  recevrait  done  que  la  portion  la  plus  epuree  en  quelque 
»  sorte  des  liquides  de  la  digestion.  Si  maintenant  nous  observons,  en 
»  outre,  que  son  tissu  ,  d'un  aspect  essentiellement  spongieux  ,  est ,  selon 
»  toute  apparence,  compost  d'un  veritable  lacis  de  canalicuies  excessi- 
»  Yemeni  deli^s  ,  ne  serons-nous  pas  porl^s  a  le  considererco  mme  charge 
»  de  prendre  dans  les  produits  de  la  digestion  les  mat^riaux  propres  a 
J)  etre  verses  dans  le  torrent  de  la  circulation?  Si  celle  mani^re  de  voir 
»  est  exacte,cet  organe  representerait  a  la  fois  les  ramifications  veineuses 
»  et  les  vaisseaux  chyliferes,  qui,  chez  les  animaux  superieurs,  con- 
»  courent  a  I'absorplion  des  principes  alibiies  renferm6s  dans  les  ali- 
»  ments;  mais  place  immediatement  entre  les  organes  de  la  digestion  et 
»  le  sysleme  de  lacunas  qui  represente  ici  les  veines  des  veitebres,  ce  se- 
»  rait  a  I'appareil  chylifere  abdominal  qu'ondevraitsurtoutl'assimiler.  » 
(P.  307. 1843.) 

C'est  a  propos  de  ces  paragraphes  et  de  la  terminaison  de  I'intestin, 
que  les  savants  anglais  s'expriment  de  la  maniere  suivante  (page  127)  : 

Comment  done  M.  de  Quatrefages  considere-t-il  que  les  excrements 
sont  disposes  dans  Tfiolidine?  Si  nous  le  comprenons  bien  ,  il  a  recours  a 
I'idee  qu'ils  sont  vides  de  nouveau  par  la  bouche  comme  dans  quelques- 

(1)  Alder  et  Hancock,  Remarks  on  the  genus  eolidina,  of  M.  de  Quatrefages 
(meme  recueil,  aotit  1S44,  p.  125  et  suiv.). 

(2)  Comptes  reudus,  1844. 


un>  des  Radinires  et  des  Zoophytes;  une  telle  supposition  n'est-elle  pas 
contraire  a  loute  analogie  dans  un  animal  aussi  61eve  en  organisation  que 
ce  Mollusque"?  et  si  ceia  n'est  pas  ,  nous  demanderons  s'il  n'est  pas  beau- 
coup  plus  probable  que  M.  de  Quatrefages  a  mal  vu  le  veritable  inteslin 
et  I'anus  ,  lesquels  ,  vu  la  pelitesse  du  sujet  et  la  deiicatesse  de  ses  lissus, 
sont  difficiles  a  decouvrir,  que  de  supposer  I'existence  d'une  telle  ano- 
malie  dans  I'organisalion.  » 

Enfin  ,  ils  terminent  leur  travail  en  disant  que  M.  de  Quatrefages 
s'est  Irop  hdte  en  consid^rant  les  caract^res  des  MoUusques  dont  il 
parle  comme  degrades.  Nous  croyons  ,  disent-ils,  qu'il  est  aussi  dans 
I'erreur  lorsquil  est  encore  conduit  a  nier  Vexistence  du  coeur  el  des 
vaisseaux  dans  la Zephyrine.  (P.  429.) 

§  XXV.  La  meme  annee  1844,  M.  Souleyet  vint  montrer  que  les  fails 
admis  par  M.  de  Quatrefages  etaient  loin  d'etre  tous  vrais  (1).  II  montre 
que  dans  I'Folide  de  Cuvier,  espece  apparlenant  a  I'un  des  genres  des 
phlebenleies,  il  existe  un  cceur  et  une  oreillette  coninie  dans  les  autres 
MoUusques.  II  montre  qu'il  existe  des  vaisseaux  qui  se  rendent  des  bran- 
chiesdans  I'oreillette,  sans  que  jamais  le  sang  se  repande  dansla  cavile  du 
corps  pendant  ce  Irajet :  autant  de  fails  que  votre  commission  a  verifies. 

«  II  t'St  encore  possible,  dit  M.  Souleyet  (p.  3o7) ,  par  un  examen  Ires- 
»  altentif ,  de  reconnoitre  les  petils  vaisseaux  veineux  qui  des  visceres 
»  et  surtoiil  de  I'ovaire  se  rendent  dans  I'enveioppe  exterieure.  Mais 
»  je  crois  devoir  rappeler  aussi  que  ,  dans  la  plupart  des  MoUusques  , 
»  le  systeme  veineux  est  bcaucoup  moins  apparent  que  le  systeme 
»  arteriel ,  et  qu'il  arrive  assez  souvent,  comme  I'a  indique  M.  de 
»  Blainville  dans  son  Traite  de  malacologie  ,  que  les  parois  desvais- 
»  seaux  veineux  ,  deja  exlr^mement  minces,  se  confondent  en  outre  lel- 
»  lement  avec  le  tissu  des  parlies,  qu'il  devient  tr^s-dilTicile  de  les  recon- 
»  naiire  ;  le  plus  souvent  alors  ces  vaisseaux  veineux  ne  prennent 
»  I'apparence  de  vaisseaux  Men  distincts  que  dans  les  gros  troncs  qui 
»  se  rendent  aux  organes  respiatoires  lorsque  ceux-ci  sont  bien  cir- 
»  conscrits.  Mais  si  ces  organes  n'offrent  pas  ce  caractere  (d"6tre  bien  cir- 
»  conscrits) ,  comme  cela  a  lieu  evidemmenl  choz  les  Eolides,  le  systeme 
»  veineux  prt^sentera  necessaiiement  une  diffusion  analogue.  » 

(I)  Souleyet,  Observat.  sur  les  moll.  gastSrop.  design^s  sous  le  nom  de  phle- 
bent£i;es  par  M.  DE  QuATREFAGEs  (C.  T.  des  seanccs  (ie  I'Acad.  des  so.  de  Paris, 
184i,t.  XIX,  p.  ;J66). 


49 

Ainsi  voila  d^ja  une  esp6ce  dans  laquelle  il  n'y  a  pas  de  simplification 
de  I'appareil  circulatoire  autre  que  les  particularit^s  offertes  par  lous  les 
Mollusques. 

M.  Souleyet  niontre  en  outre  par  la  disposition  de  I'appareil  que  Ton  a 
appele  gastro-vasculaire ,  et  par  I'analogie,  que  c'est  simplement  un  ap- 
pareil  hepatiques ;  que  ces  canaux  h^patiques  ramifies  doivent  6tre  ap- 
peles  gastro-biliaires ,  car  on  les  Irouve  pieins  d'une  matiere  epaisse  et 
brunalre ,  et  ils  ont  la  couleur  du  foie  des  autres  Mollusques.  L'appareil 
circulatoire  existant,  on  ne  doit  done  pas  se  preoccuper  de  trouver  dans 
I'organisme  un  organe  qui  lo  romplace.  II  montre  en  outre  :  1"  que  M.  de 
Quatrefages  s'est  tromp6  en  faisant  ouvrir  ces  canaux  dans  Tintestin  ou 
la  cavity  buccale,  car  ils  s'ouvrent  dans  I'estomac;  fail  que  voire  com- 
mission a  constats  sur  les  pieces  de  M.  Souleyet,  De  plus ,  la  difference 
entre  la  constitution exterieure des  J?oiidme5  figur^e  parM.de  Quatrefages 
et  celle  des  fiolis  ,  n'est  pas  telle  qu'il  soit  imposible  de  juger  analogique- 
ment  de  I'anatomie  de  I'une  a  celle  de  I'autre ;  en  sorle  que  la  comparaison 
de  ses  dessins  anatomiques  aux  pieces  de  M.  Souleyet  nous  a  convaincu 
completement  de  I'exactitude  de  I'affirmation  de  ce  dernier  touchant  I'er- 
reur  dont  il  vient  d'etre  question.  2"  M.  Souleyet  montre  que  I'intestin  qui 
part  du  c6te  droit  de  restomac  est  court  et  va  s'ouvrir  au  c6te  droit  du 
corps  ,  pres  de  I'orifice  genital ;  il  fait  voir  que  ce  que  M.  de  Quatrefages  a 
pris  pourl'inlestin  n'est  autre  que  le  prolongementconique,  ofFert  par  I'ex- 
tr6mit6  post^rieure  de  I'estomac ;  prolongement  qui  s'avance  en  s'amincis- 
saritjusqu'aupresde  la  terminaisou  du  corps  de  I'animal  .maisqueiailn'y 
a  pas  d'ouverture.Ces  pr^tendues  ramifications  laterales,  appeles  gastro- 
vasculaires ,  sent  les  conduits  gastro-hepaliques ,  qui  sent  en  effet  tr6s- 
larges,  surtout  au  point  d'abouchement  dans  ce  prolongement  stomacal. 
Quant  au  canal  marginal ,  analogue  a  celui  des  Meduses ,  on  n'en  voit  pas 
trace.  Votre  commission  a  egalement  constate  ces  faits  de  la  maniere  la 
plus  nette  sur  les  pieces  de  M.  Souleyet.  On  pent  de  plus  faire  pour  eux, 
en  les  comparant  aux  dessins  de  M.  de  Quatrefages  ,  le  meme  raisonne- 
ment  que  nous  venons  de  faire  a  propos  de  I'appareil  gastro-hepatique. 
Quant  aux  faits  pris  en  eux-memes,  on  pent  les  considerer  comme  par- 
faitement  exacts,  et  il  en  est  de  meme  des  dessins  de  M.  Souleyet  qui  les 
representent ,  lesquels  portent  un  cachet  de  v^rite  qui  ne  laisse  rien  a  d6- 
sirer,  et  vraiment  tres-remarquable.  M.  Souleyet  traile  ensuite  (p.  360) 
de  I'anatomie  de  l'Acteon  vert  (Oken)  ou  £lysie  veute  (Risso)  ,  animal 
dont  I'anatomie  se  trouve  faite  aussi  dans  le  m(5nioire  de  M.  de  Quatre- 

U 


50 

fages  sur  ies  pbl^bent^r^s.  M.  Souleyet  montre  uq  sysl^me  vasculaire 
analogue  a  celui  des  eolis. 

II  montre:  I'que  la pochedorsale,consider6ecommerestomac parM.de 
Quatrefages,  est  un  organe  plac6  superficiellement  dans  les  teguments  du 
dos  de  I'animal.  De  cette  poche,  partent  des  ramifications  creuses  ,  fai- 
sant  relief  au-dessus  de  la  superficie  de  la  peau  ,  el  dont  les  subdivisions 
arrivent  jusqu'au  bord  du  manteau.  II  le  considere  comme  un  appareil 
respiratoire  a^rien  ,  car  cet  animal  n'a  pas  d'autre  organe  de  respiration  , 
et  les  vaisseaux  qui  en  viennent  \ont  se  jeter  dans  roreillette.  Cet  ap- 
pareil s'ouvre  au  dehors  par  un  orifice  que  presenle  la  poche  principale, 
orifice  place  un  peuen  arriere  de  I'iinus.  Les  ramifications  de  cet  organe 
ne  communiquent  nullement  avec  des  ramifications  en  coecum  et  renflees 
comme  le  figure  M.  de  Quatrefages.  II  n'y  ad'analogues  a  cesrenflements 
que  les  organes  v6siculeux  ampuUiformes  que  M.  Souleyet  demonlre  ap- 
parlenir  a  I'organe  sexuel  male. 

2o  II  fait  voir  que  I'intestin  a  echapp6  a  M.  de  Quatrefages.  En  efifet, 
I'estomac est tres-petit  dans  ce  moUusque, I'intestin,  tres-court,vapresque 
directement  s'ouvriraucoledroitdu  corps,  et  non  a  I'extremit^poaterieure 
du  corps,  comme  le  dit  M.  de  Quatrefages.  II  montre  de  plus  qu'il  y  a 
deux  orifices  genitaux  et  non  un  seul.  11  montre  le  foie  ramifi6,dislribue 
dans  les  parois  du  corps,  sous  forme  d'une  substance  verdcitre.  Les  rami- 
fications du  foie  sont  tr6s-nombreuses,  termin6es  en  cul-de-sac,  et  vont 
se  jeter  dans  deux  canaux  lat^raux,  lesquels  s'abouchent  de  chaque  c6te 
de  I'estomac.  Ces  canaux  gastro-hepatiques  sont  relativement  plus  elroils 
que  dans  les  fiolis,  et  11  nous  parait  douteux  que  les  aliments  y  puissent 
pendtrer  r^guli^rement. 

Nousavonspu  encore  con^tater  sur  les  pieces  deM.  Souleyet  I'exacti- 
tude  de  ce  qu'il  avance,  et  la  verite  de  ses  planches.  Nous  pouvons  en- 
core, 6n  comparant  les  dessins  et  les  descriptions  de  M.  de  Quatrefages, 
r6p6tef  le  mSme  raisonnement  deja  fait  a  propos  pe  I'anatomie  de  I'^olis. 
Nous  comprenons  aussi  que  M.  Souleyet,  se  basant  sur  I'anatomie  de  ces 
deux  animaux  compar^e  a  celle  publiee  par  M.  de  Quatrefages,  ait  pu 
dire  que  les  faits  signales  par  celui-ci  dans  I'organisation  de  ces  Mollus- 
ques  n'offrent  pas  un  degre  de  certitude  suQisant  pour  6tre  acceptes. 

En  se  basant  sur  I'analogie  de  ces  faits  anatomiques  avec  ceux  qu'on 
connaissait  chez  les  6tre  voisins,  labrievete  de  leur  enonce  eut  pu  suffire 
a  ceux  qui  continuent  a  se  baser  sur  les  principes  toujours  admis  en  ana- 
tomie  et  zoologie,  et  que  nul  effort  n'a  pu  encore  renverser.  Mais  il  n'en 


51 

a  rien  6t6.  Aux  fails  precedents,  M.  de  Quatrefagea  r^pond  d'abord  sur 
les  questions  de  principes  (1). 

1  °  II  pense  que  ce  n'est  pas  6tre  pouss6  parjune  preoccupation  systematique 
que  d'admettre  ce  qu'il  appelle  une  degradation  analogue  h  celle  admise 
chezlesMollusquesditsphlebenteres:  «  Sil'ensemble  du  regne  animal  (2), 
»  dit-il,  ne  formait  qu'une  seule  serie  s'^tendant  par  des  degradations 
»  successives,  des  premiers  mammiferes  aux  premiers  zoophytes,  ce  serait 
»  en  effet  seulement  a  I'extremite  de  cette  serie  que  Ton  pourrait  ren- 
»  contrer  des  simplifications  organiques  importantes ;  mais  il  n'en  est  pas 
»  ainsi.  Le  nombre  des  series  qui  composent  ce  grand  ensemble  est,  au 
»  contraire ,  assez  considerable;  chacune  des  series  porte  le  cachet  djua 
»  atype  particulier;  chacuned'ellesrenfermedesanimauxqui  presentent 
»  un  haut  degr6  les  caracteres  du  type  de  leur  serie,  et  des  animaux  chez 
»  lesquels  le  type  tend  a  s'effacer.  Presque  toutes  sedegradent  a  leur  ex- 
»  tremite  inferieure.  Or,  lorsque  Ton  compare  entre  elles  plusieurs  de 
»  ces  derni^res  series,  on  reconnaitque  la  degradation  a  toujours  lieu  par 
»  des  moyens  semblablesou  analogues.  » 

§  XXVI. — Est-il  question  ici  des  series  parall^les  qui  ont  apporte  un  si 
grand  perfectionnement  dans  la  classification  des  auimaux  de  chaque  em- 
branchement,  qui  se  succedent  depuis  les  Spongiaires  jusqu'aux  Verte- 
bres?  C'est  ce  qu'on  ne  saurait  dire.  Quoi  qu'il  en  soit,on  se  demande,  en 
lisant  ces  lignes,  comment  il  se  fait  que  depuis  le  temps  ou  Ton  s'est  mis 
amettre  en doutela complication croissantederorganisation,non  pasregu- 
liere  mais  certainement  croissante,  a  partir  des  6tres  les  plus  simples  jus- 
qu'a  I'homme,  Ton  ne  soil  pas  encore  parvenu  a  remplacercette  id^e  par  une 
autre  plus  nelte.  On  se  demande  comment  il  se  fait  que  personne  n'ait 
encore  etabli  d'une  maniere  quelconque ,  m^me  approximative,  ce  nom- 
bre assez  considerable  de  series  en  lesquelles  on  veut  decomposer  le  regne 
animal.  Puisque  nos  hypotheses  ne  sont  jamais  qu'approximatives  et  ne 
font  que  se  rapprocher  par  des  degr^s  successifs  de  la  realite ,  qu'elles 
expriment  sans  jamais  I'atteindre  d'une  maniere  absolue ,  m^me  en  As- 
tronomie  ,  il  faudrait  au  moins,  par  un  essai  prealable,  montrer  a  peu 
pres  la  direction  ci  suivre  pour  perfectionner  I'etablissement  des  series. 

(1)  De  Quatiefages,  Reponse  aux  observations  pr^sent^es  a  l'Academie  i>ar 
M.  SouLEYET  (Coraptes  rendus  des  seances  da  I'Acad.  des  sc.  de  Paris,  1844, 
t.  XIX,  p.  806). 

(2)  P.  807. 


52 

Ne  connut-on  qu'a  dix  ou  vingt  pri!s  ce  nombre  assez  considerable  do 
petits  ri'gncs  animaux  en  lesquels  on  veut  subdiviser  ie  gijnd,  que  ce  se- 
rait  deja  un  pas  important  de  fait.  Ccpendant,  c'est  en  vain  que  Ton  cher- 
che  un  ecrit  ou  quelque  chose  d'analogue  se  trouve  expose  pour  I'en- 
semble  des  etres,  de  mani^re  a  donner  une  id^e  des  6tres  vivants,  aussi 
satisfaisante  que  celle  qu'on  veut  detruire.  tvidemment  cetle  idee  ne  se 
moule  pas,  d'une  maniere  absolue ,  exactement  sur  tous  les  fails  qu'on 
rencontre;  mais  mieux  vaut  accepter  les  choses  telles  qu'elles  sent,  avec 
toutes  leurs  imperfections,  que  de  les  renverser  sans  les  remplacer  par 
rien.  Quel  que  vous  fassiez,  il  faudra  toujours  reconnaitreque  I'organisation 
des  Acalephes  est  plus  simple  que  celle  des  Mollusques,  et  doit  etre  eludiee 
avant  ou  apres,  selon  la  marche  adoptee,  puisqu'il  en  est  de  meme  de 
ceux-ci  par  rapport  aux  Articul^s,  etc.,  sauf  ensuite  a  disposer,  dans  cha- 
que  embranchement,  en  classification  parallelique  les  etres  de  chaque 
classe  qui  offrent  des  analogies  evidentes,  comme  les  Rongeurs  marsu- 
piaux  compares  aux  Rongeurs  ordiiiaires,  etc.... 

§XXVII. — M.deQuatrefages  repond  ensuite  a  un  autre  point  de  doctrine 
souleve  par  M.  Souleyet et  s'exprime  ainsi : «  En  resume,  M.  Souleyet  parait 
I  admettre  Vunite  de  la  serie  animate  et  la  Constance  des  groupes  ani- 
»  maux  secondaires.  J'admets  lapluralite  des  series  et  la  degradation 
»  de  plusieurs  d'entre  elles.  M.  Souleyet  semble  penser  quo  la  forme 
y>  exterieure  traduil  toujodrs  I'organisation  interieure.  Je  crois,  au  con- 

*  traire,  que,  dans  une  infinite  de  cas ,  la  forme  ge'ne'rale  du  corps  et 
»  I'organisation  interieure  sont  parfaitement  independantes  Vune  de 
»  de  Vautre.  >  (Page  808.) 

Voici  encore  un  passage  qui  n'est  pas  moine  digne  de  remarque  :  «  Ces 
»  particularites  d'organisation  isolent-elies  tellementles  Mollusques  phle- 
»  benteres,  qu'ilssoient  sans  analogues  dans  le  regne  animal?  Non  ccr- 
«  tes.  Mais  il  est  evident  que  ce  n'est  pas  dans  le  groupe  dont  ils  lendent 

•  a  s'^carter  qu'il  faut  chercher  ces  analogies ;  c'est  dans  des  groupes 
»  parfois  tr6s-61oign6s.  Ici  se  presenle  I'application  d'un  des  principes 
9  que  j'ai  formules  tout  a  I'heure.  Le  phlebente'risme  (qu'on  me  passe 
»  cette  expression),  est  un  fait  qui  se  retrouve  et  dans  le  r^gne  animal, 
T>  con5id(5re  dans  son  ensemble,  et  dans  plusieurs  des  series  secondaires 
»  ou  terliaires  qui  concourent  a  le  former.  Presque  parlout  nous  le  voyons 
»  coincider  avec  une  degradation  manifeste  de  I'organisme  cnlier ;  presque 
»  toujours  il  coincide  avec  la  disparution  tolale  ou  partielle  des  or- 
B  ganes  utnquement destines  a  la  respiration ;presgue  toujours  il  coin- 


53 
»  cide  avec  la  simplification  ou  V annihilation  complete  des  organes  de 
»  la  circulation.  »  (Page  809.) 

Voila  un  passage  remarquable  et  que  nous  ne  citerions  pas  si  Ton  ne  re- 
marquait  que  la  question  va  s'etendre  de  plus  en  plus  et  devenir  moins 
nette.  Du  reste,  quant  a  ce  qui  concerne  les  Mollusques,  il  va  se  trouver 
qu'on  demontre  successivement  un  appareil  circulatoiredans  tous,  et  que 
les  mollusques  phlebenteres  ne  sont  nullement  phlebenteres  sous  ce  rap- 
port; puis,  d'autre  part,  cet  appareil  n'est  pas  plus  simplifi6  que  celui  des 
autres  Mollusques.  N'est-il  pas  remarquable  aussi  de  voir  que  ce  n'est  plus 
dans  le  groupe  des  Mollusques  qu'il  faut  ciiercher  des  etres  analogues  aux 
Mollusques,  mais  dans  des  groupes  parfois  tres-^loignes? 

Nous  avons  d^ja  signal^  ce  passage  dans  lequel  M.  de  Quatrefages, 
apres  avoir  parle  de  I'estomac  aveugle  des  Zephyrines,  des  Acteons ,  fait 
mention  de  I'existenee  possible  de  I'anus  et  de  cette  particularite  que  la 
difBculle  ci  le  voir  indique  au  moins  qu'il  est  tres-petit,  ce  qui  rapproche 
ces  Mollusques  des  Meduses.  II  repond  a  M.  Souleyet,  qui  fait  allusion  a 
ce  fait  :  «  En  tout  cas,  ce  ne  serait  pas  I'absence  d'anus  qui  m'aurait  fait 
rapprocher  les  phlebent^rdfs  des  Meduses,  mode  de  raisonnement  que  me 
»  prete  M.  Souleyet,  puisque,  bien  loin  de  manquer  d'anus,  les  Meduses 
»  en  ont  plusieurs.  C'est  au  contraire  en  m'appuyant  sur  ce  dernier  fait 
»  que  j'ai  employe  le  raisonnement  diametralement  oppose,  a  propos  de 
»  quelques  observations  de  MM.  Alder  et  Hancock.  »  (P.  810.) 

Du  reste,  nous  avons  vu  tout  a  I'heure  quedeja  en  SicileM.  de  Quatre- 
fages avait  trouve  un  anus  chez  des  Mollusques  voisins  de  ceux  auxquels  il 
n'en  a  ni  figure  ni  decrit  dans  le  raemoire  sur  les  phlebenteres,  mais 
dont  il  avait  pourtant  soupconne  I'existenee.  Les  textes  contradic- 
toires  que  nous  avons  cites  donnenl  beaucoup  trop  lieu  a  discussions  in- 
terminables,  pour  que  nous  ne  prenions  pas  note  de  cette  concession,  afin 
de  n'y  plus  revenir.  N'oublions  pas  de  signaler  aussi  que,  dans  une  note 
de  la  mSme  page  811  des  Comptes  rendus,  M.  de  Quatrefages  reconnatt 
avoir,  depuis  ses  premiers  travaux,  trouve  que  I'anus  de  VEolidine  pa- 
radoxale  est  place  non  pas  sur  la  ligne  mediane,  mais  bien  sur  le  cote  a 
droiie,  entredeux  rangs  de  cirrhes  branchiaux.  Ceci  doit,  ainsiquevous 
le  voyez,  enlever  beaucoup  de  cette  symetrie  bilat^rale  a  I'animal,  et  fait 
n^cessairement  disparaitre  cette  analogie  si  souvent  signalee  avec  leg 
Annelos.  Pourquoi  done  encore  cette  expression  de  cirrhes  branchiaux, 
quand  on  refuse  a  col  animal  des  branchies  proprement  dites?Nous  som- 
mes  obliges  dc  tenir  comptc  des  expressions,  par  la  raison  loute  simple 


54 
que,  dans  une  discussion  oii  Ton  cherche  a  montrer  que  des  animaux  ne 
sont  pas  organises,  comme  ceux  qui  leur  ressemblent,  par  la  forme  ext6- 
rieure,  les  termes  doivent  6tre  nets.  Autremenl  le  veritable  sujet  devient 
hisaisissable,  et  ['incertitude  s'etend  sur  toutesses  parlies. 

M.  de  Quatrefages  montre  ensuite  qu'il  a  exactement  reconnu  que  les 
organes  ovoTdes  des  appendices  branchiaux  sont  perfores  a  leur  extre- 
mity, comnoe  I'avaienl  dit  MM.  Alder  et  Ancock,  ce  que  M.  de  Quatrefages 
avail  ni6,  et,  a  ce  propos,  il  avail  6t6  sur  le  point  de  penser  que  ces  Mes- 
sieurs avaient  ete  induits  en  erreur  par  trop  pen  d'habitude  de  1' observa- 
tion des  animaux  inferieurs.  On  doit  cependant  a  M.  de  Quatrefages  d'a- 
voir  demontr^ ,  par  une  exploration  difficile ,  que  les  filaments  que 
fenferme  eel  organe  el  que  les  anatomisles  avaient  pris  pour  dessperma- 
tozoi'des,  sont  des  spicules;  fait  toujours reconnu  vrai  depuis. 

M.  de  Quatrefages  maintient  la  determination  de  I'appareil  hepatique 
comme  appareil  gastro-vasculaire.  II  reclame  la  priority  de  la  decouverte 
du  coeur  sur  I'Eolidine,  mais  ne  parle  pas  des  deux  oreillettes  qu'il  y  a  de- 
crites.faitquireslecontraire  a  ce  qu'on  sail  des  Gasteropodes  el  des  £^oiis, 
genre  auquel  nous  avons  vu  qu'appartient  I'eolidine  paradoxale.  II  main- 
tient que  le  coeur  manque  chez  quelques-uns;  nie  les  veines  qui  ne  seraient 
que  des  lacunes,  mais  fait  une  reserve  sur  I'appareil  veineux  allanl  des 
branchiesau  ccEur,  qui  pourraitexister,mais  qu'il  n'a  jamais  vu.(P.  815. 

II  pense  que  tons  ces  fails,  loin  d'etre  contraires  d  tons  les  principes 
et  a  toutes  les  analogies,  confirment  ceux  qu'il  a  enonces  plus  haul,  sa^ 
voir  :  existence  de  plusieurs  series  animales  et  degradations  de  ces 
series.  (P.  81.4.)Voyons  done  si  ces  fails  anatomiques  sont  reels;  car,  s'ils 
ne  le  sont  pas,  ces  principes  devront  Sire  forlement  ebranles. 

Pourquoi  reprocheraM.  Souleyel  de  juger  par  analogie, sans  d<5montrer 
tous  les  fails  qu'il  avance,  lorsque  nous  voyons  M.  de  Quatrefages  dire 
queM.  Milne-Edwards  ayant  «  demontre  V existence  d'une  circulation 
tout  interstitielle  dans  Vabdomen  de  quelques  Ascidienst  qu'il  en  est  de 
meme  de  plusieurs  Anneles,  Vaisence  de  veines,  de  cceur  et  d'arteres 
chez  quelques  Gasteropodes  n'a  plus  rien  d'etrange  que  d'etre  signaled 
pour  la  premiere  fois  (1 ).  En  voyant  des  phrases  d'une  telle  assurance 
I'espril  n'ose  s'y  arr^ter  davanlage  etnous  passons  a  une  autre  partiedu 
sujet. 


(I)  De  Quatrefages.  loc.  cit.,  18i4,  t.  X!X,  p  815. 


55 

Remarquons  toutefois  que  M.  de  Quatrefages  ne  parle  plus  de  la  ten* 
dance  a  I'annulationdesMollusques,  dits  phlebent4r6s ,  conclusion  deson 
dernier  travail,  qui  venait  rattacher  les  Mollusques  aux  Anneles  par  la 
forme  exterieure,  et  aux  Meduses  par  la  constitution  interne. 

M.  de  Quatrefages  se  plaint  de  n'avoir  pas  compris  ce  que  M.  Souleyet 
entend  par  le  mot  respiration.  Comme  ce  fait  a  moins  d'importance 
que  ceux  que  nous  signaions,  comme  ii  ne  change  rien  aux  fails  ni  au 
fond  de  la  question  et  que  plus  haul  nous  avons  deja  parle  de  ce  point 
a  propos  des  branchies,  nous  revenons  a  ceux-ci  (pages  81 5  elSil). 

Ici  commence  la  guerre  de  textes.  M.  de  Quatrefages  accuse  M.  Sou- 
leyet d'avoir  dit  a  tort  qu'il  ne  donne  aucun  detail  sur  I'appareil 
generateur  de  I'Acteon.  II  est  en  effet  vrai  que  M.  de  Quatrefages  en  a  in- 
dique  la  situation  et  les  ramifications ;  mais  ces  details  ne  sent  pas  tel- 
lement  precis  qu'on  nepuisse  comprendre  I'erreur  de  mots  deM.  Souleyet. 

A  la  memo  page,  M.  Souleyet  est  accuse  d'inexactitude  pour  avoir  in- 
dique  le  cceur,  les  art^res,  les  veines  de  I'Acteon,  puisque  i'appareil  res- 
piratoire  est  situe  vers  la  surface  du  dos  de  cet  animal.  Or,  deja  nou5 
avons  dit  que  nous  avons  vuces  dififerents  organes  de  la  mani^re  la  plu' 
nette,  moins  les  rameaux  veineux  des  troncs  allant  des  visceres  auj 
branchies.  Beaucoup  d'anatomistes  les  ont  6galement  vus;  nous  n'avons 
done  pas  besoin  de  discuter  ces  imputations  negatives. 

§  XXVIII. —  Tels  sont  les  faits  contenus  dans  cette  reponse.  Peu  de 
temps  apr^sM.  Souleyet  r^ponditaM.  de  Quatrefages  par  un  travail  dont 
nous  aliens  donner  le  resume  (1). 

M.  Souleyet  rappelle  les  principes  g^neraux  dont  nous  avons  deja  parI6 
el  qui ,  jusqu'a  present,  ont  toujours  guide  les  Anatomisles  et  les  Zoo- 
logistes.  Ilmontre  ensuite  qu'aucune  des  descriptions  de  M.  de  QuatrB* 
fages  ne  repose  sur  des  observations  anatomiques  completes;  il  d6montre 
I'existence  du  coeur  chez  ceux  des  Mollusques  dits  phlebenteres  que  M.  de 
Quatrefages  avail  crus  prives  de  cet  organe.  11  passe  ensuite  a  la  preten- 
due  absence  de  veines  chez  des  Mollusques  pourvus  d'nn  coBur  et  d'ar- 
teres;  a  cet  6gard ,  nous  citerons  le  passage  suivant  de  la  reponse  de 
M.  Souleyet:  «  Je  crois  devoir  rappeler  de  nouveau,  dit-il  (p.  81),  qne 
»  I'erreur  commise  par  M.  de  Quatrefages  en  niant  le  systeme  veineux 


(1)  Souleyet,  OesERVATroNs  anat.  et  phts.  sur  les  genres  action,  eolide,  ve- 
NiLiE,  calliopee,  tergipe  (Comptcs  rendus  de  I'Acad.  des  se.,  J  845,  t.  XX, 
p.  73). 


56 

i>  dee  Mollusques  gast^ropodes,  provient  probablement  de  I'id^e  inexacte 
n  que  ce  naturaliste  s'esl  faite  de  cette  partie  de  I'appareil  circulatoire 
»  chez  les  animaux  de  ce  type.  M.  de  Quatrefages  parait  croire  que  le  sys- 
»  teme  veineux  se  presente  loujours  sous  la  forme  de  vaisseaux  bien  dis- 
p  tincts,  tandis  qu'il  n'en  est  generalement  pas  ainsi ;  en  effet,  dans  pres- 
»  que  tous  les  Mollusques  et  dans  les  Nudibranches  en  particulier,  les 
»  veines  n'ont  cette  forme  que  dans  les  principaux  troncs  qui  rappor- 
»  tent  le  sang  des  visceres  ou  qui  se  rendent  aux  organes  respiratoires. 
»  Les  autres  vaisseaux  veineux  sont  plutot  des  canaux  creuses  dans  1*6- 
•p  paisseur  ou  dans  I'interieur  des  organes,  en  un  mot,  plutdt  des  trajets 
»  veineux  que  des  vaisseaux  proprement  dits.  Particularites  bien  recon- 
»  nues  par  les  anatomistes  qui  se  sont  occupees  des  Mollusques,  et  sur- 
»  tout  par  M.  de  Blainville.  (Voir  le  Traitede  malacologie,  p.  i30.)La 
»  distinction  que  Ton  a  voulu  etablir  sous  ce  rapport  entre  les  Mollusques 
n  et  les  Grustaces  n'est  done  pas  fondle,  car  cette  forme  du  systeme  vei- 
»  neuxparaitetre  un  fait  general  chez  les  animaux  inferieurs ;  on  la  retrouve 
»  meme  chez  les  animaux  superieurs  dans  I'epaisseur  des  organes  et  des 
»  parenchymes ;  I'embryogenie  nous  demontre  encore  que  c'est  la  la 
»  forme  primitive  du  systeme  vasculaire,  forme  qui  serait  Iransitoiredans 
n  les  uns,  tandis  qu'elle  deviendrait  permanente  chez  d'autres  animaux 
p  places  plus  bas  dans  la  serie  zoologique.  » 

M.  Souleyet  raoutre  ensuite  qu'avec  I'existence  de  I'appareil  circula- 
toire coexiste  un  veritable  appareil  respirateur.  II  montre  qu'en  conse- 
quence on  ne  saurait  admellre  comme  reelle  Tinterpretation  suivante 
donnee  par  M.  de  Quatrefages  :  «  Les  organes  respiratoires,  dit  ce  natu- 
p  raliste  (Memoire  sur  les  phliebenteres,  1843,  p.  167),  sontsupple^s 
p  par  un  tube  intestinal,  qui  n'est  plus  charge  seulement  d'extraire  des 
»  aliments  un  chyle  propre  a  enrichir  le  sang  appauvri,  mais  qui  doit 
p  en  outre  faire  subir  au  produit  de  la  digestion  un  degre  de  plus  de  pre- 
»  paration  et  le  soumelire  immediafement  au  contact  de  I'air. » 

M.  Souleyet  montre  de  nouveau  que  le  pretendu  appareil  gastro-vascu- 
laire  ne  saurait  6tre  considere  comme  autre  chose  que  comme  un  appa- 
reil hepatique,  fait  deja  suffisamment  demontr^  pour  qu'il  soit  inutile  d'y 
revenir;  par  consequent  on  ne  saurait  dire  encore,  avecM.  de  Quatrefages, 
que  cet  organe  remplit  a  la  fois  le  r61e  d'appareil  digestif  et  celui  d'appa- 
reil  circulatoire  (1).  II  montre  ensuite  que  dans  plusieurs  des  genres  d6- 

(1)  MoNiTEUR,  17  nov.  1844.  De  Quatrefages,  note  anncxec  au  rapport  de 


57 
crits  par  M.  de  Quatrefages,  les  determinations  relatives  a  I'intestin  sont 
las  unes  incompletes,  les  autres  m^me  inexactes;  c'est  ainsi  qu'il  montre 
que  dans  un  animal  appartenantau  genre  Pavois  ou  en  etant  tresvoisin, 
il  existe  un  intestin  qui  vient  s'ouvrir  a  la  face  dorsale  vers  la  partie  pos- 
terieure  de  I'animal,  et  sur  la  ligne  m^diane.  II  relive  ensuite  les  preten- 
dues  inexactitudes  dont  M.  de  Quatrefages  I'avait  accuse,  relativement  ^ 
I'anatomie  de  I'Acteon. 

Notre  commission  ayant  pu  s'assurer  de  I'exactitude  des  descriptions 
de  M.  Souleyet,  d'apresles  pieces  qu'il  lui  a  presentees,  il  serait  inutile  de 
reproduire  la  rectification  de  cet  anatomiste. 

M.  de  Quatrefages  repondit  a  la  note  de  M.  Souleyet  par  un  travail  dans 
lequel  il  lui  reproche  les  m^prises  suivanles  concernant  I'anatomie  de 
r£olide  (1).  «  <"  Ce  naturaliste  a  pris  I'estomac  pour  une  oreilletle; 
»  2"  il  a  pris  pour  une  veine  m^diane  le  Ironc  goslro-vasculaire  medio- 
>  dorsal;  3°  il  a  pris  pour  des  troncs  veineux  lateraux  et  anterieurs  les 
»  deux  troncs  gastro-vasculaires  qui  occupent  en  effet  cette  position  »  (ce 
sont  les  troncs  que  M.  de  Quatrefages  appelait  canal  marginal  dans  son 
memoire  sur  I'eolidine) ; 

i"  II  a  pris  pour  des  orifices  de  veines  branchiales  des  ccecums  gastro- 
vasculaires,  coecums  que  M.  Souleyet  decrit  et  figure  ailleurs  comme  des 
coecums  hepatiques.  Enfin  M.  de  Quatrefages  continue  a  formuler  des  re- 
proches  semblables  concernant  I'ensemble  de  i'anatomie  du  meme  animal 
et  de  I'Acteon. 

II  est  important  de  signaler,  pour  I'intelligence  des  faits  suivants,  que 
M.  de  Quatrefages  reconnait  dans  cette  note  que  son  eolidine  n'est  reel- 
lement  qu'un  fiolis,  ainsi  que  I'avaient  signale  MM.  Alder  et  Ancock,  et 
qu'il  est  par  consequent  probable  que  son  organisation  est  au  fond  la 
m6me  que  celle  des  fiolis.  Or,  si  Ton  remarque  que  votre  commission  a 
constate,  sur  les  Eolis  et  les  Acteons,  que,  loin  d'etre  tombe  dans  ces  er- 
reurs,  M.  Souleyet  avait  decrit exactement  I'organisation  de  ces  animaux, 
on  comprend  qu'il  nous  est  inutile  d'insister  longuement  sur  le  peu  de 
fondement  des  reproches  de  M.  de  Quatrefages;  nous  aurions,  au  con- 

M.  Milne-Edwards  au  ministre  de  I'lnstruction  publique.surles  recherches  zoo- 
logiques  faites  sur  les  cotes  de  Sicile. 
(1)  De  Quatrefages,  Reponse  a  la  note  presentee  par  M.  Souletet,  concer- 

NANT   L'aNAT.  et    LA  PHVSIOLOGIE  DES   MOLLUSQUES  PHLEBENTERES  (ComptCS   PCndUS 

de  I'Acad.  des  sc,  18i5,t.  XX,  p.  152). 


58 

traire,  a  relever,  dans  la  note  de  ce  dernier,  presque  autant  d'erreurs  que 
de  reproches  formulas.  Ceci  nous  dispense  de  reprodiiire  la  reponse  do 
M.  Souleyet  a  M.  de  Quatrefages  (1). 

Obliges ,  du  reste ,  que  nous  sommes,  de  citer  tous  les  autres  auteurs 
qui  se  sent  occup^s  de  ce  sujet,  nous  verrons  qu'aucun  d'eux  n'est  venu 
confirmer  ['exactitude  des  faits  principaux  sur  iesquels  M.  de  Quatrefages 
avait  bas6  ses  deductions  les  plus  importantes,  non  plus  que  ses  repro- 
ches a  M.  Souleyet;  ce  sont  au  contraire  les  recherches  de  M.  Souleyet 
que  nous  verrons  continuellement  v^riBees.  . 

§  XXIX. — Quoique,  ainsi  qu'on  a  du  le  voir,  nous  ne  nous  occupions  ici 
que  des  questions  de  faits,  ayant  deja  sufGsamment  Iraite  celles  de  doctrine, 
nousdevons  cependant  juger  une  derniere  fois  la  question  des  interpreta- 
tions vicieusessur  laqueIleM.de  Quatrefagesrevient  encore  dans  saderniere 
note.  Apr6s  avoir  examine  de  la  maniere  la  plus  complete  et  la  plus  appro- 
fondie  tous  les  passages  qui  s'y  rapportent,  nous  pouvons  affirmer  que  ces 
interpretations  faites  par  M.  Souleyet  n'altfercnt  en  aucune  facon  le  sens 
des  points  importants  des  idees  g^nerales  de  M.  de  Quatrefages. 

De  plus ,  votre  commi^sion  ne  pouvants'en  rapporter  qu'aux  documents 
Merits,  a  constate  que  les  premieres  erreurs  rectifiees  par  M.  de  Quatre- 
fages lui-m^me,  ne  Font  ete  que  post^rieurement  aux  objections  anatomi- 
ques  que  lui  avaient  adresseesMM.  Souleyet,  Alder  et  Hancock  (consultez 
les  dates  des  publications  deja  citees). 

Apres  avoir  entendu  des  faits  aussi  nettement  articules ,  apres  avoir  vu 
les  conclusions  zoologiques  qui  en  decoulent,  formulees  en  tableaux  d'ordre 
et  de  families,  ayant  recu  le  nom  de  phlebenterSs,  vous  croiriez  peut-elre 
que  devant  la  demonstration  de  la  non-existence  des  faits  qu'on  avait  cru 
6tre  vrais,  la  question  va  etreabandonnee  ,  ou  bien  nettement  et  franche- 
ment  rectifi^e,  dans  les  details  zoologiques  et  anatomiques.  II  n'en  est  rien ; 
bien  au  contraire,  elle  semble  n'avoir  pris  que  plus  de  force  et  elle  s'e- 
tend  de  maniere  a  perdre  son  caraclere  de  sp^cialite  et  devient  question 
gen^rale ;  en  m^me  temps,  elle  prend  plus  de  diffusion,  elle  devient  moins 
nette,  moins  facile  a  saisir.  Bienl6t,  en  eflet,  nous  aliens  voir  que  de  tous 
ces  faits  anatomiques ,  naguere  si  nettement  enonces ,  si  fortement  sou- 
teuus,  ilea  est  peu  dont  on  parle  encore.  II  est  peu  question  de  tel  ou  tut 


(1)  Souleyet,  Reponse  a  la  derniere  «ote  de  M.  de  Quatrefages  (C.  r..  de 
I'Ac.  des  sciences,  1845,  t.  XX,  p.  238). 


I 


59 
phlebentere,  maisdu  phlebenlerisme.YoWd  maintenant  ce  qu'est  le  phI6- 
bent^risme  :  «  Ea  m^me  temps,  dit  M.  de  Quatrefages  (1),  que  les  appa- 
D  reils  de  la  respiration  etdela  circulation  se  degradenten  disparaissant, 
»  le  canal  digestif  pr^sente  souvent,  mais  non  pas  toujours,  une  modifi- 
»  cation  remarquable.  On  le  voit  so  compliquer  de  prolongements  d'ap- 
»  pendices  plus  ou  moins  nombreux,  plus  ou  moins  ramifies,  qui ,  en  ge- 
»  ndral  se  portent  vers  la  surface  du  corps. 

>  Le  phl^benterisme,  dit  encore  M.  de  Quatrefages  (p.  84),  me  semble 
»  avoir  pour  effet,  tantot  de  faciliter  seulement  I'acte  de  la  respiration , 
»  tant6t  de  suppleer  a  quelque  portion  de  I'appareil  circulatoire,  tantot 
»  enfin  de  remplacer  en  entier  le  systeme  vasculaire  des  animaux  supe- 
»  rieurs  »  (c'est  probablement  inferieurs  qu'il  faut  lire). 

Mais  qu'on  ne  s'y  m^prenne  pas,  celle  maniere  de  voir,  qui  date  de 
<844,  et  que  M.  de  Quatrefages  se  plaint  de  n'avoir  pas  vue  acceptee,  est 
post^rieure  aux  rectifications  de  M.  Souleyet;  elle  eslposterieure  au  Ira- 
vail  ou  M.  de  Quatrefages  disait :  les  phlebenteres  sont  des  Mollusques 
gasteropodes  a  circulation  imparfaite  ou  nulle  prives  d'organes  res- 
piratoires  proprement  dits  (Ann.  des  sc.  nat.  184-4);  elle  est  posterieure 
au  travail  dans  lequel  M.  de  Quatrefages  disait  que,  chez  les  phlebente- 
res ,  la  fonction  de  la  digestion  se  confond  avec  celles  de  la  respira- 
tion et  de  la  circulation,  ce  qui,  ajoute-t-il,  forme  le  caractere  domina- 
teur  du  groupe  (Comptes  rendus  1844). 

Nous  acceptons  ces  rectifications  pour  telles,  mais  nous  devons  monlrer 
que  ce  sont  des  rectifications. 

Nous  les  acceptons,  mais  encore  nous  devons  voir  dans  quelles  li- 
mites  il  faut  le  faire,  parce  que  nous  verrons  plusieurs  anatomistes 
allemands  n'en  pas  tenir  compte.  En  effet,  nous  lisons  dans  i'Analomie 
comparee  de  Stannius  et  de  Siebold,  parue  en  1848,  la  phrase  suivante  : 
Cependant  de  Quatrefages  n'a  pas  su  dans  Vorigine  s'orienter  a  pro- 
pos  de  cette  circulation  simple  des  Apneiistes,et  il  a  dit  quechez  ces  Gas- 
teropodes le  canal  intestinal  ramifie  joue  en  meme  temps  le  role  d'un 
systeme  vasculaire  sanguin,  ce  qui  t'a  engage  a  donner  le  nom  de  phle- 
benteres au  groupe  entier  de  ces  animaux.  (Edition  allemande,  2^ par- 
tie,  p.  329-330.) 


(1)  De  Quatrefages,  Note  sur  le  phlebenterisme  (Ann.  des  sc.  nat.,  1846, 
t.  IV,  p.  83). 


60 
Ainsi,  lout  en  tenant  compte  de  ces  recti6cationssuccessives,nous  de- 
von5  enoncer  par  ordre  de  dates  tous  les  fravaux  publics  sur  ce  sujet  qui 
sont  venus  modifier  les  descriptions  anatomiques  anlerieures.  Tous  les 
auteurs  dont  nous  parlous  n'ont  jamais  manque  d'agir  ainsi,  afin  de  faire 
disparaitre  de  la  science  des  fails  qui  sont  embarrassants  des  qu'on  no 
pent  immediatement  savoir  a  quoi  s'en  tenir  a  leur  6gard. 

§  XXX.— En  meme  temps  qu'avai  t  lieu  cette  discussion  MM.  Alder  el  Han- 
cock que  nous avonsdeja  cites,  publierentun  travail  sur  la  Fenilie{\ ),  Mol- 
lusque  qui  estdumeme  genre  que  laZ^phyrinedeM.deQuatrefuges.(Voyez 
de  Quatrefages,  Ann.  des  sc.  nat.  1844,  en  note.)  Dans  ce  travail,  ils  mon- 
trent  que  cet  anim.al  n'est  pas  depourvu  d'un  organe  circulatoire  central, 
lis  d^crivent  et  Ggurent  un  estomac,  avec  I'appareil  gaslro-hepatique  ra- 
mifie,  analogue  ace  que  reprfeentent,  dans  les  limitesd'analogiesde  con- 
formation exterieure,  les  planches  de  M.  Souleyet  chez  les  animaux  voi- 
sins.  Ces  canaux  se  jettent  sur  toute  la  circonference  de  cet  estomac ;  enfin 
il  y  a  un  intestin  et  un  anus,  ce  que  ne  montrent  pas  les  planches  de 
M.  de  Quatrefages. 

Les  memes  auteurs,  dans  un  rapport  sur  les  Mollusques  Nudibranches 
lu  en  septembre  1844  devant  I'associalion  britannique,  apres  avoir  rap- 
pele  comment  a  ete  cree  I'ordre  des  phl6benteres,  s'expriment  ainsi  (2)  : 
«  Ce  systeme  (gastro-vasculaire)  parait  remplir  les  trois  fonctions  de  la 
»  digestion,  de  la  circulation  et  de  la  respiration,  ce  qui  est  considere  par 
»  M.  de  Quatrefages  comme  constituanl  le  coractere  dominateur  des  phie- 
»  benteres.  Nous  croyons  toutefois  qu'il  n'y  a  pas  evidence  satisfaisante 
»  pour  admettre  une  telle  fusion  de  fonction  dans  des  Nudibranches,  et 
»  d'apres  I'examen  que  nous  avons  fait  de  ces  especes,  notre  experience 
»  est  contraire  a  la  supposition,  i^  (P.  8.) 

Vient  maintenant  un  travail  de  MM.  Embleton  et  Hancock ,  pubiie 
en184o(3)  surl'anatomie  desfiolis.  lis  relevent,  chemin  [aisant,  plusieurs 
faits  qu'ils  considerent  comme  gravement  inexacts  dans  les  descriptions 
donnees  par  M.  de  Quatrefages,  principalement  pour  ce  qui  concerne  le 

(1)  Alder  et  Hancock,  Descript.  of  a  new  genus  of  nudidranchiate  molll'Sca 
(venilia)  (Ann.  and  Magazine  of  natural  history,  1814). 

(2)  Alder  et  Hancock,  Report  on  the  British  nudibrachiale  mollusca.  Lon- 
dres,  1845. 

(3)  Embleton  el  Ancock,  On  th£  anatomy  of  ecus  (Ann.  and  Magazine  of  nat. 
history),  January,  1845,  vol.  XV). 


61 

tube  digestif.  lis  les  attribuent  au  moyen  empIoy^parM.  deQuatrefages, 
I'emploi  (iu  compresseur  au  lieu  de  la  dissection.  Us  disent  en  terminant 
qu'ils  ont  vu  avec  satisfaction  que  leur  maniere  de  voir  etait  a  pen 
pres  completement  confirmee  par  les  observations  de  M.  Souleyet  sur 
les  Mollusques  gasteropodes  formant  Vordre  des  phlebenteres  propose 
par  M.  de  Quatrefages.  (P.  85.) 

§  XXXI. — En  septembre  1845,  M.  Almann  a  public  un  travail  tr^s- 
detailI6  sur  I'anatomie  del'jicteon  (1). 

Apres  avoir  rappel^  plusieurs  des  faits  g^neraux  dont  nous  avons  d^j^ 
parl6  et  releve  les  erreurs  de  M.  de  Quatrefages  sur  I'anatomie  de  ce 
Mollusque,  il  s'exprime  ainsi  (p.  454) :  «  M.  de  Quatrefages  met  avec 
»  avidity  ce  fait  a  profit  (la  disposition  ramifiee  de  I'appareil  hepatique  de 
»  la  Calliopee) ;  il  maintient  que  les  rami6cations  gastriques  font  rofHce 
»  de  vaisseaux  branchiaux,  qu'elle  servent  done  aussi  bien  a  la  respira- 
);  tion  qu'a  la  digestion,  et  trouvant  ces  caracteres  dans  Tfiolide,  il  les  ras- 
»  semble  avec  d'autres  particularit^s  qu'il  certifie  avoir  trouvees  dans  ce 
»  Mollusque,  les  eleve  au  rang  d'importance  ordinaie,  leur  donne  le  nom 
»  de  systeme  phle'benterique ,  et  surprend  les  zoologistes  par  I'annonce 
»  quelque  peu  6tonnante  de  I'existence  d'un  nouvel  ordre  de  Mollusques 
»  gasteropodes. 

»  Ces  doctrines  sont  portees  a  leur  plus  haut  degre  dans  un  memoire 
»  suivant  oii,  apres  I'examen  de  I'Acteon  et  de  cinq  genres  nouveaux  ca- 
»  racterises  par  lui,  M.  de  Quatrefages  maintient  I'etabiissement  complet 
»  de  son  nouvel  ordre  et  entre  dans  les  details  de  ses  afSnites  zoologiques. 
»  Les  caracteres  generaux  sur  lesquels  le  naturaliste  francais  maintient 
»  la  distinction  de  son  nouvel  ordre  de  Gasteropodes,  sont :  le  peu  d'appa- 
»  rence  en  tout  ou  en  partie  du  systeme  circulatoire  et  le  transport  de  la 
»  fonction  respiratoire  d'organes  speciaux  au  systeme  digestif  ou  au  tegu- 
»  ment  commun,  particularite  qu'il  dit  apporter  une  degradation  geni5raIo 
»  de  I'organisme,  en  les  rapprochant  des  acalephes  et  ^tablissant  ainsi  un 
»  groupe  d'animaux  qui  sortent  du  type  de  leur  classe  et  sont  parmi  les 
»  Gasteropodes  ce  que  les  Entomostraces  sont  aux  Crustacds. 

»  Les  memoires  de  M.  de  Quatrefages,  ajoute-t-il  (page  15S),  ont,  je  le 
)>  crains,  pr6sente  un  trop  large  champ  a  la  critique  justement  s^v^re. 


(1)  On  the  anatomy  op  acteon,  etc,  (the  Annais  and  Macazike  op  natural 
msTouY,  sept.  1846, 'voL  XVI,  p.  45). 


62 
»  et  en  avangant  des  creations  d'une  grande  importance  zoologique  sur 
»  des  observations  qui  peuvent  6tre  regard^es  comme  tres-imparfaites, 
•  ils  pouvaient,  s'ils  n'etaient  rectifies ,  exercer  une  fScheuse  influence 
»  sur  une  science  aussi  inductive  que  la  zoologie.  Des  differents  animaux 
»  observes  par  M.  de  Ouatrefages  dans  la  construction  de  son  groupe  des 
»  phlebenieres ,  I'Acleon  est  le  seul  que  j'aie  eu  occasion  d'examiner;  lo 
3  resultat  de  I'examen  de  ce  Mollusque  est  si  totalement  en  disaccord 
B  avec  I'anatomie  du  meme  animal  rapporl^e  par  le  zoologisle  fran^ais 
»  que  je  crois  6tre  sufiBsamment  fondS  a  certifierque  ses  observations  sur 
»  les  autres  sont  ^galement  erronees;  car  nous  devons  hesiter  a  adop- 
»  ler  des  conclusions  d'une  si  grande  importance  zoologique  que  celles 
»  auxquelles  M.  de  Quatrefages  est  arrive. » 

II  dit  ensuite  a  la  m^me  page  :  «  En  comparant  les  descriptions  et  les 
»  figuresdel*Act^on  donne  parM.de  Quatrefages,  dans  son  M^moire,  avec 
»  la  structure  que  I'examen  de  cet  animal  m'a  revel^e,  je  fus  frappd  de 

»  leur  difl'erence Parmi  les  points  les  plus  imporlants  sur  lesquels 

»  mes  observations  different  de  celles  de  M.  de  Quatrefages,  je  puis  men- 
»  tionner  la  decouverte  d'un  coeur  distinct  et  de  vaisseaux,  organes  dent 
»  I'existence  est  ni^epar  lenaturalistefranQais.  >  Suivent  d'autres  recti- 
fications relatives  a  I'intestin,  au  sysleme  nerveux,  etc. 

M.  Almann  fait  voir  ensuite  que  I'appareil  dit  gastro-vasculairenepeut 
avoir  les  fonctions  qui  lui  ont  6te  assignees  par  M.  de  Quatrefages,  et 
que  ce  n'est  ni  plus  ni  moins  qu'un  foie  desagrege^  ou  un  foie  sous  sa 
forme  la  plus  elementaire. 

Enfin,  M.  Almann  dit  dans  une  note  que ,  depuis  la  lecture  de  son  Me- 
moirs devant  I'association,  il  a  vu  dans  les  Comptes  rendus  «  unMemoire 
»  de  M.  Souleyet  relatif  aux  phlebente'res ,  dans  lequel  il  trouve  que 
»  les  observations  de  cet  auteur  sur  ce  sujet  s'accordent  enti^rement  avec 
»  les  siennes.  » 

§  XXXII. — Ainsi,  vouslevoyez,  les  resultatsauxquels  est  arriv^e  voire 
commission  sont  les  mcmes  que  ceux  auxquelS  sont  parvenus  les  anato- 
mistes  Strangers,  en  faisant  ranatomic  des  m^mes  animaux.  Vous  voyez 
de  quelle  maniere  its  envisagent  les  Merits  de  M.  de  Quatrefages;  ils  y 
voient  uno  theorie,  un  sysleme  tout  entier  sur  le  remplacement,  chezdes 
MoUusques,  d'un  ou  de  deux  appareils  s'amoindrissant,  par  un  autre  qui  se 
ramiQejils  envisagent  de  plus  les  conclusions  zoologiques  qui  en  decoulent. 

Peu  de  mois  auparavant,  M.  de  Quatrefages  avait  dit  dansun  article  de  la 
Revue  des  Devtx-Mondes,  de  la  ratoe  annee  <845,  que  par  lo  mot  phle- 


63 

benterisme  il  a  voulu  designer  seulement  toute  disposition  organique 
en  vertu  de  laquelle  une  portion  du  tube  digestif  remplit,  d'une  tna- 
niere  quelconque  les  fonctions  d'wn  appareil  de  vaisseaux  quel  qu''il 
sott.  (Pages  4003  611004.) 

Cependant,  de  Tensemble  de  cat  article,  il  parait  r^sulter  bien  evidem- 
ment  pour  tous  les  lecteurs  (c'est  la  du  moins  i'effet  general  qu'il  a  pro- 
duit),  que  la  question  de  la  disposition  particuiiere  du  systeme  veineux 
des  Moilusques  se  confond  avec  celle  du  phlebent6risme.  En  effet , 
M.  de  Quatrefages  dit :  Apres  les  objections  de  M.  Souleyet,  le  phleben- 
terisme  fut  declare  anenati  et  relegue  au  rang  des  chimeres.  Nous 
employ ons  ici  un  des  mots  les  plusdoux  qui  lui  aient  etc  appliques.... 
(Page  1 003.) 

Eh  bien!  il  resulledes  fails  recueillis  par  MM.  Milne-Edwards  et 
Valenciennes  que,  chez  tous  les  Moilusques ,  rappareil  circulatoire 
est  incomplet ;  que,  chez  tous  les  animaux  de  cet  embranchement,  le 

sang,  au  sortir  des  arteres,  tombe  dans  la  cavite  abdominale On 

volt  que  le  phlebenterisme,  bien  loin  de  former  une  exception,  comme 
nous  Vavions  cru  nous-meme  d^abord  ,  se  trouve  etre  en  definitive  la 
regie  generate.  (Page  1003.) 

Ne  semble-t-il  pas,  d'apres  ces  passages,  appuyes  de  beaucaup  d'au- 
tres,  que  tout  le  phlebenterisme  est  la?  Mais  quelles  sont  done  les  fonc- 
tions d'un  appareil  de  vaisseaux  ,  quel  qu'il  soit ,  que  remplit  I'inlestin 
chez  les  Cephalopodes,  \esLimaces,  les  Monies,  etc.?  Quelles  fonctions 
aulres  que  celles  d'un  tube  digestif  vient-il  accompiir?  Quelles  relations 
pourrait-on  elablir  entre  sa  disposition  presque  aussi  nette,  aussi  tran- 
ch^e,  dans  ces  Mollusques-!a  que  celle  del'intestin  d'un  Verlebre  et  I'etat 
particulier  de  leursysleme  veineux  ?  Aucune  ^videmment ;  et  sous  ce  point 
de  vue  il  semblerait  en  quelque  sorte  qu'il  y  a  contradiction  avec  la  defi- 
nition que  nous  venons  de  lire. 

Et  de  plus,  quelle  est  done  la  degradation  qu'on  pourrait  signaler  dans 
I'appareil  respirateur  de  ces  Moilusques?  Aucune  certainement.  Ceux-1^ 
ont  un  poumon  en  forme  de  sac  tapisse  de  vaisseaux;  ceux-ci  ont  des 
branchies  aussi  bien  conslituees  que  possible.  Voila  deux  appareils  sur 
trois  sans  degradation  aucune  :  est-ce  que  phlebenterisme  voudrait  dire 
la  degradation  de  I'un  quelconque  de  ces  trois  appareils  V  Rien  dans  ce 
travail  n'autorise  a  le  penser.  Dans  tous  les  cas,  ce  serait  reraonter  bien 
haut  et  avoir  pris  un  bien  long  detour  pour  en  venir  a  exprimer  un  fait 
aussi  simple  que  celui-la,  le  seul  qui  resulle  du  travail  des  deux  c^lebres 


64 

acad^miciens.  Ainsi  done,  qu'on  y  prenne  garde,  la  question  sur  I'appa- 

reil  vasculaire  des  MoUusqnes,  traitee  par  MM.  Milne-Edwards  et  Valen- 
ciennes, est  tout  a  fait  differente  de  celle  qui  nous  occupe  (1). 

L'appareil  circulatoire  veineux  desCephalopodes,  celui  des  Gasteropo- 
des  pulmones,  pectinibranches,  cyclobranches ,  etc. ;  celui  des  Ac^phales 
l.amellibranchesa  bien  une  disposition,  au  point  de  vuo  de  I'analomie  ge- 
n^rale  qui  lui  est  particuliere  et  qui  differe  en  quelques  points  de  ceile 
qu'on  trouve  chez  les  Vertebres.  Maisdans  tout  cela,  I'inteslin,  l'appareil 
respiratoire  n'ont  que  faire ;  ils  n'interviennent  en  rien.  L'inlestin  ne  vient 
supplier  ni  a  la  circulation  ni  a  la  respiration,  lesquelles  ontchacune  leur 
appareil  bien  distinct  de  lout  autre  appareil.  C'est  doncune  question  tout 
autre  que  celle  du  phlebenterisme;  seulement,  comme  il  parait  sembler 
qu'elles  se  confondent ,  nous  serons  obliges  d'en  parier  apr^s  avoir 
achev6  celle  dans  laquelle  on  a  cru  voir  l'appareil  digestif  remplacant  les 
appareils  circulatoire  et  de  respiration.  Le  seul  pointde  contact  est  celui- 
ci :  Les  Gasteropodes  nudibranches,  dont  on  a  vculu  faire  des  phe- 
benteres,  presentent,  en  taut  que  MoUusques,  les  mcmes  particula- 
rites  de  disposition  anatomique  du  systeme  veineux  que  presentent 
les  mitres  Gasteropodes.  II  y  a  contact  par  ce  seul  point,  mais  non  fusion 
des  deux  questions.  Aussi',  a  I'exemple  de  tons  les  auteurs  etrangers  qui 
onl  aborde  la  question  et  de  M.  Souleyet  (2),  nous  suivons  d'abord  celle 
que  nous  avons  commencee ,  sans  nous  laisser  entrainer  par  la  seconde. 
Aussi,  laissant  la  Revue  des  Deux-Mondes  pour  des  recucils  qui 
s'adressent  a  des  hommes  plus  comp^tents  a  juger  les  details  de  ce  sujet, 
nous  continuous  notre  examen  analytique. 

§  XXXIII.  —  Dans  une  note  sur  le  phlebenterisme  (3),  publiee  la  mfime 

(1)  Milne  Edwards,  Observations  et  experiences  sur  la  circulation  chez 
LES  mollvisques  (C.  t.  dcs  seances  de  I'Acad.  des  sciences  de  Paris,  1845,  t.  XX, 
p.  261),  et  Considerations  sur  la  distridution  des  fluides  nourriciers  dans 
l'economie  animale  (meme  recueil,  t.  XX,  1845,  p.  1*25),  et  Milne-Edwards  et 
Valenciennes,  Nouvelles  observations  sur  la  constitution  de  l'appareil  de  la 
circulation  CHEZ  LES  MOLLUSQUES  (memc  recueil,  t.  XX,  1845,  p.  750). 

(2)  Souleyet,  Note  relative  a  une  communication  recentede  MM.  Milne  Ed- 
wards et  Valenciennes  sur  la  constitution  de  l'appareil  de  la  circulation 
DES  MoLLusQLES  (Comptes  reudus  des  seances  de  I'Acad.  des  sciences  dc  Pari?, 
1845,  t.  XX,  p.  862.) 

(3)  De  Quatiefages,  Note  bdr  le  pnLiiBENTtRisME  (Ann.  des  sc.  nat.,  1845, 
t.  IV,  p.  83). 


65 
aniiee  que  parutTarticle  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes,  M.  de  Qua- 
trefagesdit: 

tt  En  ni^me  temps  que  lesappareilsde  la  respiration  et  de  la  circula- 
»  tion  se  degradent  en  disparaissant,  le  canal  digestif  pr^sente  souvent, 
»  mais  non  pas  toiijours,  une  modification  remarquable.  On  le  voit  se  com- 
»  pliquer  de  prolongements,  d'appendices  plus  ou  moins  nombreux,  plus 
»  ou  moins  ramifies  qui  en  general  se  portent  vers  la  surface  du  corps. 

»  C'est  celle  disposition  organique  que  j'ai  propose  de  designer  sous  le 
»  nomde  phlebenterisme.  »  (P.  84.) 

Ces  expansions  du  tube  digestif  fonctionnent  comme  un  appareil  d'ir- 
rigation  organique,  r6le,  dit  M.  de  Quatrefages,  que  M.  Milne-Edw^ards 
a  compl^tement  apprecie.  Ce  dernier auteur  a,  en  effet, 6crit ce  qui  suit  (1 ) : 
«  L'embranchementdes  Moliusques  offre  ^galement  des  exempies  de  cette 
»  disposition  organique,  au  moyen  de  laquelle  I'appareil  digestif  peut 
»  venir  en  aide  aux  instruments  charges  de  distribuer  les  Guides  nourri- 
a  ciers  dans  I'interieur  de  I'economie.  Effectivement,  il  me  paralt  diflQcile 
»  de  refuser  des  usages  de  ce  genre  au  syst^me  de  canaux  ramifids  qui , 
»  chez  les  fiolidiens,  natt  du  lube  digestif  et  p^netre  souvent  jusque  dans 
»  les  tentacules  du  front  et  jusqu'a  I'extremit^  poslerieure  du  manteau, 
»  ainsi  que  dans  chacun  des  appendices  branchiaux  dont  le  dos  de  ces 
»  Moliusques  est  garni,  car...  on  voit  les  matieres  alimentaires  parcourir 
»  rapidement  ces  canaux  ramifies.  Le  sang,  dont  la  circulation  est  plus  ou 
»  moins  incomplete,  baigne,  comme  chez  les  nymphons,  la  surface  ex- 
»  lerne  du  systeme  gastro-vasculaire,  et  par  consequent,  a  moins  de  sup- 
»  poser  que  les  parois  de  ces  appendices  du  tube  s'opposent  a  I'absorption 
»  du  chyle,  il  faut  admettre  que  les  produits  du  travail  digestif  vont  dans 
»  presque  tous  les  points  du  corps  se  meler  au  sang  dans  le  voisinage 
»  imm^diatdes  parties  a  la  nutrition  desquelles  ces  matieres  sent  desti- 
»  n^es.  Les  substances  assimilables  arrivent  done  a  leur  destination  plus 
»  promplement  et  plus  surement  que  si  leur  transport  du  centre  du  corps 
»  jusque  dans  les  points  les  pluseloigness'effectuait  par  la  seule  influence 
»  des  courants  sanguins,  et  il  en  faut  conclure  que  chez  les  Moliusques, 
»  de  mfime  que  chez  les  nymphons,  I'appareil  digestif  fonctionne  comme 
»  un  appareil  d'irrigation  organique  aussi  bien  qu'a  la  manifere  d'un  appa- 
»  reil  d'^laboration  chimique  pour  [la  preparation  des  sues  nourriciers. 

(1)  Milne-Edwards,  loc.  cit.,  et  Observaho.ns  stB  u  circulation  (Ann.  dks 
sc.  NAT,,  1845,  t.  Ill,  p.  257,  voy.  p.  27S). 

5 


66 

»  C'est  la  -aus&i  le  r^suUat  auquel  est  arrive  M.  deQuatrefarges,  a  la 
»  suite  de  ses  nombreusesobservationssur  la  structure  des  £olides,et c'est 
»  pour  rappeler  celte  disposition  vasculaire  d'uive  portion  de  I'appareil 
J)  digestif,  ainsi  que  les  fonctions  des  ramifications  de  la  cavite  alimen- 
»  taire,  qu'il  a  propose  de  designer  ces  animaux  sous  le  nom  de  mollus- 
»  ques  phlcbenteres. »  (P.  276). 

Ainsi,  vous  le  voyez,  on  ne  tient  pas  compte  davanlage  de  la  d^termi- 
iliation  de  cet  appareil  comme  6tant  un  foie ,  fait  acceple  a  cette  ^poque 
par  tant  d'aulres  anatomistes.  Ainsi,  voila  un  organe  qui  tout  a  la  fois  va 
verser  de  la  bile  par  toute  sa  surface  interne,  et,  par  cette  m^nie  surface, 
absorber  le  chyle ,  comme  si  le  chyle  existait  dans  I'intestin,  et  tout  cela 
malgre  la  rapidity  des  courants  auxquels  sont  soumises  ces  substances. 
Pourquoi  dire  -que  la  circulation  du  sang  est  ici  plus  ou  moins  incomplete 
et  baigne  ce  pr6tendu  appareil  gastro-vasculaire,  lorsqu'on  salt  que  ce 
sont  les  branchies  qui  ont  les  vaisseaux  les  plus  nettement  determines 
chez  les  Mollusques,  oii  leur  disposition  tubul^e  est  la  plus  nette,  oil  est 
la  necessite  de  cette  distribution  plus  sure  et  plus  promple  dans  ces  Mol- 
lusques, que  chez  tant  d'autres  qui  ont  un  appareil  circulatoire  analogue 
et  pas  de  ramifications  du  foie? 

§  XXXIV.  —  Mais  ce  qu'il  importe  beaucoup  de  signaler,  c'est  cette 
nouvelle  fonction,  celle  dHrrigalion  organique.  Ainsi  voila  une  nouv^elle 
fonction  qu'il  faut  ajouter  a  celles  que  la  physiologie  nous  a  fait  connaitre 
jusqu'a  ce  jour.  Outre  la  fonction  dont  I'accomplissement  a  pour  r^sultat 
le  transport  du  sang  dans  toute  I'economie,  il  y  a  done  la  fonction  d'irri- 
gation  organique.  II  est  tout  simple  qu'admettant  un  appareil  nouveau, 
le  gastro-vasculaire,  on  soil  force  d'admettre  une  fonction  nouvelle. 
Nous  avons  rieja  prouv6  sufSsamment  que  le  prelendu  appareil  gastro- 
vasculaire  n'etait  qu'un  foie.  La  pretendue  fonction  correspondante,  celle 
(^irrigation  organique,  n'existe  done  pas  plus  que  I'appareil;  ce  n'cst 
,pas  la  le  r61e  que  remplit  cet  organe  hdpalique  ramifie ;  il  vient  en  aide 
a  la  dissolution  des  aliments;  quant  a  I'absorption  des  malieres  dis- 
soutes,  y  eut-elle  lieu  comme  ailleurs,  fait  peu  probable,  ainsi  que  nous 
I'avons  vu,  il  n'y  aurait  pas  la  motif  sufTisant  a  introduire  une  nouvelle 
fonction  dans  la  physiologie. 

Nous  nous  sommes  plus  arr^l^s  surce  passage  de  M.  Milne-Edwards 
que  sur  le  travail  de  M.  de  Quatrefages,  parce  que  celui-ci  n'est  qu'un 
developpement  des  m^mes  id<5es.  Toutefois,  cet  auteur  insisle  sur  ce  fait, 
(fu'il  pense  que  les  appendices  dorsaux  des  JVudibranches  servent  a  la 


67 
respiration  immediate  des  produils  de  la  digestion,  c'est-d-dire  ausortir 
du  lube  digestif,  sans  passer  par  Vintermediaire  des  chyli feres  ou  au- 
tres  vnisseaiix  (p.  93-94). 

§  XXXV. — M.  de  Quatrefages  signale  en  outre,  dans une  note,  les mSmes 
id^es  que  nousavons  trouve  developpeesdans  la  Revue  des  Deux-Mondes. 
Nous  ne  citerons  que  ce  passage,  qui  montre  combien  le  mot  phlebentere 
s'est  att(5nue  dans  sa  signification  et  sa  valeur,  fait  important  a  signaler 
pour  bien  juger  de  I'ensemble  des  faits  qui  se  rapportenta  cette  question. 

«  Toutefois,  j'ajouterai  (dit  il  page  94)  que  I'expression  Ac  phlebentere 
»  me  sembie  pouvoir  6tre  conservee  comme  permettant  de  caracteriser 
»  d'un  soul  mot  tel  ou  tel  animal  dont  I'organisation  presente  un  certain 
»  ensemble  de  parlicularites  analomiques.  C'est  en  ce  sens,  parexemple, 
»  qu'on  pourra  dire  que  les  Pycnogodines  sont  des  Crustaces  phlebente- 
»  res,  les  Planaires  des  Turbellaries  phlebenteres,  etc.,  etc.  » 

Voire  commission  ne  pense  pas  qu'il  en  doive  etre  ainsi.  En  effet, 
un  mot  qui,  apr^s  avoir  eu  la  signification  si  tranchee  que  nous  lui 
avons  vue  en  vient  a  la  perdre  pour  en  prendre  une  si  generale  et  si 
diffuse ,  pent  etro  nuisible  dans  la  science.  II  est  difficile  on  effet  que 
Tesprit  saisisse  alors  la  signification  exacte  et  precise  qui  doit  6tre  con- 
servee; invoiontairement  on  se  reporte  a  la  signification  premiere.  Mais 
il  y  a  une  raison  bien  plus  grave  et  purement  anatomique  qui  s'op- 
pose  a  la  conservation  de  ce  terme.  II  a  6te  cr6e  pour  exprimer  la  disposi- 
tion ramifiee  de  I'intestin  d'animauxMoUusques;  or,  il  se  trouve  precise- 
ment  que  ces  pr^tendues  jgamificalions  inle^tinales  no  sont  que  de  larges 
ramifications  des  conduits  biliaires  du  foie.  Comment  pourrait-on,  une  fois 
ce  fait  connu,  employer  le  nom  qui  I'exprvme  pour  designer  de  veritables 
coecums  inteslinaux?  Dans  le  cas  des  MoUusques  il  s'agissait  de  conduits 
biliaires;  dans  le  cas  des  Crustaces  etdes  Planaires,  il  s'agitde  veritables 
coecums  non  subdivises  dans  les  premiers ,  ramifies  dans  les  seconds.  Tou- 
jours  ils  ont  ete  pris  pour  tels,  appeles  de  la  sorte ,  et  le  nom  de  coecums 
simples  ou  de  ccecums  ramifies  ne  saurait  etre  change  pour  celui  d'ap- 
pareil  gastro-vasculaire.  Jamais  on  ne  sera  porte  a  donner  fe  nom  de 
phlebentere  a  des  animaux  dont  I'intestin  a  de  vrais  ccecums,  quant  ce 
mot  a  eu  la  signification  que  nous  I'avons  vu  posseder.  Qu'il  y  ait  ou 
non  modification  des  appareils  circulatoires  ct  de  respiration  en  nieme 
temps  que  des  coecums  a  I'intestin,  il  n'en  restcra  pas  moins  toujours  ce 
fait  que  le  mpt  phlebentere  a  tjle  cree  pour  de-igner  un  foie  ramifie  pris 
pour  un  intestin.  Ainsi  done  on  ne  saurait  desurmais  accepter  ce  mot 


68 

m6meavec  toutes  les  restrictions  successives  qu'a  subies  son  acceplion,  et 
mdnie  precisement  a  cause  de  cela. 

Signalons  enfin  que  M.  de  Qualrefages,  dans  ce  travail,  reconnait  que 
les  phlebenleres  ne  formenl  plus  un  ordre,  mais  seulement  une  familie  de 
'ordre  des  Nudibranches. 

§  XXXVI. —  Les  travaux  que  nous  allons  mainlenant  exposer  vont 
vous  prouver  que  ces  raisonnements  ne  sent  pas  exclusivemenl  propres  a 
votre  commission ;  car  de  tous  les  auteurs  dont  il  nous  reste  a  analyser 
les  travaux,  aucun  n'a  adopts  les  denominations  dont  nous  venons  de 
parler.  lis  n'ont  adople  ni  cdle  de  phlebenterisme,  au  point  de  vue  anato- 
mique,  ni  celle  de  phlebentere ,  au  point  de  vue  zoologique.  II  faut  en 
excepler  toutefois  M.  Blanchard  (1),mais  il  ne  I'afait  que  sous  forme  d'as- 
sertion.  M.  Milne-Edwards,  dans  son  memoire  sur  la  classiGcation  des 
Gasteropodes,  n'en  a  meme  pas  prononce  le  nom  (2). 

Nous  voici  arrives  aux  travaux  qui  ont  paru  en  1846  :  nous  cilerons  en 
premier  lieu  parmi  ceux-la  le  travail  de  M.  Nordmann  sur  le  Tergippe, 
animal  du  meme  genre  que  ceux  dont  M.  de  Quatrefages  avail  fait  le 
genre  jimphorine ;  quoique  public  a  Saint-Pelersbourg  en  1844,  il  n'a 
^le  connu  en  France  qu'en  1846  (3).  M.  Nordmann  y  d^crit  le  cceur, 
I'aorte,  les  troncsveineux  qui  rapportent  le  sang  dans  l'oreillette;cbczcet 
animal  sur  lequel  M.  de  Quatrefages  n'avait  pas  Irouve  trace  d'appareil 
circulatoire  (p.  417  et  120). 

La  description  qu'il  donne  du  tube  digestif,  montre  que  chez  cet 
animal  I'intestin  pourvu  d'un  anus  est  semblable  a  ceiui  des  Mollusques 
de  la  meme  familie.  Ces  travaux  ont  ete  fails  parM.  Nordmann ,  sans  qu'il 
eut  connaissance  de  ceux  de  M.  de  Qualrefages.  Aussi  Ton  a  invoqu^  avec 
force,  k  I'appui  du  phlebenterisme ,  un  passage  du  travail  de  M.  Nord- 
mann ,  dans  lequel  ce  naturaliste  dit  que  les  ironcs  veineux  qui  abou- 
titsent  a  I'oreillette  et  les  principales  divisions  de  Vaorte  sont  les  seules 
parties  du  systeme  circulatoire  qui  lui  aient  paru  constituees  par  des 


(1}  Blanchard,  Mehoire  sur  leb '.opistobranches  (Ann.  deb  sc.  hat.,  I8id, 
t.  IX). 

(2)  Milne^Edwards,  Situ  la  classification  naturelle  dcb  Uoiu  caster.  {\m. 
DES  sc.  NAT.,  1848,  t.  IX,  p.  102). 

(3)  Nordmann,  Essai  b^u.'he  homochaphie  du  tEHCiPEi  EDWAKsen  (Ann,  sc. 
NAT.,  184C,  t.  V,p.  109). 


1 


69 
vaisseaux  proprement  dits,  et  qiCen  dehors  de  ces  vaisseaux,  le  sang 
serail  contenu  dans  des  lacunes  ou  des  canaux  sans  parois  silues  entre 
le$  differents  organes.  Mais  nous  avons  d^ja  dit  que  \e phlebenlerisme  no 
consistait  pas  uniquement  en  une  modiQcation  de  I'appareil  circulatoire. 
De  plus  ,  les  observations  de  M.  Nordmann  ont  el6  faites  au  microscope 
par  transparence  sur  des  animaux  de  4  a  5  millimetres  de  longueur,  et 
par  consequent  a  un  assez  faible  grossissement.  Or  il  est  impossible  de 
pouvoir  de  ia  sorte  distinguer  des  parois  vasculaires ,  Ires-minces  par 
elles-m^mes,  et  de  plus,  adherentes  aux  tissus  ambianls.  On  salt  que 
dans  ies  organes  comrae  ia  langue  de  laGrenouille,  on  peut  demontrer 
I'exislencede  capillaires  dont  ies  parois  ont  ia  structure  caracleristique 
ordinaire,  en  employant  le  mode  de  preparation  habitual  pour  ces  ele- 
ments, et  un  grossissement  de  500  diam^tres.  Or  on  sait,  d'autre  part, 
qu'en  examinant  par  transparence  la  circulation  dans  cet  organe ,  11  est 
impossible  d'apercevoir  ces  parois  des  capillaires.  Ce  sont  la  autant  de 
faits  anatomiques  bien  connusde  tous  ceux  qui  ont  etudie  I'anatomie  des 
tissus  et  la  physiologie  d'une  maniere  comparative,  mais  dont  beaucoup 
d'observateurs  ne  tiennenl  pas  compte.  lis  ont  cependant  une  tres-grande 
importance,  et  il  est  necessaire  de  les  avoir  toujours  presents  it  la  me- 
moire  dans  des  etudes  du  genre  de  celle  dont  il  s'agit,  surtout  lorsqu'on 
voit,  dans  I'espece  humaine,  la  muqueuse  uterine  presenter,  a  parlir 
du  deuxieme  mois  de  la  grossesse,  des  veines  volumineuses  dent  les  parois 
sont  teliement  minces  qu'elles  ne  ferment  plus  qu'une  sorle  de  vernis  de 
substance  homogene  ,  amorphe,  souvent  demontrable  seulement  au  mi- 
croscope. 

Cette  m^me  annee  '1846,  MM.  Alder  et  Hancock  ont  eu  occasion  d'etu- 
dier  un  autre  des  animaux  que  M.  de  Quatrefages  rangeait  parmi  les  phle- 
bentere's  {\).  lis  etablissent  I'identite  de  I'animal  observe  par  eux  avec 
celui  qui  avait  el6  etudie  par  M.  de  Quatrefages,  el  ajoutent:  «  Mais 
»  M.  de  Quatrefages  etublit  que  ce  genre  n'a  ni  branchies,  ni  coeur,  ni 
»  anus,  le  meltant  ainsiau  niveau  des  Zoophytes  inferieurs;  ilnousfaut 
»  confessor  que  nous  avons  toujours  regarde  avec  une  grande  suspicion 
»  celte  degradation  extreme  du  type  des  mollusques ,  et  la  decouverte  de 
»  cette  cspece  n'a  pas  peu  contribu6  a  fortifier  notre  conviction  quo  les 
»  vuos  de  M.  de  Quatrefages  reposent  surdes  observations  imparfaites.  » 

(I)  Alder  and  Hancock,  Notices  of  some  new  and  rabe  Bbitish  speoes  or 

NAKED  MOLLUSCA  (ANN.  ET  MAG.  :»AT.  HIST.,  vol    XVIII,  1846,  p.  289}. 


70 

Ce  Mollusque  que  M.  de  Quatrcfas^cs  a  decrit  sous  le  noin  de  Pavois 
(^Pelta),  est  du  mi^nie  genre  que  celui  deja  decrit  prec61eminenl  par  le 
le  docteur  Johnston ,  avec  la  denomination  de  Limaponlia  nigra. 
MM.  Alder  et  Hancock  d^crivent  dans  ce  Mollusque  uno  branchie  lout  a 
fait  semblable  a  celles  des  Nudibranches,  placee  en  arriere  du  corps  sous 
un  repli  du  manteau,  et  que  M.  de  Quatrefages  a  meconnue. 

II  signalent ,  en  outre,  un  anus  Ires-apparent  a  la  partie  posterieure  et 
mediane  du  corps ,  enfin  un  coeur  dont  ils  ont  meme  compte  les  pulsations. 

A  la  meme  epoque,  M.  Souleyet  fit  connailre  par  I'analomie  des  genres 
Glaucus  ,  Philliroe  et  Tergippe ,  que  ces  animaux  ne  different  pas  es- 
sentiellenient  des  autres  Gasteropodes(l  j.  II  monlra  de  nouveau  que  les 
appareilsde  la  digestion  ,  respiration  et  circulation  existent,  et  que  rien 
dans  leur  organisation  ne  peut  autoriser  a  soutenir  encore  ce  qu'on  a  ap- 
pele  le  phlebenterisme. 

§  XXXVII.  —  D'apres  tout  cet  ensemble  de  fails,  voire  commission  no 
pense  pas  qu'on  puisse  se  rattacher  a  I'opinion  de  M.  Milne-Edwards  , 
emisa  dans  un  rapport  sur  I'embryogenie  de  I'Acteon ,  eludiee  par 
M.  Vogt  (2)  :  «  Nous  ignorons  done,  dit-il ,  a  quel  moment  le  coeur  (de 
»  I'Acteon)  dont  la  presence  a  ele  conslatee  chez  I'animal  adulte  par 
»  M.  Souleyet,  se  con&titue;  et  peut-^lre  faut-il  rallacher  a  sa  formation 
»  tardive  la  divergence  d'opinions  qui  a  exisle  eiitreco  zoologisle  elM.  de 
»  Quatrefages,  relativement  a  I'existence  meme  de  ce  viscere  chez  i'Ac- 
»  teon,  car  on  sail  que  M.  Souleyet  a  eludie  des  individus  qui  etaient  evi- 
ft  demmentadulteSjtandisque  M.  de  Quatrefages  n'avait  a  sa  disposiliou 
»  que  des  individus  fort  petits  dont  le  developpement  elait  peul-dlre  en- 
a.  core  inacheve.  »  (P.  4018.)  Ce  qui  s'oppose  encore  ace  qu'on  admelle 
cetLe  opinion,  c'est  precisement  la  disposition  du  foie  chez  les  Acteons  a 
I'etat  oil  leur  coBur  n'existe  pas.  Cet  organe  ,  en  effet ,  se  presente  sous 
forme  d'une  masse  arrondie  accolee  a  I'estomac,  et  n'offre  encore  au- 

(1)  Souleyet,  Anatomie  des  genres  Glaocus,  Phyluroe  et  Tergippe,  et  quel- 

QDES   OBSERVATIONS    NOUVELLES    SDR    LE    PHLEBENTERISME  (C.    V.    dCS  SeailCCS    dC 

I'Acad.  des  so.  de  Paris,  I8i6,  t.XXII,  p.  673),  et  Souleyet,  Considerations  sur 

LA  CIRCULATION  DANS  QUELQUES  GROUPES  DE  LA  SEUIE  ANIMALE  (ARCHIVES  D'ANATO- 

ut£,  dans  Archives  DE  medecine,  1846,  p.  105). 

(2)  Milne-Edwards,  Rapport  sdr  les  recuerches  de  M.  Vogt  relatives  a 
L'liVBR-ioGENiB  DES  MoLLUsQUES  GASTEROPODES  (C.  r.  dcs  seanccs  dc  I'Acad.  des 
sc.  de  Paris,  1846,  t.  XXII,  p.  1012). 


7t 
cune  trace  de  la  disposition  arhorescente  qui  est  si  remarquahle  chez 
I'Acteon  adulte.  Seulement  ce  foie  est  creus6  d'une  cavit6  formant  une 
sorte  de  diverticulum  a  Testoinac.  Or  comme  M.  de  Quatrefages  a  d^crit 
chez  cet  animal  des  ramifications  qu'il  appelle  gastro-vasculaires  ,  ce 
fait  indique  bi:en  que  tout  ie  d^veloppement  etait  plus  avance  que  ne  le 
pense  M.  Edwards.  Dans  le  cas  meme ou,  comme  cela  est  probable,  M.  de, 
Quatrefages  aurait  pris  les  ramifications  de  I'appareil  respirateur  place  a 
la  surface  dij.  doa,  pour  ce  qu'il  npnjme  appareii  gastro-vasculaire ,  ce, 
fait  indique  evideiAment  que  les  ifldividus  Studies  etaient  plus  avanc^a, 
qu'on  ne  veut  le  supposer,  puisque  le  premier  de  ces  appareilsn'est  pas 
encore  forme  diez  les  embryons  dont  parle  M.  Edwards. 

En  1847,  parut  le  Manuel  pe  zootomie  de  Rudolphi  Wagner  dont  la 
partie  concerna,nt  les  Invertebres  est  traitee  par  MM.  Frey  e^  Leuckart{1). 
Dans  leur  classification  desGasteropodes,  ils  n'admettent  pas  le  groupe  des 
phlebenteres.  lis  decrivent  I'intestin  de  la  meme  maniere  que  M.  Sou- 
leyet  et  les  auteurs  anglais  chez  les  mimes  animaux,  et  a  propos  de  I'esto- 
mac  et  de  I'intestin  de  Tfioiidine,  ils  disent  en  note  :  «  Les  determinations 
de  De  Quatrefages  sent  inexactes.  »  (P.  430).  A  la  meme  page,  ils  consi- 
derent  comme  aussi  invraisembiable  I'absence  d'anus  chez  les  phl6bent6- 
res  que  sa  presence  sur  la  ligne  mediane  chez  la  Zephyrine  et  I'Acleon ;  et 
ils  n'en  tiennent  pas  compte  dans  leur  description.  Ils  considerent  ce  qui, 
disent-ils ,  a  ete  appele  systeme  phlebenterique  ou  gastro-VdLSCulaire 
comme  Itant  un  foie  ramifie  ou  desagreg^.  Cet  appareii,  disent-ils  (p.  434 
et  435),  pourrait  etre  appele  i  beaucoup  meilleur  litre  dif,  nom  de 
GASTRO-BiLiAiRE ,  comme  Souleyet  Va  propose.  lis  ajoutent  encore  qu  e 
le  foie  de  la  Pleurophylidie ,  dont  nous  avons  parle  en  commenpant, 
constitue  une  transition  de  cette  forme  a  la  forme  ordinaire  dufoie  des 
Gaslcropodes.  (P.  435.) 

A  propos  de  la  circulation,  ils  pensent  qu'il  faut  attendre  confirmation 
pour  croire  a  I'absence  de  cceur  chez  les  plus  petits  phlebent6r6s  ou  M.de, 
Quatrefages  adraet  qu'il  n'existe  pas.  (P.  441.),  lis  s'etendent  peu  aui:  ce 
sujet ;  nous  aurons  du  reste  a  y  revenir  dans  la  seconde  partis,  de  ce  rap- 
p.ort.  Quant  aux  appendices  dorsaux,  ils  les  considerent  comme  des  bran- 
chies  et,  ne  songent  pullement  a  en  changer  la  determination^ comme  seul 
I'a  voulu  faire  M.  de  Quatrefages.  Nulle  part  ils  ne  songent  a  soutenir  les 

(1)  R.  Wagner,  Lerbuch  der  Zootomie  (Anatomie  der  wibbeliosen  Thiere, 
von  H.  Frey  und  R.  Leuckait,  p.  i30-i4t>,  1847,  m-8%  Leipzig). 


72 
opinions  de  ce  naturalistc  ni  sur  les  phl^benteres  ni  sur  le  phlebente- 
risme  contre  les  objections  des  auteurs  qui  ont  releve  successivement  les 
faits  incomplels  ou  inexactsque  nous  avons  signales. 

Dans  le  traits  de  Slanniiis  et  De  Sieboid,  ce  dernier,  qui  a  ecrit  la  par- 
tie  concernant  les  in  vertebras,  dit  ( 1 ) :  wQiiant  au  sous-ordre  des  Apneustes 
»  et  ses  deux  families  les  Anangies  et  les  Angiophores ,  il  a  ^le  etabli 
»  par  Koeiliker  en  opposition  aux  autres  Gasteropodes  qui  sont  pourvus 
»  d'organes  respiratoires  distincts.  J'ai  hesil6  d'autant  a  admettre  cette 
»  coupe  composee  de  petites  especes  bien  int^ressantes  qu'elle  est  con- 
»  firmee  par  la  structure  anatomique  de  ces  animaux  et  que  le  noni  de 
»  phiebent^res  employe  par  Quatrefages  doit  etre  mis  de  c6t^  d'apres  des 
»  recherches  recentes.  »  Cette  division  des  Apneustes  etablie  d'apres  un 
manuscrit  de  Koeiliker  coniprendrail  des  Mollusques  sans  organes  respi- 
ratoires distincts  ni  de  coquille ;  la  fiimille  des  Angiophores  serait  formes 
d'especes  ayant  un  coeur  et  un  rudiment  de  systeme  circulatoire;  celie 
des  Anangies  contiendrait  les  especes  qui  n'ont  ni  cceur  ni  vaisseaux.  Nous 
croyons  inutile  de  relever  une  pareille  classification,  qui  n'est  qu'un  re- 
maniement  du  pretendu  groupe  des  phlebenteres.  Tous  les  fails  que  nous 
avons  indique?,  comma  demontrant  I'existenced'un  coeur  la  oil  ces  auteurs 
le  considerent  comme  absent,  sont  largement  suffisants  qu'ils  sont  dans 
I'erreur  au  memo  titre  les  uns  que  les  autres.  Du  reste,  a  propos  du  cceur, 
M.  de  Sieboid  ne  se  prononce  pas  netlement.  (P.  322-323.)  II  ne  repousse 
pas  I'idee  d'une  degradation  progressive  dans  I'appareil  circulatoire  des 
Mollusques.  Ce  n'est  pas  sans  surprise  que  dans  un  ouvrage  de  cette  na~ 
ture,  publie  apres  celui  que  nous  venons  d'analyser,  on  trouve  les  asser- 
tions les  plus  exagerees  emises  sur  plusieurs  points,  rapportees  sans  dis- 
cussion, a  peu  pr6s  sans  critique,  et  sans  autres  preuves  a  I'appui  que  des 
descriptions  considerees  aujourd'hui  comme  inexactes,  et  meme  pour 
quelques-unes  par  leurs  auteurs.  Au  point  ou  nous  en  sommes,  il  serait 
inutile  de  revenir  sur  leur  critique. 

Toutefois  le  savant  Allemand  n'admet  pas  Tabsence  d'anus,  il  ne  parle 
nulle  part  de  I'appareil  gastro-vasculaire,  tout  en  considerant  les  conduits 
hepatiques  ramifies  et  termines  en  cul-de-?ac,  comme  des  ccecums  intes- 
tinaux.  Naturellement  il  n'admet  pas  de  branchies  puisqu'il  les  appelle 


(1)  Stannius  et  de  Sieboid,  Manuel  d'anat.  commaree,  trad,  franraise,  in-l2. 
Paris  1849,  tome  I,  p.  292.  Paru  en  Aliemagneen  1848. 


7S 
Apneustes,  opinion  sur  laquelle  nous  passons  parce  qu'elie  ne  merite  plus 
critique.  Enfin  il  dit  (p.  325)  :  «  Cependant  Quatrefages  n'a  pas  su,  dans 
»  i'origine,  s'orienter  a  propos  de  cette  circulation  simple  des  Apneustes, 
»  et  a  dit  que  chez  ces  Gasteropodes  le  canal  intestinal  ramifie  joue  en 
»  m^me  temps  le  role  d'un  systeme  vasculaire  sanguin,  ce  qui  I'a  engage 
»  a  donner  le  nom  de  phlebenteres  au  groupe  entier  de  ces  animaux.  » 

§  XXXVIII.  —  MM.  Embleton  et  Hancock  ,  qui  n'avaient  trail6,  dans 
le  memoiredont  nousavons  deja  parl(5,  que  d'une  partie  de  I'organisation 
des  fiolides,  ont  repris  I'anatomie  de  ces  Moliusques  dans  un  autre  me- 
moire  qui  a  ete  publie  en  fev.  1848  dans  le  meme  recueil  (1).  Ces  deux 
naturalistes  ont  decrit  d'une  maniere  tr6s-detaillee,  dans  ce  nouveau  tra- 
vail, les  organes  de  la  generation,  de  la  circulation  et  de  la  respiration. 

La  description  qu'ils  donnent  de  I'appareil  generateur  conGrme  tout  a 
fait  ce  que  M.  Souleyet  avait  deja  dit  a  ce  sujet. 

Pour  les  organes  de  la  respiration  ,  les  deux  auteurs  anglais  pensent 
aussi  que  ces  organes  sont  essentiellement  constitues  par  les  papilles  dor- 
sales  de  ces  Moliusques. 

Enfin,  quant  aux  organes  de  la  circulation  ,  qu'ils  decrivent  et  figurent 
dans  les  plus  grands  details,  leurs  observations  demontrent  encore  que 
celles  de  M.  de  Quatrefages  etaient  inexactes,  et  surtout  en  ce  qui  con- 
cerne  le  systeme  veineux  et  la  structure  du  cceur,  que  ce  dernier  natura- 
liste  avait  represente  avec  deux  oreillettes  en  forme  d'entonnoirs,  s'ou- 
vrant  dans  la  cavite  abdominale.  MM.  Embleton  et  Hancock  s'expriment 
ainsi  a  ce  sujet,  a  la  page  102  : 

€  M.  de  Quatrefages ,  en  decriranl  les  organes  de  la  circulation  dans 
^  les  fiolidines,  nie  I'existence  du  systeme  veineux;  I'inexactitude  de 
»  cette  observation ,  nous  I'avons  prouvee  d'une  maniere  suffisante.  Les 
»  deux  appendices  auriculaires  du  cceur,  en  forme  d'entonnoirs  ,  decrits 
»  par  lui ,  lui  ont  ete  suggerds  vraisemblablement  par  une  vue  du  bord 
»  anterieur  de  I'oreillette  et  par  quelques  plis  de  I'oreillette  elle-m6me 
»  ou  de  la  peau ,  le  long  de  la  ligne  mediane  du  corps.  11  est  certain  que 
»  I'oreilletle  est  simple  et  qu'elie  regoit  des  troncs  vemeux  de  chaque  cote 
»  et  en  arriere,  troncs  qui  resultent  de  I'union  de  nombreuses  branches 
»  veineuses  de  differenis  calibres,  lesquelles  ne  communiquent  point  di» 


(1)  Embleton  et  Hancock,  THE  Annals  and  Magazine  ofnat.  hist.,  feb.  1848, 
vol.  I,  2«serie,p.  81. 


74 
»  rectement  avec  les  lacunes  in lervisce rales ;  cela  est  aussi  certain ,  et 
»  en  admettant  meme  I'existence  de  lacunes,  elles  n'excluent  point  lo 
»  sysleme  veineux ,  niais  occupent  la  position  du  systeme  capillaire  dans 

>  les  animaux  superieurs.  » 

Au  moisde  juin  de  la  meme  annee  (1848),  MM.  Hancock  et  Alder  pour- 
suivant  leurs  recherches  sur  les  Mollusques  decrits  par  M.  de  Quatrefages 
sousle  nom  de  phlebenteres, pnhlienl  de  nouvelles  observations  sur  deux 
de  ces  Mollusques,  les  genres  Chalide  el  Act^onie  (1 ). 

Pour  le  premier  de  ces  genres,  MM.  Alder  et  Hancock  font  voir  que 
M.  de  Quatrefages  aurait  pris  les  deux  ccecums  pour  Vestomac,  qu'il 
n' avail  pas  vu  ce  dernier  organe,  ni  Vinteslin,  ni  Vanus,  dont  il  avail 
nie  Vexislence;  qu'il  avait  egalementcommisdes  erreurs  graves  relati- 
vement  aux  organes  generateurs.  M.  de  Quatrefages  avait  nie,  dans  ce 
Mollusque,  I'existence  d'un  appareil  circulatoire.  Les  deux  zoologistes  an- 
glais decrivent  longuement  lecoeur,  compose  d'uneoreillette  et  d'un  ven- 
tricule,  ainsi  qu'une  partie  du  systeme  vasculaire.  «  M.  de  Quatrefages, 
»  disent-ils,  pretend  que  sa  Chalide  azuree  n'a  pas  de  cceur,  ni  de  sys- 
»  teme  vasculaire;  nous  avons  vu  que  notre  espece  a  non-seulement  un 
»  cceur  double  bien  forme,  mais  aussi  un  systeme  arteriel,  et,  d'apres  la 
»  contraction  soudaine  de  I'oreillette  placee  en  arriere,  il  est  evident  que 
»  le  systeme  veineux  ne  peutpas  manquer  tout  a  fait,  et  qu'il  y  a  tout  au 
*-  moinscelte  portion  que  M.  Milne-Edwardsappelle  ftrancAio-cardio^we. 
»  On  ne  peut  done  soutenir,  sousce  point  de  vue,  les  deductions  de  M.de 
»  Quatrefages.  »  (P.  414). 

Les  details  donnes  par  MM.  Alder  et  Hancock  sur  le  genre  Acteonie, 
prouvent  aussi  que  les  observations  de  M.  de  Quatrefages  sur  ces  Mol- 
lusques etaient  presque  enti^rement  inexactes. 

Quant  aux  idees  theoriques  de  M.  de  Quatrefages  sur  ces  Mollusques, 
les  deux  auteurs  stnglais  y  revieniienl,  de  nouveau  dans  ce  memoire; 
(p.  404). 

<  Ces  animaux  disent-ils,  ont  ete  places  par  M.  de  Quatrefages  dans 
»  son  ordre  des  phlebenleres.  On  se  rappelleque  cet  ordre  a  ete  forme  ea 

>  detachantles]£olidiensdes  autresNudibranches,  eten  les  unissant  avec 
».  les  Mollusques  en  question  pour  former  un  ordre  nouveau,  fond6  sur  le. 


(1)  Alder  et  Hancock,  Ann.  and  Mag.  of  nat.  hist.,  June  1848,  vol.  1,2'  setie, 
p.  401. 


75 

>  systeme  gastrique,  ou  plutot  sur  les  ideesde  cet  auteur  sur  lesysteme 
»  gastro-vasculaire'de  VQrs,anisalion.  Nous  avonsd^ja  fait  des  objections 
»  a  la  creation  de  eel  ordre,  pour  deux  raisons  :  la  premiere,  c'est  que 
»  nous  ne  croyons  pas  vraie  la  theorie  indiquee  (la  theorie  du  phlebent(5- 
»  risme) ;  la  seconde ,  c'est  qu'elie  detruit  Tordre  des  Nudibranches,  qui 
»  nous  paraitctre  un  groupe  naturel,  dont  lesindividussonttres-distincts 
»  dans  leurs  caracleres  exterieurs.  s 

§  XXXIX.  —  M.  Blanchard  a  publie  a  peu  pres  la  menie  epoque,  en 
mars  1818,  un  memoire  sur  rorganisation  des  Mollusques  gasteropodes 
composant  les  ordres  des  Tectibranches,  Nudibranches  et  Inferobranches 
de  Cuvier,  par  consequent  des  groupes  auxquels  apparliennent  les  phle- 
bente'res  de  M.  deQuatrefages  (IJ.  Les  resultats  enonces  dans  ce  travail 
confirment,  sur  plusieurs  points  importants,  ceux  qui  avaient  ete  publics 
par  M.  Souleyet.et  n'en  controlli^ent  aucun  de  ceux  qui  sont  fondamen- 
taux.  Ainsi,  quant  a  celte  degradation  de  I'appareil  circulatoire  des  Mol- 
lusques qui  aurait  pu  aller  jusqu'a  son  annihilation  complete,  dans  plu- 
sieurs de  cesanimaux,  M.  Blanchard  s'expriuiede  la  nianiere  suivante  : 
«  Actuellement  encore,  I'idee  de  cette  dt^gradation  organique  n'est  pas 

>  repousseede  toutes  parts.  M.  do  Siebold,  dans  son  Manuel  d'ANATOJUE 
»  coMPAREE,  publie  tout  r^cemment,  cite  des  observations  encore  inedites 
»  dues  a  M.  Koelliker.  D'apres  les  recherches  rappelees  dans  cet  6cri!, 
j>  on  attribue  un  ccEur  et  des  vaisseaux  a  certaines  especes  en  leur  en 
»  opposant  d'autres  de  la  meme  (amille  qui  en  seraieni  totalement  pri- 
»  vees.  D'apres  lous  les  faits  connus  aujourd'hui  sur  I'organisation  des 
»  Mollusques  et  des  Anneles,  il  est  bien  difiQcile  de  ne  pas  voir  la  le  r6suk 
»  tat  d'observations  trop  precipitees. 

»  Dans  tous  les  fiolidiens  que  j'ai  etudies  [Eolis  neapolitana,  pereg- 
»  rina,  flabellina,  JSellardii,  etc.,  et  CalliopcBa  Souleyetti,  Janus 
»  spinolw ,  Diplocera  Feranyi) ,  j'ai  Irouve  les  arteres  qui  se  rendent  a 
»  tous  les  organes  tres-developpees.  Je  me  suis  attache  a  en  suivre  le 
»  trajet ,  en  injectant  les  vaisseaux  chez  plusieurs  especes.  En  oulre,  chez 
»  tous  aussi,  j'ai  constale  I'existence  d'uneoreiilette  parfuitemtnt  consti- 
»  tuee,  et  de  vaisseaux  efferents  des  branchies  en  nombre  plus  ou  moins 
»  considerable.  Ces  vaisseaux,  qui ,  dans  certains  types,  sont  en  quantild: 


(1)  Blanchard,  Mem-  sdr  l'organisat.  des  Mollusqdes  be  l'ordre  des  Opis-^ 
THOBRANCHBs  (Ann.  DES  sc.  NAT.,  mars  18i8,  t.  IX,  p.  172). 


76 
•  si  considerable  qu'ils  constituent  un  veritable  reseau,  ont  des  parois  pro- 
»  pres  d;ins  toutes  ies  especes  soumises  a  mes  recherches;  iU  peuvenl 
»  par  cn-sequent  eire  isoles  par  la  dissection.  Ce  ne  sent  pas  de  simples 
»  ciinaux  ,  comme  celase  voit  dans  ies  Telhys.  M.  Souleyel  etait  done 
»  dans  le  vrai  relativemenl  a  I'existence  de  ces  vaisseaux.  »  (Blancliard, 
loc.  cit.,  p.  187.) 

M.  Blancliard  dit  un  peu  plus  loin  :  «  Quant  au  fait  negatif  qu'on  a 
»  cru  observer  chez  eux  (Ies  Mollusques  de  la  famille  des  fiolidiens  et 
»  autres  genres  voisins) ,  I'absence  de  coeur  et  de  tout  vaisseau ,  rien 
»  n'est  moins  admissible. 

»  Une  degradation  de  I'appareil  circulatoire  viendrait-elle  a  se  mani- 
»  fester  chez  certains  Gasteropodes?  est-ce  I'ensemble  du  systeme  vas- 
y>  culaire  qui  aurait  disparu?  toutes  Ies  analogies  nous  autorisent  a  dire  : 
»  ncn.  »  (P.  <88.) 

Pour  M.  Blancliard  ,  Ies  papilles  dorsales  des  £olidiens  sont  aussi  des 
organes  branchiaux  analogues  a  ceux  des  autres  Mollusques  nubibranches , 
contrairementace  que  M.  de  Quatrefages  avait  avance  en  disant  que  ces 
Mullusques  etaient  prives  d'organes  respiratoires  proprement  dits, 
(P.  189). 

Enfin,  M.  Blanchard  s'exprime  ainsi  relativement  a  la  forme  du  foie 
dans  ces  Mollusques : 

«  Cequi  merite  bien  de  fixer  I'attention  sur  certaines  Opisthobranches, 
»  c'est  Torgane  h^palique.  Le  foie,  chez  Ies  Doris,  Ies  Aplysies ,  de  meme 
»  que  chez  la  plupart  des  Mollusques ,  forme  une  masse  volumineuse  en- 
»  veloppant  enquelque  sorte  I'intestin. 

»  Dans  Ies  fiolidiens ,  comme  on  le  salt  aujourd'hui,  il  existe  une  dis- 
»  position  fort  parliculiere :  le  foie,  au  lieu  d'etre  r^uni  en  masse  sur  un 
»  seul  point,  est  pour  ainsi  dire  diffus.  II  se  presents  un  peu  comme  le 
»  foie  des  insectes  sous  la  forme  de  canaux  hepaliques.  »  (P.  18S.) 

Ainsi  M.  Blanchard  n'a  vu  ,  avec  raison  ,  dans  le  pretendu  appareil 
gastro-vasculaire  de  ces  Mollusques,  qu'un  appareil  hepatique,  qu'un  foie 
ramifie  ;  et  repudiant  tout  a  fait  sur  ce  point  Ies  idees  de  M.  de  Quatre- 
fages, le  mot  d' appareil  gastro-vasculaire  ne  se  trouve  mSme  pas  dans 
son  m^moire. 

§XL. — Au  mois  de  septembredecetlememe  ann^e  (1848),  M.  deQua- 
trefages  a  public  dans  Ies  Annales  des  sciences  naturelles,  un  Resume 
DES  observations  faites  par  lui  en  1844  sur  los  Gasteropodes  phlebenie- 


77 
re's,  pendant  son  voyage  en  Sicile  (1).  Dans  ce  travail,  M.  de  Qualrefages 
s'etant  born6  a  exposer  d'une  mani^re  tr^s-gen6rale,  et  par  consequent 
un  peu  vague,  le  resultat  de  ses  dernieres  recherches,  sans  indiquer 
meme  les  especes  sur  lesquelles  ces  recherches  avaientele  faites,  il  ne 
nous  est  guere  possible  de  les  apprecier  ici.  Nous  dirons  toutefois  qu'e- 
claire  sans  doute  par  les  diverses  remarques  critiques  soulevees  par  ses 
travaux  anlerieurs,  ce  naturaliste  revient  sur  ses  premieres  assertions  , 
en  les  presenlant  d'une  maniere  beaucoup  moins  absoiue,  et  il  reconnait 
une  partie  des  erreurs  qui  avaient  ete  signalees. 

Quant  a  la  theorie  du  phlebenterisme,  quoique  ce  mot  et  ceux  de  phle- 
bente're's,  d.''enterobranches,  d'appareil  gastro-vasculaire  se  retrouvent 
encore  dans  ce  m^moire,  il  est  manifeste  que  leur  signification  primitive 
se  trouve  att6nuee. 

Ainsi,  les  phlebentere's  ne  sont  plus  cesMollusques  dont  le  caracUre  do- 
minateur  G\.z\i  la  fusion  des  trois  fonctionsde  la  digestion,  de  la  circu- 
lation et  de  la  respiration  dans  un  seul  et  meme  appareil,  ainsi  qu'il  I'a- 
vait  ecritdeMessine  al'Academie  des  sciences,  a  la  suite  de  ces  m^mes 
recherches. 

Vappareil  gastro-vasculaire  n'est  point  cet  appareil  qui  etait  char- 
ge en  tout  ou  en  partie  des  fonctions  respiratoires,  qui  etait  en  meme 
temps  un  organe  circulatoire  et  pouvait  m^me  remplacer  en  entier 
le  systeme  vasculaire  des  animaux  superieurs.  Ce  n'est  plus  qu'un 
appendice  du  tube  digestif,  qui,  en  transporlant  les  sues  nourriciers 
dans  les  points  du  corps  oil  il  se  rend,  devient  un  aide  physiologique 
de  Vappareil  circulatoire.  En  outre,  comme  les  produils  de  la  diges- 
tion sont  ainsi  portes  surtout  dans  les  appendices  dorsaux  de  ces  Mollus- 
ques,  ou  se  fait  la  respiration,  Vappareil  gastro-vasculaire  se  rattache 
encore  sous  ce  rapport  aux  organes  et  aux  fonctions  respira- 
toires. Comme  vous  le  voyez  facilement,  le  role  de  Vappareil  gastro-vas- 
culaire se  trouve  considerableraent  amoindri ;  mais  par  les  raisons  deja 
donnees  et  sur  lesquelles  nous  croyons  inutile  de  revenir,  ce  r61e  secon- 
daire  qu'il  remphrait  dans  les  actesde  la  respiration  et  de  la  circulation, 
n'est  pas  plus  admissible  que  le  rdle  principal  qui  lui  avait  6te  assign^ 
d'abord  dans  ces  deux  fonctions. 

Enfm  le  phlebenterisme  n'est  ^galement  plus,  dans  ce  travail,  ce  que 


(1)  De  Quatrefages,  Ann.  dessg.  t(ki„  )8i8,  t.  X,  p.  131. 


^8 

nous  I'avons  vu  dans  le  principe,  c'esl-Jl-dire  une  disposition  particuliire 
du  tube  digestif,  li^e  a  une  degradation  correspondante  des  appareilsde 
la  circulation  et  de  la  respiration.  Pour  M.  de  Quatrefages,  le  phlebente- 
risme  devient  un  fait  beaucoup  plus  g^n^ral.  C'est  un  fait  anatomique;  et 
ce  naturaliste  I'admet  avec  cette  denomination  dans  tous  les  animaux 
dont  le  tube  digestif  se  complique  de  prolongements.  C'est  ainsi  que  les 
Acalephes  parmi  les  Zoophytes,  les  Ast^ries  parmi  les  fichinodermes,  les 
Planaires  et  les  Tr^matodes  parmi  les  Vers ;  les  Acariens  parmi  les  Arach- 
nidcs,  les  Pychnogonides  parmi  les  Cruslaces  et  les  Aphrodites  parmi  les 
Anneiides,  lesfiolidiens,  etc.,  parmi  les  Mollusques  gast6ropodes,  seraient 
egalement  pour  lui  des  phlebenteres.  Vous  voyez  que  nous  sommes  loin 
du  point  de  depart.  Mais  il  est  inutile  de  rep^ter  que  I'on  ne  peut  pas,  en 
realite,  comparer  de  vrais  coecums  inteslinaux  a  des  conduits  h^patiques. 
D'autrepart,  en  appliquant  ainsi  le  nom  de  phlebenteres  a  des  animaux 
les  plus  dissemblables  par  I'eTisemble  de  leur  organisation,  la  signification 
du  mot  phlebenterisme  devient  tellement  vague  par  suite  de  son  6tendue 
que  Ton  pourrait  dire  qu'il  perd  toute  valeur. 

Nous  avons  a  ajouier  encore  que  M.  Souleyet  a  public,  dans  le  courant 
de  I'ann^e  dernifere,  un  memoire  etendu  sur  le  genre  A<;teon,  travail  dans 
lequel  se  trouvent  exposes  les  faits  qu'il  avail  dejei  pr^sentes  a  I'Acad^- 
mie  sur  I'organisation  de  ce  Mollusque  (I). 

Enfin,  pour  terminer  cette  longueet  penible,  maisn^cessaire  Enumera- 
tion des  travaux  publics  sur  la  question  que  nous  venons  d'eludier,  il 
mous  restea  signaler  un  dernier  travail  publie  dans  nos  bulletins  (2).  On 
ne  sauraitadmettre,  comme  le  vent  M.  de  Quatrefages,  que  de  ce  que  le 
foie  des  Embryons  de  Nudibranches  est  creused'unecavit6  oup^n^trent 
les  aliments,  ainsi  que  I'avait  vu  M.  Vogt,  le  phlebenterisme  tel  qu'on 
■Vobserve  chez  les  adultes  ne  ^oit  autre  chose  que  la  persistance  et  le 
■developpement  chez  certains  Nudibranches  d'une  disposition  anato- 
mique embryonnaire  commune  tres-probablement  au  groupe  entier. 
C'est  en  vain  que  par  de  semblables  cfforis  on  chercherait  a  Stayer  une 
maniereide  voir  si  contraire  a  rensemble  des  faits  et  a  la  saine  anaiogie. 

(1)  Soulejet,  Mem.  sur  l' Action  vert  (Jourm.  de  conch'vliologie.  Paris  1850, 
1.1,  p-5,  97  el  217). 

(2)  De  Quatrefages,  Recherches  sur  la  phosphorescence  do  port  de  Bou- 
logne (Comptes  rendus  de  la  Societe  de  Biologie,  septembre  i860.  Paris,  in-S", 
etGAz.  M^D.,  1850,  novembre,  p.  866^ 


79 
Trop  de  preaves  sont  ia  pour  montrer  quel  est  I'etat  i'6el  de  la  quesl/ion. 

Pourquoi  appeler  ■encore,  comme  le  fait  M.  de  Quatrefages  dans  son 
memoire  de  4  848,  les  Eloiles  de  mer  Asteries  phlebenterees,  les  Acarus 
des Arachnides  phlebenterees, Y)arceque  cesanimaux  ontdes  coBcumsin- 
lestiiiaux  multiples,  lorsque  les  organes  qui  ont  servi  a  cr^er  cemot  sont 
reconnus  pour  6tre  des  conduits  bijiaires.  Conduits  biliaires  d'wne  lar- 
geur  insolite,  ainsi  que  le  reconnait  M.  Milne-Edwards  dans  son  rapport 
deja  cite  sur  le  travail  de  M.  Vogt,  mais  qui  n'en  sont  pas  moins  des  or- 
ganes bien  connus ,  bien  determines  et  non  pas  sans  analogues  chez  les 
Mollusques  deja  observes  (Pleurophyllidies,  etc.).  Pourquoi  revenir  encore 
la  sur  cet  appareil  gastro-vasculaire,  comme  si  c'^tait  un  organe  different 
de  ceux  deja  etudies,  lorsque  ce  nom  n'est  plus  admis  paraucun  anatomiste  ? 

Dansl'origine,  chez  les  Nudibranches,  ilpouvait  y  avoir  quelqueappa- 
rencederaisondole  faire  tant  que  sa  determination  etaitmaldonnee;mais 
maintenanton  sail  que  ce  sont  des  conduits  hepatiques,  et  vousallezmettre 
en  parallele  avec  eux  des  culs-de-sac  intestinaux  des  Sangsues,  Aphro- 
dites, Asteries,  Arachnides,  etc.  Est-ce  que  ce  rapprochement  n'est  pas 
vicieux  et  ne  tend  pas  a  jeter  la  confusion  dans  les  esprits  en  faisant 
croirea  des  analogies  qui  n'existent  pas?  II  est  done,  commeon  voit,  ne- 
cessaire  de  notre  part  d'avertiT  encore  ici  -en-terminantque  les  conduits 
qui  ont  fait  creer  le  mot,  etaient  les  canaux  hepatiques  ramifK^s  de  Mol- 
lusques, tr^s-larges,  mais  non  sans  analogues;  landis  que  dans  lous  les 
animaux  Articules  et  fichinodermes  cites  plus  haul,  les  conduits  qu'on 
met  en  comparaison  avec  eux  sont  des  culs-de-sac  intestinaux,  ordinai- 
rement  simples  chacun  pour  son  compte,  rarement  ramifies  comme  chez 
les  Planaires.  Un  mot  employ^  pour  designer  des  dispositions  si  peu  ana- 
logues, quant  a  la  forme,  de  choses  si  diverses,  doit  done  etre  radicale- 
ment  repousse.  Sans  nous  arreter  auxconsidi^ralions  physiologiques  aux- 
quelles  il  donne  lieu,  on  comprend  qu'elles  ne  peuvent  des  lors  avoir 
grande  nettele  et  ne  doivent  pas  nous  occuper,  puisqu'elles  portent  sur 
un  fait  mal  interpret^. 

De  toutes  ces  controverses,  il  restera  neanmoins  qu'un  grand  nombre 
d'etres  peu  etudies  I'auront  ete  avec  soin.  Mais  pourquoi  faut-il  que  ces 
Iravaux  aient  616  entaclies  d'erreurs  qui  ont  pu  menacer  les  progrds  de 
la  science  g6nerale ;  d'autant  plus  que  ces  progres  r6els  eussent  pu  6lre 
fails  sans  qu'il  fiit  besoin  d'etre  stimule  par  des  idees  de  modification  de 
I'ensemble  de  la  science. 

Apr^s  avoir  cherche  partout  quelles  pouvaienl  6tre  les  inexactitudes  de 


80 

textes,  faites  dans  les  extraits  qui  vous  ont  et6  lus  par  M.  Souleyet,  nous 
n'avons  trouve  que  celle  ou  il  fait  dire  a  M.  de  Quatrefages  que  toutes 
les  (21)  especes  nouveiies  qu'il  a  decouverles  sontdepourvues  de  cceur, 
tandisque  le  texte  reel  porle  \eplus  grand  nombre.  Ainsi,  vousie  voyez, 
ces  mots  ne  changent  rien  au  fond  des  choses  et  surtout  des  fails,  puis- 
que  le  cceur,  au  conlraire,  a  ele  demonlre  partout.  Nous  avons  deja  dit, 
quant  aux  interpretations,  qu'elles  ne  modifiaient  non  plus  en  rien  les  fails 
eux-mtoes,  sur  lesquels  a  porle  principalement  la  discussion,  telle  que 
M.  Souleyet  I'a  engag^e. 


I 


i\ 


■L 


DEUXifeME  PARTIE. 


PRELIMINAIBES. 


§  XLI.  —  Nous  arrivoDS  maintenant ,  messieurs ,  a  la  derni^re  par- 
tie  de  ce  rapport. 

Nous  avons  vu  que  les  fails  d'apr^s  lesquels  quelques  naturalistes  ont 
pense  pouvoir  admettre  que,  la  forme  du  corps  et  V organisation  inte- 
rieure  sont  independantes  I'une  de  I'aulre,  n'etant  pas  reels,  on  ne  pouvait 
plus  soulenircettehypothese.  Nous  avons  egalementvu  que  les  fails  analo- 
miques  sur  lesquels  a  roul6  la  discussion  precedenle  elaient  de  deux  or- 
dres  et  non  de  m^me  espece ;  les  uris  se  rapportent  au  foie  simple,  ramifie, 
a  larges  conduits  biliaires  de  cerlains  MoUusques  ;  les  aulres  sont  relatifs 
aux  coecums  inteslinaux  de  divers  Anneies ;  par  consequent  la  Theorib 
PHTSioLOGiQUE,  dettitiee  a  expliquer  ces  fails  anatomiques  (1),  ne  sau- 

(1)  De  Quatrefages,  Observations  gek^rales  sur  le  phlebent^risme  ;  Ana- 
TOMiE  DES  Pvcnogonides.  C.  R.  des  scanccs  de  I'Ac.  des  Sc.  de  Paris,  1 845, 
t.  XIX,  p.  JIM.  Voir  p.  1167.  C'est  ce  meme  travail  a  peine  modiCii  que  nous 
avons  dej4  cite,  Note  surle  phlebenterishe,  Ann.  pes  sc.  nat.,  1845. 

6 


82 

rait  s'appliquer  exactement  h  deux  ordres  de  choses  aussi  diff^rentes. 
Enfin  nous  savons  que  les  Mollusques  en  question  ,  ayant  une  organisation 
semblable,  au  fond,  a  celle  des  autres  Malacozoaires,  et  non  absence  des 
appareils  respiratoires  etcirculatoires,  on  ne  ptv.it  adniellre  cello  Tueorie 
PHTSIOLOGIQUE ,  d'apres  laquelle  le  role  physio'.ogique  do  cescanaux  bi- 
liaires  larges,  pris  pour  des  expansions  iatcslinales  ramifi^es,  serait  de 
favoriserraccomplissement  de  la  respiration  et  de  supplt^er,  dans  certains 
cas,'  la  circulation.  (P.  4153.) 

Nous  avons  maintenant  ^  examiner  quel  est  r^ellement  I'^tat  du  systeme 
vasculaire  en  particulier,  chez  cos  animaux  que  Ton  appelle  degrades, 
quant  a  leur  organisation.  Nous  avons  a  .voir  s'il  en  est  chez  lesquels  ce 
systeme  est,  comme  on  le  dit,  interrompu,  incomplet,  s'il  presente  r^el- 
lement  des  lacunes,  de  telle  sorte  que  le  sang  baignerait  ies  lissus,  serait 
immediatement  au  contact  des  fibres  musculaires,  des  tubes  nerveux,  etc. 
Nous  somnies  obliges,  ici  encore,  de  suivre  I'ordre  historique  en  discutant 
les  fails  au  fur  et  k  mesure  qu'ils  se  pr^senlent.  Toutefois,  il  faut  d'abord 
avoir  fait  comprendre  la  nature  de  la  question  en  indiquant  d'une  maniere 
precise,  pardesexemples  tires  de  rahalomie,  quel  est  r^eliement  le  point 
anatomique  dont  il  s'agit,  quels  sont  les  differents  aspects  sous  lesquels  on 
doit  I'envisager. 

M.  Souleyet  n'ayant  repondu  aux  m^moires  publics  sur  ce  sujet  que 
par  un  petit  nombre  de  travaux,  qui  envisageaient  nettemenl  et  simple- 
ment  la  question,  nous  sommes  conduit,  dans  celte  partie  comme  dians 
la  premiere,  en  rnison  de  I'ordre  necessairement  adopte,  de  lo  citer  un 
petit  nombre  de  fois  seulement.  En  outre>  nous  devons  citer  d'abord  fous 
les  auteursqui,  dans  I'ordre  des  dates,  oat  fait  paraltre  ieurs  ecrits  avant 
les  siens. 


83 


INTRODUCTION. 


§  XLn.  —  Ce  n'est  pas  de  nos  jours  seulement  qu'il  a  H6  reconnu 
qu'on  ne  pouvait  reunir  en  un  seul  groiipe,  pour  la  description,  toutes 
les  considerations  d'ordres  divers  par  leur  complication  auxquelles  peut 
donner  lieu  un  corps  organise.  II  y  a  longtemps  aussi  que  Bichat  avail 
reconnu  que  les  considerations  physioiogiques  auxquelles  peut  donner 
lieu  le  corps  de  I'homme  ne  sont  pas  toutes  de  m^me  ordre  et  sont  les 
unes  plus  simples  et,  par  suite,  plus  gen^rales;  les  autres  plus  compli- 
quees  et  plus  speciaies.  Ces  distinctions  sont,  il  est  vrai,  regardees  par 
quelques  auteurs  comma  des  divisions  scolastiques;  mais  vous  avez  d^ja 
vu  k  quelles  erreurs  on  peut  fetre  conduit  lorsque,  n'etant  pas  guide  par 
une  saine  m^lhode ,  I'analyse  anatomique  n'est  pas  poursuivie  successi- 
vement  depuis  la  notion  d'appareil  jusqu'a  celle  d'element  organique,  en 
passant  par  celles  inlerm^diaires  d'organe,  de  systeme  et  de  tissu. 

§  XLIII.  —  Prenons  les  vaisseaux  pour  exemple  : 

4"  Une  substance  homogene,  transparente  dans  beaucoup  d'animaux, 
parsemee  de  noyaux  ovoides,  quelquefois  de  granulations  moleculaires , 
forme  les  plus  fins  copillaires  dans  les  tissus  des  Vert^bres,  des  C^phalo- 
podes  et  des  Gast^ropodes.  On  peut  suivre,  en  effet,  ces  capillaires  dans 
les  vaisseaux  des  Limaces,  bien  au  dela  des  plus  finsrameaux,  qu'un 
dep6t,  dans  leur  epaisseur,  de  granulations  calcaires  spMriques  colore 
en  blanc,  et  lis  ont  la  structure  fondamentale  qu'on  retrouve  dans  les  Ver- 
tebras. 

Ces  capillaires  sont  des  differents  ordres  de  vaisseaux,  les  plus  simples 
en  structure,  les  plus  elementaires ;  ils  ne  sont  formes  que  par  une  seule 
substance,  par  un  seul  element.  Ces  vaisseaux-la  ne  sont  pas  formes  par 
un  tissu ;  la  notion  de  tissu  n'intervientpas  encore,  il  n'y  a  que  celle  d'e- 
lement. Et  remarquez  que  cet  element,  la  substance  homogene,  parsemee 
de  noyaux,  susmentionneo.  n'a  pas  !n  forme  do  6bre.,  de  celluies,  etc.;  elle  a 
celle  de  tubes,  sans  perforations  ni  femes  a  bords  rapproches  ou 
^cartes. 


8& 

S"  Mais  je  remonte  en  suivant,  sans  discontinuity,  ^  partir  de  ces  tubes^ 
ayant  0"Dni,010  environ,  jusqu'a  des  vaisseauxcommenganta  peine  a  ^ire 
visibles  a  I'oeil  nu.  Soil  que  je  remonte  dans  un  sens  ou  dans  I'aulre,  je 
trouvedeuxparois  lout  afailhomog6ne5,plus  epaissesque  tout  al'heure  : 
I'une  a  noyaux  longitudinaux,  c'est  la  plus  interne,  continue  a  celle 
de  tout  a  I'heure;  I'auLre  a  noyaux  transverses,  qui  n'existait  pas  dans 
les  premiers.  Ici  commence  la  notion  de  tissu  vasculaire,  car  il  y  a  deux 
elements  reunis  d'une  mani6re  differente.  11  y  a  done  k  tenir  compte  la 
de  la  notion  d'elements,  plus  de  celles  de  tissu ,  qui  resulte  de  la  chose 
nouvelle  formee  par  reunion  de  deux  ou  plusieurs  elements.  Un  peu  plus 
loin,  dans  des  capillaires  plus  gros,  je  trouve  une  troisieme  parol.  Enfin, 
les  gros  vaisseaux,  les  arl^res,  sent  formes  de  trois  parois  continues  aux 
precedentes,  dont  chacune  est  un  tissu  particuiier,  ordinairement  form6 
de  plusieurs  elements  bien  distincts;  les  veines  mSme  pr65entent  quatre 
tuniques. 

3°  Ces  vais?eaux  ne  sent  ouverts  nuUe  part  a  I'exterieur  du  corps  ni  k 
I'interieur  des  tissus,  leurs  parois  sent  continues.  Leur  ensemble  s'appelle 
systeme  vasculaire  on  bien  encore  sysleme  circulatoire,  parce  qu'ils 
conliennent  un  liquide  qui,  parti  d'un  point,  finit  par  revenir  au  point 
d'oii  il  ^tait  parti  sans  se  perdre  au  dehors.  Ce  tystime,  pour  plus  de  fa- 
cilite,  se  subdivise  en  arleriel  et  en  veineux,  suivant  que  les  vaisseaux 
portent  les  liquides  du  centre  a  la  peripherie ,  ou  de  la  peripheric  au 
centre.  11  y  a,  de  plus,  les  systemes-porte,  divisions  tertiaires  accessoire- 
mentcreees  pour  designer  plus  facilement  les  cas  ou  le  sang  qui  va  de  la 
peripherie  au  centre,  revenantd^ja  des  vaisseaux  capillaires,  passe  par 
de  gros  troncs  qui  le  distribuent  encore  une  fois  dans  des  capillaires.  II  y 
a  enfin  le  systeme  lymphatique  dans  lequel  il  n'y  a  pas  parcours  d'un 
cercle  reel ,  mais  courant  continu  des  capillaires  d'origine  vers  le  centre 
de  terminaison  ou  abouchement :  on  I'appelle  neanmoins  systeme  circu- 
latoire parce  qu'il  est  annexe  au  circulatoire  proprement  dit  et  parce  qu'il 
est  continu,  complet,  sans  ouverture  au  dehors  ni  dans  I'interstice  des 
tissus. 

a.  —  Mais,  et  notez  bien  ceci,  dans  la  muqueuse  uterine  humaine,  a 
I'elat  de  vacuile  de  I'uterus,  il  n'y  a  que  des  capillaires,  tres-Sns  pour 
la  plupart;  vient  la  grossesse  et  beaucoup  de  ces  capillaires  devienncnl 
gros  vaisseaux.  Les  uns  restent  pourtant  capillaires  arl^riels  que  ['injec- 
tion par  les  art^res  remplit  sous  forme  de  fins  conduits  replies  plusieurs 
ois  sur  eux-m6mes  d'une  maniere  caracleristique.  Ces  derniers  se  conti- 


85 
nuent  en  capillaires  veineux  qui  aboutissent  dans  ceux  qui  sont  devenus 
gros  vaisseaux  veineux  de  la  muqueuse.  Ne  croyez  pas  que  leur  paroi 
aitaugment6  proportionnel!ementd'epaisseur,elIe  est  aucontraire  exces- 
sivement  mince ;  appliquee  sur  les  tissus,  eile  leur  adhere  intimement,  et 
represente  un  vernis  de  substance  organique,  un  vernis  de  cet  element  des 
capillaires  signale  plus  haul ;  mais  un  vernis  telleraent  mince,  qu'il  echap- 
perait  a  I'observateur  sans  I'emploi  du  microscope,  fait  par  une  main  qui 
s'est  exercee  deja  a  des  travaux  d'anatomie  elementairo  d'un  autre  genre 
au  moins  aussi  delicat.  Ces  vaisseaux-la  ne  sont  pas  necessairement  cy- 
lindriques;  ils  prennent  mille  formes  sous  la  moindre  pression  des  or- 
ganes  voisins  :  triangulaires  ici,  on  les  voit  aplatis  plus  loin,  ovales  oa 
cylindriques  ailleurs.  Croyez-vous  que  ces  vaisseaux  puissent  Stre  diss6- 
qu6s,  separes  des  aulres  tissus,  isoles  par  le  scalpel  comme  les  veines 
du  bras  ou  de  I'intestin?  en  aucune  fagon.  Leur  si  mince  paroi  se  brise 
trop  facilement;  mais  on  pent  les  etudier  en  les  ouvrant  dans  le  sens  de 
leur  longueur  ou  transversalement.  Par  suite  de  toutes  ces  particulari- 
t6s,  on  les  appelle  non  pins  des  veines  proprement  dites,  mais  sinus 
veineux;  il  y  a  sinus  du  corps  de  I'uterus,  sinus  de  la  muqueuse,  selon 
la  situation.  II  y  a  encore  une  raison  qui  fait  qu'on  est  forc6  de  les  etu- 
dier par  section  dans  le  sens  de  la  longueur,  ou  qui  force  a  se  contenter 
de  I'injection  naturelle  par  le  sang  ou  d'un  liquide  non  coagulable.  C'est 
que  la  fragilite  de  leurs  parois  est  telle  que  le  suif  ou  la  cire  necessitant 
une  forte  pression  amenent  la  rupture  de  ces  minces  parois  quand  elles 
ne  sont  pas  soutenues  par  une  grande  ^paisseur  de  lissu  du  cdte  des  cavi- 
t4s;  et  cette  rupture  est  facile  a  voir  des  qu'elle  a  lieu ;  son  aspect  et  la 
sensation  qu'elle  produit  sont  trop  connus  pour  qu'il  soil  necessaire  d'en 
parler.  Aussi  voyez  I'excellent  traits  de  notre  collegue  M.  Cazeaux,  et 
vous  n'y  trouverez  jamais  que  I'expression  de  canaux  et  de  sinus  vei- 
neux de  I'uterus. 

Suivez  done,  en  les  fendant,  certains  de  ces  sinus  de  la  muqueuse  ou 
du  corps  de  I'uterus ,  et  vous  arriverez  dans  de  grandes  cavilds,  tr^s-bien 
appel6es  lacs  sanguins  par  M.  Coste,  ou  baignent  les  villosiles  du  pla- 
centa de  ces  grands  sinus;  cherchez  a  dissequer  les  parois,  la  difEcult6 
sera  bienplus  grande  encore  qu'ailleurs.  Qui  plus  est,  on  n'a  pu  encore 
aces  lacs  sanguins,  par  aucun  moyen,  demontrer  anatomiquement  de 
paroi  du  cdte  des  villosit^s  placentaires,  dont  les  capillaires  appartenan; 
aux  vaisseaux  du  foetus  sont  loges  dans  la  substance  qui  forme  les  ra- 
mifications terminales  des  villosites ,  et  sont  ainsi  sans  communication 


86 

ni  continuity  vasculaire  avec  ie  sang  des  laes  ou  tinus  matemeh, 
Direz-vousd'aprts  toutcela  que  le  systeme  circulatoire  est  incomplet? 
direz-vous  qu'il  y  ades  lacunes  a  ce  systeme  ?  Direz- vous  qu'il  en  manque 
une  portion,  parce  que  les  parois  sont  si  minces  qu'on  ne  les  peul  isoler, 
ou  peut-Slre  meme  qu'eiles  ont  ^16  resorbees  au  contact  des  villosil6?  pla- 
centaires,  qui  seules  en  ce  point  compl6lent,  par  Icur  masse,  la  conti- 
nuile  des  conduits  etempSchent  ainsi  jusqu'a  I'accouchement  l'6panche- 
ment  du  sang  au  dehors?  aucunemont.  La  distribution  du  sang  se  fait 
toujours  d'une  mani^re  completo,  et,  parti  du  centre,  il  revient  toujour* 
au  centre ;  mais  sans  doute  il  y  a  eu  seulement  retard  dans  le  parcours  qui 
ne  s'est  plus  fait  que  par  trop-piein,  faute  de  parois  elastiques  pour  r6a- 
gir  au  moment  d'une  distension,  etc.,  etc. 

6.  —  Prenons  maintenani  des  Poissons,  comme  les  Raies,  par  exempie, 
et  divers  auti-es  Plagiostomes  :  nous  trouvons  la  veine  cave,  en  haul,  pres 
du  diaphrague  fibreux,  ayant  ses  parois  confondues  avec  tous  les  tissus  voi- 
sins,  de  telle  sorte  qu'un  ganglion  du  grand  sympathique  s'y  trouve  libre- 
ment  baigne  par  le  sang,  et  les  branches  qui  s'y  rendent  ou  en  partem  sont 
dans  le  meme  cas.  Au  devant  de  la  colonne  vertebrate,  celte  veine  commu- 
nique avec  le  sinus  de  Monro ,  vasto  poche  travers6e  en  tous  sens  de  tra- 
becules fibreuses,  qui  revolt  les  veines  ovariques  et  testiculaires,  imm6- 
diatement  au  sortir  de  la  substance  de  ces  organes,  ou  mieux  c'est  ce  sinus 
qui  se  prolonge  dans  leur  parenchyme.  Sur  les  c6te3,  ce  sinus  reQoit  les 
veines  des  oviducles  dans  I'etat  de  vacuite  de  I'organe ;  mais  dans  I'^tat  de 
gestation  ces  veines  se  dilatent  tellement  que  le  tissu  cellulaire  interpos6 
se  r6sorbe,  et  I'oviducte ,  dont  on  voit  la  couche  musculaire,  baigne  dans 
un  vaste  sinus  sanguin,  traverse  de  filaments  trab^culeux.  En  bas  ce  si- 
nus-la regoit  les  veiues  de  la  portion  d'oviducte  appelee  matrice,  par  un 
rfeeau  form6  de  large  trajets  veineux  anastomoses  en  tout  sens,  circon- 
scrivant  des  ilots  de  tissu  cellulaire  extremement  petits,  et  il  est  de  toute 
impossibility  de  sdparer  le  peritoine  a  ce  niveau  et  de  chercher  autre- 
ment  a  isoler  ces  vaisseaux  sans  les  ouvrir.  Les  arteres  de  I'oviducte  et 
du  testicvile  ou  de  I'ovaire  traversent  librement  cerlaines  portions  de  ces 
sinus.  Direz-vous  que  ce  sont  la  des  lacunes  dans  le  systeme  veineux; 
que  le  sysl^me  circulatoire  est  incomplet  parce  qu'il  n'y  a  pas  la  de 
veines  nettementdiss^cables,  et  que  des  trabecules  traversent  ces  larges 
conduits  et  diverticulums?  En  aucune  mani^re,  parce  que,  parti  d'un  lieu 
central,  lesang  y  revient  toujours;  et  peu  importe  le  plus  ou  nioinsde 
ralentissenient  et  la  penetration  momentanee  dans  tel  ou  tel  diverticule. 


87 
Vous  ne  direz  pas  non  plus  que  les  lissus  sontbaignds  par  le  sang,  parca 
que,  la  oil  les  surfaces  sont  assez  grandes  on  les  voit  lisses,  brillanles ;  et 
quand  on  peut,  par  le  raclage,  en  enle^Jprune  mince  couche,  on  trouve  la 
substance  homogene,  ^I^ment  anatomique  d^ja  signale;  puis,  au-dessous, 
vient  le  tissu  cellulaire,  etc. 

c.  —  Voici  un  cas  encore  bien  plus  tranche  :  Dans  les  Lamproies ,  on 
injecle  par  les  arteres  de  tr6s-fins  reseaux  capillaires  des  muscles,  des 
fibreuses  et  de  la  peau  ,  on  peut  meme  quelquefois  faire  revenir  un  peu 
de  cette  substance  jusque  dans  Ips  veines,  puisqu'on  colore  la  substance 
de  couleur  differente  pouss6e  dans  ces  vaisseaux  et  leurs  sinus.  Or,  chez 
ces  animaux ,  tout  le  parcours  du  sang  veineux  a  la  t^te  et  au  thorax 
branchial  se  fait  dans  des  sinus  veineux  qui  aboutissent  en  avant  a  une 
veine  sternale  m^diane,  et  en  arriere  a  deux  veines  placees  sur  les  c6tes 
de  la  colonne  vert^brale.  Depuis  le  niveau  du  coBur  jusqu'au  bout  de  la 
tfite,  presque  lous  les  muscles  et  les  cartilages,  plusieurs  arteres,  I'ap- 
pareil  d'erosion  ou  lingual,  quelques  nerfs  et  ligatrients,  ne  sont  priv^s 
du  contact  du  sang  que  vers  leurs  points  d'attache  et  d'insertion.  II  en 
est  de  m6me  des  muscles  de  I'ceil,  des  poches  branchiales,  etc.  Ces  or- 
ganes  sont  entour^s  de  sang  par  toute  leur  p6ripherie,  faits  dont  M.  Du- 
meril  avail  deja  vu  une  partie,  en  signalant  sous  le  nom  de  sinus  ces 
espaces  intermediaires  (1). 

Figurez-vous,  chez  les  Mammiferes,  tous  lesorganes,  depuis  le  ster- 
num et  les  clavicules  jusqu'a  la  tote,  n'etant  pas  unis  par  du  tissu  cellu- 
laire, et  pas  de  veine  jugulajre  proprement  dite;  pqjs  le  tout  remplac^ 
par  du  sang  comblant  les  intervalles,  et  vous  aurez  une  idee  de  la  dispo- 
sition de  ces  sinus,  qui  communiquent  les  uns  aux  autres  par  des  orifices 
ou  les  intervalles  plus  ou  moins  larges  existant  entre  des  organes  restes 
sans  adherences.  Au  sortir  des  veines  encore  a  I'etat  capillaire,  ou  a 
peine  visibles  a  I'qpil  nu,  le  sang  tombe  dans  ces  sinus  et  ne  murche 
vers  les  veines  designees  plus  haut ,  puis  vers  le  coeur)  que  par  trop- 
plein,  et  aid^  par  la  contraction  de  la  couche  musculaire  peripherique 
sous-cutanee.  Mais  nulle  part  il  n'y  a  trace  de  parois  vaiqeuses  disse- 
cables.  Ce  sont  de^  canaux  ou  sinus  veineux  dont  les  parois  sont  for- 
mees  par  des  muscles,  des  cartilages  et  quelques  faisceaux  fibreux  , 
meme  par  les  poches  branchiales,  e|c. 

(1)  Dumeril ,  These  sur  .  i,'obgai!Jisanion  des  lamproies.  Pqria,  1807,  pe- 
tit in-8°. 


88 

Pas  plus  que  tout  &  I'heure  vous  ne  direz  que  le  sysl6me  circulatoire 
est  incomplet,  qu'il  y  a  des  lacunas  dans  le  syst^me  veineux ,  parce  que 
les  parois  sont  essentiellement  formees  par  des  muscles  de  la  p^riph^rie 
et  profonds,  ainsi  que  par  des  cartilages  unis  aux  precedents  organes  ct 
entre  eux.  C'estune  autre  conformation,  et  voila  tout.  Ce  sont  des  trajets 
veineux,  c'est  la  forme  de  sinus  que  presente  lo  systenie  veineux  ou  sys- 
t6me  de  retour  pour  le  sang,  et  non  celle  de  conduits  cylindriques,  rami- 
fies, anastomoses  et  susceptibies  d'isolement.  Mais  le  sysleme ,  le  par- 
cours,  est  tout  aussi  complet  que  chez  I'Homme  ou  tout  autre  Mammif^re. 
Vous  re  direz  pas  davanlage  que  le  tissu  des  muscles,  arleres,  etc.,  est  a 
nu,  est  haigne  directement  dans  le  sang,  parce  que  partout  ou  les  sinus 
sont  assez  grands,  la  principalement  ou  des  muscles  sont  libres  par  louto 
leur  Peripherie,  dans  toute  leur  longueur,  en  raclant  la  surface  de  I'or- 
gane,  on  trouve  une  legere  couche,  un  vernis  de  cette  substance  homo- 
g6ne,  de  cet  Element  dont  nousavons  parle;  puisce  n'est  qu'au-dessous 
que  vous  arrivez  au  tissu  musculaire.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  les 
minces  trabecules  de  tissu  cellulaire  qui  travcrsent  quelques  sinus  peu- 
vent  facilement,  quand  elles  sont  assez  grosses,  Stre  distinguees,  par  leur 
surface  lisse,  etc.,  des  filaments  de  ce  tissu,  qu'on  forme  arlificiellement 
par  la  dissection  (1), 

Mais  voila  un  assez  grand  nombre  d'exemples  pour  faire  sentir  ce  que 
c'est  qu'un  systeme  compare  a  un  tissu,  ce  qu'on  peut  entendre  par  sys- 
leme veineux,  lequel  peut  etre  entierement  forme  de  veines,  ou  en  par- 
tie  de  veines,  en  partio  de  canaux,  trajets  veineux  ou  de  sinus.  Mais 
nulle  pari  il  ne  manque  la  substance  homogene,  I'element  dont  nous 
avons  parie.  Si  elie  manque,  il  y  a  lesion  ;  toute  lacune  dans  la  continuity 
de  cette  substance  est  une  lesion,  et  celle-ci  se  manifesto  sur  le  vivant 
par  I'infillration  du  sang  entre  les  fibres  des  tissus  et  leurs  autres  ele- 
ments. Sur  le  cadavre,  soit  qu'elle  existe,  soit  qu'on  la  produise,  elle  se 
manifeste  aussit6t,  sur  quelque  animal  quo  ce  soit,  par  un  epancbement 
de  la  matiere  qu'on  injecle.  Get  epancbement ,  mfime  dans  les  tissus  ca- 
verneux ,  mSme  dans  I'injection  des  reseaux  lymphatiques  ou  sanguins 
les  plus  serres,  se  reconnait  aussitdt  par  un  gonQement  local  ou  bour- 

(1)  Ch.  Robin,  Note  sur  qdelqdes  riKTicDUKiT^s  >u  STSitiiE  veimeox  des 

LillPROIES. 

Journal  l'Institot,  1846,  vol  XIV,  p.  121,  et  MoNocRiPBiE  rr  Planches  in- 

I^ITES. 


89 

souflement  des  tissus,  ou  une  infillralioii  particuli^re  quo  tout  anatomista 
connalt  trop  bien  pour  que  je  la  decrive.  Ceux  qui  ne  la  connaitraient 
pas  doivent  se  reconnaitre  encoro  inexperls  et  garder  une  prudente  re- 
serve dans  leurs  jugements  sur  celte  mati^re.  EnGn,  si  tous  ces  exemples 
n'^taient  sufSsants,  nous  pourrions  encore  ciler  les  vastes  sinus  lymplia- 
liques  peri-oesophagiens,  peri-aortiques  et  autres  des  Butraciens;  ceux  do 
divers  Sauriens  et  Ophidiens  qui  sont  encore  dans  lo  meme  cas,  et  sur 
lesquelson  constate  les  memes  faits  indiques  pour  les  veines. 

4*  Nous  avonsvu  ce  qu'etait  Tel^ment,  le  tissu,  ie  syst^me ;  voyons  co 
qu'est  Vorgane.  Le  systeme  veineuxse  partage  en  plu.-ieurs  veines  dis- 
tinctes  par  le  volume,  la  situation,  etc.,  ou  en  plusieurs  sinus :cb  sont 
autant  d'organes.  De  mfime  pour  le  systeme  art^riei  el  le  lymphatique. 
La  notion  d'organe  est  suffisamment  connue ;  a  elio  so  rattache  en  phy- 
siologie  la  notion  d'usage. 

5<>  Les  veines,  les  arleres,  r^unies  a  un  ou  plusieurs  ventricules  et 
oreillettes,  a  un  coeur  en  un  mot,  autre  organe  d^rivant  du  systeme  mus- 
culaire,  puis  a  un  pericarde,  organe  fibreux,  constituent  Vappareil  cir~ 
culatoire.  L'appareil  est  en  effet  form6  d'organes  distincts;  a  lui  se  rat- 
tache  I'id^e  de  fonction. 

S  XLIV.  —  Voila  autant  de  notions  distinctes  que  presente  I'analyse 
analomique  de  tout  animal,  et  qu'il  faut  toujours  avoir  pr^senles  a  la  md- 
moire  quand  on  faitcette  analyse,  sous  peine  d'erreurs  incessantes  etde 
diverse  nature.  Vous  en  verrez  bientfit  desexemples  de  la  part  des  auteurs 
qui  considerent  ces  notions  comme  des  divisions  scolastiques,  n'existant  pas 
dans  la  nature  des  choses,  et  qui  ne  reconnaissent  pas,  fait  pourtant  bien 
net, la  r6alite  de  leur  d^veloppement  successif  et  distinct  dans  les  diverses 
phases  du  d6veloppement  historique  de  I'anatomie.  II  faut  done  toujours 
savoir,  en  traitant  un  sujet  anatomique,  si  c'est  de  I'element,  du  tissu,  du 
systeme,  de  I'organe  ou  de  l'appareil  qu'on  parle.  Si  Ton  veut  parler  de  tous 
ces  points  de  vue  a  la  fois,  les  r^unir  tous  en  un  meme  sujet  do  consi- 
deration, il  y  aura  n^cessairement  omission,  soitde  ce  qui  regarde  I'el^— 
mentou  de  ce  qui  concernele  tissu, etc.;  le  sujet  sera  ainsiincompl^tement 
traits.  Mais  entrons  en  matidre. 


EXPOSITION  HISTORIQUE. 


§  XLV.  — Ea  4817,  Cuvierconclut  deses  recherchessur  I'ApIysie^l) : 
«  1 "  Qu"il  n'y  a  point  d'autre  vaisseau  pour  porter  le  sang  aux  branchies, 
»  que  ces  deux  grands  conduits  musculaires  et  perces  qu'il  vient  de  d6- 
»  crire; 

»  2»  Que  toutes  les  veines  du  corps  aboutissent  m^diatement  ou  imm^- 
»  diatement  dans  ces  deux  grands  conduits. 

»  Or,  comme  leur  communication  avec  la  cavite  abdominale  est  6vi- 
»  dents  et  palpable,  qu'on  les  appelle  veines  caves,  ou  cavites  analogues 
»  au  ventricule  droit,  ou  enfin  art6res  branchiales,  car  on  voit  qu'ils 
»  reniplissent  les  fonclions  de  ces  trois  organes,  11  resulte  toujours  que 
»  les  Guides  epanches  dans  la  cavite  abdominale  peuvent  se  m61er  di- 
»  rectement  dans  la  masse  du  sang  etStre  portes  aux  branchies,  et  que 
»  les  veines  font  I'office  des  vaisseaux  absorbants. 

»  Cette  vaste  communication  est  sans  doute  un  premier  acheminement 
>  a  cello  bien  plus  vaste  encore  que  la  nature  a  ^tablie  dans  les  In- 
»  sectes,  oil  il  n'y  a  pas  m§mo  de  vaisseaux  particuliers  pour  la  fluide 
»  nourricier.  » 

En  1823,  Gaspard  publia  un  travail  sur  la  physiologie  de  V Helix  po- 
matia  (2),  dans  lequel  il  montra  que  le  sang  n'est  pas  seulemenl  contenu 
dans  les  vaisseaux  proprement  dits  de  cet  animal,  mais  aussi  dans  la  ca- 
vite abdominale  ,  principalement  quand  I'animal  rampe;  de  telle  gorte 
que  les  organes  digestifs  et  ceux  de  la  langue  y  nagent.  Quand  I'animal 
est  rentr^  dans  sa  coquille,  le  sang  n'est  pas  epanch6  de  la  sorte,  il  rentre 
dans  des  vaisseaux. 

(1)  Cuvier,  Mem.  pour  sertir  a  l'bibt.  et  a  l'anat.  des  Mollusques.  Paris, 
1817,  in4». 

M^U.  SDR  LES  APLTSIES. 

(2)  Gaspard,  Rechercbes  ecb  la  phtsiol.  de  l'escargot  des  vignes  (Helix 
pomatia  L.).  (Jooraal  de  pbysiol.  de  Magemlie,  1822,  t.  II,  p.  295). 


91 

Nous  avons  d6ja  vu  dans  la  premiere  parlie,  que,  dans  son  Tbaite 
DE  Malacologie  ,  de  Blainville  (1)  montre  que  les  parois  des  vais- 
seaux  veineux,  d6ja  extr^mement  minces,  se  confondent  en  outre  tel- 
lement  avee  le  tissu-des  parlies,  qu'il  devient  i.r6s-difBcile  de  les  recon- 
naitre.  D'apres  lui  (et  il  parait  considerer  le  fait  comme  a  peu  pr^s  gene- 
ral dans  les  Mollusques),  les  veines  ne  sont  plus  que  des  trajets  veineux^ 
qui  n'ont  i'apparence  de  vaisseaux  a  parois  bien  distjnctes  que  dans  les 
gros  troncs. 

En  1837,  J.-F.  Meckel  insista  longuement,  dans  son  Anatomie  compa- 
KEE  sur  la  disposition  des  veines  des  aplysies  (2).  En  parlant  du  pas- 
sage de  Cuvier  cit6  plus  haut  et  des  veines  donl  cet  auleur  consid^re  les 
parois  comme  form^es  par  des  faisceaux  musculaires  transvcrsaux  et  obli- 
ques, etc.,  il  dit(p.  <73):  «  Jadis  I'opinion  de  Cuvier  fut  formulae  net- 
»  tement  a  cet  egard,  et  il  n'admet  pas  meme  le  doute  relativement  k 
»  I'existence  deces  points  decommunication  (avec  la  cavity abdominale). 
»  Plus  tard,  la  facon  de  voir  de  cetauteur  devint  moins  exclusive,  au 
»  point  qu'il  proposa  lui-meme  la  question  de  aavoir  s'il  n'existait  point, 
»  par  hasard,  une  membrane  fine,  enveloppant  la  cavite  tout  enti^re  du 
n  syst^me  vasculaire,  membrane  qui  aurail  echapp^a  son  attention. 

»  Quoi  qu'il  en  soil,  ajoute  Meckel,  eel  observateur  ne  trouva  chez  les 
»  autres  Mollusques  aucune  communication  semblable  avec  la  cavity  ab* 
»  dominale  ,  et  il  en  conteste  positivement  I'existence  chez  I'Onchi- 
i>  diurn  (3).  » 

II  dit  ensuite  :  «  Pour  ma  part,  j'avoue  que,  fond6  sur  des  recherches 
»  multipliees,  failes  surdessujets  volumineux,  d'une  inl^grit^  parfaite, 
»  soil  frais,  soitconserv^s  dans  I'alcool ,  je  ne  puis  me  ranger  en  aucune 
»  maniere  de  I'avis  de  Cuvier.  En  eflet,  en  y  regardant  do  pr6s ,  j'ai  con- 
I)  stamment  trouve  les  interstices  des  faisceaux  musculaires  obtures  par 
»  une  membrane  tenue  et  facile  a  dechirer,  membrane  qui  n'est  aulre 
»  chose  que  la  sereuse  du  sysi6me  vasculaire  et  qui  s'^tend  par  le  vais- 
»  seau  entier.  »  (P.  174-175.) 


(1)  De  Blainville,  Trait£  de  malacologie  et  de  concuyliologie,  in-S",  1825, 
p.  J20. 

(2)  J.-F.  Meckel,  Trait^  cto^BAL  d'anat.  comp,,  trad,  frangaise,  t.  IX.  Paris, 
1837,  p.  1724  177. 

(3)  Cuvier,  loc.  oit,,  1817,  Miu.  son  l'Onchidie,  p.  6. 


92 

Ea  1842,  M.  Pouchet  (1)  montra  sur  la  Limace  rouge  que  le  sang,  apr6s 
avoir  franchi  les  capillaires,  tombe  danslacavil6  visc6rale,  d'ouil  passe 
par  des  orifices  veineux  dans  les  veines  qui ,  chez  ces  animaux  ,  vent  di- 
recteraent  des  organes  au  poumon,  a  la  mani^re  de  la  veine  porte  dans  le 
foie,  formant  ainsi  une  veritable  veine  porte  puimonaire  oubranchiale, 
suivant  le  mode  de  respiration  de  ranimai.  Nous  reviendrons  plus  loin  sur 
ces  orifices  veineux,  exactement  decrits  par  M.  Pouchet,  sur  le  trajet  des 
veines  des  parois  musculaires  du  corps  et  s'ouvrant  dans  la  cavile  qui 
renferme  les  visc6res. 

S  XL VI.  —  Des  1834,  M.  Edwards,  dans  son  Hist.  nat.  des  Crusta- 
ci;s  (2) ,  avait  dit ;  «  Les  canaux  par  lesquels  le  sang  revient  des  diverses 
»  parties  du  corps  vers  les  branchies,  sont  plul6t  des  lacunes  situees 
»  entre  les  divers  organes  que  des  canaux  a  parois  bien  formees.  Quoi 

•  qu'il  en  soil ,  ces  veines  informes  aboutissent  toutes  a  des  especes 
»  de  reservoirs  sanguins  que  nous  avons  nomm6s  sinus  veineux.  » 
(P. -102.) 

Plus  loin,  cet  auteur  ajoute :  «  Telle  est  la  dispositions  du  systeme  cir- 
»  culatoire  chez  la  plupart  des  Crustaces ;  mais  chez  quelques-uns  de  ces 
»  animaux  il  est  bien  moins  d^veloppe,  et  les  arteres  aussi  bien  que  les 

•  veines  ne  paraissent  etre  que  des  lacunes  formees  par  les  interstices 
»  que  les  divers  organes  laissent  entre  eux.  C'est,  en  effet,  ce  que  Jurine 
m  a  observe  chez  les  Argules,  ou  le  sang  paralt  repandu  dans  le  paren- 
»  chyme  meme  des  organes;  neanmoinsil  existe  toujours  un  cceur,  et  les 
»  courants  qu'il  determine  ont  toujours  une  direction  constante. » (P.  1 04.) 

La  mSme  maniere  de  voir  est  adoptee  dans  I'Anat.  comp.  de  Cuvier. 
On  lit,  en  effet,  dans  la  2'  edit.,  par  M.  Duvernoy  (3j :  a  3*  La  Iroisieme 
»  difference  de  forme  et  d'organisation  des  reservoirs  du  fluide  nourricier 
>  que  oous  devons  distinguer  est  celle  que  Ton  peut  designer  sous  le  nom 
a  de  lacunes. 

»  Nous  appelons  ainsi  des  videsqui  existent  entre  les  rameaux  art^riels 
s  et  les  racines  des  veines,  qui  ne  se  continuent  pas  I'un  avec  I'autre  par 
a  I'intermediaire  d'un  systeme  capillaire. 


(t)  Pouchet,  Recrerches  sdr  l'anat.  et  u  physiol.  des  Mollvsques.  Roaen, 
1841,  in-4*,  24  pages,  une  pi.  Iltb. 
(3)  Edwards,  Hist.  hat.  des  Crustaci£s,  in-8o,  vol.  1, 1834,  p.  iOl. 
(3)  CuTier.  Amat.  compare,  in  8*,t.  VI,  1839,  p.  504-S05. 


93 

»  Ces  lacunes  fornient  des  m6ats  dans  les  interstices  des  faisceaux 
B  musculeux,  dans  les  intervalles  des  organes  et  des  parties,  dans  les- 
»  quels  le  fluide  nourricier  penetreet  se  meut  d'un  syst6me  vasculairecl 
»  I'autre.  C'est  le  cas  des  Crustaces  et  des  Arachriides. 

»  i*  Les  reservoirs  du  fluide  nourricier  peuvent  consisler  encore  en  la- 
»  cunos  plus  considerables,  lorsque  le  syst^me  vasculaire  est  k  I'etat  ru- 
B  dimentaire.  Ce  sonl  alors  des  cavitcs  viscerates  tout  entieres,  dans  les- 
»  quelles  ie  fluide  nourricier  est  epanche.  C'est  le  cas  des  Insectes  et  des 
»  Arachnides  tracheennes,  oii  Ton  trouve  le  sang  non-seulement  dans 
»  les  interstices  des  muscles,  mais  encore  dans  les  cavilesde  I'abdomen, 
»  du  thorax  et  de  la  lele.»  (P.  505.) 

Avant  d'aller  plus  loin,  vidons  un  des  points  de  cette  question.  Relati- 
vement  aux  sinus  des  Crustaces,  voire  rapporteur  peut  assurer  que,  d'a- 
pr6s  I'examen  qu'il  en  a  fait  sur  des  Langoustes  et  des  Crabes,  les  tissus 
ambiantsne  sont  pas  d  nu,  mais  tapissesd'une  mince  couche  de  substance 
homogene,  parsemee  de  fines  granulations  moleculaires.  Chez  les  indivi- 
dus  de  grand  volume,  on  en  peut  trouver  aussi  dans  lesgros  trajels  veineux 
qui  arrivent  aux  sinus,  soit  du  cote  du  tronc,  soil  du  cote  des  membres. 
Aussi  les  injections  ne  s'infiltrent  pas  dans  les  interstices  des  tissus;  le 
fait  arrive  cependant  quand  il  y  a  rupture  de  la  mince  couche  tapissanl 
ces  trajets  veineux;  rupture  facile  par  suite  de  sa  delicatesse,  mais  qui 
permet  alors  de  juger  de  la  difference  qu'il  y  a  entre  I'injection  r^elle 
el  rinfiltration. 

Or,  lorsqu'on  veil  ces  fails,  on  ne  sauraitguere  s'empScher  d'admc-llrc 
I'existence  de  la  meme  substance,  a  la  surface  des  conduiLs  que  leur  petit 
volume  emp^che  d'explorer  sous  le  rapport  qui  nous  occupe,  aussi  bien 
que  dans  les  canaux  volumineux. 

Dans  ces  animaux-la,  aussi  bien  que  dans  les  Insectes,  lorsqu'on  a  dcja 
injecte  suffisammenl  d'aulres  animaux,  et  de  ceux-ci,  on  distingue  fcicile- 
ment  les  points  ou  les  conduits,  quelqu'irreguliers  qu'ils  soient,  car  ils 
sont  rarement  reguliers ,  sont  exactement  remplis  et  ceux  oia  il  y  a  eu 
rupture  et  infiltration  dans  les  tissus. 

§  XLVII.  —  Du  reste ,  examinons  d'abord  ce  que  Ton  pourrait  avoir 
demonlr6  au  point  de  vue  physiologique  ,  en  admettant  cette  pretendue 
absence  do  parois,  dont  I'existence  est  deja  prouv^e  en  plusieurs  points 
oil  on  la  croyait  absente. 

II  ne  faudrait  pascroiro  que  Ton  aurait  expliqu6  quelque  chose  de  la 
nutrition  en  niant  ces  parois.  On  n'aurait  fait  que  reculer  la  diflaculle.  F.n 


9ti 
effet,  je  prends  des  faisceaux  strips  des  muscles,  ayant  de  5  ^  8  cenliemes 
de  millimetre,  pr^s  d'un  dixi^me,  et  n'6tant  ea  contact  qu'avcc  un  ou 
deux  capillaires  qui  en  suivent  la  longueur,  ou  bien,  chez  les  Crustaces, 
en  contact  par  une  partie  de  leur  surface  seulement,  avec  les  larges con- 
duits interposes  aux  troncs  arteriels  etveineux.Nul  capiliaire,  nul  conduit 
ne  penetre  dans  leur  6paisseur.  C'est  done  par  imbibition  que  se  fait  la 
nutrition  du  centre  de  ce  faisceau.  Je  prends,  d'autre  part,  les  corpus- 
cules  ganglionnaires  places  sur  le  trajet  des  tubes  nerveux.  Ces  corpus- 
cules  ont  jusqu'a  un  diiieme  de  millimetre  et  m^me  plus  chez  lesPoissons, 
un  ou  deux  capillaires  seulement  touchent  chacun  d'eux  en  quelques 
points  de  leur  circonf(5rence.  Comment  done  se  fait  la  nutrition  au  centre 
de  ce  corps  sph^iique,  si  ce  n'estpar  imbibition? 

Du  reste,  ne  sait-on  pas  qu'il  n'y  a  dans  les  muscles  des  Vert6bres  au- 
cuneespece  de  capillaires  plus  pelils  que  ceux  qu'on  y  voit  a  I'aidedn 
microscope,  lesquels  ont  Om'l'-, 008  pour  les  plus  pe:its,  ^tant  tous  une 
parol  homogene  parfai lament  conslituee  ?  Or  comment  done,  dans  ce  tissu, 
se  fait  la  nutrition,  si  ce  n'est  par  transsudation  d'abord  au  travers  de  ces 
parois,  puis  imbibition  immediate  des  faisceaux  musculaires,  des  tubes 
nerveux,  fibres  de  tissu  ceilulaire,  etc.? 

Voiia  pour  un  premier  mode  de  demonstraHon,  celui  qui  est  tir6  de  Ja 
structure  normale  et  des  phenom^nes  physiologiques  qu'on  y  observe  et 
qu'on  en  deduit.  Voyons  maintenant  un  autre  mode,  complement  indis- 
pensable du  premier,  reposant,  s'appuyant  sur  lui,  maissans  lequel  reel- 
lement  nuile  demonstration  ne  peut  etre  consideree  comme  complete. 
C'est  I'observation  de  ce  qui  se  passe  dans  les  cas  morbides  bien  determi- 
nes; elle  vient  en  effet  completer  nos  connaissances,  et  nous  prouver  si 
r^ellement  nous  avons  interprete  d'une  maniero  satisfaisante  ce  qui  existe 
a  I'etat  normal. 

Qu'arrive-t-il  done  lorsqu'un  liquide  6panche,  par  rupture  des  vais- 
seaux,  infillre  et  baigne  directement  les  tissus,  a  la  maniere  de  ce  qu'on 
pretend  avoir  vu  dans  les  animaux  dont  nous  parlons? 

D'abord,  dans  ce  cas-la,  rien  ne  s'organise,  ni  la  fibrlne  qui  s'est  coa- 
gulee,  ainsi  que  le  montrent  les  caillotsdes  hemorrhagies  de  la  muqueuse 
caduque  uterine,  ceux  des  art^res  liees,  ceux  du  cerveau,  etc....,  ni  mdme 
le  s^rum,  qui  se  resorbe,  infillre  peu  a  peu  les  tissus  ambiants,  ou  se 
reunit  en  masse  enkysl6e  ou  non.  Ce  qui  prouve  que  ce  liquide  ne  sert 
pas  a  la  nutrition  directe  des  Elements  anatomiques  qu'il  baigne  directe- 
ment, c'est  que  ces  elements,  loin  de  devenir  plus  volumineux,  loin  de 


95 
prendre  des  caracl6res  plus  nets,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  les  cas  oii  il  y  a 

nutrition  active,  montrent  I'inverse. 

Observez  un  muscle  infiltre  de  serosite  epancMe  ^  ia  suite  de  rupture  de 
capillaires,  prenez-le  aussi  loin  que  possible  de  la  lesion,  comme  on  peut 
le  faire  dans  le  cas  de  fracture  d'un  os,  alors  vous  verrez  que  les  fais- 
ceaux  primitifs  infillres  sent  plus  pales,  leurs  stries  transversessontmoins 
neltes  ;  ils  sont  parsem^s  de  granulations  mol^culaires,  comme  dans  tous 
les  cas  ou  ces  faisceaux  primitifs  sont  malades.  Ainsi  done  ce  liquide, 
directement  fourni  aux  elements  anatomiques,  quoique  en  quantite  un 
peu  plus  abondante  que  normalement,  ne  ieur  convient  pas,  et  sans  doute 
precisenient  parce  qu'il  est  fourni  directement.  Ne  sait-on  pas  que  ces 
parois  des  capillaires  sont  soumises,  comme  tout  cequi  a  vie  et  se  nour- 
rit,  au  double  acte  elementaire  caracleristique  de  composition  assimila- 
trice  el  decomposition  desassimilatrice?  Or  croyez-vous  que  le  liquide 
contenu  dans  les  vaisseaux,  en  traversant  ces  parois  pour  en  sorlir,  n'est 
pas  modifie  parce  double  mouvement,  et  n'est  pas  autre  au  dohorsde  ce 
qui!  etait  au  dedans?  Gertainement  oui;  il  a  ete  modifie  pendant  ce  tra- 
jet,  etc'est  sans  doute  parce  qu'il  a  ete  modifie  qu'il  est  apte  a  etre  assi- 
mile.  Du  reste,  I'analyse  des  liquides  exsudes  la  ou  il  n'y  a  pas  eu  rup- 
ture des  vaisseaux,  montre  que  le  liquide  pris  au  dehors  n'est  pas  identi- 
que  au  s§rum  du  sang. 

C'est  toujours  appuye  sur  I'ensemble  des  faits  connus  a  I'epoque  ou 
nous  observons  que  nous  devons  marcher  dans  I'observation.  Ce  n'est 
jamais  qu'en  nous  appuyant  sur  ieur  analyse  la  plus  minutieuse  que  nous 
devons  tenter  de  faire  un  pas;  autrement  ou  bien  on  developpe  et  on 
eleve  aux  nues  un  sujet  devenu  par  le  temps  vide  de  sens  et  d'applica- 
tions,  et  alors  inutile  ou  souvent  nuisible  a  I'esprit;  ou  bien  les  raisonne- 
ments  sur  les  faits  reellement  utiles  se  trouvent  alors  etre  incomplets, 
ce  qui  les  rend  encore  inutiles,  d'appiicables  qu'ils  devaient  6tre. 

Partant  des  Invertebres,  nous  avons  pris  des  exemples  dans  les  Verte- 
bras, c'est-a-dire  la  oii  il  ^tait  possible  d'en  prendre ;  mais  les  phenom6- 
nes  physiologiques  de  nutrition,  avec  lesquels  se  trouvent  ici  directement 
en  rapport  les  faits  anatomiques  de  distribution  des  capillaires,  les  ph^- 
nomenes  de  nutrition,  disons-nous,  sont  essentiellement  les  memes  au 
fond  dans  tous  les  corps  vivants,  et  les  exemples  ci-dessus  sont  applica- 
bles  en  general  a  lous.  De  plus,  les  auteurs  dont  nous  aliens  parler  ont 
^tendu  ou  voulu  etendre  les  faits  observes  chez  les  Invertebres  jusqu'aux 
Vert^bres ;  ils  ne  sauraient  done  refuser  la  reciproque  en  fait  de  raison- 


96 

ment  portani  siir  lea  phenomenes  les  plus  gin^ralemenl  communs  a  touj 
les  corps  organises. 

filant  ainsi  forlement  soutenu,  n'ayanl  tourn6  aucune  difficult^,  mais 
les  ayant  loutes  franchement  abordees,  continuons  le  sujet  commeBce, 
qui  est  presque  entierement  anatomique,  et  surtout  d'anatomie  generate 
ou  ^lemenlaire  (1). 

§  XLVllI.  — Tels  etaient  les  raisonnements  sur  lesquels  on  pouvail  so 
baser  en  Irailanl  la  question  dont  11  s'agif,  lorsque  M.Edwards  publia  In 
travail  que  nous  allons  analyser  (2). 

Ce  travail  consisle  essentiellement  en  ceci :  I'auleur  prend  les  Polypes 
hydrairo?,  zoantliaire?,  clc,  dans  lesquels  il  voil  la  cavile  digestive  om- 
muniquer  avec  la  cavite  gen^rale  du  corps  dans  laquelle  flotte  plus  ou 
moins  librement  la  poche  digestive  (Actinies,  etc.),  ou  meme,  chez  les 
Acalephes,  envoyer  des  prolongements  dans  toules  les  parties  du  corps. 
L'eau  avalee  y  entraine  ensuite  les  mnlieres  dissoutes,  qui  servent  ainsi 
directement  a  la  nutrition,  apr^s  avoir  subi  de  la  part  de  l'eau  ambianle 
ou  melanges  les  phenomenes  d'echange  de  gazquicaraclerisent  la  respi- 
ration. Chez  des  elres  plus  Aleves,  comme  les  plus  simples  des  Mollus- 
ques,  les  Bryozoaires,  encore  consideres  comme  des  Polypes  par  quel- 
ques  autcurs,  I'intestin  ne  communique  plus  avec  la  cavite  du  corps;  un 
liquide  remplit  celle-ci,  flotte  entre  les  organes,  mais  il  n'y  a  pas  de  vais- 
seaux  parliculiers.  Ici  viennent  des  considerations  dans  lesquelles  on  fait 
jouer  a  I'intestin  ou  a  des  coecums  ramifies  un  role  accessoire  d'appareil 
d'irrigation  organique,  sur  lequel  nous  n'avons  pas  besoin  de  revenir; 
puis  ensuite  il  est  question  des  Insecles  et  Crustacea  inferieurs.  Mais  ici  on 
saitqu'il  y  a  parfaitement  un  cercle  parcouru  par  le  sang,  qui,  parti  du 
coBur,  se  r^pand  dans  des  sinus  ou  trajets  sanguins  distribues  entre  les 
organes  a  la  maniere  de  ce  que  nous  avons  signale  chez  les  Lamproies, 
puis  revient  au  coeur  ou  vaisseau  dorsal  par  des  canaui  allant  des  c6tes 
du  corps  a  la  ligne  dorsale  mediane.  Pour  n'etre  pas  arrondis  et  nette- 
ment  diss6cables,  ces  conduits  n'en  constituent  pas  moins  un  sysl^me 
circulatoire,  et  avec  le  coBur  un  appareil  complet  de  circulation. 

(l)  Ch.  Robin.  Tableaux  d'anatomie  contenant  I'expose  de  toutes  les  par- 
ties i  etudier  dans  ie  corps  de  I'liomme  et  des  animaux.  Paris,  1850,  in-4*. 
Averlissement,  p.  13. 

(3)  Edwards,  Do  mode  de  distribution  des  fluides  nourriciers  dans  i.'^eoiio* 
miE  ANIMALS  (Ann,  des  sc.  nat.,  184S,  t.  Ill,  p.  257). 


97 

Vous  V0U3  ^tonnez  peut-6lre  de  voir  d^crits  a  la  suite  I'un  de  I'autre, 
dans  un  rnSme  chapitre,  comme  donnant  lieu  a  un  m^me  ordre  de  consi- 
derations physiologiques,  I'intestin,  ramiGe  ou  non,  des  ^tres  les  plus 
simples,  lequel,  en  raison  de  la  simplicity  meme  de  ceux-ci,  sufiit  a  tous 
les  acles  ^lementaires  de  leur  nutrition,  pour  passer  immedialement  en- 
suile  a  I'appareil  de  circulation,  c'est-a-dire  a  un  appareil  surajout6 
au  digestif  des  que  Torganismo  se  complique. 

Vous  devez  vous  ^tenner  de  voir  placer  sur  le  memo  pied  deux  choses 
aussi  difiTerentes  que  celles  de  digestion  et  de  circulation.  A  I'idee  de  dis- 
solution des  aliments,  puis  de  leur  transport  immediat  dans  un  corps  des 
plus  simples,  sans  retour  a  un  centre  d'impuisioii  par  des  conduits  faisant 
cercle,  vous  devez  vous  etonner  de  voir  faire  suite  celle  do  circulation, 
id^e  d'un  ordre  tout  autre  ;  car  de  ce  que  le  sang  oscille  quelquefois  dans 
un  vaisseau  alternalivement  en  deux  sens  difTi^rents,  comme  le  font  les 
aliments  dans  les  cavit^s  et  conduits  en  question,  cela  n'etablit  pas  iden- 
tity, et  le  cercle  finit  loujours  par  s'accomplir,  tandis  que,  pour  les  ali- 
ments, il  n'en  est  rien. 

Aussi  c'est  plus  que  de  I'elonnement  que  Ton  ^prouve,  et  si  I'on  ne  se 
tient  en  garde  contre  de  pareils  raisonnements,il  en  r^sulte  bienldt  une 
confusion  inexprimable,  des  idees  de  nutrition,  propri6t6  vilale  elemen- 
taire,  fondamentale ;  puis  de  digestion,  id^e  de  fonction ;  puis  de  circU" 
lation,  etc. 

Mais  rappelons-DOus  que  la  distinction  entre  ces  id^es  physiologiques 
et  entre  les  notions  anatomiques  qui  leur  correspondent,  est  consid^ree 
comme  division  scolastique,  sans  utility  dans  la  science,  residant  plutot 
dans  les  mots  que  dans  les  choses.  Rappelons-nous  que  c'est  dans  ce 
m^me  travail  et  pour  lui  servir  d'introduclion  que  cette  idee  est  deve- 
loppee.  Rappelons-nous  surtout  qu'il  est  beaucoup  d'auteurs,  qui,  au  lieu 
de  s'appuyer  dans  le  raisonnement  sur  toutes  les  notions  dediff^rents  or- 
dres  que  fournit  ['analyse  anatomique,  so  contentent  en  general  d'un  seul 
de  ces  ordres  de  notions,  sur  lequel  ilsbasentensuite  les  considerations  de 
tout  genre.  En  s'appuyant  ainsi  sur  des  faits  incompletement  obsei  ves ,  la 
science  doit  consisterad6velopper  dela  maniere  la  plusagreable  un  ordre 
d'idees  accept^  ou  choisi,  mais  non  pas  a  pousser  I'analyse  anatomique 
jusque  dans  les  dernieres  limitesde  precision  que  permettent  les  moyens 
presents  d'investigation;  qui  conduisent  cnsuite  a  reunir  les  choses  de 
mSme  ordre  qui  se  ressemblent ,  pour  en  deduire  les  faits  communs ,  in- 
d^pendamment  de  tel  ou  tel  ordre  d'idees  precon^ues.  Aussi ,  et  comme 

7 


98 
consequence  ,  suivant  I'expression  naivement  adoptee ,  on  raisonne  d'a- 

pres  la  maniere  de  voir de  tel  ou  tel ,  mais  non  d'apr^s  ce  dent  on 

s'est  assure  par  observation.  On  comprend  d6s  lors  qu'on  aurait  grand 
tort  d'avoir  toute  autre  maniere  de  voir  que  celle  qui  fait  que  le  sujet 
cesse  d'offrir  aucune  difficuUe  s(5rieuse. 

§  XLIX.  —  Nous  devons  maintenant  citer  los  passages  a  I'aide  des- 
quels  est  expos^e  la  maniere  dont  se  fait  le  passage  des  pr^tendues  la- 
cunes  aux  vaisseaux  bien  limiles.  Par  la  vous  verrez  quel  comple  est  tenu 
des  notions  precises  fournies  a  si  grand'peine  par  I'anatomie  g^n^rale 
en  AUemi'gne,  etc.... 

Apres  avoir  expose  par  quelques  mots  comment  se  forraent  les  vais- 
seaux dans  le  blastoderme,  M.  Edwards  ajoute  0)  •  *  Lorsque,  par  suite 
»  d'un  etat  pathoiogique  de  I'economie,  des  Vaisseaux  sanguins  se  d^ve- 
»  loppent  dans  une  fausse  membrane,  les  choses  se  passent  encore  de  la 
»  nieme  maniere.  Ce  n'est  pas  un  vaisseaudeja  forme  et  apparlenantaux 
»  tissus  voisins  qui  s'alionge  et  s'avance  dans  le  tissu  nouveau;  ce  sont 
»  des  espaces  irr^guliers,  qui  se  creusent  dans  la  substance  de  ce  der- 
»  nier,  el  qui  apr^s  s'etre  mis  en  communication  avecles  parties  voisines 
»  du  systeme  vasculaire,  se  canalisent  et  se  transforment  en  veritables 
»  vaisseaux  sanguins.  » 

«  Cette  substitution  de  tubes  membraneux  a  la  place  de  simples  lacuiies 
»  peut  etre  expliquee  de  la  maniere  la  plus  simple. 

»  On  salt  que  toutes  les  fois  que  chez  I'homme  un  liquide  irritant,  du 
»  pus  par  exemple,  se  fraye  une  route  entre  les  organes  pour  se  porter 
»  au  dehors,  la  voie  qu'il  parcourt  est  d'abord  une  lacune  irreguliere, 
»  pratiquee  dans  le  tissu  cellulaire  interorganique,  et  communiquant 
»  librement  avec  les  meats  d'alentour ;  mais  les  observations  des  patho- 
»  logistes  nous  apprennent  que  peu  a  peu  cette  lacune  s'isole,  se  Irans- 
»  forme  en  un  canal  tubulaire,  et  s'entoure  d'une  fausse  membrane  par- 
«  faitement  distincte  des  parties  voisines.  C'est  I'influence  excitante  du 
«  courant  qui  determine  la  formation  de  cette  tunique  anormale,  et  qui 
»  s^pare  ainsi  du  systeme  lacunaire  de  I'economie  une  cavile  particuli^re 
»  ayant  la  forme  d'un  vaisseau  a  parois  propres.  Dans  les  cas  de  fistules 
»  anciennes,  ces  canaux  se  constituent  presque  toujours  et  acquierent 
«  souvent  une  longueur  assez  considerable.  » 


(1)  Edwards,  Ann.  des  sc.  nati,  loe,  cit-,  1845,  p.  281. 


99 

Oa  comprend  qu'il  est  iautile  de  monlrer  a  quelies  sources  surannees 
sont  empruntesde  tels  arguments,  et  combien  ils  sont  eloignes  d'oxpri- 
mer  ce  qu'on  sail  depuis  les  travaux  des  embryogeiiistes  dece  siecle. 

W.  Edwards  ajoute : 

«  Ainsi,  toutes  les  fois  que  des  mouvements  frequents  s'etablissent 
»  accidentellement  entre  les  parois  d'une  cavit(5  et  un  liquide  irritant 
»  acciimuld  dans  son  interieur,  ces  parois  se  reguiarisent  et  tendent  a  se 
»  revelir  d'une  membrane  particuliere.  Par  consequent,  si  I'on  admet 
»  que  dans  I'etat  normal  de  reconomie  des  causes  analogues  produisent 
»  des  effets  semblables,  on  comprendra  que  pour  determiner  la  transfor- 
»  mation  du  systeme  sanguin  lacunaire  en  un  syst^mo  de  vaisseaux  k 
»  parois  propres,  il  pourra  suflire  de  I'influence  excitanto  du  sang  sur  les 
»  tissus  entre  lesquels  ces  cavites  se  trouvent  pratiquees.  »  (P.  282.) 

Viennent  ensuite  des  explications  pour  montrer  comment  le  sang  arte- 
riel,  plus  excitant  que  le  veineux,  a  du  faire  nailre  des  parois  aux 
arteres  et  pas  aux  veines  chez  les  Crustaces,  Arachnides  et  MoUusques. 

«  On  comprend  egalement,  dit  encore  M.  Edwards  (p.  283),  quo  si 
»  I'excitation  produite  par  le  contact  du  sang  sur  les  tissus  constitutifa 
»  du  systeme  lacunaire  general  determine  la  formation  des  parois  vascu- 
»  laires,  le  fluide  nourricier,  qui,  parson  passage  a  Iravers I'organe  res- 
»  piratoire,  s'est  charge  d'oxygene,  pent  agir  de  la  sorts  plus  activement 
»  que  du  sang  veineux ,  et  par  consequent  que  lorsque  la  portion  cenlri- 
»  p^de  du  systeme  circulatoire  lend  a  se  canalyser  et  a  acquerir  des  pa- 
»  rois  propres,  les  conduits  branrhio-cardiaques  ou  les  veines  |)ulmo- 
»  naires  devront  se  transformer  en  tubes  avant  les  cavites  veineuses 
»  proprement  dites,  disposition  dont  les  MoUusques,  aussi  bien  que  les 
»  Crustaces,  offrentde  nombreux  exemples.  » 

II  est  facheux  pour  ces  raisonnements,  doqt  les  appuis  ont  ete  recher- 
ches  d'abord  sur  les  fistules  de  I'homme,  que  cetle  influence  excilante 
plus  active  du  sang  rouge  se  soil  ordinairement  manifest^e  d'une  ma- 
niere  si  contradictoire  avec  I'explication  :  1°  dans  les  veines  pulmonaires 
et  ombilicales  comparees  aux  arteres  de  ce  nom;  2°  dans  I'artere  bran- 
chiate des  Poissons,  tout  aussi  puissante  que  les  arteres  sortant  des 
branchies  pour  ailer  aux  divers  organes;  3°  enfin  dans  les  MoUusques 
eux-memes,  puisque  nous  allons  voir  tout  a  I'heure  les  Balyotis  et  les 
Patelles,  MoUusques  des  plus  parfdits,  dont  I'aorte  n'a  plus  de  parois  dis- 
secables  el  forme  un  vaste  ,-inus  dans  lequcl  bnigne  ia  base  de  lu  iangue. 

Voici   encore  un   dernier   passage  qui   achevera  de  montrer   que  la 


100 

science  semble  consister  a  donner  d'avance  I'explication  des  choses 
pour  chercher  ensuite  a  trouver  des  fails  a  I'appui ,  plut6t  que  de  de- 
duire  de  I'observation  les  fails  communs  au  plus  grand  nombred'6lres  : 
€Ainsi,dilM.  Edwards,  tout,  dans  I'organisalion  des  animaux  infe- 
»  rieurs,  semble  se  passer,  comme  si  I'liypollifese  que  je  viens  d'exposer 
»  elail  I'expression  de  la  v^rite,  el  indiquail  reeliement  le  mecanisme 
»  par  lequel  la  nature  perfeclionne  I'appareil  de  la  circulation.  Cetle 
i»  Iheorie  a  I'avantage  de  raltacher  les  ph^nomenes  pathologiques  aux 
»  phenomenes  normaux  de  la  physioiogie,  el  elle  nous  permet  de  com- 
»  prendre  conimenl  des  tubes  vasculaires  el  des  lacunes  peuvent  s'unir 
»  pour  constiluer  un  seul  el  m^me  cercle  sanguiffere,  el  comment  la 
»  transition  pent  s'operer  enlre  ces  deux  especes  de  cavites.  » 

Mais  celte  Ih^orie ,  si  avantageuse  en  apparence ,  etait  deja  inutile  a 
'6poque  oil  elle  a  el6  publiee;  il  n'y  avail  pas  besoin  de  donner  une 
explication  de  la  maniere  donl  s'opere  la  transition  enlre  les  deux  especes 
de  caviies;  elle  etait  d6ja  parfaitement  connue  par  la  simple  observa- 
tion au  microscope  qui  a  permis  d'isoler  des  capillaires  a  parois  propres, 
deja  decrits,  se  continuant  d'un  cdle  en  arleres  el  de  I'aulre  en  veines. 
II  bufSsail  de  se  remeltre  au  niveau  des  coiinaissances  de  I'^poque  pour 
6viter  cet  encombrement  d'explications  nuUement  en  rapport  avec  les 
fails. 

§  L.  — Plus  loin,  pour  expliquer  la  transsudation  des  liquides  au 
travers  des  parois  des  vaisseaux,  on  admel  que  la  cloture  de  ce  systems 
de  vaisseaux  n'est  pas  complete.  Sans  tenir  compte  de  la  parfaile  homo- 
geneitedes  parois  des  capillaires,  de  I'absence  complete  de  perforations 
en  quelque  lieu  que  ce  soil,  elles  sont  compar^es  k  une  gaine  ae  feutre 
dont  les  lacunes  sont  trop  elroiles  pour  laisser  fiUrer  les  globules  de 
sang  el  en  laisser  passer  d'autres.  Tout  cela  est  dit  sans  tenir  compte 
des  fails  d'exosmose  el  endosmose  au  travers  des  substances  les  plus 
homog^nes. 

S'il  etail  necessaire  d'insisler  plus  longtemps  pour  faire  sentir  combien 
sont  moins  brutalemenl  m6caniques  qu'une  filtration  les  phenum^nea 
d'ersudation  et  d'absorption  dans  I'^conomie,  les  exeniples  ne  manque- 
raienl  pas.  Tous  viendraient  faire  sentir  qu'il  y  a  dans  ces  ph^nom^nes 
plus  qu'une  simple  fillralion;  que,  pendant  la  translation  du  dedans  au 
dehors,  ou  reciproquement,  a  travers  la  parol  du  capillaire,  il  y  a  modifi' 
cation  de  la  substance  transporlee  par  suite  du  double  mouvement  de 
composition  el  de  decombinaison  qui  s'y  passe.  De  la  celte  sorte  d'election, 


101 
de  choix,  d'apr^s  lequel  telle  ou  telle  substance  est  prise  plus  ou  moins 
facilementde  tels  ou  tels  vaisseaux.  Admetlrez-vous  qu'il  y  a  des  capil- 
laires  dix  fois  plus  petits  que  las  globules  du  sang,  n'ayant  que  0,001  mill., 
etsans  parois,  lorsque  vous  aurez  vu  i'exp^rienco  suivante  de  noire  collo- 
gue Bernard  ?  II  a  vu,  en  effet,  qu'en  fuisant  avaler  des  quantiles  conside- 
rables de  Sucre  de  canne  a  un  animal ,  on  n'en  Irouve  pas  dans  les  chyli  • 
ftres  ni  dans  le  canal  thoracique,  landis  qu'il  y  en  a  au  conlraire  beaucoup 
dans  la  veine  porta;  au  conlraire,  failes-lui  prendre  du  cynnure  jaune  de 
potassium  et  de  far,  et  vous  aurez  I'inverse.  Les  lymphatiqiies  chyiiferes 
en  contiendront  en  quantile,  et  lesang  des  veines  en  sera  depourvu. 

Pourquoi  done  celle  difference,  si  vous  admettez  des  vaisseaux  plus 
fins  que  les  globules  du  sang  qui  n'ont  pas  de  parois?  Pourquoi  done  ces 
substances  sont  elles  les  unes  accepl^es,  les  autres  refugees  par  un  meme 
ordre  de  vaisseaux,  et  vice  versa,  par  un  autre  ordre,  si,  comme  on  cher- 
che  a  le  prouver,  le  systeme  capillaire  est  forme  en  parlie  par  des 
LAcuNEs  dans  les  animaux  superieurs^  et  par  consequent  n''est  pas 
aussi  continu,  aussi  Men  clos  qu'on  I'acrujusqu'd  nos  jours  (1)  ? 

II  est  inutile,  du  reste,  d'insisler  plus  longtemps  sur  ces  fails  publics 
pr^cisement  a  I'epoque  ou  de  toutes  parts  on  venait  de  demontrer,  en 
Allemagne  et  partout,  I'homogeneile  et  la  continuite  des  parois  vasculaires 
des  plus  fins  vaisseaux.  Ce  sujet  a  du  reste  assez  longuemenl  ele  traitd 
dans  un  autre  ouvrage  par  voire  rapporteur  (2),  pour  qu'il  soit  inutile 
d'y  revenir,  non  plus  que  sur  les  arguments  que  fournissent  ^  M.  Ed- 
wards les  recherches  de  MM.  Doyere  etde  Quatrefages  (3).  Ces  pretendus 
eapillicules  ou  lacunes  ne  sont  autre  chose  que  les  interstices  des  fibres 
du  tissu,  interstices  remplis  par  les  vicieuses  injections  par  double  de- 
composition, qui  peuvent  quelquefois  infiltrer,  oedematier  les  lissus,  ou 
bien  ils  sont  dus  a  des  ruptures  des  capillaires  (Voy.  I'ouvrage  cit6,  p.  26 
et  suiv.).  Ainsi  done,  nous  pouvons  dire  avec  certitude,  contrairement  a 
tous  ces  auteurs ,  que  la  cldture  des  cavitesdans  lesquelles  le  sang  est 
enferme  n'est  pas  apparente,  mais  bien  reelle. 

(1)  De  Quatrefages,  Comptes  rendus  des  seances  de  la  Societe  philomalique, 
Beancedu  8  mars  1845.  Journal  l'Institut,  1845,  p.  IIG. 

(2)  Ch.  Robin,  Du  microscope  et  des  injections,  etc.  Paris,  1849,  in-8",  pre- 
miere partie,  p.  24  k  37. 

(3)  Doyere  et  de  Quatrefages,  Comptes  rendus  des  seances  de  la  Societe  philo- 
matique.  Journal  l'Institdt,  t  IX,  1841,  p.  73. 


102 

§  LI.  —  Tous  ces  fails  ^lant  ainsi  successivement  discut^s  et  ramp- 
nes  a  leur  veritable  valenr,  vous  comprendroz  facilement  et  en  ppu  de 
mots  ceux  qu'il  nous  reste  a  exposer.  M.  Edwards  part  de  telles 
id(5es  et  ne  s'orcupe  pas  de  poursiiivre  I'analyse  anatomique  jusqu'aax 
616ments,  jusqii'a  recherchersi,  la  oii  le  volume  permel  de  la  recherclier, 
existe  cetle  menie  cuuche  de  substance  homogene  qui  tapisse  les  organes 
limitant  les  sinus  et  empeche  le  sang  de  s'infiltrer  enlre  leurs  fibres  ou 
cellules.  Au«si  ne  soyez  pas  ^tonnes  de  voir  ce  savant  admetlre  qua 
«  Chez  les  Mollusques ,  mSme  les  plus  parfaits,  le  sysleme  des  vaisseaux 
»  a  I'aide  desquels  le  sang  circule  dans  I'economie  est  plus  ou  moins 
»  incomplet. »  (1) 

En  effet,  la  presence  de  ces  vastes  sinus  dans  lesqucls  souvent  plongent 
une  parlie  des  visceres,  comme  tout  a  I'heure  nous  I'avons  vu  pour  les 
sacs  branchiaux,  les  muscles  et  I'appareil  a  erosion  des  Lamproies,  ces 
sinus,  dis-je,  pour  ces  auteurs,  rendent  I'appareil  circulatoire  incomplet. 
Or  il  n'enestrien;  le  systeme  veineux  est  parfaitement  complet;  ii  ne 
manque  rien  a  I'appareil  circulatoire.  En  effet,  le  sang  parti  du  coeur, 
passant  dans  les  branchies,  puis  les  arleres,  puis  les  veines,  s'arr^teplus 
ou  moins  dans  les  sinus  qui  sont  annexes  a  ceiles-ci  ou  qui  ea  liennent  la 
place;  mais  il  n'en arrive  pas  moins  de  la  au  coeur,  d'ou  il  etait parti. 
Qu'est-ce  done  qui  rend  cetappareil  incomplet?  Est-ce  par  hasard  la  pre- 
sence de  ces  sinus?  Est-ce  parce  qu'ils  n'ont  pas  de  parois  diss^cables  et 
demontrables  comme  autre  chose  qu'une  meme  couche  de  substance? 
Mais  alors,  je  le  repete,  il  faudraitdire  que  le  systeme  veineux  de  I'ut6- 
rus  est  incomplet,  que  celui  des  Poissons  selaciens  est  incomplet,  que 
celui  des  Lnmproies  enfin  Test  encore  davantage.  Or  c'est  ce  que  quicon- 
les  a  injectes  nedira  jamais.  Le  systeme  est  parfaitement  complet,  il  n'est 
interrompu  nulle  part;  la  substance  homogene  si  souvent  mentionn^e  n'y 
manque  nulle  part;  il  est  tout  a  fait  continu,  car  les  sinus  et  diverticu- 
lums sont  tout  a  fait  clos,  el  s'ils  communiqnent  a vec  quelque  chose,  c'est 
avec  des  organes  semblables  a  eux. 

§  Lll.  —  Mais,  direz-vous,  c'est  la  une  discussion  de  mots  et  non  de 
fait.  Cela  est  vrai;  si  ce  n'est  toutefois  pour  la  mince  couche  de  sub- 
stance homogene  qui  tapisse  les  sinus.  Elle  se  demontre,  en  effet,  chez 


(1)  Edwards,  Rappoht  xn  ministhe  (AIonitbdr  du  J7  noy.  1844,  et  Ann,  des  so. 
H4T.,  184£*,  t'  III.p.  i39> 


103 

les  grands  Mollusqlies,  tels  que  les  Ceplialopodes,  ce  qu'on  no  peul  fairo 
chez  ceux  qui  sunt  trop  pelits  pour  qu'on  puisse  enlevor  convcnabletnent 
un  peu  de  cette  substance  sur  les  parois  et  les  porter  ensuite  sous  le  mi- 
croscope. Mais  faites  attention  que  cette  leg^re  omission  a  fait  employer 
les  termes  d'incomplet  et  de  lacunes,  qui  tous  deux  impliquent  I'id^e 
du  manque  de  quelque  chose,  la  oil  il  n'y  manque  rien  du  tout,  la  oil  tout 
se  passe  d'une  maniere  complete  et  parfaite.  II  en  resulle  que,  au  lieu  de 
dinger  avec  sang-froid  et  tranquillity  voire  esprit  vers  les  parlicularit^s 
Ires-reelles  et  dignes  d'etre  prises  en  consideration  du  systeme  qui  porte 
le  sang  veineux  de  ces  animaux,  vous  6tes  cheques  par  I'idee  de  quelque 
chose  d'extraordinaire  etd'irrationnel.  Consider^  enlui-meme,  le  fait  de 
lexistence  de  ces  grands  sinus  des  MoUusques  peut  paraitre  curieux 
quand  on  saute  brusquement  des  Mammiferes  aux  Mollusquos  ;  mais  si 
Ton  tient  compte  d'une  maniere  convenable  des  fails  signal^s  dans  les 
Verlebres  ci-dessus,  on  trouve  que  c'estle  m^me  fait  dans  des  proportions 
plus  considerables,  et  presentant  des  modifications  correspondantes  aux 
differences  exislant  entre  les  tissus  de  ces  divers  animaux.  Si,  au  con- 
traire,  vous  omettez  de  tenir  compte  de  leur  structure  intime  reelle,  et 
que  vous  employiez  les  termes  d'incomplet  ei  de  lacunes,  vous  vous  r^- 
vollez  de  trouver  incomplet  un  appareil  qui  remplit  son  rdle  d'une  ma- 
niere lout  aussi  complete  quecelui  d'un  Vertebra,  et  sans  que  la  fonction 
pr^sente  la  moindre  lacund  a  signaler. 

Nolez,  en  outre,  que  ces  sinus  ne  sent  pas  distendus  par  le  sang ,  a  la 
maniere  de  ce  que  representent  les  figures.  Les  parois  contractiles  du 
corps  de  I'animal  mainliennent  les  parois  des  sinus  appliquees  I'une 
centre  I'autre  et  contra  les  organes,  en  sorts  qu'il  y  a  peu  de  sang  dans 
ces  cavltes ;  ce  qu'on  peut  voir  sur  les  Limaces  el  les  Helix,  ce  qu'avait 
deja  signale  Gaspard.  C'est  par  distension  des  couches  musculaires  que 
I'injeclion  les  fait  paraitre  si  grands.  Seulemenl,  suivanl  les  besoins  de 
la  locomotion  ou  de  louLe  autre  fonction ,  I'animal  en  se  contraclanl  dis- 
tend telle  partie  en  y  faisant  refliicr  le  sang  et  resserre  telle  autre  partie ; 
fail  decrit  par  Gaspard  dans  I'Escargot  (1).  Nous  vcrrons  tout  a  I'heure 
qu'il  en  est  de  meme  pour  les  reseaux  veineux  a  capiilaires  volumiiieux 
du  manteau  et  superficiels  du  pied,  lant  des  Gasteropodus  que  des  La- 
mellibranches.  Ce  sent  ces  reseaux  qui  ont  ete  figures  exactement  par 


(1)  Gaspard,  loe.  cit.,  1823. 


10& 
Delle  Chiaje  depuis  longtemps  (1),  et  que  les  Mollusques  peuvent  dis- 
tendre  ou  vider  a  volonl6  et  assez  rapidement ,  par  simple  contraction 
musciilaire,  tant  par  suite  de  reflux  du  sang  ailleurs  que  par  tninssuda- 
tion  d'un  serum  tres-aqueux  au  travers  des  minces  lej:uments. 

Disonsde  suite,  pour  n'y  plus  revenir,  que  c'ost  ce  dernier  fail  qui 
avait  porl6  M.  Van  Beneden  a  croii-e  que  chcz  les  llollusques  I'eau  cir- 
cuhiit  avec  le  sang  et  se  melait  a  lui  par  des  orifices  ou  pores  tegu- 
mentaires  (2),  comme  on  le  voit  pour  la  cavile  du  corps  chez  certains 
Polypes.  II  est  de  nos  jours  inutile  de  discuter  ces  fails,  dont  la  non- 
existence est  devenue  cerlaine.  Disons  encore  que  ce  bont  ces  reseaux 
veineux  que  Delle  Chiaje  avait  pris  pour  un  systeme  aquifere  (3)  etque 
depuis  il  appele systeme  lymphatico-veineux ou simplement  veineux, 
systeme  qu'il  a  bien  figure  (4),  el  qui  est  celui  dont  nous  parlerons  dans 
ce  qui  va  suivre. 

§  LIII.  —  Analysons  maintenant  les  Iravaux  consecutifs  a  ceux  dont 
nous  avons  parle.  Le  premier  que  nous  mentionnerons  (3)  fait  suite  a 
celui  de  M.  Edwards, deja  analyse,  lequel  servaitd'inlroduclion  a  celui-ci 
ec  tous  les  suivants.  Dans  ce  travail  se  trouvent  verifiees  les  observations 
de  Delle  Chiaje  sur  un  grand  nombre  de  Mollusques  el  la  determination 
des  sinus  comme  veineux  et  non  comme  aquiferes.  Seulement  ils  sent 
appeles  lacunes,  systeme  lacunaire,  au  lieu  de  sinus  comme  les  appelle 
avec  plus  de  raison  I'analomiste  italien.  Les  conclusions  de  ce  travail 
g^n^ral  sont : 

«  4°  Que    I'appareil    vasculaire     n'est  complet    chez    aucun    Mol- 

»  lusque.  »  (P.  293.)  A  cela  nous  repondrons  que  I'appareil  circulaloire 

est  complet,  comme  tout  autre,  mais  pourvu   de  sinus  vasles  et  nom- 

breux. 

«  2°  Que  dans  une  portion  plus  ou  moins  considerable  du  cercle  cir- 


(1)  Delle  Chiaje,  toe.  cit.,  1829, etc. 

(2)  Van  Beneden,  Recherches  sor  la  circul.  daks  quelqdes  animadx  infe- 
BiECRS.  (Bull,  de  l'Ac.  des  so.  de  Brcxelles,  fevrier  1845,  t.  XIl,  et  Comples 
rendusde  l'Ac.  des  sc.  de  Paris,  1845,  t.  XX,  p.  517). 

(3)  Dell".  Chiaje,  Descrizione  di  nuovo  apparato  di  canali  aqcosi  (  Instito- 
iiONiDi  Anat.efisiol.  comparative.  Naples,  1832,  t.  II,  p.  279). 

(4)  Delle  Chiaje,  memoires  cites,  t.  II,  1841,  p.  36,  etc. 

(5)  Edwards,  Observat.  et  experiences  sur  la  circolat.  oes  Mollusques 
(Ann.  des  sc.  NAT.,  1845,  t.  HI,  p.  289). 


105 
»  culatoire  le3  veines  manquent  loujours  el  sont  remplacees  par  les  la- 
»  cunes  ou  par  les  grandes  cavites  du  corps.  »  Au  lieu  de  lacunes  mettez 
sinus,  et  vous  serezdans  le  vrai;  au  lieu  de  grandes  cavites  des  corps, 
meltez  sinus  dans  lesquels  plongent  des  organes,  comme  chez  les  Lam- 
pruies  el  aulres  animaux. 

«  3"  Que  souvent  les  veines  manquent  compleLemont  et  qu'alors  Ic 
»  sang  ne  revient  vers  la  surface  respiraloire  que  par  les  interstices  dent 
»  je  viens  de  parler.  »  Vous  voyez  encore  qu'au  lieu  d'inlerstice  qui 
semble  indiquer  un  inlervalle  quelconque  et  accidentel,  il  faut  meltre 
trajet  veineux  ou  sin\is,  car  les  conduits  parcourus,  pour  ne  pas  avoir 
de  parois  dissecables,  n'ont  pas  moins  de  Constance  dans  leur  disposition 
et  I'aspect  general  des  reseaux  qu'ils  forment,  que  quclque  reseau  veineux 
que  ce  soil,  dans  les  animaux  plus  compliques. 

Dans  un  autre  travail  consecutif,  commun  a  MM.  Edwards  et  Valen- 
ciennes, les  m^mes  fails  se  trouvent  developpes  (1),  d'apres  I'injeclion 
d'autres  Moilusques  encore  que  ceux  etudies  dans  le  precedent  travail. 
La  se  trouve  developpe  le  fait  trds-reel  de  la  possibilile  d'injecter  les  Ga»- 
t^ropodes  en  ouvrant  la  cavite  abdominale,  c'esl-a-dire  le  sinus  dans 
lequel  plongent  les  visceres  abdominaux.  Mais  voire  rapporteur  peut  affir- 
mer,  d'apres  les  injections  qu'il  a  faites  a  diverses  reprises,  qu'il  a  exa- 
minees au  microscope  et  dont  il  a  pu  montrer  des  exemples  aux  eleves 
de  son  laboratoire,  que  rien  n'est  tranche,  net  el  caracteristique  comme 
les  reseaux  veineux  bien  injecles  des  Gasteropodes  lerrestres.  On  peul 
voir  les  reseaux,  a  mailles  serrees  et  polygonales,  a  vaisseauxcapillaires 
volumineux  comparalivemenl  a  ceux  des  Vertebres;  on  peut  voir  de  ces 
reseaux  partir  des  branches  devenant  de  plus  en  plus  grosses  qui  s'en- 
foncent  dans  le  tissu  du  pied  el  gagnent  les  veines  lat^rales  qui  s'ouvrent 
dans  le  sinus  abdominal  par  lequel  on  a  injecte. 

Ces  fails  se  voient  surtout  sur  les  cotes  du  pied ,  parce  que,  vers  le 
milieu,  les  vaisseaux  sont  plus  gros  et  forment  des  mailles  plus  volumi- 
neuses,  constituant  une  veritable  bande  mediane  de  tissu  erectile  tr6s- 
visible  chez  les  Limaces  rouges  et  grises.  Nous  auronsbienlot  a  reparler 
de  ce  fait  tres-uettementcaracldrise. 


(1)  Edwards  et  Valenciennes,  Nol'velles  observat.  8DR  la  constitution  de 

L'APPAREIL  CmCULATOIRE  CHEZ  LES    MOLLUSQUES.  (ANN.  DES    8C.  NAT  ,  lS4i,    t.    Ill, 

p.  307,  et  Comptes  lendus  de  I' Ac.  drs  sc,  1845,  t.  XX). 


108 

§  LIV.  —  Dans  ce  travail  se  trouvent  plusieurs  autres  points  re- 
lalifs  a  la  question  qui  holis  occupe  et  qii'il  fant  disciiler.  La  disposi- 
tion du  syst^me  veineux,  dont  nons  venons  de  parler,  ^tant  consid^r^c 
conime  une  degradation  de  ces  conduits  sanguins,  elle  a  natureliement 
ete  saisie  avecavidil6  comma  ventint  a  I'appui  de  la  degradation  de  I'ap- 
pareil  circulaloire  des  prelendus  Phlebenteres,  laquelle,  cliez  eux,  pou- 
vait  aller  jusqu'a  la  diiparition  du  coeur.  Mais  cette  degradation  de  I'ap- 
pareil  circulatoire  n'est  pas  reelle ,  puisque  nous  avons  vu  :  1°  quo 

MM.  Souleyet,  Alder  et  Hancock,  etc ,   ont  trouv6  un  cosur  et  des 

arteres,  plus  des  veines  branchio-cardiaques,  la  oQ  roncroyait  absence 
de  ces  organes  et  de  toute  espece  de  veines. 

2'  Puis  nous  avons  vu  qu'on  a  trouv^  une  portion  du  systeme  porte- 
branchial ,  c'est-a-dire  des  veines  g^n^rales  qui  se  rendent  des  capii- 
laires  gen^raux  directement  aux  branchies ;  chez  les  £olis  on  a  trouve 
toute  la  portion  de  ces  veines  qui  rampent  dans  les  parois  musculaires 
du  corps,  c'est-a-dire  a  peu  pr6s  autant  que  chez  la  Limace.  On  n'a  gu6re 
fait  plus  chez  les  autres  Mollusques.  Dans  les  Tritonies  m^tne,  ani- 
maux  qui  ne  sont  pas  tres-eloignes  des  pretendus  Phlebenteres  ,  on  peut 
voir  tr^s-facilement,  vu  les  dimensions  des  animaux  ,  les  veines  qui  du 
foie  et  autres  visceres  vont  aux  branchies.  On  ne  peut  done  pas  tirer  parti 
de  ces  faits  pour  appuyer  ce  qu'oh  Sppelait  le  Phlebente'risme. 

§  LV.  —  La  disposition  du  systeme  veineux  chez  les  Mollusques  est 
consid^r^e  par  les  deux  savants  auteurs  de  ce  travail  comme  wne  degra- 
dation de  ce  systeme  de  conduits.  Guides  par  les  doctrines  dont  nou3 
avons  parle,  ils  doivent ,  en  effet ,  consid^rer  les  choses  de  la  sorte  et  non 
pour  ce  qu'elles  sont  en  elles-memes.  Nous  ne  trouverons  presque  pas 
d'appareil,  sauf  le  digestif  et  le  systeme  nerveux,  dont  it  nfe  soit  dit, 
tantot  sous  un  point  de  vue,  tant6t  sous  un  autre,  qu'il  est  degrade.  Si  au 
lieu  de  decrire  les  choses  en  elle-m^me,  en  ce  qu'ellcS  sont,  pour  les  com- 
parer ensuite ,  on  precede  de  la  sorte,  ort  comprend ,  d'apr6s  ce  qlie  nous 
avons  vu  ,  que  la  degradation  commence  des  le  sysieme  veineux  de  I'u- 
terus  pris  pendant  la  grossesse.  On  ne  sail  pas  au  juste  quel  est  I'animal 
dont  on  pourra  dire,  qu'on  va  pruceder  a  la  description  de  ses  veines  et 
non  a  Iraiter  de  leur  degradation.  II  eilt  6t6  bon  d'etablir  d'abord  si 
cette  degradation  suppos6e  doit  se  faire  progressivement  a  partir  des 
plus  simples  Vertebres,  ou  bien  se  faire  seulement  dans  les  plus  simples 
des  ^tres  de  chaque  embranchement  ou  chaque  classe.  U  a'y  a  que 
ces  deux  cas  possibles. 


ibi 

Pbemier  CAS.  —  Si  elle  doif.  se  faire  progressivemenl  a  partir  des  der- 
niers  Verlebres,  comment  se  fail-il  que  nous  trouvions  ce  que  vous  appe- 
lez  degradation  des  veines  ,  d'abord  bien  certalnemeht  dans  I'ulerus  hu- 
main;  puis  dans  les  oviducles  des  Seiaciens  aussi  pendant  la  gestation, 
Poistons  qui  ont  certainemenl  rorgaiiisation  la  plus  compliqu^e  parmi 
tous  les  Poissons;  puis,  enfin  ,  comment  se  fail-il  qu'il  faille  sauter  par- 
dessuS  tous  les  autres  poiir  arriver  aux  Cyclost6nies  ou  la  disposition  est 
permanenle?Comment  ensuile  se  fail-il  que  dans  les  Af  ticules  se  trouvent 
les  Insectes  dontles  Irajets  veineux  ont  des  limitesmoins  nellcs  que  dans 
les  Aphrodites  et  certaines  autres  Annelides,  puis  moins  nettes  que  beau- 
coup  de  veineS  chez  les  Mollusques,  comme  quelques-unes  qui  ont  des 
valvules  chez  les  Cephalopudes  (1);  comme  les  veines  branchio-cardia- 
ques  des  Gast^ropodes  et  des  Acephales  lamellibranches ;  animaux  places 
bien  plus  bas? 

Deuxieme  CAS.  —  Si  cette  disposition,  appelee  degradation,  doit  se 
trouver  seuletnent  dans  les  plus  simples  des  etres  de  chaque  classe ,  com- 
ment se  fait-il  qu'on  la  trolive  chez  les  plus  eleves  des  Articules,  et  que 
la  disposition  presente  un  cachet  anatomique  tout  autre  dans  la  plupart 
des  Annelides,  ou  existent  des  vaisseaux  bien  nets  et  contractiles? 

Comment  se  fait-il  done  surtout  que  nous  trouvions  cette  disposition  du 
syslenie  veinelix  sous  forme  de  vastes  sinus,  plus  marquee  dans  les  pre- 
miers des  Mollusques  ,  comme  les  Cephalopodes  et  Gasteropodes  ,  que 
dans  d'autres  bien  plus  simples,  comme  les  Acephales  lamellibranches? 

Nous  allons  voir,  en  effet,  les  Moules  et  les  Pecten,  etc.,  depourvus  de 
ces  vastes  sinus  ou  plongent  des  visceres,  et  ne  presenter  autre  chose  que 
les  r^seaux  veineux  a  gros  capillaires  ,  a  mailies  circonscrivant  des  inter- 
valles  tres-etroits,  formant  une  sorte  de  tissu  erectile ;  reseaux  d^ja  men- 
tionn^s  tout  a  I'heure.  Comment  se  fait-il  done  que  vous  disiez  que  la 
degradation  est  poussee  chez  les  Patelles  et  Halyolides  jusqu'au  point  que 
I'aorte  est  en  grande  partie  representee  par  un  sinus  ou  lacune  arte- 
rielle,  puis  que  chez  des  etres  bien  plus  simples,  comme  les  Nudi- 
branches ,  Tectibranches,  etc.,  on  trouve  une  aorte  bien  developp^e? 
Comment  se  fail-il  surtout  que,  chez  les  Acephales  encore,  nous  trou- 
vions sans  exception  une  aorte  et  des  arteres  si  nettement  caracterisees 
par  leurs  parois?  Pourquoi ,  en  voyant  d^s  fails  si  peu  gen^rauX  ,  he  pas 


(1)  Lebert  et  Robin,  ARcaiVGn  nx  McLi^ERt  1846,  p>  131i 


108 
simplement  reconnaitre  ,  comme  on  est  r^ellement  forc6  de  le  faire  ,  ici 
pour  les  veines,  la  pour  lea  arl6res,  des  parlicularil^i  de  Torganisme 
ayant  des  points  communs,  etant  en  correlation  avec  le  reste  de  la  struc- 
ture analomique  de  I'animal,  avec  la  nature  de  lous  ses  lissus ,  etc.,  mais 
n'indiquanl  pas  une  degradation  de  quoi  que  ce  soit,  par  rapport  a  quelque 
animal  que  ce  puisse  eire? 

Du  resle,  ne  savons-nous  pas  que  M.  Souleyet  soutient  que  la  presence 
des  vastes  sinus  ou  plongentdes  visceres  n'est  pas  aussi  generale  chez  les 
Gasleiopodes  que  le  pensent  MM.  Edwards  et  Valenciennes?  II  pense,  en 
effet,  que  plusieurs  6eo  genres,  consider^s  par  ces  auteurs  comme  ayant 
de  ces  vastes  sinus,  en  sont,  au  contraire,  d^pourvus.  Or,  jusqu'a  pre- 
sent, nous  n'avons  rien  vu  qu'il  ait  avance  sans  le  prouver,  etrien  qui 
n'ait  ele  confirme  par  les  anatomistes  Strangers ;  nous  n'avons  done  au- 
cune  raison  de  metlre  en  doute  ce  qu'il  avance.  M.  Souleyet  soutient ,  en 
effet,  que  les  Doris,  lesScyllees.TriloniesetDyphillidies  sont  depourvues 
des  grands  sinus  capables  de  contenir  une  partie  ou  tous  les  visceres. 
D'apresses  recherches  meme  ils  nianqueraient  sur  I'fiolide,  animal  dans 
le  principe  place  parmi  les  phlebenteres. 

§  LVI. — Ainsidonc,  vous  le  voyez,  nous  nous  placons  a  un  point  de  vue 
plus  reel,  qui  consisle  a  envisager  I'ensemble  de  chaque  systeme ,  non 
pas  isolement  et  d'une  maniere  absolue  ,  mais  toujours  en  tenant  compte 
du  reste  de  I'organisation  de  I'animal  en  tenant  compte  desa  correlation 
avec  le  reste  de  la  disposition  anatomique  de  cet  dtre. 

Aussi  nous  arrivons  a  un  resultat  plus  salisfaisant  pour  quiconque  me- 
dite  et  compare,  resultat  plus  grand  et  depourvu  de  contradiction.  Nous 
arrivons  a  dire:  Nous  trouvons  dans  le  regne  animal  un  ensemble  de  dis- 
positions particulieres  de  I'appareil  circulatoire,  qui  ont  les  unes  des  points 
communs  et  d'autres  qui  sont  plus  speciales;  ces  dispositions  ne  sont  pas 
plus  variables  que  celles  de  I'appareil  digestif  ou  generateur,  et  sont  en 
rapport  avec  le  reste  de  I'organisation  de  cliaquc  indi  vidu.  Les  particularites 
du  systeme  veineux  que  vous  decrivez  dans  les  Mollusques  sont  vraies, 
dans  la  pluparl  d'entre  eux  du  moins  ;  elles  doivent  ^tre  prises  en  consi- 
deration plus  qu'on  ne  I'a  fait;  elles  sont  en  rapport  avec  les  particula- 
rites des  aulres  syst^mes;  mais  elles  ne  se  manifestent  pas  d'une  ma- 
niere continue ,  elles  pr^sentent  des  variations  du  plus  au  moins  qui  sont 
souvent  considerables.  On  ne  saurait  done  voir  la  une  degradation  de 
quoi  que  ce  soit ;  et  ce  mot  doit  dtre  supprime  parce  qu'il  enlraine  Tid^e 
d'un  type  auquel  on  cherche  a  se  reporter  et  qu'on  ne  trouve  nulle  part. 


109 

II  faut  enfin  simplement  prendre  la  chose  pour ce qu'elle  est,  c'est-a-dire 
nullement  rxtraordinaire,  puisqiie  lout  dans  rorganisme  est  en  rapport 
avec  elle,  et  comparer  cetlc  chose  ^  cellcs  qui  lui  ressemblent  r^ellc- 
ment,  sans  porter  a  croire  qu'il  manque  ici  ce  qui  exisle  ailleurs,  ou 
reciproquement. 

§  LVII.  —  Quant  aux  causes  qui  pcuvent  conduire  a  se  rendre  compte 
des  dissidences  sur  les  faits  anatomiques  dent  nous  venons  de  parler  et dont 
nous  aurons  encore  a  faire  mention,  ii  est  necessaire  d'en  dire  ici  quelques 
mots.  On  sail  que  la  nature  dcs  precedes  a  employer  pour  I'etude  d'un 
corps  est  toujours  determinee  d'apres  la  nature  de  ce  corps;  ils  reposent 
sur  elle  et  doivent  necessaircment  etre  en  rapport  avec  elle.  C'est  meme 
de  ce  fait  que  r^sultent  toutes  les  difhcull^s  que  presente  I'extraction  des 
principes  immediatsde  I'organisme,  quand  on  nepeut  encore  qu'en  soup- 
conner  I'exislence,  sans  en  connaitre  d'une  maniere  precise  la  nature  chi- 
mique.  11  s'agit,  en  efFet,  d'approprier  par  latonnements  ,  un  precede  k 
la  nature  encore  inconnue  de  ce  principe,  ce  qui  m6ne  queiquefois  a  con- 
fondre  I'^tude  scientifique  d'un  corps  avec  les  precedes  qu'on  emploio 
pour  faire  cette  ^lude;  vu  que,  dans  ce  cas,  le  precede  finit  par  etre  de- 
couvert  avant  le  corps  qu'il  sert  ^  etudier. 

Or,  en  anatomic  desMoUusques,  il  est  bien  certain  qu'en  poussant  I'in- 
jeclion  dans  la  cavite  viscerale  on  injecte  les  branchies  et  queiquefois 
d'autres  veines  ,  sans  qu'il  soit  necessaire  d'avoir  deja  etudie  celles-ci  ; 
mais  il  n'en  e-t  pas  moins  vrai  que  souvent,  outre  les  veines  remplics, 
il  y  a  des  visceres  qui  sent  inflltres  d'injeclion  epanchee  hors  des  con- 
dnits.  Aussi ,  pour  bien  etudier  tous  ces  sinus,  il  faut  habituellement  des 
precedes  plus  delicats  qu'une  injection  brutale  dans  la  cavite  du  corps  , 
laquelle  doit  dtre  employee  ,  mais  seulement  commo  precede  prelimi- 
naire,  pour  conduire  a  mieux.  II  faut,  pour  etudier  les  sinus,  des  pro- 
cedes  plus  minutieux ,  plus  en  rapport  avec  la  delicatesse  des  tissus  des 
Mollusques.  II  faut  la  dissection  minutieuse  par  laquelle  on  fend  les  tra- 
jetsveineux  suivant  leur  longueur,  ce  qui  permet  d'en  etudier  la  forme 
et  les  orifices  d'abouchement  etde  communication  avec  d'aulres ;  ou  bien 
il  faut  des  injections  plus  delicates  de  substances  ne  se  coagulant  que 
lentement,  ou  meme  de  substances  toujours  liquides  et  simplement  colo- 
r^es  par  des  matieres  en  suspension  ;  aulrement  on  d^forme  les  organes. 
II  faut  de  plus  que  ces  matieres  soient  pouss^es  avec  precaution  et  sans 
violence  pour  eviter  les  distensions  exag^rees  et  les  rupture?.  Ii 
faut  enfin  que  les  injections  soient  faites  sur  des  animaux  morts  lente- 


110 
ment  par  asphyxie ;  autiement,  se  contraclanl  avec  onergie  ,  il  resser- 
rent  tous  les  conduits,  les  oblit^rent  par  une  forte  application  de  leurs 
parois  i'une  centre  raulre,et  emp^chentainsi  aux  substances  de  penetrer 
ou  biea  il  faut  faiie  un  tel  effort  que  Ton  produit  des  rujitures  et  infiltra- 
tions. 

§  LVIII. — Nous  avons  a  signaler  ici,  pour  suivre  exactement  I'ordre 
historique,  un  travail  de  M.  Souleyet,  dans  lequel  il  etablil  la  dilTercnce 
qui  existe  enlre  I'idee  du  phlebenterisme  et  la  theorie  des  lacunes  (1). 
Deja  nous  avons  analyse  ce  travail  dans  la  premiere  partie  de  ce  rapport. 
Nous  I'avons  utilise  pour  montrer  quels  sont  les  points  de  contact  entro 
ces  deux  ordres  d'id^es,  Pun  concernant  le  remplacenient  d'un  appareil 
qui  s'atrophie  par  un  autre  qui  se  complique  pour  le  suppleer,  I'autre 
fe  rapportant  a  une  simplification  et  modification  du  systeme  veineux.  II 
est  done  inutile  de  revenir  sur  ce  point;  mais  il  fcillaii  indiquer,  dans  I'ur- 
dre  des  dates,  que  c'est  a  I'auteur  de  ce  travail  qu'est  due  la  premiere 
distinction  nette  et  melhodique  de  ces  deux  sujets,  si  differents  I'un  de 
I'autre,  quoique  contigus,  ot  qui  souvent  ont  ete  confondus  ensemble. 
On  comprend  fucilement  qu'une  pareille  confusion  ne  pouvait  dire  quo 
nuisible  a  la  science;  elle  a  rendu  en  effet, pendant  quelque  temps,  la 
question  susceptible  de  discussions  interminables  et  insolubles,  parce 
que  naturellement  une  solution  unique  ne  pouvait,  dans  ce  cas,  sufBre 
pour  resoudre  deux  probl^mes  distincts. 

§  LIX.  — La  precision  des  resultats  anatomiques  du  travail  que  nous 
devons  maintenant  analyser,  va  nettement  faire  sentir  la  difference  qui 
existe  entre  ces  deux  sujets,  qui ,  s'ils  ont  ele  quelquefois  confondus ,  ne 
Font  pas  ete  par  tous  les  esprits.  Ce  m^moire  est  de  M.  Richard  Owen; 
il  est  important  que  I'attention  soil  fixee  sur  lui,  parce  qu'il  a  souvent 
6te  cite  comme  appuyantla  theorie  du  phlebenterisme.  M.  Owen  annonce 
^Iro  arrive  (2)  aux  m^mes  resultats  que  M.  Edwards  sur  la  circulation  des 
Mollusques  et  expose  ainsi  ceux  qui  lui  sont  propres  : 


(1)  Souleyet,  Note  relative  k  une  communication  recente  de  MM.  Milne 
Edwards  et  Valenciennes  Scr  la  constitution  de  l'appareil  de  la  circclat. 
DES  Moll.,  C.  r.  des  seances  de  i'Ac.  des  sciences  de  Paris,  1845,  t.  XX, 
p.  862. 

( 2)  R.  Owen,  Lettre  sur  l'app.  de  la  circulat.  chez  les  MolLi  de  la  classe 
bES  Brachiopodes,  Ann.  dea  sc.  nat.,  1846,1.  Ill,  p.  315. 


Ill 

((Dans  le  Terebratula  flavescens ,  diaque  oreillette  est  largement 
»  otiverlo  par  sa  base  et  communique  ainsi  directement  et  largement 
»  aoec  la  caviie  viscerale  ou  peritoneale,  ou,  si  Ton  aime  mieux,  avec 

»  UN  GRAND   StNUS  VEINEUX  DE   FORME    IRREGULIERE  QUI  RENFERME  LE  CA- 

»  NAL  INTESTINAL  et  se  conlinue  entre  las  lobes  du  foie  et  les  m;isses 
»  glandiilaires  dont  se  compose  I'appareil  de  la  generation.  Des  prolon- 
»  GEMENTS  DE  CE  STNUS  VISCERAL  coBimuns  s'avancent  sous  la  forme  de 
»  vaisseaux  dans  I'epaisseur  des  lobes  du  manteau;  on  en  compte  deux 
»  sur  le  lobe  paleal  superieur  ou  dorsal,  et  quatre  sur  le  lobe  inferieur 
»  ou  ventral ,  et  o'est  le  long  do  ces  canaux  veineux  que  se  d^veioppent 

»  les  cellules  spermatiques  chez  le  male  et  lesoeufschez  la  femelle » 

«  La  membrane  delicate  qui  adhere  au  lord  des  orifices  par  lesquels 
»  le  sang  doit  arriver  dans  les  coeurs,  et  qui  se  continue  sur  les  parties 
»  voisines  de  la  cavite  viscerale,  est  identique  en  structure  avec  la  tu- 
»  nique  dont  sont  tapissees  les  parois  membraneuses,  mais  plus  resis- 
»  tantes,  de  celle  derniere  cavity  (la  viscerale);  eton  peut  la  considerer 
»  comme  un  peritoine  ou  comme  Vanaloguc  de  la  tunique  interne  d^une 
tiveine  ou  sinus  veineux  qui  serait  dilat^e  a  la  maniere  de  la  tunique 
B  peritoneale  propiement  dile.  » 

II  est  impossible  de  d^crire  d'une  maniere  plus  nette  la  disposition  des 
sinus  dont  nous  avons  parle,  et  comment  ils  sont  en  rapports  avec  les 
visceres.  Notez  que  cetle  tunique,  analogue  a  la  tunique  interne  d'une 
veine  ou  d'wn  sinus  veineux ,  sc  comportanl  cunimo  un  peritoine,  est 
decrile  chez  les  Terebratules ,  Mollusques  acephales  des  plus  simples, 
separ^sdesGast^ropodespar  toute  la  grande  classe  des  Lamellibranches. 
Evidemmeiit,  ce  vaste  sinus  aurait  ele  appele /acune  par  des  anatomistes 
qui  auraient  di»seque  avec  moins  de  precision  que  ne  le  fait  M.  Owen, 
Mais  ici  lout  est  indique,  avec  nellele,  et  nulle  part  n'e-t  prononce  le  mot 
de  lacune;  parlout  c'est  le  mot  sinus  visceral.  Un  peu  plus  loin, 
M.  Owen  d^crit  ainsi  le  trajet  du  sang  : «  Le  sang  expulse  du  coeur  est 
»  envoye  en  majeure  parlie  dan.s  les  arteresdu  manteau  ,  et  rcvient  par 
»  le  sysiemede  larges  canaux  veineux  qui  representent  les  veines  pal- 
»  leales  ou  sinus  ovariens ;  de  la  ce  liquide  passe  dans  la  cavite  encore 
»  plus  grande  et  plus  diffuse  qui  constitue  le  sinus  visceral,  et  qui  est 
»  analogue  a  ce  que  vous  avez  demerit  (la  lettre  est  adress^e  a  M.  Edwards) 
»  chez  les  Lamellibranches  plus  elev^s  en  organisation  ,  et  chez  les  Mol- 
»  lusques  gasteropodes.  »  (P.  317.) 

Ainsi,  dans  cette  comparaison  meme,  aux  travaux  deM.  Edwards,  ce 


112 

no  sent  pns  Ic5  mols  de  lacunes,  mais  bicn  ccux  de  sinus  viseiral,  ova- 
rien  et  de  vein*  qui  sonl  employes,  et  ces  sinus  d^crits  par  I'analomisle 
anglais  sont  analogues  h  ce  que  le  naluraliste  franqais  appelle  des  la- 
cunes cliez  Ips  Lamellibianciies  el  ies  Gasteropodes.  A  plus  forte  raison 
doit-il  en  dire  de  nieme  chez  Ies  Cephalopodes.  U  faut  le  rappelcr,  en  rai- 
son de  I'idee  oniporlee  par  Ies  mots  lacunes ,  systeme  circulatoire  in- 
complet,  cetlc  discussion  de  mots  est  importantc  ;  et  onfin  il  y  a  la  plus 
qu'une  discussion  de  mots,  il  y  a  en  jeu  cello  membrane  analogue  a  la 
tunique  interne  des  veineset  secomportantcomme  un  peritoine. 

§  LX  —  Apres  cet  expose ,  nous  ne  pcnsons  pas  qu'il  soil  n^ccs- 
sairede  nous  airdler  a  la  description  des  sinus  vi.«-c6raux  du  Poulpo,  pu- 
bliee  la  memo  annee  par  M.  Edwards  (1). 

Nous  rcvenons  pour  un  instant  aux  Poissons  ,  pour  terminer  enfin  par 

Ies  Mollu^qn!■s.  Vers  la  fin  de  1845,  M.  Nalalis  Guillot  prescnla  une  note 

sur  le  sinus  decrit  par  Monro  dans  Ies  Riiios  (2),sinMsdont  il  croyail  avoir 

fait  la  dccouverte  (3).Cc  n'est  pas  ici  le  lioudorelever  Ies  inexactitudes  do 

description  anatomiques  que  renferme  cettenole,  relativemont  surtout  a  des 

points  diffioiles.lels  que  la  communication  dece  sinus  aveclessinus'.iepati- 

ques,  etc.;  i!  suffira  de  prevenir  Ies  analomistes  que  Ton  ne  peut  pas  tirer 

parti  do  celte  description.  Nous  devons  seulcmcnl  signaler  que  Tautour 

n'hesitepas  a  comparer  ces  sinus  des  Raic?,dontnoiis  avonsparle  en  co  i,- 

men^ant,  aux  lacunes  dont  il  etait  alors  lant  question,  et  il  leur  en  donne 

le  nom.  Nous  avons  sufBsamment  insist^  sur  la  structure  de  ces  organes 

et  demonlr^  que  c'elaient  des  sinus  ,  vers  le  commencement  de  cette 

partie  du  rapport,  pour  etre  excmpt^s  do  montrer  que  ce  ne  sont  nulle- 

ment  des  lacunes,  mais  de  veritables  sinus.  Que. Ton  ne  disc  pas  que  ce 

sont  des  lacunes,  en  raison  de  ce  qu'ils  sont  traverses  par  des  trabecules 

fibreuses;  car  alors  il  faudrait  aussi  appeler /acu?i«  lesoreilletles  si  net- 

Icment  delimitees  et  isolees  des  Moules,  Anodontes  et  aulres  Lamelli- 

branches  qui  poss^dent  ^galement  de  ces  filaments  destines  a  Ies  conso- 

lider. 

(t)  Edwards,  De  l'appareil  circulat.  du  Pullpe,  Ann.  dessc.  nat.,  1845 
t  III,  p.  341. 

(2)  A.  Monro,  The  structore  and  phtsiolocy  of  fishes,  in-fol  ,  fidimb.,  1785. 

(3)  N.  Guillot,  Sur  un  reservoir  particulier  que  pr^sente  l'app.  dk  la 
ciRcuUT.  BES  Haies,  C.  R.  dcs  scances  del'Ac.  des  sc.  de  Paris,  1845,  t.  XXI, 
p.  1179. 


113 

§  LXI.  —  Enfin  ,  votre  rapporteur  a  ^galement  i  se  reprocher  de 
s'^lre  laisse  enlraincr  pour  quelques  instants  par  le  courant  des  id^es 
qu'a  cette  epoque  on  cherchait  a  faiie  regner;  erreur  dont  il  a  bient6t 
^te  retire  par  i'eludo  de  i'anatomie  g^nerale,  poursuivie  successivement, 
a  I'aide  du  microscope,  depuis  ie  systeme  jusqu'au  tissu,  et  de  celui-ci 
aux  elements  anatomiques.  Cette  erreur  n'est  pourtantpas  aussi  tran- 
chee  que  pourrait  le  (aire  croire  ,  par  suite  de  sa  brievet^,  une  note  de 
M.  Duvernoy,  dans  les  Comptes  rendus  de  1846  (I).  Voici,  du  reste,  le 
passage  dont  il  est  question  (2)  : 

«  Les  veines  qui,  de  I'ovaire  des  Lamproies,  arrivenl  aux  sinus  des 
»  veines  caves,  ontdes  parois  encore  dislinctes  au  voisiiuigo  des  sinus 
»  pres  de  leur  abouchement;  mais  deja  ces  parois  sont  tres-minces.  A 
»  mesure  qu'on  s'eloigne  des  sinnus  et  qu'elles  se  ramifient  davantage, 
»  on  voit  que  ces  veines  cessent  d'avoir  des  parois  distinctes,  et  ce  sont 
»  alors  des  trajets  sanguins,  delimites  seulement  par  les  vesicules  de 
»  De  Graaff  rapprochees  les  unes  des  autres.  Les  dernieres  ramifications 
»  circonscrivent  desilots  constitues  seulement  par  un  ou  deux  ovules,  et 
»  ces  ramifications  elles-m^mes,  quoique  disposees  toujours  roguliere- 
»  ment,  n'ont  plus  de  bords  nettement  delimites,  comme  les  cnpiiluires 
»  des  vertebres  d'une  organisation  plus  6levee.  Une  disposition  analogue 
»  se  trouve  dans  les  veines  capiilaires  de  I'intestin,  lesquelles,  d'abord 
»  nettement  delimites,  ayantdes  bords  tr^s-reguliers,  cessent  constam- 
»  mentde  presenter  cet  aspect  lorsqu'on  arrive  a  des  vaisseaux  plus  fins 
»  et  capiilaires.  L'injection  parcourt  alors  des  trajets  tres-fins ,  mais  den- 
»  ticules  sur  les  bords,  moins  nettement  limiles,  etcirconscrivant  do  pe- 
>  tits  ilots  de  substance;  cependant  leur  distribution  pr^sente  toujours 
»  une  certaine  irregularite,  et  il  est  facile  de  distinguer  les  parlies  ainsi 


(1)  Duvernoy,  Note  sdr  le  sinus  veineux  genital  des  Lamproies,  etc.,  C.  R. 
des  seances  de  I'Ac.  des  sc.  de  Paris,  1846,  t.  XXII ,  p.  G62.  Voici  la  remarque 
faite  par  le  savant  academicien  :  «  Dans  la  communication  faite  a  la  sociele  Phi- 
lomatique  le  28  mars  dernier,  M.  Robin  n'a  plus  vu  de  parois  distinctes  dans  les 
dernieres  ramifications  de  ces  veines  etudiees  dans  la  glande  ovig6ne  des  Lam- 
proies. 11  a  meme  generalise  cette  observation  h  tout  le  systeme  sanguin  veineux 
arteriel  de  ces  Poissons.  »  (Voyez  p.  666  en  note.) 

(2)  Ch.  Robin,  Note  sur  quelques  particularites  du  syst.  veineux  di:s  Lam- 
proies, journal  l'Institut,  1846,  vol.  XIV,  p.  121 ,  et  Proces-verbaux  de  la  Soc. 
philomat.,  p.  36,  Pari^,  1846,  ia-8°. 

8 


nil 

»  injectees  de  celles  oii  Ton  determine  un  ^panchement  par  une  rupture, 
»  soit  volontairement,  soil  involontairement.  (G'est  regularite,  et  non 
irregularite ,  qu'il  faut  lire  dans  cette  phrase ;  cette  erreur  lypogra- 
phique  se  reconnait  d'apr^s  la  nature  de  la  phrase  et  d'apr^s  les  sui- 
vantes.)  On  peut  reconnaitre  les  m^mes  fails  rclativement  aux  art^res 
»  sous-cutanees  et  aux  art^ros  sous-p^ritoneales  de  I'inteslin.  Les  capil- 
»  laires  de  ces  vaisseaux ,  d'abord  nettement  limites  et  pourvus  d'une 
»  enveloppe,  cessent,  apres  quelques  subdivisions,  de  presenter  cet 
»  aspect,  et  Ton  voit  I'injection  se  distribuer  dans  des  Irajets  denticules 
»  sur  les  Lords,  tres-fins,  mais  circonscrivant  des  areoles  regulieres. 
»  Ceci  se  r^pete  pour  toutes  les  fines  arterioles  qui  viennent  se  distri- 
»  buer  sur  le  peritoine  et  dans  le  derme  ;  distribution  que  la  transpa- 
»  rence  de  ces  lissus  permet  de  conslater  facilement.  II  serait  difficile 
»  de  ne  pas  reconnaitre  dans  ces  fails  une  grande  analogie  avec  ceux 
»  que  MM.  Milne-Edwards  et  de  Quatrefages  ont  signales  dans  un  grand 
»  nombre  d'animaux  inf^rieurs.  »  (P.  36.) 

Ayant,  depuis  cette  ^poque,  constat^  le  fait  signal^  dans  la  premiere 
partie  du  rapport: que  des  capillaires  dont  les  parois  ne  peuvent  6lre 
vues  par  transparence  ou  par  reflexion ,  comme  dans  la  langue  do  la 
Grenouilie,  peuvent  etre  demonlres  quand  on  vient  a  les  isoler  par  dila- 
ceration,  j'ai  reconnuque  la  disposition  precedente  resle  exactement  d6- 
crite,  mais  que  Ici  oil  je  ne  voyais  pas  de  parois  distinctes,  on  peut  en 
demontrer  avec  le  microscope.  Du  reste ,  deja  rinfiltralion  d'uspect  par- 
ticuiier  d^crite  plus  haul  qui  se  pr^sente  dans  les  cas  de  rupture  ,  aurait 
du  faireconclure  a  I'existence  de  parois,  ainsi  que  je  I'ai  reconnu  maintes 
fois  depuis  cette  epoque. 

Votre  rapporteur  a  encore,  dans  la  m^me  annee  1846,  present^  a  la 
Soci^l^  philomaliquo  un  travail  sur  les  veines  des  Selaciens  (1)  ou  les 
mots  de  reservoirs  sanguins  et  de  lacunes  se  Irouvent  prononces  pour  la 
derni^re  fois  dans  ses  publications,  comme  expressions  synonymes.  En 
faisant  remarquer  I'aspect  lisse  et  brillanl  des  trab(5cu!e3  et  lamelles  qui 
traversent  ces  sinus,  etparlantde  I'epithclium  qui  manque  sur  leur  surface 
interne,  je  faisais  remarquer  que  ce  sujct  demandait  encore  des  recher- 


(1)  Ch.  Robin,  Notk  stu  l'organisat.  des  Poissons  cartilagineux,  journal 
l'Institut,  1840,  t.  XIV,  p.  272,  el  Proc^s-vcrbaux  de  la  Soc.  philomat.,  Paris, 
1846,  in-8°,  p.  113. 


i 


115 

ches  pour  6tre  61ucide.  Ce  sontces  recherches  qui  depuis  iors  m'ont  con- 
duit aux  r^sultats  que  j'ai  signales  en  commencantcetfepartie  du  rapport, 
et  qui  depuis  ont  toujoursete  confirmes.  li  est  done  inutile  de  s'arreter 
davantage  sur  ce  point. 

§  LXII. — Nous  revenons  maintenant  aux  |Mollusques ,  et  nous  trou- 
vons  un  dernier  meinoire  de  M.  Edwards  ,  lu  a  I'Institct  en  1846  ,  qui 
traite  de  ce  qu'il  appelie  la  degradation  des  organes  circuiatoires  chez 
les  Patelles  et  les  Halyotis,  et  de  I'appareil  de  la  circulation  du  Calmar, 
de  I'Aphysie,  des  Thetys,  Colimacon,  Triton  et  Pinne-marine(l).  Ici  se 
Irouvent  les  monies  ideas  sur  les  lacunes ,  sur  I'appareil  vasculaire 
incomplet  des  Mollusques.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  point  suffi- 
samment  discute ;  mais  seulement,  comme  il  est  donne  raison  a  M.  de 
Quatrefyges  centre  M.  Souleyet ,  sur  ce  fait  que  les  fiolides  auraient  une 
circulation  incomplete,  il  faut  bien  se  rappeler  que  la  ou  lesautres  voient 
des  sinus  ces  savants  voienl  des  lacunes;  c'est  a  cela  que  se  borne  la 
question  sur  laquelle  M.  de  Quatrefages  aurait  raison.  Or  il  imports 
d'observer  quo,  quoiqu'on  voie  M.  Edwards  admettre  I'existence  des 
grands  sinus  visceraux  chez  les  Eolidiens,  ou  M.  Souleyet  les  nie,  en 
presence  de  ces  deux  opinions,  les  pieces  et  les  dessins  de  M.  Souleyet 
sur  ce  sujet  ne  nous  permettent  pas  d'hesiter  a  nous  ranger  de  I'avis  de 
ce  dernier. 

Du  reste,  comme  dans  les  ecrits  que  nous  aliens  analyser,  surtoutceux 
des  auteurs  allemands,  la  disposition  signalee  pour  les  veines  en  gene- 
ral ,  par  M.  Souleyet ,  n'est  pas  envisagee  telle  qu'il  I'a  decrite  et  telle 
que  I'a  adoptee  voire  commission ,  nous  devons  reproduire  ici  ce  passage, 
afin  d'y  renvoyer  par  la  suite.  Appuyes  sur  les  observations  que  nous 
avonscilees,  et  surtout  sur  la  description  de  M.  Richard  Owen,  et  enfm 
sur  ce  p;^ssage,  nous  pourrons  abreger  ainsi  les  discussions. 

a  Jecrois,  dil  JVI.  Souleyet  (2),  devoir  rappeler  de  nouveau  ici  que  I'er- 

(1)  Edwards,  M^moire  sur  la  degradation  des  organes  de  la  circulatiom 
CHEZ  LES  Patelles  et  les  Halyotis,  et  sur  l'appareil  circulatoire  du  Caluar, 
DE  l'aplysie,  Thetys,  Colimacon,  Triton  et  Pinne-marinE  (Ann.  des  sc.  nat., 
1847,  t.  vm,  p.  37  A  77),  et  C.  R.  des  seances  de  I'Ac.  des  sc.  de  Paris,  1846, 
t.  XXIII,  jj.  373,  avec  ce  litre :  Nouv.  observat.  sur  la  degradat.  de  l'app.  cir- 
culat.  des  Mollusques. 

(2)  Souleyet,  Observat.  anatomiqce  sur  les  genres  Acteon,  Bolide,  Vew- 
Lifc,  etc.,  C.  r.  des  seances  de  I'Ac.  iles  st.  de  Paris,  1845,  t.  XXj  p.  73  et  81, 
en  note. 


116 

»  reur  commise  par  M.  de  Quatrefages,  en  niant  le  systfeme  veineux  dans 
»  lesMolIusques  gasteropodes,  provient  probablement  de  I'idee  inexacte 
»  que  ce  naturaliste  s'est  faite  de  cetle  partie  de  I'appareil  circulatoire 
»  chez  les  animaux  de  ce  type.  M.  de  Quatrefages  parait  croire  que  le 
»  systeme  veineux  se  presente  toujours  sous  la  forme  de  vaisseaux  bien 
»  distincis,  tandis  qu'il  n'en  est  pas  ainsi.  En  e£fet,  dans  presque  tous 
»  lesMoIlusques  et  dans  les  Nudibranches  en  parliculier,  les  veines  n'ont 
j>  cette  forme  que  dans  les  principaux  troncs  qui  rapportent  le  sang  des 
•B  visc^res  ou  qui  se  rendent  aux  organes  respiratoires  ;  les  autres  vais- 
»  seaiix  sent  plutdt  des  canaux  creus^s  dans  I'dpaisseur  ou  dans  I'inter- 
»  slice  des  organes,  en  un  mot  des  Irajets  veineux,  que  des  vaisseaux 
»  proprement  dits,  particularite  qui  a  ete  bien  reconnue  par  les  anato- 
»  misles  qui  se  sonl  occcupes  des  MoUusques,  et  surtoul  M.  de  Blain- 
»  ville.  (Voir  le  Traite  de  Malacologie,  p.  130.)  La  distinction  que  Ton 
»  a  voulu  ^tablir  sous  ce  rapport  enlre  les  MoUusques  et  les  Crustac^s 
»  n'est  done  pas  fondee,  car  cette  forme  du  systeme  veineux  parait  etre 
»  un  fait  general  chez  les  animaux  inferieurs.  »  Les  memes  idees  se  trou- 
vent  developpees  dans  un  autre  travail  de  M.  Souleyet,  que  sa  date 
nous  conduit  a  citer  ici ;  ce  travail  intitule  :  Consideratiohs  sur  la 

CIRCULATION   DANS  QCELQDES   GR0DPE3  DE   LA  SERIE   A.MMALE    (1)  ,    Ctant 

resume  par  la  note  precedente  et  par  la  premiere  partie  de  ce  rap- 
port, nous  n'en  reparlerons  plus. 

§  LXUL  —  Dans  le  travail  que  nous  venons  de  citer,  M.  Edwards 
applique  au  systeme  art^riel  les  m^mes  idees  qu'au  systeme  veineux.  II 
d^crit  le  systeme  arteriel  comme  incomplet  chez  I'Halyolide,  parce  que 
chez  cet  animal  I'aorle  arrivee  pres  de  la  t6te,  les  ■parois  de  cette  grande 
artere  disparaissent,  ou  plutot  se  confondent  avec  les  membranes  qui 
separent  en  ce  point  V abdomen  dela  cavite  encephalique  (2).  II  en  r6- 
sulte  la  formation  d'un  grand  sinus  d'oii  partem  les  arteres  dans  la  masse 
charnue  du  pied.  Ce  sinus  est  appele  par  M.  Edwards  lacune  ou  cavite 
cdphalique;  il  loge  la  masse  charnue  de  la  bouche,  les  glandes  salivaires, 
les  principaux  ganglions  nerveux  et  des  bandes  musculaires  et  fibreuses 
et  la  portion  anterieure  du  tube  digestif  qui  concourt  a  le  iimiter.  L'appa- 


(1)  Souleyet,  dans  les  Archives  d'asatomie,  p.  105,  Recueil  annexe  pendant 
i'annee  1846  pux  Archives  de  medecine,  Paris,  in-8*,  1846. 

(2)  Edwards,  loc.  cit.,  1847,  p.  41. 


Ii7 
rell  lingual,  appendico  a  peu  pr6s  cylindrique allonge,  est  6galement  reii- 
ferm6  dans  I'aorte,  dans  la  cavil6  de  laquelle  il  s'enfonce.  M.  Edwards  a 
montr6,  en  outre,  que  chez  cet  animal  le  sang  veineux  de  la  portion  du 
manteau  qui  adhere  a  la  coquille,  autour  des  parties  laterales  et  poste- 
rieures  du  corps,  se  jetle  en  partie  dans  le  systeme  porte-branchial  y 
c'est-a-dire  les  veinesg6nerales  qui  chez  ces  animaux  vontdescapiliaires 
aux  branchies,  et  en  partie  dans  les  veines  branchio-cardiaqnes ,  c'est  • 
a-dire  qui  vont  des  organes  de  respiration  au  coeur.  Le  sang  arrivant 
dans  le  coeur  est  done  un  melange  d'arteriel  et  de  veineux. 

Dans  les  Palelles,  Mollusques  voisins  des  Halyotis,  M.  Edwards  a  6ga- 
lement  montr^  une  disposition  analogue  du  systeme  arti^riel,  avec  cette 
leg^re  modification  que  la  langue  a  une  gatne  propre,  donl  la  cavile  recoit 
I'aorte  directement,  et  fait  ainsi  partie  du  sinus  arteriel  d^crit  plus  haut. 
Le  reste  ne  differe  pas  essentiellement  de  ce  que  nous  venons  de  voir 
dans  les  Halyotides. 

§  LXIV. —  M.  Edwards  revient  ensuite  (p.  47)  sur  les  id^es  developpees 
plus  haut.  II  montre  que  si  Ton  admet  que  les  arleres  se  forment  de  cel- 
lules piacees  bout  a  bout  et  sendees  de  maniere  a  ce  que  leurs  cavites  com- 
muniquent;  que  si  Ton  admet  que  les  vaisseaux  se  forment  a  I'aide  d'un 
tissu  special ,  on  ne  pent  se  rendre  compte  de  la  mani6re  dont  I'aorte 
peut  devenir  un  vaste  sinus  logeant  une  partie  des  organes  que  renferme 
la  tdte.  La  chose  devient  facile,  au  contraire,  si  Ton  admet  que  la  for- 
mation des  vaisseaux  a  lieu  a  I'aide  de  lacunes  dont  les  parois  se  r^gu- 
larisent  et  se  rev^tent  d'une  tunique  propre  sous  Tinfluence  excitante  du 
liquide  contenu. 

Si  cette  th^orie  est  exacte,  dit-il ,  les  art^res  doivent  se  former  avant 
les  veines  et  offrir  plus  de  fixit6  dans  leur  disposition  anatomique.  (P.  39.) 
Mais  comme,  dans  les  Gast^ropodes,  le  coeur  se  forme  tres-tard,  les  ar- 
t6res  ne  jouent  qu^un  role  secondaire  dans  I'economie  ,  et  il  fallait 
t'atiendre  par  consequent  a  les  voir  se  modifier  beaucoup  dans  ce 
groupe,  et  meme  s'y  degrader  a  la  maniere  des  veines  sans  quHl  en 
resultdt  aucun  changement  dans  Vorganisme.  (P.  40.) 

II  est  facheux  pour  ce  raisonnement  qu'il  n'ait  6te  fait  qu'apres  la 
decouverte  des  dispositions  anatomiques  de  I'aorte.  Du  reste,  au  lieu  de 
parier  des  vaisseaux  se  formant  par  soudure  de  cellules  bout  a  bout , 
comme  dans  les  plantes,  il  eAt  6le  bon  de  dire  que  la  science  a  depasse 
depuis  plusieurs  annees  ces  theories ,  abandonnees  par  leurs  auteurs 
mSmes.  Mais  ne  semble-t-il  pas  que  I'embryogeniste  peut  rester  libre 


118 

d'admeltre  telle  ou  telle  hypoth^se  qui  lui  plait  le  mieux?  ne  semble-t-il 
pas  qu'il  peiiL  faire  autrement  que  «e  laisser  conduire  par  les  fails  d'his- 
togen^sie?  Laissons  done  ces  idees  surann6es  sur  I'influence  excitante 
mecanico-chimique  de  tel  ou  tel  sang,  qui  n'existe  qu'en  hypoliitse  el 
n'a  jamais  ele  conslaleo.  Laissons  aussi  celle  maniero  correspondante 
de  raisonner,  qui  esl  bien  loin  des  notions  analomiques  el  physiologiques 
actuelle?.  Conlenlons-nous  de  conslater  que  dans  le  developpemenl  des 
vaisseaux  on  voit  les  arleres  et  les  veines  se  developper  simullan^ment, 
Conslalons  que  les  premieres  sont  de  prime  abord  el  toujours  form^es 
d'un  autre  lissu  que  les  veines,  soil  memo  quand  elles  portent  du  sang 
noir  comme  les  pulmonaires,  ou  un  sang  mixle  comma  I'aorle  el  les  ar- 
teres  ombilicales  du  foetus.  Constatons  que  les  veines  en  different  aussi 
des  le  principeetrestent  telles,  lors  m6me  qu'elles  portent  du  sang  rouge 
comme  1(3S  pulmonaires  el  ombilicales.  Quant  aux  Mollusques  dont  Taorte 
forme  des  sinus,  c'est  la  une  disposition  toute  speciale,  comme  est  speciale 
la  disposition  en  sinus  quadrilal^re,  a  parol  apon^vrotique  non  contrac- 
tile de  Taorte  du  Squalina  angelus  ,  a  c6te  de  I'aorle  si  forlement  con- 
tractile des  Raieset  des  Squales(l).  L'aorte  de  ce  Squatina  esl,  en 
effet,  irregulieremenl  quadrilatere  dans  toute  sa  longueur,  a  parois  con- 
fondues  en  arriere  avec  le  p6rioste  des  verl^bres  ,  el  pourtant  les  vais- 
seaux branchio-aortiques  qui  se  reunissent  pour  la  former,  et  les  arleres 
qui  en  parlent,  sont  tr^s-elastiques  et  reviennent  forlement  sur  elles- 
m^mes.  Aussi  le  mode  d'unioa  de  ces  vaisseaux  a  I'aorle  a  quelque  chose 
de  special  que  ne  presentent  pasles  autres  animaux.  Constatons  ces  fails 
speciaux,  mais  n'en  faisons  pas  de  lois,  cr^ees  d'ayance,  tant  que 
nous  n'aurons  pas  ^tabli  la  relation  qui  exists  entre  ces  particularit^s 
propres  a  quelques  animaux  et  le  reste  de  leur  organisation ,  ainsi  que 
leur  genre  de  vie. 

Ainsi  done,  il  n'y  a  pas  plus  degradation  de  l'aorte  chez  ces  Mollusques 
que  chez  le  Poisson  pris  lout  a  I'heure  pour  exemple  [Squatina  an- 
gelus, L.). 

§  LXV.  — Nous  devons  ici  faire  une  remarque  a  propos  des  Thelhys. 
On  sail  que  le  coeur  des  Mollusques  est  arleriel  el  envoie  ce  sang  dans 
tous  les  organes ;  on  sail  aussi  que  les  veines  qui  font  suite  aux  capillaires 


(1)  V.  Ch.  Robin,  Rechirches  sdr  dn  appareilqui  se  trodve  sur  les  Pois- 
S0N8  DU  genre  DES  Raies,  ThesB  pour  le  doctoral  es  BoienceB,  grand  in-8°,  Paris, 
t8*7;  Propositions,  p.  112. 


119 

iirt^riels  vont  se  jeter  dans  les  branchies  ou  le  poumon  ,  comme  notre 
veine  porle  dans  le  foie. 

Les  veines  generates  forment  done  un  systeme  porte-branchial  ou 
puLMONAiRE  chez  les  Mollusques.  Puis ,  des  branchies  au  coeur  s'elendent 
les  VEINES  BRANcniAi.ES  OU  branchio-cardiuques  qui  portent  a  I'oreil- 
lelte  le  sang  qui  a  respire;  quelquefois  des  rameaux  du  systeme  porte- 
brancbial  vont  meler  au  sang  qui  a  respire,  un  peu  de  sang  veineux. 

Or,  dans  cet  article,  M.  Edwards  dit  que  M.  de  Quatrefages  a  eu  raison 
de  dire  que  les  fiolis  manquaient  de  veines  proprement  dites ,  mais  que 
pourtant  elles  ont  des  vaisseaux  branchio-cardiaques,  ainsi  que  le  fait 
lui  a  ele  demontre  par  les  injections  deM.  Souleyet  et  lessiennes  propres. 
(P.  65.) 

Vous  le  voyez ,  les  veines  branchio-cardiaques  qui  sont  bien  des 
veines,  qui  en  ont  la  structure,  qui  en  ont  les  fonctions,  ne  recjoivent  pas 
le  nom  de  veines,  maissontappelees  canaux  branchio-cardiaques.  (P.  65.) 
Ce  changement  de  nom  n'tst  nullenient  motiv^,  et  il  faudrait  dire  alors 
que  les  veines  puimonaires  doivent  aussi  changer  de  nom.  Cetle  mani^re 
de  s'exprimer  n'a  d'autre  resultat  que  d'appuyer  la  pretendue  absence  de 
veines  proprement  dites.  Ainsi,  partout  ou  vous  iirez  absence  do  veines 
proprement  dites,  ou  simplenient  absence  de  veines,  il  faut  toujours 
penser  qu'il  existe  les  veines  branchio-cardiaques  {ou  puimonaires, 
chez  les  Mollusques  pulmones).  Nous  avons  deja  vu  qu'au  lieu  d'absence 
de  veines  aussi,  il  faut  lire  existence  de  sinus. 

§  LXVI.  —  Nous  terminerons  cette  analyse  par  quelques  remarques 
sur  les  veines  du  Mollusque  appele  Pinne-marine  [Pinna  nobilis.  L.). 

M.  Edwards  figure  et  decrit  les  differents  ordres  de  vaisseaux  de  cet 
animal  et  montre  que  le  sang  veineux  du  manteau  se  rend  directement  a 
I'oreillette  sans  passer  par  les  branchies;  fait  qui  ne  presenle  rien  d'eton- 
nant  quand  on  songe  que  le  manteau  est  membra neiix  et  mince  chez  tous 
les  Lamellibranches  et  en  outre  toujours  au  contact  de  la  mSme  eau  que 
les  branchies.  Cette  communication  des  vaisseauxdu  manteau  avec  I'oreil- 
lette estdu  reste  indiqu^e  par  Poli ,  mais  d'une  maniero  un  peu  con- 
fuse (1)  et  on  comprcnd  que  Meckel  ait  cru  que  le  naturaliste  italien  se 
flit  fait  illusion  a  cet  egard  (2). 

(1)  Poli,  Testacea  uTRiusQDE  Siciu>E ,  grand  in-fol.  Parme,  1791-1795,  t.  J, 
p.  24  G. 

(2)  Meckel,  Anat.  coMPAn^B,  ln-8,  trad,  fr.,  t,  IX,  pi  166,  1837. 


120 

Chez  les  Lamellibranclies,  les  Moulcj ,  les  Anorlontes  ,  par  exemple  ,  le 
sang  qui  revient  du  pied,  des  muscles  de  loulos  ie?  parties  du  corps, 
moins  les  branchies,  parcourt  des  reseaux  a  capillaires  tres-gros,  un 
peu  irreguliers  sur  les  bords  et  circonscrivant  des  espaces  Ires-petils, 
mais  constants  de  forme.  Celte  disposition  geneiaie  a  et6  exactement 
Cguree  par  Delle  Cliiaje  ,  chi^z  les  Pecten  el  les  Solen ;  le  caciiet  en 
est  reproduit ,  seulement  ie  dessin  et  la  graviire  ?ont  grossiers.  Le  sang 
qui  parcourt  ces  reseaux  arrive  jusqu'a  la  base  adherenle  des  branchies 
sans  parcourir  de  tronc  special ,  du  moins  chez  les  Anodoutes. 

Des  reseaux  existant  vers  I'insertion  des  branchies  parlent  des  branches 
a  parois  distinctes,  isolables  qui  remonlent  entre  les  deux  lames  accol^es 
ensemble  qui  ferment  chaque  branchie.  U  pari  de  ces  branches,  qui  aller- 
nent  avec  les  veines  branchie-cardiaqneSjdes  rameaux  quise  distribuent 
a  chaque  lame  branchiale,  et  sent  comme  leurs  troncs  interposes  dans 
r^paisseurde  ciiaque  feuiliet  branchial.  Les  capillaire?branchiaux  qui  en 
parlent,  sent  tous  en  paralleks  au  grand  axe  de  la  branchie  et  non  ver- 
ticaux.  II  ne  faut  pas  ici  s'en  laisser  imposer  par  les  pctites  stries  cor- 
nees  saillantes,qui  renforcent  la  surface  des  branchies,  lesquelles  parais- 
sent  colorees  comme  la  substance  injectee,  surtout  sur  les  pieces  conser- 
v^es  dans  un  liquide  apres  rinjection,ou  meme  fraiches.mais  vues  a  I'oeil 
nu.  Avec  une  assez  forte  loupe,  on  reconnait  qu'elles  laissent  voir  par  trans- 
parence la  matiere  injectee,  qui  remplit  les  gros  capillaires  reguli^rement 
transverses  interposes aux  vaisseauxeff^rents  etafferenlsparallelles  verti- 
calement.  Enfin  on  reconnail  que  I'a^pect  d'un  Ireillis  de  vaisseaux  ca- 
pillaires dii  a  ces  peliles  bandes  qui  croisent  perpendiculairement  les  vrais 
capillaires,  n'est  qu'une  illusion.  Les  parois  de  ces  capillaires  branchiaux 
ne  sont  pas  isolables ,  mais  elles  n'existent  pas  moins.  Elles  existeut  sous 
forme  d'une  mince  couche  de  substance  homog^ne ;  et  quand  on  vient 
dans  la  preparation  ii  rompre  celle-ci,  la  substance  d'un  brun  jaunatre, 
granuleuse,  qui  remplit  I'inlervalle  de  chaque  capillaire,  tombe  dans  la 
cavite  de  celui-ci,  sous  forme  d'un  detritus  de  granulations  mol^culaires. 
Ces  faits,  qui  se  rencontrent  de  temps  a  autre  quand  on  r6pete  assez  fr6- 
quemment  les  preparations  de  ce  genre,  ont  6te  constates  dans  mon 
laboraloire  par  M.  Moulinie,  tels  que  je  les  decris,  el  de  mon  c6te  je  les 
ai  vus  souvent. 

Les  rameaux  efferenls  des  branchies  qui  reooivent  le  sang  pour  Ie 
verser  dans  Ics  troncs  branchio-cardiaques,  sont  log6s  dans  I'epaisseur  de 
chacune  des  deux  lames  des  feuiilets  branchiaux  et  sont  visibles  d  leur 


121 

surface  libre.  lis  sont  ramifies  vers  le  bord  libre  de  la  branchie,  et  leurs 
branches  sont  toutes  paralleles  aiix  pliii  pclits  capillaires  qu'ilsrecoivenl 
et  dont  nous  venons  do  parler.  Voici  maintenant  comment  sont  dispo- 
ses, dans  les  Anodontes,  les  troncs  branchio-cardiaques.  A  proprenient 
parlor,  11  n'y  en  a  quo  deux  de  chaque  c6le.  L'un  est  propre  exclusive- 
menl  a  la  lame  interne  de  la  branchie  interne,  il  parcourt  son  bord  libre 
arciforme.  En  avant  il  s'enfonce  et  se  recourbe  du  cole  de  roreilletle  , 
au  point  ou  I'arcdece  bord  libre  se  fixe  auxautres  tissus  vers  la  base  du 
pied,  pour  s'aboucher  par  un  orifice  assez  gros  un  peu  en  arriere  du  bout 
anterieur  de  roreiUelle  correspondante.  Un  autre  tronc  ,  ou  mieux  sinus, 
beaucoup  moins  nettement  limits,  suit  le  bord  adherent  de  la  lame  ex- 
terne  de  la  branchie  inlerieure  et  de  la  lame  interne  de  la  branchie  exie- 
rieure,  lesquelles  s'ins^rent  ensemble  sur  la  m^me  ligne.  II  communique 
en  avant  avec  le  tronc  decrit  tout  a  I'heure  et  son  sang  se  verse  ainsi 
dans  I'oreillette  ;  avec  laquelle  il  communique  en  outre  a  I'aide  d'orifices 
que  nous  aliens  ddcrire.  Le  feuillet  externo  de  la  branchie  exterieure  ad- 
here au  manteau,  et  ses  vaisseaux  eff^rents  sont  en  communication  avec 
les  reseaux  de  cetorgane  vers  leur  point  de  jonction  commun.  Ces  vaisseaux 
ont  une  sorle  de  tronc  collecteur  propre,  forme  par  les  grosses  mailles 
vasculaires  se  r^unissant  ensemble  a  ce  niveau,  et  ils  se  jelle  direcle- 
ment  par  trois  ou  quatre  petits  orifices  le  long  du  bord  adherent  externe  de 
I'oreillelte  dans  la  cavit6  de  celle-ci.  Le  sang  qui  a  respir6  dans  le  man- 
teau et  celui  qui  a  respire  dans  la  lame  externe  de  la  branchie  exte- 
rieure arrivent  ainsi  ensemble  dans  I'oreillette.  Quand  les  deux  lames  do 
cette  dernidre  branchie  sont  ecartees  par  les  ceufs,  la  disposition  est 
bien  nette.  Dans  le  cas  contraire,  les  reseaux  du  manteau  semblont  se 
Jeter  avec  les  vaisseaux  de  toute  la  branchie  exterieure  dans  le  sinus  decrit 
en  premier  lieu;  tellement  les  orifices  qui  s'ouvrent  dans  le  c6t6  ex- 
terne de  I'oreillette  sont  rapproches  de  ce  sinus, lequel,du  reste,  commu- 
nique avec  les  mailles  du  bord  adherent  du  manleau.  D'apres  ce  que 
nous  venons  de  dire,  on  voit  qu'en  injeclant  les  veines  du  manteau  on  in- 
jectera  les  vaisseaux  efferents  de  la  branchie  externe:  c'esten  efTet  ce  qui 
arrive  ;  de  plus,  comme  en  avant  le  manteau  adhere  aux  tentacules ,  on 
injecte  ceux-ci  et  ceux-ci  adherantau  pied,  I'injection  finit  par  passer  sur 
cetoigane  dont  les  reseaux  se  remplissent.On  voit  aussi  qu'en  remplissant 
lemiintenu  on  remplit  ^galement  roreilletle. 

Tous  les  re.-eiiiix  du  nuinfeaw,  (les  tantacules  ot  cl'ux  qui  recouvrent  le 
pied  sont  formes  de  gros  capillaires  ,  circonscrivanl  des  espaces  extreme- 


122 

ment  petits.  De  plus,  la  portion  musculaire  du  pied,  surtout  vers  sa  parlic 
libre,  est  egiilement  parcouiue  jnir  de  gros  reseaux  cournnt  entre  k-s 
faisceaux  et  formant  iin  veritable  lissu  Erectile  qui  communique  avec  ics 
veines  du  foie  et  de  I'intestin.  C'est  m^me  par  suite  de  la  presence  de  ces 
resesux  ^recliies  dans  le  inanteau  el  le  pied  que  ces  animaux  peuvent 
etendre  et  gonfler  considerablement  leur  pied,  et  rendre  ieur  manteau  tur- 
gescent  et  extremement  epais,  en  faisant  refluer  ailleurs  leur  sang,  par  con- 
traction musculaire  et  vidant  ces  reseaux  en  partie  par  transsudation  du 
liquide  au  travers  des  parois.  lis  peuvent  les  remplir  par  une  action  in- 
verse et  par  absorption  facile  d'eau. 

C'est  par  suite  de  cette  disposition  analomique,  et  par  suite  de  la  fa- 
cility avec  laquelle  ces  animaux  absorbent  I'eau,  dont  ilsremplissentleurs 
reseaux  6rectiles,  que  quelques  auteurs  deja  cites,  et  de  plus  De  Sie- 
bold  (1),  ont  cru  al'existence  des  pretendus  canaux  aquiferes  dont  nous 
avons  parle  plus  haut.  Le  liquide  pent  m^me  s'echapper  sous  forme  de  jet, 
resultant  d'une  rupture  de  la  peau  quand  on  force  I'animal  a  rentrer  trop 
vite  dans  sa  coquille,  avant  qu'il  ait  pu  lentement  se  debarrasser  ou  faire 
refluer  ce  sang.  Mais  on  peut  s'assurer  par  les  injections  qu'il  n'y  a  pas 
d'orifices  normaux,  ni  au  bord  du  pied  ni  au  bord  du  manteau.  II  faut 
toujours  avoir  soin  d'injecter  des  animaux  mortspar  asphyxie;  autrement 
ils  se  contractentfortement,et  oblit^rent  ainsi  les  canaux  vasculaires. 

Naturellement  ces  reseaux  a  gros  capillaires,  dont  les  bords  sont  un 
peu  dentel^s,  circonscrivant  des  mailles  etroites,  sont  consideres  par 
M.  Edwards  (2),  comme  des  lacunes,  comme  des  espaces  interorgani- 
ques  et  non  comme  des  vaisseaux  ;  mais  bien  des  raisons  viennent  s'op- 
poser  a  I'admission  d'une  pareille  hypothese.  D'abord  c'est  la  demonstra- 
tion possible,  en  raison  de  la  disposition  anatomique  des  branchies,  d'une 
sorte  de  vernis,  d'une  mince  couche  de  substance  homog^ne  tapissant 
leurs  capillaires ,  et  la  possibilile  facile  d'y  distinguer  les  ruptures  avec 
^panchement  des  cas  ou  il  y  a  injection  reussie.  Ensuite  c'est  la  possibi- 
lity de  distinguer  les  cas  de  rupture  et  epanchement  dans  le  manteau  et 
dans  le  pied  ,  des  cas  ou  il  y  a  bonne  injection.  EnBn  la  reproduction 
constante  des  memes  types  de  reseaux,  tant  dans  le  manteau  que  sur 
le  pied,  etc.,  font  bien  voir  qu'il  ne  s'agit  pas  la  d'espaces  interorgani- 
ques  pleins  d'injection,  d'autant  plus  que  dans  les  cas  d'infiltration  dans 

(1)  De  Sieboldi  Anat.  cohpari^e,  traduct.  franq.,  in«l2.  Paris,  1849, 1. 1 ,  p.  333. 

(2)  Edwardif  loe,  oit,%  1847,  p.  78. 


128 

les  tissiis  la  mati^re  suit  en  g^n^ral  la  direclion  des  fibres  ou  autres  616- 
ments  des  tissus ,  ce  qui  n'esl  pas  le  casdans  le  manteau  ,  etc.,  des  Moi- 
lusques.  On  peut  facilement  leconnaitre  au  bas  du  pied  sur  i'organe  de 
Jacobson  ces  leseaux  a  gros  capillaires,  ayant  toiijours  la  mSme  dispo- 
sition et  passant  par-dessus  lo  deuxieme  gros  tronc  ou  sinus  branchio- 
cardiaque.  On  peut  egalenienl  reconnaitre  sur  la  face  iibre  des  tentacu- 
les  que  lesr6seaux  dont  ils  sent  couverts  sent  tons  a  mailles  generaiement 
longitudinaIes,par  rapport  a  I'organe  et  aux  vaisseaux;  r6seauxplus  gros 
en  bas  qu'en  haul.  Sur  les  tentacules,les  deux  faces  qui  se  touchent  son  tde- 
pourvues  de  reseaux ;  mais  on  apergoit par  transparence  ceux  de  ['autre  face 
de  chacun  d'eux  par  les  intervalles  r^guiiers  qui  s^parent  les  petites  sail- 
lies  cornees  lineaires  analogues  a  celles  des  branchies  et  dont  nous  avons 
parle.  Ces  petits  intervalles  lineaires  pouraient  6tre  pris  pour  des  vais- 
seaux paralleled;  c'est  ce  que  M.  Edwards  a  figure  sur  I'un  des  tentacules 
de  la  Pinne-marine;  mais  c'est  la  une  illusion. 

Quoique  la  conformation  reguli^re,  constamment  lameme,  des  reseaux 
et  !a  possibilite  de  distinguer  les  injections  des  infiltrations,  ne  soit  pas 
aussi  facile  a  etudier  sur  beaucoup  d'organes  que  sur  les  faces  non  con- 
tigues  des  tentacules  et  sur  i'organe  de  Jacobson,  on  peut  toujours  le  faire 
des  qu'on  a  un  peu  d'habitude.  Nous  dirons  done  que  ce  sont  la  des  re- 
seaux a  gros  capillaires,  ayant  des  parois  minces,  circonscrivant  des  in- 
tervalles etroits,  et  non  des  espaces  interorganiques. 

$  LXVII. — On  a  compart  sou  vent  ce  qui  a  ete  appel6  systeme  lacunaire 
aux  systemes  de  conduits  traverses  par  des  courants  d'eau  qui  se  trou- 
vefit  dans  les  fiponges,  et  M.  de  Quatrefages  a  reproduit  cette  comparai- 
son  dans  celle  de  nos  seances  ou  il  a  assiste.  Mais  on  ne  saurait  s'arr^ter 
a  un  tel  ordre  de  comparaison,  lorsqu'on  a  fait  d'une  part  des  injections 
de  ces  vaisseaux,  et  disseque  et  examine  au  microscope  ces  canaux  des 
ifeponges.  Comment,  du  reste,  comparer  un  syst6me  de  vaisseaux  clos  a 
un  systeme  de  conduits  ouverts  au  dehors;  des  vaisseaux  que  Ton  dit 
sans  parol,  mais  tapiss^s  d'une  mince  couche  de  substance  organique,  a 
ces  canaux  des  Spongiaires,  lapisses  d'une  couche  de  cellules  epitheliales,^ 
a  cils  vibratiies.On  a  encore  faitd'autres  comparaisons  avecd'autres  es- 
peces  de  tubes  organiques  ou  inorganiques ;  mais  il  est  a  remarquer.sous 
ce  rapport,  que  c'est  faire  ici  ce  que  Ton  voit  se  reproduire  a  propos  de 
loute  question  physiologique  ou  anatomique  qui  n'est  pas  bien  connue  : 
on  commence  toujours  par  se  la  figurer  et  la  d^crire  comme  elle  n'est  pas, 
d'apr^s  des  exemples  mat^riels  et  grossiers  pulsus  dans  une  science  trai* 


12& 
tant  de  ph^nom^nes  bien  plus  simples  et  inorganiques,  comme  la  m^ca- 
nique,  la  physique  ou  la  chimie.  Ce  n'estque  tr6s-tard  qu'on  finit  par 
d^criro  les  choses  telles  qu'elles  sont ,  c'est-a-dire  alors  qu'on  les  con- 
natt  bien. 

C'esl  ainsi  que  longtemps  la  digestion  n'a  il6,  pour  les  physiologistes, 
qu'une  operation  cliimique,  s'op^rant  dans  I'estomac  et  I'lnteslin  comme 
dans  una  cornue,  etpouvant  6tre  reproduite  au  dehors;  viennent  les  ex- 
periences el  d^couvertes  de  notrecoliegue Claude  Bernard,  et  Ton  recon- 
nait  que  la  digestion  s'opere  dans  I'intestin  uniquement  comme  dans  I'in- 
teslin,  c'est-a-dire  comme  nulle  part  ailleurs,  c'est-a-dire  d'une  manidre 
sp^ciale,  organique  par  consequent.  C'est  encore  ainsi  que  le  larynx  a 
6li  compart  a  uno  anche,  a  un  appeau,  a  un  instrument  a  corde,  etc. 
Viennent  les  experiences  de  noire  collogue  M.  Segond,  el  on  reconnait 
que  le  larynx  est  un  larynx,  fonctionnant  comme  un  larynx,  et  non  comme 
autre  chose  ;  c'est-a-dire  d'une  maniere  speciale,  qu'il  faut  6tudier  a  part, 
pour  ce  qu'elle  est,  ayant  ses  lois  propres,  derivanl  des  lois  physiques, 
mais  qu'il  faut  ^tablir  par  experimentation  directe.  Le  larynx  et  I'estomac 
remplissent  bien  certaines  conditions  de  physique  et  chimie  stalique,  ac- 
complissenldesactes  elementaires  physiques  et  chimiques;  mais  le  t6~ 
sullat  total  est  tellement  complexe  qu'il  ne  seconfond  plus  avec  aucun 
acte  physico-chimique  et  doit  6tre  pris  pour  ce  qu'il  est.  Eh  bien !  il  en 
est  de  mdme  pour  les  vaisseaux;  on  les  a  compares  ^  toute  especede  con- 
duits sans  les  decrire  en  eux-mSmes  pour  ce  qu'ils  sont,  et  cela  en  grande 
partie  faute  d'avoir  tenu  compte  absolument,  jusque  dans  les  moindres 
details,  de  toutce  qui  concourt  a  les  former.  Mais  acluellement  que  Ton 
peut  le  faire,  il  faut  laisser  de  c6t6  ces  comparaisons  grossieres  et  mal6- 
rielles,  qui  n'expriment  en  aucune  fa^on  la  r^alite  des  dispositions  anato- 
miques  pour  decrire  cellos-ci  et  les  prendre  telles  qu'elles  sont ;  depuis  les 
parois  les  plus  epaisses,  formees  de  plusieurs  luniques,  jusqu'aux  plus 
minces;  depuis  les  Gbres  les  plus  complexes  jusqu'a  la  minco  couchede 
substance  homogene  et  aux  plus  fines  granulations  que  nous  monlre  le 
microscope. 

S  LXVIII.  —  On  a  quelquefois  consid^re  le  poumon  des  Balraciens 
comme  fournissant  unexemplede  circulation  lacunaire.  Or  ce  faitserait 
certainement  en  contradiction  avec  I'hypolh^se  d'apr^s  laquelle  le  con- 
tact excitant  du  sang  rouge  determine  la  formation  des  parois  des  vais- 
seaux. De  plus,  comment  se  ferail-il  done  qu'on  pilt  demontrer  une  sub- 
stance tapissant  les  capillaires  braocbiaux  des  Anodontes  et  pas  dans 


125 

ceux  des  poumons  de  Balraciens?  Comment  se  fait-il  qu'on  en  ddmontre 
dans  les  Branchies  des  Poissons?  Du  reste,  nous  avons  vu  que,  par  trans- 
parence, ia  disposition  des  tissus  et  ie  faible  grossissement  employe 
empSchent  de  voir  les  parois  des  capillaires  que  i'on  demontre  par  lo 
mode  ordinaire  de  preparalion  des  elements  analomiques. 

§  LXIX. — D'apres  tout  ce  que  nous  venons  de  voir,  il  nous  parait 
inutile  de  nous  arrdtera  la  phrase  de  Frey  et  Leuckartdans  laquelle  ces 
auteurs  disent  que  «  Souleyet  a  tort  d'admettre  que  le  systeme  veineux 
est  fermeetcomplet  chezles  Mollusques(l).  »  Ces  auteurs  n'apportent  en 
effet  aucun  argument  autre  que  ceux  donnes  par  M.  de  Qualrefages  et 
M.  Edwards.  lis  semblent  de  plus  no  pas  connaitre  le  passage  deja  cite 
dans  lequel  M.  Souleyet  expose  la  constitution  analomique  generate  des 
veines  des  Mollusques.  Nous  en  dirons  aulant  du  passage  dans  lequel 
De  Siebold  dil  que  M.  Souleyet  «  est  alle  trop  loin  en  disant  que  chez  tous 
les  Gasteropodes  il  y  a  un  systeme  veineux  complelemenl  ferme  (2).  » 

§  LXX.  —  Nous  lermiiions  enfin  celte  longue  serie  d'analyses  par  le 
passage  dans  lequel  M.  Blanchard  expose  sa  maniere  de  voir  sur  les 
veines  des  fiolidiens  (3).  11  est  important  de  rappeler  d'abord  que  c'esl 
au  systeme  veineux  general  ou  afferent  des  branchies ,  ou  systeme 
porte-branchial ,  qu'on  a  principalement  applique  la  denomination  de 
lacunes;  que  le  systeme  veineux  branchial  efferent,  ou  veines  bran- 
ehiales,  a  regu  le  nom  de  systeme  branchio  cardiaque;  el  c'est  en  clian- 
geant  ainsi  les  noms  qu'on  a  pu  dire  qu'il  n'y  avail  plus  de  veines  chez  les 
Mollusques.  Or  nous  savons  assez  ce  qu'il  faut  reellement  entendre  par 
lacune,  niol  qu'il  faut  remplacer  par  celui  de  sinus,  qui  n'entraine  pas 
I'id^e  du  manque  de  quelque  chose.  Du  reste,  M.  Blanchard  ne  prononce 
pas  le  mot  de  lacune.  Apres  avoir  montre  que  M.  Souleyet  etait  dans  le 
vrai  pour  ce  qui  concerne  les  veines  branchio-cardiaques,  il  ajoute  : 

«  Chez  lesfiolidiens,  les  canaux  afferenls  des  Branchies  qui  commu- 
»  niquent  directement  avec  la  cavite  generale  du  corps  ,  manquent  au 
»  conlraire  de  parois  ou  en  presentent  seulement  des  traces  ;  ce  ne  sent 
»  plus  de  veritables  vaisseaux,  mais  de  simples  canaux.  II  faut  ajouler 

(t)  Frey  et  Leuckart,  dans  R.  Wagner,  Lerbuch  der  Zootoiiie,  Zveiter  theil. 
WiRBELLOSEN  Thieiie,  1847,  in-8°,  p.  441. 

(2)  De  Siebold,  loc.  cit.,  1849,  in-12,  1. 1,  p.  325. 

(3)  Blanchard,  Sur  l'organisat.  des  Moi.l.  gaste  op.  de  l'ordre  ds8  Opis- 

TUOBRANCHES  (AnN.  UES  SC.   WAT.,  1848,  t.  IX,  p.  187). 


136 

»  cependant  que  ces  canaux,  qui,  sur  leur  trajet,  presentent  de  nom- 
»  breuses  ramifications,  sont  nettement  d^limites  par  ies  muscles  et  Ions 
»  Ies  tissus  qui  los  circonscrivent;  ainsi,  dans  ces  MoUusques,  11  n'existe 
»  plus  de  veines  proprement  dites.  Le  fluide  nourricier,  apres  avoir  et6 
»  distribue  par  Ies  art^res  aux  organes ,  s'epanche  dans  la  cavity  gen6- 
>  rale  du  corps,  comme  I'a  dit  le  premier  M.  de  Quatrefages.  Lc  sang, 
»  baignant  tous  Ies  visc6res,  penetre  dans  Ies  canaux  afiferents  des  bran- 
»  chies,  d'oii  il  est  ramen6  au  coeur  par  Ies  vaisseaux  efferents  des  bran- 
»  chies  ou  branchio-cardiaques.  » 

Nous  ne  voyons  rien  ici  qui  puisse  contredire  tous  Ies  faits  que  nous 
avons  cites  ni  Ies  descriptions  de  M.  Owen.  PourM.  Bianchard,  ce  ne  ?ont 
pas  des  veines  proprement  dites,  mais  des  canaux  ramifies  et  nette- 
ment limites.  On  voit  qu'il  y  a  ici  une  grande  difference  enlre  cette  dis- 
position et  Ies  lacunes  mal  deiimitees  indiquees  par  d'autres  naturalistes. 
Quand  aux  parois  dont  il  n'y  a  plus  que  des  traces  ou  meme  plus,  nous 
nous  sommes  suffisamment  expliques  sous  ce  rapport  en  citanllepassage 
de  la  leltre  de  M.  Owen  etailleurs. 

§  LXXI. — Tel  est,  messieurs,  I'ensemble  des  faits  se  rapportant  a  la 
deuxieme  partie  des  questions  qui  se  sont  agitees  devant  vous.  Plus  nets 
que  Ies  precedents,  il  n'exigeaient  pas  moins  une  discussion  approfondie  ct 
appuyeeMe  nombreuses  citations,  autant  pour  lesbien  faire  connaitre  en 
eux-memes  que  pour  Ies  nettement  distinguer  de  ceux  qui  sont  d6veloppei 
dans  la  premiere  partie  de  ce  rapport.  Vous  avez  suffisamment  reconnu 
quels  ont  ete  Ies  inconvenicnls  de  la  confusion  elablie  entre  eux  et  Ies 
precedents  pour  sentir  la  necessity  de  ce  long  travail.  Obliges  de  nous 
l>lacer  aussi  loin  que  possible  des  questions  de  personne,  nous  avons 
ete  forces  d'envisager  Ies  questions  purement  scientifiques  d'unemaniere 
rigoureuse.  Et  cela  6tait  necessaire,  car  il  n'existe  pas  d'exemple  dans  la 
science,  d'une  question  appuy^e  par  un  cortege  aussi  considerable  de 
moyens  energiqnes. 


RESUME. 


PREMIERE     PARTIE. 


§  LXXIL— Nous  venons  de  vous  exposer,  avec  tous  les  d^veloppement 
qu'elle  exigeait,  cetle  question  dile  du  phlcbenterisme^  dont  la  Soci6t6  a 
el6  entretenue  pendant  plusieurs  stances  cons^culives,  et  pour  Texamen 
de  laquelle  nous  avons  el6  d^sign^s. 

Nous  avons  vu  comment  Tapplication  irr^fl^chie,  inexacte,  et  Ton  pour- 
rait  dire  maliieureuse  du  mot  appareil  gastro-vasculaire,  avail  entrain^ 
fatalement  ^  toutes  les  consequences  qui  d^coulaient  de  sa  signification,  et, 
par  suite,  k  cetle  sdrie  d'erreurs  que  nous  vous  avons  signal6es.  Vousavez 
vu  comment  leurs  consequences  zoologiques  avaienl  die  forraulees  par  la 
creation  d'un  nouvel  ordrede  Mollusques,  app&l^s  phlebenteres ;  puis,  par 
la  subdivision  de  celui-ci  en  families,  les  enterobranches  et  les  dertno- 
branches. 

Vous  avez  vu  ensuite  comment  ses  consequences  anatomiques,  que  carac- 
terise  Tidee  du  remplacement  d'un  appareil  qui  s'atrophie  par  un  autre  qui 
s'accroit,avaienteteaussi  caracierisdes  par  le  mot  p/i/e6en^e'mme.  Vous  avez 
vu  comment  cette  idde,  veritable  Iheorieau  fond,  etait  nee,  comment  elle 
s'eiait  developpee  et  comment,  sous  des  impulsions  academiques,  elle  avail 
grandi  rapidement,  jusqu'au  point  de  prendre  des  proportions  considera- 
bles, nullemenl  en  rapport  avec  son  importance.  Vous  I'avez  vue  ensuite 
en  presence  des  fails  el  des  arguments  qui  lui  etaienl  opposes,  se  modiGer 
bientdt,  se  presenter  sous  un  aspect  plus  general,  mais  plus  diffus,  et,  des 


128 
lors,  veritable  Prol^e  insnisissable,  revelir  toulesles  formes  pour  ^chapper 
k  ces  fails  el  k  ces  argumenls ;  mais  en  mSme  temps  vous  I'avez  vue  s'alt6- 
nuer  el  s'amoindrir  peu  i  peu,  jusqu'au  point  de  s'anniliiler  d'une  tnani^re 
presque  complete. 

Adopl^e  et  pionee  outre  mesure  par  quelques  naluralistes  en  I'"rance, 
rid6e  du  phlcbenie'risme  a  lrouv6  a  T^tranger  un  accueil  singuli^reraeiil 
restreinl,  et  seulement  de  la  part  de  zoologisles  et  anatoraistes,  qui,  en  cela, 
se  sont  montrds  d^pourviis  de  v^ritables  doctrines  scienlifiques,  Aussi  vous 
avez  vu  leurs  conclusions  consid6r6es,  a  juste  litre,  comme  fondles  sur  des 
observations  trop  pr^cipilees  (Blanchard).  Vous  avez  encore  vu  tous  les 
zoologisles  qui,  par  la  nature  de  leurs  travaux,  onl  616  portt^s  k  s'en  occu- 
per,  6lre  comme  surpris  de  semblables  doctrines,  s'empresser  d'dludier  les 
tails  qui  leur  servent  de  base  el  mellre,  i  en  d^montrer  rinexaclilude, 
une  persistance  don  I  la  dur^e  ne  peul  s'expliquer  que  par  les  convictions 
que  donne  I'observnlion  des  fails  anatomiqnps. 

Ceserreurs,  par  la  reserve  et  la  moderation  avec  laqueile  ellcs  ont  die 
relevdes,  nous  montrenl  combien  est  grand  au  dehors  de  nous  le  respect 
port6  aux  iddes  venues  de  France,  et  combien  peut  etre  grande  Tinfluence 
de  cellesqui  s'appuienl  sur  des  bases  solidemcnl  fondles.  Elles  nous  mon- 
trenl par  consequent  combien  il  6lait  important  que  ces  memes  doctrines 
trouvassent  leur  reclifiration  d'abord  en  France  mfime,  service  que  la 
science  doit  a  M,  Souleyel.  Peul-6lre  un  jour  une  pari  sera-t-elle  attribute 
i  voire  Society,  qui  n'a  pas  h6sil6  k  suivre  dans  loutes  ses  consequences 
une  discussion  aussi  vasle  et  aussi  ardue. 

Tousceux  qui  sont  suiTisammenl  douds  de  cette  inddpendance  de  carac- 
t^re  el  de  celle  droilure  qui  fail  juger  par  Tesprit  les  ceuvres  de  j'esprit,  on 
laissanl  au  sentiment  loute  liberie  d'apprdcier  les  impulsions  du  cceur, 
doivcnt  done  rdpudier  ces  iddes  qui  onl  sembie  un  instant  devoir  faire  rd- 
tiograder  la  science.  Guidee  par  ces  donnees  que  fournissenl  seules  de 
profondes  convictions  scienlifiques ,  apres  avoir  examine  de  la  maniere  la 
plus  attentive  tous  les  lexles  et  les  points  de  la  question  qui  mdrilaient 
rdellemenl  examen,  voire  commission  est  arrivde  i  forrauler  les  resultats 
scienlifiques  tlonl  voici  I'enonce  pour  la  premiere  partie  : 

1<>  Les  Mollusques  Gasteropodes  designds  sous  le  nom  de  phlebente're's, 
ne  different  pas,  par  leur  organisation,  des  Gasteropodes  qui  s'en  rappro- 
chenl  par  leur  constitution  exierieure;  les  fonclions  de  la  digestion,  de  ia 
circulation  et  de  la  respiration  s'execulenl  chez  ces  Mollusques  de  la 
meme  maniere  que  chez  les  aulres  animaux  de  la  meme  classe,  el  4  I'aide 


129 
des  mfimes  appareils,  conslilu6s  d'une  raanicre  tout  a  fait  analogue;  ces 
Mollusques  doivent  par  consequent  rentrer  dans  les  groupes  des  Nudi- 
branches,  des  Inf^robranches,  etc.,  d'ou  ils  avaient  ^te  retires. 

2°  Les  mots  d'appareil  gaslrovasculaire,  appliques  a  I'un  des  organes 
de  I'appareil  digestif  de  ces  Mollusques,  doivent  6lre  supprim^s  conime 
exprimant  une  id6e  inexacte ,  et  remplaces  par  ceux  d'organe  gaslro- 
hepatiqiie  ou  conduits  gastro-biliaires.  11  doit  en  elre  de  nieme  des 
autres  expressions  par  lesquelles  on  a  chercli6  k  rendre  plus  tard  la  meine 
id^e,  ou  a  designer  la  fonclion  nouvelle  correspondant  a  ce  iiouvel  appa- 
reil  :  telles  sent  par  exemple  les  expressions  d'appareil  et  de  fonclion 
d'irrigation  organique,  etc. 

3"  Les  mots  de  phlebenteres,  puis  ceux  qui  en  sont  venus ,  comrae  les 
expressions  d'enlerobranches  et  dermoiranches,  doivent  elre  ^galement 
ray^s  de  la  science,  car  ils  expriment  encore,  sur  les  fonctions  de  la  res- 
piration et  de  la  circulation  des  Mollusques,  des  id(5es  compl^tement 
inexactes  et  dfeignant,  au  point  de  vue  zoologique,  des  groupes  d'animaux 
qui  ne  sont  pas  diff^renls  de  ceux  d6ja  connus. 

W  Le  mot  phle'benterisme ,  par  lequel  on  a  cherch^  i  g^n^raliser  les 
rafimes  fails,  mais  de  maniere  a  rendre  leur  signification  moins  nette, 
moins  prteise,  et  par  suite  rendre  moins  saisissable  leur  veritable  aspect, 
doit  6galement  disparallre  de  la  science  :  ce  dont  I'exemple  a  616  donn6 
par  plusieurs  des  auteurs  didactiques  que  nous  avons  cit6s. 

5°  Les  consequences  tli6oriques  qu'on  avail  voulu  d^duire  de  ces  fails 
pour  changer  les  principes  de  la  science,  ne  sauraient  fetre  admises,  et  ces 
principes  reslent  t,e  qu'ils  etaient. 

6°  En  dernier  rdsullat,  Tid^e  du  phlebenterisme  doit  elre  consid^r^e 
comme  une  de  ces  vaines  tenlatives  qui  apparaissent  de  loin  en  loin  dans 
la  science;  qui ,  bien  que  n'ayant  d'autre  resultat  que  de  Tenlralner  pour 
un  instant  hors  des  voies  normalesou  elle  ne  tarde  pas  a  rentrer,  n'en 
necessilent  pas  moins,  pour  elre  r^duites  a  leur  verilable  valeur,  des  efforts 
considerables.  Sans  avoir  eie  tout  a  fait  nuls  pour  le  veritable  progres,  ces 
efforts  sont  pourtant  loin  d'etre  en  rapport  avec  les  resultats  utiles  auxquels 
ils  ont  conduit.  Mieux  connue  qu'elle  n'etait  auparavanl,  I'anatomie  desani- 
maux  dont  nous  avons  parie  eut  certainemenl  pu  elre  eiudiee  d'une  maniere 
plus  reguliere,  sans  qu'il  fut  besoin  de  faire  intervenir  les  idees  de  degra- 
dation et  autres  plus  perversibles  encore,  ainsi  que  le  monlrent  les  travaux 
de  DelleChiaje,  etc... 

9 


130 


DEUXIEUE   PARTIE. 


§  LXXIII.— Le sujet  pr6c6derit  se  rapporlait  essenliellemenl  au  fail  du  rem- 
placement  d'un  appareil  qui  disparait  par  ua  autre  qui  se  complique  pour 
le  supplier;  celui  dont  il  s'agit  ici  se  rapporte  spdcialement  k  une  simplifi- 
cation et  k  des  modifications  parliculieres  du  sysl^me  veineux ,  confondues 
a  tort  en  une  seule  et  nieme  question;  ces  deux  sujets  ont  du  etre  trailes 
separ6inent,  comme  I'avait  fait  M.  Souleyet.  Cela  6lait  indispensable  pour 
eviter  les  discussions  interminables  auxquelles  conduit  inevitableraent 
I'absence  de  distinction  m6lliodique  entre  des  idees  et  des  fails  evidem- 
ment  d'ordres  dislincts. 

§  LXXIV. — Voici  quels  soul  les  resullals  scienlifiques,  quiXcel  6gard  nous 
avons  6l§  conduit  t\  fonnuler  : 

1°  Le  coeur  el  le  syst^me  veineux  existent  chez  tons  les  MoUusques , 
contrairement  a  ce  qui  a  6t6  avanc6  par  quelques  naturalistes. 

2"'Le  syst^nie  veineux  de  ces  animaux  comprend  deux  parties  dis- 
linctes : 

L'une  qui  porte  le  sang  des  diverses  regions  du  corps  a  I'organe  respira- 
toire  sans  passer  par  le  ccDur  {systeme  porte-branchial,  systems  veineux 
general,  branchial  ou  afferent) ; 

L'autre  qui  rapporte  le  sang  de  I'organe  de  respiration  au  coeur  (systeme 
veineux  efferent,  veines  branchiales  ou  veines  branchio-cardiaques). 

C'est  en  n^gligeant  de  tenir  compte  d'un  des  dl^menls  constitutifs  des 
vaisseaux,  qui  peut  quelquefois  seul  les  tapisser,  a  I'exclusion  de  parois, 
autres  que  les  organes  divers  qui  liniilenl  ces  conduits,  qu'ou  a  pu  donner 
le  noni  de  lacunes  a  la  totalile  ou  a  une  partie  du  systeme  veineux  porte- 
branchial.  C'est,  par  suite,  en  changeant  simplement  le  nom  de  veines 
branchiales  ou  branchio-cardiaques  en  celui  de  canaux  ou  vaisseaux 
branchio-cardiaques,  qu'on  a  pu  dire  que  le  systeme  veineux  manquait 
compl^tement  chez  les  MoUusques. 

3°  Le  mot  de  lacune  doit  disparaltre  de  la  science  anatomique,  en  tant 
que  designant  des  organes  de  I'appareil  de  la  circulation,  parce  qu'il  en- 
Iraine  I'idde  de  I'absence  d'une  chose  qui  ne  manque  pas,  et  tend  i  faire 
croire  k  une  disposition  particuliere  d'organes,  qui  ne  dilferent  pas  de  ce 
qu'on  connait  depuis  longtemps  dans  I'uterus  humain  et  beaucoup  de 
Poissons.  11  faut  conserver,  pour  designer  ces  organes,  les  mots  de  sinus  on 
canaux  et  trajets  veineux,  employes  de  tons  temps. 


131 

h<>  Dans  quelques  Poissons  ( Cyclostomes ,  etc.},  certains  MoUusques 
(Aplysie,  Colimacon,  etc.),  les  veines  g^n^rales  pr^sentent  sur  leur  Irajet  des 
orifices  brants,  communiquant  avec  de  grandes  cavit^s  oi'i  le  sang  peul 
ainsi  pen^trer  et  oii  plongeot  divers  organes.  Celte  disposition  u'est  pas 
commune  h  tousles  MoUusques,  ainsi  que  nous  I'avons  vu.  On  a  donn6 
aussi  le  nora  de  lacunes  k  ces  cavilds.  Nous  avons  vu  qu'il  etait  d^monlre 
qu'une  mince  tunique  ou  une  couche  de  substance  homogene  Ires-d^li- 
cate  les  lapissail  (Ricliard  Owen).  Ici  encore  le  nom  de  sinos,  usite  de  tout 
temps,  doit  remplacer  lemot  de  lacune  oa  de  cavite  abdomina/e  oupe- 
ritone'ale,  employ^  pour  les  designer. 

5°  L'interpretation  que  quelques  anatomistes  ont  donnde  de  ce  fail,  en  le 
considerant  comme  le  resultat  d'wne  degradation  de  rappareil  circu- 
latoire,  n'esl  pas  exacte.  En  effet,  cette  disposition  lr6s-prononcee  dans 
certains  MoUusques  les  plus61ev6s  en  complication,  disparalt  chez  les  Ace- 
phales  Lamellibranches ,  MoUusques  d'une  organisation  beaucoup  plus 
simple.  L'idee  de  degradation  doit  done  elre  remplacte  par  celle  de  dis- 
position particuliere  et  speciale  ik  certains  etres,  et  manquant  chez  d'au- 
Ires  du  meme  embranchement;  ou,  quelquefois  de  la  meme  classe. 

6°  U  en  est,  a  plus  forte  raison,  de  m6me  pour  ce  qui  concerne  les  parti- 
cularites  analogues  du  systeme  art^riel. 

7°  Le  mot  degradation  doitetre  ray6  de  la  science  en  tant  qu'indiquant 
une  imperfection  d'un  systeme  relatlvement  4  un  type  qui  n'existe  pas, 
puisque  des  parlicularit6s  analogues  se  retrouvent  j usque  chez  I'homme. 

8°  Le  nom  d'espace  interorganique  dans  lequel  circulerait  le  sang, 
employ^  pour  designer  des  conduits  veineux ,  a  parois  extremement  min- 
ces, circonscrivant  des  mailles  tres-etroites,  doit  elre  supprim6,  parce  qu'il 
exprime  une  disposition  artificielle  et  accidentelle.  II  doit  etre  remplac6  par 
celui  de  cellules  veineiises  k  parois  minces,  pour  les  tissus  6rectiles,  et  de 
capillaires  pour  les  aulres  tissus. 

9"  Dapres  tous  les  fails  exposes  dans  ce  rapport,  on  ne  saurait  admetlre 
qu'il  existe  des  animaux  donl  le  systeme  circulaloire  est  incomplet. 


132 


CONCLUSION. 

§  LXXV.  — Comme  consequence  des  rtsuUats  scienliliques  que  nous  ve- 
nons  de  formuler,  d'apr^s  I'examen  des  lexles  et  des  pieces  se  rapporlant  ii 
ces  questions  :  reconnaissant  que  ces  resullats  se  trouvenl  d6ja  indiqu^s 
en  parlie  dans  les  travaux  de  M.  Souleyet,  voire  commission  vous  propose, 
a  I'unanimite,  d'adresser  des  remerclmenls  a  cet  anatomiste. 

§  LXXVI.— M.  Lebert  n'ayant  pu  assisler  aux  stances  dans  lesquelles 
la  commission  a  discut6  les  texles  et  les  fails  que  vous  venez  d'en- 
lendre ,  ni  a  la  seance  dans  laquelle  a  6le  adoptee  la  conclusion  que  nous 
proposons  a  voire  assenlimenl,  il  a  du  elre  consider^  comme  ne  faisanl 
plus  partie  de  la  commission. 

Second, 
D.  M.  P-.  sous-l)iLlioth«Seairc  tie  la  Faculle  de 
medecine,  secretaire  de  la  Sociele  de  Biolo- 
gie.,  etc. 

A.  Verneuil, 
Prosecteur  de  la  Faculte  de  medecine,  membre 
de  la  Societe  de  Biologic,  etc. 

E.  Brown-Sequard, 
D.  M.  P.,  laurcat  de  I'Academie  des  sciences, 
secretaire  de  la  Societe  de  Biologie  et  de  la  So- 
ciete Philomatique. 

E.   FOLLIN  , 
D.  M.  P.,  prosecteur  de  la  Faculte  de  medecine, 
secretaire  de  la  Societe  de  Biologic,  etc 

Ch,  Robik, 
Rapporteur,  profcsseur  agrege  a  la  Faculte  de 
Medecine,  vice-president  de  la  Societe  de  Bic- 
logie,  etc. 

S  LXXVII.  —  La  conclusion  de  ce  rapport  a^t^  adoptee. 

FIN. 


I 


MEMOIRE 


BUR    QCELQIIES     POKNTB    DK 


L'ANATOIIE  Dl]  PAXCREAS ; 


Lu  ct  la  Society,  dans  la  seance  du  1"  Kvrier  1851 , 


Par  M.  Ar.  VERNEUIL, 

Pfosecieur  de  la  Faculte, 

4>x-interne  el  laureat  des  lidpitaux  et  de  r£cole  pratique, 

rnembre  des  Sooict^s  analomique  «l  de  biologle. 


Lors  du  concours  oiiverl  pour  la  place  de  prosecteur  a  la  Faculty  de 
TnMecine,  en  mai  1850,  j'eus  I'occasion  de  faire  des  recherches  assez  6ten- 
dues  sur  I'anatomie  du  pancreas.  Je  d^posai,  au  mois  de  juillet  suivant,  une 
s^rie  de  pieces  seches  destinies  aux  cours  de  la  Faculty.  Le  jury  exigeait 
de  nous  une  note  explicative  de  nos  travaux,  el  je  profilerai  de  cette  occa- 
sion pour  exprimer  combien  me  semble  utile  cette  modification  nouvelle 
pour  les  concurrents  eux-m6mes,  G'est  cette  note,  qui  n^sume  deux  mois 
et  demi  de  dissection,  queje  publie  ici  telle  qu'elle  a  6t6  con^ue  autrefois; 
le  temps  ne  m'a  pas  permis  d'y  faire  des  additions  comme  je  I'esp^rais.  Je 
dois  done  deux  mots  d'avertissement.  Je  ne  donne  point  ici  une  descrip- 
tion complete  du  pancreas  humain,  et  en  raison  du  peu  de  recherches  que 
j'ai  failes  en  analomie  compar^e,  je  me  garderai  bien  de  poser  aucune  loi 
g^n^rale.  J'exposeraisimplement  ce  que  j'ai  vu  chez  I'homme  et  chez  quel- 
ques  animaux.  Chez  le  premier,  j'ai  cru  devoir  completer  certains  points 
qui  me  semblaient  manquer  de  details  sufTisants ;  je  n'aborde  pas  les  points 
sur  iesquels  tout  le  monde  s'accoi-de,  et  jVngage  ceux  qui  me  liront  k  v^ri- 
T.  in.  10 


134 
fier  mes  assertions,  soil  ii  Taide  de  leurs  propres  investigations,  soil  k  ('aide 
des  pieces  qui  onl  616  d6pos6es  au  mus6e  de  Tftcole,  par  moi  ou  par  mes 
compdtileurs.  Je  ne  me  servirai  pasnon  plus  des  dissections,  d'ailleurs  fort 
belles,  de  ces  derniers,  voulanl  leur  iaisser  toute  la  propri6l6  de  leurs  Ira- 
vaux. 

FORME    DU    PANCREAS. 

Celte  forme  a  616  raal  d6lermin6e;  on  la  compare  acelle  d'un  marleau, 
d'un  crochet,  d'une  langue  de  chien.  «  Dans  un  cas,  le  pancr6as  elail  form6 
»  de  deux  portions  bien  dislinctes,  I'une  verticale,  I'autre  horizontale,  r6- 
»  unies  4  angle  droit.  »  Cetle  exception,  nol6e  par  M.  Cruveilhier(ANAT. 
DESCR.,  t.  Ill,  p.  Ixih),  me  parait  le  type  fondaraental  de  la  forme  du  pan- 
cr6as.  M'appuyant  done  sur  I'anatomie  humaine  el  surce  que  j'ai  vu  d'ana- 
lomie  comparee,  je  diviserai  le  pancreas  en  deux  portions :  une  portion  ver- 
licale  ouduod6nale,  c'est  la  icte;  une  portion  horizontale,  gastriqueou  spl6- 
nique,  c'eslle  corps  et  la  queue.  Cette  distinction  me  parait  assez  impor- 
tante  au  point  de  vue  morphologique,  parce  qu'elle  m'a  paru  constanle, 
quoique  plus  ou  moins  6vidente,  el  voici  ce  qui  me  sert  a  I'etablir  : 

l"  II  y  a  un  r6lr6cissement  plus  ou  moins  marque  entre  les  deux  por- 
tions. 

2"  La  portion  duodenale  est  loujours  proportionn6e  a  l'6tendue  du  duo- 
denum ;  elle  est  fix6e  dans  I'anse  m6senterique  plus  ou  moins  ample  que 
forme  cetinleslin.  La  portion  splenique  est  lr6s-variable  en  6lendue  ;  elle 
pr6senle  peu  de  fixit6,  elle  est  en  quelqu«  sorte  flottante  dans  I'abdomen. 

3'  La  veine  porte  ou  les  vaisseaux  m6sent6riques  s6parent  loujours  ces 
deux  portions  d'une  mani6re  nette. 

U°  La  portion  duod6nale  n'affecte  jamais  de  rapports  avec  les  vaisseaux 
spl6niques ;  la  portion  horizontale,  au  contraire,  est  loujours  appendue  4 
ces  vaisseaux,  qui  lui  fournissent  des  branches.  Chez  I'homme  adulte,  il  est 
assez  difficile  de  reconnaitre  au  premier  abord  cetle  division  ;  mais  chez  le 
foetus  et  I'enfanl,  elle  est  tr6s-manifeste ;  la  portion  duod6nale  est  verticale, 
6lroite  de  haul  en  bas,  et  s'applique  exactement  le  long  de  la  deuxi6me 
portion  du  duodenum. 

Chez  Tadulte,  cette  partie  de  la  glande  augmenle  beaucoup  d'6lendue  en 
tous  les  sens ;  elle  remplit  tout  Pespace  compris  entre  les  trois  couibures 
du  duod6num  el  les  vaisseaux  m6senleriques  ;  elle  forme  une  masse  glan- 
dulaire  aplatie,  i  peu  pr6s  quadrilatere. 

Le  corps  a  la  forme  d'un  parall61ogramme  assez  regulier ;  les  bords  su- 


135 
p^rieur  el  inlerieur  sonl  sensiblement  parall6les.  (Sur  iin  sujet  aduUe,  le 
corps  6tail  flexueux  et  figurait  une  5  ilalique,  d6tach6  de  ses  liens  cellu- 
leux.  II  conservail  celte  forme.) 

La  queue  est  tanlot  mince,  aplalie,  fusiforme,  comme  Iranciiante;  tantot 
elle  est  prisraatique,  iriaugulaire,  renflee  en  massue. 

II  existe,  a  I'union  des  deux  portions  {tele  et  corps),  un  r^trdcissemenl 
tr^s-notable,  el  a  son  niveau  la  giande  pr^sente  une  sorte  de  torsion  sur 
son  axe,  en  vertu  de  laquelle  le  bord  inKrieur  est  relevd  en  avant,  soulev6 
qu'il  est  par  les  vaisseaux  m^senteriques  qui  s'enfonceul  au-dessous  de  lui 
d'avant  en  arri6re  et  de  bas  en  haul.  On  a  pr^tendu  que  le  corps  du  pan- 
creas etait  prismatique  et  Iriangulaire,  et  on  lui  a  reconnu  trois  faces  :  une 
post6rieure,  une  ant^rieure,  une  sup6rieure  (Huschke). 

La  face  siiperieure  n'existe  pas;  c'est  un  bord  creus6  plus  ou  moins 
compietement  en  goutli^re  pour  recevoir  la  veine  spldnique  et  quelques 
flexuosit^s  de  I'arl^re  du  m^me  nora. 

Lorsqu'il  arrive  (comme  je  I'ai  vu  quatre  ou  cinq  fois)  que  les  vaisseaux 
spl^niques  suivenl  le  bord  inferieur  du  pancreas,  c'est  alors  ce  bord  qui 
est  le  plus  ^pais.  Une  coupe  du  pancreas,  perpendiculaire  a  son  axe,  repr6- 
sente  une  lentille  biconvexe  dont  la  face  ant^rieure  est  bombee  plus  forle- 
ment,  et  dont  le  bord  sup^rieur  est  6chancr6. 

La  distinction  du  pancreas  en  deux  parties  est  tr6s-saillante  chez  les  ani- 
maux  que  j'ai  examines ;  elle  existe  au  plus  haul  degr6  chez  le  chat.  Le 
chien  est  en  tout  semblable.  Les  deux  lobes  sont  sensiblement  6gaux.  Chez 
le  lapin,  le  cobaye,  la  portion  duod^nale  remporte  de  beaucoup  sur  la  por- 
tion spl^nique  qu'on  apercoit  n^anmoins  appendue  aux  vaisseaux  du  meme 
nom.  Le  cheval  semble  offrir  une  exception,  mais  elle  n'est  qu'apparente ;  il 
ne  semble  pas  y  avoir  de  portion  verlicale  bien  marquee  ;  n^anmoins  cet 
organe,  qui  est  Iriangulaire,  est  divis6  en  deux  gros  lobes  entre  lesquels 
passe  la  veine  porle  ;  le  lobe  sup^rieur,  qui  correspond  h  la  base  du  trian- 
gle, est  horizontal  et  en  rapport  avec  les  vaisseaux  spleniques. 

L'union  de  ces  deux  portions  se  fait  chez  Thomme  k  angle  droit;  chez 
lechat,  le  chien,  le  lapin,  le  cobaye,  le  lobe  splenique  variant  de  position. 
Tangle  de  reunion  varie,  il  est  plulot  aigu.  Chez  le  cheval,  il  est  plus  aigu 
encore,  et  le  Ironc  commun  aux  lobes  est  beaucoup  plus  d^velopp^. 

FIXITE    DU    PANCREAS. 

Chez  Thomme,  les  deux  portions  que  je  viens  de  decrire  sonl  loin  d'etre 
anssi  fixes  I'une  que  I'autre;  la  portion  duod(^nale  est  enclav^edans  le  duo- 


136 

86num  ;  elle  y  adhere  par  des  brides  cellulo-fibreuses,  par  des  vaisseaus 
et  par  des  canaux  excr^leurs,  etc.,  etc.;  el  conime  le  duodenum  estlr^s- 
peu  mobile,  le  lobe  pancr^alique  qui  s'y  Irouve  est  assez  fixe ;  mais  le  corps 
de  Torgane  est  li6  intimemcnl  h  la  rate  par  les  vaisseaux  splf^niques.  La  rate 
elle-m^me  suit  I'estomac  ;  il  en  r^sulte  que  ce  dernier  visc^re  ayanl  des 
rapports  bien  diff^rents  suivant  son  6tat  de  vacuity  ou  de  plenitude,  le  lobe 
horizontal  doit  le  siiivre.  J'ai  vu,  en  effet,  en  gonflant  avecde  Pair  I'eslo- 
mac  maintenu  en  place  par  ses  liens  normaux,  le  corps  du  pancr(?as  s'al- 
longer  et  devenir  oblique  en  haul  et  ci  gauche;  il  avaitsuivi  la  rate  qui 
s'etail  enfonc6e  dans  I'hypocondre  avec  la  grosse  lub^rosit^.  Une  de  mes 
pieces  (n°  3)  donne  une  tr^s-bf  nne  id^e  de  cette  locomotion.  C'est  k  tort, 
du  resle,  qu'on  regarde  le  pancreas  comme  couch6  transversalement  et 
horizontalement  sur  la  colonue  lombaire;  presque  toujours  la  portion  qui 
d^borde  k  gauche  la  saillie  vert^brale  remonte  dans  I'hypocondre  gauche, 
obliquement  en  haut  et  en  arri^re.  U  r^sulte  encore  de  sa  situation  trans- 
versale  que  le  pancreas  est  couib6  en  arc  d'avanl  en  arriere ;  il  est  forte- 
ment  soulev6  en  un  point  par  le  corps  des  verlebres,  Taorte,  les  vaisseaux 
mfeenl^riques,  etc.,  etc.;  tandis  que  ses  deux  extr6mites  se  Irouvent  sur 
un  plan  bien  post^rieur,  la  queue  surtoui.  J'ai  peu  de  choses  i  dire  des 
rapports  ;  ils  sont  bien  indiqu^s  dans  les  trait^s  d'anatomie  (Cruveilhier, 
Husclike).  Le  premier  a  surtoui  bien  indique  la  formation  d'une  sorte  de 
goutti^re  pour  les  vaisseaux  m^senteriques.  J'ai  vu,  comme  M.  Cruveil- 
hier, cette  gouttiere  convertie  en  un  canal  compiet;  mais  je  n'ai  pas  vu  de 
petit  pancreas  (loc.  cit.  416). 
J'ajoulerai  n^anmoins  quelques  mots  sur  ces  rapports : 
1°  Canal  choledoqde.  Il  se  creuse  toujours  un  canal  compiet,  ou  au 
moins  une  gouttiere  tr^s-profonde  dans  la  partie  post^rieure  de  la  t6le  du 
pancreas,  au  milieu  de  laquelle  il  parcourt  un  trajel  de  '6  cenlim.  environ. 
2°  Duodenum.  ChezTenfant,  le  pancreas,  comme  nous  I'avons  dit,  n'est 
presque  en  rapport  qu'avec  la  seconde  portion  de  eel  intestin.  Chez  I'adulte, 
la  t6le  du  pancreas  embrasse  le  duodenum  comme  la  parotide  embrasse  le 
bord  posl^rieur  du  masseter,  c'est-A-dire  qu'elle  se  prolonge  en  avant  et  en 
arriere,  de  mani^re  k  couvrir  au  moins  la  moiti6  interne  du  cylindre  que 
repr^sente  I'inleslin.  G^n6ralement  je  I'ai  vu  s'6lendre  plus  en  avant  qu'en 
arriere.  En  avant,  surlout  au  point  oil  s'abouchc  le  petit  conduit,  quelques 
granulations  se  logent  entre  les  luniques  de  I'inlestin.  M.  B6rard  (Traitf. 
DE  PHYSIOL.,  t.  1.)  a  bien  indiqu6  rette  disposition  ;  il  compare  ce  petit 
gronpe  de  granulations  aux  glandes  moiaires  qu'on  trouve  pres  de  I'embou- 


137 
p.hure  du  canal  de  Slenon.  Les  premiere  et  Iroisieme  porlions  du  duode- 
num sont  beaucoup  moins  compl6lemenl  envelopp6s  par  la  glande  qae  la 
deuxi^me. 

3°  Vaisseaux  sPLENiQCES.  Ell  g^,ii6ral,  j'ai  vu  ces  vaisseaux  (arl^re  el 
veinej  longer  le  bord  sup^rieur  de  la  glande;  inais  il  n'esl  pas  rare  de  voir 
I'un  des  deux  longer  ie  bord  inKrieur  dans  une  certaine  6tendue,  surtoul 
dans  sa  partie  interne,  puiss'infl^chir  assez  biLsquementen  haul  cilravers 
le  tissu  glandulaire  pour  allerreprendresa  place  accoulum^e  sur  le  bord 
sup6rieur. 

L'arl^re,  k  cause  de  ses  flexuosil^s,  n'esl  que  peu  en  rapport  avec  le  pan- 
creas; mais  la  veine  ordinairemenl  recliligne  s'y  loge  dans  une  gouUiere 
souvenl  converlie,  au  moins  parlieliement,  en  canal  complet.  J'ai  vu 
une  fois  la  veine  spl^nique  compieiement  cach6e  au  milieu  de  la  glande 
dans  les  deux  tiers  externes  de  celle-ci. 

W  ScissuRE  DE  LA  RATE.  Rieu  n'csl  plus  variable  que  ce  rapport ;  tant6l 
la  queue  du  pancreas  est  comme  aplalie  el  rebrouss6e  conlre  cetle  scissure, 
lantot  ellepeut  en  Sire  distante  de  U  cenlim.  Chez  Tenfant,  elle  m'a  lou- 
joursparu  en  contact  intime  avec  cetle  scissure. 

Je  n'ai  rien  ci  dire  sur  le  poids,  les  dimensions,  etc.,  du  pancreas  ;  je  suis 
port6  a  croire  que  ses  maladies  sont  assez  lares  ;  car  apres  avoir  examine 
au  moins  soixanle  pancreas  liumains,  sinon  plus,  je  n'ai  Irouve  qu'une 
seule  fois  une  alteration  qu'il  me  serait  encore  difficile  de  classer.  La  glande 
semblail  generalemenl  induree;  son  lissu  eiail  blanc,  Ires-dense;  nean- 
iiioins  il  n'y  avail  pas  de  degenerescence ;  les  canaux  excreieurs  eiaienl 
[lermeables ;  mais  cependanl  rinjeclion  ne  peneira  pas  profondement.  Celte 
lesion  rappelail  rhypertrophie  mammaire  chronique.  On  a  deja  conslaie 
I'exlreme  facilite  avec  laqiielle  la  glande  se  pulreiie.  Tout  ce  que  je  puis 
(lire  de  cetle  assertion,  c'esl  que  qualre  fois  sur  des  sujels  encore  frais  en 
apparence,  les  injections  au  suif  onl  creve  dans  le  tissu  de  la  glande.  Ces 
preparations  eiaienl  failes  k  la  veriie  pendant  les  plus  grandes  chaleurs. 

CONDUIT    EXCRETEUR. 

Une  question  fort  inleressanle  dans  I'hisloire  analomique  du  pancreas 
est  relative  a  la  mullipliciie  des  conduits.  J'ai  consulte  a  ce  sujel  le  travail 
de  Tiedemann  el  la  these  de  M.  Becourt ;  ils  onl  note  des  dispositions  Ires- 
multipliees.  J'avoue  que,  pour  ma  part,  sur  vingt  pancreas  environ  dont 
)'ai  injecieies  conduitsexcreteurs.  je  n'ai  jamais  Irouve  qu'une  seule  el  uni- 


138, 
que  disposiliou,  que  par  consequent  je  regarde  coinme  la  plus  commune; 
c'est  donclaseule  que  je  d^crirai ;  Pensemble  de  mes  pieces  la  mel  en  Evi- 
dence. 

Le  canal  de  Wirsung  occnpe  la  parlie  moyenne  du  corps,  k  distance  a 
peu  pr6s  Egale  du  bord  sup^rieur  el  du  bord  inKrieur ;  laniot  plus  rappro- 
ch6  de  la  face  anterieure,  tantot  plus  voisin  de  la  posl6rieure,  disposition 
qui  ra'a  paru  la  plus  fr^quente ;  tantot  enfin  au  milieu  de  la  glande.  En  ap- 
prochant  de  la  t^te,  ce  canal  s'inflecliitforlemenl  en  bas,  de  mani^re  a  pre- 
senter une  double  courbure  en  S  italique.  II  se  rapproche  beaucoup  du 
bord  infdrieur  de  la  glande,  et  ull^rieurement  se  dirige  en  arri^re  pour  se 
r^unir  au  canal  chol^doque.  Les  conduits  secondaires  de  rextr^raitE  spl6- 
nique,  et  en  g^n^ral  ceux  qui  sonl  d'un  petit  volume,  se  jettcnl  perpendi- 
culairement  dans  le  conduit  principal ;  mais  on  voil  souvent  vers  la 
partie  moyenne  du  corps,  un  ou  deux  cauaux,  Tun  sup^rieur, I'autrein- 
firieur,  se  jettent  dans  le  canal  de  Wirsung,  apres  avoir  re?u  eux-m6mes 
un  assez  grand  nombre  de  canaux  de  troibi^me  el  de  qnatri^me  ordre. 

Au  point  indiquE,  le  canal  excreluur  semble  se  Irifurquer ;  la  branche 
moyenne  et  anterieure  n'est  autre  que  le  canal  principal  qui  recueiile  lui- 
m^me  un  nombre  considerable  de  canalicules  venant  des  lobules  de  la  face 
anterieure.  A  la  reunion  du  corps  el  de  la  lele,  on  voit  encore  des  canaux 
secondaires  imporlants  se  jeter  dans  le  canal  de  Wirsung.  Le  plus  reraar- 
quable  a  ete  considere  a  tort  comme  un  second  canal ;  c'est  lout  simple- 
ment  une  branche  recurrenle  d'un  volume  Ires-notable  qui  re?oit  tous  les 
conduits  de  Iroisieme,  qualrieme  el  cinqiiieme  ordre,  venanl  des  granula- 
tions qui  constituent  la  plus  grande  parlie  du  lobe  duodenal  :  celte  bran- 
che, que  j'appellerais  volonliers  canal  azygos  pancreulique,  a  done  pour 
but  de  recueillir  tous  les  canaux  qui  auraienl  peine  a  se  jeter  isoiemenl 
dans  le  gros  conduit ;  mais  elle  presente  ceci  de  remarquable,  qu'au  lieu  de 
se  terminer  en  cul-de-sac,  elle  va  s'aboucher  dans  I'intestin  par  sa  petite 
extremiie.  C'est,  que  je  sache,  le  seul  cas  dans  I'economie  d'une  branche 
d'uu  canal  excreteur  ouverle  par  les  deux  bouts.  Eu  effet,  d'une  pari  elle 
s'ouvre  par  un  pertuis  etroil  dans  I'inleslin  ;  el  de  I'aulre,  elle  va  en  aug- 
menlant  progressivemenl  de  volume,  a  mesure  qu'elle  revolt  de  nouveaux 
canalicules  se  jeter  dans  le  conduit  de  Wirsung;  pres  de  sa  lerminaison, 
dans  I'intestin,  elle  recoil  egalenieul  les  conduits  Ires-petils  des  granula- 
tions qui  rampenl  dans  I'epaisseur  des  tuniques  du  duodenum.  Le  lieu  de 
reunion  de  celte  branche  se  fait  a,  une  distance  variable  du  pli  de  Water  (de 
1  i  Zi  centimetres).  Ce  n'est  point  le  cas  d'admettre  un  second  canal  distinct 


I 


U9 
du  premier;  inaison  peul envisager  cetle  disposition  comine  une  voie  sup- 
pl^menlaire  ouverte  par  precaution  au  fluide  pancr6atique.  Je  pense  n6an- 
moins  que,  dans  I'^tat  normal,  le  iiquide  ster^l^  par  les  granulations  de  la 
tete  du  pancreas  a  plus  de  tendance  ^  retourner  dans  le  conduit  principal, 
el  a  se  mSler  au  Iiquide  produit  par  le  corps  de  la  glande. 

J'ai  loujours  vii  le  second  orifice  pancr^atique  situ6  dans  le  duodenum  en 
avanlel  au-dessus  du  pli  de  Water.  A  Texl^rieur,  il  correspond  aux  granu- 
lations qui  s'avancent  le  plus  sur  la  face  ant^rieure  du  duodenum.  A  rint6- 
rieur,  sa  presence  se  reveie  par  I'existence  d'une  petite  ampoule  plus  petite 
que  le  pli  de  Water,  niais  que  j'ai  toujours  rencontr^e,  quand  je  I'ai  cher- 
ch6e  avec  soin.  line  de  mes  pitees  donne  une  id6e  tres-exacte  des  rapports 
des  deux  conduits  pancr^aliques  entre  eux  et  avec  le  choledoque.  J'ai  dit 
que  j'avais  toujours  vu  ces  deux  conduits  communiquer ;  voici  comment  jo 
m'en  suis  assurd,  experience  tr^s-facile  a  reproduire  dans  un  cours :  il  sufflt 
d'introduire  dans  le  pli  de  Water  une  canule  de  1  a  2  millimetres  de  dia- 
m^tre,  el  de  pousser  une  injection  avec  la  lerebentliine  coloree;  on  ne  larde 
pas  a  voir  le  Iiquide  revenir  dans  Tinlestin  par  le  petit  pertuis.  Dans  plu- 
sieurs  cas,  le  Iiquide  colore  est  sorti  sous  forme  d'un  jet  tres-fin,  jaillissant 
a  5  ou  6  centimetres  ;  la  pluparl  de  mes  coUegues  de  PEcole  pratique  onl 
ete  temoins  de  cette  experience  inieressante. 

Apresce  que  j'ai  vu  de  la  Constance  du  second  orifice  pancreatique,  jene 
puis  parlager  d'une  maniere  absolue  I'opinion  de  Meckel,  qui  regarde  son 
existence  comme  uu  arret  de  developpement,  le  foetus  ayant,  suivant  lui, 
loujours  deux  conduits  pancrealiques.  Je  dois  dire  neanmoins,  en  faveur 
de  son  assertion,  que  j'ai  toujours  trouve  le  second  canal  et  le  pertuis  cor- 
respondant  d'aulanl  plus  developpes  proportionneliement,  que  je  les  ai 
examines  sur  des  sujets  plus  jeunes.  Je  m'abstiens,  pour  les  raisons  que  j'ai 
donnees  plus  haul, d'inlerpreier  le  but  physiologique  des  dispositions  signa- 
lees  par  les  auteurs  que  j'ai  deja  cites.  Si  Ton  vent  jeter  les  yeux  sur  le  pan- 
creas du  cheval,  on  verra  en  grand  la  disposition  que  je  signale  chez 
I'homme,  car  elle  est  identiquemenl  la  meme.  On  verra  de  plus  combien  la 
denomination  de  canal  azygos  est  justifiable.  C'est  \k  un  exemple  type  el 
Ires-utile  a  cause  des  dimensions  de  I'organe. 

Par  la  convexiie  de  sa  courbure,  le  canal  de  Wirsung  recoil  encore  quel- 
ques  pelils  conduits  qui  viennent  des  granulations  les  plus  inferieures  de 
la  tele  du  pancreas. 

Depuis  son  origine  jusqu'a  son  embouchure,  le  conduit  pancreatique 
HUgmenle  dc  volume  ;  tontefois  cette  augmentation  est  tres-pcu  scnsibls 


140 
dans  le  lobe  spl^nique  ;  elle  est  beaucoup  plus  marquee  lurs  de  1  abouche- 
meDt  du  second  conduit.  Le  canal  de  Wirsung  paraSt  alors  double  de  vo- 
lume ;  son  diam^tre  varie  alors  entre  3  el  5  millimetres.  Je  I'ai  vu  a  peu 
pres  conslamment  diminuer  de  calibre  i  I'approche  del'inteslin.  L'une  de 
mes  pieces  d^montre  comment  se  fait  la  reunion  des  conduits  pancr6atique 
et  biliaire ;  ce  dernier,  6galement  r^lr^ci,  semble  se  jeter  dans  le  canal  pan- 
cr^atique,  qui  arrive  seul  k  Textr^mit^  ouverte  du  pli  de  Water.  Cette  opi- 
nion est  contraire  aux  id6es  re?ues,  mais  elle  justifie  I'idee  de  E. -H.Weber, 
qui  dit  que  la  muqueuse  du  pli  de  Water  ressemble  plus  a  la  muqueuse  du 
conduit  pancr^alique  qu'A  celle  du  conduit  cholSdoque. 

Je  u'ai  pas  examine  assez  de  fois  I'incidence  de  ces  deux  conduits  pour 
ajouter  quelque  chose  a  ce  qu'on  a  dit  des  vari6t6s  de  leur  rapport  :  le  ca- 
nal de  Wirsung  n'a  pas  de  valvules.  Je  pense  qu'il  en  exisle  quelquefois  sur 
le  trajet  du  deuxifeme  conduit,  qu'il  est  Irfes-difficile  d'injecter  par  le  duo- 
denum. Ces  valvules  existent  bien  ^videmmenl  pr^s  de  son  embouchure  in- 
testinale  chez  le  chat,  le  chien,  et  dans  le  petit  conduit  du  cheval.  Chez  ce 
dernier,  la  face  interne  du  canal  presente  une  foule  de  pelites  depressions 
qu'on  ne  voit  bien  qu'i  I'^tal  frais,  et  qui  ressemblent  a  des  glandes  de 
Lieberkuhn.  C'est  I'analogue  des  ar^oles  de  la  face  interne  du  canal  cho- 
16doque. 

Je  n'ai  vu  qu'une  fois,  par  I'insufflation,  le  pli  de  Water  presenter  le  ren- 
flement  ampuUaire  signal^  par  Soemmering.  Relativement  A  la  disposition 
des  lobules  glandulaires,  j'ai  vu  des  granulations  tr^s-t^uues  accol6es  im- 
medialemenl  sur  les  plus  gros  conduits  y  verser  directement  le  produit  se- 
crete par  un  canalicule  tr6s-t6nu.  Cette  observation  est  facile  a  verifier  sur 
Phomme  et  bien  mieux  encore  chez  le  cheval. 

ARTERES    DU    PANCREAS. 

En  jetant  les  yeux  sur  les  pitees  pr^cit^es,  on  verra  de  suite  la  disposition 
des  vaisseaux  du  pancreas;  j'ajoulerai  n^anraoins ici  quelques  reflexions.  A 
I'exterieur,  le  pancreas  parait  peu  vasculaire ;  mais  en  penetrant  par  la  dis- 
section dans  rinterieur  du  parenchyme,  on  peut  y  sculpter  un  riche  r^seau 
vasculaire ;  Tartere  spl^nique  ne  fournit  qu'au  corps,  I'hepalique  qu'i  la 
I6te,  la  mesenterique  sup^rieure  a  ces  deux  regions.  La  lete  presente  deux 
arcades  h  convexite  tournee  a  droite.  Je  les  nomme  arcades  pancreatico- 
duodenales ;  Tune  est  anterieure,  I'autre  est  posterieure  ;  toutes  deux  sont 
constituees  :  1°  par  une  branche  descendanle  de  I'hepatique ;  2°  par  une 
tranche  ascendante  de  la  mesenterique.  Ces  deux  bianchcs  s'anaslomosenl 


l/ll 
par  inosculation.  De  la  convexity  de  I'arcade  qu'elles  lormenl  uaissent  des 
branches  pour  la  partie  correspondanle  (ant^rieure  ou  posl^rieure)  du 
duodenum.  De  la  concavity  des  arcades  surtout  naissentles  branches  glan- 
dulaires  qui  ferment  des  r^seaux  polygonaux.  Ces  deux  arcades,  des- 
criptivement  bien  dislincles,  communiquent  tr^s-largement  par  leurs 
branches. 

Les  arl^res  du  corps  sonl :  1°  des  branches  descendantes  de  la  spl^nique ; 
2"  des  branches  ascendanles  fournies  par  une  arl6re  pancr^atique  volumi- 
neuse  venue  de  la  mesenl^rique.  Cetle  artere,  largementanastomosee  avec 
I'arcade  pancrealico-duod^nale  anl6rieure,  longe  le  bord  inKrieur  de  la 
glande  parall^lement  a  la  splenique  :  elle  est  d'abord  cachee  par  le  tissu 
glandulaire,  puis  s'enfonce  plus  profond^menl  dans  la  glande  vers  son  tiers 
externe  :  li  elle  s'approche  de  la  face  ant^rieure.  Ult^rieurement  elle  four- 
nit  a  la  queue  et  va  se  terminer  en  s'anastomosant  largemeul  avec  la  sple- 
nique. Le  volume  de  celte  arl^re  et  celui  des  rameaux  spl6niques  sont  en 
raison  inverse. 

Dans  toute  l'6lendue  da  corps,  ces  deux  gros  vaisseaux  envoient  des 
branches  qui  vont  former,  pr^s  de  la  face  ant^rieure  des  anses  vasculaires 
en  feston,dont  la  disposition  est  fort  ^l^gante.  Enire  ces  anses  se  voienldes 
mailles  polygonales. 

Un  petit  raraeau  qui  m'a  paru  constant  vient  d'une  des  branches  de  la 
splenique,  deja  arriv^e  k  la  scissure  de  la  rale,  et  fuurnit  a  I'extr6mil6  de  la 
queue  : 

1"  Ces  art^res,  au  moins  les  branches  d'un  certain  calibre  ne  sonl  nuile- 
ment  satellites  des  conduits  excr^teurs; 

2°  A  Icur  origine,  a  leur  terminaison,  dans  I'^paisseur  du  parenchyme, 
elles  communiquent  largement  entre  elles. 

Le  pancreas  est  done  un  des  organes  dans  lequel  la  circulation  art6rielie 
g^n^rale  et  locale  est  la  mieux  assur^e,  autant  par  la  multiplicity  des  sources 
que  par  la  facility  des  anastomoses. 

II  se  rapproche  de  I'estomac  sous  ce  rapport  et  sous  celui  de  la  circula- 
tion g6n6rale  de  Tabdomen.  Ces  deux  visceres,  en  effet,  rallient  les  trois 
branches  du  tronc  cceliaque  ensemble  et  avec  la  m^senterique  superieure. 
Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  sur  Timbrel  d'une  semblable  disposition. 

VEI>ES   DU    PANCREAS. 

Elles  pr^senlenl  beaucoup  d'analogie  avec  les  arteres;  elles  ferment, 
romme  elles,  deux  arcades  pancr^atico-dued^nales  qui  font  communi- 


quer  la  veine  porle  el  la  grande  mfearaique  par  une  large  voie  collate- 
rale.  Les  aulres  veines  se  jeltent  directemenl  dans  la  veine  porle,  dans  les 
deux  ra^saraiques.  dans  la  spl^nique,  en  plusieurs  points  de  son  Irajel  : 
les  r^seaux  vasculaires  de  la  I6le  ont  la  m^me  disposition  que  les  rdseaux 
arl^riels.  Dans  le  corps,  11  en  est  de  m6me ;  coinme  cela  arrive  pour  le  sys- 
t^me  de  la  veine  porle,  il  n'y  a  qu'une  veine  pour  cliaque  arlere.  Le  sysl^me 
veineux  du  pancreas  ne  semble  pas  pr^dominer  beaucoup  sur  le  syst^me 
art^riel ;  ce  qui  du  resle  se  comprend  ais6ment,  les  veines  de  cet  organe 
n'ont  pas  pour  objet  une  absorption  active,  comme  cela  a  lieu  pour  les 
memes  vaisseaux  qui  rampent  dans  I'^paisseur  des  tuniques  de  Testomac, 
de  I'intestin  gr61e  et  du  gros  intestin.  Par  rapporl  k  la  circulation  g^n^rale 
de  I'abdomen,  les  reflexions  pr^sent^es  plus  haul  pour  lesarl^res  s'appli- 
quent  ^galement  aux  veines. 

NERFS   DC    PANCREAS. 

Les  nerfs  du  pancreas  sont  mal  connus.  Buschke  avance,  je  ne  sais  pour- 
quoi,  qu'ils  proviennent  du  plexus  spermatique.  J'ai  k  dessein  pr6par6  les 
nerfs  capsulaires  et  r^naux,  etles  plexus  spermatiquesqui  sont  une  d^pen- 
dance  de  ces  derniers;  j'ai  vu  une  ind^pendance  complete  entre  la  distri- 
bution vasculaire  el  nerveuse  du  pancreas  et  celle  des  organes  auxquels  ces 
nerfs  se  rendent. 

Rl.  Cruveilhier  s'approche  plus  de  la  v6ril6  en  disant  que  le  pancreas 
recoil  ses  nerfs  du  plexus  solaire.  lis  viennenl  en  r^alitd  de  plusieurs 
sources  : 

1°  Des  nerfs  spi^niques  qui  se  portent  sur  I'artere  du  meme  nom  a  la 
scissure  de  la  rate,  abandonnant  les  filets  tr^s-l6nus  qui  p^nelrent  laglande 
par  son  bord  sup^rieur ; 

2°  Directemenl  de  la  face  ant^rieure  du  plexus  solaire,  soil  sans  arl^res 
satellites,  soil  en  suivant  I'arlerc  m^senl^rique;  les  nerfs  penelrent  le  pan- 
creas par  sa  face  post^rieure,  et  son  bord  inferieur  au  niveau  de  I'union  du 
corps  el  de  la  I6le ; 

3°  Enfin  sa  tele  recoil  les  pelils  nerfs  satellites  des  arcades  pancrealico- 
duod^nales,  et  qui  viennenl  des  plexus  h^palique  el  inesenterique  sup^rieur. 
Ce  sont  les  nerfs  pancreatico-duodenaux. 

Une  de  nies  pieces  montre  en  m^me  temps  Tensemble  du  plexus  solaire 
el  des  plexus  principaux  qui  en  naissenl.  J'ai  presents  ici  les  nerfs  lels  que 
je  les  ai  trouv6s.  Taffirnie  qu'il  n'y  a  aucune  exageralion  dans  leur  nombrc 


i 


1/|3 
et  que  leur  disposition  est  aussi  fid^lement  representee  que  le  perniet  uue 
preparation  s^che. 

Les  nerfs  visc^raux  n'affectenl  pas  la  forme  de  filets  que  la  dissection 
puisse  isoler.  Sur  les  art^res  principales,  tronc  cceliaque,  mesenterique  su- 
p^rieur,  hepatique,  coronaire  stomachique,  les  nerfs  forment  aux  vaisseaux 
une  gaine  tres-corapiete,  tr^s-dense,  et  tellement  plexiforme  qu'il  serait, 
i  mon  avis,  tres-artificiel  de  les  s^parer.  J'ai  done  prefer^  isoler  en  masse 
cetle  galne  nerveuse,  et  la  laisser  comme  elle  existe  reellement. 

J'ai  essaye  k  plusieurs  reprises  des  injections  de  vaisseaux  lymphaliques ; 
soit  dilTiculie,  soil  inexperience,  loujours  est-il  que  je  n'ai  rien  obtenu  qui 
merital  la  peine  d'etre  conserve.  Je  n'ai  egalement  rien  recueilli  d'interes- 
sant  ni  de  nouveau  sur  le  developpement ;  je  m'abstiens  done  d'en  parler 
pluslonguement. 

Les  recherches  d'analomie  coniparee  que  j'ai  entreprises  n'ont  porte  que 
sur  un  petit  nombre  d'especes  animales.  Dans  Tintention  ou  je  suis  de 
poursuivre  ces  travaux,  je  me  contenterai  de  donner  ici  la  description  du 
pancreas  du  chat  et  du  clieval  que  j'ai  disseque  plusieurs  fois. 

Chat.  —  La  glande  y  est  bien  developpee  et  separee  tres-nettement  en 
deux  lobes,  I'un  horizontal,  lobe  spienique,  appendu  aux  vaisseaux  du 
meme  nom,  applique  sous  la  forme  d'une  plaque  longue  el  mince  le  long 
dela  face  posterieure  et  du  bord  inferieur  de  I'estomac;  son  epaisseur  est 
de  2  lignes  environ  ;  son  extremite  spienique  n'arrive  pas  jusqu'^  la  scis- 
sure  de  la  rate.  Les  vaisseaux  spieniques  lui  envoient  des  branches  tongues 
et  greles  qui  penetrent  perpendiculairement  le  bord  superieur  de  la  glande; 
I'extremite  duodenale  se  renfle  el  se  reunit  h  angle  droit  avec  le  lobe  ver- 
tical ou  lobe  duodenal ;  celui-ci  plus  court,  plus  large  que  le  precedent, 
suit  tout  le  trajet  du  duodenum  etremplit  presque  tout  le  vaste  repli  m6- 
senterique  qui  fixe  lachement  cet  inlestin  h  la  colonne  vertebrale.  Les  vais- 
seaux mesenieriques  superieurs  passent  enlre  les  deux  lobes ;  ils  envoient 
au  duodenum  des  rameaux  vasculaires  qui,  chemin  faisanl,  abandonnent 
des  ramuscules  au  pancreas. 

Chacun  des  lobes  presente  un  conduit  principal  qui  recoil  les  canaux 
secondaires.  Ces  conduits  se  reunissent  a  1  centim.  de  I'intestin  en  un  seul 
eanal  donl  le  calibre  est  a  peine  aussi  gros  que  celui  d'un  des  conduits 
lobaires  et  qui  s'abouche  avec  le  choledoque  dans  le  pli  de  Vater ;  prts 
de  son  embouchure,  ce  canal  presente  quelques  valvules  qui  obligent  i 
linjecleren  dehors  de  rinleslin. 

Independamraent  de  ce  conduit  principal,  il  en  existe  un  second  d'un 


14/1 
calibre  Ires-pelil,  qui,  d'un  c6l6,  s'ouvre  dans  rinlesliu  eu  avanl  du  pli  dt 
Vater.  dans  une  ampoule  fort  petite,  et  de  Taulre  s'anastomose  avec  un  des 
deux  conduits  lobaires;   il  affects  absolument  la  meme  disposition  que  le 
second  conduit  chez  Thomme,  mais  sa  capacity  est  presque  raicroscopique. 

Le  pancreas  du  chien  m'a  paru  tout  i  fait  semblable  a  celui  du  chat, 
sauf  i  rembouctiure  du  canal,  dans  I'iniestin,  ou  il  pr^sente  une  ampoule 
el  des  valvules,  fait  signal^  d^ja  par  les  auteurs.  Chez  lesdeux  anlmaux  qui 
precedent  la  glande  est  presque  blanche,  plus  pale  que  chez  Thomme. 

J'ai  examine  le  pancreas  du  lapin ;  mes  dissections  confirment  coropl6- 
tement  la  description  qu'en  a  donnte  le  docleur  Bernard ;  je  n'y  insiste  pas; 
malgr6  tous  mes  efforts  je  n'ai  jamais  pu  trouver  qu'un  seul  conduit. 

Le  cobaye  n'en  pr^sente  ^galement  qu'un,  qui  s'ouvre  loin  du  duo- 
denum. 

Cheval.  —J'ai  6tudi6  avec  soin  ce  qui  a  rapport  aux  canaux  pancr^a- 
tiques.  La  glande  est  triangulaire,  k  base  ant^rieure,  longue  de  12  il5  p., 
6paisse  de  presd'un  pouce  en  certains  points;  sa  couleur  est  ros^e,  plus 
fonc^e  que  chez  I'homme.  On  y  distingue  deux  lobes  volumineux  qui  se 
r^unissent  ^  15  ou  20  centim.  du  duodenum.  Lelobe  sup^rieur  ouant6- 
rieur  est  le  plus  long ;  il  repr6sente  le  corps  et  la  queue  du  pancreas  hu- 
main  ;  il  renferme  un  gros  conduit  qui  augmente  progressivementde  vo- 
lume en  recevant  des  branches  sur  tout  son  pourtour,  mais  principale- 
mentvers  ses  bordssup^rieursel  inf^rieurs.  Il  se  r^unit  au  point  indiqu6 
avec  un  gros  conduit  qui  vient  du  lobe  inf^rieur  ou  posterieur.  Celui-ci 
forme  le  sommet  du  triangle  qui  reprdsente  la  glande;  il  est  court,  6pais; 
il  renferme  plusieurs  gros  conduits  a  peu  pres  6gaux  el  parall^lesqui  se  re- 
unissent  en  un  seul  qui  se  r^unit  avec  le  conduit  sup^rieur,  comme  je  I'ai 
deja  dit.  Ce  lobe  repr^sente  le  lobe  duodenal,  mais  seulement  par  analogic. 
Un  pont  de  substance  glandulaire  rdunit  Textr^mite  libre  de  ces  deux  lobes 
qui  laissent  enlre  eux  un  vide,  un  trou  dans  lequel  passe  la  veine  porte  ; 
c'est  le  vestige  de  la  goultiere  signal^e  dans  le  pancreas  humain.  Ce  ponl 
de  substance  glandulaire  rappelle  une  disposition  analogue  qui  existe  chez 

le  chat. 

Le  canal  principal  resultant  de  la  reunion  des  conduits  du  lobe  inf^rieur  el 
de  celui  du  lobe  sup6rieur  semble  la  continuation  de  ce  dernier ;  il  recoil 
peu  de  ramuscules  excr^teurs,  et  n^anmoins  il  est  cach6  par  une  masse  glan- 
dulaire assez  considerable  qui  recouvre  toute  sa  faceanterieure.  Cette  dis- 
position s'explique  facilement.  Le  canal  de  Wirsung,  qui  prdsente  en  eel 
endroil  le  volume  du  doigt  annulaire,  est  long^  par  un  second  conduit  qui 


L 


145 
pr^senle  le  volume  d'une  pelile  plume  d'oie,  el  c'est  lui  qui  recueille  les 
branches  provenant  des  granulations  qui  formeol  la  masse  glandulaire  dent 
je  viensde  parler;  ce  conduit  secondaire  s'abouche,  d'une  part,  soil  dans 
le  canal  de  Wirsuag,  soit  dans  le  canal  excr6teur  du  lobe  spl^nique  ;  d'une 
autre  part,  dans  I'intestin,  en  un  point  marqu6  par  un  bourrelet  muqueux 
saillant,  k  k  cenlim.  en  avant  et  au-dessus  du  pli  de  Vater 

On  le  voit,  dans  le  second  conduit,  communiquer  avec  le  duodenum  et 
avec  les  conduits  glanduiaires  principaux,  el  il  recueille,  cliemin  faisant, 
les  rameaux  qui  nese  jeltenl  point  dans  le  canal  de  Wirsung.  Onreconnail 
bien  I'analogie  que  cette  disposition  offre  avec  ce  que  j'ai  pr6c6demmenl 
d6crit  Chez  riiomme,  et  qui  m'a  paru  assez  remarquable  pour  que  je  roe 
permetle  d'appeler  cette  branche  collat^raie  canal  azygos  pancrealiqiie, 
nom  qui  rappelle  par  analogie  le  role  que  joue  dans  le  syst^me  veineux  la 
veine  azygos. 

Le  petit  canal  que  je  viens  de  d^crire  m'a  sembl6,  dans  deux  cas,  pre- 
senter un  r6tr6cissement  pres  de  son  ouverture,  dans  Tiuteslin.  Dansun 
cas  don t  j'ai  gard6  la  pi6ce,  au  dela  de  ce  relr^cissement  se  Irouve  une 
ampoule  volumineuse;  mais  je  ne  saurais  indiquer  si  cette  disposition  est 
fr^quente. 

J'ai  examine  le  pancreas  sur  plusieurs  animaux,  rat,  herisson,  mouton, 
orvet,  vip^re,  raie,  congre.  J'ai  diss^qu^  6galemenl  un  assez  bon  nombre 
d'appendices  pyloriques  de  poisson  ;  mais  je  n'aipas  pouss6  ces  recherches 
assez  loin  pour  faire  une  histoire  anatomique  complete  de  ces  organes  im- 
porlanls  sur  lesquels  il  resle  k  faire  de  norabreux  travaux. 


RECHERCHES 

L'ffiRITABILITE  MUSCULAIRE 

CHEZ  UN  SUPPUClt  TREIZE  HEURES  APRtS  LA  MORT; 

M6moire  lu  d  la  Soci6le  (i) 

PAR  FE  DOCTEUR  E.  BROWN-Sl&QUARD , 

Laur6at  de  TAcad^mie  des  sciences, 

secretaire  annuel  de  la  Soci^te  philomatique, 

secretaire  de  la  Soci6le  de  Biologie,  etc. 


J'ai  trouv6  recemment  (2)  que  des  muscles  atteints,  depuis  10  k  20 
minutes,  de  la  rigidity  qu'on  appelle  cadav6rique,  pouvaient  perdre  leur 
rigidity  el  redevenir  irritables,  sous  Tinfluence  exerc^e  par  du  sang  circu- 
lant  dans  leurs  vaisseaux.  Ce  fait,  que  j'avais  observe  chez  des  animaux,  je 
viens  de  le  Irouver  aussi  chez  I'homme.  J'ai  eu  Toccasion  de  faire  celle  re- 
cherche sur  le  cadavre  d'un  homrae,  Sg6  de  20  ans,  qui  a  616  guillotine 
mercredi  dernier,  18  juin,  k  huit  heures  du  malin.  J'ai  du  de  pouvoir  dis- 
poser compl6tement  de  ce  cadavre,  i.  M.  Gosselin,  chef  des  travaux  anato- 
miques  de  la  Faculty.  Je  suis  heureux  de  pouvoir  le  remercier  publique- 

(1)  Ce  memoire  a  el6  aussi  lu,  en  grande  partie,  a  rAcademie  des  sciences, 
dans  la  seance  du  23  juin  dernier. 
{V  Voy.  Gaz,  Med.,  1851,  n"  23. 


148 
inent  de  toutes  les  complaisances  qu'il  a  cues  pour  moi  dans  celle  circon- 
stance. 

Bien  que  presque  tous  les  muscles  de  ce  supplicid  fussent  d6ji  roides, 
depuis  plusieurs  heures,  k  7  heures  du  soir,  quelques-uns  conservaient  en- 
core de  l'irrilabilil6.  Un  des  membres  sup6rieurs,  sur  lequel  je  me  propo- 
sais  d'exp^rimenter,  avail  presque  tous  ses  muscles  rigides  t  I'^pauie,  au 
bras  el  a  I'avanl-bras.  Dans  ces  parlies  trois  muscles  seulement  avaient  en- 
core de  I'irrilabilil^ ;  c'^laient  les  sus  et  sous-epineux  et  quelques  faisceaux 
du  triceps. 

A  6  heures  10  minutes,  des  traces  d'irritabiiit^  s'^taient  encore  montr6es 
dans  les  muscles  de  la  main  ;  ^  7  heures,  je  n'en  Irouvai  plus. 

A  8  heures,  les  sus  et  sous-4pineux,  ainsi  que  quelques  parties  du  tri- 
ceps, avaient  encore  des  traces  d'irritabiUt^.  A  8  heures  25  minutes,  ils 
n'en  avaient  plus,  et  la  rigidity  y  existait  k  un  degr6  tr6s-prononc6. 

Je  commensal  I'exp^rience  de  I'injection  du  sang  dans  une  partie  de  ce 
membre  k  9  heures  10  minutes. 

Voulant  faire  une  injection  de  sang  humain  frais  et  ne  pouvant  pas  m'en 
procurer  dans  les  hopitaux  a  I'heure  qu'il  6lait,  je  me  fis  lirer  environ  une 
demi-livre  de  sang  par  mes  amis,  MM.  Fr^d^ric  Bonnefin  et  le  docleur 
Deslauriers.  Ce  sang  fut  battu  et  tolalement  defibrin6,  puis  pass6  a  travers 
un  linge. 

L'exp^rience  m'ayant  appris,  contrairemenl  a  I'opinion  g^n6rale,  que 
s'il  y  a  des  avantages,  dans  les  transfusions,  a  employer  du  sang  maintenu 
k  une  temperature  voisine  de  celle  des  animaux  k  sang  chaud,  il  y  a  aussi  k 
cela  des  inconv^nients  notables,  j'ai  laiss6  librement  k  I'air,  pendant  lout 
le  temps  qu'ont  dur6  les  injections,  le  sang  dont  j'ai  fait  usage.  La  lempd- 
ralure  de  I'air  6lait  de  19°  c;  je  regrette  de  n'avoir  pas  pris  celle  du  sang 
au  moment  ou j'ai  commence  les  injections;  elle  devail  6lre  a  peu  prtela 
m6me  que  celle  de  I'air  ambiant. 

J'avais  eu  le  desir  de  faire  I'injection  par  I'art^re  hum^rale  et  d'essayer 
par  U  de  rappeier  I'irrilabilit^  dans  les  muscles  de  I'avanl-bras  et  de  la 
main  ;  mais  craignanl  de  n'avoir  pas  assez  de  sang  pour  arriver  k  ce  r^sul- 
lal  el  de  perdre  ainsi  le  benefice  de  la  circonslance  exceplionnelle  qui  me 
permettail  d'agir  sur  I'homme,  je  me  r^solus  k  limiler  I'injection  aux  ar- 
Iferes  de  la  main.  Le  sang  fut  pouss6  dans  I'arlere  radiale,  k  quelques  centi- 
metres au-dessus  du  poignet.  L'injection  a  6t6  d'abord  faileavec  une  assez 
grande  Vitesse ;  elle  a  il€  ensuite  faite  lentement. 

La  lolaliie  du  sang  fut  inject^e  dans  I'espace  de  8  i  10  minutes,  pendant 


iesquelles  rinjeclion  fut  inlerronipue  el  reprise  plusieurs  fois.  Tons  les 
vaisseaux  ouverls,  arleriels  ou  veineux,  h  I'^paule,  au  bras  el  a  ravant-bras, 
donnaienl  du  sang.  Quoique  veineux,  le  sang  injecte  dtait,  comme  on  le 
pense  bien,  devenu  d'un  rouge  vif  par  Paction  de  I'air ;  il  sorlait  noir  des 
veines.  L'artere  cubilale,  qui  avail  el6  li6e  ^  5  ou  6  centim.  du  poignet, 
ayanl  616  piqu6e  au-dessous  de  la  ligature,  laissa  6conle,r  du  sang  d'nn 
rouge  noiralre,  niais  moios  noir  que  celui  qui  s'echappait  des  veines. 
M'dtanl  assure  de  ce  fait,  je  fis  une  seconde  ligature  a  la  cubilale,  au-dessous 
de  la  piqure,  afin  d'empecher  la  sortie  du  sang  par  celle  voie. 

Dans  les  premiers  instants,  ces  differences  de  coloration,  entre  le  san^ 
qui  sortail  el  celui  qui  enlrait,  onl  pu  d^pendre  de  ce  que  le  sang  entrant 
a  chasse  devant  lui  du  sang  noir  se  Irouvanl  dans  les  vaisseaux  de  la  main 
sur  laquelle  j'expdrimenlais;  mais  comme  ces  differences  de  coloration  onl 
exisie  pendant  tout  le  temps  ou  les  injections  onl  616  failes,  il  est  incon- 
testable que  le  sang  que  j'injeclais  subissait  dans  la  main  un  changement 
en  verlu  duquel  sa  couleur  se  modiliait.  A  regard  de  ce  changement  de 
couleur,il  se  produisail  dans  celle  main  decadavre  le  m^me  ph6nom6ne  que 
celui  qui  a  lieu  dans  une  main  d'homme  vivant. 

Ayant  recueiili  presque  tout  le  sang  qui  s'6lait  6coul6  pendant  les  injec- 
tions dontje  viens  de  parler,  je  jugeai  convenable  de  m'en  servir  pour  I'in- 
jecter  de  nouveau.  II  etail  redevenu  rouge  par  Taction  de  Pair,  el  apres 
avoir  pass6  encore  une  fois  par  les  vaisseaux  de  la  main,  il  en  sortil  uoir, 
surloul  par  les  veines,  comme  prec6demment.  A  plusieurs  reprises,  j'ai  re- 
injects le  sang  qui  etail  recueiili  lorsqu'il  s'echappait  des  vaisseaux. 

La  premiere  injection  ful  commencee  k  9  heures  10  minutes;  la  derniere 
fut  terminee  a  9  heures  Zi5  minutes.  U  s'ecoula  done  35  minutes  depuis  le 
commencement  de  la  premiere  jusqu'^  la  fio  de  la  derniere  injection.  Le 
temps  propre  aux  injections  pendant  ces  35  minutes  a  ete  de  10  a  15  mi- 
nutes. 

Dix  minutes  apres  avoir  termine  la  derniere  injection,  c'est-4-dire  ;'i 
9  heures  55  minutes,  ou  13  heures  55  minutes  apres  la  decapitation,  je 
constalai  que  rirrilabiiile  musculaire  etail  revenue  dans  la  main  sur  la- 
quelle j'operais. 

A  10  heures,  ayant  mis  a  nu  presque  entierement  tous  les  muscles  de 
celle  main,  je  trouvai  qu'its  presentaienl  les  differences  suivanles  a  regard 
de  leur  irrilabiliie. 

Douze  muscles  elaient  tres-irritables.  Dans  ce  nombre,  ceux  qui  retaienl 
le  plus  eiaienl  le  pahnaire  culane  el  deux  des  lombricaux,  le  premier  el  k 

11 


loO 
troisieme ;  ensuile  venaienl  les  deux  aulres  lombricaux,  puis  lous  les  inter- 
osseux.  Quatre  muscles,  bien  qu'assez  vivemenl  irrilables,  I'^taienl  moins 
que  les  precedents :  c'^laient  le  court  abducteur  du  pouce  et  les  trois 
muscles  du  petit  doigt.  II  y  avail  encore  un  muscle  irritable,  mais  i  un  lr6s- 
faible  degr6 :  c'^tait  I'opposant  du  pouce.  Sur  19  muscles  qui  existent  i  la 
main,  2  seuls  n'avaient  retrouvd  aucune  trace  d'irritabilit6  :  c'6laienl  le 
court  flechisseur  et  I'adducteur  du  pouce. 

Comment  s'expliquer  que  certains  muscles  soient  redevenus  irri  tables  et 
que  d'autres  ne  le  soient  pas  redevenus  ?  Peut-6tre  y  avait-il,  dans  les  vais- 
seaux  de  ces  derniers  muscles,  du  sang  coagule,  qui  s'esl  oppose  au  pas- 
sage du  sang  que  j'injectais.  Peut-etre  aussi,  par  une  anomalie  qui  se  ren- 
contre quelquefois,  une  ou  plusieurs  des  art^res  du  pouce  naissaient  de  la 
radiale,  au-dessus  de  Tendroit  ou  se  faisait  Tinjection,  de  sorte  que  le  pouce 
ne  pouvait  recevoir  qu'une  tres-minime  quantity  du  sang  injects. 

Apres  les  muscles  du  pouce,  ceux  du  petit  doigt  sont  ceux  qui  ont  repris 
le  moins  d'rritabilit^.  L'explicalion  de  ce  fait  se  Irouve  probablement  en 
ceci  que  I'injection  a  6t6  faite  par  I'art^re  radiale,  et  que  par  cette  voie  il 
n'a  du  arriver  au  bord  cubital  de  la  main  qu'une  quantite  de  sang  moindre 
que  dans  les  autres  parties  de  cet  organe.  Je  regrette  de  n'avoir  pas  fait  faire 
rinjeclion  du  sang  a  la  fois  par  I'art^re  radiale  et  par  Tartfere  cubitale. 

Nonobstant  ces  differences,  les  rdsultats  que  j'ai  obtenus  sont  dteisifs  ; 
ils  ddmontrent  que  chez  Thomme  aussi  bien  que  chez  les  animaux,  des 
muscles  atteints  de  rigidity  cadav^rique  peuvent,  sous  Tinfluence  exercee 
par  du  sang  injects  dans  leurs  vaisseaux,  cesser  d'etre  rigides  etredevenir 
irritables.  Sur  les  19  muscles  de  la  main,  12,  c'est-a-dire  pr^s  des  deux  tiers, 
sont  redevenus  trte-irritables,  et  3  surlout  a  un  tel  degrd  qu'ils  se  contrac- 
taient  dans  toute  leur  longueur  sous  une  simple  excitation  m^canique. 

J'ai  constate  I'etat  de  I'irrilabilite  des  muscles  de  la  main  avant  et  apres 
I'injection  du  sang,  par  un  meme  proc^de.  J'enfon^ais  des  aiguilles  dans 
les  muscles  ix  travers  la  peau,  et  apres  avoir  mis  les  conducteurs  d'un  ap- 
pareil  eiectro-magneiique  puissant  en  rapport  avec  ces  aiguilles  je  faisais 
passer  le  courant. 

En  operant  de  cette  manierc,  j'ai  Irouve,  pour  la  derniere  fois  avant  les 
injections,  a  6  heures  10  minutes,  des  signes  d'irritabilite  dans  les  muscles 
de  la  main.  Par  un  autre  examen  fait  a  7  heures  30  minutes,  je  n'en  ai  pas 
trouve. 

A  9  heures  55  minutes,  c'est-oi-dire  10  minutes  apr^s  la  derniere  injec- 
tion, j'ai  constate  par  le  meme  procede  le  retour  de  i'irrilabiliie.  II  y  avait 


151 
au  rnoins  deux  heures  et  deniie  qu'elle  avail  disparu,  mais  peut-Slre  aussi 
^tait-elle  revenue  depuis  pr^s  d'une  demi-heure. 

A  8  lieures  25  minutes,  Irois  quarts  d'heure  avant  de  commencer  les  in- 
jections, ne  pQuvant  rfeisler  a  mon  d6sir  de  constaler  de  visu  s'il  y  avail  en- 
core des  traces  d'irrilabilit^  dans  les  muscles  de  la  main,  et  n'osant  pas  en 
mettre  plusieurs  ci  nu,  dans  la  crainte  de  couper  des  vaisseaux  qui  auraient 
laiss6  s'^couier  le  sang  injects,  j'ai  mis  a  d^couvert  I'un  des  muscles  inter- 
osseux  dorsaux.  II  ne  possMail  plus  la  moindre  irritability.  A  10  heures,  un 
quart  d'heure  aprfes  la  derniere  injection,  je  Irouvai  le  meme  muscle  trfe- 
manifestement  irritable.  Trois  heures  apr^s,  c'est-a-dire  a  une  heure  du 
matin,  I'irritabilil^  yexistait  encore.  Elle  ne  disparut  qu'4  une  heure  un 
quart. 

U  est  tres-difficile  de  s'assurer  de  I'existence  de  la  rigiditd  cadav6rique 
dans  les  muscles  de  la  main.  Pour  les  lombricaux,  pour  le  palmaire  cutan^, 
cela  nous  parail  mfeme  impossible.  Tant  que  la  peau  n'est  pas  enlev6e,  ce 
n'est  qu'aux  muscles  du  pouce  et  du  petit  doigl  qu'il  est  possible  de  recon- 
nailre  si  la  rigidity  existe.  Il  faul  pour  cela  couper  les  muscles  de  Tavanl- 
bras  qui  envoient  des  tendons  a  ces  doigts,  et  puis  chercher  si  Ton  peut, 
sans  resistance,  imprimer  ck  ces  doigts  tous  les  mouvemenls  qu'ils  peuvent 
faire  sans  Sire  arret^s  par  les  obstacles  m^caniques  que  prdsenlenl  les  liga- 
ments el  les  capsules  articulaires.  C'est  ainsi  quej'ai  faitcelte  recherche,  et 
j'ai  vu,  vers  huit  heures  et  demie,  que  le  pouce  pouvait  ci  peine  etre  mis  en 
mouvement,  et  que  le  pelil  doigt  elait  aussi  en  partie  arrets  par  la  roideur 
de  ses  muscles. 

Apres  les  injections,  le  petit  doigt  est  devenu  Ires- mobile,  etle  pouce  a 
lui  aussi  retrouv^  presque  toute  sa  souplesse.  II  rteuUe  done  de  la  que 
•quelques-uns,  au  moins,  des  muscles  de  la  main  6lanl  rigides,  onlcess6de 
I'fitre  sous  Tinfluence  d'une  injection  de  sang. 

A  minuit,  lous  les  muscles  de  la  main  qui  avaient  r^acquis  de  rirrilabi- 
IM,  k  I'exception  de  I'opposant  du  pouce,  la  poss^daient  encore  d  un  degr6 
assez  considerable.  Une  heure  aprfes,  les  muscles  du  petit  doigt  6taient  a 
peine  irrilables,  ainsi  que  le  court  abducteur  du  pouce ;  les  interosseux,  les 
lombricaux  etle  palmaire  cutan6  6taient  encore  assez  vivement  irritables.  A 
une  heure  et  demte  du  matin,  dix-sept  heures  et  demie  apr^s  la  dteapita- 
lion,  il  y  avail  encore  des  traces  d'irritabilit6  dans  les  muscles  lombricaux  et 
dans  le  palmaire  cutan6 ;  il  n'y  en  avail  plus  dans  les  interosseux. 

Malheureusement  il  me  fut  absolument  impossible  de  continuerplus  long- 
temps  cetterecherche,etjene  pus  savoir  jusqu'tk  quelle  heure  les  lombricaur 


152 
«t  le  palmaire  onl  ele  irritables.  Mais  il  y  a  lieu  de  pitisumer  que  ce  n'a  gu^re 
He  qn'une  demi-heure  ou  trois  quarts  d'heure  au  plus,  aprte  rinterruplion 
(le  tnes  observations. 

A  G  lieures  du  matin,  le  lendemain  de  la  dfcapitalion,  je  trouvai  de  nou- 
veau  de  la  rigidity  crdaverique,  a  un  faible  degr6,  dans  les  muscles  du  petit 
doiglel  du  pouce. 

En  comparant  les  rdsultats  de  celte  experience  faile  siir  rhorarae  avec  les 
r^sultats  de  mes  experiences  sur  les  animaux,  mentionn6s  dans  ma  commu- 
nication du  9  juin  dernier  k  I'Acaddmie  des  sciences  (1),  on  Irouve  des  dif- 
ferences notables  et  qu'il  importe  de  signaler. 

Sur  les  oadavres  des  animaux  dela  premiere  s^rie  d'exp^riences,  I'irrila- 
biliie  a  dure  depuis  une  demi-heure  jusqu'a  trois  lieures  apr^s  la  mort, 
el  d'autantpUis  tard  que  I'aniraal  elait  plus  vigoureux  (2).  Dans  les  aulres 
series  d'exp6riences,  Tirritabiliie  des  muscles  priv^s  de  circulation  sanguine 
a  mis  d  disparaftre,  dans  un  cas,  12  minutes  seulement,  dans  d'autres  rie 
20  a  GO  minutes  environ.  Pour  ces  dernieres  experiences,  j'ai  choisi,  en 
general,  des  animaux  peu  vigoureux,  afin  de  n'avoir  pas  a  altendre  long- 
temps  la  cessation  de  Tirritabilite  el  Tapparition  de  la  rigidite. 

Chez  rhomme,  rirritabilite  dans  les  muscles  de  la  main  a  dure  au  moins 
10  heures  10  minutes  (de  8  heures  du  matin  a  G  heures  10  minutes  du 
f.oir),  ft,  au  -plus,  12  heures  25  minutes  (de  8  lieures  du  matin  a  8  heures 
25  minutes  du  soir,  moment  ou  j'ai  vu  qu'il  n'y  avail  pas  la  plus  legere  trace 
d'irrilabiliie  dans  I'un  des  muscles  interosseux  mis  a  nu).  C'est  dans  cet  in- 
tervalle,  de  10  heures  10  minutes  k  12  heures 25  minutes,  apres  la  raort,  que 
Pirritabilite  a  disparu. 

Ces  muscles  d'une  main  d'homme  onl  done  differe  des  muscles  des  ani- 
maux sur  lesquels  j'ai  experimente,  par  la  tres-longue  duree  de  leur  irrila- 
bilite  apres  la  cessation  de  la  vie,  ou  mieiix,  de  la  circulation.  lis  en  ont 
aussi  diliere  par  la  duree  jilns  considerable  de  leur  rigidite  avant  rinjection 
du  sang.  Deux  aulres  differences  digues  d'etre  mentionnees  onl  encore 
existe  entre  ces  muscles  d'homme  el  ceux  des  animaux.  Les  premiers  onl 
recu  du  sang,  rougi  k  I'air,  mais  veineux,  et,  de  plus,  defibrine  par  le  bat- 
tage ;  ce  sang  a  eie  lance  tres-irregulierement  a  I'aide  d'une  seringue.  Les 
seconds  onl  reqa  du  sang  arieriel  normal,  lance  par  le  coeur  d'un  animal 


(1)  Gaz.  Med.  de  Paris,  1861,  n"  23. 

(2)  J'ai  vu  quelquefois  rirritabilite  duier  sept  ou  huit  lieures  apr^s  la  movt 
clip?,  (les  lapins  el  des  cochons  d'Inde  tres-vicourcux. 


153 
de  m6me  esp^ce.  Malgr6  toules  ces  circonslances  d6favorables,  Tirritabilild 
est  revenue  dans  !es  muscles  de  la  main  d'liomme.  Qu'est-ce  qui  I'y  a  fait 
revenir?  Ce  n'esl  pas  la  fibrinede  la  liqueur  du  sang,  puisqu'elle  6lait  en- 
levee.  Esl-elle  revenue  par  suile  d'une  action  de  I'albumine,  ou  des  sels,  ou 
des  globules,  ou  du  serum  seul,  ou  du  s6rum  et  des  globules  a  la  fois,  ou 
bien  enfin,  par  suite  d'une  action  de  I'oxyg^necontenu  dans  le  sang  injects? 
Je  ne  saurais  r^soudre  aujourd'hui  ces  questions,  mais  je  puis  dire  que, 
(juelle  que  soil  la  part  de  I'oxygene,  dans  la  reproduction  de  I'irritabilit^ 
niusculairc,  il  en  a  une  inconleslablemenl.  J'en  donnerai  les  preuves  dans 
un  prochain  m^moire. 

Le  lendemain  de  la  decapitation  du  crimiiiel  sur  lequel  j'ai  experimenle, 
a  11  lieures  et  deinie  du  matin,  j'ai  essaye  une  seconde  fois  de  faire  revenir 
de  I'irrilabilite  dans  des  muscles  alleinls  de  rigidile.  J'ai  fait  colte  nouvelle 
recherche  sur  le  pied  de  ce  supplici6  ;  le  sang  employe  dtait  du  sang  hu- 
niain  dt5fibrin6  par  le  batlage  et  recueilli  2  heures  avant,  par  M.  Bonnelin, 
a  I'hopilal  de  la  Charite,  a  la  consullalion  de  M.  Uayer.  Le  r^sullat  a  (5te 
compl^tement  nul ;  aussi  ne  donnerai-je  aucun  autre  detail  de  I'esperience 
que  celui-ci.  Le  sang  injecle  6lail  rouge;  il  revenait  noiraire  par  les  veinos, 
mais  bien  nioins  foncd  que  dans  I'exp^rience  de  la  veille  au  soir. 

En  resume,  j'ai  trouv6,  sur  un  liomme  d(^capil6  depuis  plus  de  treize 
lieures,  que  des  muscles  de  la  main,  sous  I'influence  exerc^e  par  du  sang, 
delibrind  par  la  batlage  el  injecle  dans  leurs  arteres,  onlpu  —  apr^s  avoir 
perdu  leur  irrilabilile  depuis  au  moins  deux  heures,  et  elan  I  atleints  de  ri- 
gidit6  cadav(5ri;!ue  depuis  environ  une  lieure  el  demie  —  cesser  d'clre  ri- 
gides  el  redevenir  irrilables  pendant  plusieurs  heures. 

En  d'aulies  termes,  il  a  suffi  d'environ  une  demi-livre  de  sang  humain,. 
d^librin^,  pour  donnor  de  I'irrilabilile,  a  un  assez  haul  degr6,  pendant 
deux,  Irois  ou    qualre  lieures,  ii    dix-sept    des    muscles  d'une    main 
d'hommc. 


&; 


MEMOIRE 

SUR  UNE  VARIETE  NOUVELLE 


DE 


TUMEUR  SANGUINE  DE  LA  VOUTE  DU  CRANE 

SUITE  DE  LESION  TRAUMATIQUE, 
Lu  ii   la  Societe  de  Biolojjle  tie  Paris,  stance  du  15   novembre   I85i, 

Par  le  Docteur  GUSTAYE  DUEOUR  , 

Membre  correspoiidaiit, 
mcdeolo  mllilalre  de  I'lIOlel  national  dcs  Invalidos. 


OBSERVATION 

Recueillie  dans  le  service  de  m.  le  docteur  hutin, 

Chirurgien  ea  chef  de  I'lnflraierie  de  I'Hdtel  aational  des  Invalides. 

Achille-Maximilien,  marquis  de  Walmener,  comte  d'lgnerhemm,  ne  k  Pa- 
ris, en  1770,  entra  au  service  en  1792,  comme  volontaire,  dans  le  regiment 
d'Angouleme  (infanterie).  En  1799,  en  montant  a  I'assaut  pour  prendre  une  re- 
doute,  dans  le  Piemont,  il  rc<jut  d'un  Autrichien  un  coup  de  crosse  de  fusil  sur 
ia  partie  laterale  droile  du  front,  a  3  centimetres  environ  de  la  ligne  mediane. 
^tourdi  sur  le  coup,  il  fut  emporte  du  champ  de  balaille,  et  rcsta  prts  de  vingt- 
quatre  heures  sans  connaissance.  Quand  il  rcprit  ses  sens,  il  se  trouvait  couche 
dans  nn  lit  d'hopital,  ct  sa  tctc  ctait  cnveloppeed'un  apparcil^  Quclques  lours 


156 

.ipres,  loute  sa  raison  avail  reparu,  et  il  put  se  rendre  compte  de  son  (ilat.  Lc 
chirurgien  qui  le  soignait  lui  apprit  qu'il  avail  une  fracture  au  crane  etque  la 
lesion  elait  fort  grave ;  il  n'existait  aucune  plaie  aux  teguments,  mais  on  scntait 
sous  la  peau  contuse  une  forte  depression.  Pendant  pres  d'une  annee,  il  sejourna 
Jans  differents  hopitaux;  il  n'a  pu  donner  aucun  renseignement  precis  sur  les 
motifs  de  ce  sejour  prolonge  ni  sur  les  divers  modes  de  tiaitement  auxquels  il  fut 
soumis;  il  se  souvicnt  seulement  que  partout  on  lui  a  fail  appliquer  une  lame 
de  plomb  sur  la  partie  contuse. 

l.e  resultat  ultime  de  cettc  blessure  fut  une  infirmite  qui  empecha  Walmener 
de  pouvoir  poursuivre  la  carriere  des  armes.  Quand  il  se  penchait,  la  tetc  incli- 
nee  vers  le  sol,  il  sentait  se  former  sur  le  lieu  mcme  de  sa  blessure  une  grosseur 
dir  volume  d'une  noix,  de  couleur  violacee,  laquelle  disparaissait  d'elle-menie 
des  qu'il  redressait  la  tete.  Apr^s  avoir  joui  d'une  pension  militaire  dans  des  po- 
sitions sociales  tres-diverses  (marchand  de  tabac,  concierge,  etc.},  il  sollicita  son 
admission  a  I'Hotel  des  Invalides,  et  I'oblint  en  1844. 

En  ]S47,  le  chirurgien  en  chef,  M.  Hutin,  soumit  -i  une  inspection  chirurgi- 
rale  rigoureuse  tous  les  debris  vivants  de  nos  batailles;  rinfirmite  de  Walmener 
frappa  vivement  son  attention;  il  s'en  fit  raconter  I'origine,  et,  k  la  suite  du 
commemoratif  que  je  viens  de  rapporler,  il  consigna  les  reflexions  suivantes  sur 
I'etat  actuel  :  pas  de  cicatrice  apparente,  depression  ossense  tres-sensible,  elle 
est  sans  doute  le  resultat  de  I'absorption  d'une  partie  du  diploc  et  du  rapproche- 
ment des  lames  de  I'os  frontal ;  la  poche  qui  se  forme  aux  depens  de  la  peau  fort 
a;nincie  n'est  pas  apparente  quand  le  militaire  est  debout,  assis  ou  couche  sur 
Je  dos  ;  mais,  des  qu'il  se  baisse  en  avant,  de  maniere  k  inclincr  le  front  vers  le 
sol,  cette  poche  apparait  et  acquiert  le  volume  de  la  moitie  d'un  ceuf;  elle  est 
livide  et  semble  formee  par  un  papier  de  sole  qui  va  laisser  exsuder  iesangj 
f.irmee  sans  doule  comme  se  forment  les  kystes  sur  les  parlies  contuses,  de- 
pend-elle  d'une  communication  avec  le  sinus  longitudinal  superieur  ou  autre? 
C'est  ce  qu'il  sera  curieux  de  voir  a  I'autopsie. 

M.  Hutin  n'a  pas  remarque  que  la  lumeur  fiit  lc  siege  dc  pulsations,  ni  que  la 
respiration  influat  en  rien  sur  son  evolulion  exterieure.  Du  resle,  il  ne  I'a  jamais 
observee  plus  d'une  demi-minule  i  une  minute,  a  cause  des  vertiges  qui  accom- 
pagnaient  sa  formation. 

U'apres  des  renseignemrnts  que  j'ai  pris  aupres  de  personnes  qui  le  voyaient 
souveot,  re  vieillard  a  toujours  joui,  depuis  son  entree  k  I'Holel,  de  la  plenitude 
de  ses  sens;  malgre  ses  81  ans,  il  pouvait  encore  lire  sans  lunettes;  sa  parole 
elait  nette  et  bien  articulee  ;  il  avail  I'liumeur  tres-gaie,  il  plaisanlait  meme  sur 
son  inlirmile,  il  n'usait  presque  jamais  d'une  plaque  d'argcnl  qui  lui  avail  cte 
donnee  pour  proteger  la  region  malade ;  sa  main  etait  son  instrument  de  com- 
pression ou  de  reduction  dc  cette  varietd  singuliere  de  hernie.  Tl  racontait  sou- 
vent  que  le  baron  Larrcy  lui  avail  dit  que,  s'il  lui  prenail  fantaisic  de  se  delivrer 
(le  rexistcnce,  il  lui  sudirail  dc  piquor  iwc  nnf  rpins'c  la  poche  p'cine  de  sang. 


157 
On  a  rernar.iue  aiissi  qu'il  uiiiiail  beaucoup  a  prolonger  ses  Iieures  de  sommeil. 
II  faisait  regulierement  sa  promenade  quotidienne,  mangeait  et  buvait  comme  un 
vieillard  en  parfait  elat  de  conservation. 

Le  28  octobre  1861,  il  est  admis  a  rinfirmerie,  salle  la  Valeur  (service  des 
blesses),  pour  un  eiysipele  du  cou  et  de  la  parlie  supericure  du  thorax  complique 
(le  bionchite  chronique.  Maigre  un  traitement  eneigique  (emissions  sanguines; 
vesical. ;  pot.  keim.),  la  maladie  a  suivi  falalemenl  son  cours;  la  muit  a  eu  lieu 
le  3  novembre. 

Necropsie  le  5  novembre,  3G  heures  apres  la  mort. 

L'examen  du  lliorax  a  fait  decouvrir  quelques  adherences  pleurales  des  deux 
cdtes,  sans  lesion  organique  des  poumons. 

Le  ccEur  etait  gras,  le  ventricule  gauche  hypertiophie  ;  sa  parol  ollre  3  centi- 
metres environ  d'epaissenr  pres  de  la  cloison  interventriculaire. 

Les  orifices  et  les  valvules  sont  dans  I'etat  normal. 

L'aoi  te  est  inliltroe  de  plaques  cartilagineuses,  sans  dilatation  sensible ;  son  ca- 
libre est  rempli  par  un  enorme  caillot  fibrineux  qui  se  continue  dans  les  caro- 
tides  et  les  sous-clavieres. 

L'erysipele  n'a  pas  laisse  de  traces  visibles. 

Le  crane  n'oITre,  a  I'exterieur,  ni  dimensions,  ni  saillies  anormales.  Sur  le 
front,  k  2  centimetres  au-dessous  de  la  racine  des  cheveux,  et  a  droite  de  la  ligne 
mediane,  on  remarque  un  petit  espace  cutane  ayant  2  centim.  environ  de  dia- 
mctre,  distinct  du  reste  de  la  peau  par  sa  coloration  legerement  rosee,  sa  finesse 
et  son  fioncement  particulier.  II  correspond  a  une  depression  osseuse  tres -sen- 
sible au  toucher.  En  inclinant  la  tote  du  cadavre  dans  une  position  tres-declive, 
j'ai  vainenient  essaye  de  reproduire  le  phenomine  qui  se  produisait  si  facilement 
sur  cc  point  du  crane  pendant  la  vie. 

Le  cerveau  est  sain,  de  consistance  ferme,  sans  traces  de  foyers  apoplecliques 
r6cents  ou  anciens;  les  substances  blanche  et  grise  sont  tres-dislinctes  I'une  de 
I'autrc.  Le  lacis  vasculaiie  de  la  pie-mere  est  sans  infiltration,  mediocrement 
injecte;  il  est  facile  a  detacher  des  circonvolutions  cerebraies,  meme  de  celles 
qui  correspondent  a  la  lesion  exterieure.  II  n'en  est  pas  de  meme  du  rapport  des 
membranes  entre  elles  ;  a  3  cent,  de  la  (aux  du  cerveau,  du  cote  droit,  le  feuillet 
visceral  de  rarachnoide  double  par  le  reseau  de  la  jiie-merc  est  adherent  avec  le 
feuillet  parietal  et  avec  la  dure-mere;  en  tiraillant  ces  liens  pathologiques,  on 
fait  ecouler  de  petites  gouttelettes  de  sang  dans  la  cavite  arachnoidienne.  Jusqu'a 
ce  meme  point  la  dure-mere  est  facilement  separable  de  ia  face  interne  de  la 
boite  osseuse;  a  3  centim.  de  la  faux,  le  decollement  ne  pent  s'operer  sans  rup- 
ture de  liens  anormaux  se  confondant  avec  ceux  observes  du  cotede  I'arachnoide; 
alors  on  decouvre  du  cote  de  la  dure-mere  plusieurs  points  rougealres  qui  pa- 
raissent  etre  des  orifices  de  vaisseaux  lieants,  du  cole  de  I'os,  et  vis-a-vis  de  ces 
bouches  vasculaires,  de  petites  solutions  de  continuite  aux  depens  des  tables  dc 
I'os.  Si  Ton  verse  de  I'eau  dans  cr  petit  espace,  on  la  voif  fillier   premptenienl 


168 
sous  le  tegument  exleiieur  doiit  la  parlie  amincie  se  laisse  dislendie  facilenifiil, 
Si  on  fait  egoulter  du  liquide  sur  les  membranes  exaclement  superposees,  il  ne 
filtre  plus  au  dehors.  L'injection  d'eau  et  rinsulllation  d'air  par  le  sinus  longi- 
tudinal superieur,  aussi  Lien  que  I'introduclion  de  soies  de  pore  dans  les  ca- 
naux  veineux  emanesdu  meme  sinus  et  leur  penetration  jusqu'au  foyer  de  la  le- 
sion ont  demontre  qu'il  existait  une  communication  palhologique  de  ce  reservoir 
sanguin  avec  les  pertuis  osseux,  et  par  suite  avec  le  tegument  extiirieur.  Je  ne 
dois  pas  oublier  de  noter  que  le  calibre  du  sinus  m'a  paru  etre  un  peu  exagere 
et  qu'il  etait  rempli  par  un  long  caiilot  fibrineux  rougealre. 

L'examen  anatomique  de  la  peau  amincie  m'a  fait  voir  que  de  la  couclie  flbro- 
musculaire  partent  des  prolongements  fibreux  tr^s-tenus,  des  trabecules,  des 
lilaments  assez  analogues  aux  petils  cordages  des  valvules  du  coeur;  ces  filaments 
se  fixent  circulairement  au  perioste  sur  lepourtourd'une  depression  qui  occupe 
une  largeur  de  5  centim.  sur  2  centim.  et  demi  de  hauteur;  elle  est  tapissee  par 
un  perioste  mince,  tres-celluleux,  se  continuant  avec  les  filaments  que  je  viens 
de  decrire.  Lepourtour  de  la  depression  est  forme  par  un  epaississement  notable 
du  tissu  compacte;  le  centre  correspond  a  une  portion  d'os  tres-amincie,  tr^s- 
rarefiee.  Une  saillie  de  tissu  compacte  la  divise  en  deux  enfoncements,  I'un  a 
gauche,  s'etendant  un  peu  au  deia  de  la  ligne  mediane  du  frontal,  il  est  rugueux, 
parsemede  petits  trous  lorgnes,  I'autre  du  cole  droit,  le  plus  etendu,  correspon- 
dant  a  I'amincissement  cutane ;  k  ce  niveau,  os  et  peau  sont  pour  ainsi  dire  trans- 
lucides,  mais  la  lamelle  osseuse  est  en  outre  criblee  de  trous  etcompletement  de- 
pouillee  de  I'element  vasculaire  (diploe).  Aucune  saillie  intra-cranienne  ne  repond 
a  la  depression  ext6rieure.Ilestdignede  remarquequela  suture  mediane  du  frontal 
est  visible  au-dessus  et  au-dessous  de  la  lesion  osseuse,  et  qu'elle  n'est  plusdis- 
tincte  sur  la  surface  alteree.  Enfin,j'ai  note  ledefaut  de  coussinet  graisseux  et  de 
tibres  muscuiaires  sous  la  section  de  peau  amincie  correspondante  ii  la  depres- 
sion ;  le  derme  rareQe  est  seulement  renforce  par  une  sorte  de  feutrage  de  tissu 
libreux  lamellaire,  tres-fln,  tr6s-delie. 

Le  fait  dont  je  viens  d'exposer  riiisloire  clinique  et  n6croscopique  m'a 
paru  digne  d'etre  soumis  t  raltention  de  mes  confreres  de  la  Soci6l6  de 
biologie.  Il  s'agit,  en  effet,  d'une  lesion  grave  en  elle-nieine,  et  pourtant 
pass^e  a  I'^tat  de  simple  infirmity,  et  restee  telle  pendant  plus  d'un  demi- 
si^cle,  lesion  dont  le  diagnostic  precis  pendant  la  vie  n'avait  pu  elre  porl6 
que  sous  forme  dubitative,  et  dont  il  est  difficile,  rceme  apr6s  Tinvestiga- 
tion  sur  le  cadavre,  d'^labiir  la  succession  palhogdnique  et  la  valeur  noso- 
logique. 

En  presence  d'un  fait  morbide  qui  vient  a  surgir  avec  certains  caract^res 
nouveaux  ou  exlraordinaires,  I'analyse  scienlifique  doit  chercher  a  ^luci- 
der  les  divers  probl^mes  que  ce  fait  peut  soulcver.  En  m^ditant  I'observa- 


159 
{ion  prte6denle,  on  Irouverait  saus  doute  plusieurs  points  susceplibles 
d'examen  et  de  discussion ;  je  me  bornerai  a  6mettre  quelques  reflexions 
sur  la  nature,  sur  le  rang  nosologique  et  enfin  sur  la  valeur  historique 
de  I'^tat  niorbide  que  j'ai  d^cril. 

1°   NATURE    DE    L'AFFECTION. 

Ces  mols  signifient  pour  nous  «  une  ou  plusieurs  conditions  spdciales 
dans  la  cause,  le  symptome  ou  la  lesion.  » 

Comme  condition  ^liologique  parliculi^re  que  trouvons-nous  dans  le 
commdmoratif?  L'aclion  d'un  Iraumatisme  violent  remontant  a  une  epo- 
que  trfes-reculee,  h  plus  de  cinquante  aus ;  ^videmment  la  contusion  du 
front  par  un  coup  de  crosse  de  fusil,  telle  a  6le  la  cause  g^n^ratrice  des 
accidents  successifs.  L'affection  est  done  d'origine  traumalique  :  voila  son 
signalement  ^tiologique. 

Quels  ont  dt6  les  symplomes  sp6ciaux  de  cette  16sion  Iraumatique  de  la 
voute  du  crane  ?  Primilivement  ceux  d'une  commotion  grave  compliqu^e 
de  fracture  directe  ;  secondaireraent  Tapparition  d'une  poclie  sanguine  sur 
le  lieu  meme  qui  avait  6t6  percut6,  tumeur  moUe,  non  pulsatile,  se  formant 
dans  I'altitude  inclin^e  en  avant  et  disparaissant  d'elle-meme  par  leredresse- 
raent  de  la  tete. 

Enfin,  au  point  de  vue  de  la  lesion,  que  s'est-il  pass6  de  special  dans  les 
divers  ^l^ments  organiques  depuis  I'inslant  de  la  blessure  jusqu'au  jour  oii 
la  mort  vint  suspendre  le  travail  d'une  Evolution  morbide  qui  s'^tait  cr66 
pour  ainsi  dire  droit  de  domicile  pour  un  tempsind^fini?  La  peau,  sans  jamais 
avoir  6t6  iut6ress6e  dans  sa  continuity  ni  primitivement  ni  cons6cutivement, 
a  subi  une  modification  graduelle  qui  I'a  r^duite  a  I'^tat  de  membrane  de 
r^paisseur  d'une  feuille  de  papier ;  cette  transparence  de  I'enveloppe  cuta- 
n6e  avait  permis  aux  chiurgiens  des  Invalides  de  conjeclurer  la  presence 
du  sang  liquide  dans  la  tumeur  de  Walraener.  Du  c6t6  de  I'os  frontal  lui~ 
meme,  quels  ont  616  les  ph6nom6nes  anatomiques  ?  Imm^diatement  apres 
le  choc,  11  y  a  eu  depression  de  I'os  au  point  contus ;  cet  enfoncement  est 
la  lesion  iniliale,  le  premier  anneau  pour  ainsi  dire  d'une  chalne  patholo- 
gique  qui  s'est  lentement  d6roul6e.  Etait-ce  un  enfoncement  sans  fracture? 
L'observation  de  ce  cas  particulier  ne  me  parait  fournir  aucune  donn^e  en 
faveur  de  la  r^ponse  affirmative  a  cette  question  toujours  tres-controvers6e. 
!l  est  probable  que  la  table  externe  seule  a  die  fraclurde,  la  table  interne 
reslant  intaete,  mais  soumise  a  la  pression  des  esquilles.  Jedois  pourlant 


160 

Faire  reiuarquer  que  la  lesion  siege  k  Sceulini.  environ  au-dessus  de  l.i 
limite  sup^rieure  des  sinus  frontaux,  sur  un  des  points  ies  plus  miuces 
normalementde  la  portion  verlicale  du  frontal. 

La  poclie  sanguine  s'est-elle  formee  primitivemenlou  cons^culivemenl'/ 
II  est  vrai  que,  d^s  Ies  premiers  niois  delablessure,  Ies  chirurgiensrecom- 
manderent  Tapplicalion  conslanle  d'une  lame  de  plomb  sur  la  parlie  con- 
tuse ;  mais  c'dlail  une  indication  bien  naturelle  en  face  d'une  depression 
de  I'os  el  des  evenlualiles  probables  de  son  alleralion  organique;  on  son- 
geait  a  proleger  un  point  malade,  pent  elre  aussi  a  preveuir  la  hernie  cdr^- 
brale.  Les  r^sultats  ultimes  de  Texploralion  cadaverique  inilitent  en  faveur 
d'un  d^veloppement  secondaire  de  la  lumeur  sanguine. 

Voici  quelle  [a  pu  elre  la  serie  des  ph^nomenes  successifs  :  depression 
immediate  a  la  surface  de  Tos  frontal ;  travail  obscur  d'osteile  el  de  resorp- 
tion interstilielle  aux  depens  des  tables  osseuses  et  du  diploe;  propagation 
du  nisus  inflammaloire  etadhesif  a  la  portion  correspondante  des  meninges; 
le  travail  ulceratif  s'est  etendu  a  celles-ci  el  a  iuteresse  le  calibre  de  leurs 
vaisseaux  normaux  ou  de  nouvelle  formation  :  il  y  a  eu  finalement  commu- 
nication des  vaisseaux  araclinoidiens  et  des  canaux  veineux  emanes  du 
sinus  longitudinal  superieur  avec  des  perluis  de  I'os  rarefie  et  avec  uiic 
portion  circonscrile  du  tegument  exierieur,  et  celle-ci  se  laissait  dislendre- 
par  repanchement  sanguin  en  verlu  de  lois  loutes  physiques. 

2"   RANG   NOSOLOGIQUE    DE    L'AFFECTION. 

La  question  du  rang  nosologique  qui  doit  elre  assigne  an  fail  donl  il 
s'agit  n'csl  pas  aussi  simple  qu'elle  pourrait  le  paraltre  au  premier  abord. 
Si  on  se  reporte  au  vivanl  du  l)le.sse,  on  est  siirloul  preoccupe  de  la  lumeur 
apparaissanl  sur  la  voule  du  crane ;  le  contenu  eiait  evidemraenl  sanguin ; 
M.  llulin  avail  meme  conjecture  une  poche  de  sang  veineux.  Si  je  consulle 
Ies  tableaux  de  classification  des  lumeurs  de  la  voule  du  crane  dresses  avec 
beaucoup  d'exaclilude  par  M,  Cliassaignac  (These  de  concol'ks  pouk  la 
cHAiKE  DE  CLiNiQUE  CHiRURGECALK.  18Zi8),  jc  remarque  uneclasse  ayanl 
pour  rubrique  «  tumeurs  sanguines  en  communication  avec  le  sang  en 
circulation :  »  cellc  qualidcation  generate  convienl  parfailemcnl  au  cas 
acluel;  la  classe  elle-meme  est  subdivisee  en  deux  ordres,  suivanl  que  Ics 
lumeurs  sonl  en  communication  avec  ie  sang  eu  circulation  :  1"  a  I'cxlc- 
rieur  du  crane  (auevrismes  des  arleres  de  la  voule ,  varices  aiterielles,  ;n\v 
vriimcs  variqueux  ,  lumcuis  variqucuscs  vcineuses);  2"  a  Tinlerieur  du 


1(51 
crAne  (an^vrisme  de  Tarlere  m6ning6e  inoyenne).  Or  aucmie  de  ces  divi- 
sions ni  subdivisions  ne  comprend  celle  lumeur  que  j'ai  dterile,  simple 
poche  cutante  sous  iaquelle  le  sang  en  circulation  pent  osciller  de  la  cavil6 
du  crane  a  sa  surface ,  et  de  la  surface  exl^rieure  vers  l'inl(^rieur  de  la 
boite  encephalique.  Si  maintenant  nousenvisageons  la  Idsion  post  moriem, 
noussommes  frappfe  de  I'absence  de  toule  tumeur  intra  corame  exlracrS- 
nienne:  ce  qui  est  persistant  et  manifesle,  c'est  la  correlation  de  bouches 
vascnlaires  b^antes  el  de  perluis  osseux;  on  serait  done  porl(5,  d'aprte 
cetle  r6v6lalion  de  Tantopsie,  i  rattacher  Taffection  a  une  sorle  de  fistuie 
qu'on  pourrait  d6nommer,  sans  faire  de  n^ologisme  exag4r6,  fistuie  oss^o- 
vasculaire ;  cette  id6e  exprimerait  aussi  I'opinion  d'un  de  nos  bonorables 
collogues,  M.  le  docleur  Bouchut,  qui  pense  qu'on  pourrait  inlituler  cette 
observation  :  «  fistuie  du  sinus  longitudinal  sup^rieur ;  »  mais  il  ne  faul  pas 
oublier  que  les  ouverlures  pathologiques  n'ont  lieu  qu'a  un  pouce  environ 
du  sinus ,  et  que  ces  vaisseaux  brants  dependent  aussi  de  la  circulation  de 
Tarachnoide  et  de  la  pie-mere.  Enfin,  le  caraclere  de  rMuctibilile  ne  doit 
pas  etre  neglig6  dans  la  designation  de  cetle  Ifeion,  que  j'appellerais  volon- 
liers  (I  un  cas  de  hernie  sanguine  de  la  voute  du  crane  par  communica- 
tion des  vaisseaux  m^ningiens,  ci  I'aide  de  pertuis  osseux,  avec  le  tegument 
ext^rieur.  » 

3"    VALEUR    HISTORIQUE    DE  LA   LESION. 

D'apres  le  rfeultat  n6gatif  de  mes  recherches  bibliographiques  concer- 
nanl  ce  fait  particulier,  je  crois  pouvoir  ^lablir  sa  rarete  absohie.  Les  Me- 
MOiRES  DE  l'Academie  royale  de  chirorgie  coutienncnl  un  travail  inl6- 
ressanl  de  Lassus  sur  les  plaies  du  smus  longitudinal  superieur;  il  a 
pour  objet  de  d^monlrer  la  fausset6  du  precepte  qui  rejelte  Tapplicaliou 
du  trypan  sur  la  suture  sagiltale,  dans  la  crainlR  d'exciler  une  ht^morrha- 
gie  incoercible  par  Touverlure  du  sinus.  L'auteur  cile  quaire  observations 
propres  a  dlablir  I'utilil^  d'une  conduile  tout  oppos^e ;  dans  tons  les  cas , 
rouverture  du  sinus  a  eu  lieu  primilivemenl  el  avec  plaie  ext^rieure.  Du 
reste,  la  blessure  du  sinus ,  dans  plusieurs  des  exemples  cit^s  par  Lassus  , 
n'a  pas  amen6  d'h^morrhagies  redoutables ;  ceci  pourrait  bien  nous  de- 
montrer  que  Touverture  accidenlelle  de  la  tumeur  de  Walraener  n'aurait 
peul-elre  pas  eu  la  consequence  funesle  dont  avait  parl6  le  baron  Lairey. 

Le  regrettable  auteur  de  Tarticle  maladies  des  si^ms  du  Dicx.  en 
oO  VOL.,  Aug.  BC'vard,  n'a  ecrit  que  quelques  lignes  sur  la  rupture  du  sinus 


^  162 

iongiludiual  superieur ;  il  cite  le  cas  d'un  maniaque,  d  I'aulopsie  duquel 
M.  Etoc  Dcmazy  (Gaz.  mf.dic.de  Paris,  1833)  conslata  qu'il  s'agissail 
d'une  dechirure  du  sinus  longitudinal  superieur,  el  non  pas  de  I'une  des 
veines  qui  s'y  rendent ;  mais  raffeclion  n'etait  pas  traumalique  ,  la  boile 
cranienne  6lait  exenapte  d'all^raliou. 

Je  n'ai  trouv6  aucun  fait  analogue ,  ni  dans  Touvrage  de  M.  Gama 
(Traite  des  plaies  de  tete  et  de  l'enceph.  traum.),  ni  dans  les  articles 
r^cents  Perils  par  MM.  Chassaignac  (18/!i8),  ]\61aton  (18/i9) ,  Gosselin  el 
Denonvilliers  (1850).  La  description  des  pieces  du  musee  Dupuylren  ,  pu- 
bliee  par  M.  Houel  (Gaz.  des  hopitaux  ,  1851),  ne  mentionne  aucune  16- 
sion  de  la  rafime  nature.  Le  chirurgien  en  chef  de  Tliotel  des  Invalides. 
qui ,  depuis  plusieurs  ann^es ,  voit  passer  sous  ses  yeux  et  observe  scrupu- 
leuseroent  tanl  de  vari^t^s  de  blessures  par  armes  de  guerre,  et  leurs  suites 
immediates  ou  61oign6es,  M.  Hutin  n'a  rencontr6  aucun  fait  comparable  a 
celui  qui  nous  occupe ;  aussi  a-t-il  loujours  allacli6  le  plus  grand  int^ret  a 
I'examen  necroscopique  de  la  lesion  de  Walmener. 

Les  propositions  suivanles  resumeronl  bri^vement  les  fails  el  les  consi- 
derations que  je  viens  d'exposer ; 

1°  L'affection  que  Pinvalide  Walmener  a  porl^e  pendant  cinquanle  ans 
a  litre  de  simple  infirmil6 ,  etail  d'origine  traumalique ;  elle  avail  un  tr6s- 
liaut  degrd  de  gravite ,  puisqu'il  y  avail  perle  de  substance ,  et  sur  le  trajet 
des  vaisseaux  ra^ningiens,  et  sur  la  continuity  de  I'os  frontal. 

2°  La  lumeur,  principal  symptome  pendant  la  vie,  a  pr^sentd  les  parli- 
cularilds  suivanles  : 

Pas  d'aulres  616ments  organiques  que  ceux  d'une  poche  culanee  conte- 
nant  du  sang ; 

Apparition  brusque  dans  le  seul  cas  d'inclinaison  de  la  tele  en  avant ; 

Pas  de  pulsations  ni  de  relations  sensibles  avec  les  ph^nomenes  de  la 
respiration ; 

Concomitance  de  vertiges  qui  se  dissipaienl  avec  le  redressement  de  la 
tele  ou  par  la  compression  direcle ,  qui  avaienl  pour  effet  de  faire  refluer  le 
sang  vers  la  cavit6  cranienne. 

3"  L'autopsie  a  r6vdl6  rexplication  analomique  de  cette  tumeur  absenle 
sur  le  cadavre ;  elle  a  montre  que  le  sang  pouvait  s'epancher  m^canique- 
ment  el  directement  des  vaisseaux  m^ningiens  sous  le  tegument  externe , 
a  travers  un  crible  osseux. 

U"  C'est  done  uiie  affection  mixte  au  point  de  vue  nosologique;  elle 
pourrait  ^Ire  class^e ,  soil  parmi  les  lumeurs  sanguines  de  la  voiite  du 


163 
crSne,  dont  elle  constiluerait  une  variety  nouvelle,  soil  dans  uri  ordre  de 
fislules  lout  parliculier  que  Ton  pourrait  d^nommer  fistules  oss6o-vascu- 
laires. 

5°  Quel  que  soil  son  rang  le  plus  ralionnel,  ee  fail  parait  ^Ire  une  vari6l6 
fori  rare,  sinon  unique  dans  les  ancales  de  la  science,  des  Idsions  cons^cu- 
tives  aux  affections  Iraumaliques  de  la  l^te. 


LE  DIAPHRAGME 


CHEZ 


LES  MAMMIFERES,  LES  OISEAUX  ET  LES  REPTILES; 

Mtooire  lu  a  la  Roci6t(5  de  Biologie 

Par  Charles  ROUGET, 

iHierns-laar^at  des  hApilaiiif.  metnbre  do  la  Soc'teie  dc  Biologic 


CoDsid6r6  jusqu'en  ces  derniers  temps,  comme  exclusivement  propre  aux 
mammiferes  (1),  le  diaphragme  existe  gen6ralement  dans  les  trois  pre- 
mieres classes  de  verl^br^s. 

Bien  que  Cuvier,  Meckel  et  meme  Stannius  fassent  k  peine  mention  en 
quelques  mots  d'un  muscle  dilataleur  des  poumons,  rudiment  de  dia- 
phragme exislanl  exceplionnellement  cliez  quelques  oiseaux,  depuis  long- 
temps  Michel  Goiter,  Harvey,  Perrault  avaient  d^crit,  chez  I'autruche  et 
quelques  autres  especes,  deux  muscles  analogues  au  diaphragme,  que  (2) 
Hunter  et  Girardi  trouv^rent  depuis,  chez  tous  les  oiseaux  sans  exception, 
Tun  de  ces  muscles,  exclusivement  dilataleur  des  poumons  (muscle  des 
poumons  de  Perrault,  diaphragme  pulmonaire  des  auteurs),  est  tendu  en 
travers  de  la  cavity  thoracique  entre  les  cdtes  droites  et  les  cotes  gauches ; 

(1)  Le  diapliragme  qu'on  ne  renconlre  que  chez  les  raamniileres.  (Cruveilhier, 
Anat.  descrip.,  t.  II,  2°  ed.) 

(2)  Sappey,  Rech,  sur  l'appareil  respir.  des  oiseaux. 

T.    III.  1'^ 


166 
Taulre,  le  diaphragme  liioraro-aljclominui,  le  vi^iilable  tliaphiagme,  con- 
slilue  une  cloison  conlraclile  lr6s-obliqiie  enlre  le  thorax  etrabdomen. 

Obez  les  cWloniens,  Bojanus,  el  aprte  lui  Meckel  onl  d^crit  comme  dia- 
phragme un  muscle  qui,  n6  des  deuxi^me  et  troisieme  vertebres  dorsales 
el  des  coles  correspondanles,  se  porte  sur  les  c,6l6s  du  pdricarde,  au-dessus 
des  poumoDS,  vers  la  face  exlerne  du  pdritoine,  oii  il  se  lerraiae  par  une 
expansion  fibreuse. 

Chez  les  crocodiles,  le  diaphragme  esl  reprdsenlS  par  des  faisceaux  mus- 
culaires  qui,  du  pubis,  se  jellenl  sur  le  periloine. 

Ed fm  Chez  les  balraciens  ag/osses  {pipaxenopus].  Maimer  (de  Bonn)  a 
d6cril  comme  muscle  abdominal  posl^rieur  ,  Meckel,  Garus  et  Stannius 
considferenl  comme  un  rudiment  de  diaphragme,  un  muscle,  dont  Torigine 
est  a  la  diaphyse  du  Kmur  el  la  terminaison  sur  les  cot^s  de  Tcesophage, 
le  larynx  eU'cs  hyoide. 

Sur  quelles  bases  la  d^lerminalion  du  diaphragme  a-t-elle  616  fondle 
dans  les  divers  ordres  que  je  viens  de  passer  en  revue? 

Tantol  on  a  pris  en  consideration  les  fonclions  relatives  a  I'appareil  res- 
piratoire  (oiseaux,  ch61oniens),lanl6l  la  situation  ou  les  rapports  avec  le 
tube  digestif  (crocodile-pipa) ;  mais  rien  de  fixe,  rien  de  constant.  Aucun 
crit^rium,  aucun  lien  qui  raUache  I'un  k  I'aulre  les  deux  lermes  extremes 
de  la  s6rie,  le  diaphragme  de  Phomme,  «  cloison  transversalecontractilc 
enlre  le  thorax  et  Vabdomen,  »  et  le  diaphragme  du  pipa,  «  faisceau 
musculaire  etendu  du  femur  a  Voesophage  et  a  I'os  hyoide. 

G'esl  celle  lacune  de  la  science  que  j'ai  lent6  de  combler,  i  I'aide  des 
rccherches  dont  je  vais  exposer  les  r^sullals. 

SECTION   1"^.  —  DIAPHRAGME  CHEZ  LES  MAMMIFERES. 

tj    I.  —  DISPOSITION    GERERALE. 

Chez  les  mammif^res,  le  diaphragme  est  gen^ralemenl  defini :  «  une 
cloison  contractile  Iransversale  {septum  transversum)  enlre  le  thorax  et 
Tabdomen,  et  dont  les  fonclions  sont  iulimemeBt  lides  i  celles  de  I'appa- 
leil  respiraloire.  »  Quanl  a  sa  disposition  g6n6rale,  il  est  compose  de  deux 
parlies:  Tune,  ascendante,  les  piliers,  nde  des  vertebres  lombaires,  monle 
i  peu  pr6s  paraMlemenl  a  la  "olonnc  verl6brale  jusqu'au  niveau  des  on- 
zifeme  el  dixi^me  vertebres  dorsales  el  se  termine  en  s'6panoussanl  en  une 
apon^vrose,  le  centre  phr^nique ;  Tautre  partie  (sppdim /raiisrersMW  , 


167 
'horizontatale  ou  desceiulante,  se  porte  en  rayonnant  du  centre  phrtnique 
vers  le  bord  inferieur  de  la  cage  osseuse  Uioraciqiie.  Ces  deux  parlies  con- 
slituent  en  realile  un  seiil  muscle  digaslrique ;  les  fibres  de  la  portion  hori- 
zontale  nesontaulre  chose  que  la  continuation  des  fibres  des  piliers.  Chez 
les  grands  mammiKres  cela  est  moins  Evident  a  cause  de  Tentre-croisement 
multiple  des  faisceaux  tendineux  dans  le  centre  phrenique ;  mais  il  sufiit  de 
Jeter  les  yeux  sur  le  diaphragme  d'un  petit  maramifere,  d'un  rongeur  par 
exemple,  pour  le  constater. 

On  voit  Ires-neltemeul  les  faisceaux  des  piliers  monter  vers  la  portion 
horizontale,  s'y  ^panouir  en  forme  de  gerbe,  devenir  tendineux,  puis\le 
nouveau  musculaires  et  se  terminer  a  la  face  interne  des  coles;  de  sorte  que 
le  diaphragme  est  constilu6  par  une  s6rie  d'arcades  que  des  piliers  rayon- 
nent  dans  toute  I'^lendue  de  la  voute. 

Rien  n'est  moins  fond6  que  I'opinion  de  G.  Bartholin  qui  considere  le 
diaphragme  des  mammiferes  comme  resultant  de  la  reunion  de  deux  mus- 
cles, I'un  inKrieur  naissant  des  coles,  Tautresup^rieur  tirant  son  origine 
durachis;  autant  vaudrait  faire  des  deux  ventres  du  muscle  masto- 
maxillien  (digaslrique)  deux  muscles  dislincts. 

Les  piliers  ne  son  I  pas  chez  Thomme  lui-meme  la  seule  origine  des  fibres 
musculaires  du  diaphragme.  Outre  les  fibres  ascendanles  bien  connues  qui 
naissent  de  la  premiere  apophyse  transverse  lombaire  et  de  I'arcade  fibreuse 
tendue  de  cette  apophyse  k  la  douzi^me  cote,  j'ai  rencontre  plusieurs  fois 
une  disposition  incompletemenl  d^crite  et  figur6e  d^j^  par  Bourgery  et 
Bonamy  et  qui  est  assez  frdquente.  Au  niveau  de  Tarcade  fibreuse  pour  le 
psoas,  un  faisceau  musculaire  du  diaphragme  passe  en  avant  de  cette  ar- 
cade el  s'^panouit  en  fibres  tendineuses  qui  constituent  en  grande  partie  la 
gaine  du  psoas,  et  s'inserenl  a  I'os  coxal,  a  I'arcade  crurale  (1) ;  de  sorle 
que  par  TinlermMiaire  de  celle  apon6vrose  qui  doit  etre  consid6r6e  comme 
un  de  ses  tendons  d'origine,  le  diaphragme  s'^lend  sur  les  cotes  de  la  co- 
lonne  vertSbrale  dans  toute  la  hauteur  de  la  parol  posl^rieure  de  I'abdo- 
men.  Pius  en  dehors,  au  niveau  des  parois  lat^rales,  A.  Thompson  a  pu 
suivre  dans  I'^paisseur  du  fascia  transversalis,  des  faisceaux  d'origine  du 


(1)  Ce  faisceau  rausculaire  represenie  vraiseniblablement  le  petit  psoas,  qui 
manque  dans  ces  cas.  On  salt  que  la  plus  grande  panic  des  fibres  de  la  gaine 
(iu  psoas  iliaque  se  dctache  des  borrls  du  tendon  du  petit  psoas,  dont  elies 
tmauenten  realite. 


1G8 
diapliragme,  qui  de  la  cr^lc  iliaque  monlenl  vers  la  portion  coslale  de  ce 
inuscle. 

A  la  paroi  anl^iieure  de  I'abdomen  enfin,  Sanlorini  a  depuis  longlemps 
signal^,  el  I'on  rencontre  souvent,  des  faisceaux  musculaires  du  transverse 
qui  se  conlinuent  dans  I'epaisseur  du  diapliragme  el  le  constituent  en 
par  tie. 

Chez  les  mammif^res  des  ordres  sup6rieurs,  cheiroptercs,  rongeurs, 
carnassiers,  etc.,  la  disposition  g6n6rale  du  diapliragme  est  i  peu  pr^s 
la  meme  que  chez  Thomme.  Mais  a  mesure  que  Ion  descend,  la  distinction 
onlre  une  portion  ascendante  el  line  portion  Iransversale  tend  de  plus  en 
plus  k  disparaitre.  Le  diapliragme  devient  une  cloison  Ir^s-oblique  entre 
le  thorax  et  Tabdoraen,  et  conslitue  en  grande  paitie  les  parois  sup6rieure 
etantdrieure  de  celte  derni^re  cavit6  (1). 

Chez  les  pachydermes  d6ji\  oi'i  le  sternum  est  relativement  tr^s-court, 
les  poumons  s'elendent  Ir^s-loin  en  arri^re,  et  le  diaphragme  est  tr^s- 
obliquemenl  tendu  entre  les  derni^res  vert6bres  lombaireset  les  bordsdcla 
vasle  tehancrure  coslo-slernale;  de  sorte  que  chez  le  cheval,  par  exemple,  les 
poumons  s'elendent  au-dessus  du  diaphragme  jusqu'aux  limites  post^rieures 
de  la  region  lombaire.  Mais  c'esl  chez  les  cdtac^s  que  celte  disposition  est 
k  SOD  plus  haul  degr6  de  d^veloppement  (il  n'y  a  que  deux  cotes  slernales 
chez  Ic  lamantin  et  la  baleine  jubarle),  et  le  diaphragme  d6  des  limites  pos- 
t6rieures  de  la  cavil6  abdominalc  s'elend  si  loin  en  avant,  qu'il  est  presque 
parall^le  ;\  I'axe  du  corps,  el  que  la  cavil6  du  tronc  se  trouve  s6par6e  en 
deux  compartiments  silu^s,  non  pas  Tun  en  avant,  Tautre  en  arri^re,  mais 
I'un  au-dessus  de  I'aulre.  Les  poumons  occupenl  toute  I'^lendue  du  com- 
parliment  sup^rieur,  et  le  diaphragme  conslitue  entiferemenl  la  paroi  sup6- 
rieure  de  I'abdomen.  A  cela  s'ajoule  une  parlicularite  bien  plus  impor- 
tanle  encore.  Nous  avons  vu  chez  I'liomme  quelques  faisceaux  du  trans- 
verse se  continuer  avec  le  diaphragme ;  ici  c'esl  le  diaphragme  tout  enlier 
qui  s'ins^re  sur  les  muscles  larges  de  I'abdomen  (DaubentoD,  Carus),  c'est- 
i-dire  se  continue  avec  ces  muscles  et  spdciaiement,  peut-etre  mfime  uni- 
quement,  avec  le  plus  interne,  avec  le  transverse. 

Ainsi,  au  dernier  terme  de  la  sdrie  des  mammiferes,  nous  trouvons  le 
diaphragme  dans  son  type  le  plus  simple,  celui  d'enveloppe  contractile 
immediate  des  visc^res  abdominaux ;  de  telle  fa9on  que  diaphragme  Irans- 

(1)  II  n'est  pas  besoin  de  rappeler  que  chez  lous  les  aniniaux  autres  que 
rhomme  la  paroi  superieure  du  tronc  est  celle  qui  repond  au  racliis 


169 

verse  el  releveur  de  I'anus  consliluent  (non  pas  seuleiueul  relulivemenl  aux 
fonclions,  mais  en  realite  el  au  point  de  vue  morphologique)  une  seule  el 
Illume  enveloppe  contractile,  dent  les  divers  6I6menls  seront  plus  ou  moins 
d^velopp^s,  plus  ou  moins  isol6s,  mais  pourront  loujours  etre  ramen6s  a 
un  type  unique. 

Cette  fusion  du  diaphragme  et  du  transverse,  parlielle  chez  les  mammi- 
f^res  sup^rieurs,  complete  chez  les  cetac6s,  est  incontestable.  Quant  k  celle 
du  releveur  de  I'anus  et  du  transverse,  je  n'ai  pu  la  conslaler  par  moi- 
mfime  ;  mais  j'aflirme  a  priori  qu'elle  doit  exister  chez  les  enlaces  ;  je  fonde 
cette  assertion  sur  Tabsence  des  os  du  bassin.  Chez  les  ophidiens  lebassin 
manque  ^galement,  et  le  muscle  du  cloaque  analogue  du  releveur  de  I'anus 
«st  consilium  par  les  faisceaux  posl^rieurs  du  transverse  de  I'abdomen  (1). 

§    U.    —   DES   APPENDICES   DU    DIAPHRAGME    DESTINES   SP^CIALEMEKT 
A    L'APPAREIL    DIGESTIF. 

A.    ORIFICE  OESOPHAGIEN. 

Chez  la  plupart  des  rongeurs  et  qiielques  insectivores,  I'oesophage,  g6- 
n6ralement  d'une  ampleur  restreinle,  parcourt  ordinairement  un  trajet  plus 
ou  moins  6lendu  au-dessous  du  diaphragme  avant  de  s'ouvrir  dans  I'esto- 
mac.  Cette  portion  sous-diaphragmatique  est  enti^remenl  contenue  dans 
une  esptee  de  canal  fibro-musculaire.  Chez  le  lapin  (lepus  cuniculus),  par 
exemple,  les  faisceaux  exlernes  de  chaque  piiier  montent  parall^lement  a 
la  colonne  vertebrate  pour  former  le  septum  transversum,  mais  les  fais- 
ceaux internes  constituent  une  lame  musciilaire  iriangulaire  donl  le  som- 
raet  est  k  I'origine  mfime  des  piliers  et  dout  la  base  r6pond  ci  la  portion  sous- 
diaphragmatique  de  I'cesophage.  Les  fibres  musculaires  de  cette  lame, 
compl^tement  distinctes  de  celles  qui  vont  former  la  portion  coslale  du 
diaphragme,  s'6talent  en  forme  d'6venlail ;  les  anl^rieures  obliques,  les 
post6rieures,  presque  perpendiculaires  an  rachis,  se  dirigent  en  bas  et  en 
avant  cl  la  rencontre  de  celles  du  c6t6  oppos6  avec  lesquelles  elles  s'entre- 
croisent  apr^s  etre  devenues  fibreuses.  De  eel  entre-croisement,  de  cette 
union  des  deux  lames  r^sulte  une  espece  de  demi-canal  qui  recouvre  el 
conlient  lr6s-exaclemenl  I'cesophage.  Les  fibres  posttirieures  qui  recou- 
vrent  le  cardia  adherent  a  presque  loule  la  petite  courbure  par  des  fibres 

(I)  Meckel,  A.nat.  comp. 


170 

fendineuses  qui  les  croisent  k  angle  droit  el  s'6lalenlsur  la  face  anl^rieurp 
de  Testomac.  C'est  bien  par  des  fibres  tendineuses  propres,  el  non  par  le 
revfilement  p6riton6al,  que  celle  adherence  a  lieu.  II  yaun  inlervalle  de 
2  millimelres  au  moins  entre  les  fibres  et  le  point  ou  le  peritoine  alteint  la 
face  anterieure  de  restomac. 

Ainsi,  Chez  ces  animaux,  toule  une  portion  spdciale  des  piliers  du  dia- 
phragme,  sans  action  aucune  sur  le  mouvenient  des  coles  et  sur  les  modi- 
fications de  la  voule  diaphragmalique,  conslitue  un  muscle  k  part  dont  la 
disposition  par  rapport  au  commencement  de  la  portion  abdominale  du 
tube  digestif,  est  tout  S.  fait  analogue  4  celle  du  releveur  de  Tanus  4  I'ex- 
tr6mit6  terminale  de  ce  mfime  conduit.  Inlimement  adWrente  au  bord  su- 
p6rieur  de  I'estomac,  erabrassant  exaclement  I'oesophage,  I'expansion  du 
diaphragme  soul^ve  I'estomac  et  comprime  Tcesophage,  de  mSme  que  le 
releveur  de  I'anus  comprime  et  soulfeve  le  rectum  et  I'ampoule  anale. 

Ce  sphincter  cesophagien  paralt  exister  g6n6ralement ,  mais  ^  un 
moindre  degr6  de  d^veloppement.  Plusieurs  fails,  dont  quelques-uns  exis- 
taient  d^ji  dans  la  science,  vont  nous  servir  en  quelque  sorte  de  jalons,  et 
nous  permetlre  de  relier  la  disposition  observ^e  chez  les  rongeurs  4  celle 
que  nous  dterirons  lout  i  Theure  chez  I'homme. 

Carnassiers  digitigrades.  —  Chez  de  jeunes  chiens,  j'ai  trouve  une 
couclie  de  fibres  musculaires  strides  tr6s-prononc^e,  surtout  adroile,  dans 
r^paisseur  du  feuillel  (presque  Iransparenl  et  en  apparence  form6  par  le 
p6ritoine  seulement)  qui,  du  bord  interne  des  piliers,  se  porte  sur  la  por- 
tion sous-diaphragmatique  de  Toesophage. 

Carnassiers  plantigrades.  —  Meckel  (1)  a  nol6  chez  Tours  Texistence 
de  deux  faisceaux  musculaires^^du  diaphragme  qui,  de  chaque  c6t6,  se  jet- 
tent  sur  Toesophage,  ou  ils  paraissent  se  terminer. 

CHEiROPTiiRES  ET  QUADRDMANES.  —  M.  Duvcmoy,  daus  UH  m^moirc  sur 
I'estomac  inlestiniforme  des  semnopitheques  (2),  decril  chez  eux  el  chez 
quelques  autres  esp^ces  de  singes  (colobes),  un  sphincter  cesophagien 
fourni  par  le  diaphragme.  11  signale  ^galeraent  celle  disposition  comme 
ti'^s-prononcee  chez  les  cheiropteres ,  qui  reposent  accroch^s ,  la  tele 
en  bas. 

BiMANES.  —  Arrivons  mainlenant  a  I'homme. 

Tous  les  anatomisies  d^crivent  I'orifice  cesophagien  du  diaphragme 

(f)  Anatomie  comparee,  vol. 

(?)  Mf'm.  DE  I. A  SoriF.TE  n'liisr.  nat.  i>e  Stuashouiu;,  vol.  I. 


I 


171 

comme  conslilud  :  en  avant  par  les  bords  internes  des  deux  piliers  qui 
convergent  avant  d'alleindre  le  centre -phr^nique,  en  arri^re  par  des  fais- 
ceaux  qui  vont  d'un  pilier  oi  I'autre,  niais  ctiangent  seulemenl  de  cOt(i  el  se 
termiuent  aussi  dans  le  centre  plir^nique. 

On  admet  bien  que  le  diapbragme  peut  coniprimer  I'oesophage,  niais  par 
la  contraction  des  piliers,  contraction  liee  elle-menie  aux  mouvemenls  res- 
piratoires,  accidentelle  en  quelque  sorte  et  compl^tement  independante 
des  fonclions  digestives. 

C'est  14  tout ;  il  n'est  fait  mention  d'aucune  disposition  sp^ciale.  Seule- 
ment  Haller  aurait  vu  deux  fois,  Theile  une  fois  (et  il  cite  ce  cas  comme 
une  anomalie)  des  fibres  musculaires  qui,  partant  du  contour  de  Torifice 
cesophagien,  allaient  se  perdrc  dans  les  tuniques  de  Toesophage.  Un  cas 
semblable  est  rapporte  dans  1'Anato.mie  de  M.  Cruveilhier. 

Cette  pr^tendue  anomalie  est  une  disposition  normale  el  constante.  J'ai 
toujours  trouv6  chez  I'homme  un  rudiment  du  sphincter  cesophagien,  si 
d6velopp6  chez  certains  rongeurs.  Bien  distinctes  des  faisceaux  des  piliers 
du  diaphragme  destine  au  centre  phr^nique  et  aux  cotes,  les  fibres  muscu- 
laires qui  le  constituent,  un  pen  plus  pdles  que  le  reste  du  muscle,  greles 
et  peu  nombreuses,  se  detachent,  au  niveau  de  I'orifice  cesophagien,  dii 
bord  interne  de  chaque  pilier,  se  portent  sur  I'cesophage,  auquel  elles  sont 
intimement  accol^es,  et  s'y  terminent  ou  d^crivent  le  plus  souvent  sur  sa 
lace  anl^rieure  des  anses  qui  s'enlre-croisent  avec  celles  du  cote  oppose. 

Ces  petits  faisceaux  musculaires,  plus  ou  moins  d6velopp6s,  mais  con- 
slants,  n'existent  ordinairement  que  sur  la  portion  sous-diaphragmalique 
de  I'oesophage  ;  j'ai  rencontre  une  fois  une  lame  musculaire  tr6s-mince, 
mais  de  pr^s  de  0,01  cenlim.  de  large,  qui  du  pilier  gauche  se  portait  sur 
le  cardia  lui-m6me,  et  se  terminait  en  6talant  ses  faisceaux  sur  la  face  an- 
t^rieure  de  I'estomac.  Dans  les  cas  ordinaires,  j'ai  presque  toujours  trouv^ 
I'oesophage  et  !e  cardia  unis  au  bord  externe  du  pilier  gauche  par  une  lamo 
de  tissu  d'apparence  cellulaire,  mais  dou6  de  cetle  elasticity  toute  speciale 
qui  caract^rise  le  dartos,  et  que  Ton  retrouve  aussi  au  niveau  des  anses 
lerminales  du  cr^master  (1)  chez  I'adulte. 

J'ai  reucontr6  enfin,  mais  exceptionnellement,  un  faisceau  musculaire 
qui,  se  d^tachant  du  diaphragme  au  niveau  du  bord  superieur  de  I'orifice 
cesophagien,  descendait  parali^lement  aux  fibres  longitudinales  de  I'ceso  - 

(1)  Anses  completement  musculaires  ctiez  le  ftEtus,  et  aussi  ilans  certains  cas 
<Je  tumours  anciennesdu  scrotuni,  comme  I'a  vu  M.  J.  (lloquct. 


172 
phage,  sur  la  face  anl6rieure  de  restoraac,  ou  il  se  perdait,  croisanl  d  an- 
gle droit  les  fibres  du  sphincter  cesophagien  du  diaphragme.  (PI.  1,  fig.  3.) 
L'aDalogieest^videnteenlrecefaisceaumusculaireetlefaisceau  tendineux 
que  nous  avons  vu  chez  le  lapin  croiser  4  angle  droit  les  fibres  du  sphincter 
cesophagien  pour  venir  se  terminer  sur  la  face  ant^rieure  de  Testomac  au 
niveau  de  la  petite  courbure.  Ce  faisceau  longitudinal,  lorsqu'il  existe,  est 
necessairemeut  antagoniste  du  sphincter  cesophagien,  il  dilate  le  cardia  el 
lire  Testomac  en  haut;  il  doit  facililer  le  vomissement  el  la  rumination; 
peut-etre  son  existence  est-elle  en  rapport  avec  les  cas  de  merycisme  ob- 
serves chez  rhomme. 

Parmi  les  derniers  ordres  des  mammif^res,  je  n"ai  pu  examiner  I'orifice 
cesophagien  que  sur  une  especo  de  ruminants,  le  mouton  (ovis  aries) ;  j'ai 
trouv6  Toesophage  passant  librement  au  milieu  d'un  fort  anneau  muscu- 
laire,  a  bords  6pais  et  tr^s-nets,  conslitues  par  des  faisceaux  qui  vont  ga- 
gner  le  centre  phr^nique.  Il  y  a  absence  complete  d'un  sphincter  cesopha- 
gien distinct  du  resle  du  muscle.  L'orifice  cesophagien  ii'est  pas  non  plus 
form6,  comme  nous  I'avons  vu  jusqu'ici,  par  I'^carlemenl  des  deux  piliers 
du  diaphragme. 

Sur  le  milieu  du  pilier  droit  r^gne  un  fort  raph6  fibreux  qui  envoie  de 
chaque  cote  des  fibres  musculairesdisposees  comme  les  barbes  d'une  plume. 
Ce  raph6  cesse  au  niveau  de  Pextremite  posturieure  de  l'orifice  cesopha- 
gien, en  donnant  naissauce  a  deux  forts  faisceaux  musculaires  qui  s'^car- 
tent,  puis  reviennent  s'entre-croiser  au  niveau  de  I'extr^mil^  ant^rieure  de 
cet  orifice  el  se  continuent  dans  le  centre  phr^nique.  De  sorte  que  I'oeso- 
phage  passe  ici  dans  une  veritable  boutonniere  musculaire,  que  les  contrac- 
tions generates  du  diaphragme  doivenl  fermer  tr^s-exaclement.  Nou»  ver- 
rons  tout  a  Theure  les  consequences  que  Ton  peut  lirer  de  celte  dispo- 
sition, 

Le  sphincter  cesophagien  n'est  pas  la  seule  expansion  fournie  par  le  dia- 
phragme a  I'appareil  digestif;  je  signalerai  chez  I'homme  : 

1"  Un  faisceau  de  fibres  tendineuses  d^ji  entrevues  par  Huscke,  qui, 
log^es  entre  les  deux  feuillets  de  I'^piploon  gastro-h6patique,  se  porle  du 
diaphragme  vers  le  foie.  Ce  faisceau,  d^tache  du  bord  superieur  de  I'orifice 
cesophagien,  ne  parait  pas  avoir  ici  d"autre  usage  que  de  fixer  solidement 
le  foie  au  diaphragme,  mais  il  tire  un  certain  inter^t  de  Texistence  d'un 
appareil  musculaire  special,  que  j'ai  d^couverl  chez  quelques  oiseaux,  et 
qui  se  porle  du  diaphragme  sur  le  foie. 

2"  Enfin,j'ai  trouv(''  rhezl'liGmme  aussi,  a  des  degrcs  variablns  de  dove 


173 

ioppemenl,  mais  coaslainment  jusqu'ici,  un  faisceau  musculaire  qui  n'est 
d6cril  nulle  part.  Ce  faisceau,  se  d^lacliant  du  pilier  droit,  au  niveau  du 
bord  postdrieur  de  I'oriflce  cesopliagien,  se  porle  en  Las  el  en  avant  au  de- 
vant  du  plexus  coeliaque,  du  tronc  cceliaque,  el  specialemenl  de  I'arl^re 
splenique  qui  se  recourbe  en  anse  au  devant  de  lui,  el  se  lermine,  soil  au- 
dessous  de  Tarlere  spl6nique,  soil  au  niveau  de  I'art^re  m^senterique  sup6- 
rieure,  par  des  fibres  tendineuses  que  je  n'ai  pu  suivre  plus  loin.  Dans  ur> 
cas  que  j'ai  fail  repr^senler,  ce  faisceau  musculaire,  qui  elail  lres-d6velopp6 
el  avail  prte  de  0,01  cenlim.  de  largeur  sur  0,0/j  k  0,05  de  longueur,  pa- 
raissail  se  terminer  sur  I'arlere  m^senlerique  superieure.  Je  n'ai,  je  le  r6- 
p^te,  pas  pu  jusqu'4  present  suivre  plus  loin  ses  fibres  terniinales,  peul- 
6lre  parviennenl-elles  jusqu'ti  la  colonne  verlebrale ;  mais  ce  que  mes  dis- 
sections me  portent  plutot  a  croire,  c'est  qu'il  se  lermine  reellemenl  dans 
r^paisseur  du  m^sent^re,  disposition  qui,  si  strange  qu'elle  paraisse  au 
premier  abord,  n'esl  pas  sans  analogic  avec  ce  que  nous  verrons  exisler 
chez  les  oiseaux. 

Quoi  qu'il  en  soil,  si  ce  faisceau  a  quelque  insertion  k  la  colonne  verle- 
brale, il  est  dispose  de  facon  k  comprimer,  par  ses  conlraclions,  Tarl^re 
splenique.  Si  au  contraire,  comme  je  le  pense,  il  se  lermine  reellemenl 
dans  l'(§paisseur  du  m6sentere,  il  conslituerait  un  soutien  aclif  du  paquet 
de  I'inlestin  grSle,  etserail  peul-etre  en  rapport  avec  la  station  verticale, 
car  je  ne  I'ai  jusqu'a  present  Irouvd  que  chez  Thomme. 

§  III.— DU  ROLE  DU  SPHINCTER  OESOPHAGIEN,  ET  DES  CAUSES  QUI  EMPfiCHENT 
LE  VOMISSEMENT  CHEZ  CERTAINS  MAMMIFERES. 

Parmi  les  mammif^res,  les  uns  vomissenl  avec  plus  ou  moins  de  facilite  ; 
les  autres  ne  peuvent  jamais  vomir,  bien  que  sous  I'influence  de  Temetique, 
par  exempie,  les  phenomenes  qui  lendent  a  produire  le  vomissemenlayant 
lieu  chez  eux  avec  une  telle  intensile,  qu'ils  peuvent  determiner  la  rupture 
de  Testomac. 

Au  nombre  des  animaux  qui  ne  vomissenl  pas,  on  comple  les  rongeurs, 
notammenl  le  lapin  (lepus  cuniculus),  le  cabiai  (cavia  cobaya),  lous  les  ru- 
minants, el  aussi  le  cheval. 

Or,  chez  le  lapin,  le  cabiai,  le  sphincter  oesophagien  du  diaphragme  est 
a  son  maximum  de  cfeveloppement;  anime  par  un  filet  de  la  branche  pos- 
lerieure  du  nerf  phr6oique,  lorsque  le  diaphragme  el  les  autres  muscles  ab- 
dominaux  so  conlractent  el  lendent  a  cxpulser  Ic  contcnu  de  Teslomac,  il 


174 

se  comrade  aussi,  el  est  assez  puissant  et  assez  favorablemeut  dispose  pour 
resistor  a  Paction  de  ces  muscles  et  Tenner  conipl^lemenl  I'cesopliage. 

Le  vomisseraent  sera  d'aulant  plus  facile  que  le  sphincter  sera  inoius 
developpe. 

Chez  rhomrae,  ce  sphincter  diaphragmatique  est  presque  i  I'elat  rudi- 
mentaire,  et  le  vomissement  est  generalement  facile.  Cependant,  il  est  in- 
contestable que  Ton  peut  r^sister  volontairement,  pendant  un  temps  a  la 
v6ril4  tr^s-court,  k  I'eirel  des  coniractions  musculaires  qui  tendenl  a  ex- 
pulser  le  contenu  de  I'eslomac.  Get  obstacle  volontaire  au  vomissement  ne 
peut  etre  attribue,  je  crois,  k  une  modification  volontaire  des  contractions 
memes,  des  muscles  abdominaux ;  ceux-ci,  influences  alors  par  une  action 
reflexe, soai  momentanement  souslrails  a  I'empire  de  la  volont6.  D'un  aulre 
cot6,  les  contractions  de  Toesophage  sont  loujours  involontaires.  Le  sphinc- 
ter diaphragmatique.  souslrait  peut-^tre  k  I'infiuence  de  Paction  reflexe, 
serait  alors  le  seul  agent  de  la  volont^. 

Chez  les  ruminants  ou  nous  n'avons  pas  trouv6  de  sphincter  special  de 
Poesophage,  Pobstacle  au  vomissement  ne  reconnait  pas  la  meme  cause 
que  chez  les  rongeurs.  Mais,  comme  je  Pai  d6ji  dit,  toute  contraction  un 
peu  ^nergique  du  diapliragme  doit  s'accompagner  chez  eux  de  Pocclusion 
complete  de  la  boutonniere  musculaire  qui  donne  passage  a  Poesophage  ; 
plus  les  contractions  du  diaphragme  seront  6nergiques,  plus  Poesophage  se 
Irouvera  ^uergiquement  comprim^,  et  le  vomissement  se  trouvera  empfiche 
par  Pacte  meme  qui  lend  a  le  produire  (1). 

§  IV.   —  APPENDICES  DU  DIAPHRAGME   DESTINES    AUX  ORGANES    GENITAnX. 

Outre  les  ligaments  ronds  inguinaux  de  Put^rus  que  pr^sentent  lous 
les  raammif^res,  Stenson  a  decouvert  chezle  h6risson  des  ligaments  ronds 
anl^rieurs  de  Put^rus,  que  Rudolphi  a  trouv4s  ^gaiement  chez  Phyene  el 
Pours,  et  que  Nilzsch  a  rencontres  g6n6ralement  chez  les  rongeurs  et  les 
carnassiers.  Ces  ligaments  partent  des  exlreniil6s  des  cornes  de  Put^rus, 
et  remontenten  avanl  recouverls  par  le  periloine  jusqu'i  la  region  costale 
ou  jusqu'^  la  region  des  piliers  du  diaphragme  ou  ilsse  terminent.  Muscu- 
laires dans  toute  leur  etendue  comme  les  ligaments  ronds  inguinaux,  les  li- 
gaments ronds  anterieurs  sont  aussi  constitues  comme  eux  par  deux  ordres 
de  fibres. 


(1)  Jc  n'emels  ici  qu'unc  hypolhese ;  c'esl  k  rexperimcnlation  qu'll  apparticn- 
Ura  (le  la  confirmer  ou  de  la  rcnvevjcr. 


175 

Les  unes,  fibres  lisses,  fibres  plales  et  lusiforines  de  la  vie  organique, 
einan^es  dii  lissu  propre  de  I'uldrus,  forinent  la  plus  grande  parlie  de  ces 
ligaments;  les  aulres  fibres,  qui  ne  se  trouvent  guere  que  dans  la  portion 
terminale  et  pi^riph6rique  de  ces  ligaments,  au  voisinage  de  la  region  in- 
guinale et  au  voisinage  de  la  region  diapliragmalique,  les  autres  fibres  sont 
des  faisceaux  muscuiaires  strips,  ^maofedu  muscle  transverse  pour  les  li- 
gaments inguinaux,  et  du  diaphragme  pour  les  ligaments  ronds  anl^rieurs. 

Je  me  conteute  ici  de  signaler  celle  analogie  de  plus  entre  le  diaphragme 
el  le  muscle  transverse,  r^servant  de  plus  ampies  details  pour  un  travail 
que  je  communiquerai  prochainement  a  la  Soci6t6  de  biologie  (1). 

SECTIOIV  II.  —  DIAPHRAGME    CHEZ    LES   OISEAUX. 

La  cavit6  du  tronc  est  divis^e  chez  les  oiseaux  en  trois  grands  comparti- 
nienls. 

Uanferieur  inferieur  s'^leaA  dans  presquetoule  la  longueur  du  tronc ; 
il  loge  en  avant  le  cceur,  les  gros  vaisseaux  el  le  reservoir  a<5riea  thoracique, 
en  arri^re  les  reservoirs  diaphragmaliques  ant^rieur  el  poslerieur. 

Uanterieur  superieur  n'e&i  occupe  que  par  les  poumons  propremeot 
dits ;  il  est  separ6  du  premier  par  une  cloison  musculo-fibreuse,  dtoile 
par  la  pluparl  des  auleurs  sous  le  nom  de  diaphragme  thoraco-pulmonaire, 
el  par  Perraull  sous  celui  de  muscle  des  poumons,  denomination  bien 
preferable,  je  crois. 

Enfiu  le  dernier  compartiment  occupe  la  region  sup^rieure  el  posl6- 
rieure  du  tronc,  el  loge  a  la  fois  les  visc^res  abdomiuaux  (des  appareils  di- 
gestif et  g^nito-urinaire)  el  les  sacs  aeriens  abdominaux.  Le  diaphragme 
thoraco-abdominal,  le  veritable  diaphragme,  s6pare  ce  comparlimenl  des 
deux  aulres,  et  deux  cloisons  ddlach6es  de  sa  face  profonde  isolent  les 
visc^res  des  sacs  aeriens. 

DESCRIPTION    DU   DIAPHRAGME    ABDOMINAL. 

Lorsqu'on  a  enlev6  les  muscles  larges  de  la  parol  abdominale,  ou  arrive 
de  chaque  c6l6,  sur  un  plan  fibreux  attach^  en  bas  au  bord  ant^rieur  de 

(1)  Des  mdscles  accessoires  fodrnis  aux  organes  genitaux  par  le  systeme 

MUSCULAIRE  DES  PAROIS  ABDOMINALES,  SPECIALEUENT  DE  L'ORGANE  CONNU  SODS  LE 
NOM  DE  GUBERNACULDM  TESTIS,  CHEZ  LE  MALE  ET  CUEZ  LA  KEMELLE,  DAN'^  LA  SEHir 
DES  MAMM1FERES. 


176 
Tosiliaque  etdu  pubis  cosliforme  el  accol6  au  muscle  Iransverse,  puiss'eu 
ecarlant  pour  aller  gagner  la  parol  dorsale  du  tronc  oii  des  faisceaux  mus- 
culairessuccMenl  aux  fibres  lendineuses.  En  arri^re  et  en  dedans,  ce  plan 
tibreux  est  inlerrompu,  el  dans  rintervalle  corapris  enlre  deux  lignes  tiroes 
des  angles  poslerieurs  el  exlerncs  du  sternum  aux  pubis,  le  p6ritoine  parait 
lapisser  immddialement  le  muscle  transverse.  En  avant  et  eu  dedans,  ce 
plan  fibreux  s'ins^re  au  sternum,  puis  se  porle  sur  les  cOl6s  du  p6ri- 
carde. 

Je  n'ai  rien  ^  ajouler,  quant  4  la  disposition  gen^rale,  a  la  description 
tr^s-exacle  que  M.  Sappey  a  donnee  du  diaphragme  thoracoabdominal; 
il  n'en  est  pas  de  m^merelativement  aux  616menls  qui  constituent  ce  plan 
musculo-fibreux,  et  k  certaines  dispositions  speciales  qui  6taient  resides 
compl6lement  inaperQues. 

Ainsi  une  zone  musculaire  g^n6ra!ement  etroite,  fix6e  par  son  exlr^- 
iuit6  interne  aux  apophyses  ^pineuses  inferieures  des  dernieres  verlfebres 
dorsales,  confondue  en  dehors  avec  le  plan  fibreux  du  muscle  des  poumons, 
donne  naissance  par  son  Lord  convexe  i  des  fibres  lendineuses  qui  s'dcar- 
lenl  en  rayonnaul  el  marchent  d'avant  en  arri^re  dans  I'apon^vrose  dia- 
phragmatique.  Mais  en  outre  de  Texlr^mit^  interne  de  chaque  zone  mus- 
culaire se  detache  uu  faisceau  tr6s-prononcd,  surlout  h  gauche,  et  qui  se 
porte  sur  Tcesophage,  au  moment  oii,  traversant  le  diaphragme,  il  va  p6- 
n^trer  dans  la  cavit6  abdominale.  On  ne  peut  m^connallre  la  Tanaiogie 
avec  le  sphincter  diaphragmatique  des  raammiKres.  Mais  ce  n'est  pas  tout : 
les  fibres  lendineuses  qui  font  suite  a  la  zone  musculaire  sont  loin  de  con- 
stiluer  seules  Tapondvrose  diaphragmatique. 

On  observe  encore  deux  ordres  de  fibres  transversales  croisant  les  pre- 
mieres presque  4  angle  droit,  plus  superficielles  el  plus  apparentes  qu'elles; 
de  ces  fibres,  les  unes,  internes,  s'inserent  ci  la  face  sup6rieure  du  sternum, 
tout  pr^s  de  la  ligne  m6diane,  et  se  portent  de  li  vers  le  milieu  de  Tapon^- 
vrose  ou  elles  rencontrent  d'autres  fibres  transversales  aussi,  ou  un  peu 
obliques,  qui  partent  du  bord  anl6rieur  du  pubis.  Taudis  que  les  fibres  n6es 
du  sternum  sont  nacr6es,  brillantes,  et  lout  k  fait  lendineuses,  j'ai  trouv6 
chezle  canard  les  fibres  qui  viennentdu  pubis,  musculaires  surlout  a  droite, 
dans  unegrande  partie  de  leur  etendue.  Dansle  point  oii  les  fibres  nees  du 
sternum  cl  du  pubis  se  rencontrent,  vers  le  milieu  de  Tapon^vrosc  dia- 
phragmatique, de  la  face  profonde  de  celte  apon^vrose,  se  detache  une 
cloison  qui  se  porte  vers  le  milieu  de  la  face  convexe  de  chaque  lobe  du 
foie,  et  a  6te  d^critc  commc  ligament  suspenseur  du  foic.  Chez  Ic  canard, 


■P'i 


177 
qui  nous  a  servi  de  type  dans  celte  description,  cetle  eloison,  dans  louteson 
^tendue,  est  constitute  par  des  faisceaux  musculaires  paralliles,  qui  font 
suite,  les  uns  aux  fibres  n6es  du  sternum,  ies  autres  aux  fibres  n^es  du  pu- 
bis, et  se  portent  a  droite  sur  la  face  convexe  du  foie  dans  toule  sa  hauteur; 
4  gauche  le  lobe  b^patique  se  prolonge  moins  en  arri^re,  et  laisse  a  d^cou- 
vert  I'enlrde  du  ventricule  succenturi6  dans  le  g^sier  et  le  g^sier  lui-mSme. 
La  eloison  musculaire  arrivee  ci  Textr^mit^  post^rieure  du  foie  se  continue 
sur  le  ventricule  succenturi6  et  sur  le  bord  externe  du  gesier  ;  ce  sonl  les 
fibres  n^es  du  pubis  qui  constituent  uniquement  celte  partie  de  I'expan- 
sion  musculaire.  Ainsi  le  diaphragme  envoie  aux  deux  lobes  du  foie  et  aux 
deux  estomacs  des  expansions  musculaires  qui  paraisseut  se  terminer  sur 
ces  organes,  mais  ne  s'y  terminenl  peut-etre  pas  en  n'alit^,  car  j'ai  pu  chez 
Toie  decoller  la  lame  musculaire  qui  se  porte  sur  le  bord  externe  du  gesier, 
et  eile  m'a  paru  se  continuer  jusqu'a  la  rencontre  de  la  eloison  du  c0t6 
oppose ;  de  sorte  que  si  cette  disposition  est  bien  rdelle  le  foie  et  les  deux 
estomacs  seraient  contenus  dans  une  esp^ce  de  poche  resultant  d'un  d6- 
doublement  du  diaphragme.  Chez  de  grands  oiseaux,  celte  disposition  doit 
etre  plus  6vidente,  et  ce  que  Perrault,  cM  par  M.  Sappey,  a  d^crit  chez 
I'autruche  sous  le  nom  de  diaphragme  transversal,  doit  probablement  y 
^Ire  rapports. 

Parmi  les  especes  que  j'ai  examinees,  le  canard  et  la  corneille  cl  man- 
teau  gris  m'ont  seuls  pr^sent^  des  fibres  musculaires  dans  la  eloison  qui  se 
porte  vers  le  foie.  Constamment,  au  conlraire,  il  existe  a  gauche  des  fibres 
musculaires  qui  font  suite  aux  fibres  tendineuses  nees  du  pubis  et  se  portent 
vers  le  ventricule  succenlurie  et  le  g6sier ;  elles  existent  chez  les  oiseaux  a 
gdsier  musculeux  et  chez  ceux  a  estomac  membraneux,  chez  le  canard, 
chez  I'oie,  chez  les  colombes,  les  gallinac^s,  la  huppe,  la  corneille  a  man- 
teau  gris.  Je  ne  sais  k  quelle  condition  est  li6e  I'existence  de  ces  fibres 
musculaires  dans  les  ligaments  du  foie;  leur  contraction  doit  aider  i  la 
compression  des  reservoirs  abdominaux;  quant  i  I'expansion  musculaire 
de  I'estomac,  son  existence  constante  semble  indiquer  une  fonclion  sp6- 
ciale  et  importante. 

SECTIOiV  III.  —  DIAPHUAGME  CHEZ  LES  REPTILES  ORMTHOIDES  (BLAINV.). 

Cheloniens.  —  La  cavit6  du  tronc  des  ch^loniens  n'est  cloisonn^e  par 
aucun  plan  musculaire  ni  fibreux.  Un  sac  p^riton^al,  surmont^  en  avant 


178 
par  le  p^ricarde,  renfenne  I'appareil  digestif  el  une  parlie  de  Pappareil 
g^nilo-urinaiie.  Quanl  aux  poumons,  silu6s  en  arri^re  el  en  dehors  du 
p^riloine,  aucune  membrane  fibreuse  ni  sereuse  propre  ne  les  enveloppe  ; 
comme  les  reins  auxquels  louche  imm^diatemenl  leur  exlr^mile  posle- 
rieure ;  ils  sonl  loges  dans  un  simple  ecartemenl  enlre  le  pi^riloine  el  la 
carapace. 

Bojanuset  apr^s  lui  Meckel  onl  ddcril  chez  ces  animaux,  comme  repr6sen- 
tant  le  diaphragme,  des  faisceaux  musculairesqui,  limilant  anlerieurement 
la  cavil6  du  tronc,  s"inserent  aux  deux  ou  Irois  premieres  verlebres  dor- 
sales  el  aux  cotes  correspondantes,  el  se  portent  de  la  sur  les  c6t6s  du  p6ri- 
carde,  vers  la  parol  inferieure  du  tronc ;  la  ces  faisceaux  se  terminent  par 
des  fibres  tendineuses  qui  s'6talent  sur  la  face  externe  du  p6ritoine  et  y 
renconlrent  des  fibres  semblables  fournies  en  arriere  par  le  muscle  trans- 
verse abdominal.  Dans  leur  trajel  de  la  colonne  verldbrale  el  des  cotes  vers 
le  p^ritoine,  ces  faisceaux  musculaires  sont  de  chaque  c6t6  apphqu^s  sur 
le  sommet  des  poumons. 

Si  Ton  supposait,  chez  les  oiseaux,  la  cavite  du  tronc  rMuite  a  la  cavil6 
abdominale,  el  les  poumons  silu6s  dans  celle  cavil6,  en  dehors  du  peri- 
toine,  le  diaphragme  thoraco-abdominal  des  oiseaux  aurait  assez  exacle- 
ment  la  meme  disposition  generate  que  le  diaphragme  des  tortues.  Or  ce 
n'est  pas  \k  une  hypothese  graluite  :  le  passage  de  I'uue  de  ces  dispositions 
a  I'autre  existe  et  meme  est  Ires-^videut.  En  effet,  une  portion  au  moins  du 
poumon  des  oiseaux  est  silu6e  dans  la  cavite  abdominale,  en  dehors  du 
pdritoine,  enlre  celte  membrane  el  la  parol  sup^rieure  du  tronc,  c'est  le 
reservoir  a^rien  abdominal  qui  repr^sente  la  parlie  posl^rieure  non  cloi- 
sonn^e  du  poumon  des  reptiles.  Abstraction  faite  de  la  parlie  anl^rieure 
de  I'appareil  pulmonaire  des  oiseaux,  la  disposition  gdn^rale  de  la  cavite  du 
tronc,  des  poumons  abdominaux  el  du  diaphragme,  est  la  meme,  je  le  r^- 
p^le,  chez  les  oiseaux  et  les  ch^loniens.  Analogic  de  plus  enlre  ces  deux 
classes  que  rapprochenl  lanl  d'aulres  caracl^res. 

Ainsi,  chez  les  ch61oniens,  le  diaphragme  n'est  plus  en  aucune  fa^on  une 
cloison  musculaire  separanl  I'appareil  respiraloiie  des  visc^res  de  I'appa- 
reil digistif.  II  n'esl  plus  autre  chose  qu'une  parol  contractile  de  la  cavil6 
du  tronc  a  son  extr^mitd  anterieure.  II  n'esl  pas,  ne  pent  pas  6lre  un  dila- 
taleur  des  poumons,  comme  le  veul  Bojanus,  qui  lui  assigne  celte  fonclion 
fort  graluilement,  et  par  analogic  sans  doute  avec  la  fonclion  principale  du 
diaphragme  des  mam miferes.  Mais  chez  les  mammif^res  memes,  c'est  ac- 
cessoiremenl  en  quelque  sorte  que  le  diaphragme  dilate  les  poumons ;  sa 


179 
deslinalion  primilive  essenlielle  est  de  compiiiiier  le  sac  abdominal,  De 
cetle  diminulion  de  I'une  des  cavilds  r^suUe  n^cessairement  Tagrandisse- 
ment  de  Taulre  (1). 

Chez  les  oiseaux,  le  diaphragme  abdominal  contribue  accessoirement  i  la 
diiatalion  des  reservoirs diaphragmaliques;  niais  quant  auxrfeervoirsa^riens 
des  poumons  abdominaux,  il  ne  peut  que  les  comprimer.  Enfermfe  dans 
la  cavil6  commune,  les  poumons  des  cheloniens  sont,  comma  les  autres 
visc^res,  comprim^s  parle  diaphragme  auquel  vient  en  aidele  muscle  trans- 
verse, 11  suffit  pour  s'en  convaincre  d'observer  la  respiration  d'une  tortue. 
L'air  ne  se  prdcipile  pas  dans  le  poumon  activemenl  dilate,  il  y  est  inlro- 
duit  peu  h  peu  par  une  s^rie  de  d^glulitions  successives,  puis  en  une  seule 
fois,  et  par  la  contraction  des  muscles  abdominaux,  surloul  du  diaphragme 
et  du  transverse,  le  poumon  est  comprim6  et  Pair  respir6  expuls6  avec  une 
esp^ce  de  sifilement. 

SECTIO\  IV,— DIAPHRAGME  CHEZ  LES  REPTILES  ICHTHYOIDES(BL.}. 

Batraciens.  —  Chez  les  batraciens,  il  n'y  a  qu'une  cavity  commune  du 
tronc.  Outre  le  lube  digestif,  ses  annexes  et  les  organes  g^nito-urinaires, 
celte  cavity  contient  encore  les  poumons.  lis  onl  tout  4  fait  le  caract^re  que 
leur  assigne  leur  mode  de  d^veloppement,  celui  d'appendice,d'annexe,  de 
I'appareil  digestif.  La  s^reuse  commune  les  enveloppe  et  les  fixe  i  Taide 
d'un  repli  tout  4  fait  semblable  au  m&ogastre  et  au  mesentere;  l'air  y  est 
introduit  par  deglutition  comme  les  aliments  dans  le  tube  digestif.  Comme 
le  contenu  du  tube  digestif,  le  contenu  de  ces  sacs  a^riens  est  expuls6  par 
Taction  des  muscles  larges  des  parois  du  tronc.  Ces  muscles  nous  offrent 
ici,  en  I'absence  du  d^veloppement  des  c6tes,  leur  type  le  plus  simple,  et 
ce  type  est  celui  des  muscles  abdominaux  des  vertdbr^s  supdrieurs.  Les 
belles  recherchesd'A..  Thompson  nous  ont  appris  ci  considdrer  ces  muscles 
des  parois  abdominales  comme  un  seul  muscle  polygastrique.  Rien  d'ex- 
traordinaire  de  voir  ici  les  trois  couches  de  ce  muscle  rMuites  k  deux. 

Les  fibres  descendantes  qui  constituent  la  couche  externe  s'entre-croisent 
sur  la  ligne  mddiane  avec  celles  du  c6t6  oppos6  et  deviennent  ascendantes 

(l)L'bypolhese  de  M.  Maissiat,  quiconsidere  la  tension  des  gai  du  tube  di- 
gestif comme  la  cmise  premUre,  sans  cesse  renouvelee,  des  contractions  du 
diaphragme,  vient  a  I'appui  de  I'opinion  que  j'emeis  sur  le  rOle  essenliel  de 
ce  muscle. 


180 
dans  la  couche  profonde  qui  repr^senle  ii  la  fois  le  pelit  oblique  el  le  trans- 
verse. 

Quire  ces  deux  couches,  Mayer  (de  Bonn)  (I)  a  d^crit  chez  ies  aglosses 
{pipa  et  xenopus),  sous  le  nom  de  muscle  abdominal  posldrieur,  un  mus- 
cle qui ,  n6  de  la  diaphyse  du  femur,  longe  la  parol  sup^rieure  du  Ironc  et 
vient  s'ins^rer  a  I'hyoide  el  an  pharynx,  ou  a  la  premiere  portion  de  Toeso- 
phage.  Meckel  regarde  ce  muscle  comme  le  representant  du  diapliragme 
et  fonde  cette  opinion,  tres-juste,  sur  I'insertion  de  quelques  faisceaux  de 
ce  muscle  k  I'oesophage,  faisceaux  tout  i\  fait  analogues,  dil-il,  a  ceux 
qui  chez  lours  se  delachent  des  piliers  du  diaphragme  el  se  jeltent  sur 
Poesophage.  Celte  disposition ,  que  Meckel  croyait  exceptionnelle  el  parli- 
ciiH6re  a  I'ours ,  nous  I'avons  Irouvee  chez  la  pluparl  des  mammiferes, 
chez  Ies  oiseaux  memes,  et  lorsque  nous  la  relrouvons  chez  Ies  balraciens, 
nous  ne  pouvons  meconnaitre  sa  signification  ,  et  avec  bieu  plus  de  droit 
que  Meckel,  nous  devons  consid^rer  le  muscle  auquel  elle  apparlienl  comme 
le  represenlaol  du  diaphragme.  Esl-ce  la  cependant  un  fail  particulier  aux 
aglosses?  Ies  autres  balraciens  aiiourfssont-ils, comme  onl'a  pens6  jusqu'A 
present,  depourvus  de  tout  vestige  de  diaphragme  ? 

Je  n'ai  pu  croire  qu'il  exislSt  une  telle  lacune  dans  le  plan  g^n^ral.  J'ai 
done  cherch6  chez  Ies  balraciens  indigenes,  el  trouv6,  plus  marques  meme 
que  je  ne  I'esptois,  Ies  traces  d'un  type  constant. 

Chez  le  crapaud  (bufo  fuscus)  el  la  greoouille  (raiia  e.s-c),  le  muscle 
parietal  profond  (oblique  ascendant)  fournit  la  parol  poslerieure  de  la  gaine 
du  muscle  droit  abdominal ,  el  s'insere  au  bord  du  sternum ;  le  muscle 
droll  s'y  attache  lui-merae.  Imm6dialemenl  au-dessus  de  ce  point  el  sans 
ligne  de  demarcation,  des  fibres  musculaires,  formanl  une  esptee  de  loll 
en  avanl  et  au-dessus  de  la  cavite  du  tronc,  se  portent  sur  Ies  c6t6s  du 
p^ricarde  (ou  elles  semblenl  se  terminer)  en  maniere  de  diaphragme,  dit 
Duges  (2),  que  celte  disposition  a  frapp^,  bien  qu'il  n'en  comprit  ^videmment 
pas  rimportance  el  qu'il  en  ait  fait  mention  par  hasard,  en  quelque  sorte. 

Au-dessus  enfin,  et  imm^diatemenl  accol6  d'abord  au  plan  musculaire 
donl  nous  venons  de  parler,  nait,  des  c6l6s  du  rachis,  un  faisceau  non  en- 
core ddcrit ,  qui ,  plus  fort ,  mais  en  quelque  sorte  plus  Isold  chez  le  cra- 
paud que  chez  la  grenouille,  cach6  chez  tous  deux  par  Ies  muscles  de 
r^paule,  se  jelle  sur  le  pharynx  el  le  commencement  de  Tcesophage. 

(I)  Mayer,  Nova,  acta  nat.  curios.,  vol.  XII,  pari.  2. 
(3)  Dugdf,  Reciiercres  sur  la  myol.  des  batrac. 


181 
Quelques  fibres  passent  en  avant,  d'aulres  vonl  jusqirii  I'hyoide,  mais  la 
plus  grande  parlie  se  lerminent  en  s'entre-croisani  avec  celles  du  c6l6  op- 
pose sur  la  face  post^rieure  du  pharynx  et  de  I'cesophage.  Ce  faisceau  com- 
plete la  voute  musculaire  qui  ferme  en  avant  la  cavity  du  tronc;  il  est 
immMialement  appliqu6  sur  le  sommet  des  pouraons.  Kvidemment  il  re- 
pr^senle  Ir^s-exactement ,  sauf  I'origine,  le  diaphragme  post^rieur  des 
aglosses  (1).  Une  autre  parlie  du  diaphragme  est  representee  par  les  fibres 
qui  se  jeltent  sur  les  cotes  du  pericarde.  Ces  fibres  appartiennenl  bien  en 
realite  au  plan  du  muscle  pariv'tal  profond ,  mais  ce  n'est  pas  la  premiere 
fois  que  nous  voyons  le  diaphragme  n'etre  qu'une  dependance  du  systemc 
des  muscles  larges  de  la  parol  abdominale.  {Foir  Diaphr.  des  ce^taces.) 

SECTION   V. 

Chez  les  poissons,  la  modification  profonde  de  I'appareil  respiratoire  en- 
tralne-l-elle  Pabseuce  complete  du  diaphragme  ? 

Cuvier  admel  bien  entre  la  cavil6  des  branohies  et  la  cavite  abdominale 
une  cloison  musculo-fihreuse,  qu'il  est  porte  k  considerer  comme  I'ana- 
logue  du  diaphragme ;  mais  des  recherches  plus  completes  que  celles  aux- 
quelles  j'ai  pu  me  Uvrer  me  sont  encore  necessaires  pour  admettre  la  rea- 
lite de  celte  analogic  que  Cuvier  indique  seulement,  sans  Tappuyer  d'aucune 
preuve  et  sans  y  attacher  I'importance  qu'elle  meriterait. 

Quant  a  des  faisceaux  musculaires  trouves  par  Rathke  chez  plusieurs  es- 
peces  de  coitus,  par  mes  amis  MM.  Robin  et  Brown-sequard,  chez  plusieurs 
especes  de  squales,  et  qui,  prenant  leur  origine  ila  paroi dorsale du  tronc, 
se  jeltent  sur  I'cesophage,  ces  muscles,  appartenant  au  systeme  musculaire 
des  parois  du  tronc  (2),  representent  evidemment,  par  leur  disposition  ge- 
nerate, leur  origine,  leur  terminaison,  la  portion  cesophagienne  du  dia- 
phragme des  batraciens  (reptiles  ichlhyoides,  Blainvillej. 

(1)  Je  consideie  ilu  leste  I'origine  du  diaphragme  a  la  diaphyse  du  femur, 
comme  un  resultat  de  la  fusion  du  psoas  avec  le  diaphragme.  Cettc  fusion  est 
deja  indiquee  chex  I'homme  :  1°  par  des  faisceaux  du  diaphragme  qui,  dan.s 
quelques  cas,  se  continuent  a\cc  les  faisceaux  musculaires  du  psoas  (  Bonamv, 
atlas,  pi.  49);  2°  par  le  faisceau  diaphragmatique  de  la  galnc  du  psoas  dent 
nous  avons  parle  preccdemment  {  diaphr.  des  mammileres). 

(2)  M.  Brown-Sequard  les  a  vus  se  contractcr  immediatemcnt  sous  rinfliiencc 
des  stimulants.  On  sail  que  les  muscles  composes  de  faisceaux  priinilifs  slrici 
otfient  seuls  ce  caracl6ie. 

x.  III.  13 


182 

SECTION    VI. 

$  I.  —  EVOLUTION  DU  DIAPHRAGME    DANS  LA  SERIE  DES  VERTEBR£s. 

Jusqu'ici,  d'apres  Tordre  n^cessaire  des  recherches,  nous  avons  precede 
dii  connu  a  rinconnu,  el  suivi  le  diaphragme  dans  ses  transformations 
successives  cliez  tons  les  vertebras. 

Remontons  inaintenant,  dans  iin  ordre  plus  logique  et  plus  naturel,  la 
s^rie  des  fails,  et  suivant  les  modifications  d'un  type  constant,  61evons-nous 
du  simple  au  compost. 

Delerminons  d'abord  le  type.  On  doit  dislinguer,  dans  I'appareil  muscu- 
laire  auquel  nous  conservons  le  nom  de  diaphragme  (si  peu  justifie  qu'il 
soil  le  plus  souvenl),  deux  portions  (non  pas  une  portion  lombaire  et  I'au- 
Ire  costale,  elles  sonl  inlimemeul  unies),  mais  une  portion  cesophagienne, 
one  portion  parietale. 

Celle  derniere  a  pour  caractere  essentiel  de  constituer  une  enveloppe 
contractile  immediate  de  la  grande  cavitS  viscerale,  dont  elle  forme  tou- 
jours  la  parol  anl^rieure  et  quelquefois  en  parlie  la  paroi  sup^rieure  (c^- 
tac6s),  ou  m6me  I'infdrieure  (oiseaux). 

Quant  k  la  portion  cesophagienne,  moins  d^veloppee  dans  les  classes  su- 
p^rieures,  ou  elle  existe  cependant  gen^ralement,  son  importance  augmenlt^ 
dans  les  classes  inf6rieures  (batraciens  et  poissons);  elle  est  4  I'entr^e  dii 
tube  digestif,  dans  I'abdomen,  ce  que  le  diaphragme  inferieur  (releveur  de 
I'anus)  est  4  la  lerminaison  de  ce  conduit. 

Batraciens.  — Cavite  commune  pour  I'appareil  digestif  el  les  poumons, 
qui  n'en  sonl  en  quelque  sorle  qu'un  annexe.  Les  deux  portions  du  dia- 
phragme existent,  netlement  distinctes  I'une  de  I'aulre;  la  portion  cesopha- 
gienne est  lres-d6veloppee,  mais  la  portion  parietale  est  peu  distincte  du 
syst^me  musculaire  commun  i  toutes  les  parois  de  la  cavile. 

Cheloniens.  —  Une  seule  cavite  du  tronc.  Les  poumons  commencenl  a 
s'isoler  du  tube  digestif,  el  sonl  en  dehors  du  p^ritoine,  mais  enferm6s  en- 
core dans  un  sac  contractile  conslitu6  en  avant  par  le  diaphragme  parietal, 
en  arriere  par  le  transverse  (qui  repr^sente  probablement  aussi  le  releveur 
de  I'anus) ;  le  diaphragme  cesophagien  paralt  manquer. 

OisEAUx.  —  Les  poumons  s'isolent  de  plus  en  plus;  ils  occupenl  di'jii  en 
])arlie  une  cavile  sp6ciale  (cavit6  Ihoracique),  mais  leur  appendice  posl^- 
vieur  (reservoirs  abdominaux)  est  encore  dans  la  cavile  viscerale,  et  com- 


183 
prim6  par  le  diapliragme  parietal ;  mais  la  conlraclion  de  ce  muscle,  en 
diminuant  la  capacity  de  I'abdomen,  a  d6ja  pour  elfet  secondaire  d'aug- 
inenter  la  capacity  du  thorax ,  et  par  suite  de  dilaler  les  reservoirs 
diaphragmaliques,  appeadices  du  poumon.  Le  diapliragme  ojsophagien 
exists  constammenl;  il  y  a  meme  des  faisceaux  cesophagiens  et  des  fais- 
ceaux  gastriques  clisliocts. 

Mammiferes.  —  Le  trouc  est  divis6  en  deux  cavil^sdont  Tune  en  grande 
partie  occup^e  par  les  pounions  completement  isol6s  de  I'appareil  digeslil. 
Le  diapliragme  parietal,  qui  conserve  toujours  son  caractere  et  ses  rapports 
de  paroi  contractile  de  la  cavit6  viscerale,  se  trouve  constituer  une  cloisoii 
entre  les  deux  caviles  qui  se  partagent  le  Ironc.  En  comprimant  les  visc6res 
digestifs,  en  se  rapprochant  du  centre  de  la  cavity  abdominale ,  ce  qui  a 
et6  jusqu'ici  sa  fonction  e^sentielle  et  constante,  il  augmente  n6cessaire- 
nient  la  capacity  thoracique,  ddlermine  la  dilatation  des  poumons,  et  sans 
perdre  ses  auciennes  lonctions  (vomissement,  defecation,  accouchement, 
iniclion),  il  en  acquiert  de  nouvelles  (inspiration).  Le  diaphragme  ojso- 
phagien  existe  tres-gen6ralement  et  quelquel'ois  au  plus  haut  degr6  de  de- 
veloppenient  (rongeurs). 

Ainsi  la  s^rie  est  complete  du  diaphragme  oesophagien  du  pipa  au  dia- 
phragme oesophagien  de  I'homme,  du  diaphragme  parietal  des  batraciens 
au  diaphragme  parietal  de  Thomme ;  les  deux  termes  extremes  sont  relies 
entre  eux,  et  nous  possedons  la  raison  de  celte  progression  anatomique. 

§  II.  —  DEVELOPPEMENT. 

Situe  Chez  les  derniers  vertebres  a  respiration  aerienne  (  batraciens  et 
cheioniens)  k  la  limite  anterieure  de  la  caviie  du  tronc,  immediatement 
au-dessous  de  la  region  cervicale,  le  diaphragme  s'eioigne  d'aulant  plus 
de  cette  region  que  la  place  de  I'animal  est  plus  eievee  dans  la  serie.  11  y 
a  dans  une  meme  classe  une  difference  tres-marquee  sous  ce  rapport, 
entre  le  diaphragme  des  c^taces,  par  exemple,  et  celui  de  I'homme.  Le 
developpement  du  diaphragme  chez  un  embryon  de  mammifere  superieur 
repete  exactement  son  developpement  dans  la  serie  animate. 

A  repoque  de  la  naissance ,  la  cavite  abdominale  I'emporte  de  beaucoup 
en  etendue  sur  la  cavite  thoracique,  et  le  diaphragme  est  situe  relative- 
ment  plus  haut  que  chez  Tadulte.  A  mesure  que  Ton  se  rapproche  des 
premiers  temps  de  la  vie  embryonnaire  ,  le  diaphragme  remonle  de  plus 
en  plus  veis  la  partie  supericure  du  tronc.  Chez  un  cnibryon  dc  htpin  dc 


18i 

0*,009  de  long,  j'ai  liouv6  ce  que  Baer  avail  dejii  signale,  le  dtapliragrae 
jitue  au  niveau  de  la  premiere  verl^bre  dorsale,  a  la  mfime  hauteur  que 
Torigine  des  niembres  anl^rieurs. 

SECTIO.V  VII,  —  NEHFS  DL   DIAPIIKAGME. 

Les  nerfs  du  diaphragme  viennenl  de  la  moelie. 

Le  Irajel  et  la  dislribulion  des  nerfs  rachidiens  sont  g^neralemeiil  Ires- 
simples  et  lirail^s  au  segment  vertebral  correspondanl  au  point  d'6mer- 
gence  des  nerfs,  ou  tout  au  raoins  aux  deux  segments  voisins.  Le  type  de 
celte  disposilion  nous  est  oflert  par  les  nerfs  intercoslaux.  Les  nerfs  du  ecu, 
si  Ton  tienl  compte  de  leur  disposition  plexiforme,  les  nerfs  des  membres, 
en  pla^ant  ceux-ci  dans  leur  veritable  position,  c'est-i-dire  perpendiculai- 
rement  et  non  parallfelement  a  I'axe  du  trono,  forment  une  exception  plus 
apparente  que  reelle  4  cette  loi  g^n6rale  de  la  distribution  des  nerfs  rachi- 
diens. En  est-il  de  meme  des  nerfs  du  diaphragme  ? 

Chez  les  batraciens  et  les  chelonieus,  ces  nerfs  sont  norniaux. 

Le  diaphragme  est  situ6  au  mSrae  niveau  que  la  racine  des  membres  an- 
terieurs  ou  immediatement  au-dessous.  Les  nerfs  du  diaphragme  viennent 
de  la  region  du  plexus  brachial  ou  des  premieres  paires  dorsales,  et  se 
comportent  comme  les  nerfs  intercostaus. 

Chez  les  oiseaux,  le  diaphragme  abdominal  est  anim6  uniquement  par 
des  branches  des  nerfs  splanchniques  du  grand  sympathique.  Mais,  sauf 
leur  passage  a  travers  les  ganglions  pr^vert^braux  et  symputhiques,  ces 
nerfs  ne  s'tearteiit  pas  sensiblemeiit  du  type  normal,  puisque  les  dernieres 
paires  dorsales,  au  niveau  desquelles  est  situ6  le  diaphragme,  concourenl 
i  la  formation  des  nerfs  splanchniques. 

Chez  les  mammiferes,  les  nerfs  diaphragmatiques  sembient  dilferer  com- 
pl^tement  de  ce  que  nous  avons  vu  jusqu'ici.  Formes  par  la  reunion  de 
branches  emanees  des  deux  dernieres  paires  du  plexus  cervical  et  des  deux 
premieres  du  plexus  brachial,  ils  traversent  toute  la  hauteur  de  la  cavile 
thoracique  avant  d'arriver  a  leur  destination. 

Faut-il  chercher  a  cette  disposition  singuliere  un  but  final,  et  rappro- 
cher  le  nerf  phrenique  du  nerf  spinal  auquel  il  ressemble  par  ses  origiiies 
multiples,  et  de  plus,  chez  certains  animaux  (^cureuils),  par  sa  fusion  pen- 
dant une  partie  de  son  trajet  avec  le  pneumo-gaslrique.  Faut-il  faire  de  ces 
denx  nerfs  des  accessoires  du  pueumo-gaslrique,  pr^sidant  aux  contrac- 
tions musculaires,  scules  essentiellcs  el  indispensables  a  raccornplissemcirt 


I 


185 

de  I'acte  respiratoire,  les  conlraclions  des  muscles  du  laryiu  el  du  dia- 
phragrae,  conlraclions  musculaires  qui  agisseul  encore  de  concert  dans  ie 
m^canisme  de  I'effort  el  de  la  voix ,  en  empSchant  ou  modifiant  I'expi- 
ralion  ? 

Enfin,  nous  appuyanl  sur  des  raisons  semblables  a  celles  que  M.  Longet 
invoque  pour  6lablir  le  but  final  de  I'origine  singuli^re  du  nerf  spinal,  di- 
rons-nous  que  I'origine  du  nerf  phr^nique  h  un  point  de  la  moelle  si  61ev6 
et  si  distant  de  sa  lerminaison  est  en  rapport  avec  I'imporlance  des  fonc- 
tions  du  muscle  qu'il  anime,  et  a  pour  but  de  peroieltre  encore  I'accom- 
plissement  de  lade  respiratoire  et  I'expulsion  du  contenu  des  reservoirs 
abdominaux  (vessie,  rectum,  uterus),  alors  m6me  que  Taction  des  nerfs 
thoraciques  et  abdominaux  est  iulerrompue? 

Mais  cette  explication  physiologique  ne  nous  salisi'ait  pas ,  et  nous 
croyons  pouvoir  douner,  de  I'origine  et  du  trajet  des  nerfs  phr^niques 
chez  les  mammifSres,  une  raisoa  beaucoup  plus  simple  et  tout  analo- 
mique. 

L'origine  tr6s-eloign6e  de  la  lerminaison,  de  Tart^re  et  des  nerfs  sper- 
maliques,  s'explique  Ires-naturellement,  comme  on  salt,  par  le  d^veloppe- 
ment  du  testicule.  Celui-ci  nail  au  bord  interne  des  corps  de  Wolf  a  c6le 
des  reins  ;  ses  vaisseaux  et  ses  nerfs,  nfe  au  meme  niveau,  s'allongent  pea 
a  peu  et  s'^loignent  de  leur  origine,  entraln^s  par  la  desceole  du  testicule 
jusque  dans  le  scrotum. 

II  en  est  de  meme  des  nerfs  du  diaphragme.  Nous  avons  vu  que  dans  les 
premiers  temps  de  la  vie  embryonnaire,  le  diaphragme  est  siliie  imm^dia- 
lement  au-dessous  de  la  region  cervicale  au  m6me  niveau  que  la  racine 
des  membres  anterieurs.  Rien  de  plus  normal  et  de  plus  simple  i  celte 
6poque  que  de  voir  les  nerfs  du  diaphragme  fournis  par  le  plexus  cervical 
et  le  plexus  nerveux  des  membres  anl^rieurs  (1).  Mais  a  mesure  que   les 

(1)  On  a  signale  comme  constante  (Valentin,  Hirschfeld)  ou  comme  fiequenle 
(Haller,  d'apres  M.  Berard,  I'a  trouvee  cinq  fois)  une  anastomose  entre  I'liypo- 
glosseet  le  nerf  plirenique.  Cette  anastomose  est  au  moins  rare,  et  loisqu'eliea 
lieu,  elle  ne  provient  pas  du  tronc  de  I'hypoglosse,  mais  de  I'anse  nervetise 
anastomotique  avec  la  deuxidme  paire  cervicale.  Dans  le  seul  cas  oii  j'ai  trouve 
une  disposition  analogue,  voici  ce  qui  existait.  A  droite  de  I'anse  anastomoti- 
que partait  une  branche  qui,  renforcee  par  deux  filets  emanes  des  Iroisieme  et 
(luatrieme  paires  cervicaies,  se  terminait  par  deux  rameaux,  dont  I'un  destine 
au  sterno-liyoidicn,  t;indis  que  I'autre,  ploiigeanl  dans  la  poitrine,  longeait  le 
pcriearde,   A  pen  de  distance  du   slcrnum,  et  alinil  sc  lerniiner  dans  l;i   moitip 


186 
poumoDS  se  d^veloppent,  ils  refoulent  en  bas  le  diapliragine,  donl  les  nerfs 
s'allongent  et  s'(iloigDent  avec  lui  de  leur  silualion  primitive. 

Ce  qui  vient  encore  a  i'appui  de  celle  inaniere  de  voir,  c'esl  que,  nial- 
grd  leur  long  trajel,  les  nerls  phreniqucs  n't^niellenl  aucuue  branche  et  ne 
re?oivent  aucune  anastomose  dans  toute  I'^tendue  qui  separe  la  silualion 
primitive  du  diaphragme  de  sa  silualion  definitive,  c'esl-a-dire  dans  loule 
Tetendue  de  la  cavile  thoracique  (1). 

Malgre  les  assertions  conlraires  de  Valentin  el  Bourgery,  le  diaphragme 
ne  regoit  aucun  filet  de  nerfs  rachidiens  aulres  que  les  nerfs  phr^niques. 
Tous  les  nerfs  intercostaux  ou  lonibaires  sans  exception  ne  font  que  le 
traverser  pour  se  terminer  soil  dans  le  muscle  transverse,  soil  dans  le  psoas 
ou  le  carr6  des  lombes. 

Mais  le  grand  sympalhique  envoie  au  diaphragme  plusieurs  branches  ; 
I'une,  que  je  n'ai  Irouvee  qu'^  droite,  nail  du  ganglion  semi-lunaire  et  du 
grand  nerf  splanchnique  et  se  jelle  direclement  dans  la  partie  inf6rieure 
du  pilier  droit,  qui  ne  recoil  pas  d'aulres  nerfs  a  ce  niveau. 

Une  autre  branche  n6e  a  droite  aussi  du  plexus  cceliaque  et  du  plexus 
surrenal,  munie  d'un  ou  plusieurs  ganghons  constants,  remonte  en  ac- 
compagnant  I'artere  s'anastomoser  avec  la  branche  poslerieure  du  nerf 
phr^nique.  Celle  anastomose  multiple  forme  une  espece  de  plexus,  duquel 
partent  des  filets  qui  se  jetlent  les  uns  dans  le  pilier  droit,  les  aulres  dans 
ia  partie  droite  de  la  voute.  Un  de  ces  filets,  constant,  arrive  jusqu'i  la 
moiti6  gauche  en  contournanl  le  bord  sup^rieur  de  I'orifice  oesophagien. 
Mais  plusieurs  filets  remarquables  et  souvent  munis  de  ganglions  se  deta- 
chenl :  les  uns  du  tronc  meme  de  la  branche  poslerieure  du  nerf  phr^nique, 
au-dessus  ou  au-dessous  de  son  passage  k  Iravers  le  diaphragme ;  les  au- 
tres  du  plexus  anastomotique,  el  se  jetlent  sur  la  veine  cave.  Quelques- 
uns  se  perdent  dans  les  parois  de  cette  veine,  d'aulres  se  jetlent  sur  les 

droite  du  diaphragme,  en  s'anaslomosant  avec  le  nerf  phrenique  du  meme  cole, 
qui  existait  simultanement.  C'esl  1^  ce  que  Valentin  a  deciit  sous  le  nom  de  nerf 
diaphragmatique  anterietir. 

Dans  tous  ces  cas,  et  surtout  dans  le  dernier,  je  pense  que  les  tllets  destines  au 
diaphragme  provenaient  en  rcalite  de  la  portion  de  Vanse  anastomotique,  con- 
stituee  par  la  deuxi6me  paire  cervicale,  et  non  par  des  filets  craniens  de  I'hypo- 
glosse. 

(1)  Les  pretendus  fdets  fournis  par  le  nerf  phrenique  au  pericardcet  au  plexus 
pulmonaire  droit  ne  sonl  autre  chose  que  des  branches  arterieilc!!,  aiiisi  que  je 
I'ai  d^montre  sur  une  piicc  dcposec  ,nu  MiisOc  dc  la  Tacullr. 


I 


187 

veines  sus-bepaliques,  an  niveau  de  leur  embouchure  dans  la  veine  cave. 
Ce  sont  ces  filels  que  Blaudin  el  d'autres  analomistes  out  cru  se  lermincM' 
dans  le  parenchyme  du  foie ,  mais  qui  en  rdalitd  ne  font  que  le  traverser 
pour  se  terminer  dans  les  parois  des  veines  cave  et  sus-h6pathiques. 

Chez  les  phoques,  un  prolongement  musculaire  en  forme  d'anneau 
fourni  par  le  diaphragme  entoure  la  veine  cave.  Chez  tous  les  mamnii- 
f^res  en  g^ndral,  I'ouverlure  du  diaphragme  qui  donne  passage  ^  celle 
veine  est  r6trecieparles  contrations  musculaires  (1).  D'un  autre  c6t6,  chez 
les  grands  mammiferes  et  chez  I'homnae  meme  (2) ,  on  Irouve  des  hbres 
musculaires  lisses  dans  !a  tunique  moyenne  de  la  veine  cave  au  niveau  du 
diaphragme.  Or  il  n'est  pas  sans  interSt  de  voir  le  pilier  droit  d'oii  ema- 
nent  en  grande  parlie  les  faisceaux  tendineux  qui  bordent  I'ouverlure  pour 
la  vtine  cave,  recevoir  ses  nerl's  de  la  source  meme  qui  en  fournil  a  la 
parlie  musculaire  de  celle  veine;  la  communaule  d'origine  de  ces  deux 
ordres  de  filets  nerveux  a  sans  doule  pour  r^sullal  de  faire  concorder  deux 
actes  qui  modifient  de  la  meme  maniere  la  circulation  de  la  veine  cave, 
savoir  :  la  contraction  de  I'anneau  musculaire  de  celle  veine  el  le  resserre- 
nient  de  Touverture  du  diaphragme. 

Quant  a  I'anaslomose,  d^crile  par  Valentin,  du  nerf  phr6nique  gauche 
avee  le  pneumo-gastrique  gauche,  voici  ce  qui  existe  r^ellemenl :  une 
branche  se  d^lache  de  I'extremile  gauche  du  plexus  ccEliaque,  commu- 
nique par  quelques  filels  avec  le  plexus  surrenal,  envoie  quelques  filels 
tr^s-greles  qui  s'anastomosent  avec  des  divisions  du  nerf  phr6nique  gau- 
che, puis  se  porte  vers  le  cardia  et  le  cul-de-sac  de  I'eslomac,  ou  elle  se 
divise  en  branches  lerminales ;  une  de  ces  branches  s'anaslomose  avec 
une  division  du  pneumo-gastrique,  c'esl  Vanse  nerveuse  du  cardia.  Le 
pneumo-gastrique  gauche  communique  encore  par  les  branches  qu'il 
envoie  au  foie,  avec  un  petit  filet  constant  qui  se  d^tache  du  plexus  ana- 
slomolique  forme  par  la  branche  poslerieure  du  nerf  phrenique  droit,  el  le 
rameau  diaphragmalique  du  plexus  cceliaque. 


(0  M.  Beiaiii,  CouRs  de  piivsioLOGiii,  vol,  111,  p.  24-';,  cite  h  ce  sujet  les  expe- 
riences de  Haller,  Sclnvaitz  e!  Bichal. 
(2)  Ilen!e-R(Enschel. 


FIN. 


CAS 

DE  TUMEURS  FIBRINEDSES  MDLTIPLES 


COMTENANT  UBIE  MATli:RE  PURIFORME  , 


SITC^BS  DANS  l'OREILLETTE  DKOITZ  DD  COEDR  , 


SUIVI   DE   CAS  ANALOGUES  ET   DE   QUELQOES  REMARQUES  CRITIQUES; 


Lu  J  la  SocMi 


Par  M.  CHARCOT, 

Interne  lauriat  des  hApitaai. 


Oiis.  —  Amould  (Louis),  age  de  29  uns,  boutonnler.  Enlre  le  10  join  1850  a 
I'hopital  de  la  Charite,  salle  Saint-iMichel,  n»  8,  service  ile  M.  Raver.  Moit  le  6 
juillet. 

Get  homine  n'a  jamais  joui  d'une  bonne  sante;  dfs  I'age  de  14  an?,  il  epiou- 
vait,  sous  I'lnfluence  des  moindres  fatigues,  de  I'oppiession,  de  Tessouiriement, 
des  palpiiations  et  un  peu  de  toux.  A  I'age  de  20  ans,  il  tombe  au  sort  et  scrt 
comme  soldal  en  Afrique  pendant  trois  ans  ;  pendant  tout  ce  temps,  il  ne  cesse 
d'etre  sujel  a  la  loux  et  aux  oppressions,  incommodiles  qui  ne  I'empechent  ce- 
pendant  pas  de  repondre  lanl  Lien  que  mal  aux  exigences  du  service  militaire. 
Pendant  le  sejour  en  Afrique,  il  contracte  une  flevre  intermittente  de  type  tierce, 
qui  se  rcproduit  a  plusicurs  reprises,  mais  qui  n'est  pas  suivie  d'hjdropisie.  Ce 
malade  est  de  retour  en  France  depuis  trois  ans;  depuis  celle  cponue,  il  se  livre 
a  un  travail  assez  fatigant,  qui  I'oblige  a  avoir  les  mains  sans  cesse  plongees  dans 
I'eau.  II  a  pour  habitude  de  se  livrrr  tnus  les  lundis  et  lous  les  dimanches  ^  des 

TOME    III.  14 


190 
eicfes  alcooliques  ct  il  fait  communemenl  usage  do  tin  blanc ;  il  hablte  un  loge- 
ment  sec  el  se  nourrit  d'ailleurs  assez  bien.  Depuis  le  retour  en  France,  et  sous 
I'influence  des  nouvelles  habitudes,  la  toux,  I'oppression,  les  fatigues  sponlanees 
n'ont  fait  que  s'accroilre;  cependant  il  n'y  a  a  noter  ni  fi6vre,  ni  sueiirs  noc- 
turnes, ni  amaigrissement,  ni  hemoplysies.  11  y  a  quatre  mois  environ,  sans 
cause  connue  et  en  un  seul  jour,  les  paupieres  el  les  joues  s'enflent  considera- 
blement,  les  membres  inferieurs  etles  avant-bras  s'cedcmalient ;  celte  produc- 
tion rapide  de  I'anasarque  n'est  pas  accompagDee  de  frissons;  elle  n'avait  pas 
ele  precedee  de  douleurs  derein;  le  malade  n'avait  eprouve  qu'une  grande  las- 
situde el  un  peu  d'inappetence ;  il  continue  neanmoins  a  travailler  pendant  une 
quinzaine  de  jours,  maisbientot  les  bourses  elles-memes  se  prennent ;  la  fa'ij;ue 
devienl  extreme  et  il  se  Toit  force  de  se  rendre  k  I'hopital  Saini-Antoine.  Le  trai- 
tementqu'il  ysubit  et  qui  consiste  plus  parliculieremenl  en  bains  de  vapeur  et 
en  fumigations,  reste  sans  e£fet. 

Le  malade  quitte  eel  hopital  apres  un  sejour  de  deux  mois  ;  il  reste  chez  lui 
pendant  une  quinzaine  de  jours,  sans  liailement,  el  entre  eriiin,  le  lO  juiii  1851, 
a  I'hopital  de  la  Charlie,  oii  nous  le  trouvons  dans  I'elat  suivant  : 

Constitution  profondement  deterioree;  decoloration  generale  et  teinte  jaunilie 
des  teguments.  Souffle  a  double  courant  dans  les  vaisseaux  du  cou.  Souffle  doux 
au  premier  temps  du  coeur  ayant  son  maximum  h  la  base. 

OEdeme  considerable  des  membres  supeiieurs  el  inferieurs ;  hydroperitonie; 
ced^me  du  scrotum  :  simple  bouffissure  de  la  face. 

Toux  habiluelle  et  frequente,  surloul  la  null;  expectoration  decracliats  verts, 
larges,  arrondis,  puritormes ;  quelquefois  d'une  teinte  rousse  el  slries  de  sang; 
sentiment  d'oppression ;  voix  faible,  mais  sans  raucite.  La  percussion  de  la  poi- 
trine  fail  reconnailre,  dans  loute  I'eiendue  du  c6l6  droit;  en  arriere,  une  matite 
absolue  avec  resistance  au  doigl;  en  avant,  depuis  la  clavicule  jusqu'uu  foip,  re- 
sistance au  doigt  qui  percute,  mais  sonorile  speciale.  Par  rauscultalion,  on  con- 
state, dans  toute  I'etendue  du  meme  cole,  I'existence  d'un  souffle  presque  am- 
phorique  et  d'un  gargouillement  compose  de  bulles  volumineuses  qui  s'accom- 
pagnent  en  eclatant  d'un  timbre  metallique ;  pas  dc  tintemeni  melaliique  propre- 
ment  dit;  pas  de  bruit  de  fluctuation  Ihoracique;  pecloriloquie. 

Le  poumon  gauche  parail  sain  dans  toute  son  clemlue. 

Volume  normal  du  cceur ;  nor.s  y  avons  deja  note.  I'existence  d'un  souffle  hy- 
dremique. 

Foie  de  forme  et  de  volume  normaux. 

Rate  hypertrophiee ;  elle  a  atleinl  de  12  a  13  ceulimeires  dans  son  diameire 
vertical ;  elle  est  epalsse. 

Rien  k  noter  du  cote  des  intci-lins;  pas  de  devoicment. 

Les  deux  reins  paraissent  d'egal  volume,  mais  tous  deux  seniblenl  avoir  subi 
une  legere  augmentation  d'etendue ;  la  percussion  fail  recomiaitre  en  meme 
temps  que  la  region  des  reins  n'est  pas  douloureufe ;  remission  de  I'urine  est 


i 

i. 


191 
rare,  non  douloureuse.  L'urine  elle-memeetant  chaufT^e,  puis  traitee  par  I'acide 
nitrlque,  il  s'y  forme  un  abondant  depot  d'albumine. 

Le  malade  n'eprouve  pas  de  fl6vre  le  soir;  il  n'a  pas  de  sueurs  nocturnes.  Sa 
peau  parait,  quand  on  la  louche,  au-dessous  de  la  temperature  normale,  surtout 
aux  extremites;  le  pouls  est  faible,  depressible,  naturel  pour  la  frequence;  le 
malade  a  conserve  un  peu  d'appetit,  il  est  dans  un  etat  de  faiblesse  tres-conside- 
rable.  Prescript. :  Poudre  de  cedron,  0,50  centigr.;  sous-carbonate  de  fer,  0,50 
centigr. ;  deux  portions  d'aliments. 

Le  22  juin,  il  se  manifesto  du  devoiement  avec  tenesme;  cinq  k  six  selles  en 
vingt-quatre  heures.  Prescript.  :  Potion;  laudanum,  10  gouttes;  diminution  des 
aliments. 

Meme  etat  les  jours  suivants. 

Le  24  juin,  des  caillots  de  sang  noir  se  rencontrent  pour  la  premiere  fois  dans 
les  selles ;  lOO  pulsations,  pouls  petit,  mou,  souvent  redouble,  quelquefois  inter- 
mittent; extremites  froides.  L'etat  de  l'urine  n'est  pas  modifle. 

Meme  etat  les  jours  suivants,  si  ce  n'est  que  I'oppression  augmente  manifeste- 
menl  de  jour  en  jour;  le  malade  dit  ne  pas  eprouver  de  palpitations. 

30  juin.  Meme  etat  general,  meme  nombre  de  selles;  elles  contiennent  tou- 
jours  des  caillots.  Les  crachats  sont  tout  k  fait  puriformes,  d'un  vert  roux,  tr6s- 
abondants.  Dans  le  courant  de  la  journee,  un  frisson  violent  avec  tremblement 
se  manifeste  ;  en  Fuerae  temps  une  douleursourde,  que  la  percussion  exagere,  se 
montre  k  la  region  du  coeur.  L'auscultation  du  coeur  fait  constater  I'existence 
d'un  bruit  de  cnir  neuf,  superficiel,  tres-rude,  perceptible  aux  deux  temps  de 
chaque  baitement,  mais  dont  I'intensiie  est  augmentee  a  chaque  inspiration  pul- 
monaire.  Preserip. :  Un  vesicatoire  sur  la  region  precordiale. 

1"  juillet.  Meme  etat  que  la  veille.  Quelques  frissons  erratiques  ;  pas  de  clia- 
leur  cutanec;  meme  etat  des  selles  et  de  l'urine.  Rien  de  nouveau  a  noter  dans 
les  poumons.  Meme  sentiment  d'anxiete  oii  siegeait  la  region  precordiale. 

Les  jours  suivants,  la  dyspnee  ne  fait  que  s'accroitre.  Le  bruit  de  cuir  neuf 
persiste. 

4  juillet.  Anxiete  tr^s-considerable.  L'expectoration  devient  difficile  ;  les  rales 
pulmonaires  s'entendent  k  distance;  decubitus  lateral;  dans  tout  le  cote  droit 
du  corps  sur  lequel  le  malade  est  habitueliement  couche,  I'cedeme  a  presque 
completement  disparu. 

Mort  le  6,  k  une  heure  du  matin.  Le  malade  etait  depuis  deux  jours  dans  un 
veritable  etat  d'agouie.  Le  frotlement  pericardique  a  persiste  jusqu'a  la  fiu.  Ja- 
mais il  n'y  a  eu  de  phenomenes  cerebraux. 

AuTOPSiE,  faite  trente  heures  apres  la  mort.  —  Nulle  rigidite  cadaverique. 

PouMONS.  —  Poumou  droit :  adhereiices  intimes  aux  parois  thoiaciques;  les 
lobes  sont  conlondus  en  un  seul  et  relies  entre  eux  pur  une  epaisse  coque 
libreuse.  Le  tissu  du  poumon  a  une  tcinle  vcrdatre;  il  est  dur,  homogtoe  et  crie 
sous  le  scalpel;  il  est  creuse  d'unn  dizaine  d'excavations  volumineuses;  quel- 


192 

t 

(jues-unes  communiquent  enlre  dies.  Ces  excavations,  dont  les  paroig  sont  lisses 

et  rougeatres,  contiennent  tr6s-peu  de  mati^re  purifovme.  Tuberciiles  a  I'elat  cre- 
tace  au  sommet  du  poumon. 

Le  poumon  gauche  ne  prcsente,  avec  les  parois  tlioraciques,  que  des  adhe- 
rences  peu  inlimes  et  celluleuses.  Son  tissu  estpartout  feu  cropitant;  il  presente 
a  peine  un  peu  de  congestion  hypostalique  aux  parlies  les  plus  declives.  Un  peu 
de  dilatation  des  vesicules  aeiiennes  au  niveau  du  bord  anterieur.  Quand  on 
coupe  le  tissu  pulmonaire,  il  s'en  (iooule  une  tres-grande  quantite,  d'unliquide 
claif,  acre,  tres-fluide.  En  pratiquant  celte  section,  on  remarque  que  des  vais- 
seaux  de  divers  calibres  sont  exactement  remplis  par  des  conrretions  polypi- 
formes  que  Ton  pent  extraire  par  la  dissection,  sous  forme  de  cylindres  ramifies. 
On  remonte,  par  la  dissection,  jusqu'au  tronc  de  I'artere  pulmonaire,  qui  est 
elle-meme  remplie  par  une  concretion  polypiforme,  laquelle  prend,  comme  nous 
le  verrons,  son  origine  dans  le  ventricule  droit.  Quant  aux  concretions  en  elles- 
memes,  ellessont  blanchatres  ou  d'une  teinte  vineusc,  resistantes,  solides,  exac- 
tement  moulees  sur  les  vaisseaux  qui  les  renferment;  dies  n'adh6rent  que  <;a 
et  1^,  et  trSs-faiblement,  it  la  membrane  interne  de  ces  derniers,  qui  d'aiileurs 
est  lisse  et  offre  sa  coloration  habituelle;  elles  sont  dans  I'artere  pulmonaire  et 
dans  ses  branches  principales,  entourees  d'une  couche  de  sang  noir  a  peine  coa- 
gul6 ;  nulle  part  elles  ne  presentent  a  leur  intcrieur  de  ramollissemenl  ou  de  foyers 
remplis  d'une  matiere  puriforme. 

CoEUR.  —  La  face  anterieure  du  cccur,  et  la  partie  correspondante  du  feuillet 
sereux  du  pericarde,  sont  recouvertes  de  Irfes-petites,  mais  tres-nombreuses  vege- 
tations fjbrineuses,  qui  s'engrenent  reciproquement  et  determinaient  une  leg^re 
adherence  partielln  du  pericarde  au  roeur.  En  arriere,  le  feuillet  sereux  pericar- 
dique  ne  pr6sente  rien  de  notable.  Un  peu  d'une  matiere  gelatineuse  verdatre  au- 
tour  de  I'origine  des  gros  vaisseaux.  Le  feuillet  sereux  dans  les  points  oil  exis- 
taient  les  vegetations  est  rouge  et  laisse  voir  une  fine  injection  vasculaire. 

Volume  h  peu  pres  normal  du  coeur. 

Le  ventricule  gauche,  dont  les  parois  ont  uneepaisseur  naturelle,  contient  un 
caillot,  libre  dans  sa  cavite,  si  ce  n'est  en  un  point  voisin  de  la  pointe  du  coeur. 
Ce  caillot  est  blanchatre,  de  structure  fibreiise  et  assez  resistant;  il  se  prolonge 
d'un  cote  dansl'oreillette  droite.etdel'autre  dans  I'aorle,  ou  ilsetermine  bientot 
en  pointe;  dans  ces  deux  derniers  points,  il  est  envelop; e  d'une  couclie  de  sang 
noir  k  peine  coagule.  La  section  du  caillot  demontre  qu'il  n'exisle,  dans  son  in- 
terieur,  aucun  point  ramolli,  aucun  foyer  rc-mpli  de  matiere  puriforme.  L'en- 
docarde  ne  presente  d'aiileurs  aucune  alteration  de  couleur,  d'epaisseur  on  de 
consistance. 

Le  ventricule  droit  qui,  avant  d'etre  ouverl,  paraissiiit  un  peu  distcndu,  e.>-l 
rempli  par  une  concretion  pnlypiforme  conique,  laquelle  n'adlieie  aux  parois  du 
ventricule  qu'au  voisinage  de  la  pointe  du  coeur.  Celtc  concretion  se  divise  par 
en  haul  en  deux  parties  :  I'une  pcn6tre  dans  I'artere  pulmonaire,  I'autre  passe 


193 

entre  les  valvules  tticuspides  et  va  remplir  roreillelte  droite  qu'elle  dislend  en 
meme  temps  qu'elle  envoie  des  proloiigements  dans  uiie  ceitaine  etendue  des 
veines  caves  infeiieure  et  superieure.  Au  moment  de  pcnetrer  dans  raitere  pul- 
monaire,  la  branche  anterieure  de  la  concretion  polypiforme  presenle,  au  niveau 
des  valvules  sygmoides,  une  soite  d'elranglement. 

En  ce  point,  on  la  voit  offiir  trois  mamelons  saillants  qui  se  sent  exactement 
monies  dans  la  cu\ite  en  nid  de  pigeon  des  valvules. 

Nous  avons  dit  comment  la  concretion  se  ramifiait  dans  le  poumon  lui-meme, 
et  se  retrouvait  jusque  dans  des  ramifications  tr^s-tenues  de  I'art^re  pulmo- 
naire. 

Dans  le  ventricule  droit,  comme  dans  le  poumon,  la  concretion  est  pale,  de 
structure  fibreuse,  stride  de  sang  dans  le  sens  de  sa  longueur;  libre  dans  la  plus 
grande  partie  de  son  etendue,  elle  n'adiiereen  realite  aux  parois  venlriculaires 
que  dans  un  seul  point  voisin  de  la  pointe.  du  coeur.  La  les  adiierences  sont  in- 
tinies  et  difficiles  a  detruire.  En  arriere,  elle  est  moUement  unie  k  Tangle  poste- 
rieur  rentrant  du  ventricule  droit  par  une  masse  de  sang  noir  coagule,  lequel 
forme  presque  k  lui  seul  le  contenu  de  I'oreilletie  et  des  veines  caves. 

En  dissequant  la  concrelion,  on  la  trouve  a  son  centre,  pleine  et  homogene 
dans  la  plus  grande  partie  de  son  etendue;  mais  dans  sa  partie  inferieure,  au 
TOisinage  du  point  d'adherence,  elle  contient  deux  kystes,  dent  I'un  a  le  volume 
d'une  grosse  noisette,  et  I'autre  celui  d'un  petit  pois.  Ces  deux  kystes,  spheriques, 
ont  une  paroi  propre  bien  distincte  de  la  fibrine  ambiante  et  par  sa  couleur,  qui 
est  verdatre,  et  par  sa  texture;  I'enucleation  en  est  facile.  L'epaisseur  de  la  paroi 
est  uniforme  et  de  2  millimetres;  le  contenu  est  un  liquide  vert,  epais,  cremeux, 
tout  k  fait  analogue  au  muco-pus  qu'on  rencontre  dans  les  petites  bronches  lors 
de  certains  catarrhes. 

Ces  deux  tumeurs  sont  les  seulesque  renferme  le  caillot,  mais  la  face  interne 
du  ventricule  droit  est  herissce  d'une  vingtaine  do  kystes  en  tout  semblables, 
qu'on  pouvait  apercevoir  sans  preparation,  lors  de  I'otiverture  de  la  cavite  ven- 
triculaire.  Ces  tumeurs  sont  toutes  situees  dans  les  enfoncements  qui  existent 
entre  les  colonnes  charnues;  les  unes  y  sont  enfoncees  el  comme  cachees,  les  au- 
tres  font  plus  on  moins  saillie  dans  la  cavite  cardiaque;  les  uncs  ont  le  volume 
d'un  lout  petit  pois ;  il  en  est  d'autres  qui  ont  celui  d'une  noisette.  La  partie 
saillante  dans  le  ventricule  est  lisse,  arrondie,  globuleuse;  tantot  c'est  moins 
d'une  demi-sphere,  tantot  c'est  une  sphere  presque  complete;  mais,  dans  tousles 
cas,  il  faut  dissequer  le  tissu  musculaire  avoisinant,  pour  voir  ces  tumeurs  dans 
loule  leur  etendue  ;  on  remjrque  alors  que  chacune  d'cUes  se  prolonge  sous  les 
colonnes  charnues  du  cocur  par  une  sorte  de  pedicule  fibrineux,  plus  ou  moins 
aplati.  La  partie  cachee  des  tumeurs  el  leur  pedicule  n'adhcrent  d'ailleurs  que 
tr6s-faiblement  au  tissu  de  rendocardc.  Souvent  deux  tumeurs  ont  un  meme  pe- 
dicule. La  coloration  du  pedicule,  comme  celle  du  kyste,  est  verte.  En  piquant 
cc  dernier,  qui  est  d'ailleurs  fluctuant,  il  s'en  echappe  un  liquide  puriformCy  eu 


19/i 

tout  analogue  k  celui  qui  a  ete  signale  plus  haul.  Quand  les  plus  grosses  des 
tumeurs  ont  6le  vid6es,  leurs  parois  reviennent  sur  elles-memes.  En  general,  la 
cavite  du  kyste  se  prolonge  dans  le  pedlcule  lui-meme,  qui  est  alors  canalicule  et 
contient  aussi  la  substance  puriforme.  Aucune  trace  d'injection,  de  vascularisa- 
lion  dans  les  parois  des  kystes  ou  des  pedicules;  celles  des  plus  volumineux  pre- 
sentent  k  leur  face  interne  des  sortes  de  cotes  de  saillies  parall6les  les  unes  aux 
autres.  Aucune  des  tumeurs  appendues  aux  parois  ventriculaires  ne  nous  a  paru 
pleine,  mais  dans  quelques  cas,  la  matifere  contenue  etait  plus  dense  et  la  parol 
plus  ^paisse. 

Dans  le  ventricule  droit,  comme  dans  le  gauche,  I'endocarde  dtait  complete- 
ment  sain ;  il  en  etait  de  meme  de  la  membrane  interne  de  I'art^re  pulmo- 
naire. 

En  portant  sous  le  microscope  une  gouttelette  de  la  mati^re  puriforme  que 
contiennent  les  kystes,  on  remarque  qu'elie  est  composee  :  1°  d'une  substance 
amorphe  qui  ne  paralt  etre  autre  chose  que  de  la  flbrine  desagregee;  2*  d'une 
quantile  prodigieuse  de  granulations  moleculaires;  3°  d'un  certain  nombre  de 
globules  arrondis,  pSles,  un  peu  plus  volumineux  que  les  globules  rouges  de  sang. 
Ces  globules  contiennent  un  certain  nombre  de  granulations  analogues  k  celles 
qui  sont  libres  dans  le  liquide  ambiant;  ils  ne  contiennent  pas  de  noyau  distinct. 
Quelques-uns  de  ccs  globules  sont  parfaitement  spheriques ;  d'autres  presentent 
Qa  et  la  des  aplatissements  et  des  bosselures,  resullats  d'un  commencement  d'al- 
t^ration.  Aucun  globule  muni  des  caract^res  anatomiques  distinguant  les  vrais 
corpuscules  du  pus  ne  se  rencontre.  Tons  sont  constitues  comme  nous  I'avons 
dit  plus  haut. 

Cesraisons  fontpenser  qu'il  s'agit  ici,  non  pasde  globules  de  pus  modifle,  ou 
meme  de  globules  dils  pyoides,  mais  bien  de  verilabies  globules  blancs  du 
sang. 

FoiE.  —  Volume  k  peu  pr^s  normal ;  leg^res  bosselures  a  la  surface  ;  leger 
degre  de  cirrhose. 

Reins.  —  lis  sont  d'egal  volume,  mais  tous  deux  sont  leg^rement  hypertro- 
phies. Accroissement  d'epaisseur  de  la  substance  corticale  qui  est  d'un  jaune 
orange,  d'aspect  graisseux  et  ne  contient  pas  de  granulations.  Atrophic  com- 
mengante  de  la  substance  tubuleuse. 

Rate.  —  13  centim.  de  haut  en  bas,  lr6s-epaisse.  Son  lissu  est  dur  et  resistant, 
nullement  friable.  En  la  raclant,  on  en  enleve  une  pulpe  analogue  au  raising. 
Ulceration  a  fond  tuberculeux  dans  I'intestin  grele.  Paleur  remarquable  de  la 
muqueuse  gastro-intestinale  qui  nuUe  part  n'est  ramollie;  pas  meme  d'aureole 
congestionnelle  au  pourtour  des  ulcerations. 


1^5 


INDICATIONS    D  OBSERVATIONS    ANALOGUES.    —    QUELQDES  REMARQDKS 

CRITIQUES. 

Nous  avons  recueilli  dans  divers  ouvrages  vingt  et  UDe  observations  plus 
ou  moins  d^laill^es  de  concretions  polypiformes  du  cceur,  renfermant  k  leur 
centre  une  mali^re  puriforme ;  la  notre  est  la  vingl-deuxi^me.  Apr^s  les 
avoir  analysdes,  il  nous  semble  qu'on  pourrait,  a  un  certain  point  de  vue, 
les  diviser  en  deux  categories  principales. 

PREMlfeRE   CATEGOniE. 

Obs.  1.  —  Chez  une  maladc  morte  d'angine  de  poitrine  (Angina  Pectoris), 
Allan  Burns  trouva  dans  le  ventricule  gauche  du  cceur  un  caillol  bien  organise, 
adherant  fermement  ii  I'endoearde  el  contenant  dans  son  centre  une  cuilleree  a 
the  de  matjere  puriforme  paifailement  form6e.  (Allan  15urns,  0ns.  on  diseases 

OF  THE  HEART,   1809,  p.  200.) 

Obs.  II.  —  Rhumatisme  arliculaire  aigu,  vaste  concretion  polypiforme  dans 
ie  coeur  droit.  Cette  concretion  contenait  <;k  et  la  dans  son  interieur  une  mali6re 
ramoilie  et  comme  purulente.  L'oreillette  droile,  les  veines  caves  superieure  el 
inferieure,  la  juaulaire  interne,  la  femorale,  I'artere  pulnionaire  jusque  dans  les 
ramifications  les  plus  tenues  contenaient  aussi  des  concretions  polypiformes  qui, 
dans  quelques-uns  de  ces  vaisseaux,  renfermaient  aussi  des  points  de  suppura- 
tion. (Legroux,  Kech.  sur  les  concr.  sang,  polkpif.,  Theses  de  Paris,  1827, 
n*  215,  obs.  1.) 

Obs.  111.  —  Abces  urineux,  tangr^ne  scrotale.  On  trouve  dans  le  ventricule 
gauche  du  coeur  deux  caillots  fibrineux,  du  volume  d'un  pois  chacun;  et  sup- 
pures  a  leur  centre;  ces  caillots  constituaient  des  especes  de  kystes  dont  la  sur- 
face interne  etait  blanche  ei  lisse.  (Legroux,  loe.  cit.,  obs.  6.) 

Obs.  IV.  —  Chez  une  femme  de  86  ans,  non  phlhisique,  on  rencontre,  dans  le 
coeur  droit,  des  caillots  suppures  a  leur  centre.  (Legroux,  loc.  ci(.,obs.  8.) 

Obs.  V  et  VI.  —  Pas  de  renseignements  sur  les  malades.  Dans  les  deux  cas, 
on  rencontre  dans  le  ventricule  gauche  du  cmur  des  concretions  fibrineuscs  sup- 
purees  a  leur  centre.  (Cruveilhier,  Anat.  pathol.,  28'  livr.) 

Obs.  VII.  —  Chez  une  femme  de  45  ans,  morte  avec  une  hypertrophic  du 
coeur,  on  rencontre  dans  les  deux  venlricules  des  masses  fibrineuses,  adherant  h 
I'endocarde,  et  au  centre  desquclles  existent  de  pelites  collections  purulentes. 
(Guenard,  Boll,  de  la  See.  anat.,  1836,  p.  101.) 

Obs.  VIII.  —  Un  homme  age  de  30  ans,  non  luberculeux.  OEdeme  avec  dou- 
leur  dans  le  membre  inferieur  gauche.  Caillot  contenant  une  matiere  puriforme 


dans  )a  veine  iliaque  primitive  gauche.  Les  cavites  droites  du  toeur  sont  oceu- 
pees  par  deux  caillols  non  adherents,  au  centre  desquels  on  trouve  une  malifire 
opaque,  blanchatre,  et  du  pus  bien  forme.  Aucun  autre  visc6re  ne  contenaitdu 
pus,  (Nivet,  loc  cit.,  p.  102.) 

Obs.  IX.  —  Pas  de  renseigneraents  sur  le  malade.  Caillot  dans  le  ventricule 
gauche  separe  des  parois  du  coeur  par  une  bande  membraniforme ;  au  centre 
du  caillot  existait  une  matiere  sanieuse,  purulente,  demi-liquide.  (Mercier,  loc. 
at.,  183G.) 

Obs.  X.  —  Femme  ai;ce  de  60  ans.  Pneumonie  au  trosieme  degre,  pas  de  tu- 
bercules  dans  les  poumons.  Caillot  dans  le  ventricule  droit  du  coeur  contenant  k 
son  centre  qaet  la  une  matiere  ramollie  et  purulente.  M.  Donne  ayant  examine 
cette  matiere  au  microscope  y  constate  les  veritables  caracteres  dupus.  (Gue- 
neau  de  Mussy,  loc.  cit.,  p.  318,  I4'annee.) 

Obs.  XI.  —  Pas  de  renseignements  sur  le  malade.  Caillots  contenant  du  pus, 
situes  dans  I'oreiilette  droite  du  coeur.  L'examenmicroscopique denote  I'existencc 
des  caracteres  anatomiques  du  pus.  (Gueneau  de  Mussy,  loc.  cit.) 

Obs.  XH.  —  Gastro-enterile,  pneumonic,  pericardite  chez  une  femme  agee  de 
75  ans.  Le  ventricule  gauche  du  coeur  contient  dans  sa  cavite  un  petit  coagu- 
lum  dont  on  fait  jaillir  quelques  gouttes  d'un  pus  phlegmoneux  et  un  peu  sa- 
nieux.  (Barth,  loc.  cit.,  1848,  p.  363.) 

M.  Bouillaud  a  du  rencontrer  souvent  cetle  vari^t6  de  concretions  sup- 
purges  dans  les  ventricules  du  coeur ;  raais  je  n'en  Irouve  d'observations  ni 
dans  ie  tome  II  du  Traite  des  maladies  du  coedr  ni  dans  le  Memoire  scr 
LES  CONCRETIONS  POLYPiFORMES  DC  COEVK.  ins^rij  dans  le  journal  l'Expe- 
rience,  1839.  Quant  k  Hope,  ce  soot  les  concretions  avec  matiere  puri- 
forme  de  noire  deuxieme  categoric  qu'il  parait  avoir  rencontrees  le  plus 
souvent.  II  ne  donne  pas  d'observations  partioulieres  i  ce  sujet.  (Voyez 
Hope,  A  treatise  on  diseases  of  the  heart,  3'  6d.,  1839,  p.  257.) 

Dans  tous  les  cas  que  nous  venons  de  rapporter  en  abr^ge,  nous  voyons 
la  matiere  puriforme  sieger  au  centre  d'un  ou  de  plusieurs  caillots  plus 
ou  moins  organises,  plus  ou  moins  adherents  aux  parois  de  la  caviie  qui  les 
renferme.  Ces  caillols  existent  au  nombre  d'un  ou  deux  an  plus  dans  un 
meme  ventricule ;  on  peul  les  rencontrer  dans  le  ventricule  droit  ou  dans 
le  ventricule  gauche  :  quelquefois  on  les  rencontre  a  la  fois  dans  les  deux 
cavitds  ventriculaires.  La  matiere  puriforme  est  a  meme  le  caillot  donl  elle 
occupe  le  centre ;  elle  n'est  jamais  contenue  dans  un  kysle  h  parois  dis- 
tinctes.  Dans  les  cas  ou  on  a  donne  des  renseignements  sur  les  malades, 
ces  derniers  eiaient  alleints  de  pneumonie,  de  rhumalisme,  de  phiebile, 


197 
d'abc^s  urineux,  d'hypertrophie  du  cceur ;  aucun  d'eux  n'6tait  porteur 
d'excavalioDS  tuberculeuses  dans  les  poumons.  Dans  deux  cas  enfin  I'exa- 
men  microscopique  d6montre  que  la  mali^re  puriforme  possede  en  r6alit6 
les  caracl^res  analomiques  du  pus. 

DEUXIEME   CATEGORIE. 

Les  concretions  sanguines  contenant  une  malifere  puriforme,  de  celte 
deuxifeme  cal^gorie,  ont  d6ja  un  nom  en  analomie  patliologique ;  ce  ne 
sonten  elTet  autre  cliose  que  les  vegetations  globuleuses,variet6s  suppur^es 
de  Laennec  (Traite  d'auscolt.,  t.  Hi,  S'^d.),  les  kysles  puruleuts  mul- 
tiples des  cavitds  ventriculaires  deM.  Cruveilhier  (Anat.  pathol.,  28*  liv.)- 

Obs.  I.  —  Femme  agee  de  40  ans.  Tubeicules  pulmonaires,  les  uns  durs,  les 
autres  ayant  la  consistance  du  fromage  mou.  II  n'y  a  pas  de  cavernes.  Dans  la 
cavite  du  ventricule  droit,  plasieurs  petites  visicules  un  peu  plus  grosses  qu'un 
pois  ;  toutes  sont  pediculees  et  tiennent  aux  paiois  des  venlricules  par  des  pro- 
longements  en  forme  de  racines  intiiquees  dans  les  colonnes  charnues  et  pre- 
sentenl  tous  les  caracteres  des  concretions  polypiformes.  Dans  la  plupart  de  ces 
vesicules  on  rencontrait  une  maliere  d'un  blanc  jaunatre,  puriforme  et  d'une 
consistance  de  bouillie.  Leurs  parois  opaques  jaunatres  avaient  la  consistance 
du  blanc  d'oeuf  cuit,  d'une  epaisseur  ^  peu  pr6s  double  de  celle  de  I'ongle  et 
assez  egule.  (Laennec,  p.  242,  Traite  d'auscult.,  t.  Ill,  3"=  (id.) 

Obs.  II,  III  et  IV.  —  i°  Femme  de  26  ans.  Phthisie  pulmonaire  (excavations 
tuberculeuses);  phthisie  laryngee.  Une quarantaine  de  pelites  tumeuisde  divers 
volumes  font  saillie  dans  la  cavite  droite  du  ventricule  du  cceur,  a  travers  le 
lacis  des  colonnes  charnues,  auxquelies  eiles  adherent  par  des  piolongements 
en  forme  de  pedicule.  Ces  tumeurs  sont  constituees  par  des  kystes  flbiineux,  k 
parois  assez  resistantes,  qui  loutes  contiennent  du  pus  blanchatre  bien  forme. 
L'interieur  meme  du  ventricule  renferme  des  caiilots  fibrineux  decolores  non 
adherents,  ne  presentant  pas  la  moindre  trace  de  pus  a  l'interieur.  Caiilots  deco- 
lores, non  purulents,  dans  le  ventricule  gauche. 

2°  Jeune  homme  age  de  19  ans.  Cavernes  tuberculeuses  dans  les  poumons. 
Pus  tuberculeux  dans  les  glandes  sous-maxiJIaires.  Une  \ingtaine  de  tumeurs, 
en  tout  semblables  k  celles  de  I'observation  precedente,  existent  dans  le  ventri- 
cule droit.  Meme  forme,  meme  pedicule,  meme  contenu. 

3°  Femme  de  25  ans.  Cavernes  tuberculeuses  des  poumons.  La  cavite  du 
ventricule  droit  presente  une  infinite  de  petits  kystes  tibrineux,  pedicules,  con- 
tenant  du  pus  a  l'interieur.  Ces  tumeurs  sont  en  tout  analogues  a  celles  qu'on  a 
signalees  dans  les  observations  qui  precedent. 

(Ces  trois  observations  appartiennent  a  M.  Miquel;  elles  se  trouvenl  dansla 

NOUVELLE  BIBLIOTHEQLE  MEDICALE,  t.  Ill,  an.  1829,  aOUt,  SOUS  06  tltrC  :    TuMEURB 


1918 

FIBHINEl'SES  CONTENA.NT  DV    PUS  DAKS  LE  CnUR   DES  PHTHISIQUES;  AFFECTION  SINCU- 
LltRC  NON  D^CRITE.) 

Obs.  V  et  VI,  —  i"  Phlkisie  pulmonaire.  Dans  le  ventricule  droit  du  cojur 
concretions  globuleuses  multiples,  dont  les  pedicules  penetrent  entre  les  co- 
lonnes  charnues.  Ces  concretions  sont  autant  de  kysles  dont  la  cavite  contient 
en  general  soil  un  liquide  sanieux,  soil  un  liquide  ofTrant  tons  les  caract^rea 
physiques  du  pus. 

2°  Tubercules  pulmonaires.  Dans  le  ventricule  droit  du  coeur,  concretions 
polypiformes  multiples  suppurees.  (Legrou\,  loc.cit.,  obs.  7  et9.) 

Obs.  VII.  —  Pas  de  renseisnements  sur  le  nialade.  Dans  le  ventricule  droit  du 
coeur,  on  rencontre  des  kystes  multiples,  a  parois  fibrineuses,  adherant  auj  pa- 
rois  par  des  prolongements  fibrineux  qui  s'enfoncent  dans  les  intervalles  des  cc- 
lonnes  charnues.  Les  kystes  contiennent  du  pus  visqueux  et  rougeatre.  (Cruvei- 
Ihier,  Anat.  pathol.,  28'  livr.) 

Obs.  VIII.  —  Femme  de  28  ans.  Phthisie  pulmonaire.  Deux  larges  cavernes 
anfractueuses  remplies  de  pus.  Dans  le  ventricule  droit  du  cceur,  on  rencontre 
une  quinzaine  de  petites  poches,  k  parois  fibrineuses,  contenant  du  pus.  Ces 
poches  ont  un  pedicule  qui  penetre  entre  les  eolonnes  charnues.  Quelques  pe- 
tites tumeurs,  en  tout  analogues  aux  precedentes  pour  la  forme  et  le  mode  de 
connexion,  sont  pleines  et  entierement  constituees  par  une  matifire  fibrineuse 
homogene.  (Hache,  Bull,  de  la  See.  anat.,  1832,  p.  9.) 

Obs.  IX.  —  Femme  agee  de  66  ans.  Phthisie  pulmonaire  au  dernier  degre.  Au 
bord  droit  du  ventricule  droit  du  coeur,  on  rencontre  un  caillot  du  volume  d'une 
noix,  n'adlierant  qu'cn  deux  ou  trois  points  aux  parois  du  coeur.  Incise,  ce  cail- 
lot laisse  s'ecouler  une  petite  cui'leree  de  pus  blanchatre,  opaque,  assez  liquide. 
Ce  pus  etait  contenu  dans  deux  poches  placees  a  cole  Tune  de  I'autre,  dont  les 
parois  blanches,  assez  fermes,  lisses  en  dedans,  nullement  vasculaires,  environ- 
nees  de  fibrioe  en  dehors,  semblent  formees  de  pus  concret.  Une  petite  poche 
arrondie  contenue  dans  la  meme  masse  de  fibrine  presente  une  enveloppe  toute 
semblable,  contenant  unsemblable  liquide.  (Durand-Fardel,  loccit,,  14*  annee, 
p.  200.) 

Obs.  X.  —  C'esl  celle  qui  nous  est  propre. 

Dans  les  10  cas  que  nous  venons  de  signaler,  nous  voyons  la  mali^re 
puriforme  contenue  dans  des  poches  multiples  de  divers  volumes,  les- 
quelles  sont  appendues  aux  parois  du  ventricule  droit  et  envoient  un 
prolongement  p6dicul6  sous  les  eolonnes  charnues  dans  I'inlervalle  des- 
quelles  elles  font  saillie.  Dans  2  cas  seulement,  les  tumeurs  a  contenu  pu- 
riforme  sont  envelopp^es  de  tons  c6l6s  par  une  concretion  sanguine  plus 
ou  moins  isol^e  au  centre  du  ventricule  droit ;  mais  dans  ces  2  cas  la  cou- 


199 

che  raerobraniforme  qui  conlienl  le  liquide  est  bien  dislincle  de  la  concrt- 
lion  au  sein  de  laquelle  elle  est  situ6e.  Ces  tumeursi  conlenu  puriforme 
61aient  primilivement,  tout  porle  k  le  croire,  une  concretion  polypiforme 
globuleuse  pleine;  le  p6dicule  conserve  souvent  ce  caract^re.  Quelques 
tumeurs  globuleuses,  compos6es  de  fibrine  dans  toute  leur  6paisseur,  qu'on 
rencontre  ?4  et  li  sur  les  parois  du  ventricule  droit,  en  m6me  temps  que 
les  kystes  et  qui  ont  le  meme  mode  de  connexion  que  ces  demiers  indi- 
quent  T^tat  par  lequel  ils  ont  du  pr^alablement  passer  avant  de  renfermer 
une  mati^re  puriforme.  Dans  lous  les  cas  o\i  I'histoire  des  malades  a  6t6 
faite,  c'esl-ci-dire  dans  9  cas  sur  10,  on  voit  quMIs  ont  succomb^  i  la  phlhi-' 
sie  pulmonaire  parvenue  k  un  degr6  en  g^n^ral  tres-avanc6  (excavations) 
Le  cas  rapports  par  Laennec  parait  seul  faire  exception ;  car  ici  les  tuber- 
cules  etaienl  seulement  en  voie  de  ramoilissement,  et  il  u'existait  pas  en- 
core d'excavalions  pulmonaires. 

L'enkystement  de  la  niatifere  puriforme,  la  multiplicity  des  kystes,  leur 
si6ge  exclusif  dans  le  ventricule  droit  du  coeur,  la  mani^re  dont  ils  ad- 
herent k  ses  parois  par  le  moyen  d'un  p^dicule  s'intriquant  dans  les  co- 
lonnes  charnues,  la  coexistence  g^n^rale  d'excavalions  pulmonaires  tuber- 
culeuses  :  voila  un  ensemble  de  caractferes  assez  tranches,  je  crois,  pour 
justifler  la  delimitation  que  nous  avons  cherche  a  etablir  entre  les  diverses 
concretions  cardiaques  diles  suppurees.  Mais  cette  distinction  pourra  pa- 
raitre  assez  iraportante  peut-etre,  si  Ton  considere  que  dans  aucun  des 
cas  de  la  deuxieme  categoric,  un  seul  excepte,  I'analyse  anatomique  du 
contenu  des  concretions  n'a  eie  faite ,  et  que  dans  ie  seul  cas  ou  Tinvesti- 
gation  microscopique  ait  ete  pratiquee,  elle  a  fait  voir  qu'il  s'agissait  li, 
non  pas  de  pus  veritable,  mais  bien  d'une  substance  ayant  tout  simple- 
ment  I'aspect  physique  du  pus  et  composee  de  detritus  fibrineux,  de  gra- 
nulations moieculaires  et  de  globules  blancs  du  sang. 

Ce  ne  serait  d'ailleurs  pas  la  premiere  fois  que  les  globules  blancs  du 
sang  auraient,  en  se  rassemblant  dans  divers  points  du  systeme  vasculaire, 
pu  donner  le  change  et  faire  croire  a  I'existenee  du  pus  collecte.  C'est 
ainsi,  par  exemple,  que,  dans  une  des  observations  rapportees  par  M.  Hu- 
ghes Bennett,  dans  son  memoire  sur  la  leucocythemie  (Comptes  rendus 
DE  LA  Soc.  DE  BIOL.,  avril  1851,  p.  Zi6),  les  petites  veines  des  meninges 
paraissent  corame  remplies  de  pus ;  elles  ne  contenaient  cependant  que  des 
lllaments  fibrineux  meies  k  des  globules  blancs  du  sang.  Et  en  dehors  du 
systeme  circulaloire  une  matiere  trouvee  dans  les  bassinets  et  les  ureieres, 
et  qu'on  avail  ^  la  simple  inspection  jugee  etre  du  pus,  fut  trouvee  a  I'exa- 


200 

men  microscopique  nepas  contenir  de  globules  purulents,  mais  seulement 
des  cellules  d'6pith6lium  k  cylindres  et  pavimenleux  du  bassinet  des  reins 
el  des  ureteres  (Vogel,  Traite  d'anat.  path,  gen.,  p.  135).  La  plupart 
des  anatomo-pathologisles  modernes  ont  cit6  des  cas  analogues  aux  pr6- 
c^dents. 

Tout  ceci  6tant  pes6,  nous  sommes  porl6  k  penser  que  parmi  les  con- 
cretions polypiformes  du  cceur  dilessuppur^es,  il  en  est  un  certain  nombre 
(cas  de  la  premiere  cat6gorie)  ou  le  liquide  contenu  est  en  effet  du  pus  ; 
on  les  rencontre  dans  ^diverses  maladies  :  la  phl^bile,  la  pneumonic  au 
troisi^me  degr6,  etc.,  etc.  Dans  d'autres  cas,  au  contraire,  ces  concretions 
renfermeraienl  non  pas  du  pus,  mais  bien  un  amas  de  globules  blancs  du 
sang  mel6  a  de  la  fibrine  d^sagregde.  Je  fais  allusion  ici  aux  cas  de  ia 
deuxienie  categoric,  lesquels  pr^sentent  cette  particularity  remarquable 
qu'on  ne  les  a  rencontres  jusqu'a  present  que  chez  des  phthisiques  porleurs 
de  lubercules  pulmonaires  en  general  tres-avanc6s  dans  leur  Evolution. 

Ce  n'est  la,  bienentendu,  qu'une  hypothese  probable,  et  il  serait  impru- 
dent de  g6n6raliser  en  s'appuyant  sur  un  seul  fait;  nion  but,  dans  cette 
note,  a  6t6  d'appeler  I'attention  des  observatenrs  sur  un  point  fort  int6res- 
sant  d'anatomie  morbide,  lequel  demande  ci  etre  diucidS. 


NOTE 


SUR  LA  SYPHILIS  A  ROME. 


Lue  i  la  SocifetS 

Par  M.  A.  CHARLON, 

Chirarglea  soos-alde. 


Les  fi^vres  p6riodiques  a  Rome  occupent,  dans  le  champ  des  maladies, 
une  place  si  vaste,  qu'elles  absorbent  presque  enli^rement  rattenlion  des 
m^decins.  Mais  ci  c6l6  de  ces  fi^vres  si  graves  pendant  la  saison  d'6l6,  si 
int^ressantes  i  6tudier,  au  milieu  de  leurs  variations  symplomatiques,  il  est 
k  Rome  line  autre  maladie  bien  grave  aussi,  et  qui  par  sa  generalisation 
merite  d'etre  signal6e  d'une  mani^re  toute  speciale. 

Je  veux  parler  de  la  syphilis. 

Pendant  le  premier  mois  qui  suivit  noire  entree  dans  Rome,  il  n'y  eut 
qu'un  Ir^s-petit  nombre  de  soldats  atteints  de  chancres.  Mais  pendant  le 
deuxieme  mois,  le  nombre  des  v^neriens  suivit  une  progression  toujours 
croissante,  et  bienlol  nos  hopilaux  en  furenl  tellement  encombrts  que  des 
evacuations  devinrent  indispensables. 

Les  progres  de  la  contagion  que  nous  observions  i  Thfipital  San-Spirito 
etaient,  qu'on  nous  passe  le  mot,  le  Ihermometre  des  relations  qui  s'eiablis- 
saient  entre  nos  sokials  el  la  population. 

La  verole  esl-elle  Ir^s-r^pandue  parmi  les  femmes  a  Rome  ?  Oii  est-eiiei' 


202 
oii  n'est-elle  pas?  On  n'en  sail  rien ;  il  n'est  aucun  document  ofQciel  qui 
puisse  guider  ^  cet  6gard.  La  v6role  n'a  pas  droll  de  cil6  k  Rome,  elle  n'y 
esl  que  par  fraude,  par  conlrebande.  Le  nombre  des  filles  de  profession  esl 
Irte-reslreint,  celui  des  femmes  d'oceasion  esl  au  conlraire  fori  considera- 
ble. Quoi  qu'll  en  soil  des  sources  d'infection,  le  nombre  des  soldats  infec- 
t6s  a  616  vraiment  6norme. 

Y  a-t-il  dans  le  rapprochemenl  de  races  diff^rentes  des  conditions  qui 
donnent  k  la  syphilis  une  inlensit6  parliculi^re  ?  Bien  des  fails  pourraient 
le  faire  penser  :  qu'on  se  rappelle  la  d^couverte  de  TAm^rique  el  I'expddi- 
lion  du  roi  de  France,  Charles  VIII,  au  royaume  de  Naples. 

A  la  suile  de  celle  expedition  de  Charles  VIII,  les  Ilaliens  pr^tendirenl 
que  la  v^role  eiail  une  importation  franQaise  el  lui  donn^rent  le  nom  de 
raal  frauQais,  nom  qui  n'esl  pas  encore  lout  k  fait  oubli6  dans  la  popula- 
tion. Les  Frangais  r^pondirenl  a  I'accusation  en  imposanl  k  la  v^role  le  nom 
de  mal  napolitain ;  ce  qui  prouve,  au  moius,  que  nos  anc6tres  avaienl  bien 
quelque  chose  i  reprocher  aux  dames  italiennes  de  ce  temps-ll  En  lout 
cas,  les  Ilaliens  qui  voudraient  soulenir  que  la  v6role  esl  une  graine  fran- 
Qaise  seraient  obliges  de  convenir  que  le  sol  de  leur  palrie  6lait  merveilleu- 
sement  propre  k  la  faire  germer  el  ci  la  multiplier ;  car,  outre  que  la  v6role 
paralt  fort  r^pandue  en  dega  des  Alpes,  elle  s'y  prdsente  avec  des  caract^res 
de  virulence  extrSmement  marques,  indice  Evident  que  la  graine  n'a  pas 
d6g6nere. 

Le  premier  fait  qui  me  frappa  fut  la  b6nignit6  el  la  rarete  de  la  blennor- 
rhagie.  En  deux  ans  de  s^jour  i  Rome,  je  n'ai  pas  vu  un  seul  cas  de  ces 
blennorrhagies  suraigues  que  le  vulgaire  d^signe  en  France  sous  le  nom  de 
chaude-pisse  cordee.  Regie  gdn^rale,  la  blennorrhagie,  i  Rome,  est  ce  que 
nous  appelons  en  France  un  echauffement.  Quinze  A  vingt  jours  de  regime 
sufEsent  le  plus  souvent  pour  faire  disparaitre  ces  ecoulements,  qui  sonl 
presque  toujours  indolores. 

La  b6nignild  de  la  blennorrhagie  i  Rome  est  un  fait  important  dans  le- 
quel  je  trouverais,  s'il  en  etail  encore  besoin,  un  argument  pour  6lablir 
que  celle  affeclion  n'a  rien  de  commun  avec  la  syphilis.  Comment  se  fait-il 
en  effel  que,  dans  un  pays  oii  les  chancres  onl  une  virulence  extreme,  les 
ureirites  soienl  si  b^nignes  ?  Comment  se  fail-il  que  le  virus  syphililique,  si 
intense  sous  forme  chancreuse,  soil  si  innocent  sous  forme  blennorrha- 
gique?  Je  recommande  ce  fait  aux  reflexions  des  medecins  qui  croient  en- 
core que  I'uretrile  est  une  forme  de  la  syphilis. 

Les  chancres  onl  616  extr6mement  fr6quents ;  dans  les  premiers  mois  de 


I 


203 

notre  s^jour  k  Rome,  its  s'accompagnaient  de  ph^Dom^nes  locaux  v^ritable- 
iiient  graves.  Quelquefois,  en  tr6s-peu  de  jours,  le  prepuce  tombail  frappd 
de  gangrene ;  dans  quelques  cas,  la  gangrene  alleignait  le  gland  et  le  corps 
de  la  verge.  Je  renonce  A  peindre  Taspect  des  chancres  que  j'observais  d 
San-Spirilo ;  je  rae  bornerai  ci  dire  que  les  chancres  b^nins  6laient  en  petit 
nombre.  Les  formes  rongeante,  serpigineuse,  champignonee,  gangre- 
neuse,  se  renconlraient  dans  la  majority  des  cas.  Quelquefois  la  gangrene, 
mortiiiant  le  prepuce,  la  circoncision  se  trouvait  pratiqude  avec  une  regu- 
laritd  et  une  616gance  a  d6sesp6rer  les  op6rateurs. 

A  cette  dpoque,  presque  tous  les  chancres  dtaient  suivis  de  bubons  in- 
guinaux,  qui  marchaient  h  suppuration  avec  une  extreme  rapidity,  et  qui 
une  fois  ouverls  prenaient  I'aspect  des  chancres  eux-m6mes.  II  n'en  6tait 
plus  de  raeme  en  1851,  i  I'hopital  Saint- Andrd.  Je  remarquais  que  les  ac- 
cidents primilifs  ne  prdsentaient  plus  ce  degr6  de  gravile  que  j'avais  con- 
stats en  18i9,  k  San-Spirito,  et  que  pendant  I'annSe  1850,  d'autres  m6de- 
cins  avaient  observ6  k  Saint-Andr6.  La  plupart  des  chancres  avaient  une 
forme  b^nigne  el  s'induraient.  Les  bubons  se  pr6sentaient  le  plus  souvent 
sous  forme  de  glandes  indurSes.  A  quoi  tient  celle  difference? 

Il  aurait  616  fort  inl6ressant  d'examiner  si  les  chancres  graves  que  nous 
observions  en  18U9  k  San-Spirilo  ont  6te  plus  souvent  ou  moins  souvent 
suivis  d'infeclion  g6n6rale,  que  les  chancres  de  forme  b6uigne  que  Ton  a 
IrailSs  k  Saint- Andr6  en  1851.  Mais  il  est  impossible  de  rSunir  les  6l6ments 
d'une  pareille  6tude.  Si  j'osais  me  fier  h  des  impressions  g6n6rales,  4  des 
souvenirs  cliniques  qui  ne  s'appuienl  sur  aucun  chiffre,  je  dirais  que  les 
accidents  conseculifs  ont  616  plus  fr6quents  en  1851. 

Accidents  constitdtionnels.  —  Relativement  aux  accidents  constitu- 
lionnels,  je  signalerai  deux  fails  :  leur  fr6quence,  et  la  rapidit6  de  leur  ap- 
parition. Je  crois  ne  point  exag6rer  en  disant  qu'ils  se  montrenl  dans  les 
deux  tiers  des  cas.  En  France,  dans  nos  hdpilaux  militaires,  Tinfeclion  g6- 
n6rale  est  presque  une  exception  ;  a  Rome,  c'esl  presque  la  r6gle. 

Je  ferai  observer  qu'^  Rome,  aussi  bien  qu'en  France,  les  soldats  atteints 
de  chancres  font  un  Irailement  mercuriel  d6s  leur  enlr6e  i  rh6pilal. 

Les  accidents  cons6culifs  se  monlrent  en  g6n6ral  du  cinquanti6me  au 
soixante-dixi6me  jour  apr6s  rapparilion  du  chancre.  Rareinent  je  les  ai  vus 
survenir  apr6s  Irois  mois.  lis  siirviennent  assez  souvent  avant  le  cinquan- 
ti6me  jour. 

DouLEURS  RHUMAToiDES.  —  Le  plus  souvenl  rinfection  g6n6rale  a  pour 
premier  symptdme  des  douleurs  dans  les  membres,  douleurs  peu  aigues, 


20/i 
qui  s'accroissent  par  la  marche  et  par  le  mouvement  et  s'arcompagnent 
d'une  lassitude  et  d'une  faiblesse  parliculi^res. 

En  1851,  ce  symptome  a  6t6  constats  presque  dans  lous  les  cas.  Plusieurs 
fois  je  Tai  not6  au  quaranti^me  jonr  apr^s  Tapparilion  du  chancre.  Je  dis 
tout  de  suite  que  ces  douleurs  ont  un  specifique  vraimenl  nierveilleux  dans 
riodure  de  potassium.  Bien  souvent  j'ai  pu  constater,  dans  le  service  de 
M.  Reoard,  a  SaiDt-Andr6,  que  trois  potions  a  1  ou  2  grammes  de  eel  io- 
dure  suffisent  pour  les  faire  disparaitre.  Maiheureusement  ces  douleurs  r6- 
cidivent  en  s'aggravant,  et  il  faut  revenir  a  I'iodure. 

Les  eruptions  culan^es  se  monlrent  quelquefois  en  mSme  temps  que  les 
douleurs,  mais  le  plus  souvent  elles  leur  sont  posl^rieures  de  queiques 
jours.  Les  formes  exanthemateuses  ne  sonl  pas  frequentes,  et  la  ros6ole,  si 
commune  en  France,  Test  beaucoup  moins  a  Rome.  Les  formes  ^ruptives 
les  plus  communes  sont  les  formes  vesiculeuse  et  pustuleuse.  llsemble  que 
revolution  de  la  syphilis  6tant  plus  rapide  qu'en  France,  les  Eruptions  cu- 
tanees  afTectent  d'emblt^e  et  des  le  principe,  des  formes  qui  caract^risent 
une  p6riode  plus  avancee  de  la  maladie.  Dans  plusieurs  cas  d'eruptions 
pustuleuses,  les  pustules  assez  confluentes,  blanches  au  sommet  el  ombili- 
qu6es,  imitaienl  a  s'y  m^prendre  la  variole  elle-meme. 

J'ai  note  assez  rarement  les  laches  cuivr^es;  cela  tienl-il  a  la  raret6 
des  formes  exanthemateuses  auxquelles  les  laches  cuivr6es  paraissenl  suc- 
ceder? 

J'ai  note  quelquefois  une  Eruption  confluente  i  grains  volumineux  plus 
gros  que  des  grains  de  mais. 

Accidents  des  MDQUEUses.  —  L'angine  syphihlique,  si  commune  en 
France,  n'a  pas  616  tresfrequenle  d  Rome. 

Pustules  plates.  —  Les  pustules  plates  a  I'anus  sonl  frequentes  et  ce- 
dent loujours  avec  facility  k  I'emploi  des  lotions  de  chlorures  de  sodium  et 
du  calomel  en  poudre. 

Iritis.  —  Le=  maladies  de  I'ceil  et  parliculierement  de  I'iris  ont  616  fr6- 
quemmenl  observ6es. 

Obs.  L— UnoflTicier  quiavaiteprouve  divers accidentssyphilitiquesfutpris,  etant 
a  I'hopital,  d'un  iritis  extremement  aigu.  (Saignee  ;  calomel ;  vesicatoiies.)  Mal- 
gre  ce  traitement,  le  mal  ne  cedait  point  et  les  douleurs  etaient  extiemement 
vives.  Un  soir,  le  chiiurgien  de  garde  fut  appele  auprps  de  eel  oflicier.  11  trouva 
le  malade  en  proie  ^  une  agitation  violentc.  1!  s'elanqait  hois  du  lit  et  cournit 
dans  la  chambre  en  poussant  des  cris ;  le  chiruigien  de  garde  lui  fit  prendre  en 
peu  de  temps  environ  40  goulles  de  teinture  d'opium  dans  une  solution  goni- 


505 

meuse,  quelques  heures  apres  le  malade  se  tiouvait  dans  un  etat  d'ivicsse  opia- 
cee  bien  marquee:  vertiges ;  anxietes;  fiayeurs ;  somuolence;  reves  penibles; 
sueurs  froides.  Les  douleurs  de  I'reil  avaient  completement  disparu  -,  il  releva  le 
bandeau  qui  recouvrail  I'oeil,  et  la  vision  s'exerQa  parfaltement  sans  douleurs. 

Le  lendemain,  les  douleurs  revinrentmoins  legeres;  lesurlcndemain,  la  gue- 
rison  etait  complete. 

J'ai  cit6  cette  observation  parce  qu'elle  montre  d'une  manifere  dclatante 
refiicacit^  de  I'opium  donne  d  haute  dose.  Rarement  la  maladie  a  416  obser- 
vee  avec  ce  degr6  d'acuite.  L'iritis,  en  g^n^ral,  affectait  des  le  debut  la 
forme  chronique.  Get  accident,  trte-fr6quent  en  1850  I'a  el6  beaucoup 
moins  en  1851. 

Testicules  syphilitiques.  —  Maladie  fort  rare  chez  les  militaires  et  que 
je  n'ai  jamais  vue  dans  nos  liopitaux  de  France;  j'en  ai  renconlre  2  cas  a 
Rome. 

Periostites.  — Cetle  alTeclion  a  616  tres-fr6quente.  J'en  cite  en  quelques 
mots  une  observation  inldressante,  qui  donnera  une  id6e  de  la  rapidit6  avec 
laquelle  revolution  syphilitique  peut  se  produire. 

Obs.  II.  —  ftl.  prend  pour  la  premiere  fois  un  chancre,  en  fevrier  1851.  Entrc 
k  I'ambulance.  (Traitcment  mercuriel.)  On  I'envoie  k  I'hopital  Saint-Andre  le  13 
mai.  Son  chancre  est  place  suv  le  gland  et  fort  loin  encore  de  cicatrisation.  Get 
homme,  des  le  commencement  d'avril,  est  atteint  de  douleurs  dans  les  deux 
coudes.  A  son  entree,  le  13  mai,  on  constate  un  gonflement  des  deux 
coudes,  avec  rongeur  inflammatoire;  douleurs  tres-vives  .sur  I'olecrane  parlicu- 
lierement.  On  ouvre,  avec  le  bistouri,  la  tumeur  du  bias  gauche;  il  en  sort  un 
pen  de  pus  mat  lie,  sereux.  (Gataplasmes ;  iodure  cle  potassium.) 

Au  C  juin,  les  douleurs  avaient  presque  disparu,  mais  il  restait  beaucoup  de 
roideur  dans  les  articulations. 

Retraction  de  l'avant-bras.  —  J'ai  observe,  d  I'hopital  Saint-Andr(5, 
quelques  cas  de  douleurs  siegeant  particulierement  dans  Tarticulation  hu- 
m6ro-cubilale,  determinant  rimpossibilit6  du  mouvement  d'extension  ;  or- 
dinairementladouleurs'etendait  aux  divers  points  de  I'arliculation ;  dan.; 
quelques  cas,  elle  6tait  localis6e,  particulierement  dans  le  tendon  du  bi- 
ceps, et  elle  devenait  dans  quelques  cas  tr^s-vive  en  ce  point,  silot  qu'oii 
voulait  forcer  I'exlension. 

L'iodure  de  potassium  a  616  souverain  dans  presque  tons  les  cas.  Quel- 
ques potions  ri  1  ou  2  grammes  rendaient  d  rarticulation  toule  sa  mobilit6. 

T05IE   III.  15 


206 

Ces  retractions  proviennent  sans  doute  de  lesions  si^geant  dans  les  lissus 
fibreux  p6ri-articulaires. 

D'apr^s  quelques-unes  de  nos  observations,  il  semblerait  que  ces  Idsions 
peuvent  sieger,  d'une  mani^re  sp^ciale,  dans  la  partie  lendineuse  des 
muscles. 

Je  transcris  ici  une  observation  qui  me  parait  curieuse  ^  cause  de  la  ra- 
rete  des  symptomes  qu'elle  pr^senle. 

Obs.  hi.  —  B...  prend  un  clianciepour  la  premiere  foisen  feviier  1851.  II en- 
Ire  a  I'hopital  trois  jours  apres  Papparition  de  ce  chancre.  (Pilules  de  proto-iodure 
de  mercure.)  Un  peu  plus  tard,  plandes  indurees  dans  I'aine.  (Emplalre  de  Vigo.) 
Quelque  temps  apres,  on  enleva  I'emplatre  de  Vigo ;  la  peau  qu'il  recouvrait  pre- 
sentait  une  coloration  rouge  fort  intense.  II  n'y  avail  pas  de  douleur ;  bientot 
cetle  douleur  s'etend  sur  tout  !e  ventre,  puis  envahit  la  partie  poslerieure  et  in- 
ferieure  du  tronc,  et  le  haul  des  cuisses.  Vers  la  base  de  la  poilrine,  cette  ron- 
geur se  fond  en  une  eruption  de  petites  laches  rouges  extremement  rapprochees. 
De  toute  la  surface  de  la  peau  qui  est  le  siege  de  ['affection,  suinte  un  liquidese- 
leux  d'une  Ires-grande  abondance;  le  malade  en  est  constammeut  baigne;  I'cpi- 
derme  etait  epaissi  et  rugueux.  Divers  moyens  furent  mis  en  usage  pour  arre- 
ter  cetle  secretion,  qui  epuisait  le  malade  ;  I'eau  blanche  en  lotions  a  etc  le 
seul  agent  elTicace. 

On  ne  prescrivait  pas  de  traitement  interne,  a  cause  de  la  faiblesse  du  sujet. 
Plusieurs  fois  la  secretion  cutanee  s'arreta  presque  completemcnt.  L'epidermc 
alors  se  dessechait  et  tombait  en  squammes. Mais  apres  trois  ou  quatre  jours, la 
secretion  sereuse  reparaissait  avecla  meme  abondance. 

Enfin,  vers  le  milieu  de  juin,  la  maladie  sembia  definilivement  guerie;  la  peau 
avail  repris  sa  coloration  et  sa  souplesse  normales.  B...  sortit  de  I'hopital. 

B0BONS  d'emblee.  —  11  y  a  des  m^decins  qui  pensent  que  des  bubons 
syphilitiques  peuvent  survenir  sans  chancre  anl^rieur ;  Texamen  attentif  des 
fails  prouve  que  leur  opinion  est  compl^lement  erron^e. 

J'ai  recueilli,  dans  le  meme  moment,  quinze  observations  de  ces  bubons 
appel^s  d'emfc/e'e.  Dans  quelques  cas,  la  maladie  avait  pres  d'un  an  de  dale 
et  avait  n^cessil^  plusieurs  entries  ci  Thopilal.  Dans  le  plus  grand  uombre, 
rinvasion  remontait  i\  cinq  ou  six  mois.  Dans  d'autres  cas  enfin,  la  maladie 
exislait  depuis  trois  ou  qualre  mois  environ. 

Eh  bien  !  aucun  de  ces  malades  n'a  pr6senl6  un  seul  accident  syphili- 
tique.  On  ne  pourraitpas  m'objecter  que  mes  observations  portent  sur  un 
nombre  de  malades  trop  reslreintet  sur  un  temps  trop  court,  car  on  a  pu 
voir  plus  haut  que  I'infeclion  gen^rale  se  rencontre  au  moins  dans  les 


207 
deux  tiers  des  cas  el  debute  ordinairement  du  cinquanli^me  au  soixante- 
dixi^me  jour  apr^s  I'apparition  du  chancre. 

La  question  du  bubon  i'emblee  a  une  grande  importance  pratique,  sur- 
tout  a  Rome,  oii  celte  affection  est  fort  commune,  et  s'il  est  vrai  que  ce 
bubon  n'est  point  une  forme  syphilitique,  on  peut  dire  qu'un  trte-grand 
norabre  d'individus  ont  subi  ou  subissent  des  traitements  mercuriels  in- 
utiles,  sinon  nuisibies. 

Abces  tuberculecx  du  gland.  —  Puisqueje  parte  en  ce  moment  de 
faits  etrangers  h  la  syphilis,  qu'il  me  soit  permis  de  citer  en  deux  mots  une 
observation  interessanle  par  sa  raret6,  que  j'ai  recueiliie  dans  le  service  des 
v6n6riens  a  Sainl-Andrd. 

Obs.  IV.  —  Colombari,  Italian,  blond,  bien  consUtue,  age  de  27  ans,  entre  ft 
l'h6pital  le  24  mai.  Voici  ce  que  je  constate.  Testicule  droit  triple  de  volume, 
bossele  en  arridre,  mou  en  avant,  douloureux.  Un  peu  de  liquide  dans  la  vaei- 
nale.  Testicule  gauche  double  de  volume,  dur,  bossele,  non  douloureux.  La  base 
du  gland  est  rouge,  tumefiee,  dure,  inegale.  La  pression  sur  le  gland  failjaillir 
des  gouttes  de  pus  blanc,  bien  lie,  par  des  orifices  que  I'on  ne  distingue  qu'en 
regardant  de  fort  pres.  II  y  a  un  mois,  au  dire  du  malade,  que  ces  orilices  se  sont 
formes  et  donnent  passage  k  la  suppuration. 

Get  Italien  ayantquitte  Thopital  le  surlendemain,  je  I'ai  perdu  de  vue. 

Le  diagnostic  porte  par  M.  Renard  fut  hydrorchile  tuberculeuse  double,  abc6s 
tuberculeux  des  corps  caverneux  et  du  gland. 

Cauterisation  du  chancre.  —  Quand  on  administra  le  mercure  conlre 
la  syphilis,  on  s'empressa  d'attribuer  h,  ce  medicament  tous  les  accidents 
syphilitiques  eux-m6mes.  Le  quinquina  a  eu  la  meme  fortune  que  le  mer- 
cure, ce  qui  n'empeche  point  ces  medicaments  d'Slre  les  agents  les  plus 
pr^cieux  de  tout  I'arsenal  therapeutique.  Depuis  que  les  m^decios  se  ser- 
vent,  un  peu  banalement  sans  doute,  du  crayon  de  nitrate  d'argent  pour 
toucher  les  chancres,  on  n'a  pas  manqu6  d'accuser  la  cauterisation  de  pro- 
duire  les  accidents  constitutionnels. 

A  Rome,  comme  en  France,  il  y  a  des  medecins  qui  proscrivent  d'une 
maniere  absolue  la  cauterisation  des  chancres.  11  en  est  de  plus  z^l^s  pour 
la  suppuration,  qui,  au  moyen  d'onguents  irritants,  s'efforcent  de  retarder 
le  plus  possible  la  cicatrisation  de  ces  ulceres.  Celte  pratique  parail  eirange, 
mais  ce  serait  un  mince  defaut  si  elle  avait  quelque  utilite.  Or,  d'apres  les 
observations  que  j'ai  recueillies,  jevois  que  les  accidents  constitutionnels 
arrivent  egalement  quand  on  cauterise  olqnand  on  ne  cauterise  pas ;  quand 


208 

on  laisse  les  ulc^res  se  fermer  d'eux-nn^mes  el  quand  on  les  provoque  a  la 
suppuration. 

Si  la  cauterisation  est  une  cause  d'accidents  ullerieurs,  c'est  au  dire  de 
ses  enneniis,  parce  qu'en  faisant  cicalriser  le  chancre,  elle  enferme,  selon 
la  Irop  vieille  comparaison,  le  loup  dans  la  bergerie.  II  semblerait  a  les 
entendre  que  le  causlique  Uinaire  est  un  moyen  lout-puissant  pour  amener 
les  chancres  h  cicatrisation.  Plut  h  Dieu  qu'il  en  ful  ainsi  1  —Mais  les  prali- 
ciens  qui  se  servent  du  nitrate  d'argent  ne  s'apei  coivent  que  Irop  de  son 
jmpuissance  a  modifier  les  ulcferes  chancreux.  Trop  souvent  apres  la  cau- 
terisation, on  voit  rinflammation  locale  s'accroitre  et  s'^largir  la  surface 
nlcereuse.  Conibien  de  fois  des  lotions  emollientes  ne  rdussissent-ellespas 
la  oii  avaient  dchou^  le  nilrale  d'argent  et  d'autres  agents  de  substitution  ! 
Un  pansement  avec  le  slyrax  niodifie  tres-souvent  la  surface  des  chancres 
d'une  mani^re  avantageuse,  et  par  suite  le  predispose  a  la  cicatrisation.  Le 
calomel  en  poudre,  les  solutions  meme  tres-faibles  de  bichlorure  de  mer- 
cure,  ont  une  efficacit^  bien  plus  grande  que  le  nitrate  d'argent  dans  le 
Iraitement  des  chancres.  11  y  a  une  p^riode  toutefois  dans  laquelle  lecaus- 
tique  lunaire  a  une  action  non  douleuse,  c'est  lorsque  le  chancre,  niodifi6 
par  le  temps  ou  la  medication,  tend  d  passer  a  I'etat  de  plaie  simple.  Une 
cauterisation  dans  cette  circonstance,  je  I'avoue,  peul  acceierer  de  trois, 
quatre  ou  cinq  jours  et  plus,  la  cicatrisation  definitive.  C'est  a  cela,  si  je  ne 
me  Irompe,  que  se  reduit  la  culpabiliie  de  ce  caustique  que  Ton  a  pourtant 
accuse  delanl  demefaits.  Dans  la  periode  aigue,  ulcereuse,  du  chancre,  il 
n'est  qu'un  modificateur  bien  infidele,  et  si  les  ennemis  de  la  cauterisation 
sont  logiques,  ils  doivent  pousser  le  respect  du  chancre  jusqu'as'abstenir 
de  tout  topique,  de  I'eau  emoUiente  meme,  de  peur  d'en  faciliter  la  cica- 
trisation. 

Voici,  du  resle,  un  petit  tableau  qui  monlre  mieux  qne  le  raisonnemenl 
jusqu'i  quel  point  la  prolongation  de  la  suppuration  chancreuse  previent 
les  accidents  conseculifs.  Les  seize  observations  qui  y  figurentont  ete  prises 
loutes  en  mSme  temps  dans  le  meme  service. 


"iog 


Dl'REii    DE    LA    SUPi^HATlO.V 

■,0ms. 

DU   CHANCKE. 

ACCIDENTS  CONSTITUTIONNELS, 

G. 

3  mois. 

Toute  une  serie  d'accidents  conseculifs. 

F. 

35  jours. 

idem. 

C. 

35  jours. 

Eruptions  et  douleurs. 

M. 

3  mois  el  demi. 

Periostite  des  deux  coudes. 

D. 

35  jours. 

firuptions  et  douleurs. 

L. 

2  mois. 

Douleurs. 

C. 

2  mois. 

Puslules  plates.- 

B. 

2  mois. 

Douleure. 

G. 

5  semaines. 

Douleurs  et  exostose. 

F. 

45  jours. 

Eruptions  et  douleurs. 

S. 

45  jours. 

Douleurs. 

s. 

Ln  suppiiraUon  d 

lie  de  3  mois. 

Douleurs. 

D. 

'2i)  jours. 

P^iruptions  et  douleurs. 

J. 

40  jours  (cauter. 

au  28°  jour). 

Douleurs. 

M. 

(j  semaines. 

Eruption  el  periostite. 

F. 

se  presente  avec 

un  phyrnosis 

Toute  une  serie  d'accidents  conslitu- 

2  mois  apres  1 

apparition 

de 

tionnels. 

son  chancre. 

Traitement  preventif.  —  Eu  France,  on  s'est  demand^  depuisqueU 
ques  ann^ess'il  6lait  r^ellement  utile  de  faire  un  traitement  preventif.  La 
question  n'6tait  pas  facile  a  rfeoudre,  parce  qu'un  grand  nombre  d'indivi- 
dus  ^chappent  a  rinfeclion  conslilutionnelle,  Comme  dans  la  plupart  des 
cas,  les  malades  suivent  un  traitement  mercuriel  preventif,  ies  partisans 
de  06  traitement  rencontrent  tous  les  jours  des  cas  qui  les  engagent  a  per- 
sister  dans  leur  manifere  de  faire. 

Mais  a  Rome,  comme  les  accidents  cons6cutifs  arrivent  quoi  qu'on  fasse 
dans  la  Ir^s-grande  majoritd  des  cas,  I'utilild  du  traitement  preventif  de- 
vait  y  etre  plus  facile  a  apprteier.  Etant  donnas  50  individus  atteints  de 
chancres,  et  ayant  fait  un  traitement  mercuriel,  si  cliez  35  d'entre  eu.x 
nous  voyons  survenir  les  accidents  d'infeclion  g^n^rale,  n'est-il  pas  permis 
tie  penser  que  les  15  autres  qui  en  sont  e.xerapts  ne  doivent  point  celte 
immunity  au  traitement  mercuriel  ?  Plus  la  proportion  des  malades  6par- 
gn^s  par  I'infeclion  g^n^rale  baissera,  plus  6vidente  ressortira  I'inutilit^  du 
iraitement  preventif. 

Pour  moi  les  fails  que  j'ai  vus  a  Rome  me  donnent  la  croyance  inlirae 
que  les  mercuriels  sont  impuissanls  d  prevenir  revolution  ult^rieure  du 
virus  syphiiilique.  Les  rfeultats  de  sa  pratique  ont  donn6  la  m^me  opinion 
a  M.  Renard,  charge  depuis  longtemps  du  nombreu.\  service  de  v^n^riens 
a  Saint-Andn''. 


210 

Mais  le  traiteraent  pr6venlif  n'esl-il  qu'inulile  ?  N'esl-il  point  nuisibie 
au  point  de  vue  du  trailement  des  accidents  conslilulionnels  ? 

Voici  des  fails  qui,  je  crois,  r^pondent  ci  celte  question.  M.  Renard  a 
constate  que,  dans  le  traiteraent  de  ces  accidents,  les  mercuriels  (proto- 
iodure  et  biclilorure)  ont  6t6  presque  sans  action.  L'iodure  de  potassium, 
au  contraire,  a  produit  dans  presque  tous  lescas  desresullals  raerveilleux. 
Comment  expliquer  ces  faits?  JN'est-il  pas  rationnel  de  penser  queTecono- 
mie  ayant  et6  souraise,  pendant  le  traiteraent  pr^ventif,  a  Tinfluence  de  la 
mMicalion  mercurielle,  celle-ci  avait  perdu  en  grande  partie  sa  puissance 
centre  les  manifestations  secondaires  de  la  syphilis? 

Les  succes  constants  et  vraiment  surprenants  de  l'iodure  de  potassium 
ne  tiennent-ils  point  i  ce  que  ce  medicament  n'a  jamais  616  employ^  i  la 
p^riode  des  chancres,  ci  ce  qu'il  n'a  6t6  administr6  que  dans  des  circon- 
slances  oii  son  action  est  rdelle  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  M.  Renard,  trouvant  peu  efficaces  les  agents  de  la  me- 
dication mercurielle,  arecours  de  bonne  heure  k  l'iodure  de  potassium,  el 
en  obtient  de  grands  succ6s  dans  les  cas  d'accidents  secondaires  et  ter- 
tiaires. 

Mais  cet  iodure  est  surtout  h^roique  dans  les  douleurs  rhumatoides  qui 
sont  ordinairement  le  premier  syraptome  de  I'infection  gen^rale.  Ce  fait  est 
en  contradiction  avec  ce  que  j'entendais,  en  18/i7,  formuier,  ainsi  qu'il  suit, 
par  un  c^lebre  professeur  de  Paris  :  L'iodure  de  potassium  est  d'autant 
■plus  utile  dans  le  traitement  des  affections  syphilitiques  qu'on  sen 
serl  contre  des  accidents  plus  eloignes.  Ce  qui  est  vrai  a  Paris  ne  Test 
pas  loujours  a  Rome. 

Un  mot  encore,  et  je  finis  ce  travail  trop  long  peut-etre  pour  Tuliliie 
qu'il  peut  avoir. 

J'ai  interrog^  avec  soin  un  grand  nombre  de  malades  dans  I'iutention  de 
verifier  si  un  homme  pouvail  elre  infects  deux  fois  de  syphilis  constitu- 
tionnelle.  Moins  heureux  que  M.  Gamberini  (de  Bologne),  qui  observe  pres- 
que sur  le  in6me  terrain  que  moi,  je  n'ai  pas  rencontre  un  seul  cas  de 
double  infection  constitutionnelle.  M.  Gamberini  a-t-il  donn6  une  inter- 
pretation vicieuse  anx  faits  qu'il  a  cit^s?  Je  penche  a  le  croire.  Maisje  doia 
ajouter  que  la  syphilis  n'a  point  en  Ilalie  la  m6me  allure  qu'en  France,  et 
que  son  dvolulion  tres-rapide  et  souvent  Irte-irreguli^re  entraine,  dans  les 
£ails,  des  anomalies  qu'il  est  bien  difficile  d'inlerpreler. 


DESCRIPTION 

D'UN  MONSTRE   PEMCEPHALE 


SUIVIE   DE  QUELQUES  REFLEXIONS 


V:R  IE  MEC.WISMF,  DE  LA  CIRCUHTION  DINS  CETTE  ESPECE  DE  MONSTRIOSITE ; 


Lue  en  f^vrier  1850 


Par  M.  p.  CAZEAUX, 

Professeur  agr^ge  a  la  Faculte  de  m6decine  de  Paris, 
membre  de  la  Sociele  de  biologie. 


Obs.  —  Ce  petit  monstre  est  du  sexe  femelle.  Mesure  de  son  extremile  supe- 
rieure  k  son  extremite  inferieure,  il  offre  16  centimetres.  Les  membres  infeiieurs 
ont  9  centimetres  et  demi ;  ce  qui  reste  du  tronc  a  G  centimetres  et  demi.  L'om- 
bilic  est  sitae  k  4  centimetres  au-dessus  du  mont  de  Venus,  et  par  consequent  k 
2  centimetres  au-dessous  de  la  partie  la  plus  elevee  du  moignon  terminal. 

Les  parties  moUes  du  tronc  et  des  membres  inferieurs  sont  fortement  oedema- 
tiees.  La  peau  offre  une  couleur  legerement  bleuatre,  due  bien  probablement  k 
un  commencement  de  putrefaction.  (L'enfant  etait  ne  depuis  huit  jours  lorsqu'il 
m'a  ete  remis.) 

On  ne  -voit  aucune  trace  de  membres  superieurs,  aucune  cicatrice  sur  la  par- 
tie  superieure  du  tronc,  ]k  ou,  en  supposant  complet  le  developpement  de  la 
poitrine,  devraient  se  trouver  le  cou,  la  tele  et  les  membres  thoraciques.  En  cet 
cndroit,  on  sent  ^  travers  les  teguments  quclqucs  incgalites  osseuscs,  dont 


212 

fn  ijriiuipale  seiulde  apparlenii-  i  rextremite  supcrieuie  de  la  coloniie  ver- 
tebrale. 

A  1  centimetre  au-dessus  de  I'ombilic,  se  trouve  unc  depression  d'ou  I'on  volt 
sortir  un  petit  appendice  forme  par  une  substance  moUe,  demi-transparenle,  ro- 
sce.  Au-dessus  de  cette  saillie  existe  une  saillie  osseuse  recouverte  par  la  peau. 
Les  parlies  genitales  externes  presentent  une  conformation  normale. 
L'inliltration  considerable  des  membres  inferieurs  a  sensiblement  augmente 
leur  volume,  et  fait  paraitre  plus  profonds  les  creux  poplites  et  les  plis  ingui- 
naux.  Le  membre  abdominal  droit  est  exterieurement  bien  conforme;  seulement 
le  pied  se  termine  par  Irois  orteils,  dont  deux  sont  adherents.  Le  gros  orleil  scul 
est  libre  et  normal;  un  quatrieme  orteil,  a  I'etat  rudlmentaire,  est  situe  sur  le 
bord  externe,  a  5  millimetres  de  la  base  du  dernier.  Le  membre  abdominal  gau- 
che ofTre  un  pied-bot  lateral  interne  et  porte  six  orteils.  Le  premier  est  libre;  le 
second  est  rcuni  au  troisieme;  le  quatrieme  est  isole ;  le  cinquieme  et  lesixieme 
sont  adherents. 

Considere  dans  satotalite,  le  corps,  assez  allonge,  est  arrondi  k  sou  extremite 
lerminale,  et  se  rapproche  par  sa  forme  generale  du  type  normal. 

Ce  petit  monstre  m'a  ele  donne  par  le  docteur  Burdin,  un  des  praticiens  les 
plus  distingues  des  environs  de  Paris.  Je  dois  ^son  obligeance  les  renseignements 
suivants  : 

La  femme  qui  lui  a  donne  naissance  est  une  blanehisseuse  de  Boulogne,  agee 
de  33  aiis;  ellc  a  deja  eu  un  enfant ,  qui  est  nc  mort  a  7  mois  de  vie  intra- 
uterine. Arrivee  i  la  tin  du  sixieme  mois  d'une  seconde  grossesse,  elle  ful  prise 
tout^  coup  etsans  cause  connuede  douleurs  abdominales,  assez  faibles  cepen-- 
dant  pour  qu'elle  ne  crut  pas  devoir  se  dispenser  de  venir  4  Paris.  Ala  suite 
d'une  longue  course,  dans  une  voiture  mal  suspendue,  les  douleurs  augmente- 
rent ;  elle  fit  alors  appeler  M.  le  docteur  Burdin,  qui  pratiqua  une  saignee,  con- 
seilla  la  position  horizontale,  la  diete,  les  bois?ons  froides,  etc.  Malgre  les  pre- 
cautions, auxquelles,  il  est  vrai,  la  malade  ne  se  soumit  que  tres-imparfaitement, 
les  douleurs  augmenterent  et  I'avortement  devint  inevitable.  Les  membranes 
etaient  deja  rompues  depuis  plusieurs  heures,  lorsque  la  malade  expulsa  le  fcelus 
monstre  dont  je  viens  de  decrire  I'aspect  exterieur.  Immediatement  apres,  I'ac- 
coucheur,  constatant  que  le  ventre  conservait  un  volume  anormal,  pratiqua  le 
toucher  et  sentit  d  nu  la  tete  d'un  second  enfant.  II  nc  put  distinguer  de  nou- 
velle  poche  amniotique,  et  ne  vit  plus  s'ecouler  de  liquide.  Un  quart  d'heure 
apres  I'expulsion  du  premier  enfant,  les  douleurs  se  reveillerent.et  cinq  minutes 
plus  tard  naissait  un  second  enfant,  parfaitement  bien  conforme,  mais  ne  donnant 
plus  aucun  signe  de  vie.  11  offrait  la  longueur  et  le  volume  d'un  fmtus  de  six 
mois.  La  delivrance  ful  faile  sans  difliculte.  II  n'y  avait  qu'un  placenta,  et  une 
seule  poche  amniotique  avait  tividemment  contenu  les  deux  enfants.  Les  deux 
cordons,  completement  jsoles,  s'unissaient  sur  deux  points  distincts  de  la  masse 
placentairc.  Le  cordon  du  petit  monstre  etait  beaucoup  plus  grelc  que  celui  du 


213^ 

tolus  Lien  conforme ,  et  si  je  puis  en  juger  par  la  necessite  oCl  on  a  ete  d'operer 
sa  section  tr^s-pi^s  de  I'ombilie,  il  dtait  aussi  beaucoup  plus  court...  La  m6re 
s'est  parfaitement  retablie. 

Tels  sent  les  renseignements  qui  m'ont  ete  fournis  par  men  confrere  de  Bou- 
logne, et  les  particularites  principales  qu'on  peut  constater  en  examinant  avec 
soJn  la  conflguralion  exlerieure  de  ce  petit  monstre.  Mais  les  faits  de  cetle  nature 
sont  trop  rares  pour  que  je  ne  me  sois  pas  cru  oblige  d'etudier  par  une  dissec- 
tion minutieuse  les  anomalies  nombreuses  que  probablement  devaient  oll'rir  les 
organes  tboraciques  et  abdominaux,  les  appareils  musculaires  et  vasculaires. 

Dissection.  —  Une  incision  semi-elliptique  comprend  toutes  les  parties  lat6- 
rales  et  inferieures  du  venire.  La  peau,  dissequeo  avec  soin,  est  fine,  et  au-des- 
sous  d'elle  on  apergoit  un  tissu  rougeatrc,  infiltre  de  serosite  et  de  5  4  6  milli- 
nifeties  d'epaisseur.  Au-dessous  de  cetle  couclie ,  on  distingue  facilement  les 
muscles  anterieurs  de  I'abdomen,  les  grands  obliques  peu  developpes,  le  petit 
oblique  fort  et  bien  developpe,  ainsi  que  le  droit  cxteiieur,  puisenfin  le  pyrami- 
dal. Toules  leurs  insertions  inferieures  sont  normales.  Sur  le  cote  externe  des 
muscles  droits,  on  distingue  facilement  les  vaisseaux  epigastriques. 

Les  muscles  abdominaux  etant  enleves,  on  incise  le  feuillet  parietal  du  peri- 
toine  pourpenetrer  dans  la  cavite  abdominale.Enexaminant  la  disposition  gene- 
rate qu'olfrent  tous  les  organes  qui  y  sont  contenus,  on  voitsur  la  ligne  mediant) 
I'ensemble  des  parties  qui  composent  le  cordon  ombilical,  les  art^res,  la  veine 
ombilicaleet  I'ouraque.  La  masse  intestinale  est  repliee  sur  elle-meme,  et  pen- 
dant que  son  extremite  superieure  est  libre  et  floltante,  son  inferieure  vient  se 
terminer  k  I'ouverture  anale.  Cette  derniere  est  perforee ;  car  pendant  la  dissec- 
tion, il  s'en  echappe  une  certaine  quantile  d'un  liquide  qui,  par  sa  consislancc 
et  sa  coloration,  ressemble  assez  bien  k  du  niiel  de  Narbonne. 

Toute  la  longueur  de  I'inteslinymesuree  de  son  extremite  superieure  S  I'anus, 
est  de  IS  centimetres ;  sa  portion  superieure,  dans  I'etendue  de  27  millimetres, 
est  formee  par  la  partie  inferieure  de  I'ileum.  II  n'exisle  done  qu'une  tr^s-petite 
portion  de  I'intestin  grele.  Tout  le  reste  appartient  au  gros  intestin,  qui  est  se- 
pare  de  I'ileum  par  I'appendice  ileo-ceecal.  II  n'exisie  pas  de  trace  de  jejunum 
et  de  duodenum.  L'estomac,  le  foie,  la  rate,  manquent  completement ;  on  ne 
peut  en  apercevoir  aucun  vestige.  Les  coles,  et  on  pourrait  presque  dire  toute 
la  cavite  du  ventre,  sont  occupes  paries  reins,  qui  ont  un  volume  tres-consid6- 
rable,  et  dont  la  face  anterieure  est  recouverte  par  le  peritoine.  De  chacun  d'eux 
part  une  artere  qui  vient  se  rendre  sur  les  parties  laterales  et  posterieures  de  la 
vessie.  Celle-ci  est  situeo  dans  le  petit  bassin,  et  semble  n'etrequ'un  renflement 
pyriforme  de  I'ouraque. 

Pas  de  diaphragme ;  pas  de  cavite  thoracique,  et  par  consequent  absence  com- 
plete du  coeur,  des  poumons,  trachee,  etc.  On  ne  trouve  dans  le  petit  bassin  ni 
dans  aucun  point  de  I'enceinte  abdominale  aucun  organe  qui  puisse  clre  consi- 
tli'rc  comnie  les  rudiments  de  I'utcrus ,  des  ovaires,  des  trompcs,  des  liga- 


214 
menu  larges  el  des  ligaments  ronds.  On  ne  voil  rien  dans  le  cul-de-sac  vesico- 
rectal. 

L'ouverture  vulvaire  est  beante ;  un  stylet  y  penetre  sans  difTiculte,  mais  il  est 
airete  bientot  au  fond  d'un  cul-de-sac ,  qui  n'a  guere  que  5  i  C  millimMres  de 
profondeur. 

L'appareil  circulatoire  de  notre  Peracephale  a  du  tout  specialement  fixer  notre 
attention.  Le  cordon  ombilical  etait  compose  de  ses  trois  vaisseaux  habituels, 
la  veine  et  les  deux  arteres  ombilicales  ;  mais  leur  disposition  etait  fort  anor- 
male. 

p^eine  ombilicale.  —  Au  moment  oii  cette  veine  traverse  I'anneau  ombilical, 
elle  se  divise  en  deux  branches  :  Tune  se  porte  legerement  en  haul  et  un  peu  k 
en  droits  pour  venir  a'accoleri  la  partie  superieure  du  rachis  etsemble  se  renfler 
ce  point  pour  y  donner  naissance  k  trois  petits  rameaux ;  ceux-ci  vont  se  distri- 
buer  dans  I'epaisseur  des  parties  moUes  qui  constituent  les  regions  anterieures, 
posterieures  et  lateraks  de  la  partie  superieure  du  moignon.  Apres  avoir  donne 
naissance  k  ces  trois  rameaux,  cette  portion  de  la  Teine  ombilicale  descend  en 
leprenant  ses  dimensions  primitives,  et  se  dirige  vers  le  bord  interne  du  rein 
droit.  Avant  de  penetrer  dans  I'interieur  de  cet  organe,  elle  fournit  une  grosse 
branclie  qui  semble  resulter  de  la  bifurcation  du  tronc  principal,  et  va  se  plonger 
dans  le  bord  interne  du  rein  gauche. 

L'autre  branche  de  la  veine  ombilicale  descend  k  cote  de  I'ouraque  vers  le 
petit  bassin,  et  arrivee  a  quelques  millimetres  de  la  region  superieure  de  la  ves- 
sie,  elle  se  dirige  un  peu  k  droite  et  se  jette  dans  une  esp^ce  d'arcade  veineuse 
que  nous  decrirons  plus  tard,  etqui  est  evidemment  formee  par  la  reunion  des 
veines  des  extremites  inferieures. 

Arteres  ombilicales.  —  Chacune  des  deux  arteres  ombilicales  se  comporle  do 
la  meme  mani^re;  elles  descendent  d'abord,  avec  I'ouraque  et  la  veine  ombili- 
cale, jusque  dans  le  bassin,  oii  elles  se  plongent,  la  droite  dans  I'iliaque  externe, 
la  gauche  un  peu  plus  haul,  dans  I'iliaque  primitive,  un  peu  au-dessus  du  point 
de  reunion  de  I'hypogastrique  et  de  I'iliaque. 

Si  maintenant  nous  examinons  les  vaisseaux  qui  appartiennent  en  propre 
au  foetus,  nous  constaterons  une  singuli^re  disposition  des  arteres  et  des  veines. 

Dans  le  systcme  arteriel,  absence  complete,  comme  nous  I'avons  deji  dit,  de 
I'organe  central  de  la  circulation;  il  n'existe  non  plus  aucune  trace  de  I'oiigine 
et  de  la  crosse  de  I'aorte.Pour  suivre  la  direction  et  la  distribution  du  gros  tronc 
que  nous  croyons  representer  le  tronc  aortique.  il  faut  rechercher  son  eitremite 
inferieure,  et  prendre  pour  guide  le  point  oil  viennent  aboutir  superieurement 
les  arteres  des  mcmbres  inferieurs. 

Les  deux  iliaques  primitives,  formees  comme  toujours  par  la  reunion  de  I'ilia- 
que externe  et  de  I'hypogastrique,  se  reunissent  pour  donner  naissance  k  un  tronc 
commun.  Celui-ci,  place  au  devant  el  un  peu  k  gauche  de  la  colonne  vertebrate, 
fournit  d'abord  les  deux  arlere*  renalcs,  un  peu  au-dessus  de  son  origine.  II 


215 

nionle  verticalement  en  donnant  naissance  a  plusieur»  lameaux  tres-gidles,  qui 
se  distribuent  tr6s-promptement  dans  les  parlies  molles  de  la  panic  posterieure 
du  tronc  J  puis,  arrive  au  quatre  cinquieme  superieur  de  la  cavite  ventrale,  ce 
gros  tronc  aortique  se  bifurque.  Les  deux  branches  resultant  de  cette  bifurcation 
se  separent  a  angle  aigu,  etaprfis  un  trajet  d'un  centimetre,  se  subdivisent  elles- 
memes  «t  envoient  des  rameaux  se  distribuer  a  la  partie  superieure  du  moignoa 
terminal. 

Les  veines  ont  une  disposition  a  peu  pres  semblable.  Les  deux  crurales,  deve- 
nues  iliaques  externes,  se  reunissent  en  formant  une  esp^ce  d'arcade  cintree, 
donl  la  concavite  est  inferieure,  et  la  partie  la  plus  convexe  se  trouve  un  peu 
au-dessous  de  Tangle  sacro-vertebral.  Cette  arcade  reqoit  les  veines  hypogastriquea 
par  sa  concavite,  et  la  portion  descendante  de  la  veine  ombilicale  par  sa  con- 
vexite.  Le  tronc  des  veines  mesaraiques  vient  so  plonger  dans  le  tronc  commun 
des  veines  renales,  et  les  branches  veineuses,  Ires-nombreuses  et  destinees  k  ra- 
raener  le  sang  que  les  rameaux  aortiques  ont  distribue  a  la  partie  posterieure  du 
Irene,  convergent  vers  les  trois  rameaux,  qui,  nous  Tavons  deji  dit,  se  jettent 
dans  le  renflement  veineux  forme  par  la  courte  portion  de  la  veine  omW- 
licale. 

La  malheureusement  s'est  born6e  la  dissection,  Une  maladie  asgezs6- 
rieuse  m'ayant  oblige  a  la  suspendre  pendant  quelques  semaines ,  je 
trouvai  plus  tard  le  petit  monstre  tellement  alt^re  par  la  putrefaction 
qu'il  me  fut  impossible  d'examiner  fructueusement  ce  qui  restait  du  sys- 
t6me  nerveux.  Cette  lacuna  est  d'autant  plus  regrettable  que,  parmi  les 
fails  semblables  publics,  bien  peu  fournissent  surce  point  les  renseigne- 
ments  si  desirables  dans  I'etude  etiologique  de  ces  difformites. 

Du  reste ,  ces  fails  sont  trfes-rares,  et  en  feuilletant  les  principaux 
Iravaux  teratologiques,  je  n'en  ai  trouve  qu'un  petit  nombre  don t  la  res- 
semblance  avec  celui-ci  fut  assez  grande  pour  pouvoir  en  ^treutiiement 
rapproches. 

En  4663,  Ant.  Everhard  publia  I'histoire  d'une  grossesse  g^mellaire, 
dans  laquelle  un  des  fcetus  manquait  de  t6te,  de  ecu,  des  bras,  de  la  poi- 
trine,  de  deux  orteils  au  pied  droit,  d'un  au  pied  gauche.  II  n'y  trouva  ni 
reins,  ni  poumons,  ni  rate,  ni  vessie,  ni  omentum.  Lacavile  abdominaie 
^tait  en  grande  partie  occupee  par  un  foie  tres-volumineux,  sans  vesi- 
cule  biliaire,  avec  deux  vesicules  sanguines  ou  aboutissaient  une  artere 
et  une  veine.  Une  petite  partie  de  I'intestin  gr^le  et  le  gros  inteslin,  im- 
perfor^  a  I'anus,  constituaient  tout  le  tube  intestinal. 

Probablement  ce  pretendu  foieetait  un  rein  unique.  (Planqup,  Biblio- 

THEQUE  MEDICALE.) 


216 

Dans  un  autre  monilre,  cite  par  Poujol  en  1706,  on  trouva  seulemonl 
deux  reins,  deux  uret^res,  una  vessie,  un  uterus  avec  ses  annexes.  L'in- 
leslin,  court  et  tres-mince,  conimencait  par  deux  appendices,  et  se  termi- 
nait  a  I'anus  sans  fairedecirconvolutions.  La  veins  onibilicaie  s'ouvrait 
dans  la  veine  cave;  celle-ci  se  divisait  superieurenient  en  deux  branches : 
I'une  se  ramifiait  dans  la  masse  superieure  ;  I'aulre  fournissaitdeux  re- 
naies  et  se  terminait  par  deux  iliaques. 

Wery  donna,  en  1720,  I'histoire  d'un  acephale  chez  lequelmanquaient 
coeur,  poumons,  estomac,  foie,  rale,  pancreas  et  intestin  grele.Une  masse 
de  chair  informe,  tenant  lieu  de  diaphragme ,  eachait  les  reins ,  les  ure- 
teres  et  les  capsules  atrabilaires. 

Dans  le  cas  de  Vogii  (1720),  les  seuls  organes  existants  etaient  la 
moelle  epinifere,  les  reins,  la  vessie,  I'eslomac,  les  intestins,  I'uterus  et 
ses  annexes.  Pas  de  traces  de  coeur,  de  poumon,  de  foie,  de  rate  ni  de 
capsules  surrenales. 

Le  foetus  dont  la  description  futdonnee  par  Desuperville,  en  1727,  n'a- 
vait  que  2  centimetres  et  demi  d'intestin  grele,  tout  le  gros  intestin,  deux 
reins,  une  vessie  et  un  testicuie  droit ;  tout  le  reste  manquait. 

On  lit  dans  le  tome  VIII  du  Journal  de  litterature  medicale  etran- 
GERE  la  description  d'un  monstre  presque  completement  semblable  a  colui 
dont  j'ai  rapportd  I'observation.  L'abdomen  contenait  seulement  le  gros 
intestin,  une  partie  de  I'ileum,  les  reins,  la  vessie  et  les  organes  geni- 
taux...  L'arlere  et  la  veine  ombilicale  fournissaient  ieurs  vaisseaux 
iliaques  ,  lesquels  se  distribuaient  aux  visceres  ,  au  bassin  et  aux  jambes. 

Enfin  Malacarne  mentionne  quatre  foetus  dans  lesquels,  a  I'exceplion 
des  reins,  de  la  vessie  etde  I'intestin ,  tous  les  autres  organes  man- 
quaient,  et  le  monstre  cite  par  Gall  et  Spurzheim,  dans  Ieurs  recherches 
sur  le  sysleme  nerveux,  n'avait  a  I'interieur  que  les  reins,  les  organes 
sexuels  femeiles,  les  intestins  hypogastriques  et  les  troncs  des  arleres  et 
des  veines. 

Les  fails  que  je  viens  de  rappeler  suffisent  pour  demontrer  I'analogie 
qui  existe  entre  eux  et  celui  quo  je  viens  do  faire  connnilre  ;  mais  cette 
simihtude,  tout  en  d(5montranl  que  la  nature  est  soumisc  a  de  cerlaines 
lois,  meme  dans  ses  aberrations  les  plus  etranges,  est  loin  de  resoudre  les 
difficull^s  qu'on  rencontre  dans  I'etude  de  ces  monstruosites.  Ces  diffi- 
cultes  sont  nombreuses,  et  je  n'ai  certes  pas  la  pretention  de  les  aborder 
loutes.  Les  questions  qui  se  rattachent  a  leur  etiologie,  a  leur  mode  de 
nutrition  ct  de  developpement,  sont  encore,  il  faut  I'avouer,  malgre  lesdis- 


217 
cussionsde  Lemery  etde  Winslowet  les  recherches  interessantes  des  te- 
ratologues  modernes,  aulant  d'enigmes  dont  le  mot  est  encore  a  trouver. 
Reduit,  en  effet,  a  I'appareil  urinaire  et  a  une  petite  portion  du  tube  di- 
gestif, prive  des  organes  qui  paraissent  les  plus  necessaires  a  rentretien 
de  la  vie,  nieme  de  la  vie  foetale,  comment  ce  pelit  nionstre  a-t-il  pu  se 
d^velopper  au  point  d'cffrir,  dans  les  parties  qui  lui  restaient  encore,  Ic 
volume  que  ces  memos  parties  oifrent  dans  un  foetus  du  memo  Sge  et  bien 
conforme? 

Nous  laisserons  a  de  plus  habiies  le  soin  de  r^soudre  le  probleme,  et 
pour  ne  pas  abuser  des  moments  de  la  Societe,nousajouterons  seulement 
quelques  mots  sur  le  m^canisme  probable  de  la  circulation  chez  les 
monstres  peracephales. 

Chez  notre  foBlus,  pourvu  d'art^res  et  de  veines  dont  les  ramifications 
terminales  et  origineiies  s'anastomosaient  entre  elles  et  etablissaient  ma- 
nifeslement  un  cercle  circulatoire  complet,  quelle  etait  la  direction  dans 
laquelle  s'operait  le  cours  du  sang?  quel  6lait  surtoul  I'agent  de  I'impul- 
sion  transmise  a  la  colonne  sanguine? 

Et  d'abord,  peut-on  admettre,  avec  Winslow,  qu'au  defautdu  coeur,  la 
progression  des  liquides  doit  dependre  de  I'elasticite  des  vaisseaux?  Nous 
ne  le  pensons  pas ;  car  I'elasticil^  des  parois  arterielles  ne  peul  fairesen- 
tir  son  influence  que  lorsque  la  colonne  sanguine,  pouss^e  par  lemoteur 
central,  tend  a  diialer  le  lube  vasculaire.  En  un  mot,  le  retraitdes  parois 
suppose  leur  dilatation  preaiable. 

Forces  dechercher  ailleurs  que  dans  le  monstre  lui-meme  la  cause  pre- 
miere de  la  circulation,  les  auteurs  qui  se  sent  occup6s  de  ce  sujet  ont 
^mis  des  opinions  tres-diverses. 

Queiques-uns  ,  s'appuyant  sur  les  communications  vasculaires  qu'ils 
croyaient  exister  dans  le  placenta,  entre  les  ramifications  des  vaisseaux 
ombilicaux  et  celies  des  vaisseaux  ulero-placentaires,  admettaient  que  le 
sang  circulait  encore  dans  le  foetus  acephale  sous  I'influence  de  la  con- 
traction du  coeur  malernel.  II  faut  bien  I'avouer  ;  cette  explication  est  en 
contradiction  avec  les  dissections  les  mieuxfaites  dans  ces  derniers  temps. 
Les  injections  des  plus  habiies  anatomistes  ont  etabii  la  separation  com- 
plete des  appareils  vasculaires  foetal  et  malernel...,  et  pourlant,  en  y  re- 
flechissant,  on  se  prend  a  douler  encore.  N'existe-t-il  pas,  en  efTet,  un 
ou  deux  cas  au  moins,  suffisamment  authentiques,  ou  le  foetus  acephale 
apparlient  a  une  grossesse  simple,  et  dans  lesquelspar  consequent  I'im- 
pulsion  du  coeur  malernel  peul  seule  cxpliquer  la  circulation  du  monstre 


218 
p;irasile7  D'un  autre  cole,  les  anomalies  vasculaires,  si  fi^quenles  dan-, 
I'organisme  d^finitif,  ne  pourraient-elles  pas  se  rencontrer  dans  I'organi- 
salion  lemporairo  du  placenta?  N'est-on  pas  forc6  de  supposer  ccs  coni- 
municalions  anormales  dans  ies  cas,  moins  rares  qu'on  ne  pense  et  pour- 
tant  inconteslablcs  aujourd'hui,  dans  les  cas,  dis-je,  ou,  apr6s  le  decolle- 
ment  prematura  du  placenta,  ie  foetus  est  mort  d'hcmorrhagie,  et  dans 
coux,  bien  plus  inconteslablcs  encore,  oil,  apres  la  naissance  de  I'enfant, 
une  h^morrhagie  grave  s'est  faite  par  roxlr^mile  placentaire  du  cordon 
qu'on  venait  de  couper?...  Eh  bien!  pourqiioi  done  ces  communications 
anormales,qui  seuies  a  peu  pres  peuventrendre  compto  des  fails  auxquels 
je  fais  allusion,  ne  pourraient-elles  pas  se  rencontrer  egalement  dans 
les  monslruosiles  ac^phaliques?  [Je  saisque  des  esprils  sev^res  repous- 
sent  toute  hypotIi6se  qui  ne  repose  surun  faitdirectement  observe;  mais 
en  rappelant  que  cerlains  ac6phales  appartiennent  a  une  grossesse  sim- 
ple, en  signalantles  accidents  hemorrhagiques  pour  I'explicalion  desquels 
I'exislence  de  communications  direcle  est  n^cessaire,  je  n'ai  pas  voulu 
imposer  une  opinion,  mais  prouver  qu'on  avail  repousse  trop  vile  peul- 
^tre  la  th^orie  de  Mery  et  Lecal. 

L'immense  majorile  des  acephalies  appartient  a  des  grossesses  gemel- 
laires.  Le  placenta  est  toujourscommun  ;  les  foetus  sent  souvent  dans  la 
m6me  poche  amniotique  :  et  alors  que  les  deux  amnios  sont  distinct;!,  lo 
chorion  est  commun.  Quelle  est  ici  la  cause  du  cours  du  sang  dans  le 
monslre  peracephale?  Pour  moi,  je  n'hesite  pas  a  la  placer  dans  le  coeur 
du  foetus  bien  conform^.  Tousles  accoucheurs  savent  que  lorsque,  dans 
une  grossesse  double,  le  chorion  est  commun  aux  deux  foetus,  etsurlout 
lorsque  ceux-ci  sont  renferm<5s  dans  la  meme  poche  amniotique,  les  com- 
munications entre  les  ramifications  ombilicales  des  deux  enfants  sont 
assez  frequentes.  Si  une  chose  m'<5lonne  meme,  d'apres  le  mode  de  vas- 
cularisation  du  chorion  pendant  le  dc^veloppement  de  I'allanloide,  c'est 
qu'elles  n'exislent  pas  toujours  :  j'en  ai  publie  un  exemple,  M.  Lallemand 
un  autre,  et  beaucoup  d'auteurs  en  ont  cit6.  Pourquoi  done  se  refuser  a 
les  admettre  dans  les  cas  de  monstruosil(5  gemellaire  ?  Mais  ce  n'est  plus 
une  hypolhese  ici.  Voici  ies  fails. 

Dans  le  cordon  d'un  foetus  ac^phale  ddcrit  par  Clarke,  il  n'existait 
qu'une  seule  artere  et  une  seule  veine.  A  la  suite  d'une  injection  de  ma- 
liere  rouge  dans  le  cordon  ombilical  de  I'enfant  bien  conformc,  I'injeclion 
parvjnt  facilement  dans  Ies  deux  placentas. 

Dans  le  cas  de  M^ry,  il  y  avail  un  cordon  unique,  qui,  dans  le  mi- 


219 

lieu  de  sa  longueur,  so  divisait  pour  aller  se  terminer  au  nombril  de  che- 
que fcetus. 

Enfin  M.  Moreau  a  present^,  en  1826,  un  ac6phale  dont  il  ne  fit  pas 
la  dissection ;  mais  il  fait  remarquer  que  le  cordon  du  foetus  mon- 
slrueux  communique  par  deux  vaisseaux  (il  n'indiquo  pas  lesquels)  avec 
celui  du  fcetus  bien  conforme,  qui  6tait  pourtant  dans  un  amnios  se- 
par6. 

Cette  communication  etant  d^montree  dans  quelquescas,  peut  fitro 
supposee  dans  les  autres,  et  permet  d'admettre  que  la  circulation 
du  petit  monstre  elait  sous  la  dependance  du  cceurde  I'autre  jumeau. 

Mais  dans  quelle  direction  s'op^re  la  circulation? 

Si  on  admet,  comme  je  le  disais  tout  d  I'heure,  que,  dans  les  ac^phales 
jumeaux,  la  circulation  de  ces  derniers  est  sous  la  dependance  du  coeur 
du  fcetus  bien  conforme,  necessairement  il  faut  admettre  que  le  rbledes 
vaisseaux  du  cordon  n'est  plusce  qu'il  est  dans  I'etat  normal.  Les  rami- 
fications lerminalesdesarleres  ombilicales  du  monstre  resolvent  le  sang 
pousse  par  le  cceur  de  I'autre  foetus  dans  les  branches  et  rameaux  de  ses 
art^res  ombilicales,  a  I'aide  des  anastomoses  qui  alors  existent  enlre  elles. 
Ce  sang  parvient  facilemenl  dans  le  tronc  des  arteres  ombilicales  de 
I'enfant  mal  conforme,  puis  penetre  avec  elles  dans  I'abdomen,  et  vient 
enfin  se  jeter  dans  les  iliaques  primitives,  d'ou  il  se  repand  dans  tout  I'ar- 
bre  art^riel  jusque  dans  les  capillaires.  Apres  avoir  servi  a  la  nutrition 
des  organes,  il  est  repris  par  les  radicules  veineuses  pour  arriver,  apres 
avoir  parcouru  les  troncs  veineux  hypogastriques  et  cruraux,  dans  I'es- 
p^ce  d'arcade  cintr^e  que  nous  avons  d^crite,  puis  enfin  dans  la  portion 
descendante  de  la  veine  ombilicale.  Le  sang  des  reins,  de  I'intestin,  de  la 
vessie,  celui  qui  revient  des  parlies  superieures  et  posterieures  du  tronc, 
est  ramen^,  par  les  veines  renales  et  les  trois  branches  que  nous  avons 
jndiquees,  dans  la  branche  superieure  de  la  veine  ombilicale,  pour  aller 
par  un  tronc  commun  se  distribuer  dans  le  placenta. 

Dans  ce  syst^me,  comme  on  le  voit,  les  arleres  ombilicales,  dans  leur 
portion  extra-abdominale,  auraient  rofiice  que  remplit  ordinairemenl  la 
veine  ombilicale,  car  elles  apporteraient  du  sang  au  foetus;  mais,  dans 
leur  portion  inlra-abdominale,  elles  joueraient,  par  leurs  communica- 
tions avec  les  arteres  iliaques,  le  rdle  de  vaisseaux  artericls.  II  est  facile 
de  voir  que  le  contraire  aurait  lieu  pour  la  veine  ombilicale  dans  ses  deux 
portions  extra  et  intra-abdominales;  car,  form^e  de  plusieurs  ramifica- 
tions veineuses,  dans  lesquelles  circule  le  sang  qui  a  servi  a  la  nutrition 


220 
«iu  foetus,  ello  charrie  ce  sang  veineux  jusqu'au  placenta,  dan?  lequel  elle 
le  distribue  a  la  mode  des  arteres. 

Dans  les  cas,  si  rares  qu'ils  ontete  contesl^s,  dans  lesquels  I'encephale 
appartient  a  une  grossesse  unique,  et  m^me  dans  quelques-uns  de  ceux 
oil  la  grossesse  etait  gomellaire,  je  suis  force  de  supposer,  dans  le  pla- 
centa, une  libre  communication  enlre  I'appareil  vasculaire  foetal  et  les 
vaisseaux  malernels,  etd'admettre  la  theorie  de  Monro.  Pour  cet  anato- 
miste,  le  sang  venant  du  placenta  entre  dans  le  corps  du  foetus  par  la 
veine  ombilicale;  les  rameaux  de  cette  veine  remplacent  les  arteres, 
puisqu'ils  distribuent  le  sang  dans  toutes  les  parties  du  foetus;  enfin  le 
sang  revient  au  placenta  par  les  arteres ombilicales.  Breschet  croit  refu- 
ter  cette  opinion  en  faisant  remarquer  que  I'existence  des  valvules  dans 
les  veines  s'oppose  a  ce  que  le  sang  circule  dans  ces  canaux  du  tronc  vers 
les  ramifications.  Cette  objection,  serieuse  au  premier  abord,  n'a  pas 
loute  I'importance  que  lui  supposait  son  auteur;  car,  dans  le  seul  casoii 
les  veines  ont  ele  examinees  avec  soin,  Kaick  a  constate  I'obsence  totaln 
des  valvules  :  Fenarum  structuranormalis  est,  dit-il,  ed  tantum  dif- 
ferentia ut  nunquam  vestigium  deprehendatur  valvularum  quce  in 
fcetibus  ejusdem  cetatis  tamenjam  luculenta  in  conspectum  prodire 
consuescunt.  Nouvelle  preuve  de  la  prevoyance  avec  laquelle  la  nature 
salt  pr^venir  toutes  les  difficultes. 

J'admettrai  done,  en  definitive,  que  le  sang  d'un  monstre  prive  de 
coBur  est  mis  en  mouvement ,  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas ,  par  la 
contraction  du  ccBur  de  son  fr^re  jumeau  ,  et ,  dans  quelques  cas  tres- 
rares,  par  I'impulsion  que  lui  transmet  le  coeur  de  la  mere,  a  I'aide  do 
communications  anormales  etablies  enlre  les  vaisseaux utcro-placentaires 
et  les  vaisseaux  du  foetus. 


MEMOIRE 

SUR 

UN  MONSTRE  DOUBLE  MONOMPHALIEN 

DE  PROVENANCE  HUMAINE, 

CONSTITHANT   UN   GENRE  NOUVEAU  DESIGNE  SOUS   LE  NOM    DE 

RACHIPAGE; 

Lu  dans  la  stance  du  2  f^vrier  1850 

Par  M.  EUDES  DESLONGCHAMPS, 

Correspondant  de  rinstitnt  de  Frante, 


II  y  a  d^jS  quelques  ann^es  que  j'ai  eu  I'occasion  de  preparer  le  sque- 
lette  d'un  monstre  double  de  provenance  humaine,  des  plus  compliqu^s 
que  Ton  puisse  imaginer. 

Ce  monstre  est  constitue  par  deux  enfants  egaux  en  d^veloppement 
dans  toutes  leurs  parties,  places  bout  a  bout,  comme  les  monslres  ischio- 
pages,  ayant  comme  eux  les  faces  tournees  du  m^me  cote ;  mais,  au  lieu 
d'etre  reunis  par  les  bassins,  iis  sont  sondes  par  les  colonnes  verlebrales, 
a  partir  de  la  troisi6me  ou  quatrieme  vertebre  du  dos,  jusqu'a  la  region 
sacr^e  ou  les  deux  colonnes  redeviennent  libres.  Les  deux  tetes  et  les 
deux  cols  sont  dislincts;  les  troncs  sont  confondiis  en  un  seul,  de  mani^re 
pourtant  que  les  deux  poitrines,  confluentes  a  leur  partie  superieure,  s'i- 
solent  inferieurement  en  so  dirigeant  I'une  a  droile,  I'autre  a  gauche  dti 
tronc  commun  ;  los  deux  abdomens,  isoles  d'abord  a   la  suite  de  leurs 

TOME   III.  16 


222 

poitrines  respeclives,  viennent  se  confondro  en  un  seul  dans  la  region 
hypogastrique  sur  loquelle  s'appuie,  mais  sans  y  adherer  aucunemenl, 
la  tele  de  I'un  des  freres,  cehii  que  je  nommerai  dans  la  suite  de  ce  me- 
moire  le  frere  inferieur.  II  y  a  quatre  membres  thoraciques  egaux  et 
ibres;  le  bras  droit  de  I'un  des  fr^res  correspond  au  bras  gaucho  do 
I'autre  frere,  ils  se  croisent  au-dessus  du  pli  du  bras ;  line  disposition 
toute  semblable  existe  do  I'autre  cole.  Les  membres  pelviens  sont  aussi 
au  nombre  de  quatre,  egaux  et  libres  :  mais  comme  les  deux  bussins  ont 
6t6  ramen^s  I'un  a  cdle  de  I'aulre  sans  soudure  ,  echange  ou  renverse- 
ment  de  parties,  les  membres  des  deux  freres  y  sont  disposes  les  uns  par 
rapport  aux  autres,  non  comme  le  sont  les  membres  thoraciques,  mala 
comme  le  seraient  ceux  de  deux  individus  normaux  places  I'un  a  cote  do 
I'autre  et  tourn^s  dans  le  m6me  sens. 

Le  monstre  dont  je  viens  de  donner  un  aperyu  succinct  se  pr^scnte 
avec  un  ensemble  de  caracleres  doni  la  plupart  se  retrouvent  isoles  dans 
plusieurs  genres  de  monstres  composes  de  deux  individus  §gaux,  sondes 
par  diverses  regions  de  leur  corps  ,  et  n'oyant  qu'un  seul  ombilic.  Ainsi, 
il  tient  des  ischiopages,  par  la  maniere  dont  les  deux  freres  sont  places 
I'un  par  rapport  a  I'autre;  mais  I'union,  chez  noire  monstre,  se  fait  bien 
au-dessus  des  bassins  ;  d'ailleurs  ceux-ci  sont  libres  et  n'ont  pas  de  mo- 
dification essenlielle  dans  leur  composition.  II  tient  des  sternopages,  par 
I'eeartement  des  moities  du  slemum  de  cbaque  frere  (4),  mais  elles  nese 
rejoignent  pas,  et  d'ailleurs  eltes  ne  se  correspondent  pas  avec  I'alter- 
nance  de  cotes  qu'elles  montrent  duns  les  sternopages,  comme  un  exa- 
men  approfondi  le  demonlre.  11  tient  enfm  des  eclopages,  par  la  maniere 
dont  les  deux  bassins  et  les  membres  inferieurs  des  deux  freres  sont  pla- 
ces les  uns  par  rapport  aux  autres. 

En  resume,  ce  monstre  doit  former  un  genre  a  part,  non-seulement 
par  la  reunion  de  caracleres  qui  ne  se  trouvent  qu'isolement  dans  plu- 
sieurs genres  particuliers,  mais  surtout  par  un  caractere  essentiel  qui 
n'appartient  qu'a  lui,  un  caractere  dominateur,  celui  de  I'union  des  ver- 
ttibres  dorsaies  et  lombaires  des  deux  freres,  d'ou  resulte  une  seule  co- 
lonne  verlebrale  apparente  ,  mais  en  realite  double  dans  toutes  ses 
parlies. 

Aucun  des  ouvrages  scientifiques  que  j'ai  pu  consulter  ne  parle  d'une 
pareille  combinaison  de  deuxjumeaux;  elle  ne  peul  entrer  dans  aucuti 

[\)  Dans  la  region  superieure,  sculcment  pour  le  racliipnge. 


223 
des  genres  etablis  par  M.  Is.  GeoiTroySaint-Hilaire  ;  en  consequence,  je 
proposerai  de  la  designer,  d'aprfes  son  caractere  principal,  sous  le  nom  do 
rachipagie(\). 

Je  n'ai  point  eu  ce  monstre  en  chair,  mais  seulement  a  I'etat  de  sque- 
lette.  D'apres  sa  taille  et  le  developpement  des  pieces  osseuses,  il  devait 
avoir  de  7  mois  4/2  a  8  mois  de  conception. 

II  apparlenait  a  feu  M.  Le  Boucher,  medecin  distingue  de  Caen,  et  an- 
cien  professeur  a  I'ficole  de  medecine  de  cetle  ville.  Son  flls,  M.  Augusts 
Le  Boucher,  a  bien  voulu  me  le  remetlre  pour  etre  depose  dans  les  col- 
lections de  la  Faculte  des  sciences  de  Caen.  Je  n'ai  pu  avoir  que  tres-peu 
de  renseignements  sur  son  origine ;  M.  Auguste  Le  Boucher  m'a  assure 
que,  d'aussi  loin  qu'il  pilt  se  souvenir,  il  avail  toujours  vu  ce  petit  sque- 
lette  dans  la  collection  de  son  pere  ;  d'apres  cela,  il  date  au  moins  d'une 
quarantaine  d'ann6es  et  probablement  davantage.  M.  Auguste  Le  Bou- 
cher avait  entendu  dire  a  son  pere  que  ce  petit  squelette  monstrueux  lui 
avail  ete  donn6,  comme  curiosite,  par  un  mMecin  decampagne,  habitant 
le  Socage. 

Voici,  du  reste,  quel  etail  I'etal  de  mon  rachipage  lorsque  je  I'ai  re^u : 
on  s'^tait  contente  de  vider  les  caviles  viscerales  et  d'enlever  grossiere- 
ment  les  chairs ;  on  I'avait  laisse  secher,  puis  on  i'avait  couvert  d'un  ver- 
nis  fori  epais.  On  conceit  combien  les  parties  carlilagineuses  avaienl  dil 
se  r^tracter ;  les  chairs,  dessechees  et  raccornies,  cachaient  I'arrange- 
ment  el  la  forme  des  parties  les  plus  interessantes  a  connaitre  ;  ce  que 
i'on  pouvait  y  voir,  c'estque  les  deux  enfants  formant  le  monstre  etaient 
joints  par  leurs  colonnes  vertebrales,  voila  tout. 

Mon  premier  soin  fut  de  le  ramollir  en  le  laissant  tremper  pendant 
vingt-quatre  heures  dans  de  I'eau  maintenue  a  40  ou  50°  cent. ;  je  laissai 
macerer  ensuite  pendant  dix  ou  douze  jours  dans  de  I'eau  un  peu  alcoo- 
lis^e,  queje  renouvelai  plusieurs  fois,  en  evitant  qu'il  se  developpSt  la 
moindre  trace  de  putrefaction;  enfin,  comme  la  piece,  bien  ramollie  et 
flexible  partout,  etail  restee  d'un  brun  noiratre,  couleur  due  a  la  presence 
du  sang  altere  qui  penelre  le  tissu  osseux,  je  la  mis  a  tremper  pendant 
trois  ou  qualre  jours  dans  de  I'eau  ou  j'avais  ajoute  une  certaine  quan- 
tity d'ammoniaque.  Celleci,  tres-elendue,  a  la  propriety  de  dissoudre  le 
sang  depuis  longtemps  desseche,  qui  colore  et  salit  les  objets  sans  alte- 

(1)  Du  grec  pa^t; ,  epinc  du  dos,  et  de  Tayet; ,  ewa ,  ev,  participe  aoristc  de 
T.-?,yi'uai ,  qui  est  fixi ,  toude  avec. 


22/» 

rer  d'une  mani6re  sensible  les  os  et  niome  les  chairs.  Je  suis  parvenu, 
par  ce  moyen,  a  blanchir  plus  ou  moins  compl^tement  dcs  pieces  osleo- 
logiques  mal  pr^parees  dans  le  principe.  Mon  petit  sujet,  en  conservant 
tout  ce  qui  lui  restait  de  chairs  et  ses  ligaments,  est  devenu,  sinon  com- 
pletement  blanc,  au  moins  suffisamment. 

On  devine  ais^ment  que  la  dissection  et  la  preparation  syndesmologi- 
que  d'un  monstre  aussi  complique  a  dii  m'c.ffrir  de  grandes  dilTiculles.  A 
force  de  temps  et  de  patience,  apres  mille  precautions  pour  emp^cher  que 
les  parties  cartilagineuses  ne  se  deformassent  en  se  dessechant,  je  suis 
parvenu  a  mettre  en  une  enli^re  evidence  toutes  les  pieces  osseuses,  et  le 
mode  insolite  d'union  d'un  grand  nombre  de  ces  pieces. 

Le  mode  d'union  de  ces  deux  enfants  une  fois  bien  compris,  il  est  aise 
d'en  deduire  et  de  s'expliquer  les  arrangements  survenus  dans  la  combi- 
naison  des  deux  troncs ;  car  les  pieces  osseuses  ont  conserve,  dans  leurs 
connexions  principales,  leurs  rapports  normaux.  Mais  on  comprend  que 
celles  de  ces  pieces  osseuses  fondamentales  qui  ont  ete  deplacees  et  de- 
vices ont  entraine  le  d^placement  des  pieces  secondaires  qui  s'y  ratta- 
chent,  el  que  celles-ci  ont  6le  forcees  non-seulement  de  prendre  souvent 
des  formes  bien  differentes  de  celles  qui  leur  sent  ordinaires,  mais  qu'il 
est  survenu  dans  leurs  connexions  des  rapprochements  fort  singu'.iers :  telle 
pi^ce  osseuse  qui  6tait  inferieure,  d'apres  la  position  de  I'un  des  fr^res, 
est  devenue  superieure  dans  le  tronc  commun ;  telle  qui  regarderait  en 
avant  sur  les  freres  isoles,  regarde  la  droite  ou  la  gauche  dans  les  par- 
ties oil  les  troncs  sent  confluents,  etc.,  etc.,  etces  changements,  qui  no 
sontpas  toujours  reciproques  pour  les  deux  freres,  sont  une  nouvelle 
source  d'erabarras.  II  faut  souvent,  pour  se  retrouver,  se  replacer  par  la 
pensee  les  deux  freres  comme  s'ils  etaient  c6te  a  cote ;  on  suit  mieux  les 
deviations  et-  les  connexions  insolites.  II  faut  s'orienter  ainsi  sans  cesse 
pour  ne  pas  atlribuer  a  Tun  des  freres  ce  qui  est  a  I'autre,  ce  qui  est  a  la 
droite  de  ce  qui  est  a  la  gauche,  etc.  Cette  orientation  n'esl  pas  sans  dif- 
ficulles  quand  on  a  sous  les  yeux  la  pi^ce  naturelle;  la  difficulte  devient 
bien  plus  grande  quand  on  ne  peut  employer  que  des  figures,  surtout  a 
cause  des  raccourcis. 

§  I.  —  Du  MODE  d'unio.n  entre  les  freres.  —  Reduisons  par  la  pen- 
see  le  monstre  a  ses  colonnes  vertebrales,  et  supposons  encore,  pour  plus 
de  clarle,  que  les  vert^bres  sont  toutes  privies  de  leurs  portions  annu- 
laires.  Chaque  colonne  vertebrale  peut  alors  6tre  consider^e  comme  un 
long  prisme  a  quatre  fuccs  :  I'une  de  celles-ci  sera  aiUerieure  ou  visce- 


225 
rale,  line  aulre  posl^rieure  ou  medullairc.  II  y  aura  deux  faces  lalerales, 
i'une  droite,  I'aulre  gauche;  enfin  une  extrt^mite  cephalique  et  I'autre 
pelvienne.  Que  Ton  suppose  ces  deux  prismes  ou  colonnes  places  I'un  a 
cote  de  I'aulre,  de  maniere  que  les  exlr^niites  cephaliques  soientoppo- 
sees,  et  que  les  faces  viscerales  soient  lournees  du  meme  c6te:  ces  co- 
lonnes se  toucheront  necessairement  ou  par  ieurscot^s  droits  ou  parleurs 
c6tes  gauches.  Dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe,  c'est  par  leurs 
c6tes  gauches  que  les  colonnes  se  correspondent,  el.  je  proposerai,  a  cause 
de  cela,  de  donner  a  notre  rachipage  le  noni  specifique  de  sinister,  se- 
nestre.  Mais  il  ne  parait  pas  y  avoir  de  raisons  pour  que,  dans  un  autre 
cas  de  rachipalgie,  ce  fussenl  les  c6l^s  droits  qui  seraient  en  regard  I'un 
de  I'autre. 

Admettons  maintenant  qu'au  niveau  des  corps  de  leurs  troisiemes  ver- 
t6bres  dorsales,  les  deux  colonnes  se  courbent  subitement  du  c6l6  de  la 
face  meduUaire  et  fassent  chacune,  sur  leur  portion  cervicale  respective, 
un  angle  a  peu  pr6s  droit;  admettons  encore  qu'en  meme  temps  que  les 
colonnes  se  courbent  ainsi,  les  corps  de  la  troisi^me  verl^bre  dorsale  de 
i'une  et  de  I'autre  font  sur  leur  axe  un  quart  de  revolution  de  gauche  a 
droite.  Ces  directions  nouvelles  font  changer^necessairement  les  rapports 
entre  les  deux  colonnes.  En  effet,  ce  ne  sent  plus  les  faces  lati^rales  gau- 
ches qui  se  correspondent,  mais  les  faces  medullaires  qui  s'appliquent 
I'une  centre  I'autre  et  se  soudentdans  cette  nouvelle  position  ;  en  d'au- 
tres  termes,  toutes  les  vertebres  dorsales  qui  suivent  la  troisieme  et 
toutes  les  lombaires  se  soudent  a  chaque  vert^bre  d'un  frere  a  sa  corres- 
pondante  de  I'autre  frere. 

En  supposant  que  rien  n'eut  derange  la  nouvelle  direction  des  deux  co- 
lonnes sendees  et  n'en  formant  plus  qu'une  a  partir  des  troisiemes  dorsales , 
I'ensemble  du  systeme  vertebral  du  monstre  eut  repr^sente  une  sorte  de 
H  majuscule  couche,  dont  la  tige  serait  form^e  par  la  portion  soudee  des 
colonnes.  Les  branches  du  Teussent  6t6  fornixes,  I'une  par  la  region  cer- 
vicale et  les  Irois  premieres  dorsales  du  frere  inf(5rieur,  I'autre  par  les 
mfimes  parties  appartenant  aufr^re  superieur. C'est  aussi  ce  qui  a  eulieu, 
mais  avec  cette  modification  que  la  tige  du  T  n'est  pas  reside  droite,  mais 
qu'elle  a  subi  plusieurs  courbures  que  je  vais  essayer  de  d^crire,  et  dont 
nous  chercherons  plus  loin  la  cause. 

Je  place  le  monstre  comme  s'il  marchail  devant  I'observateur.  La  dou- 
ble colonne  soudee,  partant  des  troisiemes  vertebres  dorsales,  se  dirige 
d'abord  en  arrierc,  s'incline  un  peu  en  haut  et  a  droite,  continue  de  s'a- 


?26 

■cancer  en  arrftre,  commence  a  s'incliner  un  peu  en  bas  el  a  gaucFie,  pais 
SB  direction  en  bas  devient  plus  prononc^e,  en  meme  temps  qu'elie  con- 
tinue a  s'avancer  vers  la  gauche. 

L'union  du  corps  des  verl^bres  ayant  eu  lieu  par  leurs  faces  medul- 
laires  apres  qu'elles  avaient  eu  fait  un  quart  de  revolution  sur  leur  axe  , 
il  en  est  resulle  une  colonne  commune  ayant  qualre  faces  comme  une 
colonno  simple,  mais  modifiees  et  tournees  differemment.  D'abord  il  n'y  a 
plus  de  face  m^duUaire  proprement  dile,  puisque  les  verlebres  se  sont 
rencontrees  et  soudees  par  cette  face;  par  centre,  il  y  a  deux  faces  vis- 
c6rales,  mais  elles  sont  dirigees  vers  les  c6t^s  au  lieu  de  I'^lre  en  avant. 
Celle  du  fr^re  inf^rieur  regards  a  gauche,  et  celle  du  frero  superieur  a 
droite.  Quant  aux  faces  laterales,  elles  sont  devenues  inferieure  e.t  supe- 
rieure,  et  doivent  nousarreter  un  instant.  II  est  clair  que  chacune  de  ces 
faces,  d'apres  les  soudures,  est  formee  de  deux  moities,  dont  I'une  ap- 
partientau  frere  superieur  et  I'autre  au  frere  inferieur.  Ces  deux  memes 
faces,  creusees  un  peu  en  goutliere,  concourent  chacune  a  former  un 
•  demi-canal  pour  loger  les  prolongements  rachidiens  des  deux  cerveaux, 
savoir  :  le  demi-canal  superieur,  le  prolongement  rachidien  du  frere 
superieur;  le  demi-canal  inferieur,  le  prolongement  rachidien  du  frere 
inferieur.  Mais  la  face  superieure  de  la  colonne  commune,  devenue  face 
rachidienne  superieure,  est  formee,  dans  samoitie  droite,  par  la  face  la- 
terals droite  du  frere  superieur,  et  dans  sa  moiti^  gauche  par  la  face 
laterals  gauche  du  fr^re  inferieur.  De  mSme,  la  face  inferieure  de  la  co- 
lonno commune,    devenue  face  rachidienne    inferieure,   a   sa    moitie 
droite  fournie  par  le  frere  inferieur,  et  sa  moitio  gauche  par  le  fr^re  su- 
perieur. 

Si  Ton  s'est  fait  une  id^e  claire  des  rapports  qu'ont  pris  entre  elles  les 
deuxcolonnes  vertebrales,  on  comprendra  assez  aisement  coqui  me  reste 
a  dire  de  I'arrangement  des  pieces  osseuses  qui  font  parlie  des  colonnes 
vertebrales  ou  qui  s'articulent  avec  elles;  car  c'est  le  mode  d'union  du 
corps  des  vertebres  qui  a  entraine  tout  le  reste. 

§  II.  —  Arrangement  des  portions  annulaires  des  vertebres.  —  On 
salt  qu'a  I'etat  normal  la  portion  annulaire  d'une  vertebre  est  formee, 
dans  le  foetus,  de  deux  pieces  osseuses,  I'une  droite,  I'autre  gauche,  r^- 
unies  par  un  cartilage,  dans  I'endroit  que  doit  occuper  plus  tard  I'apo- 
physe  epineuse,  et  que  Ic  canal  rachidien  est  forme  en  arriere  par  la  s^rie 
droite  et  la  s^rie  gauche  des  pieces  osseuses  composant  la  jiortion  an- 
nulaire des  v«rtebres.  Ces  portions  annulaires,  quant  a  leur  developpe- 


227 
tnent,  ne  different  pas,  dans  le  monstre,  de  ce  qu'elles  sont  chez  un  fc&tus 
normal  de  son  Sge. 

Les  series  gauches  el  droites  des  demi-portions  annulaires  des  verte- 
bres  conservent,  aux  regions  cervicales  des  deux  freres,  leiirs  rapports 
ordinaires  tant  avec  le  corps  des  vertebres  qu'avec  elies-memes,  sur  la 
ligne  mediane;  il  n'en  est  plus  tout  k  fait  ainsi  aux  regions  ou  les  co- 
lonnes  se  sont  soud^es  :  les  demi-portions  annulaires  conservent  leurs 
connexions  avec  le  corps  de  leurs  vertebres  respectives  ;  mais  comme 
elles  ont  dii  s'^carter  et  se  dejeter  fortement  de  c6le  pour  que  les  faces 
medullaires  des  corps  des  vertebres  pussent  se  sender,  dans  cette  nou- 
velle  position,  les  series  des  demi-portions  annulaires  de  I'un  des  freres 
se  sont  trouv6es  en  regard  des  memes  series  appartenant  a  I'autre  frere, 
mais  de  maniere  que  la  s^.rie  des  demi-portions  annulaires  droites  de  I'ua 
ont  ^le  mises  en  regard  de  la  serie  des  demi-portions  annulaires  gau- 
ches de  I'autre,  et  reciproquement.  Ainsi  les  deux  canaux  rachidiens  n'ont 
den  d'anormal  a  la  region  cervicale  et  au  commencement  de  la  dorsale; 
mais  a  parlir  de  la  troisi^me  vertebre  dorsale,  le  canal  rachidien  du  fr6ro 
superieur  est  complete  a  droite  par  la  sorie  droite  des  demi-portions  an- 
nulaires de  ce  frere,  a  gauche  par  la  serie  des  demi-pertions  annulaires 
gauches  du  frere  inf^rieur.  Une  disposition  inverse  existe  pour  le  canal 
rachidien  du  frere  inferieur. 

L'expos6  que  je  viens  de  faire  est,  on  le  conceit,  non  une  explication 
de  la  maniere  dont  les  choses  se  sont  passees  lors  de  I'union  des  deux 
freres,  mais  un  moyen  de  faire  comprendre  cette  union.  Les  lois  g^n6- 
rales  de  k>  formation  du  squelelte  et  des  parties  molics  ont  preside  ici, 
comme  elles  president  a  I'arrangement  des  organes  dans  les  foetus  nor- 
maux,  et  aussi  dans  les  monstres  par  defaut  ou  par  esces.  L'examen  le 
plus  approfondi  de  mon  rachipage  ne  fait  que  (ionfirmer  ces  lois,  bien 
loin  qu'elles  y  soufTrent  des  infractions.  Je  nechercherai  pas  a  faire  au 
cas  qui  nous  occupe  I'application  des  donnees  que  fournissent  I'osteogenie 
et  I'embryog^nie  :  ce  cas  est  trop  compliqu^,  et  m'entrainerait  dans  des 
d^veloppements  qui  ne  sont  pasd'ailleursnecessaires. 

Dans  ses  regions  sendees,  la  colonne  vertebrale  du  monstre  est  done 
pourvue  de  deux  cananx  rachidiens,  I'un  superieur,  I'autre  inferieur,  a  la 
formation  desquels  les  deux  fr6res  concourent  par  moitie;  elle  a  deux 
faces  visc^rales  :  cellede  droite  appartient  au  frere  superieur,  cel'e  de 
gauche  au  frere  inferieur.  Elle  presente  de  fortes  courbures  et  tout  a  fait 
insolites.  Le  canal  rachidien  du  fr^re  superieur  se  voit  sur  la  convexite 


MS 
do  la  courbure  piincipale,  celui  du  fr^re  inf^rieur  dans  la  concavile  de 
cette  m^me  courbure ;  le  premier  canal  est  en  consequence  plus  long  que 
le  second;  les  demi-portions  annulaires  qui  concourent  a  le  former  on t 
eu  assez  d'espace  pour  se  d^velopper  et  pour  se  r^unir  sur  la  ligne  m6- 
diane  :  union  d'ou  seraient  nees  des  apophyses  epineuses,  si  un  pareil 
nionslre  eut  pu  prolonger  sa  carriere  au  dela  de  la  vie  uterine.  Partout 
oii  elles  ont  trouve  un  espace  suffisant,  les  demi-portions  annulaires  se 
sont  d^velopp^es,  rencontr^es  sur  la  ligne  mddiane  et  soudees,  quoi- 
qu'elles  n'appartinssent  pas  au  mfeme  frere.  Mais  dans  Tangle  presque 
droit  que  la  colonne  vert^brale  commune  fait  sur  la  colonne  cervicale  (et 
la  portion  sup^rieure  de  la  dorsale)  du  frere  superieur,  I'espace  a  man- 
que pour  le  developpement  des  demi-portions  annulaires;  elles  se  sont 
d'autant  moins  developpees  qu'elles  6taieirt  plus  voisines  du  sommet  de 
Tangle.  Elles  n'ont  pu  ,  par  la  meme  raison  ,  se  reunir  sur  la  ligne  m^- 
diane  ;  de  sorte  qu'il  existerait  la  un  espace  vide  si  les  portions  annu- 
laires de  la  colonne  cervicale,  couchee  pour  ainsi  dire  sur  cet  espace ,  ne 
Teussent  ferm^.  Ainsi  le  canal  rachidien  oil  6tait  log^e  la  moelle  epiniere 
du  frere  superieur  est  close  sur  toute  sa  longueur. 

Le  canal  rachidien  inferieur,  place  dans  la  concavity  de  la  courbure 
principale  de  la  colonne  commune ,  est  n^cessairement  beaucoup  plus 
court  que  le  superieur.  Les  demi-portions  annulaires  n'ont  pu  s'y  deve- 
lopper  librement ;  et  comme  les  extremites ,  qui  eussent  du  former  les 
apophyses  epineuses,  avaient  a  se  loger  dans  un  espace  beaucoup  plus 
court  encore  que  celui  qui  repond  a  leurs  extremites  adherentes  au  corps 
des  verlebres,  elles  se  sont  tass^es  a  peu  pres  comme  les  pieces  d'un 
eventail  ouvert ,  mais  irregulierement  :  les  unes  ont  chevauche ,  les  au- 
tres  se  sont  plus  ou  moins  atrophi^es ;  la  piupart  se  sont  soudees  sur  leur 
longueur  avec  celles  de  leurs  c6les,  comme  peuvent  le  faire  des  pieces 
osseuses  obligees  de  se  developper  dans  un  espace  trop  6troit.  De  plus, 
elles  ne  se  sont  pas  reunies  sur  la  ligne  mediane ;  elles  sont  restees  fort 
ecartees  et  ont  forme  un  spina  bifida.  Cet  ecartement  ne  s'est  pas  borne 
meme  aux  regions  dorsale  et  lombaire  de  la  colonne  commune  :  il  com- 
prend  encore  les  trois  premieres  verlebres  dorsales  et  les  deux  dernieres 
cervicales  du  fr^re  inferieur. 

Nous  avons  deja  vu  qu'il  a  fallu,  pour  que  les  deux  colonnes  aient  pu 
se  souder  par  leurs  faces  medullaires  du  corps  de  leurs  verlebres,  que  lo 
colonne  unique  resultant  de  leur  cohesion  s'^carlat  subilement  de  la  di- 
rection que  suivaient  les  colonnes  cervicales  du  fiere  superieur  et  du- 


229 
frere  inf^rieur  allant  a  la  rencontre  Tune  tie  I'aulrc.  L'angle  form6  par  la' 
colonne  commune  avec  la  coionne  cervicale  du  fr^re  sup^rieur  est  un  peu 
aigu ;  celui  qu'elle  forme  avec  la  colonne  cervicale  du  frere  inf^rieur  est 
un  peuobtus.  Comme  cette  deviation  s'est  faite  en  arriere,  c'est-a-dire 
du  c6t6  des  portions  annuiaires,  les  deux  canaux  rachidiens  devraient  Stre 
coudes  subitement ;  mais  les  corps  des  vertebres  voisins  de  la  deviation 
ont  un  peu  glisse  les  uns  sur  les  autres  :  ils  se  sont  tasses  et  conform^s 
de  manifere  que,  dans  I'int^rieur  des  canaux  rachidiens,  le  sommet  de 
Tangle  fut  arrondi.  Ainsi  les  moelles  ^pini^res  n'etaient  pas  pli6es  subite- 
ment, mais  formaient  une  courbe  assez  longue. 

Nous  venons  de  voir  ce  qui  est  arrive  aux  portions  annuiaires  des  ver- 
tebres voisines  do  l'angle  forme  par  la  colonne  commune  avec  les  portions 
encore  isolees  de  celles  des  deux  fr^res;  on  pent  s'en  faire  aisement 
I'idee.  Mais  que  sont  devenues  les  deux  portions  annuiaires  gauches  des 
deux  freres  r^pondant  a  ia  troisi6me  et  a  la  qualri^me  vertebre  dorsale, 
qui ,  d'apres  la  position  des  faces  lat^rales  gauches  de  leurs  vertebres 
respectives,  devaient  se  trouver  en  avant,  c'est-a-dire  sur  le  meme  plan 
que  la  face  viscerale  des  colonnescervicales?  Sont-eiles  demeurees  avec 
les  demi-portions  annuiaires  de  leur  colonne  cervicale,  en  abandonnant 
leurs  connexions  avec  les  faces  laterales  des  corps  de  leurs  vertebres,  ou 
se  sont-elles  compl^tement  atrophi^es?  Je  crois  plut6t  a  cette  derni^re 
conjecture ;  car  il  est  difficile  de  distinguer  des  restes  de  ces  demi-portions 
annuiaires  de  celles  qui  les  avoisinent  imm^diatement.  Ce  qu'il  y  a  de 
certain,  c'est  que  Ton  ne  voit  aucune  trace  de  ces  lames  osseuses  dans 
le  lieu  qu'elles  devraient  occuper,  c'est-a-dire  au  point  ou  les  deux  co- 
lonnes  vertebrales  commencent  a  se  toucher  par  leurs  faces  m^dul- 
laires. 

§  III.  —  Des  regions  pelviennes.  —  J'ai  dit  precedemment  que  la 
colonne  vert^brale  commune  cessait  d'etre  telle  au  niveau  des  bassins; 
que  les  sacrums  des  deux  freres  n'dtaient  pas  sondes;  qu'en  consequence 
les  deux  bassins  etaient  libres.  Mais  la  composition  des  sacrums  est  dif- 
f^rente  pour  chaque  frere. 

Bassin  du  frere  superieur.  —  Le  corps  de  la  vertebre  qui  suit  la  troi- 
si^me  ou  la  quatrieme  lombaire  (il  est  difficile  de  savoir  precisement  la- 
quelle)  du  frere  superieur  devient  subitement  tres-petit.  Apres  lui,  if 
n'existe  plus  de  corps  de  vertebres  a  la  region  sacree ;  mais  le  bassin  ne 
manque  pas  pour  cela  de  sacrum ,  car  les  demi-portions  annuiaires 
(Iroites  et  gauches  existent ;  et  comme  il  n'y  a  pas  de  corps  de  ver- 


230 
tebres  pour  les  separer,  elles  soiit  venues  se  toucher  sur  la  ligne  uie- 
(Jiane.  Elles  forment  un  sacrum  sans  corps  de  verlebres  ;  il  est  devie  vers 
la  gauche  et  Ires-concave  anlerieurement,  et  de  plus  un  peu  deform^  par 
le  chevauchement  a  droite  de  Tune  des  demi-porlions  annulaires,  et  a 
gauche  par  la  soudure  et  la  penetration  de  deux  demi-portions  annu- 
laires de  ce  cote.  A  la  face  poslerieure,  les  deux  premieres  demi-portions 
annulairesdroiteelgauchesont  resteesecarteesetformentun«pinai»j/ida,- 
mais  led  troisiemes  demi-ponions  annulaires  droite  et  gauche  se  sont 
soudees  sur  la  ligne  mediane  et  forment  ainsi  un  anneau  compiet. 

Les  deux  os  coxaux  qui  completent  le  bassin  du  frere  superieur  sont  un 
peu  deform^s,  tr6s-obliquement  places  sur  leur  sacrum,  et  tellement  rap- 
proches  Tun  de  I'aulre  que  le  diametre  transversal  du  petit  bassin  est 
sept  ou  huit  fois  plus  petit  que  I'antero-posterieur,  qui  est,  au  contraire, 
plus  long  qu'a  Telat  normal.  Ce  bassin  semble  avoir  ete  presse  de  droite 
a  gauche  et  ramene  vers  le  plan  inierieur  du  monstre,  mais  sans  que  la 
pression  ait  deplace  le  sacrum,  qui  pnraitrail  avoir  ele  retenu  a  la  suite 
de  la  colonne  vertebrale  commune.  Ainsi  la  face  viscerale  de  la  colonne 
lombaire  commune  appartenant  au  frere  superieur  regarde  a  droite 
et  un  peu  en  arriere,  tandis  que  son  bassin  regarde  en  avant  et  un  peu  a 
droite.  II  y  avait  necessile  que  le  bassin  eut  cette  dircclion,  puisqu'il  n'y 
avail  qu'un  ombilic  et  une  region  hypogastrique  pour  les  deux  freres. 

Bassin  du  frere  inferieur.  —  Le  sacrum  de  ce  frere  differe  de  celui 
du  frere  superieur,  parce  que  ses  verlebres  ne  sont  pas  depourvues  de 
corps.  II  y  a  cinq  corps  de  verlebres  sacrees;  leur  face  medullaire  est 
libre.  D'une  part,  cetle  face  ne  pouvait  s'unir  aux  parties  correspendantes 
du  frere  superieur,  puisque  le  corps  des  verlebres  sacrees  manque  a  ce- 
lui-ci ;  d'aulre  part,  les  deux  bassins  n'eussent  pu  se  diriger  du  meme 
ddte  s'ilseussent  ete  sondes  ensemble  a  la  suite  de  la  colonne  commune 
et  comme  elle. 

Les  deux  canaux  rachidiens  de  la  colonne  commune  se  terminent  au 
point  ou  la  derniere  verlebre  lombaire  du  frere  superieur  a  disparu;  ils 
s'ouvrent  largement  dans  le  canal  sacre  unique  dont  le  corps  des  verle- 
bres sacrees  du  frere  inferieur  forme  la  paroi  de  devant.  La  face  medul- 
laire de  ce  sacrum  presente  une  elevation  longitudinale  plus  saillante  en 
haul  qu'en  bas,  et  qui  partage  inegalement  cetle  face  en  deux  gouttieres 
peu  profondes.  Celle  de  gauche  fait  suite  au  canal  rachidien  superieur  du 
monstre,  celle  de  droite  au  canal  rachidien  inferieur.  Les  demi-portions 
annulaires  repondant  a  ce  sacrum  existent  de  chaque  c6le,  et  ont  ante- 


231 
rieurement  ies  rapports  voulus  avec  le  corps  de  leurs  vert6l)res  respec- 
tives ;  mais  en  arri^re  ces  demi-porlions  annulaires ,  loin  de  se  r^unir 
pour  former  des  apophyses  epineuses,  sont  largement  ecartees  et  laissent 
apercevoir  la  face  medullaire  du  corps  des  vertebres  du  sacrum.  11  y  a 
ainsi  un  .«/)iHa  fti^dadans  toute  I'etenduede  la  region  sacree.  Lesdeusos 
coxaux  ont  une  conformation  presque  reguliere ;  mais  comme  ceux  de 
I'autre  frere,ils  ont  eprouve  une  deviation  vers  le  cote  anterieur  du 
monstre;  sa  colonne  lombaire  et  son  sacrum  regardent  a  gauche  ;  mais 
comme  Ies  os  coxaux  n'ont  pas  quitte  leurs  connexions  avec  Ies  portions 
annulaires  du  sacrum,  I'os  coxal  droit  s'est  place  dans  leur  direction,  et 
le  gauche  leur  est  devenue  presque  perpendiculaire.  Le  detroit  superieur 
du  petit  basiin  est  un  peu  deforme,  mais  bien  moins  que  celuv  de  I'autre 
frere.  L'ischion  droit  e.-t  plus  court  que  le  gauche,  et  la  cavite  cotyloide 
droite,  au  lieu  de  correspondre  au  point  de  reunion  des  trois  pieces  os- 
seuses  de  I'os  coxal,  est  presque  entierement  placee  sur  I'ileon. 

Ainsi,  dans  ce  curieux  fait  teralologique ,  deux  freres,  distinctsa  la 
t^teet  au  col,  sont  confondus  au  dos  et  aux  lombes,  et  redeviennent  dis- 
tincts  aux  regions  pelviennes  et  aux  membres  inferieurs.  Cependant  la 
position  des  deux  freres  n'est  pas  la  meme  au-dessus  et  au-dessous  de 
leur  reunion.  Aux  parties  superieures,  Ies  deux  freres  sontsitues  comme 
le  seraient  deux  individus  qui  se  regarderaient  en  face,  c'est-a-dire  dont 
Ies  parlies  gauches  de  I'un  sont  piacees  vis-a-vis  Ies  parties  de  I'autre, 
et  reciproquement;  mais  si,  sans  changer  leur  direction,  ils  se  mettent 
I'un  a  cote  de  I'autre,  ils  se  correspondront  par  leurs  c6tes  de  noms  sem- 
blables.  Au  contraire,  dans  leurs  parties  inferieures,  Ies  deux  freres  se 
trouvent  places  I'un  a  Pegard  de  I'autre  comme  le  seraient  deux  individus 
places  c6te  a  c6te  et  qui  regarderaient  du  meme  cdte,  ainsi  que  cela  ar- 
rive pour  Ies  monstres  ectopages.  A6n  de  mieux  se  figurer  ce  changement 
de  rapports  entre  Ies  parties  superieures  et  Ies  inferieures,  on  n'a  qu"a 
redresser  par  la  pensee  la  courbe  que  decrit  le  Ironc  du  frere  inferieur,en 
faisant  parcourir  a  sa  lete  la  moitie  de  la  circonference  d'un  cercle  dont 
le  centre  setrouverait  vers  la  troisiemevertebre  dorsale,  et,  en  le  suppo- 
sant  ainsi  redresse,  faire  pivoter  d'un  quart  de  revolution  et  de  gauche  a 
droite  la  lete,  le  cou  et  Ies  deux  premieres  vertebres  dorsales  sur  la  troi- 
sieme  de  cette  region.  Les  deux  freres  deviendraient  lateralement  paral- 
leles  comme  le  sont  les  ectopages,  et  rentreraient  dans  ce  genre  si  le 
mode  d'union  de  leurs  vertebres,  par  les  faces  medullaires,  etail  compa- 
tible avec  ce  parallelisme,  ce  que  je  ne  crois  pas. 


232 

§  IV.  —  Du  STERNUM  ET  DES  COTES.  —  Ctiaquc  ffcre  a  un  sternum  Ires- 
court  de  haut  en  has,  mais  fort  large  transversalement,  comme  s'il  eilt 
6t6  distendu  dans  cetle  direction.  Le  sternum  du  frere  superieur  n'a 
qu'une  petite  piece  de  forme  leniiculaire,  plac^e  a  peu  pr6s  au  milieu  du 
cartilage  qui  r^pond  au  manubrium.  Celui  du  fr^re  inferieur  a  trois  pe- 
liles  pieces  osseuses,  une  leniiculaire  aussi,  placee  a  peu  pres  au  milieu 
du  cartilage;  les  deux  autres  plus  petites  elplacees  a  droite  et  a  gauche 
de  la  grande.  Ces  deux  sternums  servant,  en  se  prolongeant  Iransversa- 
ment  de  chaque  cold,  de  points  d'appui  aiix  cartilages  des  c6les,  placees 
sur  les  parlies  lat^rales  de  la  colonne  commune,  qui  forment  deux  plans 
de  c6tes,  I'un  superieur,  {'autre  inferieur.  Ces  deux  plans,  appuyant  leurs 
c6tes  droites  et  leurs  cotes  gauches  sur  un  sternum  particulier,  represen- 
tent  assez  bien  deux  poitrines,  une  en  haut,  I'autre  en  bas,  largement 
beanies  et  se  regardant  par  leurs  faces  internes.  La  poitrine  d'en  bas 
semble,  au  premier  aspect,  appartenir  au  frere  inferieur  et  celled'en  haut 
au  frere  snpdrieur;  mais  ce  n'est  qu'une  apparence  :  il  n'en  est  verita- 
blemedt  ainsi  que  pour  les  trois  premieres  cotes  seulemenl,  comme  nous 
le  verrons  plus  bas.  Ainsi  toutes  les  c6les  droites  du  fr^re  inferieur  et  les 
trois  premieres  gauches  (il  n'y  en  a  qu'une  par  avorlemenl  des  deux  au- 
tres) dumeme  frere  apparliennent  au  sternum  inferieur.  Les  c6les  gau- 
ches du  plan  inferieur  (soudees  en  un  faisceau),  qui  viennent  appuyer 
aussi  leurs  cartilages  de  prolongement  sur  ce  sternum,  apparliennent  an 
frere  superieur.  De  m6me,  toules  les  c6tes  droites  et  les  trois  premieres 
gauches  (il  n'y  en  a  qu'une  de  libra;  les  deux  autres  sont  soudees)  du 
plan  sup6riaur  apparliennent  au  frere  superieur.  Les  aulres  cotes, 
qui  s'appuient  sur  ce  sternum  par  leurs  prolongements  carlilagineux,  ap- 
parliennent au  fr6re  inferieur.  II  faut  une  grande  attention  pour  ne  pas  se 
faire  illusion  sur  ces  sternums,  et  sur  la  maniera  dont  las  c6tas  des  deux 
freres  leur  sont  annexdes. 

Les  c6tes,  tant  droites  que  gauches,  des  deux  frferes,  sont  neanmoins 
dans  leurs  rapports  normaux  avec  les  corps  des  verlebres  et  leurs  portions 
annulaires  du  frere  auquel  elles  apparliennent;  seulemenl  les  premieres 
colas  gauches  du  frere  superieur  etdu  frere  inf6rieur  sont  separees  de 
celles  qui  les  suivent,  dans  leur  serie,  par  tout  I'inlervalle  occup6  par 
i'origine  de  Tentre-croisemeHt  des  deux  colonnes  verlebrales.La  premiere 
c6te  gauche  du  fr^re  inferieur ,  comprise  dans  le  plan  costal  inferieur 
du  monslre,  semble  commencer  la  serie  des  c6tes  gauches  du  frere  supe- 
rieur, landisquc  relle  du  frere  superieur,  comprise  dans  le  plan  cosla! 


i!33 
superieur  du  monstrc,  semble  commencer  ki  ?(!>rie  des  c6tes  gaiiches  dii 
fr6re  inferieur. 

Les  cotes,  lantdroites  que  gauches,  des  deux  fr^res  ayant  du  suivro 
la  direction  prise  par  les  deux  colonnes  apres  ieur  soudure,  au  lieu  de  se 
succeder  de  haul  en  bas  pour  le  frere  superieur  et  de  has  en  haut  pour  le 
frfere  inferieur,  se  sont  plac(5es  a  la  suite  les  unes  des  aiilres  dans  uno 
direction  horizontale,  et  au  lieu  de  rester  droites  et  gauches,  sont  deve- 
nues  superieures  et  inferieures.  Ainsi  les  c6te3  droites  du  frere  supe- 
rieur son  tsMpenetire^S  et  ses  cotes  (/aucAes  sont  inferieures;  les  cotes 
droites  du  frere  inferieur  sont  inferieures  et  ses  c6tes  gauches  sont 
superieures.  II  resulle,  en  definitive,  de  ces  dispositions  que  les  poi- 
trines  des  deux  fr^res  sont  situ^es  lateralement  sur  le  tronc  commun  du 
monstre  :  celle  du  frere  superieur  est  a  droite,  comme  aussi  son  bassin, 
et  celle  du  frere  inferieur,  ainsi  que  son  bassin,  sont  d.  gauche. 

L'arrangement  des  poitrines  que  je  viens  de  d^crire  est  certainement 
le  veritable ;  mais  a  moins  d'un  examen  approfondi  des  rapports  n^ces- 
saires  des  parties,  on  en  admettrait  un  autre  qui  semble  s'ofiFrir  tout  na- 
lurellement  :  on  supposerait  une  poitrine  suptJrieure  et  une  poitrine  in- 
f^rieure  ^vasees,  qui  se  regarderaient  par  leurs  faces  internes,  et  cela 
d'autant  plus  aisement  que,  dans  la  realite,  cette  mani^re  d'etre  est  celle 
des  courts  sternunis  et  des  premieres  cotes  qui  s'y  rendent;  en  d'autrcs 
termes,  de  ces  zones  des  poitrines  qui  correspondent  aux  Irois  premieres 
vertebres  dorsales. 

Mais  si  Ton  vient  a  consid(5rer  ces  deux  poitrines  par  leurs  faces  in- 
ternes, on  les  verra  partagees  dans  Ieur  milieu  par  des  corps  de  verte- 
bres presentant  a  droite  et  a  gauche  leurs  faces  visc6rales.  Si,  par  la 
pensee,  on  redresse  le  frere  inferieur  de  maniere  qu'il  devienne  parallels 
a  son  fr^re,  et  si  Ton  suit  alors  les  series  des  cotes  dans  cette  nouvelle 
position,  on  sera  bient6t  convaincu  que  l'arrangement  indiqu^  plus  haut 
est  le  seul  vrai,  le  seul  memo  qui  soil  possible  dans  le  cas  d'adherenco 
du  corps  des  verlebres  par  leurs  faces  medullaires. 

La  premiere  c6te  gauche  du  frere  superieur,  qui  vient  s'unir  parson 
prolongement  cartilagineux  a  la  serie  des  cotes  gauches  du  fr6re  infe- 
rieur, est  s^paree  de  celles-ci  par  un  assez  grand  intervalle.  On  peut  ai- 
b^ment  reconnailre  qu'eile  appartient  au  frere  superieur,  puisqu'ello 
s'appuie  sur  la  premiere  vert^bre  dorsale  de  ce  fr6re;  mais  comme  le 
corps  de  la  seconde  et  de  la  troisi^me  dorsale  de  ce  meme  fr6re  sont  de- 
vices et  en  partie  atrophiees,  il  ne  s'y  attache  point  de  cdtes,  d'oii  il 


23i 
■semble  r^sulter  que  la  seconde  et  la  troisi6me  cdte  gauche  du  frtre  sii- 
p^rieiir  manquent  ici ;  cependant  elles  existent,  mais  elles  ont  ^t6  reje- 
tt^es  en  avant  de  la  qiiatrieme  cote  gauche  du  fr^re  inf^rieur,  avec  la- 
quelle  elles  se  sent  soudees  et  en  partie  confondues. 

La  premiere  c6te  gauche  du  frere  inferieur  est  fort  ^loignee  par  son 
extremity  vertebrale  des  cotes  gauches  du  frfere  sup^rieur  avec  lesquelles 
elle  est  en  serie;  celles-ci  sont  ramassees  et  soudees  en  bloc.  Je  n'y  vois 
point  de  traces  de  la  seconde  et  de  la  Iroisi^mo  cdle  du  frere  superieur. 
Le  liraillement  et  le  deplacement  du  corps  des  verlebres  auxquels  elles 
eussent  du  appartenir,  el  d'une  autre  part  I'agglomeration  6prouvee  par 
les  cdles  gauches  du  frere  superieur  a  cause  de  leur  position  dans  un  e?- 
pace  Irop  restreint,  ont  sans  doute  cause  I'atrophie  complete  de  la 
deuxi^me  et  de  la  troisieme  cote  gauche  de  ce  frere. 

En  jetant  les  yeux  sur  la  planche  I,  on  pent  voir  I'ensemble  des  cdtes 
et  leurs  positions  sur  le  Ironc  commun  ;  on  peut  juger  comment  elles  ont 
du  s'agencer  entre  elles  dans  I'espace  plus  ou  moins  elendu  que  les  cour- 
bures  insolites  de  la  colonne  vertebrale  commune  ont  pu  leur  laisser.  Les 
c6tes  appartenant  au  fr6re  superieur  s'etant  trouv6es  correspondre  a  una 
convexit6  de  la  colonne  commune,  n'ont  point  6t6  g^n^es  dans  leiir  de- 
veloppement;  elles  sont  toutes  libres.  Les  quatre  ou  cinq  dernieres  sont 
lassees  les  unes  centre  les  autres,  mais  sans  soudures  ni  atrophies  par- 
tielles.  La  quatrieme  est  difforme,  courbee  de  champ  et  comme  6chan- 
cr6e.  II  existe  une  treizieme  c6te,  tr6s-pelite. 

La  serie  gauche  apparlient  presqu'en  totalite  au  frere  infdrieur,  ex- 
cepte  la  premiere  et  une  partie  de  la  c6te  soudee  qui  la  suit,  qui  appar- 
tiennent  au  frere  superieur,  ainsi  que  je  I'ai  dit  plus  haut.  Cetle  s6rie 
6tant  situee  dans  une  concavity  do  la  colonne  vertebrale  commune,  les 
cdtes  ont  manque  d'espace ;  aussi  plusieurs  se  sont  soudees  ;  d'autres  ont 
eu  leur  extremite  vertebrale  avortee.  En  avant  de  la  premiere  cote,  il  en 
existe  une  tres-pelite ;  elle  apparlient  a  la  septi6me  vertebre  cervicale  et 
concourt  a  former  son  apophyse  transverse  :  c'est  la  disposition  ordi- 
naire des  foetus  normaux,  un  peu  plus  prononc^e  cependant  que  de  cou- 
tume.  En  n^gligeant  cette  petite  c6te,  la  s^rie  gauche  me  paralt  form^e 
de  douze  c6tes. 

La  serie  droile  appartient  en  totality  au  fr^re  inferieur;  elle  est  situ(§o 
dans  une  concavito  de  la  colonne  commune  :  aussi  les  cdtes  y  sont-elles 
presque  loules  soudees  d'une  mani^re  fort  bizarre,  et  quelques-unes  atro- 
phiees.  Q\3anl  a  la  serie  gauche,  elle  apparlient  au  fr6re  superieur,  sauf 


1 


235 
la  premiere,  separee  des  autres  par  uri  large  intervalie,  et  qui  dt^pend  dii 
frere  inf^rieur,  ainsi  que  je  I'ai  explique  plus  haut.  Quoique  plac^es  sur 
tine  convexite  de  la  colonne  commune,  les  c6tes  de  cette  serie  sont  ra- 
massees  en  bloc  et  soudces  en  un  seul  os  fort  irregulier,  aplati,  contourn^ 
sur  sa  longueur,  etroit  au  milieu,  plus  large  a  ses  exlremites.  Les  letes 
des  c6tes  sont  distincles  cependant  et  separees.  A  I'extremile  anterieure, 
il  y  a  egalement  plusieurs  separations,  mais  moins  nombreuses  que  ne 
I'indiquerait  le  nonibre  normal  des  coles.  Cetle  agglomeration  de  c6les  en 
une  masse  allongee,  quoiqu'elles  eussent  assez  d'espace  pour  se  deve- 
lopper  isolement ,  est  due  :  1°  a  ce  qu'elles  ont  ete  forcees  de  se  tasser 
et  de  se  placer  Ir^s-obliquement  pour  que  leurs  cartilages  de  prolon- 
gement  pussent  alleindre  le  sternum  ;  2°  parce  que  les  visceres  abdo- 
minaux  du  frere  superieur,  tendant  a  elre  ramenes  a  I'avant  du  monstre, 
derriere  la  tele  du  frere  inferieur,  ont  refoule  fortement  en  haut  cette 
s6rie  decdtes,  et  ont  empeche  qu'elles  ne  s'etendissent  librement  vers 
le  bassin.  Le  rachipage  etail  un  monstre  monocephalien  ;  Tombilic  repon- 
dait  necessairement  du  cole  que  regardent  les  deux  bassins. 

§  V.  —  Des  autres  parties  du  squelette.  —  Le  reste  du  squelette 
n'offre  que  peu  de  remarques  a  faire.  La  piece  poslerieure  de  roccipital 
est  plus  grande  et  plus  allongee  d'arriere  en  avant  qu'elle  ne  Test  ordi- 
nairement.  Le  diamelre  vertical  de  la  lete  ,  pris  au  niveau  du  trou  oc- 
cipital, est  plus  long  qu'il  ne  devrait  I'elre.  II  semblerait  que  les  cranes, 
celui  du  fr^re  inferieur  surtout,  auraient  ele  tirailles  dans  le  sens  de  ce 
diametre. 

Les  omoplates  sont  un  peu  plus  petites  que  ne  semblerait  I'indiquer 
la  taille  des  autres  parties  osseuses;  le  bord  posterieur,  au-dessous  de  la 
racine  de  I'epine  de  I'omoplate,  est  assez  largement  echancre. 

La  main  droite  du  frere  inferieur  est  renversee  sur  la  face  externede 
I'avanl-bras.  La  main  gauche  a  son  pouce,  y  compris  le  metacarpien, 
reuverse  sur  la  face  dorsalede  la  main. 

Les  qualre  pieds  sont  bots,  Les  deux  pieds  du  frere  inferieur  et  le  pied 
gauche  du  frere  superieur  sont  renverses  en  dedans,  vari;  le  pied  droit 
du  mtoe  frere  est  renverse  en  haul  et  un  peu  en  dedans. 


OBSERVATIONS 

SUR  QUELQUES  PLANTES  NAINES, 


SUIVIES   DE 


REMARQUES  GENERALES  SUR  LE  NANISME  DANS  LE  REGNE  VEGETAL; 

Mtooire  lu  i  la  Society  de  Biologie 


Par  le  Docteur  ADOLPHE  GUBLER, 


\ 


Chef  de  clinique  de  la  Facnlte , 

medecin  des  hApitaui  de  Paris,  membre  de  la  Sociele  analomique  et  de  la  Socielc 

de  biologie,  membre  correspondant  de  la  Society  des  sciences  medioales 

du  departemciit  de  la  Moselle. 


Dans  les  plantes  comme  dans  les  animaux ,  il  est  des  individus  qui . 
extremement  reduits  dans  leur  taille,  meritent  I'epithete  de  nains;  mais 
tandis  que,  pour  certains  vegetaux,  I'exiguite  de  la  taille  est  un  accident, 
chez  d'autres  elle  est  la  condition  normale.  Les  premiers  sent ,  a  mes 
yeux,  des  nains  proprement  dits;  les  autres  pourraient  etre  nommes  des 
pygmies. 

Le  nanisme  parait  pouvoir  affecler  toutes  les  esp^ces  v^getales  d'un 
ordre  61ev^,  les  dicolyledones  en  particulier ;  de  sorte  qu'a  la  rigueiir  il  y 
aurait  pour  chacune  d'elles  une  variele  naine.  Cette  forme  existe,  en  ef- 
fet,  dans  un  tres-grand  nombre  de  plantes  ;  de  plus,  elle  a  souvent  me- 
rite  une  description  a  part.  C'est  qu'a  vrai  dire  les  nains,  en  bolanique, 
ne  sonl  pas,  comme  en  zoologie,  des  etres  parfaitement  semblables  aux 
types,  mais  simplement  reduits  dans  leurs  dimensions;  ce  ne  sont  pas, 

TOME    III.  17 


'ISt 

en  unmot,  des  miniatures  de  I'esp^ce  a  laquelle  il»  appartiennent :  i/s 
ont  un  port  et  des  caract^res  propres  qui  leur  impriment  un  cachet 
special. 

Personne,  a  ma  connaissance,  n'a  encore  ^tudi6  d'une  mani^re  g^n6- 
rale  ces  alterations  des  caract^res  typiques  qui  coincident  avec  la  dimi- 
nution excessive  de  la  taiile.  M.  Moquin-Tandon,  dans  son  remarquable 
ouvragede  t^ratologie  veg^taie,  qui  r^sumait  I'etat  de  la  science  a  I'^po- 
que  ou  il  fut  public,  ne  dit  que  quelques  mots  sur  les  vari6tes  naines  et 
les  circonstances  ou  elles  se  produisent.  J'ai  entrepris  de  poursuivre  cette 
etude  int^ressante  a  plus  d'un  titre,  et  je  viens  aujourd'hui  soumettre  a  la 
Soci6t6  de  Biologic  les  resultatsde  mes  premieres  recherches. 

On  n'attend  pas  de  moi  que  je  pose  tout  d'abord  les  lois  qui  president 
a  la  formation  des  nains  et  a  la  degradation  des  caracteres  specifiques 
dans  les  varietes  naines ;  il  est  plus  logique  de  proc^der  par  des  faits  parti- 
culiers.  Je  prendrai  done  pour  point  de  depart  I'etude  approfondie  d'une 
seule  esp^ce;  j'y  rattacherai  toutes  les  autres  observations  de  detail,  puis 
je  m'efforcerai  par  la  comparaison  de  demeier  les  faits  generaux  qui 
pourront  servir  de  base  a  des  investigations  ulterieures. 

Lorsque  je  parcourus  la  Normandie,  en  1847,  je  remarquai  pour  la  pre- 
miere fois  une  variete  fort  singuliere  de  V Hypericum  humifusum,  deja 
decrite  par  Villars  fflore  du  Dauphine),  et  nommee  par  lui  Hypericum 
Liottardi,  du  nom  du  botaniste,  neveu  de  Liottard,  qui  I'avait  le  pre- 
mier signalee. 

Cette  variete  vient  dans  les  moissons.  Villars  croitqu'elle  vit  deux  ans; 
j'ai  lieu  de  penser  qu'elle  est  annuelle.  11  ne  m'est  pas  possible  d'admet- 
Ire  qu'elle  resiste  aux  quatre  operations  successives  par  lesquelles  on 
prepare  le  terrain  qui,  I'annee  suivante,  doit  donner  du  froment.  Sa  taiile 
est  comprise  enlre  3  et  b  centiaietres.  Elle  differe  de  I'espece  par  sa  tige 
dressee,  souvent  simple  ou  seulement  ramifiee  du  haut,  mais  surtout  par 
ses  fleurs,  qui  offrent  d'ordinaire  les  pieces  de  leurs  verticilles  en  pro- 
portion quaternaire,  c'est-a-dire  un  caiice  et  une  corolle  a  quatre  divi- 
sions. On  peut  memo  affirmer  que,  sur  les  individus  les  plus  ch6tifs,  les 
fleurs  tetrameres  (1)  sont  de  rigueur.  Celles-ci  sont,  d'ailleurs,  parfaite- 
. _> 

(i)  Ce  mat  n'est  pas  nouveau  dans  la  science  :  il  a  cours  depuis  longtemps  en 
cntomologie.  Je  m'en  sers  par  abreviation  pour  designer  les  fleurs  qui  ont  des 
verticilles  h  quatre  pieces  ou  tetramferes.  De  mSme,  les  flemrs  qui  ont  des  enve- 
lopp«8  k  einq  divisions  sont  des  fleurs  pentam^res. 


239 
ment  r6guli6res;  les  lois  de  sytnetrie  et  d'alternance  y  sont  pleinement 
observ^es.  Les  p^tales  sont  ^gaux  entre  eux,  et  les  quatre  sepales  sont 
^gaux  par  paires  :  il  y  en  a  deux  opposes  plus  grands  et  deux  interme- 
diaires  plus  petits.  Ceux-la  se  rapprochent  davantoge  des  feuilles  et 
sont  plus  exlerieurs.  La  difference  entre  les  deux  paires  est  souvent 
6norme. 

Sur  les  individus  un  peumoins  reduits,  on  trouvea  la  fois  un  melange 
de  fleurs  t^trameres,  de  fleurs  pentameres  et  de  fleurs  mixtes.  Je  m'ex- 
plique.  Si  nous  supposons  que  les  fleurs  retournent  au  type  de  I'espece. 
nous  dirons  qu'elles  n'y  arriventpas  toujours  d'emblee;  dans  certaines 
d'entre  elles ,  i'un  des  verticilles  floraux  a  d^ja  recouvre  sa  cinquieme 
piece  quand  I'autre  n'en  a  encore  que  quatre.  Dans  ce  cas ,  c'est  le  calice 
qui  reste  tetramere';  c'est  lui  qui  retient  le  plus  longtemps  la  disposition 
des  feuilles ,  avec  lesquelles  il  pr^sente  une  ressemblance  si  frappante 
dans  I'espece  qui  nous  occupe. 

La  fleur  est  alors  irreguliere,  asym^trique;  la  loi  d'alternance  s"y 
trouve  recessairement  rompue,  puisque  I'un  des  petales  n'a  pas  de  s^- 
pale  correspondani.  II  s'ensuit  que  deux  petales  repondenta  un  seul  in- 
tervalle  de  sepales.  Ces  deux  pieces  de  la  corolle  sont  ordinairement  plus 
^troites  que  leurs  congeneres,  comme  si  elles  resultaient  de  la  scission 
d'un  petale  unique  de  grandeur  moyenne.  Dans  d'autres  fleurs  ou  les 
deux  pdtales  elroits  sont  soud^s  a  la  base,  ils  semblent  ne  former  qu'un 
seul  petale  bifide.  II  m'est  arrive  de  trouver  le  petale  surnumeraire  soud^, 
dans  une  partie  de  son  etendue,  avec  I'une  des  feuilles  calicinales  voi- 
sines;  il  empruntait  m6me  de  celle-ci  une  coloration  verte,  dispos^e  en 
bande  longitudinaie,  comme  cela  se  voit  sur  les  feuilles  panacliees  par 
^liolementpartiel. 

J'ai  rencontr6  des  modifications  analogues  dans  une  autre  espSce  du 
meme  genre.  Au  mois  d'aoilt  dernier  (1848),  j'avisai  sur  une  route  nou- 
vellemenl  empierr^e  des  individus  rabougris  de  Y Hypericum  perfora- 
tum, que  tout  le  monde  connait  pour  6tre  une  espece  robus(e.  Ces  in- 
dividus, au  lieu  de  s'61ever  a  une  hauteur  de  1  a  2  pieds,  comme  resp6ce, 
avaienta  peine  quelques  pouces  d'elevation.  Leurs  feuilles  ^talent  ires- 
petites,  ^troites,  a  bords  roules  en  dessous,  de  maniere  a  paraflre  lineai- 
res;  enfin  leurs  fleurs,  en  petit  nombre,  n'avaient  pour  la  plupart  que 
quatre  pieces  au  calice  et  a  la  corolle. 

Differentesplantes  naines,  appartenanta  d'autres  families,  m'ontoffert 
la  m6me  reduction  numerique  dans  leurs  verticilles  floraux;  elie  existo 


2ZiO 
dans  les  plus  petils  echantillons  d'une  espfece  de  Cerastium  que  j'ai  re- 
colt^o  aux  environs  de  Paris,  et  qui,  dans  I'ouvrage  recent  de  MM.  Cos- 
son  et  Germain,  porte  le  nom  de  Cerastium  varians.  Ces  echantillons, 
hauls  de  1  a  3  centimetres  seulement,  portent  au  sommet  d'une  tige  sim- 
ple deux  ou  trois  fleurs,  dent  I'une,  epanouie,  montre  quatre  s^pales  et 
autant  de  petaies. 

Suivant  la  judicieuse  remarque  de  M.  Gay,  Vylrenaria  tetraquetra, 
caracterise  par  quatre  s^pales,  quatre  petaies  et  huit  ^tamines,  n'est 
qu'une  variete  du  Gypsophila  aggregata,  habitant  les  hautes  monta- 
gnes,  et  par  consequent  reduite  dans  sa  taille. 

Un  pied  nain  d'Erythrcea  centaurium  (petite  centauree)  ne  portait  que 
deux  fleurs  :  I'une  d'elles  avail  un  calice  et  une  corolle  a  quatre  di- 
visions. 

La  petite  esp^ce  d'Erythrcea  qui  porte  Tepithele  de  pulchella,  et  qui 
est  tres-repandue  aux  environs  de  Paris,  offre  loujours  un  melange  de 
fleurs  a  quatre  et  a  cinq  divisions.  Les  premieres  sont  en  proportion  d'au- 
tant  plus  considerable  que  les  individus  qui  les  portent  sont  plus  petits. 
Cette  particularite,  non  signalee  par  les  auteurs,  merile  d'etre  prise  en 
consideration  pour  fixer  la  place  qui  appartient  a  cette  plante,  soil  comme 
variele,  soil  comme  espece  distincte. 

Sur  des  individus  nains  del' Anagallis  arvensis  (mouron  des  champs), 
venus  dans  les  moissons,  j'ai  constate  ^galement  I'existence  de  fleurs  te- 
trameres. 

Tels  sont  les  fails  les  plus  importants  sur  lesquels  je  m'appuie  pour 
6tablir  que  I'un  des  effets  principaux  du  nanisme  est  de  reduire  le  nom- 
bre  des  parties  de  la  fleur;  mais  avant  d'aller  plus  loin,  je  ferai  reniar- 
quer  que  les  plantes  sur  iesquelles  nous  avons  observe  ce  fait  de  la  ma- 
niere  la  plus  manifeste  et  la  plus  constante,  ont  pour  caract^re  comrnun 
d'etre  pourvues  de  feuilles  opposees. 

Arretons-nous  un  moment  sur  cette  particularite,  et  voyons  si  elle  ne 
pourrait  pas  contribuer  a  eclaircir  une  question  importante  de  morpholo- 
gie  veg^tale. 

On  sail  que  les  diff^rents  verticilles  floraux  appartiennent  a  des  spiresin- 
dependanles ;  sans  cela  la  loi  d'alternance  n'existerait  pas.  On  adniet  aussi 
que  ces  verticilles  representent  des  portions  de  spires  dont  les  feuilles  modi- 
fi6es,  au  lieu  de  s'inserer  autour  de  I'axe  a  des  hauteurs  diverses,  parti- 
raient  du  m^me  point  de  la  longueur  de  la  tige.  On  peut  oiler  au  dela  de 
ces  analogies,  et  les  fails  autorisent  a  consid^rer  chacune  do  ces  por- 


241 
lions  de  spire ,  chaque  verticille  floral ,  comme  un  veritable  cycle  con- 
Ira  cte. 

Ainsi  la  disposition  quinconciale  des  feuilles,  qui  est  la  plus  commune, 
s'accorde  bien  avec  le  nombre  cinq  des  pieces  du  calice  et  de  la  corolle, 
qui  est  la  regie  dans  les  dicotylees.  Je  reconnais  qu'il  ne  serait  pas  diffi- 
cile de  citer  beaucoup  d'exceptions  :  par  exemple,  le  nombre  cinq  se  re- 
trouve  dans  les  verticilles  floraux  de  certaines  espfeces,  dans  lesquelles 
on  compte  sept,  onze,  treize  feuilles  et  davantage  pour  faire  le  tour  de  la 
tige.  D'un  autre  c6te,  il  y  a  beaucoup  de  dicotyledones  a  feuilles  opposees, 
dans  lesquelles  le  cycle  est  constitue  par  quatre  feuilles  seulement,  et  qui 
presentent  ni^anmoins  des  verticilles  floraux  pentam6res.  Jo  ne  cherche- 
rai  pas  en  ce  moment  a  rendre  compte  de  la  premiere  contradiction  ; 
quant  a  la  seconde,  elle  trouve  son  explication  naturelle  dans  les  fails 
anormaux  qui  font  I'objet  de  ce  travail.  L'accroissement  du  nombre  des 
pieces  de  chaque  enveloppe  floraie,  compar^e  a  un  cycle  foliace,parait,en 
efl'et,  d^pendre  d'une  veritable  multiplication  :  c'est  un  signe  de  vigueur. 

Ce  qui  le  prouve,  c'est  que,  dans  les  m^mes  especes,  chez  les  individus 
les  plus  gr^les  et  les  plus  chetifs,  la  concordance  se  retablit  par  la  sup- 
pression des  pieces  excedantes.  L'un  des  resultats  essentiels  du  nanisme 
est  done  de  s'opposer  a  cette  multiplication,  et  de  ramener  ainsi  la  plante 
d  un  type  regulier. 

Ce  type  n'est,  d'ailleurs,  nullement  ideal ;  il  se  rencontre  dans  un 
Ir^s-grand  nombre  de  plantes,  et  I'on  pent  dire  d'une  maniere  generale 
que  les  genres  a  feuilles  opposees ,  ou  dans  lesquels  le  cycle  est  com- 
pose de  quatro  feuilles ,  ont  noturellemenl  des  verticilles  floraux  l^tra- 
meres. 

La  famille  tout  entiere  des  Oi^acees  (de  Candolle)  est  dans  ce  cas.  Les 
Renonculac^es,  qui  ont  g^n^ralement  des  feuilles  alternes  et  des  enve- 
loppes  florales  a  cinq  pieces,  nous  montrent,  dans  le  genre  Clematite,  la 
coincidence  d'un  perigone  a  quatre  divisions  avec  des  feuilles  opposees. 
Dans  les  Labiees  et  les  Scrofularinees,  le  nombre  quatre  se  retrouve 
dans  le  verticille  staminal,  etchacunede  ces  families  possede  un  genre  oii 
les  enveloppes  florales  reproduisent  le  m§me  nombre  (G.  Mentha  et  F'e- 
ronica).  Dans  lesDipsacees,  la  proportion  quaternaire  reparaitassez  sou- 
vent,  ce  qui  contrasts  avec  la  famille  des  Composoes;  mais  dans  les 
premieres,  les  feuilles  sont  opposees,  tandis  qu'elles  sent  alternes  dans 
!es  autres. 

U  me  serait  facile  de  multiplier  les  exemplos.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  n'est 


pas  seulement  parmi  les  plantes  a  feuilles  opposees  qu'on  trouve  la  re- 
duction num^rique  des  parties  de  la  fleur  produite  par  le  nanisme  :  j'en 
ai  vu  un  cas  sur  un  pied  tr6s-exigu  de  myositis  annua,  qui  ne  portait 
au  soramet  d'une  tige  simple,  longue  de  4  centimetres  environ,  que  deux 
tleurs,  dont  la  plus  developp^e  offrait  une  coroUe  rotacee  a  quatre  divi- 
sions. Le  m6me  fait  se  reproduit  dans  d'autres  especes  a  feuilles  alternes, 
II  resteraitarecherchersi.danscecas.le  nombre  des  feuilles  necessaires 
pour  former  un  cycle  ne  serait  pas  lui-m^me  reduit  a  quatre. 

Jusqu'ici  nous  n'avons  guere  considere  que  les  enveloppes  de  la  fleur  ; 
ajoutons  que  les  verticillesstaminaux  sont  sujets  i  la  meme  loi  de  reduc- 
tion :  ce  sont  les  diamines  exuberantes  provenant  d'un  dedoublement  ou 
plutdt  d'une  multiplication  lat^rale  ou  parall^ie  qui  disparaissent  d'a- 
bord.  Si  nous  reprenons  I'exemple  du  Cerasfmm  varians,  nousverrons 
qu'il  s'appelle  aussi  Cerastium  semi-decandrum ,  parce  que,  faisant 
partie  d'un  genre  caracteris6  par  des  etamines  placees  sur  un  seul  rang, 
il  n'en  offre  gen^raiement  que  cinq.  Le  savant  auteur  de  la  Morphologib 
VEGETALE  (Aug.  de  Saint-Hilaire,  Lecons  de  botanique)  avait  Ires-bien 
saisi  la  cause  de  cette  modification,  puisqu'il  dit  (p.  619)  :  «  On  I'observe, 
»  (le  dedoublement)  dans  une  grande  partie  des  genres  de  la  faniille  des 
»  caryophyllees ;  mais  dans  ces  memes  genres, des  especes  faibles  et  de- 
»  licales,  tels  que  \e  Spergula pentandraet  le  Cerastium  pentandrum, 
»  n'en  presentent  aucune  trace.  » 

Les  plus  petits  individus,  appartenant  au  Draba  muraiis  et  a  d'autres 
especes  de  petite  taille  dans  la  famille  des  cruciferes,  presentent  queique- 
fois  quatre  etamines  au  lieu  de  six.  Dans  les  pelites  centaurees,  dont  j'ai 
parle  precedemment,  le  nombre  des  etamines  etait  ^galement  diminu^; 
il  en  est  probablement  de  meme  dans  tous  les  cas  analogues. 

Enfin  le  verticile  carpellaire  n'echappe  pas  a  la  loi  de  reduction  ;  pour 
n'en  citer  qu'un  exemple,  nous  rappellerons  que,  dans  le  genre  fFahlen- 
bergia  (Campanulac^es),  les  especes  naines,  au  lieu  de  capsules  quinque- 
ioculaires,  n'ont  plus  que  des  capsules  a  deux  ou  trois  loges. 

Le  retour  au  type  le  plus  simple,  par  la  suppression  de  toutes  les  par- 
ties surajoutees,  est  done  un  fait  general  bien  demontre  dans  I'histoire  du 
nanisme  chez  les  veg^taux;  mais  cette  reduction,  qui  n'est  qu'acciden- 
telle  pour  les  plantes  accidentellement  frappees  de  nanisme,  devient 
normale  pour  les  especes  nalurellemenl  tres-faibles  ou  pour  les  genres 
Bains. 

Depuis  longtcmps  j'avais  ^te  frappe  de  cette  circonstancc,  a  savoir  i^ue 


245 

ies  pygmees,  dans  les  principales  families  dicotyl^donesde  noscontr6es, 
pr6senlaienluo  lr6s-pelit  aombre  de  pieces  daas  leurs  verticilles  floraux. 
Les  recherches  auxquellesje  viensde  me  livrer  m'ontconvaincu  quecette 
mfime  coincidence  existait  dans  ies  families  exoliques. 

II  suffira,  pour  constater  lar^alitedu  fait,  de  jeterun  coup  d'oeil  sur  la 
Flore  universelle  de  de  CandoUe. 

Dans  la  grande  famille  des  Cruciferes,  oik  le  type  est  si  constant,  un 
«eul  genre  est  caraclerise  par  la  reduction  que  subit  le  nombre  de  ses 
^tamines,  lequel  descend  a  quatre  au  lieu  de  six.  Eli  bien  !  ce  genre  uni- 
que est  compost  de  deux  esp^ces  naines,  dont  Tune  a  m^rite  le  nom  de 
pygmee  (Leptaleum  pygmmim). 

La  famille  des  caryopliyllees  est  Tune  decelles  qui  offrentla  plus  belle 
conformation  de  cette  loi  de  reduction  appliquee  aux  especes  et  aux  genres 
normalement  nains.  Les  genres  Buffonia,  Sagina,  Moehringia,  Elatine, 
tous  indigenes,  qui  sont  caracterises  par  leurs  cycles  floraux  I6tram6res, 
sont  en  meme  temps  composes  d'esp^ces  naines.  II  est  bon  de  noter  que 
les  plantes  de  moyenne  stature  appartenant  a  ce  m4me  groupe  ont  au 
moins  cinq  pieces  a  leurs  verticilles  floraux,  et  souvent  dix  au  verticille 
calicinal;  mais  leurs  feuillessont  opposees. 

Dans  la  famille  des  Linacees,  le  genre  Hadiola,  qui  a  les  parties  de  la 
fleur  en  proportion  quaternaire,  est  constitue  par  une  seule  plante  extr^- 
mement  petite,  a  fleurs  presque  microscopiques. 

Les  paronychi^es,  qui  ne  renferment  guere  que  des  plantes  de  petite 
taille,  se  font  gen^ralement  remarquer  par  des  avortements  soil  dans  les 
pieces  de  la  corolle,  soit  dans  celles  du  calice  ;  mais  la  plus  petite  espece, 
la  seule  deson  genre,  le  Lithophila  muscoides,  est  ceile  qui  presente  la 
plus  grande  reduction  dans  tous  ses  verticilles  floraux  a  la  fois. 

Les  deux  genres  les  plus  nains  de  lafamille  des  Crassulacees  sont  aussi 
ceux  qui  presentent  la  reduction  a  quatre  des  diverges  parties  de  leurs 
flurs.Les  especes  des  genres  Tillcea  et  Bulliarda  sonl  si  d^licates  qu'on 
les  prendrait  pour  des  mousses. 

Dans  la  famille  des  Araliacees,  on  ne  trouve  le  nombre  quatre  dans  Ies 
parties  de  la  fleur  que  dans  une  seule  espece,  constituant  a  elle  seule  un 
genre,  et  c'est  en  meme  temps  une  plante  tr^s-faible,  a  fleurs  exigues  :  je 
veuxparlerder^doa;amoscftafe//ma,  qu'on  trouve  aux  en vironsde Paris. 

Je  passe quelques  families  etrangeres  anotrepays.etj'arriveacelle  des 
primulac^es. 

Le  genre  CenUirtcubts  est  compose  de  trois  espece?,  qui  sont  les  plus 


2/iZi 
peliles  de  cetle  famille :  c'est  dans  ces  trois  tspeces  seulement  quete^ 
(leurs  sont  telnimeres.  Et,  chose  digne  de  remarque,  lorsque  la  taille  de 
uuelques  individus  appartenant  a  ces  especes  vient  a  s'elever,  par  suile 
d'une  vegetation  plus  vigoureuse.on  voit  certainesfleursaccroilre  le  nom- 
bre  de  leurs  pieces  florales,  qui  s'eleve  alors  jusqu'a  cinq.  J'ai  bien  veri- 
(ie  ce  fait  sur  le  Centunculus minimus. 

Les  genres  assez  nombreux  de  la  famille  des  Gentianees,  qui  ont  des 
tleursa  qua  Ire  divisions,  ne  renferment  que  des  especes  delicateset  tres- 
reduiles  dans  leur  taille.  Contentons-nous  de  citer  les  genres  Exacum, 
Centaurella,  Anagallidium. 

Dans  les  Convolvulacees,  oil  se  trouvenl  ces  belles  especes  de  liserons 
el  de  volubilis  que  tout  le  monde  connait,  les  fleurs  ont  generalement 
cinq  divisions  au  calice  et  a  la  corolla  et  cinq  etamines;  mais  la  cus- 
cute,  cette  petite  plants  parasite  a  tiges  capillaires,  a  fleurs  si  reduites, 
qui  envahit  souvent  les  champs  de  lin  dans  nos  pays,  offre  un  melange  de 
fleurs  a  qualre  el  a  cinq  divisions. 

llserait  superflu  de  multiplier  davanlage  les  exemples  en  faveur  de  la 
loi  que  je  cherche  a  etablir.  Nous  en  avons  dit  assez  pour  que  la  coinci- 
dence entre  la  reduction  du  nombre  des  parties  de  la  fleur  et  la  reduction 
de  la  taille  merite  desormais  de  fixer  I'attention  des  botanistes.  C'est  aux 
savants  qui  s'occupent  de  taxonomie  a  decider  s'il  y  a  veritablement, 
comme  je  le  pense,  un  lien  necessaire,  un  rapport  de  causalite  entre  ces 
deux  phenom^nes. 

S'il  est  demontre  que  la  diminution  excessive  de  la  taille  entraine  ne- 
cessairemenl  la  reduction  du  nombre  des  parties  florales,  nous  ne  sur- 
prendrons  personne  en  annoncant  que,  suivant  toute  apparence,  la  peli- 
tesse  extreme  des  fleurs  peut  a  elle  seule  produire  le  memo  resultal.  Cette 
influence  de  la  part  des  dimensions  de  la  fleur  se  revele  deja  dans  la  fa- 
mille des  Renonculacees,  oil  le  genre  Thalictrum  nous  ofTre  un  calice  a 
quatre  sepales,  et  dans  celle  desRosacees,  oii  nous  voyons  le  genre  Alche- 
milla,  qui  est  pourvu  de  fleurs  exigues,  presenter  une  certaine  reduction 
num^rique  dans  son  verticille  staminal  (deux  a  quatre  etamines).  Le  genre 
Aphancs,  de  Linne,  confondu  avec  le  precedent  par  Tillustre  de  Can- 
dolle,  est  forme  do  deux  especes  naines,  dans  lesquelles  la  reduction  est 
encore  plus  generale  el  plus  avancee.  Sans  parler  de  I'absence  des  pe- 
tales,  le  calice  est  seulement  quadrifide;  il  n'y  a  plus  qu'une  ou  deux 
etamines  fertiles.  Les  Polertum  et  les  Sangmsorba,^envei  indigenes  ap- 
pai  tcniml  a  la  mcme  famille,  confirmenl  cello  rcmaiqiie. 


2/15 

Parmi  ies  compos^es,  celles  qui  ont  exceptionnellemenl  moiiis  de  cinq 
divisions  a  la  corolle  ont  aussi  des  fleurs  tr^s-pelites ;  quelquefois  elles 
sent  naines  :  tels  sent  Ies  genres  Cotula ,  Tanacetum ,  Artemisia  et 
Filago. 

Nous  pourrions citer  beaucoup  d'autres  exemples  analogues,  empruntes 
a  des  families  exotiques ;  mais  nous  preferons  nous  restreindre  aux  plan- 
tes  de  nos  conlrees,  sur  lesquelles  la  verification  est  plus  facile.  Au  rests, 
il  est  encore  un  nouvel  ordre  de  fails  que  nous  pourrions  in  voquer  en  notre 
faveur,  a  savoir  la  diversile  de  composition  des  fleurs  appartenant  a  la 
m^me  plante. 

C'est  ainsi  que,  dans  la  rue  officinale  (Ruta  graveolens) ,  Ies  fleurs  du 
centre  de  I'inflorescence  ont  cinq  divisions  au  calice  et  a  la  corolle,  avec 
dix  elamines,  tandis  que  Ies  fleurs  moins  vigoureuses  de  la  circonference 
n'ont  que  quatre  pieces  a  chaque  enveloppe  florale  ^t  huit  etamines  seu- 
lement. 

De  meme,  dans  Ies  grappes  terminales  de  VHypopilys,  Ies  fleurs  late- 
rales  ont  quatre  pieces  a  cliacunede  leurs  enveloppes  et  un  nombre  dou- 
ble d'^tamines;  la  fleur  terminale  seuleestpentamere  etdecandre. 

J'ai  vu  une  semblable  disposition  sur  des  pieds  de  primevere  de  Chine 
cultives  en  pots  :  certaines  fleurs,  moins  deveiopp^es  que  ies  autres, 
avaient  accidentellementune  corolle  a  quatre  lobes  au  lieu  de  cinq. 

La  meme  loi  regit  done  tous  ces  fails.  La  reduction  accuse  la  faiblesse 
au  m^me  litre  que  la  multiplication  atteste  la  vigueur ;  la  vigueur  comme 
la  faiblesse  pouvant  d'aiileurs  aflfecter  I'ensemble  de  I'individu  ou  quel- 
ques-unes  de  ses  parties  prises  isolement. 

A  ce  point  de  vue,  nous  sommes  autoris6  a  admettre  un  nanisme  par- 
tiel,  localise  dans  la  fleur,  comme  on  admet  un  nanisme  general,  et  a  dire 
que  I'unet  I'aulre  s'accompagnent  d'une  reduction  plus  ou  moins  consi- 
derable dans  le  nombre  des  parties  de  la  fleur. 

Cetle  regie  gen^rale  peut-elle  trouver  son  application  dans  lous  Ies  cas? 
Non,  sans  doute  ;  mais,  a  mon  avis,  beaucoup  de  fails,  en  apparence  ex- 
ceptionnels,  pourraient  rentrer  dans  la  loi,  par  suite  d'une  meilleure  in- 
terpretation. Un  exemple  suffira  pourfaire  comprendre  ma  pensee. 

De  Candolle  avait  class^  dans  la  famille  des  Leasees,  caracterisee  par 
des  fleurs  penlameres,  le  genre  Escholzia,  dont  la  corolle  n'a  que  quatre 
p^laleset  le  calice  deux  sepalesseulement.  Tout  le  monde  avu,dans  Ies 
jardins  de  la  capitale,  yEscholzia  caiifornica ,  el  Ton  salt  que  celte 
planlc,  bicn  devoloppee  dan^  (oules  .«es  parties,  portc  decrandcsct  ma- 


346 

gDiCques  fleurs,  d'un  jaune  vif.  On  devrail  na  consequence  voir  ici  una 
flagrante  exception  k  la  loi  de  reduction  que  nous  essayons  d'6tabiir.  II 
n'en  est  pourtant  rien,  et  I'on  aurail  pu  affirmer,  au  contraire,  d'apres 
cette  seule  opposition,  que  ie  genre  Escholzia  n'^tait  pas  a  la  place  qu'il 
devait  occuper  dans  I'ordre  nature!.  En  effet,  Lindley,  Endlicher  et 
M.  Ad.  Brongniart  ont  trouve  d'excellentes  raisons  pour  le  reunir  a  la  fa- 
mille  des  Papaverac^es,  dont  ii  a  les  caract^res  essentiels. 

11  ressortde  cette  discussion  que  la  loi  de  reduction  pourra  servir  d^s- 
ormais  a  fixer  la  place  encore  indecise  de  certaines  esp^ces  dans  la  clas- 
sification naturelle.  A  cet  6gard,  on  peut  poser  quelques  regies  que  nous 
formulerons  en  terminant. 

Disons  auparavant  quelques  mots  de  I'etat  des  feuiiles  dans  les  vari^tei 
naines. 

Mas  remarques  porteront  seulement  sur  une  vari^te  singuli^re  du 
Plantago  major,  dont  les  individus  sent  les  plus  pelits  du  genre.  Quel- 
ques auteurSjSe  refusant  a  reconnaitre  dans  ces  nains  le  Plantago  major 
lui-m6me,  en  avaieni  fait  une  espece  a  part  avec  I'epilhete  minima. 
Cette  variety  differe  de  I'espece,  dontellen'estqu'une  degradation,  parce 
que  ses  feuiiles,  au  lieu  de  cinq  a  sept  nervures  principales,  n'en  ofFrent 
g6n6ralement  que  trois. 

Or,  si,  par  hypolhese,  les  feuiiles  se  decoupaient  pour  devenir  compo- 
s6es,  chaque  nervure  principale  serait  le  centre  d'une  foliole,  et  les 
feuiiles  du  Plantago  minima  ne  presenteraient  que  trois  folioles  de  cha- 
que cote,  au  lieu  de  cinq  ou  sept.  Par  consequent  il  est  permis  de  penser 
que,  dans  les  plantes  a  feuiiles  compos^es,  les  nains  seraient  caracteris^s, 
entre  autres  choses,  par  la  diminution  du  nonibre  deleurs  folioles. 

Je  n'insiste  pas  davantage  sur  ce  point,  que  j'ai  voulu  simplement  si- 
gnaler a  I'attention  des  observateurs. 

En  definitive,  les  remarques  que  nous  avons  faites  sur  les  veg^taux 
nains  peuvent  se  r^sumer  dans  les  propositions  suivantes : 

4°  II  existe  en  botanique  un  nanisme  accidentel  ou  proprement  dit, 
et  un  nanisme  normal  qu'on  pourrait  designer  sous  le  nom  de  pyg- 
meisme. 

2°  L'un  et  I'autre  entrainent,  pour  les  vegetaux  qui  en  sont  affectes, 
des  reductions  de  nombre  dans  les  parties  de  la  fleur  et  meme  dans  celled 
du  sysleme  foliace. 

3»  On  doit  reconnaitre  un  nanisme  partiel  ou  local,  comme  on  admet 


247 
un  aanisme  g^o^ral,  quand,  par  exeaiple,  desplanles  d'ailleurs  bien  d^- 
velopp^es  portent  des  fleurs  extrSmement  exigues. 

4°  Le  nanisme  localise  dans  la  fleur  parait  donner  lieu  a  la  m^me  dimi- 
nution du  nombre  des  pieces  florales  que  le  nanisme  g^n^ral. 

5°  En  vertu  de  celte  loi  de  reduction,  a  laquelle  sont  soumis  les  v6ge- 
laux  nains  ou  pygmees,  on  voit  disparaitre  d'abord  les  organes  exub^rants 
qui  resultant  de  ce  qu'on  a  nomme  en  morphologie  les  dMoublements 
lat^raux  ou  parall^les,  phenomenes  qui  seraient  ntiieux  designes  sous  le 
nom  de  multiplications. 

6°  Dans  un  degre  plus  avance,  la  reduction  porte  sur  les  parties  fonda- 
menlales  elles-mSmes,  et  tend  a  les  ramener  a  un  type  primitif  manifest^ 
dans  un  grand  nombre  de  genres,  type  dans  lequel  le  nombre  des  pieces 
de  chaque  verticillede  la  fleur  nedepasse  pasceluidesfeuillesnecessaires 
pour  faire  le  tour  complet  de  la  tige. 

7°  Ain«i  se  trouve  confirmee  Tanalogie  des  verlicilles  floraux  avec  des 
cycles  foliaces,  ceux-la  n'etant,  a  vrai  dire,  que  des  cycles  contractus. 

8°  Le  retour  au  type,  dans  lequel  les  cycles  floraux  et  foliaces  sonJ 
equivalents,  est  tres-fr^quent  pour  les  especes  qui  ont  en  meme  temps 
des  feuilles  oppos^es  et  de.*  fleurs  pentameres.  Le  cycle  6lant  forme  de 
quatre  feuilles,  les  fleurs  deviennentalors  tetrameres. 

9°  En  revanche,  lorsque  des  plantes  naturellement  naines  et  munies 
de  fleurs  t^tram6res  prennent  un  accroissementinaccoutum^.ellesoffrent 
quelques  fleurs  a  verticilles  luxuriants,  pentameres. 

10"  La  conversion  des  fleurs  pentameres  en  fleurs  tetrameres  est  d'au- 
tant  plus  complete  que  le  nanisme  est  plus  prononc6. 

<1°  Lorsqu'il  y  a  melange,  des  fleurs  a  caracteres  mixtes  servent  de 
transition  des  unes  aux  autres,  en  montrant  ensemble  un  verticille  «i 
quatre  et  un  verticille  a  cinq  divisions. 

12°  Dans  ce  cas,  le  calice  se  rapprochant  davanlage  des  feuilles  est  aussi 
celui  des  verticilles  sur  lequel  porle  d'abord  la  reduction. 

13°  Dans  certaines  fleurs  mixtes,  le  petale  surnum^raire  est  parfois 
conne  soit  avec  son  voisin,  soit  avec  un  sepale  antagoniste. 

14»Ce  phenomene,  connu  sous  le  nom  de  dedoublement  lateral  ou 
parall^le,  doit  elre  consider^  comme  une  multiplication  avec  soudure. 

Les  consequences  principales  a  deduire  de  ces  propositions  peuvent  se 
formuler  ainsi : 

4°  L'identit6  decomposition  num^rique  des  verticilles  floraux  ne  sau- 
rail  avoir,  dans  les  classifications  naturellcs,  I'importance  qu'on  lui  altri- 


hue  g^n^ralemerit,  puisqu'elie  peut  ^tre  detruite,  dans  la  mSme  espece, 
par  la  seule  condition  d'une  lailie  plus  ou  moins  exigue. 

2"  Au  contra! re,  ^tant  bien  Stabile  cette  relation  entre  ie  nanisme  et  la 
reduction  du  nombre  des  pieces  dela  fleur.on  rapprochera  d^sormais  des 
genres ,  on  confondra  des  esp^ces  que,  malgreleurs  affinites,  on  s^parait 
jusqu'ici  d'apr^s  la  difference  numerique  de  leurs  divisions  florales,  mais 
qui  presententdans  leur  taille  des  differences  correspondantes. 

3°  Inversement,  si,  dans  un  groupe  de  plantes,  la  diminution  relative 
du  nombre  des  parties  de  la  fleur  coincide,  chez  quelques-unes,  avec  une 
stature  elev6e,  des  fleurs  grandes  et  des  feuillesalternes,  cette  seule  cir- 
conslance  doit  jeter  des  doutes  sur  la  valeur  des  affinites  que  d'autres 
particularites  tendraient  a  faire  admettre. 


MfiMOIRE 

SIR  L'ALTERATIO^  DE  LA  TIGE  DES  CEREALES 

OBSERVi^E  r£cE1MMENT  EIV  FRAKCE  , 

et  d^sign^e  sous  le  nom  de  ualadie  du  blk  ; 

Lu  t  la  Soci^t6 
PAR 

MM.  C.  MONTAGNE,  A.  GUBLER  et  E.  GERMAIN  (de  Saint-Pierre). 


Nous  avons  et6  charges  par  la  Soci^t6  d'etudier  la  nature  de  I'alt^ration 
pathologique  de  la  tige  du  froment,  d^sign^e  par  les  agriculteurs  sous  le 
nom  de  maladie  du  Me  ,  maladle  que  Ton  compare,  non  sans  raison,  a 
celle  qui  cause  raltfiration  du  tubercule  chez  les  pommes  de  terre,  et 
dont  le  developpement  sur  une  grande  echelle  donnerait  lieu  a  des  pertes 
incalculables.  Pour  etudier  completement  cette  question  il  serait  n6ces- 
saire,  non-seuiement  d'examiner  la  planle  malade  depuis  I'epoque  de  sa 
germination  jusqu'a  celle  de  sa  complete  destruction,  mais  il  serait  ne- 
cessaire  encore  d'etudier  attentivement,  dans  les  localites  oil  la  planteest 
alteinte  de  cette  maladie,  les  causes  exterieures  qui  peuvent  avoir  une 
action  sur  le  developpement  de  cette  alteration.  Nos  observations  n'ont 
pu  Stre  faites  que  sur  des  tiges  de  froment  d^ja  parvenues  a  un  etat  voi- 
sin  de  la  maturity ;  ces  tiges  avaient  et6  recueillies  dans  un  nu^me  champ 


250 
oil  les  plantes^laienl  les  unes  saines  et  vigoureuses  et  les  autresatteinlcs 
par  I'alt^ration  avec  une  plus  oti  moins  grande  intensity.  Au  premier 
examen  elles  presentent  un  aspect  qui  les  rend  faciles  a  reconnaitre,  leur 
taille  est  un  peu  moins  elevee ,  leur  teinte  est  celle  du  ble  complelement 
milr,  et  si  Ton  examine  les  grains  contenus  dans  les  epis ,  il  est  facile  do 
s'assurer  que  la  plante  a  ele  frappee  de  mort  ou  d'une  alteration  mortello 
avant  qu'elle  ait  eu  atteint  sa  maturite.  II  est  facile  de  constater  que  les 
entre-noeuds  les  plus  inferieurs  sont  attaints  les  premiers  et  que  I'allera- 
tion  s'etend  de  proche  ea  proche  de  bas  en  haul.  La  plante  se  Irouve 
complelement  frappee  de  mort  dans  toute  son  etendue  longlemps  avant 
que  I'alt^ration  primitive  ait  eu  ie  temps  d'atteindre  les  parties  supe- 
rieures ;  en  efiFet ,  il  sufBt  qu'un  seul  des  entre-noeuds  de  ki  base  soit 
frapp6  de  mort  et  cesse  de  transmettre  les  liquides  ascendants  puises  dans 
le  sol,  pour  que  la  vegetation  soit  arretee  dans  toute  la  partie  superieuro 
de  la  planie. 

Nous  nous  sommes  assures  d'abord  que  la  partie  superieure  de  la 
plante  ^lait  ainsi  morte  d'inanition  par  la  cessation  de  ses  rapports  avec 
le  sol ;  les  grains  contenus  dans  I'epi  etaient  flasques  et  tendaienl  a  se 
dessecber  comme  ceux  d'une  plante  recoilee  quelques  semaines  avant 
r^poque  de  la  maturite  ,  mais  ne  presentaient  pas  d'alleration  palholo- 
gique  appreciable.  Notre  attention  s'estensuile  portee  sur  la  partie  de  la 
plante  qui  6tail  ^videmment  le  siege  d'une  alteration  morbide.  Nous 
avons  coupe  la  partie  inferieure  tant  des  plantes  saines  que  des  plantes 
malades  afin  de  les  examiner  comparativement,  puis  nous  avons  fendu 
longitudinalement  ces  bases  de  tiges,  afin  de  juger  de  I'^tat  de  la  surface 
interne  el  de  la  comparer  a  I'etat  de  la  surface  externe. 

Les  tiges  malades  nons  ont  presents  des  alterations  de  plusieurs  scries : 
1"  une  substance  noirStre  situee  dans  I'epaisseur  de  la  galne  et  restant 
souvent  appliqu^e  a  la  surface  de  la  tige  avec  I'^piderme  interne  de  la 
gaine  qui  se  d^tache  par  lambeaux  (cette  substance  noirfitre,  depos^e  sur 
la  tige,  s'en  detacbe  ensuite  sous  la  forme  de  poussiere  par  le  plus  leger 
froUement).  Cette  substance  est  le  resultat  de  I'aggiomeration  des  fila- 
ments d'une  muc^dinee  dont  la  tenuity  est  extreme.  Cette  mucedin^e  est 
eonstituee  par  des  filaments  rameux  et  frequemment  anastomoses  par 
des  branches  transversales  qui  rappellent  le  mode  d'union  des  differents 
tubes  chez  les  algues  de  la  division  des  conjuguees  a  I'^poque  de  leur 
conjugaison;  ces  filaments  renferment  des  granules  superposes  de  volume 
jn^gal ;  ehacun  de  ces  granules  est  separe  de  celui  qui  precede  et  de  celui 


%1 

qui  suit,  par  des  cloisons  tiansversales  qui  divisent  le  filament  en  autant 
d'arlicles ;  le  dernier  article  de  chacun  de  ces  filaments  est  renfl^  et  beau- 
coup  plus  volumineux  que  les  precedents ,  et  constitue  la  fructification 
qui  consiste  en  un  sporange  membraneux  renfermant  une  seule  spore ; 
chaque  article  devient  successivement  un  sporange  semblable  a  mesure 
qu'il  devient  terminal  par  la  chute  du  sporange  precedent.  Nous  avons 
reconnu  dans  cette  vegetation  fongique  le  cladosporium  herbarum ,  es- 
pece  (de  la  section  des  demaliees)  fort  commune  et  qui  envahit  fr^quem- 
ment  les  feuilles  tombees  et  iestigesdes  herbes.  2°  Sur  I'une  etTautre 
faces  du  iimbe  m^me  des  feuilles  inferieures  du  chaume  le  plus  malade, 
nous  avons  pu  constater  la  presence  d'une  espece  de  la  famille  des  pyr6- 
nomiceles,  du  septoria  tritici  (Desmazieres) ;  en  general,  une  pla'nte 
est  deja  profondement  affectee  quand  elle  est  envahie  par  cette  hypoxy- 
16e.  3°  La  tige  presente  a  I'int^rieur  des  taches  brunes  allongees  qui  com- 
mencent  par  un  point  restreint,  s'^tendent  surtout  en  longueur  et  n'en- 
vahissent  qu'a  la  longue  toute  la  circonference  de  la  tige;  ces  taches  du 
canal  de  la  tige  correspondent  a  des  taches  d'une  couleur  moins  fonc^e 
visibles  a  I'exterieur  de  la  tige ;  elles  colorent  progressivement  lebois  de 
dedans  en  dehors  dans  toute  son  ^paisseur.  Les  taches  de  cette  nature 
situ^es  le  plus  haut,  c'est-a-dire  les  dernieres  d^veloppees,  ne  pr^sentent 
les  traces  d'aucune  vegetation  parasite;  mais  a  mesure  qu'on  les  examine 
a  une  partie  de  la  tige  plus  inferieure ,  on  les  trouve  recouvertes ,  a  leur 
centre  d'abord,  puis  dans  toute  leur  etendue,  rl'une  mucedin^e  qui  se 
presente  sous  I'aspect  de  flocons  cotonneux  d'un  beau  blanc,  puis  deve- 
nant  bleualres  avec  I'age,  c'est-a-dire  a  mesure  que  la  mucedinee  se  d^- 
veloppe  plus  complelement.  Les  filaments  nombreux  et  feutres  de  cette 
mucedinee  occupent  non-seulement  le  tuyau  meduUaire  du  chaume,  mais 
p^netrent  entre  les  cellules  de  la  tige,  dans  les  interstices  nommes  m^ats  in- 
(ercellulaires(la  pluparl  des  mucedinees,qui  son  t  des  parasites  exterieurs, 
sent  pourvues  d'un  mycelium  radicellaire  qui  penetre  ainsi  et  se  ramifie 
dans  les  m6als  intercellulaires).  Les  filaments  du  mycelium  (que  nous 
avons  observes  et  dessin^s  a  un  grossissement  de  800  diam^tres)  sont 
ividemment  rameux  et  anastomoses  dans  leur  portion  intercellulaire,  puis 
simples  dans  le  reste  de  leur  etendue;  leurdiametre  est  d'environ 0,00335 
millimetres,  lis  sont  obcurement  cloisonnes,  mais  ils  le  sont,  et  ren- 
fermant dans  leurs  endochromes  ou  articles  des  conidies  superposees  sur 
un  seul  rang,  incolores  comme  eux  ou  d'un  blanc  bleu^tre. 
Des  tranches  minces  de  la  tige  prises  au  niveau  des  taches  brunes 


252 
(avant  le  developpenient  de  la  muc6dinee)  ayant  ele  soumises  au  micro- 
scope comparalivement  avec  des  tranches  prises  dans  la  partie  saine  dii 
cliaume,  nous  n'avons  trouv6  d'autre  difference  apprt^ciable  qu'une  nuance 
d'un  jaune  de  succin  remplacant  I'aspect  jaunStre  ou  incolore. 

Enlin  dans  deux  des  tiges  nous  avons  rencontr^  une  larve  d'insecte  qui 
nous  a  paru  etrangere  a  la  cause  de  I'affection  principale  de  la  planle  . 
puisque  cetle  larve  no  s'est  trouvee  que  dans  deux  cas  sur  15  a  20,  et 
que  la  planle  n'etait  pas  alt^ree  moins  profondement  dans  les  cas  ou  au- 
cun  insecte  ne  I'avait  attaquee,  cas  dans  lesqueis  on  ne  rencontrait  ni 
perforation  de  la  tige  ni  dejections  qui  indiquassent  le  passage  d'un 
insecte. 

iDes  planles  alterees  a  des  degr^s  diff^rents  ont  616  etudi^es  par  nous  ; 
les  plus  profondement  atteintes  presentaient  dans  tons  leurs  points  m;i- 
lades,  cette  double  circonstance  de  taches  brunes  et  de  I'exislence  des 
mucedin^es,  dans  loute  I'^tendue  de  la  surface  de  ces  taches;  les  tigt^s 
qui  n'avaient  subi  qu'un  commencement  d'alt^ration  presentaient  au  con- 
traire  un  grand  nombre  de  taches  au  niveau  desquelles  la  mucedinee  ne 
s'etait  pas  encore  dtablie.  Si  done  on  se  contentait  d'etudier  les  plantes 
anciennement  envahies  et  deja  presque  frappees  de  mort,  on  pourrait 
penser  que  le  d^veloppement  de  la  mucddinee  est  la  cause  de  tous  les 
d&ordres;  tandis  que  si  I'on.^tudie  la  maladie  a  son  origine,  on  constate 
que  le  developpement  de  la  mucedinee  parasite  est  cons6cutif  a  rall6m- 
tion  des  liquides  et  des  tissus  de  la  plante. 

De  cette  serie  d'observations  nous  avons  conclu  :  que  Taffection  primi- 
tive se  manifesto  par  des  taches  brunes  qui  colorent  toute  I'epaisseur  du 
bois;  que  ces  taches  sont  ind^pendantes  de  la  presence  des  insectes; 
qu'elles  sont  independantes  aussi  de  la  presence  des  mucddinees,  puisque 
ces  champignons  parasites  ne  s'etablissent  que  tardivement  au  niveau  de 
ces  taches  et  lorsque  le  bois  est  deja  mort ; 

Que,  par  consequent,  ralt^ration  a  lieu  dans  les  liquides  de  la  plante, 
et  que  cette  alteration  qui  frappe  de  mort  les  points  d'abord  circonscrits 
oil  elle  se  manifesto,  determine  la  mort  de  la  plante  entiere  lorsqu'un 
anneau  de  la  base  de  la  tige  se  trouve  completement  envahi  et  s'oppose 
a  la  marche  de  la  seve  ascendante  et  par  consequent  a  la  nutrition  ; 
qu'enfin  I'alteration  parait  ne  se  manifcsler  par  les  signes  que  nous  avons 
observes  qu'a  une  6poque  d6ja  avanc6e  de  la  vegetation,  et  que  jusque-!a 
elie  ne  parait  pas  (si  lant  est  quVile  existe)  modifier  le  developpement  de 
la  plante  d'une  maniere  appreciable. 


253 
Qnant  a  la  cause  premiere  de  cette  alteration ,  il  faut  probablement  la 
chercherdansdescirconstancesexterieuresmeteoroiogiquesouchimiques, 
c'est-a-dire,  soit  dans  la  nature  des  maleriaux  nutritifs,  soil  (et  plus  pro- 
bablement) dans  rinfluence  exercee  par  les  variations  de  la  temperature. 
Des  renseignements  qui  nous  sont  parvenus  nous  portent  a  croire  que 
cette  maladie  qui  appelie  cette  ann^e  I'attention  des  physiologistes,  est 
connue  depuis  longlemps  des  agriculteurs  et  qu'elle  regne  d'une  mani^re 
endemique  dans  nos  contrees;  on  designe  dans  certains  cantons  les  bles 
qui  en  sont  atteintssous  le  nom  de  bles  echaudes ,  pour  rappeler  la  cause 
a  laquelle  on  I'attribue  :  on  croit  avoir  remarque  que  cette  maladie  se 
manifeste  plus  particulierement  iorsqu'un  soleil  ardent  succede  brusque- 
ment  a  des  pluies  longtemps  prolongees. 


^^^"■1    n.SV^^ 


FIN    DES    MEMOJRES. 


TOJIt:    ill.  IS 


PLANCHES. 


EXPLICATION   DES   PLANCHES. 


PLANCHE  I. 

^CoMPTEs  RENDus,  page  Hi.) 

LARVES  RENDUES  PAR   LES  SELLES. 

a.  Larve  de  grandeur  naturelle. 

b.  La  meme  grossie  quatre  fois. 

c.  Extremite  anterieure  vue  de  profll. 

d.  La  meme  vue  de  face. 

e.  Un  des  crochets  de  la  bouche. 

f.  Pieces  cornees  de  la  bouche  et  de  I'cesophage  vues  de  profil. 

g.  ,E\temite  poslerieure  bifurquee  montrant  les  deux  trachoes. 
h.  Extremite  poslerieure  non  bifurquee  d'uu  autre  individu. 

«.     Extremite  anterieure  et  stigmate  digite  d'une  trachee  principale. 

j.     Extr6mite  poslerieure  de  la  meme  trachee. 

k.    Tegument  couvert  de  poils,  simples  on  bifides,  vns  A  iin  tr^s-fort  grossia- 

sement. 
/.      Faiisse  pntle  fortement  grossie. 


I 


PL  I. 


^-m 


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^^\) 
\  \ 

w 


Irtij,  ufifiitrcierPans 


^^>/-.: 


^^;;  u.t 


•^o! 


PLANGHE  II. 

(Memoires,  page  211.) 

MONSTRE  PERACtPHALE. 

Fig.  1".  —  EUe  represenle  le  petit  monstre  reduit  aux  trois  quarts  de  sa  gran- 
deur naturelle.  On  voit,  un  peu  au-dessus  de  la  moitie  du  ventre, 
I'extremite  du  cordon  ombilical  coupee  tr6s-pres  des  teguments 
de  rabdomen. 

Fig.  2.  —  Les  parois  abdominales  sont  enlevees  en  totalite.  Cette  iigure  est 
destinee  a  montrer  la  disposition  generale  des  organes  abdomi- 
naux,  des  vaisseaux  ombilicaux,  de  la  vessie  et  de  Touraquo. 
(Voyez  la  description  dans  le  texte,  p.  213.) 

Fig.  3.  —  La  masse  inlestinale,  la  vessie  et  I'ouraque  ont  ele  enleves  pour  pcr- 
mettre  de  mieux  voir  la  disposition  de  I'appareil  vasculaira. 

a.  b.  a.  Extremite  du  cordon  coupe  au  niveau  de  I'anneau  ombilical. 

a.  a.      Arteres  ombilicales. 

h.  Veine  ombillcale. 

Quelques  lignes  en  dedans  de  I'anneau,  la  veine  b  se  divise  en  deux 
branches,  dont  I'une,  apres  avoir  fourni  trois  rameaux  au  mui- 
gnon  terminal,  se  dirige  vers  le  rein  droit;  niais  avant  de  s'y 
plonger  donne  une  subdivision  pour  le  rein  gauche;  I'aulre 
descend  verticalement  vers  I'arcade  cintree  hypogastriquc.  (Voyez 
le  texte,  p.  214.)  —  Leur  deux  art6res  a.  a,,  placees  sur  les  coles 
de  ce  tronc  veineux  vertical,  gagnent  aussi  la  region  hypogas- 
trique  pour  s'y  distribuer  commenous  I'avons  dit  dans  le  texle. 

Surun  plan  posterieur,  on  aperQOit  une  branche  artcrielle  prmcipale. 
probablement  destinee  a  rcmplacer  I'aorte. 


Imp  lcme^Clor,Par^^ 


f-^.l,  \\- 


PLANCHE  III. 

(Memoires,  page  22i.) 
MONSTRE  DOUBLE  MONOMPHALIEN, 

LE  RACHIPAGE  SENESTRE,  VU  PAR  DEVANT. 

A.  A.  A.  Metnbre  superieur  droit  du  fr^re  superieur.  —  A'.  A'.  A'.  Membir 
8up6rleur  gauche  du  meme  fr^re.  —  B.  B.  B.  Membre  superieur  droll  du  fr^n 
inWrleur.  —  B.'  B'.  B.  Membre  superieur  gauche  du  mcme  fr^re.  —  i.  Pouce 
(d^vie)  de  la  main  gauche  du  fr^re  inferieur.  —  2.  Main  droile  renvers6e  sur  la 
face  dorsale  de  I'avanl-bras.  , 

C.  Jambe  droite  du  fr^re  superieur.  —  C'.Jambe  gauche  du  mcme  fr^re.  — 

3.  Pled  droit  renverse  sur  la  face  anterieure  de  la  jambe  du  fr^re  superieur.  — 

4.  Pied-bot  gauche  du  meme  fr6re.  —  E.  Jambe  droile  du  fr^re  inferieur.  — 
K'  E'.  Membre  inferieur  gauche  du  meme  fr6re.  —  5.  Pied-bol  droit.  —  6.  Pied- 
bot  gauche  du  frere  inferieur. 

D....  C6tes  droites.  —  ....  G.  Cotes  gauches  du  fr^re  superieur.  —  1'  Pre- 
miere cote  gauche  du  fr^re  inferieur.  —  D' Coles  droites.— G'.  Coirs 

gaurhes  du  meme  frere.  —  1.  Premiere  cote  gauche  du  fr^re  superieur. 


PL.  III. 


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LE  DIAPHRAGME  CHEZ   LES  MAMMIFERES,  LES  OISEAUX 

ET   LES   REPTILES. 
(M^MOIRES,  page  169.) 

Figure  l".  Diaphragme  du  lapin.  —  A.  Expansion  horizonlale  du  diaphragine. 
—  B.  Portion  du  pilier  droit  constituee  par  les  origines  des  fibres  du  septum 
transversum.  —  C.  Portion  de  ce  meme  pilier  qui  enveloppe  I'cesophage  CE  et 
adhere  a  la  petite  courburede  I'estomac  Epar  des  fibres  tendineuses  en  D.  — 
G.  Un  fragment  du  foie  et  son  ligament  suspenseur. 

Fig.  2  et  3.  Orifice  cesophagien  du  diaphragme  chez  i'homme. 

Fig.  2.  —  A.  Pilier  gauche,  d'oii  Ton  voit  se  detacher  une  lame  musculaire  K 
qui  se  jette  sur  Tcesophage  et  le  cardia  E.  —  B.  Pilier  droit.  —  D.  Faisceau 
musculaire  qui  passe  au-devant  du  tronc  de  I'artere  splenique  S. 

Fig.  3.  —  A.  Pilier  gauche.  —  B.  Pilier  droit.  —  C.  Faisceau  musculaire  qui 
se  d^tache  du  bord  de  I'orifice  cesophagien  et  se  jette  sur  le  cardia  E.  —  D.  Fais- 
ceau musculaire,  tres-developpe  ici,  qui  se  detache  du  pilier  droit,  passe  en 
avant  de  I'artere  splenique  S,  etparalt  se  terminer  au  niveau  de  I'origine  de  Ja 
mesenterique  superieure  M.  —  F.  Aorte  abdominale. 


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LE  DIAPHRAGME  CHEZ   LES   MAMMIFtRES,    LES  OISEAUX 

ET    LES    REPTILES. 

(M^MOiREs,  page  177.} 

Figure  U-  —  Ligaments  musculaires  du  foie  et  de  I'esloinac  chez  le  canard, 
c6te  gauche  de  la  cavile  abdominale.  —  A.  La  parol  abdominale  en  partie  coii- 
sliluee  par  la  portion  aponevrotique  du  diaphragme  abdominal.  —  D.  Lobe 
gauche  du  foie.  —  F.  Ventiicule  succenturie.  —  E.  Gesier.  —  H.  Carene  du  ster- 
num. —  G.  La  portion  interdiaphragmatlque  du  pericarde.  —  B.  Ligament 
musculaire  du  foie,  du  veniricule  succenturie  et  du  gesier.  —  B'.  Faisceau  11- 
breux  ne  du  pubis  C,  et  dont  les  fibres  se  conlinuent  avec  la  portion  du  liga- 
ment musculaire  qui  se  termine  sur  le  ventricule  succenturie  etle  gesier;  la 
portion  de  ce  ligament  qui  se  termine  sur  la  lace  convexe  du  foie  se  continue 
avec  des  I'aisceaux  tibreux  nes  d'une  partie  du  sternum,  detachee  du  corps  de 
Tos,  el  soulev^e  avec  la  paroi  abdominale. 


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TABLE  DBS  MfMOIRES 

DE  LA  SOCI^Tt  DE  BIOLOGIE. 


1.  Rapport  sur  le  phI6bent6risme,  au  nom  d'une  commission;   par  M.   Charles 

Robin 5 

2.  Meraoire  sur  quelques  poinis  de  I'anatomie  du  pancreas;  par  M.  Verneuil.     .     I33 

3.  Recherches  sur  le  retablissement  de  I'irritabilite  rausculaire  cbez  un  suppli- 

cie,  treize  heures  apres  la  mort;  par  M.  Brown-Sequard 147 

4.  Sur  unevariete  nouvelle  de  tumeur  sanguine  de  la  voOte  du  crdnc,  suite  de 

lesion  traumatique;  par  M.  G.  Dufour 153 

5.  Le  diaphragme  chez  les  mammif^res,  les  oiseaux  et  les  reptiles;  par  M.  Ch. 

Rouget  (avec  planches) i6.'> 

G.  Cas  de  tumeurs  flbrineuses  multiples  eontenant  une  maliere  puriforme,  si- 
luees  dans  roreillette  droite  du  coeur;  suivi  de  cas  analogues  et  de  quel- 
ques reniarques  critiques ;   par  M.  Charcot. isa 

7.  Note  sur  la  syphilis  d  Rome;  par  M.  Charlon 20i 

8.  Description  d'un  monslre  peracephale,  suivie  de  quelques  rellexions  sur  le 

mecanisnie  de  la  circulation  dans  cette  esp^e  demonstruosite;  par  M.  P. 

Cazeaux  (avec  planche) 2ii 

y.  Memoire  sur  un  monstre  double  mononiphalien  de  provenance  huiiiaine, 
constituanl   un  genre  nouveau  designe  sous  le   nom  deraehipage;    par 

M.  Eudes  Desloncharaps  (avec  planche) 221 

10.  Observations  sur  quelques  planles  naines,  suivies  de  reniarques  goncrales  sur 

!c  nanisme  dans  le  regne  vegetal;   par  M.  Adolplie   Gnhlcr 287 

11  M6moire  sur  ralleralion  de  la  tige  des  cereales,  observee  reremmenl  en 
France,  et  designee  sous  le  nom  de  maladie  dubli;  par  MM.  Monlagne,  A. 
fiubler  el  E  Germain  (de  Saint-Pierre) -' ■ 


riN    DE   L^   TABLb:    DES   MEMOIUKS. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIfRES 

CONTENCES 

DANS  LES  COMPTES  RENDUS  ET  LES  MEMOIRES 

DE  liA  SOCIETE  »E  BIOIiO&IE 

POL'R  l'annee  1851  (1). 


Acide.  —  De  la  presence  d'un  acide  libra  secrete  par  les  pouiiions  dccomposant 
les  carbonates  alcalins  du  sang,  et  mettant  ainsi  I'acide  carbonique  en  li- 
berte ;  par  M.  Verdeil '3y 

Algue.  — Sur  I'algue  des  ceufs  de  limace;  par  M.  Montagne 67 

Albumine.  —  La  presence  de  I'albumine  dans  I'urinedes  diabetiques  est-elle 
toujours  un  signe  favorable  ?  par  M.  Rayer 44 

Alteration  du  foie  et  fongus  de  la  dure-in6re;  par  MM.  Claude  Bernard  et 
Charcot |34 

—  de  la  llge  des  cereales,  observee  recemment  en  France  et  connue  sous  le 
nom  demaladiedu  ble ;  par  MM.  Montagne,  Gubler  et  Germain  (de  Saint- 
Pierre).  (Memoires,  p.  249.) 

—  des  cartilages  d'encroOtement ;  par  M.  Beraud 22 

—  Ibid 23 

—  des  articulations  dans  le  rhunnatisme  arliculaire  cbronique ;  fausse  contrac- 
ture rhuraalismale;  ankyloses;  par  M.  Charcot 27 

Anatomie  normale.  —  Resume  d'un  travail  sur  le  developperacnt  des  parties 
genitales  et  uropoietlques  chez  les  batraciens;  par  M.  Jean  Marcusen.    .    .        3 

— Pblebenterisrae  ;  par  M-  Souleyel 5 

—Pavilions  multiples  rencontres  sur  lestrompes  ulerines  des  femmes;  par  M.  A. 

Richard 3^ 

(I)  Les  pages  indiqutes  a  la  marge  sont  celles  des  Comptes  rendi's.  les  renvois  aiix  MtMoiRt? 
sont  specifies. 


'iG8 

■    Anatomie  normalc— Sur  le  eaiial  central  de  la  nioelle  ^piniirc;parM.l)^raud.      3s 

— Sur  I'orilice  ilu  siiuis  iiiaxillaire;  par  M    Gosselin.  63 

—Description  il'iiiie  valvule  inconnue  jusqu'ici  et  qui  exisle  dans  lesvoies  lacry- 

niales  clicz  I'lionime;  par  M.  Beraud f,j 

—Sur  des  corps  qui  sonl  appendus  k  I'extrfemite  superieure  du  cou  des  clievres 

et  des  moutons ;  par  M.  Arm.  Goubaux  .  .       Si; 

— Recherclies  sur  los  nerfs  de  I'uterus  ;  par  M.  Boulard  So 

—Sur  la  portion  eeplialique  du  grand  syinpatliique;  parM.  Luriovic  Hirsclifeld.     iii 
— Sur  la  bourse  synoviale  sous-lrocbanlerienne  et  sur  les  corps  ctran[;ers  quelle 

peut  contenir;  par  M.  Beraud 153 

— Surquelques  points  de  ranatomie  du  pancreas  ;  par  M.  Verneuil.  (Memoires, 

p.  133.) 
--Le  diapliragrae  chez  les  mammiWres,  les  oiseaux  et  les  reptiles;  par  M.  Ch. 

Rouget.  (Memoires,  p.  165.) 
Anatomie  pathologfique.  —  Sur  des  kysles  muqueux  du  sinus  maxillaire;  par 

M.  Beraud (i2 

— Cas  de  cancroide  gingival ;  par  M.  Lebert 63 

—Sur  un  kyste  du  sinus  maxillaire  contenani  du  mucus  avec  de  la  cholesterine; 

par  M.  Beraud m 

—Sur  deux  tubercules  ctudies  dans  deux  oiseaux  de  I'esp^ce  Penelope  Marail ; 

par  M.  Desinarels lb. 

— Sur  un  cas  d'inliltration  graisseuse  des  muscles  sans  changement  de  volume  ; 

par  M.  Beraud ti5 

— lumeurs  folliculaires  de  la  muqueuse  du  sinus  maxillaire;  parM.  Verneuil.  .      30 

—  Sur  une  luiueur  cartilagineuse  de  la  baso  du  crdne  (encbondrdnie! ;  par  M.  Lu- 

dovic  Hirscbfeld y4 

— Sur  deux  cas  d'alteration  du  foie  et  sur  un  cas  de  fungus  de  la  dure-mere;  par 

MM.  CI.  Bernard  et  Charcot 134 

—Observation  d'une  tumeur  cancereuse  implantee  dans  le  petit  bassin,  prise, 

pendant  la  vie  de  la  malade,  pour  une  grossesse  anonnale  ;  pur  M.  Cliam- 

berl 149 

—Sur  des  granulations  graisseuses  du  rein;  par  M.  Davaine.  I5i 

— DAgenerescence  fibreuse  et  graisseuse  des  muscles  chez  les  sujels  atteints  de 

pieds-bots;  par  .M.J.  Guerin id'z 

—  Varicle  nouvelle  d'elemenis  libro-plastiques  ;  par  M.  de  Bauvais iCS 

—Cas  detuineurs  Gbrineiises  multiples  contenant  une  matiere  puriforrae,  situees 

sous  I'oreilletle  droite  du  coeur,  suivis  de  cas  analogues  et  dequelques  re- 
marques  critiques;  par  M.  Charcot.  (Memoires,  p.  189) 

Anomalies — Voyez  :  Botanique  et  Teralologie. 

Araign^es.  —  Sur  le  cleveloppemenl  des  oeufs  des  araignecs  ;  par  M.   >  ictor 

Carus 131 

Articulations.  —  Cus  d'alteration  des  articulations  dans  le  rbumatisme  articu- 

laireclironique;  f.iusse  contracture rhumatismale;ankyloses;  par  M.  Charcot.      '^7 
—Corps  elranger  de  I  articulation  ooxo-lcmorale;  par  M  Beraud lb. 

—  Voyez  :  Synoviale  (Bourse). 

Batraciens.  —  Resume  d'un  travail  sur  le  deveioppement  des  parties  gcnitales 
el  uropoiciiques  Chez  les  batraciens;  par  M.  Marcuscii 3 

—  De  la  survie  des  batraciens  et  des  lortues  aprdsrablation  de  leur  moelle  allon- 

gee;  par  M.  Brown -Sequard 73 


269 

Botanlque.  —  Sur  I'al^ue  (Jes  OBufs  de  limace;  par  M.  Montagne 8j 

—Conferve  parasite  sur  le  cyprinus  carpio;  par  M.  Davaine 82 

—Sur  un  cas  de  soudure  de  deux  champignons;  par  M.  Eug.  Forget 98 

Sur  une  monstruosile  de  la  fleur  du  chou-fleur,  occasionnee  par  la  presence 

d'un  champignon  parasite,  lecystopus  (uredo)  candidus;  par  M.J. -Berkeley.     u3 

— Sur  quelques  monslruosites  vegelales,  par  M.  Gubler 123 

— De  la  fascialion  cheis  les  fruits  adherents;  par  M.  Germain  (de  Saint-Pierre).     16X 
—Observations  sur  quelques  plantes  naines,  suiviesderemarques  gen6ralessurle 

nanisme  dans  le  r^gne  vegetal;  par  M.  A.  Gubler.  (Memoires,  p.  237.) 
— Memoire  sur  Talteration  de  la  tige  des  cereales  observee  recemment  en  France 

et  designee  sous  le  nom  de  maladie  du  ble ;  par  MM.  Montague,  A.  Gubler,  et 

Germain  (de  Saint-Pierre.)  iMemoires,  p.  249.) 

c 

Canard.  —  Cas  de  monstruosite  double  observde  chez  le  canard  ordinaire ;  par 

M.  Segond 8, 

Cancer.  —  Observation  d'une  luraeurcancereuse  implantie  dans  le  petit  bassin, 
prise,  pendant  la  vie  de  la  malade,  pour  une  grossesse  anormale;  par 

M.  Chambert ^y 

Canc^reuse  (Diath6se).  —Observation  de  diathise  cancereuse;  tumeurs  varioli- 
formes  de  la  surface  des  intestins ;  reflexions  sur  la  marche  et  le  mode  de  de- 

veloppemenl  de  la  generalisation  du  cancer;  pag  M.  E.  Beylard ,.J3 

Cancroide.  —  Cas  decancroide  gingival;  par  M.  Lebert ^j 

Cartilages.  —  Sur  quelques  alterations   des  cartilages  d'encroQtement ;  par 

M.  Beraud .^ 

—Nouveaux  cas  d'alteration  des  cartilages;  par  le  mfline 22 

Cartilagineuse  (Tunieur)  de  la  base   du  cr£lne  (enchondrdme);  par  M.  Ludovic 

Hirschfeld g^ 

Cellulaire  (Tissu).  —  Preuve  de  sa  contractility;  par  M.  Brotvn-Sequard  .     .         154 
__   C^losomien  (Monstre).  —  Anatomie  d'un  monstre  bumain  celosomien;  par 

par  M.  Houel j, 

C6phalique  (Portion)  du  grand  sympathique;  par  M.  Ludovic  Hirschfeld.     .  ,15 

C6r6ales.  —  Sur  I'alteration  de  la  tige  des  cereales  observee  recemment  en 

France,  par  MM.  Montagne,  Gubler  et  Germain.  (Memoires,  p.  249.) 
Champignons.  —  Sur  un  cas  de  soudure  de  deux  champignons;  par  M.  Eui^. 

Forget 9s 

Cbimique  (Stalique)  des  animaux,  appliquee  specialement  a  la  question   do 

I'emploi  du  set.  Note  de  M.  Brown-Sequard  sur  I'ouvrage  de  M.  Barral.  .  .  sj 
C<Rur.  —  Cas  de  tumeurs  fibrineuses  multiples  contenant  une  maliere  puri- 
forme,  situees  dans  I'oreilletle  droite  du  coeur,  suivi  de  cas  analogues  et  de 
quelques  reniarques  critiques;  par  M.  Charcot.  (Memoires,  p.  189.) 
— Vegetations  des  valvules  auriculo-ventriculaires  gauches,  avec  byperliophie  du 
coBur  et  bydropisie  ascite ;  ulcerations  multiples  de  la  muqueuse  de  I'esto- 
mac ;  tumeurs  gelatineuses  dans  le  foie  d'un  chien  dge  de  12  ans;  par 
M.  Charcot «4 

Colon.  —  Retrecissemonts  non  organiques  du  colon;  par  M.  Charcot     ....     loj 
-Lesions  dyssenteriques  de  la  muqueuse  de  I'inteslin  gr61e  et  du  colon;  par  le 

m6me ^j 

Conferves  —  Voyex  Bolanique. 

TOME   111.  15) 


■270 

Corps  (|ui  sont  appendus  a  I'exlr^mite  supi-rieure  Ju  cou  deb  chiitres  ei  iTec 

moulons  ;   par  M.  A.  Goubaux 56 

—  libreux  de  I'uterus;  par  M.  Canuei 3i 

Corps  etranger  de  I'articulation  coxo-femorale;  par  M.  Beraud 27 

Crabe.  —  Crabe  commun  (cancer  moenas  L.)  pourvu  de  deux  pattes-pinces  sur- 

numeraires  du  cdle  gaucbe  ;  par  M.  Rayer ii 

Cranes.  —  Examen  des  caracieres  reconnus  sur  les  cranes  des  anciens  Egyp- 

tiens;  par  M.  Le  Bret I5ft 

Cr^tinisme.  —  Sur  les  causes  du  goiire  et  du  cretinisme  el  sur  les  moyens  d'en 

preserver  les  populations;  par  M.  Grange S> 

D 

Deg^nerescence  flbreuse  el  graisseuse  des  muscles  chez  les  sujets  alteinls  de 

pieds-bots  ;  par  M.  J.  Guerin 162 

Dents. —  Anoinalie  heredilaire  des  dents;  par  M.  R.  Leroy-d'Eliolles   ....      «$ 
Deviation  el  conlraclure  permanente  des  membres  aprds  I'^crasement  de  la 

raoelle  epiniere;  par  M.  Brown-Sequard i.=i 

Siaphragme  chez  les  mammifdres,  les  oiseaux  et  les  reptiles;  par  M.  Ch.  Rou- 

get.  (Memoires,  p.  I6i.) 
Double  imonslre)  raonomphalien  (rachipage) ;  par  M.  Eades   Deslongchamps. 

(Memoires,  p.  221.   y'oyez  les  planches.) 

—  (monsiruosilei  observee  chez  le  canard  ordinaire;  par  M.  Segond  .     .    .    .      8i 
Dure-mere.  —  Voyez  Analomie  pathologique. 

E 

6l6ments  fibro-plastiques.  —  Variete  nouvelle;  parM.  deBauvais    .     .     .    .     I6S 
Entomologie.  —  Sur  les  larves  rendues  par  les  selles;  parM.  Davaine    .     .     112 

—  Voyez  les  planches.  \ 
liSpididyme.  —  Voyez  Teralologie. 

Epizootie  de  Mitry ;  par  M.  Charcot so 

Estomac.  —  Voyez  Pylore-Paihologie. 

F 

Fasciation  chez  les  fruits  adherents;  par  M.  Germain  (de  Saint-Pierre)    ...     16s 

Fleur.  —  Sur  une  monstruosile  de  la  fleur  du  chou-fleur,  occasionnee  par  la 
presence  dun  champignon  parasite,  I«  cystopus  (uredo)  candidus;  par 
M.  M.-J.  Berkeley, ,,3 

Foetus. —  Voyez  Teralologie-Variole. 

Foie.  — Sur  deux  cas  d'alteration  du  foie  et  sur  un  cas  de  fongus  de  la  dure- 

m^re;  par  MM.  CI.  Bernard  etCbarcol 134 

—  Voyez  Hepalile-Cirrhose. 

Fractures.  —  De  I'eraploi  du  trepan  dans  les  fractures  du  racliis;  par  M.  Brown- 
Sequard g, 

G 

Generation.  —  Des  actes  dela  generation  chez  des  animaux  atleinls  de  paraple- 
gic Incomplete;  par  M.  Brown-St^quard  75 


i>71 
G6nUaux(organes).  —  Resume  d'uii  travail  sur  le  developpemeiit  lies  parliet 

genilales  et  uropoietiques  cliez  les  balraciens  ;  par  M.  Marcusen 1 

—  Voyez  Testicules. 

Globules.  —  Voyez  Paihologie,  Leucocylhemie-Sang. 

Coitre.  —Sur  les  causes  du  goitre  el  du  cretinisme,  el  sur  les  inoyens  d'en  pre- 
server Ics  populations;  par  M.  Grange 9 

Graisses.  —  Sur  la  nature  des  graisses  qui  se  trouvenl  dans  le  sang;  par  M   1). 

Marcet S7 

Graisseuse  (infiltration).  —  Voyes  Muscles-Pieds-bols. 

—  (alteration).  —  F'o;/e;  Reins-Anatoraiepathologique. 

H 

H^morrhagle  de  la  caduque;  parM.  Boucliut ri 

H6patite  suppuree,  lobulaire,  aveccirrhoseg6iieraIe;  parM.  Laboulbdne.    .    .      2-> 
Hydres.  —Sur  les  organes  de  la  generation  et  revolution  de  leursproduils  chei 

les  polypes  du  genre  liydra;  par  M.Ch.  Rouget i4! 

Hydroc^pbalie.  —  y'oyez  Teratologic. 
Hygiene.  —  Voyez  Goitre  el  Cretinisme. 

I 

Intestin. — Theorie  de  Tinlestin  ;  par  M.  Segond j 

Irritability  musculaire. —  Preuve  nouvelle  4  I'appui  de  la  doctrine  de  Ualler 

relative  a  I'independance  de  rirritabilile  musculaire ;  par  M.  Brown-Sequard.     loi 
—  Recherches  sur  le  retablissemenl  de  I'irritabilite  musculaire  chcz  un  supplicit', 

treize  heures  apres  la  mort;  par  le  mSme.  (Memoires,  p.  147.) 
— Sur  le  retablissemenl  de  I'irritabilite   musculaire  chez  un  second  supplicie, 

plus  de  qualorze  heures  apres  la  mort;  par  le  meme lO.I 

—Sur  rirritabilile  des  muscles  paralyses;  par  Ic  raeme in 

K 

K.ystes. — Sur  des  kystes  muqueux  du  sinus  maxillaire;  par  M.  Beraud  .     .    .      6'i 
—Sur  un  kysie  du  sinus  maxillaire  conlenanl  du  mucus  avee  de  la  cholesterine  ; 

par  le  m6me 04 

L 

Iiarynx.  —  Essai  clinique  sur  le  diagnostic  special  el  diffcrenliel  des  maladies  de 

la  voix  et  du  larynx;  par  M.  Dufour 7i 

Leucocythemie  (de  la),  ou  du  sang  a  globules  blancs  ;  par  M.  H.  Bennett    .     .  is 

Siimaces.  —  Recherches  sur  les  limaces;  par  M.  Laurent i 

—Recherches  sur  la  generation  de  limaces;  par  le  m6me i3j 

— Sur  un  cas  de  duplicite  chez  le  Umax  agrestis;  par  le  m6me js 

— Sur  I'algue  des  oenfs  delimarp;  par  M.  Monlagne CT 

M 

Maxillaire  (sinus).  —  Sur  I'orifice  du  sinus  maxillaire;  par  M.  Gosselin    ...  Zi 

—Sur  les  kystes  muqueux  du  sinus  maxillaire;  par  M.  B6raud 6'J 

—Sur  un  kyste  du  sinus  maxillaire  conlenanl  du  mucus  avoc  de  la  cholesterine; 

par  le  mfiine {H 

— Tumenrs  folliculaires  dp  la  rninineiise  du  sinus  maxillaire;  par  M.  Veincuil.  ,  so 


Idoelie  allong^e.  —  Tiiiueur  du  vulume  d'un  teuf  dc  pigeon  comprimant  le  cOl« 

droit  de  la  moelle  allontsee  et  les  nerfs  qui  en  parlent ;  par  M.  Cliarcot.     .    .    lb. 
-De  la  survie  des  balraeiens  el  des  torlues  apres  I'ablalion  de  leur  moelle  allon- 

gee;  par  M.  Brown-Sequard 7J 

Moelle  6piniere.  —  Sur  le  canal  central  de  la  moelle  6pini6re;  par  M.  Be- 

raud 3$ 

— Experience   nouvelle  sur  la  voie  de  transmission    des   impressions  sensitives 

dans  la  moelle  epini^re;  par  M.  Rrown-Sequard 76 

— Sur  plusieurs  cas  de  cicatrisation  de  plaies  faites  A  la  moelle  6pini6re,  «vec 

relour  des  fonclions  perdues;  par  le  iiiCme TT 

— Inlluence  d'une  partie  de  la  moelle  ^piniere  sur  les  capsules  surrenales;  par  le 

mfime US 

—Deviation  et  contracture  permanente  des  membres  aprfis  I'ecrasement  de  la 

moelle  epiniire;  par  le  m^me li 

Monstruosites.  —  Voyez  Bolanique-Teratolosie. 
Muscles.  —  Vot/tz  Anatomic  pathologique-Picds-bots. 
Musculaire  (irritabilitc).  —  Voyez  Irritabilile-Phystologie. 

N 

Nanisme.  —  Observations  sur  quelques  plantes  naines,  suivies  de  remarques 
generales  sur  le  nanisme  dans  le  regne  vegetal;  par  M.  A.  Gubler.  ytie- 
moires,  p.  237  ) 

Nerveux  i,Systeme!.  —  Voyez  Moelle  allongee,  Moelle  eplni^re,  Physiologie  et 
T6ratologie. 

O 

Oluf.  —  Maladies  de  I'oeuf  bumain ;  hemorrhagie  de  la  caduque;  par  M.  Bou- 

chul 12 

Oiseaux.  —  Sur  deux  lubercules  6tudi6s  dans  deux  oiseaux  de  I'esp^ce  Pint- 
lope  Marail ;  par  M.  Desmarets 6* 

Organogenie.  —  Toi/e;  Genilaux  (organes)  elUropoiilique  (appareil). 


Pancreas.  —Sur  quelques  points  de  I'anaiomie  du  pancreas;  par  M.  Verneuil. 

(Memoires,  p.  i3a.) 
Paralysie.  —  Voyez  Moelle  6pini6re  et  Physiologie. 
Parasites   tvegetaux).  —  Sur  I'algue  des  osufsde  limace;  par  M.  Monlagne    .    .      6T 

—Conferve  parasite  sur  le  Cyprinus  carpio  ;  par  M.  Davaine M 

—Presence  d'un  champignon  parasite  sur  le  chou-fleur;  par  M.Berkeley     .    .     .     il» 
Pathologie.  —  De  I'emploidu  trepan  dans  les  fractures  duracbis;  parM.  Brown- 

Siquard * 

— De  la  paracent^se  de  la  poitrine;  par  M.  Lacaj;e-Dulhier& T 

-Maladies  de  I'oeuf  bumain  ;  blimorrhagie  de  la  caduque;  par  M.  Boucbut.     .     .       Vi 
— Etat  des  muscles  de  la  jambe  et  du  pied,etde  I'aponevrose  plantaire  dans  un 

cas  de  pied-bot  varus  (2"  degre  de  M.  J.  Guerin) ;  par  M.  Charcot lb. 

—Deviation  et  contracture  permanente  des  membres  apris  I'ecrasemenl  de  la 

moelle  tpiniere  ;  par  M.  Brown-Sequard ts 

Tumeur  du  volume  d'un  oeuf  de  pigeon  comprimant  le  c6te  droit  de  la  moelle 

allongee  et  les  nerfs  qui  en  partent;  par  M.Charcot lb. 

.   Sur  quelques  alterations  des  cartilages  d'eiicroiiteraent;  par  .M   Biraud  .     .    .      2S 


l?athoIogie.  —  Nouveauicas  d'alleralioiis  des  caililages;  parle  iniiine.  ...  23 
^Vigetalions  des  valvules  auiiculo-ventriculaires  gaudies,  avec  liyperlroptiie 

du  coeur  et  hj'dropisie  asfiite;  ulcerations  multiples  de  la  inuqueuse  de  I'es- 

tomae ;   tumeurs  g^Ialineuses  dans  le  foie,  cbez  un  chien  age  de  12  ans  ;  par 

M.  Charcot i* 

— Hepatite  suppuree,  lobulaire,  avec  cirrhose  generale;  par  M.  Laboulbene  .  .  25 
—Sur  ui)  corps  etranger  de  I'articulalioncoxo  feinorale  ;  par  M.Beraad  .  ...  27 
— Alterations  des  articulatiotis  dans  le  rhutnatistne  articulaire  chronique;  fausse 

contracture  rhumatisinale;  ankyloses;  par  M.  Ctiarcot IIi 

—Corps  fibreux  de  I'uterus  ;  par  M.  Oaiiuet 34 

— Ecouleraent  du  pus  par  les  points  lacrymaux,  sans  tumeur  lacrymale;  par 

M.  Beraud lb 

— Cas  de  pyelite;  par  M.  Charcot 3i 

Variole  du  fetus;  varioloide  chezia  mere;  avortement  au  cinquiSme  mois  de 

la  grossesse;  par  le  m^nie 39 

—Sur  deux  tumeurs  du  sinus  maxillaire  ;  par  M.  Nelaton 4E 

—La  presence  de  I'albumine  dans  I'urine  des  diabetiques  est-elle  toujours  uii 

signe  favorable?  par  M.  Rayer 44 

— De  la  leucocythemiH  ou  du  sang  a  globules  blancs;  par  M.  Hughes  Bennett  .    .      40 

—Sur  I'epizootie  de  Mitry  ;  par  M.  Charcot 59 

— Essai  cllnique  sur  le  diagnostic  special   et  differentiel  des  maladies  de  la  voix 

et  du  larynx;  par  M.  B.-C.-G.  Dufour. "i 

— Observation  d'accidents  divers  paraissantproduits  par  des  larves  ;  parM.  Henry 

Roger 88 

— Rhumatisme articulaire  aigu;  phenorn^nes  comateux;  hfemiplegie;  inlillration 

d'une  substance  plastique  concrete,    contenant  des  globules  pyoides  dans 

plusieurs  visceres,  et  en  particulier  dans  le  cerveau  et  la  rale;  lesions  dys- 

senteriques  de  la  muqueuse  de  I'intestin  gr^le  etdu  colon;  par  M.  Charcot.      8» 
— Sur  un  cas  de  retrecissement  organique  de  I'anneau  pylorique,  aveo  atrophic 

de  toutes  les  luniques  qui  le  constituent;  atrophic  du  foie;  retrecisseraents 

multiples  non  organiques  du  colon;  par  b;  mfiiue lo3 

Pathologic  vegetale.  —  Foj/es  Botanique. 

Peracfephale.  —  Vnyes  Teratologie. 

Phlebenterisme.  —  Travail  de  M.  Souleyet.  Rapport  de  M.  Ch.  Robin,  au  nom 

d'une  commission.  (Memoires,  p.  5.) 

Physiologic.  —  Thcorie  de  I'inlestin  ;  par  M.  Segond 1 

—Note  sur  les  vibrations  thoraciques  qui  accompagnenl  les  phenomenes  de  la 

voix  ;  par  le  mftme S 

— Influence  de  la  cinqui^mepairede  nerfs  sur  la  secretion  salivaire;  par  M.  Vella.  w 
—Sur  laduree  des  mouvements  vibraliles  ciliaires  chez  un  supplieic;  parM. Gos- 

selin 07 

— De  la  survie  des  batraciens  et  des  tortues  apies  I'ablalion  de  la  raoelle  allon- 

g^e;   par  M.  Brown  Sequard t3 

— Des  acles  de  la  generation  chez  des  animaux  atteints   de  paraplegie  incom- 
plete; par  le  mgme 75 

— Experience  nouvelle  sur  la  voie  de  transmission  des  impressions  sensitives 

dans  la  moelle  epinii^re;  par  le  mSme 7S 

— Sur  plusieurs  cas  de  cicatrisation  do  plaies  faites  a  la  nioelle  ^piniere,  avec 

relour  des  fonclions  perdues  ;  par  le  niSnie 7T 

— Sur  une  nouvelle  csp^ce  de  tournoiement;  par  le  mfime 79 

—Sur  rinOuence  de  la  section  des  nerfs  pncumogastriques  sur  la  duric  de  la 

chloroforraisation  ;  par  M.  Moyso »5' 


27/j 

Physiologiie.  —  Preuvc  nouvelle  a  lappui  de  la  doctrine  de  Hallcr  rclalive  a 

rindependance  de  I'irrilabilile  miisculaire;  par  M.  Hrown-Sequard.    .     .     .     lOJ 

—  Recherches  siir  le  retablissDment  do  I'irrilabilile  musculaire  chei  uii  second 

supplifie,  plus  de  quatorze  heures  apr^s  la  morl:  par  le  mftme los^ 

— Surles vaiialious  de  lacidllede  I'urine  aux  difTerenles  emissions  du  jour;  par 

M.  Delavaud ilS 

—Sur  I'irrilabilite  des  muscles  paralyses;  par  M.  Brown-Scquard i4i 

—Sur  les  causes  de  I'apparilion  du  sucre  dans  I'urine;  par  M.  Claude  Bernard.     lb 
— Influence  d'une  panic  de  la  nioelle  cpiniere  sur  les  capsules  surrenales;  par 

M.  Brown-Sequard i46 

—Influence  du  grand  sjmpatlilque  sur  la  sensibilile  et  sur  la  calorilication;  par 

M.  C.  Bernard t6i 

—  Preuve  de  la  ccnlraclilile  du  tissu  cellulaire;  par  M.  Brown-Sequard.     .     .     .     let 
— Uecherches  sur  le  relablissemenl  de  I'irrilabilile  musculaire  chez  un  supplicie 

treize  heures  apres  la  mort ;  par  M.  Brown-Sequard.  (Memoires,  p.  147. 

— Observation  de  dialhesecancereuse;  lumeurs  varioliformes  de  la  surface  des 
inlestins  ;  reflexion  sur  la  marclie  el  le  mode  de  developpement  de  la  gene- 
ralisation du  cancer;  par  U.  E.  Bejlard Cis 

— Sur  une  variete  nouvelle  de  lumeur  sanguine  de  la  voOte  du  crdne,  suite  de  le- 
sion traunialique ;  par  M.  G.  Dufour.  (Memoires,  p.  155.) 

— Sur  la  syphilis  a  Rome  ;  par  .M.  Charlon.  (Memoires,  p.  201.) 

Pieds-bots.—  Elat  des  muscles  de  la  jaoibe  el  du  pied,  et  de  I'aponfevrose  plan- 
taire  dans  un  cas  de  pied-bot  varus  (u'  degre  de  M.  Jules  Guerin);  par 
M.  Charcot l-i 

—  Deg^nerescence  fibreuse  el  graisseuse  des  muscles  chez  les  sujets  atteinls  de 

pieds-bots  ;  par  M.  J.  Guerin mt 

Plaies.  —  Voyez  Moelle  epini^re. 

Pneumo-gastrique.  — Sur  TinHuence  de  la  section  des  nerfs  pneumo-gastri- 

ques  sur  la  duree  de  la  chloroformisalion  ;  par  M.  Moyse 8.7 

Principes  immediats.  —  Sur  un  nouveau  principe  immedial  de   Teconomie 

aniinale  ;  par  M.  Vcrdeil i? 

— De  la  presence  d'un  aclde  libre  secrete  par  les  poumons  decomposant  les  car- 
bonates alcalins  du  sang,  el  meltant  ainsi  I'acide  carbonique  en  liberie;  par 
M.    Verdeil ti9 

Pus.  —  Ecoulemenl  du  pus  par  les  points  lacrymaux,  sans  tumeur  lacrymale; 

par  M.  Beraud 3* 

Py^lite.  —  Cas  de  pyelile  ;  par  M.  Charcot 35 

Pylore.  —  Sur  un  cas  de  relrecissement  orgnnique  de  I'anneau  pylorique,  avec 
atrophic  de  loutes  les  tuniques  qui  le  constiluenl;  atropine  du  foie ;  relrecis- 
semenis  multiples  non  organiques  du  colon  ;  par  M.Charcot lOS 

Pyoides  globules).  —  Voyez  Rbiiiiialisme. 

R 

Racbipage.  —  Voyez  Teratologic 

Rachis.—  De  I'emploi  du  irepan  dans  les  fractures  du  rachis ;  par  M  Brown- 
Sequard 6 

Reins. — Sur  les  granulations  graisseuses  du  rein;  par  M.  Davaine 13) 

Rbumatisme  arliculairc  aigu,  plienomenes  comaleux,  h^niiplegic,  inSllra- 
lion  dune  substance  plaslique  concrete  contenant  des  globules  pyoides  dans 
pUisieurs  visc^rcs,  et  en  parliculicr  dans  le  rerveau  et  la  rate  ;  lesions  dys- 
?enteriqiie3  dela  muiineuse  de  rinlcstin  gr^le  el  dii  colon  ;  par  M.  Charf-ol       8P- 


275 

S 

Salivaire  (s6cr6tion).  —  influence  de  la  b'  pairc  sur  la  secretion  salivaire;  par 

M.  L.  Vella 17 

Sang.  —  Dela  leucocylliemie  ou  du  sang  a  globules  blancs;  par  M.  H.  Bennett.      49 

Sensibility.  —  Voyez  Pliysiologie. 

Sinus.  —  Voyez  Maxillaire,  Kjsles. 

Sucre.  —  Sur  les  causes  de  I'apparilion  du  sucre  dans  I'urine  ;  par  M.  C.  Ber- 
nard  l4'i 

Sympathique  (grand).  —  Sur  la  portion  ceplialique  dd  grand  sympathique ;  par 

M.  L.  HIrschfeld 115 

—Influence  du  grand  sympathique  sur  la  sensibilile  et  sur  la  calorification :  par 

M.  C.  Bernard .     .     163 

Synoviale  (bourse)  sous-trochanterienne  et  corps  etrangers  qu'elle  peut  con- 

tenir;    par   M.  Beraud 1«S 

Syphilis.  —  De  la  syphilis  k  f<ome,  parM.  Charlon.  (Memoires,  p.  20i  J 

T 

Teratologic— Crabe  comniun  (Cancer  nioenas  L.;  pourvu  de  deux  petiles  paties- 

plnces  surnumeraires  du  cdte  gauche;  par  M.  Rayer il 

-—Sur  un  cas  de  duplicile  Chez  le  limax  agreslis  ;  par  M.  Laurent 36 

— Anatomic  d'un  nionstre  huraain  celosomien;  par  M.  HoucI 51 

—Sur  la  composition  de  la  tumeur  des  monstres  pseudencephaliens  ;  par  M.  Ad. 

liichard 68 

—Cas  de  monstruosite  double  observee  chez  le  canard  ordinaire;  par  M.  Se- 

gond .    t 81 

— Anomaliehereditaire  des  dents;  par  M.  Raoul  Leroy-d'Etiolles M 

—Sur  une  anomalie  de  position  des  teslicules  et  de  I'epididyme  ;  par  M.  Follin.     138 
—Description  d'un  monslre  peracephale,  suivie  de  quelques  reflexions  sur  le  me- 
canisme  de  la  circulation  dans  cette  espece  de  monslruosites;  par  M.  Ca- 
zeaux.  (Memoires,  p.  2ii.) 
— Surun  monstre  double  monomphalien  de  provenance  humaine,  conslituant  un 
genre  nouveau  designe  sous  le  nora  de  rachipage;  par  M.  Eudes  Deslong- 
champs.  (Memoires,  p.  '271.) 
-Observation  d'un  nouveau-ne  affecle  d'hydrocephalie  sans  augmentation  de  vo- 
lume de  la  boite  crdnienne;  par  AI.  Henri  Roger liS 

Thoracentese.  —  De  la  paracentese  du  thorax;  par  M.  Lacaze-Duthiers    ...        7 

Trypan.  —  De  I'emploi  du  trepan  dans  les  fractures  du  rachis;  pa<-  M.  Brown- 

Sequard g 

Trompes.  —  Voyez  Uterus. 

Tournoiement.  —  Sur  une  nouvelle  espece  de  tournoiement;  par  M.  Browii- 

Sequard 7S 

Tubercules. —  ro^ei  Oiseaux 

Tumeurs.  —  Turaeurs  folliculaires  de  la  muqueuse  du  sinus  maxillaire;  par 

M.  Verneuil SO 

—Tumeur  cartllagineusede  la  base  du  cr4ne;  par  M.  L.  Hirschfeld 9i. 

-Voyez  Cancereuse  (lumeur),  Coeur,  Moelle  allongie,  maxillaire  (sinus),  Cr.lne, 
Anatomic  pathologique.  Palbologie. 


W6 

U 

blc^aticms.  —  Voyez  Patliulogie,  Estomat;. 

Urine.  —  Sur  les  variations  de  I'acidil^  de  I'urine  aui  diff^renles  emissions  di 

jour  ;  par  M.  Delavaud >•* 

— Sur  les  causes  de  I'apparition  du  sucre  dans  I'urine;  par  M.  Claude  Bernard.    144 
tTropoi^tique  (Appareil).  —  Resume  d'un  travail  sur  le  d^veloppement  des  par- 
ties genitales  et  uropoietiques  chez  les  batraciens;  par  M.  Marcusen    ...       'i 

Uterus.  —  Corps  fibreux  de  I'utirus;  par  M.  Canuet 3* 

— Reclierches  sur  les  nerfs  de  rut(^rus;  par  M,  Boulard 80 

—Pavilions  multiples  rencontres  sur  les  troropes  ulerines  des  femmes ;  par  M.  A- 

Richard »f 

V 

Vaches.  —  Castration  des  vaches ;  par  M.  Desbans. latf 

Vag;ue  (Nerf).  — ^  Voyez  Pneumogastrique-Physiologie. 

Valvules.  —  Voyes  Coeur-Pathologie. 

— Description  d'une  valvule  inconnue  jusqu'ici  et  qui  existe  dans  les  voies  lacry- 

males  cbez  I'homme;  par  M.  Beraud S8 

Variole  du  foetus;  variolo'ide  cbez  la  m^re;  avortement  au  cinquidme  mois  de 

la  grossesse  ;  par  M.  Charcot 3» 

Vegetations.  —  Vegetations  des  valvules  auriculo-ventrtculaires  gaucbes,  avec 

hypertropbie  du  coeur  et  hydropisie  ascite;  ulcerations  multiples  de  la  mu- 

queuse  de  i'estomac  ;  tumeurs  gelatineuses  du  foie  cbez  un  cbien  Sge  de  12 

ans;  par  M.  Charcot 2* 

Vers.—  Observations  d'accidents  divers  paraissant  prodalts  par  des  larves;  par 

M.  Henri  Roger 88 

Voix.  —  Essai  clinique  sur  le  diagnostic  special  et  differentiel  des  maladies  de 

la  voix  et  du  larynx;  par  M.  DuTour 7« 

—Note  sur  les  vibrations  tboraciques  qui  accompagnent  les  phenomdnes  de  la 

voix;  par  M.  Segond S" 


(         fin    UE    LA    TABLE    A.NALYTIQUE. 


TABLE  DES  MATI£RES 


PAR  NOMS  D'AUTEURS. 


(Abr^yialions  :  C.  U.,  Comples  rendus;  M.,  M^moires.) 

B 

c.  a. 
Bauvais  (de).  .  .  Variite  nouvelle  d'6I6raent  tibro-plastique.  ...  iss 
Bennett    (H.).    .    .    De  la  leucocyih^niie  ou  du  sang  i  globules  blancs.       is 

litRAVD Sur  quelques  alterations  des  cartilages  d'encrodte- 

ment 22 

—  Nouveaux  cas  d'alierations  des  cartilages.    ...       aJ 

—  Sur  un  corps  elranger  de  rartlculation  coxo-femo- 

rale 27 

—  Ecouletnent  du  pus  par  les  points  lacrymaux,  sans 

lunieur    lacrymalc 34 

—  Sur  le  canal  central  de  la  moelle  epiniere.    ...       38 

—  Description  d'une  valvule  inconnue  jnsqu'ici  e!  qui 

exisle  dans  les  voies  lacrymales  chet  rhomme.    .       S5 

—  Sur  des  kystes  rauqueux  du  sinus  maXillaire  .     .     .        6.* 

—  Sur  un  kystedu  sinus  maxillairecontenant  du  mu- 

cus avec  de  la  cholesterine 64 

—  Suruncas  d'infiltration  graisseuse  des  muscles  sans 

cbangement  de  volume «.^ 

—  Sur   la    bourse  synoviale  sous-trocbant^rienne  el 

sur  les  corps  etrangers  qu'elle  peut  contenir.    .    .      J53 

Bekkeley(M.-J.".  .  Sur  une  monstruosite  de  la  fleur  du  chou-fleur,  oc- 
casionn^e  par  la  presence  d'un  cbampignon  pa- 
rasite, le  cystopus  (uredo)  candidus 113 

Bernaiid  (Claude).  .    Sur  les  causes  de  I'apparition  du  sucre  dans  I'urine.      <44 
—      et  Charcot.    Sur  deux  cas  d'alteration  du  foie  et  sur  un  cas  de 

fongus  de  la  dure-m^re i34 

BEHNARD(Claude<.    .    Influence  du  grand  sympathique  sur  la  sensibility  et 

sur  la  calorification tdi 

Betlard  (E.).  .  .  Observation  de  diathese  cancereuse  ;  tunieurs  vario- 
liformesdela  surface  des  intestins;  reflexions  sur 
la  marclie  et  le  mode  de  developpeiuent  de  la  gc- 
Miiralisatjon  du  cancer. i;i? 


2"78 


bOL'C&UT 


BOILARD.      .       .      . 

bol'rccigno:«.  .    . 
Browm-Seql'aad. 


MataJies  de  I'oeuf  humain;  tjeiuorrbagie  de  la  ca- 
duque iJ 

Recherches  sur  les  nerfs  de  I'uterus 86 

Reclierches  sur  la  contagion  de  la  gale  des  animaux 
a  riiorame  el  sur  les  moeursdel'acarusde  la  gale.      109 

De  remploi  du  trepan  dans  les  fraclurcs  du  rachis.  6 

•  Deviation  el  contracture  permanenle  des  membres 

api(5s  recrasernent  de  la  moelle  epiniere.    ...        15 

•  De  la  survie  des  batraciens  el  des  torlues  apres  I'ab- 

lalion  de  la  moelle  allongee 73 

•  Des  actes  de  la  generation  chez  des  animaux  atleinls 

de   paraplegic    incomplete 75 

-  Experience  nouvelle  sur  la  voie  de  transmission  des 

impressions  sensitives  dans  la  moelle  epiniere.     .        76 

-  Sur  plusieurs  cas  de  cicatrisation  de  plaies  fa i les  4 

la  moelle  epiniere,  avec  retour  des  fonctions  per- 
dues 77 

■  Sur  une  nouvelle  espece  de  tournoiement 7* 

■  Sur  i'ouvrage  de  M.  Barral  intitule  .-   Statique  chi- 

mique  des  animaux,  appliquee  specialeraenl  a  la 
question  de  I'emploi  du  sel 82 

-  Freuve  nouvelle  a  I'appui  de   la  doctrine  de  Haller 

relative  a  I'independance  de  I'irriiabilite  muscu- 
laire lOi 

-  Kecherches  sur  le   retablissement   de   rirritabilite 

uiusculaire  chei  un  second  supplicie,  plus  de  qua- 
torze  beures  apres  la  mort 103 

-  Sur  rirritabilite  des  muscles  paralyses.  .     .     •     .     .      Hi 

-  Influence  d'une  partie  de  la  moelle  epiniire  sur  les 

capsules  surreiiales H6 

-  Preuve  de  la  contractilite  du  lissu  cellulaire.    .    .      164 

-  Recherches   sur  le  retablissement    de  I'irritabilite 

musculaire  cbez  un  supplicie  4reiz£  beures  apres 

la  mort i.ij  t.' " 


117 


Candet  .    .    . 
Cauls  (VicTOPj. 
Caeeaux  (P.).  . 


CllAMBEI;T    .      . 


GlIAIlCOT. 


.    Corps  libreux  de  I'ulerus 

.    Sur  le  developpemenl  des  oeufs  des  araignees    .    . 

.  Description  d'un  monstre  peracephale,  suivie  de 
quelques  relleiions  sur  le  roecanisme  de  la  cir- 
culation dans  celte  espdce  de  monslruosite  (avec 
planchej 

.  Observation  d'une  lumeur  cancereuse  implant6e 
dans  le  petit  bassin,  prise,  pendant  la  vie  de  la 
malade,  pour  une  grossesse  anoraiale    .... 

.  Etal  des  muscles  de  la  jambe  et  du  pied,  el  de  I'apo- 
nevrose  plantaire  dans  un  cas  de  pied-bol  varus 
I'J' degre  de  M.  J.  Guerin) 

—  Tumeur  du  volume  d'un  oeuf  de  pigeon  comprimanl 
le  c6te  droit  de  la  moelle  allongee  el  les  nerfs  qui 
en  parleni .     . 


34 
131 


211 


149 


li> 


279 

c.  n.      n. 

H.iiicoT V^geiatious    des    valvules    auriculo-ventriculaires 

gaudies,  avec  hyperlropliie  du  cceur  el  hydropisie 
ascite;  ulcerations  multiples  de  la  iiiuqueuse  de 
I'estoinac  ;  luraeurs  gelatineuses  dans  le  foie,  cliez 

un  chien  Sge  de  12  ans 24       " 

--  Alterations  des  articulations  dans  le  rhumatisme 
arlicnlaire  chronlque;  fausse  contracture  rliuma- 
tistnale;  ankyloses 27        " 

—  Cas  de  pyelitc 35        » 

—  Variole  du   feelus;  varioloide  chez  la  in^re;  avorte- 

nient  au  ciriquieme  niois  de  la  grossesse  ....        39        " 

—  Sur  I'epizootie  de  Mitry 59        >> 

—  Rhumatisme  articulaire   algu;   phenora^ncs   coma- 

teux;  hemiplegie ;  inliltration  d'une  substance 
plastique  concrete, contenant  des  globules  pyoides 
dans  plusieurs  visceres,  ct  en  particulier  dans  le 
cerveau  et  la  rate  ;  lesions  dyssenttriques  de  la 
rauqueuse  de  lintestin  grrtle  et  dii  colon.     ...        60        » 

—  Sur   nil  cas  de  retrecisseraent  organique  de  I'an- 

neau  pylorique,  avec  atropbie  de  toutes  les  luni- 
ques  qui  le  constituent;  atrophic  du  foie;retr6- 
cissements  multiples  non  organiques  du  colon.  .      J03        » 

~- elCo.  Bernaru         Sur  deux  cas  d'alteration  du  foie  et  sur  un  cas  de 

fongus  de  la  dure-mire I34        " 

Charcot Cas  de  tumeurs  librineuses  multiples,  contenant  une 

matiere  puriforme,  situees  dans  roreillette  droite 
ducoBur:  suivi  de  cas  analogues  et  de  quelques 
remarques  critiques »     189 

CBARLOn.    ....    Sur  la  syphilis  a  Rome >    20t 

D 

Uavaine Conferve  parasite  sur  le  cyprinus  carpio    .... 

—  Sur  les  larves  rendues  par  les  selles.  (Avec  planche.) 
-^  Sur  des  granulations  graisseuses  du  rein  .... 

Delavaud Rechercbes  sur  les  variations  de  I'acidite  de  I'urine 

aux  dilTerentes  emissions  du  jour 

Desbans Castration  des  vacbes 

Deslongch.\mps  Sur  un  monstre  double  monompbalien  ,  de  provc- 

(Eudes).  nance   liumaine,  constituant  un  genre  nouveau, 

designe  sous  le  nom  de  rachipage.  ^Avec  planche.) 
Besmarets.  Sur  deux  tubercules  etudies  dans  deux  oiseaux  de 

I'espece  Penelope  Marail 

BuFoUR  (G.i,    .     .     .    Essai  clinique  sur  le  diagnostic  special  el  dilTeren- 

liel  des  maladies  de  la  voix  et  du  larynx.     .     . 

—  Sur  une  variele  nouvelle  de  tumeur  sanguine  de  la 

voiite  du  crdne,  suite  de  lesion  Iraumatique.     .     . 


(•"ni.MN    ...  Sur  une  anonialic  <lc  posilion  des   testiculcs  cl  de 

IVpididyme   .         i;;? 


82 

>i 

112 

f» 

151 

• 

118 

)( 

129 

11 

)t 

221 

61 

'• 

71 

„ 

IS.'T 

380 


PoncKT  (E.) 


.    Sur  un  cas  de  soudure  de  deui  cbanipignoni. 


c.  k.      K. 
»8         • 


G 

GKRMAiN(deSt.-Pierre\  De  la  fasciaiion  che«  lesfruitsadherents  .    ...      16S 
GossELi.l     ....    Sur  I'oriHce  du  sinus  maxillaire $3 

—  Sur  la  duree  des  mouveraenls  vibratiles  ciliaires 

cliez  un  supplicie S7 

GouBAOX  (A.)  .  .  Sur  de.s  corps  qui  sontappendus  a  rextreraile  supe- 
rieure  du  cou  des  chevres  et  des  moutons  .    .    .        56 

Grange Nole  sur  les  causes  du  goUreet  du  cretinisme,  et  sur 

les  moyens  d'en  preserver  les  populations  ...         9 
GUBLSR  (A.)    .     .     .     Sur  quelques  monstruosites  vegetales i3g 

—  Observations  sur  quelques  plantes  naines,  suivies 

de  reraarques  generales  sur  le  nanisme  dans  le 
r6gne  vegetal • 

GuBLERet  MONTAGNE.  Sur  I'alteration  de  la  Jige  des  cer^ales,  observ6e 
recemment  en  France  et  d6sign6e  sous  le  nom  de 
maladie  dubli « 

GuBLER,  GERHAI^«       SuT  ralteration  de  la  tige  dss  c6reales,  observeer6- 
et  MojiTAGNE.             ceiiiment  en  France,  et  designee  sous  le  nom  de         » 
maladie  du  ble ■■ 

GufiRiN  (J.).    .    .    .    Degenerescence  fibreuse  el  graisseuse  des  muscles 

cbez  les  sujets  atteints  de  pieds-bots i62 

H 

HiRSGHFELD  (L.)  .    .    Sur  UDC  tumeur  cartilaglneusc  de  la  base  du  cr^ne 

(enchondrdme) 94 

—  Sur  la  portion  cepbalique  du  grand  sympalhique.  .  ii5 

HouBL Anatomic  d'un  monslre  bumain  celosoiiiien     ...  5i 


237 


34y 


•H:> 


L 

LaBoulbene.   .    .    .    Hepatite  suppuree,  lobulaire,  avec  cirrhose  geni- 

rale 25 

LACAZE-DuiutERs.    .    Dc  la  paracent^se  de  la  poitrine 7 

Laurent.    .    .         .    Sur  un  cas  de  duplicite  cbez  le  h'maj;  ayre«(M   .    .  36 

—  Recberches  sur  les  limaces i22 

—  Rechercbes  sur  la  generation  des  limaces  ....  i33 

Lebert Cas  de  cancroide  gingival 63 

Le  Bret Examen  des  caract^res  reconnus  sur  les  cranes  des 

anciens  Egyptiens 1.16 

LEROTr-D'ETiOLLES(R.)Anoraalie  beriditaire  des  dents 66 

M 

Marcet  (W)  ...    .    De  la  nature  des  graisses  qui  se  trouvent  dans  le 

sang »7 

Marcusew    (J.)    (de     R^suin*  d'un  travail  sur  le  dcveloppemenl  des  par- 
Sl.-P6tersboiiri:'  ties  g^nitales  et  uropoietiques  chei  le»  batraciens  .( 


281 


MoNTAuNE  (C).    .         Sur  I'algue  des  ouufs  de  liinace 01  • 

— GuBLEn(A.)elGER-    Sur  I'alt^ralion  de  la  tige  des  c6reales  observie  ri- 

MAiN  (de  St-Pierre.)       cemment  en  France,  et  designee  sous  le  noru  de  »  i» 

maladie  duhli »  349 

MoYSF.         .    .         .    Sur  I'inlluence  de  la  section  des  nerfs  pneumogas- 

triques  sur  la  dur6e  de  la  chloroforniisation   .    .  8S  » 


N 


NtLATON Sur  deux  lumeurs  du  sinus  maxillaire 


A% 


R 


Rayer 


Richard  (A.) 


Robin  (Cb)  . 
Roger  (11.) 


ROUGET  (Ch.) 


La  presence  de  I'albumine  dans  Purine  des  diabe- 
tiques  est-elle  loujours  un  sijjne  favorable?    .     .        44 

Crabe  conimuii  (cancer  nioenas  L.)  puurvu  de  deux 
peliles  patles-pinces  sninunieralres  du  c6U'  gau- 
che         ,     .     .     .        II 

Pavilions  multiples  rencontres  sur  les  trorapes  ute- 
rines  des  femmes jt 

Sur  la  composition  de  la  tumeurdesmonstres  pseud- 
encepbaliens 68 

Rapport  sur  le  phlebenterisme • 

Observation  d'accidents  divers  paraissant  produits 

par  des  vers S8 

•  Observation d'un  nouveau-n6  affecte  d'bydrocephalie 
sans  augmentation  de  volume  de   la  Boite  crS- 

nienne 146 

Sur  les  organes  de  la  generation  et  revolution  de 
leur  produits  chez  les  polypes  du  genre  hydra.  .      i4i 
-  Le  diaphragme  chez  les  mammif^res,  les  oiseaux  et 

les  reptiles  (avec  planches).   «...-...         » 


16& 


Skgond.  . 


Th6orie  de  I'intesiin i 

'  Note  sur  les  vibrations  thoraciques  qui  accompa- 

gnent  les  phenom6nes  de  la  voix % 

-  Cas  de  moiistruosite  double  observ^e  chez  le  canard 

ordinaire 8I 


Veu-a  (Louis). 
Vkrbkii..     .    . 


Influence  de  la  cinqui6rae  paire  de  nerls  sur  la  se- 
cretion salivaire 17 

Sur  un  nouveau  principe  immidiat  do  I'dconomie 
animale it 


2&'2 

en         u 

Vehdkii —  l)e  la  presence  d'un  acide  libre  secrete  par  lespou- 

mons  d^coniposaiit  les  carbonates  alcalins  du 
sang,  et  inettant  ainsi  I'acide  carbonique  en  li- 
berie  i;!9        >. 

Vernecil.   .    .     .     .    Tiimcurs   folliciilaires  de  la    muqueuse    du    sinus 

inaxillairc SO        - 

—  Sur  quelques  points  de  I'analomie  du  pancreas.    .         .     i3i 


TIN    RES   TABLES. 


LISTE  DES  OUVRAGES 


OFFERTS  A  liA  SOCIETE  ȣ   BIOIiOeiE. 


B 

Bence  Jones  (H  ).  .  .  On  the  truth  in  medicine,  ln-80,  London  I850. 

—  Contributions  to  the  chemistry  of  the  urine.  In-4",  Lon- 

don, 1849. 

—  Secondappendice  toa  paper  on  the  variations  of  the  acidity 

of  the  urine  in  the  state  ofheallli.  In-4"',  London, 
1850. 

—  Conlriljutions  to  animal  chemistry,  paper  on  the  oxida- 

tion of  ammonia  in  the  human  body.  In-4°,  London, 

1851. 
BoNNEFiN  (Fr.-W.)  .  .  Recherches  experimentales  sur  Taction   convutsivante 

des  principaux  poisons.  Paris.  1851.  These  in-4<'. 
Bowman  (W.) On  the  homology  in  structure  and  function  of  the  skin, 

mucous  membranes  and  true  glands.  Iii-S",  London , 

1842. 

—  On  muscle  and  muscular  motion.  In-S",  London,  1842. 

—  On  the  structure  and  use  of  the  malpighian  body  of  the 

kidney,  etc.  In-4°,  London,  1842 

—  Additional  note  on  the  contraction  of  voluntary  muscle  in 

the  living  body.  London,  1841. 
Brinton  (William). .  .  Conlribulions  to  the  physiology  of  the  alimentary  canal. 
In-8°,  London,  1849. 


—        CxRts  (J.  Victor)  .  .  .  Zur  naeheren  Kenntniss  des  Generations  Wechsels.  In-4", 

Leipzig,  1849. 

—  Ueber  die  Entwicklung  des  Spinneneies .  In-8". 

—  Beitreege  r.ur  vergleichenden  Muskellehre.  In-8",  Leipzig. 

1851. 


<lnAMi(t:HT  (M.     ....  Ues  etTeU  ])liyslologiquis  rt  tliurupeuliqueB  d<*s  eilieii. 
Paris,  is-is.  In-S". 


Desgranges. 


- —     Handfield  (Jones). 


D 

Oliiervation  de  morve  iiigue  choz riiomine.  I. yon,  1851, 

lll-So. 

H 

On  the  structure  and  development  of  the  liver,    In-ft", 
London,  1849. 

K 


KoLLiKER  (A.)  ScKERER  Vcrhandlungeu  der  physicalisch-medicinischen  Gesell- 

(J.)  ViRCHOW  (B.)         si-haft.   In  Wurzburg;  redigirt  von N««  1-5,  1851. 

In-So.N"' li-22.  ln-8". 

M 

Melicheh  (Ludw.-Jos.)  Bequille  pour  servir  k  la  version  et  k  la  reduction  des 
parties  saiilantes  dans  I'aocouchement.  In-8°,  Wien, 
1846. 

o 

Owes  (Ricliard).  .  .  .  On  the  development  and  homologies  of  the  carapace  and 
plastron  of  the  chelonian  reptiles.  In-4'',  London, 
1849. 

—  On  the  communications  between  the  cavity  of  the  tym- 

paneum  and  the  palate  in  the  crocodilia.  ln-4»,  Lon- 
don, 1850. 

—  On  the    archetype  and  homologies  of  the  vertebral  ske- 

leton. London,  1848. 


Paget  (James j Lectures  on  inflammation.  In-S*,  London,  1851. 

—  Lectures  on  tumours  In-S",  London,  l85l. 


Sehelaigne  (A.-D.-A.)  De  la  dysmenorrhee  membraneuse  et  de  la  membrane 

dysmenorrheale,  Paris,  i85l.  Th^se  in-4''. 
Socitrt   ROYALE   DE    Compte  rendu  de  I'Universite  el  de  la  Soci^te  royale  de 
GoETTiNGCE.  Goellingue.  N"  8.  Mai  1851. 


PW, 


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M«-  v;; 


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PARIS.  —  tMI-RIJIE    PAR    E.    THCNOT!  1 
Hue  Racine  ,  56  ,  pres  I'Odenn. 


^