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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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COMPTES RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 


PUBLIÉS 
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L’ACADÉMIE 
Ên date du 43 Juillet 4835, 


PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. 


TOME SEPTIÈME. 


JUILLET—DÉCEMBRE 1858. 


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BACHELIER , IMPRIMEUR-LIBRAIRE 


QUAI DES AUGUSTINS, N° D5. 
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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 2 JUILLET 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Addition aux Remarques insérées dans le Compte rendu de la séance du 
18 juin ; par M. Porsson. 


« Ces remarques ayant été l'objet d’une Note qui fait partie du Compte 
rendu de la séance suivante, je me trouve obligé d’y faire une très courte 
addition. 

» Ainsi que je lai dit dans cet article , j'abandonne mon analyse au juge- 
ment des géomètres. Il ne me conviendrait pas d’en faire moi-même la 
comparaison avec celle de Legendre, ni de tout autre. Je ferai seule- 
ment remarquer la différence essentielle qui existe entre la méthode que 
J'ai suivie et celle qu'avait employée cet illustre géomètre; différence qui ne 
résulte pas des progrès de l'analyse; car je n'ai fait usage d’aucun procédé 
de calcul qu’il n'ait pu également employer, et même Lagrange, en 1773, 
à l’époque de son premier Mémoire. J'ai décomposé en cou- 
ches terminées par des surfaces EOETE et semblables; ce qu’on n'avait 
pas fait auparavant , et ce qui m’a conduit à un théorème nouveau sur l'at- 
traction d’une pareille couche, qui trouve une application immé diate dans 
la théorie de l'électricité. Legendre a divisé ce corps en couches coniques 

C, R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 4.) LL 


(2) 
dont le sommet est au point attiré. Mais à raison de la complication du 
calcul qui en est résulté, il a été contraint, à la page 480 de son Mé- 
moire, de recourir à une considération particulière et d'abandonner le 
procédé direct d'intégration qu’il avait suivi jusque là, et qui n'aurait 
pu le conduire, comme il le dit lui-même, presque à aucune conclusion 
après d'aussi longs calculs. . 

» Souvent il est arrivé qu’une idée très simple a fourni la solution d’une 
difficulté qui avait long-temps arrêté; mais relativement à la décomposi- 
tion des couches elliptiques et semblables, je dois dire que cette idée, 
quel que soit le peu d'importance qu'on y veuille attacher, ne s’est pré- 
sentée à mor qu'après plusieurs autres tentatives, et que j’y ai été conduit 
par la considération attentive des formules, ainsi qu’on peut le voir dans le 
n° 4 de mon Mémoire. Il y a plus, Legendre dit, à la fin du sien, que la 
décomposition du sphéroïde en couches coniques, lui paraît être la seule 
que l'on puisse employer; et il faut observer que ce Mémoire avait pré- 
cisément pour objet général, le choix des variables le plus propres à la 
réduction des intégrales doubles, ou en d’autres termes, la manière la 
plus convenable de décomposer les corps auxquels elles se rapportent. 
Legendre ajoute que l'attraction d’une couche conique exigeant une in- 
tégration très difficile, le problème est vraisemblablement au-dessus des 
moyens ordinaires de la synthèse, ce qui serait effectivement vrai en sui- 
vant la marche qu'il avait adoptée; mais, au contraire, l'intégration rela- 
tive à une couche elliptique est assez simple, pour qu’on ait pu facile- 
ment l’effectuer par des considérations géométriques, dès que le résultat 
en a été connu. 

» Enfin, dans la Note à laquelle je réponds, il est dit que M. Rodrigues, en 
soutenant, il y a vingt ans, une thèse pour le doctorat, avait employé bien 
avant moi cette décomposition de l’ellipsoide en couches infiniment minces, 
pour le calcul même de l'attraction sur les points extérieurs : cela n’est au- 
cunement vrai; et il est même évident, PE tous ceux qui comprennent la 
question, que M. Rodrigues n'aurait point atteint le but qu’il se proposait, 
par la considération de couches pareilles à celles dont il s’agit. L'erreur où est 
tombé l’auteur de la Note, vient, sans doute, de ce qu'il n’a point eu égard 
à la condition de similitude des deux surfaces, externe et interne, de chaque 
couche elliptique, qui en est cependant le caractère essentiel. En aucun 
endroit de sa thèse, d’ailleurs fort remarquable, M. Rodrigues n’a consi- 
déré l'attraction d’uue couche elliptique terminée par des surfaces sem- 
blables. Dans l'endroit où il démontre le théorème de Maclaurin ou de 


(3) 
Laplace, il différentie , relativement aux trois axes de l’ellipsoïde et en sup- 
posant constantes les deux distances focales, le rapport de son attraction 
à son volume, afin de faire voir que cette différentielle se réduit alors à 
zéro (1). S'il eût différentié, sous ce point de vue, l'attraction même, il 
aurait obtenu celle d’une couche elliptique dont les deux surfaces ont les 
mêmes foyers, et, par conséquent, ne sont pas semblables. Les signes 
d'intégration n’auraient pas disparu dans son expression , et la considéra- 
tion de cette force n’eüt pas été plus simple que celle de l'attraction de l’el- 
lipsoïde entier ; au lieu que l'attraction d’une couche elliptique, terminée 
par deux surfaces semblables, s'exprime sous forme finte; ce qui, quand 
on a déterminé sa valeur à priori, réduit ensuite à une intégrale simple, 
lattraction de l'ellipsoïde entier, homogène ou hétérogène. Au reste, la dé- 
monstration que M. Rodrigues a rapportée dans sa thèse, est celle que 
M. Gauss a donnée en 1813 (2), et qui est fondée sur la transformation 


des variables employées par M. Ivory (3), et sur une propriété générale des 
surfaces fermées. » 


M. Porssor présente au sujet de cette Note quelques réflexions auxquelles 
M. Poisson répond à son tour. 


M. Poinsot prend la parole une seconde fois et déclare , en terminant, 
qu'il se réserve de présenter, s’il le juge opportun, dans une note écrite, les 
remarques qu'il vient de faire. 


Mécanique. — Îote sur une propriété générale des formules relatives aux 
attractions des sphéroïides ; par M. Poisson. 


« Soient C le centre d’une sphère, M un point quelconque de sa masse, 
1 son rayon, x cette masse. Désignons par x, y , z, les trois coordonnées 
rectangulaires du point M, et par a, b, c, celles du centre C. Soient aussi 
r le rayon CM, 8 l'angle qu'il fait avec une parallèle à l'axe des x, menée 
par le point C, A l'angle compris entre le plan de cet angle et le plan 
mené par le même point et parallèlement à celui des x et z. Nous aurons 

æ—=a+rcost, y—b+#+rsinüäsin®y, z—c+rsin6 cos. 
Au point M, l'élément de la masse de la sphère pourra être représenté par 
er° sin 0 dr dô dY, 


(1) Correspondance sur l’École Polytechnique. T. III, p. 367. 
(2) Nouveaux Mémoires de Gottingue. T. Il. 
(3) Par erreur, j'ai mis 1812 au lieu de 1809 en citant la date de son Mémoire dans 
mon premier article. 
1e 


(4) 
en désignant par p la densité en ce point; laquelle densité sera supposée 
une fonction quelconque de r, indépendante de 6 et À. 
» Les points de la sphère sont tous situés en dehors d'un sphéroïde de 
forme quelconque, homogène ou hétérogène, dont les points attirent ceux 
de cette sphère en raison inverse du carré des distances. Cela étant, soient 


PAT, 2, Pr Tr) 8(& T2) 
les trois composantes de l'attraction du sphéroïde sur le point M, paral- 
lèles aux axes des x, y, z. On aura toujours 


L x F 
frfe (x, j, z)rr° sin 6 dr did} = pp (a, b, c), 
o Le o 
I Fr La 
; Ÿ. “fa (x, 7» 2)pr°sin 0dr dd) = np'(a, b, ©), 
o o o 


L Tr T 
f RTE g"(x, >, 2)er*sin0 dr düd} = pg"(a, b, c), 
o o 0 


où l’on désigne, à l'ordinaire, par 7 le rapport de la circonférence au 
diamètre. 

» Silon représentepar f(x, y, z) la somme des masses de tous les points 
du sphéroïde, divisées par leurs distances respectives au point M, les dif- 
férences partielles de cette fonction seront, comme on sait, les compo- 
santes de l'attraction de ce corps sur ce point, et l’on aura également 


FÉES z) er? sin 8 dr dû d} = mf(a, b, c). 


» Ainsi les fonctions @, ®’, 9", j, jouissent, parcelaseulqu’elles provien- 
nent de l'attraction en raison inverse du carré des distances, de la pro- 
priété qu’étant soumises aux intégrations triples qui sont indiquées dans 
ces équations, elles redeviennent, à un facteur constant près, les mêmes 
fonctions des valeurs a, b, c, de x, y, z. Ce facteur w a pour valeur 


L 
k = fx [° er°dr. 
Le) 


» On démontre immédiatement les équations précédentes par une 
considération fort simple. En effet, soit M' un point quelconque du corps 
attirant; l'attraction de la sphère sur ce point, situé en dehors de sa masse, 
sera, comme on sait, la même que si cette masse y était concentrée au 
point C; la réaction du point M’ sera donc la même que l’action de M’ 
sur cette masse réunie au centre C; par conséquent, l'action de tout le 
sphéroïde sur la sphère entière se réduira, en grandeur et en direction, à 
l'action de ce corps attirant sur un point matériel 4 dont a, b, c, seraient 


(5) 
les trois coordonnées; résultat qui n’est autre chose que la traduction des 
trois équations qu'il s'agissait de démontrer, et dont je me réserve de dé- 
velopper les conséquences dans une autre occasion. 

» Cette démonstration présente un exemple remarquable des cas fort 
rares dans lesquels le simple raisonnement, ou ce qu’on appelle la méthode 
synthétique, a un grand avantage sur l’analyse; car il serait au moins très 
difficile de démontrer, dans toute leur généralité, les équations précédentes 
au moyen de l'analyse mathématique, ni même de les vérifier, lorsque les 
fonctions , 9’, ", f, sont elles-mêmes des intégrales triples, ou seulement 
des intégrales doubles ou simples. On y parviendrait peut-être, mais fort 
péniblement, en développant la fonction f suivant les puissances de r. 

» Si le sphéroïde était un ellipsoide homogène, et que tous les points 
de la sphère fussent compris dans son intérieur, on aurait 

DRAP D C7, 

en désignant par À, B, C, des quantités constantes. Dans ce cas particulier, 
les équations dont il s’agit, auraient lieu évidemment; mais comme la dé- 
monstration de ces équations qu’on vient de donner, ne convient pas au 
cas où la sphère a des points situés dans l’intérieur du corps attirant, 
nous ne pouvons pas savoir si ces mêmes équations subsistent, lorsqu'il 
s’agit d’une sphère contenue, en tout ou en partie, dans un sphéroïde 
quelconque. » 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Remarque au sujet d'un article de M. Biot sur 
les hauteurs relatives des signaux terrestres conclues de leurs distances 
zénithales réciproques ; par M. Purssanr. 


« Une Note de M. Biot, commuuiquée à l’Académie dans son avant-der- 
nière séance, et insérée dans le Compte rendu du même jour, est relative à 
cette question : Déterminer la différence de niveau de deux stations par 
des distances zénithales réciproques observées simultanément, et accompa- 
gnées de mesures barométriques et thermométriques. 

» Notre honorable confrère prend wniquement pour base de sa première 
solution un principe de physique , savoir : que les vitesses de la lumière 
aux deux extrémités de la trajectoire sont réciproquement proportion- 
nelles aux perpendiculaires abaissées du centre des forces sur les tan- 
gentes à cette courbe aux mêmes extrémités; et il en déduit aisément la 
différence de niveau cherchée qu'il regarde comme étant déterminée avec 
plus de précision que par le procédé usité. 

» Désireux de connaître cette nouvelle manière si différente de celle de 


(6) 

M. Laplace, de résoudre le problème énoncé, j'ai suivi attentivement les 
calculs analytiques de M. Biot, et j'ai cru m’apercevoir que sa solution était 
incomplète et ne jouissait pas, à beaucoup prés, des avantages qu'il lui àt- 
tribue. D'abord, en supposant nulle la quantité qu’il désigne par « (p.845), 
jai vu que son équation (X), qui devient alors simplement fonction des 
hauteurs apparentes, conduisait à une expression inexacte de la diffé- 
rence de niveau. Ensuite, en passant à des applications numériques pour 
le cas général, j'ai remarqué que les résultats obtenus par sa méthode et 
bien vérifiés n'étaient point d'accord avec ceux dont l'exactitude ne peut 
être révoquée en doute (*). C'est là un fait qui me paraît certain et qui 
mérite, ce me semble, d'attirer l'attention de M. Biot; aussi voilà pourquoi 
je m'empresse de le signaler, afin qu’il examine de son côté. 

» Quant à sa seconde solution, elle consiste uniquement dans l’emploi 
de la formule trigonométrique connue, laquelle ne donne pas, selon lui, 
une précision suffisante quand on veut en déduire la vraie hauteur rela- 
tive de deux points situés aux extrémités d’une long ue chaîne de triangles, 
et à cet égard je ne puis partager son opinion. A la vérité, cette formule 
contient la demi-différence des réfractions qui se sont manifestées aux 
deux stations comparées, et en égalant cette demi-différence à zéro, comme 
on le fait toujours à défaut d'observations météorologiques, on commet, 
théoriquement parlant, une petite erreur; mais rien n’est -plus facile que 
de l’apprécier avec assez de justesse en ayant recours à l'expression du 
coefficient de la réfraction terrestre donnée au chapitre 2 du livre X de la 
Mécanique céleste. C'est ainsi que l'on se convaincra que cette erreur 
n'excède jamais un mètre dans les cas les plus défavorables qui sont ceux 
qu'on évite, et qu'il est presque toujours inutile de la prendre en consi- 
dération. 

» En effet, si l’on adopte la notation de M. Biot, la différence de niveau 
cherchée sera en général 

: GE dd 
r'—r = en + r° (d"—0") tang : Vsin1”, 
d" et d'exprimées en secondes de degré étant respectivement les réfrac- 
tions à la première et à la deuxième station; et d’après l'ouvrage cité, 
l'on a 
d'—=mhV,  M—mh"V, 


(*) La valeur de # qui est fonction de la différence des hauteurs du baromètre et qui 
doit être définitivement multipliée par le double du rayon de la Terre, a d’ailleurs trop 
d'influence sur la différence de niveau pour ne pas y jeter une grande incertitude. 


(V7) 


m étant un cofficient dont M. Laplace fixe la valeur à 571,551, et A dési- 
gnant le pouvoir réfringent de l'air sec correspondant à l'unité de la den- 
sité , etc., lequel est à Paris, selon les expériences de MM. Biot et Arago, égal 
à 0,000147192. Ainsi, en calculant les densités p’ et p” pour l’état actuel 
de l’atmosphère, on aura tout ce qu'il faut pour évaluer approximative- 
ment le second terme très minime de la formule précédente. 

» Cette solution trigonométrique est si simple, si élémentaire, et je diraï 
même d’une exactitude si satisfaisante, comme le prouvent maints exem- 
ples que je pourrais citer, qu'il n’y a réellement aucune raison pour er 
désirer une autre.» 


CHiRurGIE. — De l'influence de la température de l'atmosphère sur la 
cicatrisation des plaies, suites d’amputation; par MM. Bnescaer et 
Juzes Guxor. 


« Le docteur Jules Guyot et moi, nous faisons en ce moment, à l'Hôtel- 
Dieu, dans les salles Saint-Côme et Sainte-Jeanne, des expériences qui 
peuvent acquérir une certaine importance pratique; déjà les deux pre- 
mières observations donnent des résultats assez remarquables pour qu'ils 
m'aient paru dignes d’être communiqués à l’Académie. 


» Dès l’année 1833, M. Jules Guyot avait fait un grand nombre d’ex- 
périences, d'abord sur les animaux, puis sur l’homme, pour résoudre 
cette question générale: Quelle est l'influence thérapeutique de la chaleur 
atmosphérique dans la cicatrisation des plaies? Il a consigné les résultats 
obtenus dans un premier Mémoire présenté à l’Académie des Sciences, 
et publié en 1835 dans les Archives générales de Médecine. Depuis cette 
époque, il a continué ses recherches et ses expériences. 

» Vers la fin du mois de mai dernier, M. Jules Guyot vint me demander 
de lui confier le traitement, par la chaleur, de quelques tumeurs blanches. 
Je lui accordai volontiers sa demande, persuadé qu’il ne pouvait en ré- 
sulter que des conséquences avantageuses pour les malades. 

» Cependant, je lui proposai d'appliquer un de ses appareils à la cuisse 
d’une jeune malade que j'allais amputer : il accepta avec empressement 
ma proposition, en m’assurant que le principal but de toutes ses expé- 
riences avait toujours été d'arriver à de pareilles applications, convaincu 
qu'il était que les amputations de la cuisse et des membres, opérations si 
dangereuses dans une foule de circonstances, perdraient toute leur gravité 
par l'emploi convenable et bien dirigé de ce procédé. 


(8) 

» En conséquence, nous trouvant parfaitement d'accord, et également 
désireux d'enrichir la science chirurgicale d’un nouveau mode de panse- 
ment, nous sommes convenus de poursuivre avec constance l'étude de 
l'action de la chaleur atmosphérique, maintenue à 36° centig. sur les 
plaies graves, et particulièrement sur les plaies résultant des amputations. 

» L'appareil employé pour produire et entretenir une atmosphère 
chaude, circonscrite ét constante, est fort simple, peu volumineux, peu 
dispendieux et d’une application facile. Il peut varier d’étendue et de 
forme , suivant Les besoins : le plus généralement il consiste dans une boîte 
cubique dont la paroi, tournée du côté du moignon, est supprimée ; une 
pièce de toile clouée au pourtour en tient lieu. Cette toile forme une es- 
pèce de sac conique dont la base embrasse la boite, et dont le sommet 
vient s’enrouler autour du membre, et s’y fixer par des cordons, lorsque le 
moignon est placé dans la boîte. La paroi inférieure de cette boîte repose 
dans le lit, la paroi supérieure s'ouvre et se ferme à volonté; elle est mu- 
nie d’une vitre pour suivre les progrès de la plaie. Un thermometre placé 
en dedans indique constamment le degré de température; la paroi externe 
reçoit un tube de fer-blanc, d’abord horizontal pour sortir du lit, puis 
vertical pour s'adapter au verre d’une lampe ordinaire. Au coude formé 
par cette cheminée, se trouve une porte à coulisse qui laisse échapper la 
chaleur excédante produite par la lampe, par une ouverture qu’on aug- 
mente ou qu'on diminue à volonté. Tout l'appareil est fixé au lit par de 
simples rubans de fil. 

» L'appareil est ainsi disposé dans le lit, et déjà chauffé lorsqu'on y 
place le moignon du malade immédiatement après l'opération; un coussin 
de balle d'avoine, couvert d’un drap et de compresses , préserve le membre 
du contact du bois, et élève la plaie libre et sans pansement dans l'air 
chaud. Cette plaie doit rester sans être touchée, changée ni pansée dans 
la température sèche à 36° centig., jusqu’à parfaite guérison. 

» Telles sont, en peu de mots, les condititions générales de ce mode de 
traitement. Il surgit dans chaque cas particulier des indications spéciales, 
mais qui ne doivent jamais déroger ou que très peu, et pour un instant 
tres court, aux principales règles susdites. TN 

» Apres ces préliminaires, j'arrive aux deux cas actuellement en 
étude. 

» Le lundi, 18 juin, je procédai à l'amputation de la cuisse droite de 
la nommée Pauline Cartier, ägée de 14 ans, entrée le 3 avril à la salle 
Saint-Côme où elle occupe le lit n° 30. Depuis l’âge de 7 ans, elle était 


(9) 


affectée d’une carie tuberculeuse des condyles du fémur : un trajet fistu- 
leux donnait encore, au moment de l’opération, une suppuration abon- 
dante et sanieuse : la jambe était fléchie presque complétement sur la 
cuisse. Malgré la constitution éminemment lymphatique de cette jeune 
fille, l’état général de sa santé était satisfaisant. L'opération ne présenta 
aucune difficulté, et le moignon offrait les meilleures dispositions. Le pan- 
sement fut arrêté entre M. Guyot et moi : il consista dans le rapproche- 
ment de la peau par cinq bandelettes de diachylon très étroites et dans 
l'application d’une petite bande roulée autour de la cuisse. La plaie fut 
ainsi placée à nu dans l'appareil à 35° centig. Pendant les trois pre- 
miers jours il s’en écoula une eau rougeâtre fort abondante ; dans les deux 
jours suivants cette eau prit une teinte blanche et un aspect puriforme : 
elle ne provenait pas de la surface extérieure , mais elle s’échappait par la 
partie inférieure de la plaie, venant de ses profondeurs. Les bandelettes et 
la bande furent ôtées le quatrième jour; la réunion était opérée, excepté 
inférieurement où l’on avait évité d'établir le contact immédiat. Point 
d’inflammation, point de sensibilité exagérée, point de tuméfaction. Le moi- 
gnon resta ainsi sans aucun soutien ni rapprochement pendant trois jours 
où le pus devenait de plus en plus rare et de plus en plus consistant. Le 
huitième jour, nous réappliquämes une bande roulée et trois bandelettes 
éloignées de tout contact de la plaie par des compresses graduées : cette 
plaie resta toujours sèche dans ses trois quarts supérieurs et couverte 
d’une croûte. Le neuvième jour la suppuration était à peu près nulle, le 
moiïgnon de plus en plus solide, la plaie se rapprochant et diminuant de 
longueur : le même progrès continua jusqu’au douzième jour où les li- 
gatures tombérent; le quatorzième jour la suppuration était nulle, et le 
quinzième, aujourd’hui lundi 2 juillet, la plaie est presque entièrement 
cicatrisée : elle n’a plus qu’une ligne de largeur et quinze à vingt lignes 
de longueur. 

» Ces effets locaux sont sans doute remarquables, puisque, sans douleur, 
sans tuméfaction, presque sans suppuration, la plaie de l’amputation par- 
courait ses périodes de cicatrisation avec une régularité et une rapidité 
extraordinaires; mais les effets généraux sont encore plus dignes d’atten- 
tion. Aucun mouvement fébrile après l'opération, et aucune fièvre le len- 
demain; point d’altération dans les traits; aucune diminution dans les 
couleurs et l’embonpoint; aucun trouble dans les fonctions digestives, 
puisque dés le premier jour la malade prit des bouillons, le deuxième jour 
des potages, le troisième du poulet, et le quatrième jour elle était au 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T, VII, N° 1.) 2 


(10) 


régime à peu près ordinaire. Les nuits ont été constamnient occupées par 
un sommeil tranquille, et le même état de prospérité s’est maintenu jus- 
qu’à ce jour, où il est porté au plus haut degré. 

» Si l'appareil reste appliqué jusqu’au vingtième jour, ce sera seulement 
pour consolider la cicatrice. Lorsqu'on ôtera l'appareil, le:moignon sera 
enveloppé dans plusieurs doubles de ouate pendant huit à dix jours pour 
conserver la ehaleur naturelle du membre et préserver le moïgnon de tout 
refroidissement. 

» La seconde observation.est fournie par un serrurier âgé de 61 ans, le 
nommé Thémain (Antoine), placé au n° 24 de la salle Sainte-Jeanne. Cet 
homme avait eu à la suite. d’une chute une entorse avec déchirure des 
ligaments articulaires ; il survint un énorme abcès de. l'articulation de la 
jambe et du pied : cet aboës fut ouvert par deux incisions latérales, mais 
déjà la couleur terreuse de la peau du visage, l’état fébrile continuel, la 
sécheresse de la langue, la prostration des forces.et l’abattement faisaient 
craindre un commencement de résorption purulente; le pus.qui s'écoulait 
était très abondant , sanieux, fétide. 

» L’amputation de la jambe, au lieu d'élection, fut pratiquée le 
22 juin 1838. La peau était molle et flasque, infiltrée; les muscles presque 
sans rétractilité; le, sang artériel.très.liquide; noir, ressemblait à du sang 
veineux; l'artère tibiale était ossifiée, M. Guyot demanda que la réaniou 
immédiate ne füt point pratiquée, et nous nous contentâmes de soutenir 
un peu la peau et les chairs par quatre bandelettes, qui laissaient un es- 
pace de 18 lignes environ entre. les lèvres de la plaie, une simple bande 
roulée assujétit ces bandelettes, et le malade fut ainsi placé dans l’appa- 
reil chauffé à 35° centig. J'ordonnai trois bouillons «et de la limonade 
vineuse. Le lendemain le malade nous déclara qu'il n'éprouvyait aucune 
des vives souffrances qu’il ressentait auparavant ; que sa plaie ne lui cau- 
sait aucune douleur et qu'il avait un très vif appétit. En effet, son pouls 
n’indiquait pas la moindre tendance à Ja fièvre, la langue redevenait hu- 
mide et rose, le teint s’éclaircissait,.son visage n’avait plus rien de l’abat- 
tement antérieur : je lui fis donner trois potages. Le troisième jour l’état 
général était de plus en plus satisfaisant, et j'accordai du poulet.et un peu 
de pain. Enfin ces bonnes dispositions n’ont fait qu'aller.en augmentant 
jusqu'à ce jour, le neuvième à partir de l'opération; seulement le malade se 
plaint d’une douleur au sacrum, et, en effet, une ulcération s’est ouverte 
en ce point par suite du décubitus sur:le dos prolongé depuis trois mois. 

» L'état local n'offre pas-un progrès aussi rapide que chez la jeune fille : 


| (ir) 
pendant cinq jours le moignon fut couvert de croûtes brunes et adhé- 
rentes, sans suppuration : au sixième jour les croûtes furent détachées et 
la suppuration commença. L'aspect de la plaie était très bon, rose, sans 
inflammation, sans excès de sensibilité; la bande roulée et les bande- 
lettes furent changées; le huitième et le neuvième jour le travail de cica- 
trisation commence; rien ne peut faire présumer que le malade, malgré 
les circonstances défavorables où il se trouvait n’arrive pas à guérison. 
» Je communique ces deux premiers faits en mon nom et au nom du 
docteur Jules Guyot. J'aurai soin de tenir MAradenne des Sciences au cou- 
rant de nos SAPÉHENGES subséquentes. » 


Note de M. Larrey à l'occasion du précédent Mémoire. 


« M. Larrey fait quelques remarques sur les observations de MM. Bres- 
chet et Guyot. 

» La première porte sur ce qu’il avait déjà observé pendant la mémo- 
rable expédition d'Égypte, que la chaleur de ce climat, qui s'élève habi- 
tuellement, dans le jour, de 36 à 35 et 40° centig. (à l'ombre), avait eu une 
grande et salutaire influence sur les plaies que nos soldats avaient reçues 
de l'ennemi, comme sur celles qui résultaient des opérations chirurgi- 
cales, en sorte qu’au lieu d’une quarantaine de jours que celle résultant 
de l'amputation d’un membre met à parcourir ses périodes pour arriver à 
une cicatrice complète et parfaite (en supposant, toutefois, qu’on ne l'ait 
pas réunie par première intention), cette cicatrice s’obtenait en Égypte ! 
toutes choses égales d’ailleurs, en 21 ou 25 jours au plus. Ainsi le tra- 
vail de la nature était abrégé de près de la moitié du temps qu’elle est 
obligée ordinairement dy consacrer dans les climats froids ou tempé- 
rés; mais il faut ajouter à cette propriété tonique et absorbante de la 
chaleur sèche et atmosphérique, le mode de pansement et l’inamovibilité 
de l'appareil (x). 

» 2° remarque. M. Larrey ne pense pas que la chaleur artificielle appli- 
quée directement sur la plaie d’un membre coupé, ait les mêmes propriétés 
que la chaleur atmosphérique. On avait déjà fait usage de cette premiere , et 
sous différentes formes, aux xvu° et xviu° siècles: tel a été l'exercice a 
feu (des charbons ardents qu’on promenait à distance sur les plaies) ; 
vapeur sèche ou humide élevée à divers degrés qu’on y dirigeait. 


(1) Poyezla page 35 et suivantes du 2° rolume de ses Campagnes. 


/ 


(13) 

» Sans doute que ces applications sont difficiles à faire avec la pré- 
cision convenable, afin d'obtenir les avantages que l’on peut désirer, 
M. Larrey pense qu'il vaudrait beaucoup mieux, dans les cas supposés, 
laisser agir lentement la nature, avec l'attention de la seconder comme 
il le recommande dans sa clinique chirurgicale, par linamovibilité de 
l'appareil qui doit se composer, en hiver, de pièces ou bandes de fla- 
nelle dont les médecins anglais font nn grand usage, et par un régime 
approprié. 

» 3° remarque. Enfin, M. Larrey ajoute que la cicatrice des plaies qui 
n'ont pas été réunies immédiatement par première intention, ne com- 
mence jamais avant le dix-huitième où dix-neuvième jour; sa marche peut 
être ensuite plus ou moins rapide selon plusieurs circonstances. Il a lieu 
de craindre que celle qu’on a annoncée avoir eu lieu chez le sujet de la 
première observation au douzième jour de l’opération, ne soit qu'un des- 
séchement de la plaie et non une vraie cicatrice (1). Au reste, l'expérience 
fera vérifier cette crainte ou confirmera le résultat énoncé. » 


goranIQuE. — ÂVotice sur l’Isoëtes du midi de la France et le Marsilea 
Fabrii; par M. Bonv ne Samnr-Vincenr. 


« Ayant, pour vérifier les travaux de M. Delile sur l/soëtes, et de 
M. Esprit Fabre sur l’espèce nouvelle de Marsilea qui porte le nom de 
cet observateur , cultivé dans de petites marres artificielles ces deux plantes 
intéressantes, j'ai fait à leur sujet les remarques suivantes, qui avaient 
échappé à tous les botanistes qui se sont occupés d'elles. 

» La foliation de l’Isoëtes de Montpellier se développe sans déroulement, 
comme celle des Joncées ou-des Graminées aquatiques, et non à la ma- 
nière des frondes en crosse des Fougères, ce qui établit une affinité de plus 
entre les Isoëtes et les Lycopodiacées. / 

» Le Marsilea du mème pays, plus petit dans toutes ses parties que 
l'espèce commune et que le nom de quadrifolia ne caractérise plus, puisque 
toutes ces marsiles portent quatre folioles, a le point terminal du pétiole 
où s'implantent ces folioles d’un rose vif; celles de ses feuilles qui s’é- 
lèvent au-dessus de l’eau sont sujettes à un sommeil aussi remarquable que 
celui des Mimosa et de la plupart des légumineuses. Aucune fougère ou 
autre cryptogame n'avait encore été signalée comme se fermant à telle ou 


(1) Voyez à l’article Généralité des Plaies, tome premier de l’ouvrage précité , le 
mode de cicatrisation de ces solutions de continuité. 


(15) 

telle heure de la journéé, pour persister dans cet état toute la nuit. Après 
six heures du soir, dans cette saison, les quatre folioles, dont chaque 
fronde se compose , se redressent, et s'appliquent aussi étroitement paire 
contre paire que le font les ailes de l’'Æedysarum gyrans, les folioles de 
la Sensitive , ou celles des Trèfles; mais point dans une situation pen- 
dante comme dans les Oxalides qui dorment aussi et qui sont des genres 
où ce qu'on appelle le sommeil des plantes est si manifeste. » 


 PALÉONTOLOGIE et zooLocir. — Lettre de M. Georrroy-Sarnr-Hicaime sur 
les ossements humains provenant des cavernes de Liége, et sur les 
modifications produites dans le pelage des chevaux par un séjour 
prolongé dans les profondeurs des mines. 


« j'ai eu l'honneur de vous promettre quelques observations sur les fos- 
siles de Liége, de feu le professeur Schermidt, qui sont célèbres, et dont 
on parle dans l'Université de Liége, sous le nom d'ossements de l'homme 
antédiluvien. Ce mot contient une théorie admise, ici à Liége, par une 
corporation universitaire de quarante-cinq membres. J'ai vu les faits, et 
avant de les rappeler et de les caractériser avec une rigoureuse précision, 
j'ai moins de penchant à les présenter dans une dissertation philosophique 
que je ne l'avais espéré d’abord. 11 faut plus de calme et plus de médita- 
tion attentive pour cela que n’en permet le tumulte d’une position de 
voyageur. 

» L'ouvrage philosophique sur ces découvertes est d’un savant que le doute 
philosophique animait principalement, et qui ne fut point assez bien servi 
par le dessinateur qu’il employait. Le crâne humain est un peu plus long 
que ne le fait connaître la figure de l'ouvrage. J'ai accepté de M. le pro- 
fesseur Morren qu'il le dessinerait de nouveau et qu'il m’adresserait 
son œuvre à mon retour à Paris. L'aspect des os humains diffère peu de 
celui des ossements des cavernes que nous connaissons, et dont il y a, 
dans le même local, une collection considérable. À égard de leurs formes 
spéciales, comparées à celles des variétés de crânes humains récents, il y a 
peu d’inductions certaines à produire; car de beaucoup plus grandes diffé- 
rences existent entre les divers échantillons des variétés bien caractéri- 
sées , qu'entre le crâne fossile de Liége et celui d’une de ces variétés choisie 
pour terme de comparaison. 

» Je me borne pour le moment à ces vagues documents. 

» Jai recueilli, dans la même vallée où coule la Meuse, à trois lieues au-" 


(14) 

dessous de Liége, une observation plus piquanté par l'accessoire de ses 
relations que par sa nouveauté et son caractère philosophique. Admis à 
titre de faveur à visiter les prodigieux établissements de Seraing, à voir 
en réalité les travaux sur-humains que les fables de la mythologie attri- 
buaient à Vulcain et à ses forgerons, je n’ai appris qu'au moment de 
quitter l'immense manufacture de M. Cokerill, qu'il employait, pour le trait 
de ses charriots chargés, au fond de ses houillères, des chevaux, restés 
dans des galeries, à plus de mille pieds de profondeur, treize années sans 
sortir de la mine, et qu’il en était résulté une modification très notable 
quant à la nature du poil de ces animaux. Ÿ 

» Je me rendis le lendemain aux houillères de Van Benoist, plus voisines 
de Liége, pour vérifier ces circonstances; car il y avait là aussi des che- 
vaux vivant sous terre. Je descendis dans cette houillère avec M. le profes- 
seur de métallurgie, A. Lesoigne, intéressé dans le travail de l'exploitation; 
mais les chevaux n’avaient que deux à trois ans de séjour dans la mine, 
et quoiqu'il y eüt manifestement des changements analogues à ceux des 
chevaux de l'usine de Seraing, je ne puis rapporter l'observation concer- 
nant ces derniers que sur oui-dire et sur le récit du savant manufac- 
turier qui dirige l'exploitation. Or, les chevaux avaient leurs poils plus 
touffus, d’un noir partout uniforme, moelleux, et produisant au toucher 
le même sensation que ceux des peaux de taupe. On ajoutait : telle est 
Finfluence de la localité s’exerçant incessamment. M. le professeur Morren 
suivra cette observation et m'adressera de ces poils. . 

» On ne devait point s'attendre à un effet aussi prompt de modifications 
épidermiques, chez des chevaux introduits adultes dans les abimes souter- 
rains des mines à charbon de terre, et qui, à raison de cette circonstance, 
devaient être plus ou moins réfractaires à ces modifications. 

» Sans doute, c'est ce qu'on observe sur un fruit contrarié dans son dé- 
veloppement, sur tous les végétaux qui sont ou rabougris ou démesuré- 
ment agrandis : ce sont là, ajoute chaque observateur isolé, des effets de 
circonstances locales. Maïs, pourquoi pas cette généralité prononcée abso- 
lument? Tout corps organisé obéit à son développement virtuel, qu'il 
tient de son essence originelle; mais en même temps, il ne se développe 
que de la manière que le prescrit son milieu ambiant. C’est dans le vo- 
lume XII des Mémoires de l'Académie, que 'je rédigeai une dissertation 
sur l'action des milieux ambiants comme modificatrice des corps orga- 
niques. Alors c'était nouveau, c'était nécessaire pour combattre une loi gé- 
nérale, prétendue telle pour la zoologie, que l'espèce est d’une donnée 


(15) 
imuable. Tout notre édifice zoologique est encore fondé uniquement sur 
ce: principe. faux. Aujourd'hui, le principe est abandonné; mais il ne se 
présente personne pour porter la réforme dans tous les cas où elle est 
nécessaire. Attendons cela. du temps, et , jusque là ; recueillons les en- 
seignements de tous les faits comme dans l’exemple, ici rapporté, de che- 
vaux qui, vivant, sous quelques rapports à la manière de la taupe, s'em- 
preignent de. modifications analogues. » 


M. Pourzzer continue la lecture de son Mémoire sur la chaleur solaire, 
sur les pouvoirs rayonnants et absorbants de l'atmosphère, et sur la tem- 
pérature de l'espace. F 


M. Durrocaer adresse un paquet cacheté portant pour suscription : 
Résumé de mes expériences sur la température des végétaux. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


RAPPORTS. 


Rapport sur le concours pour le prix de sratisrique de 1833. 


(Commissaires ; MM. Mathieu, Silvestre, Poisson, Cordier, 
Costaz rapporteur.) 


Ce rapport devant être imprimé à part, et avec les autres rapports qui 
seront. faits sur_les prix décernés par l’Académie, nous nous bornerons à 
indiquer ici le nom des deux auteurs entre lesquels le prix a été partagé, 
ainsi que le titre de leurs ouvrages. 

Ce sont : 

M. Vicar, pour son. ouvrage intitulé : Recherches statistiques sur les 
substances calcaires. propres à fournir des chaux hydrauliques et des 
ciments, dans les bassins du Rhône et de la Garonne ; 

Et M. Denonrerran, pour son Essai sur les lois de la population et de 
la mortalité en France. - 


A l'occasion de ce dernier mémoire, M. Moreau de Jonnès demande à 
présenter des remarques dont le but est de prouver que les lois établies 
par M. Demonferrand auraient besoin d’être modifiées, attendu que les 


(16) 

éléments sur lesquels il les a établies, et qui étaient les- seuls dont il püt 
disposer lorsqu'il a fait son travail , seraient eux-mêmes entachés de graves 
inexactitudes. 

L'heure étant trop avancée, cette communication est renvoyée à la 
prochaine séance. 

Quelques membres demandent que les développements à l'appui de 
l'opinion émise par M. Moreau de Jonnès soient entendus en comité se- 
cret ; l'Académie consultée sur cette question la résout négativement. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CHIRURGIE. — Reétrécissements de l'urètre. 


M. Leroy »’'Ériozes, en présentant à l’Académie de nouveaux énstru- 
ments pour le traitement des rétrécissements de l’urètre , rappelle les diffé- 
rentes formes sous lesquelles ces affections peuvent se présenter, et s’attache 
à prouver que le même procédé opératoire ne peut convenir pour toutes. 

« Suivant les cas, dit-il, il conviendra d’avoir recours, soit au cathé- 
térisme forcé avec la sonde conique, soit à la dilatation graduée à l’aide 
des bougies. Quelquefois l'emploi du caustique sera indiqué ; d’autres fois 
il y aura plus d'avantages à recourir à la scarification ou même à la déchirure. 
Il est pour moi bien démontré, ajoute-t-il, que si, malgré les efforts d’une 
foule de chirurgiens distingués, la thérapeutique des rétrécissements de 
l’urètre n’est pas encore assise sur des bases fixes, c’est que l’on a cons- 
tamment voulu appliquer un même traitement à tous les cas. Il y a vingt 
ans, la dilatation seule était pratiquée en France; Ducamp vint, et pendant 
les quinze années qui suivirent la publication de ses ingénieux travaux, 
le caustique fut appliqué dans tous les urètres indistinctement; aujour- 
d’hui se prépare une réaction inverse, 11 me semble que d’un côté comme 
de l’autre il y a exagération. 11 n'y a pas de méthode générale; toutes ont 
leurs opportunités plus ou moins fréquentes : la science consiste à les ap- 
pliquer à propos. » 


‘ 


{Commissaires , MM. Magendie, Larrey, Breschet. ) 


M. Roniisky adresse un troisième et un quatrième mémoire sur la 
météorologie. 
(Commissaires, MM. Arago, Mathieu.) 


(17) 


CORRESPONDANCE. 


M. ze Ministre DE La Guerre invite l’Académie à lui transmettre le 
plus promptement possible les Instructions pour la Commission chargée 
de l'exploration scientifique de l'Algérie. 

M. Arago remarque qu’il ne reste plus à soumettre à l’Académie que les 
conclusions générales du rapport, et fait connaître les motifs qui ont ar- 
rêté la Commission lorsqu'il s’est agi de rédiger cette dernière partie de 
son travail. 


M. Fe Manisrne DE L'Ivsrrucrion Pu8LIQUE consulte l’Académie sur l’uti- 
lité dont peut être la continuation des fouilles entreprises par M. Lartet , 
pour la recherche d’ossements fossiles. 

« Avant de prendre une détermination relativement à la demande qui 
m'a été faite par M. Lartet de lui accorder sur les fonds destinés à l’en- 
couragement des sciences, une subvention annuelle qui lui permette 
de continuer et d'étendre ses explorations, je désire, dit M. le Ministre, 
connaître l'opinion de l’Académie sur les deux questions suivantes : 

» 1°. Les recherches auxquelles M. Lartet se livre depuis quatre ans 
ont-elles procuré, en ce qui concerne la zoologie fossile, des résultats assez 
notables pour motiver d’autres encouragements, afin de l'aider à entre 
prendre de nouvelles fouilles sur une plus grande échelle? 

» 2°. Serait-il convenable d'étendre aux départements voisins les recher- 
ches qui, jusqu’à ce jour, avaient été limitées au territoire du départe- 
ment du Gers, et pourrait-on ainsi espérer de compléter l'ensemble des êtres 
organisés dont les débris se trouvent disséminés dans le grand bassin du 
sud-ouest de la France? » 

MM. Duméril, de Blainville, Flourens sont chargés de faire un rapport 
sur les questions posées par M. le Ministre. 


ANATOMIE coMParRÉE. — Séructure intime des dents. 


M. Berzus adresse une Note écrite en français, dans laquelle sont ex- 
posés les principaux résultats auxquels l’ont conduit ses recherches sur ce 
point d'anatomie. 

M. Flourens, dans une des prochaines séances, donnera une analyse du 
travail de M: Retzius. : 


C.R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N° 4.) 3 


(18) 


Parnorocie. — ÎVote sur une altération du poumon observée chez un 
Agouti; par M. Bazn. 


L'auteur, qui a déjà adressé à l’Académie des recherches relatives à la 
structure des organes respiratoires, annonce qu'il s'occupe depuis plusieurs 
années des altérations que présentent ces mêmes organes chez les trois 
premières classes d'animaux vertébrés. « Les animaux conservés dans les 
ménageries succombent, dit-il, fréquemment par suite d’affections pulmo- 
naires , et depuis trois ans que je poursuis mes recherches dans le labora- 
toire d'anatomie comparée du Muséum, ces maladies se sont présentées à 
mon observation sous les formes les plus variées. Toutefois, un cas qui ne 
ressemble en rien à ceux que j'avais étudiés jusqu’à présent, vient de 
m'être offert par un Agouti, mort à la ménagerie le 18 juin 1838. 

» Cet Agouti est mort pneumonique. Les sept lobes de son poumon 
étaient plus ou moins hépatisés; et les deux lobes postérieurs qui, seuls, 
forment les deux tiers du poumon, étaient à l’état d'hépatisation grise ou 
prêts à entrer en suppuration. Mais ce qui a frappé mon attention, c'est 
un réseau d'apparence vasculaire, presque semblable à celui d’une injec- 
tion des lymphatiques qui aurait bien réussi. On aperçoit quelques gra- 
nulations miliaires disséminées au milieu des mailles du réseau ; et vers la 
partie supérieure de ce lobe, la matière qui remplit les vaisseaux paraît 
avoir transudé et s'être épanchée, de sorte que l’on ne distingue plus que 
faiblement la trace des vaisseaux. 

» J'ai essayé d’injecter ce réseau avec du mercure, et bien que l’état de 
plénitude des vaisseaux se soit opposé au cours du métal, l'injection a 
cependant suffisamment réussi pour m'autoriser à penser qu'il était bien 
réellement vasculaire. Mais je n'ose affirmer qu'il doive être attribué ex- 
clusivement aux lymphatiques. La dissection m’a conduit au même ré- 
sultat, et m'a fait voir ces vaisseaux remplis d’une matière d’un blanc 
grisâtre qui se séparait difficilement de leurs parois, et dont la consis- 
tance était presque fibrineuse. » 


Géocrarmie. — Découvertes des Scandinaves dans le Nouveau-Monde , 
dans les quatre siècles antérieurs à Colomb. 


M. Rarx, en adressant à l'Académie ses ouvrages sur les rapports entre 
l'Ancien et le Nouveau Continent, pendant les x°, x1°, xu° et xrn° siècles 
(voir au Bulletin bibliographique) , annonce qu'il espère se procurer pro- 
chainement l'inscription découverte dans l'automne dernier sur la côte 


(19) 

orientale du Groënland, dans l'ile d’Idloarsut, près de Fingmiarmiut, par 
les 63° de latitude nord environ. Cette inscription, dont l’Académie a eu déjà 
occasion de s’occuper, et qui offrait pour des savants français un intérêt 
particulier en ce qu’on avait cru d’abord qu’elle pouvait avoir été tracée 
par des naufragés de /a Lilloise (voir le Compte rendu, tome V, pag. 636), 
est considérée par M. Rafn comme remontant à l'époque des anciens éta- 
blissements danois au Groënland. La question, d’ailleurs, ne saurait être 
décidée à l’aide des seuls renseignements fournis par les Esquimaux. Dès 
qu’on aura, à ce sujet, quelque donnée plus positive, M. Rafn s’empres- 
sera de la communiquer à l’Académie. 


M. »E Paravey adresse une nouvelle Note dans laquelle il est question 
des bitumes et asphaltes qu'on trouve dans diverses parties de la Perse et 
des pays voisins, des propriétés médicinales qu’on y attribue encore au- 
jourd'hui à quelques-uns de ces produits, et de l'usage qu’on a fait au- 
trefois de quelques autres dans certains genres de constructions. 


M. Gozpaoop adresse des réflexions sur la fhéorie des marées: 


A cinq heures moins un quart l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures, 
. F. 


Errata. (Séance du 25 juin.) 


Page 890, ligne 11, ouvrage sur l'OEnologie, par M. AUBERGIER, ajoutez les noms 
des commissaires : MM. Thénard, Robiquet, Turpin® 

908, 14, sur la surface externe de la couche par le petit cône, lisez sur 

une seconde sphère ayant Sr” pour rayon se 


(20 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences, n° 26, 1° semestre 1838, in-4°. 

Recherches sur les propriétés des courants magnético-électriques; par 
M. le professeur Auc. DE Larive; in-4°. 

Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg , tome 21, 
3° livraison in-4°. 

Maladies des Enfants , affections de poitrine. 1" partie, Pneumonie; par 
MM. Rincer et Barruez; Paris, 1838, in-8°, (Cet ouvrage est adressé 
pour le concours Montyon.) 

Histoire naturelle des fles Canaries; par MM. Wess et BerTHELOT; 
31° livraison, in-/°. < 

Galerie ornithologique des Oiseaux d'Europe; par M. »'Ornieny; 59° 
livraison, in-4°. 

Recherche sur la plus grande vitesse que l’on peut obtenir par la naviga- 
tion aérienne; par M. Dinion; Metz, in-8°. 

Encyclopédie Roret. — Ponts-et-Chaussées, 1" partie; Routes et Che- 
mins; IM=106. ’ 

Encyclopédie Roret.— Chimie agricole; in-16. 

Revue Zoologique; n° 6, juin 1838, in-8°. 

Répertoire de Chimie scientifique et industrielle; tome 4, mai 1838, 
in-6°., 

Annales françaises et étrangères d’Anatomie; 2° année, mai 1838, 
in-8°. 

Recueil de la Société polytechnique ; 3° série, maï 1838, in-8°. 

Journal des Sciences physiques, chimiques et Arts agricoles et indus- 
triels de France; 2° série, mai 1838, in-8°. 

Bibliothèque universelle de Genève ; n° 29, mai 1838, in-8°. 

Correspondance mathématique et physique, publiée par M. Quererer; 
5° série, tome 2, janvier 1838, in-8°. 

Résumé des Observations météorologiques faites en 1837 à l'Observa- 
toire de Bruxelles ; in-4°. 

Académie royale de Bruxelles. Bulletin; n° 4 et 5, in-82. 


(21) 

Programme des Questions proposées pour le concours de 1859, par l'4- 
cadémie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles ; in-4°. 

De l'influence des Saisons sur la mortalité aux différents âges dans 
la Belgique; par M. A. Quererer; in-4°. L 

Rapport sur les Observations des Marées, faites en 1835, sur différents 
points des côtes de la Belgique; par MM. BevparRE et Quererer; in-4°. 

Researches in.... Recherches en Assyrie, en Babylonie et en Chal- 
dée; faisant partie des travaux de l'expédition de l'Euphrate ; par M. W. 
Aissworta; Londres, 1838, in-8°. 

The Zoology.... Zoologie du voyage du Beagle, capitaine Firzroy, 
pendant les années 1832—1836. 2° partie, Mammifere; par M. G. W:- 
TERHOUSE; 1° numéro, in-4°, Londres, 1838. 

Antiquitates Americanæ sive scriptores septentrionales rerum ante-co- 
lumbianarum in America; publiées par la Société des Antiquaires du Nord; 
Copenhague, 1837, in-4°. 

Annaler.... Annales et Mémoires de la Société royale des Antiquaires 
du Nord; 1"° série, Copenhague, 1837, in-8°. 

Fæereyinga Saga.... Histoire des habitants des villes Feroë , dans le 
texte original Islandais, avec des traductions dans le dialecte des iles 
Féroë, en danois et en allemand; publiée par MM. Rarx et Moamxe ; Co- 
penhague, 1838, in-8°. 

Mémoire sur la découverte de l'Amérique au x° siècle; par M. Cu. Rarw: 
traduit par M. X. Marmier; Paris, 1838, in-8e. 

Die skelete.... Figures et descriptions des squelettes d'Oiseaux ; par 
MM. Dazrox père et fils; formant la 2° partie de l'Ostéologie comparée ; 
2° livraison de cette seconde partie ; Oiseaux de proie; Bonn, 1838, 
in-folio oblong. à 

Bericht über..... Analyse des Mémoires lus à l Académie des Sciences 
de Berlin et destinés à la publication; avril 1858, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 26, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 76—38, in-4°. 

Écho du Monde savant, 5° année, n° 345 et 347. 

La Phrénologie, 2° année, n° 9, in-8&. 

L'Expérience, Journal de Médecine, n° 47—48, in-8°. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 9 JUILLET 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Note de M. Ponsor, en réponse à l'auteur des Remarques insérées dans le 
Compte rendu de la séance du 2 juillet. 


« Le dissentiment qui existe entre cet auteur et moi, au sujet de la 
partie historique du problème de l'attraction d’un ellipsoïde sur un 
point extérieur, roule sur les trois propositions suivantes : 

» J'ai avancé : 

» 1°. Que M. Legendre avait résolu la question directement , c'est-à- 
dire, sans passer par le théorème de Maclaurin (1). (Compte rendu, 
page 860.) 

» 2°. Que M, Rodrigues , pour la démonstration du théorème de. Ma- 
claurin, auquel il ramène le cas des points extérieurs, a fait usage de la 
considération d’une couche infiniment mince , comprise entre deux surfaces 


(1) L’auteur, au contraire, avait avancé que, « pour le cas général, M. Legendre 
s’était contenté de donner une démonstration du théorème de: Laplace (lisez de 
Maclaurin), encore plus compliquée que celle de l’auteur (lisez de Laplace).» (Compte 
rendu, page 838.) 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° 2.) 4 


(24) 
semblables entre elles, et semblables à la surface de l'ellipsoïde dans 
lequel la couche est prise (1). 

» 3. Enfin, que la phrase de notre Rapport, où l’auteur a cru voir une 
inexactitude (Compte rendu, page 84o), est géometriquement et gram- 
maticalement exacte, et qu’il n’y a rien à y changer. 

» Je maintiens ces trois propositions. 

» Je les soumets à l'attention des géomètres, et j'espère qu'après un 
nouvel examen, l’auteur des Remarques lui-même se rendra à l'évidence, 
sans que j'aie besoin de lui signaler les erreurs sur lesquelles il a fondé 
sa prétendue réfutation de l'opinion que j'avais émise au sujet du travail 
de M. Rodrigues. » 


PHYSIQUE. — Mémoire sur la chaleur solaire , sur les pouvoirs rayonnants 
et absorbants de l'air atmosphérique , et sur la température de l'espace ; 
par M. Pouce. 


« Ce Mémoire a pour objet : la quantité de chaleur solaire qui tombe 
perpendiculairement, dans un temps donné, sur une surface donnée ; — 
la proportion de cette chaleur qui est absorbée par l'atmosphère dans le 
trajet vertical; — la loi de l'absorption pour diverses obliquités ; — la 
quantité totale de chaleur que la Terre reçoit du Soleil dans le cours d’une 
année; — la quantité totale de chaleur qui est émise à chaque instant 
par toute la surface du Soleil; les éléments qu'il faudrait connaître pour 
savoir si la masse du Soleil se refroidit graduellement de siècle en siècle, 
ou sil y a une cause destinée à reproduire les quantités de chaleur qui 
s’en échappent sans cesse; — les éléments qui permettraient de déterminer 
Sa température; —la quantité absolue de chaleur émise par un corps 
dont on connaît la surface, la température et le pouvoir rayonnant; — 
les lois de refroidissement d’un corps qui perdrait sa chaleur sans en re- 
cevoir; — les conditions générales d'équilibre de température d’un corps 
protégé par une enveloppe diathermane analogue à l'atmosphère; — la 
cause du refroidissement des hautes régions de l'air; — la loi de ce refroi- 
dissement; —la température de l’espace; — la température que l’on ob- 
RAR EMULE RER LE PCT RS, Pa hi en ue ia ent LL 

(1) Woyez, tome III de la Correspondance sur L'École Polytechnique, le commen- 
cement de la page 367, où l’on trouve ces mots : Considérons. une couche ellip- 
lique, etc, et voyez si cette couche n’est pas bien précisément celle qu’on vient de 


définir, et sila considération de cette même couche n’entre pas essentiellement dans 
la démonstration. 


(25) 
serverait partout. à la surface de la Terre si le Soleil ne faisait pas sentir 
son. action; — l'élévation de température qui résulte de la chaleur solaire; 
— le rapport, des quantités de chaleur que la Terre reçoit de la part du 
Soleil et de la part de l’espace ou de tous les autres corps célestes. 


» Il est difficile de résumer brièvement l’ensemble de ces recherches; je 
dois donc m’excuser à la fois et de la longueur de cet extrait et de la con- 
cision avec laquelle plusieurs propositions s’y trouvent présentées. J'ai à 
regretter de ne pouvoir donner ici plus de développements, et surtout de 
ne pouvoir rappeler les travaux qui ont été faits sur ce sujet, particulie- 
rement par M. de Laplace, par M. Fourier et par M. Poisson. 


» À. J'ai essayé de déterminer la quantité de chaleur solaire par trois 
procédés différents : 
»1°. Au moyen de l’appareil qui est décrit dans les deux premières 
éditions de mes Éléments de Physique et de Météorologie. 
»2°, Au moyen d’un pyrhéliomètre direct. 
»3. Au moyen d'un pyrhéliomètre à lentille. 
» Le pyrhéliomètre direct est représenté dans la figure ci-dessous. 


êe sf La6s 


» Le vase v est trés ee d'argent ou de plaqué d'argent; il a un déci- 
mètre de diamètre et 14 ou 15 millimètres de hauteur; il contient environ 
100 grammes d’eau. Le bouchon, qui fixe le thermomètre au vase, s'adapte 
à un tube de métal qui est porté vers ses extrémités par deux collets, 
c, c'où il joue librement, en sorte qu’en tournant le bouton b tout l'appa- 
reil tourne autour de l’axe du thermomètre, et l’eau du vase est sans cesse 
agitée, pour que la température soit bien uniforme dans toute sa masse. 
Le cercle d, qui recoit l'ombre du vase, sert à orienter l'appareil. La sur- 
face du vase qui reçoit Paction solaire est soigneusement noircie au noir 
de fumée. 

» L'expérience se fait de la manière suivante: l’eau du vase étant à peu 
près à la température ambiante, on tient le pyrhéliomètre à l'ombre, mais 
très près du lieu où il doit recevoir le Soleil; on le dispose de manière à 
ce qu’il voie la même étendue du ciel, et là, pendant 4, on note de mi- 
nute en minute son réchauffement ou son refroidissement; pendant la 
minute suivante on le place derrière un écran, on l’oriente de telle sorte 
qu’en Ôtant l'écran à la fin de cette minute, qui sera la cinquième, les 
rayons solaires le frappent perpendiculairement. Alors, pendant 5', sous 
l'action du Soleil, on note de minute en minute son réchauffement, qui 
devient très rapide, et l’on a soin de maintenir l’eau sans cesse en agita- 
tion ; à la fin de la cinquième minute on remet l'écran, on retire l'appareil 
dans la première position, et pendant cinq minutes encore on observe 
son refroidissement. 

» Soit R le réchauffement qu'il a éprouvé pendant les 5'de l’action solaire, 
r et r' les refroidissements qu’il a éprouvés pendant les 5” qui ont précédé 
cette action et pendant les cinq minutes qui l'ont suivie, il est facile de 
voir que l'élévation de température £ produite par la chaleur du Soleil, 


est 
t—hR (ET 
2 


» Soit d le diamètre du vase, exprimé en centimètres, p le poids de l’eau 
qu'il contient exprimée en grammes, p' le poids du vase lui-même et de Ja 
portion plongée du thermomètre, ce poids étant réduit à ce qu’il serait 
pour une chaleur spécifique égale à l’unité, on voit que l'élévation de 
température observée £, correspond à une quantité de chaleur 


t(p+p'). 


x d’ 
Cette chaleur étant tombée en 5/ sur une surface ——, chaque unité de sur- 


4 


(27) 
face a reçu + 4 EPP) ); pendant les 5’, et. 


&(p+pP) 


AU C7 HE t pendant 1” 


Pour mon appareil cette quantité de chaleur reçue en 1’ par chaque centi- 
mètre carré, est 
: 0,2624 t. 

» Le pyrhéliomètre à lentille se compose d’une lentille de 24 à 25 cen- 
timètres de diamètre, d’une distance focale de 60 à 70 centimètres, au 
foyer de laquelle se trouve un vase d'argent ou de plaqué d'argent conte- 
nant environ 600 grammes d’eau; la forme du vase et la disposition de la 
lentille sont combinées de telle sorte que pour toutes les hauteurs du So- 
leil, les rayons tombent perpendiculairement sur la lentille et sur la face 
du vase qui est destinée à les recevoir au foyer, et à les absorber. 

» Les expériences se font comme avec l'appareil précédent, et les quan- 
tités de chaleur qui tombent en 1’ sur chaque centimètre carré se déter- 
minent par une formule analogue ; seulement il y a une correction de 
plus à faire pour la quantité de chaleur que la lentille absorbe, et cette 
correction se fait par la comparaison des résultats obtenus avec la lentille 
et avec l'appareil direct. Parmi les Fe que J'ai éprouvées, celle qui 
absorbait le moins, absorbait encore + de la chaleur incidente. 

» Il est nécessaire d'employer le ERÉORCRe à lentille lorsqu'on ne 
peut pas faire les expériences dans un air calme; le vent, quand il n’est 
pas fort, n’a que peu d'influence pour refroidir pendant 5 une masse 
d’eau de plus de 600 grammes, qui n’est élevée que de 4 ou 5 degrés au- 
dessus de la température ambiante, en sorte que la correction reste tou- 
jours assez petite. 

» 2. Le tableau suivant contient cinq séries d’expériences qui donne- 
ront une idée suffisante de la marche du pyrhéliomètre direct. Les élé- 
vations de température observées sont dans la 3° colonne ; nous indique- 
rons plus loin comment les nombres de la 2° et de la 4° colonne ont été 
obtenus. 


(28) 


HEURES ÉPAISSEURS ÉLÉVATIONS ÉLEVATIONS 
de atmosphériques | de température | dé température DIFFÉRENCES. 
l'observation. ou #. observées, calculées. 


| 


Observations du 28 juin 1837. 


7} 30’ matin... .86o | 
10* 30’ matin... .164 
-107 
122 
.216 
.370 
648 
.151 
.165 


1.507 
1.559 
1.723 
2,102 
2.898 
4 992 
Observations du 4 mai 1838. 
1.191 : 4.80 
1.229 : 4.76 
1.325 .6 ie 
1.529 QUE 4.36 
1.912 ‘ 3.92 
2.603 ë 3.22 
4.311 : 1.94 


Observations du 11 mai 1838. 


1.103 
1.104 
1.193 
1288 
1.473 
1.812 
2.465 
3.943 


HI (RIE) 


2 LH La a 


(29 ) 

» 3. Après avoir obtenu, pendant plusieurs années, un assez grand 
nombre de séries analogues aux précédentes, j'ai essayé de trouver une 
loi qui püût représenter assez exactement tous les résultats des observa- 
tions. Pour cela, j'ai calculé d’abord les épaisseurs atmosphériques que 
les rayons solaires avaient à traverser dans chaque expérience ; ces épais- 
seurs € sont données par la formule 


e = V2rh + R + r° cos 7 — rcosz, 


r est le rayon moyen de la Terre, k la hauteur de l'atmosphère, z la 
distance zénithale du Soleil ; j’ai-adopté 


HI ni—R 60! 


x 


Quant à la distance zénithale z, au lieu de la déterminer à chaque fois 
par l'observation de la hauteur du Soleil, j'ai préféré prendre l'heure 
précise du milieu de l'expérience et déduire la valeur de z de la formule 


cosz — sin ® sin d + cos cos d cos H. 


v est la latitude du lieu où l’on observe, d la déclinaison du Soleil à midi, 
H l'angle horaire du Soleil correspondant à l'heure de l'expérience. 

» C’est au moyen de ces deux formules que j'ai calculé les épaisseurs 
atmosphériques rapportées dans la 2° colonne du tableau précédent. 

» 4. En comparant les élévations de températures observées au py- 
rhéliomètre et les épaisseurs atmosphériques correspondantes, j'ai vu que 
l’on pouvait très bien représenter les résultats par la formule 


t — Ap’, 


A et p étant deux constantes. De plus, en déterminant ces deux cons- 
tantes par deux observations de chaque série, on retombe toujours sur 
la même valeur de A, pour toutes les séries , et sur des valeurs de p assez 
différentes en passant d’une série à l’autre. Ainsi À est une constante 
fixe, indépendante de l’état de l'atmosphère, et p une constante qui est 
fixe, seulement pour le même jour, et qui varie d’un jour à l’autre, sui- 
vant que la sérénité du ciel est plus ou moins parfaite. À est donc, dans 
la formule, la constante solaire ou celle qui contient, comme élément es- 
sentiel, la puissance calorifique constante du Soleil, tandis que p est la 
constante atmosphérique, ou celle qui contient, comme élément essentiel , 
le pouvoir de transmission variable dont se trouve douée l'atmosphère 
pour laisser arriver jusqu’à la surface de la Terre des proportions plus 
ôu moins grandes de la chaleur solaire incidente. 


(30) 
» Lés expériences donnent pour À la valeur de 
6°,72 


et pour p les valeurs contenues dans le tableau suivant : 


Dates des séries. Valeurs de Valeurs de 
P- 1 —p. 

28 juin.... -....4... 0,7244......,. 2 0,27956 
27 juillet............ 0,7585........ os. |: 0,2415 
22 septembre. ....... 07780... 032220 
mai. -eileee 007000 enter re 0,2444 
Amar ce ses M02 TO CRE NO DANS 


Solstice d’hiver. ..... o0,7488........... 0,2512. 


que j'ai calculé les résultats contenus dans la quatrième colonne du ta- 
bleau précédent; on voit avec quelle exactitude se trouvent ainsi repro- 
duits tous les nombres qui avaient été donnés par l'observation , même 
quand l'observation correspond à des épaisseurs atmosphériques qui sont 
quadruplées par l'effet de l’obliquité. Ainsi dans les expériences du 4 mai, 
les rayons solaires avaient à traverser une épaisseur atmosphérique de 
24 lieues à midi, et de 86 lieues à 6 heures du soir, et cependant le 
nombre calculé se trouve encore parfaitement d’accord avec le nombre 
observé. On comprend toutefois que c’est seulement quand le temps est 
bien fixe et bien établi que la formule peut s’appliquer avec exactitude 
à une journée entière avec la même valeur de p; s’il survient des chan- 
gements brusques dans l’état de l'atmosphère, les valeurs de p éprouvent 
aussitôt une altération plus ou moins grande; j'ai pu m’en assurer par 
une foule d'expériences correspondantes à toutes les saisons de l’année. 
On peut même présumer que dans certains lieux, surtout dans les pays 
de montagne et près des rivages de la mer, les valeurs de p subissent 
chaque jour des variations périodiques, correspondantes à la diffusion et 
à la condensation des vapeurs. 

» 5. Si dans la formule précédente on suppose p—1,ou#—0, on 
trouve 

D—108 72; 

c'est-à-dire que le pyrhéliomètre prendrait une élévation de 6°,72 si 
l'atmosphère pouvait transmettre intégralement toute la chaleur solaire , 
sans en rien absorber, ou si l'appareil pouvait être transporté aux limites 


(3) 


de l'atmosphère pour recevoir là, sans aucune perte, toute la chaleur que 
le Soleil nous envoie. Cette valeur de £ multipliée par 0,2624 donne 


1,7633. 


Telle est donc la quantité de chaleur que le Soleil donne en 1’ sur un centi- 
mètre carré, aux limites de l'atmosphère, et qu'il donnerait pareillement 
à la surface de la Terre, si l'air atmosphérique n’absorbait aucun des 
rayons incidents. 

» 6. Les valeurs précédentes de p indiquent les proportions de chaleur 
solaire qui ont été transmises dans les différents jours auxquels elles cor- 
respondent , et les valeurs de 1 — p indiquent , au contraire, les diverses 
proportions de chaleur solaire qui ont été absorbées aux mêmes époques. 
Ces valeurs, toutefois, correspondent à & — 1, c’est-à-dire qu’elles indi- 
quent les proportions de chaleur solaire qui auraient été transmises et 
absorbées dans les lieux qui avaient le Soleil au zénith, en y supposant 
le même état atmosphérique qu’à Paris, au moment de l’expérience. Il en 
résulte que dans le trajet vertical, l'atmosphère absorbe au moins les = 


100 


de la chaleur incidente, et au plus les #7 ; sans que le ciel cesse d’être 


100? 

serein; je dois ajouter cependant que le 28 juin, auquel correspond l’ab- 
sorption de 27, on distinguait un léger voile blanc sur la voûte du ciel. 
D'ailleurs d’autres observations, pour lesquelles les séries n’ont pas pu être 
complètes, ne m'ont accusé qu’une absorption de -£ ; ainsi l'on peut dire 
que l'absorption atmosphérique est comprise entre 18 et 24 ou 25 cen- 
tièmes, sans qu'il soit possible de distinguer, dans le ciel, des vapeurs 
qui en troublent la transparence. 

» 7. Au moyen de cette donnée et de la loi suivant laquelle diminue la 
chaleur transmise à mesure que l’obliquité augmente, on peut calculer la 
proportion de chaleur incidente qui arrive à chaque instant sur l’hémis- 
phère éclairé de la Terre, et celle qui se trouve absorbée dans la moitié 


correspondante de l'atmosphère. Ce calcul dépend d’une intégrale de 
la forme | 
"p'de 
fe, 


qui ne peut pas être obtenue exactement; mais par diverses méthodes 
d’approximation, il est facile de reconnaître que pour p = 0,75 la pro- 
portion qui arrive au sol reste comprise entre 0,5 et 0,6, et par consé- 
quent la proportion absorbée par l'atmosphère se trouve elle-même ecom- 
prise entre 0,5 et 0,4; mais très voisine de 0,4. 

C. R. 1838, 2° Semestre, (T. VIL, N° 2.) 5 


(32) 

» Ainsi, quand l'atmosphère a toutes les apparences d’une sérénité par- 
faite, elle absorbe encore près de la moitié de la quantité totale de chaleur 
que le Soleil émet vers la Terre, et c'est l’autre moitié seulement de cette 
chaleur qui vient tomber sur la surface du sol, et qui s’y trouve diverse- 
ment répartie, suivant qu’elle a traversé l'atmosphère avec des obliquités 
plus ou moins grandes. 

» 8. Connaissant la quantité de chaleur que le Soleil envoie à la Terre 
pendant 1”, par son action perpendiculaire sur un centimètre carré, il est 
facile de déterminer la quantité totale de chaleur que le globe entier de 
la Terre et l'atmosphère reçoivent à chaque minute. En effet, cette quan- 
tité de chaleur est celle qui tomberait sur le cercle d’illumination, si 
l'hémisphère de la Terre, qui est à la fois éclairé et échauffé par le Soleil, 
se trouvait enlevé. Or, la surface de ce cercle d'illumination étant 7R°, la 
quantité totale de chaleur qu'il reçoit est 


1,7633.7rR2. 


Si cette chaleur était uniformément répartie sur tous les points de la 
Terre, chaque centimètre carré ne recevrait, pour sa part, que 


1,7633.rR° 

TR ou 0,4408. 
Il est facile de voir, d’après cela, que dans le cours d’une année, la quan- 
tité totale de chaleur reçue par la Terre de la part du Soleil est la même 
que si, dans cet intervalle, il en entrait par chaque centimètre carré de 
la surface qui limite l'atmosphère, 


231675 unités. 


En transformant cette quantité de chaleur en quantité de glace fondue, 
l’on arrive au résultat suivant : 

» Si la quantité totale de chaleur que la Terre reçoit du Soleil, dans 
le cours d’une année, était uniformément répartie sur tous les points du 
globe, et qu’elle y fût employée, sans perte aucune, à fondre de la glace, 
elle serait capable de fondre une couche de glace qui envelopperait la 
Terre entière, et qui aurait une épaisseur de 


30" ,89, 


ou près de 35 mètres ; telleest la plus simple expression de la quantité 
totale de chaleur que la Terre recoit chaque année du Soleil. 


(35) 

» 9, La même donnée fondamentale nous permet de résoudre une au- 
tre question, qui paraîtra peut-être plus hardie, et dont la solution est 
cependant tout aussi simple. Elle nous permet de trouver la quantité 10- 
tale de chaleur qui s'échappe du globe entier du Soleil dans un temps 
donné, sans supposer autre chose, sinon que toutes les portions égales 
du globe du Soleil émettent des quantités de chaleur égales; ce qui paraît 
jusqu’à présent confirmé par l'expérience, puisque les différents aspects 
que nous présente le Soleil par l'effet de sa rotation, ne semblent avoir au- 
cune influence marquée sur les températures terrestres. 

» Considérons le centre du Soleil comme le centre d’une enceinte sphé- 
rique dont le rayon soit égal à la moyenne distance de la Terre au Soleil : il 
est évident que sur cette vaste enceinte, chaque centimètre carré recoit en 
', de la part du Soleil, précisément autant de chaleur que le centimètre 
carré de la Terre, c’est-à-dire 1,7633; par conséquent, la quantité totale de 
chaleur qu’elle reçoit est égale à sa surface entière, exprimée en centi- 
mètres, et multipliée par 1,7633, ou à 


1,7633.47D°. 


Cette chaleur incidente n’est autre chose que la somme totale des quantités 
de chaleur émises dans toutes les directions par le globe entier du Soleil, 
c’est-à-dire par une surface 4xR°, R étant le rayon du Soleil. Ainsi, chaque 
centimètre carré émet pour sa part 

1,7633. 


D: 
; 7688.75 sin? « 
® étant le demi-angle visuel sous lequel la Terre voit le Soleil, c'est-à-dire 
15! — 4o/ ; ce qui donne 84888 : ainsi chaque centimètre carré de la sur- 
face solaire émet en 1” 


84888 unités de chaleur. 


En transformant cette chaleur en quantité de glace fondue, on arrive au 
résultat suivant : 

» Si la quantité totale de chaleur émise par le Soleil était exclusivement 
employée à fondre une couche de glace qui serait appliquée sur le globe 
du Soleil et qui l'envelopperait de toute part; cette quantité de chaleur se- 
rait capable de fondre en 1’ une couche de 11",80 d'épaisseur et en 1 jour 
une couche de 16992" ou 4 lieues =. 

» Cette détermination ne repose, comme on a pu le voir, SUT aucune 
hypothèse ; elle est indépendante de la nature propre du Soleil, de la matière 

Da 


(34) 
qui le compose, de son pouvoir rayonnant, de sa température et de sa 
chaleur spécifique; elle est simplement la conséquence immédiate des 
principes les mieux établis par rapport à la chaleur rayonnante et du nom- 
bre auquel nous sommes parvenu par l'expérience. 

» A0. Ce même sujet peut donner lieu à une foule de questions; nous 
examinerons encore les deux suivantes, moins pour les résoudre que pour 
indiquer le nombre et la nature des éléments inconnus desquels dépend 
leur solution. 

» La première est la question de savoir s’il y a, dans le sein même de la 
substance propre du Soleil, une source destinée à produire de la chaleur, 
pour réparer d’une manière quelconque, par des actions chimiques, élec- 
triques ou autres, les pertes de rayons calorifiques qui se font à chaque 
instant ; ou, si ces pertes se renouvelant incessamment, sans aucune ré- 
paration , il en résulte, de siècle en siècle, un affaiblissement progressif de 
température auquel le globe de la Terre doive participer. 

» D'après ce que nous venons de voir, chaque centimètre carré du So- 
leil perd en 1”, une quantité de chaleur v = 84888 unités; dans un nom- 
bre m de minutes, il perd mv; et le Soleil entier perd 


47° em. 


Or, si l’on suppose que la masse du Soleil ait pour la chaleur une conduc- 
tibilité parfaite, en sorte que sa température soit partout la même; si l'on 
représente par d sa densité moyenne et par € sa capacité moyenne pour 
la chaleur, il est facile de voir que pour s’abaisser de 1° la masse entière 
du Soleil devrait perdre une quantité de chaleur exprimée par 


: R5rde, 


puisque, dans un nombre m de minutes elle perd 4 7R*m; il en résulte 
que, pendant ce temps, elle s’abaisse d’un nombre de degrés donné par 


le rapport 
3 vm 


R.d.c° 
Le rayon du Soleil exprimé en centimètres est 70 billions; la densité 
moyenne d du Soleil, par rapport à l’eau, est 1,4; elle se déduit de la 
densité moyenne de la Terre 5,48 de la masse du Soleil, qui est 355 mille 
fois celle de la Terre, et de son volume, qui est 1384 mille fois celui de la 
Terre. 
» En prenant d’ailleurs pour m# le nombre des minutes qui correpond 


(35) 
à une année, c’est-à-dire 526000, et en mettant pour f Sa valeur 84888, 
ce rapport devient g 
À. 
3c 
Tel est le nombre de degrés dont la masse du Soleil devrait se refroidir 
chaque année, dans l'hypothèse d’une conductibilité parfaite; si, à cette 
première hypothèse on en ajoute une seconde par rapport à la chaleur 
spécifique; si l'on suppose par exemple, qu’elle est 133 fois la chaleur 
spécifique de l’eau, on trouve que la masse entière du Soleil se refroidirait 
alors de 
+, de degré par an, 
ou 1! degré par siècle, 
ou 100 degrés pour 10 mille ans. 


Ainsi la solution de la question dont il s’agit ne dépend plus maintenant 
que de deux éléments qui nous seront sans doute à jamais inconnus, sa- 
voir : la conductibilité de la masse du Soleil, et sa capacité pour la cha- 
leur, et l’on vient de voir comment , au moyen de ces deux éléments, si l'on 
parvenait à les connaître, la question pourrait être résolue d’une manière 
rigoureuse. Quant aux hypothèses que j'ai faites à leur égard, elles n'ont 
pour objet que de montrer la limite des incertitudes auxquelles la science 
est condamnée sur ce point. 

» AZ. C’est dans le même but que nous examinerons encore une autre 
question qui a toutefois, sur la précédente, l'avantage d’être plus acces- 
sible à la science, c'est la question de savoir si la température du Soleil 
peut avoir quelque analogie avec les températures qu’il nous est donné de 
produire par les actions chimiques ou par les actions électriques. 

» Nous verrons, dans l’article suivant, que la quantité totale de chaleur 
émise en 1’ par un centimètre carré de surface est toujours exprimée par 


1,146.f.a', 


f étant le pouvoir émissif de cette surface, £ sa température, et 4 le 
nombre 1,0077 déterminé avec une grande exactitude, par MM. Dulong 
et Petit. 

» Nous avons trouvé, d’une autre part, que pour le Soleil cette quan- 
tité de chaleur est 84888. Donc 


pourf= 1, t—1461, 


pour f=—, 1 = 1761. 


(36) 

» Ainsi la température du Soleil dépend de la loi du rayonnement de la 
chaleur et du pouvoir émissif de la surface du Soleil ou de son atmos- 
phère. Dans un Mémoire mÉcEnCrEES rendus de l Académie des 
Sciences, t. III, pag. 782), j'ai fait connaître un pyromètre à air, au 
moyen duquel j'ai déterminé toutes les hautes températures jusqu'à la 
fusion du fer; depuis, j'ai vérifié que la loi du rayonnement s’applique 
à des températures qui dépassent 1000°; ces expériences me feront bientôt 
connaître si la loi dont il s’agit s'étend en effet à des températures de 1400 
ou de 1500°; mais il est permis déjà de regarder cette extension comme 
très probable. Quant au pouvoir émissif du Soleil, il est inconnu, mais 
l'on ne peut pas le supposer plus grand que l'unité. Il en résulte donc 
que la température du Soleil est au moins de 1461°, c’est-à-dire à peu 
près celle de la fusion du fer, et que cette température pourrait être de 
1761° si le pouvoir émissif du Soleil était analogue à celui des métaux 
polis. Ces nombres ne s’écartent pas beaucoup de ceux que j'avais déter- 
minés par d’autres principes et par d’autres moyens d'observation dans 
mon Mémoire de 1822. 

» 12. En partant des lois du refroidissement dans le vide, découvertes 
par MM. Dulong et Petit, et en développant un point de vue particulier 
que ces habiles physiciens avaient déjà indiqué dans leur. travail, j'ai été 
conduit à ce théorème général. 

» La quantité Ho de chaleur e qui sort dans l'unité de temps par 
l'unité de surface d’un corps quelconque, dont la température est 448, 
et dont le pouvoir émissif est f, se trouve tôujours exprimée par la relation 

e =, B.fatrt, 
B étant une constante invariable, qui dépend seulement du zéro de l'é- 
chelle et des unités de temps et de surface; sa valeur est 1,146, en 
prenant la minute et le centimètre carré pour unités. 

» Pour démontrer cette loi générale de l'émission de la chaleur, considé- 
rons un corps sphérique soumis au refroidissement ou à l'équilibre de tem- 
pérature au centre d'une enceinte pareillement sphérique; supposons que 
le corps et l'enceinte aient l’un et l’autre un pouvoir émissif maximum 
afin d'éviter les effets de la réflexion ; désignons par e la quantité de cha- 
leur qui est émise par l'unité de surface de l'enceinte, et supposons que 
l'équilibre de la température soit établi; la quantité totale de chaleur 
perdue par le corps dans l’unité de temps est 


es, 
s étant la surface ou 47r°. 


(37) 
» Si l’on représente par e” la portion de cette chaleur qui est recue ‘et 
absorbée par l'unité de surface de l'enceinte, on aura 


PU 


es 
pour la quantité totale de chaleur recue par l’enceinte, s’ étant sa surface 
entière où 47rr'"?. 
» Or, la quantité perdue pas le corps étant égale à celle qui est recue 
par l'enceinte, on aura d’abord 


AAC 
d’où 

s 17 Ar 
ee = e —'emlCoi IC SIN 
as" r!2 ER ItÉ 


æ étant le demi-angle sous lequel le corps est vu par un point de 
l'enceinte. 

» Si l’on considère maintenant ce que le corps reçoit de l'enceinte, on 
reconnaît aisément que c’est une certaine fraction D de la quantité de 
chaleur totale e’ qui est émise par chaque élément, et par conséquent qu'il 
reçoit de la part de l'enceinte entièreune quantité de chaleur exprimée par 


be's’. 


» Puisque l'équilibre est établi, cette quantité que recoit le corps est 
égale à la quantité qu'il perd, ce qui donne 


d’où 
r SE GE LE ne à 
BEN CT er = esine— el; 
c'est-à-dire que le corps entier reçoit, de la part de chaque élément de 
l'enceinte, une quantité de chaleur qui est précisément égale à celle qu'il 
lui envoie. 

» Mais à l'équilibre, les températures du corps et de l'enceinte étant 
égales , les quantités e et e’ doivent aussi être égales puisque leur pouvoir 
émissif est le même; donc, 

b = sin’. 

» Ainsi, tandis que chaque élément de l’enceinte émet dans toutes les 
directions une certaine quantité de chaleur e', le corps ne recoit, de la 
part de cet élément, que 

e'sin’o. 

» Il est clair, d’ailleurs, que si la température de l'enceinte restant 

constante, celle du corps vient à changer, le corps n’en recevra pas 


( 38) 


moins, de la part de l'enceinte, cette quantité e’ sin*w qu'il recevait à 
l'équilibre, e! étant toujours la quantité totale de chaleur émise dans 
toutes les directions par l’unité de surface de l'enceinte. 

» S'il est vrai maintenant que la quantité absolue de chaleur émise dans 
l'unité de temps par l’unité de surface, soit exprimée par une fonction de 


la forme 
e = Bfat +, 
il en résulte , pour la quantité totale es de chaleur perdue par le corps, 
es — s.Bfat + b; 


en même temps, l'enceinte ayant le même pouvoir émissif f'et la tempé- 
rature 8, on aura aussi 
e = B.fa, 
et pour la quantité totale de chaleur émise par l'enceinte, 
s'e =5".B.fa!. 
Comme le corps ne reçoit qu'une portion sin°® de cette als sa 


perte réelle et définitive sera donc 


se — s'e'sino = sBfat +0 s'sinw.B.fa, 


ou à cause de s sin =s, 
s.B.f(a "tt @), 


» Telle est la perte faite par le corps en quantité de chaleur. 

» Si l’on représente maintenant son poids par p etsa chaleur spécifique 
par ©, il est évident que pour une unité de chaleur qu'il perd, sa tempé- 
rature ne s’abaisse que d’un nombre de degrés marqué par 


cp 

Par conséquent, tandis qu'il perd un nombre d'unités de chaleur ex- 
primé par 

5B.f(at+6— of), 
il ne perd, en température, qu’un nombre de degrés marqué par 

Se B.f (at +0 a) : 

‘A 

c'est, à proprement parler, sa vitesse de refroidissement. 


( 39.) 
» Pour faire coïncider cette formule avec celle de MM. Dulong et Petit, 
il suffit de poser 


s.B. 

m= f, 
et il faudrait en outre que la constante fût nulle, si on l'avait ajoutée à 
la valeur de e, comme il est facile de le voir, en supposant que le corps 
seul soit poli; ce qui démontre l'exactitude de la relation générale 

e — Bfa’ FE ’ (2) 
et ce qui fait voir, en même temps, la composition élémentaire du coet- 
ficient m, dont la valeur numérique a été donnée par les expériences de 
refroidissement; ainsi, la grandeur de ce coefficient est en raison directe 
de la surface du corps et de son pouvoir rayonnant, et en raison inverse 
de la masse du corps et de sa capacité pour la chaleur. 

» Quant à la valeur de la constante B, elle peut se déduire de la rela- 
tion précédente au moins d’une manière très approchée, puisque le coef- 
ficient m a été déterminé avec beaucoup de soin par MM. Dulong et Petit, 
et trouvé égal à 2,037 pour un thermomètre à surface vitrée qui était 
sphérique, rempli de mercure, et qui avait 6 centimètres de diamètre. 

» En prenant donc 


m = 9,037, 

Ci—10,093, 

SMART 

2 mé: 

JS = 0,8, 
on trouve 

B — 1,146. 


» Ce résultat ne peut pas être parfaitement exact, soit parce que la valeur 
de f est un peu hypothétique, soit parce que les vraies dimensions du 
thermomètre dont il s’agit, étant tout-à-fait inutiles aux recherches du 
refroidissement, MM. Dulong et Petit ne les ont indiquées que d’une 
manière générale : cependant, il est certain que l'erreur ne peut pas être 
considérable, et nous adopterons cette valeur de B comme suffisamment 
approchée. 

» 45. On peut, au reste, démontrer directement, par une autre voie, 
que les valeurs du coefficient m sont bien en raison directe de la surface 
et du pouvoir émissif des corps soumis au refroidissement, et en raison 
inverse du poids de ces corps et de leur capacité pour la chaleur. 

» Eneffet, en admettant que la vitesse de refroidissement dans le froid 
absolu soit exprimée comme dans la formule de MM. Dulong et Petit, 


C.R. 1838, 2€ Semestre. {T, VI1, No ©.) p 


(40) 


par la relation 
y — ma', 


on arrive par l'intégration à la formule suivante : 
1 fat—t— 3 
Æ — 7 T —), (3) 


dans laquelle T représente la température initiale du corps, et x le nombre 
des minutes qui s’écoulent pendant que le corps tombe de la température 
initiale T à la température quelconque £. 


» Par conséquent, pour que le corps s’abaïsse de 1°, il faut un temps 
exprimé par 
I 
25 MERE à 
TE Fa (a—1)a"?, 

» Or, si l’on représente la surface du corps par s, son poids par p, et sa 
chaleur spécifique par c, il est évident qu’en s’abaissant de 1°, il perd une 
quantité de chaleur pe, et, comme il la perd par une surface s, chaque 
unité de surface en perd 


mais, puisqu'il faut au corps un temps x pour s’abaisser de 1°, il en résulte 
que dans un temps 1, il s’abaisse de 
rs 
» Ainsi, dans l’unité de temps, l'unité de surface perd une quantité de 
chaleur exprimée par 


» Pour un autre corps qui aurait la même température initiale T, Ja perte 
serait 


» Ces pertes devant être proportionnelles aux pouvoirs rayonnants f'et 
J' des deux corps, on aurait donc 


m __s.f.pc 
MNT TER 

c'est-à-dire que les coefficients m et m‘ sont en effet en raison directe des 
surfaces et des pouvoirs rayonnants, et en raison inverse des masses et des 


capacités. 


CH). 

» 44. Les formules (2) et (3) contiennent les lois de refroidissement 
dans le froid absolu ; on peut les employer à résoudre un grand nombre 
de questions. x 

» La première indique, par exemple, que sous l'équateur, où la tempé- 
rature du sol est moyennement de 30°, chaque centimètre carré perd en 
unités de chaleur : 

. 1,44 en 1, 


1037,00 en 12 heures; 


d'où il résulte que dans une colonne d’eau de 10 mètres de profondeur 
il n’y aurait en 12 heures qu'un abaissement de 1°, si par sa surface 
supérieure cette colonne perdait sa chaleur dans le froid absolu sans re- 
cevoir de compensation à ses pertes, ni par sa surface libre, ni par son 
contour. 

» La deuxième indique que dans le froid absolu le thermomètre de 
MM. Dulong et Petit mettrait 

34',14 pour tomber de 100° à 0, 


74,66 pour tomber de o à — 100°; 


mais ce petit globe n'avait que 6 centimètres de diamètre, et si l’on 
fait les mêmes calculs pour un corps pareil ayant, par exemple, les di- 
mensions de la Terre, l'on trouve que dans le froid absolu cet autre globe 
mettrait : 

| 13640 ans pour tomber de 100° à  o, 


29830 ans pour tomber de o à — 100°. 


» Ces exemples sont propres à faire voir qu'il y avait peut-être quelque 
exagération dans les idées que l’on s’était faites jusqu’à présent du froid ab- 
solu et des phénomènes qui se manifesteraient à la surface de la Terre si 
la température de l’espace était excessivement abaissée au-dessous du zéro 
de nos thermomètres; ils font voir en même temps que les lois essen- 
tielles de la chaleur sont établies &ur de tels principes de stabilité que 
les changements brusques de température ne sont pas moins impossibles 
dans le système du monde que les changements brusques résultant des 
actions mécaniques. 

» 45. Le théorème relatif à l'émission de la chaleur permet de déter- 
miner les conditions d'équilibre de température de l'atmosphère ; pour 
cela nous allons considérer d’une manière générale les conditions d’équi- 
libre de température d’un globe protégé par une enveloppe diather- 

6.. 


(42) 
mane quelconque et suspendu avec son enveloppe au mrilien d’une en- 
ceinte sphérique. 

» Désignons par s, s”, s' les surfaces du globe, de l'enveloppe et de 
l'enceinte; par e, e”, é les quantités de chaleur émises dans l'unité de 
temps par chacune des unités de surface de s, s”, s'; désignons par b le 
pouvoir absorbant que l'enveloppe diathermane exerce sur la: chaleur 
émise par le globe, et par b' le pouvoir absorbant qu'elle exerce sur la 
chaleur émise par l'enceinte. 

» Le globe émet dans lunité de temps une quantité de chaleur es ; 
une portion bes est absorbée par l’enveloppe , et une portion (1 — à) es 
traverse l’enveloppe pour arriver à l'enceinte. 

» L’enceinte émet une quantité totale de chaleur es’; une partie 
e's! sin*® tombe sur l’enveloppe diathermane, en désignant par « le demi- 
angle sous lequel l'enceinte voit l'enveloppe; celle-ci en absorbe une 
portion e's'b’ sin*w, et elle en laisse passer une portion es’ (1 — b')sin" ©. 

» L'enveloppe émet une quantité de chaleur es” vers le globe et une 
quantité de chaleur égale es” vers l'enceinte. 

» La somme des quantités de chaleur que perd l’enveloppe est égale à 
la somme des quantités de chaleur qu’elle reçoit, ce qui donne une pre- 
miére équation 

26"s" — bes + L'e's! sin° . 

» On a de même, pour le globe et pour l'enceinte, deux autres équa- 
tions qui résultent de légalité entre les quantités d chaleur reçues et 
perdues, savoir : 

es — e"s” + (1—b')e's" sin’o, 


e's'sin’s — e"s” + (1 — bjes. 


» Il est facile de voir que ces trois équations se réduisent à deux, parce 
que la première est une conséquence des deux dernières et pourrait s’en 
déduire. 

» Si l’on suppose maintenant que le rayon de l'enveloppe soit sensi- 
blement égal au rayon du globe, comme il arrive à peu près pour l'atmos- 
phère autour de la Terre, les équations deviennent 


e +(i—be, 
e =e + (i—bje, 


ce qui conduit aux trois relations suivantes : 


e 


CRE 2 

ee. 2 —b? 
she 2 — bd! 
e— b+b— bb" 
S > — bd 


[S 


= 


‘ Se bEb—b 


+ » Si, maintenant, l’on désigne par é, £", ', les températures du globe, 
de l'enveloppe et de l'enceinte; par j f”, ' leurs pouvoirs émissifs, on 
aura, en vertu du principe précédemment établi, les trois autres 


équations 
e — B.a', 
e — B.a", 
el=tB'f'a; 


dans la supposition que nous avons faite, pour simplifier, que le globe et 
l'enceinte ont des pouvoirs émissifs maximums. 
» Ces équations, combinées avec les précédentes , donnent : 


OPA NE 
Fj D — V0, 
a 2 — b 
co CNE UE T7 
2 — bd ? 


CR A vero 2 1 


» Telles sont les relations générales qui donnent dans tous les cas pos- 
sibles, les différences de température voulues par les conditions d'équi- 
libre, entre le globe et l'enceinte , le globe et l’enveloppé, l'enceinte et 
l'enveloppe : on voit que ces différences dépendent essentiellement des 
valeurs relatives de b et de b', c’est-à-dire des pouvoirs absorbants que 
Yenveloppe diathermane exerce sur la chaleur du globe et sur celle de 
l'enceinte. 

» Si l’on suppose d’abord que ces pouvoirs absorbants sont égaux, 
c’est-à-dire que l’on ait b = b',il en résulte : | 


L — 19 

a" —Ÿ, 

ël (rt fi 
tte — 

a = EE 


» Ainsi, toutes les enveloppes diathermanes qui exercent des pouvoirs 
absorbants égaux sur les rayons de chaleur du globe et de l'enceinte, 


(44) 


n'empêchent pas que, pour l'équilibre, le globe et l’enceinte ne doivent 
avoir exactement la même température , comme si l'enceinte diathermane 
n'existait pas, et réciproquement. 

» Quant à la température de l'enveloppe diathermane elle-même, on 
voit qu’elle ne peut être égale à celle du globe et de l'enceinte que sous 
la condition que f" = b, c’est-à-dire que le pouvoir émissif de cette en- 
veloppe soit égal à son pouvoir absorbant ; c’est ce qui arrive, en effet, 
pour le sel gemme et pour l'air, comme je l'ai vérifié par l'expérience. 

» Mais quand ces conditions ne se trouvent plus remplies, quand l’en- 
veloppe diathermane exerce des pouvoirs absorbants inégaux sur la cha- 
leur de l'enceinte et sur celle du globe, le principe de l'égalité de tempé- 
rature cesse d'être vrai, et, aussitôt, il se manifeste alors, contrairement 
aux lois ordinaires de l'équilibre, des différences plus ou moins considé- 
rables entre les températures du globe, de l’enceinte et de l’enveloppe. Le 
tableau suivant contient quelques-uns des résultats que l’on obtient en 
discutant les formules, après avoir attribué diverses valeurs à b' et à b. 


VALEURS EXCÈS DE TEMPÉRATURE 


du globe du globe de l’enceinte 
sur l'enceinte | sur l’enveloppe | sur l'enveloppe 
t— +. t— t". 


OMOMO1C, © OO OR OS 


- © 6 © Yo œ<ù 


3 
3 
Le 
4 
4 
«5 
5 
o 
o 


0, 
o. 
o 

0. 
LE 
o 

o. 
0. 
0. 


» Ilen résulte, par exemple, que si l'enveloppe diathermane absorbe 
seulement les Æ de la chaleur de l'enceinte et les # de celle du globe, la 
température du globe surpasse alors de 45°,5 celle de l'enceinte, et de 59°,5 
celle de l'enveloppe, [qui se trouve ainsi à 14° au-dessous de la tempéra- 
ture de l'enceinte elle-même. 


(45) 

». 1] y a cependant une limite à l'accumulation de chaleur sur le globe 
et au refroidissement de l'enveloppe, et cette limite est de 91°. 

» Cet effet des enveloppes diathermanes est très remarquable, et il de- 
vient peut-être plus frappant encore lorsqu'on remonte aux températures 
_elles-mêmes au lieu de s'arrêter à leur simple différence , puisque les 
exemples précédents conduisent alors à ce résultat, que si une enceinte 
a ses parois maintenues partout à la température de la glace fondante , 
un globe suspendu au centre de cette enceinte, n'ayant d’autre chaleur 
que celle qu'il en reçoit, peut cependant, sous certaines conditions, être 
porté à la température de 4o à 5o° au-dessus de zéro, c'est-à-dire à une 
température notablement plus élevée que celle de la zone torride , et 
conserver cet excès de température sans jamais se refroidir, sous peine 
de n'être plus en équilibre de température, et par conséquent de se trou- 
ver à l’instant réchauffé par les rayons de la chaleur de l'enceinte. Pour 
que ce phénomène s’accomplisse , il suffit que le globe soit protégé par 
une enveloppe diathermane douée de la double propriété d’absorber seule- 
ment la moitié de la chaleur émise par la surface de l'enceinte, et d’ab- 
sorber au contraire les & environ de la chaleur émise par la surface du 
globe. } * 

» Enfin, pour compléter cette conséquence, par rapport à l'enveloppe 
elle-même, qui est la cause unique de cet effet, il faut ajouter encore que 
cette enveloppe comprise entre une enceinte à zéro et un globe à 45° ou 
$o® se trouverait n'avoir en somme qu’une température moyenne abaissée 
de plusieurs degrés au-dessous de zéro, ses couches inférieures étant plus 
chaudes que l'enceinte, et ses couches supérieures beaucoup plus froides, 
suivant une certaine loi de décroissement qui peut se calculer lorsqu'on à 
les données convenables. 

» Ce que nous disons ici en supposant l'enceinte à la température de 
la glace fondante, ou plutôt en supposant que la chaleur qui arrive au 
globe soit uniformément répartie et équivalente en quantité à celle qui 
viendrait d’une telle enceinte douée d’un pouvoir émissif maximum , s’ap- 
plique sous les mêmes conditions à une enceinte de température quel- 
conque, pourvu que cette température ne sorte pas des degrés de cha- 
leur ou de froid auxquels la loi du refroidissement peut s’étendre. 

» Tels sont, en général, les effets produits par les enveloppes diather- 
manes à raison de l'inégalité des actions absorbantes qu’elles peuvent 
exercer sur les différents rayons de chaleur qui les traversent; quant à la 
cause de ces absorptions inégales , Delaroche a démontré, d’une part, 


( 46 ) 
qu’elle tient aux sources de chaleur elles-mêmes, et par conséquent à la 
nature propre des rayons calorifiques; et M. Melloni a démontré , d'une 
autre part, qu’elle tient aussi, sous certains rapports, à la nature des 
substances diathermanes. 

» A6. On admet jusqu’à présent que deux éraeds athermanes de même 
température émettent des rayons de chaleur identiques, ou du moins des 
rayons de chaleur qui éprouvent toujours des absorptions égales en 
traversant les mêmes milieux, mais il n’est peut-être pas impossible que 
l’on parvienne à découvrir à cet égard quelques différences qui dépendent, 
ou de la diversité des pouvoirs émissifs, ou de la nature même des corps. 

» C’est un point essentiel sur lequel les recherches de M. Melloni n'ont 
pas manqué sans doute d’appeler l'attention des physiciens. Si ces rayons 
émanés de sources d'égale température résistent à toutes les épreuves, s’ils 
conservent leur identité en traversant les mêmes milieux diathermanes, il 
restera impossible d'obtenir, dans des expériences de laboratoire, aucune 
accumulation de chaleur par l’interposition des enveloppes diathermanes, 
puisque alors les pouvoirs absorbants de ces enveloppes seraient nécessaire- 
ment les mêmes sur les rayons de l’enceinte et sur ceux du globe ou du 
thermometre intérieur. 

» Toutefois, cette impossibilité ne pourrait porter aucune atteinte aux 
conséquences que nous allons tirer des formules par rapport aux effets que 
l’atmosphere exerce soit sur la chaleur du Soleil , soit sur la chaleur des au- 
tres corps célestes , que l'on désigne, en général, sous le nom de chaleur de 
l'espace ou de RE stellaire. 

» Quant à la chaleur solaire, il n'existe aucun doute : on sait qu’en tra- 
versant les substances diathermanes, elle est moins absorbée que la chaleur 
qui provient des différentes sources terrestres dont la température n’est 
pas très haute. Il est vrai qu'on n’a pu en faire l’expérience que sur 
des écrans diathermanes solides ou liquides; mais l’on regarde comme 
certain que la couche atmosphérique agit à la manière des écrans de 
cette espèce, et qu’en conséquence elle exerce sur les rayons terrestres 
une plus grande absorption que sur les rayons solaires; il faut ajouter 
encore que cette différence d'action ne résulte pas, comme on le dit quel- 
quefois, de ce que la chaleur solaire est lumineuse, et la chaleur terrestre 
obscure, car, jusqu’à ce jour, tout ce que l’on sait à cet égard conduit à 
penser qu'il n'y a pas de lumière chaude ni de chaleur lumineuse : les 
rayons de chaleur et de lumière peuvent prendre leur origine à la même 
source, être émis en même temps et coexister dans le même faisceau, 


(4m) 


mais ils conservent un caractère distinctif, puisque, d’une part, ils peu- 
vent être séparés l’un de l'autre, et puisque, d’une autre part, il n’y a pas 
d'exemple d’un rayon de chaleur qui ait été transformé en rayon de 
lumière, ni d’un rayon de lumière proprement dite, qui ait été trans- 
formé en rayon de chaleur. L’inégalité d'absorption dont il s’agit tient 
donc à des propriétés particulières que prennent les rayons de chaleur 
lorsqu'ils sont émis par des sources d’une température plus ou moins 
haute, et ces propriétés ne font que de se soutenir ou peut-être de se 
développer davantage, lorsque la température des sources est assez élevée 
pour qu’elles émettent, comme le Soleil, de la lumière en même temps 
que de la chaleur. 

» Pour ce qui tient à la chaleur de l'espace, il y a une autre distinction 
à faire : il faut la considérer par rapport à sa quantité, et par rapport à 
sa nature. 2 

» Considérée par rapport à sa quantité, on la mesure comme toute 
autre chaleur par les effets qu’elle produit, c'est-à-dire par la quantité de 
glace qu’elle peut fondre, ou par l'élévation de température qu’elle im- 
primerait à une quantité d’eau déterminée. C’est sur ce principe que 
M. Fourier a, le premier, montré qu'il était nécessaire de tenir compte 
de la chaleur de l’espace pour expliquer les phénomènes des températures 
terrestres, et c’est sur ce principe aussi qu'il a indiqué d’une manière 
générale, que la température de l’espace devait être de très peu infé- 
rieure à Ja température des pôles de la Terre, et environ de 50 ou 60 de- 
grés au-dessous de zéro; wexprimant par cette évaluation rien autre 
chose, sinon que la chaleur totale qui arrive à la Terre de la part de tous 
les corps célestes, excepté le Soleil, est équivalente en quantité à celle 
qui serait émise sur le globe de la Terre par une enceinte à pouvoir émis- 
sif maximum, dont les parois seraient maintenues à la température de 
5o ou 60 degrés au-dessous de la glace fondante. Ce qu'il y a d’essentiel 
dans cette manière d'envisager les phénomènes, c’est la possibilité de 
substituer à l’ensemble des corps célestes une enceinte fictive ou une sur- 
face athermane maintenue partout à une certaine température : pour la 
détermination de cette température elle-même, il reste à examiner s’il y a 
des expériences qui puissent en effet la donner, et avec quel degré d'ap- 
proximation l’on peut espérer de l’obtenir. 

» Considérée par rapport à sa nature, la chaleur de l’espace donne lieu 
à une foule de questions qu'il serait inutile de traiter ici; nous nous bor- 
nerons donc à quelques observations inhérentes à notre sujet. Nous re- 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°2.) 7 


( 48 ) 

marquerons d'abord que, si l'enceinte fictive dont il vient d’être parlé 
peut, quand on lui aura assigné une température convenable, représenter 
rigoureusement, OU à très peu près, la chaleur de l'espace, elle ne peut 
la représenter que pour sa quantité; et jamais elle ne la représentera 
pour sa nature, puisque la chaleur de l’espace possède essentiellement 
des propriétés, dues à son origine, qu’elle ne pourrait pas puiser, sans 
doute, dans une source dont la température serait inférieure à la glace 
fondante. On voit, à l'instant , qu’il résulte de là des conditions qu'il nous 
est impossible de reproduire dans nos expériences, savoir : une chaleur 
qui est par sa quantité comme si elle émanait d’une source froide, et par 
sa nature, comme si elle émanait d'une source chaude. Pour se rendre 
compte de cette espèce de contradiction, il suffit d'admettre qu’une ligne 
quelconque partant de la Terre et se prolongeant indéfiniment dans l’es- 
pace, ne va pas essentiellement rencontrer un corps qui puisse envoyer 
de la chaleur à la Terre, ou, en d’autres termes, il suffit d'admettre que 
l'enceinte stellaire, prise dans sa réalité, ne soit pas pour nous une en- 
ceinte devenant continue par l'assemblage des corps sans nombre qui 
sont dispersés dans les profondeurs de lespace à des distances toujours 
croissantes; alors, en effet, il y aura des points ou de petites portions 
de la voûte céleste qui nous enverront de la chaleur, et d’autres portions, 
sans doute plus grandes, qui ne nous en enverront pas, parce que les 
lignes qui leur correspondent se prolongent indéfiniment dans le vide. 

» On comprend ainsi que la chaleur de l'espace puisse être assimilée 
à la chaleur solaire par sa nature et par son origine, sinon par Sa quan- 
tité, et que l'atmosphère exerce par conséquent sur elle la même absorp- 
tion. Cela posé, les conditions générales d'équilibre des enveloppes 
diathermanes que nous avons discutées plus haut trouvent ici leur appli- 
cation directe : il suffit d’admettre que le globe que nous avons pris avec 
des dimensions quelconques devienne le globe de la Terre, que l'enceinte 
soit celle qui représente la température inconnue de l’espace, et enfin 
que l'enveloppe diathermane ne soit autre chose que l’atmosphère sup- 
posée d’abord sans nuages et jouissant de la propriété d’absorber seule- 
ment dans la direction perpendiculaire environ 20 ou 25 centièmes de la 
chaleur incidente, comme nous l'avons trouvé par les expériences sur la 
chaleur solaire rapportées plus haut. Comme l’action absorbante que l'at- 
mosphère exerce sur les rayons émis par la terre est nécessairement plus 
grande, il en résulte que toutes les conséquences auxquelles nous sommes 
arrivés s'appliquent à l'équilibre des températures terrestres. 


( 49 ) 
» Par conséquent, les phénomènes qui se produisent sans l'action du 
Soleil et sans les effets de la chaleur intérieure du globe, sont les suivants : 


» La température de la surface de la Terre est considérablement plus 
élevée que la température de l’espace ; 

_» 2°. La température moyenne de l'atmosphère ést nécessairement in- 
férieure à la température de l’espace, et à plus forte raison à la tempéra- 
ture de la Terre elle-même ; 

» 3°. Le décroissement de la température dans l'atmosphère n’est point 
dù à l’action périodique du Soleil, ni aux courants ascendants et descen- 
dants que cette action peut déterminer près de la surface de la Terre : il 
aurait lieu même quand le Soleil n’échaufferait ni la Terre ni l’atmosphère, 
parce qu'il est une des conditions d'équilibre des enveloppes diather- 
manes ; et sa véritable cause est dans les actions absorbantes inégales que 
l'atmosphère exerce sur les rayons de chaleur venant de l’espace et sur 
ceux qui sont émis tout autour du globe par la surface du sol ou par 
celle des mers. 

» M. Fourier est, je crois, le premier qui ait eu l’idée de regarder 
l'inégale absorption de l'atmosphère comme devant exercer une influence 
sur les températures du sol. Il y avait été conduit par les belles expé- 
riences faites par de Saussure, en 1774, sur quelques cimes élevées des 
Alpes et dans les plaines voisines, pour comparer les intensités relatives 
de la chaleur solaire. À cette occasion (4nnales de Chimie, tome XX VII, 
page 155) M. Fourier énonce d’une manière précise l’un des principes 
qui m'ont servi à établir les équations d'équilibre : seulement, il paraît 
ne l'appliquer qu’à l’action solaire, supposant que cette action périodique 
est la cause principale du décroissement de température de l'atmosphère. 

» D'un autre côté, M. Poisson, dans son dernier travail, a déjà fait voir 
que les couches supérieures de l’atmosphère doivent nécessairement se 
trouver à une température de beaucoup inférieure à la température de 
l'espace : il a déduit ce résultat, d’une part, du nombre auquel il est par- 
venu pour exprimer la température de l’espace, et, de l’autre, des condi- 
tions mécaniques de l'équilibre qui ne pourraient être remplies aux limites 
de l'atmosphère si l'air n’y éprouvait un degré de froid suffisant pour lui 
faire perdre toute son élasticité. Cette conséquence, qui pouvait paraître 
extraordinaire lorsqu'elle ne se présentait que comme une nécessité mé- 
canique, pourra peut-être maintenant paraître sinon plus certaine, au 
moins plus naturelle, puisqu'elle résulte aussi des lois de Ja chaleur rayÿon- 


7-. 


( 50 ) 


nante, et puisqu'elle se trouve par-là expliquée et rapportée à sa véritable 


origine. 
» A7. Si nous revenons maintenant aux conditions d'équilibre des enve- 


loppes diathermanes pour examiner les causes qui peuvent avoir de l'in- 
fluence sur leur double pouvoir absorbant, nous remarquerons que la 
chaleur spécifique de la substance de ces enveloppes ne peut pas changer 
sans que les pouvoirs absorbants ne changent aussi dans un certain rap- 
port. En effet, si autour du globe on substitue à une enveloppe donnée 
une autre enveloppe de même masse et de même matière, qui en differe 
seulement par sa capacité pour la chaleur, il est extrêmement probable 
que les effets seront différents, que ces deux enveloppes ne prendront pas 
la même température, et qu’elles ne détermineront pas des accumulations 
de chaleur égales sur le globe, même en supposant que les valeurs rela- 
tives des deux pouvoirs absorbants restent les mêmes dans chacune d'elles. 

» Cette simple remarque, jointe à quelques autres considérations qui ne 
peuvent pas être développées ici, m'a conduit à admettre que les pou- 
voirs absorbants d’un même fluide élastique, considéré comme substance 
diathermane, se trouvent proportionnels à sa masse et à sa capacité pour 
la chaleur. Ainsi, en partageant l'atmosphère, par exemple en 100 cou- 
ches concentriques de même masse, les pouvoirs absorbants individuels 
de deux couches quelconques seront proportionnels aux chaleurs spéci- 
fiques différentes de ces deux couches. Près de la surface de la Terre, où 
la pression est grande et la capacité petite, la proportion de chaleur ab- 
sorbée sera par conséquent moindre que près des limites de l'atmosphère 
où la pression est faible et la capacité considérable; on voit qu'en même 
temps la couche inférieure occupe une hauteur verticale beaucoup plus 
petite que celle de la couche supérieure. Cette considération modifie, 
comme nous l’avons annoncé, les quantités de chaleur solaire qui arrivent 
sur le sommet des hautes montagnes, et elle conduit à une expression 
générale de ces quantités de chaleur, dans laquelle il reste à substituer les 
pressions barométriques et les chaleurs spécifiques correspondantes. C’est 
ainsi que l'absorption, que nous avons trouvée et vérifiée par l'expérience, 
peut s'étendre aux différentes hauteurs auxquelles il est possible de s’é- 
lever pour y faire des observations analogues à celles que nous avons 
faites à Paris. 

» Enfin, ce même principe et ceux qui ont été développés plus haut, 
conduisent pareillement à exprimer, d’une manière simple, la quantité 
totale de chaleur rayonnante qui est émise dans un temps donné par 


(51) 
Funité de surface d’une couche atmosphérique quelconque. Cette quantité 
de chaleur ne dépend, en effet, que de la température propre de cette 
couche que nous représenterons par #, de sa capacité pour la chaleur c, 
et de sa masse m, puis du nombre B = :,146 qui est la constante du 
rayonnement; et enfin d’une constante inconnue k qui dépend de la na- 
ture du fluide élastique; sa valeur est donc 


Bkmea'. 


Pour une autre couche de même masse, située à une plus grande hauteur, 
dont la température serait £’ et la capacité c’, la quantité totale de chaleur 
perdue dans le même temps serait 


Bkmc'a'. 


» Cela posé, considérons l’état de l'atmosphère sous l’équateur, en 
admettant que le ciel y ait été long-temps sans nuages, et que l’équilibre 
de température s’y trouve établi dans toute la hauteur de la colonne 
atmosphérique : alors, la température moyenne de chaque jour étant à 
peu près constante sur le sol, et constante aussi dans chacune des 
couches d'air, quelle que soit la hauteur à laquelle elle se trouve, il faut 
que le sol et les diverses couches de l'atmosphère perdent chaque jour 
toute la chaleur qu'ils reçoivent. Or, la quantité de chaleur recue par 
l'une des couches inférieures, par exemple, dépend du pouvoir absor- 
bant qui lui est propre, puis de la chaleur incidente qui lui arrive, 
soit d’en bas-de la part de la Terre, soit d'en haut de la part du So- 
leil et de l'espace. Il en est de même de l’une des couches supérieures : 
seulement, il est visible que celle-ci recevra de la part du Soleil et de 
l’espace beaucoup plus de chaleur incidente que la couche inférieure , 
puisque cette chaleur s’affaiblit de plus en plus à mesure qu’elle pénètre 
dans des couches plus profondes ; il est visible aussi que la couche in- 
férieure , à son tour, recevra par compensation beaucoup plus de chaleur 
terrestre que la couche supérieure, parce que la chaleur terrestre s'af- 
faiblit par la même cause à mesure qu’elle pénètre dans des couches plus 
élevées. Le rapport de ces quantités reçues, ou plutôt des quantités re- 
çues et absorbées par deux couches quelconques, peut être calculé ap- 
proximativement , et l'on trouve qu'il ne peut pas s’écarter beaucoup de 
Funité, autant du moins qu’on n'arrive pas à des couches tres voisines 
des limites de l’atmosphère : si on le prend égal à l'unité, cela signifie 
que deux couches d'air, lune supérieure et l’autre inférieure , très rap- 
prochées ou très distantes l’une de l’autre, absorbent chaque jour des 


(52) 
quantités de chaleur égales; mais puisqu'elles perdent l'une et l'autre tout 
ce qu'elles recoivent , il en résulte bien évidemment qu’elles perdent dans 
je même temps des quantités de chaleur égales. Ainsi, on doit avoir 
Bkmca! = Bkmc'a', 
d’où 


» Ce résultat, qui exprime d’une manière si simple la loi du décroisse- 
ment de la température de l'air pour la région équatoriale, et qui semble 
s'étendre jusque près des limites de l'atmosphère, demande à être vérifié 
par l'expérience , autant du moins que ces vérifications sont possibles. 

» Or, on sait , par les recherches de M. de Laplace et de M. Poisson, que 
les capacités des fluides élastiques pour la chaleur sont liées aux pressions 
que ces fluides supportent par une relation de la forme 


OR 


2 
Ci == (2) | 2 
€ P 
et l'on sait pareillement que cette formule a été vérifiée par des ex- 
périences trés précises de MM. Gay-Lussac et Welter, qui s'étendent, pour 
les pressions , depuis 1460 mill. jusqu'à 144 mill., et, pour les tempéra- 
tures, depuis 4o degrés au-dessus de zéro jusqu’à 20° au-dessous. 

» Ainsi, on peut déjà calculer les capacités des différentes couches 
d'air jusqu'aux + de la hauteur de l'atmosphère : il sera intéressant toute- 
fois de continuer les expériences de M. Gay-Lussac, et de les étendre, s’il 
est possible, en leur conservant la même précision, jusqu'a des tempéra- 
tures de 60 ou 80 degrés au-dessous de zéro, température que l’on peut 
maintenant obtenir au moyen des appareils de M. Thilorier. (Voyez mes 
expériences à ce sujet, Comptes rendus , t. IV, p. 513.) 

» Cependant, si l’on admet provisoirement que la formule de M. Pois- 
son s’étende en effet jusqu'à une pression de + d’atmosphère , on trouve 
que la température de la couche correspondante à cette pression, serait 
inférieure de 163° à la température moyenne de la couche qui est voisine 
du sol, et, comme celle-ci est de 27° au-dessus de zéro, l’autre se trouve- 
rait à 1 36° au-dessous de zéro. 

» En calculant les températures des cent couches correspondantes à 


qui devient pour l'air sec 


(53) 
chacun des, 100" de la pression atmosphérique, et en prenant ia 
moyenne, on obtient ainsi approximativement ce que l’on peut appeler 
la température moyenne de la colonne atmosphérique, parce que c’est en 
effet en vertu de cette température que la colonne entière émet de la cha- 
leur rayonnante : le calcul donne pour cette moyenne — 8. 

» Enfin, il y a encore une autre vérification possible. On sait que la 
formule barométrique est exacte jusqu’à une hauteur assez considérable, 
et qu’elle établit une relation entre la distance verticale des deux couches 
et les pressions correspondantes. Cette relation est approximativement 


£ = 18393. 7. Œ): 
en la combinant avec les précédentes, on arrive à ce résultat 
Eh 8 
TTL 


c'est-à-dire que la différence des températures des deux couches est de 
1 degré par 225 mètres pour l'étendue à laquelle la formule baromé- 
trique peut s'appliquer. 

» On sait que les expériences de M. de Humboldt donnent 200"; cette 


différence de . tient sans doute à plusieurs causes, et particulièrement 


à ce que la formule qui lie les capacités aux pressions ne peut être em- 
ployée que pour l'air sec, tandis que l’air est en général très humide sous 
Féquateur, à raison même de sa température. 

» 48. Un thermomètre qui est exposé sur le sol au rayonnement 
nocturne reçoit de la chaleur de deux sources différentes, savoir , de 
la part de l’espace et de la part de l'atmosphère. La chaleur de l'es- 
pace étant soumise à l'absorption comme la chaleur solaire pendant son 


c ge Sr fait 7 3 : 
trajet atmosphérique, il n'y en a en général que les — ou les _ qui 


puissent arriver au thermomètre, du moins, en supposant que les expé- 
riences ne soient pas faites sur les hautes montagnes. Quant à la chaleur 
émise par l’atmosphère elle-même dans le cours de la nuit, elle est l'effet 
du rayonnement individuel de toutes les couches concentriques que l’on 
peut concevoir depuis le niveau de la mer jusqu'aux limites de l’atmo- 
sphère, et elle dépend par conséquent de la distribution des températures 
dans toute la hauteur de la colonne atmosphérique; nous pouvons ajouter 
que son influence est bien plus considérable qu’on ne l’a supposé jus- 


(54) 
qu'à présent. Quel que soit, au reste ; le rapport des intensités de ces 
deux causes, il est évident que l’on peut concevoir une cause unique 
capable de produire un effet égal à celui qui résulte de leur action si- 
multanée ; ou, en d’autres termes, on peut supprimer par la pensée la 
chaleur de l’espace et celle de l'atmosphère, et concevoir une enceinte , 
à pouvoir émissif maximum, dont la température soit telle qu'elle en- 
voie au thermomètre et au sol précisément autant de chaleur qu'ils en 
recoivent à la fois de l'atmosphère et de l’espace : c'est la température in- 
connue de cette enceinte zénithale que j'appelle la température zénithale. 

» Cette manière de concevoir les phénomènes n’a pas pour objet de re- 
présenter les actions particulières et peut-être inégales que le thermo- 
mètre éprouve dans telle ou telle direction , mais seulement de représenter 
avec exactitude l’action définitive et totale à laquelle il est soumis, en 
sorte que son abaissement au-dessous de la température ambiante se 
trouve le même avec l'enceinte zénithale qu'avec l'atmosphère et l’espace 
réunis. C’est sous cette condition qu'il nous est permis de donner à l'en- 
ceinte zénithale une température uniforme dans toutes les portions de 
son étendue. Enfin, il est évident que la température zénithale est néces- 
sairement variable à chaque instant pour le même point de la surface de la 
Terre, et à plus forte raison variable d’un point à un autre, parce qu'elle 
se compose d’un élément fixe qui est la température de l’espace , et d'un 
élément sans cesse changeant qui est la température des diverses couches 
atmosphériques. 

» On comprendra mieux l’avantage qu'il peut y avoir à décomposer 
ainsi le problème lorsque nous aurons fait voir les rapports nouveaux qui 
en résultent entre les quantités inconnues que nous cherchons à dé- 
terminer. Représentons par z la température zénithale et conservons la 
même désignation pour les autres quantités , savoir : 

t', pour la température de l’espace; 
t', pour la température moyenne de la colonne atmosphérique ; 
b, pour le pouvoir absorbant que l'atmosphère exerce sur la 
chaleur terrestre; * 
et b', pour le pouvoir absorbant que l’atmosphère exerce sur la cha- 
leur céleste. 

» Cela posé, considérons : 

» 1°. Que pendant l'unité de temps, l'enceinte zénithale émet par l'u- 
aité de surface une quantité de chaleur, 

Ba’; 


(55) 
B étant la même constante 1,146 dont nous avons parlé précédemment; 
il n’y a pas de coefficient relatif au pouvoir rayonnant, parce que nous 
devons le supposer égal à l’unité; 

» 2°. Que l'atmosphère émet pareillement une quahtité de chaleur 

Bbat”, 
parce que son pouvoir émissif est égal à son pouvoir absorbant, que nous 
avons représenté par D; 

» 3°. Enfin, que l’espace émet une quantité de chaleur 

Ba’, 
mais qu'il y en a seulement une proportion (1 — D") qui traverse directe- 
ment l'atmosphère pour arriver au sol, d’où il suit que par rapport au 
thermomètre qui repose sur le sol; l’espace est comme s’il avait un pou- 
voir émissif 1: — D’, et comme s'il envoyait seulement une quantité de 
chaleur 

- (1 — bd) Bar. 

» Puisque l'enceinte zénithale remplace l'atmosphère et l’espace, il faut 
que la quantité de chaleur qu’elle émet se trouve, par rapport au ther- 
momètre, rigoureusement égale à la somme des quantités de chaleur 
émise par l'atmosphère et l'espace. 

» On à donc 

Ba — Bôa!” + (1 — b') Ba”, 
ou 
= ba" + (1 — b'iar. (4) 

» Telle est la relation générale qui lie sans cesse la température zéni- 
thale, à la température de l’espace, à la température moyenne et variable 
de la colonne d’air et aux deux pouvoirs absorbants inégaux de l’atmos- 
phère. 

» 19. Essayons d'indiquer maintenant, comment il est possible d’obser- 
ver la température zénithale à chaque instant de la nuit, à peu près 
comme on observe la température de l’air. 

» J'ai employé pour cela deux méthodes : l’une qui repose sur l'emploi 
des miroirs, et l’autre sur l'emploi d’un nouvel instrument que j'appelle 
actinomètre; on sait que ce nom est déjà consacré par une invention très 
importante de M. Herschel, et il me semble heureusement choisi par cet 
illustre astronome, pour désigner tous les appareils qui ont pour objet de 
mesurer les effets du rayonnement, quel que soit, d’ailleurs, le principe 
de leur construction. 

» Il suffira d'indiquer ici la seconde méthode : je ferai seulement re- 


> 


R. 1838, 2€ Semestre. (T.VII, N°9) 8 


(56) 
marquer à l'égard de la première, que le refroidissement qu’on observe 
au foyer d’un miroir dont l’axe est dirigé vers le zénith, ne dépend pas 
de la concentration des rayons, comme on l’a supposé jusqu’à présent ; 
une simple plaque de métal poli, ou plutôt un cône évasé produit à peu 
près le même effet, en sorte qu’il m’a été possible de substituer aux mi- 
roirs des réflecteurs de cette espèce qui sont beaucoup plus commodes. 
Cependant, avec les réflecteurs comme avec les miroirs, les expériences 
sont délicates et les formules très compliquées ; elles contiennent la tem- 
pérature réelle de l'air, et le rapport du refroidissement qui résulte de 
son contact, à celui qui résulte du rayonnement; deux données sur les- 
quelles il est impossible de n’avoir pas quelque incertitude. 


» L’actinomètre est représenté dans la figure ci-dessus : il se compose de 
quatre anneaux de 2 décimètres de diamètre garnis de duvet de cygne, et 
reposant l’un sur l’autre pour que le duvet ne puisse pas éprouver de com- 
pression ; la peau de cygne, elle-même, forme le fond du cercle de chacun 
de ces anneaux. Ce système est enfermé dans un premier cylmdre de plaqué 
d'argent c, enveloppé aussi de peau de cygne, et contenu dans un 
cylindre plus grand c'. Un thermomètre repose au centre du duvet supé- 
rieur ; le rebord d a une hauteur telle, que le thermomètre ne puisse voir 
que les deux tiers de l'hémisphère du ciel; ce rebord est percé de trous 
au niveau du duvet pour que l'air froid s'écoule régulièrement. 


(57) 

» Cet appareil est exposé pendant la nuit au rayonnement du ciel, et 
l'on observe, d'heure en heure, son thermomètre et un thermomètre voi- 
sin librement suspendu dans l'air à 4 pieds au-dessus du sol; c'est de la 
différence de ces températures ou de l’abaissement de lactinomètre que 
l'on déduit la température zénithale; mais, pour cela, il faut que l’'appa- 
reil ait été soumis à la graduation que nous allons indiquer. 

» 20. Si l’actinomètre avait une surface indéfinie, et qu'il fût dans le 
vide, sous une enceinte hémisphérique, maintenue à une température 
constante, il prendrait évidemment la température de l'enceinte; au con- 
traire, avec sa forme réelle, voyant seulement deux tiers de l'hémisphère 
et enveloppé d’une couche d’air qui le réchauffe, il doit toujours rester à 
une température plus élevée que celle de l'enceinte. La graduation a pour 
objet de déterminer de combien il est réchauffé, de telle sorte qu'il suf- 
fise de connaître sa température et celle de l’air ambiant pour en déduire la 
température de l'enceinte, avec laquelle il est en échange de chaleur 
rayonnante. On conçoit, en effet, qu’il doive exister un rapport simple en- 
tre la température de l'enceinte et l’abaissement de l’actinomètre. Pour dé- 
couvrir ce rapport, j'ai composé un ciel artificiel avec un vase de zinc 
d’un mètre de diamètre soutenu à deux mètres de hauteur par trois co- 
lonnes minces; ce vase dont le fond était noirci, a été rempli d’un mélange 
réfrigérent à —20°, et l’actinomètre a été placé verticalement au-dessous 
à des distances telles que le thermomètre central en vit successivement des 
étendues correspondantes à + d’hémisphère, + d’hémisphère et + d’hémis- 
phere; dans chaque position lon a attendu l'équilibre de température et 
noté en même temps la température de l'air ambiant et celle de l'appareil. 
Des expériences analogues répétées à la température de la glace fondante 
et à d’autres températures intermédiaires, m'ont conduit au résultat sui- 
vant : si de la température ambiante on retranche les ? de l’abaissement 
de l’actinometre, on retrouve toujours la température du ciel artificiel. 
Ce résultat s'applique évidemment à la voûte céleste ou plutôt à l’enceinte 
zénithale; par conséquent, si l’on observe pendant la nuit la température 4 
de l'air ambiant, et l’abaissement d de l’actinometre, on en déduira la tem- 
pérature zénithale par la formule 


d 
z—1i—9 A 


qui est le résultat de la graduation. 
» 24. On trouvera , un peu plus loin, un tableau contenant quelques- 
unes des séries d’expériences qui ont été faites pendant de très belles nuits 


8.. 


(58) 


et par un temps calme pour déterminer la température zénithale. Ces ex- 
périences constatent que la température zénithale s’abaisse pendant la nuit, 
à peu près comme la température de l'air ambiant; cet abaissement progres- 
sif, depuis le coucher du soleil jusqu'à son lever, est un fait essentiel qui 
conduit immédiatement à une conséquence importante. 

» En effet, nous avons vu que la température zénithale se trouve ex- 
primée par deux termes qui s'ajoutent : l’un, dépendant de la tempéra- 
ture moyenne de la colonne atmosphérique, qui est variable; et l’autre , 
dépendant de la température de l’espace, qui est fixe. Or, puisque la 
température zénithale éprouve , dans une seule nuit, des variations con- 
sidérables, c'est une preuve évidente que le terme fixe qui entre dans son 
expression n'a qu'une très petite valeur par rapport au terme variable , et 
par conséquent que, dans le rayonnement nocturne, la chaleur de l'es- 
pace est très petite par rapport à la chaleur qui provient du rayonnement 
de l'atmosphère. 

» Cette conséquence ne peut guère se concilier avec les opinions qui 
attribuent à l’espace une température dont la valeur ne serait pas abaissée, 
au-dessous de zéro, d’un très grand nombre de degrés; mais elle se con- 
cilie parfaitement bien avec les faits connus qui déjà auraient pu fournir 
des indications dans ce sens, s'ils avaient été analysés dans leur ensemble 
avec toute l'attention qu’ils méritent. Les nombreux résultats de M. Wells, 
de M. Daniell, et de tous les autres physiciens qui ont fait des expériences 
sur le rayonnement nocturne, ne prouvent pas seulement qu'un thermo- 
mètre exposé sur le sol pendant la nuit, dans un lieu découvert, se 
refroidit de 6,7, ou même 8° au-dessous de la température ambiante; ils 
prouvent encore que ce phénomène se reproduit, presque avec la même 
intensité, dans les mois les plus froids de l’année, c’est-à-dire en janvier, 
en février, lorsque la température de l'air est tombée de plusieurs degrés 
au-dessous de zéro. Ainsi, Wilson a observé une différence de près de 9° 
entre la température de l'air et celle de la surface de la neige; Scoresby 
et le capitaine Parry ont observé des abaissements analogues dans les 
régions polaires, iorsque la température de l'air était à plus de 20° au- 
dessous de zéro. 

» Si l'on considère maintenant que le pouvoir réchauffant que la couche 
d'air exerce par son contact sur le thermomètre du sol, qui est plus 
froid qu’elle, est à peu près le même, soit qu’elle se trouve à 10° au-dessus 
de zéro, ou à 10° au-dessous, il en résulte que le pouvoir refroidissant 
qui maintient ce thermomètre à — 18° dans le second cas, a aussi la 


(59 ) 

même énergie que le pouvoir refroidissant qui le maintient à Æ > dans 
le premier cas ; et, comme ce pouvoir refroidissant dépend de la tempé- 
rature de l’espace, il en résulte aussi que la température de l’espace est 
de beaucoup inférieure à —18°; car, si elle était seulement de — 30° ou 
de —/4o°, le thermomètre qui est à —18° tandis que l'air est à —ro°, en 
serait déjà trop voisin pour que la chaleur de l’espace püt le maintenir au 
même abaissement au-dessous de l’air, que le thermomètre qui est à + +, 
tandis que l'air est à 10°. Ce qui a peut-être empêché que l’on fit ce rap- 
prochement, c’est qu’en général, dans les explications qui ont été don- 
nées du rayonnement nocturne; on a attribué aux couches supérieures 
de l'atmosphère, que l’on savait très froides, une puissance refroidissante 
particulière, oubliant en quelque sorte que, froides comme elles sont, 
c'est cependant de la chaleur qu'elles envoient , et que cette chaleur s’a- 
joute à celle de l’espace pour en augmenter les effets. 

» Les résultats que j'ai obtenus au moyen de l’actinomètre se trouvent 
donc d’accord avec l’ensemble des faits connus; il était peut-être essentiel 
d’en faire la remarque, afin de montrer que si les conséquences auxquelles 
nous allons parvenir sont en quelques points contraires aux opinions 
recues, cela tient à la nature des choses plutôt qu’à l’inexactitude des 
expériences. | 

» 22. En considérant l'équation (4) comme une équation) de condi- 
tion qui doit toujours être satisfaite pour toutes les valeurs de la tem- 
pérature zénithale données par l'expérience, il m’a été possible de 
déterminer des limites pour la température de l’espace; mais les phéno- 
mènes qui se manifestent dans les régions équatoriales, et qui s’y sou- 
tiennent d’une- manière constante dans tout le cours de l'année, condui- 
sent à une autre équation fondamentale, d’où l’on peut tirer la tem pérature 
de l’espace sans avoir recours à la température moyenne de la colonne 
atmosphérique. © | 

» En effet, dans la zone équatoriale, la surface de la Terre, en ÿ com- 
prenant l’atmosphère qui la recouvre, peut être considérée comme un 
cylindre dont les cercles tropicaux formeraient les deux bases, et dont le 
Soleil éclaire toujours la moitié. Ce cylindre reçoit à chaque instant toute 
la chaleur qui tombe sur le rectangle de sa projection, dont la surface 
est 2rh; il reçoit donc à chaque minute une quantité de chaleur 


1,7633.2rh. 


Mais cette quantité de chaleur étant répartie sur toute la surface latérale 


( 60 ) 


du cylindre ou sur une étendue 27h, il est évident que chaque upité n’en 
recoit, pour sa part, que ï 


1,7033 0.56 
T PRÉ A 


Telle est la quantité de chaleur solaire qui tombe moyennement tous les 
jours à chaque minute sur chaque centimètre carré de la zone équatoriale. 

» En même temps, la chaleur de l’espace fait aussi sentir son action, et 
si l'on désigne par #’ la température inconnue de l’espace, il est facile de 
voir que la quantité de chaleur reçue par minute et par centimètre 
carré est 

Ba”. 
Par conséquent la somme des quantités de chaleur reçues est 
Ba" + 0,56. 


Mais les effets réunis de l’espace et du Soleil peuvent être remplacés par 
une enceinte unique, à pouvoir émissif maximum; et si l’on représente 
par v la température inconnue de cette enceinte, capable de produire les 
mêmes effets, ou plutôt capable d'envoyer la même quantité de chaleur, 
on aura 
Ba’ — Ba" + 0,56; 

il est vrai que l’action du Soleil est intermittente, puisqu'elle cesse de 
se faire sentir pendant la nuit, et puisque pendant le jour elle se fait sen- 
tir avec des intensités différentes aux différentes heures; mais ces inter- 
mittences, qui produisent les variations de température que l’on observe 
pendant le jour et pendant la nuit, n’empéchent pas l'exactitude de l’é- 
quation précédente; elles n’empêchent pas non plus que les conditions 
d'équilibre des enveloppes diathermanes ne s'appliquent rigoureusement 
à l'enceinte dont nous venons de désigner la température inconnue par ». 

» Cette température # doit donc être telle qu’elle produise à la sur- 
face de la Terre, entre les tropiques, la température moyenne de 27°,5, 
qui résulte de l'observation. Mais, nous avons vu que l’excès de tempé- 
rature du globe sur l'enceinte se déduit toujours de la formule 
t—t 2—b 

ET 

t étant la température du globe, et £’ la température de l’enceinte. 

» Or, ici, la température du globe étant 27°,5 et celle de l'enceinte v, il 
faut donc que nous ayons 


a 


290,5—v0 2—b" 
a = —. / 
2 — bd 


(61) 
Si l'on prend la valeur de 4’ qui en résulte, et si on la substitue dans l’équa- 


tion précédente, en y mettant aussi pour B sa valeur 1,146, on trouve 


t 
a — 1,235 


2—b 
= — 2480. 


Et comme l’ensemble des expériences solaires donne b' = 0,35, on arrive 
définitivement à l'équation 


? 
#2 1,008 — 0,748.b, 


qui ne contient plus comme inconnue que la température de l’espace # et 
le pouvoir absorbant b que l'atmosphère exerce sur la chaleur terrestre. 

» La plus grande valeur de b donne la limite inférieure de la température 
de l’espace, et puisque b ne peut pas être plus grand que 1, la tempé- 
rature de l’espace ne peut pas être inférieure à 


— 195°. - 


Pour D’ == 0,3 on trouverait — 187, et pour b, = 0,4, seulement — 164. 

» Cette limite inférieure une fois trouvée, il est facile d’avoir aussi la 
limite supérieure; car elle correspond à la plus petite valeur qu'il soit 
possible d’attribuer à b ; or, les expériences de température zénithale fai- 
sant voir que b est nécessairement plus grand que 0.8, il en résulte que la 
température de l’espace est moindre que 


— 1150, 


Pour déterminer maintenant le nombre intermédiaire, compris entre ces 
limites, qui représente la vraie température de l’espace à l’époque actuelle, 
il faudra sans doute des expériences très multipliées, qui s'étendent à 
toutes les latitudes et à toutes les hauteurs. 

» Cependant, les seules expériences que j'aie pu faire permettent déja 
d’arriver à une certaine approximation; elles me donnent 


— 142° 


pour la température de l’espace, et je ne pense pas que cette valeur puisse 
s'écarter beaucoup de la vérité; elle correspond à b — 0,9. Ainsi, l’on 
voit comme résultat définitif de ces recherches, que le Soleil donne à la 
Terre une quantité de chaleur 1,7633 par minute et par centimètre carré, 
que par un ciel serein l'atmosphère absorbe environ les 4 dixièmes de cette 
chaleur, et de celle de l'espace ; qu’elle absorbe les 9 dixièmes de la cha- 
leur émise par la Terre, et que la température de l’espace à l'époque pré-- 


(62) 

sente est de 142° au-dessous de zéro. On ne peut assez faire remarquer 
l'importance du rôle que joue dans l'ensemble des phénomènes terrestres 
l'inégalité des pouvoirs absorbants de l'air atmosphérique, et, par suite, 
tous les soins qu'il faudra prendre pour les déterminer avec exactitude. 
On parviendra sans doute à imaginer, dans ce but, d’autres appareils et 
d’autres méthodes d’expérimentation, au moyen desquels il sera possible 
de déméler à chaque instant les influences complexes du rayonnement de 
l'espace et du rayonnement atmosphérique. Si aujourd’hui les diverses ré- 
gions du ciel qui passent successivement au zénith, nous paraissent en- 
voyer des quantités de chaleur égales, il est très probable que cela ne 
tient qu'à l’imperfection de nos appareils : nous apercevons de telles dif- 
férences dans la nature, la distance, le nombre et le groupement des 
astres parmi les profondeurs de l’espace, qu'il est impossible d'admettre, 
que la portion du ciel, sans cesse changeante, qui se trouve au-dessus de 
l'horizon, ressemble sans cesse à la portion qui se trouve au-dessous, et 
par conséquent il est impossible que tous les hémisphères que nous pou- 
vons concevoir dans la voûte céleste, envoient réellement à la Terre une 
même quantité de chaleur. C’est surtout dans la zone équatoriale, qu’il 
faut chercher d’abord à apprécier ces différences, parce qu’elles doivent 
sans doute y paraître plus grandes, plus régulières et plus faciles à ob- 
server. 

» 23. Le tableau suivant contient le résultat des expériences faites au 
moyen de l'actinomètre : on y remarquera l’abaissement progressif de la 
température zénithale; la dernière colonne de ce tableau contient la 
moyenne température £{” de la colonne atmosphérique à Paris, corres- 
pondant à chaque observation, et calculée par la formule de la tempéra- 
ture zénithale dans laquelle cette quantité £” reste seule inconnue, 


(63) 


T'ableuu des températures moyennes de l'aitmosphere qui correspondent aux observations 
de l’actinomètre faites pendant les mois d'avril, de mai et de juin. 


TEMPÉRATURES 


TEMPER.| TEMPÉRAT TE 


JOURS. - HEURES. de de DIFFER, |. Dj oi 
l'air. | l’actinomèt, zénithales. € 
l'atmosphère. 
————— nl ns 


Du 10 au 11 avril. 


1o avril. ...| 7 soir. |io. 2 3.9.1 6,3 | — 4.0 | — 23.5 
8 Joe ro le | 0 
9 9. 6 Do) 74 |— 7.0 | — 27.0 
10 9. 0 EXO NTIC TN PEN EN EE 27.5 
Dei ne 2e 0 5 matin. | 5. o | — 3.0 8.0 SON — 135 
5.30" 5. o | — 3.0 | 8.0 | — 13.0 | — 25 
6 HÉROS 7-8 | — 12.0 | — 34 
Du 14 au 15 avril. 
14 avril....| 7 soir. | 8. 5 DOTE 6 ol 6 
Lo) 7. o | — 0.5 7.5 | — 9.9 | — 30.0 
9 5. 84 — 0.60! 7.4 À — 10.8|1l2 39 
10 5. o | -- 2.4 7.4 | — 1.6 | — 33.5 
19e el 4-30 0matin || T- 00 —10-0 | 7-0 | en 14.7 | — 37.5 
1. 0 — 6.0 | 7.0 | "14.7 fu 37.5 
6 HH68 00:26 8 1 13.7 | — 36.0 
Du 20 au 21 avril. 
20 avril....[ 8* soir. D NGC 10.82 16.411 48:8110 — 29.5 
9 4. 5 | — 2.0 (OR te oo ES 
10 3. 6|— 3.0 | 6.6 | — 11.7 | — 33,5 
CN CHOISI Had er à 4:30" matin. | 0. o | — 7.0 | 7.0 | — 15.7 | — 38.5 
0.0 7.0 | 7-0 | — 15.7 | — 38.5 
5,30 0. 1|[—6.5-|6.6 | = 14.5 | — 37.0 
Du 5 au 6 mai. 
GÉMA 2e 5* soir. [25.50 19. 5.6 12. AS LA 
6 25,10 17. 7.6 2x FE = 8.0 
7 23.10 15.0 | 8.7 4.9 | — 12.0 
8 22. 9 13.9 |9.o 2.6 | — 15.0 
9 2 No 12.9 0|}070 1.4 | — 16.5 
10 17. 5 10 7.5 0.6 | — 19.5 
GORE DIR matin-)|re hr 5 TROUS RE ME EE 
4.30" 12. 1 5 7er | — 3.9 | — 23.5 
5 12 6 DÉC PES RS MR 


80.2] 4 maso |: — 16.0 
7.3 1.4 16.5 
6.9 » » 
7-1 0.3 | — 18.0 
LEA TE 6.0 — 2.2 | — 21.0 
20 ET 0e 


C. R. 1838, 2° Semestre, (T. VII, N° 2.) 9 


\ 


(64) 

» 24. Il me semble nécessaire d'indiquer encore quelques-unes des 
conséquences les plus générales qui résultent de ces recherches. 

» La quantité totale de chaleur que l’espace envoie dans le cours d’une 
année à la terre et à l'atmosphère, se déduit de ce qui précède; il est fa- 
cile de voir que cette quantité de chaleur serait capable de fondre sur 
notre globe une couche de glace de 


26 mètres d'épaisseur. 


Nous avons vu que la quantité de chaleur solaire est exprimée par une 


couche de glace de j 
51 mètres. 


Ainsi, en somme, la Terre reçoit une quantité de chaleur représentée par 
une couche de glace de 
57 mètres, 
et la chaleur de l’espace y concourt pour une quantité qui est les de la 
chaleur solaire. 
» Entre les tropiques la chaleur de l’espace est seulement les 3 de la 
chaleur solaire; car celle-ci s'y trouve représentée par une couche de 


glace de 
39 mètres. 


» On sera étonné, sans doute, que l’espace avec sa température de —142° 
au-dessous de o, puisse donner à la Terre une quantité de chaleur si 
considérable, qu’elle se trouve presque égale à la chaleur moyenne que 
nous recevons du Soleil ; ces résultats paraissent, au premier abord, tel- 
lement contraires à l'opinion que l’on se fait, soit du froid de l’espace, 
soit de la puissance du Soleil, que l’on sera peut-être disposé à les regar- 
der comme inadmissibles. Cependant, il faut remarquer qu’à l'égard de la 
Terre le Soleil n’occupe que les 5 millionièmes de la voûte céleste, qu'il 
doit, par conséquent , envoyer deux cent mille fois plus de chaleur pour 
produire le même effet. 

» Au reste, en considérant les phénomènes sous un autre point de vue, 
on sera porté, au contraire, à supposer que dans ces évaluations la puis- 
sance du Soleil se trouve fort exagérée; car si l’on examine les tem- 
pératures, au lieu d'examiner les quantités de chaleur, on arrive à ce 
résultat : 

» Que si le Soleil ne faisait pas sentir son action sur notre globe, la 
température de la surface du sol serait partout uniforme et de 


— 80°. 


(65 ) 
Or, puisque la température moyenne de l’équateur est de 27°,5, il faut en 


conclure que la présence du Soleil augmente la température de la zone 
équatoriale de 
116°,5. 


Pareillement la température moyenne de la colonne atmosphérique serait 
à l'équateur de 


— 149°. 
AT \ . = : ë 
Les formules précédentes font voir qu’elle est d'environ — 10° ; ainsi la 
présence intermittente du Soleil augmente de 


139° 


la température moyenne de la totalité de l'atmosphère dans la zone 
torride. Cet effet du Soleil pour augmenter les températures terrestres dé- 
passe de beaucoup celui que M. Poisson a obtenu en considérant les 
variations de température à diverses profondeurs au-dessous de la surface 
du sol; maïs il me semble que les deux méthodes donneront des résultats 
plus concordants lorsqu'il sera possible d'introduire d’une manière plus 
directe, dans les formules, l'influence si considérable de l'atmosphère. 

» Pour étendre ces calculs à d’autres régions, il faut tenir compte du 
décroissement de la température du sol à mesure que la latitude augmente; 
mais par approximation, il est facile de reconnaître que les effets du vent 
concourent à élever la température des régions polaires, en abaïssant 
plus ou moins lés températures des régions comprises entre les cercles 
polaires et les tropiques; la température de la zone équatoriale elle-même 
paraît peu abaissée par cette cause. 

» Cet extrait a surtout pour objet de donner une idée des principes 
théoriques et des méthodes expérimentales qui servent de base à ce tra- 
vail. C’est particulièrement sur ces deux points qu'il me sera peut-être 
permis d’appeler l'attention des géomètres et des physiciens; quant aux 
nombres qui résultent de mes expériences , ils devront être modifiés; des 

- recherches ultérieures, entreprises à la fois sur différents points du globe, 
seront nécessaires pour leur donner toute la précision qu'ils doivent avoir. » 


Crururere. — Note de MM. Brescuer et Juces Guvor, pour répondre à la 
réclamation faite par M. Larrey. 


« Dans la dernière séance, je n’ai pas cru devoir répondre à la récla- 
mation de notre honorable collègue, M. Larrey, pensant que cette récla- 


9+. 


(66 ) 


mation tomberait d'elle-même par une simple réflexion qui viendrait à 
l'esprit de tout le monde : Si le procédé que nous appliquons appartenait 
à M. Larrey, il l'emploierait, ou, tout au moins, il l'aurait essayé. Aucune 
trace de pareils essais ne nous a été signalée , soit par tradition, soit par 
écrit, et M. Larrey lui-même va nous dire qu'il n’a jamais fait construire 
d'appareil ayant pour but d'entretenir une atmosphère circonscrite et in- 
variable à + 36° centig. autour d’une plaie nue et non pansée , jusqu’à 
sa parfaite guérison. 

» Si nous consultons les ouvrages, si estimables sous tous les rapports, 
de M. Larrey, nous y trouvons que les grandes plaies, les plaies graves, 
les plaies pénétrantes, guérissaient fort bien en Égypte, et que les mêmes 
plaies guérissaient fort mal, ou ne guérissaient pas en Allemagne , à cause 
de la chaleur du premier climat et du froid du second. M. Larrey a publié 
ces faits qui n'étaient pas connus seulement du personnel médical et chi- 
rurgical des armées, mais encore de tous les officiers et même de tous les 
soldats; il n’en a tiré aucune conséquence pratique, ou sil l’a fait tacite- 
ment, il n’en est résulté aucune expérience et aucune application connues. 

» D'ailleurs, une foule de médecins et de chirurgiens ont constaté bien 
avant M. Larrey, que le froid était nuisible aux plaies et la chaleur très 
favorable : ainsi, Belloste , Camper, César Magatus, Boerhaave, Champeau, 
Fabre, Lombard, Saucerotte, Monro et John Bell, etc., en ont parlé. Nous 
ne nous arréterons qu'aux préceptes du père de la chirurgie française, qui 
était aussi chirurgien des armées, Ambroise Paré : « Qu'il soit vrai, dit-il, 
» beaucoup d’hommes blessés meurent en hiver de petites plaies , qui ne 
» mourraient pas de beaucoup plus grandes en été. Et cela s'accorde bien 
au dire d'Hippocrate, à savoir, qu'aux parties ulcérées le froid est 
mordicant : il endurcit le cuir, fait douleur, engendre lividité, frissons, 


» 
» 


» fièvres, etc. » 
» Mais Ambroise Paré ne s’est pas contenté, lui, de constater seulement 


je fait : il y a été beaucoup plus loin que M. Larrey; car il s’est élevé jus- 
qu’à l'application : « Qu'il soit vrai (dit-il encore), en hiver, s'il survient 
» plaie, en la pansant et traitant faisons un air chaud par la réverbération 
» de quelque fer échauffé auparavant au feu. » 

» Nous devons signaler aussi les expériences de Faure, qui a constaté 
les effets salutaires du calorique rayonnant obtenu par des charbons ar- 
dents ou par l’insolation, sur les ulcères anciens, et la remarque qu'il a 
faite que ces effets n'étaient obtenus que lorsque la température des 
rayons solaires s'élevait à 33°. 


(67) 

» Il y a un espace immense à franchir entre ces observations, ces ind 
cations si simples, et le fait de chercher par expérience quelle est la tem- 
pérature la plus favorable à la cicatrisation des plaies entre 0° et 90° au- 
dessus de zéro ; entre déterminer avec précision sur les animaux le degré 
le plus Ééoable de température, et dire seulement que la chaleur est 
bonne; il n’a pas fallu moins de cinq années de recherches et d'expériences 
minutieuses et attentives pour arriver à ce simple énoncé : La température 
la plus favorable à la cicatrisation des plaies des animaux est la tempéra- 
ture précisément égale à celle de l'animal blessé. 

» 11 fallait observer encore comment cette température agissait, com- 
ment elle pouvait être le mieux appliquée, quels étaient ses avantages et 
ses effets comparés aux autres modes de pansement ; comment on pouvait 
produire et entretenir régulièrement une telle température, etc. Tous ces 
travaux ont été faits avant d'arriver aux applications que nous suivons en 
ce moment : et nous pouvons affirmer que ni M. Larrey, ni d’autres chi- 
rurgiens n’ont fourni les éléments de cette précieuse application de la 
physique et de la physiologie à la pathologie humaine. 

» Afin d'obtenir les avantages que l’on peut désirer, M. Larrey pense 
« qu'il vaudrait beaucoup mieux, dans lés cas supposés, laisser agir lente- 
» ment la nature, avec l'attention de la seconder, comme il le recommande 
dans sa Clinique chirurgicale»; conseil qu’on peut traduire par ces mots : 
« Faites ce que je dis dans ma Clinique et ne cherchez pas à faire mieux. » 
Une telle prétention devrait-elle étre exprimée dans le sein de l’Académie 
des Sciences ? 

» Enfin , M. Larrey manifeste une crainte, c’est que la cicatrisation ob: 
tenue par nous sur notre premier malade, ne soit qu'un desséchement de 
la plaie et non une vraie cicatrice. 

» Au lieu d’élever de semblables doutes , M. Larrey aurait d attendre 
les résultats des expériences que nous avons annoncées, d’après de pre- 
miers faits et simplement pour prendre date; ou mieux encore, il aurait 
dû faire comme plusieurs membres de cette Académie, et comme un 
grand nombre de médecins et de chirurgiens, il aurait dû venir à l’'Hôtel- 
Dieu examiner les malades soumis à notre méthode de traitement. Alors il 
aurait parlé comme le veut la science , c’est-à-dire d’après l’observation et 
non d’après une présomption. 

» Après avoir répondu à ces premières observations, nous déclarons 
que nous garderons un profond silence à l’égard des critiques qu’on pourra 
faire de notre méthode de traitement, désirant éviter toute polémique, 


{ 68 ) 
et nous livrer entièrement à nos recherches expérimentales, dont il faut 
attendre les résultats avant de chercher à les juger. 
» Nous terminerons ces remarques en disant que notre première ma- 


lade, la première amputée, est presque complétement guérie, et que le 
deuxième malade est en voie de guérison. » 


Après la lecture de cette Note, M. Lanrey présente quelques remarques 
qu’il annonce devoir développer plus tard. 


M. Roux, prenant ensuite la parole, déclare qu'il ne veut point s’occu- 
per du fond de la question, et qu'il regarderait comme prématurée toute 
discussion sur une méthode de traitement qui n’a été encore appliquée 
que dans deux cas. De ces deux cas même, ajoute-t-il, le dernier peut à 
peine être cité puisque la guérision n’est pas encore complète; et quant 
au premier où il y a eu réunion par première intention, il ne paraît pas 
que la cicatrisation ait été sensiblement plus rapide que dans beaucoup de 
cas où l’on réunit de même par première intention sans faire intervenir 
l’action de l'air chaud. Peut-être donc sera-t-il permis de penser que les 
auteurs du Mémoire auraient dù attendre de nouveaux faits avant de 
donner à la méthode qu'ils proposent cette publicité qui résulte presque 
nécessairement d'une communication faite à l’Académie des Sciences. 


M. Macewnie fait remarquer que bien que les deux faits rapportés dans 
le Mémoire soient tout récents, on se tromperait beaucoup en les regar- 
dants comme les premiers essais d'une méthode de traitement mise en 
pratique avant d’avoir été suffisamment mürie par la réflexion; c’est en 
cherchant à se rendre compte de certains phénomènes physiologiques 
d'un grand intérèt, et en s'appuyant sur des découvertes assez récentes 
relatives à l'action des agents extérieurs sur la circulation capillaire, que 
M. Guyot a été conduit à chercher si la pratique confirmerait ce que 
semblait indiquer le raisonnement, relativement à l’action favorable 
d’un air chaud et sec dans certains cas chirurgicaux; les expériences 
qu'il a faites à ce sujet sur les animaux, remontent déjà à plusieurs 
années, elles ont été conduites avec sagacité, suivies avec patience, et 


leurs résultats n'intéressent pas moins la physiologie. que la patho- 
logie. 


M. Burscuer ajoute que ce serait comprendre fort mal l'esprit de la 
communication qu'il a faite en commun avec M. Guyot que de voir, dan 


( 69 ) 

la rapidité de la cicatrisation chez la jeune fille amputée, le résultat le 
plus saillant de la nouveile méthode du traitement; que l’état général de 
la santé, l'absence de fièvre, l'éloignement de toute complication et de tout 
danger, la possibilité d’administrer des aliments, dans les deux cas, et 
surtout dans le second, où une fâcheuse prostration des forces était à 
redouter, sont des circonstances dont M. Roux paraît n’avoir pas tenu 
compte, et qui sont cependant fort à considérer. j 


Paysiorocre. — Remarques sur les Phosphènes ; Fragments du journal 
d'un observateur atteint d'une maladie des yeux (M. Savicny ). 


« Ces fragments sont des observations ou plutôt des éclaircissements 
dont l’auteur a entremélé ses exposés de chaque jour; éclaircissements 
destinés à servir de guide au physiologiste qui voudrait rassembler les 
faits de tous genres épars dans ce long et volumineux recueil pour les. 
expliquer et en faire un ouvrage régulier et complet. 

» Il est nécessaire de se rappeler, pour l'intelligence de ce qui va suivre, 
que les yeux de l’auteur, atteints d’une forte névrose, sont tenus depuis 
quatorze ans dans une complète obscurité; mais que cette obscurité est 
aussi insensible pour eux que si elle n'existait pas, puisque les phéno- 
mènes éclairés ou lumineux dont ils sont malheureusement le foyer, leur 
semblent remplir constamment tout l’espace. 

» La faiblesse de toute la rédaction trouvera dans la maladie elle-même 
son excuse. 


Des Phosphènes en général, et plus particulièrement des Phosphènes orbiculaires. 


» Fragment 1. Les Phosphènes, que je comprends dans le genre des 
Néphélides (1) pour des raisons que j’exposerai plus bas, sont des phé- 
nomènes lumineux connus de tout le monde. Il n’est personne qui, en 
se comprimant du bout du doigt l'angle interne d’un œil, n'ait fait quel- 
quefois paraître dans l’obscurité un petit cercle lumineux à son angle 
externe. Ce cercle de huit à dix lignes de diamètre est le Phosphène dans 
son état naturel d’exiguité et de simplicité. 

» On voit déjà par cet exemple que les Phosphènes ne sont pas des phé- 
nomènes spontanés. Leur apparition ne peut en effet s'effectuer que par 
une pression quelconque exercée sur un œil ou sur les deux yeux à la 


(1) Les Néphélides sont un genre de phénomènes intermittents qui réunit sous une 
dénomination commune les Nuages, les Pyrophis, les Hydrophènes, les Phénicés, 
les Phosphènes et les Pyroles. Les Phosphènes et les Pyroles sont les moins com- 
pliqués de ces phénomènes. 


(70) 
fois. À ce défaut de spontanéité , leur caractère principal, les Phosphènes 
en joignent un autre presque aussi important : celui d’apparaître exclusi- 
vement dans la région marginale, et principalement dans la région mar- 
ginale supérieure. 

» Les phénomènes dont il s’agit se présentent sous trois modes princi- 
paux, sujets chacun à certaines perturbations. — Sous le premier mode, 
le Phosphène est circonscrit, généralement orbiculaire; et selon qu'il est 
unique ou multiple, il occupe un seul point, ou plusieurs points distincts 
dans la région marginale. — Sous le deuxième mode, le Phosphène s'é- 
tend ‘en nappe interrompue, ou continue, ou en longue bandelette; et 
dans l’un comme dans l’autre cas, il occupe souvent d'un bout à l’autre 
le bord supérieur de la région marginale. — Sous le troisième mode, le 
Phosphène consiste en un cercle unique, grand (de quelques pieds de 
diamètre), mais linéaire, parallèle au contour de la région marginale, et 
entourant à une certaine distance toute la face. 

» Les Phosphènes, nuls durant les six premiers mois de la maladie, se 
sont manifestés peu de jours après son entrée en diminution; mais la dis- 
position nouvelle qui leur avait donné naissance ne faisant que des pro- 
grès excessivement lents, les Phosphènes ont dû naturellement suivre le 
même cours. Aussi n'est-ce qu’en 1832, plus de 7 ans après leur première 
apparition, que sous le rapport de la grandeur, de la composition, de la 
variété, de l'éclat, ils ont paru atteindre leur véritable apogée. C’est à cette 
même époque que je me placerai pour examiner ceux du premier mode, 
c'est-à-dire les Phosphènes orbiculaires (et leur analogues), les seuls sur 
lesquels je veuille, en ce moment, appeler l'attention et donner quelques 
éclaircissements. 

» Manifestés long-temps avant les autres, les Fhosphènes orbiculaires se 
sont encore trouvés dans la suite, sinon les plus grands, du moins les 
plus fréquents et les plus variés de tous. Leur diamètre s'étend ordinai- 
rement de 6 à 10 pouces, et parait rarement en dépasser 12. Ils sont 
plats ou concaves, simples à leur circonférence, ou festonnés avec de 
légers renflements correspondants aux festons, et de faibles rides ou de 
fines ondulations circulaires, etc. Les uns sont d'un blanc soyeux, ter- 
minés par une bordure argentine ou par une LPEe bordure jaune qui brille 
de l'éclat de l'or. D'autres sont jaunes, orangés, roùges ou noirs, terminés 
de même par une étroite ou large bordure d’un blanc souvent argentin 
ou d'un jaune dont l'éclat métallique imite habituellement celui de l'or le 
plus pur. Plusieurs, finement striés, sont totalement jaunes, et ce jaune 


(71) 

brille aussi le plus souvent de tout l'éclat de l'or. Quelques-uns de ceux- 
ci paraissent composés de plusieurs zones concentriques festonnées à leur 
bord, etmarquées elles-mêmes de stries onduleuses, fines et serrées, éga- 
lement concentriques; le tout d’une délicatesse, d’une élégance, d'un 
brillant que l'art de l’orfèvre le plus habile ne saurait égaler. Les Phos- 
phènes les plus grands et les plus concaves s'émettent généralement sur 
les points les plus élevés de la région marginale : c’est aussi le siége 
principal des plus ornés, et celui qui, souvent, en couronne le sommet 
présente, plus que tout autre, l'aspect d’une magnifique coupole. 

» Tels sont, à quelques omissions près , faites à dessein, les Phosphènes 
parvenus à un certain degré de perfection. Tels ils s’offraient à ma vue 
en 1832 et 1833, lorsque, fatigué d’une insupportable sensation d’en- 
gorgement, je pressais des deux mains le bandeau qui couvrait mes 
yeux, pour aider les paupières à les comprimer et à en opérer le déga- 
gement. Ce n'est pas qu'ils apparussent à chacune de ces compressions : 
c'est bien moins encore qu'ils s’y fissent voir en grand nombre à la fois. 
Il en paraissait souvent un seul; moins souvent deux, trois ; rarement 
quatre, etc. Ces Phosphènes appartenaient presque toujours au seul œil 
droit. Ils sont devenus depuis (en 1834 et 1835) plus réitérés, sous des 
pressions à la vérité plus diverses; ils sont même devenus un peu plus 
nombreux, surtout pour l'œil gauche : mais à mesure que leur produc- 
tion s'est montrée plus fréquente, ou du moins plus constamment dis- 
posée à s’effectuer, ils ont perdu leur concavité, leurs découpures margi- 
nales, leurs zones festonnées, leurs fines stries, leur lustre soyeux ; en 
un mot, leurs formes les plus prononcées , et leurs détails les plus exquis. 
Le brillant métallique, leur principal éclat, s'est de même évanoui par 
degré, et a fait place, en 1835 , à l'aspect purement lumineux. La vivacité 
de leur coloration s’est aussi affaiblie, et l'absence, rare à la vérité, de 
toute coloration centrale, les a rendus quelquefois simplement annulaires. 
L'état présent lui-même ne se soutient pas, et subit chaque jour de sen- 
sibles altérations. 

» 2. Les Phosphènes des deux yeux (je parle toujours des Phosphènes 
orbiculaires) n’ont pas débuté parallèlement. Ceux de l'œil droit ont paru 
long-temps avant ceux de l'œil gauche, et leur sont restés en tous points 
de beaucoup supérieurs; différence qui tend néanmoins des deux côtés 
à s’effacer. Les uns et les autres ont d’abord paru de loin en loin; ce n'est 
que lentement et par degré, qu'ils sont devenus habituels ou quotidiens. 


Leur grandeur, leur forme, leur couleur, leur brillant, dépendent princi- 


C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 2.) 10 


Cre) 

palement de la disposition de l'organe; disposition souvent fugitive, et 
que la même heure, je pourrais dire le même instant, voit quelquefois 
commencer et finir. Ces attributs dépendent aussi du mode de compres- 
sion exercée sur l'organe, de l'étendue de cette compression, de sa force, 
de sa durée, etc. Mais la chose sur laquelle le mode de compression a le 
plus d'influence, est la situation des Phosphènes relativement à l'en- 
semble des phénomènes permanents , et aux yeux eux-mêmes. Lorsque la 
pression est exercée au même instant sur les deux yeux, et qu'elle l'est 
uniformément par l’action vive et spontanée des paupières, les Phosphènes 
apparaissent simultanément dans la région supérieure; ceux de: l'œil 
droit, à quelques exceptions près, à droite (1); ceux de l'œil gauche, à 
de très rares exceptions près, à gauche; et s’ils sont réduits à un seul, 
ce Phosphène unique occupe presque toujours le point élevé correspon- 
dant à l’espace compris entre les deux yeux; de sorte qu'il peut égale- 
ment appartenir à l’un ou à l’autre, ou même aux deux à la fois. Lorsque 
la pression bornée à un seul œil, en parcourt successivement, au moyen 
du doigt, tout le contour inférieur, depuis l'angle interne jusqu’à l'angle 
externe; les Phosphènes prenant la même direction en sens inverse, 
apparaissent successivement sur tous les points d’une grande courbe su- 
périeure, qui s'étend quelquefois du point correspondant à l'angle ex- 
terne de cet œil, au point correspondant à l’angle externe de l'œil op- 
posé, mais qui d'ordinaire s'arrête au point intermédiaire le plus élevé; 
à celui qui correspond à l’espace compris entre les deux yeux. Si la pres- 
sion, après avoir suivi le contour inférieur de l'œil, revient brusquement 
sur elle-même, en allant d’un angle vers l’autre alternativement, les 
phosphènes, forcés de répondre presque en même temps à des impulsions 
opposées, se multiplient plus.ou moins en descendant et remontant la 
courbe susdite, rapidement et confusément. 


(1) Il s’est manifesté, en juin 1828, à gauche un peu au-dessus du point correspon- 
dant à l'angle externe de l'œil, un Phosphène elliptique, long de 10 à 12 pouces; 
formé de plusieurs rangs concentriques de mamelons jaunes et lumineux. J’ai long- 
temps ignoré de quel œil dépendait ce Phosphène, dont l’aspect semblait invariable, 
et dont l’apparition, assez rare, était toujours inopinée, sans qu'aucune nouvelle 
pression püt la reproduire. C’est depuis dix-huit mois seulement, que j’ai acquis la 
certitude qu'il appartenait non à l’œil gauche, comme sa position pouvait le faire 
supposer, mais à l'œil droit. En général, les Phosphènes qui se montrent du côté 


opposé à celui de l’œil auquel ils appartiennent, n’ont de remarquable que leur 
faiblesse. 


(73) 

» Ces diverses sortes de pressions (dont j'ai du retracer ici les effets, quoi- 

. qu'ils puissent être très connus), sont les seules que favorise la conforma- 
tionextérieure de l'organe-et que réclament quelquefois ses besoins. Elles 
sont les seules que l’on exécute naturellement et pour ainsi dire machina- 
lement; et c'est même une des raisons pour lesquelles les Phosphènes orbi- 
culaires apparaissent presque exclusivement dans la région supérieure. Mais 
le hasard ou la volonté peuvent cependant diriger la pression sur d’autres 
_ points et produire ainsi des effets opposés aux précédents. Le doigt peut, 
par exemple, en s’éloignant de l’angle interne de l'œil, en suivre non le 
bord inférieur mais le contour supérieur jusqu’à l'angle externe : les Phos- 
phènes apparaissent alors successivement sur tous les points non d’une 
courbe supérieure, mais d’une courbe inférieure, semblable d’ailleurs à la 
grande courbe supérieure mentionnée plus haut partant exactement du 
même point, parvenant exactement au même point, mais nécessairement 
de forme inverse. Ces nouveaux Phosphènes, dont le diamètre ordinaire 
excède à peine quatre pouces, ne m'ont encore offert que des disques lu- 
mineux ou des disques noirs, bordés d’un cercle lumineux. Ils se ren- 
dent assez rarement visibles, et je dois même ajouter que ce n’est que 
depuis peu de temps qu’ils se sont fait remarquer. D'autres conséquences 
de la pression ne sont pas moins variées. En général, une pression plus 
forte rend le Phosphène plus grand; plus compliqué, plus lumineux; elle 
‘en change même quelquefois la couleur. Une pression inégale le rend on- 
duleux ; irrégulier, incomplet. Une pression exercée sur des renflements 
insolites, ou sur de petites aspérités, telles qu’il s'en forme accidentelle- 
ment sous les paupières, déplace les Phosphènes, ou sans les déplacer, les 
faits briller sur des points qu’ils n’affectent pas ordinairement; ou leur 
donne une forme’bizarre , etc. On conçoit, sans que je le dise, que le 
Phosphène né de la pression et commencé avec elle, finit avec elle; mais 
il est peut-être bon de remarquer que quelque prononcée que soit là 
disposition aux Phosphènes, des pressions réitérés sont sujettes à Pépuiser. 

»$ 3. Je passe aux raisons qui m’ont fait associer les Phosphènes aux 
néphélides; me bornant toutefois à examiner leur rapport avec les né- 
phélides les plus caractérisées, c’est-à-dire avec les nuages. 

» Le défaut absolu de spontanéité est l'attribut le plus frappant des 
phosphènes, et si l'on s'y arrétait,:on n’hésiterait pas à les regarder comme 
un genre de phénomène distinct de tous les autres. Mais pour qu'on püt 
y attacher ce degré d'importance, il faudrait que le défaut de spontanéité 
fût non-seulement absolu chez les Phosphènes, mais encore qu'il leur fût 

10.. 


(74 ) 


exclusivement propre, et qu'il n’appartint, même accidentellement, à 
aucune autre sorte de phénomènes. Or, il en est plusieurs, et les nuages 
sont précisément de ce nombre, que diverses causes accidentelles, notam- 
ment la compression, font apparaître inopinément, non sous l'aspect qui 
leur est habituel, mais sous un aspect insolite, généralement plus lumi- 
neux, etc.; changement auquel j'ai donné le nom de éransfiguration. À cet 
état, les nuages ont avec les Phosphènes une grande ressemblance d'ori- 
gine, et ils acquièrent en outre quelques-uns des caractères dont l'absence 
semblait auparavant les en éloigner le plus. 

» Ainsi : 1°. Les phosphènes apparaissent exclusivement dans la région 
marginale. Les nuages transfigurés peuvent, il est vrai, se manifester 
sur tous les points indistinctement ; mais dans les fortes transfigurations, 
ils apparaissent principalement, et souvent même, uniquement sur le 
pourtour de la région marginale. 2. Les Phosphènes ont une émission 
très simple, c’est-à-dire une émission qui, loin de se comiposer d’une ap- 
parence au moins, et d’une contre-apparence au moins , est réduite à 
l'unité. Les nuages transfigurés perdent l'émission doublement composée 
propre aux néphélides, et comme les Phosphènes, ils n’ont plus qu’une 
émission réduite à l’unité. 3°. Les Phosphènes sont immobiles, ou du 
moins n’ont de mouvement que ceux que leur imprime la pression qui 
les fait paraître. Les nuages transfigurés sont de même immobiles, abs- 
traction faite du mouvement que leur imprime quelquefois l'agitation dû 
fond sur lequel ils apparaissent. 4°. Les Phosphènes ne se manifestent 
qu’en très petit nombre à la fois, ne durent qu’un instant , et ne peuvent 
se renouveler qu'avec la cause extérieure qui les a produits. Les nuages 
transfigurés peuvent se manifester en grand nombre à la fois; mais ils ne 
durent de même qu'un instant, et ne peuvent de même se renouveler 
qu'avec la cause extérieure qui les a produits, si elle n’est suppléée par 
une cause accidentelle analogue. 

» En voilà assez, je pense, pour faire voir à quel point la transfi- 
guration des nuages peut réduire la longue distance qui semble d’abord 
séparer les Phosphènes et ces mêmes nuages. 

» Maintenant, si passant à d’autres considérations, nous comparons 
entre eux les Phosphènes et les nuages, ceux-ci pris dans leur état habi- 
tuel ou normal, nous n’apercevons plus, pour ainsi dire, que des 
attributs communs aux deux sous-genres, et propres à signaler l’identité 
de leur nature. L'un et l’autre ont pour couleurs principales, le blanc, 
le jaune, l’orangé ou le safrané, le rouge, le noir. Sans doute ce n'est 


(75) 

pas chez tous deux la même distribution de couleurs, mais ce sont bien 
les mêmes couleurs, et pour chaque unité (1) le même nombre de cou- 
leurs. Ily a plus, ce sont pour chaque couleur principale les mêmes 
nuances, et ces nuances sont nombreuses, car les nuages en affectent de 
très diverses; si les Phosphènes ne les possèdent pas toutes, du moins 
ils n’en ont point d’autres. On trouve aussi des deux côtés le lustre ve- 
louté, satiné, argentin; on y trouve le brillant métallique dans toute sa 
pureté, -uni au lumineux; la couleur, le poli, l'éclat de l’or‘bruni; et cet 
éclat, si les Phosphènes et les nuages ne l'ont pas acquis ensemble, ils 
l'ont possédé long-temps ensemble, ils l'ont perdu ensemble. Ajoutez à 
cela que les néphélides sont les seuls phénomènes intermittents qui soient 
susceptibles de l’acquérir, et que les Phosphènes et les nuages sont les 
néphélides sur lesquelles cette sorte de magnificence à été le plus pro- 
diguée. P 

» Dans ce rapprochement, l'attention en se portant sur les nuages a dû 
naturellement se fixer sur leurs unités les plus compliquées ou les plus bril- 
lantes, les unités intermédiaires; mais la coloration uniforme des unités 
extrêmes, quoique peu commune chez les Phosphènes, ne leur est pas 
étrangère. Il y a des Phosphènes unicolores, blancs ou noirs, dont la 
nuance est exactement la même que celle de ces unités; il y en a surtout 
d’un noir très profond. 

… » C’est guidé par ces nombreuses analogies que j'ai cru, en 1833, pouvoir 
regarder les Phosphènes comme une simple modification des nuages, et les 
réunir en conséquence aux néphélides ; réunion que je maintiens provi- 
soirement aujourd’hui. Si, considérés sous un autre point de vue (et je 

sais qu'ils peuvent l'être), ils étaient un jour admis au rang des genres 
vraiment distincts, il faudrait de toute nécessité leur adjoindre les pyroles 
qui, comme eux, ne se sont produites que dans le déclin de la maladie, 
et qui, d’ailleurs, n’en diffèrent essentiellement que parce qu'elles se ma- 
nifestent dans la région centrale, qu’elles s’émettent en s’élançant et vi- 
brant vivement, et qu'un mouvement des yeux de bas en haut suffit pour 
les faire apparaître. » 


(1) Les apparences et contre-apparences dont se compose assez généralement cha- 
que émission d’un phénomène, prennent le nom commun d’unités, L'émission simple, 
comme celle du Phosphène, de la pyrole, etc., est aussi une unité. L’émission com 
posée, telle que l’est celle des nuages, a deux, trois, quatre unités successives, et 
quelquefois davantage, différant toutes entre elles ; les unes intermédiaires , les autres 
extrémes, Ces principes auront leur développement obligé dans les articles suivants. 


(76) 
MÉTÉOROLOGIE. — Les aérolithes ont-ils èté quelquefois cause d'incendies? 


Ayant été consulté par un tribunal de département, à l’occasion d’un 
procès d'incendie, dans lequel les défenseurs de l’accusé soutenaient que 
le feu avait été mis par un météore igné qu'on avait aperçu peu de temps 
avant l'événement, M. Ar4co a été conduit à rechercher si les annales de 
la science offraient quelque fait à l'appui de cette assertion. 

Le tome 1° des Mémoires de l’Académie de Dijon ; lui a fourni l'exemple 
suivant : i 

» Dans la nuit du 11 au 12 octobre 1761, une maison de Chamblan , 
à une demi-lieue de Seurre ( Bourgogne ), fut incendiée par suite de la 
chute d’un météore. » 

Comme la nuit du 11 au.12 novembre est celle dans laquelle se montre 
le phénomène périodique des étoiles filantes, on peut supposer que laé- 
rolithe en question appartenait à cette catégorie de météores. Ce qui est 
peut-être le plus remarquable, c’est que tombant en si grande abondance 
sur la terre, on n'ait à citer qu’un seul accident dont ils aient été la cause. 


STATISTIQUE. — Observations sur le degré de confiance que doivent inspirer 
les éléments dont on peut faire usage pour dresser des tables de morta- 
lité par âge , qui embrassent la population de toute la France ; Note 


de M. MorgaAu DE JONNES. 


La lecture de cette Note n’a pu être achevée; elle se continuera dans la 
prochaine séance. 


NOMINATIONS. 


Conformément à son réglement, l’Académie procède par voie de scru- 
tin à l'élection d’un membre de la Commission administrative, lequel doit 
être choisi dans la section des sciences physiques. Le nombre des votants 
est de 38; au premier tour de scrutin : 

M. Huzard obtient 30 suffrages. 


M. Thénard 3 
M. Magendie 2 
M. Silvestre I L 
M. Élie de Beaumont 1 
M. Robiquet I 


M. Huzano est, en conséquence, proclamé membre de la Commission ad- 
ministrative, pour le 2° semestre de l'année 1858, et le 1°" de l’année 1830. 


(97) 


RAPPORTS. 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Rapport sur un. Mémoire de probabilités 
présenté par M. Bravais. 


(Commissaires, MM. Poisson, Savary rapporteur.) 


« Lorsqu'on a répété un grand nombre de fois une même observation, 
pr exemple, et pour fixer les idées, la mesure d’un angle avec un instru- 
ment donné, on peut, comme l’a fait voir Laplace, déduire de l'écart des 
résultats un certain coefficient ou module en fonction duquel s'exprime 
la probabilité que l’erreur d’une détermination isolée du même genre ne 
dépassera pas certaines limites. Si au lieu d’une seule quantité, d’un seul 
élément, on a dû en considérer simultanément plusieurs et les obtenir par 
des observations différentes, à chaque élément correspondra un module 
particulier d’erreur , et l’on pourra encore évaluer immédiatement la pro- 
babilité alors composée que les erreurs indépendantes les unes des autres 
tomberont à la fois entre des limites assignées pour chacune d’elles. 

» La question n’est pas aussi simple , lorsque la quantité ou les quantités 
dont il s’agit d'évaluer les erreurs probables, sont des fonctions des don- 
nées immédiates de l’observation , données pour lesquelles seulement les 
modules d’erreur peuvent être supposés connus. 

» Ainsi, l’on détermine la position d’un point à l’aide de différents an- 
gles mesurés directement; puis on le rapporte à des axes rectangulaires 
ou obliques, à un système de coordonnées polaires. Les angles sont ici 
les quantités dont les erreurs , indépendantes les unes des autres, ont des 
probabilités directement assignables. Quelle est la probabilité que la véri- 
table position du point tombera dans un espace circonscrit autour de la 
position que les observations lui donnent ? 

» Telle est la question que M. Bravais s’est proposée et qu’il a résolue 
en considérant successivement le point comme assujéti à se trouver d’a- 
bord sur une droite, puis dans un plan, puis, enfin, en traitant d’une 
manière générale le problème dans l’espace. 

» Cette question se réduit en définitive à la substitution , dans l'intégrale 
qui exprime la probabilité cherchée, des nouvelles variables à celles ou à 
une partie de celles que l’observation avait directement fait connaître. 
C’est une transformation qui a pour objet d'introduire les quantités rela- 
tivement auxquelles les limites de l'intégration ressortent de l’objet qu’on 


(78) 
se propose. Du reste, la probabilité de grandes erreurs étant toujours très 
petite, on peut considérer les nouvelles variables comme liées aux ancien- 
nes par des relations linéaires. 

» Laplace avait déjà donné, pour deux variables, des exemples de ces 
substitutions. Comme lui et avant lui, Euler et Lagrange avaient indiqué, 
dans la transformation d’un élément différentiel , la marche que suit 
M. Bravais et la forme du résultat. 

» Mais M. Brayais parvient, dans la question spéciale qu’il a traitée, à 
des théorèmes simples et élégants. Nous citerons, entre autres, ceux qui 
sont relatifs aux ellipses sur le contour desquelles il est également pro- 
bable que se trouve le lieu vrai d’un point déterminé dans un PIRE par 
l'observation de deux angles. 

» Des théorèmes analogues s'appliquent à l’espace; les coefficients re- 
latifs aux trois coordonnées que l’on introduit, se forment de la même 
manière que dans le cas du plan, et M. Bravais vérifie encore cette loi 
de formation pour quatre variables dépendantes. 

» Après avoir obtenu les probabilités des erreurs de position d’un point, 
l'auteur cherche relativement à ces erreurs, puis à leurs carrés, ce que 
lon peut appeler crainte mathématique, par analogie avec l'expression 
usitée d'espérance mathématique aux jeux de hasard. Si le calcul embrasse 
toutes les erreurs possibles, si l'intégrale qui exprime cette crainte mathe- 
matique s'étend de zéro à l'infini, elle n’est autre chose que la valeur 
moyenne de l'élément variable sur un très grand nombre d’observations. 

» En résumé, dans le Mémoire dont nous venons seulement de signaler 
quelques points, l’auteur a fait preuve de savoir et de talent. Si le sujet 
ne présentait pas de grandes difficultés, les résultats offrent des applica- 
tions intéressantes et utiles. Nous proposerons donc à l’Académie Fin- 
sertion du travail de M. Bravais dans le Recueil des Savans étrangers. 
L'Académie accordera, sans doute avec plaisir, cette distinction à un 
jeune officier appelé à faire partie de l'expédition scientifique du Nord, 
et aussi capable de bien discuter ses observations que de les bien faire. » 

Ces conclusions sont adoptées. 


Rapport sur le concours aux prix concernant les moyens de rendre ur 
art ou un état moins insalubres. 


M. Dumas fait au nom de la Commission chargée de juger les pieces 
adressées pour ce concours, un rapport dont les conclusions sont qu'il n’y 
a pas lieu cette année à décerner le prix. 


( 79 ) 
La Commission, d’ailleurs, distingue parmi les concurrents : 


MM.Cnarx »e Maurice, pour son moyen de prévenir l'incrustation des 
chaudières ; 
Vaurar, pour son appareil de sauvetage destiné aux mineurs ; 
Mann, pour ses nouveaux procédés relatifs à l'art de l’'amidonnier ; 
Prner, pour son appareil destiné à la pulvérisation du vert de gris. 
Dans les travaux, la Commission a reconnu des résultats dignes de son 
attention, mais qui ne lui ont pas paru accompagnés de documents suff- 
sants; elle a cru, en conséquence, devoir ajourner toute décision à l’é- 
gard des auteurs qui pourront être admis plus tard à faire valoir leurs droits 
quand l'expérience aura mis hors de doute l'utilité de leurs découvertes. 


M. Araco lit, au nom de la Commission chargée de rédiger des /ns- 
_tructions pour une exploration scientifique de l'Algérie, les conclusions 
du rapport qui devra être adressé à M. le Ministre de la Guerre. 


Ces conclusions sont adoptées. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


BOTANIQUE. — Des Coniocystes ou Sporanges , du genre Bryopsis, de la 
famille des Algues ; par M. Monracxe. 


(Commissaires, MM. de Mirbel , de Jussieu.) 


« Dans l’ordre des Siphonées, de la famille des Algues, les seuls genres 
Codium et Faucheria avaient jusqu'ici présenté des Coniocystes, c'est-à- 
dire des organes appendiculaires d’une forme sphérique ou ovoide, placés 
le long ou à l'extrémité de leurs filaments tuberculeux, et dans l’intérieur 
desquels s'opère, à ce qu’il paraît, la métamorphose en spores des grains 
de chlorophylle dont est remplie leur cavité. 

» Les espèces du genre Bryopsis, dit M. Montagne, espèces assez variées, 
avaient toutes et toujours été recueillies privées de ces organes et passaient 
pour en être normalement dépourvues. Il n’en est pourtant point ainsi; de 

- nombreux individus du Bryopsis Balbisiana recueillis par M.Webb au portde 
Villefranche, dans la Méditerranée, m'ont offert des Coniocystes parfaitement 
sphériques et disposés le long des rameaux , surtout dans leur partie su- 
périeure. Ces espèces de conceptacles acquièrent un diamètre qui, variable 

C. R. 1838, a° Semestre. (T, VII, N° 2.) 11 


( 80 ) 

entre 4 et 7 dixièmes de millimètres, égale ou surpasse du double celui des 
rameaux. Formés par une expansion de la tunique membraneuse hyaline 
qui constitue la fronde et probablement par le même mécanisme qui pré- 
side à la formation des ramules ou appendices, ils en sont séparés par un 
étranglement ou col de 3 centièmes de millimètre de longueur. Leur cou- 
leur est noire ou d’un vert noirâtre luisant, bien plus intense que celui dont 
la sommité des rameaux est comme teintée par places. Ces Coniocystes, ainsi 
que leur nom l'indique, contiennent les mêmes granules verts dont le 
thallus filamenteux est rempli, et leur cavité communique avec celle du 
tube qui les porte. » 


PnysiQue APPLIQUÉE. — [Vote historique sur le télégraphe électrique ; 
par M. Auxor. 


(Commission précédemment nommée.) 


« Un journal anglais, les Ænnales de l'électricité , du magnétisme, etc., 
dans son numéro de mai 1838, en parlant du télégraphe électrique 
établi en Amérique depuis quelque temps par M. le professeur Morse, 
dit que l'invention de ce mode de correspondance est en même temps 
réclamée par l'Angleterre, l'Écosse, l'Amérique et diverses contrées de 
l'Europe. Ce journal ajoute que la question sera long-temps débattue 
encore avant qu’on puisse la résoudre; les citations suivantes pourront 
servir à cette solution. 

» M. Savary croit avoir vu quelque part que la première idée d’un mode 
de correspondance par l'électricité dont il ait été fait mention appartient 
à Franklin. Quoi qu'il en soit de ce point, qui est à vérifier, il paraît 
certain que cette idée est venue en même temps à beaucoup de personnes, 
même étrangères à la science comme objet d’études approfondies. Notre 
célèbre compositeur de musique, M. Berton, membre de l’Académie des 
Beaux-Arts, m'a assuré qu'il était de ce nombre, et que l’idée d’une cor- 
respondance électrique à de grandes distances lui était venue aussi 1l ÿ a 
plus de 4o ans. 

» Mais pour nous en tenir aux publications dont la date ne laisse au- 
cun doute, la plus ancienne que j'aie trouvée dans mes recherches à ce 
sujet, remonte à l’année 1794, dans un ouvrage périodique, le Magasin 
de Poigt , B. 9, st. 1. C’est un allemand, Reiser, qui donne, dans cet ou- 
vrage, un plan parfaitement arrêté d’une correspondance télégraphique à 
l'aide de l'électricité produite par la machine, la seule qui fût connue 


(81) 

alors. Ce plan consistait dans une table de verre sur laquelle se trouvaient 
incrustés des caractères métalliques représentant les lettres de l’alphabet, 
à chacun desquels venait aboutir un fil de fer isolé dans un tube de verre 
qui tirait une étincelle de chaque caractère, lorsque l'électricité était 
lancée à l’autre extrémité. On voit, dans le même otvrage, 4 années après 
(IL Bd., st. 4), la mention que le docteur Salva avait construit un télé- 
graphe de ce genre en Espagne, et que l’infant don Antonio, qui l'avait 
vu jouer sous ses yeux, fut notamment informé d’une certaine nouvelle 
à une très grande distance. 

» À cette époque, Volta n’avait pas encore fait son immortelle décou- 
verte, qui ne date que de 1800. Mais en 1811, M. Sœmmering, dans le 
journal allemand de Schweiger, 1° série, tom. II, présenta un nouveau 
plan de télégraphe électrique par l'emploi de la pile voltaique. 11 consis- 
tait en 35 fils conducteurs, également isolés dans autant de tubes de verre, 
et dont l'extrémité, formée d’une pointe d’or, comme métal le moins 
oxidable, venait aboutir dans un réservoir plein d’eau distillée, où les gaz 
oxigène et hydrogène devaient se former dès que le courant serait établi 
à l’autre extrémité, entre deux de ces fils, Ces fils représentaient les 
25 lettres de l'alphabet allemand, choisi, dit l’auteur, comme étant le 
plus parfait, (singulière prétention aux yeux d’un philologue; M. Sæm- 
mering ne l'était probablement pas) : plus les dix signes numériques du 
calcul décimai. De là suivait une combinaison très compliquée pour former 
les différents mots, syllabe par syllabe, ainsi que les différents nombres. 

» La question en resta là jusqu’en 1820, à l’époque où apparut le pre- 
mier Mémoire de M. Ampère sur les nouvelles découvertes qu’il ajouta 
à celle d'OErsted : le mouvement de l'aiguille aimantée sous l'empire du 
courant électrique. Dans ce Mémoire, page 19, M. Ampère, qui ne con- 
naissait point le travail de Sœmmering, ne fait que toucher la question 
du télégraphe électrique, maïs il la résout de fait, en quelques mots, avec 
cette délicatesse et cette précision qu’il a déployé eaussi dans l’inven- 
tion de tant d’ingénieux instruments de physique. « Autant d’aiguilles 
aimantées que de lettres de l'alphabet, dit-il, qui seraient mises en 
mouvement par des conducteurs qu’on ferait communiquer successive- 
ment avec la pile, à l’aide de touches de clavier qu’on baisserait à vo- 
lonté, pourraient donner lieu à une correspondance télégraphique qui 
franchirait toutes les distances, et serait aussi prompte que l'écriture ou 
la parole pour transmettre ses pensées. » 

» Depuis ce temps, toutes les idées de ceux qui, après avoir étudié un 

dE, 


( 82) 
peu à fond la question du télégraphe électrique, se sont occupés de la 
mettre à exécution, ont roulé sur celle de notre célèbre physicien Am- 
père. Nous apprenons qu’en Angleterre, en Allemagne, en Amérique, en 
Russie même, en Russie surtout, des essais plus ou moins importants 
ont été faits en ce genre. $ 

» Dès 1832 ou 33, M. le baron Schälling, qui n’était point, àce qu’il paraît, 
un savant dans la physique, mais un simple amateur, construisit, à Saint- 
Pétersbourg , un télégraphe électrique qui consistait en un certain nombre 
de fils de platine, isolés et réunis dans une corde de soie (ce qui parait, du 
reste, fort inutile), lesquels mettaient en mouvement, à l’aide d’une es- 
pèce de clavier, autant d’aiguilles aimantées placées dans une position 
verticale au centre du multiplicateur. Il y avait joint un mécanisme fort 
ingénieux dont l’idée était à lui, et consistait dans une montre à sonne- 
rie, espèce de réveil, qui, lorsque l'aiguille tournait au commencement 
de la correspondance, était mise en jeu par la chute d’une petite balle de 
plomb que faisait tomber la pointe de l'aiguille aimantée. L'empereur ac- 
tuellement régnant fut témoin d'expériences faites sous ses yeux avec ce 
télégraphe; mais M. le baron Schilling étant mort quelque temps aprés, 
on n’a pas pu tirer parti de son habileté pour l'établissement d’une cor- 
respondance de ce genre sur une grande échelle; ce qui paraît faire l'ob- 
jet d’un vif désir de la part du gouvernement russe. 

» Quant à moi, après avoir étudié la question autant qu'il m'a été pos- 
sible, je l'ai résumée à l'emploi d’un seul courant, d’une seule aiguille qui 
écrit d'elle-même sur le papier, et avec une précision mathématique, la 
correspondance que transmet à l’autre extrémité une simple roue sur la- 
quelle on l'a écrite dans son cabinet, à l’aide de pointes différemment es- 
pacées, comme les roues de nos orgues de Barbarie, laquelle roue tourne 
régulièrement par un ressort de montre. De cette manière, on n’a donc 
qu’à écrire en espèce de caractères mobiles la nouvelle qu’on veut trans- 
mettre. Ce genre de dépêche est déposé dans une boîte, et au même ins- 
tant elle s'écrit toute seule à la distance où on l'envoie; les agents qui 
attendent là n’ont qu’à recueillir le papier qui se meut aussi régulière- 
ment par une machine, et à le porter sous les yeux de ceux qui savent 
lire le chiffre. Dans ce mode d'exécution, aucune erreur n’est à craindre, 
puisque tout marche comme une horloge. 

» Pour ce qui concerne les fils conducteurs, il suffit de les mettre à 
l'abri de l’oxidation, dans le sein de la terre où ils sont enfouis, par un 
simple vernis, tel que je l'ai proposé. 


(83) 
» J'ai communiqué toutes mes idées à M. Savary, qui a bien voulu 
m'aider de sa science dans mes recherches, et me soutenir par ses en- 
couragements. » 


: ., L . , ê 
cure APPLIQUÉE.— Procédé pour la décomposition des matières oléagi- 
neuses en gaz-light ; par M. T'arsceserT ; description et figures de l'ap- 
pareil employé. 
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Darcet, Dumas.) 


céowérrie. — Note sur quelques problèmes relatifs à la mesure du cercle; 
par M. LauzeraL. 


(Commission nommée pour un précédent Mémoire du même auteur.) 


M. Scnwriom adresse un Mémoire intitulé : Zdées théoriques sur la 
gravitation. 
(Commissaires, MM. Poinsot, Libri, Poncelet.) 


M. Korizsky envoie une nouvelle Note concernant la Météorologie. 


(Commission précédemment nommée.) 


CORRESPONDANCE. 


. M.ze MimiSTRe DES TRAVAUX PUBLICS, DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE 
transmet une lettre de M. Leymerie qui demande que l'Académie se fasse 
faire un rapport sur deux découvertes qu'il dit avoir faites, savoir : un 
Appareil pour des bains dits thermo-électriques , et une pommade pour la 
guérison de la gale. 

Les commissions à l'examen desquelles avaient été renvoyées les deux 
notes de M. Leymerie seront invitées à hâter leur rapport. 


Sramsrique. — Sur l'emploi et la valeur relative des métaux précieux 
dans l'antiquité, sur les prix moyens dublé et de la journée de travail, etc. 
__ Lettre de M. Durgau ne La Maure à M. Arago. 


« Serez-vous assez bon pour communiquer à votre Académie les résul- 
tas d’un travail sur l'économie politique des Romains, qui peut avoir 
quelque intérêt pour elle, puisque c’est la minéralogie qui en fournit les 
bases. Je trouve 1° que dans l'antiquité la plus haute et dans l’un et l’autre 


(-84 ) 


hémisphère , l'usage de l'or, en bijoux , meubles ou ornements, s'allie très 
bien avec un état social presque barbare; 2° que l'or, parmi les métaux 
précieux, a été le premier employé aux usages de la vie; le cuivre et l’ar- 
gent ne viennent qu'après. Les minéralogistes de l’Académie m’entendront 
au premier mot, cela tient à la différence de nature des deux gisements; 
l'or pur ou allié à un peu d'argent, abonde dans les terrains d’alluvion, 
on l’obtient par un simple lavage et des procédés grossiers qui peuvent 
convenir même à des peuples sauvages. 

» 3°. On peut conclure à priori, que dans l’ancien et le nouveau monde, 
partout où l’on trouve l’argent employé comme bijoux ou comme usten- 
siles, je ne dirai pas même comme signe monétaire, on rencontre un état 
de civilisation assez avancé, l’usage des édifices en pierres, quelques no- 
tions d'astronomie et d’agriculture, des instruments tranchants fabriqués 
avec un alliage de cuivre et d’étain. L'argent, comme on sait, ne se trouve: 
très abondant qu’en filons encastrés dans les roches primitives les plus 
dures et toujours à l’état d’oxide ou d’alliage, l'extraction de ce métal im- 
plique donc nécessairement quelques connaissances en oryctognosie et en 
métallurgie. 

» Quant au rapport des métaux précieux entre eux, à leur valeur in- 
trinsèque, et relative au prix moyen du blé et de la journée de travail, 
je suis arrivé à ce résultat que je crois positif. 

» Le rapport de l'or à l’argent est :: 1 à 10 dans l'Asie; depuis la guerre 
du Péloponèse jusqu’à Alexandre; de 1 à 18, dans le Bas-Empire, aux 1v° et 
v° siècles. \ 

» Quant au prix moyen du blé et de la journée de travail, je les trouve 
pour l’époque de Périclès à Alexandre, d’un tiers seulement au-dessous 
des prix actuels, et pour l’époque comprise entre Vespasien et Justinien, 
à peu près égaux à ce qu'ils sont de nos jours. J'entends leur rapport avec 
une quantité d’or et d'argent dont le titre et le poids sont bien déter- 
mines. 

» Vous voyez que ces conclusions s’éloignent beaucoup des idées ad- 
mises jusqu'ici; mais je m'appuie sur un si grand nombre de faits et de 
lois précises, qué je crois pouvoir regarder ce résultat comme positif. » 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques formules de M. Poisson; par 
J. Lrouvrzze. 


« Le Compte rendu de la dernière séance renferme une Note de 
M. Poisson sur une propriété générale des formules relatives aux attrac- 


(85) 
tions des sphéroides. La propriété dont il s’agit consiste en ce que cer- 
taines fonctions dont on fait usage dans cette théorie se reproduisent 
d’elles-mêmes après une triple intégration effectuée d’une manière conve- 
nable. M. Poisson en donne une démonstration synthétique fort simple, 
puis il ajoute qu'il serait au moins très difficile de parvenir par l'analyse 
aux mêmes résultats. Cette assertion de l’illustre auteur tient sans doute 
à ce qu'il n’a pas écrit explicitement les fonctions @, 9’, @”, f qu’il consi- 
dère, sous la forme d’intégrales triples qu’elles possèdent naturellement. 
Il aurait vu alors que pour démontrer ses quatre formules, dont les pre- 
miers membres contiennent des intégrales sextuples, il suffit d’intervertir 


l’ordre des intégrations. 
» Je suppose que le lecteur aït sous les yeux l’article cité, et pour fixer 


les idées je considère la quatrième formule 


LE M PACE z) er° sin 8 dr dû d} = nf(e, b, c), 


dont je désigne par U le premier membre. Par la définition même de la 
fonction f, on a 

ve 'dx'dy di 
D eue 
x',7', z', étant.les coordonnées d’un élément quelconque p'dx'dy'dz' de la 
masse du sphéroïde. En posant 


R — rar te er® sin 0dr dû dy : 
Jef vero -nres 
on trouve immédiatement 
U — fffRrdx'dy' dx’. 


» Or, si l’on admet avec M. Poisson que la quantité (x— x} + (y —7} 
+ (z— 7) ne peut jamais s’'évanouir, et si de plus on a égard aux valeurs 
de x, 7, z, les méthodes connues donnent 

# 


R TE ————  __—. , 
V@—rzY + G—ry + (c—7y 


Il vient par suite 


é'dx' dy" dr 
U — a 
NT — 2) + CT +C—2) 
c’est-à-dire 


L U = xf(a, b, c), 


ce qu'il fallait démontrer. 


(8) 


» Cette démonstration analytique est fondée sur des principes sem- 
blables à ceux que M. Poisson lui-même emploie au n° 5 de son Mémoire 
sur la propagation du mouvement dans les milieux élastiques (1). Elle cor- 
respond exactement à la démonstration synthétique : on peut même dire 
qu'au fond elle coïncide avec cette dernière; du moins elle n’en diffère que 
par le langage. » 


EMBRYOLOGIE. — ÂNote sur le développement de l'Embryon des Lymnées ; 
par M. Poucner. 


M. Pouchet écrit qu'il s’occupe , en ce moment, de terminer les 
figures d'un travail qui a pour objet le développement de l'embryon des 
Lymnées, et il en présente d'avance les principaux résultats. 

« I. J'ai reconnu, dit-il, que le vitellus, au moment de la ponte, est 
composé de six cellules accolées : c'est ce que je prouve par une ex- 
périence fondamentale, qui consiste à chauffer légèrement, à l’aide du 
microscope solaire, un vitellus normal, nouvellement pondu, contenu 
dans sa coque et sous l'eau ; on le voit immédiatement se gonfler, et 
chacune de ses six cellules se transformer, sous les yeux de l'observateur, 
en six vésicules qui s’'isolent parfaitement. 

» Chacune des six cellules qui forment le vitellus , offre de 4 à 5 cen- 
tièmes de millimètre de diamètre. Si l’on suit ce qui se passe dans le 
développement de l'embryon, on s'aperçoit que de nouvelles cellules se 
forment bientôt dans les interstices qui séparent les cellules primitives ; 
après vingt-quatre heures, il y en 15 à 20, et par la dilatation, le vitellus 
n'offre plus alors que l'aspect d’une framboise. En suivant l'accroissement 
de ces cellules jour par jour, on voit que bientôt elles acquièrent un 
diamètre de 8 à ro centièmes de millimètre, et que ces mêmes cellules, 
qui formaient d'abord toute la masse vitelline, viennent évidemment 
constituer le foie, l'ovaire ou le testicule, bien avant que l'intestin ap- 
paraisse et qu’on ne puisse même assigner, en apparence, aucune lacune 
pour son développement. 

» IE. Quand on observe, au microscope ordinaire ou au microscope 
solaire, un vitellus nouvellement pondu, on voit que sous la membrane 
qui circonscrit ses cellules, il existe des myriades de granules ovoïdes qui 
s'agitent, se meuvent en présentant des mouvements bien autrement ap- 


(1) Nouveaux Mémoires de l'Académie des Sciences , tome X,, page 558. 


(87) 
parents que les oscillations que M. Brown a observées dans les molécules 
inorganiques; on serait tenté de les considérer comme autant d’ani- 
malcules. 

» Au bout de dix à douze heures, ces granules deviennent tout-à-fait 
immobiles, se déforment et s’agglomèrent, pour constituer une membrane 
interne qui doit faire partie de la peau. 

» L'action de l'opium rend immédiatement ces granules immobiles ; 
quand on les chauffe au microscope solaire, d’abord leurs mouvements 
deviennent plus intenses, puis après un moment, quand la température 
de l’eau qui contient l'œuf s’est élevée un peu, tout mouvement cesse 
sans qu'aucun de ces corps se soit déformé. 

» III. Au moment de l'émission de l’œuf, on aperçoit constamment à 
la surface du vitellus, une vésicule sphérique, translucide (rarement deux), 
qui s’en détache le second jour de l'émission; cette vésicule, de 2 cen- 
tièmes de millimètre, contient une vingtaine de granules très mobiles, 
qui occupent sa partie centrale et non sa circonférence; la mobilité de 
ces granules cesse quand la vésicule s’est détachée du vitellus, et erre 
dans l’albumine plus ou moins déchirée. 

» IV. Lorsque le fœtus a acquis une longueur de 60 centièmes de 
millimètre, on observe , derrière les yeux, deux cavités ovoïdes renfer- 
mant chacune six à huit granules d’une couleur violette claire ; ils sont 
plus gros que ceux que l'on remarque primitivement à la surface du vi- 
tellus, et encore plus extraordinairement mobiles; ils culbutent les uns 
sur les autres, et leurs mouvements durent encore un certain temps 
après que l’on a broyé l'animal, et que ceux des cils qui le couvrent ont 
cessé. 

» V. On a signalé l'existence de cils à la superficie des Eymnées; j'ai 
reconnu, en outre, qu'il en existe dans la cavité pulmonaire quand elle 
est formée, et queleurs mouvements y déterminent des courants du fluide 
albumineux , faciles à observer à cause des débris de la vésicule dont j'ai 
parlé, et qu’on y voit entrer et sortir en décrivant des circonférences d’un 
diamètre plus ou moins grand. » 


x 


MÉTÉOROLOGIE. — Aurore boréale observée à Macao, par M. Casixery, 
missionnaire apostolique. — Extrait d’une lettre adressée par lui à 
M. Adolphe Brongniart. 


« Hier au soir nous avons été témoins d’un phénomène céleste bien rare 


dans ces pays-ci, que je vous prie de communiquer aux astronomes de 


C. R, 1838, 9€ Semestre. (T. VIT, N° 2.) nez 


(88) 
l'Observatoire. Vers les neuf heures du soir a commencé à paraître une 
belle aurore boréale dont voici les principaux éléments. Centre de l’au- 
rore, 20° nord-ouest ; hauteur de la lumière sur l'horizon de 8 à 10°; lar- 
geur, 15°; zone lumineuse orientée de l’est à l’ouest. 

» L'intensité de la lumière était assez grande pour que certains Chinois 
aient imaginé que la Lune se levait par extraordinaire du côté du nord. 
À 11 heures du soir, où j’ai cessé d’examiner le phénomène, la lumière ne 
paraissait pas avoir diminué. Je crois, au contraire, qu’elle avait de l’ac- 
croissement, vu que les nuages dont le ciel'était couvert étaient beaucoup 
plus épais. Vers les ro heures j'ai examiné avec beaucoup de soin si l’ai- 
guille aimantée éprouvait quelque mouvement oscillatoire analogue à celui 
qu'on observe quelquefois à Paris; mais, malgré la délicatesse de l'instru- 
ment et les moyens de grossissement dont je me sers pour observer la 
pointe de l'aiguille, je ne me suis aperçu d'aucun mouvement. 

» M. Adolphe Barrot, consul de France à Manille, dans ce moment à 


Macao, et que j'ai été chercher pour le rendre témoin de ce phénomène, 
en aura peut-être écrit en France.» 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. — T'élégraphes électriques. 


M. Masson, professeur de physique à Caen, écrit qu'il a fait un essai 
de télégraphe électrique au collége de cette ville, sur une distance d’en- 
viron 600 mètres. Il emploie, pour développer le courant qui doit agir 
sur des aiguilles aimantées aux deux extrémités du circuit, l'appareil élec- 
tro-magnétique de Pixii. L’essai, dit M. Masson, a très bien réussi. 


ÉCONOMIE RURALE.— Conservation des grains. 


M. le général Demancayx écrit, relativement aux observations faites à 
l'occasion du Rapport sur le procédé qu'il a inventé pour la conservation 
des grains. 

Le père Castelli, suivant la remarque de M. Libri, avait, dès l'année 
1669, considéré comme causes principales de la détérioration des grains 
humidité et les variations de température, et le procédé qu’il avait ima- 

giné pour prévenir les effets dus à cette double cause ,'est très analogue à 
celui de M. le général Demarçay. 


L'auteur de la lettre fait remarquer que si la nécessité de préserver le- 
blé des variations de température et de l'humidité était bien générale- 


( 89 ) 
ment sentie, on.n’avait pas cependant jusqu’à ce, jour de moyens simples 
et économiques pour satisfaire à. cette double indication; on ne les avait 
certainement pas du moins mis en pratique. 

« Le moyen du père Castelli, ajoute M. Demarcçay, ne semble reposer que 
sur une expérience qu'on pourrait appeler de cabinet; d’ailleurs, ainsi que 
l'a très justement fait observer M. Arago, rien n'indique que le savant ita- 
lien ait employé un toit de chaume pour couverture de son appareil. Or, 
si la cave dans laquelle il paraît que sa caisse était placée pour être à 
l'abri des variations de température était recouverte d’une voûte comme 
le sont d'ordinaire ces sortes de constructions, le blé n’y pouvait être pré- 
servé que fort imparfaitement de l'humidité ». 


PHYSIQUE DU GLOBE. — 7 'remblements de terre. 


M: Mamrani, dans une lettre adressée à M. Arago, donne quelques dé- 
tails sur un tremblement de terre ressenti à Pesaro, le 23 juin dernier, 
à 9 heures 55 minutes du soir. 

Le niveau de l’eau, dans les puits, a varié, ainsi que cela se remarque 
souvent au moment d’un tremblement de terre: mais tandis que, dans la 
plupart des cas, c’est un abaïssement qui s’observe, dans celui-ci, l’eau à 
monté en quelques instants de 4 ou 5 pieds. 


MÉGanNiQuE APPLIQUÉE. — Explosion des chaudières à vapeur. 


M. Vorzor adresse une Note sur les moyens de rendre moins fréquentes 
et moins dangereuses les explosions des machines à vapeur, travail qu'il 
a présenté à l'Académie. «Il rappelle, à cette occasion, que plusieurs des 
opinions soutenues récemment par M. Séguier dans une Note lue à l'A- 
cadémie , se trouvent déjà émises dans un Mémoire qu’il (M. Voizot) avait 
présenté en 1831.» 


M. Daniu écrit sur le même sujet, et insiste de même sur l’accord qui 
* règne entre les opinions qu’il a avancées et celles qu'a développées 
M. Séguier, dans ses réflexions sur les causes de deux explosions récentes 
arrivées à Nantes et à Cincinnati. 


M. Sorer demande que la Commission qui a été nommée, à l'occasion 
d'une nouvelle communication de M. le Ministre de la Justice et des 
12e: 


( 90 ) 
Cultes relative à la toiture de l'église de Chartres, veuille {bien re- 


commander, pour cet usage, à l'administration, la tôle zincée par le 
procédé dont il est l'inventeur. 


A quatre heures trois quarts l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. A. 


Errata. ( Séance du 2 juillet.) 


Page 7, ligne 2, l'unité de /a densité, Zisez l'unité de densité. 
13, 11, dans quelques exemplaires seulement, profondeurs des mers, lisez 
profondeurs des mines. 


(91) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale” des 


Sciences; 2° semestre 1838, n° 1, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Anaco; 
février 1838, in-8°. 

Observations adressées à M. le Ministre de l'Intérieur, par les médecins 
et chirurgiens de l'Hôtel-Dieu de Paris, sur le projet de destruction par- 
tielle ou totale de cet hôpital. 

Examen critique de l'Histoire de la Géographie du Nouveau- Continent 
et des progrès de l’ Astronomie nautique aux xv° et xvr° siècles; par M. A. ne 
Howsozor, grand in-fol., nouvelle livraison (formant la 18° de l'Atlas 
géographique et physique). 

Principes généraux de l'exacte mesure du temps par les horloges; par 
M. Ursai Jurcenser; 2° édition publiée par M. Louis-UrBan JüRGEnsEN; 
Paris, 1838, in-4° avec un atlas. 

Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; 128° livraison, 
mai, in-8°. 

Considérations générales sur l'état de la Médecine; par M. À. Siexorer ; 
1838, in-8°. 

Mémoire sur les applications du calcul des chances à la Statistique ju- 
diciaire ; par M. Cournor (Extrait du Journal de Mathématiques pures et 
appliquées de M. Lrouvizze); in-4°. 

Mémoires et Analyse des travaux de la Société d'Agriculture, Com- 
merce, Sciences et Arts de la ville de Mende; 1835—1836, in-8°. 

Bulletin de Société géologique de France; tome 0, feuilles 15—19, 
in-8°. 

Bulletin de l’Académie royale de Médecine ; tome 2, n° 18—19, in-8° 

Bulletin publié par la Société Industrielle de L DER de Saine = 
Étienne; 16° année, /° livraison, 1858, in-8°. 

Manuel des Eaux minérales du Mont-d'Or; par M. MérarT; Paris, 


1838, in-32. 
Considérations sur les Diatomées ; par M. pe Brégrssox; Falaise, 1838, 


in-8°. 


(92) 

Maladie Rhumatismale guérie après une durée de 26 ans; par M. P. 
M*** ; in-8°. 

Annales maritimes et coloniales ; juin 1838, in-8°. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ; 
8° année, n° 90, juin 1838, in-8°. 

The nautical.... Magasin nautique et chronique navale ; »° 7, juillet 
1838, in-8°. | s 

Ephemeries. ... Éphémérides de la Comète de Encxe pour 1838, in-8°. 

Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4, 
juillet, in-8. 

Gazette médicale. de Paris; tome 6, n° 27, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°*709—81, in-4°. 

L'Écho du Monde savant , 5° année, n° 349, in-4°. 

L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie, n° 49, in-8°. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES à 
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 16 JUILLET 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 


DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


MATHÉMATIQUES. — Sur une Note de M. Puissant , insérée dans le Compte 
rendu de la séance du 2 juillet dernier; par M. B:or. 


_« Le Compte rendu de l’avant-dernière séance (lundi 2 juillet), contient 
des remarques de M. Puissant, sur la formule que j'ai proposée, pour 
mesurer les différences de niveau par les distances zénithales réciproques. 
.» M. Puissant prétend, 1° que cette formule est incomplète ; 2° qu’elle 
n'a pas les avantages que je lui attribue. 

» Pour preuve de sa première assertion, M. Puissant dit : que lorsqu'on 
suppose nulle la quantité que j'ai appelée &', l'équation que j'ai appelée (X) 
conduit à une valeur inexacte de la différence de niveau (page 6). 

» J'ignore ce qui a pu tromper M. Puissant; mais la formule est rigou- 
reusement exacte dans le cas qu'il cite. Car, la quantité æ/ étant nulle, 
les densités aux deux stations deviennent égales; ce qui anéantit la gé- 
fraction, quand les deux stations sont situées sur la même branche M 
trajectoire lumineuse. Alors l'équation (X) exprime que, dans le triangle 
formé au centre de la Terre, entre les rayons vecteurs menés aux deux 
stations et la corde qui les joint, la somme de ces rayons est à leur dif- 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° 5.) 13 S 


€ 


( 94 ) 


férence , comme la tangente de la demi-somme des angles opposés est à 
la tangente de la demi-différence; ce qui n’est pas douteux. 

» Si les deux stations étaient sur des branches différentes de la trajec- 
toire, les densités étant égales, les deux distances zénithales apparentes 
devraient l’être aussi, et la différence de niveau serait nulle; ce que la for- 
mule donne également. 

» Cette formule est donc géométriquement vraie. Quant aux avantages 
qu'elle peut avoir dans les applications, sur l'hypothèse gratuite jusqu'ici 
employée, c'est une question à décider d’après des observations de dis- 
tances zénithales, réellement réciproques, c’est-à-dire faites aux mêmes 
instants, sur la même trajectoire lumineuse, et dans lesquelles, en outre, 
le baromètre et le thermomètre auraient été aussi exactement observés 
aux deux stations. Mais je n'en connais pas de telles; et M. Puissant 
n'en cite point. 

» Pour prouver que l’on peut se passer de la nouvelle formule, il re- 
prend l'expression connue de la différence de niveau en fonction de l'angle 
au centre, et de la différence des deux réfractions, en tenant compte 
seulement de la première puissance de cette différence, et de son produit 
par la tangente de l'angle au centre. Puis, il fait la somme des deux 
réfractions proportionnelle à cet angle, ce qui suppose le décroissement 
des densités en progression arithmétique; et il admet comme invariable 
la raison de ce décrôissement adoptée par M. Laplace. Alors, au lieu de 
supposer, pour ce cas, les deux réfractions égales, comme le fait ce 
géomètre, et comme on le fait habituellement, il répartit leur somme 
entre elles, proportionnellement à la densité locale; et, trouvant ainsi 
l'effet de leur différence insensible, il en conclut que la formule ordi- 
naire, qui les suppose égales, ne laisse rien à désirer. Mais ce sont pré- 
cisément ces hypothèses que j'ai voulu éviter, parce que la question ne 
les exige point. En outre, on peut ne pas connaître l’angle au centre, et 
avoir besoin de la différence de niveau, auquel cas la formule que j'ai 
donnée est seule applicable. 

» Je suis porté à croire que cet angle, quand on l'a, ou qu’on peut le 
conclure de la corde observée, est un utile auxiliaire à introduire. Mais 
ag il n'y a pas de développement à faire. Car rien n'est plus simple 
que de calculer directement la variable x par son expression rigoureuse, 
que j'ai appelée (X’), et qui est 

T= —langs V.tange (à — + d— 9"), 
ou, en restituant les distances zénithales, 


(95 ) 
x = tang: V.tang: (Z—Z'+ d— 4); 
après quoi on en déduira, toujours rigoureusement J 


ZT 


f— r= 21. : 

2 I— ZT à re 
ce qui sera toujours très commode pour le calcul numérique. Il est vrai ps 
que la valeur de x renferme la-différence-d" — JV des deux réfractions 
locales. Mais, si l’on ne veut pas la supposer nulle, ou si l’on veut ap- 
précier l’erreur que cette supposition peut produire sur la différence de 
niveau , il n'ya aucune hypothèse à faire. Car, puisque l’on connaît l’an- 
gle au centre, J"'— J' est rigoureusement déterminé; et on l’obtiendra en 
égalant l’une à l'autre les deux expressions de x, qui emploient ou n’em- 
ploient pas cet angle, comme je l’ai fait. Toutefois, au lieu de développer cette 
égalité, il sera aussi exact, et peut-être plus commode pour le calcul nu- 
mérique, d'en conclure le facteur — tang + (à — à + J'—J"); ou, en 
restituant les distances zénithales, + tang 1(Z'—7/ + J"_— J'), lequel 
donnera la différence des distances zénithales vraies, et par suite la diffé- 
rence d"— J’ des deux réfractions, puisque Z"— Z/ est connu. De pa- 
reils calculs, qui seraient effectués sur de bonnes observations, réellement 

« réciproques, fixeraient les approximations que l’on peut se permettre dans 
les cas ordinaires ; et il serait à désirer que l’on s’en procurât d'assez par- 
faites pour être employées à ce but. 

» Je joins ici la réduction de ma formule (X)au théorème connu de tri- 
gonométrie, pour le cas où M. Puissant l’a trouvée fausse ; quoique, à vrai 
dire, cela me semble un peu élémentaire pour le Compte rendu. 

» Dans le cas cité, ©’ étant supposé nul, la formule donne 


æ—— tang (à — 2°) tang = (à + 2”). 
Or, Z' et Z!' étant les distances zénithales observées, on a fait généralement 
ZL'= 90 —#, Z'— go — ;; 
donc, en les réintroduisant, il vient 


__ tang5(Z"—2) 
tang! (Z° +2)’ né 


TI = 


_ 
- 7 


à 2 L — 1 
et puisque x représente 2 on a 


Dr tang: (Z’—Z") 

Hi tangi(Z'4+2) 

Ici, &! étant nul, les densités p et p’ sont égales, ce qui anéantit la ré- 
19 


(96 ) 

fraction quand les deux stations sont supposées sur une même branche 
de la trajectoire lumineuse. Si l’on. voulait les supposer sur des bran- 
ches différentes, auquel cas il y aurait un minimum ou maximum entre 
elles, l'égalité des densités entraînerait légalité des distances au centre, 
et, par suite, celle des distances zénithales apparentes. Z" — Z' serait 
donc nul, et l’on aurait r"=r", comme la formule le donne effectivement. 

» Dans l’autre cas, où c’est la réfraction qui est nulle, Z' et Z" devien- 
nent des distances zénithales vraies. Alors, dans le triangle formé au cen- 
tre de la Terre, entre les deux rayons vecteurs r’, r", et la corde qui 
joint les deux stations, si l’on nomme 4" l'angle opposé au côté r', et a° 
l'angle opposé au côté r', on aura évidemment 

Z' = 180° — a", Z'= 180° — à’, 
d’où il résulte 
L(Z'— 21) = + (a"— a), 2 (Z'+ 2) = 1802 — : (a”+ a’). 


Donc, en substituant ces valeurs et prenant garde aux signes des tan- 
gentes, il vient 

r'— 1 __ tang;(a'— a). 

PH tangi (a +a)? 


ce qui est le théorème connu. 


» Nota. Pour plus de simplicité, j'ai raisonné, dans ce qui précède, 
comme si la loi du décroissement des densités étant d’ailleurs quelconque, 
elle n'éprouvait pas d'inversion de sens dans l'intervalle de hauteur des 
deux stations : c’est le cas d’un équilibre stable. Toutefois, comme le 
théorème de Newton sur le rapport des perpendiculaires aux vitesses, 
quand les forces sont centrales, ne souffre pas d’exceptions, la formule 
serait vraie encore si une telle inversion avait lieu. Seulement alors, 
quand on supposerait les densités égales aux deux stations , les sinus 
des distances zénithales apparentes seraient entre eux comme les sinus 
des distances zénithales vraies, sans qu'il y eût égalité entre ces deux 
genres de distances , ce qui conduirait au même résultat. » (Vote ajoutée 
pendant l'impression. ) 


Après la lecture de cette lettre, M. Puissant annonce qu'il y répondra 
lundi prochain , et qu’il énoncera à l'appui de ses remarques sur la solu- 
tion de M. Biot quelques résultats numériques déduits de calculs dont les 
éléments n'auront rien de fictif. 


(97 ) 
srATISTIQUE. — Remarques faites à l'occasion d'un Mémoire sur les lois de 


la population et de la mortalité en France, l'une des pièces présentées au 
concours pour de prix de Statistique de 1837; par M. Moreau »E Jonnis. 


( Extrait. ) 


« Pour apprécier la puissance des obstacles qui s’opposent à l’exécution 
de tables de mortalité, dressées par âge, il suffit de savoir que dans l’es- 
pace de près de deux siècles, on n'a pas tenté plus de sept fois, dans 
toute l'Europe, d’entreprendre sérieusement ce difficile travail. C’est une 
preuve décisive qu'il ne faut pas seulement pour y réussir d’habiles cal- 
culateurs , et qu'il faut avant tout des matériaux qu'ils puissent utile- 
ment mettre en œuvre, d 

» Cette condition est tellement impérieuse que plus de la moitié des 
_ tables de mortalité qui existent, ont été exécutées d’après le mouvement 
de populations si faibles qu’elles n’égalent pas un trois-millième de la popu- 
lation de la France. C’est par une opération qu'aucun statisticien ne 
saurait approuver qu’on a étendu ces calculs partiels à de grandes po- 
pulations, sans s'inquiéter des différences énormes qu'apporte dans la mor- 
talité la différence des lieux. : 

» Si les tables dressées en Angleterre , en Hollande, en France, depuis 
un siècle, n’ont eu toutes pour bases que le relevé des décès d’une popula- 
tion de moins de 10,000 personnes, c’est qu’il était impossible de rassem- 
bler des faits numériques constatés , embrassant une population plus 
grande. 

. » La table de Duvillard ne prouve rien contre cette impossibilité; quoique 
présentée à l’Institut en l'an VI, son exécution est antérieure à 1787; or, 
à cette époque, les mouvements de la population n'étaient pas recueillis 
de manière à indiquer les décès par âge ; ce qui laisse suspecter l’auteur 
d'avoir produit des chiffres fictifs, et qui n'étaient pas plus vrais autrefois 
qu'aujourd'hui. 

» Un calculateur qui maintenant voudrait dresser une table en relevant 
immédiatement les décès par âges dans les registres de l’état civil d’une ville 
du deuxième ou du troisième ordre, trouverait de grands avantages dans 
notre organisation sociale perfectionnée. Mais ce n’est point ainsi qu'a 
procédé l’auteur des tables nouvelles ; il n’a point recueilli ses matériaux 
unité par unité; il a adopté les tableaux formés par les préfets, et qui for- 
ment des masses dont on ne possède nullement les éléments. » 

L'auteur, après avoir donné des détails sur la manière dont ces tableaux 
sont formés, continue en ces termes : 


( 98 ) 

«Il résulte de l'exposition que nous venons de faire, qu’il est aujourd’hui 
impossible d’avoir des notions exactes sur les décès par âges, et par consé- 
quent de dresser des tables générales de mortalité; attendu : 1° la défectuo- 
sité du tableau que les maires sont astreints à remplir, et qui est inintelligible 
pour beaucoup d’entre eux ; 2° le défaut d'inspection des registres de l’état 
civil et de collation des extraits qui en sont faits, pour donner la connais- 
sance des mouvements de la population; 3° la multiplicité des éditions de 
leurs relevés, qui les soumettent dans leurs transformations successives à 
de nombreuses et graves altérations ; 4° l'absence d’une surveillance spéciale 
qui, telle que celle des inspections des finances, permette de vérifier et cor 
riger les expressions numériques de prés de 2,085,000 mutations annuelles, 
savoir : près d’un million de naissances, plus de 800,000 décès, et de 275,000 
mariages. La complication du travail porte principalement sur les déces, 
dont les chiffres relevés dans 37,300 communes, sont distribués dans 13 co- 
lonnes divisées en 32 séries formées chacune de deux à six lignes. 

» Ce qui établit complétement que les matériaux servant de base aux 
nouvelles tables de mortalité sont défectueux , et qu’ils ne peuvent donner 
la connaissance des décès par âges, c’est que les statisticiens qui les ont 
eus à leur dispositions, se sont refusés à en tirer un pareil travail; et que l’ad- 
ministration qui possède tous les moyens d'apprécier les documents qu’elle 
fait exécuter, n’a pas jugé, en 1812 et en 1837, devoir se servir de ceux-ci. 
Un acte officiel porte même contre eux une condamnation formelle, en 
déclarant qu’ils sont remplis de lacunes et d’erreurs. 

» On ne peut dire, pour la défense du travail qui en est tiré, que ces 
erreurs se compensent; car le hasard préside à leur distribution, et peut 
les avoiraccumulées sur un terme numérique au lieu de les disperser éga- 
lement sur tous. Et il faut bien qu’il en soit ainsi, puisqu'on est arrivé, 
par ces chiffres, à des résultats qui supposeraient que notre société civile 
a éprouvé de si grands bouleversements que la mortalité s'y trouve sou- 
mise à des lois particulières. 

» Mais, quelque intérêt que puissent avoir ces considérations pour la 
science, elles s’effacent devant celles d'intérêt public qui naissent des ef- 
fets que peut avoir l'approbation de l'Académie, donnée à une table de 
mortalité quelconque. 

» Au 1° janvier dernier, il existait 27 compagnies d'assurance ayant 48,000 
actions et un capital de 75 millions. Plus de la moitié de ces compagnies 
se sont formées dans le cours de 1837, et pendant les dix derniers mois 
ce mouvement prodigieux s’est propagé avec une rapidité qui le fait échap- 
per aux recherches. La moitié, et quelques-uns disent même plus des deux 


(99 ) 
tiers de ces compagnies ont pour objet des assurances sur la vie. Si cette 
année le développement de cette industrie est seulement aussi étendu 
qu’en 1837, il y aura dans peu de mois, 120 millions engagés dans ses 
opérations. 6 

» Or, une table de mortalité est la base fondamentale de la majeure 
partie de ces opérations. Ce document est annexé à l’acte d'établissement 
de chaque société; il fait partie essentielle du contrat passé par les fonda- 
teurs de chaque entreprise avec chacun des individus qui y font des pla- 
cements ou qui en deviennent les associés commanditaires. Il constitue et 
détermine les droits des uns et des autres : il règle, d’après les chances 
de la durée de la vie à chaque âge, la quotité de la rente qui est faite 
pour chaque placement; il fournit les données qui permettent de sup- 
puter les bénéfices de l’entreprise et de l’engager par la promesse for- 
melle de tel ou tel dividende. Il lie la société pour le présent et l’avenir, 
et ne lui laisse point la faculté d'adopter d’autres conditions d'existence. 
Il est le titre sur lequel repose la confiance publique envers une riche 
industrie. Enfin , il devient, par la consécration du temps et d’un usage 
général, le garant du succès des compagnies d'assurances ; succès qui les 
consolide et leur donne le pouvoir de remplir fidèlement leurs engage- 
ments, 

» Faire prévaloir, par l'approbation de l'Institut, une nouvelle table de 

- mortalité, c’est attaquer et détruire tout cet ordre de choses. En effet, 
ou cette table fera la vie plus lente que celle dont on s’est servi jusqu’à 
présent, ou elle la fera plus rapide. Dans le premier cas, les compagnies 
voyant qu'elles doivent servir plus long-temps qu’elles ne le croyaient 
les intérêts des placements, feront tous leurs efforts pour rompre un 
marché désavantageux. Dans le second, le public accusera la compagnie 
de l'avoir lésé, en supposant à la vie une rapidité moindre que celle qui 
existe, afin de lui payer des intérêts moins élevés que ceux auxquels il 
aurait droit d’après la table nouvelle. 

» Ainsi, pour une substitution de quelques chiffres, tout aussi incer- 
tains que ceux dont on veut leur faire prendre la place, soixante établis- 
sements industriels seront attaqués dans leur crédit, 100,000 personnes, 
au moiss, seront inquiétées dans leur fortune, et les tribunaux retentiront 
de plaidoieries dans lesquelles on invoquera, pour et contre, le nom de 
lTostitut. 

» M. Moreau de Jonnés déclare qu’il soumet respectueusement l’appré- 
ciation de ces observations à la sagesse de PAcadémie. » 


{ 100 ) 


ÉCONOMIE RURALE. — Observations sur des œufs de ver à soie exposés à une 
basse température.—Note de M. Bonarous,communiquéepar M. Auzard. 


« La question de savoir quelle est la plus basse température que l’em- 
bryon du ver à soie puisse supporter, n'étant pas complétement résolue, 
tous les faits qui tendent à éclairer cette question méritent d’être signalés. 
Déjà, pendant l'hiver de 1829—30, j'exposai des œufs de ce bombyx à un 
froid de 20 à 25° cent., sans que le germe en souffrit d’une manière 
sensible : tel est le fait consigné dans mes notes au Livre chinois de 
M. Stanislas Julien, que j'ai reproduit en langue italienne (1). Depuis 
lors, une seconde expérience m’a offert le même résultat : au mois de 
novembre 1837, jintroduisis une once de graine de ver à soie (race pié- 
montaise ) dans un bocal de verre garni à l'ouverture d’une toile à jour, 
et j'exposai cette graine à toutes les variations de température, en fixant 
le bocal contre la paroi externe d’un édifice situé sur le plateau du mont 
Cénis , à 2066 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ces œufs de ver à 
soie, en butte à l’action d’un hiver des plus rigoureux , subirent un froid 
prolongé de plus de 25° cent. Retirés au mois d'avril 1838, leur éclosion 
fut aussi égale, aussi complète que celle des œufs que j'avais tenus cons- 
tamment à une température au-dessus de zéro. 

» Je me propose, d'apres ce résultat, d'observer, si en soumettant les 
œufs de plusieurs générations successives à un froid naturel aussi intense, 
à peu prés, je n'obtiendrai pas une race de ver à soie plus rustique , 
et plus adaptée au climat rapproché de la limite où le mürier cesse de 
prospérer.» 


RAPPORTS. 


PALÉONTOLOGIE. — Sur l'importance des résultats obtenus par M. Lartet 
dans les fouilles qu'il a entreprises pour rechercher des ossements fossiles; 
Rapport fait en réponse aux questions adressées à ce sujet à l’Académie 
par M. le Ministre de l'Instruction publique. . 


(Commissaires, MM. Duméril, Flourens , de Blainville rapporteur.) 


« M. le Ministre de l’Instruction publique, dans une lettre en date du 
2 juillet courant, vous a demandé de vouloir bien répondre à ces deux 
questions qui regardent les fouilles entreprises dans le département du 
Gers, par M. Lartet : 


» 1°. Les recherches auxquelles M. Lartet se livre depuis quatre ans, 


(1) Voyez Compte rendu de l’Académie des Sciences du 12 février 1838, page 196. 


(101) 


ont-elles procuré, en ce qui concerne la zoologie fossile, des résultats assez 
notables pour mériter d'autres encouragements , afin de l'aider à entre- 
prendre de nouvelles fouilles sur une plus grande échelle ? 

» 2°. Serait-il convenable d'étendre aux départements voisins les recher- 
ches qui, jusqu'à ce jour, avaient été limitées au département du Gers, et 
pourrait-on espérer de compléter l'ensemble des êtres organisés dont les dé- 
bris se trouvent disséminés dans le grand bassin du sud-ouest de la France? 

» Et l'Académie a chargé une Commission composée de MM. Duméril, 
Flourens et moi, de lui faire un rapport à ce sujet. 

»Si nous n'avions qu’à parler à l’Académie, et si notre rapport devait se 
borner à cette enceinte, nous n’aurions qu’à vous rappeler les trois ou 
quatre rapports qui vous ont déjà été faits par l’un de nous, sur les 
fouilles entreprises par M. Lartet, pour vous démontrer d’une maniere 
évidente combien les résultats déjà obtenus ont été intéressants pour la 
zoologie et la paléontologie, au point que, sur notre proposition appuyée 
par plusieurs de nos confrères, vous avez cru devoir consacrer quelques 
sommes pour rendre les recherches plus fructueuses, et indemniser en 
partie M. Lartet des dépenses assez considérables que ses premiers tra- 
vaux Jui avaient occasionées. 

» Mais aujourd’hui que M. le Ministre, qui lui-même, à limitation de son 
prédécesseur, s'était déjà généreusement associé à nos efforts, vous de- 
mande sil serait convenable de prolonger et d'étendre ces encourage- 
ments, afin de les rendre plus profitables, nous devons entrer dans quelques 
détails de plus, pour motiver les conclusions favorables de notre rapport. 

» Siles questions de paléontologie devaient rester au point où elles 
sont, Si les recherches qui les concernent devaient se réduire à fournir à 
la géologie des moyens de comparer les couches qui constituent l'écorce 
du globe, ou à la zoologie des espèces nouvelles, plus ou moins distinctes 
de celles qui existent à la surface de la terre, à joindre à celles que nous 
connaissons déjà et qui sont inscrites dans nos catalogues, on pourrait 
croire, au premier aspect, et en n’approfondissant pas le sujet, qu'il suf- 
firait d'attendre du temps et du hasard les découvertes que le zèle des ex- 
plorateurs de notre pays, sous différents rapports, pourraient faire, en 
admettant même que les résultats n’en seraient pas négligés et qu'ils vien- 
draient enrichir nos collections publiques. 

» Mais à mesure que les matériaux deviennent plus nombreux, que les 
éléments de comparaison le sont eux - mêmes, ainsi que plus complets; 
que la distinction des espèces actuellement vivantes est mieux appréciée, 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T.VII, N° 5.) 14 


( 102 ) 


mieux établie, et que leur distribution géographique à la surface du 
globe est mieux circonscrite, les questions de paléontologie s’élévent et 
s'étendent : dés-lors, il est important que les faits n'arrivent plus un à un 
et, pour ainsi dire, égrenés, sans liaison et au hasard; mais qu'ils se pré- 
sentent, à volonté, en faisceaux qui permettent en agrandissant le problème, 
d'atteindre à une résolution plus certaine et qui ait en même temps plus 
de portée. D'où il est aisé de voir que des recherches faites à la fois avec 
zèle et sagacité, à la manière des archéologues, suivant un plan bien cal- 
culé, bien arrêté d'avance, dans des localités choisies, où, par un ensemble 
de circonstances, on peut supposer que les débris des êtres coexistants à 
une époque plus ou moins reculée, ont pu être réunis, accumulés, sont 
les seuls moyens un peu assurés, un peu rationnels que nous ayons pour 
apprécier ces successions de formations animales , que , par un simple coup 
de baguette, certains paléontologistes font paraître et disparaître au ca- 
price de leur imagination. 

» Les amas plus ou moins riches d’ossements enfouis dans les terrains 
d'alluvium ou dans ceux de diluvium des plaines, des fentes et des cavernes, 
ne peuvent donner des résultats un peu certains, des inductions un peu 
plausibles de la coexistence des espèces animales dont on y rencontre les 
débris, d'abord parce qu’on est forcé de reconnaitre la possibilité d’allu- 
viums et de diluviums de plusieurs âges géologiques, ensuite parce que la 
production de ces terrains s’est continuée sans interruption jusqu’à nous, 
et qu'il est presque impossible ou au moins bien difficile d'apprécier le 
niveau géologique de terrains aussi morcelés, des couches qui les for- 
ment, et par conséquent des fossiles qu’elles renferment. 

» Il n’en est pas de même quand ces débris de l’ancien monde se trou- 
vent accumulés dans une formation plus ou moins circonscrite de terrains 
évidemment plus anciens que la plupart des diluviums, et qui sont 
séparés d’une manière bien plus tranchée de ce qui a lieu de nos jours à 
la surface de notre sol actuel. Il ne peut y avoir de doutes sur la con- 
temporanéité, sur la coexistence des espèces que ces débris fossiles re- 
présentent, à l'époque de la formation géologique, et dès-lors il est permis 
de voir, de comparer ce qu'était la création animale de cette époque recu- 
lée, avec ce qu’elle est aujourd’hui dans les mêmes contrées; si des formes 
évidemment distinctes ont disparu ou se sont transformées, ou se sont con- 
servées sans altérationsou avec des altérations ou changements appréciables. 

» Tous les paléontologistes ont encore présente à la mémoire la dé- 
couverte de cet amas si prodigieux d'os fossiles trouvés au commence- 


( 103) 


ment du dernier siècle dans la vallée du Necker, aux environs de Cans- 
tadt, et dans lequel, avec des ossements de plus de cinquante éléphants, 
on trouva des débris d’hyènes, de rhinocéros, de chevaux ; par charretées, 
avec des ossements qui provenaient évidemment de l'espèce humaine. Le 
peu de soin avec lequel les fouilles furent entreprises et continuées, eut 
pour résultat immédiat de faire douter de la contemporanéité de l’homme 
et des espèces d'animaux dont les ossements se trouvaient avec les siens; 
exemple qui doit montrer que ce genre de recherches a besoin d'autre 
chose que trouver des os. 

: » L’exploration des fossiles des carrières à plâtre des environs de Paris, 
commencée 1l y a près d’un siècle, par le laborieux Guettard, membre de 
cette Académie, et depuis lors presque épuisée par vingt-cinq ans de tra- 
vaux les plus assidus de feu M. G. Cuvier, est au contraire un exemple des 
plus remarquables, et qui doit servir de modèle à ces sortes de recherches. 
La continuité de l'exploration confiée à l'intérêt industriel, a conduit à la © 
connaissance de la création animale de cette époque, où avec des animaux 
de même genre, et peut-être même d’espèces semblables à celles qui existent 
aujourd'hui, coexistaient des animaux de genres entièrement inconnus 
dans l’époque actuelle, mais formant des chaînons de la série zoolo- 
gique, créée par la puissance divine. 

» La grande formation d’eau douce qui couvre une partie de l’Au- 
vergne est encore un bel exemple de l'utilité des recherches appliquées à 
une localité circonscrite, et les travaux intéressants de paléontologie 
animale que nous devons à M. Bravard, mais surtout à MM. l'abbé Croizet 
et Jobert, fournissent encore des éléments d’une grande importance pour 
l'histoire de la création animale à l'époque de la formation de ces ter- 
rains. Malheureusement la publication des travaux de M. Croizet semble 
être interrompue, et il est à craindre que les éléments mêmes de ces 
travaux, c’est-à-dire la riche collection d’ossements fossiles qu’il possède, 
ne finissent par être dispersés ou même ne passent à l’étranger, si nos 
collections publiques ne se hâtent d’en faire l'acquisition. 

» Nous devons également rappeler à l'Académie l’intérét que la pa- 
léontologie a trouvé dans l’ensemble des fouilles entreprises pour les 
recherches d’ossements fossiles dans le terrain’ tertiaire formé par 
les sables d'Eppelsheim, petite ville du grand-duché du Rhin, recher- 
ches qui, par la persévérance et la bonne direction des explorateurs, ont 
conduit à la découverte de la tête entière du Dinotherium giganteum, que 
nous avons eu l'avantage de voir à Paris, l’année dernière, outre un grand 

14.. 


Ç 106 ) 


nombre d’autres espèces de carnassiers, de pachydermes et de ruminants 
d'espèces et même de genre nouveaux. Mais encore, et malheureusement» 
ces fossiles indiquant évidemment des espèces contemporaines à une 
époque reculée de l’histoire de la terre, sont épars dans une localité assez 
étendue , ce qui rend le résultat des fouilles trop incertain et soumis à des 
chances trop éventuelles. 

» Nous aurions pu encore citer les localités célèbres des Sous-Himalayas 
dans l'Inde, et des immenses alluviums du Rio de la Plata et de ses af- 
fluents dans la sud-Amérique, comme ayant aussi acquis dans ces derniers 
temps un puissant intérêt, non-seulement pour l’ensemble des ossements 
fossiles qu'ils ont déjà fournis, mais encore à cause de l'évidence des rap- 
ports que les espèces qu'ils représentent ont avec les formations zoolo- 
giques actuelles dans chacun de ces pays, comme l’ont montré les tra- 
vaux de MM. Falconer et Cauteley, Durand , Hogdson, d’une part; et de 
MM. Darwin et R. Owen, de l’autre. Mais nous devons nous häâter 
d'arriver à l'exemple le plus évident de l'importance d'approfondir l'étude 
des amas de fossiles. 

» La localité du département du Gers, signalée déjà en partie il y a plus 
de cent ans par Réaumur, pour les dents de Mastodonte converties en 
turquoise à Simorre, et qui depuis lors n’a presque jamais cessé de four- 
nir quelques pièces éparses à nos collections, mais surtout le dépôt décou- 
vert par M. Lartet à Sansan, à peu de distance d’Auch, présente, comme 
nous avons déjà eu lieu de le faire observer à l’Académie dans un de nos 
précédents rapports, un ensemble de circonstances tellement heureux, que 
les cadavres d'animaux de toutes tailles, de beaucoup de familles, de toutes 
classes, au moins parmi les vertébrés terrestres et lacustres, sont venus se 
réunir en fragments plus ou moins considérables, mais non roulés, dans 
un espace circonscrit en bassin, et ont formé avec les matériaux calcaires 
ou argileux, entrainés avec eux par les eaux, un terrain susceptible d’être 
exploité par le flanc, mis à découvert par quelque accident postérieur : 
en sorte qu’une exploration bien calculée, bien ménagée, peut nous faire 
connaître, sans qu’il puisse y avoir aucun doute raisonnable, quelle était 
la création animale des pays pyrénéens à l'époque de la formation ter- 
üaire moyenne, si elle était plus africaine que ne l’est celle de l'Espagne 
actuelle, et dans quelle direction elle a perdu ou s’est modifiée pour des- 
cendre à ce qu’elle est aujourd'hui dans cette partie de la France. 

» Sans doute ce que la science et nos collections publiques ont tiré de 
ce célèbre dépôt est déjà bien considérable et d’un haut intérêt, comme 


( 106) 


l’Académie pourra s’en convaincre aisément en lisant plusieurs des Comptes 
rendus de ses séances où nous en avons donné la liste, mais nous avons 
encore à lui demander quelques pièces de plus du singe anciennement 
européen découvert et reconnu par M. Lartet, de ce grand carnassier qu'il 
a nommé Amphicyon, mais que M. Kaup avait déjà signalé dans les sables 
d'Eppelsheim, sous le nom de Agnotherium, et dont le système digital 
nous est encore inconnu; d’un autre carnassier que nous avons Cru pou- 
voir être rapporté au genre Phoque à cause du nombre des incisives in- 
férieures qui nous a paru n'être qu’au nombre de quatre, et qui pourrait 
être le Felis megantereon des paléontologistes de l'Auvergne; du grand 
édenténommé Macrotherium qui démontre en Europe l'existence d’un genre 
intermédiaire au Pangolin, à FOryctérope d'Afrique et aux Fourmiliers 
d'Amérique , mais dont nous ne connaissons qu’une dent et un ou deux 
doigts, doigts que M. Kaup a retirés à tort aux Pangolins à qui M. Cuvier les 
avait attribués, pour les rapporter à son Dinotherium. Nous avons surtout 
besoin que de nouvelles fouilles soient assez heureuses pour nous fournir 
quelques parties des membres de ce dernier animal, afin de décider sil 
était seulement plus littoral que le Mastodonte, ou s’il n’était pas plus rap- 
proché du Dugong, et par conséquent entièrement aquatique. 

» Nous avons également à attendre des recherches ultérieures et plus 
étendues de M. Lartet,lesmoyens d'approcher de plus en plus de la résolu- 
tion de la question de l'apparition de l'espèce humaine à la surface de la terre; 
si en effet, dans une localité aussi favorable que le dépôt de Sansan, 
les fouilles ne mettent à découvert aucun ossement d'homme, ne sera-ce 
pas une forte présomption de plus qu'il n’existait pas à cette époque? 

» D’après ces différentes considérations, auxquelles nous aurions pu en 
joindre plusieurs autres non moins importantes, nous devons donc appeler 
de tous nos vœux le moment où il sera possible à M. Lartet, non-seulement 
de continuer les recherches et les fouilles aux lieux où il Les a commencées, 
mais encore de les étendre , de les prolonger jusqu’à Simorre, jusqu'à Ca- 
saubon, et au-delà dans le département des Landes jusqu'a Dax où se 
trouvent à la fois des débris d'animaux terrestres et des ossements d'animaux 
marins , et où se prolongeait sans doute à cette époque le grand golfe de 
Gascogne. 

» En conséquence, nous proposons à l’Académie de répondre affirmati- 
vement aux deux questions adressées par M. le Ministre. 

» Les recherches auxquelles M. Lartet se livre depuis quatre ans, ont 
procuré à la science et à nos collections publiques des avantages et des 


( 106 ) 


résultats d’un grand intérêt, et il est bien à désirer qu'il lui soit accordé 
de nouveaux encouragements, afin de lui permettre de poursuivre ses 
fouilles sur une plus grande échelle, et de les étendre judicieusement 
aux départements du S.-0. de la France. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Péricor, intitulé : 
Recherches sur la nature et les propriétés chimiques des Sucres. 


(Commissaires, MM. Thénard , Gay-Lussac, Biot, Dumas rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés de lui rendre compte du Mémoire de 
M. Péligot sur les sucres ; nous venons remplir ce devoir, avec une satis- 
faction réelle, car il s’agit d’un de ces travaux de longue haleine que 
l'Académie aime à encourager, et qui attestent de la part de leur auteur 
les efforts les plus sincères pour la découverte de la vérité. 

» A considérer la profusion avec laquelle le sucre se consomme; la va- 
riété des produits naturels qui en fournissent ; le nombre et l’habileté des 
chimistes qui en ont fait une étude attentive, on pourrait croire que 
l’histoire chimique des sucres doit être complète maintenant. Mais si l'on 
veut se donner la peine d'ouvrir les traités de chimie les plus récents, on 
y voit de suite que presque tous les phénomènes observés dans les réac- 
tions des sucres, sont des phénomènes qui ne se rattachent à aucune vue 
théorique. L'histoire chimique des sucres est encore tout-à-fait empy- 
rique, ce qui revient à dire que nous ne connaissons pas les formules ra- 
tionnelles des sucres , et qu’en conséquence nous ne pouvons ni prévoir, 
ni classer méthodiquement les phénomènes de décomposition ou de mo- 
dification qu'ils nous présentent. 

» Pour découvrir la formule rationnelle d'un corps, il faut en connaître 
la décomposition élémentaire, le poids atomique , enfin les réactions. Ces 
trois conditions de l’histoire chimique des corps peuvent seules conduire à 
les représenter par des formules vraiment rationnelles, puisque ces sortes 
de formules ont précisément pour objet de peindre à lesprit d’un: seul 
trait, la composition élémentaire , le poids atomique et la réaction des 
composés chimiques. 

» Tout le monde sait que les chimistes désignent sous le nom de sucres , 
des corps qui possèdent tous la propriété de fermenter. On sait aussi que 
parmi les sucres, il en existe deux : le sucre de cannes ou de betteraves, 
et le sucre de raisins ou de fruits qui peuvent prendre l’état solide, et 


Cro7) 
qui, à ce titre, sont plus faciles à purifier que les sucres non cristalli- 
sables distingués par divers auteurs. Ce sont les sucres de cannes et de rai- 
sins solides qui ont fait l’objet principal des recherches de M. Péligot. 

» Sucre. — Relativement à la composition du sucre de cannes auquel 
nous réservons le nom de sucre, l’auteur n’avait rien à ajouter à ce qui 
existe dans la science. L'analyse de ce sucre qui est donnée par MM. Gay- 
Lussac et Thénard, dans leurs recherches physico-chimiques, est l’une 
des premières qu'ils aient exécutée à l’aide de la méthode qu'ils venaient 
de découvrir. Elle a prouvé dès long-temps que ce corps renferme 42,5 
de‘charbon et 57,5 de gazhydrogène et oxigène dans les rapports qui cons- 
tituent l’eau. Les nouvelles analyses du sucre candi par M. Péligot, celles 
qui ont été faites de ce même corps dans l'intérêt de ses Ne par 
M. Liebig ou par votre rapporteur, n'ont fait que confiriner ces résultats. 
On verra tout-à-l’heure par quelle circonstance on a été conduit à les sou- 
mettre à une vérification qui devait paraître superflue. 

» Ainsi , l'analyse du sucre candi conduit à la formule connue C*4 Hz: Ô", 
la seule qui puisse la représenter exactement, la seule qui s'accorde avec 
l'analyse de MM. Gay-Lussac et Thénard. 

» Mais quel est le poids atomique du sucre? C’est ce que l'analyse pré- 
cédente ne donne pas. M. Berzélius a fait pour le découvrir quelques ex- 
périences dans le beau Mémoire qu’il a consacré, il y a vingt-cinq années, 
à l'analyse des corps organiques, et où il a si bien établi la nécessité, 
comme il a fait connaître le premier les moyens de déterminer leur poids 
atomique. De même que, pour la plupart des corps, il a obtenu celui du 
sucre en le combinant avec l’oxide de plomb. 

» D’après M. Berzélius, le sucre en se combinant avec l’oxide de plomb 
perd un équivalent d’eau et prend deux équivalents d’oxide de plomb. 
Cela paraît vrai, quand on fait éprouver au produit une dessiccation im- 
parfaite; mais dans le sel bien desséché , on trouve qu'en prenant deux 
équivalents d'oxide de plomb le sucre a réellement perdu deux équiva- 
lents d’eau. Ainsi, d’après M. Péligot, la formule du saccharate de plomb 
se représente par C*#H'° O°, 2PbO. Votre rapporteur s’est assuré par lui- 
même de l'exactitude de cette analyse, qui s'accorde bien mieux, du reste, 
que celle de M. Berzélius avec les phénomènes que l’on observe en général 
dans le déplacement de l’eau par les bases oxigénées, 

» M. Péligot s’est assuré que le sucre forme un composé cristallisable 
avec la baryte. Il a fait à ce sujet une observation importante ; c’est qu’à 
froid la combinaison semble n’avoir pas lieu , tandis qu’à l'ébullition, sans 


(108 ) 


évaporation , le saccharate de baryte cristallise tout à coup. Ce phénomene 
tient, en partie du moins, à une propriété quise manifeste d’une facon plus 
remarquable encore dans le saccharate de chaux. Ce sel est beaucoup moins 
soluble à chaud qu'à froid, tellement qu’une liqueur qui en est chargée se 
prend en gelée comme de l'empois vers 100° et redevient parfaitement 
liquide à la température ordinaire. 

» L'auteur à fait l'analyse de ces deux sels; il s’est assuré que la for- 
mule C*#*H*0°", BaO ou C‘'H*0""', CaO en représentent correctement la 
composition. 

» M. Péligot est parvenu, comme on voit, à former avec le sucre de 
cannes des combinaisons bien définies avec la chaux ou la baryte. Il a vu, 
de plus, que ces saccharates solubles produisaient des saccharates doubles 
tres solubles aussi et tout-à-fait indécomposables par les alcalis en s’unis- 
sant au saccharate de cuivre, circonstance qui explique les phénomènes 
dout M. H. Rose a enrichi l'analyse chimique. 

» Dans le travail des fabriques de sucre, on tirera plus d’une fois parti 
de ces observations pour se rendre compte des effets que la chaux peut 
produire sur des liquides sucrés bouillants , et pour expliquer comment 
il se fait que lorsqu'un sirop renferme du cuivre, ce métal ne se précipite 
pas, bien qu’on rende la liqueur alcaline par l'addition d’un excès de chaux. 

» Nul doute qu'on n'ait souvent aussi à mettre à profit dans ces usines 
l'observation suivante de M. Péligot. Si l’on mêle r partie de sel marin 
et 4 parties de sucre de cannes, qu’on amène la dissolution mixte à 
consistance de sirop et qu'on l'abandonne dans un air sec, il s’y formera 
bientôt des cristaux de sacre candi. Mais le résidu liquide produira vers 
la fin de son évaporation des cristaux bien différents et dans lesquels 
il sera facile de reconnaitre un véritable composé de sel marin et de sucre 
de cannes. 

» Ce composé est déliquescent à l'air: il renferme 14,8 de sel marin 
pour 100; le reste est du sucre pur. D'où il suit que dans le travail 
des sucreries chaque kilogramme de sel marin qui se trouve dans les pro- 
duits et qui passe à cet état, rend déliquescent six kilogrammes de sucre 
dont il empèche la cristallisation. 

» M. Péligot se propose d'étudier bientôt les diverses applications de 
ces faits à l’industrie des sucres. Pour le moment, considérant le composé 
de sucre et de sel marin au point de vue théorique, il s’est attaché 
à en faire connaître la composition exacte. Il a trouvé qu’elle se 
représente par C#H#O°', Ch‘Na, c’est-à-dire par deux atomes de 


( 109 ) 
sucre qui auraient pris un atome de sel marin et perdu un atome 
d’eau. 

» Glucose. — Le sucre de raisin solide a été assimilé au sucre dans le- 
quel l'amidon se convertit sous diverses influences ; il l'a été également au 
sucre de diabètes, au sucre de miel, et, en général, on a été disposé à 
confondre en une seule espèce les sucres solides qui se présentent en 
masses cristallines, sans formes déterminables. Les expériences récentes 
de M. Biot prouvent qu'il faut procéder avec précaution dans ces sortes 
de rapprochements, et ont obligé M. Péligot à s'assurer par lui-même de 
la composition des divers sucres ainsi réunis. 

» Il résulte des comparaisons faites par M. Péligot, que le sucre de rai- 
sin, celui d'amidon, celui de diabètes et celui de miel ont parfaitement la 
même composition et les mêmes propriétés, et constituent un seul corps 
que nous proposons d'appeler Glucose (x). 

» Ces sucres perdent 9,0 pour 100 d’eau par la chaleur, à 140° dans le 
vide, sans s’altérer. Ils sont formés de C#$ H# O* + 4H°0: 

» Ils se combinent avec le sel marin et fournissent ainsi de volumineux 
cristaux : ceux-ci renferment C#H°*O*#Ch?Na. Ces cristaux perdent à 
100° deux atomes d’eau sans fondre, mais vers 130°, ils en perdent un de 
plus et entrent en fusion, Cette expérience importante pour la théorie a 
été répétée par M. Péligot, sous les yeux de votre rapporteur. On à donc 
les trois formules suivantes : : 


C8H4#0 Ch Na + 3H°0...... cristaux; 
C#H4#0:3 + Ch? Na HO...  rd., séchés à 100°, 
CAEOOS CRAN EE A2... 1d:, fondus. 


» Cette combinaison pouvait déjà fournir un moyen de calculer le poids 
atomique du Glucose; mais l’auteur a dû mettre un grand intérêt à véri- 
fier les indications qu’elle fournissait par des analyses exactes de composés 
produits en unissant le glucose aux bases minérales; des obstacles sans 
nombre sont venus l'arrêter. Les bases minérales qui n’agissent nullement 
sur le sucre de cannes , et qui se bornent à se combiner avec lui, exercent 
au contraire, sur le glucose une action décomposante très énergique contre 
laquelle M. Péligot a été forcé de lutter pendant bien long-temps avant de 
se mettre à l'abri des erreurs qu'elle faisait naître. Il lui a fallu découvrir 
des procédés de préparation ingénieux et nouveaux, pour obtenir des 


PP RER NT A PR A 6, 
(1) yAcuyos, moût, vin doux. 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°5.) 15 


( 110 ) 


combinaisons constantes et définies, qui lui ont offert les formules sui- 


C#H#0:, 6PbO, 
C#H#0::, 3Ba0, 7H°0, 
C#H#02%, 3Ca0, 7H°0. 


vantes : 


» Le glucose, comme on vient de le rappeler, s’altère au contact des 
bases; M. Péligot a fait sur ce point des observations pleines d’intérét. 
Que l'on abandonne , en effet, du sucre de raisins en dissolution au con- 
tact de la chaux ou de la baryte, on voit l’alcalinité du liquide s’affaiblir, 
le sucre disparaître, et au bout de quelques semaines le glucosate de 
chaux se trouve remplacé par un sel nouveau renfermant un acide très 
énergique. Celui-ci a pour composition C#H#O% et diffère conséquem- 
ment du glucose parce qu'il contient moins d’eau ou des éléments de 
l'eau. 

» Si au lieu de faire agir le glucose à froid sur les alcalis, on met en con- 
tact ces deux corps concentrés à chaud, une vive réaction se manifeste, 
Ja masse brunit, se boursoufle et se convertit en un nouveau sel renfer- 
mant un acide noir qui se rapproche de l'acide ulmique, de l'acide méta- 
gallique et de l’acide japonique. Il se rapproche surtout de ce dernier, 
mais il en diffère par sa solubilité dans l'alcool, et aussi parce qu'il ren- 
ferme plus d'hydrogène. 

» Le sucre de cannes, qui résiste si bien à l’action des bases, se détruit 
facilement au contraire sous l'influence des acides; de son côté le sucre de 
raisins qui s'altére par le contact des bases d’une manière si profonde, 
n'éprouve de la part des acides aucune altération. 

» L’acide sulfurique, concentré lui-même, loin de détruire le sucre de rai- 
sins, s’unit à lui etforme ainsi un nouvel acide. C’est l'acide sulfo-saccharique 
de M. Péligot, qui vient se placer dans la famille des acides sulfo-viniques 
dont il présente les caractères généraux, mais avec d'importantes modi- 
fications. Nous croyons que l’auteur fera bien de reprendre et de pour- 
suivre l'étude de cet acide; elle mérite toute son attention. Nous l'enga- 
geons à essayer de soumettre le sucre de raisins à l’action de quelques 
acides énergiques, comme l’acide fluorhydrique , l'acide phosphorique, et de 
comparer leurs effets à ceux de l'acide sulfurique lui-même. L'analyse du 
sulfo-saccharate de plomb de M. Péligot offre en effet un rapprochement 
intéressant; car on a pour la composition de ce sel C{#*H#° 02',S03,4 PbO 
ce qui revient à dire qu'en se combinant avec l'acide sulfurique le sucre 


(xrr) 


de raisins perd plus d’eau qu'il n'aurait besoin d’en perdre pour devenir 
sucre de cannes. 

» Enfin, M. Péligot s’est occupé avec soin de l’examen des produits que 
la chaleur fait naître quand on l’applique aux sucres avec ménagement. 
Rien de plus simple et de plus satisfaisant que les résultats qu'il a ob- 
servés. 

» Le glucose, chauffé vers 100’, entre en fusion et perd de l’eau, et plus 
tard se décompose en fournissant les mêmes produits que le sucre de 
cannes. 

» Le sucre de cannes, au contraire, ne fond qu’à 180°. A cette tempéra- 
ture il ne perd rien, mais à 200 ou 220° il perd de l’eau pure et se con- 
vertit en caramel. Cette réaction se fait avec boursouflement. 

» Le caramel est soluble dans l'eau, qu’il colore en brun; il est insipide, 
ne fermente pas et ne se dissout pas dans l'alcool. La saveur amère du 
sucre brülé tient à un corps soluble dans l'alcool et très distinct du ca- 
ramel lui-même. 

» Soit qu'il provienne du sucre ou du glucose, le caramel a toujours 
pour formule C#H# O''; il diffère donc de ces deux corps parce qu'ils ont 
perdu, pour le former, de l’oxigène et de l'hydrogène dans les rapports 
qui constituent l'eau, ainsi que l’on peut le vérifier en étudiant avec soin 
la réaction qui lui donne naissance. ” 

» Tels sont les faits généraux observés par M. Péligot. Ils ajoutent beau- 
coup à l’histoire des sucres en nous faisant connaître des réactions nou- 
velles obtenues à l’aide de ces corps, et surtout en remplaçant par des ana- 
lyses précises les notions vagues que l’on possédait à l'égard de leurs 
principaux dérivés. 

» Les chimistes remarqueront l’ensemble des formules de M. Péligot, 
que nous reproduisons 1ci : 


£ CRERIOS CEE Ju. sucre de cannes, candi, 
C#H#0°:, Ch° Na. .... saccharate de sel marin, 
C'H#{0°:, 2Ba0.... … saccharate de baryte, 


C# H#0°?, 2Ca0. ..... saccharate de chaux, 
C#H#0O'%, 4PbO...... saccharate de plomb. 


C#H#0°', 7H°0...... glucose, sucre de fruits, 

CHHÉO0E, 3H 07.77 id., séché à 130°, 
_C#H#0", Ch’Na, 5H°0. glucosate de sel marin, 

C#H# 0°, ChNa, 3H°0. 4, séché à 100°, 

C#H#0°*, Ch°Na, 2H°0. id, séché à 130°, fondu, 


To 


(Casa) 


Ci8H#0%, 6PbO...... glucosate de plomb, 
C#H#0:, 3Ba0, 7H°0. glucosate de baryte, 
C#H{#0:, 3CaO, 7H°0. glucosate de chaux. 


» Ces formules différent essentiellement de celles qui ont été admises 
jusqu'ici, en ce que M. Péligot a été conduit à doubler le poids atomique 
des sucres, et à représenter leurs principales combinaisons comme des 
combinaisons polybasiques. Or, dès que l'on était forcé d'élever ainsi le 
poids atomique du sucre, son analyse élémentaire pouvait exiger une ré- 
vision. En effet, si l'atome du sucre en renferme 24 de carbone seule- 
ment , on peut regarder les anciennes analyses du sucre candi comme tres 
suffisantes. Mais si l’on considère l'atome de sucre comme renfermant 
48 atomes de carbone ou davantage, on peut retrancher ou ajouter 
1 atome de carbone sans produire de grandes différences dans la com- 
position centésimale du sucre; quelques millièmes de carbone de plus 
ou de moins constituent alors toute la différence. 

» C’est par ce motif que l’analyse du sucre candi a paru nécessaire à 
répéter, et que M. Liebig, ainsi que votre rapporteur, l'ont refaite avec 
toute l'attention possible. Leurs résultats ont été entièrement conformes 
à ceux de MM. Gay-Lussac et Thénard, comme nous l'avons dit plus 
haut. 

» Relativement aux divers dérivés des sucres, M. Péligot adopte les 
formules suivantes : 


CACOPEE AT .. acide glucique, kalisaccharique de M. Péligot. 

CBH°°05 + 6PbO.......... sous-plucate de plomb, 

C#H#401°.................. ‘acide mélasique (1), 

C#Hi°0°°, SO + Agq....... acide sulfo-glucosique, acide sulfo-saccharique de 
M. Péligot, 


C#H{0°, SO, 4PbO. ...... sulfo-slucosate de plomb. 


» Toutes ces formules reposent sur des analyses faites avec soin. Si on 
les ajoute à celles qui concernent le sucre, le glucose et leurs combinai- 
sons salines , elles forment un ensemble que l’on ne possède que pour un 
petit nombre de combinaisons organiques, et l’on pourrait croire, d’après 
cela , qu’elles doivent suffire à établir les formules rationnelles des sucres. 
Telle n’est pas, néanmoins, la prétention de l’auteur. Ces formules 


(1) L'acide japonique = G# H'5 O8 dans son sel d’argent, et C#H°° 0° à l’état libre. 
Il contient 4 atomes d'hydrogène de moins que l'acide mélasique. On a formé le nom 
de cet acide de weaus, brun. 


( 113 ) 


rationnelles, qui seules permettraient de prévoir leurs réactions, ou de les 
rattacher à une théorie commune, de se peindre, en un mot, l’arrange- 
ment moléculaire intérieur des sucres , demeurent encore à découvrir. 

» Mais M. Péligot aura contribué fortement à la découverte de ces 
formules, en coordonnant ou confirmant les données acquises à la science 
sur la composition élémentaire des sucres, en établissant sur des faits 
nouveaux et certains le poids atomique de ces corps, enfin, en faisant con- 
‘naître nombre de réactions importantes et nouvelles produites par le sucre 
de raisins en particulier. Il serait à désirer, dans l'intérêt de la science, 
que loin d'abandonner cette étude, l’auteur, préparé comme il l’est à l'ap- 
profondir, en fit l'objet d’un travail nouveau , ainsi qu'il l'annonce. L’exa- 
men chimique des sucres, comme l'examen chimique de l'amidon, et en 
général l’étude des composés organiques peu volatils ou décomposables 
au feu , nous menent dans des voies nouvelles. Sans s'exagérer l'importance 
des faits, on ne peut méconnaitre le rôle qu'ils sont destinés à jouer dans 
la discussion des théories générales de la chimie organique, et à ce titre, 
comme à bien d’autres, nous croyons parler dans l'intérêt de la science 
et dans celui de l’auteur, en-disant que son premier Mémoire sur les sucres 
nous fait désirer qu'il en produise bientôt un second sur le même sujet. 

» En demandant pour le Mémoire de M. Péligot une place dans le Re- 
cueil des Savans étrangers, nous ne surprendrons pas l'Académie, qui a 
compris qu'il s’agit d’un iravail plein de faits, riche d'analyses exactes et 
nombreuses , et où les faits et les analyses sont discutés avec une intelli- 
gence complète de l’état actuel et des besoins de la science. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


Botanique. — Rapport sur un Mémoire concernant les organes mâles du 
genre Targionia, découverts dans une espèce nouvelle du Chili; par 
M. Moxtacxe. î 


OMmMISSaires, . . Bronseniart e rbel rapporteur. 
Commissaires, MM. Ad. Brongniart, de Mirbel rapp 


« Vous avez renvoyé à M. Brongniart et moi l'examen de ce Mémoire; il 
s'en faut qu'il soit sans intérêt pour la science, quoiqu'a vrai dire, il ne 
renferme aucune observation nouvelle d’une haute importance. 

» Le genre Targionia, dont la création est due à Micheli, ne se com- 
posait naguère que de deux très petites espèces cryptogames; maintenant 
nous en comptons trois, grâce à M. Montagne. L'une d'elles, le Targionia 
hypophylla, qui croît que toute l'Europe, a été depuis Micheli, l’objet 


Gr) 

d’études plus ou moins approfondies. On s’est souvent appliqué, et tou- 
jours sans succès, à y découvrir quelque organe analogue à ces sortes 
d’étamines que l’on trouve si facilement aujourd’hui dans les espèces de 
la famille des Hépatiques, à laquelle appartient le genre Targionia. A la 
vérité, dans ces derniers temps, Schreber et Sprengel ont indiqué, chacun 
de leur côté, de certaines modifications organiques qu’ils ont prises pour 
l'organe mäle; mais ils n'étaient pas d'accord entre eux , et les savants les 
plus compétents dans cette matière, n’ont pas vu de motifs suffisants pour 
adopter lopinion de lun ou de l’autre, 

» Tout récemment, un échantillon sec d’une très petite plante recueillie 
au Chili par feu Bertero, tombe entre les mains de M. Montagne. Il cons- 
tate d’abord que c’est une espèce du genre T'argionia, et lui donne le nom 
spécifique de bifurca , en considération de la bifurcation des lobes de sa 
fronde. Puis, il veut savoir si le microscope lui livrera quelques détails 
organiques que l'œil nu ou armé de la loupe, ne lui fait pas apercevoir, 
et il obtient, ainsi qu’on s’en convaincra tout à l'heure, des résultats qui 
surpassent ses espérances. 

» Une fronde longue de 8 à ro millimètres au plus, et qui avait moins 
de 3 millimètres dans sa plus grande largeur, lui offre, fixés latéra- 
lement sur sa face inférieure et un peu au-dessous de sa bifurcation, 
de très petits appareils organiques en forme de cône renversé, ou, si l’on 
veut, de corne d’abondance, lesquels partaient de la nervure moyenne en 
deux séries, l’une à droite, l’autre à gauche, et allaient se terminer au 
niveau du bord de la fronde par un sommet orbiculaire de moins d’un 
millimètre de diamètre. Le petit appareil était revêtu, depuis son point 
de départ jusqu’à sa partie supérieure, d'écailles aiguës etimbriquées. Son 
sommet, un peu concave, était parsemé de 15 à 20 mamelons percés à 
leur centre. Dans l’intérieur, formé d’un tissu utriculaire lâche et allongé, 
se trouvaient des loges qui contenaient chacune un sac oblong dont le 
grand diamètre était parallele à l’axe du cône. 

» À ces faits que M. Montagne donne comme incontestables , et que 
nous acceptons sans difficulté, il joint quelques détails qu'il ne produit 
qu'avec réserve. Cette circonspection était commandée par les circons- 
tances. Les échantillons du Targionia bifurca avaient été plus ou moins 
altérés par la dessiccation et le temps. Il fallait donc distinguer dans les ré- 
sultats de l'observation, ceux qui ne laissaient aucune incertitude sur leur 
validité , de ceux qui n’offraient point les mêmes garanties. C’est un devoir 
que M. Montagne a rempli avec non moins de conscience que de sagacité. 


(16) 


» Cet habile observatemr, en considérant les appareils qui ne sont que 
les développements de la nervure moyenne de la fronde, et les mamelons 
perforés qui garnissent leur sommet , et les sacs intérieurs qui, selon 
toute apparence, communiquent par leur extrémité supérieure avec les 
mamelons, conclut, comme, nous l’eussions fait à sa place , que les ap- 
pareils étaient des réceptacles d’anthères analogues à ce qu'on nomme 
des disques dans les autres hépatiques. Toutefois, pour qu'il ne subsistât 
aucun doute à cet égard, il jugea à propos de comparer, à l’aide de la 
nature et des livres, les disques des différents genres de la famille avec 
celui du Targionia bifurca. Cette revue, longue et laborieuse, confirma 
pleinement ses assertions. Il trouva que le disque de sa plante avait une 
forme et une organisation semblables à celui du Marchantia quadrata 
et des espèces des genres Ruboullia, Lunularia, Grimaldia, Conocephalus, 
et que ses anthères ne différaient pas essentiellement de celles des es- 
pèces de la section des Ricciées et surtout de celles des ÆRiccia Bis- 
choffiü et natans. 

» Il devenait donc évident pour tous les botanistes que M. Montagne 
avait découvert l’organe mâle dans le Targionia bifurca , et il pouvait et 
peut encore s’en glorifier. Mais était-il le. premier qui eût prouvé l’exis- 
tence de cet organe dans une espèce quelconque du genre T'argionia ?.... 
C'est une autre question que nous allons examiner, dans le double inté- 
rêt de la justice et de la science, en prenant pour guide M. Montagne lui- 
même. | 

» Ouvrons après lui le Nova plantarum genera de Micheli, à la page où 
cet excellent observateur traite spécialement du genre Targionia, dont il 
ne connaissait qu'une seule espèce, le Targionia hypophylla ; nous n’y 
trouvons pas un mot qui nous révèle l’existence du disque ; et la grossière 
figure correspondante à la description ne nous éclaire pas davantage. Cette 
foule de botanistes qui vinrent ensuite, se taisent également. Enfin, de 
nos jours, deux savants, MM. Nees d'Esenbeck de Breslaw, et Bischoff , 
qui se sont occupés de la famille entière des Hépatiques avec une supé- 
riorité incontestable, et, plus récemment encore, M. Endlicher, qui a 
réuni à peu de choses près tout ce qu’on savait sur ce groupe, se bornent 
à nous dire, quand ils en viennent à parler de la tribu des Targioniées : 
Autheridia adhuc ignota ou bien : Flores masculi ignoti. 

» Ainsi la seconde question, comme la première, paraissait jugée en fa- 
veur de M. Montague; mais il était réservé à cet observateur de nous dé- 
montrer son erreur et la nôtre. Le plan de recherches qu'il s'était tracé 


( 116 ÿ 


le conduisit naturellement à l'examen du genre Æunularia. À sa demande, 
le professeur Nees d'Esembeck de Bonn, que la mort vient de ravir à la 
science , et le professeur Lehmann d'Hambourg, lui envoient des échan- 
tillons de cette plante, très bien conservés. 11 consulte l’admirable Mé- 
moire de M. Bischoff. Il y voit que ce savant, qui ne connaissait que les 
disques du Zunularia d'après ce qu’en dit Micheli, guidé par le sentiment 
de l’analogie et par la juste confiance que lui inspire l'exactitude reconnue 
du célebre botaniste florentin, se déclare pour lui contre l’allemand Dillen, 
lequel avait affirmé avec une légèreté inconcevable de la part d'un si ha- 
bile homme, que les disques que Micheli a figurés n’existaient pas. M. Mon- 
tagne alors remonte au texte de Micheli, et il y trouve une excellente des- 
cription du ZLunularia, qui, jointe à celle qu'il fait lui-mème d’après 
nature , devient la plus victorieuse réfutation de la critique inconsidérée- 
de Dillen. 

» Ce résultat n’est pas le seul qu'obtient M. Montagne de la lecture at- 
tentive de l'ouvrage de Micheli. Non-seulement il acquiert la conviction 
que ce botaniste, proclamé avec raison, par M. du Petit-Thouars, l’un des 
plus habiles précurseurs de Linné, a très bien vu les disques du Zunula- 
ria, mais encore qu'il a tout aussi bien vu ceux du Targionia, qui sont, 
ainsi qu'il le dit expressément dans le même article, de forme et de nature 
semblables aux disques du genre Hépatique (Conocephalus). 

» L’ignorance des botanistes touchant l'opinion de Micheli, provient 
donc uniquement de ce que cet auteur célèbre, au lieu de parler des dis- 
ques du T'argionia, là où il traite spécialement de ce genre, n’en parle que 
dans sa description du genre Zunularia. Et il devient fort probable, au- 
jourd'huïi, que si les recherches faites par de très bons observateurs, dans 
toutes les contrées centrales et septentrionales de l’Europe, pour décou- 
vrir les organes mâles du Targionia, ont toujours été infructueuses , c’est 
que le climat, moins favorable que celui de l'Italie, s'oppose à la forma- 
tion de ces organes. Sans cela, comment concevrait-on qu’un fait d’une 
si facile observation et de nature, ce semble, à se renouveler chaque an- 
née, n'eüt été vu et constaté que par un seul botaniste, tandis que mille 
autres, venus après cet homme privilégié, Fauraient cherché en vain, du- 
rant plus d’un siècle, et ne cesseraient aujourd'hui leurs perquisitions 
que par désespoir de le trouver? 

» Nous souhaiterions que ces réflexions éveillassent l'attention des bota- 
nistes italiens, et qu'ils voulussent bien nous dire si, sous la douce tem- 
pérature dont ils jouissent, le Targionia hypophylla reproduit annuelle: 


Cxr7 ) 
ment ses disques, comme nous pencherions à le croire. La solution de 
cette question qui, au premier coup d'œil, paraît d’un mince intérêt, con- 
duirait peut-être un jour à des idées positives sur le degré d'importance 
qu’il convient d'accorder à la présence de l'organe mâle dans les espèces 
de la classe des Cryptogames. 

» Mais revenons à M. Montagne. On se persuadera, sans doute, qu'a- 
près tant de travail et de soins, ce fut pour lui une vive contrariété , de 
retrouver dans un livre déjà vieux, mais souvent consulté, la très nette 
“exposition d’une découverte qu’il regardait comme sa légitime propriété, 
et dont, depuis longues années, tous les botanistes avaient perdu la trace. 
Relativement à cela, nous ne saurions dire autre chose, sinon que 
M. Montagne n'eut rien de plus pressé que de reporter sur l’auteur tout 
l'honneur de la découverte. C’est uniquement en vue d’atteindre ce but 
qu'il a écrit son Mémoire et témoigné le désir qu’il fût soumis à votre ju- 
gement. Mais nous ne ferions pas preuve d'équité si, à son exemple, nous 
ne voulions voir dans cet écrit, qu’un acte par lequel il restitue officiel- 
lement à Micheli ce qui lui appartient. C’est, suivant nous, un bon travail 
critique, conçu avec patience et discernement, nourri d'observations très 
fines faites sur nature, et qui sera cité un jour dans l’histoire de la science, 
ne fûüt-ce que comme avertissement de consulter avec plus d’attention les 
œuvres des anciens maitres. 

» Nous croyons donc que l’Académie lui doit son approbation.» 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


MÉDECINE. — Rapport sur ur Memoire de M. Cnéneau, sur la nature et le 
traitement de la phthisie pulmonaire. 


(Commissaires, MM. Serres, Double rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés de lui rendre compte d’un Mémoire ma- 
nuscrit ayant pour titre: {ntroduction à des recherches nouvelles sur la 
nature et sur le traitement de la phthisie pulmonaire ; par M. le docteur 
Chéneau, médecin à Paris. 

» Des considérations générales sur les causes, sur le développement, sur 
la marche et sur la nature de la phthisie pulmonaire, en conservant à 
cette dénomination sa plus large signification; de sommaires notions, et 
un examen critique des diverses méthodes de traitement que l’on a suc- 
cessivement opposées à cette maladie : plus, six observations particulières 
très détaillées de cet ordre de faits pathologiques, constituent le fond de 
ce Mémoire. De pareilles matières, chacun le juge assez, laissent peu de 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N°5.) 16 


(Cri 8m) 


prise à une analyse tant soit peu détaillée devant l’Académie. Elles ne 
veulent surtout pas être exposées au long dans cette enceinte, par ce 
motif qu'il n'y a là rien qui n'ait cours depuis long-temps dans la méde- 
cine, rien qui ne fasse déjà partie du domaine commun, soit à titre de 
critique soit comme observation ; et aussi par cette raison, que, des idées 
d'un tel ordre se concentrent exclusivement dans les limites de l'art et 
n’atteignent point les sommités de la science. 

» Mais de ces données préliminaires, M. Chéneau s'élève à des conclu- 
sions qu'il est de notre devoir de rapporter et d'examiner. 

» Dans l'opinion de l’auteur, dont nous avons mission de faire connaître 
le travail, la phthisie s'établit, se développe et marche sous l'influence 
d’une altération des propriétés vitales, d’un désordre de l’innervation, 
c’est-à-dire de cette force générale, inconnue dans sa nature, insaisissable 
autrement que par ses effets, et qui retient sous sa dépendance tous les 
organes, toutes les fonctions. C’est uniquement sous l'influence de cette 
altération de l’innervation que surviennent, croissent et s’aggravent les 
dégénérescences de tissus appréciables, les désorganisations sensibles 
aux divers moyens d'investigation que la science a suggérés. 

» À l’aide de cette théorie, M. Chéneau avance qu'il se rend merveilleu- 
sement compte de l’ensemble des désordres successifs qui appartiennent 
aux diverses périodes de la phthisie. C’est aussi d’après les mêmes bases 
qu'il trace et qu'il arrête le traitement et le régime les plus rationnels, 
les plus efficaces en pareils cas. M. Chéneau résout ainsi, par l’affirmative, 
cètte question qu'il a posée au début de son Mémoire, savoir : « La gué- 
rison de la phthisie pulmonaire est-elle possible par les secours de la 
médecine ? » 

» Parmi les agents modificateurs qu’il signale comme propres à atteindre 
ce but, se trouvent l'acide prussique, la digitale, l’'opium, l’aconit, l’acé- 
tate de plomb, tous moyens dont l’action a été généralement reconnue 
propre à modifier l’innervation. 

» À présent, si nous avons assez bien fait connaître le travail de 
M. Chéneau, on jugera aisément que ce médecin a constaté pour la 
phthisie un principe entré depuis long-temps dans la science d’une ma- 
nière plus large, un principe qui avait déja été spécialement appliqué 
aussi à cette maladie. 

» Toutefois, nous croyons devoir le faire remarquer, M. Chéneau, qui 
est d'ailleurs un homme d'étude, et qui mérite à ce titre des encourage- 
ments; M. Chéneau, disons -nous , a poussé trop loin les prémisses et les 
conséquences de son argument. La proposition dont il s’agit n’est rigoureu- 


Comr9 ) 

sement vraie, n'est réellement juste, que pour la période d'imminence de 
la maladie, c’est-à-dire aux premières époques de la formation de la 
phthisie. Avec cette judicieuse restriction, au moyen de cette légitime 
réserve, le principe est incontestable. Il s'applique d’ailleurs à la presque 
- totalité des maladies, ainsi que le rapporteur l’a journellement constaté 
depuis 35 ans, et qu’il l'a démontré d’abord dans une dissertation sur la 
période d'imminence des maladies, et plus récemment encore, dans un 
Mémoire lu à l'Institut. 

» Ce principe ainsi posé, nous le répétons, est d’une application fré- 
quente, ordinaire, et comme un loi établie en pathogénie générale : il 
s'applique aussi merveilleusement en particulier à la phthisie et à ses di- 
verses formes. 

» Ainsi l’inflammation , soit aiguë, soit chronique des organes de la res- 
piration, qui est incontestablement dans des circonstances données une, 
cause de phthisie ; 

» Les dégénérescences organiques ou transformations des tissus qui 
conduisent aussi quelquefois à cette maladie ; 

» Les tubercules, ces productions accidentelles internes, qui se déve- 
loppent sur presque tous nos organes, et qui sont les causes déterminantes 
les plus fréquentes de la phthisie pulmonaire ; 

» Et finalement le premier travail désorganisateur du tubercule lui- 
même, simple ou multiple; toutes ces mutations de la vie normale des 
organes naissent et se développent, jusqu'à une période déterminée de 
Ja maladie, sous la vicieuse influence de l’innervation altérée, dérangée. 

» L’extrait d’aconit et le cyanure de potassium administrés à cette pé- 
riode de la maladie, et dans les conditions assignées, donnent souvent les 
plus favorables résultats. Des faits de cette nature ont été communiqués à 
l’Académie dans le Mémoire déjà cité; et, depuis, d’autres faits du même 
ordre et non moins concluants sont venus confirmer encore cette vérité. 

» On le voit assez, sans doute, ce qu'il y a de vues élevées dans le travail 
de M. Chéneau n’est point nouveau , et présente d’ailleurs une extension, 
une généralisation fautives. Ce Mémoire est bien plutôt une œuvre d’appli- 
cation qu’une œuvre d'invention, une appartenance de l’art qu’une dépen- 
dance de la science; et nous ne pouvons résister au besoin de dire que ce 
travail, ainsi qu'un grand nombre d’autres mémoires analogues sur la mé- 
decine qui arrivent à l'Institut, auraient été bien plus justement, bien 
plus utilement dirigés vers l’Académie de Médecine que vers l’Académie 
des Sciences. 


» Non certes, et avons-nous besoin de le déclarer, non que nous pré- 
“ 16. - 


( 120 ) 


tendions bannir de l’Institut tous les travaux de médecine clinique; loin 
de nous une telle pensée. C’est au contraire pour que ces travaux con- 
servent ici leur juste place, à côté des autres sciences, que nous désire- 
rions n’y voir arriver que ceux qui en sont véritablement dignes; nous 
voulons dire ceux qui, par leur nouveauté, par leur importance et par 
leur transmission facile d’un esprit à un autre esprit, sortent évidemment 
des simples limites de l’art et rentrent ainsi manifestement dans les hautes 
attributions de la science. 

» Ce n’est point exclusivement par son anatomie et par sa physiologie 
que la médecine s’élève jusqu'aux sublimités des sciences physiques. 
La médecine clinique a aussi ses titres et ses droits à de si nobles des-, 
tinées. L'observation qui suit, qui calcule et qui marque les lentes, les 
progressives et les infinies dégradations de la santé et de la vie, dont 
l'effet détermine tel ou tel ordre de maladies : l'intelligence qui signale 
logiquement et analogiquement les causes qui les déterminent et les mo- 
difications nouvelles à introduire dans l’économie pour prévenir, pour 
arrêter ou pour détruire ces éléments de trouble et de destruction ; 
l'expérience qui découvre et qui constate la nature des agents modifica- 
teurs propres à opérer de si salutaires mutations; le médecin, en un mot, 
qui, riche de longues études, réalise de telles découvertes et qui les 
transmet à la vérification, à limitation et au perfectionnement de ses 
contemporains ou de ses successeurs, ne se place-t-il pas nécessairement 
au rang des hommes adonnés aux plus nobles occupations de l’humaine 
intelligence? Qui voudrait, après y avoir bien réfléchi, exclure des ré- 
gions éminentes de la science ces méditations abstruses qui, prenant 
l'homme pour but, ont pour objet de reculer le terme de la vie, de pro- 
longer la santé, d’abréger la durée des maladies , d'accroître la somme 
des forces intellectuelles et des forces physiques; d'ajouter à la première 
de toutes les richesses publiques, à la richesse des hommes; de créer 
réellement des produits matériels et intellectuels, en créant des jours de 
travail; car la liberté et l'intégrité des œuvres de la pensée, aussi bien 
que l’activité et la facilité de chaque ouvrage des mains, supposent, 
comme condition rigoureuse, une entière et une durable santé : personne 
n'y songera sans doute. 

» Mais quittons ces réflexions qui nous ont été suggérées par le travail en 
question , et disons pour conclure que les commissaires ont l'honneur 
de proposer des encouragements à l’auteur de ce Mémoire, M. le docteur 
Chéneau. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


(rare) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur une roue hydraulique présentée par 
M. Passor. 


(Commissaires, MM. Arago, Coriolis rapporteur. ) 


« L'Académie nous a chargés, M. Arago et moi, de lui rendre compte 
d’un Mémoire de M. Passot, ayant pour objet la description d’une roue 
hydraulique. 

» Cette machine, dont l’auteur a présenté un modèle, est construite dans 
un système analogue à celui des roues à réaction. Elle est formée d’un 
tonneau très aplati tournant autour de son axe de figure placé vertica- 
lement. L'eau de la source supérieure arrive dans ce tonneau par un tube 
central qui est implanté verticalement sur son fond supérieur. Ce tube est 
surmonté d’un entonnoir pour faciliter l'introduction de l’eau. 

» Le pourtour du tonneau, c’est-à-dire la surface cylindrique qui le 
termine, est interrompu par une ou plusieurs chambres ou renfonce- 
ments formés de trois faces rentrantes dont deux sont des plans verti- 
Caux perpendiculaires à la surface extérieure, et la troisième, qui réunit 
ces deux plans, est un cylindre vertical d’un rayon moindre de l’enve- 
loppe extérieure du tonneau. Sur l’une des faces planes de cette chambre 
rentrante on a pratiqué un orifice par où l’eau contenue dans le ton- 
neau sort en passant par un ajulage qui donne à la veine d'écoulement 
une direction tangentielle à la surface du cylindre, de manière que l’eau 
sort avec une vitesse relative dans une direction opposée à celle que prend 
Je tonneau quand il tourne. La longueur de la chambre d’évidement, ou 
en d’autres termes, la distance entre l’orifice et la paroi plane qui lui est 
opposée dans le renfoncement, est aussi petite que possible, mais cepen- 
dant assez grande pour que la veine ne puisse atteindre ce plan. 

» L’eau fournie par la source supérieure se rend dans le tonneau par le 
tube dont il est surmonté, et en sortant par l’orifice dont on vient de parler, 
force la machine à tourner dans un sens opposé à celui de l'écoulement. 

» On voit par la description de cette roue qu’elle se classe parmi les 
roues à réaction. Elle diffère seulement des formes ordinaires données à 
ces roues en ce qu'on a substitué un tonneau plein aux canaux hori- 
zontaux droits ou courbes par où l’on faisait arriver l’eau aux orifices. 

» Le système de cette roue ne peut être regardé comme nouveau. Les 
auteurs qui ont traité de leur théorie ont indiqué qu’on pouvait élargir 
les canaux horizontaux jusqu’à en faire une espèce de tonneaux.Il est vrai 
qu’on n’avait pas éloigné autant de l’orifice la paroi verticale sur laquelle 
agit la pression motrice; mais cette circonstance n’a pas l’importance que 


MONELN 

M. Passot lui attribue. 11 pense qu'il faut faire agir le liquide en un point 
où il n’ait pas de vitesse, et que sans cette condition on ne peut avoir un 
bon système de roue. Sa théorie, qui condamnerait toutes les turbines, 
est fondée sur une idée qui n’est pas exacte. L'auteur applique à tort ici le 
principe de Bernouilli en ne prenant pas en considération les effets de ce 
que l’on appelle la force centrifuge, c’est-à-dire de la pression qui résulte 
de la déviation des filets fluides. 

» M. Passot a fait devant l’un des commissaires des expériences des- 
quelles il résulte que lorsque le tube qui amène l’eau dans le tuyau cen- 
tral n’a pas un diamètre un peu grand par rapport aux aires des ori- 
fices par où l’eau sort du tonneau, le débit qui aurait dû augmenter par 
l'effet de la force centrifuge quand la roue tournait, n'était pas sensible- 
ment plus grand que quand la roue était immobile. Cette circonstance ne 
peut s'expliquer que par l'effet du tube central, la quantité de liquide 
écoulée devant étre plutôt réglée- par ce tube que par les orifices, et 
cela en raison de la perte de force vive due au choc de la veine à son 
passage dg tube dans le tonneau. 11 résulterait donc de ces expériences 
qu'il ne faudrait pas calculer l'effet de ces roues sans avoir égard à ces 
pertes, et que le principe établi pour les roues à réaction, savoir, qu’elles 
doivent tourner avec la plus grande vitesse, et conséquemment la plus 
faible résistance possible, ne peut leur être appliqué. Leur maximum 
d'effet doit répondre à une vitesse de rotation bien inférieure à ce qu’elle 
serait sans ces chocs, ainsi que M. Passot l’a indiqué, mais en se fon- 
dant sur d’autres considérations. En même temps, l'effet utile doit être 
diminué par suite de ces pertes de force vive : néanmoins, si l’on peut 
rendre cette roue bien étanche et que sa construction soit économique, 
elle peut donner d'assez bons effets pour de petites sources. 

» Vos commissaires, tout en témoignant qu'ils ont vu avec intérêt les 
expériences que l’auteur a faites pour étudier les effets de sa roue, re- 
grettent de ne pouvoir reconnaître une idée nouvelle dans son système. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


CHIMIE APPLIQUÉE.— Rapport sur un Mémoire de M. Jaune Sanr-Hirame, 
É LE ee 
relatif aux indigofères asiatiques. 


(Commissaires, MM. Thénard, d’Arcet, Robiquet rapporteur.) 


« M. Jaume Saint-Hilaire a adressé le 14 mai dernier à l'Académie des 
Sciences, le manuscrit de la deuxième édition de son Mémoire sur les 
indigoferes du Bengale, de la Chine et du Pégu. Ce botaniste bien connu 
a demandé que son manuscrit fût soumis à l'examen de commissaires 


( 193 ) 


auxquels il remettrait d’autres pièces authentiques , tendant toutes à éta- 
blir qu'il a été le premier à annoncer en France que le Polygonum et le 
Nerium tinctorium pourraient fournir tout l’indigo nécessaire à nos fa- 
briques ; le Polygonum étant cultivé en France, et en pleine terre, et le 
Nerium dans nos colonies de l'Amérique. 

» L'Académie a confié cette vérification à une Commission composée de 
MM. Thénard, d’Arcet et moi. C’est au nom de cette Commission que je 
viens déclarer qu'il résulte en effet des diverses lettres ministérielles ou 
autres, qui ont été mises à notre disposition , que depuis 1816, M. Jaume 
Saint-Hilaire n’a cessé d'appeler l'attention du Gouvernement sur ces plantes 
tinctoriales, et il nous paraît également évident que c’est d’après les commu- 
nications faites en août 1836, à la Société royale et centrale d'Agriculture, par 
M. Jaume Saint-Hilaire, qu’on s’est enfin occupé en France du Polygonum 
tinctorium , et de l'extraction de sa matière colorante. Ainsi, bien qu'il 
soit vrai de dire, comme le fait remarquer M. Jaume Saint-Hilaire lui-même, 
que cette plante ait été décrite en 1790 par Loureiro, dans la Flore de la 
Cochinchine, et signalée comme une plante employée par les naturels 
pour teindre les étoffes en bleu ou en vert; il n’en demeure pas moins 
constant pour vos commissaires, que les observations de Loureiro n’avaient 
donné lieu à aucune application, et que si nous arrivons un jour à tirer 
un parti avantageux de cette plante, nous en serons redevables , en grande 
partie du moins, aux soins et aux instances de M. Jaume Saint-Hilaire. 
Ajoutons cependant que, dans l’état actuel des choses, on en est encore 
à savoir si ce Polygonum cultivé dans notre climat, produira assez de 
matière colorante pour mériter qu ’on en entreprenne jee AU » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


« Après la lecture du rapport précédent, M. Carvreur fait observer que 
dans la séance de la Société royale et centrale d'Agriculture (1) où 
M. Jaume Saint-Hilaire appelait l'attention des membres de la Société 
sur le Polygonum tinctorium ; duquel on extrait, à la Chine, une matière 
bleue propre à à la teinture, M. Vilmorin annonça qu'il es dans son 
jardin d'essais quelques pieds de ce végétal, et que, d’après le désir qu’ex- 
prima M. Chevreul de les examiner comme plante indigofère , M. Vilmorin 
voulut bien lui remettre une quantité de feuilles qui, quoique petite, à 
permis de reconnaître : 

» 1°. Que la matière bleue qu'on extrait à la Chine du Polygonum tinc- 
torium doit bien réellement sa propriété tinctoriale à l'indigotine ; 


(1) Séance du 17 août 1836. 


(124) 

» 2°. Que si la proportion de l’indigotine dans les végétaux ne peut être 
démontrée d’une manière précise, au moyen des procédés que la science 
possède aujourd'hui , cependant M. Chevreul est convaincu que dans le 
Polygonum tinctorium, cultivé par M. Vilmorin, aux environs de Paris, 
cette proportion était plus forte que dans l’Zsatis tinctoria qu’il avait an- 
ciennement examiné. 

» M. Chevreul a communiqué ces résultats à la Société d’agriculture 
après les vacances de l’année 1836 (1). » 


CHIMIE APPLIQUÉE.— Choix à faire entre les différents métaux proposés 
pour la couverture de la cathédrale de Chartres. 


« M. le Président annonce qu'ayant recu le 23 juin unelettre de M. le Mi- 
nistre de la Justice, qui demandait à l’Académie de nouveaux renseigne- 
ments sur le choix du métal à employer pour la couverture du comble 
métallique de la cathédrale de Chartres, et la réponse à cette lettre de- 
vant parvenir à l'administration avant le 2 juillet, jour fixé pour la mise 
en adjudication de la couverture, il a cru devoir convoquer l’ancienne 
Commission qui n’a apporté d'autre changement à son rapport que de 
conseiller l'emploi des agraffes en fer zincé, pour fixer les tables métalli- 
ques au grillage. 

» M. le Président soumet aujourd’hui à l'approbation de l'Académie, la 
lettre suivante, par laquelle il a fait connaître à M. le Ministre, en date du 
29 juin, la décision de la Commission. » 


Copie de la lettre adressée d'urgence par le Président à M. le Ministre de 
la Justice. - 


« La Commission nommée par l’Académie des, Sciences, à l'effet de don- 
ner son avis sur le métal le plus propre à la couverture de la cathédrale 
de Chartres, s’est réunie de nouveau aujourd’hui pour prendre connais- 
sance de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser, en date 
du 23 juin courant, et dans laquelle vous paraissez croire que de nou- 
velles expériences ou la constatation de nouveaux faits ont pu opérer 
quelques modifications dans la conviction de l'Académie. La Commission 
ayant examiné de nouveau le rapport qui vous a été envoyé sous la date 
du 22 juin 1837, a pensé qu’elle n'avait aucun autre changement à appor- 
ter à son rapport, que de conseiller l'emploi des agraffes en fer zincé, 
agraffes qui doivent fixer les tables métalliques au grillage. Par ce moyen, 
on évitera le contact de deux métaux hétérogènes. 


(1) Séance du 2 novembre 1836. 


( 125 ) 


» L'Académie ne pouvant prendre aucune décision sur la nouvelle pro- 
position de sa Commission avant le 2 juillet, attendu qu’elle ne se réunit 
que les lundis, à 3 heures, j'ai cru devoir, M. le Ministre, vous communi- 
quer cette proposition, qui pourra vous être utile le jour de l’adjudication.» 

L'Académie approuve la décision de la Commission. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 
Géorocre. — Mémoire sur la Géologie des provinces de Bone et de 
Constantine ; par M. le capitaine Purzron-Bosraye. 
(Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont.) 


ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Essai sur les propriétés de la Torpille ; par 
Le P. Sann-Luvanr, Professeur de physique à l’université de Sienne. 


( Commissaires, MM. Becquerel, Breschet. ) 


Mévecnwe navae. — Considérations physiques climatologiques , hygié- 
niques et médicales sur les différents points de relâche des cinq parties 
du monde; par M. Gesnin, ancien chirurgien-major de la marine. 


(Commissaires , MM. Serres, Larrey, Double, Beautems-Beaupré. ) 


Paysiouoerr. — Vote sur la physiologie du système nerveux ganglionnaire; 
par M. Auvor. 


( Commissaires , MM. Magendie, Breschet. ) 


Mépecne. — Vote sur la présence de larves de la Mouche carnassière 
(Musca carnaria) dans les plaies des soldats qui avaient éprouvé des 
brûlures à la prise de Constantine; par M. Guxor. 


(Commissaires , MM. Duméril , Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , Audouin. ) 


L'auteur, à l’occasion du fait qui est l’objet principal de sa Note, parle 
d’autres cas dans lesquels il a vu des larves d'insectes d’espèces différentes 
se développer dans les téguments de l'homme, et il cite en particulier celle 
d’une espèce d'OEstre qu’on désigne dans nos colonies françaises d’Amé- 
rique sous le nom de ver macaque. 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°3.) 17 


( 126 ) 


CORRESPONDANCE. 


ÉconomEe pomesrique. — Chrysalides des vers à soie, employées comme 
aliment en Chine. — Procédé chinois pour la conservation des œufs 
d'oiseaux domestiques. 


M. Juin, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 
communique la note suivante, rédigée par M. Favann, missionnaire en 
Chine, et transmise par M. Voisin, ancien missionnaire dans la province 
du Ssé-tchouen , aujourd’hui l’un des directeurs des Missions étrangères. 

« Il y a des siècles que nos cultivateurs du midi se livrent à l'éducation 
» des vers à soie; mais je ne sache pas qu'ils aient jamais songé à en tirer 
» parti pour leur nourriture. Il n’en est pas de même en Chine. Pendant 
» le long séjour que j'ai fait dans ce pays , j'ai souvent vu manger, et j'ai 
» moi-même mangé des chrysalides de vers à soie. Je puis affirmer que 
» c'est un excellent stomachique , à la fois fortifiant et rafraichissant, et 
» dont les personnes faibles font surtout usage avec succès. 

» Aprés avoir filé les cocons, on prend une certaine quantité de chry- 
» salides, on les fait bien griller à la poële, pour que la partie aqueuse 
» s'écoule entièrement. 

» On les dépouille de leur enveloppe qui s’enlève d’elle-mème , et elles 
» se présentent alors sous forme de petites masses jaunes, assez sembla- 
» bles aux œufs de carpe agglomérés. On les fait frire au beurre, à la 
» graisse ou à l'huile, et on les arrose de bouillon ( celui de poulet est le 
» meilleur). Lorsqu’elles ont bouilli pendant cinq ou six minutes, on les 
» écrase avec une cuillère de bois, en ayant soin de remuer le tout, de 
» manière qu'il ne reste rien au fond du vase. On bat quelques jaunes 
» d'œufs dans la proportion de 3 pour 100 chrysalides; on les verse dessus, 
» et l'on obtient par là une belle crème d’un jaune d’or et d’un goût exquis. 

» C’est ainsi qu’on prépare ce mets pour les mandarins et les gens riches. 
» Quant aux pauvres, après avoir bien fait griller les chrysalides et les avoir 
» dépouillées de leur enveloppe, ils les font frire au beurre ou à la graisse, 
» et les assaisonnent avec un peu de sel, de poivre ou de vinaigre, ou, 
» enfin, ils les mangent telles qu’elles sont, avec le riz, après s'être con- 
» tentés de les dépouiller. » 

« M. Voisin a reçu de Chine des œufs de canard qui lui ont été en- 
voyés du Ssé-tchouen au commencement de septembre 1837, et qui, sui- 
vant lui, auraient pu conserver encore pendant un an ou deux leurs 


( 127) 

propriétés alimentaires. On les appelle vulgairement Pi-tan, c’est-à-dire 
œufs recouverts d’une peau ou enveloppe. Voici le moyen employé pour 
leur conservation : Pour 10 œufs, on prend un + litre de cendres de cyprès, 
ou de tiges de fèves (quelques personnes re mplcent cette cendre par la 
potasse); # de chaux en poudre; et 2 onces de gros sel pulvérisé. On dé- 
laie le tout dans une forte infusion de thé, et l’on en forme une pâte dont 
on enveloppe les œufs, jusqu’à l'épaisseur d’une ou deux lignes, et on les 
dépose dans un vase de terre qu’on ferme hermétiquement. On peut les 
en retirer au bout de quinze jours, soit pour les manger de suite sans 
cuisson préalable, soit pour les emporter comme provision de voyage. » 

Dans la lettre qui accompagne ces deux notes, M. Julien annonce 
qu'il a reçu récemment de Chine, deux corps complets de caractères chi- 
nois mobiles, au nombre de 85,000, qui ont été gravés à ses frais par 
les soins de MM. les directeurs des Mona étrangères, dans la province 
du Sse-tchouen, à 500 lieues de Canton. 

« En secondant ainsi mes efforts pour faciliter et propager en Europe 
l'étude de la langue chinoise, ces zélés missionnaires, dit M. Julien, nous 
ont rendu un service des is éminents. Au moyen de ces types mobiles, 
il me sera possible de publier une série d'ouvrages élémentaires, pour 
faire disparaître les obstacles qui éloignent encore de cette étude un bon 
nombre de personnes, et les mettre promptement en état de traduire les 
recueils encyclopédiques qui embrassent toutes les branches de la littéra- 
ture, des sciences et de l’industrie des Chinois. 

» Ces caractères appartiennent maintenant à l’Imprimerie royale, dont 
le cabinet des poinçons orientaux était déjà le plus riche de l’Europe. » 


M. Amyot adresse des considérations sur un nouveau système de no- 
menclature qu'il voudrait voir substituer en histoire naturelle au système 
de nomenclature binaire suivi depuis Linné. 


eM. Araujo, attaché à la légation du Brésil, fait hommage, au nom de 
son Gouvernement , d’une belle suite de planches lithographiées , pour 
servir à une flore du Brésil, planches exécutées à Paris par ordre de 
l'Empereur, d’après les dessins originaux faits en Amérique. ( Voir au 


Bulletin Bibliographique.) 
À cinq heures moins un quart l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. F. 


1280) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


l’Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 2. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Anaco; 
février 1838, in-6°. 

Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome r1, 
janvier, février et mars 1838, in-8°. 

Essai sur les moyens d'améliorer le sort des enfants trouvés; par 
M. Macquer ; in-16. 

Compte rendu du service de la Chirurgie de l'Hôtel-Dieu , pour l'année 
1818; par M. Marx; 1858, in-16. 

Mémoire sur l’'Embryologie des Mollusques gastéropodes ; par M. Du- 
monTiER; Bruxelles, 1837, in-4°. 

Flora fluminensis ; 11 vol. de planches et un index in-folio. 

On a series.... Sur une série de combinaisons tirées de l'esprit pyro- 
acétique ; par M. Roserr Kane; Dublin, 1838, in-4°. 

Report on.... Rapport sur les variations de l'intensité magnétique ; 
par M. le Major En. Same; Londres, 1858, in-8°. 

The quaterly Review ; n° 123, juin 1838, in-8°. 

Ischl e Venezia. ... Zschl et Venise. Mémoire de M. Varertano-Luier 
Brera; Venise, 1838, in-&. 

Lithotripsia... Sur Les propriétés lithotriptiques des eaux de la fontaine 
royale de Recoaro; par le même; Venise, 1838, in-4°. 

Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; n° 7, juillet 1838, 
in-8°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; juillet 1838, in-88, 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 28, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°* 82—84, in-4°. 

Écho du Monde savant, 5° année, n° 351. 

La Phrénologie, 2° année, n° 10, in-8°. 

L'Expérience, Journal de Médecine, n° 50—51, in-8°. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 25 JUILLET 14838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


M. le Présinenr annonce que tous les membres présents de l’Académie 
ont assisté, le 20, aux obsèques de M. Dulong. 


céopésie. — Dernières remarques sur la solution de M. Biot, concernant 
la mesure des hauteurs relatives ; par M. Puissanr. 


« Les géomètres qui auront pris connaissance de la manière dont 
M. Biot propose de déterminer la différence de niveau de deux stations 
par des distances zénithales réciproques, et qui auront lu les remarques 
que cette solution m’a suggérées, ne peuvent suivre qu'avec un bien faible 
intérêt une discussion qui ne s'élève pas au-dessus des éléments de tri- 
gonométrie rectiligne ; si donc, je rentre aujourd’hui dans cette discussion, 
c'est bien moins pour la prolonger que pour y mettre un terme, en faisant 
voir aux praticiens combien notre honorable confrère s’abuse, s'il croit 
réellement sa formule exacte. À 

» Pour peu qu’on soit initié dans les calculs géodésiques, on reconnait 
au premier coup d'œil et sans recourir à aucune application numérique , 
que la quantité qu'il désigne par æ/ est tout-à-fait fausse dans le cas gé- 
néral comme dans le cas particulier où les densités de l'air sont égales aux 
deux stations ; car je ne pense pas que l’on puisse admettre avec M. Biot, 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° 4.) 18 


(130) 


que la réfraction est alors anéantie. Je crois, au contraire, que quand il 
ne s’agit pas de stations aussi près l’une de l’autre que le sont, par exem- 
ple, le Panthéon et l’arc de triomphe de l'Étoile, la trajectoire lumineuse 
est une courbe d'une certaine nature dans l’état ordinaire de l'atmosphère ; 
et qu'un observateur voit un signal éloigné plus élevé qu'il ne l’est réelle- 
ment par l'effet de la réfraction, lequel effet est d’autant plus considérable 
que larc de distance est plus grand; et l’on sait, qu’en général, la réfrac- 
tion est les huit-centièmes de cet arc. Je ne me suis donc point trompé 
à cet égard; mais je ne puis comprendre qu’un savant physicien-géomètre 
réponde d’une manière si détournée à une question si simple, et trouve 
que sa formule est géométriquement vraie, parce qu'elle se réduit, à l’aide 
d’une fausse hypothèse, à un théorème connu de trigonométrie. Exami- 
nons donc définitivement ce que donne sa théorie des trajectoires lumi- 
neuses appliquée à la mesure des hauteurs relatives, et à laquelle il 
vient d'ajouter un nouveau développement. 

» La formule rigoureuse et usitée, en continuant de faire usage de la no- 
tation de M. Biot, est celle-ci: 
, __ 27 tang?V tang:(2"—2+ d— 0") 
 a—tangiV tang!(2—7 +97) 


(1) —r 
d" et d”' étant les réfractions à la 1°° et à la 2° station, correspondantes aux 
distances zénithales apparentes z/ et z/'; ou faisant 
x = langiV tang!(2"—7 + 0"), 
la différence de niveau est alors plus simplement exprimée par 


x 
(r) r'—r—r. F 
IT 


FUN 


» D'un autre côté, à cause de la relation 
V=z +2 + d +" — 180°, 


V étant l'angle des deux verticales déduit des mesures trigonométriques, 
on à , sans erreur sensible, 


tang =V — tang ("+9") — cot(z +2"), 
et par conséquent, à un degré d’approximation suffisant, 
æ = tangi(d +9") tang!(2"—27) — cot1(2 +2") tang (2 — 2 + d— ), 


ou bien, pour abréger, désignons par w" le 1° terme du second membre, 
et par U le 2° terme, on aura 


(2537 ) 
(2) æ = &" — U. 


» Maintenant, soit en général n le coefficient de la réfraction calculé 
pour l’état actuel de l'atmosphère, selon les principes de la Mécanique cé- 
leste; on aura aux deux stations 


PR à DOTE EE 6 


ou bien, d'après ce que jai dit (page 6 des Comptes rendus, 2° sém. 
1838, n°1), 
di Nnkes : d'1—= Vm'lp"! 
et alors 
+= V(mkp + m'kr), 
m, k et p ayant les mêmes significations qu’à la page citée. 

» Je ferai observer que ma valeur de +, analogue à celle de M. Biot, a 
du moins l’avantage incontestable d’être exacte pour des densités égales 
ou différentes , du moins autant que le comporte la théorie encore impar- 
faite des réfractions près de l’horizon; et c’est ce que je prouverai tout-à- 
l'heure. Quant à la quantité w’ de M. Biot, je le répète, elle est en- 
tièrement fausse lorsqu’elle concourt à donner la différence de niveau ; et 
c’est seulement sous ce rapport que porte ma remarque, car je n’ai nulle 
prétention à l’étendre sur une question de physique. 

» Je passe maintenant à des applications numériques propres à confir- 
mer pleinement mes assertions; mais afin d’être aussi court que possible, 
je rappellerai quelques-unes des données que j'ai employées dans ma Note 
précisément consacrée au sujet actuel et insérée au tom. IV, pag. 719 du 
Compte rendu; données auxquelles M. Biot aurait peut-être bien fait de 
recourir lui-même pour essayer sa méthode avant d’en faire part à 
l'Académie. 

/ A la station de Campvey. 


Distance zénithale de Formentera, z' — 100€.4762,7; 
Hauteur du baromètre, 0",7202 ; 

Therm. du barom. : + 6° ,0 centigradées; 

Therm. libre. + 6, 9. 


A la station de Formentera. 


Distance zénithale de Campvey, 2” — 99€.9016,12; 


Hauteur du baromètre, 0" ,7452 ; 
Therrn. du barom. + 13°,0 centigrades ; 
Therm. libre, + 11, 5. 


18... 


(r328) 


Le logarithme de la distance K des deux stations est log K = 4.6673346; 
Le log. du rayon de la Terre, ou plutôt de la nor- 
male à l’une des stations, est................ log R=— 6.80517309. 


» L'angle formé par les verticales de ces mêmes stations est 
V = 0°,4635" centésimales, ou V —0°,4649", en prenant le rayon moyen 
de la Terre, dont le log —6.80388o1. Ainsi, par l'observation, 
 d' + d'— 870 secondes. 

» Siavec ces données l’on calcule, pour plus d’exactitude, les coefficients 
n', n" de la réfraction, comme je l'ai indiqué (Compte rendu, t. IV, p.718), 
on aura 

n = 0,0935; n° —= 0,0962. 
De là les réfractions correspondantes seront 
d — 433,36, d — 445",88 centésimales ; 


ce qui ne fait que 9° de plus que par l'observation; et les pouvoirs réfrin- 
gents employés par M. Biot auront à très peu près pour valeurs 

ke — 0,00013581, ke" = 0,00013805 ; 
ensuite on aura 


a — — 0,00000223 et 2r'& —= — 28,47, 


en faisant r' = 6366198"; et comme son équation (X) est 


TX = 


on trouve 
log N — 5.1939868 — 


C log D ©G.0000000 
log x = 5.1939868 — 


partant, la différence de niveau cherchée, ou 


Fr =2r rm o2 

1 — d'U 99 » 
Ifaudrait, comme On CVAVOM Er. ee- tee ce ee 2lO/ 07 
ÉRHEURL rois ten elles eee dll Re re 11 ,00 


» Il est absolument inutile, après une pareille discordance, d'évaluer 
le terme en x* de la série, que j'ai négligé, et qui ne va pas à un dé- 
cimètre. 

» On remarquera que si l’on faisait abstraction des hauteurs du baro- 
mètre, ou que l’on supposât &' = 0, la différence de niveau serait 


gr = — 027" U = — 190",56. 


(:153 ) 


Dans ce cas les réfractions ne sont pas anéanties, comme le suppose 
M. Biot; tout au contraire, on les fait égales à ce qu'il me semble; mais 
d’une manière ou de l’autre sa formule et les conséquences qu’il en tire 
sont vicieuses, en tant du moins qu'il s’agit d'évaluer rigoureusement des 
hauteurs relatives. 
» Voyons ce que l’on obtient par ma formule (2) combinée avec la théorie 

des réfractions de M. Laplace. 

.» D’après ce qui précède, les réfractions à la première et à la deuxième 
station étaient, à peu de chose près, 

L d'— 433,36; M —445",88 ; 
. ainsi 
log w" — 4. 49369 — 
log2r' = 7.10491 


log 27 ©" —1.59860 —; 212" — — 39",68 


partant , la formule (1') donne 
"—r = 2r (w"'—U) 
— — 39° ,68 — 170",56 
= — 210,24, 
et c’est ce qu’il fallait trouver. Je néglige également de la série 
Mr —=2rxz(1+x....) 


le terme en x° comme étant insensible. 
» Par la formule ordinaire qui est idépengante de la réfraction, savoir, 
K 
3 — r = ———.tang = ts.» 
@) enr ng > (z —2);, 
on trouve immédiatement, et de la maniere la plus prompte, 


r— 17 —— 209",8. 


» Enfin si l’on voulait une formule indépendante de l'angle V des verti- 
cales, formule que M. Biot croit avoir obtenue au moyen de son principe 
de physique, on aurait, comme je l'ai publié depuis long-temps dans la 
2° édition de mon Traité de Topographie (pag. 45), 

{ " ar" cot+ (z" + 

(4) < ol = Eto 2) .tang >; (2"— 2), 

n' et n'étant toujours les coefficients de la réfraction aux deux lieux ob- 
servés ; et il est remarquable qu’elle donne—210" pour la différence de 
niveau cherchée. 


(134) 


» Que conclure maintenant de tous ces calculs qui sont au moins exacts 
dans les unités de mètre? si ce n’est que la solution de M. Biot et les 
conséquences qu’il en a déduites ne peuvent entrer dans le domaine de la 
science géodésique, parce que les résultats numériques qui en dérivent 
sont loin d’avoir la précision que procurent le procédé ordinaire et la sa- 
vante méthode de l’illustre auteur de la Mécanique céleste, et qu'ils jette- 
raient la plus grande perturbation dans un nivellement important. 

» Comme je parle pour la dernière fois sur ce sujet , je prie l’Académie 
de me permettre d’ajouter encore quelques mots concernant la réponse 
que M. Biot vient de faire à mes remarques. 

» D'abord, j'avouerai franchement que cette réponse ne modifie en rien 
mon opinion, et que je ne prétends point disserter avec M. Biot sur les 
propriétés des trajectoires lumineuses qui le préoccupent. D'ailleurs, 
comme le véritable point en litige n’est pas là, et que je ne suis pas 
physicien, je dois laisser de côté toute considération scientifique de 
ce genre, pour ne juger sa formule que sous le rapport géodésique. 
Je ferai remarquer ensuite que j'avais provoqué une réponse plus ca- 
tégorique et plus directe, en lui annonçant que sa solution était dé- 
fectueuse quand on en faisait des applications numériques. Notre ho- 
norable confrère aurait donc dù s'assurer si ce fait est réel; mais, loim 
de là, il semble vouloir ajourner indéfiniment cette épreuve décisive, en 
disant que la question ne peut être décidée que « d’après des observations 
» de distances zénithales réellement réciproques, c’est-à-dire faites aux 
» mêmes instants, sur la même trajectoire lumineuse, et dans lesquelles, 
» en outre, le baromètre et le thermomètre auraient été exactement ob- 
» servés aux deux stations ; mais qu'il n’en connaît pas de telles, et que 
» je n’en cite point. » Eh bien ! je réponds que dans le cas de simultanéité 
ce ne serait pas sa formule qu'il faudrait employer pour en conclure la 
différence de niveau des deux stations, parce que le plus souvent elle 
conduirait à un résultat très inexact, mais la formule barométrique de 
M. Laplace ou la formule (4). Je réponds, en outre, que M. Biot, en re- 
commandant expressément l’usage de sa méthode , l’a probablement rendue 
applicable au cas le plus fréquent, qui est celui des observations récipro- 
ques z20n simultanées ; et qu’alors il aurait pu puiser dans ses propres ob- 
servations faites en Espagne des données précises et suffisantes pour ajou- 
ter à sa Note un exemple numérique, ainsi que je viens de le faire; ce 
qui eût terminé toute discussion. 

» La circonstance actuelle me fait rappeler qu'il y a environ vingt ans 


( 135 ) 


je signalai une erreur (bien moins grave à la vérité) commise par un 
astronome célèbre, précisément dans une de ses formules pour calculer 
les différences de niveau sur le sphéroïde terrestre. M. Delambre avait 
prescrit dans deux endroits du second volume de la Base du Système 
métrique , d'avoir égard à l’aplatissement de la Terre en nivelant du nord 
au sud, mais non pas en nivelant du sud au nord. En reprenant la même 
question dans un petit écrit que l’Académie honora de son approbation, je 
fis remarquer que M. Delambre avait énoncé un paradoxe par suite d’une 
erreur de signe qui s’était glissée dans ses calculs, ce dont il convint 
sans détour dans le rapport qu'il fit sur mon Opuscule. Si M. Biot parvient à 
prouver que je me suis trompé dans le jugement que je viens, à mon grand 
regret, de porter sur sa communication , je m'empresserai certainement de 
suivre l'exemple de l’un des principaux fondateurs de la Géodésie en France. » 


\ 


Géorocre. — Note sur l'état actuel du puits artésien à l’abattoir de 
Grenelle ; par M. Ezre e Braunonr. 


M. Arago ayant désiré savoir si l’on ne pourrait pas arriver, par 
l'examen des matières que ramène actuellement la sonde, à connaître à 
peu près quelle est l'épaisseur de la couche que l’on a encore à traverser 
avant d'atteindre la limite inférieure de la craie, M. Élie de Beaumont à 
procédé à cet examen, dont il a consigné les résultats dans la Note sui- 
vante : 

« Le 17 de ce mois j'ai visité avec M. le professeur Bache, de Philadel- 
phie, les travaux du puits artésien entrepris par M. Mullot, aux frais de 
la ville de Paris, à l’abattoir de Grenelle. 

« Les travaux sont parvenus à la profondeur de 410 mètres. L’ap- 
profondissement du puits a été retardé dans ces derniers temps par la 
nécessité où l’on s’est trouvé d'élargir et de tuber le trou; mais il va 
ètre repris, et tout fait espérer qu’il avancera aussi rapidement que pourra 
le permettre la profondeur considérable à laquelle on est déjà parvenu. 

» M. Mullot fils, en nous faisant connaître toutes les circonstances de 
l'opération, nous a dit que la craie traversée dans la dernière partie du 
percement n'avait pas présenté de silex comme celle qui se trouvait plus 
haut, ou que du moins on n’en avait rencontré qu’en très petit nombre 
qui, peut-être, étaient tombés de plus haut ; il nous a aussi montré les 
matières retirées du fond du trou. Ces matières au lieu d’être blanches 
comme la craie ordinaire, présentaient une légère teinte d’un gris verdà- 
tre, et elles avaient un aspect argileux. Je me suis même assuré qu’elles 
contenaient environ 10 pour cent de matière argileuse. Cette réunion de 


( 136 ) 


circonstances me fait conjecturer que le trou de sonde se trouve actuelle- 
ment et est même déjà entré depuis quelque temps dans la craie mar- 
neuse sans silex, qui forme généralement la base de la craie blanche. 

» D'après cela, il est probable qu’il ne reste plus à traverser que la 
craie tuffeau, la craie chloritée et la couche argileuse que les Anglais 
nomment gault , avant d'atteindre la couche de sable qui, à Tours et à 
Elbeuf, a donné des eaux artésiennes si remarquables par leur abondance 
et par leur force ascensionnelle. D’assez nombreuses analogies me portent 
à présumer que ces sables auront été atteints avant que la profondeur du 
puits ait été augmentée de cent mètres, c’est-à-dire d’un quart en sus de sa 
profondeur actuelle. 

» Peut-être se défiera-t-on des analogies que je viens d'indiquer, et 
concevra-t-on la crainte qu'après avoir traversé une épaisseur inusitée 
de craie, on ne rencontre aussi une épaisseur extraordinaire de craie 
tuffeau. Une circonstance que j'ai remarquée avec M. Bache, dans notre 
visite du 17 juillet, me paraît propre à diminuer de beaucoup ces appré- 
hensions. Parmi les matières retirées du trou, M. Mullot fils nous a fait 
remarquer une substance grisätre, brillante, cristalline, qui au premier 
abord ressemble à un grès; mais on sait combien il est souvent 
arrivé de prendre des Dolomies pour des grès. Je me suis immédia- 
tement assuré que la substance dont il s’agit ne raie pas le verre, 
qu'elle s’égrène facilement, et plus tard j'ai acquis la certitude qu'elle 
présente tous les caractères chimiques de la Dolomie. M. Mullot à re- 
connu six couches de cette Dolomie. Deux d’entre elles ont chacune un 
mètre d'épaisseur. Toutes sont comprises entre les profondeurs de 157 et 
de 190 mètres, de sorte qu'il ne paraît pas qu’il y ait beaucoup plus de 
00 mètres de craie blanche au-dessous de la couche de Dolomie la plus 
basse. Or, ce n’est pas la première fois que la Dolomie est signalée dans la 
craie blanche des environs de Paris. Il y a déjà quelques années j'en ai in- 
diqué un gisement à Beyne, département de Seine-et-Oise. J'en ai reconnu 
depuis auprès de Mantes. Dans ces deux localités elle se trouve presque à 
la partie supérieure de ce qui existe du massif de craie, et rien n’empêche 
de supposer qu'il existe là 200 metres de craie au-dessous, car 200 mè- 
tres ne conslitueraient pas pour la craie une épaisseur insolite. Si donc, 
comme il serait assez naturel de le présumer, les couches de Dolomie du 
puits artésien de Grenelle correspondent à peu près à celles de Beyne et de 
Mantes, la craie traversée par le puits artésien devrait sa grande épaisseur à 
l'existence d’une partie supérieure qui aurait manqué à Beyne et à Mantes, 


, D'OR. LÉ LÉ 


| 
% 


(137) 


ou qui y aurait été détruite avant la formation de l'argile plastique ; mais 
le développement de ses assises inférieures ne présenterait rien d’inusité ; 
par là se trouverait écarté le seul motif qu’on aurait pu avoir pour crain- 
dre que la craie tuffeau présentât précisément au-dessous de Paris une 
épaisseur extraordinaire. 

» À Rouen et au Havre la craie vibéo renferme de nombreux silex 
noirs très faciles à reconnaître. Si M. Mullot les rencontre, ils formeront 
un point de repère précieux, et à partir de ce moment on pourra , avec 
quelque habitude de la composition des couches très variées de la partie 
inférieure de la craie tuffeau , prévoir de proche en proche et presque de 
jour en jour la succession des couches qui se rencontreront jusqu'aux 
sables aquifères dont le conseil municipal de Paris fait poursuivre la re- 
cherche avec une si louable persévérance. » 


RAPPORTS. 


Rapport de la Commission chargée, sur l'invitation de M. le 
Ministre de la Guerre, de rédiger des Instructions pour 
une exploration scientifique de l'A 


Instructions pour la partie zoologique ; par M. Duénr. 
(Lues le 19 mars 1838.) 


« L'exploration de l'Algérie paraît devoir fournir des résultats intéres- 
sants pour toutes les branches de l’histoire naturelle des animaux. Si lon 
pouvait pénétrer librement dans la région montagneuse de la Régence, 
il est probable qu'on y rencontrerait des mammifères nouveaux ou pen 
connus , surtout parmi les petites espèces, et principalement des Reptiles, 
des Poissons d’eau douce, des Coquilles terrestres et fluviatiles et des in- 
sectes curieux ; mais les explorations des animaux terrestres, pour être opé- 
rées avec avantage et sécurité, exigeraient la présence d’un zoologiste 
instruit, spécialement attaché dans ce but au quartier général de l’armée, 
et s’il se peut à Constantine , et autorisé à profiter des excursions mili- 
taires pour les suivre et se livrer avec moins de danger aux investigations 
et aux récoltes intéressantes qu’elles pourraient lui offrir. Les recherches 
et les observations qui seraient plus faciles, plus fructueuses et qui au- 
raient une grande importance, devraient être portées sur l'examen et la 
récolte des Poissons de rivage, des Mollusques , des Annélides, et prin- 


C. R. 1538, 2° Semestre. (T. VII, N°4.) 19 


(138 ) 
cipalement des Zoophytes qui se trouvent en abondance sur le littoral 
algérien. 

» Cette côte est depuis long-temps célèbre par la pêche du corail qui s’y 
exerce avec activité. Gette localité paraît si favorable à la multiplication des 
espèces de polypes qui produisent les coraux, qu'il est très présumable que 
là aussi d’autres animaux de la même classe offriraient aux naturalistes 
d’abondantes et d’intéressantes récoltes. Il serait, en effet, important 
d'étudier à fond les modes de croissance et de reproduction du corail et 
des autres polypiers, tant pierreux que flexibles de cette plage; de scru- 
ter la structure de ces zoophytes, et d'examiner avec attention les particu- 
larités de ces êtres singuliers. 

» Comme la pêche du corail est une branche importante d'industrie , 
elle serait peut-être susceptible d’un plus grand développement, si elle 
était pratiquée d’une manière plus éclairée; de sorte que l'administration, 
aussi bien que la science, pourraient trouver quelque avantage dans cette 
exploration. Mais pour obtenir ces résultats, il serait convenable de 
suivre, par la mer, la longue ligne de côtes qui se trouve comprise 
entre le cap Falcon et l'ile de Tabarca. On pourrait alors, à l’aide de la 
drague, de la cloche du plongeur, de l'appareil nouvellement imaginé par 
M. Paulin, enfin par tous les moyens appropriés à ce genre de recherches, 
explorer les points où l’on pourrait espérer de rencontrer des bancs de 
corail. On s’arrèterait pendant quelques jours dans le voisinage de l’un de 
ces bancs (à Mers-el-Kebir ou à Tabarca, par exemple), pour s’y livrer 
à des observations suivies sur ces polypes ainsi examinés dans l’état frais, 
ce qui n’a pu être exécuté jusqu'ici. 

» Pendant cette exploration, il faudrait s'appliquer à recueillir tous les 
faits propres à constater le mode de distribution des animaux marins dans 
ces parages; car cette branche de la topographie zoologique intéresse ex- 
trêmement les géologues : ce serait aussi l’occasion favorable de chercher 
à résoudre cette question tant débattue du parasitisme de l’Argonaute. 

» Ces recherches seront nécessairement de quelque durée et ne pour- 
ront peut-être pas ètre terminées en une seule campagne ; cependant, si 
les circonstances étaient favorables, les huit mois d’été dont on jouit dans 
ce pays, pourraient suffire, pourvu toutefois que le naturaliste chargé de 
cette mission puisse avoir à sa disposition tous les moyens d'exploration 
et d’études nécessaires à de semblables recherches. Afin qu'il puisse em- 
ployer son temps de la manière la plus utile pour la science, il serait 
nécessaire de lui adjoindre un ou deux jeunes naturalistes collecteurs 


( 139 ) 


ou préparateurs , habitués déjà aux différents modes de conservation des 
objets destinés à nos collections , et de placer également sous sa direc- 
tion un dessinateur d'histoire naturelle, sur le talent et l’exactitude du- 
quel il pourrait se reposer pour l'exécution de la partie graphique de son 
travail. » 


Instructions pour la botanique; par M. An. Broncniarr. 
(Lues le 19 mars 1838.) 


« C’est à un célebre botaniste français, Desfontaines , qu’on doit les pre- 
mières connaissances exactes et étendues sur la végétation du nord de 
YAfrique, et ce fut l’Académie des Sciences qui, en 1783, lui donna la 
mission d'étudier l'histoire naturelle de ces contrées. Le séjour assez pro- 
longé qu'il fit dans les régences de Tunis et d’Alger lui permit de recueillir 
beaucoup des productions végétales de cette région, et il les fit connaître 
avec une rare perfection dans le bel ouvrage qu'il publia plus tard sous 
le titre de Flora atlantica , ouvrage qui doit servir de base et de point de 
départ à toute autre publication sur le même sujet; mais si l'on considère 
que Desfontaines a parcouru des points très divers de la côte d’Afrique, 
depuis l'extrémité orientale’de la régence de Tunis jusqu’à l'extrémité oc- 
cidentale de celle d'Alger, et que cependant son ouvrage ne renferme l’in- 
dication que de 1600 espèces de plantes, on devait prévoir que beaucoup 
d’espèces avaient nécessairement échappé à ses recherches, soit par suite 
des difficultés des excursions qu’il avait entreprises, soit à cause des sai- 
sons et du peu de temps pendant lequel il était resté dans certains en- 
droits. En effet, les collections faites dans ces dernières années sur quelques 
points de l’Algérie par des botanistes qui n’ont pu cependant se livrer à ces 
investigations que d’une manière très incomplète, ont prouvé qu'un 
nombre assez considérable d'espèces croissant dans cette contrées, se 
trouvent omises dans la Ælora atlantica. ; 

» Les recherches de M. Steinheil aux environs de Bone, celles de 
Bové, aux environs d’Alger, ont suffi pour montrer qu'il y avait encore 
beaucoup de plantes intéressantes à recueillir dans les parties mêmes de 
l'Algérie que les naturalistes pouvaient aborder il y a quelques années sans 
une protection spéciale; or, une flore aussi complète que possible de ce 
pays serait fort précieuse, non-seulement par la nouveauté des objets 
qu'elle pourrait renfermer, mais surtout pour la géographie botanique, qui 
y puiserait d’utiles renseignements pour établir une comparaison plus exacte 
qu'on n’a pu le faire jusqu'à présent entre la végétation du nord de 


19.. 


( 140 ) 
l'Afrique et celle du midi de la France, de l'Espagne, de l'Italie et de la 
Sicile. 

» Cette comparaison intéressante scientifiquement pourrait devenir 
d’une importance réelle pour les essais de culture auxquels on désirerait 
se livrer dans l’Algérie ; car si les matériaux qui serviraient de base à une 
nouvelle flore de ce pays étaient recueillis avec le soin nécessaire, on 
pourrait probablement apprécier par ce moyen, mieux que par beaucoup 
d’autres, les diverses circonstances locales qui peuvent rendre telle ou 
telle partie de ce pays plus favorable à certains genres de culture. 

» Enfin , il faudrait rapporter de ces contrées des échantillons bien 
choisis des tiges des diverses espèces d'arbres qui y croissent, et surtout 
de celles qui ne se trouvent pas en France ou qui n’y atteignent que de 
moindres dimensions. Ce genre de collection, trop négligé jusque dans ces 
derniers temps, pourrait jeter beaucoup de jour sur plusieurs points de 
l'anatomie et de la physiologie végétale ; indépendamment de cette impor- 
tance scientifique, on en tirerait probablement des résultats utiles pour 
les applications aussi bien que pour éclairer les recherches historiques sur 
les végétaux connus des anciens. 

» Il serait donc vivement à désirer qu’un botaniste instruit et zélé püt 
parcourir tous les points de cette contrée qui sont soumis à la domination 
française, et même ceux placés en-dehors de ces limites que des relations 
de bonne intelligence permettraient de visiter sans danger, ou qu’on pour- 
rait explorer en accompagnant les expéditions ou les reconnaissances mi- 
litaires; il faudrait qu'il recueillit dans ces divers lieux avec soin, non- 
seulement les plantes qui lui paraïtraient nouvelles ou peu connues, mais 
les espèces communes en France ; qu'il les recueillit dans diverses localités, 
en notant avec attention l’époque de l’année et la situation dans laquelle 
il les a trouvées, et surtout la hauteur à laquelle elles croissent ; car, tout 
en cherchant à étendre le domaine de la botanique par l'addition des 
plantes encore inconnues que l'Algérie présentera sans aucun doute à un 
investigateur attentif, on doit surtout viser à réunir les matériaux d'un 
bon travail sur la topographie botanique de cette région. 

» Dans ce but, il serait particulièrement intéressant d'explorer avec soin 
les montagnes les plus élevées du petit Atlas des environs d'Alger, de Bone, 
de Bougie et de Constantine, et de fixer, sur les versants nord et sud, les 
limites de hauteur des végétaux qui dominent dans la végétation de ces 
montagnes. Les limites du dattier, du chamærops, de l'oranger, de l'oli- 
vier, de la vigne, des pins et des chênes de diverses espèces seraient 
surtout essentielles à fixer. 


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(141) ë 

» Si quelques circonstances heureuses permettaient de visiter quelques- 
uns des sommets plus élevés du grand Atlas, la comparaison des limites des 
mêmes espèces de + so dans ces deux chaînes sur des versants corres- 
pondants pourrait devenir d’un grand intérêt; mais dans ces régions plus 
méridionales , il serait surtout bien important de recueillir les végétaux 
des fonds des vallées et ceux qui croissent dans les expositions les plus 
chaudes, pour voir jusqu’à quel point ils se rapprochent de ceux des parties 


tropicales de l'Afrique. 


» Les recherches botaniques devraient successivement se diriger sur 
trois régions bien différentes, Alger et ses environs; Oran, Arsew ; Mos- 
taganem, et s'il était possible, Tlemcen et Mascara; enfin, Bone, la 
Calle, Bougie et surtout Constantine à peine visité par Desfontaines qui 
n'y a passé que quelques jours dans la saison la plus défavorable pour la 
botanique, et qui ne cite en effet qu’une ou deux plantes des environs de 
cette ville. | 

» L’occupation de cette ville donnerait aux recherches botaniques beau- 
coup plus d'intérêt qu’on ne pouvait l'espérer jusqu’à présent , car sa po- 
sition au milieu des montagnes doit rendre la végétation de ses environs 
plus variée et très différente de celle du littoral. 

» Évidemment l'étude des diverses parties de l'Algérie, sous le point de 
vue botanique, ne peut être terminée en une année, car la végétation de 
ces contrées est rapide et souvent de peu de durée pour chaque espèce; 
elle varie beaucoup suivant les saisons, et dure depuis la fin de l’automne 
où commence la floraison des plantes qui dans notre climat sont printa- 
nières, jusqu’à la fin de juin et peut-être jusqu’en juillet dans les mon- 
tagnes. Il faudrait, pour obtenir des résultats utiles, pouvoir consacrer 
une année complète à chacune de trois grandes régions que nous avons 
indiquées, et il serait avantageux de commencer par la région orientale, 
et surtout par les environs de Constantine qui sont moins connus que 
tous les autres points de l'Algérie sous le rapport botanique, d'autant 
plus que l'élévation du sol de cette contrée devant rendre la végétation 
moins précoce, permettrait d'y arriver avant que la saison de la floraison 
füt trop avancée. 

» La fin de l'été et le commencement de l’automne, époque où la séche- 
resse a presque complétement détruit les végétaux terrestres, pourrait être 
employée utilement à l'exploration des côtes et à la recherche des végé- 
taux marins encore peu connus qui existent dans cette partie de la Mé- : 
diterranée. 


(142) 

» Indépendamment des plantes marines, le botaniste de l'expédition 
devrait rechercher avec soin les cryptogames terrestres et celles des eaux 
douces, et, parmi ces dernières, celles qui croissent "généralement dans 
les sources thermales devraient fixer son attention”d’un manière par- 
ticuhère. 

» Le succès des recherches botaniques que nous venons de signaler dé- 
pendra, du reste, beaucoup du choix de la personne à laquelle elles seront 
confiées ; il serait à désirer que ce püût être un botaniste ayant déjà ex- 


ploré ce pays où des régions analogues; et, en tout cas, la personne. 


chargée de cette mission devrait avant son départ examiner les collections 
déjà formées dans cette contrée et déposées au Muséum d'histoire natu- 
turelle, et recevoir des professeurs de cet établissement des instructions de 
détail qu'il est impossible de consigner ici. 

» 11 faudrait, en outre, que tous les moyens matériels propressà re- 
cueillir convenablement les plantes de ces diverses contrées , et à assurer 
leur conservation, fussent donnés par le Gouvernement au naturaliste 
chargé de cette mission, et que les collections qui en seront le résultat 
fussent déposées en totalité au Muséum d'histoire naturelle où elles devien- 
dront un complément indispensable de l’Æerbier de la Flore atlantique 
légué par Desfontaines à cet établissement. 

» 11 serait essentiel que la personne chargée des recherches botaniques 
eût à sa disposition les ouvrages qui traitent de la botanique du nord de 
l'Afrique, et particulièrement la Flore atlantique de Desfontaines, et les 
instruments, tels que baromètres et thermomètres nécessaires pour bien 
fixer la hauteur des lieux qui servent de limite à l'habitation de certaines 
plantes remarquables. » 


Instructions pour la géologie; par M. Eure pe Beaumonr. 


(Lues le 19 mars 18368.) 


« Le premier besoin de la géologie relativement à une contrée encore 
peu connue, le premier besoin des arts utiles auxquels la géologie 
peut servir de flambeau, est de connaître la configuration du sol, la 
composition , la structure, toutes les particularités remarquables des 
masses minérales qui en composent les diverses parties. Le principal but 
que devra se proposer la personne chargée de la géologie dans l'expé- 
dition scientifique projetée en ce moment dans l'Algérie, sera de ré- 
pondre à ce premier besoin de la science et de l'industrie. Elle devra 


Es dire : LOL, 


b ( 143 ) 
profiter de toutes les circonstances qui pourront s'offrir à elle, de tous les 
moyens qui por être mis à sa disposition, pour étendre et pour 
compléter nos connäissances sur la structure et la composition du sol de 


cette vaste contrée: « 
» Dans une pareille exploration, les questions que l'observateur peut 


se faire relativement à chacun des points qu'il visite, l'attention plus ou 
- moins suivie qu’il se sent porté à accorder aux diverses apparences qui 
viennent le frapper, dépendent à la fois de ses connaissances sur la géolo- 
gie en général, et des notions qu'il peut avoir acquises relativement aux 
points circonvoisins, et relativement aux phénomènes géologiques dont 
‘on peut présumer d'avance que la contrée a été le théâtre. 

» La personne à laquelle est destinée la présente instruction ne pouvant 
manquer d’être déja pourvue des connaissances générales nécessaires, c’est 
surtout des données locales qu'il doit être question ici. 

» S'il est toujours utile de prendre connaissance de ce qui a été écrit 
sur un pays dans lequel on va entreprendre des recherches géologiques, 

la lecture de tous les documents publiés devient surtout indispensable si 
le pays dont on s’occupe n’est pas actuellement accessible dans toute son 
étendue. à 

» Mon premier soin a donc été de faciliter à la personne qui sera char- 
gée de la géologie dans la prochaine expédition, cette partie de sa tâche 
en dressant la liste de tous les ouvrages, mémoires ou articles détachés 
relatifs au sol de l'Algérie, dont j'ai pu moi-même trouver l'indication. J'ai 
consigné la liste détaillée de ces documents dans une note ci-jointe (1); 
mais la Commission a en outre désiré que je lusse moi-même ces divers 
écrits et que je fisse part à la personne chargée de la géologie dans la 
prochaine expédition des réflexions qu'ils m'ont inspirées, des questions 
auxquelles ils m’ont paru conduire. 

» Ces réflexions, ces questions sont devenues la partie la plus étendue 
du présent projet d'instructions. J'y ai joint dans des notes, outre la liste 
des ouvrages consultés, la citation de quelques-uns des passages les plus 
importants qu'ils renferment, ainsi que diverses indications de détail. 

» Le sol des états barbaresques, en général, et surtout celui des Ré- 
gences d'Alger et de Tunis est généralement montueux. C’est même à 
cette circonstance qu’on a attribué depuis l'antiquité le caractère indomp- 
table des Numides, devenus de nos jours les Kabyles. Bordée au nord 
par la mer Méditerranée et au midi par la mer de sable du grand désert de 
Sahara, la Barbarie n’est autre chose que la réseau compliqué de monta- 


C14) 
gnes et de vallées dont les grandes lignes culminantes ont reçu le nom 
d’Atlas. 

» L'Atlas, qui traverse les régences de Tunis et Mgr, est divisé, dit 
M. Desfontaines, en deux grandes chaines principales qui courent d’orient 
en occident ; l’une, qui est connue sous le nom de petit Atlas, commence 
près de Tabarque, sur les confins de Tunis, et se prolonge le long de la 
Méditerranée, jusque dans le royaume de Maroc; l’autre, que quelques 
géographes ont nommé le grand Atlas, cotoie le désert parallèlement à la 
première, et en fixe les bornes du côté du nord. Ces deux grandes chaines 
sont souvent réunies de distance en distance par des chaînes intermé- 
diaires. 

» Les montagnes qui bornent le désert sont arides, et ne produisent 
qu'un petit nombre de plantes et quelques arbustes; ce qui paraît résulter 
principalement de la sécheresse de l'atmosphère dont elles sont généra- 
lement environnées. Elles sont plus élevées que celles qui avoisinent la 
mer. Les circonstances ne m'ont pas permis, dit M. Desfontaines, de me- 
surer la hauteur perpendiculaire; mais je doute néanmoins qu'elles aient 
plus de douze à quinze cents toises d'élévation au-dessus du niveau de la 
mer ; aucune de celles que j'ai vues pendant l'été n’avait de neige à son 
sommet. Voir la note (2). 

» Ces montagnes, qui ne s'élèvent jamais à une grande hauteur, ne s'a- 
baissent non plus jamais jusqu’à un niveau très bas, puisque depuis le 
royaume de Maroc jusqu'à Tunis, elles s’enchaînent d’une manière con- 
tinue sans interruption remarquable. Elles présentent en même temps dans 
leur aspect une grande uniformité. Les anfractuosités de leurs cimes, des- 
sinées avec soin sur les vues orthogonales jointes aux cartes et à l'ouvrage 
de MM. Bérard et de Tessan, indiquent des masses calcaires, et cette in- 
dication est confirmée par tous les témoignages recueillis jusqu'ici. 

» Il vrai que ces témoignages ne portent d’une manière explicite que sur 
un petit nombre de points; mais l’uniformité d’aspects que je viens de 
mentionner indique à elle seule dans la composition du sol de l'Algérie 
une sorte d'homogénéité. Cette uniformité de composition est encore con- 
firmée par la circonstance que des voyageurs aussi exercés dans l’art d’ob- 
server que Shaw et M. Desfontaines , et capables de donner comme ils l'ont 
fait des notions positives sur la constitution minéralogique de quelques 
cantons, n'ont été frappés d'aucune différence générale dans le sol des 
différentes parties de l’ancienne Régence; les productions de ces diverses 
parties, leur mode de culture, l'influence des formes et de la nature du 


. 


(48) 
sol sur les mœurs des habitants sont au contraire à peu près les mêmes 
partout; les seules différences générales qui existent à cet égard trouvent 
leur explication dans des circonstances climatologiques; de là il résulte né- 
cessairement que les différents cantons sont formés à peu près par la com- 
binaison des mêmes éléments dont l'examen d’un petit nombre de ces can- 
tons a pu, à lui seul, donner une idée. 

» M. Desfontaines énonce même positivement le fait de cette unifor- 
mité de composition : « Toutes les roches que j'ai observées, dit-il dans 
».la préface de la Flore atlantique , p. 3, sont calcaires, et dans un grand 
» nombre de montagnes, même dans celles qui sont voisines du désert . 
» et très éloignées de la mer, j'ai découvert d'immenses accumulations de 
» coquilles marines. » 

» H paraît en effet que deux grands systèmes de couches travaillés par 
divers accidents postérieurs à leur origine forment presque à eux seuls 
les montagnes de l'Algérie; le premier est un grand système de calcaires 
secondaires , le second un système de dépôts tertiaires, moins exclusi- 
vement calcaire que le premier. 

» Ce fait, confirmé par beaucoup d'observations de détail que j'ai réu- 
nies dans la note (3), l’est aussi pour différents cantons dont la nature 
minéralogique n’est désignée d’une manière précise par aucun voyageur, 
par la fréquence des grandes sources d'eau vive et des cascades, et par 
celle de l'engouffrement d’un grand nombre de rivières dans des cavités 
souterraines, caractères topographiques propres, comme on le sait, aux 
pays formés de roches calcaires. J'ai réuni dans la note (4) l'indication 
des faits de ce genre reconnus dans l'Algérie; je dois toutefois faire ob- 
server que la disparition de quelques-unes des rivières de ce pays est due 
non à ce qu’elles se jettent dans des cavités calcaires, mais à ce qu'elles 
se perdent dans des sables superficiels qui font partie de ceux du grand 
désert de Sahara ou qui leur sont analogues. 

» Le système de couches calcaires secondaires qui forme les noyaux et les 
crêtes de la plupart des chainons de montagnes de l'Algérie paraît se 
rapporter en partie, comme l'a indiqué M. Rozet, au lias ou aux autres 
assises du terrain jurassique, et peut-être en partie aussi aux assises infé- 
rieures du grand système crétacé qui concourent, avec le terrain juras- 
sique, à former les montagnes calcaires de la Sicile. M. Virlet a observé 
au cap Bon, un calcaire à hippurites. La recherche des corps organisés 
fossiles propres à fixer le classement des diverses parties de ce grand 


C. R, 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° Z.) 20 


( 146 ) 
système de couches, doit être recommandée particulièrement à la per- 
sonne qui sera chargée de la géologie dans la prochaine expédition. 

» M. Rozet signale en un grand nombre de points des environs d'Alger 
et de Medeya un vaste dépôt tertiaire composé à sa partie inférieure d’une 
grande épaisseur de marne bleuâtre, compacte, non schisteuse, et à sa 
partie supérieure de calcaires plus ou moins sableux. On y trouve un très 
grand nombre de fossiles. 

» D’après les renseignements donnés par M. Desfontaines et par l'abbé 
Poiret sur les quantités de coquilles fossiles qui se trouvent en divers 
points sur les montagnes de l'Algérie, on peut présumer que le terrain 
tertiaire dont nous parlons couvre une partie de leurs flancs. Je dois à 
notre confrère M. le vicomte Héricart de Thury deux pectens recueillis au 
marabout de Sidi-Klifa, près du village d’El-Ibrahim, à quatre lieues 
d'Alger, à 200 mètres au-dessus de la mer, Ces pectens me paraissent 
identiques avec ceux que j'ai recueillis moi-même en Sicile, entre Syra- 
cuse et Lentini, dans le grand dépôt tertiaire du Val de Noto. 

» M. Rozet a désigné en ‘général sous le nom de terrain sub-atlantique 
tous les dépôts tertiaires de l'Algérie, mais il signale des différences , tant 
sous le rapport de la composition que sous celui des fossiles contenus, 
entre les dépôts tertiaires des environs d’Alger et ceux des environs d'Oran. 
On devra s’attacher à préciser les ressemblances et les différences de ces 
deux groupes de terrains, et tâcher de décider s'ils sont le prolongement 
lun de l’autre ou bien si le prolongement de l’un passerait au-dessus ou 
au-dessous de l’autre, et fixer en même temps leur correspondance avec 
les diverses couches tertiaires de l’Europe. Il sera nécessaire de recueillir 
à cet effet une collection aussi complète que possible des fossiles qui se 
trouvent en abondance dans ces terrains. (/’oyez note 6.) 

» M. Rozet a signalé sur les falaises qui forment la côte, tant aux en- 
virons d’Alger qu'aux environs d'Oran, des agglomérats coquillers ren- 
fermant des coquilles des genres Venus, Pectunculus, Ostrea , Cardium , 
analogues aux espèces des mêmes genres qui vivent de nos jours sur la 
côte. Elles sont presque toutes passées à l’état spathique. Ces agglo- 
mérats qui couronnent les falaises, ont pour ciment un travertin ferru- 
gineux. 

» En travaillant au tracé d’une route qui conduit d'Oran à Mers-el-Kebir, 
sur le bord de la mer, on a découvert une brèche osseuse analogue à celles 
de Gibraltar, d'Antibes et de divers autres points des côtes de la Méditer- 
ranée. Cette brèche osseuse a déja été observée, en 1835, par M. Deses- 


(147) 
sart, capitaine du génie, et par M. Milne Edwards, qui y a rencontré des 
dents molaires de bœuf, une dent de cheval, divers fragments d'os de 
ruminants, dont la détermination lui a laissé de l'incertitude, et un frag- 
ment de crâne d'ours (*). Depuis lors, M. Duvernoy a eu aussi l’oc- 
casion de s’en occuper, et il en a mis un fragment sous les yeux de 
l'Académie des Sciences, dans sa séance du 2 octobre 1837 (**). Cette 
brèche osseuse ‘est une concrétion calcaire colorée en rouge par le fer. 
Elle contenait des dents de ruminants; il faudra y faire des recherches 
pour chercher d’autres ossements, et examiner les rapports qui pourraient 
exister entre elle et les brèches à ciment ferrugineux que M. Rozet a si- 
gnalées en différents points des falaises de l'Algérie , près d'Oran et d'Alger. 

» La découverte de cette brèche près d'Oran doit aussi éveiller l'attention 
sur l'existence possible de pareilles brèches osseuses en d’autres points 
des falaises de l'Algérie, et particulièrement dans les escarpements des 
iles et ilots répandus le long de la côte, 

» M. Rozet rapporte au terrain diluvien le dépôt détritique qui forme 
le sol uni et presque horizontal de la plaine de la Métidja. 

» Il serait intéressant de rechercher si ce dépôt présente quelques traces 
de l'intervention, dans sa formation, d’agents d’une violence comparable à 
celle des courants diluviens qui ont sillonné toutes les contrées voisines 
des Alpes, depuis Arles jusqu’à Vienne. Il serait également curieux d’exa- 
miner si ces courants diluviens auraient marqué leur passage dans les 
vallées de l'Atlas comme dans presque toutes celles des Alpes, en arron- 
dissant et même en polissant de vastes surfaces de rochers. M. Rozet n’a 
pas signalé dans l'Algérie la présence des blocs erratiques; il serait im- 
portant de bien constater leur absence qui, rapprochée de la faible hauteur 
de l'Atlas et de sa latitude méridionale, pourrait jeter un nouveau poids 
dans la balance en faveur de l'opinion que des glaces, agissant peut-être 
sous forme de radeaux, auraient joué un rôle important dans le transport 
des blocs erratiques. | 

» M. Rozet, d’après les observations qu’il a faites sur les terrains tertiaires 
des environs d’Alger et de Medeya, et d’après les renseignements qu'il a 
reçus du célèbre voyageur M. Réné Caillié, croit pouvoir conclure que 
c'est le dépôt tertiaire de l'Algérie qui constitue le sol du grand désert de 


(*) Voyez Annales des Sciences naturelles, 2° série, partie zoologique, t VII, 


p: 216. 
(%) Compte rendu des séances de l' Acad. des Sciences , 2° semestre 1837, p. 491: 
20. 


(148 ) 
Sahara; les grès etles calcaires tertiaires seraient là en couches horizontales 
et recouverts par une grande masse de sables, qui ne seraient autre chose 
que ceux que l’on trouve fréquemment à la partie supérieure du terrain 
tertiaire sub-atlantique ; seulement au sud du grand Atlas, les sables au- 
raient pris un développement extrêmement considérable. 

» La marne argileuse qui, suivant M. Rozet, doit exister à la partie in- 
férieure du terrain tertiaire , aussi bien dans le Sahara qu'entre les Atlas, 
retenant très facilement les eaux, il est probable, suivant lui, qu’en creu- 
sant à une certaine profondeur on obtiendrait des sources abondantes. On 
pourrait peut-être y établir des puits forés : Shaw rapporte même que dans 
les villages de Fad-reag on est en possession de se procurer de l’eau par 
un procédé qui rappelle le mécanisme de nos puits artésiens. Quoique ce 
passage de Shaw ait déjà été consigné par M. Arago dans le savant article 
sur les Puits artésiens , dont il a enrichi l'Annuaire du Bureau des Lon- 
gitudes pour 1834, j'ai cru devoir le transcrire dans la note (6). 

» Cette possibilité d'établir des puits artésiens serait trop importante non- 
seulement pour le désert de Sahara, mais pour une multitude de points de 
l'Algérie, même de ceux qui sont voisins de la côte, pour qu’on ne doive 
pas recommander fortement l’ordre d'observations dont il s’agit à la per- 
sonne qui sera chargée de la géologie dans la prochaine expédition. 

» D'un autre côté, les sables du désert de Sahara ou ceux des déserts 
beaucoup plus petits qui s'étendent entre les montagnes de l’Algérie mé- 
riteraient peut-être d’être examinés comparativement avec ceux des dunes, 
dans le but d'examiner quels genres de rapports il peut exister entre ces 
deux classes de sables, tant sous le rapport de leur manière d’être que 
sous celui de leur origine. 

» On sait depuis long-temps que les sables des déserts voisins de l'E- 
gypte renferment des troncs d'arbres silicifiés ; quelques indications ten- 
draient à faire croire qu'il s’en trouve aussi dans Jes sables des déserts de 
l'Algérie; il serait intéressant de s’en assurer. La présence de troncs sili- 
cifiés dans ces sables tendrait à confirmer leur origine tertiaire. 

» Un vaste désert de sable, celui d’Anga, sépare dans sa partie orientale 
la régence d'Alger du royaume de Fez. Ce désert est sans doute analogue 
par son origine géologique au grand désert de Sahara, et serait d’un accès 
plus facile pour les membres de l'expédition scientifique. 

» Un des faits les plus curieux que présentent les déserts de l'Afrique et 
de l'Asie, c’est que le sol y est fréquemment salé. Le chlorure de sodium 
est répandu dans le sol de la Barbarie avec une abondance surprenante. 


( 149 ) 


D'après M. Desfontaines, la terre, dans presque toute l'étendue de la ré- 
gence de Tunis, est imprégnée d’une si grande quantité de sel marin, que 
la plupart des sources y sont saumâtres. Les sources salées, dit-il dans la 
Préface de la Flore atlantique, p. x2 , sont beaucoup moins rares que les 
sources d’eau douce. Il n’est pas rare de voir, lorsque les chaleurs de l'été 
ont fait évaporer les eaux stagnantes dans les lieux bas, des espaces con- 
sidérables de terrain couverts d’une croûte de ce sel qui avait été dissous 
et amassé par les eaux de l’hiver. 

» On appelle communément ces plaines Sibkah ou Shibkah, c'est-à-dire 
morceaux de terre salée : elles sont d'ordinaire couvertes d’eau en hiver et 
paraissent alors comme autant de grands lacs ; mais lorsqu'elles sont sèches 
en été, elles ne ressemblent pas mal à de vastes boulingrins couverts du plus 
beau gazon. Quelques-uns de ces skibkahs ont un fond dur et solide, sans 
aucun mélange de terre ou de gravier, retenant le sel, qui y forme une 
couche cristallisée après les pluies. 

» Il existe des salines de cette nature près d’Ærzew et dans d’autres lo- 
calités dont je renvoie le détail à la note (7), ainsi que l'indication de di- 
verses sources et rivières salées. 

» 1l serait intéressant d'examiner quelles relations il peut exister entre 
le sel répandu ainsi superficiellement et les masses de sel gemme qui 
existent aussi dans l'Algérie. Shaw semblerait admettre de grands rap- 
ports entre les deux variétés; car il dit (*) que le sel du lac des Marques, 
qu’on appelle aussi Bahirah-Pharaonne , ét de quelques autres plaines 
moins considérables de la même nature, ressemble au sel gemme, en goût 
et er qualité. 

» Les masses de sel gemme elles-mêmes, la nature de leur gisement; 
seraient , si l’on pouvait les aborder, un sujet de recherches intéressantes. 

» D’après Shaw (**), la montagne dite Jibbel-had- Defja , à extrémité 
orientale du lac des Marques ou Bahirah-Pharaonne , est entièrement 
composée de sel. Ce sel est tout-à-fait différent de celui des salines, 
étant dur et solide comme une pierre et sa couleur rouge ou violette. 
Cette mine de sel gemme est dans le royaume de Tunis, mais il en existe 
aussi d’analogues dans la régence d’Alger. Le sel des montagnes près 
de Lwotaiah et de Jibbel-miniss , dit Shaw, est gris ou bleuâtre....… ; c’est 
encore du sel gemme. 


®) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVII, p. 323. 
CORAN) 07. 


( 150 ) 


» Il est rare que le sel gemme ou les sources salées ne soient pas ac- 
compagnés de masses de gypse; de nombreux gisements de cette roche 
sont en effet indiqués dans l’Algérie. 

» On exploite du gypse dans la montagne de Sibassa (la Plâtrière) qui 
fait partie de la chaine de Schattaba, à laquelle correspond le rocher qui 
supporte la ville de Constantine (*). 

» D'après l'abbé Poiret il y a aussi près de Bone, du côté du port Gé- 
nois, des carrières de gypse dont les Maures font du plâtre. Il importerait 
d'examiner la nature et le gisement de ce gypse, de voir si ce sont par 
exemple des couches intercalées dans un dépôt tertiaire ou des amas 
formés intérieurement d’anhydrite et ne présentant de gypse hydraté qu’à 
l'extérieur, comme ceux de Rocquevaire, dans le département des Bouches- 
du-Rhône, et d’un grand nombre de points des Alpes, des Cévennes et des 
Pyrénées. 

» Les montagnes voisines de Mascara, dit M. Desfontaines, sont cal- 
caires. Quelques-unes sont couvertes d’une terre blanche comme la 
neige; on y trouve aussi du gypse (*). 

» À côté de ruines fort étendues, dit M. Desfontaines, il y a plusieurs 
sources qui découlent des montagnes de Trara, près de Tlemcen, et un 
ruisseau d’eau salée; ces montagnes sont gypseuses. À l'extrémité elles 
sont couvertes d’une terre rouge qui contient beaucoup de fer. J'y ai aussi 
trouvé, dit M. Desfontaines, des pierres figurées comme celles de Flo- 
rence (***). 

» À ce portrait il est aisé de reconnaitre le système de gypses accom- 
pagnés de sources salées de la Catalogne et de la Navarre. 

» Quelques relations de gisement ont aussi été observées entre les dé- 
pôts salifères et les sources bitumineuses. Des sources de cette dernière 
espèce existent dans la régence d'Alger. On trouve à peu près à 30 lieues 
au sud de la capitale, et à 100 lieues en ligne droite de Carthage, une 
source de goudron appelée ayn Kitran (**). 

» Le tombeau du saint tutélaire des Welled-Seedy-Eesa se trouve, dit 
Shaw, à cinqglieues de Sour-Guslan. D'un côté de ce tombeau se voit 
un grand rocher, et de l’autre se trouve la ain-Kidran ou la source du 


(*) Revue du x1x° siècle , janvier 1838. 

(*) Nouvelles Annales des Voyages, 1. XLNI, p. 347. 

(CF) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVI, p. 337. 

(*) M. Dussate, notes jointes à l'ouvrage de M. Dureau de Lamalle, sur la topo- 
graphie de Carthage, p. 241. 


Cut : Fa 5 
co ci 
LCA & pa 


(\wbx2) 


goudron , qu'ils disent leur avoir été accordée miraculeusement par leur’ 
premier père, et dont ils se servent pour oindre leurs chameaux au lieu 
de goudron ordinaire (*). 

sil ne s’agit ici que d’une source de goudron qui sans doute n’en fournit 
pas une très grande abondance, mais il n’y aurait rien d'étonnant à ce 
que les grès tertiaires de l'Algérie renfermassent, comme ceux de Seyssel, 
de Lobsann et de Dax, des couches imprégnées de bitume. Aujourd’hui 
que le bitume est devenu à Paris et dans d’autres grandes villes un des 
matériaux de construction les plus recherchés, il serait fort utile de 
découvrir de pareilles couches qu’on pourrait exploiter en Afrique presque 
aussi utilement qu’en Europe. 

» D'après M. Desfontaines (*), le sel de nitre aussi bien que le sel marin 
est fort abondant dans certaines parties de la régence de Tunis, la terre en 
est souvent imprégnée ; à quelques lieues de Kairouan, on en trouve en 
quantité dans une très grande étendue de terrain. On en fait de la poudre 
à canon. 

» D'après Shaw (“**), on retire du salpètre près de Tlemcen, de la 
terre ordinaire qui est ici noirâtre; à Dousan, à Kairouan et en quel- 
ques autres endroits, on en tire d’une terre grasse dont la couleur est 
entre le rouge et le jaune. Les bords de plusieurs rivières, quelquefois à 
deux ou trois brasses de profondeur, sont tout couverts en été de mor- 
ceaux de sel ou de nitre. 

» Le gisement et l’origine de ces matières salines doivent attirer l’atten- 
tion de la personne chargée de la géologie dans la prochaine expédition. 

» Le sol de la Barbarie présente d'assez nombreux indices de gîtes mé- 
tallifères. Des mines métalliques y ont été ou y sont encore exploitées. 
On en cite d'or, de cuivre, de fer, de plomb, d'argent; il y existe aussi des 
lavages d’or. Il est peu probable qu'aucun des gites dont il s’agit puisse, 
au moins d'ici à long-temps, acquérir une importance industrielle : toute- 
fois, si l'occasion s’en présente, on ne devra pas omettre d’en observer le 
gisement , soit en lui-même, soit dans ses rapports plus ou moins évidents 
avec les grands accidents du sol , avec les masses de sel gemme, de gypse” 


ou de’roches éruptives, ou avec la position des sources salées ou des 
sources thermales. 


(*) Shaw, 7’oyages dans plusieurs provinces de la Barbariet, . 1°", p. 105. 


(*) Lettre à M. Lemonnier, Nouvelles Annales des Voyages, t. 1*, p.63. 
(+) T. IF, p. 205. 


( 152) ‘ 


» Je consigne dans une note ci-jointe (8) les renseignements que j'ai 
pu recueillir sur ces divers gîtes métallifères. 

» La collection minéralogique du Jardin des Plantes possède deux dia- 
mants qui ont été vendus à cet établissement comme provenant de la pro- 
vince de Constantine où ils auraient été trouvés dans des terrains meubles 
superficiels . 

» Pline avait déjà parlé de diamants provenant de ces contrées. 


» Cette double indication mériterait d’être vérifiée. Foyez la fin de la 


note (8). 

» Il paraît, d’après le récit de l'abbé Poiret et d’après celui de M. Des- 
fontaines, qu’il existe des roches volcaniques, ou d'une apparence volca- 
nique dans les montagnes de la régence d’Alger. L'abbé Poiret dit que sur 
plusieurs de ces montagnes il a rencontré fréquemment des restes de vol- 
cans éteints, des scories, des espèces de pierres ponces noirâtres, quelques 
laves, et diverses substances que le feu avait évidemment changées ou 
vitrifiées. Les montagnes qui avoisinent la Calle, dit-il, et qui s’avancent 
dans le pays des Nadis, sont presque toutes volcaniques. 

» À quelques lieues à l’ouest d'Oran, dit M. Desfontaines, on trouve 
des rochers d’une pierre légère, noirâtre , poreuse comme une éponge, qui 
paraît être une lave de volcan (”). 

» Malheureusement ces renseignements sont trop vagues pour qu'on 
puisse deviner précisément de quelle espèce de roche volcanique il s’agit, 
mais ils méritent de fixer l'attention. 

» Quelques autres documents renfermés dans la note (9), indiquent en 
divers points de l'Algérie des roches prismatiques ou des roches porphy- 
riques qui paraissent devoir être d’origine éruptive, 

» Toutes ces roches méritent d’être examinées avec le plus grand soin. 
On devra décrire et dessiner toutes les circonstances de leur gisement et 
en rapporter des collections nombreuses et soignées. 

» Malgré les nombreuses difficultés que M. Rozet a rencontrées dans 
ses excursions aux environs d'Oran, il a su reconnaître et signaler dans 
les schistes, les grès, les calcaires et les dolomies de la pointe de Mers-el- 
Kebir et du cap Falcon, un grand nombre de circonstances curieuses 
qui doivent faire désirer que la personne chargée de la géologie dans la 
prochaine expédition, puisse visiter ces localités avec loisir et sécurité. 

» Dans la baie du fort Génois, près de Bonne, on trouve un mica- 


(*) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLNI, p. 843. 


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(1631) 


schiste renfermant de nombreux grenats souvent agrégés en grosses masses. 


* On y trouve aussi du calcaire saccharoïde. Le gisement de ces roches mé- 


rite d’être étudié avec soin et comparé à celui des roches cristallines des 
environs d’Alger et d'Oran. Il y a lieu d'examiner si ces roches doivent 
être rapportées à la classe des anciennes roches cristallines vulgairement 
nommées primitives, ou si ce sont, comme les marbres de Carrare et 
une partie de ceux des Pyrénées, des roches secondaires à l’état métamor- 
phique. 

» Quelques autres indications que je renvoie à la note (10), peuvent 
faire présumer l'existence en d’autres points de la côte de masses dues à 
l'altération de roches préexistantes. 

» Les collines qui bordent la côte de la Méditerranée depuis Sydi-Efroudj 
jusqu’au fond de la baie d’Alger, et la falaise du cap Matifou sont formées 
par un schiste talcqueux enstrates très contournées, qui renferme des couches 
subordonnées plus ou moins abondantes d’un calcaire gris , bleu turquin, 
bleu turquin carburé, saccharoïde ou sub-lamellaire, mais presque jamais 
compacte On ne saurait assez recommander l'examen des parties com- 
pactes de ce calcaire dans lesquelles on peut espérer de trouver des fos- 
siles propres à fixer l’âge géologique de ce système de roches, qui elles- 
mêmes, peut-être, sont en grande partie métamorphiques. Des recherches 
suivies y feront peut-être aussi découvrir des empreintes végétales dans le 
voisinage des veines d’anthracite que M. Rozet signale dans plusieurs 
points de ce terrain, notamment près du cap Matifou. Les grenats et les 
mâcles que M. Rozet mentionne en divers points de ce terrain, notamment 
au mont Bou-Zaria, présentent aussi de l’intérét comme terme de compa- 
raison avec les minéraux du même genre observés dans d’autres terrains 
métamorphiques, par exemple, au Pic du midi de Bigorre, et en divers 
points de la iBretagne. 

» C'est dans ce terrain entre le cap Caxine et Ras-Agnathyr, au milieu 
de falaises d’une hauteur, uniforme que se trouvent les carrières d'où l’on 
a tiré presque tous les matériaux qui ont servi à construire les fortifica- 
tions d’Alger. Ces carrières, ainsi que celles de pierre à chaux, pourront 
donner des facilités pour les observations. 

» M. Rozet mentionne parmi les roches qui constituent les collines 
voisines d’Alger, une roche très feldspathique dont il signale les rapports 
non-seulement avec le gneiss mais encore avec le leptimite et le pegma- 
tite; il prononce même le nom de granite dans un endroit de son mémoire. 
Les roches sont enchâssées dans le système des roches schisteuses an- 

C. R. 1838, 2° Semestre.(T. VII, N° 4.) 21 


( 154) 


ciennes, mais le mode de leur enchâssement peut être encore l'objet de 
quelques incertitudes et mériterait de nouvelles observations. Il ne serait 
pas impossible que ces roches formassent au milieu des schistes soit des 
filons, soit des masses injectées d'une forme irrégulière. 

» Outre les sources et les ruisseaux salés dont il a été question précé- 
demment, la Barbarie abonde, dit Shaw (*), en eaux sulfureuses ou 
chargées d’autres substances minérales. Outre lin - Kidran (source de 
goudron déjà citée plus haut) et la Hamadh, qui est une fontaine mi- 
nérale fort considérable, près de la rivière Bishbesh, nous devons 
mettre dans cette classe leurs différents /ammams ou bains chauds. 
L’Ain-el-Houte et la plupart des sources du Jereed ne sont guère plus que 
tièdes; mais un grand nombre d’autres dont Shaw cite quelques noms 
possèdent des températures plus ou moins élevées. M. Desfontaines a aussi 
visité plusieurs de ces sources thermales dont quelques-unes étaient res- 
tées inconnues à Shaw. M. Dureau de la Malle et M. Dusgate en indiquent 
aussi; Je me bornerai ici à énumérer ces diverses sources thermales : ce sont 
celles de Hammam-el-Enf, à 8 milles géographiques de Carthage ; de 
Cafsa où Caspa, à 70 lieues de Tunis vers le sud; de Hammam Meskou- 
tine, à 4 milles à l'est du camp de Mjez-Hammar; de Constantine ; des 
bords de l’Ærach, à 3 lieues de son embouchure; de Gurbos ; d'Hammaïte ; 
de Melwan ; de Seedy-Ebly ; d'Agreese ; d'Elelma, d'El Hammah, de 
Mercega , à 8 milles à l'E.-N.-E. de Maliana, à peu près à moitié chemin 
entre le Scheliff et la mer. Celle de Æammam-Altaf, à 2 lieues au-delà de 
Scheliff sur la route d’Alger à Tlemcen. Celle des bords de l'Oued-el- 
Hammam entre Mascara et Tlemcen; celle d'Oran; celle des bords de la 
Tafna , sur le chemin de Tlemcen à Maroc. 

» La relation qui existe entre la position de ces sources thermales et celle 
des grands accidents orographiques n'avait pas échappé à l'œil pénétrant 
de Shaw. Caspa, dit-il (**), est située prés de hautes montagnes, mais les 
sources qu'on y trouve sont dans la partie orientale de la ville et à plusieurs 
stades desdites montagnes. Les bains de Leef, de Gurbos, d'Hammaite, 
d'Oran et de Mellswan sont tous au pied de hautes montagnes; ceux de 
Mereega et de l’Ain-el-Houte sont au milieu des monts, et ceux de Æam- 
mam-Meskoutine, d'Elelma et de Seedy-Ebly sont dans un terrain entre- 
coupé de plaines et de collines. 


() Tome I‘, page 299. 
@%#) T. I“, page 301. 


(55 ) 

» Cette relation de position ne pourra manquer de fixer aussi l’atten- 
tion du géologue de l'expédition. 

» L'existence de ces nombreuses sources thermales.se joint à celle d’une 
partie des roches dont j'ai mentionné l'existence en divers points de l’Al- 
gérie pour indiquer que ce pays a été travaillé, à des époques peu éloi- 
gnées, par des agents souterrains dont les foyers intérieurs ne sont pas 
complétement éteints; le reste de vigueur que ces foyers ont conservé se 
manifeste aussi par de fréquents tremblements de terre. La recherche et 
l'examen des traces que des tremblements de terre, plus ou moins an- 
ciens, peuvent avoir laissées dans ce pays doit être recommandée au géo- 
logue de l'expédition. 

» J'ai déjà rappelé ci-dessus les observations de M. Rozet sur les brèches 
à ciment de travertin ferrugineux, renfermant des coquilles d'espèces ac- 
tuellement vivantes qui couronnent les falaises près d'Oran et d’Alger, où 
elles s'élèvent quelquefois à 75 mètres au-dessus de la mer. De son côté, 
l'abbé Poiret a cru observer près de la Calle, à un demi-quart de lieue 
dans les terres, des traces d’un ancien rivage que la mer aurait aban- 
donné. Ses indications, un peu vagues à cet égard, font l’objet de la 
note (11). 

» Ces différents faits réunis, surtout si de nouvelles observations les 
confirment et les multiplient , sembleraient indiquer que la côte d'Afrique 
aurait subi, à une époque trés récente, un mouvement d’élévation com- 
parable à celui que dénotent les coquilles fossiles récentes de la pres- 
quile du Saint-Hospice, près de Nice, celles observées par M. de la 
Marmora aux environs de Cagliari, et celles renfermées dans l’alluvion ma- 
rine qui enveloppait les colonnes du temple deSérapis, près de Pouzzoles. 


Dans tous les cas, les faits dont il s’agit méritent un examen attentif. 


» Les faits géologiques et physiques dont je viens de réunir les indica- 
tions tendent, malgré leur isolement, à jeter quelque jour sur l'époque 
à laquelle les montagnes de la Barbarie ont recu les derniers traits du re- 
lief qu’elles vous présentent. Il est permis d'espérer que la personne qui 
sera chargée de la géologie dans la prochaine expédition , achèvera de ré- 
pandre la lumière sur cette question. 

» Déjà le fait de l'élévation à plus de 1200 mètres de quelques-uns des 
plateaux que forme près de Medeya le terrain tertiaire sub-atlantique, la 
présence dans les montagnes de l'Atlas de masses de gypse, de sel gemme, 
de sources salées, et de sources bitumineuses qui rappellent celles qui 
font partie du système des ophites en Catalogne, en Navarre et dans les 

ASE 


(156) 


landes de Gascogne ; l'existence en divers points de la Barbarie de sources 
thermales ; celle de roches d’origine volcanique, ou au moins d'origine 
éruptive; la répétition encore fréquente dans ces mêmes contrées des se- 
cousses de tremblement de terre, tout annonce une contrée récemment 
bouleversée par de violentes commotions. J'ai montré ailleurs que la con- 
sidération de la direction générale de l'Atlas, qui est parallèle à celle de la 
chaine principale des Alpes et aux zones des ophites, pouvait conduire 
presque seule à prévoir ce résultat (*). 

» D'un autre côté, la discordance de gisement signalée par M. Rozet 
entre les calcaires secondaires et le terrain tertiaire sub-atlantique ; le fait 
que les calcaires secondaires qui constituent le noyau des montagnes de 
l’Atlas en forment aussi les cimes et ne sont recouverts que sur leurs 
flancs par les assises tertiaires : cette double circonstance tend à prouver 
que le sol de la Barbarie avait été disloqué entre la période secondaire et 
la période tertiaire, et que des crêtes nombreuses s’y étaient élevées au- 
dessus des flots. Cette conclusion était aussi indiquée d'avance par le pa- 
rallélisme qui existe entre un grand nombre de chaïnons de montagnes 
du nord de l'Afrique et les chainons du système des Pyrénées (**). 

» Mais les deux directions des Pyrénées et de la chaîne principale des 
Alpes ne sont pas les seules qui se dessinent dans ces contrées. On y dis- 
tingue aussi la direction du système des Alpes occidentales, peut-être même 
celle du système des îles de Corse et de Sardaigne, dirigée du nord au 
sud. Je demande à l'Académie la permission d'appeler sur ces questions 
l'attention de la personne qui sera chargée de la géologie dans la prochaine 
expédition. Je reproduis à cet effet dans la note (12) ci-jointe les aperçus 
et les conjectures que j'avais publiés quelque temps avant la conquête 
d’Alger. 

» Les observations déjà faites et rappelées ci-dessus ne permettent pas 
de douter que le sol de l'Algérie parcouru à loisir, ne présentât au géo- 
logue une ample moisson de faits importants pour la science. 

» La détermination précise de l’âge relatif des couches secondaires et 
tertiaires qui se voient dans les divers chaînons de l’Atlas et dans leurs 
intervalles ; l'examen des traces de dislocation qu’elles présentent dans ces 
montagnes; celui des masses de gypse et de sel gemme qui s'y trouvent, 
la recherche des dolomies, compagnes habituelles de ces dernières roches ; 


(*) Annales des Sciences naturelles , t. XIX , p. 220. 
(%) Voy. Annales des Sciences naturelles, t. XNIII , P- 318. 


( 157 ) 


la relation de la position de ces masses avec les formes disloquées des 
montagnes; celle des positions des sources salées, des sources thermales, 
des gites métallifères avec les grandes lignes de fracture; l'examen des 
roches volcaniques qui se montrent en différents points; celui des sables 
des déserts; et d’autres questions de détail déjà mentionnées plus haut 
fourniraient une ample matière de recherches. 

» Indépendamment de ces recherches purement scientifiques, des re- 
cherches d’un assez grand intérêt industriel se présenteront aussi à l’in- 
génieur des mines chargé de la géologie dans la prochaine expédition. 

» Ce sont moins les gites métalliques déjà signalés que nous recomman- 
dons à son attention, que les gîtes de combustibles. 

» Les besoins toujours croissants de la navigation à la vapeur, qui 
forme déjà la voie principale de communication entre la France et l’'AI- 
gérie, rendraient très importante la découverte, sur les côtes de ce pays, 
de mines un peu abondantes de combustibles fossiles. Malheureusement 
les faits connus jusqu’à ce jour donnent peu de motifs d’y espérer la dé- 
couverte d'aucune mine de véritable houille. Mais l'abondance des ter- 
rains tertiaires dans toutes les parties de la ci-devant régence d’Alger, la 
certitude à peu près acquise que ces terrains ont été déposés au pied de 
nombreux chainons du système pyrénéen, qui suivant toute apparence 
étaient couverts à cette époque reculée d’une végétation abondante, 
donne lieu d'espérer que les gites de lignite de la Provence, de la Suisse, 
de l’ancien état de Gènes, pourraient avoir leurs représentants sur la côte 
barbaresque. Les lignites de la Provence , du duché de Gènes, ceux de 
Semsales et de Notre-Dame des Vaux , en Suisse, ont été souvent employés 
avec avantage pour la navigation à la vapeur. Il serait éminemment utile 
d'en découvrir de pareils sur la côte de l'Algérie. Le combustible qu'on 
pourrait en tirer n'aurait pas besoin d’être de la meilleure qualité possible 
pour pouvoir servir très utilement pour la cuisson de la chaux nécessaire 
aux constructions, et utile peut-être à l’agriculture. 

» On devra donc s’attacher avec un grand soin à reconnaître sur la côte 
d'Alger l'étage des terrains tertiaires dans lequel se trouvent les lignites de 
Provence ; celui (peut-être différent ), dans lequel M. Virlet a signalé des 
lignites dans l’île d'Iliodroma, qui fait partie de l’Archipel du Diable, dans 
la mer Égée; l'étage de terrain (tertiaire ou crétacé) dans lequel les re- 
cherches ordonnées par le pacha d'Égypte ont fait reconnaître et mettre en 
exploitation , en Syrie, divers gîtes de combustibles, etc. 

» Cette recherche pourrait obliger l'ingénieur qui en sera chargé à faire 


( 158 ) 
des voyages de l’Algérie en Provence et de Provence en Algérie, dans le 
but de faire des comparaisons qui ont souvent besoin d’être minutieuses 
pour étre utiles dans la pratique. 

» Mais je reviens aux questions scientifiques générales dont les recher- 
ches de matières exploitables ne seront qu’un corollaire. Des courses faites 
à plusieurs reprises et sous plusieurs méridiens différents de la mer au 
Sahara, et du Sahara à la mer, en franchissant les Atlas, permettraient 
seules de les aborder pleinement. C’est dans les flancs et sur les crêtes des 
montagnes, dans les défilés où différentes rivières coupent plusieurs de 
leurs chainons , que la plupart de ces questions doivent trouver leur solu- 
tion définitive. 

» Malheureusement l’état actuel de l’Algérie ne permet pas de songer, 
quant à présent, à l'exécution d'un pareil plan. 11 est même difficile d’es- 
pérer que la personne chargée de la géologie dans la prochaine expédi- 
tion, puisse faire de grandes excursions autrement qu’en s’adjoignant aux 
expéditions militaires. C'était principalement en s’adjoignant aux troupes 
envoyées par les deys pour lever les tributs que M. Desfontaines parvenait, 
il y a plus de soixante ans, à parcourir la Barbarie avec sécurité. Une forte 
escorte serait encore plus nécessaire aujourd'hui. 

» On ne peut que recommander au géologue de l’expédition de saisir les 
occasions que pourront lui offrir les expéditions militaires. On peut espérer 
que les environs de Constantine, les routes de Constantine à Bone, à Stora 
et à Alger seront successivement parcourues par lui avec sécurité; il y 
trouvera probablement d’utiles observations à faire. Il est probable qu'on 
pourra aussi lui donner les facilités nécessaires pour bien explorer les en- 
virons d'Oran qui paraissent mériter d’être particulièrement recommandés 
à son attention. 

» Mais on doit prévoir que les expéditions militaires qui lui permettront 
de parcourir diverses parties du pays ne se feront qu’à des intervalles éloi- 
gnés, et songer que circonscrit pendant les autres moments dans les 
rayons de nos garnisons, il aura promptement épuisé ce qui peut s’y offrir 
à l'observation; il faut donc songer à lui créer un moyen d'employer ces 
intervalles d’une manière utile pour la science. 

» On pourra y parvenir, au moins pendant le cours d’un été, en lui 
donnant des moyens sûrs et commodes de visiter par mer tous les points 
accessibles de la côte et tous les îlots qui la bordent. Le zoologiste chargé 
de l'exploration du littoral aura besoin d’un bâtiment tenu constamment 
à sa disposition; le géologue et le zoologiste pourront combiner leurs mou- 


à Ho 


(159 ) 


vements; ces deux savants, loin de se gêner, pourront se prêter un mu- 
tuel secours. 

» Il peut sembler, au premier abord, que l'exploration du littoral soit 
pour la zoologie une ressource fort précaire, et sans aucun doute elle 
présenterait moins d'intérêt que n’en offrirait celle des chaînes de PAtlas: 
mais elle ne sera pas elle-même sans fruit. On ne doit pas oublier que les 
éléments de l’un des ouvrages les plus remarquables de la géologie mo- 
derne, celui du professeur Mac-Culloch, sur les îles occidentales de l'Écosse, 
ont été recueillis dans un voyage fait par mer, sur un bâtiment de la ma- 
rine anglaise, en débarquant toutes les fois qu'il y avait de l'intérêt à le 
faire. | 

» La côte de l'Algérie, sans présenter le même genre d'intérêt que les 
côtes des îles d'Écosse, paiera aussi, mais d’une autre manière, la peine 
de celui qui l’explorera avec soin et détail. 

» Les faits connus rendant très probable que toutes les montagnes de 
l'Algérie ont été soulevées depuis le dépôt des roches secondaires de ces 
contrées , il est à peu près certain que toutes les couches qui entrent dans 
la composition des chaines de l’Atlas, viennent affleurer le long de la côte 
dans les falaises qui la bordent. Ainsi, un examen complet des côtes pour- 
rait permettre de former des collections de toutes les grandes formations 
de l’Algérie, d'y recueillir peut-être la plus grande partie des fossiles de 
ces formations, et de fixer leur âge relatif. 

» C’est en outre sur la côte que se sont montrés les lambeaux de ro- 
ches volcaniques et de roches primitives connues jusqu’à ce jour, et la 
côte mérite d'autant plus d’être recommandée pour la formation des col- 
lections, que les localités du littoral seront presque les seules dans les- 
quelles la facilité des transports permettra de multiplier les échantillons. 

» En outre, les escarpements verticaux des falaises sont de toutes les 
aspérités de l'écorce terrestre celles de la structure géologique desquelles 
il est le plus facile de donner une idée par des vues coloriées géologique- 
ment. Le géologue de l'expédition devra employer ce langage graphique le 
plus souvent possible, soit en dressant lui-même des vues des falaises, 
soit en se servant des vues pleines de caractère et de vérité qui ont été 
publiées par MM. Bérard et Tessan. 

» Un périple géologique des côtes de l'Algérie, exécuté sur ce plan 
d'une manière complète, serait, sans aucun doute, un travail très instruc- 
tif, et donnerait indirectement des lumières très étendues sur la compo- 
sition du sol de l’intérieur du pays. 


( 160 ) 


» Malheureusement, il est à craindre que ce projet ne puisse lui-même 
s’exécuter que d’une manière restreinte, parce que dans beaucoup de 
points de la côte il sera difficile ou même impossible de débarquer ; mais 
les îles et les îlots semés dans la mer à peu de distance, pourront du 
moins être très complétement examinés, et cet examen pourrait à lui seul 
résoudre beaucoup de questions. 

» Aucune des îles dont il s’agit n’est considérable : la plus grande de 
toutes , la Galite, n’a qu'environ une lieue de longueur et 476 mètres de 
hauteur; mais on en compte un grand nombre qui sont réparties dans 
toute l'étendue du littoral : 

» 1°. L'ile de la Galite, 

» 2°. L'ile de Tabarque, 

» 3. L'ile Collo, 

» 4°. L'ile Pisan, 

» b°. L'ile Mansouriah, 

» 6°. Lesiles Cavallo, 

» 7°. L'ile Berinshel, 

» 8°. Les ilots du cap Falcon, 

» og. L'ile Plane, 

» 10°. L'ilot du cap Sigale, 

» 11°. Lesiles Habibas, 

» 12°. L’ilot du cap Figalo, 

» 13°. L'ile Areschqoul, 

» 14°. Les îles Zafarines. 

» Je crois inutile de développer ici les diverses chances d'observations 
que paraissent présenter ces diverses iles et ilots. J'ai consigné ces détails 
et ceux du même genre relatifs à divers points de la côte, dans une note 
ci-jointe (13), où, pour plus de commodité, je les passe successivement 
en revue, en marchant de l’est à l’ouest. 

» L'ile volcanique d’Alboran, placée au milieu du canal qui sépare 
l'Afrique du royaume de Grenade, a déjà été étudiée par MM. Webb et 
Berthelot, dont malheureusement le travail n’a pu être publié par suite de 
circonstances étrangères à la science. Elle pourrait être comprise avec fruit 
dans les explorations de la Commission. 

» On pourrait aussi s'arranger pour visiter en allant en Afrique ou en 
revenant, les ilots des Colombrettes situés sur les côtes du royaume de 
Valence; déjà ces iles sont en partie connues par les cartes, les dessins et 
les remarques du capitaine Smyth. La composition des roches en partie 


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d ( 164 ) 


éruptives dont elles sont composées, et la structure cratériforme de quel- 
qués-unes d’entre elles promettent des résultats intéressants. 

» Quant aux îles et îlots qui bordent la côte de l'Algérie, on sait déjà 
par les observations de MM. Bérard et Tessan, et par celles de quelques 
autres observateurs, que leur composition est variée, et il est en soi- 
même probable que la plupart des roches qui existent sur la côte, se 
trouvent dans quelqu’une d’entre elles. 

» Ces îles étant inhabitées et présentant toutes des mouillages pour de 
petits bâtiments, celui qui sera à la disposition du zoologiste et du géolo- 
gue de l'expédition , pourra les y conduire successivement et les y faire 
séjourner avec autant de ‘sécurité que dans une place occupée par nos 
troupes. Ainsi, rien de ce qu’elles peuvent offrir à l'observation ne pourra 
leur échapper, et ils pourront y faire des collections complètes qui, très 
probablement, comprendront non-seulement toutes les productions litto- 
rales de la contrée, mais même toutes les variétés principales des roches 
de l'Algérie. 

» En combinant les observations faites sur ces rochers solitaires, battus 
et dénudés par les vents et les flots, avec celles que pourront lui offrir 
les rayons militaires des villes occupées par nos troupes, le géologue se 
familiarisera avec la composition des roches de l’Algérie et avec les acci- 
dents pittoresques et topographiques par lesquels la présence de ces roches 


se manifeste habituellement à l'extérieur, et se mettra dans le cas de re- 


connaître, même à distance, la présence de ces roches et de profiter d’une 
foule d'occasions passagères et fugitives pour constater leur présence en 
divers points de la côte ou de l’intérieur, et même pour deviner la com- 
position d’un grand nombre de cimes de l’intérieur fortement caractérisées 
par les formes accidentées que MM. Bérard et Tessan ont déjà parfai- 
tement dessinées dans leurs projections orthogonales et leurs vues nau- 
tiques de la côte. 

» Indépendamment des moyens de transport et de sécurité qui, dans la 
prochaine expédition, seront pour le géologue les premiers et les plus 
indispensables des moyens de travail, il sera nécessaire qu’il soit muni des 
objets suivants : 

» 1°. Des réactifs et instruments nécessaires pour faire à Alger même 
une première analyse des minéraux intéressants qu'il aura recueillis. Je 
joins ici, dans la note (14), la liste de ces objets, dont le prix ne dépas- 
sera pas 3 à 400 francs. 

» 2°, Pour pouvoir reconnaître au moins une partie des fossiles qu'il 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 4.) 22 


( 162 ) 


recueillera , il devra avoir avec lui à Alger l'ouvrage de Brocchi (*) sur les 
collines subapennines , la partie géologique de l'ouvrage de Morée (*) et 
l'ouvrage de M. Philippi sur les coquilles de la Sicile (**). Il est fort pro- 
bable qu’une grande partie des coquilles du terrain tertiaire sub-atlantique 
sont déjà figurées et décrites dans ces ouvrages de manière à pouvoir 
être facilement reconnues. 

» 3, Toutes les cartes de l'Algérie publiées récemment par les dépôts de 
la guerre et de la marine, et même tous les plans imprimés et ma- 
nuscrits, devront être mis à sa disposition. 

» 4°. On devra lui fournir en outre une boussole divisée en degrés et 
munie d’un petit pendule en platine pour la mesure des inclinaisons; 

» 5°. Un petit sextant pour les relèvements et la mesure des pentes peu 
considérables ; 

» 6°. Une camera lucida pour dessiner les vues des montagnes et des 
falaises; 

» 7°. Deux baromètres à siphon de Bunten avec un tube de rechange 
pour chacun d’eux; 

» 8°. Deux petits thermomnètres pour la mesure de la température de 
l'air ; 

» 9°. Deux autres thermomètres plus gros pour mesurer les tempéra- 
tures des sources. 

» Tous ces instruments fragiles doivent être en double pour qu'il s’en 
trouve un de rechange si le premier vient à être cassé. 

» Quoique l'hypothèse de la formation des chaînes de montagnes et des 
continents par voie de soulèvement tende à diminuer de beaucoup l’im- 
portance qu’on attribuait autrefois en géologie à la connaissance des hau- 
teurs auxquelles telle ou telle couche a été observée, la mesure des hau- 
teurs doit cependant encore être recommandée à la personne chargée de 
la géologie. Il n’est jamais tout-à-fait sans intérêt, même pour la géologie, 
de savoir que tel dépôt de coquilles marines a été observé à telle hauteur, 
sur les flancs de telle ou telle chaîne, et les mesures de hauteur ont en 
outre de lutilité pour la topographie, pour la géographie physique, 
pour la météorologie et pour la géographie botanique. 


(*) Brocchi; Conchiologia fossile subapennina. 

(*) Expédition scientifique de Morée. — Géologie et Minéralogie ; par MM. Boblaye 
et Virlet, 1833. 

(@%*) Philippi; Enumeratio moluscorum Sicilæ, Berlin, 1836. 


( 163) 


» Indépendamment de l'observation des sources thermales et des sources 
ordinaires, qui intéresse à la fois la physique du globe et la géologie, tout 
le monde comprend qu’un savant dont les études ont embrassé la physique 
ne manquera pas de profiter des occasions qui pourront s'offrir à lui 
pour observer, à l’aide des instruments dont il sera muni, les phénomènes 
météorologiques et hydrographiques qui pourront frapper ses regards, et 
il est naturellement sous-entendu que toutes les facilités possibles lui 
seront données sous ce rapport. » 


Nore (1). — Liste des publications relatives à la constitution du sol de l'Algérie. 

« Les principaux ouvrages et documents qui renferment des données sur le sol de 
l'Algérie sont : 

» Le Voyage de Shaw, publié en 1738. 

» Celui de l’abbé Poiret, publié en 1780. 

» La Préface de la Flore atlantique de M. Desfontaines. 

» Plusieurs lettres et fragments détachés écrits par ce célèbre botaniste et insérés dans 
les Nouvelles Annales des Voyages (année 1830). 

» Les ouvrages de M. Rozet, capitaine d’état-major, qui a fait partie de la première 
expédition d'Afrique en 1830. 

» La description nautique des côtes de l’Algérie, et le bel Atlas de Cartes marines 
des côtes de la régence d'Alger; dont la science est redevable à M. Bérard, capitaine 
de frégate, et à M. de Tessan, ingénieur hydrographe. 

. » Enfin, divers fragments détachés imprimés dans des écrits périodiques, et parti- 
culièrement dans les Nouvelles Annales des Voyages (année 1830), dans la Revue du 
xix° siécle, dans la France littéraire, etc. 

» On peut aussi consulter l'ouvrage de M. Genty de Bussy, conseiller d’État, inti- 
tulé : De l'établissement des Français à Alger. \ 

» De plus, les écrits de M. Dureau de la Malle, de l’Académie des Inscriptions et 
Belles-Lettres, quoique principalement relatifs aux antiquités et aux géographies an- 
cienne et moderne comparées entre elles, renferment cependant aussi beaucoup de dé— 
tails relatifs à la géographie physique et minéralogique. 

» Voyez : 1° Recherches sur l'Histoire de la partie de l'Afrique septentrionale con- 
nue sous le nom de régence d’ Alger, etc., par une commission de l’Académie royale 
des Inscriptions et Belles-Lettres , publiées par ordre du ministre de la Guerre, 1835. 

» 2°. Province de Constantine, recueil de renseignements pour l’expédition ou l’éta- 
blissement des Français dans cette partie de l’Afrique septentrionale ; par M. Dureau de 
la Malle. Paris, 1837. 

» 3°. Recherches sur la topographie de Carthage ; par M. Dureau de la Malle, avee 
des notes, par M. Duspate. 

» Je dois, en outre, plusieurs renseignements importants à M. Dusgate et à M. J. Texier, 
commissaire du Roi à Mostaghanem. 

22e. 


(164 ) 

» Note (2). — Les plus grandes montagnes du petit Atlas, dit M. Desfontainés, telles 
que le Jurjura sur le chemin d’Alger à Constantine, celles de Bélida, à 12 lieues au sud 
d’Alser, de Mayana, de Gericé, à 25 lieues au sud-ouest de cetteville, ne conservent les 
neiges que jusqu’au commencement de mai (*). 

» Le Jergera ou Jurjura, dit ailleurs M. Desfontaines, la plus élevée des montagnes 
de l’est de la Régence égale au moïns nos moyennes Alpes. Le sommet est tout rocher, 
on y voit plusieurs pics dont quelques-uns paraissent inaccessibles. Le dernier du côté 
de l’est est en pain de sucre et fort élevé; il en découle pendant l'hiver, un grand nom- 
bre de torrents qui se jettent dans la rivière de Bougie qui y prend sa source du côté 
du midi. Il n’y avait point de neïges en septembre, dit M. Desfontaines, mais on m’as- 
sura que dans la partie du nord il y en a toujours (#*). 

» M. Léopold de Buch a bien voulu me communiquer la note ci-dessous qui lui a été 

remise autrefois par M. Desfontaines. 
« Les montagnes de Tunis et d’Alger se prolongent de V’est à l’ouest parallèlement à 
la Méditerranée. Elles vont en s’élevant vers l’ouest; ainsi les montagnes d'Alger 
sont plus hautes que celles de Tunis. Je n’ai jamais observé de roches granitiques 
dans toutes les montagnes que j'ai parcourues à Tunis et à Alger; j’ai rencontré des 
schistes dans quelques endroits, tout le reste est calcaire. Les montagnes les plus éle- 
vées que j'ai vues sont : 1° celles de Belide, à 12 lieues sud d’Alger ; 2° celles qu’on 
» nomme Jergera, entre Alger et Constantine; celles de Mayana, à 24 lieues vers le sud= 
ouest en allant du côté de Maroc; 4° celles de Cericé, à 2o lieues au-delà de la Mandia 
» vers l’ouest. J'ai passé au pied de ces dernières en allant à Tlemcen, mais je ne les ai 
» pas visitées parce qu'elles sont habitées par une peuplade indomptée. Elles m’ont paru 
» les plus élevées de toutes ; cependant je n’y ai pas vu de neige à la fin de mai. Les ha- 
bitants d'Alger n'ont dit que dans la province de Titteri, située au centre du 
royaurnre d’Alger, il y avait des montagnes qui ne perdaient pas leur neige l'été, 
et qu’on en trouvait toujours dans les enfoncements (probablement 15 à 1200 toises 
» au-dessus de la mer). » 

» M. de Buch, en me communiquant cette note, ajoute : Il me paraît qu’une partie 
des îles qui longent la côte de la Barbare sont composées de trachyte et de tuff. 
Tuckey , dans sa Maritime geography, en décrit plusieurs ; et MM. Webb et Berthelot 
ont décrit les îles Zapharines , quoique je ne sache pas que leur description très inté- 


ressante soit publiée. 


» Vote (3). — Les montagnes désignées sous le non de petit Atlas qui avoisinent Bé- 
lida et qu’on franchit au col de Ténia sur le chemin de Médeya, ont présenté à M. Ro- 
zet, une formation de marnes schisteuses alternant avec des strates de calcaires mar- 
neux gris ou noir. On y trouve aussi des couches subordonnées d’un grès calcaire 
grisätre. Dans quelques parties, ces marnes passent à un phillade et même à une sorte 
de schiste ardoisé imparfait et toujours eflervescent. M. Rozet a trouvé dans ce système, 
sur le chemin de la ferme de l’Aga à Médeya, quelques fossiles qui ont contribué à le lui 
Pig) 0e 0 | NRT ENS © AN ee EE LE RER pe eg 


(*) Nouvelles Annales des Voyages , 1. XLVII, p. 323. 
(**) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVII, p. 83. 


(165) 


faire rapporter à la formation du lias. Ces fossiles étaient quelques fragments d’huftres, 
de peignes indéterminables, de petites possidonies, quelques bélemnites et une petite 


ammonile. 5 

» D'après M. Desfontaines, le chemin d’Alger à Constantine traverse au-delà du Oued- 
Boujein, une quantité de ravins qui le rendent fort difficile. Le sol y est noirâtre et mêlé 
de petites pierres brisées ressemblant à l’ardoise. Les masses de rochers sont de la même 
pierre, elles sont disposées en couches, ordinairement obliques, et quelques-unes per- 
pendiculaires (*). Cette description rappelle celle que M. Rozet donne des marnes schis- 
teuses du petit Atlas près du col de Témia. 

» D'après M. Desfontaines , le défilé nommé les Portes de Fer, sur le chemin d’Alger 
à Constantine, est fort étroit et situé au fond d’un profond vallon, sur les côtés duquel 
sont des montagnes inaccessibles ; ce défilé peut avoir 3 à {00 pas de longueur. Dans quel- 
ques endroits, il n’a pas plus de 6 à 8 pieds de largeur. Les rochers à droite et à gauche 
sont composés de couches étroites et perpendiculaires parallèles les unes aux autres ; ils 
s'élèvent dans quelques endroits à 5 ou 600 pieds. Ces couches sont elles-mêmes com- 
posées de petites couches horizontales. Les pierres sont calcaires et d’une couleur noi- 
râtre. Il ya beaucoup de couches écroulées les unes au milieu des autres. Celles qui res- 
tent s'élèvent comme des pans de murailles, à une grande hauteur. Elles sont très 
perpendiculaires et leur intervalle est occupé par des arbres; la rivière qui coule au fond 
du vallon est très salée (**). 

» D’après M. Desfontaines, la ville de Constantine est bâtie sur un rocher plat et 
oblong, allongé du nord vers le sud où ils se termine en pointe. Ses couches sont cal- 
caires et légèrement inclinées. I] y a à l’est de la ville un vallon étroit et très profond, 
au fond duquel coule, du sud au nord, une petite rivière ; ce vallon est coupé à pic ; les 
rochers qui en forment les bornes sont composés de couches légèrement inclinées (***). 

» D’après un article inséré dans la Revue du xrx° siècle de janvier 1838, la ville de 
Constantine est bâtie sur un grand rocher calcaire dont les eaux de l’Oued-Rummel 


-baignent le pied à l’est et au nord, et qui ne tient aux plateaux adjacents que par un 


isthme étroit de part et d'autre duquel naïssent deux ravins profonds qui descendent 
vers la rivière en circonscrivant la ville des deux côtés où elle n’est pas baignée par ses 
eaux. 

» Le rocher de Constantine et le terrain adjacent sont calcaires. Sur le plateau de 
Saata-Mansoura se trouvent des carrières de pierre calcaire que l’on convertit en chaux 
dans les fours à chaux situés dans le ravin de Schabtz-el-Ressas. 

» Les rochers qui environnent la ville de Bone sont formés par un calcaire 
gris. L 

» D’après M. Desfontaines, la plus considérable des rivières qui traversent la plaine 
de la Métidja est l’Arach, qui prend sa source du côté du Sahara, au midi d’Alger et 
traverse le mont Atlas où elle coule dans des ravins profonds, puis elle se jette dans le 
golfe d’Alger à environ trois lieues au sud de cette ville. Elle roule des marbres blancs 


(*) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVIL, p. 86. 
(*) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVIL, p. 8. 
(***) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVIL, p. g2. 


_ 


( 166 ) 


et veinés, des spaths calcaires, des pierres ferrugineuses, des stalactites où l’on recon- 
naît très distinctement des troncs, des feuilles de plantes. J'y ai aussi observé, continue 
M. Desfontaines, des morceaux de fer spathique qui m'ont paru fort riches ; deux sortes 
de grès, l’un jaunâtre dontles grains sont fort gros, et l’autre d’un grain beaucoup plus 
fin et d’une substance beaucoup plus compacte (*. 

» On ne trouve plus en Barbarie, dit Shaw , les carrières de marbre dont parlent les 
anciens ; à voir mêine le peu qu’on en a mis dans les plus somptueux édifices de ce pays, 
on serait tenté de croire que ces carrières n’ont jamais existé ou bien que le marbre 
qu'on en a tiré a été transporté ailleurs ; car les matériaux qu’on a employés dans tous 
les bâtiments antiques qui restent encore à Jol-Cæsarea, à Sitifi, à Cirta, à Carthage et 
ailleurs sont assez semblables en couleur et en qualité à la pierre de Heddington près 
d'Oxford (*. 

» La pierre de Heddington est un calcaire oolithique blanchâtre. Tout calcaire blan- 
châtre un peu sableux , à texture lâche et grossière, remplirait les conditions de ressem- 
blance dont Shaw parle dans ce passage. Une partie de ces pierres calcaires proviennent 
peut-être du système tertiaire, . 


» Note (4).— D’après un article inséré dans la Revue du xix° siècle, janvier 1838, la 
rivière de l'Oued-Rummel disparaît un instant au pied du rocher de Constantine, sous 
une voûte ou pont naturel. Là, le lit de la rivière est d’un beau marbre blanc, et on le 
nomme d’4r-el-Kham (la maison de marbre). Cette même rivière forme une première 
cascade avant de passer sous le pont qui est au pied du rocher de Constantine; c’est celle 
dite de Scherschar-Schoukka. Sous le pont, cette rivière disparaît s’enfonçant sous une 
voûte naturelle nommée Gorra, qui a environ 100 mètres de longueur, et 5o à 60 de 
largeur ; son intérieur, que les Arabes nomment Daleimetz (le passage obscur) peut ètre 
parcouru en prenant quelques précautions. Le lit de la rivière a une portée de fusii de 
largeur environ. A la sortie du souterrain elle forme une nouvelle cascade, c’est le 
Schercha de Schekkeba.. 

» L'Oued-Rummel reçoit le tribut des eaux de quelques sources qui surgissent aux 
environs de la ville, Les sept fontaines (Seba Aïoun) du Cumerdied sur la colline de Ni- 
cella ; les eaux de Aïn-el-Ghader, qui s’échappent des parois du précipice aux environs 
de Sidi-Rached à l’angle sud-est de la ville, tombent dans la rivière d’une hauteur de 
30 mètres : celle de Aïn-el-Laouzen, sur la rive droite, entre le gué de Nijez-el-Gha- 
nem et le pont ; celles des fontaines de Sidi-Mabrouk, sur le plateau de Sata-Man— 
soura, de Sapsar (le peuplier), que le bey actuel a fait diriger par des conduits 
souterrains et réunir à celles de Aïn-el-Abab, dans un bassin près du pont, pour les 
besoins de la consommation; enfin les eaux de Aïn-el-Youd, qui s’échappent du 
milieu du cimetière des juifs sur le mont Sidi. 

» D’après M. Desfontaines, les montagnes qui avoisinent Tlemcen sont calcaires, et_ 
l’eau qui en découle en abondance les arrose et les fertilise. Derrière la ville il y a de 
grandes montagnes composées de trois couches posées les unes sur les autres. La pre 


*) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVI , p. 319. 
4 P: 219 
(*) Schaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie, etc. ; {. 1, p. 303, 


( 167 ) 
mière est en plateau et présente des rochers nus coupés à pic, d’où toinbent en cas= 
cade plusieurs ruisseaux. Il y a au sud de la ville, dit M. Desfontaines, un des plus 
beaux vallons que j’aie jamais vus. Des :ources abondantes d’une eau aussi claire que 
le cristal, qui sortent de la première couche des montagnes, forment une rivière qui 
coule sous des voûtes d'arbres fruitiers en se partageant en divers canaux. Elle se pré- 
cipite, tantôt en cascades, tantôt en nappes d’eau, dans des abîmes dont l'œil ose à 
peine sonder la profondeur. Les deux côtés du vallon sont formés par des rochers 
coupés à pic qui se perdent dans les nues, et d’où tombent plusieurs ruisseaux, À leur 
base sont des cavernes profondes qui servent de retraite à des Maures. Un ruisseau se 
précipite perpendiculairement de plus de deux cents pieds; on peut se promener entre 
le jet d'eau et la montagne qui est tapissée de mousse et de fougère. Il y a une cas- 
cade que j'ai remarquée entre toutes les autres : la rivière se précipite perpendiculaire. 
ment deux fois d’une grande hauteur, puis elle coule en nappe sur un rocher incliné. 
11 semblerait que cette cascade a été faite de main d'homme, tant elle est régulière. 

» Tous les rochers sont calcaires et composés de couches horizontales peu épaisses , 
qui semblent avoir été formées par le dépôt des eaux. 

» En marchant pendant une heure vers l’ousst!, on arrive à une fontaine intermittente 
seulement pendant l'été : le jet d’eau est au moins égal au corps d’un homme. Cette 
fontaine se nomme Aïn-Hattar ; elle jaillit avec grand bruit. 

» Je n’ai jamais vu, dit M. Desfontaines, un pays si bien arrosé que celui de Tlem- 
cen. Les habitants comptent environ deux milles fontaines dans l’espace d’environ 
deux lieues de longueur (*). 

» D’après Shaw, la principale source de la Habrah est à Nis-rag, où l’eau sort avec 
beaucoup de bruit et de rapidité. $ 

» D’après le mème auteur, le premier cours du Shéliff, pendant trente. deux milles, 
est à l'Orient ; il reçoit alors le ruisseau de Midroe, village du Sahara, qui est à deux 
lieues des septante sources (**). 


» À une lieue au sud de Jibbel-Deera se trouve, dit Shaw, le Phonne-Jin-Enne, c’est- 
à-dire la source de la rivière Jën-Enne, laquelle, après avoir coulé dix lieues à travers 
un pays sablonneux et sec, se perd peu à peu dans les marais du Shott (*#). 

» D’après M. Desfontaines, les bords du Sahara, jusqu’à cinquante ou soixante lieues 
du sud du mont Atlas, quoique rarement arrosés par les pluies, sont néanmoins fer- 
tiles en beaucoup d’endroits; à la vérité, on y récolte peu de blé; mais le dattier y 
croit en abondance. La fertilité de ce sol sablonneux et en apparence si aride, est due 
aux rivières et aux ruisseaux qui découlent des montagnes de l’Atlas et se perdent dans 
les sables du désert, comme dans une vaste mer, pour reparaître en divers lieux où ils 
forment même des lacs d’une étendue considérable (****), 

» Au-dessous de Nodor, ville située dans le Sahara, sur une montagne, se trouve, 
dit Shaw , la rivière Su-Sellim, qui, après avoir passé Go-Geeda, est absorbée dans 


———————_—_———————…—— …———.——— —————————————————————_——.————_—_—_——_—__ a — 


(*) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVI, p. 332. 

(*) Shaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie, 1. I®r, p. 44. 
(C%*) Shaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie, t. Le, p. 105. 
(*X**) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVIL, p. 327. 


{ 168 ) 


les sables du pays et devient rashig, comme disent les Arabes, c’est-à-dire ne coule plus; 
ce qui est le cas de plusieurs autres rivières de Barbarie, comme Strabon l'avait re— 
marqué il y a long-temps (*). 


» Note 5. — La hauteur moyenne, au-dessus du niveau de la mer, des collines sub- 
atlantiques situées derrière le petit Atlas, aux environs de Medeya, est de 1100 mètres ; 
quelques-unes ( Ahouarah) s’élèvent jusqu’à 1,273 (*). 

» La chaîne du petit Atlas, qui limite au sud la plaine de la Metidja, s’élève jusqu’à 
1,650 mètres au-dessus de la mer. Ainsi ses points les plus élevés dominent seulement 
de 377 mètres les points les plus élevés du terrain tertiaire aux environs de Médeya. 

» L'abbé Poiret dit qu’il a trouvé peu de fossiles sur les côtes, mais que dans l’inté- 
rieur des montagnes, du côté de Constantine et vers le désert de Sahara, les cames 
pétrifiées, Les peignes et plusieurs autres bivalves sont plus communs. 

» M. Desfontaines raconte que pendant son séjour à Constantine le médecin du bey, 
qui était napolitain, lui donna plusieurs coquilles trouvées dans les montagnes voi- 
sines du Sahara. Il doit donc y avoir dans ces montagnes des gisements de fossiles 
assez bien conservés pour fixer l’attention des passants (***). 

» Les environs d'Oran sont formés en partie par un terrain tertiaire, remarquable 
entre autres choses par un gite de poissons fossiles très bien conservés, que M. le pro- 
fesseur Agassiz regarde comme appartenant tous à une même espèce, l’Alosa elongala. 
Je dois à mon collègue M. Fénéon, ingenieur au corps royal des Mines, un échantillon 
très bien conservé de ces poissons fossiles des environs d'Oran, qui paraît se rapporter 
aussi à l’espèce ci-dessus. M. Agassiz a trouvé qu’un échantillon de tripohi d'Oran, con- 
tenant une impression de poisson (Alosa elongata), était presque exclusivement formé 
d'animaux microscopiques. Le fossile caractéristique de ce tripoli, que M. Ehrenberg 
rapporte avec doute au genre Arcella, avait été reconnu déjà dans un tripoli de 
Zante (***). 

» M, Bérard a recueilli aux environs d'Oran des bois silicifiés qui appartiennent pro- 
bablement à cé dépôt tertiaire. 

» D’après des notes que M. Jules Texier, commissaire du roi à Mostaghanem, a bien 
voulu me communiquer, la ville de Mostaghanem est assise sur un calcaire sablonneux, 
dans lequel on trouve des silex et des empreintes de feuilles qui paraîtraient ètre des 
feuilles de vigne, de figuier, de laurier et de caroubier. On y t'ouve aussi des branches 
et des troncs d'arbres, parmi lesquels on distingue des troncs de figuier; on y trouve 
aussi des feuilles de palmier, Ce banc se prolonge sous les hauteurs du fort de l'Est où 
on le perd de vue ; c’est sans doute un tuf moderne. 

» Le ravin qui se trouve sous les murs de sette ville entame des dépôts sablonneux, 
et l’on distingue les différents bancs qui composent le terrain ; ils sont tous horizon- 
taux dans cette partie du territoire , et c’est une masse de sable dans laquelle on trouve 


(*) Shaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie, t. Ier, p. 5a. 
{**) Rozet, Nouvelles Annales du Muséum, t. IL, p. 301. 

{***) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVIL, p. 94. 

(*xk*) Bulletin de la Société géologique de France, t. IX, p. 18. 


( 169 ) 


des feuilles agglomérées par des sucs calcaires. Depuis les roches de Mostaghanem jus- 
qu’à la mer, on voit paraître un calcaire ou une espèce de tuf employé aux construc- 
tions de la ville. Sur le rivage même, on voit des terres tourbeuses, des grès, des 
calcaires coquillers renfermant des couches épaisses d’argile pure ; peut-être trouverait- 
on là quelques indices d’un gîte de lignite. 

» La ville de Sher-Shell, dit Shaw, est fameuse par son acier et sa vaisselle de terre, 
dont les Kabyles et les Arabes du voisinage font un grand usage (*). 

» D’après Shaw, la ville de Nédrôme, située au pied des montagnes de Trara, un peu 
au sud-est de Twunt, est célèbre par ses poteries (**). 


» Note (6). — Les villages de //ad-Reag sont fournis d’eau d’une façon singulière : 
ils n’ont proprement ni fontaines, ni sources; mais les habitants creusent des puits à 
cent, quelquefois deux cents brasses de profondeur, et ne manquent jamais d’y trouver 
de l’eau en grande abondance. Ils lèvent pour cet effet, premièrement, diverses couches 
de sable et de gravier, jusqu’à ce qu’ils trouvent une espèce de pierre qui ressemble à 
de l’ardoise, que l’on sait être précisément au-dessus de ce qu’ils appellent bahar-täht- 
el-erd, ou la mer au-dessous de terre, nom qu’ils donnent à l’abime en général. Cette 
pierre seperce aisément , après quoi l’eau sort si soudainement et ensi grandeabondance, 
que ceux qu’on fait descendre pour cette opération en sont quelquefois surpris et suf- 
foqués quoiqu’on les retire aussi promptement qu’il est possible (***). 


» Note (7).—D’après Shaw (***), il existe dans la Barbarie un grand nombre de sources 
salées, de montagnes de sel et de shibkas. La Oued-el-Mailah, qui est sur la frontière 
occidentale de la régence d’Alger; la Serralt , qui est à l’orient de la mème régence ; 
l'Hamman-Mellwan qui est à neuf lieues au sud-sud-est d’Alger; la rivière salée des 
Beni-Abess, quitraversele territoire des Beeban; celle des Urbyah, près de Tütteri-Dosh; 
celle qui vient du Jibbel-Poosgar, dans le voisinage de Constantine ; la Maïlah, qui 
tombe dans le marais du Shott, vis-à-vis Messeelah ; la Bareekah, qui passe à Nic- 
kowse ; et la rivière de Gor- Bata, sur les confins du Jereed ; toutes ces rivières, dit 
Shaw , et plusieurs autres ruisseaux et sources moins considérables, sont fort salés ou 
saumâtres, 

» Aux environs d’Arzew , dit M. Desfontaines , l’eau est un peu säumâtre. À peu près 
à deux lieues vers le sud-ouest de l’ancienne ville, il y a un vaste lac de sel qui fournit 
une grande partie de la Régence. Il est inépuisable, sa longueur est de près d’une lieue; 
il se remplit d’eau pendant l'hiver, et dans le temps des chaleurs elle s’évapore et le sel 
cristallise (*%). 

» Ces salines, ditShaw (t. I, p. 297), sont environnées de montagnes, et ont près de 
six milles de tour. En hiver, elles paraissent comme un grand lac, mais elles sont sèches 


a ——————————————…"…"—"—"—"”"”"”"—"—"—"—"—"—"—" —"—"—"—"—"—"— —…"—"——.————————_—_—.—.—_— — 


(*) Shaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie; t. l!, p. 49. 
(**) Shaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie ; t. 1 , p. 6o. 
(***) Shaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie; t. 1, p. 160. 
(*XX*) Tome I, p. 296. 

(**XXX) Nouvelles Annales des Voyages ; t. XLVI, p. 338. 


C. R. 1838, 2° Semestre, (T.VIL, N° 4.) 25 


(170 ) 

en été, l’eau s’exhalant alors par la chaleur et le sel demeurant cristallisé au fond. On 
trouve , en creusant dans ces salines, différentes couches de sel, dont les unes ont un 
pouce d’ épaisseur et d'autres davantage; ce qui vient, à ce que je pense, dit Shaw, de 
la différente quantité de sel dont l’eau qui a formé ces couches était imprégnée. Tout 
le terrain de cette saline est rempli de semblables couches entassées les unes sur les au- 
tres. Les salines qui sont eutre Carthage et la Goulette, aussi bien que celles du marais 
de Shott et celles du Sahara ou de son voisinage, sont constituées de la même ma- 
nière. 

» Ilexiste des marais salés du même genre dans le pays des Chiragah, près de la 
Magta, et sur la route d'Oran à Tlemcen. Shaw cite aussi les Shëbkahs de Losvdeah et 
de Kairouan. M. Desfontaines cite à quelques lieues de Caleah un très grand lac de sel, 
comme celui d’Arzew (*). 

» Les eaux de la source thermale appelée Hamman-Meskoutin, près du camp de 
Mjez-Hammar, ont produit et produisent encore desincrustations célèbres même parmi 
les Arabes, par leurs formes bizarres et fantastiques. Il serait intéressant d'examiner si 
le carbonate de chaux s’y trouve uniquement à l’état de spath calcaire ou s’il se trouve 
en tout ou en partie à l’état d’aragonite. 

» On a observé que le point de sortie des eaux se déplace progressivement et que par 
suite une partie de l’incrustation produite se trouve assez loin du point de sortie actuel. 
Ge fait, s’il est exact, pourrait, comme on l’a remarqué, donner naissance à des recher- 
ches curieuses relativement au temps qui s’est écoulé depuis la première apparition de 
ces sources (**). 


» Note (8). — Le plomb et le fer sont les seuls métaux , dit Shaw , qu’on ait décou- 
verts jusqu'ici dans la Barbarie: (On verra plus loin qu’il faut y joindre le cuivre, 
l'argent et l'or.) Le dernier (le fer) est blanchâtre et fort bon, mais il n’est pas en 
fort grande quantité : ce sont les Kabyles des districts montagneux de Bougie qui le 
tirent de la terre et qui le forgent; ils l’apportent ensuite en petites barres aux 
marchés de Bougie et d’Alger. La mine est assez abondante dans les montagnes de 
Dies et de Zikkar; la dernière est la plus riche et fort pesante, et l’on y trouve quelque- 
fois du ( cinnabre 2? ); mais je n’ai point appris qu’on se mette fort en peine de les faire 
valoir dans aucun de ces endroits. Ailleurs (p. 112), Shaw ajoute que les habitants de 
Bougie font un grand commerce de socs de charrue, de bêches et d’autres ustensiles 
qu'ils font du fer qu’on tire des montagnes d’alentour. Cette industrie subsiste encore 
dans la tribu des Toudjah, qui habite près de Bougie. 

» Les mines de plomb de Jibbel-riss-Sass , près d'Hammam-Leef (à quelques milles 
de Tunis); celles de Æannash-Reese et celle de Beni-Bootaleb sont toutes fort 
riches, et l’on en pourrait certainement tirer de grands trésors, si elles étaient mieux 
travaillées (*%#). 

» Je dois à la complaisance de M. Dusgate des échantillons des minerais de plomb 


(*) Nouvelles Annales des Voyages ; t. XLVI, p. 353. 
(**) Article signé C. M. dans la France littéraire, octobre 1837. 
*kk) Shaw, f’oyages dans plusieurs provinces de la Barbarie, t. I®*, p. 306. 


(171) 
exploités dans le Jibbel-riss-Sass où Mont de plomb, près de Tunis ; ils sont com- 
posés de galène et de plomb carbonaté blanc pulvérulent. 

» À la montagne de Soubillah sont contiguës l’Anwaal, la Genufah, la Mankar et 
autres montagnes des Beni-Bootaleb, Kabyles puissants et factieux qui habitent au 
delà des Raigah, 7 lieues au sud-sud-ouest des Steef. Ce district serait le meilleur du 
royaume, si l’on faisait bien valoir ses mines de plomb ; mais les Beni-Bootaleb sont 
jaloux ou si ignorants qu’ils ne veulent pas qu’on en tire plus qu'il ne leur en faut 
pour leur usage et pour payer le tribut (*). a 

» M. Rozet a observé sur la route de Medeya, à 6000 mètres au sud du col de Ténia, 
des minerais de cuivre en filons dans une gangue de baryte sulfatée lamelleuse. Les 
têtes de ces filons s'élèvent de plusieurs mètres au-dessus de la surface des marnes qui 
les renferment. Les minerais sont du cuivre gris , ou carbonate vert, et un peu de 
carbonate bleu. 

» D’après M. Desfontaines , on rencontre au-delà de Shéliff, sur la route d'Alger à 
Tlemcen, l’Oued-el-Fuddah ou Rivière d'argent. Cette rivière, qui ne tarit jamais, 
prend sa source à environ dix lieues au midi dans les hautes montagnes de Cévisi. On 
dit, ajoute M. Desfontaines, qu’on trouve dans ces montagnes des mines de plomb et 
de cuivre. 

» Après l’Harbeen, dit Shaw, la rivière la plus considérable qui entre dans la Shélif. 
est le Oued-el-Fuddah, ou la Rivière d’argent. Cette rivière prend sa source à 
Wan-nash-Reese , qui est une haute montagne très escarpée, dont le sommet est ordi- 
nairement couvert de neige : cette montagne est aussi remarquable par ses mines de 
plomb. ! 

» Après de grandes pluies , la rivière charrie , dit Shaw, des paillettes et des grains de 
ce minéral, lesquels s'arrêtent sur ses bords, brillent comme de l’argent à la lueur 
du soleil ; et c’est de là que vient le nom qu’on a donné à cette rivière (**).(Ce sont peut- 
être des paillettes de mica. ) 

» Le bey de Mascara montra à M. Desfontaines des morceaux de galène et de 
mine de cuivre qui lui parurent fort riches. Ils provenaient des montagnes de la 
contrée (***). 

» Pour aller de Mascara aux mines, dit M. Desfontaines , nous traversâmes droit au 
sud la grande plaine de Mascara , dans une étendue d’environ cinq lieues; puis, étant 
entrés dans les montagnes, nous nous avançämes dans un bois fort épais, en suivant un 
sentier très fréquenté, et nous marchâmes sur les traces de deux lions pendant près 
d’une heure. Ayant passé l’Oued-el-Hammam et un fort ruisseau qui se jette dans cette 
rivière, nous poursuivimes notre route à peu près une lieue au-delà ; puis, tournant un 
peu sur la gauche, nous atteignimes les montagnes où sont les mines. Nous nous éta- 
blimes près de celle qui donne le plomb et qui est très abondante; on avait creusé la 
terre au hasard en plusieurs endroits. Je descendis dans les trous qui avaient peu de 
profondeur et jy découvris une mine de galène fort riche. La direction des filons me 


(*) Shaw, Voyages dans plusieurs provinces de la Barbarie, t. 1°, p. 138. 
(**) Shaw, ’oyages dans plusieurs provinces dela Barbarie, t. L®*, p. 4. 
(#*) Nouvelles Annales des Voyages, t. XLVI, p. 348. 
23. 


(172) 
parut être constamment de l’est à l’ouest. J'en cassai plusieurs morceaux que j’ai rap 
portés avec moi (*). 

» Ces gîtes de galène pourraient bien ressembler à ceux de la Sierra de Gador en Es- 
pagne, près de Malaga , dont la mise en exploitation a produit il y a quelques années 
une révolution dans le commerce du plomb en Europe. Iis méritent d’être examinés. 

» Les mines de cuivre, dit M. Desfontaines , sont à trois quarts de lieue à l’ouest de 
celles de plomb, dans la même chaîne de montagnes et dans le même sol. Il-suffit de 
creuser la terre à deux pieds et demi ou trois pieds de profondeur pour trouver la 
mine dont les filons sont dans la même direction que ceux de la première , c’est-à-dire 
de l’est à l’ouest. La terre même et les pierres qui sont à la surface sont en beaucoup 
d’endroits teintes en vert. Je détachai, dit M. Desfontaines, plusieurs morceaux du 
filon que l’on me fit voir qui sont fort pesants et fort riches. Les mines avaient été creu- 
sées anciennement, car je descendis dans ua grand trou où il y à une galerie qui se 
prolonge à vingt-cinq ou trente pas sous terre, où je reconnus un filon de cuivre. 

» Je dois à M. Dusgate la note suivante sur les mines de l’empire de Maroc; elle est 
extraite du voyage de Jackson, p. 73. 

» On trouve des mines d’or et d’argent dans plusieurs parties de l'empire de Maroc ; 
surtout dans le pays qui avoisine Messa dans la province de Suse. Me trouvant une fois 
à Shituka , dans une visite que j'y fis au vice-roi de cette province, Mhaid-Mohamed- 
Ben-Délémy , et curieux de visiter Messa et le pays où les mines sont situées, je lui 
demandai une escorte, qu'il ne fit pas de difficulté de m’accorder. Arrivé à Messa, je 
me rendis sur les bords méridionaux de la rivière, où l’on me fit voir une mine d'or, 
que l’on me dit avoir été exploitée par les Portugais, pendant qu’ils furent maîtres de 
cette province, et qu'ils avaient comblée lors de leur départ en jetant de grosses pierres 
dans l’ouverture, d’où les Shelluhs ont souvent cherché maïs inutilement de les retirer. 
Ces pierres sont d’une grosseur énorme, et il faudrait employer les plus grandes forces 
de la mécanique pour les ôter. De là on me conduisit dans le lit de la rivière, où je 
découvris, sur un sol bleuâtre, deux couches séparées d’un sable mêlé d'argent en grains, 
(peut-être simplement du mica ou des pyrites) ; je ramassai une petite quantité de ce 
sable que j’envoyai en Angleterre pour être analysé, mais tel est le caractère jaloux de 
ce peuple que malgré que leur ignorance le leur rende inutile, ils ne veulent pas qu’on 
l’enlève en assez grande quantité pour le rendre un objet d’exploitation. 

» On trouve aussi une mine d’argent très riche, dans la même province, près d’É/ala 
et Shtuka ; maïs placée sur un terrain contesté par deux tribus que le désir de la pos- 
séder a rendu ennemies : elle, est devenue par cette cause également sans valeur à l’une 
et à l’autre, 

» Il y a aussi une autre mine d’argent dans la plaine de Msegina près de Santa.Crux : 
on avait fait un rapport très avantageux de sa richesse à l’empereur Sidi-Mohammed , 
qui envoya aussitôt quelques personnes insiruites dans cette partie, pour l’examiner et 
pour lui en rendre compte. Mais avant leur départ, ils furent secrètement prévenus que 
l’empereur voulait décourager l'exploitation de cette mine, dans la crainte que la pro- 
vince ne devint trop riche et trop puissante et qu’elle n’offrit aux habitants les moyens- 


(*) Nouvelles Annales des Voyages ; t. XLVI, p. 340. 


( 173 ) 
de s’affranchir de son joug. Par suite de ses ordres, la mine, après des recherches diri- 
gées dans cette vue’, fut déclarée pauvre et incapable de rembourser les dépenses 
qu’exigerait son exploitation. L'entrée fut comblée, et les SheZluhs découragés par un 
rapport si peu favorable, et re soupçonnant pas le motif qui l'avait fait combler, n’y 
pensèrent plus. Il est probable que cette mine fut exploitée par les Portugais, pendant 
qu'ils possédaient Santa-Crux et Agurem. 

» On trouve aussi de l'or dans la chaîne de Atlas, et dans la Suse inférieure, mais 
on n’exploite pas les mines. 

» La province de Suse produit aussi du fer, du cuivre et du plomb. Dans les monta- 
ghes d’Ædaulit, on trouve du fer, dont les habitants fabriquent des fusils et d’autres 
objets. A Jesellerst, les mines de cuivre sont très abondantes; mais ils ne les exploitent 
qu’à mesure qu’ils ont besom du minerai. 

» Dans la province de T'afilet les mines d’antimoine sont d’une très bonne qualité ; 
on y trouve aussi en grande abondance le minerai de plomb. 

» Le pays des environs de Maroc produit du salpètre. 

» On trouve du soufre au pied des monts Atlas, vis-à-vis Jérodant,-où il existe dans 
la plus grande abondance. 

» Les Arabes de #oled- Abussebah fabriquent de la poudre à canon d’une qualité 
infiniment supérieure à celle de l’Europe ; mais ils font un secret de leur manière de la 
préparer. Celle qui est fabriquée par les Maures est ordinairement d’une très mauvaise 
qualité, sans force et sans vivacité. 

» D’après M. Dusgate, le sable qui se “aie le long du rivage depuis l'embouchure 
della rivière Miliana jusqu’au cap Sidi-Bou-Saïd, près de Tunis, est plus ou moins chargé 
de paillettes d’or dont la quantité est assez considérable pour être devenue l’objet d’une 
exploitation suivie de la part des habitants de la côte. Outre l'or, ce sable offre aussi 
une si grande quantité de grains et de cristaux arrondis, de fer titanifère, que sa couleur 
est quelquefois noire; plus mème cette couleur est foncée et plus les flots ont opéré un 
triage qui diminue le travail des orpailleurs, en débarrassant le sable de toutes les ma- 
tières terreuses dont il était chargé. L'expérience leur a appris que, sous un volume 
égal, le sable le plus noir recèle le plus d’or. C’est aussi celui qu’ils traitent par le 
mercure, moyen dont ils se servent pour obtenir les-petites parcelles de ce métal dissé- 
minées dans le sable et dont l'extraction s’effectuerait difficilement par tout autre pro= 
cédé. Ils en retirent de cette manière, selon ce que M. Bineau a dit à M. Dusgate, une 
quantité suffisante pour gagner leur vie et même au-delà , puisqu’une journée leur rap- 
porte quelquefois 2 francs et même 2 francs 5o centimes, prix très considérable, com- 
paré à la journée moyenne de travail dans ce pays (*). 

» On lit dans un article de M. d’Avezac, inséré par les traducteurs de Ritter et repro- 
duit par M. Dureau de la Malle (**) : « trois grandes collections minéralogiques possé- 
» dent maintenant, à Paris, des diamants recueillis dans! l’état d’Alger, à Constantine, 
» parmi les sables aurifères que charrie le Oued-el-Raml (le Rummel), ou la rivière du 
» sable. Il y a lieu de croire, ajoute M. d’Avezac, que le Oued-el-Dzeheb, ou la rivière de 


(*) Notes jointes à l’ouvrage de M. Dureau de la Malle, sur la Topographie de Carthage, p. 280. 
(**) Bérard, Description nautique des côtes de l'Algérie, p, 119. 


(174) 


» l'or, quise joint au Oued-el-Raml, entre Constantine et la mer, doit son nom aux 
» paillettes d’or que, sans doute, il roule en abondance. » 


» Note (9). — Près du cap Matifou et des ruines de l’ancienne vifle romaine de Rusto— 
nium , Rusgonium où Rusconia ; M. Rozet a observé des roches porphyriques composées 
d’une pâte pétro-siliceuse grisâtre, renfermant de petits cristaux de feldspath blanc, 
quelques grains de quartz vitreux et beaucoup de paillettes hexagonales de mica brun. 
M. Rozet rapporte ces roches au terrain trachytique et il a jugé qu’elles devaient avoir 
pénétré dans le grès tertiaire et même l'avoir disloqué. IL serait à désirer qu'on fit dans 
cette localité des coupes plus détaillées et sur une plus grande échelle que celle de 
M. Rozet, et qu’on y distinguât scrupuleusement les véritables couches régulières du ter- 
rain tertiaire, des strates plus ou moins étendus qui peuvent en avoir l’apparence. 

» D’après M. Bérard, la presqu'’ile d’Aldjerde , près de Collo, est d'un aspect assez 
triste. Elle est bordée de quelques roches arrangées en tuyaux comme des trachytes où 
des basaltes (*). 

» MM. Bérard et Tessan ont rapporté de quelques rochers situés entre Bougie et 
Alger, des échantillons d’un porphyre quarzifère bleuâtre qui ressemble complétement 
aux variétés bleuâtres des porphyres quarzifères de l’Esterel (département du Var) et de 


la vallée de Fassa, en Tyrol. 


» Note (10).— Ras-el-Hamrah signifie cap Rouge, sans doute parce que la roche dont 
il est formé conserve en certains endroits cette couleur. Là se trouve une montagne de 
beau marbre statuaire exploité de toute antiquité. M. Jules Texier l’a observée en 1832, 
l'a décrite et en a envoyé des échantillons (**). 

» À l’est de Tzour-Hamed-Djerbi, près du cap Bibi, la côte, dit M. Bérard, est 
soutenue par de grandes roches ; elle forme un creux dans lequel on remarque une im- 
mense tache blanche qui s'aperçoit à plus de 15 milles en mer; novs lui avons donné 
le nom de Oued-Ali qui est aussi celui de l’enfoncement dans lequel elle se trouve. 

» Peut-être cette tache n'est-elle que l'effet d’un éboulement; il se pourrait aussi 
qu’elle tint à quelque circonstance minéralogique, par exemple à la présence de masses 
de gypse ou de dolomies au milieu des roches calcaires. 


» Note (11). — D'après l’abbé Poiret, les côtes des environs de la Calle et du cap Rose 
ont dans leur aspect quelque chose de lugubre. Une roche qu’il nomme grès à filtrer 
presque noire, que l’eau a percée de milliers de trous, n’offre à sa surface que des re 
aiguës et tranchantes, Frappée continuellement par les vagues cette roche est minée de 
toutes parts et coupée en aiguilles. Lorsque la mer est en furie, et qu’elle se brise contre 
ces rochers arides, elle les pénètre dans tous les sens, se forme des grottes souterraines où 
elle retentit avec un bruit horrible, Le séjour de l’eau sur le sommet et dans les creux 
de ces rochers, y forme peu à peu des ouvertures circulaires, semblables à celles des 


Æ 


(*) Bérard, Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 130. 
(**) Province de Constantine, p. 527. 


(175) 

puits, qui Jes traversent d'outre en outre. Ces ouvertures sont très souvent incrustées in 
térieurement d’une couche épaisse d’un pouce ct plus, d'une substance ferrugineuse 
rouge et brune. J'ai retrouvé à près d’un demi-quart de lieue, dans les terres, dit l’abbé 
Poiret, ces mêmes rochers avec des trous, comme ceux que je viens de décrire, mais 
remplis de terre; preuve évidente (suivant l'abbé Poiret) que la mer a peu à peu aban- 
donné ses anciennes bornes en s’éloignant des côtes et qu’elle était autrefois bien plus 
avancée dans les terres. 


» Nole (12). — Je rappellerai ici textuellement les diverses remarques que j'avais 
faites dans mes recherches sur quelques-unes des révolutions de la surface du globe, 
relativement à la structure orographique du nord de l’Afrique, et au mode de décom- 
position dont le réseau des montagnes compliqué qui couvre ces contrées m'avait paru 
susceptible, ainsi que les conjectures auxquelles n'avait conduit, quant à l’époque du 
soulèvement de ces montagnes, le parallélisme des directions de leurs chaînons avec les 
directions dominantes de certains systèmes de montagnes observés en Europe. 

» Ces dernières conjectures étaient indiquées par la position dans laquelle j'avais 
placé ces remarques dans mon travail et par le rapprochement des noms. 

» 1°, Système des Pyrénées (*). 

» Les directions des petites chaînes de montagnes que les cartes les plus récentes 
(celles du colonel Lapie) indiquent, dans la partie septentrionale du grand désert de 
Sahara , au sud de Tripoli et de l'Atlas, ainsi que la direction de la côte septentrionale 
de Afrique, entre la grande et la petite Syrte, sont exactement parallèles à la direc- 
tion des Pyrénées et à celle des accidents du sol que j’ai indiqués (comme faisant partie 
du même système) en Provence et en Italie. (Sur les cartes dont il s’agit, on voit les 
directions dont il est question, se poursuivre dans le réscau de montagnes compliqué 
qui approche de la côte, mais il devient difficile de les rattacher à des noms de cimes 
ou de crêtes dans une contrée aussi compliquée que peu connue.) 

» 2°. Sysième des Alpes occidentales (**). 

» La ligne qui passe à Manosque (Basses-Alpes), en se dirigeant du N. 26° E. au 
S. 26° O., et que nous avons suivie dans les Alpes occidentales et jusqu’à l’île de Riou, 
au sud de Marseille, étant prolongée dans la Méditerranée, atteint la côte de la Barbarie 
à peu de distance du cap de Tenez ou Tennis, et ne coïncide en ce point avec aucun ac- 
cident remarquable, si ee n’est, toutefois, qu’elle est presque parallèle à la direction 
des montagnes, que la carte de M. Lapie place à l’ouest de la vallée de la rivière Miana. 
Elle est aussi parallèle à quelques chaînons de montagnes qui traversent la partie orien- 
- tale du royaume d’Alger et celui de Tunis, chaïînons dont l’un se termine au cap Bon, 
et dont la direction se retrouvé dans quelques-uns des accidents du sol de l’angle occi- 
dental de la Sicile; mais on remarque surtout qu’au sud du détroit de Gibraltar, les 
traits les plus saillants du relief de l’angle nord-ouest du continent africain paraissent 
ne faire avec cette même direction que desangles de quelques degrés. 


(*) Annales des Sciences naturelles, t. XVIII , p. 318. 
(**) Annales des Sciences naturelles, t. XVIII, p. 411. 


à (176 ) 

» Sur la carte jointe au voyage d’Aly-Bey et sur quelques autres cartes spéciales, on 
voit assez clairement que les nombreux chaînons de montagnes qui traversent ces con- 
trées se coordonnent à deux directions principales. l’une qui court à peu près 
O0. 15° S.-E. 15° N. comme les principaux chaînons de l’Atlas, d'Alger et de Tunis vi- 
sités par M. Desfontaines, se reconnaît dans les montagnes qui s’étendent entre la côte 
de la Méditerranée et la ville de Fez. 

» La seconde, qui nous importe principalement ici, se reconnaît dans une série de 
chaïnons de montagnes et de vallées longitudinales, qui partant du cap 7res-Forcas, 
ou Rusadir, au nord de Melilla , sur la côte de la Méditerranée, et comprenant le flanc 
occidental de la vallée de la zivière Mulvia, Moulonia ou Molochath, dont le cours est 
presque aussi long que celui de la Seine, s’étend vers un point de l’intérieur situé à l’est 
de Tarodant, environ par 30° de latitude nord et 10° : de longitude ouest de Paris. En- 
tre cette ligne et la côte de la Méditerranée, on trouve plusieurs chainons de montagnes 
qui s'étendent dans des directions parallèles , et que différentes rivières traversent dans 
des défilés. Les montagnes Blanches qui se terminent au cap Blanc, presque en face des 
iles Canaries , sont le prolongement le plus méridional de tous ces chainons. 

» La direction générale de ces mêmes chaînons de montagnes étant prolongée du côté 
du N.-N.-E., coïncide à peu de chose près avec la direction générale des côtes orientales 
de l'Espagne depuis le cap de Gates jusqu’au cap de Creuss. 

» 3°, Système de la chaîne principale des Alpes (*). 

» Dans le nord de l’Afrique, le sol de la Barbarie présente plusieurs séries d’ac- 
cidents qui se croisent dans différentes directions , dont l’une, comme je l’ai déjà indi— 
qué plus haut, est parallèle à celle du système pyrénéo-apenuin , et dont l’autre ne s'é- 
loigne que légèrement de la direction des Alpes occidentales. Au milieu de ces divers 
accidents, Les chaînons de montagnes les plus élevés, ceux qui se coordonnent le plus 
directement à la direction des vallées longitudinales et des côtes de la mer, et auxquels 
s'appliquent spécialement les noms de petit et de grand Atlas, courent dans des direc- 
tions sensiblement parallèles à celle qui domine dans les îles Baléares et en Espagne, 
et à celle des différents chaînons de montagnes qui traversent la basse Provence de 
JO. :S.-0. à l'E. : N.-E. 


» Note (13). — L'ile de la Galite est située à 25 milles au N. du cap Nègre; sa plus 
grande dimension est d’un peu moins de trois milles ; elle est formée par des terres 
assez hautes dont les sommets sont bien distincts et très faciles à reconnaître de loin. 
Celui de l’'E., qui est appelé communément Le pic de la Galite, a 377 mètres de hau- 
teur ; sa forme est celle d’un pain de sucre; de près il se présente avec un aspect sauvage, 
étant presque entièrement composé de grands rochers nus et très escarpés. Le sommet 
le plus élevé, qui a 476 mètres, se trouve presqu’au milieu de la longueur de l'ile ; sa 
forme est plus évasée et un peu arrondie. Entre les deux il existe un enfoncement qui 
est cause que, de loin, le pic paraît comme une île. Vers le S.-0., à la distance d’un mille 
et demi, il y a deux îlots ou grands rochers qui sont d’un accès très difficile ; le plus 


{(*) Annales des Sciences naturelles ; t. XIX, p. 220. 


(077 

grand est désigné sur plusieurs cartes sous le nom de Galiton de l'ouest où du Ponant j 
ou simplement Galilon ; l’autre, qui est remarquable par sa forme conique très élancée, 
est connu sous le nom d’arguille, ou aïguille du Galiton; à côté de celui-ci , dans sa 
partie S.-O., il ÿ a un troisième rocher beaucoup plus bas et qu’on n’aperçoit que lors- 
qu'on passe très près. Il existe trois autres îlots dans la partie N.-E. de la Galite, appelés 
les Canis ; le plus gros d’entre eux, qui est aussi le plus en dehors, et à un mille de 
l'ile principale, porte le nom de Galiton de l'Est où du Levant; la un petit rocher 
peu élevé à sa pointe N.—0. 

» Il y a eu des établissements dans cette île, on y rencontre des débris d’anciennes 
constructions ; elle a été souvent le réfuge des pirates, des corsaires et des contrebandiers. 
On y trouve plusieurs sources; le sol pourrait y être cultivé, quoique la couche de terre 
végétale ne soit pas bien épaisse ; ce qui contribue beaucoup à lui donner son air triste 
et désolé,-ce sont les ravages continuels qu’y font les lapins et les chèvres ; toutes les 
plantes naissantes sont détruites. La chasse et la pêche y procurent abondance de gibier 
et de poisson. 

» Cette île, qui probablement est calcaire, offrirait une station intéressante à tous les 
naturalistes de l'expédition. Gênés comme ils ne pourront manquer de l’être sur le con- 
tinent africain, la liberté de recherches dont ils jouiraient sur ce rocher, peut les mettre 
à même d’y résoudre des questions que la rapidité des courses faites à la suite des expé— 
ditions militaires ne permettrait pas même d’aborder , et de rattacher à sa description 
des question importantes. 

» Quelque petits que soïent l’ile et les îlots qui l'entourent , leur étendue surpasse de 
beaucoup celle de la cime du pic du Midi de Bigorre, qui à elle seule a fourni à M. Ra- 
mond, le sujet d’un mémoire intéressant. 


» À l’est du cap Roux, la côte devient haute et très escarpée ; elle est presque entière- 
ment composée de roches dont quelques débris sont tombés à la mer; on voit cepen— 
dant des endroits cultivés dans les vallons. Le cap de Tabarque est de même nature et 
d’un aspect aussi triste ; à son pied même, il y a une ligne de roches peu élevées au-des- 
sus de l’eau et qui s’avancent jusqu’à une encâbiure et demie au large. La côte, en ce 
point, se courbe vers le S.-E. de manière à former ure baie beaucoup plus large que 
profonde à l'ouverture de laquelle on remarque tout d’abord l’île de Tabarque, rocher 
stérile couronné de fortifications. La partie sud de Tabarque se termine en pointe et se 
réunit à la côte ferme par un banc de sable dont une petite partie {seulement est sub- 
mergée, et qui était moins élevée autrefois, puisqu'on dit que les galères y naviguaient 
librement, tandis qu'aujourd'hui il n’y a que des embarcations légères qui puissent pas- 
ser au milieu ; on assure aussi que ce banc s’est formé sur une digue construite par les 
troupes du bey de Tunis pour s'emparer de l’île. 

» Vis-à-vis la baie dans laquelle se trouve l’île de Tabarque, correspond sur le con- 
tinent une grande vallée où coule une rivière; à partir de là jusqu’au cap Neigre, les 
terres qui sont au voisinage de la mer sont basses et formées en grande partie par des 
dunes ou des terrains sablonneux assez remarquables par leurs taches jaunes; on voit 
au loin, dans l’intérieur, les sommets de quelques montagnes, La rivière dont nous ve- 
nons de parler se jette à la mer au sud de l’île; c’est elle qui probablement contribue le 


C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 4.) 24 


(178 ) 
plus à faire élever le banc de sable qui, peut-être un jour, la joindra au con- 
tinent (*). 

» Ces attérissements et ceux qui sont occasionés par les embouchures des autres ri- 
vières de la Régence, méritent d’être observés chaque fois que l’occasion s’en pré- 
sentera. 

» Le cap Roux, dit M. Bérard, est foriné de roches de couleur rousse, il est escarpé 
de tous les côtés. Le danger des Sorelles se trouve juste sous le même méridien à 27 
milles + de distance (*), 

» Le golfe de Stora, le Sinus Numidieus des Anciens, s’étend du cap de Fer aux Sept- 
Caps (Sebba Rous). ; 

» Le cap de Fer est un rocher escarpé et blanchâtre. 

» Les Sept-Caps sont élevés et stériles, et s’étendent avec leurs baies étroites et dan- 
gereuses, jusqu’à Cull. 

» D’après M. Bérard (***), le Ras-el-Hamen est un massif de roches, taillé à pic du 
côté de la mer et couronné de quelque peu de végétation. Il a été ainsi appelé à cause de 


la quantité de pigeons qui viennent se réfugier dans les crevasses que présentent les di- 
verses couches dont il est composé. A $a partie la plas avancée vers V’E., il y a un îlot 
d’un seul bloc, remarquable par sa forme extraordinaire; quand on le voit du mouil- 
lage du Cassarin, il ressemble exactement à un lion. Aussi lui en a-t-on donné le 
nom. 

» La description de ces divers points, les vues qu’en donnent MM. Bérard et Tessan 
ne permettent pas de douter qu’il n’y ait sur toute cette côte de belles falaises à 
observer. 

» L'abbé Poiret le dit d’ailleurs positivement. D’après lui , l’aspect des côtes depuis 
le cap Nègre , par-delà l’île de Tabarque, jusqu'aux Sept-Caps après le golfe de Bone, a 
quelque chose d’effrayant par les rochers affreux qui tombent à pic dans la mer. A Ta- 
barque, au cap Roux, au cap de Fer et vers les Sept-Caps, ces rochers sont, dit l’abbé 
Poiret , d’un grès grossier, jaunâtre, noir ou brun, divisés en grandes masses irrégulières. 
Cette description un peu vague ne permet guère de décider de quelle espèce de roches 
sont composées les falaises redoutables dont il s’agit. Il sera intéressant de s’en assurer 
et peut-être trouvera-t-on dans les belles coupes de terrain que présentent ces falaises 
d'importantes observations à faire. 

» Après le Ras-Rebeltefa , il y a une petite anse où les barques de la côte vont se réfu- 
gier dans le besoin; elles peuvent aussi s’amarrer à l’f/e Collo, qui est à peu de distance 
et qui, à cause de sa masse et de son étendue, offre un meilleur abri. Cette île a environ 
60° de hauteur; son sommet est arrondi , et d’une couleur roussâtre; toute sa partie N. 
est d’un aspect aride, tandis que du côté opposé on trouve quelque végétation ; quand 
on arrive du large elle devient difficile à reconnaître, parce qu’étant entièrement pro 
jetée sur des terrains semblables de la côte, elle disparaît Lorsque nous l’avons visitée, 
elle était habitée par un grand nombre d'oiseaux d’espèces différentes. 


(*) Bérard , Description nautique des côtes de lAlgérie, p. 143. 
(**) Bérard, Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 143. 
(*#*) Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 133. 


(179 ) 

» Cette île, dont la composition minéralogique est très probablement la même que 
celle des montagnes de la côte adjacente, pourrait présenter de l'intérêt. 

» L'ile Pisan est un rocher de cinq cents mètres de longueur; son sommet , tronqué 
et incliné vers l’O., a environ 50 mètres d’élévation ; ses flancs sont garnis de quelque 
végétation surtout vers Le sud. Elle peut offrir un abri pour les barques de la côte ou de 
petits bâtiments (*). 

-» Cette île peut encore donner lieu à une exploration géologique, puisqu'il paraît 
qu’elle présente un développement considérable de falaises ou de rochers. 

» L’ile Mansouriah est située très près de terre de manière à offrir un bon abri pour 
les navires ordinaires du commerce : elle est peu élevée et reconnaissable à un petit ma- 
melon conique arrondi qui occupe sa partie E., tandis qu’elle est très basse et rocailleuse 
à l'extrémité opposée, où elle communique à la terre ferme par une chaîne de roches 
hors de l’eau ou à fleur d’eau. Les montagnes des environs sont élevées et forment un 
gros massif sur lequel cette île est toujours projetée, ce qui est cause qu’on la distingue 
difficilement (**). \ 

- » D'après ces renseignements il est permis de présumer que l’examen de l’île de Man- 
souriah ferait connaître tout le massif de montagnes adjacent , surtout si, comme cela 
paraît probable, il s’agit ici de montagnes calcaires. 

» AVE. du cap Cavallo, il y a plusieurs pétites îles, îlots ou rochers, désignés eur 
quelques cartes sous le nom d’f/es Cavallo ; l'une d’elles est assez remarquable par sa 
forine conique et assez élevée, qui, dans certaines positions, la fait prendre pour le pain 
de sucre du cap Cavallo. Shaw lui donne le nom de Zeert-el-Heile, On y voit quelque 
peu de végétation ; les autres ne sont que des rochers arides, bas et situés près de terre. 
La baie ouverte dans laquelle elles se trouvent est formée par des plages entrecoupées 
de quelques falaises basses, composées de roches noires. Il n’y a qu’un abri pour les 
vents d’E. auprès de l’île Plate. 


» Auprès de l’ile Plate s’avance une pointe de roches de même nature qui se confond 
souvent avec elle. Ensuite , la côte forme un petit enfoncement garni d’une plage ; puis 
viennent quelques falaises, et enfin une roche isolée d’un rouge de feu, que les Arabes 
ont appelée pour cette raison 4/fa. Au N.-E. de celle-ci on voit trois petits rochers noirs 
à fleur d’eau qui s’éloignent jusqu’à un quart de mille. Le fond des environs est madré- 
porique : on y trouve du corail rouge (***). Cette localité pourrait offrir de l'intérêt à tous 
les naturalistes de l’expédition. ’ 

» D’après M. Bérard (****), les terres qui forment le Raz-el-Amousch sont hautes , elles 
occupent une grande surface de l'E. à l'O. ; la montagne principale ; dont le sommet a 
850" de hauteur, s'appelle Schénonah. Elles sont détachées des montagnes de l’intérieur 
par une vallée assez large, ce qui est cause que de loin ce cap paraît comme une pres- 
qu’ile, surtout en venant de l'O. ; à son extrémité la plus avancée vers le N., on voit l’île 
Berinshel, rocher d’environ 20 mèt. de hauteur, au sommet duquel il est resté un peu de 


(*) Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 104. 

(**) Bérard, Description nautique des côtes de l'Algérie , p. 100. 
(XX) Bérard, Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 112. 
(XX**) Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 155. 


( 180 ) 


terre végétale avec quelques plantes, des raquettes surtout; sa distance au cap ést de 
plus d’une encäblure: ïl est entouré de roches principalement du côté du sud. 

» L'examen de cet ilot déciderait probablement de la constitution géologique du cap 
Ras-el amousch, surtout si ce cap est calcaire. Il serait probablement trop dangereux de 
débarquer sur le cap même pour qu’on puisse y engager la Commission. 

» Les deux pointes du cap Falcon sont environnées de quelques roches ou îlots peu 
élevés (*). Si l’on ne pouvait débarquer sur le cap on pourrait toujours examiner ces 
îlots, ce qui suppléerait peut-être en partie au débarquement. 

» Vers le milieu de la grande baie qui sépare le cap Falcon du cap Lindlès, à la dis- 
tance de moins de 4 milles nautiques, il y a un ilot bas qui porte le nom de f/e plane, 
C’est un rocher qui paraît plat en effet, vu de toutes les directions ; mais lorsqu'on est 
dessus on le trouve très inégal; il offre quatre ou cinq sommets aplatis, distincts entre 
eux , de hauteurs à peu près égales; sa plus grande dimension est dirigée de l'E. à l'O.; 
il est entouré de beaucoup d’autres rochers séparés, surtout du côté de l’O. Au milieu 
de tous ces débris rocailleux, on remarque deux petits ports, l’un à V'E., l’autre 
à l'O.-S.-0., dans lesquels les bateaux peuvent se réfugier (**). 

» Cette réunion de roches déchiquetées où l’étude des animaux marins et des plantes 
marines présenterait probablement de l'intérêt, pourrait en mème temps être étudiée 
avec fruit sous le rapport géologique. Je crois devoir le signaler aux naturalistes de 
l’expédition. 

» Le cap Sigale, quoique peu élevé, est formé de rochesblanches inclinées. Il ÿ a auprès 
de lui quelques rochers détachés, un gros îlot à environ un mille dans O;-S.-0:, et 
dans le N. , à un mille et demi, trois roches basses noirâtres, rapprochées et couvertes de 
moules (***). : 

» AuN.63°0. du cap Sigale, à la distance de 6 milles, sont les les Habibas environ 
nées d’un grand nombre de roches isolées et toutes disposées dans une direction géné 
rale du N-E. au S.-C.; la grande est à l’estrémité S.-O. C’est aussi de ce côté que les 
petites roches s’avancent le plus au larve, c’est-à-dire à environ un mille. Elle est encore 
la plus élevée son piton S. ayant 118 mètres. Celle du N.-E. est basse et occupe en sur- 
face environ Je quart de la première. Dans l'intervalle qui les sépare, il y a deux gros 
ilots bien escarpés qui rendent le passage très étroit, mais navigable cependant pour les 
embarcations. M. Bérard indique dans ces îles des mouillages pour de petits bâti 
ments (***#). 

» Le cap Fégalo, dit M. Bérard, est un des caps les plus avancés de la côte, il est 
très escarpé, presque taillé à pic; son somumet paraît arrondi de quelque côté qu'on le 
regarde. Quand on le range de près, on remarque à son pied des couches basaltiques ow 
trachytiques qui affectent toutes sortes de directions. 

» À l'O. de ce cap, à moins d’un demi-mille, il y a un petit ilot ou plutôt un rocher 
noir à peine élevé au-dessus de l’eau , composé de plusieurs assises arrangées en tuyaux 
comme les basaltes : à quelque distance se trouvent cinq petites îles si voisines de la 


(*) Bérard, Descriplion nautique des côtes de l'Algérie. 
(**) Bérard, Description nautique des côtes de l'Algérie, 
(***) Bérard, Description nautique des côtes de l'Algérie. 
(t##*) Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 156, 


: 


({ 181 ) 
tôte qu’on ne peut les distinguer que lorsqu'on en est très près (*). L'examen de cet 
Îlot, des petites îles et du cap, si l’on peut débarquer aussi sur ce dernier , fournira à 
la personne chargée de la géologie dans l’expédition un cbjet de recherches in- 


téressant, 
» À l'O. du cap Oussa, dit M. Bérard, à la distance de sept milles, se trouve l'ile 


Areschqoul ou Harschgoun, située au N. d’une petite anse bordée d’une plage de sable, 


vise jette la Tafna, rivière de Tlemcen, Cette île est plus haute à sa partie N. qu’à 
son extrémité S. ; sa plus grande longueur est d’environ un demi-mille dans le sens du 
méridien. Son élévation au-dessus du niveau de la mer est d’environ 60 mètres; ik y a 
des mouillages, 

» L’extrémité ouest de l’anse dans laquelle se jette la Tafna est terminée par une 
grosse pointe entourée d’un grand nombre de rochers noirs dont le plus gros est aussi le 
plus éloigné vers le large. 

» Entre l’île 4reschqoul et le cap Noé; on voit aussi deux gros rochers ou flots peu 
éloignés de la côte et auprès desquels les barques du pays trouvent des abris (**). 

» Les îles Zafarines , au nombre de trois, sont situées au N. d’Ei-Agna, à un milleet 
deux tiers de distance ; elles $ont petites et très voisines l’une de l’autre. La plus à l'O., 
qui a 135 mètres de hauteur, est la plus élevée; elle est séparée de celle du milieu par 
un canal d’un tiers de mille. L’île du milieu a {1 mètres de hauteur, sa forme est presque 
ronde. Le petit canal qui la sépare de l’île la plus à l'E. est profond et sans aucun dan= 
ger. Celle-ci n’a pas un demi-mille dans sa plus grande dimension; elle est très découz 
pée, fortétroite en de certains endroits. Elle a plusieurs sommets qui de loin ressem= 
blent à autant d’ilots, et dont le plus élevé peut avoir 400 mètres, 

» Ces îles offrent un mouillage assez sûr. 

» Leur sol granitique, dit M. Bérard, est recouvert d’une petite couche de terre vé: 
ÿétale où l’on voit quelques plantes rabougries. 

x Les roches granitoïdes dont les îles Zafarines se composent devront être l’objet d’urt 
examen détaillé; 

» D’auttes observateurs les ont considérées comme volcaniques. Ce sout peut-être des 
trachytes granitoïdes. 

» MM. Webb et Berthelot ont communiqué à M. de Buch une description manuscrite 
des îles Zafarines dans laquelle les roches dont ces îles se composent sont rapportées au 
lerraiu trachytique. 

» Note (14). — Liste des ustensiles ét réactifs chimiques qui seront nécessaires pou 
faire à Alger même une première analyse des minéraux qu’on aura pu recueillir, 

» Un petit creuset de platine, 

» Une capsule très mince en platine. 

» Un creuset d'argent. 

» Une lampe à alcool avec ses accessoires pour les opérations chimiques de toux 


genres. 
» Une trousse cornplète pour lés essais au chaluireaur. 


(*) Description nautique des côtes de l'Algérie, p. 177. 
{**) Description nautique des eüies de l'Algérie, p. 159 — 181: 


( 182 ) 


» Une caisse renfermant une vingtaine des réactifs les plus fréquemment employés. 
». Une douzaine de petites capsules de porcelaine. , 

» Quatre douzaines de petites fioles, six verres à pattes, six entonnoirs. 

» Trois douzaines de petits tubes fermés pour les essais. 

» Une balance pour les analyses. 

» Un barreau aimanté. 

» Un goniomètre d'application de Haüy. 

» Un assortiment de loupes. 

Un microscope pour l’exainen des roches. » 


Instructions sur les travaux à faire concernant la Géographie et la 
Topographie ; par M. Bonrx pe Samnr-Vincenr. 


« Jusqu'à l’époque de l'expédition dont la conquête d’Alger fut le glo- 
rieux résultat, on ne possédait aucune carte de cette partie septentrionale 
de l'Afrique où l’on manifeste l'intention d’expédier aujourd’hui une com- 
mission scientifique et exploratrice. Dès que la France eut définitivement 
établi sa domination sur cette contrée, le général Pelet, en sa qualité de 
directeur du dépôt de la Guerre, mit tous ses soins à recueillir les 
matériaux propres à en dresser un travail pareil à celui qu’on'doit à l’ex- 
pédition libératrice de Morée. Les officiers de l'État-Major, d’après un 
rapport au Ministre duquel relève le dépôt, eurent ordre de ne pas faire 
un pas dans le pays qu'ils n’en rédigeassent la reconnaissance selon le 
mode prescrit pour la confection de la carte de France; et comme le ser- 
vice de ces officiers au quartier-général, ou près des généraux auxquels la 
plupart sont personnellement attachés, ne permettait pas toujours qu'ils 
obtempérassent ponctuellement aux demandes qui leur étaient faites de 
Paris , d’autres officiers également zélés, exercés et capables, ont été, à di- 
verses reprises, envoyés en Algérie pour s’y livrer exclusivement à des tra- 
vaux de géodésie et de topographie. Chaque expédition faite dans l'intérieur 
des terres et les moindres marches militaires, furent donc accompagnées 
d'officiers d'état-major auxquels on enjoignit de rédiger et de dessiner des 
itinéraires complets. À l’aide des beaux matériaux de ce genre, provenus 
de diverses opérations de guerre, on put bientôt composer des cartes de 
plus en plus perfectionnées, et autant que possible tenues à jour, s’il est 
permis d'employer cette expression, pour les approprier aux besoins de 
chaque moment. Les intervalles non visités entre le réseau des reconnais- 
sances régulières, mais la plupart faites à la boussole, y étaient remplis 
d’après les renseignements pris sur les lieux et sur le dire des habitants. 


F 


LR 


EPS CPP CPE 


(183) 


Toutes les fois qu'on pouvait se procurer des rectifications ou des con- 

-naissances nouvelles, on avait soin de les ajouter ou de les substituer 
sur les planches gravées provisoirement; c’est ainsi, par exemple, que 
les alentours dé Mascara, où certains détracteurs prétendirent voir un ro- 
man quand le duc d'Orléans accompagna le maréchal Clausel dans son 
expédition, ont été rétablis tels qu’on put les relever alors sur l’une des 
feuilles provisoires publiées à la hâte, et qui, par les changements qu’elle 
a subis, demeure exempte d’erreurs. 

» Cependant la position d'Alger avait été seule parfaitement détermi- 
née. Le commandant Filhon en fit même le point de départ d’une trian- 
gulation qui s’étendit à une vingtaine de lieues de distance des côtes : 
mais hors de ce canevas , d'excellents matériaux, que ne liait entre eux 
nulle triangulation, demeuraient presque inutiles pour former un tra- 
vail d'ensemble digne du dépôt de la Guerre. 

» Dans ces entrefaites, la prise de Constantine assurant plus de sécu- 
rité à nos mouvements, et permettant qu'on s’écartt davantage des routes 
battues, les explorations de MM. les officiers d'état-major en acquirent 
un nouveau prix. Le dépôt, dont l’une des attributions principales con- 
siste à dresser les meilleures cartes possibles des contrées que nos armées 
occupent ou occupérent, le dépôt ne pouvait négliger ses devoirs, et le 
général qui le dirige demanda sur-le-champ qu'il fût organisé une 
brigade topographique à l'instar de celle à qui le monde savant doit 
la belle carte de la Grèce comprise dans la publication de cette Commis- 
sion scientifique de Morée, où je fus chargé de conduire et de partager les 
explorations de la section des sciences physiques. , 

» Il n'en est pas de la géographie comme des autrés branches de nos 
connaissances, auxquelles aucun corps spécial n’est chargé de donner une 
direction dans les pays où l’on guerroie. Il existe pour elle un centre per- 
manent organisé, où les travaux de toute nature, faits sur le terrain 
même où opèrent les armées, aboutissent promptement. Tout ce qui tient 
à cette science par quelque point collatéral que ce soit, est du ressort 
d'un corps d'officiers que de très fortes études mettent en état de bien 
voir et de faire non moins bien connaître ce qu'ils ont vu. Les opérations 
géodésiques, le calcul et les arts du dessin , leur sont des choses familières; 
il leur est recommandé de faire non-seulement de la topographie irrépro- 
chable par l'exécution et la multitude des détails, mais de rendre dans 
de fidèles paysages jusqu’à l’aspect des lieux. Ils doivent se livrer concur- 
remment à la recherche de tout ce qui tient à la géographie ancienne, 


L 


E (184) 
dont il est impossible de parler raisonnablement sans la connaissance pré- 
cise de la géographie moderne. Il leur est enjoint de rechercher avec la véri- 
table orthographe des noms de lieux, jusqu’à leurs étymologies; de recueillir 
les notions statistiques les plus minutieuses, de mentionner les ressources 
en tout genre qu'offre la contrée, les produits de l’agritulture, l'essence 
des bois, les procédés agronomiques, la nature des eaux, le parti qu'on 
pourrait tirer de leur volume sous les rapports industriels, les variations 
de la température, les productions naturelles quand elles influent sur la 
physionomie locale, les-caractères géologiques des terrains, en un mot 
cette multitude de faits dont la connaissance passe aux yeux du commun 
des hommes pour étrangers à l’art des combats, mais dont l’omission 
dans les rapports demandés, ferait rejeter ceux-ci comme incomplets ou 
sans valeur par la commission d'état-major chargée d’en évaluer le mérite. 
J'ai dù par devoir examiner plusieurs mémoires militaires rédigés selon 
de telles instructions par de jeunes officiers sortis de l’école d'application, 
et ces mémoires, que n’eussent pas désavoués les savants de profession, 
motivent, plusieurs du moins le supposent, lombrage que prennent 
de naissantes capacités, certains généraux, réputés d’ailleurs expérimen- 
tés, mais qui semblent croire qu’à l'armée, la bravoure et le réglement 


tenant lieu de tout, la science est incompatible avec ce qu'ils appellent Le” 


métier. La supériorité qu'ont montrée les officiers d'état-major dans la 
carrière géographique est telle, qu’un autre corps savant, en éprouvanit non 
de la jalousie, mais une noble émulation, paraît vouloir former en Afrique 
une brigade d'élèves chargés de faire aussi de la topographie, au moyen 
de laquelle le comité du génie publiera probablementune carte à son tour. 
Ainsi, on le voit, la géographie africaine ne peut tarder à se compléter 
sans le moindre secours étranger au département de la Guerre. 

» Le ministère qui s’acquit un immortel renom sous la restauration 
même par la délivrance de la, Grèce, jugeait autrement du corps d’état-ma- 


jor que le vulgaire, et le général de Caux, son digne appréciateur, qui te- 


nait alors le portefeuille , voulut faire participer ses membres à la gloire 
pacifique de cette commission exploratrice, sur les attributions et la compo- 
sition de laquelle vons fûtes autrefois consultés, que vous avez en quelque 
sorte organisée vous-même. On vous engagea à présenter des physiciens, 
des naturalistes, des peintres ou dessinateurs, des antiquaires, des sculp- 
teurs et des architectes, ainsi qu'ärédiger des instructions à leur usage ; aux 
officiers d'état-major seuls fut réservée la tâche de. s'occuper de géodésie 
et de topographie, avec injonétion de faire aussi surb place, #Pausanias, 


F sv 7 


PT 


(185) 


Strabon, Polybe et Thucydide à la main, de la géographie ancienne , 
mais en la dégageant autant que- possible de ce fatras d’érudition qui, 
lorsqu” on s'occupe de cette fraction de la science seulement dans le ca- 
binet, l'obscurcit en général bien plus qu’elle ne l’éclaire. Le Ministre de 
la Guerre suivit alors l’exemple de celui de la Marine, qui s’enorgueillissant 
à bon droit d’avoir sous ses ordres des officiers capables de dessiner d’ad- 
mirables cartes, et d’en assurer l'exactitude par la rigueur des plus su- 
blimes calculs, ne va point hors de son département chercher des secours 
qui greveraient inutilement son budget, sans le moindre avantage dans 
l'intérêt des sciences. Une prete topographique fut donc simultané- 
ment organisée, et annexée à l’une des sections formée d'après votre 
avis préalable. Cette brigade ou section supplémentaire a fait ses preuves. 
MM. Peytier, Boblaye et Servié, y furent spécialement chargés de la 
triangulation que vous connaissez. Le second de ces officiers a, par son 
excellent Essai sur les Ruines de la Morée, montré que nul n'aurait mieux 
traité que lui de la géographie de tous les âges. Quant au mérite de ceux 
de ces Messieurs qui furent chargés de figurer le terrain , on en peut juger 
dans la carte en six feuilles du Péloponnèse, ou dans celle des principales 
iles de l’Archipel, que le général Pelet fit exécuter avec une si étonnante 
célérité; ces cartes sont comprises dans le grand ouvrage dont la direction 
me fut confiée, et que possède votre bibliothèque. 

» Le directeur du Dépôt à donc senti, dès qu'il y eut possibilité, 
qu'il était dans ses devoirs de faire explorer méthodiquement, par une 
brigade topographique, un pays occupé par nos soldats. Sans attendre 
qu'il fût question d'une commission scientifique pour l’Algérie, il a soumis 
au Ministre le plan d'une brigade topographique africaine, Ce même capi- 
taine, Boblaye, qui contribua pour une si grande part à la triangulation de 
la Grèce, ainsi qu'à sa description géologique, qui fixa les positions de 
Sparte et “d'AMÈSes: est en ce moment sur l'antique Cirtha, que repré- 
"sente Constantine, et doit, après en avoir déterminé la LB et la 
‘latitude, continuer ce qu’il y a de fait sur la triangulation, par M. Filhon. 
En même temps, le commandant Saint-Hypolithe, ayant d’autres capitaines 
sous ses ordres, est chargé de la topographie. Ces Messieurs doivent lier 
leurs résultats au littoral que nous a fait si bien connaître le capitaine 
de corvette Bérard, dans les magnifiques cartes gravées par les soins de la 
Marine , et que M. Arago a mises dernièrement sous les yeux de l'Académie. 

» Je ne pense donc point qu'il soit nécessaire, pour faire le mieux possible 
la géographie ancienne et moderne des provinces barbaresques, de rédiger 

C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VIT, N° 4) 25 


(186) 


d’autres instructions que celles que le général Bernard adressa lui-même 
à M. le Maréchal-Gouverneur, afin qu’elles servissent de règle aux offi- 
ciers de la brigade topographique maintenant en travail de l’autre côté 
de la Méditerranée ; il suffirait , ce me semble, de recommander à MM. les 
officiers d'état-major de faire toujours aussi bien qu'ils ont fait Jus- 
qu'ici. L'Algérie d’ailleurs, si l’on ne songe point à l’abandonner, comme 
ont osé le proposer quelques personnes dont la voix heureusement n’aura 
pas d’écho chez les cœurs français, ne rentre-t-elle pas dans le domaine de 
la carte de France, pour la confection de laquelle il n’a jamais été, que je 
sache , demandé d'instructions particulières à qui que ce soit, par aucun 
Ministre ? » 


«M. Bory de Saint-Vincent insiste pour qu'il soit établi un zoologiste 
et un entomologiste particulièrement en résidence à Constantine : il re- 
garde ce point comme bien plus essentiel à explorer que les rivages. 
Quel que soit le système d'occupation que le Gouvernement adopte 
pour l'Algérie, le littoral demeurera toujours d’une exploration facile; les 
productions de la mer, quelque intéressantes qu’on les suppose sur les bords 
africains , n’ont pas la même importance scientifique que celles de l’intérieur. 
Le bassin méditerranéen offre à peu près les mêmes objets dans tout son 
pourtour, et la plupart ont été déjà fort bien observés sur divers points 
des côtes; mais il n’en est pas de même pour l'intérieur du pays, que 
quelques personnes craignent de voir bientôt abandonner. C’est pré- 
cisément pour ces contrées qu'on peut ne pas vouloir conserver, 
que les expéditions scientifiques du genre de celle de Morée sont utiles ; 
pour les pays qu’on veut garder elles ont peu d'importance. C’est donc sur 
Constantine que doit porter l'attention de l’Académie. On circule assez li- 
brement dans le pourtour de notre dernière conquête; on a déjà reçu au 
Dépôt de la Guerre, par les soins du général Pelet, les matériaux à dix et 
quinze lieues de diamètre, pour en faire une carte aussi bonne que celle 
des environs de Paris: ainsi le zoologiste et l'entomologiste y pourraient 
faire des recherches véritablement utiles en sécurité, et je crois, par la 
connaissance que j'ai acquise de ce qui convient au succès des expédi- 
tions scientifiques , que c’est sur le centre de l'Algérie, dont la possession 


est précaire , et non sur les côtes, que l'attention du Gouvernement doit 
être principalement appelée par l'Institut. » 


guss 
1 


[x } 


(187) 
Instructions médicales pour la Commission scientifique d'Afrique; par 
M. Serres. 


(Lues le 26 mars 1838.) 


« La médecine a eu peu de part jusqu’à ce jour dans les instructions 
diverses données par l’Académie aux commissions scientifiques. On con- 
coit en effet le peu d'intérêt qu'offrent pour cette science les voyages de 
circumnavigation, dans lesquels on n’a ni le temps ni les moyens de se li- 
vrer aux recherches délicates qu’exigent les observations médicales; puis- 
que ce n'est, pour ainsi dire, qu’en passant, que les Commissions se 
mettent en rapport avec les peuples qu’elles visitent. 

» Mais il n'en est pas ainsi pour la Commission scientifique d'Afrique. 
Si, comme tout porte à le croire, la France conserve l'Algérie, en totalité 
ou en partie, le temps et les moyens ne lui manqueront pas pour se livrer 
à ses recherches. On conçoit d’ailleurs que l’un des intérêts les plus pres- 
sants de la colonie, est la connaissance des conditions climatériques et 
hygiéniques qui peuvent être nuisibles ou favorables à la santé des habi- 
tants et des colons. On conçoit surtout que les conseils à donner à ces 
derniers, de même que les mesures à prendre pour l’acclimatement des 
militaires, ne peuvent être que le résultat d’une étude approfondie des 
localités, ainsi que de la connaissance des maladies, soit endémiques, soit 
sporadiques, qui peuvent régner dans ces contrées. Dans notre propre in- 
térêt, comme dans celui des habitants, rien ne doit donc être négligé pour 
arriver, le plus promptement possible, à ce résultat, afin de rendre à l’AI- 
gérie la salubrité qu’elle avait du temps des Romains, salubrité que lui 
ont fait perdre les ravages de la barbarie. 

» Dans cette vue, les maladies endémiques sont le premier sujet sur le- 
quel doit être portée l'attention de la Commission. A toutes les époques 
de la civilisation, les colonies n’ont englouti tant de milliers d'hommes, 
que parce qu’on ne s’est pas occupé assez tôt d’éteindre ces foyers de des- 
truction. Or, la source de ces foyers se trouve constamment dans la topo- 
graphie des localités où ils existent ; en réunissant les notions qui seront 
fournies par les physiciens , les géologues et les autres membres de la 
Commission, on peut donc espérer de posséder tous les renseignements 
propres à éclairer la médecine sur ce sujet. 

» Après l'étude de la température et de ses variations, après celle de la 
direction habituelle des vents, celle de l'appréciation de la quantité de 


A5. 


. æ:: 


(188) 


pluie qui tombe dans une année, la Commission doit spécialement s'occuper 
de la direction et de l'écoulement des eaux; si leur cours est continu, leur 
effet est surtout utile dans les pays chauds ; mais s'il est arrêté, et si en 
s’accumulant , les eaux forment des marais ou des marécages, en s’infil- 
trant dans les terres, leur finfiltration ou leur stagnation devient cons- 
tamment la cause permanente de maladies endémiques dont la gravité 
est toujours, et dans tous les lieux, en raison directe de l'élévation de la 
température. 

» La nature des eaux marécageuses influe également d’une manière 
puissante sur leur danger : ainsi, on a remarqué que des marais recevant, 
à certaines époques, des eaux sulfureuses, deviennent, peu de temps 
après, plus meurtriers qu'ils ne le sont habituellement. On a remarqué 
que ceux qui, dans certains temps de l’année, communiquent avec la mer, 
sont de tous les plus dangereux, par la raison que le mélange des eaux 
produit la mort des infusoires et des mollusques qui vivent dans leur 
sein. 

» À l'indication des marais qui peuvent exister dans l'Algérie, la Com- 
mission est donc invitée à y joindre leur topographie particulière, en in- 
diquant le sol sur lequel ils reposent , les infusoires et les mollusques qui 
se trouvent dans leurs eaux, les plantes qui de préférence croissent aux 
alentours, les mammifères, les oiseaux et les reptiles qui vivent en plus 
ou moins grand nombre dans leur voisinage; circonstances qui toutes peu- 
vent nous mettre à même de bien apprécier la nature des endémies maré- 
cageuses, et, par conséquent, nous éclairer sur les moyens les plus effi- 
caces à leur opposer. 

» Car les fièvres de marais sont ou des fièvres intermittentes simples, dont 
onse rend maître avec assez de facilité; ou des rémittentes continues, dont la 
gravité est si souvent rebelle à tous les moyens de l’art. Le tableau de ces 
fièvres serait donc incomplet sans les données qui précèdent, et sans la 
détermination précise de l’époque où les effluves des marais deviennent nui- 
sibles, et surtout du rapport qui peut exister entre cette époque et leur 
desséchement ou leur communication avec la mer par l'effet des marées. 
Cette dernière circonstance est particulièrement utile à l'administration 
militaire pour le stationnement des troupes et leur mutation, qui, en 
temps de paix, doivent être basés sur le degré de salubrité des localités 
qu’elles doivent occuper. Quant à à la topographie des villes, l'hygiène 
publique est trop avancée en ce qui les concerne, pour qu'il soit nécessaire 
d'indiquer quelque chose de particulier aux recherches de la Commission . 


(189) 


» Après les endémies marécageuses , les épidémies sont le fléau le plus à 
redouter pour l'Algérie. Le Moniteur algérien de 1834 nous a fait con- 
naître la peste qui a ravagé Alger en 1817 et 1818; et soit qu’elle ait été 
importée d'Égypte ou de l'empire du Maroc, il parait qu’elle s’est propa- 
gée vers le désert par voie de contagion. Ce fait mérite une vérification 
scrupuleuse de la part de la Commission , qui devra rechercher avec soin 
jusqu’à quelle distance elle s’étendit dans les terres, et comment elle s’ar- 
rêta dans se propagation. Elle examinera également si son invasion et sa 
terminaison ont eu lieu, comme en Égypte, à des époques déterminées. 
Enfin , elle complétera cette histoire, s’il lui est possible , par la recherche 
des épidémies qui ont pu se déclarer dans l'Algérie dans le cours du 
xvin° siècle. 

» Les symptômes de la peste ont un caractère frappant d’analogie, quelle 
que soit la diversité des lieux et des climats où elle s’est manifestée; mais 
ce qu'il y a de remarquable, et ce qui avant M. le docteur Chervin avait 
peu été remarqué, c’est l'analogie des phénomènes morbides qui l'ont pré- 
cédée dans tous les temps, et sous toutes les latitudes. Partout, en effet, 
où la peste s’est déclarée, dans le xwi°, le xvn° et le xvmnr siècle, elle a été 
précédée de fièvres graves, que les auteurs désignent sous le nom de fié- 
vres malignes. M. Ségur-Dupeyron a insisté d’une manière particulière sur 
ce prodrome des épidémies de l'Égypte, dans le Mémoire qu’il a commu- 
niqué il y a deux ans à l'Académie ; on le trouve également indiqué dans 
la relation de la dernière peste d'Alger, faite par M. le docteur Guyon. 

» Les signes constants d’incubation de la peste, si intéressants par eux- 
mêmes, le deviennent plus encore si on les rapproche des causes diverses 
auxquelles l’origine de la maladie a été attribuée. Mais ce que les anciens 
désignaient sous le nom de fièvres malignes, est, en général, si vague, 
qu’il devient nécessaire de recueiltir toutes les notions que l’on pourrait 


- se procurer à Alger sur le caractère et la nature des symptômes de cette 


incubation. En se livrant à cette recherche, la Commission n’oubliera 
pas, qu’en 1814, le typhus était caractérisé par la présence d’une éruption 
très prononcée sur les deux tiers inférieurs de l'intestin grêle; elle n’ou- 
bliera pas que dans le choléra asiatique, on a presque toujours rencontré 
des myriades de granulations dans toute l'étendue de la membrane mu- 
queuse intestinale ; elle n’oubliera pas, enfin, qu’en Europe les fièvres gra- 
ves sont accompagnées, quatre-vingt-dix fois sur cent, d’une éruption des 
plus intenses sur le canal intestinal. 

» Cette éruption existe-t-elle dans les fièvres graves d'Afrique? Sa 


Cr90 ) | 

marche est-elle conforme à celle qu’elle suit en Europe? les ulcérations des 
plaques de Peyer sont-elles plus ou moins fréquentes ? la chaleur du climat 
influe-t-elle sur ces éruptions, comme elle le fait sur celles qui siégent sur 
la peau? Ces notions sont d'autant plus utiles qu'elles seules peuvent servir 
de règle pour établir une méthode rationnelle de traitement, en les rat- 
tachant aux symptômes généraux qui les accompagnent, et en les com- 
plétant, s’il est possible, par l'étude des altérations des fluides , et plus par- 
ticulièrement par celles du sang. 


» Si malheureusement une dyssenterie endémique ou épidémique se ma- 
nifestait parmi les militaires en Afrique, il serait très important de s’as- 
surer si elle s’accompagnerait d’un développement insolite des follicules 
isolés de Brunner, ou des follicules agminés de Peyer'; car la médecine 
doit marcher présentement vers la solution du problème qui suit : 


« Pourrait-on ramener toutes les épidémies aux affections éruptives 
» dont les unes auraient leur siége sur l'enveloppe externe du corps, et 
» les autres sur son enveloppe interne? » 


» En étudiant les signes précurseurs de la peste, la commission est in- 
vitée de vérifier à Alger, si les personnes qui avaient été attaquées de la 
maladie dans les épidémies antérieures , ont ressenti dans la dernière et 
quelque temps avant , des douleurs plus ou moins aiguës dans les cica- 
trices de leurs bubons? Si ce phénomène était aussi exact et surtout 
aussi constant que l’ont supposé quelques auteurs, ne pourrait-on pas 
par ce moyen prévoir d'avance l'invasion de la maladie ? 


» Enfin, nous ne saurions trop recommander à la sollicitude de la 
commission, l'étude approfondie de tout ce qui pourra répandre quelque 
lumière sur l’origine et le caractère transmissible ou non transmissible de 
cette maladie. Dans un moment où l'Orient et l'Occident se rapprochent 
en quelque sorte par la navigation à la vapeur, il importe plus que jamais 
que l’on sache définitivement à quoi s’en tenir sur la contagion de la peste. 
Les faits semblent décidés pour l’affirmative. Mais ces faits sont-ils bien 
exacts? Sont-ils dégagés de toute préoccupation? des faits semblables n’a- 
vaient-ils pas fait croire à la contagion de la fièvre jaune et du choléra 
asiatique? Or, d’après les observations rigoureuses faites par un de nos 
compatriotes (M. le docteur Chervin), la plupart des médecins de l’Amé- 
rique sont revenus de cette opinion en ce qui concerne la fièvre jaune, et 
depuis les travaux et les observations des médecins de Paris en 1832, per- 
sonne ne croit plus en France à la contagion du choléra ? Ceux qui ont 


(Cig1) 
fait décider la contagion de la peste doivent donc être soumis de nouveau 
au rigoureux examen de la médecine de nos jours. 

» Les maladies cutanées devenant souvent épidémiques, méritent, d’après 
ce qui précède, l'attention particulière de la commission. On sait que les 
pays chauds sont éminemment favorables à leur développement; l'influence 
de la chaleur se fait-elle sentir sur la durée des maladies aiguës de la peau, 
telles que la rougeole, la scarlatine et la variole? Lorsque ces maladies 
existent épidémiquement, l'invasion de l’épidémie coïncide-t-elle ou non 
avec le plus haut degré de la température? La réponse à cette question, 
dont on pourra facilement se procurer les éléments dans l'Algérie, nous 
mettrait à même de juger par les faits l'opinion de sir Humphry Davy 
sur l’action désinfectante d’une forte chaleur , opinion que paraissent con- 
firmer les expériences directes du D' Henry. Peut-être aussi pourrait-elle 
éclairer l’idée si singulière de certains médecins arabes qui considéraient 
la variole comme nécessaire, comme indispensable même à l’évolution 
physique de l’homme. 

» L'intensité de la variole dans les pays chauds est un des faits les plus 
anciennement connus de son histoire. Avant la découverte de la vaccine, 


les tableaux statistiques sur cette maladie avaient appris qu'elle allait gra- 


duellement en s’affaiblissant à mesure que l’on s’avançait du midi vers le 
nord de l'Europe. Selon quelques auteurs les habitants de la Laponie en 
étaient exempts. Appliquée à la vaccine, cette connaissance pourrait avoir 
des résultats très importants. 

» Depuis quelques années, l'opinion que la vaccine s’affaiblit et pré- 
serve moins efficacement de la variole, s’est répandue en Europe. Cette 
opinion est fondée sur la marche moins active des pustules vaccinales et 
sur le nombre toujours croissant des varioloïdes, qui attaquent les per- 
sonnes vaccinées. Jusqu'en 1825, on observait rarement la varioloïde 
dans les hôpitaux de Paris; mais dans la violente épidémie de variole qui 
eut lieu cette année, sur 682 variolés qui furent reçus à l'hôpital de la 
Pitié, il y en eut 162 qui avaient été vaccinés, et 88 dont la vaccination 
était douteuse. On compta 19 vaccinés sur les 176 malades qui succom- 
bérent. Depuis, la varioloïde a été plutôt en augmentant qu’en diminuant, 
à la gravité près. C’est d'apres des faits de ce genre que la revaccination à 
été proposée, et c’est pour les prévenir que les médecins se sont mis à la 
recherche du Cowpozx , afin de rajeunir le virus vaccin et de lui rendre l’é- 
nergie qu'il avait peu de temps après la découverte de Jenner. 

» Or, quand on examine de près cette question, que la prudence des 


(192 ) 

médecins ne leur a permis que d’effleurer jusqu’à ce jour, on trouve que, 
tandis que dans le midi de l’Europe le virus vaccin conserve presque son 
activité première, cette activité va au contraire en s’affaihlissant à mesure 
que l’on s’avance vers le nord; c’est-à-dire que l'affaiblissement de la vac- 
cine semble répéter assez exactement l’affaiblissement que l’on avait cons- 
taté dans la variole, du midi au nord. Une expérience curieuse de M. le 
professeur Mojon, de Gènes, quoique faite dans un autre but, paraît 
justifier ce résultat: ce médecin distingué ayant fait congeler du virus 
vaccin dans un petit tube, et l'ayant ensuite inoculé sur des enfants, 
reconnut que la congélation lui avait fait perdre sa propriété de trans- 
mission. 

» S'il est incontestable d’après ces faits que l’activité des maladies cuta- 
nées est excitée par l'influence de la chaleur, il est donc à présumer que 
la vaccine a dü conserver dans l’Algérie toute son énergie; et, si cela est, 
on conçoit qu’en la transportant en France, nous pourrons rendre à notre 
virus vaccin son activité première. Pour donner aux expériences le degré 
de certitude qu’elles doivent avoir, il est nécessaire de suivre jour par 
jour le développement du virus vaccin dans l'Algérie, et d'en comparer 
jour par jour les pustules à celles décrites par Jenner. Il est nécessaire 
également de constater si, comme en Europe, la varioloïde se développe 
chez les personnes vaccinées. Avec ces deux éléments il sera facile de 
résoudre promptement la question. 

» L’inoculation de la variole est-elle encore en vigueur dans l'Algérie, 
et la pratique-t-on à la paume ou au dos de la main, comme du temps 
du docteur Shaw? Les Arabes font-ils avorter encore les pustules des 
paupières et des environs de l'œil en les frictionnant avec une pom- 
made grise? Si cette pratique est encore en usage, la commission devra 
en rechercher la composition. Est-ce un carbure de fer ou le mercure qui 
en fait la base? On reconnaît à ce procédé l’idée première de notre mé- 
thode ectrotique de la variole; et si le mercure entre dans la composition 
de la pommade des Arabes, nous aurions été devancés dans la modifi- 
cation que nous avons fait subir à cette méthode. Car, en 1835, 
1836 et 1837, nous avons arrêté le développement des pustules vario- 
liques sur 37 malades, en les recouvrant avec l'emplâtre de Vigo, dans 
la composition duquel entre, comme on sait, le mercure. Ce procédé, sur 
lequel deux thèses ont été soutenues à la Faculté de Médecine par 
MM. les docteurs Gariel et Boussat, a été répété avec le même succès à 
l'hôpital Cochin par MM. Briquet et Nonat , médecins de cette maison. 


(193) 

» Enfin, la Commission devra particulièrement s'attacher à rechercher 
quelles sont en général les maladies cutanées qui règnent dans l'Algérie, 
et quelles sont les races qu’elles affectent plus spécialement? Les Arabes 
des diverses tribus que l'abbé Poiret visita en 1785, aux environs de la 
Calle, avaient presque tous la gale. En est-il de même aujourd'hui? Les 
tumeurs éléphantiasiques du scrotum , si fréquentes dans la Basse-Égypte, 
s’observent-elles dans l'Algérie? Y rencontre-t-on l’éléphantiasis des extré- 
mités et la lèpre ? Ces maladies sont-elles différentes , ou ne sont-elles que 
des degrés d’une même maladie , comme le squirrhe et le cancer ulcéré. Le 
pian, si commun sur la côte occidentale de l'Afrique située entre les deux 
tropiques, existe-t-il en Algérie, ou bien est-il remplacé par la pellagre que 

nous voyons presque s’éteindre dans certaines parties de l'Italie? Enfin, où 
en est la syphilis en Afrique, et par quelle méthode de traitement la com- 
bat-on ? 

» On sait encore que la cécité est commune parmi les Arabes ; à quelle 

… cause faut-il l’attribuer? Est-elle le résultat d’ophtalmies produites par l’in- 
D ncire dela lumière, ou par l’action irritante des sables du désertsur le globe 
de l’œil? L'ophtalmie est-elle quelquefois , comme en Égypte, endémique 
où épidémique ? ? Est-elle contagieuse ? La cécité ne serait-elle pas produite 
a paralysie de la rétine trop excitée par l'intensité de la lumière ? La 
) ission pourra facilement résoudre sur les lieux la plupart de ces 
que ons; elle LEha ‘informer également si les Arabes sont aussi parti- 
sans de la saignée qu'ils l'étaient lorsqu'ils furent visités par l'abbé Poi- 
ret ; s'ils font toujours un grand usage du cautère actuel dans le traitement 
des maladies internes, telles que la pleurésie, la pneumonie, l’entérite, les 
rhumatismes aigus , etc. ? 


» La phthisie pulmonaire, et particulièrement la phthisie tuberculeuse, 


éritent d'une manière spéciale l’attention de la Commission. Les auteurs 

ui ont écrit sur les maladies des pays chauds, en ont peu fait mention dans 

leurs ouvrages: De là, peut-être, l'opinion qui s’est accréditée parmi les 

à médecins, que l’habitation de ces pays est éminemment favorable à ceux 

jui en sont atteints ou menacés. De là même la demande faite dernière- 

ent à M. le Ministre du Commerce de fonder dans l'Algérie un établisse- 
ent pour traiter. les ; phthisiques. 

» Mais dans l'état) résent de la médecine, nous manquons des éléments 
nécessaires pour déterminer l'influence que les climats exercent sur le 
développement de la phthisie tuberculeuse. Car, d’une part, bien que les 
médecins qui ont pratiqué dans les pays chauds ne la mentionnent pas 

CLR. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N° 4.) 26 


(194) 

parmi les affections que l'élévation habituelle de la température peut pro- 
duire, néanmoins, on la trouve décrite dans les observations particulières 
qu'ils rapportent, et malheureusement on y voit que sa terminaison est 
peu différente de celle qu’elle a en Europe. Et, d'autre part, quand on 
consulte les tables de mortalité, dressées dans diverses capitales de l’'Eu- 
rope, on reconnaît que le nombre des décès produits par la phthisie est 
loin d’être entièrement à l'avantage des pays chauds. 

» Ainsi, à Marseille, il y a 1 phthisique sur 4 décès; à Paris et à Lon- 
dres, 1 sur 4 +; à Gènes, 1 sur 6; à Gibraltar, 1 sur 7; à Naples, 1 sur 8. 

» Tandis qu’à Vienne, il y a 1 phthisique sur 8 +; à Berlin, 1 sur 14; et 
à Stockholm, 1 sur 15 à. 

» À Rome et à Milan, il n’y a au contraire que 1 phthisique sur 20 dé- 
cès. (M. Andral, Leçons sur la Phthisie.) 

» C'est-à-dire que Marseille, Paris et Londres , occupent le haut de ré. br 
chelle de mortalité par la phthisie pulmonaire; Rome; Milan et Stockholm + 
en occupent le bas; et Gènes, Gibraltar, Vienne, AU: et Berlin les de- 
grés hit er ae 

» Ce serait donc un service rendu à l'humanité, si l'on pouvait déter- -. 
miner, d'apres les faits, l'influence que le climat de l’Algérie exerce sur a 
cette maladie. Indépendamment des notions que pourront fournir à ce. 
sujet les malades indigènes, celles que l’on pourra recueillir sur les dili- 
taires envoyés en Afrique, seront surtout propres à éclairer cette question. 
On sait, en effet, que d’après les mesures prises dans les conseils de ré-+ 
vision, on exempte du service militaire toute poitrine mal conformée, 
tout individu dont la constitution se rapproche des conditions physiques 
qui prédisposent aux scrophules; c’est-à-dire que l’on écarte tous les 
éléments compliqués du problème. De sorte que les militaires chez les- 
quels la phthisie tuberculeuse vient à se développer, sont ; précisément dans 
les conditions requises pour bien apprécier l'influence du climat sur 


& 


cette maladie. , vs 
» Le Rapportsur la Géologie nous a fait savoir qu'il existe dans Le in" 

plusieurs sources d'eaux thermales; d’un autre côté, les relations des VOYA- « 
geurs nous ont appris que; comme dans tous les pays chauds, les mala- rs 
dies chroniques de la peau y sont très fréquentes. Si parmi ces eaux il ÿ 

en avait de sulfureuses, le remède se trouverait, pour ainsi dire, à côté du 
mal. Il serait donc à désirer qu'aux notions demandées par la géologie, 

on ajoutât leur analyse chimique, en la comparant aux analyses déjà con- 


nues de nos eaux thermales. La composition des eaux déterminée, la 4 
| # 
té # « 

# " % à. CG 
| L 2 


APT: 


L4 de 


( 195 ) 
médecine pourra déterminer à son tour leur action sur les organismes de 
homme, et indiquer, à priori, par cette action, le genre de maladies aux- 
quelles leur usage pourrait être approprié. Indépendamment des avantages 
que ces eaux offriraient par la suite aux indigènes, aux colons et aux mi- 
litaires, il y aura peut-être des sources dont l'exploitation pourrait même 
devenir très utile pour la France. 

» Est-il vrai que là râge chez les chiens soit très rare dans les pays 
chauds, particulièrement €hez les Musulmans ? En vérifiant le fait, la 
commission doit être invitée à ‘en rechercher la cause; puisqu’en FA 
c’est presque toujours dans les temps chauds, ou après de longues séche- 
resses, » que l’hydrophobie se développe chez ces animaux. Sans rien pré- 
juger suF l explication qui pourrait en être donnéenous croyons devoir 
BSrCr un fait qui déjà serait propre à mettre sur la voie. On a remar- 
jué à Paris, que de uis Vétäblissement des bornes-fontaines , l'hydropho- 


y ie est devenue m équente ; on attribue ce résultat à l’eau limpide qui 
- coule dans les rues’, la facilité qu’elle offre aux chiens errants pour 
ju se désaltérer. Caron sait que les chiens boivent ne EE et se dé- 


. saltèrent rarement dans l’eau trouble. Ipropre. On à rémarqué de 
Anne obsérve ins ces dernières à années, pro- 


di! 
du rût. Pr “in © beaucoup, les chiens au AL Sean de 
ydro Fi obie. k LE) e # ” 
‘» Si le fait de la rareté de la rage chez les Musulmans est "bien exact, 
nr en à entrevoir la cause, d'une part dans les soins qu'ils 
ux, “ét d'autre p: ns l’abondance des eaux 
criteres IS s par le Coran? Ces circons- 
er observation faite à Paris, rapprochées.de cet autre 
if atif, que presque jamais la rage ne se déclare dans 
ATTES ndés mu 1e pourraient-elles pas nous conduire à prévenir l’hy- 
3 Fa _drophobie chez le chien, et par suite chez l’homme? car, c’est à prévenir 
…  Mcette affreuse maladie que nous devons présentement nous appliquer, au-° 
d’hui que l'insuccès des expériences faîtes à l'Hôtel-Dieu depuis vingt- 

_ Cinq ans, avec un soin et une DR. on nous font pres- 
q de découvrir un moyen qui en arrête la déplorable issue. 
erminerons ce Rapport ( que l’Académie trouvera peut- 
) en portant l'attention de la Commission sur quelques vues 
férale dont elle remplira, s’il lui est possible, les indications, 


€ 26. 


(196) 

» La première sera relative à la statistique médicale. Si l’on pouvait se 
procurer dans l'Algérie des tableaux sur le nombre des mariages et sur celui 
des naissances, la comparaison de leurs résultats rapprochés de ceux ob- 
tenus en France fournirait des éléments précis pour juger l'influence que 
la pluralité des femmes exerce sur la population. Des tableaux sur la mor- 
talité, sur la durée moyenne de la vie, sur les établissements de bienfai- 
sance, sur la nature des maladies et des malades qui y sont reçus, nous 
fourniraient également des matériaux précieux pour juger comparative- 
ment à la France le degré de salubrité de l'Algérie, et l’état comparatif de 
la pathologie ; car on sait qu’il est des maladies, telles que l’aliénation, les 
scrophules et le rachitisme dont la fréquence est presque toujours en raison 
directe de la civilisation, par la raison que la civilisation conserve les en- 
fants débiles et chétifs que la barbarie laisse mourir peu de temps après 
la naissance. Les maladies des femmes musulmanes.offriraient égaleme it 
un sujet tout nouveau d'étude. Les maladies du système nerveux, celles 
de l’utérus et de ses dépendances sont-elles aussi fréquentes dans l'Algérie 
qu’en Europe? Quelles sont les précautions hygiéniques et médicales que 


le cours de la lactation? Enfin, quelle influence exerce sur leur organisa- 


v 


Fe 


prennent les femmes pendant,la grossesse , après l'accouchement et dans æ 


tion et sur leurs maladies les conditions physiques et morales . 
les assujétit la loi de Mahomet? jus 


» Telles sont les questions de médecine et d'hygiène SubLOn surlés- + 


quelles il nous parait utile de porter l'attention de la Commission: Ainsi 
que nous le disions au commencement de ce Rapport, il faut, pour les 
résoudre, du temps, et des médecins pour en recueillir les éléments. Le 
temps ne nous manquera pas, si nous conservons l'Algérie en totalité ou 
en partie; et quant aux médecins, indépendamment de ceux qui feront» 
partie de la Commission, M. le. Ministre de la Guerre trouvera, dans le 
personnel du service de santé de l’armée, des hommes instruits qui se, 
dévoueront à ces recherches et qui les exécuteront avec la précision que 
réclame l’état présent de la médecine. Leurs résultats ne peuvent man- 
- quer d’exercer sur la salubrité de l'Algérie, sur la santé de ses habitants, 


et sur nos militaires l'influence la plus heureuse et la plus à désirer dans » 


l’état actuel des relations de l'Europe avec ces contrées. , 

» En définitive, si la civilisation a fait sentir aux Arabes la force irrésis- 
tible de ses armes, si elle leur a montré la puissance de son industrie en 
leur dévoilant l’une des sources actives de la richesse des nations, n’est- 
il pas nécessaire, n'est-il pas digne de la France de leur faire connai re par 


à 


( 197 ) 
l'expérience le bien-être que les sciences , et surtout la médecine, assurent 
aux populations civilisées ? » 


Instructions relatives à lhydrographie et à la marine; par M. L. »x 
FREYCINET. 


(Lues le 26 mars 1838.) 


« Positions géographiques. — Après les beaux travaux hydrographiques 
exécutés naguère sur la côte d'Afrique par M. le capitaine de corvette 
-Bérard, il doit rester bien peu d'observations importantes à faire, sous 
ce rapport, par les savants appelés à compléter l'exploration de l'Algérie. 
| nous bornerons donc à recommander à ceux qui doivent parcourir 
| + rivages , de vérifier, autant qu’il leur sera possible, la position en lati- 
_ tud 


e; en longitude et en hauteur, des points les plus remarquables et les 
plus importants : les observations chronométriques pourront utilement 
concourir à cet objet. 

» Description des côtes. — 11 conviendra aussi de décrire minutieuse- 
… ment la nature du littoral, pour tout ce qui.intéresse la navigation; étu- 
à ; { dier les po où il est possible à un bateau d'aborder la terre; le plus 
. ; 

FL 


ou moinsde commodité des débarcadères, et dire s’il existe des circons- 
tances où l'on ne puisse les pratiquer. On examinera les points où l’on 
‘ : peut se procurer des vivres et faire aiguade; la nature des eaux qui s’y 
- rencontrent, et la facilité de lembarquer à toutes les époques de l’année, 
ou seulement à de certaines saisons: < = 


sei t’ celles convenables à se procurer. du poisson par d’autres mé- 
thodes ; on fera connaître les espèces particulières de poisson que l’on peut 
se procurer, et l’on s’assurera s’il émigre à de certaines époques et quelles 
sont ces époques, ainsi que les qualités bienfaisantes et malfaisantes de 
e. On devra s'informer également des procédés de pêche particu- 


habitants de ces contrées “tant sur mer que dans,les lacs et 
res, ainsi que de leurs moyens de préparer et dé conserverae 


Dr 


pas " a d'intérét#On examinera donc les localités propres à jeter la 


Le 


Harées. — Quoique ce soit une idée reçue qu'il n’existe point de ma- 

rées, dan "Méditerranée, cette question cependant est loin d’avoir été 

vec la minutieuse attention que comportent les méthodes d’ob- 

dernes. Il sera donc utile de les étudier à l’aide d’un appa- 
+ 


» Pêche. — Les questions qui ont la pêche pour objet ne présentent 


0 


( 198 ) 
reil qui permette de tenir compte des plus petites variations et des ano- 
malies qui se rencontrent ordinairement dans de pareils phénomènes, et 
de voir si ces singularités ne proviennent pas de causes accidentelles, 
comme des vents, des volcans, etc. 

= » Il ne conviendra pas moins de remarquer la direction des courants et 
leur vitesse pendant le flot et le jusant, et de dire ce que ces phénomènes 
peuvent offrir d’utile et de dangereux aux navigateurs. On notera encore 
la vitesse du courant des rivières, le volume de leurs eaux et les services 
que les naturels du pays savent en tirer. 

» Fents. — L'étude de la direction des vents et de leur force, considérée 
dans leurs rapports avec la navigation; la description de la forme et de la 
marche des nuages #'ainsi que les pronostics du beau et du mauvaisÿl} 

- temps, seront encore d’une grande utilité. L 
» Mœurs et usages des habitants du littoral. — Quant aux mœurs, aux 
usages, ainsi qu’au caractère des habitants du littoral, les navigateurs 
étant intéressés à les connaître, on en fera une étude on rene Ces gens 
sont-ils hostiles à tous les étrangers? Leur férocité provient-elle de quelque 
idée superstitieuse ; ou seulement du désir barbare du pillage ? ( moyens 
aurait-on de s’en préserver et d'établir avec eux des A  — icales ? 
4 h » Navigation. — Passant à ce qui concerne plus particuheremess Part 


de la navig 4 on dira quels sont} des bâtiments qu'ils emploient pour 
aller sur l’eau ; tant dans l'intérieur, sur les lacs et les rivières, qu'à l'exté- 


UT 


rieur sur la: mer ; on examinera leurs connaissances dans là construction Le 

, l'art'de l'équipement, de l'installation, de l'arrimage, du gréement, 4 
e de Le manœuvre des vaisseaux; dans la manière de les conduire, ou le ! 
pilotage, d'instruire leurs officiers, de composer ES équipages, tant APT 
pour la guerre que pour le commerce; enfin, on donnera la description de 


leurs divers bâtimentétflottants, et de ce qu'ils peuvent offrir de plus re- 


marquable , comparés à ceux dont on fait usage dans notre patrie. » 
PEL 1... x 


Indication succincte de q 


+ algérienne; par M. Sécurrr. 
7 : (Lue le 26 mars 1838.) 


« L'industrie algérienne peut être explorée sous des points « 
vers, dans un but purement scientifique, pour recueillir ‘se tériaux 
pour la grande histoire de l'industrie de l'homme à tous déci- : 
vilisation ; sous un aspect plus matériel, elle peut être . 
intérêt tout commercial et manufacturier. 


ans us 


(199) 

» Les peuples d'Afrique, par leurs mœurs , leurs habitudes nomades, 
leurs usages, peuvent certainement offrir à l'observateur un vaste champ 
d'exploration ; ainsi, l'étude des moyens employés par ces peuples pour 
satisfaire aux premières nécessités de la vie > Aux premiers besoins de leur 
conservation , ferait connaître comment ils se mettent à l'abri des intem- 
péries, comment ils se vétent, comment ils se nourrissent. L'examen de 
leurs rapports entre eux nous apprendrait quelle est la nature de leur 
commerce; de quels objets ils trafiquent pendant la paix; comment ils 
s'attaquent et se défendent pendant la guerre. 

» Ces seuls points de vue généraux qui embrassent la construction des 
abris, tentes ou maisons , la confection des vêtements et des tissus qui les 
«<omposent, l’agriculture et les instruments qu'elle exige , la nature des ali- 

| 24 et les moyens de se les procurer, tels que la chasse et la pêche avec 
les engins qui y servent, les marchandises destinées au commerce pendant 
la paix, les armes offensives et défensives employées pendant la guerre, 
peuvent devenir autant de têtes de chapitres qu'un explorateur remplirait 
utilement du fruit de ses investigations. : 
» Nous pensons que ce ne serait pas sans profit qu’on étudierait les mé- 
"h thodes adoptées et suivies par les peuples d’Afrique dans l'édification de 
1 leurs demeures, dans la construction hardie de leurs élégantes mosquées ; 
il y aurait peut-être pour nous quelques avantages à connaître la compo- 
sition exacte de leurs mortiers, la nature des substances qui us 
l'espèce de Pierres qu’ils emploient pour leur chaux, la manière dont ils 
la cuisent et l’éteignent, dont ils la mettent en œuvre, offriraient certais 
nement un but d’utiles recherches. La fabrication des tuyaux en poterie 
si généralement et si économiquement usités en Afrique pour conduire 
les «aux, ainsi ue l'espèce de ciment,qui sert à luter et à unir les 
tuyaux entre eux, S 


ion. Cet examen ferait connaître ce 
ont parlent Horace et Pline, nom 
on ne sait plus à quel arbre rattacher ajourd'hui. 
L'étude des vêtements , de leur matière Ÿ de la nature de leurs tissuss 
ur forme même, peut conduire à des considérations hygiéniques de 
S haute importance pour la santé des troupes que nous devons 
ais envoyer dans ces contrées. 

en SE tissus mène naturellement à la recherche et à la des- 

des métiers avec lesquels ils sont fabriqués. La distinction des 


( 200 }) 


étoffes tissées dans le pays d'avec celles importées peut donner des indi- 
cations d’un haut intérêt commercial, et fournir à notre industrie des 
débouchés nouveaux. 

» Bien supérieurs dans nos produits nous pouvons cependant puiser 
chez les peuples d'Afrique des notions importantes pour quelque branche 
spéciale, comme celle du tannage des cuirs et de leur préparation pour en 
faire le maroquin. La connaissance exacte de leurs procédés affranchi- 
rait tout-à-la-fois notre commerce et notre amour-propre d’un tribut 
annuel. 

» L'étude des pratiques agricoles suivies dans ce pays, où l’agriculture 
est encore si peu avancée, signalerait peut-être à l'attention des variétés 
de céréales ou des espèces fourragères exigeant pour leur culture moins de 
soins et parvenant à leur maturité dans un temps plus court. Le mode de 
conservation des grains dans les silos, si généralement pratiqué en Afri- 
que, est digne d’un examen spécial et approfondi : le choix du terrain, la 


forme et les dimensions de l’excavation, la manière dont le grain y est” 


placé, le mode de fermeture, la durée de la conservation, les soins dont 
le grain peut être l’objet avant et pendant son séjour, sont autant de cir- 
constances sur lesquelles il est pour nous du plus haut intérêt d’être bien 
fixés. 11 ne serait pas moins utile pour nous de bien connaître comment 
l'olivier est cultivé en Afrique, par quels moyens ces peuples, peu avancés 
dans l’art des machines, extraient l’huile de ses fruits. : 

» La chasse, la pêche sont au nombre des moyens employés par les 
peuples peu civilisés pour.se procurer des aliments. La description et l'ob- 
servation des espèces d'animaux, d'oiseaux et de poissons qui deviennent 
le fruit de ces deux exercices fourniraient tout au moins quelques lumières 
à l’histoire naturelle de cés contrées. 

» La pêche du corail, dont il se fait sur ces parages un si grand trafic, 
mérite à elleseule un examen particulier ; l'étude des procédés suivis pour 
cette pêche qui a été si lucrative, malgré l’imperfection de ses engins, 
suggérerait l'invention de moyens nouveaux et plus convenables. Cette 
branche d'industrie, toute du Jittoral africain, pourrait prendre ainsi un 
degré d’accroissement. Les"armes dont se servent les peuples d'Afrique 
peuvent être considérées sous-plus d'un point de vue. La forme et la ma- 
nière dont on se sert d’une arme méritent un examen, la matière et la 
méthode suivie pour confectionner une arme en méritent un autre; aussi 
serait-il intéressant de bien connaître les procédés suivis pendant la prépa- 
ration du fer, pendant sa conversion en acier, pendant la trempe de ces 


.! 


( 207 ) 
lames d’une supériorité de tranchant si incontestable, pour diviser des 
corps mous comme des étoffes ou des chairs. 

» Les produits de tous genres, fabriqués ou consommés par ces peuples, 
pourraient donc devenir l'objet d’une classification et d’un examen rai- 
sonné. Il serait convenable d'établir une grande distinction entre ceux 
que les indigènes confectionnent et ceux qu’ils tirent du dehors : on arri- 
verait ainsi à reconnaître parmi les premiers quels sont ceux que nous 
pourrions leur emprunter avec avantage : on trouverait dans l'étude des 
seconds de nouveaux placements pour ceux des produits de notre propre 
industrie, qui pourraient par leur nature satisfaire aux besoins et aux 
goûts de ces peuples. 

» Cette double manière d'envisager l’industrie algérienne offrirait tout- 
à-la-fois des matériaux à la science, des débouchés au commerce. Les in- 
térêts intellectuels et matériels seraient ainsi simultanément satisfaits. » 


Instructions relatives à la mécanique ; par M. Ponczzer. 


(Lues le 30 avril.) 


« Nous recommanderons spécialement à MM. les membres de la com- 
mission scientifique d'Afrique, la solution des questions suivantes qui se 
rattachent au point de vue mécanique de la mission qui leur est confiée. 

» Quels sont les instruments, outils, machines ou procédés mécaniques 
dont les habitants de l’Algérie font usage pour la mouture des grains, la 
culture du sol, le travail des bois et des métaux, la fabrication des 
étoffes et autres objets d’arts; pour l'élévation et le transport des maté- 
riaux , les épuisements et l'irrigation des terres ? 

» Donner la description exacte de ceux de ces procédés, machines, 

outils ou instruments qui offrent un intérêt propre ou des différences es- 
sentielles avec les nôtres; apprécier leurs qualités mécaniques particu- 
lières, ainsi que le rapport de leur effet utile, ou de leur produit, à la 
quañtité d'action ou au temps dépensés par la force motrice. 

» On recherchera avec un intérêt non moindre, l’origine et l’époque de 
l'introduction de ces machines ou instruments dans le pays; on fera con- 
naître leur état actuel de perfection et les avantages qu’ils peuvent offrir 
à l'industrie locale ou étrangère. Quelles sont les connaissances ou notions 
mécaniques de ces peuples? Possèdent-ils des ouvrages relatifs à cette 
science ? Leurs ouvriers d’arts, ceux notamment qui se livrent à la fabri- 
cation des outils et des armes, ont-ils l'esprit inventif, ou sont-ils simple- 


C. R. 1838, 2€ Semestre, (T, VII, N°4.) 27 


( 202 ) 


ment doués de l'esprit d'imitation ? Eufin, les monuments de l’architecture 
mauresque , si remarquables sous le rapport de la hardiesse et de la légèreté, 
donnent-ils lieu de croire que la construction en est dirigée par des regles 
pratiques ou mécaniques précises ? 

» Coulomb et d’autres physiciens ayant avancé que, dans les climats 
chauds, les hommes et les animaux ne sont point susceptibles des mêmes 
quantités d'action journalière que dans les climats tempérés, la Commission 
aura à faire à ce sujet quelques observations ou expériences suivies, tant 
sur les moteurs animés du pays que sur ceux qui y ont été récemment intro- 
duits. Elle prendra principalement pour exemple, les quantités d'action 
fournies par l'homme appliqué au remuement des terres, à l'élévation 
des fardeaux, aux mouvements des pompes et des manivelles, ainsi que 
celui qui est développé par les chevaux appliqués aux manéges, aux voi- 
tures ou aux charrues. Il serait surtout intéressant de pouvoir apprécier, 
avec quelque exactitude , les services que, sous le point de vue des trans- 
ports et du tirage, le chameau, cet animal si sobre, si docile et si labo- 
rieux , peut rendre aux industries de toutes espèces, comparativement 
aux autres animaux de la contrée. 

» L'une des questions les plus importantes pour la prospérité et les 
succès futurs de la colonisation de l'Algérie, consistant dans l'appréciation 
des forces motrices naturelles que cette contrée peut offrir aux industries 
de tous genres, la Commission aura à examiner, d’une manière plus par- 
ticulière , quelles sont, à cet égard, les ressources que pourraient offrir les 
différents cours d’eau et les vents régnants, pour l'établissement de roues 
hydrauliques et de moulins à vent. 

» Il sera nécessaire qu’elle fasse niveler et jauger, en différentes sai- 
sons, le produit des principaux cours d'eau; qu’elle en étudie le régime, 
et qu’elle apprécie également, par des expériences couvenables, la vitesse 
et la tenue des vents sur les divers points de la Régence qui sont suscep- 
tibles de recevoir des établissements industriels. 

» Elle examinera, d’ailleurs, quels sont les retenues et bassins d’appro- 
visionnement, étangs ou réservoirs qu'il serait nécessaire de créer pour 
mettre à profit et régulariser l’action de ces cours d’eau sur les machines, 
et pour servir même à l'irrigation des terres circonvoisines. Ces opérations 
mettront la commission«en mesure de présenter au Gouvernement et à 
l'industrie, une évaluation approximative des ressources mécaniques na- 
turelles que peut offrir, au besoin, le pays, pour l’établissement d'usines 
diverses; mais, afin d'atteindre complétement un tel but, il serait néces- 


( 203 ) 


saire qu’à chaque indication du produit et de la chute d’eau ou du nombre 
des chevaux de force disponibles, on püt joindre un aperçu des difficultés 
matérielles et des frais en travaux d’arts qu’entrainerait chaque établisse- 
ment; ce qui permettrait de décider, en général, s'il conviendrait d’ac- 
corder aux cours d’eau et à la force du vent, la préférence sur l'emploi 
de la vapeur dans un pays probablement dépourvu de combustible. 

» La viabilité des routes et voies de communication quelconques, étant 
un objet de la plus haute importance sous le point de vue économique 
des forces motrices, on croit devoir appeler l'attention de MM. les mem- 
bres de la commission d’Afrique, sur l'utilité des renseignements qu'ils 
pourraient recueillir relativement à ce sujet, ainsi que sur les améliora- 
tions dont seraient susceptibles les principales de ces voies ; sur la nature 
des travaux à entreprendre et le genre de véhicules à adopter, d’apres les 
usages du pays, les besoins de la colonie et la qualité des matériaux. 

» Enfin , il serait bien à souhaiter que la commission fixât aussi son 
attention sur les moyens de rendre navigables les rivières du pays qui en 
seraient naturellement susceptibles, et recherchât si l'établissement de 
canaux dans ses principales plaines , pourrait être avantageux sous le point 
de vue des transports, du desséchement des marais, ainsi que sous celui 
de l'irrigation des terres ou de la création de chutes d’eau artificielles. » 


PaysiQue pu GLOBE. — Surun moyen de puiser de l'eau de mer à de grandes 
profondeurs , et de découvrir en quelle proportion les deux principes 
constituants de l'air atmosphérique y sont contenus.— Note de M. Brorr. 


« Les chimistes ont prouvé depuis long-temps que l’eau s’imprègne des 
gaz qui reposent sur sa surface. Cette absorption s'opère par une véritable 
affinité chimique qui s'exerce sur les différents gaz; et, lorsqu'on étudie 
particulièrement ses effets sur l'oxigène et sur l'azote, ces deux principes 
constituants de l’air atmosphérique, on la trouve plus forte pour le pre- 
mier que pour le second. De là il résulte que les eaux des fleuves et des 
mers, toujours en contact avec l’atmosphére, s’imprègnent à la longue 
d'un mélange gazeux où l’oxigène domine. En effet, des expériences trés 
exactes, faites par MM. de Humboldt et Gay-Lussac, ont prouvé que l’eau 
de pluie, l'eau de Seine et l'eau de neige, renferment un mélange d’oxi- 
gène et d’azote qui, sur 100 parties de son volume, contient depuis 29 
jusqu'à 32 parties d’oxigène; tandis que, dans l'air atmosphérique, en 
tout temps et en tous climats, la proportion d’oxigène est constamment 

27. 


( 204 ) 
égale à 21 parties. MM. de Humboldt et Provençal ont, en outre, déter- 
miné le volume absolu du mélange gazeux contenu ainsi dans l’eau , près 
de la surface ; et ils ont trouvé qu'il était + du volume de l'eau. 

» Par une conséquence nécessaire de ces propriétés, la vaste étendue 
des mers qui recouvrent une grande partie du globe, est imprégnée d'un 
mélange gazeux dont les proportions, près de la surface, doivent être à 
peu près les mêmes que nous venons d'indiquer. Je me suis assuré qu’il 
en est ainsi encore à la profondeur de mille mètres; car l'eau de mer, 
retirée d’une couche aussi profonde, m'a donné un mélange qui conte- 
nait, en volume, 28 parties d'oxigène sur 100. J'ai fait autrefois cette ex- 
périence dans la Méditerranée. 

» Mais ici se présentent plusieurs grandes questions de physique ter- 
restre que l'appareil dont je me servais alors ne pouvait résoudre. À me- 
sure que l’on s'enfonce dans les profondeurs de la mer, la masse d’eau 
supérieure presse l'inférieure de son poids ; et, comme une colonne d'eau 
de mer, de dix mètres de hauteur, pèse à peu près autant qu'une co- 
lonne d’air de même base prise depuis la surface terrestre jusqu’à la li- 
mite de l'atmosphère, il s'ensuit qu’à la profondeur de mille mètres l'eau 
supporte déjà cent atmosphères de pression. Que l'on conçoive l'énormité 
de cet effort sur les couches les plus basses, si la profondeur moyenne 
de la mer, loin des côtes, doit étre supposée de plusieurs lieues, comme 
“les lois de la gravitation semblent l'indiquer! (r). Or, des expériences di- 
rectes nous apprennent aussi que l’eau, mise en contact par sa surface 
avec des gaz comprimés, et pressée elle-même par eux, en absorbe le 
même volume que s'ils étaient soumis à la simple pression d’une seule . 
atmosphère; de sorte que le poids absorbé en devient proportionnelle- 
ment plus fort. Si donc le seul fait d'une absorption uniforme, propagée 
de proche en proche dans toute la masse des mers, doit déjà y fixer un 
volume d’air considérable, combien la quantité absorbée, ou absorbable, 
ne s’accroitra-t-elle pas si elle doit être ainsi proportionnelle à la pression, 
pour chaque profondeur! Alors cette saturation ayant dû s’opérer gra- 
duellement depuis que les mers se sont formées, aura modifié graduelle- 
ment aussi l'atmosphère préexistante, et peut-être continue de la modifier 
encore aujourd'hui, si l’affinité qui en est la cause n'est pas satisfaite. 
L'influence de ces phénomènes sur l’état de l'atmosphère extérieure, con- 
séquemment sur les conditions d'existence des êtres vivants à la surface 


(1) Mécanique céleste, tome IT, page 200. 


Ÿ 205 ) 

du globe, mérite bien qu'on essaie de les étudier et d'en mesurer l’é- 
tendue réelle. | 

» Pour cela il faut puiser de l’eau de la mer à de grandes profondeurs, 
loin des côtes, la ramener à la surface avec tout l'air qu’elle peut con- 
tenir; puis, dégager cet air par l'ébullition; mesurer son volume sous la 
pression atmosphérique ordinaire, et enfin l’analyser chimiquement. De 
ces opérations, la seule difficile est d'extraire l’eau de la profondeur où 
l'on veut la prendre, et de la ramener à la surface avec tout ce qu’elle 
peut renfermer. D'abord, il ne faut pas songer à y employer des capa- 
cités vides, ou pleines d'air, qui s’ouvriraient aux profondeurs assignées, 
pour s'y remplir d’eau; car la pression qu'elles auraient à supporter 
avant d'y parvenir, ferait filtrer l'eau à travers les Joints les plus parfaits 
des obturateurs, ou écraserait les vases si les obturateurs résistaient ; 
et, enfin, si le mélange gazeux contenu dans les couches profondes, par- 
tage la pression qu’elles éprouvent, il se dilaterait dans le rapport inverse 
quand on ramènerait l'appareil vers la surface, et s'échapperait par les 
obturateurs, ou briserait les parois de l'appareil par explosion. Afin d’é- 
luder ces efforts contraires, prenons pour vase un cylindre de verre 
creux , fermé à l’un de ses bouts par une plaque solide de métal , formant 
ainsi un véritable seau muni d’une anse, où l’on attaché une corde pour 
le descendre au fond de la mer. Ce seau étant vide, et ouvert à l’eau en- 
vironnante, descend dans les diverses couches sans être endommagé par 
la pression. Quand il est à la profondeur requise, on tire une autre 
corde attachée à sa partie inférieure par une anse inverse, et on le fait 
chavirer en le renversant. Cette seconde corde sert ensuite pour remon- 
ter l'appareil ; et afin qu’elle ne se mêle pas à l’autre, on la tient de l’autre 
bout du navire. Or le cylindre de verre est à double fond, l’un fixe, 
l’autre mobile. Celui-ci est un véritable piston de machine pneumatique, 
qui descend tout seul, par son propre poids, quand le seau est retourné; 
et en même temps le fond fixe a un petit trou muni d’une soupape, qui 
s’ouvre de dehors en dedans sous l'effort de l’eau-environnante, et la laisse 
s’introduire dans la capacité vide que lui ouvre le piston descendant. Ce- 
lui-ci descendu, et la capacité remplie, la soupape du fond fixe se ferme 
par son propre ressort, et l’eau introduite se trouve isolée de toute autre 
quand on la ramène. Mais, si cêtte eau contient un air comprimé, rien 
nebalancera son effort d'expansion, non plus que celuide cetair,quand on ra- 
ménera le tout vers la surface où la pression de l’eau extérieure est nulle : elle 
pourra donc s'échapper ou briser l'appareil. Pour se garantir contre cette 


{ 266 }) 


violence, on prépare une libre issue à toute expansion possible de l'air et 
de l’eau. A cet effet, le fond fixe est muni d’un canal latéral qui conduit 
à une vessie à gaz, laquelle a été primitivement remplie d’eau, puis vidée 
et affaissée sur ellemême avant de descendre l'appareil. Cette vessie re- 
cevra tout l'air que l’eau puisée dans les couches profondes pourra dé- 
gager en revenant vers la surface; et, s'il s’en dégage, elle remontera 
plus ou moins gonflée. Alors, en fermant les robinets dont le canal qui 
la porte est muni, on pourra la séparer du vase plein d’eau, mesurer le 
volume de l'air qu’elle renferme et l’analyser; après quoi on pourra étu- 
dier de même celui qui a dü rester dans l’eau du vase, et aussi toutes 
les matières que cette eau pourra tenir en dissolution. Tel est l'appareil 
qui a été remis au commandant de la Bonite; et le zèle comme les lu- 
mieres de cet officier, nous donnent l'assurance qu'il sera employé uti- 
lement, sous ses ordres, pour résoudre les diverses questions de physique 
terrestre indiquées plus haut; lesquelles, outre leur intérêt purement 
scientifique, ont encore de l'importance par les connaissances que leur 
solution doit nous fournir sur la permanènce ou la variabilité de notre at- 
mosphere, et sur les conditions d'existence des êtres animés qui vivent 
dans la profondeur des mers (1). » 


Instructions concernant la Metéorologie et la Physique du globe; par 
M. Araco (2). 


Anomalie touchant La distribution de la température dans l'atmosphère. 


« Les causes physiques qui concourent à rendre les couches de latmos- 
phere d'autant plus froides qu’elles sont plus élevées, n'ont pas été sou- 


(1) D'après l'usage auquel cet appareil est destiné, il est évident que le piston 
mobile doit être garni de cuirs gras qui puissent retenir l’air aussi bien que l’eau, ce 
qu’un piston purement métallique et inflexible ne ferait pas. J’ai recommandé de faire 
le cylindre en verre plutôt qu’en métal, afin d’éviter l’oxidation ; et aussi pour que 
l’on puisse voir à travers ses parois les particularités que le liquide intérieur pour- 
rait présenter. L'expérience des officiers de Za Bonite a appris que, dans les voyages de 
long cours, les vessies sont sujettes à être piquées par des insectes qui les mettent hors 
de service. C’est pourquoi il est bon d’en emporter un certain nombre, enfermées her- 
métiquement dans des tubes de verre, pour les employer au besoin, mais toujour: 
après avoir vérifié qu’elles tiennent bien l’air. 

(2) Les notes qu’on va lire, doivent être considérées conime le complément des 
Instructions que j'avais rédigées au moment du départ de la corvette Za Bonite, et 


( 207 ) 

mises jusqu'ici à une appréciation exacte. Il est même permis de supposer 
que quelque chose manque à l'énumération qu’on en a faite. Dans cette si- 
tuation , il m'avait paru qu’une anomalie pouvait tout aussi bien mettre 
sur la voie des lacunes, s’il en existe, et suggérer les moyens de les com- 
bler, qu’une étude générale du phénomène. Voilà pourquoi j'avais cru de- 
voir appeler l'attention des observateurs de la Bonite, sur l'exception que 
la loi ordinaire subit, LA Nutr, par un temps serein; sur la progression, 
ALORS croissante, que les températures atmosphériques présentent depuis 
le sol jusqu’à une certaine limite de hauteur qui n’a pas été encore exacte- 
ment déterminée. Aujourd'hui, ce champ de recherches me paraît s'être 
agrandi. Dans certains climats, les températures atmosphériques me sem- 
blent pouvoir être croissantes avec la hauteur, MÊME EN PLEIN Jour. J'ai 
constaté ce résultat en discutant, dans d’autres vues, des observations de 
MM. les capitaines Sabine et Foster, faites, en juillet 1823, pour détermi- 
ner l'élévation d’une montagne du Spitzberg isolée et très pointue. 

» Le 17 juillet, entre 4* 30’ et 6“ du soir, la température moyenne de 
air fut : 

A la station inférieure............. SRE EAN EAL ... +196 centigr. ; 


Au sommet de la montagne (à 5or mètres de hauteur)... + 1°,9; 
Le temps était sombre ; il faisait un peu de vent. - 


» Le 18 juillet, entre 3" 20’ et 6* du soir : 


A la station inférieure...... Se Reda SC )a 
Au soinmet de la montagne. .......... + 19,2; 
Brouillard épais ; brise modérée. 


» Le 20 juillet, entre minuit et 2} du matin : 


(Tout le monde sait que le 20 juillet, au Spitzherg, le soleil ne se 
couche pas, et qu’à minuit il est encore assez élevé au-dessus de l'horizon. 
Dans le lieu où M. le capitaine Sabine observait, cette élévation du soleil 
était d'environ 11°.) 

A la station inférieure........... Fr Pas Ra À: 


Au sommet de la montagne................ + 49,4; 
Le temps était très beau, très serein. 


dans lesquelles j’envisageais divers problèmes de météorologie sous le point de vue 
le plus général. Il m’a semblé, d’après cela, qu’il n’était pas nécessaire de séparer les 
questions que doivent étudier les voyageurs de l’Algérie , de celles qui intéresseront 
plus particulièrement l’expédition du Nord. 


( 208 ) 
» Le 21 juillet, entre ro! + du matin et midi + : 
A la station inférieure. ............ + 4°,3; 
Au sommet de la montagne........ + 3°,0. 


Il pleuvait à la station inférieure. La montagne était dans les nuages. 


» On voit que l’anomalie n'existe pas quand le temps est entièrement 
couvert. Elle atteint son maximum, au contraire, par un ciel serein. 
Tout cela est en accord parfait avec l'explication que nous avons donnée 
du phénomène dans les instructions de la Bonite, et qui se fonde sur les 
lois du rayonnement de la chaleur ; tout cela conduit à supposer aussi que 
dans nos climats, si le temps est favorable, la température de l’atmos- 
phère peut être croissante et non décroissante avec la hauteur, même 
avant le coucher du soleil. Des dispositions que j'ai en vue depuis fort 
long-temps, permettront de soumettre cetteconjecture à une épreuve déci- 
sive. En attendant, il nous semble que l’Académie doit engager les mem- 
bres de l'expédition du Nord à suivre avec une attention soutenue le 
phénomène que je viens de leur signaler. Un ballon captif qui porterait 
le thermomètre à minimum et qu’on lancerait de temps à autre dans 
les airs, servirait à faire les observations d’une manière encore plus 
concluante que si lon avait pu s'établir sur une montagne isolée et à 
sommet aigu. Nous recommanderions seulement de substituer un thermo- 
mètre à déversement, aux thermomètres à index mobile de Rutherford ou 
de Six dont l'usage serait très peu sûr à cause des fortes oscillations du 
ballon pendant sa montée, pendant sa descente, et même pendant le sé- 
jour de quelque durée qu’il devrait faire au point le plus élevé de sa 
course (1). 


(1) Depuis que ce paragraphe est rédigé, j'ai reconnu qu’il y avait déjà dans l’ou- 
vrage de Pictet, des observations de températures atmosphériques croissantes avec la 
hauteur, faites de nuit, ou du moins quand le soleil était sous l'horizon. M. Biot m'a 
remis, en outre, la note que je vais transcrire, relative à des observations du général 
Roy et du docteur Zind, sur la mesure des hauteurs par le baromètre; Philosoph. 
Trans, 1777, 2° partie, p. 728. 

Après avoir cité quelques observations faites à de très petites hauteurs, dans les- 
quelles, par l’influence des localités, le thermomètre supérieur avait indiqué une 
température un peu plus baute que l’inférieur, l’auteur ajoute ces propres paroles : 
« Mais le plus remarquable exemple de ce genre s’est présenté dans une des observa- 
» tions du docteur Lind, lors du dégel survenu le 31 janvier 1796, à la suite du grand 
» froid qui avait précédé. A Hawk-Hill (station inférieure) à 10* 45’ du matin la tempé- 
» rature de Pair libre était 14° Far, (— 10° cent.) ; tandis qu’au sommet d’Arthur: 


( 209 ) 


Température de la terre dans les régions polatres et sur la croupe des montagnes 
élevées. 


» Dans nos climats, la température moyenne des caves, des puits, des 
sources ordinaires est à très peu près égale à la température moyenne du 
lieu, déterminée à l’aide d’un thermomètre situé à l'ombre et en plein air. 
11 n’en est plus de même dans certaines contrées voisines du pôle et, dans 
toutes les contrées, près de la limite des neiges perpétuelles. Là, comme l'ont 
surtout prouvé les observations de MM. Wahlenberg et Léopold de Buch, 
la température du sol et par conséquent la température des sources , Sont 
notablement supérieures à la température moyenne de l'atmosphère. 

» L’anomalie avait été expliquée d’une manière en apparence satisfai- 
sante. L'épaisse couche de neige qui, dans les régions boréales ou dans 
celles dont la hauteur au-dessus de l'horizon est considérable, couvre le 
sol pendant une bonne partie de l’année, ne peut manquer, disait-on, à 
cause de son défaut de conductibilité, d’'empécher les grands froids de 
l’hiver d’atteindre la terre ou du moins de s'y propager jusqu'aux pro- 
fondeurs auxquelles ils seraient descendus, si la surface ne s'était pas re- 
vêtue de cette sorte d’enveloppe. La neige, quelque bizarre que le ré- 
sultat doive paraître de prime abord, est donc, à tout prendre pour les 
régions où elle séjourne long-temps, une cause réelle d’échauffement. 

» Que peut-on opposer à une explication où tout paraît si rationnel, si 
évident ? On peut lui opposer, d’abord; de ne spécifier aucun chiffre. De- 
puis l’époque récente où M. Erman a communiqué à l’Académie les ob- 
servations comparatives concordantes, de la température de l'air et de 
la terre faites en Sibérie , on doit opposer encore à la même explication, 
qu'elle conduit, comme une nécessité, à des différences de chaleur sen- 
sibles, pour des localités où de telles différences n'existent pas, et, par 
exemple, pour Yakustk, comme nous venons de l’apprendre. Ceux de 
nos compatriotes qui se proposent d’hiverner vers l'extrémité septentrio- 
CCE _ _ …—… —_—"—_—— 
» Seat (station supérieure) elle était à 20° F. (— 6.2). La terre, qui était restée gelée, 
» maintenait l'air extrêémement froid en bas, quoiqu'il eût déjà éprouvé l'influence du 
» déyel sur le sommet de la montagne, » ; 

La différence de niveau des deux stations ici désignées était de 684 pieds anglais, et 
Von voit que l’excès de température,'au sommet de la colonne, a été 6° Far, on 3 _ 
cent., mais les points intermédiaires n’ayant pas été observés, on ne peut savoir si 
cet accroissement était continu ou s’il n'existait pas déjà un décroissement réel au 
sommet de la station la plus haute. 


C.R. 1838, 2° Semestre, (T. VII, N° 4.) 28 


( 210 ) 
nale de l'Europe , peuvent donc espérer d'y résoudre un important pro- 
blème de météorologie. S'ils s'arrêtent dans le Finmark, à Kielvik, à 
Hammerfest ou à Alten , dont la température moyenne est au-dessous de 
zéro , ils devront rechercher pourquoi l'eau n’y gele jamais dans les caves 
bien closes. Le ruisseau d'Hammerfest ;, qui, d’après M. de Buch, ne cesse 
pas de couler au milieu de l'hiver, fixera aussi leur attention; enfin, ils 
ne manqueront pas, ne füt-ce qu’en se servant de simples trous pratiqués 
‘avec le fleuret du mineur, d'examiner comment la température de la Terre 
varie journellement à différentes profondeurs. Ces observations n'ont ja- 
mais été faites, je crois , dans les régions où, pendant des mois entiers, le 
Soleil ne se couche pas. Aussi seront-elles pour la science une acquisition 
intéressante, indépendamment de leur liaison possible avec l’anomalie 
dans les températures terrestres à laquelle j'avais voulu d’abord consacrer 
exclusivement cet article. 


Sources thermales. 


» Si l'on admet, avec la plupart des physiciens de notre époque, que 
les eaux thermales vont emprunter leur haute température à celle de 
couches terrestres très profondes, plusieurs de ces sources pourront nous 
éclairer sur l’ancien état thermométrique du globe. Un exemple, le plus 
favorable au reste qu'il soit possible de citer, rendra la liaison des deux 
phénomènes parfaitement évidente. 

» En 1785, M. Desfontaines découvrit, à quelque distance de Bone; en 
Afrique, une source thermale dont la température s'élevait à + 96°,3 cent. 
La source était connue des anciens : des restes de bains ne permettent 
pas d’en douter. Cette circonstance, combinée avec le nombre 96,3, con- 
duit, ce me semble, à la conséquence qu’en 2000 ans la température de la 
terre, en Afrique, n’a pas varié de 4° centigrades. Admettons, en effet, 
quelques instants, qu’il se soit opéré en 2000 ans une diminution de 4°; la 
couche terrestre d’où l’eau émane aujourd'hui aurait été, du temps des 
Romains et des Carthaginois, à la température de + 100°,3; ainsi l’eau 
serait venue au jour à l’état de vapeur, comme dans les geysers d'Islande, 
et non pas seulement à l'état d’eau chaude. Or, qui pourrait croire à 
l'existence d’un phénomène aussi extraordinaire, lorsque Sénèque, Pline, 
Strabon, Pomponius Mela , etc., n’en font pas mention? 

» Notre argumentation ne parait comporter qu'un seul genre de diffi- 
culté : les dissolutions n’entrent pas en ébullition à 100°, comme l’eau 
pure , et la différence croît aavec la proportion de matière saline dissoute; 


(Cer) 
c'est précisément pour cela que de nouvelles observations de la source 
thermale des environs de Bone, sont indispensables ; c’est pour cela qu'il 
faudra joindre à la détermination de la température, une analyse chimique 
de l’eau , analyse qui, du reste, pourra se faire à Paris, sur des échantillons 
renfermés dans des bouteilles hermétiquement fermées. Si, aujourd’hui, 
l’eau de la source arrive à la surface à peu près saturée des matières cal- 
caires qu'elle y dépose, toute difficulté s’évanouira et un important pro- 
blème de climatologie se trouvera résolu. 


Effets du Déboisement. 


» Quoique la question de savoir sile déboisementaltèrenotablement les 
climats, n'ait excité sérieusement l’atténtion du public et celle de l’auto- 
rité que depuis assez peu de temps, elle a déjà donné lieu aux opinions 
les plus diverses. Les uns admettent, par exemple, que de simples ri- 
deaux de bois peuvent abriter complétement de vastes étendues de pays; 
y garantir les végétaux des effets pernicieux de certains vents; les sous- 
traire surtout à l’action désastreuse des vents de mer. Les autres ne nient 
pas tout-à-fait cette influence des bois, mais ils la circonscrivent dans 
dé si étroites limites ; qu’elle serait à vrai dire sans intérêt! D'après ce que 
rapportent les voyageurs, on peut espérer que l'Afrique ét les côtes de la 
Norwége offriront à des esprits suffisamment avertis et à des yeux at- 
tentifs , des localités où le phénomène se présentera dans tout son jour et 
avec des circonstances qui permettront d’en assigner l'importance. 


Réfractions atmosphériques. 


» Les astronomes qui ont essayé, même une seule fois dans leur vie, 
de déterminer la valeur des réfractions horizontales, savent combien peu 
il est permis de compter sur les résultats. C’est ordinairement le bord du 
soleil qui sert de point de mire; mais près de l'horizon, ce bord paraît si 
fortement dentelé, si vivement irisé, si déchiqueté; ces diverses irrégula- 
rités sont d’ailleurs tellement changeantes que l'observateur ne sait où 
diriger le fil du réticule, à quel point, à quelle hauteur arrêter sa lunette 
sur le limbe gradué de Pinstrument qu'il emploie. C’est donc'hien à tort 
que certains géomètres se sont astreints à représenter par leurs formules 
laréfraction horizontale. La valeur de cette réfraction n’est pas connue ; 
elle ne saurait être déterminée avec exactitude; la valeur moyenne elle- 
même doit changer d'un lieu à l’autre; les circonstances locales peuvent 
la modifier très notablement. 

28... 


(212) 


» Si, envisagées du point de vue que nous venons d'adopter, les ré- 
fractions horizontales méritent peu l'intérêt qu’elles excitaient jadis, il 
n’en est pas de même du cas où l’on veut les faire servir à l'étude de la 
constitution de l’atmosphère, sous le rapport surtout du décroissement de 
la chaleur des couches superposées. Des observations de cette nature 
faites dans les climats des tropiques et dans les régions glaciales, si elles 
étaient accompagnées en chaque lieu de la détermination expérimentale 
du décroissement de la température de l'air, obtenue avec de petits bal- 
lons, conduiraient certainement par leur comparaison avec les valeurs 
analytiques de la réfraction, à d'importants résultats. Aussi proposerons- 
nous à l’Académie de recommander les observations des réfractions voi- 
sines de l'horizon, aux membres de l'expédition du Nord et aux membres 
de l'expédition d’Afrique. 


Courants sous-marins. 


« La température des couches inférieures de l'Océan, entre fles tra- 
piques, est de 22 à 25° centigrades au-dessous du plus bas point auquel 
les navigateurs aient observé le thermomètre à la surface. Ainsi, cette 
couche si froide du fond n’est point alimentée par la précipitation des 
couches superficielles. 11 semble donc impossible de ne pas admettre que 
des courants sous-marins transportent les eaux des mers glaciales jusque 
sous l'équateur. 

» La conséquence est importante. Les expériences faites au milieu de la 
Méditerranée, la fortifient. Cette mer intérieure ne pourrait recevoir les 
courants froids, provenant des régions polaires, que par la passe si res- 
serrée de Gibraltar; eh bien! dans la Méditerranée, la température des 
couches profondes n’est jamais aussi faible, toutes les autres circonstances 
restant pareilles, qu’en plein Océan; on peut même ajouter que nulle part 
cette température du fond de la mer Méditerranée ne parait devoir des- 
cendre au-dessous de la température moyenne du lieu. Si cette dernière 
circonstance vient à se confirmer, ilen résultera qu'aucune partie du flux 
glacial venant des pôles, ne franchit le seuil du détroit de Gibraltar. 

» Lorsque M. le capitaine Durville partit, il y a quelques années, pour 
sa première campagne de l’Astrolabe, j'eus la pensée qu'il pourrait être 
utile de rechercher si les phénomènes de l'Océan, quant à la température 
des couches profondes, se présenteraient dans toute leur pureté dès qu'on 
se trouverait à l'ouest du détroit. L'Académie voulut bien accueillir mon 
vœu. Sur sa recommandation expresse, quelques observations de la na- 


( 2131) 


"ture de celles que je désirais, furent faites à peu de distance de Cadiz. Eh 
bien! elles donnèrent précisément ce qu'on aurait trouvé dans la Médi. 
terranée. 

» Ce fait curieux semble se prêter à deux explications différentes. On 
peut supposer que le courant polaire se trouve complétement refoulé par 
un courant sous-marin dirigé de la Méditerranée vers l'Océan, et dont 
l'existence est appuyée sur divers événements de mer. On peut supposer 
aussi que la saillie si forte de la côte méridionale du Portugal , ne permet 
pas au flux d’eau froide venant du nord, de s’infléchir, presqu’à angle 
droit pour aller atteindre les régions voisines de l'embouchure du Gua- 
dalquivir. Dans cet état de la question, chacun comprendra combien des 
sondes thermométriques faites à l’ouest et à l’est du cap Saint-Vincent, au- 
raient de l’intérét.Nous croyons d'autant mieux devoir proposer à l’Académie 
de recommander ce genre d'observations à M. le Ministre de la Marine, 
qu'un bâtiment va faire actuellement l'hydrographie des côtes de Maroc , 
et que son commandant, M. Bérard, s’est déjà occupé de la détermina- 
tion de la température de la mer à toutes profondeurs, avec un succès 
auquel le monde savant a rendu pleine justice. Jamais occasion plus favo- 
rable ne s’est présentée de résoudre le grand problème de physique ter- 
restre dont nous avons cru devoir poser ici les éléments avec quelque 
détail. ; 

Des Y’ents. 

» Les vents peuvent fournir aux voyageurs météorologistes, des sujets 
de recherches d’un grand intérêt. 

» Il faut, d’abord, qu’en chaque lieu, ils assignent la direction des 
vents dominants; il faut qu'ils déterminent les époques de l’année où 
chaque vent souffle de préférence. 

» Aucun des instruments dont la Météorologie est en possession ne 
donne la vitesse du vent avec la précision désirable. Quand le temps est 
entièrement couvert, l'observateur qui veut déterminer la rapidité de la 
marche d'un ouragan , se voit réduit à jeter dans l'air des corps légers et à 
les suivre de l'œil, la montre en main, jusqu’au moment où ils atteignent 
divers objets situés à des distances connues. Lorsque le ciel est seulement 
parsemé de quelques gros nuages, leur ombre parcourt sur la terre, en 
10" par exemple, un espace à fort peu près égal à celui dont ils se sont 
déplacés par l'effet du vent. 

» L'observation de ces ombres peut être recommandée avec confiance ; 
elle donne la vitesse du vent mieux que les corps légers dont les physi- 


( 214 ) 
ciens exacts ont renoncé à se servir, parce que leurs mouvements près de” 
terre sont compliqués de l'effet de mille tourbillons et de celui des vents 
réfléchis. 

» En 1740, Franklin découvrit que les ouragans qui ravagent si sou- 
vent la côte occidentale des États-Unis , se propagent en sens contraire 
de la direction suivant laquelle ils soufflent. De cette manière, un ouragan 
du nord-est commence à la Nouvelle-Orléans ; il arrive ensuite à Char- 
lestown; ne parvient à Philadelphie que 2 à 3 heures après ; emploie un 
nouvel intervalle de plusieurs heures pour se faire sentir à New-Vork, et 
atteint que plus tard encore les villes plus septentrionales de Boston et 
de. Québec en soufflant toujours, dans cette marche à reculons, comme 
s’il venait du nord. 

» Il résulte de l'observation de Franklin, que les ouragans d’AÆmérique 
sont des vents d'aspiration. Le même phénomène se produit-il dans d’autres 
lieux, sur une aussi grande échelle? Je dis sur une aussi grande-échelle, 
puisqu'il me paraît incontestable que les brises de terre qui se font sentir 
réguliérement la nuit dans certains parages, et les brises de mer qui leur 
succèdent le jour sont des vents d'aspiration. 

» Pendant son séjour au Col du Géant, Saussure fut assailli par des 
vents d'orage d’une violence extrême, qu’interrompaient périodiquement 
des intervalles du calme le plus parfait. Comme les vents orageux chan- 
gent subitement d'orientation de 30 à 40 degrés, l’illustre physicien de Ge- 
nève expliqua les singuliers moments de calme dont il était témoin, en sup- 
posant que parfois le vent soufflait suivant la direction de telle ou telle 
cime des Alpes, qui tenaient sa station du Col à l'abri. 

» Cette explication de l'intermittence du vent, ne peut pas être générale, 
car le capitaine Cook a observé le même phénomène en pleine mer, ainsi 
que cela résulte du passage que je vais transcrire. 

« Le bâtiment se trouvant par 45° de latitude sud et 28°30° est de Paris, 
» la nuit, dit le célébre navigateur, fut très orageuse. Le vent souffla du 
» S.-0., en raffales extrêmement fortes. Dans de petits intervalles entre les 
» grains, le vent se calmait presque complétement, et ensuite il recom- 
» mençait avec une telle fureur que ni nos voiles, ni nos agrès ne pouvaient 
» le supporter. » (2° voyage.) 

» M. le capitaine Duperré m'apprend qu'il a quelquefois remarqué les 
mêmes effets. Il y a donc là, un curieux sujet d'observations. Il faudra 
aussi l’étendre aux vents faits de terre qui, souvent, soufflent des journées 
entières dans les plaines, sinon avec des intervalles d’un calme parfait, du 


( 215.) 


moins avec des changements d'intensité que Saussure évalue à la moitié 
ou même aux deux tiers de l’intensité ordinaire. 

» La météorologie et la physiologie ont encore beaucoup à attendre du 
zèle des voyageurs au sujet des vents chauds du désert, connus en Afrique 
sous les noms de Seimoum , de Kamsin, d'Harmattan, vents qui en attei- 
gnant les îles de la Méditerranée, ou les côtes d’Ztalie, de France ei 
d'Espagne deviennent le Chirocco. Les descriptions que certains voyageurs 
ont données des effets du seimoum , sont évidemment exagérées. Il paraît 
assez évident que ces effets, quels qu'ils puissent être, dépendent en 
grande partie de la haute température et de l’extrême sécheresse que des 
sables flottants communiquent à Fatmosphère ; mais il n’en sera pas moins 
utile de compléter par des observations du thermomètre et de l'hyÿgro- 
mètre, les vagues aperçus dont on s’est jusqu'ici contenté. Burckhardt 
rapporte que pendant une bourrasque de seimoum, il vit à Æsné le thermo- 
mètre, à l'ombre, s'élever jusqu'à 55° centigrades , température qui jus- 
tifierait toutes les assertions de Bruce, si le voyageur suisse n’ajoutait 
que l'air ne reste jamais dans.un pareil état pendant plus d’un quart 
d'heure. 

» Est-il vrai, comme l'assure Burckhardt, que les teintes de l'atmosphère 
quand le seimoum souffle, que les couleurs, soit rouge, soit jaune, soit 
bleuitre, soit violette du soleil, citées par tant de voyageurs, dépendent 
de la nature et de la couleur du terrain d’où le vent a enlevé le sable qu'il 
transporte avec lui? 


Phénomènes de lumière atmosphérique. 


» L’instrument à polarisation chromatique, à l’aide duquel j'ai pu cons- 
tater que la lumière des kalos est de la lumière réfractée, pourra être ap- 
pliqué, avec le même avantage , à l'étude des parhélies., des paraselènes , 
et des cercles entrecroisés qui les: accompagnent presque constamment, 

_ surtout dans les climats du nord. L’observateur devra; 1° noter si. la lu- 
mière de ces météores présente les caractères de la polarisation par 
réflexion ou de la polarisation, par réfraction; »° déterminer avec toute 
l’exactitude possible la position.du plan de polarisation de chaque faisceau 
analysé, relativement au soleil; 3° apprécier les proportions, sinon ab- 
solues, du moins comparatives, de lumière polarisée contenues dans la 
lumière totale provenant des diverses régions du phénomène. Ces résul- 
tats, combinés avec des mesures angulaires précises des diamètres des di- 
vers cercles et de la distance de leurs points d'intersections au soleil, de- 


( 216 ) 


viendront pour une branche importante de l'optique, aujourd'hui très 
imparfaite, de précieuses acquisitions. Ce seront autant de pierres de 
touche qui ne permettront plus à de vagues aperçus d’usurper la place 
d’une théorie solide. 

Aurores boréales, 

» Dans nos climats, quand une aurore boréale est complete, quand 
une partie de sa lumière dessine dans l'espace un arc bien tranche, bien 
défini, le point culminant de oxr arc est dans le méridien magnétique, 
et ses deux points d’intersection apparents avec l'horizon, sont à des dis- 
tances angulaires égales du mème méridien. 

» Lorsqu'il jaillit des colonnes lumineuses des diverses régions de l'arc, 
leur point d'intersection , celui que certains météorologistes ont appelé le 
centre de la coupole , se trouve dans le méridien magnétique et précisé- 
ment sur le prolongement de l'aiguille d'inclinaison. 

» Il est très important de répéter partout ce genre d'observations, 
moins pour établir entre les aurores boréales et le magnétisme terrestre; 
une connexion générale dont personne ne peut douter aujourd'hui, qu’à 
raison des lumières qu’il doit répandre sur la nature intime du phéno- 
mène et sur les méthodes géométriques d’après lesquelles on a quelquefois 
déterminé sa hauteur absolue. 

» Ces méthodes, fondées sur des combinaisons de parallaxes , supposent 
que partout on voit le même arc, je veux dire les mêmes molécules ma- 
térielles, amenées par des causes inconnues à l’état rayonnant | Si je ne 
me trompe, cette hypothèse, quand elle sera examinée avec tout le scru- 
pule convenable, soulévera plus d’un doute fondé. 

» L'orientation magnétique de l'arc de l'aurore , ne prouve rien autre - 
chose si ce n’est que le phénomène est placé symétriquement par rapport 
à l'axe magnétique du globe. Quant au genre de déplacement que le 
centre de la coupole éprouve pour chaque changement de position de 
l'observateur, il ne saurait s'expliquer par un jeu de parallaxes. Ce dépla- 
cement est tel qu'un observateur qui marche de Paris vers le pôle magné- 
tique nord, voit le centre de la coupole, situé au sud de son zénith, 
s'élever de plus en plus au-dessus de lhorizon; or c'est précisément le 
contraire qui arriverait si la coupole était un point rayonnant et non un 
simple effet de perspective. 

» Dès qu’on a établi que dans les aurcres boréales , une de leurs parties au 
moins est une pure illusion, on ne voit pas pourquoi on adopterait d’em- 
blée que l'arc lumineux de Paris est celui qui sera aperçu de Strasbourg, 


ŒTA 

de Munich, de Vienne , etc.! Conçoit-on quel grand pas aurait fait la 
théorie de ces mystérieux phénomènes, s'il était établi que chaque ob- 
servateur voit son aurore boréale, comme chacun voit son arc-en-ciel ? 
Ne serait-ce pas d’ailleurs quelque chose que de débarrasser nos catalogues 
météorologiques, d’une multitude de déterminations de hauteur qui n’au- 
raient plus aucun fondement réel, bien qu’on les doive aux Mairan , aux 
Halley, aux Krafft, aux Cavendish , aux Dalton ? 

» Avant de terminer un article dans lequel il a été si souvent question 
de la hauteur absolue de la matière au milieu de laquelle l'aurore boréale 
s'engendre, je ne dois pas oublier de rappeler qu’une fois le capitaine 
Parry crut voir des jets lumineux provenant d’une aurore , se projeter sur 
une montagne peu éloignée de son bâtiment. Cette observation mérite bien 
d’être confirmée et renouvelée. 


Électricité atmosphérique. . 


« Le tonnerre pourrait être encore l’objet de recherches très intéres- 
santes qui sont indiquées avec détail dans l'Annuaire du Bureau des 
Longitudes. 


» En Norwége (dit-on) , les orages deviennent d’autant plus rares qu’on 
s'éloigne davantage des côtes maritimes. S'il fallait s’en rapporter à quel- 
ques voyageurs, il y aurait déjà, sous ce rapport, des différences nota- 
bles entre l'entrée et le fond de chacune des immenses baies dont le 
pays est sillonné. C’est un sujet d'observations bien digne de l'attention 
des météorologistes. 


Electricité près des cascades. 


» En 1786, Tralles trouva près de la cascade du Staubbach , que la 
-pluie extrêmement fine qui s’en détachait, donnait des signes manifestes 
d'électricité négative. Le Reichenbach lui offrit les mêmes phénomènes. 
Volta , peu de temps après, vérifia l’exactitude de l'observation de Tralles, 
non-seulement sur la cascade de Pissevache, mais encore partout où une 
. chute d’eau, quelque insignifiante qu’elle fût, donnait lieu, par l’intermé- 
diaire du vent , à la dispersion de petites gouttelettes; comme à Tralles, 
l'électricité lui parut toujours négative. 

» Le physicien de Berne attribua d’abord l'électricité de la poussière 
d'éau dont toutes les grandes cascades sont entourées, au frottement des 
gouttelettes sur l'air; mais bientôt après il vit, avec Polta , la véritable 

C. R. 1838, 2° Semestre. (L. VII, N° 4.) : 29 


( 218 ) 


cause de cette électricité, dans l’évaporation que les mêmes gouttelettes 
éprouvent en tombant. Cette explication vient d’être combattue par M. le 
professeur Belli. Sans nier que l’évaporation puisse avoir un certain effet 
daus le phénomène, M. Belli réserve le rôle principal à l'action que l'élec- 
tricité atmosphérique doit exercer sur l’eau courante. L'eau, dit-il, sera 
par influence, par induction, à l’état négatif, quand l'atmosphère se 
trouvera , comme c’est l’ordinaire, chargée d'électricité positive. Au mo- 
ment où cette eau se divisera en mille gouttelettes, elle ne pourra man- 
quer de porter l'électricité dont l'induction de l’atmosphère l’avait im- 
prégnée, sur tous les objets qu’elle rencontrera. 

» La théorie de M. le professeur Belli est susceptible d’une épreuve 
qui, d’un seul coup , en démontrera Yexactitude ou la fausseté. Si elle 
est vraie, l'électricité du nuage dont les cascades sont entourées, n’aura 
pas toujours le même signe; elle sera négative si l'atmosphère est positive; 

son la trouvera positive au contraire quand les nuages seront négatifs. Ce 
sont donc des observations faites dans des temps orageux et non parun 
ciel serein, qui permettront de choisir entre la théorie de Volta et celle 
de M. Belli. 


Marées. 


» La théorie des marées empruntée au principe de l'attraction uni- 
verselle, ne peut laisser aucun doute dans les esprits quant à ses bases 
générales. Ce qui lui manque encore du côté de la simplicité et de 
la rigueur , est du ressort de la géométrie. Les observateurs , cependant, 
ont encore devant eux un vaste champ d’études dans les circonstances 
locales qui modifient considérablement les heures des établissements des 
ports et les changements de hauteur des eaux , sans qu’il soit ordinaire- 
ment bien facile de dire quelle est la circonstance influente et son mode 
d'action. 

» Y a-t-il des marées sensibles dans la Méditerranée proprement dite ? 
À cette question, quelques personnes ont répondu oui, en ce qui con- 
cerne le port de Bouc, par exemple; mais les chiffres sur lesquels elles 
se fondent disent le contraire. D'après quelques recherches faites à Naples 
en 1793, il y aurait une marée bien observable de près d’un tiers de 
mètre ; dans le canal étroit qu’on appelle la rivière Styx et qui établit 
une communication entre le port de Misène et le Mare-Morto. Blag- 
den croyait ses données tellement sûres qu'il alla jusqu'à en déduire 
l'heure de l'établissement dans la baie de Maples (9* à 10! du matin). Ces 
observations méritent d’être répétées sur divers points de lÆlgérie. Le 


GE) 
manque de réussite dans tel ou tel port, ne doit pas décourager. Si l’on 
s'en était tenu à la remarque si souvent reproduite : la Méditerranée est 
une mer trop resserrée pour que les marées puissent y être observées, 
nous ne saurions pas aujourd’hui qu’elles sont très sensibles dans l’Ædria- 
tique; nous ignorerions qu'à Chioggia et à Venise elles s'élèvent à plus 
d'un mètre. 


Couleur de la mer. 


» L'étude des couleurs de la mer a exercé la sagacité d’un grand nom- 
bre de savants et de navigateurs sans qu’on puisse dire que le problème 
soit entièrement résolu. 

» Quelle est la couleur de l’eau de l'Océan? A cette question les réponses 
seront à peu près identiques. C’est en effet au bleu d'outremer que le capi- 
taine Scoresby compare la teinte générale des mers polaires; c’est à une dis- 
solution parfaitement transparente du plus bel indigo, ou au bleu céleste, 
que M. Costaz assimile la couleur des eaux de la Méditerranée; c’est par 
les mots d'azur vif que le capitaine Tuckey caractérise les flots de 
l'Atlantique dans les régions équinoxiales ; c’est aussi le bleu vif que sir 
Humphry Davy assigne aux teintes reflétées par les eaux pures provenant 
de la fonte des neiges etdes glaciers. Le bleu céleste plus ou moins foncé, 
c'est-à-dire mélangé avec de petites ou avec de grandes proportions de 
lumière blanche, semblerait donc devoir être toujours la teinte de l'Océan. 
Pourquoi n’en est-il pas ainsi? 

» Nous venons d’abord de parler d’eau pure; or, les eaux de la mer sont 
souvent imprégnées de matières étrangères. Les bandes vertes, par exem- 
ple, si étendues et si tranchées des régions polaires, renferment des 
myriades de Méduses dont la teinte jaunâtre, mélée à la couleur bleue 
de l’eau, engendre le vert. Près du cap Palmas, sur la côte de Guinée, 
le vaisseau du capitaine Tuckey paraissait se mouvoir dans du lait; c’é- 
taient aussi des multitudes d’animaux flottant à la surface qui avaient 
masqué la teinte naturelle du liquide. Les zones, rouge de carmin, que 
divers navigateurs ont traversées dans le grand Océan, n’ont pas une autre 
cause. En Suisse, d’après sir À. Dayy , quand la teinte d’un lac passe du 
bleu au vert, c’est que ses eaux se sont imprégnées de matières végé- 
tales. Près de l'embouchure des grandes rivières enfin, la mer a souvent 
une teinte brune provenant de la vase et des autres substances terreuses 
qui sont tenues en suspension. Nous avons dû insister sur les couleurs 
engendrées par des matières mélées à l’eau, afin qu’on ne les confondit 
pas avec celles dont il nous reste à parler. 


20.. 


( 220 ) 


» La teinte bleu céleste de la mer se trouve modifiée ou même quel- 
quefois totalement changée, dans les parages où l’eau est peu profonde. 
C’est qu’alors la lumière réfléchie par le fond arrive à l’œil confondue avec 
la lumière naturelle de l'eau. L’effet de cette superposition pourrait être 
calculé d’après les lois de l'optique; mais il faudrait joindre à la connais- 
sance de la nature des deux teintes mélangées, celle plus difficile à obtenir 
de leurs intensités comparatives. Ainsi, un fond de sable jaune peu réflé- 
chissant donne à la mer une teinte verte, parce que le jaune mélé au 
bleu, comme tous les physiciens le savent, engendre du vert; mainte- 
nant, sans changer les nuances , remplacez le jaune sombre par un jaune 
éclatant, le bleu peu intense de l'eau pure verdira à peine cette vive 
lumière, et la mer paraîtra jaune. Dans la baie de Zoango les eaux sont 
toujours fortement rougeûtres : on les dirait mélées à du sang. Tuckey 
s’est assuré que le fond de la mer y est très rouge. Substituons à ce fond 
rouge vif un fond de même nuance mais obscur, mais peu réfléchissant , 
et les eaux de la baie de Loango paraîtront désormais orangées ou peut- 
étre même jaunes. 

» On fait, contre cette manière d’envisager la question, une objection 
qui , de prime abord , semble sérieuse : un fond de sable blanc, nous dit- 
on , ne devrait pas altérer la teinte de la mer, car si le blanc affadit les 
couleurs auxquelles il se mêle, du moins il n’en change pas la nuance. La 
réponse sera facile. Comment s’assure-t-on que le sable du fond est blanc ? 
N'est-ce pas en plein air, après en avoir pêché une partie; n'est-ce pas en 
l’exposant à la lumière blanche du Soleil ou des nuages? Le sable est-il 
dans ces mêmes conditions au fond de l’eau ? Si en plein air vous l’éclai- 
riez avec de la lumière rouge, verte, bleue, il vous paraîtrait rouge, vert, 
ou bleu. Cherchons donc quelle couleur le frappe au fond de l’eau. 

» L'eau se trouve dans les conditions de tous ces corps que les phy- 
siciens, les chimistes et les minéralogistes ont tant étudiés, et qui pos- 
sedent deux sortes de couleurs : une certaine couleur transmise et une 
couleur réfléchie , totalement différente de la première. L'eau paraît bleue 
par réflexion; quelques personnes croient que sa couleur transmise est 
verte: Ainsi, l’eau disperse dans tous les sens, après l'avoir bleuie , une 
portion de la lumière blanche qui va l’éclairer; cette lumière dispersée 
constitue /a couleur propre des liquides. Quant aux autres rayons, irrégu- 
lièrement transmis , leur passage à travers l’eau les verdirait, et cela d’au- 
tant plus fortement que la masse traversée aurait plus d'épaisseur. 

» Ces notions admises, reprenons le cas d’une mer peu profonde, 


( 221 ) 

à fond de sable blanc : ce sable ne reçoit la lumière qu’à travers une cou- 
che d’eau ; elle lui arrive donc déjà verte, et c’est avec cette teinte qu'il la 
réfléchit; mais dans le second trajet que font les rayons lumineux à tra- 
vers le même liquide en revenant du sable à l'air, leur teinte verte se 
fonce quelquefois, assez fortement pour prédominer à la sortie sur le 
bleu. Voilà peut-être tout le secret de ces nuances qui, pour le navigateur 
expérimenté, sont dans un temps calme l'indice certain et précieux de 
hauts-fonds. 

» Nous venons de dire : dans un temps calme, et ce n’est pas sans dessein. 
Quand la mer est agitée, des vagues convenablement orientées peuvent, 
en effet, envoyer à l'œil une assez grande quantité de rayons transmis où 
verts, pour que le bleu réfléchi soit entièrement masqué. Quelques courtes 
observations rendront cela évident. 

» Concevons un prisme triangulaire placé en plein air, horizontalement, 
devant un observateur un peu plus bas que lui. Ce prisme ne pourra 
amener à l'œil, par voie de réfraction, aucun rayon venant directement 
de l'atmosphère. Au contraire, la face antérieure du prisme jettera vers 
l'observateur, un faisceau atmosphérique réfléchi dont une grande partie, 
il est vrai, passera au-dessus de sa tête. Cette partie aurait besoin d’étre 
pliée dans sa course, d’être infléchie, d’être réfractée de haut en bas pour 
arriver à l'œil. Un second prisme , placé comme le premier, mais plus près 
de l'observateur, produirait précisément cet effet. 

» D’après ce peu de mots, tout le monde a déjà fait, sans doute, l’assi- 
milation qui doit conduire au but vers lequel nous tendons. Les vagues de 
l'Océan sont des espèces de prismes; jamais une vague n’est unique; les 
vagues contigués s’avancent, à peu près, dans des directions parallèles ; eh 
bien! quand deux vagues s’approchent d’un bêtiment, une portion de la 
lumière que la face antérieure de la seconde vague réfléchit, traverse la 
première, s'y réfracte de haut en bas, et arrive ainsi à l'observateur placé sur 
le pont. Voilà donc, de nouveau, de la lumière transmise, de la lumière 
conséquemment verdie, qui parvient à l’œil en même temps que les teintes 
bleuâtres ordinaires; voilà les phénomènes des hauts-fonds à sable blanc, 
engendrés sans hauts-fonds; voilà une mer verte par la prédominance de 
la couleur transmise sur la couleur réfléchie. 

» Nous n'avons tracé ici à la hâte, des linéaments imparfaits d’une 
théorie des couleurs de la mer, qu’afin de diriger les navigateurs dans les 
études qu’ils auront l’occasion de faire à ce sujet. La recherche des cir- 
constances qui pourraient mettre cette théorie en défaut, leur suggérera 


( 222 ) 


des expériences ou, du moins, des observations auxquelles sans cela ils 
n’eussent probablement pas songé. Par exemple, tout le monde compren- 
dra que les vagues-prismes ne devront pas produire des effets identiques , 
quel que soit le sens de leur propagation, et l’on s’attendra à trouver 
quelque variation dans la teinte de la mer, quand le vent viendra à changer. 
Sur les lacs de la Suisse, le phénomène est manifeste; en sera-t-1l de même 
en pleine mer? 

» Quelques personnes persistent à assigner un rôle important au bleu 
atmosphérique dans la production du bleu de l'Océan. Cette idée nous 
semble pouvoir être soumise à une épreuve décisive, et voici de quelle 
manière. 

» Les rayons bleus de l’atmosphère ne reviennent de l’eau à l'œil qu’a- 
prés s'être régulièrement réfléchis. Si l'angle de réflection est de 37°, ils 
sont polarisés. Une tourmaline pourra servir à les éliminer en totalité et, 
des-lors, le bleu de la mer sera vu à part, sans aucun mélange étranger. 

» Pour se mettre, autant que possible, à l'abri des reflets dans l'é- 
tude des couleurs de l'Océan, de très habiles navigateurs ont recom- 
mandé de viser toujours à travers le tuyau par lequel passe la tige 
du gouvernail. De là, les eaux offrent, en quelques points, de belles teintes 
violacées ; mais avec un peu d'attention, on peut s'assurer que ces teintes 
n’ont rien de réel, qu’elles sont des effets de contraste, qu’elles résultent 
de la lumière atmosphérique faiblement réfléchie dans une direction pres- 
que perpendiculaire, et colorée par le voisinage des couleurs vertes trans- 
mises qu’on aperçoit toujours autour du gouvernail. 

» Soit que l’on veuille admettre et développer l'essai d'explication des 
couleurs de la mer qui vient d’être exposé, soit qu’on veuille le réfuter 
et le remplacer ensuite par un autre plus satisfaisant, il faudra commen- 
cer par chercher de quelle couleur est l’eau quand on la voit par trans- 
inission à l'aide de la lumière diffuse. Ceux qui se rappellent la teinte 
éminemment verdâtre de la tranche d'un verre à vitre, même quand ce 
verre n’est éclairé que de face et perpendiculairement, sentiront toute la 
portée de la question. Voici, ce me semble, un moyen très simple de la 
résoudre. 

» J'admettrai que l'observateur est muni d’un de ces larges prismes 
creux en glace dont se servent les physiciens quand ils veulent étudier la 
réfraction des liquides. Pour fixer les idées, nous donnerons à l'angle ré- 
fringent une valeur de 45°; nous supposerons ensuite que le prisme soit 
plongé partiellement dans l'eau, de manière que l’arète de son angle ré- 


( 223 ) 


fringent soit en bas et horizontale, et que l’une des faces de cet angle, 
celle qui est tournée vers le large , soit verticale, d’où résultera comme 
conséquence nécessaire que l’autre face sera inclinée à l'horizon de 45°. 

» Dans cette disposition des objets, la lumière quise meut horizontale- 
ment dans l’eau à quelques centimètres au-dessous de sa surface, celle qui 
forme sa couleur de tranche , si cette expression m'est permise, va frapper 
perpendiculairement la glace verticale du prisme; elle pénètre dans l'in- 
térieur de cet instrument, traverse la petite quantité d’air qu'il renferme, 
atteint la seconde glace et là se réfléchit verticalement de bas en haut. 
En regardant dans cette glace inclinée, l'observateur pourra donc juger 
de la couleur propre qu'a l’eau par réfraction, tout aussi bien que si son 
œil était dans le liquide. Sous cette forme, l'expérience est si simple, si 
facile, elle exigera si peu de temps que nous osons prier l’Académie de 
recommander à nos voyageurs de la répéter aussi souvent qu’il leur sera 
possible, non-seulement dans l’eau de mer, mais encore dans les lacs et 
dans les rivières. Quand la science se sera enrichie des résultats de toutes 
ces épreuves, on ne courra plus le risque de bâtir des théories que les faits 
démentiraient tôt ou tard. 

» Je n’aisans doute pas besoin de faire remarquer qu’il sera utile que le 
prisme creux soit fermé dans sa partie supérieure par une glace en verre 
blanc et à faces parallèles. Cette glace empêchera que l'appareil ne se rem- 
plisse de liquide. L'appareil recevra d’ailleurs aisément de la main des 
artistes la forme d’un instrument usuel. 


Trombes. 


» Pendant leurs fréquentes traversées, les membres de nos commis- 
sions scientifiques, passeront peut-être à peu de distance de quelques 
trombes, car ce phénomène n’est pas rare dans la Méditerranée. Les 
trombes n’ont été jusqu'ici expliquées que très imparfaitement, Il sera 
donc utile d’en donner la description la plus exacte et la plus détaillée 
possible. Il sera surtout important de rechercher si la pluie que la trombe 
projette au loin et dans tous les sens, est salée ou non. 


» C’est une grande et belle idée que celle d'associer des hommes d’étude à 
toutesles expéditions lointaines destroupes françaises. Cette idée a déjà donné 
les plus heureux fruits. Au besoin, l’ouvrage d'Égypte, le voyage de Morée 
serviraient à prouver que nos ingénieurs, nos physiciens, nos naturalistes , 


Ca2 ) 
nos érudits ont partout rivalisé de zèle et d’ardeur avec les vaillants sol- 
dats de l’armée d'Orient et de Grèce. Nous espérons que la commission 
- scientifique d’Alger ne restera pas en arrière de ses devancières ; elle aura 
même l'avantage d’être guidée par des instructions plus étendues, plus 
détaillées. Beaucoup de personnes aspirent à l'honneur d’en faire partie. 
Il est vivement à désirer que le choix de l'administration tombe sur les 
plus capables; la réussite n’aura lieu qu'à ce prix. Aussi, vous inviterons- 
nous, Messieurs , sans hésiter , à prier M. le Ministre de la Guerre de de- 
mander à l’Académie une liste de candidats. 

» Nous croyons qu'il serait très utile que vous fussiez consultés sur 
le choix des ouvrages, des réactifs, des outils, des appareils, des ins- 
truments dont la commission devra être munie ; nous ne regarderions pas 
comme moins nécessaire que des académiciens désignés par vous, prési- 
dassent aux essais ou études préalables que plusieurs des voyageurs inves- 
tis de la confiance du Ministre devront probablement s'imposer avant le 
départ, s'ils veulent se placer à la hauteur de leur belle mission. 

» Nous formerons encore le vœu qu'il soit installé à Alger un obser- 
vateur sédentaire qui suivra avec soin tous les instruments météorolo- 
giques de manière à caractériser nettement l'état climatologique de 
l'ancienne Régence; qui se livrera à des recherches magnétiques analogues 
à celles des observatoires d'Europe; qui fournira des termes de compa- 
raison aux géologues, aux botanistes, aux géographes de l'expédition scien- 
tifique, surtout pour la détermination des hauteurs verticales des différentes 
stations. Nous dirons , enfin , que ces derniers résultats pourraient être ob- 
tenus sans aucun surcroit de dépense, si M. le Ministre de la Guerre 
consentait à comprendre parmi les membres de la commission, M. Aimé, 
professeur de physique au collége d'Alger, dont l’Académie a eu plusieurs 
fois l’occasion d'apprécier le zèle et le savoir. » 


L'Académie approuve ces instructions et arrête qu’elles seront adressées 
à M. le Ministre de la Guerre. 


( 226 ) 


Note de M. Lanrrey. 


« Puisque notre honorable collègue, M. Serres, n’a pas cru devoir con- 
sulter mes Mémoires sur les divers objets qu'il a traités dans la dernière 
séance de l’Académie pour les Instructions qu’il s'était chargé de rédiger 
en faveur de la commission scientifique de l'Algérie, j'ai l'honneur de 
déposer sur le bureau, pour être insérées dans le Compte rendu à la 
suite de ces Instructions, comme pouvant être de quelque utilité pour 
la commission : 


» 1°. Les observations verbales que je me suis permis de faire sur la 
rage des chiens de l'Égypte et de l'Algérie, et que je reproduis ici; 

» 2°. Sur quelques articles de la peste; 

» 3°. Sur la lépre et autres maladies endémiques aux climats de ces 
deux contrées. 


» L’hydrophobie, comme l'a dit M. Serres, quoique commune dans les 
climats chauds, ne s’observe point en Égypte et rarement sur la côte sep- 
tentrionale de l'Afrique. Pour l'Égypte, l'absence de cette maladie dépend 
sans doute de l’espèce, du caractère et de la manière de vivre des chiens 
de cette contrée (1). On remarque, en effet, que les chiens de ce pays sont 
dans une inaction presque continuelle ; ils restent couchés pendant le jour 
à l'ombre, près de vases remplis d’eau fraîche, renouvelée toutes les vingt- 
quatre heures et préparés par chaque habitant. Ces animaux ne courent 
que pendant la nuit : ils ne manifestent qu'une fois par an les symptômes 
et les effets de leurs amours, et pendant quelques instants seulement. On 
les voit rarement accouplés. S'il s'est trouvé un grand nombre de ces ani- 
maux en Égypte à notre arrivée, c’est parce qu'ils y sont en grande véné- 
ration comme beaucoup d'autres animaux, et qu’on n’en tuait jamais aucun. 
Ils n’entrent point dans les habitations : le jour ils se tiennent sur les bords 
des rues et errent dans les campagnes pendant la nuit pour y chercher les 
cadavres des animaux qu’on a négligé d’enterrer. Leur caractère est doux 
et paisible, et ils se battent rarement entre eux. Il est possible que toutes 
ces causes mettent ces animaux à l'abri de la rage; mais, chose remar- 
quable, comme M. Magendie l’a observé à Paris pour les chiens, les cha- 
meaux, en Égypte, sont sujets à entrer dans une espèce de rage pendant 


RE UN EE, : XSL UNS DUPIORS ER Se SOS 


(x) Gette race tient beaucoup de celle du renard pour la forme et les mœurs. On pré- 
tend que le mâle de l’un s’accouple avec la femelle de l’autre. 


C. R. 1838, a Semestre, (T. VII, N° 4.) 30 


(-2a6,) 

leur rat; ils rendent alors une écume blanche, épaisse et abondante; ils 
mugissent sans cesse, ne boivent pas pendant ce temps, et paraissent avoir 
horreur de l’eau; ils poursuivent l’homme, ou les autres animaux pour 
les mordre; ils maigrissent; leur poil se hérisse ét tombe; la fièvre s’al- 
lune quelquefois; et si, dans cet état, on excite encore leur colère, ils 
finissent, apres quelques jours de souffrance, par mourir dans les convul- 
sions. Les morsures de ces animaux sont alors très dangereuses : les cha- 
meliers,'pour prévenir ces dangers, museèlent leurs chameaux pendant 
la saison de leurs amours et les gardent avec soin (tr). 


» La peste, que je crois avoir décrite avec une grande exactitude, et je suis 
le premier qui en ait fait connaître le vrai siége dans l'économie (2), n’est 
point devancée, comme on l’a dit, par des fièvres malignes. Elle fait ex- 
plosion tout-à-coup ou lentement, selon les périodes de l'épidémie, et ce 
qu'il y a de remarquable, comme je l'ai dit dans mon Mémoire, les autres 
maladies cessent, telles que la variole, la rougeole, etc. 

» Quant à la contagion, c’est une question fort délicate qu'on ne peut 
sous aucun rapport résoudre par la négative; mais il faut un concours de 
circonstances pour la contracter : cependant un grand nombre de faits au- 
thentiques que j'ai brièvement signalés dans un rapport particulier que 
j'ai fait à la Commission des prix Montyon, à l’occasion de l'ouvrage du 
docteur Cholet, ne laissent aucun doute sur la propriété contagieuse de 
la peste. Hélas! une trentaine de nos plus estimables collaborateurs furent 
victimes de la croyance à cette non-contagion (3). 


» Je crois avoir dit aussi tout ce qui est relatif à la lèpre, à l'éléphan- 
tiasis, aux oschioceles, à l'ophtalmie endémique à l'Égypte et à l'Algérie; 
mais il aurait fallu fixer l'attention de la commission scientifique sur les 
effets plus ou moins vénéneux de la morsure de certains serpents com- 
muns dans ces pays, tel que la céraste ; de la piqüre du scorpion que l’on 
dit être très dangereuse en Afrique (M. Guyon) (4); disséquer ces ani- 


(1) Voyez mes notes sur ces deux espèces d'animaux , deuxième volume de mes Cam- 
pagnes, page 226. 

(2) Pinel avait changé la dénomination d’adéno-nerveuse qu’il avait donnée à la peste 
par celle de nerveuse. (Voyez les journaux de l’année 1812.) 

(3) Voyez mon Mémoire sur la peste, tome I‘ de mes Campagnes, et le rapport 
précité déposé au secrétariat de l’Institut. 

(4) Je remettrai à M. Flourens quelques individus de scorpions qu’il pourra dis- 
séquer. 


( 227 ) 
maux pour connaître, surtout chez ce dernier, la source du venin et les 
canaux qui le conduisent dans la piqüre. 

» Il y aurait encore beaucoup d’autres observations à faire sur la cons- 
titution physique des habitants de ces contrées et particulièrement sur 
celle des Arabes, sur leur caractère et leur régime, 

» Je ferai plus tard un Mémoire à ce sujet, que j'aurai l'honneur de 
communiquer à l’Académie. » 


Rapport sur des observations et des expériences faites sur la cause et 
les effets de la fermentation vineuse ; par M. Cacwrarn-Larour. 


(Commissaires , MM. Thénard, Becquerel , Turpin rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, MM. Thénard, Becquerel et moi de prendre 
connaissance des faits contenus dans le Mémoire de M. Cagniard-Latour, 
et de lui en faire un rapport. 

» Pour prouver le haut intérêt du sujet Fe a traité, M. Cagniard-La- 
tour commence son Mémoire par rappeler à l'Académie qu’en lan vu la 
classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut avait proposé 
pour sujet de prix la question suivante : Quels sont les caractères qui 
distinguent dans les matières végétales et animales celles qui servent de 
ferment , de celles auxquelles elles font subir la Jermentation ? Ce prix 

. proposé de nouveau en l'an x fut retiré en l’an x1r, ainsi que tous ceux 
proposés par les autres classes, par suite d’un événement inattendu qui 
priva l’Institut des fonds destinés à faire face au paiement de ces prix. 

» Cette grande question relative à l’action inconnue du mouvement in- 
testin de la fermentation et de ses résultats si remarquables, question qui 
intéressait tout-à-la-fois la physique , la chimie et la physiologie, étant 
restée depuis sans solution, M. Cagniard-Latour, qui s’en était déjà occupé 
il y a plus de 25 ans, l’a reprise en sous-œuvre, et, en mettant à contri- 
bution de nouveaux moyens d'investigation tels que ceux du microscope, 
est arrivé à des résultats remarquables. 

» Pour mettre plus d'ordre dans ses observations , et pour simplifier le 
plus possible l’objet de ses intéressantes recherches, l’auteur s’est attaché 
seulement à la plus importante comme à la plus utile des fermentations, 
à celle qui a pour but de convertir la matière sucrée en alcool et en 
acide carbonique, et qu’en Chimie on désigne par la dénomination de 


Jermentation vineuse. 
30. 


( 228 ) 


» M. Cagniard-Latour, bien convaincu que désormais toute analyse chi- 
mique doit être précédée et éclairée par une analyse microscopique, afin 
de connaître la nature, soit inorganique, soit organique (1), soit enfin or- 
ganique organisée (2) des corps sur lesquels on se propose d'opérer, a mis 
en usage le microscope, ce puissant moyen d'investigation sans le secours 
duquel on ne peut plus parler d’un corps quelconque sans éprouver une 
juste timidité. 

» L'analyse microscopique de cette pâte, que l’on nomme la Levure de 
bière, et qui est regardée en chimie comme une simple matière qui s’isole 
du Moût de bière pendant la fermentation, sous forme d’écume ou de 
sédiment, a démontré à M. Cagniard-Latour que cette pâte ou cette pré- 
tendue matière pour la simple vue, est au contraire, lorsqu'on l’observe 
au microscope, une agglomération entièrement composée d’une multitude 
de petits individus globuleux ou légérement ovoïdes, vésiculeux, trans- 
parents, remplis de globulins, les plus gros ayant environ + de mill., 
sans mouvement et par conséquent végétaux, d'après nos étroites défi- 
nitions humaines. 

» Après avoir reconnu que les globules vésiculeux de la Levure de 
bière étaient organisés, il devenait nécessaire de s'assurer par le vorr- 
venir comment ces petits végétaux se trouvaient et se formaient dans la 
bière, comment ils y croissaient, et comment enfin ils s’y multipliaient 
de manière à produire une augmentation assez considérable de Levure 
nouvelle. 

» M. Cagniard-Latour pouvait se demander si les végétaux globuleux 
de la Levure étaient simplement bornés, pour toute organisation, à une 
vésicule maternelle pouvant se reproduire et se multiplier par des seminules 
émanées par extension, soit de sa surface extérieure, soit plus probable- 
ment de ses parois intérieures; ou bien si, placés dans un ordre un peu 
plus élevé de l’organisation, ils ne représentaient dans l’agglomération 
de la Levure que de simples corps reproducteurs de l'espèce destinés à 
germer ou à s'étendre en de petits végétaux plus compliqués. 

» Pour arriver plus sûrement à la connaissance de l’organisation et de la 
physiologie de ces végétaux microscopiques, l’auteur fit plusieurs essais. 


(r) Matière organique, considérée comme élément de l’organisation et seulement 
imprégnée des éléments de la vie dont jouissent les corps organisés. 

(2) La matière organique employée temporairement dans la structure d’un végétal ou 
d’un animal, ou l’organisation détruite et réduite en substance gélatineuse. 


( 229 ) 
Les premiers, mal exécutés ou peut-être faits trop en petit, n’amenerent 
aucune végétation, la Levure mourut et se décomposa; mais il n’en fut 
pas de mêmed’un autre essai long et pénible qui eut lieu pendant la nuit 
dans la brasserie anglaise de M. Leperdriel, sur une cuvée d’environ dix 
hectolitres de Moût de porter. 

» Le Moût, d’abord examiné au microscope, n’offrit qu’un grand nombre 
de particules très ténues et sans formes déterminées, mais une demi-heure 
après la mise en levain, qui eut lieu à neuf heures et demie du soir, au 
moyen de trois kil. et demi de Levure, le Moût observé de nouveau n'of- 
frait que les globules vésiculeux de la Levure employée et le nombre de 
ces globules, visibles dans le champ du microscope, pouvait être d’envi- 
ron 18. Des échantillons puisés dans la cuve d’heure en heure jusqu'à 
six heures du matin, temps nécessaire pour la fabrication de la bière, 
présentèrent successivement les transformations suivantes. 

» Dans le premier, tous ou presque tous les globules simples de la Le- 
vure versée dans le Moût, étaient munis d’un ou de deux petits bour- 
geons plus transparents que le globule maternel, dont ils étaient une 
extension. Quelques-uns n'avaient point encore poussé leur bourgeon, 
tandis que d’autres, plus avancés même que les premiers, se composaient 
de deux articles globuleux égaux, le bourgeon ayant atteint le même 
diamètre que le globule mère ou producteur. 

» Dansle second, tous les individus se composaient de deux articles, et 
sur quelques-uns de ces articles on voyait déjà un et quelquefois deux 
nouveaux bourgeons opposés ou dirigés en sens contraire. 

» L'inspection de six autres échantillons tirés de la cuve d'heure en 
heure, prouvèrent à M. Cagniard-Latour que la végétation avait continué, 
car dans le liquide du huitième on distinguait un grand nombre d’indivi- 
dus formés de trois, de quatre et de cinq articles globuleux nés successi- 
vement les uns des autres et disposés en séries comme des fragments de 
chapelets. Parmi ces individus on en voyait beaucoup d’autres qui sem- 
blaient en retard. Les uns n’en étaient encore qu’au globule simple, les 
autres montraient sur ce globule un ou deux bourgeons naissants, ou 
bien deux ou trois globules munis, pour la plupart, de bourgeons termi- 
naux. En outre de ces développements végétaux, M. Cagniard-Latour 
croit avoir reconnu que le nombre des globules était plus grand que 
dans le premier échantillon retiré après la mise en levain. Quelques jours 
plus tard, ajoute l’auteur, lorsque l’on eut recueilli toute la quantité de 
Levure produite par la cuvée, quantité qui était de 23 kil. et demi, à peu 


( 230 ) 


près sept fois le poids du levain versé dans le Moüt, on ne trouvait plus 
guere que des globules simples ou isolés, ce qui indique la grande facilité 
qu'ont ces petits végétaux moniliformes à se désarticuler lorsque les con- 
ditions nécessaires à leur existence les abandonnent. 

» Dans cette suite d'observations microscopiques dont les principaux ré- 
sultats viennent d’être indiqués, M. Cagniard-Latour dit qu'il a remarqué 
quelque différence entre l’aspect des globules simples de la Levure et celui 
des globules développés en chapelet pendant l'acte de la fermentation : 
ceux-ci, comme étant plus jeunes que les autres, lui ont paru plus opaques 
et plus nébuleux ; il s’est aussi apercu, mais seulement deux fois, que 
les globules pouvaient émettre , par une sorte d’explosion, une pulviscule 
excessivement ténue. 

» M. Cagniard-Latour a remarqué que les globules du levain tendent 
constamment à s'élever à la surface du Moût de bière tant que dure la 
fermentation, et il penche à croire que ces nombreuses ascensions sont 
dues au dégagement gazeux des globules dans le Moût oùils se trouvent en 
suspension. Il a cru aussi s’'apercevoir que ces globules pendant leur action 
sur le Moût diminuaient de volume en se contractant , et que par l'effet 
de cette contraction ils émettaient, dans l’espace liquide, des seminules 
ou corps reproductenrs qui, après avoir végété et atteint le diamètre du 
globule maternel, avaient la faculté de ce développer par voie de bour- 
‘geons successifs et de donner lieu, comme nous l’avons déjà dit, à de 
petits végétaux moniliformes où en chapelet. Comme on le voit, M. Ca- 
gniard-Latour admet deux modes distincts dans la reproduction et la mul- 
tiphcation des petits végétaux de la Levure de biere ; celui par seminule 
et celui par gemme ou bourgeon, observation qui nous a paru d’autant 
plus intéressante qu’elle est en parfait accord avec la double repro- 
duction de tous les végétaux simples microscopiques situés au début de 
l'embranchement végétal. | 

» Si M. Cagniard-Latour ne s'était pas cru obligé de répondre aux ques- 
ions qui lui étaient adressées sur la nature végétale ou animale des glo- 
bules de la Levure de bière, nous nous permettrions de le blämer d’avoir 
donné trop de temps à ces discussions qui nous semblent tout-à-fait oi- 
seuses, car il est des productions organisées qui, n'étant ni un chou ni 
un mammifére, ne peuvent qu'être signalées dans ce qu’elles sont, comme 
si elles étaient isolées dans la nature, et sans avoir égard à nes caractères 
conventionnels de végétabilité et d'amimalité. 

» Il aurait été plus simple de dire seulement : la Levure de biere n’est 


{ 231 ) 


point une matière ou un produit chimique comme on l'a cru; ce qui nous 
semble une pâte sèche ou molle, est une apBlomerAton composée de 
globules vésiculeux, sans mouvement locomotif, organisés, puisqu'ils sont 
susceptibles d’absorber, d’assimiler, de croître, de se compliquer d’ar- 
ticles, et, enfin, de se reproduire et de se multiplier. Cest, d’après nos 
conventions humaines, un végétal. 

» Après avoir démontré que la Levure de bière est une agglomération 
de petits végétaux, ou au moins de corps pouvant en produire par exten- 
sion, M. Cagniard-Latour passe à des considérations purement chimiques. 
Il commence par faire remarquer que : 1° la Levure en agissant sur le su- 
cre perd son azote, ainsi qu’on le savait ; 2° que tous les végétaux à l’état 
rudimentaire donnent directement de l’ammoniaque à la distillation. Il 
parle ensuite.de la production ou de l'augmentation de la Levure qui, 
pour chaque cuvée est d'environ sept fois le poids de celle employée ou 
versée dans le Moût. Cette augmentation, que l’on supposait & priori, ré- 
sulter d’une précipitation d’albumine végétale qui se trouvait dans le 
Moût, M. Cagniard-Latour, d’après ses observations, l'explique simplement 
et positivement par la multiplication des globules développés bout à bout 
et dont le nombre s'accorde assez bien avec celui de l’augmentation en 
poids. 

» Toujours comme preuve de l’organisation végétale des globules de la 
Levure, l’auteur rappelle que la Levure convenablement et promptement 
séchée peut, comme un grand nombre de seminules et de graines, se con- 
server très long-temps et être susceptible ensuite, étant placée dans le mi- 
lieu qui lui convient, comme l’eau sucrée, de germer, de végéter et de pro- 
duire la Ésbenttion vineuse. Cest encore ce qui lui arrive après avoir été 
exposée à la température excessivement basse de 60° cent. au-dessous de 
zéro. Enfin , M. Cagniard-Latour termine son Mémoire par cette dernière 
observation. « Tous ceux, dit-il, qui s'occupent habituellement de la fer- 
» mentation en grand, comme les brasseurs et les distillateurs, savent que 
» malgré tout le soin qu’ils apportent à leurs opérations, les résultats en sont 
» toujours extrêmement variables ; ces irrégularités mêmes seraient encore 
» favorables à l'hypothèse que la fermentation vineuse est provoquée par 
» des corps doués de la vie, car qui ne sait de combien de manières différentes 
» de pareils corps peuvent être affectés ! » 

» La découverte de M. Cagniard-Latour méritait d’être examinée avec 
maturité et une attention toute particulière ; elle nécessitait beaucoup d’ex- 
périences et d'observations microscopiques longues, minutieuses et plu- 


( 23 ) 


sieurs fois répétées , observations qui ne pouvaient être bien exprimées et 
bien comprises qu’à l’aide des nombreuses figures que nous avons l’hon- 
neur de mettre sous les yeux de l’Académie. Nous nous sommes livrés à 
cet examen avec d'autant plus d'intérêt, que des le début nous avons re- 
connu la vérité des faits énoncés par l’auteur et la haute portée de leur ap- 
plication, soit à la physique, soit à la chimie, soit à la physiologie, soit enfin 
à l'industrie. 

» Nous pensons que, d’après l'importance des recherches dont s’est 
occupé depuis plusieurs années M. Cagniard-Latour, et des résultats posi- 
tüifs qu'il en a obtenus, l'Académie doit encourager l’auteur à continuer 
ses travaux sur la fermentation, en accordant à ce premier Mémoire 
l'honorable distinction d’être compris au nombre de ceux du Recueil des 
Savans étrangers. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


« Toutes les recherches de physiologie végétale microscopique faites 
par le rapporteur pour vérifier et appuyer celles de M. Cagniard-Latour 
seront, comme faisant suite au rapport, communiquées à l’Académie dans 
sa séance prochaine, ainsi que les nombreux dessins qui accompagnent 
ces recherches. » 


Rapport sur un Memoire de M. Provana de Collegno, intitulé : Sur les 
terrains tertiaires du nord-ouest de l'Italie. 


(Commissaires, MM. Élie de Beaumont et Alexandre Brongniart rap- 
porteur.) 


« Il n’y a pas quarante ans que les terrains qui composent le bassin de 
Paris étaient à peine connus des géologues ; il y a au plus quarante ans 
que le fondateur de la géologie positive en Allemagne, ne mentionnait ces 
terrains que comme des lambeaux de terrain d’alluvion. 

» Depuis lors, l'étendue, la puissance et l'importance de ces terrains 
ont été signalées par tous les géologues : on a vu combien ils différaient, 
par leur structure régulière et sédimenteuse des terrains d’alluvion , et par 
leur nature et les débris organiques qu'ils renferment des terrains secon- 
daires considérés jusque là comme la dernière limite des terrains de sédi- 
ments : on les a reconnus sur une multitude de points du globe, et on les 
a décrits sous le nom de terrains tertiaires. 

» Mais le progrès ne s’est point arrèté là : on a été bientôt conduit 


(233) 


à soupçonner et, peu après, à s'assurer que l'ensemble de ces terrains 
n'ayant pas été formé à la même époque géologique, on devait ÿ établir 
des subdivisions en rapport avec les diverses époques de leur formation. 
On y a été conduit par trois voies ou moyens différents : 

» 1°. Par la nature des roches; c’est un moyen presque insignifiant, et 
s’il eût été seul, on eût pu croire que ces terrains, malgré la différence 
des roches qui les composent, étaient de la même période géologique; 

» 2°, Par les différences spécifiques des corps organisés dont ils renfer- 
ment les débris; 

» 3. Enfin par l'interruption brusque de l’horizontalité du plan de 
stratification. 

» C’est presque uniquement par ces deux derniers procédés, dont l’ob- 
servation est souvent si difficile et si délicate, et qui supposent une étude 
si attentive des détails, qu'on est parvenu à démontrer que la masse du 
terrain tertiaire n’avait pas été formée à la même époque géologique : les 
géologues zoologistes, en étudiant les débris organiques que renferment 
ces terrains, ont vu qu’on pouvait y admettre trois créations distinctes de 
corps organiques ; et la géologie géométrique, celle qui s’occupe du rap- 
port des plans de stratification des terrains, a également reconnu trois 
époques de dislocation, de mouvement de sol, de soulèvement enfin , qui 
s’accordaient parfaitement avec les trois dynasties de corps organisés. 

» Les produits et les effets de ces trois révolutions terrestres ne se 
montrent pas toujours dans le même lieu; elles s’y trouvent même rare- 
ment réunies : ainsi nous n'avons dans le bassin de Paris que les terrains 
tertiaires de la première et de la seconde révolution; il n’y a dans le bas- 
sin de Londres, etc., que ceux de la première époque; dans les Apen- 
nins dominent ceux de la deuxième et de la troisième, etc., etc. 

» On voit quel progrès a fait la connaissance des terrains tertiaires 
depuis qu'ils ont été décrits et caractérisés avec quelque précision dans 
cette enceinte, il y a bientôt trente ans. 

» C’est à poursuivre et à préciser encore cette difficile distinction, à la 
présenter dans tous ses phénomènes, dans tous ses développements et 
dans ses relations avec des terrains d'Italie plus anciens qu'eux, que s’ap- 
pliquent les travaux et les observations de M. de Collegno que nous 
avons à faire connaître à l’Académie. 

» Ce géologue avait déjà présenté à l’Académie , sur ce sujet, un travail 
qui a été publié avant qu’on ait pu lui en rendre compte. Dans ce pre- 
mier Mémoire , intitulé Essai géologique sur les collines de Superga , près 

C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VIL, N° 4.) 31 


(234) 

de Turin , M. de Collegno a fait voir, par l'observation du rapport d'ineli- 
naison des terrains qui composent les collines de Superga, que ces ter- 
rains, si semblables en apparence, avaient cependant été formés à trois 
époques différentes et dérangés autant de fois par des soulèvements qui 
avaient comme daté leur formation. Ces diverses inélinaisons des cou- 
ches, aussi faibles quelquefois que leurs différences oryctognosiques et 
mème zoologiques, en s’additionnant avec celles-ci, les rendent plus sen- 
sibles et nous conduisent à reconnaître dans le groupe des collines qui 
composent la Superga, une portion du terrain crétacé” supérieur, roche 
calcaire appartenant aux terrains secondaires, et deux divisions du ter- 
rain tertiaire, l'étage moyen et l'étage supérieur. 

» Dans le Mémoire que M. de Collegno vient de soumettre nouvelle- 
ment (11 Juin 1838) au jugement de l’Académie, il poursuit les mêmes 
recherches, et après avoir confirmé par de nouvelles observations la sé- 
paration, en deux époques très distinctes, des terrains tertiaires de la 
Superga, colline à une lieue à l’est de Turin, il étend ses observations 
sur les terrains de même nature qui, au N.-O. de l'Italie, entourent ou 
avoisinent la colline qu'il a décrite dans son dernier Mémoire, et qui lui 
sert comme de point de comparaison. La plaine qui part de la pente 
SE. de la Superga qui est traversée par le Tanaro, -et qui s'étend tou- 
jours en allant au S.-E. jusqu’à Acqui, appartient, comme cette même 
pente de la Superga , au terrain tertiaire, mais non plus au même étage 
ou à la même division. Ce terrain est plus récent; sa superposition l’éta- 
blit; mais il pourrait avoir été déposé à la fin et comme à la suite du 
terrain tertiaire de la Superga qu’il recouvre, sans qu'il y eût eu inter- 
ruption complète et révolution physique. Alors les corps organisés se- 
raient à peu près les mêmes, la stratification serait parallèle : or ces deux 
circonstances sont loin de se présenter, et les caractères zoologiques et 
les caractères géométriques indiquent une interruption presque complète 
entre les deux formations. D'abord, les corps organisés du terrain de la 
plaine où se trouve Baldichieri, localité plus spécialement étudiée par 
M. de Collegno, sont presque tous différents de ceux des molasses ou 
étage tertiaire moyen de la Superga, comme le prouvent les deux lon- 
gues énumérations de corps organisés données par l'auteur à la fin de 
son Mémoire. Ensuite les marnes bleuâtres, indication oryetognosique 
assez générale, mais sans précision, du troisième étage du terrain tertiaire, 
sont en stratification discordante avec celles de la molasse qu’on vient de 
citer, et coupant sa direction sous un angle d'environ 4o°, indiquent un 


( 235 ) 


redressement de la mollasse antérieur au dépôt de ces marnes bleues, 
Mais comme ces marnes sont aussi quelquefois inclinées, ces positions 
montrent dans ces terrains si récents, souvent si limités, des soulète- 
ments comme croisés, ainsi que l’un de nous l'avait déjà fait remarquer, 
entre deux masses bien autrement importantes, celles de la grande 
chaine des Alpes et de la petite chaîne occidentale. 

» Des détails très précis, des cartes géologiques, des signes d’inclinai- 
son mis sur toutes les parties de ces cartes visitées par l’auteur, des coupes 
dans des directions bien choisies, rendent les faits aussi clairs et aussi 
bien établis qu’on puisse le désirer, et permettent à tous les géologues de 
juger si les inductions que M. de Collegno en a tiré sont aussi justes que 
nous le pensons. 

» Ce géologue, après avoir étudié avec détail et précision la colline de 
Superga et les terrains qui la touchent presque immédiatement, a trans- 
porté le champ de ses observations sur le lac de Côme, lieu des plus 
propres aux observations géologiques par sa grande étendue de côtes 
escarpées et coupées, faisant voir toutes les couches des terrains dans les- 
quelles s’est ouverte cette longue et étroite cavité. 

» M. de Collegno a voulu montrer que le troisième étage du terrain 
tertiaire n'avait pas été déposé seulement dans de grands bassins sur des 
sols bas et presque plans, et sous une épaisseur qui permettait rarement 
de voir la roche sur laquelle il reposait, mais qu'il avait dû recouvrir une 
partie des terrains qui, en se soulevant, l'ont quelquefois porté à une 
élévation bien supérieure à celle où il avait été originairement placé ; que 
si on ne le voyait pas souvent dans cette position, c’est que la grande 
débâcle des deux terrains de transport qui ont parcouru une si grande 
partie de l'Europe, avait comme enlevé de la plupart de ses positions, 
ce terrain d’ailleurs si délayable; que si sa présomption était fondée, on 
devait trouver des lambeaux de ce terrain dans les vallées étroites et pro- 
fondes comme devait être celle du lit du lac de Côme. Il a donc été les 
chercher dans cette vallée et y a reconnu, sur la rive occidentale, un lam- 
beau assez étendu, et, sur la rive orientale, un lambeau beaucoup plus 
petit : le premier de Majolica à Villa, le second au sud de Bellagio. 

» Ce troisième étage du terrain tertiaire n’est ici que marneux et sa- 
blonneux, on n’y a trouvé aucun débris organique ; il ne présente donc 
que des caractères oryctognostiques ef géométriques; il est posé immédia- 
tement sur le calcaire jurassique. 

» Tout en cherchant le troisième étage du terrain tertiaire sur les rives 


JL 


( 236 ) 


du lac de Côme, M. de Collegno a eu occasion de faire plusieurs autres 
observations de géologie; une entre autre nous a frappés, c’est la transi- 
tion presque insensible entre deux roches dont les extrêmes n'ont pas la 
moindre analogie, le gneiss et le calcaire compacte. C’est entre Bellano et 
Varenna, dans le passage du terrain primitif de gneiss au terrain secon- 
daire jurassique, que se montre cette remarquable transition. Tout en 
disant quelquefois, mais d’une manière un peu paradoxale, qu'il n’y a 
rien de parfaitement limité dans la nature et qu’on pourrait montrer un 
passage insensible du granite à la craie, nous nous méfions beaucoup des 
exemples de transition trop nombreux et trop hasardés que nous don- 
naient les anciens minéralogistes; mais il est difficile de refuser d'admettre 
celui que M. de Collegno établit par une description très circonstanciée, 
à la pointe de Morcatte, entre le gneiss pur à Bellano, et le calcaire com- 
pacte pur à Varenna. M. de Collegno va même plus loin , il cherche à s’en 
rendre compte par l'influence du gneiss à haute température sur le cal- 
caire qui est venu le recouvrir; mais nous ne pourrions suivre l’auteur 
dans ses détails, sans transcrire textuellement le passage de son Mé- 
moire. D'ailleurs, c’est un fait qui n’est pas entièrement isolé, car il se lie 
avec ce que M. Fournet a vu, a publié sur le même sujet. Il pourra donc 
contribuer à l'établissement d’une théorie qui sera d'autant plus certaine, 
qu’elle s’'appuiera sur un plus grand nombre d'observations. 

» Nousnesuivrons pas non plus M. de Collegno dans l’idée qu’il cherche 
à donner de la direction et de la marche des eaux diluviennes, des obs- 
tacles qu’elles ont dû rencontrer dans la digue des Apennins, soulevées 
avant les chaines alpines, et dans les effets de ralentissement que cette 
digue a dû produire sur le cours impétueux de ce torrent vraiment in- 
commensurable. Ces explications, quelque ingénieuses , quelque raison- 
nables même qu'elles soient, sont trop près de l'hypothèse et prêtent 
trop aux discussions purement théoriques pour que nous devions donner 
à cette partie du Mémoire de M. de Collegno la même attention et la 
même importance qu'aux autres parties de son travail. Nous devons nous 
contenter encore ici de constater ses lumineuses observations. 

» Récapitulons maintenant, sous forme de tableau, mais en puisant 
nos exemples uniquement dans les deux mémoires de M. de Collegno, les 
événements qui ont dû se passer après la formation du terrain crétacé, 
jusqu’à l'époque où la terre a acquis sa tranquillité actuelle et où nos 
mers et nos continents ont pris et conservé les formes et les limites que 
nous leur connaissons. 


( 237 ) 

» Après la formation de la craie et à une époque qui paraît postérieure 
au soulèvement des Pyrénées, se sont déposées les roches principalement 
calcaires qui constituent la division ou l'étage inférieur des terrains dé- 
signés généralement sous le nom de tertiaires; il ne se présente dans les 
lieux observés par M. de Collegno aucun exemple de cet étage nommé 
tritonien, par l'un de nous, et cocène par M. Lyell. 

» Le second étage tertiaire ou l’étage moyen, le miocène du même géo- 
logue , terrain dont la nature est souvent sableuse, micacée, dont la roche 
nommée molasse forme souvent la masse principale, est immédiatement 
appliqué sur le terrain crétacé à la Superga, et se montre aussi à la bor- 
dure méridionale de l'Italie occidentale, en zone allongée de l’ouest à l’est, 
principalement dans la vallée de la Bormida, avec les mêmes caracteres 
qu’à la Superga; son dépôt serait immédiatement postérieur au souléve- 
ment du système de montagnes dont les îles de Corse et de Sardaigne 
offrent des exemples. 

» L’étage supérieur du terrain tertiaire, le terrain pliocène de Lyell, a 
aussi son caractère minéralogique assez tranché. Il est principalement 
composé de masses argileuses bleuâtres, de marnes sableuses et ferrugi- 
neuses; c’est cet étage qui a été l’objet principal du second Mémoire de 
M. de Collegno, de celui dont nous venons de rendre compte à l'Académie. 
Ce terrain , quoique le dernier, quoique le plus voisin de l’état de tranquil- 
lité géologique des temps actuels , aurait été déposé après le soulèvement 
de la chaîne des Alpes occidentales , et aurait aussi éprouvé des révolu- 
tions et des dislocations causées par le soulèvement de la chaîne orien- 
tale des Alpes; il serait donc de très peu antérieur à la débâcle probable- 
ment produite par ce soulèvement, et qui l’a couvert, dans diverses parties 
de l'Italie, de cette couche puissante de débris de roches qui appartiennent 
à l’époque que l’on désigne sous le nom de Diluvium. C’est ce terrain 
qu’on voit dans une grande partie de la Lombardie au pied des Apennins, 
et que M. de Collegno a étudié à Baldichieri, à Verrua (à l'extrémité nord- 
est de la Superga), à Majolica, Villa, Bellagio, sur les bords du lac de 
Côme. 

» On voit que M. de Collegno , par des observations bien dirigées, sui- 
vies avec sagacité et persévérance, a fait connaître, dans plusieurs parties 
de l'Italie occidentale, la présence et la position exacte des diverses divi- 
sions des terrains tertiaires , en profitant de ce qui avait été ébauché avant 
lui et en usant des moyens fournis par la science pour bien déterminer 
ces divisions et pour les placer dans leur ordre de chronologie géologique. 


(238 ) 


Nous pensons que ce travail est digne de l'approbation de l'Académie et 
d’être inséré dans le recueil des Mémoires des Savans étrangers. » 
Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


Géorocie. — Rapport sur un Mémoire de M. Purrron-Bosraye, concernant 
la géologie des provinces de Bone et de Constantine. 


(Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont rapporteur. ) 


« L'Académie nous a chargés d'examiner un travail sur la géologie des 
provinces de Bone et de Constantine, par M. Puillon-Boblaye, capitaine 
d'état-major, qui a été déposé sur le bureau par M. Bory de Saint- 
Vincent. 

» Le travail de M. Boblaye présente un tableau succinct et parfaite- 
ment clair des observations géologiques que l’auteur a faites dans les deux 
provinces dont il s’agit, en les parcourant pendant plusieurs mois pour 
en lever la carte. Ce travail sera lu par beaucoup de personnes avec d’au- 
tant plus de plaisir et de facilité, qu'il est dégagé de tous les détails d’ob- 
servation que l’auteur n’a pu trouver encore (on le conçoit aisément) le 
loisir de mettre en ordre. L'absence de ces détails rendrait difficile de 
faire aujourd'hui, sur le travail de M. Boblaye, un rapport circonstancié; 
mais la solidité des travaux que cet habile géologue a déjà publiés sur la 
Bretagne , sur les Ardennes , sur la Morée , etc., garantit suffisamment que 
ces détails et tous les développements dont le travail est susceptible, vien- 
dront en leur temps; et, eu égard surtout aux circonstances dans les- 
quelles se trouve l’auteur, qui continue en Afrique ses travaux géodési- 
ques et topographiques, nous pensons que l’Académie doit encourager ses 
recherches géologiques et lui exprimer l'intérêt qu’elle prend aux résultats 
qu'il a déjà obtenus. Dans le cas où le Mémoire de M. Puillon -Boblaye 
trouverait place dans le Compte rendu des séances de l'Académie, nous 
demandons qu'il soit bien entendu que la publication de ce résumé de 
ses observations ne préjudicie en rien au droit qu'il aura d'obtenir un 
rapport en forme, si dans la suite il juge à propos de lui présenter son 
travail avec toutes les preuves à l'appui. » 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


M. Lacnorx, qui avait été chargé de prendre connaissance d’une lettre de 
M: Gautier, concernant la numération duodécimale, soumet à l'Académie, 


( 239 ) 


«7 Son nom et celui de l’autre commissaire désigné, M. Poinsot, les coti- 
clusions suivantes : 
« Cette matière ne reposant que sur des notions très élémentaires et 


trés répandues, n’a Pas paru devoir donner lieu à un rapport acadé- 
mique. » 


Ces conclusions sont adoptées. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


Sur la géologie des Provinces de Bone et de Constantine : par M. le 
Capitaine Purcron-Bonrayr. 


(Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont. ) 


«Les provinces de Bone et de Constantine présentent une grande uni- 
formité dans leur constitution géologique, et cette uniformité s’accroit 
toujours en s’avançant vers le midi. Ce n’est pas ici comme dans l’Eu- 
rope septentrionale, où à chaque Pas on rencontre de nouvelles forma- 
tions et de nouvelles richesses minéralogiques et paléontologiques. Ici, à 
peine a-t- on quitté le littoral avec ses collines cristallines (terrain primi- 
tif) que l’on ne trouve plus, jusqu’à vingt lieues au-delà de Constantine, 
que des grès ferrugineux, des marnes et des calcaires compactes. Néan- 
moins les caractères seuls de ces roches, comparées à celles de la Morée 
et de l’Apennin, font pressentir des faits géologiques importants; le bassin 
méditerranéen est bordé au loin vers le sud comme dans le nord, l’est 
et l’ouest de son contour, par-la formation crétacée inférieure (terrain 
néocomien ) : l'absence, quelle qu’en soit la cause, de la craie supérieure 
et des formations tertiaires anciennes s’est étendue jusqu’à l’intérieur de 
l'Afrique. Les fossiles, véritables médailles de l’histoire du globe, sont 
extrêmement rares en Afrique, mais les premiers que je rencontrai con- 
firmérent les résultats que j'avais entrevus. 

» Le terrain crétacé inférieur de l'Afrique est identique à celui de Ja 
Morée; il se tompose de marnes et de calcaires marneux, de grès ferru- 
gineux (macigno) et de calcaires compactes. On trouve dans les marnes 
beaucoup de fucoïdes, et dans les calcaires des nummulithes et quelques 
traces d’hippurites. Il serait impossible de distinguer une série de ces ro- 


ches prises à Constantine de leur contemporain du Mont-Perdu, de Tripo- 
litza ou de l’Apennin. 


( 240 ) 

» Au-dessous de cette formation, qui occupe toute la chaîne entre Bone 
et Constantine, on trouve encore de nouvelles alternances de marnes et 
de calcaires compactes avec des fossiles assez nombreux, mais très mal 
conservés : ils m'ont paru appartenir à l’étage moyen de la formation ju- 
rassique ; s’il n’en était pas ainsi, tout appartiendrait au terrain crétacé 
inférieur, dans la région que j'ai parcourue. Ce fait sera d'autant plus 
important à vérifier qu'il existe aux environs de Constantine, à Ghelma 
et à Bougie, un système inférieur de marnes gypsifères qui pourrait 
appartenir à la base du terrain néocomien, et alors nous aurions en 
Afrique des faits identiques à ceux qui ont été signalés par M. Dufrénoy, 
surles deux versants des Pyrénées. Les carrières de gypse de Constan- 
tine sont très curieuses; c’est le gypse anhydre avec ses grenats, ses 
calcaires cariés et celluleux, ses brèches d'argile; on ne peut voir nulle 
part ailleurs des traces plus distinctes des réactions chimiques qui l'ont 
produit. 

» Je n’ai point encore aperçu de traces de terrain tertiaire d’origine 
marine dans les provinces de Constantine et de Bone; mais partout les 
bords des plaines, les collines et même certains plateaux élevés montrent 
de grandes nappes ondulées de tuf calcaire. Ces dépôts embrassent une 
immense période de temps, depuis nos jours jusqu'au commencement de 
l'époque tertiaire sub-apennine. Aux environs de Constantine, ils couron- 
nent la crète de plateaux du Mansourah et Sidi-Sélim , à 800 met. au-dessus 
de la mer, et 150 mêt. au-dessus du fond des vallées. Il est évident qu'ils 
sont antérieurs à leur creusement et aux dernières modifications qu'a 
éprouvées le relief de l'Afrique. À Constantine , une grande ligne de sou- 
lèvement avec fracture a redressé les calcaires compactes avec silex (chert), 
et les marnes dans la direction de l’est-nord-est à l’ouest-sud-ouest. L’al- 
luvion ancienne participe à cette inclinaison, et il m'a semblé qu'il en 
était ainsi des nappes de tuf du Mansourah, mais je n'oserais pas l’affir- 
mer, attendu que ces nappes de concrétions cristallines se forment sous 
de très grandes inclinaisons, comme on peut le voir à Hammam -Mes- 
coutin. 

» Les tufs de Constantine contiennent dans les couches supérieures et 
moyennes une grande quantité de coquilles d’eau douce (Lymnées, Planor. 
bes ), et de petits corps arrondis que je crois des grains de chara. Ces 
fossiles appartiennent à des couches très dures qui ont été employées par 
Achmet pour les constructions du pont d’Alcantara. Au-dessous on voit 
des couches plus cristallines encore et dépourvues de fossiles. Les an- 


Y% 


(24 ) 


ciens ont fait grand usage pour la décoration et l'architecture , d’un banc 
d'une couleur rose très cristallin, très dur, et n'ayant d’autre défaut 
qu'une structure poreuse et fibreuse. Constantine, Sigus , Ghelma, 
Announah , Hammam-Mescoutin, m'ont offert beaucoup de débris de co- 
lonnes, et des monuments entiers faits avec ce marbre que l’on rencontre 
dans la plupart de ces localités. Les inscriptions si nombreuses de Ghelma 
sont presque toutes gravées sur ce marbre rose. Je n’ai pas présent à la 
mémoire ce que les anciens disent des marbres numidiques, mais je crois 
que Sigus est mentionné à leur occasion; si l’on rapproche de ce qui pré- 
cède, l’absence complète de tout autre marbre (le marbre blanc d’hyp- 
poue excepté) dans les ruines sur la côte de la Régence, on sera porté à 
croire que ce tuf rose d’origine tertiaire était un des marbres numidiques. 

» Un fait assez remarquable dans la succession de ces dépôts de tuf, 
c'est l'absence des fossiles dans les couches inférieures ; il semblerait par- 
là que la température des eaux qui les déposaient, d’abord trop élevée, 
s’est abaissée graduellement. Elles n’ont point disparu complétement aux 
environs de Constantine , mais leur ouverture s’est abaissée avec le creuse- 
ment des vallées. Les sources thermales (de 27 à 29° centigrades) qui 
jaillissent sous la ville et dans les environs forment encore des dépôts 
assez abondants. 

» Les alluvions anciennes forment d'immenses dépôts à Constantine; les 
collines du Coudeat-Aty sont composées d’un amoncellement de près de 
300 mètres d'épaisseur de sables, graviers, galets, parmi lesquels on voit 
quelques blocs de plusieurs mètres cubes. On peut se demander si c’est là 
le produit d’un phénomène dilüvien qui ferma entièrement la vallée entre 
le rocher de Constantine et la montagne de Tehataba, ou les produits 
lents des crues périodiques du fleuve avant l'existence de la fracture où 
coule aujourd’hui ie Rummel. Malgré la présence des blocs, j'ai trouvé à 
l'ensemble du dépôt des caractères d’alluvion plutôt que ceux d’un phé- 
nomène instantané. Je n’ai rien vu qui püt indiquer le phénomène des 
blocs erratiques. Les blocs métriques dont j'ai parlé sont des grès ferru- 
gineux descendus des flancs des vallées pendant le dépôt des alluvions 
anciennes. 

» Les eaux chaudes d’'Hammam-Mescoutin (90° centig.) sourdent dans le 
terrain des grès ferrugineux et des marnes à fucoïdes ; aucune roche d’ori- 
gine ignée ne se montre dans le voisinage. Les phénomènes si remar- 
quables que l’on y observe aujourd'hui doivent remonter à l’origine des 
dépôts tufacés. On y trouve en place le marbre rose, et aucune couche 

C. R. 1818, 2€ Semestre. (T. VII, N° A.) 32 


( 242 ) 

ne contient de fossiles. L'Afrique entière a dù être soumise à des phéno- 
mènes analogues; chaque vallée a ses tufs, et le terrain tertiaire marin 
des environs d’Alger montre partout, dans sa partie supérieure, des 
nappes ondulées qui contiennent elles-mêmes des débris marins; la ba- 
régine , d’une couleur ocreuse, s’amasse sur une épaisseur de près d’un 
centimètre sur les flancs des cônes d'Hammam-Mescoutin, inclinés à 20 
ou 30°, et dont la température est de 70 à 80°. 

» Il est à remarquer qu'Hammam-Mescoutin est au milieu d’une zone 
de sources thermales qui s'étend des environs de Sétif par Constantine 
jusqu’à Hammam-Berda, et même jusqu’à la Calle, et que cette ligne suit 
la direction E.-N.-E. de la chaine, l’une des fractures les plus récentes du 
nord de l'Afrique. 

» Bone a son massif de roches cristallines comme Stora, le cap Matifou, 
Alger, Oran, et probablement plusieurs autres points du littoral. Ce sont 
les débris d'une même chaîne de roches variées de micaschistes, talcs- 
chistes, gneiss, marbres bleus et blancs. Des dolomies composent le mas- 
sif de l'Edough et les collines qui avoisinent Hyppone. Les mêmes roches 
se présentent à Alger ; mais ici les phénomènes sont plus instructifs en ce 
qu’on voit le passage des roches psammitiques aux schistes cristallins; on 
peut suivre les modifications par lesquelles elles ont passé. La plupart des 
calcaires qui avoisinent Alger sont des dolomies ou cristallines, ou cellu- 
leuses, ou pulvérulentes, et l’on voit sous le fort des Vingt-Quatre Heures, 
des preuves incontestables de l’état pâteux où se trouvaient les couches 
au moment de leur contournement. D’après les analogies que tout l’en- 
semble de ce terrain cristallin présente avec les modifications du sol pri- 
maire de l’ouest de la France (alternance fréquente de schistes argileux, 
de psammites, de calcaire et absence de quarzite), et d’après la présence 
des couches d’anthracite reconnues par M. le capitaine Rozet, je crois 
qu'on pourrait les classer dans le terrain silurien moyen. 

» Je n’ai trouvé de roches cristallines que dans un seul point de l’inté- 
rieur. C’est au pied du Sidi-Dris, à 10 lieues au sud de Stora. Ce sont 
des schistes talcqueux qui supportent immédiatement des calcaires com- 
pactes à nummulithes. IL est probable que les mêmes roches percent 
sur quelques points de la chaine de PAuras; car on trouve des cailloux 
roulés d’amphibolite et de quarz hyalin dans les alluvions anciennes des 
plaines du sud de Constantine. 

» L'orographie de cette partie de Afrique a ses caractères ou son type 
particuliers. La nature du sol, les bouleversements violents et les dégra- 


( 243 ) 


dations qu'il a éprouvés, variant suivant les lieux , les formes ne peuvent 
être nulle part exactement les mêmes. L'examen d’une bonne carte fait 
connaître ces caractères d’ensemble qui souvent se sont inscrits à l’insu 
même de l'auteur; mais au point où en est la géographie de l'intérieur de 
l'Afrique on ne peut les demander et il est utile au contraire que les in- 
ductions théoriques viennent en aide à la géographie conjecturale. 

» Il y a déjà bien des années que M. Élie de Beaumont publia que les 
systèmes de montagnes dirigées de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O. et de l'O.-N.-O. 
à l'E.-S.-E. devaient prédominer dans la partie septentrionale de l'Afrique; 
il arrivait à ce résultat d’après des cartes bien imparfaites alors, des lec- 
tures de voyages et enfin des inductions théoriques. Que l’on prenne la 
série de nos cartes publiées depuis cette époque jusqu’à ce jour, on verra 
d'année en année ce caractère prendre plus de netteté et d’étendue à me- 
sure des progrès de nos connaissances. (Voyez la feuille d'Oran, cartes du 
Dépôt de la Guerre.) Ces formes si bizarres, si fausses aux yeux du géo- 
logue , de montagnes s’enchaînant comme autant d’anneaux arrondis dis- 
paraissent peu à peu ou sont refoulées du littoral vers l’intérieur; en 
attendant qu'on puisse leur donner des formes complétement vraies, 
quelques observations générales pourront servir à leur donner du moins 
des formes probables. 

» Le système de direction E.-N.-E., O.-S.-O. prédomine dans tout le 
nord de l’Afrique, par son étendue, la hauteur de ses montagnes et la 
grandeur des vallées et des cours d’eau qui lui sont subordonnés. Cette 
direction est peu éloignée de celle du rivage, et de là vient qu'il s’y pré- 
sente si peu de ports. En outre, les chaînes en rencontrant le rivage orienté 
du levant au couchant, projettent nécessairement des caps dans l'E.-N.-E., 
et il en résulte que tous les ports sont ouverts dans cette direction et 
abrités seulement dans la direction du N.-0. Tels sont Bone, Stora, Collo, 
Sigelli, Bougie, Alger, Arzen, Mers-El-Quebir. A chacun de ces caps, 
aboutit un chaînon qui va mourir dans les plateaux de l’intérieur ou se 
rattacher à quelques nœuds de croisement, comme le massif de Turjura 
ou le haut plateau de Médeah. En coupant la Régence obliquement, 

_dé Delhis vers Constantine et l’Auras, on coupe successivement 7 de 
ces chaînons parallèles. Ce système de direction est encore le: plus 
remarquable par sa continuité et la netteté de ses arêtes; ces faits seuls 
suffiraient pour indiquer son origine récente et cette probabilité est con- 
firmée d’ailleurs par un fait que M. Élie de Beaumont avait soupçonné; 


c’est le soulèvement, dans cette direction, du terrain tertiaire sub-apennin 
32... 


( 244) 


et des alluvions anciennes de l’intérieur ; je l’ai reconnu à Constantine, et 
d’une maniere plus évidente encore à Alger. 

» À ce système, appartient la chaîne qui se prolonge du Tchatabah près 
de Constantine jusqu'aux montagnes près de Tabarca. C’est le trait oro- 
graphique le plus prononcé de l’est de la Régence; c’est notre petit Atlas ; 
car jusqu'à ce qu’on ait fait justice de ces dénominations anciennes si ri- 
diculement étendues, il faudra avoir partout son petit et son grand Atlas. 
Ces dénominations mal appliquées ont l'inconvénient plus grave de 
fausser la géographie. On dénature les faits pour tout réduire aux deux 
Atlas obligés, courant parallèlement entre la mer et le désert, ce qui peut- 
être n’existe nulle part dans la Régence. 

» À ce même système de direction, appartiennent plusieurs groupesiso- 
lés : tels sont les Oumpsetas et le Bougareb dont les crêtes rocheuses de 
craie compacte s’alignent exactement E.-N.-E. au nord de la route de Cons- 
tantine ; le Ghirioun au S.-E., et au S. le Nif-en-Ser si remarquable par son 
isolement, sa hauteur et la forme bizarre de son sommet; l’Edrouis (le 
Djebel Rougeise de quelques voyageurs), etc., etc. 

» Ces montagnes comprennent entre elles d'immenses plaines dirigées 
dans le même sens, plaines qui se rejoignent dans le sud et se prolongent 
jusqu’au pied de PAuras. | 

» Au système est-sud-est, ouest-nord-ouest appartiennent la chaîne lit- 
torale du cap de Fer à Bone, les collines de grès des environs de Dréan; 
la grande chaine qui se prolonge depuis le nord de Milach par le Sgao, le 
Sididris, les Toumilieth, jusqu'à la rencontre des montagnes du Raz-el- 
Akba; enfin , le trait le plus remarquable de ce système, est la chaîne 
des monts Auras, chaîne brisée, interrompué, comme toutes celles de 
l'Afrique, mais qui, néanmoins, peut se suivre sur une immense étendue 
dans le sud de Constantine; c’est la direction des Pyrénées, et c’est en 
partie aussi la même constitution géognostique (calcaire à nummulithe et 
grès ferrugineux ). 

» C’est principalement au sud de la grande chaîne entre Bone et Cons- 
tantine que l’orographie africaine prend une physionomie toute distincte. 
De gros massifs isolés s'élèvent du milieu de plaines immenses comme des 
îles au milieu de la mer : au premier aperçu, ils semblent comme jetés 
au hasard; mais si l’on se sert de la crête rocheuse de l’un d’eux comme 
d’une ligne de repère, on les voit s’aligner au loin; telle est la chaine de 
l'Auras, et entre elle et Constantine une chaine moins prononcée dont 
j'ai relevé plusieurs sommets (le Rauch-el-Jemel entre autres, qui est bien 


(245) 
le Jedmelah du dépôt). Quelquefois la continuité est plus apparente, et ce 
sont de hauts plateaux aux formes molles dans les sommets et aux flancs 
ravinés qui l'établissent. Tels sont le Djebel-Ouach, entre le Tchatabuh et 
les pics Taya, et le plateau situé aux sources de l’Hamise entre le Ma- 
houna et le Sidi-Eddrouis. L 

» Sans chercher à remonter aux causes qui ont ainsi modelé l’Afrique 
sur les confins du désert, on voit de suite comment elles se ratta- 
chent à la nature de sol. Les calcaires compactes , roche d’un grande-‘du- 
reté, forment des arètes dénudées comparables à tout ce qu’il y a de plus 
hardi dans le Jura. Les grès ferrugineux de la craie, plus destructibles, ne 
dessinent que quelques cimes rocheuses, en général, du second ordre, 
et aussi riches en végétation arborescente que les calcaires en sont dé- 
pourvus; ils constituent, en général, le sol de tous les hauts plateaux 

entre Milab et Tabarca. Enfin , les marnes et les argiles encore plus des- 
tructibles que les grès, forment le sous-sol des plaines alluviales qui s’éten- 
dent vers le sud. 

» La configuration du sol dans toute la région qui s'étend de Tunis à 
Sétif, et de là jusqu’au désert, explique bien la facilité de la conquête 
sur les indigènes, mais en même temps la difficulté d'établir une domina- 
tion absolue ou de leur enlever leur indépendance nomade. Toutes ces 
vastes plaines du sud communiquent entre elles par continité ou par des 
plateaux, ou de larges cols. Si les défendre contre les conquérants était 
chose impossible aux indigènes, ils trouveraient dans ces massifs de mon- 
tagnes qui dominent chacune d’elles, refuge pour eux et leurs troupeaux; 
ces citadelles naturelles conserveraient donc leur indépendance , mais seu- 
lement l'indépendance du nomade sans culture et sans habitation fixe. 
Telle est aujourd’hui notre position à Constantine vis-à-vis des tribus 

* Chaouga ( Kabyles , pasteurs du sud) défendues par ces forteresses natu- 
relles du Nif-en-Ser, du Ghirionn et de l’'Eddrouis. » 


CHimie APPLIQUÉE. — Analyses comparées des aliments consommés et des 

- produits rendus par une vache laitière : recherches entreprises dans le 
but d'examiner si les animaux herbivores empruntent de l'azote à l'at- 
mosphère; par M. BoussiNGauzr. 


(Commissaires, MM. Flourens, Dumas, Turpin.) 


Projet d'un nouvel instrument logarithmique ; par M. Marriaz Bonnes. 


(Commissaires, MM. Coriolis, Gambey.) 


( 246 ) 


MÉCanNiQuE APPLIQUÉE. — ÎVotes sur l'emploi d'un nouveau calibre , et sur 
l'emploi d'un nouveau métal, dans la fabrication des montres soignées ; 
par M. Benorr. 


(Commissaires, MM. Arago , Savary, Gambey.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur les roues à réaction; par 
M. Couses. 


(Commission précédemment nommée. 


Paysique.—Notes sur quelques points de l’électricité voltaïque; par M.NWons- 
sEzMAN DE Hger, professeur de physique à l’athénée de Deventer. 


( Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet.) 


M. An adresse quelques échantillons de minerai de plomb sulfuré pro- 
venant d’une mine qu'on vient de découvrir à deux lieues environ d'Alger, 
dans une localité appelée /a Bouzaria. Ce minerai contient , dit-on, une 
proportion considérable d'argent et un peu de-platine. 

MM. Berthier et Becquerel feront l'examen de l'échantillon adressé par 
M. Aimé. 


M. Soin présente un appareil chromatique pour exécuter en grand, 
dans les cours publics, les expériences de polarisation dans les lames cris- 
tallisées, et annonce que depuis plusieurs années il fabrique des appareils 
tout semblables à celui-là. 


(Commission nommée pour l'appareil présenté par M. Chevalier.) 


M. Paxroux présente deux enfants mort-nés qui sont entièrement unis 
dans la région abdominale ; il les met à la disposition de l’Académie dans 
le cas où elle jugerait que la dissection en püt être intéressante. 

MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Serres sont invités à s'entendre à ce su- 
jet avec M. Pailloux. 


M. Passor adresse quelques remarques relatives au rapport qui a été 
fait dans la précédente séance sur une machine à réaction qu’il avait pré- 
sentée. 

(Renvoi à la commission qui a fait le rapport. ) 


M. 3. Wazsu, de Cork, adresse un Mémoire de Mathématiques. 
M. Sturm est prié d'examiner si ce travail peut être l’objet d’un rapport. 


(247) 


CORRESPONDANCE. 


M. le Manisrre DE La Guerre invite l’Académie à vouloir bien, con- 
formément aux dispositions des articles 42 et 43 de l'ordonnance d’orga- 
__nisation de l'École Polytechnique. du 30 octobre 1832, désigner trois de 
ses membres pour faire partie du conseil de perfectionnement de cette 
École pendant l’année scholaire 1838—1839. 

L'Académie procède par voie de scrutin à cette élection; MM. Arago, 
Thénard, Poinsot réunissent la majorité des suffrages. 


Note sur l'intégration d’une équation aux différentielles partielles qui se 
8 quai P q 
présente dans la théorie du son; par M. J. Lrouvuuse. 


« Dans les nouveaux Mémoires de l’Académie des Sciences (année 1818), 
M. Poisson a donné l'intégrale de l'équation 
dh , [d'à d'x da 
«@ ao (Gti ta) 
YEI a d. 
En désignant par F(x, y, z), a’ (x, y, z) les valeurs de à et _ pour #—0, 


il a trouvé 


(b) Ye af Ta Ÿ(æ-at cosb, y-atsin 0 sin, zHatsin 0 cos &)t sin 6 dédy 


ei dt 


sf. Le F(x—+at cos RAS sin sin w, z+at sin 5 cos &)t sin 6 dé do. 


Les deux méthodes qui le conduisent à ce résultat sont assez simples, 
surtout la seconde; d’ailleurs, il montre que l’on peut aisément en véri- 
fier à posteriori l’exactitude. 

» Mais, dans un autre Mémoire sur la propagation du mouvement dans 
les milieux élastiques (1), l'illustre géomètre considere, au lieu de l'équa- 
tion (a), l'équation suivante : 


d'e PAR Le do d'@ de 
‘Q m=elatgtat Mens] 
à laquelle on doit joindre les conditions définies que voici : 


@ = 0, L— F(z, 7, 2) pour t— 0, 


(1) Nouveaux Mémoires de l Académie des Sciences, tome X. 


(248 ) 
À (x, 7, 2), F(x, 7, 2) étant deux fonctions connues de x, y, z. Et le pro- 
cédé qu’il emploie pour ramener l'intégration de l’équation (c) à celle de 
l'équation (a), ou plutôt pour simplifier l'intégrale de l'équation (c), exige 
d’assez longs calculs. On peut éviter ces calculs en adoptant la marche 
que je vais indiquer. 
pes  JZ . x : d? nes 

» Je différencie l'équation (c) par rapport à #, et je pose = À je 
trouve ainsi que À doit satisfaire précisément à l'équation (a); de plus 
pour £ — 0, il vient 

d 
A T EL), 
puis 
FE 1 à 2 + da 26 pen + Ve M 2 |, 

ou simplement 


dh 
= ax, 7, 2), 
s } dé 
s évanouit e . = E 
puisque @ n même temps que £. La valeur de À ou a St donc 


celle écrite ci-dessus et fournie par la formule (b); pour en déduire 9 il 
suffit d'intégrer à partir de £= o, ce qui donne 
T 2r . 
L— ef. A F(æ+at cos, y + at sin0 sin, 2 at sinô cose)t sin © d6 du 
} 0 


FJ 0 


t La 2x 
+. Ÿ(T+e cos, r+e sin6 sine,zLe sin0 cosw)e sin de dû du, 
47/ 0 oJ o je 


C’est la formule de M. Poisson, telle qu'on la lit au n°5 de son Mé- 
moire. » N 


STATISTIQUE. — Lois de la population et de la mortalité en France; Lettre 
de M. Deuonrernan» , à l’occasion d'une Note sur ce sujet , lue dans les 
deux précédentes séances, par M. Moreau de Jonnès. 


« Dans les séances du 2 et du 9 juillet, un membre correspondant a lu, 
à propos du rapport de la Commission de Statistique, des remarques dont 
je n’ai eu connaissance que par le Compte rendu de la séance du 16, et 
auxquelles je demande la permission de faire une courte réponse. 

» J'ai signalé le premier les fautes et les lacunes d’une partie des docu- 
ments officiels, mais j'ai prouvé en même temps qu'il n’y avait dans le 
plus grand nombre que des erreurs involontaires. Je croyais avoir fait par- 
tager cette conviction à l’auteur des remarques, puisqu'il a présenté de- 


(249) 
puis à l’Institut des observations sur les centenaires, sans autre autorité 
que -celle des tableaux formés par MM. les préfets. 

» Malgré les imperfections reconnues des tableaux, avec quelle ap- 
proximation pouvait-on , par une discussion approfondie , en tirer les lois 
de la mortalité? Telle est la question que je me suis proposé de résoudre, 
telle me semble être la marche philosophique des sciences. Les astro- 
nomes n’ont pas toujours calculé les mouvements des astres à une se- 
conde près; ils n’ont eu d’abord que des approximations grossières dont 
les limites se sont resserrées peu à peu. J'ai suivi leur marche: j'ai pu 
prévoir à = près les résultats du recrutement de 1834; j'ai retrouvé, 
avec une-approximation à peu près égale, la population donnée par les 
recensements. J'ai annoncé l'intention de corriger mes premiers calculs 
-par la discussion de la période décennale de 1837 à 1847, et je m'esti- 
merai heureux si je puis alors prévoir le recrutement à 2 près. Avec le 
temps on obtiendra des approximations plus grandes, mais je pense que 
les statisticiens se croiront déjà plus près de la vérité en adoptant mes cal- 
culs qu'en suivant la méthode si justement blâmée par l’auteur des re- 
marques, et qui consiste à généraliser les nombres obtenus sur une 
petite échelle. | “ne 

» L'auteur des remarques craint une perturbation dans les assurances 
sur la vie, et dés procès où l'autorité de l'Institut se trouverait compro- 


mise. L'Académie n’a pas prévu ce danger quand elle a provoqué le cal- 
cul d nouvelle table de mortalité; ét, en effet, il n’existe pas. Sans 
donte IéS compagnies qui se formeront à l'avenir tiendront compte des 


travaux approuvés 

changeront-e urs conditions à partir d’une époque quelconque; mais 
ER TE / NA ee F 5 

la validité des jagements contractés de bonne foi, entre les assureurs 


et les assurés, restera en dehors de toute contestation. » 


Remarques de M. Meneau »e Jonnis sur une assertion contenue dans la 
lettre précédente. 


« Je n’ai point présenté à l’Académie, comme l’a cru M. Demonferrand, 
un tableau de centenaires. 

» C'est un papier que m'avait demandé M. Bouvard, et qui, par un qui- 
proquo, s’est trouvé lu à l'Académie. J'en ai fait la remarque dans le 
temps à M. Arago, qui s’en souviendra certainement. 

» Je ne suis pour rien absolument dans cette communication , et ellé ne 
peut m'être attribuée. » 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°4.) 33 


( 260 ) 


CHIMIE ORGANIQUE. — Examen des Baumes. 


M. Fréuy adresse à l’Académie le résumé d’un travail qu'il a entrepris 
sur les corps de nature composée, auxquels on donne le nom de 
PBaumes. 

« J'ai reconnu, dit-il, que les idées admises jusqu’à présent sur la com- 
position des baumes étaient loin d’être exactes, car les baumes les mieux 
caractérisés ne contiennent pas d’acide benzoïque. 

» Je me suis surtout occupé du baume du Pérou liquide, qui est en 
quelque sorte le baume primitif; j'ai reconnu que par son oxidation il 
donne naissance à une substance parfaitement identique avec le baume 
de Tolu. 

» Le baume du Pérou purifié par une méthode que j'indique dans mon 
Mémoire, présente les plus grandes analogies avec les corps gras; il con- 
tient une matière liquide qui ressemble tout-à- fait à l’oléine, et qui, comme 
elle, peut se saponifier sous l’influence des alcalis, en donnant naissance 
à une matière neutre analogue à la glycérine et à un sel à base de potasse 
qui n’est autre chose que du cinnamate de potasse. 

» Cette saponification se fait sans dégagement de gaz et sans absorption 
d’oxigène. 

» Il se dépose de plus dans le baume du Pérou, une matière cristalline 
isomérique avec l’huile de canelle qui se transforme en cinnamate de po- 
tasse et en gaz hydrogène, quand on la chauffe avec de l'hydrat “de po- 
tasse fondu. Ce corps qui présente, comme on le voit, toutes lés'réactions 
de l'hydrure de cynnamyle, donne naissance à du chlorure de cynnamyle 
quand on le traite par le chlore. ele 

» La matière liquide du baume du Pérou est celle-qui se ‘transforme en 

résine; la matière cristalline donne l’acide cianamique. 

» Enfin les baumes du Pérou et de Tolu, qui ont été exposés à l’air, 
contiennent de lacide cinnamique et non de l’acide benzoïque, comme 
on le croit généralement. » : 

M. Jawess écrit qu’il a le premier établi la comparaison entre les pustules 
du vaccin vieux et celles du vaccin nouveau , de manière à faire ressortir 
les caractères par lesquels on peut les distinguer les unes des autres. Il 
indique les documents dans lesquels on trouvera, suivant lui, la preuve 
qu'il a SNS sur les autres médecins qui se sont occupés de cette 
question. 

(Renvoi à la Commission des prix de médecine.) 


\ 


CRT Lord 


(251) 


M. Smow Joux annonce qu’un nouvel essai en grand de son procédé 
pour la destruction des charançons , aura lieu le 24 de ce mois dans les ma- 
gasins de l'État, à la Rapée, conformément à une décision de M. le Ministre 
de la Guerre. Ii demande que la Commission désignée par l’Académie veuille 
bien y assister, et qu’un nouveau membre soit nommé en place de M. Sé- 
guier en ce moment absent de Paris. 

MM. Huzard et Turpin sont adjoints à M. Silvestre , commissaire précé- 
demment désigné. 


M. Vazra écrit relativement à une horloge qu'il a construite mais sur la 
disposition de laquelle il ne donne d’ailleurs aucun détail : cette horloge 
est mue par l’eau. 


M. BenrQué adresse un paquet cacheté. 
- L'Académie en accepte le dépôt. 


À quatre heures un quart l’Académie se forme en comité secret. 


La section de Physique présente la liste suivante de candidats pour 
une place de correspondant vacante dans son sein : 


1°. M. Marianini.... à Modène ; 
2 MP PAMICL.: “ee à Florence ; 
3°. M. Forbes...... à Édimbourg; 
: 49. M. Rudberg. ... à Stockholm; 
LL 5°, M. Erman...... à Berlin; 
ww” . 
6°. M. Bellani...... à Monza. 


Sur la proposition de M. Arago, l’Académie décide que M. Wheatstone 
figurera en dehors de la liste de la section, comme candidat à la place 
yacante. - É 

L'élection aura lieu dans la séance prochaine ; MM. les Meme en 
seront prévenus par billets à domicile. 


La séance est levée à cinq heures et demie. À. 


ÆErrata. (Séance du 9 juillet.) 
LES 


Page 26, ligne 8 en remontant, 4: —=R (Ga = 2 , lisez t=R + ——— 


(Séance du 16 juillet.) 


Page 127, ligne 7 en remontant, M. Araujo, attaché à la légation du Brésil, Zisez en- 
xoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Brésil 


(1252) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838, n° 3, in-4°. 

Description d'une Magnanerie salubre; par M. v’Arcsr; 3° édit., in-4°. 

Mémoires pour servir à une description géologique de la France, rédigés 
par M. le Directeur de l'administration générale des Ponts-et-Chaussées 
et des Mines , sous la direction de M. Brochant de Villiers ; par MM. Du- 
rRéNoy et Êure pe Beaumonr ; tome 4,1in-8°. 

Traité de l'affection calculeuse; par M. le docteur Crviarr; Paris, 
1838, in-8°. 

Campagne de Constantine de 1837; par M. Séprrror ; Paris, 1838, in-8°. 

Des principales formes de la Pneumonie ; thèse par M. Jures Perceran ; 
1838 , in-8°. 

Thèse sur cette question : Des moyens à l'aide desquels on peut distin- 
guer lesNévroses des lésions dites organiques; par M. Moxrauzr; 1838, in-8°. 

Bulletin de l Académie royale de Médecine ; tome 2 , n° 20, juillet 1838, 
in-8°. 

Bulietin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; tome 15, 
1e et 2° livraison, in-6°. 

Observationes anatomicæ et microscopicæ de Systematis nervosi struc- 
tura; par M. R. Remax; Berlin, 1838, in-8”°. 

Proccedings.. . . Procès verbaux de la Société royale de Londres, n° 33, 
26 avril —14 juin 1838, in-8°. 

The London and... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg; 
n° 8 et 79, (mois de juillet et supplément), in-8°. 

The Athenœum Journal; juin 1838, n° 126, in-4°. 

Bestimmung der.... Détermination de la longueur du pendule simple 
battant les secondes pour Berlin; par M. Bssser ; Berlin, 1857, im-4°. 

Experimentale.... Recherches expérimentales sur la Physiologie de 
l'organe de l'Ouie; par M. J. Murrer ; Berlin, 1838, in-8°. 

Calendario.... Calendrier géorgique de la Société royale d'Agriculture 
de Turin, pour l'année 1838; Turin, 1838, in-8°. 

Journal des Connaissances médicales pratiques, 5° année, juillet 1838, 
in-6°. 

Gazette Médicale de Paris, tome 6 , n° 20. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 85—87, in-4°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 353. 

La Phrénologie, Journal, 2° année, n° 11. 

L'Expérience , journal de Médecine , n° 52, in-8°. 


COMPTE RENDU 
“ DES SÉANCES 
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


nr RE : Re; . 


SÉANGE DÜ LUNDI 30 JUILLET 1838. 


Le. 


a mor DE M. BECQUEREL. 


Fa ‘ a 


“ 
sr 


| MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET à RD NES DE L’ACADÉMIE. 


M. le Président annonce à dd Ja perte douloureuse qu’elle vient 
de fa e dans la personne d'un de ses membres, M. Fnénéric Cuvrer, 
décédé le 24 juillet 1838 ; à Strasbourg, dans le cours de son voyage an- 
_ nue comme Inspecteur général de ‘hs 

‘ S 

Réponse d de M. Baor à à la Note de M. Puissant , insérée dans le dernier 


hi _ruméro du Compte ne 
si 


DE he aux mathématiques sont ordinairement sur- 
quand elles voient deux péomètres différer d'opinion sur un point 
ul Le cariciere) de certitude qu’on achortle à ces sciences étant, 
tre privilég e, une concession à laquelle il coûte de se 
: ser,quand on ne ns pas s’en rendre l'arbitre, on se trouve naturel- 
| lement porté-à en rejeter 1 le principe, quand on le voit, ou qu’on croit le 
démenti dans:ses applications actuelles. Mais il y a pourtant trois cas 
les , et faciles x indiquer , dans lesquels une discussion peut s'établir 
entre deux géométres ‘sans que la certitude de la science ait rien à en 
souffrir. Le premier serait celui où, par inadvertance, l’un d'eux au- 
rait commis quelque erreur matérielle dans le maniement du calcul. De 
CR. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 5.) 34 


DEN 


(254) | 
celui-là, il y en a des exemples très illustres, exclusivement à la vérité 
parmi les personnes qui travaillent et qui publient. Mais, c’est alors un ac- 
cident de langage mal parlé; et il n’en résulte aucune atteinte contre la 
langue même. Un second cas a lieu , lorsqu'ils agit d'interpréter quelque ex- 
pression nouvelle de cette langue féconde; si féconde en effet qué les 
symboles mêmes dont elle s'enrichit expriment presque toujours des idées 
plus étendues , ou renferment des conséquences plus générales, que ne l’a- 
vait conçu tite inventeur. Alors on peut très bien discuter sur la portée de : 
ces extensions, jusqu'à ce que les nouveaux problèmes qu’elles résolvent* 
en aient assuré la réalité parle succès même, et montré leur véritable mé- f 
taphysique. Cela est arrivé pour les méthodes de calcul qui ont le plus * 
agrandi les APPHEAHONS des mathématiques aux phénomènes du monde 
matériel. Or, ces mêmes méthodes, d’abord controversées, sont universel- 
lement employées aujourd’hui par les géomètres ; sans que leur certitude 
soit mise en doute, non plus que leuf puissance. Enfin, un troisième cas 
de dissentiment peut surgir, lorsque le calcül sort de son abstraction pure, 
pour s'appliquer aux réalités. Car, obligé trop souvent d’éluder, d’amoin- 
drir, ou de négliger tout-à-fait, quelqués-unes des particularités qui les 
compliquent, le géomètre peut tirer de ses formules des conséquences 
mathématiques vraies en elles-mêmes, relativement aux prémisses, quoique 
sans application réelle, les faits étantitrop dépendants des éléments omis. 
Ici, le défaut de succès ne prouve rién contre la bonté de l'instrument; au 
contraire, il est une conséquence de sa justesse. Seulement on ne lui à pas 
donné à combiner tous les éléments physiques qui influent essentielle- 
ment sur le résultat. On pourrait bien aussi compter un quatrième cas, où 
les deux adversaires, trop préoccupés de leurs idées, ne se compren- 
draient pas l’un PRRé ; mais je suppose que cela n'arrive jamais... ? 

» En lisant la première Note si affirmative de M. Puissant , j'ai craint 
d'abord, je l'avoue , d’être tombé dans la première supposition, celle d'une 
erreur matérielle de calcul que j'aurais commise, soit dans les signes, 
soit dans les nombres. Mais, en revoyant avec tout le soin possible le cas 
même que M. Puissant avait déclaré fautif, je n’y ai pu découvrir aucune 
faute de calcul ni de raisonnement. Et alors je ne pouvais nullement 
comprendre ce que notre confrère pouvait trouver à y reprocher, La 
Note qu'il vient de publier dans le dernier Compte rendu, et dont j'ai 
eu seulement connaissance hier, en arrivant à Paris, ne m'a pas prouvé” 
davantage ce point. Mais, en donnant à son dissentiment une expression 
plus générale, elle m'a fait voir qu'il ne porte pas seulement sur une 


(255) 

erreur de détail que j'aurais commise, ce qui le rend plus facile à 

discuter. 

» M. Puissant dit aujourd’hui que la quantité qui dépend de l'état de 
l'air dans ma formule est tout-à-fait fausse, dans le cas particulier comme 
dans le général; et il ajoute que cela se reconnaît au premier coup d'œil, 
sans recourir à aucune application numérique. Eh bien! qu’il y suppose 

% seulement une des distances zénithales égale à 90°, en laissant aux autres 
termes toute leur généralité algébrique; il trouvera qu’elle reproduit exac- 
> identiquement, la même différence de niveau que la formule don- 
ù P ce cas M. Laplace, en faisant usage des mêmes données sur 
état di l'air aux deux stations (1). Cela ne peut être autrement; car elle 
n'est que l'ap ication générale du principe mécanique sur lequel la so- 
dution de M. Laplace repose , dans le cas particulier que je viens de citer, et 
qui est le seul où il ait supposé l’état de l’air déterminé simultanément 
aux. deux stations qui s’observent réciproquement. Il n’est donc pas du 
out évident ici que.la formule soit fausse; et, paffomoi, j je persiste à la 
croire vraie. .. 

» Après l'avoir ainsi condamnée généralement , en principe, M. Puissant 
veut la réfuter par des applications. Mais les épreuves auxquelles il la 
pet ne présentent pas les conditions qu’elle exige. Les observations 
l'Espagne qu ‘il prend pour exemple, ne sont pas calculables par cette 
rule, comme il le suppose, parce qu’elles n’ont pas été faites simulta- 
n ment ; e les réfractions locales + ‘il leur applique pour les calculer con- 
oi ement, par la. méthode qui emploie l'angle au centre, ne sont 
ullement certaines. C’est à tort que. M. Puissant me prète l’idée 
is de. “5e cas une relation que j ai teen bornée à des 


es conditions da “con d’une seule station; du moins x 
ectoires aussi basses. Car, même en admettant le décroissement des 
en progression arithmétique, ce qui est déjà une hypothèse res- 
é, le raisonnement et l’expérience s’accordent à montrer, que la rai- 


(1) Mécanique céleste, iv. X, page 28r, ligne 12. 
+ 34. 


( 256 ) 


son. de cette progression ne saurait être, et n’est pas en effet constante ; 
qu'elle est au contraire très différente à différents jours, sans que l'on 
puisse aucunement prévoir le caprice de ses variations; de sorte qu’on ne 
peut l’astreindre à aucune loi certaine. Ainsi, lorsqu'on emploie ce mode 
de décroissement pour calculer les réfractions locales propres à des dis- 
tances zénithales isolées, on suppose implicitement, 1° un décroissement 
actuel des densités , hypothétique; 2° l'égalité des deux réfractions locales © 
qui ont lieu tale nen aux deux extrémités de l'arc observé. Cest le 
résultat de ces deux hypothèses que l'on emploie os exprimer. chaque 
réfraction dans la formule qui détermine la différencé de niveau par la 
connaissance de l'angle au centre. Elles y entrent, nécessairement, avec 
toutes leurs erreurs, dans celui des deux facteurs qui contient encore la 
différence algébrique des deux réfractions. Je dis la différence algébrique , 
parce que les lettres qui la représentent, quoique: affectées de signes con- 
traires, peuvent exprimer, en effet, des sommes numériques si, par hasard, 
les réfractions réelles ont été: de sens contraire, ce qui peut arriver, sur- 
tout dans des observations non simultanées. Ainsi, lorsqu'on emploie cette 
formule, où reste la différence apparente des deux réfractions, on n’a 
aucun moyen quelconque d'apprécier théoriquement l'erreur SE: ÿ 
laissent, comme notre confrère croit qu’il le fait. 

» La frs que j'ai proposée pour obtenir les différences de niveau 
par des observations réciproques et simultanées, est exempte de toutes 
ces hypothèses sur la détermination des réfractions locales, puisqu'elle n'a 
aucun besoin qu'on les connaisse, ne les employant pas. Elle suppose seu- 
lement la sphéricité des couches d'égale densité, ce qui lui est commun 
avec toutes les lois particulières que l’on peut employer dans un calcul 
théorique; et elle est rigoureusement exacte, quel que soit l’état de l'air, 
pourvu que cette condition générale se trouve réalisée. Cependant, après 
avoir lu avec attention les Notes de M. Puissant, je conçois très bien qu'on 
puisse en contester l'emploi habituel dans les opérations géodésiques;, 
quoique, à la vérité, par des considérations différentes de celles qu'il a 
présentées. 

» Car d’abord, dans ces opérations, on n’a je crois jamais pris le s 
de faire les observations des distances simultanément, parce que l’on sup 
posait n'avoir aucun motif de leur donner ce caractère, et qu'il eüt. été 
souvent difficile de s’astreindre à cette condition. Ainsi, déjà, on ne ed 
vait, on ne devait pas l'employer, pour calculer les différences de niveau+ 


que ces opérations avaient eu pour but. Puis, commeon se croyait assuré” ÿ4 ñ 


LA 


+ (bg y 


on connaissait toujours l'angle au centre , on pouvait croire que la formule 
it en usage ne-laïssait rien à désirer comme eneffet riotre 
dit Mais c'esteprécisément ce défie point qui n’est pas 
né; que l'on n'a même, jusqu'ici, aucune possibilité d'établir, et qui 
éciderait, comme je l'ai proposé, par l'application simultanée des 
de éthodes. | à 
+» L'emploi de l'angle auicentre, lorsqu'on le connaît, à, dans sis. 
cations pratiqués ; deux avantages précieux, sur lesquels je n'ai pas suffi- 
l ment insisté dans ma première Note, ou si lon veut, que je n'y avais 
pas suffisamment appréciés. Le premier est de donner à la mesure une 
base rectiligne horizontale, dont la longueur peut être éya uée avec une 
_ grande précision ; et qui se: substitue dans le résultat'au rayon terrestre. 
Le econd-consiste à éliminerde ce résultat la somme algébrique des deux 
 réfractions locales, même lorsque les observations ne sont pas simülta- 
nées, et quel qu’ait été l’état de l'air dans les deux stations, sans que la 
condition de sphéricité des couches. y'soit nécessaire. Mais la différence al- 
- gébrique des deux réfractions, qui peut étre une somme } y reste inévita- 
_ blement; et rien ne peut faire apprécier. théoriquement l'excès qu’elle y 


. . .… . 
peut produire, si ce n'est la comparaison avec la formule propre aux ob- 


».Si l’on arrivait ainsi à reconnaître que les deux formules donnént 
isiblement les mêmes valeurs pour les mêmes différences de niveatr, 
| quandelles sont toutes deux convenablement appliquées, il vaudrait mieux 
7 A me employer celle qui fait usage de angle au centre, dans 
de cas où cet angle serait connu. Mais on trouverait très probablement que 
© cet accord résulte , non. de ce que l’on évalue bien la différence algébrique 
es deux réfractions par les méthodes habituelles, mais de ce que sa va- 
‘toujours très petite, même lorsqu'elle se transforme en une somme, 
ait qu’une influence insensible, à cause du’ facteur tang 2» qui multi- 
ujours le terme où elle entre, et qui est complétement indépendant 
it de l'air, même dans les observations non‘simultanées. 
mme ce résultat serait très satisfaisant pour les calculs géodésiques, 
e l'intérét à le constater ; et, additionnellement à la méthode 
roposée, on pourrait y parvenir par le procédé suivant , à la 
_ vérité expérimental, mais dont le résultat serait indépendant même dé la 
_ condition.de sphéricité. Fr 


( 258 ) 


» Sur les rives opposées d’un se lac, on choisit deux points dont la 
différence"de niveau soit d’abord nulle ou très petite. On mesure par une 
trangulation exacte la corde horizontale qui les joint, et l’on en conclut 
l'angle compris au centre de la Terre entre les deux verticales qui y sont 
dirigées. Alors deux observateurs placés en ces points, y font à différents” 
jours, et en différentes saisons, des observations zénithales réciproques, | 
tant simultanées, que non simultanées, auxquelles ils joignent les indi- 
cations du baromètre et du thermomètre: L’ angle au centre étant connu, 
ainsi que la différence de niveau , chaque couple d'observations , simulta- 
nées ou non, donnera rigoureusement la somme algébrique des deux ré- 
fractions actuelles, et leur différence, sans aucune hypothèse quélesand 
sur l’état des couches d’air intermédiaires , de sorte que l’on connaîtra sé- 
parément chaque réfraction. 

» On portera ensuite une des stations sur quelque point des mon- 
tagnes environnantes, dont on mesurera aussi la hauteur au-dessus du 
lac. On déterminera de nouveau trigonométriquement l'angle compris 
entre la verticale de cette station et la station inférieure la plus distante. 
On y observera encore des distances zénithales réciproques , tant simul- 
tanées que non simultanées ; et l'on en déduira de même les réfractions 
correspondantes. 

» Des observations pareilles étant répétées un grand nombre de fois dans 

les états de l'air les plus divers, les plus opposés, feraient apprécier avec 
une entière certitude l'influence que la différence algébrique des deux ré- 
fractions locales exerce sur la différence de niveau. Et si, comme il n’est 
pas impossible de l’espérer, il en résultait que cette influence devint tou- 
jours insensible quand on introduit l'angle au centre, à cause de la peti- 
tesse du facteur qui la multiplie, la formule qui emploie cet angle, lorsqu'il 
est connu, aurait, en effèt, alors, l'avantage que M. Puissant lui suppose, 
de ne rien laisser à désirer. Seulement elle ne pourrait plus servir si lon 
ne connaissait pas l'angle au centre; et alors celle qui se fonde sur les 
distances simultanées y suppléerait. 

» Maintenant, je pense avec notre confrère, que les notes publiées par 
lui et par moi aan le Compte rendu , en y Fur cette dernière et celle 
du tome IV, p. 715, à laquelle il me renvoie, établiront suffisamment, 
pour les physiciens et les géomètres, la manière dont nous envisageons 
tous deux ce sujet ainsi que la théorie de la réfraction qui s’y applique: 
J'abandonne donc, comme lui, cette discussion , qui n’aura peut-être pas 
été inutile pour fixer un point délicat des procédés géodésiques. Mais, 


ec? # 


$ va? 


% 


È 
S 


-( 259) 
comme nul de nous ne doit renoncer pour cela à s'occuper des mêmes 
objets, s’il le juge convenable, je demanderai à l'Académie de vouloir bien 
m'accorder quelques instants dans la séance prochaine , pour lui commu- 
+  niquer une nouvelle application que j'ai faite de ces mêmes idées à une 
s question importante d'astronomie observatrice. 


Ÿ Be À # 
NC si l’on voulait employer le décroïssement des densités en progression arith- 
ique, avec le on  d’arbitraire asbl: pour calculer les réfractions locales, pro- 
aux distances zénithales Lo Mltances, Vangle au centre étant supposé connu, 
Ï éterminer par l'expérience, la raison actuelle de ce décroissement, dans 
chacune des observations ; et l’on y parviendrait de la m anière suivante : 
-» Soit M' la station inférieure , M” la supérieure, r', r' les rayons vecteurs correspon- 
…dants, V l’angle au centre. À has observation de arte zénithale, on fera des obser- 
- vations simultanées du baromètre et du thermomètre dans les deux stations; ce qui est 
_ plus facile que de FRE des distances zénithales simultanées. On en dédie les deux 
_ densités actuelles r,p", et l’on calculera par la formule barométrique la valeur approché 
; de a différence de niveau, r/—r". Alors, en donnant à la loi du FE la forme 


r' 


à adoptée parM. Laplace, la somme actuelle des deux réfraction sera 2k(#— n Ve 2 mr 1 


Ainsi, , en les supposant égales aux deux extrémités de ae observé, comme on a cou- 


_tume de le faire, la valeur de chacune d’elles sera 4 (+ pl) 7 — NV. IL faudra donc ap- 


LES cette valeur à la distance zénithale qui aura été mesurée pendant que les obéerva- 
. tions météorologiques ont été faites ; et en recommencer de nouvelles, pour calculer de 
. même l’autre réfraction, quand on mesurera l’autre distance. Mais on n’introduira 
ces résultats, en calculant x, que dans le facteur tang + (Z"—Z' LE qui contient 
Le la différence des deux réfractions actuelles ; l’autre facteur tang ? V, en étant absolu- 
| ment indépendant. 
». En outre, si r” — r' devait être assez petit pour que sa détermination es le baro-, 
pût Dis des incertitudes qui fussent en proportion-notable avec sa valeur ab- 
olue, il faudrait porter la station barométrique correspondante en quelque autre point 
u M° choi isi arbitrairement, au-dessus, ou au-dessous de M', à un intervalle de nivea 
assez grand pour que cet bent n’eût pas lieu. Alors, ‘dans la forme de décrois 
is 5S employée par M. Laplace, la réfraction locale EEE à à la distance zénithale” 
à sntemporine gras Æ Æ, .V, si M'était pis leve à ue M',et# - ni TM 


Tr 


our constater que la loi du EUR A actuel des densités est effective= 
t que la formule le suppose. Le coefficient # et les densités doivent être calcu- 
omme il a été dit dans ma première Note (Compte rendu du 18 juin, p. 845). Gette 
iode, .. théorie, mériterait être ess yée expérimentalement. » 

ue J ajoutée pendant l'impression.) 


( 260 ) 

«Aprés la lecture de cette Note, M: Puissant prend la parole et déclare 
persister à ne plus revenir sur le:sujet en discussion, attendu que ses 
remarques critiques ont reçu de la publicité par la voie du Compte rendu, 
et que c'est maintenant aux géomètres à en apprécier la valeur. » 


> . 
, > 
. 


Sur la théorie des effets mécaniques de la turbine Fourneyron ; par TR 


M. Poncerr. : is MR 
# 


« L'Académie des Sciences a accueilli, dans plusieurs de ses séances, 
avec un intérêt très vif, la communication de divers résultats d'expériences 
sur les effets mécaniques de la turbine de M. Fourneyron, machine ingé- ‘ 
nieuse qui est venue se placer au rang des meilleures roues hydrauliques. 
connues; de telles , surtout, qui doivent leur état actuel de perfection et 
leurst principales qualités au développement des idées mécaniques, et, 
plus spécialement, aux applications du principe des forces vives. On n’en 
doit pas moins être surpris de ‘voir que la connaissance des propriétés es- 
sentielles de cette roue, soit due presque exclusivement à l'expérience, et 
que la théorie en soit encore si peu avancée; car on ne peut considérer 
comme entièrement satisfaisante celle que l’auteur en a lui-même présentée 
dans l’un des Bulletins de la Société d'Encouragement pour l’année 1834, 
et l’on s'aperçoit, sans peine aussi, que les anciennes solutions de l'illus- 

Wire Borda , malgré l'extension et les perfectionnements qu’elles ont acquis 

dans ces derniers temps , ne sauraient ici recevoir une application directe 
et certaine à cause de l’engorgement qui peut survenir dans les tuyaux 
d'évacuation de la roue, et de la réaction occasionée par la présence de 
ces tuyaux, sur la masse liquide qui s'écoule incessamment par les ori-. 
fices injecteurs du réservoir. Il résulte, en effet, de cette double cir- 
constance dont on n'avait jusqu'ici tenu aucun compte dans la théorie des 
roues comprises sous l'expression générale de turbines, que, pour une 
ouverture de vanne déterminée, la dépense de liquide dépend forcément « 
de la vitesse de rotation propre de la machine, et croît avec elle de ma- 
nière à changer complétement l'appréciation des effets mécaniques. 

» D'après ces considérations , j'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt * 
pour la science et les applications pratiques, de soumettre de nouveau la 
question au calcul, dont les résultats, grâce aux recherches récentes de * 
M. Morin (1), peuvent être immédiatement contrôlés par ceux de l’expé- 


2 


+ 


; 


ht 


( 261 ) 


rience ; et d'examiner plus particulièrement jusqu'à quel point les formules 
pouvaient rendre compte des singulières propriétés offertes par la turbine 
Fourneyron, qui marche avec un égal avantage, soit qu’elle se trouve 
noyée dans l’eau du bief inférieur, soit qu'elle se meuve librement dans 
lair, et qui, entre des limites fort étendues, peut recevoir des vitesses an- 
gulaires très différentes, sans que l'effet utile s’écarte notablement du 
maximum absolu , de celui qui est mesuré par le produit du poids du li- 
quide effectivement écoulé dans chaque expérience, et de la différence 
correspondante des niveaux entre les deux biefs. 

» On avait déjà eu l’idée de faire marcher horizontalement une roue, 
ouverte vers l’intérieur et J'extérieur, armée d’aubes cylindriques com- 
prises entre deux couronnes planes, parallèles et disposées perpendiculai- 
rement à l’axe de la machine, à peu près comme cela a lieu dans certaines 
roues verticales où l’eau est introduite par le fond du réservoir tangen- 
tiellement à leur circonférence extérieure ; M. Burdin avait même imaginé 
quelques dispositifs de turbines qui offraient beaucoup d’analogie avec la 
machine qui nous occupe , et dont la description se trouve consignée dans 
un Mémoire inédit, présenté à la Société d'Encouragement pour le con- 
cours de mai 1827 ; mais, outre que cette date est aussi à peu près celle de 
l’époque où M. Fourneyron a construit sa turbine d'essai à Pont-sur-l'Ognon, 
on doit encore reconnaître, avec le savant rapporteur du Mémoire cité 
de M. Morin, que ce n'étaient là que des conceptions fort éloignées du but 
à atteindre, en elles-mêmes tres imparfaites, et qui, pour réussir lors de 
l'exécution effective, eussent exigé diverses modifications, divers perfec- 
tionnements très importants, dans le système général des constructions. 

» La qualité essentielle de la turbine Fourneyÿron, ne réside pas seule- 
ment dans la propriété qu’elle possède de marcher très vite et de pouvoir 
être noyée dans l’eau du bief inférieur, sans trop d’inconvénients pour 
l'effet utile; car le dispositif des roues verticales à aubes courbes dont il 
a été parlé ci-dessus en est pourvu à un degré déjà assez prononcé; mais 


bien, redisons-le, dans cette heureuse idée de faire arriver l’eau hori- 


zontalement par tout le pourtour intérieur: de la roue, et de la faire dé- 
8orger par la partie la plus étendue, par sa circonférence extérieure. Il 
en, résulte effectivement que, dans la plupart de ses applications à l’in- 


a 


A 


Mémoire, qui vient d’être imprimé, a été l’objet d’un rapportfavorable lu à l’Académie 
des Sciences, par M. Savary , dans la séance du 2 janvier 1838, au nom d’une commis- 


. Sion qui était composée , en outre » de MM. de Prony, Arago et Gambey. 


C.R, 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N°5.) 35 


( 262 ) 


dustmie, cette roue permet, sous de très petites dimensions et par consé- 
quent avec une faible dépense en argent et en force, un débit d’eau pour 
ainsi dire illimité ; que l'écoulement s’y opère d’une maniere facile, et, 
en quelque sorte, sans entraves; qu'enfin elle fonctionne avantageusement 
à peu près sous toutes les chutes et à toutes les vitesses, sans éprouver, 
de la part du poids de ses propres parties et de celui de l’eau qui la met 
en action, ce surcroît de résistance qui se fait sentir dans presque toutes 
les roues existantes, et se trouve accompagné d’inconvénients plus par- 
ticuliérement fâcheux dans celles dont l'axe est vertical. 

» On sait, au surplus, avec quel art infini M. Fourneyron est parvenu 
à soustraire cette même turbine au défaut, d’abord si capital, du prompt 
usé des pivots, et comment aussi, à force d’études, de soins et de persé- 
vérance, il en a perfectionné les différentes parties de maniere à cons- 
tituer, de l’ensemble, un moteur puissant qui est en tous points com- 
parable, pour l'élégance et la simplicité des dispositions , à cette admirable 
machine due à quarante années de travaux d’un homme de génie tel que 
Watt. D'une autre part, ne craignons pas de le déclarer, la vitesse exces- 
sive qu'il est nécessaire de laisser prendre à la turbine Fourneyron, lors 
des grandes chutes d’eau, loin d'être à nos yeux une qualité essentielle, 
et qu’on doive admirer, nous semble, au contraire , un grave défaut, toutes 
les fois qu'une pareille vitesse n’est pas immédiatement réclamée par les 
besoins de l'usine, et qu’on se voit obligé de lamoindrir par une transfor- 
mation d’engrenages qui dépensent une portion plus ou moins grande 
de l’action motrice, et dont il convient toujours de tenir compte dans 
les projets d'établissement de la machine. 

» La théorie et les calculs qui se trouvent exposés dans la première 
partie de la Note que nous avons l'honneur de soumettre à l'Académie, ont 
déjà été l'objet de deux leçons professées, par l’auteur, les 11 et 13 juillet 
dernier, à la Faculté des Sciences de Paris. On y considère d'abord les 
équations relatives à l'écoulement du liquide, tant dans l’intérieur du ré- 
servoir de la roue, qu’au travers des orifices de circulation formés par ses 
aubes cylindriques. Dans ces équations, on tient compte, en mème temps, 
soit de la perte de force vive qui a lieu à l'entrée du liquide dans le réservoir; 
soit de la différence qui peut exister entre les pressions à l’intérieur et à 
l'extérieur de l’espace cylindrique compris entre la turbine et les orifices 
d'alimentation ; soit enfin des pertes de force vive qui s’opèrent en vertu 
de la vitesse relative avec laquelle le liquide afflue dans les canaux de cir- 
culation de cette roue, et vient choquer leurs parois ou se méler avec 


( 263 ) 
celui qui y est déjà contenu et qui possède généralement une vitesse dif- 
férente de la sienne propre. 

» Ces mêmes équations conduisent immédiatement à des expressions 
très simples de la vitesse, de la dépense de liquide, ainsi que de la pres- 
sion déjà mentionnée ci-dessus et qu’on avait primitivement considérée 
comme l’une des inconnues du problème. Le numérateur de ces expres- 
sions contient uniquement les termes relatifs, soit à la différence des ni- 
veaux dans les deux biefs, soit à la vitesse angulaire de la roue, et dont l'un, 
je veux dire le premier, est spécialement dù à l'action de la gravité, et 
l'autre, à celle de la force centrifuge. Leur dénominateur ne renferme, au 
contraire, que les seuls termes qui proviennent des différentes pertes de 
forces vives, et qui dépendent ainsi essentiellement de la constitution par- 
ticulière de la machine et du réservoir, armé lui-même d’aubes, de surfaces 
cylindriques verticales, fixes , qui servent de directrices au liquide. 

» Quant à l'effet utile de cette machine, il est donné immédiatement 
par l'équation ordinaire des forces vives, dans laquelle on réunit, à la 
perte de travail relative à l'introduction de l’eau dans les canaux de la 
turbine, celle qui résulte de la vitesse absolue conservée par ce liquide à son 
arrivée dans l’espace extérieur. Mais, comme l'effet dont il s’agit dépend 
essentiellement de la masse du liquide qui s'écoule, dans chaque unité de 
temps, après que le régime uniforme se trouve établi, et que cette masse 
elle-même est une fonction implicite de la vitesse de la roue, il en 
résulte une expression radicale assez compliquée, qui se simplifie, 
néanmoins, quand on ne veut uniquement considérer que le rapport 
des effets, et rechercher la valeur de la vitesse angulaire qui le rend un 
maximum. 

» D'ailleurs, les aubes de ia roue formant, avec sa circonférence inté- 
rieure, un angle sensiblement droit dans le système de construction 
adopté par M. Fourneyron, nous n'avons pas eu à nous occuper spéciale- 
ment des conditions du maximum d’effet absolu, dont l'expression générale 
se complique beaucoup ici, et qui eussent conduit à trois équations du 
2° degré, assez difficiles à discuter; nous nous sommes borné à montrer, 
pour le dispositif particulier dont il s’agit, l'impossibilité de satisfaire à ces 
mêmes conditions dont on approche, néanmoins, lors des fortes ouvertures 
de vanne et pour de très petites valeurs attribuées aux angles formés par 
la veine liquide à son entrée et à sa sortie de la roue. Quoi qu'il en soit, 
la marche que nous avons suivie dans la recherche du maximum d'effet 
relatif à ce cas particulier, indique suffisamment celle qui devrait être 


#5 


( 264 ) 
adoptée pour l'établissement de la théorie de toutes les roues qui offrent 
plus ou moins d’analogie avec les turbines , et dont la difficulté réside 
principalement dans la détermination de la dépense du liquide ou de 
sa vitesse d’affluence sur la machine. 

» Considérant donc spécialement le dispositif adopté par M. Fourneyron, 
et appliquant les formules à un cas qui doit beaucoup se rapprocher de 
celui de la turbine de Mülbach, soumise à l'expérience par M. Morin, on 
trouve : 

» 1°. Que cette turbine, encore bien qu’elle ne soit pas, en général, 
susceptible de produire ce qu’on nomme le maximum d'effet absolu , offre 
néanmoins des résultats qui en approchent de très près, en raison de l’ex- 
cellente disposition de toutes les parties, à laquelle l’auteur s’est conformé 
dans l'application spéciale dont il s’agit; 2° que le rapport de l’effet utile 
au travail dépensé, de même que celui de la vitesse de la roue à celle qui 
est due à la chute virtuelle ou effective, sont entièrement indépendants de 
la hauteur de cette chute et de la quantité dont la turbine peut être 
noyée dans l’eau du bief inférieur; circonstances dont la derniere, on le 
sent bien, tient à ce qu’on n’a point eu égard, dans les calculs, aux pertes 
de force vive occasionées par la résistance de cette eau; 3° enfin, que les 
valeurs du rapport des effets varient assez peu pour des vitesses angulaires 
qui s’écartent notablement, de part et d'autre, de celle qui donne le maxi- 
mum d'effet relatif. . 

» Ces diverses conséquences s'accordent parfaitement avec le résultat 
des expériences connues; mais ce qui nous paraît surtout mériter l'at- 
tention, c’est que les valeurs attribuées, par le calcul, au rapport des 
effets, sont bien loin de décroitre, pour les grandes vitesses de roue, 
aussi rapidement que l'indique le tableau des expériences déjà citées de 
M. Morin. Or, cette circonstance, jointe à ce que la diminution de l'effet 
utile relatif aux très petites ouvertures de vanne, est aussi moins sen- 
sible dans les résultats déduits du calcul, offre une nouvelle preuve de la 
nécessité d’avoir égard à la résistance du liquide dans lequel la roue se 
trouve plongée ainsi qu’à plusieurs autres circonstances dont nous n’a- 
vons point encore parlé. Du reste , le mème accord se fait apercevoir dans 
la comparaison des dépenses théorique et effective, à cela près encore de 
l'influence perturbatrice qui peut être due aux circonstances dont il s’agit. 

» L'examen de ces particularités, omises dans l'établissement des précé- 
dentes formules, est l’objet de la dernière partie de cette Note; on a 
cherché à y tenir compte, d’une manière approximative, non-seulement de 


( 265 ) 


la résistance que la turbine éprouve à se mouvoir dans l’eau du bief in- 
férieur, mais aussi de l'influence qui peut être due au jeu annulaire ou 
vide laissé entre le réservoir et la couronne supérieure de la roue, ainsi 
qu’à la présence des diaphragmes ou couronnes intermédiaires quelque- 
fois adoptées, par M. Fourneyron, dans l'établissement de cette roue. On 
conçoit, en effet, que, lors des mouvements très rapides ou très lents de 
celle-ci, la pression intérieure pouvant étre plus petite ou plus grande 
que celle du fluide ambiant, il en résulte, dans le premier cas, une 
aspiration , et dans le second, une expulsion qui altèrent les effets dy- 
namiques de la machine et le mode d'écoulement de l'eau, avec d'au- 
tant plus d'énergie que le jeu annulaire dont il s’agit est plus appré- 
ciable, que l'ouverture de la vanne est plus faible, et que la vitesse de la 
roue s'approche elle-même davantage de ses limites extrêmes. 

» D'un autre côté, il résultera de l’interposition de couronnes interme- 
diaires, que, lors des faibles ouvertures de vanne, le liquide compris 
dans les divisions supérieures , soumis uniquement à l’action de la force 
_centrifuge, tendra à s’en échapper avec une vitesse qui croîtra avec celle 
de la roue; et qui produira un remou, un effluve continuels du dehors 
vers le dedans de cette roue , lesquels n’ont pas lieu pour la division infé- 
rieure où l’eau afflue, par hypothèse, directement et d'une manière 
constante. 

» L'analyse de ces différentes circonstances conduit à un nombre 
d'équations suffisant pour en déterminer complétement l'influence, tant 
sur la dépense de fluide que sur les effets de la machine; mais les résultats 
auxquels on arrive sont très compliqués, et nous nous sommes borné, 
dans cette Note, à indiquer la marche des calculs, qui ne pourraient 
s'effectuer que pour chaque cas spécial et par la méthode des approxi- 
mations successives, à laquelle d’ailleurs on sera dispensé de recourir 
lorsqu'il ne s'agira que des effets de la turbine considérée dans son état 
normal, c’est-à-dire pour des ouvertures de vanne et des vitesses appro- 
priées à sa constitution primitive. 

» Les détails dans lesquels on vient d'entrer montrent, de plus, que 
la théorie et l'établissement des turbines sont en eux-mêmes très déli- 
cats; que leur effet utile est susceptible de s’'amoindrir, pour ainsi dire 
indéfiniment, par une mauvaise disposition de l’ensemble ou des parties, 
mais surtout par une fausse appréciation de la vitesse, de la dépense ou 
de l'ouverture qui convient aux orifices d'écoulement ; qu’enfin l’excel- 
lence des résultats obtenus par M. Fourneyron , est due autant à son in- 


( 266 ) 


telligence de la véritable constitution de la machine, qu’à une longue 
pratique, à une longue expérience dirigée par les indications de la théorie. 


» Nommons spécialement pour le réservoir cylindrique de la turbine: 

e, la hauteur effective des orifices d'écoulement ; 

a, la plus courte distance entre les directrices consécutives du liquide; 

1, la distance entre les extrémités extérieures de ces directrices; 

a, l'angle aigu sous lequel les filets liquides, censés perpendiculaires à 4, 
viennent rencontrer la circonférence intérieure de la roue, ce qui 
donne sensiblement a = L sin &; 

U, la vitesse inconnue et moyenne avec laquelle ces filets franchissent les 
orifices dont l'aire individuelle est ae ; 

#, le coefficient de la contraction à la sortie de ces orifices , et qui ici 
doit être au moins 0,95 pour les petites valeurs de e; 

“, celui qui se rapporte à l'introduction de l’eau dans l’intérieur du ré- 
servoir, et qui peut descendre à 0,60 lorsque les parois de ce der- 
nier ne sont pas convenablement évasées ; 

À, l'aire des sections horizontales du réservoir ; 

O = nkae, la somme des aires contractées, £ae, des orifices de sortie, 
dont nr représente le nombre; 

Q = OU, le volume du liquide écoulé, dans chaque seconde, par ces 
orifices. 

» Soit pareillement pour la roue : 

R' et R", les rayons des circonférences extérieure et intérieure, dont le 
dernier est aussi, à tres peu près, celui du réservoir; 

e', la hauteur du débouché naturel et invariable offert au liquide affluent, 
par les canaux de circulation des aubes, hauteur qui peut, néan- 
moins , se réduire à une fraction déterminée de la distance entre les 
couronnes extérieures de la roue, quand il existe un ou plusieurs 
diaphragmes intermédiaires ; 

a!, la plus courte distance entre deux aubes consécutives; 


let l', leurs intervalles mesurés respectivement sur les circonférences 


extérieure et intérieure; 

?, l'angle aigu formé par le jet liquide avec la première de ces circonfé- 
rences , de sorte qu'on à sensiblement a'=— l'sing; 

O' — n'k'a'e', la somme des aires contractées, k'a'e!, des orifices d'é- 
vacuation dont »’ est le nombre; 

w, la vitesse angulaire ou à l’unité de distance de l'axe; . 


(267) 


v'= of, v'=œR", les vitesses des circonférences extérieure et intérieure ; 

u et u!, les vitesses relatives avec lesquelles le liquide est introduit dans 
l'intervalle compris entre les aubes voisines de la roue, et s'en échappe 
ensuite comme d’une espèce de canal ou ajutage conique; 

B, l'angle formé par la vitesse z et la vitesse #” prise en sens contraire. 

» Enfin, désignons généralement par : 

h et k', les hauteurs du niveau de l’eau, dans les bassins supérieur et 
inférieur, au-dessus du centre des orifices d'écoulement ; 

H = À — }/, la chute totale ou utile; 

P, la résistance et Pv l’effet, utiles, mesurés au point dont la distance à 
l'axe est R, et la vitesse = @R; 

p, la pression atmosphérique extérieure, par mètre carré; 

p', celle qui a lieu dans l’espace compris entre le réservoir et la roue ; 

IT = 1000, la densité, le poids du mètre cube du liquide; 

g = 9",809, la vitesse imprimée, par la pesanteur, au bout de la première 
unité de temps de la chute des corps ; 


M=— = Q, la masse du liquide qui s'écoule uniformément, dans l'unité 


de temps, par les orifices du réservoir ou ceux de la turbine. 


» Observant que la perte de force vive, par seconde, qui s'opère à 
l'entrée de l’eau dans le réservoir cylindrique d’alimentation de la roue, 


, A : : , 2] . a 0? I 2 
est, d'aprés les principes connus, mesurée par lexpression MU Æ C1); 


négligeant , en général , la résistance, ici assez faible, des parois des vases 
ou différentes conduites, aussi bien que la force vive due à la vitesse d’af- 
fluence de l’eau dans le bassin supérieur, et qui est ordinairement très 
petite par rapport à celle qui a lieu dans le réservoir même de la turbine; 
l'équation du mouvement permanent du liquide, depuis son entrée dans 
ce réservoir jusqu'à sa sortie par les orifices O , sera 


lg OE 2r8 NE rue AE" 
mue : + ne 1) | = aMgr + ong(£ _E 3 
ou, en divisant par M, et posant pour abréger, 


nos 42 N 2 : # Pis ip" 
ls 28 1) =%K, U(i+K)=oagh + 2e (Ë — À). 
On aura ainsi pour déterminer la hauteur de pression dans l’espace com- 
pris entre le réservoir et la roue, quand U sera connu, 


É SUR QUE 


( 268 ) 


» Pour obtenir l'équation qui se rapporte au mouvement circulatoire de 
l'eau dans l'intérieur de la roue, on remarque d’abord que la vitesse re- 
lative u, avec laquelle cette eau tend, au premier instant, à s’'introduire 
dans l'intervalle compris entre les aubes ; est donnée par la relation 


ut = U? + 4"? — 2Uv" cos a — ee u + pt — 2 — v'cos &.u’, 
O: 0 
attendu qu'on a Q = OÙ = Ov, et que U doit être la résultante de w 


et de 9”. 

» Admettant ensuite, ce qui a effectivement lieu dans la turbine Fourney- 
ron, que la direction des aubes est, sinon rigoureusement, du moins très 
sensiblement perpendiculaire à la circonférence intérieure de la roue, on 
décomposera la vitesse relative u, en deux autres; l’une z cos 8, dirigée 
dans le sens de cette circonférence, et qui donne lieu à une premiere 
perte de force vive mesurée par 

Mu cos’ B; 


l’autre z sin 3, dont l'excès sur la vitesse moyenne ou de régime que l’eau 
tend à prendre, dans les canaux de circulation de la roue, un peu au-delà 
de leur entrée, donne lieu à une seconde perte de force vive, qu'on éyaluera 
approximativement en observant que Æ'a'e'u! étant la dépense qui se fait, 
en une seconde, par l’orifice d'évacuation de chacun de ces canaux, la vitesse 
moyenne dont il s’agit, a pour mesure , dans l'hypothèse du parallélisme 
des filets , et attendu que e’l” peut être pris sensiblement pour l'aire de la 


section à l’entrée des canaux, et que l' et !” sont proportionneis à R’ et R°, 
k'a'e!u’ FACE LE ARR : 
TT ET RU IE 
le coefficient numérique #', pouvant servir, en même temps, à corriger l'er- 
reur que l’on commet en supposant le parallélisme des filets établi dans la 
section e'/”, qui est évidemment trop forte, et @ représentant ici, redisons-le, 
non pas l'angle du dernier élément des aubes avec la circonférence exté- 
rieure de la roue, mais bien celui du filet moyen ou central de la veine 
sortante avec cette même circonférence. 
» La perte de vitesse à l'entrée et dans le sens de l’axe des canaux , aura 
donc pour expression 


’ 


usin£ — k' = sin qu’; 


ce qui donne pour la perte correspondante de force vive, par seconde et 
sur le pourtour entier de la roue, l'expression 


( 269 ) 


M ( sin 8 — }’ = sin qu), 


et, pour la perte de force vive totale à l'entrée de l’eau dans les canaux, 


M [uicos’a +(usine À sinqu') | =M(a +k2 _ sin’Qu'— 92} using. u sing.u'), 


» Mais, attendu que l'axe de ces canaux est ici supposé perpendiculaire 
à la circonférence intérieure de la roue (*) ou à la direction de s”, et que 
U est la résultante de ” et de 4, on a nécessairement 


À ; 9: 
u sin 8 — Usine — o ‘nau'; 


ce qui donne pour la nouvelle expression simplifiée de la perte de force 
vive à l’entrée dans la roue, 


Re RERO 
2 a 2 fa PES ès 2 
M (x +x pe Sinqu 2k pe Sn? Gsinau ) 
ou, en posant pour abréger, 
Re smMp@—= bd, è sine = C, Mu + bu? — 2bcu!). 


» D’après cela, l'équation du mouvement relatif dans l’intérieur de la 
roue, en ayant égard à l’action de la force centrifuge qui développe, par 
seconde, une quantité de travail mesurée par : M(# — "*), sera 


Mu? = Mu + M(v2 — v'2) + 2gM Î _ 2) 28gMh' — M(u? + bu — 2bcu"), 


ou, en divisant par M, remplaçant £ — £ par sa valeur trouvée ci- 


dessus, et se rappelant que À— k'—H, U— Li 


ua = 02 — 4" + 29H — La +K) _. +5 —abe |] TUE 


A M ge Mg, sine NTI ES 
(*) Sil formait avec elle , du côté de la vitesse »”, un angle y, l'expression de la perte 


de force vive deviendrait 


M [us + LE sin°Qu'?— 2 CS cos(y — a)u — des | k _ singu'}: 


ce qui introduirait, dans les équations, un terme en ’, qui les compliquerait un peu 
plus, et auquel il sera ainsi facile d’avoir égard dans la recherche des conditions rela- 
tives au maximum d’effet absolu. 


C; R. 1838, © Semestre, (T. VII, N°5.) 36 


( 270 ) 

De là on tire pour déterminer la vitesse 4’, en‘posant de nouveau, afin 
d’abréger, le nombre 

OM + CEA ENR Ve va Lee, 
(Er —20C— 1; U— ME LAIT ÉS 
et, partant, pour calculer la vitesse et la dépense de liquide à la sortie 
du réservoir cylindrique de la turbine, 
0° 0", /28H + (R? =), 


2gH + 4%(R° — R’°) 
CMOI 1 + 


TER PET 7 
formules qui montrent que cette vitesse, cette dépense, peuvent surpasser 
celles qui seraient dues à la différence H, des niveaux, et qu’elles croissent, 
en général, avec la vitesse angulaire de la roue, conformément au résultat 
des récentes expériences de M. Morin sur la turbine de Mülbach. 

» Mettant d’ailleurs la valeur de U, qui vient d’être trouvée , dans l’ex- 


4 
pression de — 7, © 


U—= DECHETET 


de 
de 


Dent 0"? (R® — L— 
£L œ[" + o° 
1 HE è 

ce qui montre que la pression dans l’espace Le entre la roue et le 
réservoir, diminue rapidement à mesure que la vitesse angulaire © aug- 
mente , et qu’elle peut même devenir inférieure à la pression du fluide 
dans lequel se meut la turbine, quand la condition 


h—KouH <(— re DS Lu+ 07 


se trouve naturellement Lu 

» Enfin, le principe des forces vives donnera également pour calculer 
l'effet utile ou la quantité de travail transmise à la roue , abstraction faite 
des résistances passives, 


Po — MgH — : M (u? + bu" — 2bcu"*) — : M (u/2 +0 — 25" cosgu'), 


attendu que w'? + y'— 29" cos qu’, représente le carré de la vitesse abso- 
lue conservée par le liquide, à sa sortie de cette roue. 

» Mais il est à remarquer qu'ici les valeurs de M et de MgH, qui re- 
présentent la masse de liquide écoulée par seconde, et le travail moteur, 
l'effet absolu qui s’y rapporte, ne sont point indépendants de la vitesse 
angulaire & de la roue, de sorte qu'il ne conviendrait pas non plus de 
supposer ces valeurs constantes, comme on le fait ordinairement dans la 


(271) 
recherche du maximum d'effet; c’est Pourquoi on se contentera de consi- 
dérer simplement le maximum même du rapport de ces effets, lequel 
exprime l'avantage relatif de la roue, ou ce qu'on appelle quelquefois 
son rendement, dans la pratique. 
» Comme ona d’ailleurs 


( 
LH 972 — 20° — cos x w', 


0° (] 


H—= 


l'équation qui donne ce rapport sera, en divisant l'expression ci-dessus 
de Pv par MgH, 


Pv v2 L p72 02 ) u'? È [ox w 
Ep De Dre ASE b— mie 3 : 
7: ns zen ( gr 2bc zh +2 (C cos g+-v o 2) 
» Observant, en outre, qu’on a 
af CC à — 264 V2 
EN EE ape — 2bc, D NE ere 
remplacant # ets" par wR’ et oR!, il viendra » toutes réductions faites, 
LR NAT El KO FA à a? 
Ne cp ot Go M —R"*)—2R 2g1l 


O0’ 
(x cos +R" — cos «) 
O0 
net 
V’1 +2 

» Pour déduire de là les conditions du maximum d'effet, il faudra 
successivement faire varier, dans cette expression, les quantités qu’on 
veut considérer comme indéterminées dans l'établissement de la roue, en 
faisant attention que le nombre , 


Ca 2 A af 
ze + (R—R"°) I 


a ’ 


2 
sin?@— 2 — = sin @ sin +, 


ee RO CR Re po Ro 
= (+ GG + He C—=(1 + Do TR 0 ER” 
est lui-même fonction de quelques-unes d’entre elles. 

» En se bornant ici à ce qui concerne particulièrement la vitesse angu- 
laire ©, ou plutôt le rapport de la vitesse y —wR' à celle V/2gH qui est 
due à la chute disponible du cours d’eau, rapport qui entre seul dans 
l'expression de celui des effets, on posera de nouveau, afin d’abréger, 


te LA 


ss . 3. COS P + — — cos 
2 P D, CC —-R)=6, css AU s = D, 
1+1:0 1+ë O0 R’: Vr+i 
R°: 2BR/a 
1— 2 —EË, THE ou v = 0R —=y/22Hx, 


36.. 


(272) 
quantités qui, dans le problème dont on s'occupe, sont toutes essentielle- 
ment positives. 
» L'expression du rapport des effets devenant ainsi, en général , 


Pe 


NgH — B— Cx + 2DVr+Ex, 


on trouvera, sans difficultés, pour la condition du maximum relatif de 
ce rapport 


z ou CEA Ë + U joue 
2gH  2E ° 2EV C' —/{D°E 
et, pour la valeur même de ce maximum, 


Pe C c = 
men = 8 +3 356 VO DE. 

» Cette dernière expression ne contenant ni H, ni k' ou k, on voit que 
la turbine Fourneyron doit , entre certaines limites de vitesse et abstrac- 
tion faite des résistances passives plus ou moins grandes qu’elle éprouve, 
fonctionner avec un égal avantage sous toutes les hauteurs de chute, et 
qu’elle soit ou non noyée dans l’eau du bief inférieur ; propriétés qui sont 
confirmées , à l'avance, par le résultat des expériences connues. 


» La valeur du rapport qui correspond au maximum d’effet rela- 


V 284” 
tif, fait voir, en outre, que ce rapport doit être sensiblement indépendant 
des circonstances dont il s’agit, et qu'il n’est, ainsi que le précédent, sus- 
ceptible de varier qu'avec les proportions mêmes de la machine, l'incli- 
paison des courbes directrices du réservoir, celle des aubes de la roue et 
l'ouverture des orifices d'écoulement, conformément encore à ce qui est 
indiqué par l'expérience. 

» Dans le système de construction adopté par M. Fourneyron, l'aire 
variable O, des orifices du réservoir est, tout au plus, le quart de celle A, 
de ses sections horizontales 7R'*, de sorte qu’on a aussi 


1 fi : 
K Aie — 1) ou K < % — 0,0278, 


en prenant pour y sa plus petite valeur 0,6. Et, comme le nombre K , est, 
en même temps, facteur de quantités assez petites dans les expressions de 
B et de C ci-dessus, on pourra l'y supposer entierement nul, ce qui don- 
nera plus simplement : 


(273) 
» 1°. Pour l'expression générale du rapport variable des effets, 


(cse+ — - cos a) 
in = — 2 +2 = Ve+(-i RS "5 


» 2°. Pour la valeur de x qui correspond au maximum de ce rap- 


port, 
_— R' 
E sn VA (& nu ETS 
, En LA 
R4— FE: (R'°—R":) 


» 3°. Enfin pour la valeur même de ce maximum, 


Po VAR (r cosp+Q OR cose) ln. eo Nora 
? MgeH . ven —. | 


» L'examen de cette dernière expression fait voir que les autres condi- 
tions à remplir pour rendre l'établissement de la roue le plus avantageux 


possible, dans l'hypothèse A> 40, qui nous occupe, consiste à rendre 
elle-même un maximum la quantité 


(R'c0s0 + On cos) (R®—R") (oss+Tr pese) ‘a 5) 
(+ DR4 = tE TE sx 


1+(14+K) œ + — Re sin’ 25 0 F sin @ sin « 
Posant, à cet effet, 


ie ke 
tangaæ—Y, tango —z, RU res 
et observant d’ailleurs qu’on à 


0'__nkae _ KFenl' sing R' sing . 
ER = = $ ——— 
O0 nkae kenl sin # R'"sinæ? 


l'expression dont il s’agit prendra la forme 


m°(1—m")(sy+-2) 
Sa +27 +R) +7) (25) 72" 
sous laquelle il est facile de reconnaître, d’après la limitation des valeurs 
que peuvent recevoir ici les nombres m, n et K : 1° que cette fraction de- 
Meurera toujours au-dessous de l’unité, de sorte que la valeur du rap- 
port x, ou celle de la vitesse ab latte, de la roue, ne saurait, non plus, 
ae infinie par la condition du maximum d'effet, ainsi qu'il arrive 


à 374 ) 
pour les roues à réaction , à la classe desquelles, par conséquent, celle qui 
nous occupe ne saurait appartenir ; 2° que cette même fonction approchera 


: ke %e 
d'autant plus de son maximum, que le rapport s ou Fe Sera plus voisin 


de l'unité, et que K, y et z ou æ et @ seront eux-mêmes plus près de 
zéro; 3° qu'enfin, si cette condition de K, & et ® nuls ou très petits, 


ta 
= nee devenant = — ns a fraction ci-dessus 


se réduirait sensiblement à la aie 1 —m*#; ce qui donnerait 


était satisfaite, le rapport de? = 


Pv R'® e 1 R° Pro Re eus 
ns In") — = yet L 1 _ H 
Nat = A es 0 J=r ar AT GR? aR" ou #"—=Y/gH—0,7071 V’2g8, 


et indique que le maximum d’effet absolu serait atteint pour une vi- 
tesse de la circonférence intérieure de la roue, égale aux 0,7 environ de 
celle qui répond à la hauteur de la chute disponible H. » 

» Dans la réalité, il est impossible de faire les angles à et © nuls ou 
même très petits, conditions dont la première tient uniquement d’ailleurs 
à ce qu'on a supposé ici les aubes perpendiculaires à la circonférence 
dont il s’agit; mais on conçoit, d’après la nature de la fonction ci- 


Pv : Lee 
dessus, que sa valeur et celle de rt devront éprouver des variations as- 


sez faibles pour des valeurs de æ et de @ qui s’écarteraient notablement 
de zéro; et c’est ce qui sera démontré par l'exemple suivant, dans lequel 
nous nous proposons d'étudier spécialement la marche suivie par les ré- 
sultats numériques du calcul, afin de la comparer à celle qui est indiquée 
par les données immédiates de l'expérience. 

» Nous choisirons, à cet effet, l’un de ceux dont M. Morin s’est, dans 
son dernier Mémoire, imprimé, sur les turbines, occupé avec le plus de 
soin, sans d’ailleurs faire connaître les éléments relatifs à la constitution 
particulière de la roue sur laquelle il a opéré, et qui eussent pu servir de 
base à l'établissement des calculs; circonstance d'autant plus facheuse, 
qu’elle nous empêche de donner à cette comparaison, le degré de certi- 
tude et d'intérêt scientifique qu’elle eût pu comporter. 

» Si l’on admet que M. Fourneyron n’a pas sensiblement modifié le sys- 
tème général de construction de sa roue, depuis l’époque de l’impression 
de son premier Mémoire dans les Bulletins de la Société d'Encouragement, 
pour l’année 1834 (p. 3, 49 et 85 ), on sera conduit, notamment pour la 
turbine de Mülbach, sur laquelle M. Morin a multiplié beaucoup les ex- 
périences , et qui, sous une hauteur de 0”,33, offre un diamètre d’environ 


(275 ) 

2", on séra conduit, disons-nous, à prendre ; d’une manière qui laisse 
à la vérité un peu d’arbitraire , 
R'— 1%, R"—0,7R" — 07,7, sin « — 0,5, cosæ — 0,866, sinp=0,4, cosp=0,9165. 

» De plus, nous supposerons les coefficients de contraction £, #', relatifs 
aux orifices d'injection du réservoir et d'évacuation de la roue, sensi- 
blement égaux entre eux et à l’unité; et, parmi les séries d'expériences 
entreprises par M. Morin , nous choisirons celles des pages 36 et 46 du Mé- 

e . 

moire cité, pour lesquelles la valeur du rapport z des hauteurs de ces ori- 
fices, ne devait pas, elle-même, différer beaucoup de l’unité, si, comme il y 
a lieu de le supposer encore, la roue dont:il s’agit portait une couronne in- 
termédiaire , et qu'on néglige l'influence qui peut être due à la présence 
de la division supérieure où l’eau ne devait pas être admise directement. 
» On aurait ainsi sensiblement, dans ces hypothèses, 
" _ n'k'a'e! R’ sing 


O Cia 
nkae — R'sine Fe 1,143, (x += I +K+G "SIN TL — 1,943/4, 


cos® + OF cos æ 
Vi +i 


BR": 
—1,1939, 1 A = 0,51; 


ce qui donne : 
» 1°. Pour l'expression générale du rapport variable des effets de la 
turbine dans le cas particulier qui nous occupe, 


Pv $ —— 
MES 2x4 2,3567 x +o,51zx; 
» 2°. Pour la valeur maximum de ce rapport, 
Pe 
Me — 0,8096; 


» 3°. Enfin pour la valeur correspondante du nombre x 
2R°° œR’ 
— = 89; d’où —— 5 
5 0,689; où Ven 0,83 

» En consultant la deuxième partie du tableau de la page 36 du Mé- 
moire cité de M. Morin, on verra que ces derniers résultats surpassent 
de ; environ, ceux qu'il a déduits de ses propres expériences, dans les- 
quelles, d’ailleurs, on avait moyennement H = 3"; ce qui donne, 
pour le nombre N des révolutions par minute de la roue, correspondant 
au maximum d’effet, 


N=9,55 = 9,95 V28Hz — 62:,8, 


2 


T= 


(276 ) 

au lieu du nombre 59' environ, fourni par le résultat de ces expériences. 
Quoiqu’une semblable différence n’ait point lieu ici de nous surprendre, 
nous ferons cependant remarquer qu’elle doit être principalement attri- 
buée aux résistances passives dont on n’a tenu aucun compte. 

» Substituant maintenant dans l'expression générale ci-dessus du rap- 
port des effets, une série de valeurs décroissantes de x, on formera 
le tableau suivant, dans lequel nous avons aussi inséré les valeurs de ce 


rapport qui se concluent, par interpolation, du résultat des expériences 
de M. Morin. | 


Valeurs Nombre Rapport Moyennes 
attribuées des tours de roue des effets fournies 
au nombre par minute. d’après le calcul. par l’expérience. 

z. 
0,0 ..s...s. 0,00... 0,000.....0 » » 
0,2 sr... DD 0er cree 0,664. » » 
0,4 ..ovos MBCIIETENTE 07e tease 0,700 
CEE Om LEX iManc ce 0,00 0,705 
HE Ice 0 Co O2;8x 0-6 CÉMOPOE TUE 0,700 
(HAS ORERE 5e 67670. 02800: 0,675 
TO Dee aute 73:66... 0,700... 0,610 
RDA 92684 -ecct CÉRE SE 00e 0,490 
HEAR ane 60,22%-02- 072... 0,360 
Oslo 9D;70.-...- AE deRE 0,280 
AO Ouen Cine D, OT eee 0,203 
20 a: O7 O0 Le 02046... 0,050 
D Tale TA, O0! ee epee 07000. ---e70 PR 


» Les chiffres de ce tableau montrent, conformément encore aux 
résultats de l'expérience, que l'effet utile, qui ne saurait ici atteindre le 
maximum absolu, peut non-seulement s’en approcher de très près, mais, 
de plus, qu'il n’éprouve que de très faibles variations pour des vitesses qui 
s'écartent notablement de celle du maximum relatif. 

» Néanmoins, en consultant la dernière colonne de ce tableau, on verra 
que le rapport des effets y décroît, avec le nombre des révolutions de la 
roue, d’une manière beaucoup plus rapide que ne l’indiquent les résultats 
du calcul; et ceci tient encore, sans aucun doute, à la grande influence 
qu'acquièrent alors les résistances passives et autres causes de déper- 
dition inhérentes au mouvement de la turbine, qui, pour le cas dont il 
s'agit, se trouvait noyée dans l’eau du bief inférieur. 

» Pour se convaincre encore plus de l'accord des formules et de l’expé- 
rience, il n’y a qu’à jeter les yeux sur le tableau de la page 34 du Mémoire 


(277) 
cité, qui concerne les onvertures de vanne de 0”,09 de hauteur seule- 
ment : on y verra le rapport maximum des effets descendre au-dessous 
de 0,53. Or, il est aisé d’apercevoir ‘encore que nos formules marchent 
dans le même sens, quoiqu’elles fournissent toujours, en raison des causes 
signalées, des nombres sensiblement supérieurs à ceux de l'expérience (*). 
» Enfin, M. Morin ayant aussi fait sur la turbine de Mülbach , 


une suite d’expériences fort intéressantes dans la vue de constater l’in- 
- fluence de la force centrifuge sur la dépense qui se fait par les orifices 
du réservoir, et de découvrir la loi qui lie cette dépense à celle, OVH, 
qui aurait lieu si la roue était enlevée ; nous croyons utile d’en comparer 
également les résultats à ceux de nos formules, qui donnent pour l’ex- 
pression du rapport des dépenses dont il s’agit, 


+ (ne 


(LUS 1 4 V2 Ho (R RS) k 
OV2H 0 28H(1+ à) G+DS 


laquelle devient , dans le cas particulier qui nous occupe, 


fi+o,51x 
a  S 
,1,9434 
formule où nous nous contenterons de substituer, pour x, les valeurs 0,2, 
9,7 1,8, et qui donne respectivement : pour 


N = 33,84 révol. à la minute POSE Al = 0,845, 
V’25H 

NE 6n 80.6 utts lin à errneter.s 10,938, 

BTS GO ARR EN ete enrssessessrss = 1,115. 


» On peut voir encore par le tableau des pag. 46 et 47 du Mémoire sou- 
vent cité, concernant l’orifice de 0”,20 d'ouverture, que ces résultats sui- 
vent la même marche que ceux de l'expérience, quoiqu'ils les surpas- 
sent généralement à nombre égal de révolutions de la roue. De plus, 
la formule qui les donne, montre qu'ils tendent sensiblement à décroître, 


(*) En supposant, en effet, le rapport d des orifices, réduit à la moitié de la valeur 


172 

MgH 
ron ; et le nombre de tours correspondant, 48; à peu près comme l'indique l’expé- 
rience. 


C: R. 1838, 2° Semestre, (T, VII, N° 5.) 37 


qu’on lui a attribuée ci-dessus, on trouve que le maximum de devient.0,59 envi- 


( 278 ) 
la valeur d t © des orifi itrai ir Li 
avec la valeur au rappor 0 es oriHices, CE qui ne paraitraif pas avoir lieu, 


à beaucoup près avec la même rapidité, d’après la comparaison des données 
fournies par les tableaux relatifs aux levées de vanne de 0",05 et 0=,27, 
qui montrent, d’ailleurs, que le terme &*(R'*—R”), dû à la force centrifuge, 
exerce, en réalité, une influence bien moindre pour les petits que pour les 
grands orifices. Mais, je le répète, de pareilles différences n’ont rien qui doive 
surprendre, puisque, indépendamment des résistances passives auxquelles 
la turbine se trouve soumise quand elle est noyée dans. l’eau du bief infé- 
rieur, le mouvement du liquide y éprouve diverses modifications dont on 
a négligé la considération dans ce qui précède, quoiqu'il ne soit nulle- 
ment impossible d’y avoir égard dans l'établissement des formules. 

» En effet, nous avons jusqu'ici admis que l'intervalle compris entre le 
réservoir et la roue, ne communique avec le milieu ambiant, que par les 
conduites formées par les aubes de cette roue. Dans le fait, cet intervalle 
est entièrement séparé du fluide extérieur par la couronne qui sert de 
fond à la turbine, et qui se prolonge jusqu’à son axe vertical, sans aucun 
jeu appréciable ; mais il n’en est pas ainsi de la couronne supérieure, qui 
laisse entre elle et le réservoir, un espace annulaire par lequel le fluide 
peut s'échapper ou être introduit, selon que la pression p' surpasse la 
pression extérieure p + IX, ou en est, au contraire, surpassée; cir- 
constance qui altère nécessairement d’autant plus les effets, que la lame 
d’eau affluente a moins d'épaisseur, et que la vitesse angulaire est elle- 
même plus grande. 


» Nommant j la largeur horizontale du jeu dont il s’agit; o = 2@R"'}, 
l'aire du vide qu’il forme autour du réservoir cylindrique de la turbine; w 
la vitesse avec laquelle le liquide tend, en général, à franchir ce vide, soit 
du dehors au dedans, s'il y a aspiration ou que la pression p' se trouve 
être inférieure à p + nh'; soit du dedans vers le dehors; s'il y a refoule- 
ment ou que p' surpasse cette même pression. Enfin, désignant par 


m1 te : : 
q==k,ow, le volume, et par m = ns ow, la masse du liquide expulsé ou in- 


troduit pendant une seconde, au travers de ©, dans le cas où la turbine 
est censée tourner sous l’eau du bief inférieur; # représentant d’ailleurs le 
coefficient de contraction qui se rapporte à l'ouverture annulaire o, on 
aura : 

» 1°. Pour l'équation du mouvement au travers des orifices O du ré- 


servoir , 


( 279 ) 


U:(1 + K) — 25h + 25 (PF); 
» 2°. Pour celle qui se rapporte à l'écoulement par l'ouverture o: du de- 


dans vers le dehors, ou si l’on a p° > p + Th’, 


du dehors au dedans, ou si l'on a, au contraire, p € p + I#!, 
à = 28h + 26(£ — à 

ce qui donne simplement, d’après l'équation ci-dessus, 
Æ w? = 28H — (1 + K) U?, 


le signe négatif de w* correspondant à la seconde hypothèse qui est celle 
de laspiration; 

» 3°. Pour l'équation qui se rapporte au mouvement relatif dans l’inté- 
rieur des conduites de la roue, lesquelles donnent toujours lieu à une dé- 
pense de fluide ('#, par seconde, 

ui #2 — "2 L'ogH — (1 + K) U — TC _ sin’ qu” er singsineUw’). 
» D'ailleurs on n’aura plusici simplement la condition OÙ = O'u', mais 


bien cette autre relation : 
OÙ — O'u + k;ow, 


qui, avec les trois précédentes, suffira encore pour déterminer les vitesses 
d'écoulement U, w!, w; les dépenses OÙ, O'w’, A,ow, ainsi que la pression 
inconnue p'; le signe inférieur. de k,ow se rapportant toujours au cas 
de l'aspiration. D'après cela, on n’éprouvera aucune difficulté à établir 
l'équation relative à l'effet utile de la roue, si l’on observe, comme on vient 
de le faire pour établir l'avant-dernière des équations ci-dessus : 1° qu'il 
n’y a pas lieu, dans le cas présent, à tenir compte de l'influence de la force 
vivemw*, qui est entièrement perdue pour cet effet, puisque sa direction 
est perpendiculaire à celle du mouvement de la roue; 2° qu’on doit seu- 
lement avoir égard à l'accroissement ou à la diminution subis, selon les 
cas, par la dépense qui se fait au travers des orifices d'évacuation O’ de 
cette roue. 

» Toutefois, les résultats auxquels onsera ainsi conduit seront fort com- 
pliqués, puisqu'ils dépendront, en général , d'équations d’un degré élevé, 


87. 


( 280 ) 


et ne pourront être obtenus, dans chaque circonstance , que par la mé- 
thode des approximations successives. 

» Lorsque la turbine se trouve divisée, par un diaphragme, une cou- 
ronne intermédiaire, en deux parties dont la plus basse a pour hauteur 
e', et que le fluide, animé de la vitesse U, afflue du réservoir sous une 
épaisseur e ou ke qui surpasse e', les choses restent à peu près dans l'état 
où on vient de les considérer; mais il n’en est plus ainsi lorsque l'inverse 
a lieu, et les équations relatives au mouvement du liquide comme celles 
qui se rapportent à l'effet utile même de la roue, doivent alors se parta- 
ger en deux groupes distincts, ou plutôt on doit considérer séparément 
ce qui a lieu pour la capacité inférieure et pour la capacité supérieure où 
les circonstances du mouvement seront très différentes, puisqu'il s’y fera 
généralement une aspiration plus ou moins puissante, et qui modifiera 
complétement la loi des effets. 

» Soient, pour cette même capacité, 0,, O', p;,u,, m, el w, les quan- 
tités analogues à celles que nous avons précédemment désignées par 
o,0',p',u, m et w, et qui, désormais, seront relatives à la capacité infé- 
rieure où l’eau afflue d’une manière directe, on aura d’abord, pour 
remplacer l'équation en w*, posée ci-dessus, 

/ 


(EE) où n° — 26h — (1 +R) 0° + 26 (D — ÉD), 


relation qui, à son tour, se rapporte au jeu de la couronne intermé- 
diaire, et à laquelle il faudra joindre les trois suivantes : 


D — P _P: fe 132,2 TOPa Ps _ P "» ’ DR EE 1 
ww, — 36 (2 ne) +28, u = p—y Hs ( ï 2gh', Ou’ =ow+ow, 


en ayant soin, en outre, de considérer comme perte, dans l’équation rela- 
tive à l'effet utile de la roue, la force vive (mi +m,) (u,? + v'—ou;v" cos ®), 
que possède la masse du liquide #57 + m, à sa sortie de la division supé- 
rieure de cette roue. 

» D'ailleurs la question, bien que plus compliquée, n’en sera pas moins 
susceptible d’une solution suffisamment approchée pour le but à rem- 
piir, et dont ce qui précède servira à donner au moins une idée, en mon- 
trant la nature des considérations sur lesquelles on doit l’appuyer. 

» Enfin si, dans la vue d'apprécier avec une plus rigoureuse exactitude 
encore, les effets de la machine, on voulait tenir compte de la résistance 
qu'elle éprouve à se mouvoir dans l'eau du bief inférieur, on remarquerait 
qu'il n'y a pas lieu ici à s'occuper de celle qui peut provenir du choc 


( 28r ) 


sur la convexité extérieure des aubes, puisque le fluide moteur les occupe 
en entier et déplace continuellement celui du milieu ambiant, mais qu'il 
est au contraire indispensable d’avoir égard à la résistance qui s’opère sur 
les: faces extérieures et horizontales des couronnes. Or on sait, d’après 
les ingénieuses expériences de Coulomb, que cette résistance peut être 
représentée, pour l'unité de surface, par une expression de la forme 
av + b'v*; a'et b' étant des coefficients à déterminer par l'expérience , et 
v—@R la vitesse du point de la couronne qui est située à la distance 
quelconque R , de l'axe de la roue. On aura conséquemment , et en obser- 
vant que les surfaces frottantes sont au nombre de deux : 
» 1°. Pour la résistance totale, 
M, (RS—R) 
hs En) 


23— a 
3 


I ,,, (R#—R") 
2 — D'o° —— ; 
Pas. rs 
» 2°. Pour la perte de travail correspondante, 


24 E a'a? GEST RS) ARS) Cu 2 b'as TT) Rémi) é 
4 g 5 
» Cette perte devant être introduite, parmi les autres, dans l'équation 
relative à l'effet utile de la roue, donnera lieu, pour les hypothèses qui 
nous ont d’abord occupé , et après avoir été divisée par MgH, à un terme 
soustractif de la forme 


+ 2 


ee RERO 4 (R5—R") 0 os 

d 2 O'u' 10.0 VÉEARES e 
£ 1 +2 
qui compliquera beaucoup l'expression de cet effet, et dont on appréciera 
d’ailleurs l'influence avec une approximation suffisante, du moins dans le 
cas des grandes vitesses, en négligeant la partie qui a pour coefficient a’, 
et qui devient alors très petite vis-à-vis de l’autre, dont le facteùr constant 
b', pourra être pris égal à 0,0036 environ, d’après les recherches de notre 
illustre confrère M. de Prony, sur les lois qui régissent le mouvement 
uniforme de l’eau dans les canaux. 

» En faisant l'application numérique de [a formule ci-dessus au cas, 
déjà considéré, de la turbine de Mülbach, on trouve que la perte de tra- 
vail occasionée par la résistance du liquide dans lequel la roue est plon- 
gée, suffit et. au-delà, pour annihiler l'effet utile de cette roue quand 
elle marche à 100 tours environ par minute, et qu’à la vitesse du maxi- 
mum, 62,8 tours, elle retranche du rapport, 0,810, de cet effet au 


0 


x 


LL 


( 282 ) 


travail dépensé par la force motrice , la fraction 0,101 qui le fait descendre 
à 0,710, à Le Pre comme l'indique le résultat des expériences. Mais, 
attendu qu’on n’a pas tenu compte ici de la perte relative au tourbillon, 
à l'effluve produits par l'aspiration qui s’opère dans la division supérieure 
de la turbine, on doit admettre que la valeur 0,0036 attribuée à D', est 
un peu trop forte, et doit être diminuée d'une fraction qui pourra être 
déterminée par la comparaison subséquente des résultats du calcul et de 
l'expérience. » 


RAPPORTS. 


M. Macennre , au nom de la Commission chargée de décerner le grand 
prix des sciences physiques pour l'année 1839, fait un rapport dont les 
conclusions sont qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix cette année. 
La commission considérant, toutefois, l'importance de la question pro- 
posée (le mécanisme de la production des sons chez l’homme et chez les 
animaux vertébrés ou invertébrés), a jugé utile de la mettre de nouveau 
au concours, mais en la restreignant à l’étude du phénomène dans la 
classe des Mammifères seulement, et en indiquant, d’une manière plus 
précise qu'on ne l'avait fait dans le précédent programme, le genre d’ex- 
périences que l'Académie attend des concurrents. 


M. Bssoner, au nom de la Commission chargée de l’examen des pièces 
adressées pour le concours aux prix de médecine et de chirurgie de la 
fondation Montyon ; lit la première partie du Rapport sur les Mémoires 
adressés pour ce concours; la deuxième partie sera lue dans la prochaine 
séance. 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d’un Corres- 
pondant pour une place vacante dans la section de physique. 
Le nombre des votants est de 36. Au premier tour de scrutin, 


M. Marranini réunit...... ..... 24 suffrages 
MANN HELTSTONES. es ei 0 212 0 8 
ITAAMICT. - 4e SRE à men ler Re 


11 y a eu un billet blanc. 


M. Marranmi ayant obtenu la majorité absolue des suffrages , est dé- 
claré élu. 


( 283) 


L'Académie procède, également par voie de scrutin, à la nomination 
de la Commission appelée à proposer une question pour le grand prix des 
sciences physiques qui sera décerné en 1830. 

MM. de Mirbel, de Blainville, Magendie, Dumeril et Dumas ayant 
réuni la majorité des suffrages, composeront cette Commission. 


MM. Gambey et Savary sont adjoints à la Commission chargée de faire 
un rapport sur un travail présenté par M. Combes. 


M. Berthier est nommé membre de la Commission chargée d'examiner 
un Mémoire de M. Loyer, relatif aux machines à vapeur, en remplace- 
ment de M. Séguier, absent. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


MÉoecine. — Mémoire sur l'emploi du bain d'air comprimé dans le 
traitement des affections tuberculeuses , des hémorragies capillaires et 
des surdités catharrales ; par M. Pravaz. 


(Commissaires , MM. Magendie, Savart. ) 


« Les résultats auxquels je suis parvenu, dit l’auteur dans une lettre 
qui accompagne son Mémoire, coïncidant avec ceux qu’un autre observa- 
teur, M. Tabarié, a récemment fait connaître, il m’a paru utile de leur 
donner une publicité plus étendue que celle qu'ils avaient reçue jusqu'ici, 
afin qu'ils contribuent à introduire dans la pratique de art un moyen qui 
s'annonce comme devant être très efficace. » 

L'appareil employé par M. Pravaz est de capacité suffisante pour recevoir 
deux personnes à la fois. L'air y peut être comprimé à volonté; une sou- 
pape chargée d’un poids variable, qui a été déterminé pour chaque pres- 
sion au moyen du manomètre, laisse échapper l'excès de ce fluide lorsque 
le degré de condensation désiré a été atteint. 

Dans une expérience que l’auteur fit sur lui-même avec cet appareil, 
. avant de l’employer pour des malades, il observa que pendant tout le 

temps que se prolongeait le jeu de la pompe à compression, les batte- 
ments du pouls offraient l'accélération signalée par M. Junod, mais qu'il y 
avait ralentissement sensible de la circulation lorsque le jeu de cette 
pompe était suspendu. 


( 284) 


CairurGre.— Mémoire sur trente-sept cas de Torticolis invétéré, traités par 
la section sous-cutanée du muscle sterno- cléido - mastoïdien ; par 
M. Drerrensacu, professeur à l’Académie de Berlin. 


( Commission nommée précédemment pour des Mémoires sur le même 
sujet, présentés par MM. Bouvier et J. Guérin. ) 


M. Dieffenbach annonce que l'opération a été suivie de guérison com- 
plète pour chacun de ces cas, hors pour un seul, où il y a eu seulement 
amélioration dans l’état du malade. 

M. Dieffenbach remarque encore que sur ces trente-six cas, huit seule- 
ment se présentaient sur le côté gauche, ce qui, dit-il, mérite d’autant 
plus d’être noté que la plupart de ces difformités étaient congéniales , ou, 
du moins, s'étaient développées chez des sujets en très bas âge. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire concernant les Ponts ascendants 
et descendants, les Ponts fixes, etc. ; par M. J-.B. Mancanr. 


(Commissaires, MM. Dupin, Poncelet, Coriolis.) 


Mécanique APPLIQUÉE. — Description et figures d'un nouvel Appareil de 
plongeur ; par M. GuizrAumer. 


( Commissaires , MM. Savart , Savary , Coriolis. ) 


ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE. — Mémoire sur l'Amidon considéré sous le 
point de vue anatomique , chimique et physiologique ; par M. Paye. 


(Adressé pour le concours aux prix Montyon. ) 


M. CaznauD qui avait adressé, il y a quelques mois, sous enveloppe 
cachetée, la description d’un appareil destiné à opérer avec une grande ra- 
pidité l’amputation des membres , annonce qu'il a fait exécuter cet appa- 
reil, et demande que l’Académie charge une Commission de l’examiner; 
et comme il doit retourner prochainement en Suisse, il désirerait que les 
Commissaires se livrassent le plus tôt possible à des essais qui devien- 
draient plus faciles s’ils étaient faits sous les yeux de l'inventeur de l'ins- 
trument. 


M. Fée demande qu'un ouvrage qu’il a adressé précédemment et qui a 
pour titre : Essai sur les Cryptogames des écorces exotiques officinales , 


( 285 ) 
soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, fon- 
dation Montyon. 

M. Fée fait remarquer que l'étude de ces‘cryptogammes fournit des ca- 
ractères pour distinguer les différentes écorces officinales, qu’elle peut 
par conséquent contribuer à prévenir les fraudes ou les erreurs, et, 
qu’en ce sens, son travail, quoique principalement relatif à la botani- 
que, peut être mis dans la classe de ceux qui ont pour but le perfec- 
tionnement d’une de branches de l’art de guérir. ; 


CORRESPONDANCE. 


M. ze Monisrre DE LA Guerre, conformément à l’article 16 de l'or- 
* donnance du 30 octobre 1832 pour l’organisation de l'École royale 
Polytechnique, invite l'Académie à lui présenter un candidat pour la 
place de Directeur de cette école devenue vacante par suite du décès de 
M. Dulong. 


En conséquence, l'Académie procède par voie de scrutin à la nomina- 
tion d’une Commission de 5 membres qui devra lui présenter une liste 
de candidats. 

MM. Arago, Poisson , Poinsot, Thénard et Poncelet réunissent la majo- 
-rité des suffrages. | 

La liste devra être présentée dans la prochaine séance. MM. les mem- 
bres en seront prévenus par billets à domicile. 


ANATOMIE MICROSCOPIQUE. — Recherches sur la structure intime des muscles ; 
par M. Manor. 


« Par suite de ces recherches l’auteur s’est trouvé conduit à partager les 
muscles du corps animal en deux grandes classes : les uns, qui se trouvent 
continuellement en contact avec lesfluides alcalins de l'organisme, offrent à 
leur surface des stries transversales parallèles (muscles des extrémités, etc.); 
les autres, qui se trouvent exposés à l'influence des liquides acides du 
corps, n’offrent que des fibres longitudinales placées les unes à côté des 
autres. 

» M. Mandi à observé que les stries transversales , exclusivement 
propres aux muscles de la première classe, disparaissent par un séjour 


C. R. 1838, 2° Semestre, (T. VIL, N° 5.)- 38 


( 286 ) 


de quelques heures dans des liquides acides ; ces stries deviennent au 
contraire plus manifestes par le séjour dans l'alcool et dans les alcalis. 

» Voici l'opinion de M. Mandl sur la cause de ces stries. Elles sont 
dues , suivant lui, à un filet de tissu cellulaire qui entoure, en forme de 
spirale, les fibres élémentaires, et qui produit naturellement, là où les 
bords de deux spires se touchent, les stries noires transversales. 

» Les parties élémentaires des muscles apparaissent rougeâtres sous le 
microscope , ce que M. Mandl attribue à la présence dans ce tissu de la 
matière colorante dissoute. » 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Expédition dans le nord de l'Europe. 


M. »e Freycer communique lextrait d’une lettre dans laquelle 
M. Garmanp lui rend compte des travaux auxquels se livrent les différents 
membres de la commission et les savants suédois, norwégiens et danois 
qui se sont associés à ses travaux. Cette lettre, d’ailleurs, ne donne encore 
aucun résultat des expériences et observations déjà faites, si ce n’est le 
suivant qui a rapport à des observations d’inclinaison de l'aiguille aiman- 
tée, faites par M. Lottin, avant son départ de Paris, et pendant son 
séjour au Havre. 


Inclinaison observée à Paris, par M. Lottin Inclinaison observée au Havre, par M. Lottin 
(11 mai 1838). (11 juin 1838). 
: e directement......... 
+ s directement. ........ 67°15";7 | Ajouille n° o. 8 
Aiguille n° 0. % indirectement. ..….... 67.14,5 SELS À indirectement. ..... ... 
n° 2. directement........... 67.16,2 AE directement............ 
< { indirectement. ..... ... 68. 0,6 
0 { directement Sie sn ras 67.15,2 LYC { directement Sao 
indirectement..,....., 67.15,2 indirectement... 
Moyenne. eee eeetee 670:5/,4 Moyenne ss ee DUB Eio 689 0”,7 


M. Gaimard , dans une autre partie de sa lettre, annonce que les ob- 
servations de M. Martins sur les arbres des environs de Drontheim, leur 
hauteur et leur grosseur moyenne , prouvent que le climat de ce canton 
est beaucoup plus favorable à la végétation qu’on ne le suppose généra- 
lement en France. 


La séance est levée à 5 heures. F. 


( 287 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 4. 

Mémoire sur l’Optique; par M. C. STuRu“ ; in-4°. | 

Tableau décennal du Commerce de la France avec les colonies et 
les puissances étrangères, publié par l'Administration des Douanes; 1827 
—1856, 11° partie, in-4°. à 

Annales de la Société entomologique de France; tome 7» 1° trimestre 
1838 , in-8°. 

Traitement du Cancer; exposé complet de la Méthode du docteur Can- 
QuoIx; 2° édition, Paris, 1838, in-8. (Cet ouvrage est adressé pour le 
concours Montyon,) 

Notice sur la famille des Bulléens ; par M. Grarecour; Bordeaux, 
1837, in-8°, 

Mémoire sur les coquilles fossiles des Mollusques terrestres et fluviatiles 
(Trachélipodes); par le même ; in-8e. 

Des Pertes séminales involontaires ; par M. LALLEMAND; suite, 1838 ; 
in-8. 

Anatomie microscopique; 1° série, tissus et organes; 1'° livraison: 
Muscles; par M. L. Manor; Paris, 1838, in-folio. 

Étude microscopique et chimique du Ferment, suivie d'expériences sur 
la fermentation alcoolique ; par M. Quevexne; in-8°. 

Mémoire sur l'application de la Gymnastique au traitement des affec- 
tions lymphatiques et nerveuses, et au redressement des difformités ; par 
M. Pravaz; Lyon, 1837, in-8°. : 

Histoire de la Grippe à Lyon, en 1837; par M. Gusiax; Lyon, in-8°. 

Discours prononcé dans la séance de la Société médicale de Tours, le 
3 janvier 1838, par M. le docteur Harme, président; Tours, 1838, in-8°. 

Le Conservateur de la santé des animaux domestiques en général, etc. ; 
par M. Rxoss, vétérinaire; tome 1, Bagnères, 1838, in-8. 

Académie royale de Médecine, séance du 10 mai 1831.— Rapports sur 
l'anatomie clastique du docteur Auzoux; par M. Barros, rapporteur; in-8°. 

Reyue critique des livres nouveaux ; par M. Jorz Cuerpuiez ; 6° année, 
n° 7. ; 


( 288 ) 

Académie royale de Bruxelles. Bulletin de la séance du 2 juin 1858, 
n° 6. 

Storia.... Histoire naturelle, agronomique et économique du Maïs ; 
par M. Bowarous; Milan, 1838, in-folio. 

Journal des Sciences physiques, chimiques et Arts agricoles et indus- 
triels; jum 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 30, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°* 88—89, in-4°. 

L'Expérience , Journal de Médecine et de Chirurgie, n°° 54—55 , in-8°. 


COMPTE RENDU 
DES SÉANCES 


DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 6 JUIN 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL, 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET. DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


Géopésie. — Communication d'observations réciproques et simultanées de 
distances zénithales , et de mesures barométriques ; par M. Purssawr. 


« Dans la dernière séance, M. Biot a insisté sur la nécessité de 
n'employer sa formule de nivellement que quand les observations de 
distances zénithales et de hauteurs barométriques sont réellement ré- 
ciproques et simultanées; et il pense que je n'aurais pas dù prendre 
pour exemple des observations séparées par un mois d'intervalle. Je 
m'abstiendrai de toute réplique à ce sujet, mais je crois devoir commu- 
niquer à l’Académie quelques observations inédites qui réunissent toutes 
les conditions prescrites par notre confrère, et qui furent recueillies en 
1812 par M. le colonel Brousseaud, alors occupé de la mesure du parallèle 
moyen. Ces observations eurent pour objet de déterminer, avec toute la 
précision possible et par des procédés différents, la hauteur du Puy-de- 
Dôme au-dessus de l’une des salles de la préfecture de Clermont-Ferrand. 
Voici celles du 27 novembre. 

» De midi 4o! à 145’, M. Ramond, à la res trouva, par 48 
observations, 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 6.) - 39 


» (29) 


La distance zénithale du Puy-de-Dôme de. .... DS 92° 8478,37 
Réduction à la verticale de la mire............. : — 3,55 
Réduction à la mire...... EE RE) TE Foudre + 38,50 

Distance zénithale réduite. .... z'—92.8513,32 


Barounètre, 732",5. 
Ther. du baromètre, + 11°,5 centigrades. 
Ther. libre, + 7,3. 


» Dans les mêmes moments, M. Brousseaud , au Puy-de-Dôme, trouva, 
par 30 observations, 


La distance zénithale de la mire de la préfecture de... 107€ 2120,42 
Réduction au sommet du signal (*).............. + 221,17 
Distance zénithale réduite 2° = 107.2341,59 
Baromètre ,644"",725. 
Ther. du baromètre, + 10°,6 centigrades. 
Ther. libre, - + 9,4. 4 


» La différence de niveau des deux points de mire, calculée comme de 
coutume, est de 1062",6 pour une distance horizontale de 9366",5. 

» Je laisse aux géomètres à faire eux-mêmes une application de la formule 
de M. Biot, s'ils veulent l’apprécier expérimentalement dans la circons- 
tance actuelle. Les données précédentes, extraites des précieux registres 
géodésiques de la Carte de France, leur en offrent le moyen le plus direct, 
et viennent précisément à l'appui de l'opinion que j'ai émise sur cette for- 
mule; opinion principalement fondée sur le grave inconvénient qu'il y a 
à faire exercer au pouvoir réfringent une influence qui est presque nulle 
dans la formule trigonométrique usitée (p. 6 et 132 du Compte rendu, 
second semestre ). L'emploi journalier de cette dernière, dans la triangu- 
lation générale de la France, dont je ferai bientôt connaître les progrès, … 
démontre que par la multiplicité des mesures angulaires et le choix rai- 
sonné des circonstances atmosphériques, on supplée avantageusement 
aux observations contemporaines. Cette vérité ressort d’ailleurs de la 
comparaison des résultats obtenus sur le parallèle de Paris à Brest par un 
double nivellement provenant d'observations simultanées et faites à des 
jours différents, et qui fut exécuté de jour et de nuit, d’après la recom- 
mandation expresse de M. Laplace. ( Voir Description géométrique de la 
France , t. 1, p. 236,et t. II, p. 186.)» 


(*) On verra p. 217 du 2° vol. de la Nouvelle Description géométrique de la France, 
qui est sous presse, que la hauteur absolue de ce sommet était de 1470",4. 


+ 


“ee ( 291 ) 


Note de M. Bior. 


« Les observations contenues dans la nouvelle note de M. Puissant rem- 
plissent tout-à-fait le désir que j'avais formé, puisque, étant simultanées, 
elles permettront d’éprouver, par la comparaison avec la mesure baromé- 
trique, si les deux réfractions locales n’ont eu qu’un effet insensible däns la 
formule qui emploie l'angle au centre. S'il en est ainsi habituellement, cette 
formule aura, dans les applications, un avantage incontestable sur toute 
autre, quand l’angle au centre sera connu. D'une autre part, M. Puissant 
m'autorise aujourd’hui à dire qu'il s'accorde avec moi pour reconnaître que 
la formule fondée sur le principe de la réfraction, que j'ai proposée, est 
mathématiquement exacte; et ne peut avoir d’inconvénient que de ne pas 
employer pour base la corde de l’arc qui est toujours dans une propor- 
tion très comparable avec la différence de niveau. Le premier de ces deux 
points était le seul sur lequel notre dissentiment avait persisté, car j'avais 
de moi-même reconnu le second, dans ma dernière note. La formule que 
j'ai proposée ne peut d’ailleurs, comme je l’ai dit, s'appliquer que lorsque 
les couches d’égale densité sont sphériques, condition dont l’autre est 
indépendante dans un de ses facteurs. Si les épreuves que j'ai proposées 
dans ma dernière Note achèvent de prouver que les réfractions terrestres 
n'exercent en général qu’une influence insensible quand l'angle au centre 
peut être employé, son introduction sera en effet beaucoup plus essen- 
tielle que l'aperçu mathématique seul ne me l'avait fait supposer d’abord 
dans ma première Note, comme je l'avais déjà dit dans la derniere.» 


due MATHÉMATIQUE. — Sur l'emploi des distances zénithales , réci- 


proques et simultanées, pour déterminer les erreurs des réfractions 
calculées dans les observatoires , lorsque le thermomètre intérieur et le 
thermomètre extérieur indiquent des températures différentes de l'air ; 
par M. Bio. 


« La température propre de l’air est un élément physique indispensable 
à l'astronomie observatrice, pour corriger les distances zénithales appa- 
rentes de la réfraction que l'atmosphère exerce. Elle n’est pas exprimée 
par Pindication immédiate du thermomètre, quoiqu'on l’emploie ainsi 
dans lusage ordinaire; car cette indication est la somme des effets pro- 
duits à la fois sur l'instrument par le contact de l’air dans lequel il plonge, 


39... 


( 292 ) 
ét par les quantités de chaleur rayonnante échangées entre lui et les corps 
qui l'environnent à distance. La théorie de la chaleur donne l'expression 
séparée de ces deux effets, et en montrant les éléments physiques dont 
ils dépendent, elle découvre les moyens qu'il faudrait employer pour 
les apprécier isolément par l'expérience (1). Mais, indépendamment de 
cette appréciation, ou même si l’on veut, en la supposant faite, il 
y a presque toujours dans la pratique une autre diffieulté grave pour 
l’employer au calcul de la densité de l'air d’où résulte la réfraction ac- 
tuelle. Car la température apparente de l'air, la seule que jusqu'ici l'on 
observe, n’est presque jamais exactement la même, dans l'intérieur de 
l'observatoire et au dehors. De sorte qu'il reste à savoir si c’est l'une ou 
l’autre, ou une fonction moyenne des deux qu'il faut prendre pour cal- 
culer la réfraction actuelle convenable au lieu, ainsi qu'au moment, 
où la distance zénithale apparente a été mesurée. La comparaison que 
l'on pourrait faire entre les distances zénithales apparentes d’un même 
astre, observées en différents temps, dans des circonstances intérieures et 
extérieures très semblables et très dissemblables, ne résoudrait qu'impar- 
faitement cette question; parce que l’on ne connaîtrait ainsi que l'écart 
des résultats partiels autour de leur moyenne, en y comprenant les er- 
reurs que les tables de réfraction actuelle comportent pour toute l'étendue 
de l'atmosphère, sans pouvoir mettre isolément en évidence la portion de 
cet écart qui est due à la seule inégalité des températures extérieures et 
intérieures existante dans le point d'observation. Aussi cette comparaison 
journalière n’a-t-elle pu, jusqu’à présent, conduire qu’à la seule conclu- 
sion, non moins évidente que certaine, qu'il faut rendre l'inégalité dont 
il s’agit la plus faible possible, et, s’il se peut, négligeable. Mais on a ra- 
rement la faculté de réaliser ces conditions favorables, et je ne sache pas 
que l’on ait proposé jusqu'ici aucun moyen direct pour mesurer l'erreur 
que l’on doit craindre, je ne dis pas sur la mesure de la température, 
mais de la réfraction , quand l'égalité des températures intérieures et exté- - 
rieures n'existe pas. Malheureusement, la théorie actuelle des réfractions 
atmosphériques ne peut fournir pour cela aucun secours, parce qu’elle 
admet toujours, comme condition fondamentale, la sphéricité des couches 
aériennes de pouvoir réfringent égal. Mais il n’y aurait aucune vraisemblance 
à supposer que cette sphéricité existe, ou n’est que très peu troublée, 
lorsque le thermomètre intérieur à l'observatoire, et le thermomètre 
RE EE RE: TRES ER RER En 
(1) Théorie mathématique de la Chaleur ; par M. Poisson, page 448,  2or. 


( 293 ) 


extérieur, marquent plusieurs degrés de différence; et que, par suite d'un 
tel état, des mouvements verticaux doivent ou peuvent s'établir entre les 
particules d’air, tant au dedans qu’au dehors. Dans l’absence de toute no- 
tion exacte sur ce sujet, j'ai pensé que l’on pourrait proposer aux astro- 
nomes un procédé expérimental applicable, à la vérité, principalement 
aux observatoires fixes, mais qui donnerait la mesure immédiate de l’er- 


reur produite par les circonstances que je viens de décrire, sans aucune 
. Supposition quelconque sur la température propre des couches d’air, sur 


leur état de mouvement ou d'équilibre, et sur la sphéricité ou la non- 
sphéricité actuelle des couches d’égal pouvoir réfringent. 

» Ce procédé repose sur l'emploi de distances zénithales réciproques et 
simultanées faites entre l’intérieur de l'observatoire et un signal placé au 
dehors, à une hauteur et une distance suffisantes pour être sorti des cou- 
ches aériennes inférieures dans lesquelles la perturbation locale existe. 

» Pour fixer les idées je prends l'Observatoire de Paris comme exemple; 
Dans le plan du cercle méridien , employé habituellement aux observations 
de distances zénithales, on choisit, sur quelque colline distante, qui sera 
si l’on veut pour nous Montmartre, un point où l’on établit une station 
d'observation, abritée par une simple tente ou par une cabane légère; on 
y dispose, dans une même verticale, deux petites lampes pour servir de 
signaux, tant de nuit que de jour, et on les amène exactement sous le fil 
vertical du cercle, ou assez près pour qu’on puisse y réduire leurs dis- 
tances zénithales par la mesure de leur écart (1). Entre ces deux signaux, et 
dans le même plan, on place le centre d’un cercle répétiteur manœuvré 
par un observateur B. Peut-être y aura-t-il, pour le moment, quelque 
difficulté à rendre ce cercle portatif exempt d’erreurs absolues, ou d’ap- 
précier leur portée possible; mais c’est là un inconvénient temporaire, dû 
à l'imperfection actuelle de ces instruments, et qui n’est pas inhérent au 
procédé lui-même. Dans l'observatoire fixe on établira aussi deux petites 
lampes, mais on les disposera sur une ligne horizontale, à droite et à gau- 
che de l'objectif du cercle, lorsque la lunette sera dans la situation néces- 
saire pour voir B. Il va sans dire que les deux stations seront munies de 
baromètres comparés entre eux, ainsi que de thermomètres tant inté- 
rieurs qu’extérieurs. Mais la station B, sous une tente ou sous une cabane 


(1) Je suppose que ces lampes seront visibles de jour avec les instruments; si elles ne 
V’étaient pas, il faudrait y joindre des mires disposées suivant les mêmes principes , 
sans qu’il fût d’ailleurs besoin de s’astreindre à l'identité des positions. 


( 294 ) 


ouverte, ayant une communication libre avec l'air du dehors, pourra ne 
présenter habituellement qu’une différence nülle ou insensible entre les 
indications thermométriques qu’on y observera; et l’on devra s’astreindre 
à ce qu'il en soit ainsi. Dans la station fixe A au contraire, il faudra 
choisir les circonstances où la différence des indications extérieures et 
intérieures sera la plus grande possible, même en cherchant au besoin à 
l'accroître artificiellement; et il faudra, en outre, saisir aussi les circons- 
tances spéciales de calme, comme de modération dans la température, où 
les thermomètres du dedans et du dehors seront dans les conditions les 
plus favorables pour s’accorder. 

» Ces dispositions faites, à des instants convenus et correspondants, les 
observateurs A et B prendront les distances zénithales réciproques Z/, Z" 
de leurs signaux respectifs; on du moins, ils s’arrangeront pour réduire 
leurs résultats à la condition de simultanéité. D’après la position intermé- 
diaire, et connue, que leurs instruments occupent entre les signaux ob- 
servés, chacun d’eux pourra déduire de ses observations, la distance zéni- 
thale apparente du centre de l'autre station, comme sil avait pointé 
directement sur ce centre. Les directions des deux rayons visuels simul- 
tanés ainsi définies , seront donc tangentes à une même trajectoire lumi- 
neuse, passant par les positions moyennes réciproquement observées. 

» Or on connaît, ou lon peut exactement connaître, l'angle compris 
au centre de la Terre entre les verticales des deux stations. Cet angle com- 
biné avec les distances zénithales observées, détermine la somme des 
réfractions locales en A et B, c’est-à-dire l'angle aigu formé par les deux 
rayons visuels tangents à la trajectoire lumineuse, Cet angle est la portion 
de la réfraction totale qui s’est opérée, depuis le point supérieur B de la 
trajectoire, jusqu’au point À inférieur, au moment des observations; et sa 
valeur est obtenue ainsi, quel qu’ait pu être l’état des couches aériennes 
intermédiaires : je la désignerai désormais par R. 

» Cela posé, l'observateur B placé sur la colline, prendra le supplément 
de la distance zénithale qu'il aura mesurée, et il la considérera comme 
exprimant la distance apparente £" d’un astre fictif qui serait placé sur la 
même trajectoire de l’autre côté du zénith, conséquemment ici vers le 
nord (1). Avec la hauteur barométrique qu'il aura observée, et les indica- 


—————————_—_—_—_—_—_—_——“û“———…————““t 


(1} J'ai supposé la station B plus élevée que A pour la faire sortir des couches infé- 
rieures où les conditions de sphéricité sont les plus troublées. Je suppose aussi cet 
excès de hauteur assez grand relativement à la distance, pour que B voie toujours A 


AE. 


(295) 

tions thermométriques intérieures ou extérieures, que l’on suppose con- 
cordantes, il calculera par les tables usuelles, la réfraction totale qui con- 
vient à la distance zénithale £" dont il s’agit, c’est-à-dire la somme totale 
des inflexions qui se seraient opérées sur la même trajectoire lumineuse 
si elle fût arrivée du nord, en B, après avoir traversé l'étendue de l’at- 
mosphère supérieure. Soit R' cette réfraction ainsi calculée. En y ajoutant 
R et nommant R’ la somme qui en résulte, on aura R'=R'+R. 

» R° sera la vraie réfraction qui convient à la distance zénithale appa- 
rente Z’ mesurée en À dans l’intérieur de l'observatoire, en considérant 
cette distance comme appartenant au même astre fictif observé par B. Or 
l'observateur A peut aussi calculer directement la réfraction R’ par les 
mêmes tables, en prenant pour donnée la distance apparente Z'et les in- 
dications météorologiques, tant intérieures qu'extérieures, propres à sa 
Station; et comme la portion de la trajectoire supérieure à B se trouve 
commune, la différence des deux valeurs obtenues pour R’ donnera l’er- 
reur qui, dans de telles circonstances, résulterait de l'emploi des tables, 
non pour toute l'étendue de l'atmosphère entière mais seulement pour 
la petite portion de la trajectoire lumineuse qui est comprise entre les 
deux stations. Les éléments de cette erreur seront : 1° l'indication ther- 
mométrique extérieure ou intérieure dont on aura fait usage pour calculer 
la densité de l'air et son pouvoir réfringent dans la couche inférieure ; 
2° la perturbation survenue dans l'état de sphéricité admis par les tables : 
3° le décroissement initial des densités, différent de la loi qu’elles sup- 
posent, et qu'elles emploient comme invariables. En choisissant les cir- 
constances les plus propres à rendre sensibles chacune de ces particulari- 
tés, on pourra apprécier leur influence relative et connaître le sens ainsi 
que l’ordre de grandeur des erreurs qu'elles peuvent occasionner. Avec ces 
données, mais seulement en les possédant, il deviendra possible d'examiner 
si la théorie fournirait quelque approximation suffisante pour corriger ces 
erreurs, ou si l'unique moyen d’y échapper serait d'élever les stations 
d'observation au-dessus des couches d'air dans lesquelles les causes qui 
les produisent agissent habituellement : car il ne saurait y avoir d’autre 
alternative. 

» Si l'on supposait que l’on connaît aussi la différence de niveau des 
deux stations À et B, ce qui peut être admis sans difficulté dans les cir- 
ADR GO RIT MAS SUR PS Sré qe nr pre: 
au-dessous de son propre horizon, dans toutes les variations que les réfractions peu- 
vent parcourir, 


( 296 ) 

constances que nous considérons, on pourra, sans aucun emploi des 
tables de réfraction, et par les seules observations réciproques que je 
viens de définir, constater les perturbations qui seraient survenues dans 
l'état de sphéricité des couches inférieures, et apprécier l'erreur qu’elles 
peuvent introduire dans les réfractions calculées, lorsqu'on les détermine 
soit d’après les températures apparentes de l'air, extérieures ou inté- 
rieures, soit d’après les températures propres si l’on parvenait à les ob- 
tenir. Pour cela il suffit de reprendre la relation générale qui existe entre 
les directions successives des mouvements produits par des forces cen- 
trales, et qui s'applique ainsi aux trajectoires lumineuses, dans l'état sphé- 
rique des couches d’égale densité. Cette relation est celle qui a servi de 
fondement à ma première note ( Compte rendu du 18 juin 1838 ,p. 843), 
en conservant les notations que j'ai employées alors , elle est 


r'sinZ Vi He p=r'sinZ Via (i). 


On voit, par son inspection seule, que si la distance Z" observée en B est 
donnée, ainsi queles rayons r’ r”, et les circonstances météorologiques d'où 
r' et p” dépendent, cette relation détermine Z', c’est-à-dire la distance 
zénithale réciproque qui doit s’observer simultanément en A, si les cou- 
ches d’égale densité sont sphériques, quelle que soit d’ailleurs la loi inter- 
médiaire de ces densités. En comparant donc le Z' observé avec le Fi 
calculé ainsi, successivement, par les températures propres, extérieures et 
intérieures, on saura 1° sila condition de sphéricité est altérée de ma- 
nière à donner une erreur sensible sur la réfraction ; 2° quelle est celle des 
deux températures qui la donne moindre, ou qui la rend insensible , si ce 
dernier cas peut arriver; 3° enfin, la même épreuve répétée avec les tem- 
pératures apparentes dans les conditions les plus favorables à la sphéricité, 
montrera l’ordre d’erreur qui peut de Li de leur substitution aux tem- 
pératures de l'air. 

» Mais, pour effectuer avec arntide les calculs que cette recherche 
exige, il ne faudrait pas chercher directement la distance zénithale Z' par 
l'équation (1); il faut transformer préalablement cette équation comme je 
l'ai fait dans la note citée page 846, de manière à obtenir cot Z' qui sera 
toujours très petite dans les circonstances où nous nous plaçcons, parce 
que la portion de la trajectoire lumineuse comprise entre À et B, sera 
toujours très peu élevée sur l'horizon de A. Alors on commencera par cal- 
culer, comme je l’ai dit, un angle auxiliaire V”, dont la cotangente pareil- 
lement très petite, sera donnée par l'équation suivante : 


( 297 ) 
À \ M ss 7'2 4k"e (ES k! K' p 
cot° V +R (ES LT +) 
dans laquelle on pourra supposer X constant ou #'=%". Apres quoi l’on 


cot°Z/— cot° V’ 


COL re 
1+cou®V' ? 


(2) 

expression qui sera toujours très facile à calculer numériquement par les 
tables ordinaires de logarithmes dans les conditions où nous nous placons. 
Rien n’empéchera donc d’en conclure Z’ pour les épreuves EVE ae plus 
haut. 

» Dans l'application rigoureuse de ces procédés, il faudrait employer les 
températures propres de l'air, tant intérieures qu ’extérieures, et non pas 
les températures apparentes, données par les indications immédiates des 
thermomètres. Mais comme, jusqu’à présent, ces dernières sont les seules 
que l’on obtienne, il faudra commencer d’abord par s’en servir afin de 
connaître les erreurs qui résultent de leur usage dans les circonstances que 
nous considérons. Mais si un jour on parvient à obtenir les températures 
propres elles-mêmes, dégagées des effets de rayonnement que le thermo- 
mètre y mêle, il ne faudra qu'introduire leurs valeurs dans le calcul des 
observations réciproques déjà faites pour en obtenir les résultats vrais. 

» Le travail que je propose ici d'entreprendre est aujourd'hui indis- 
pensable à l’astronomie; et les moyens que j'ai indiqués pour l’effectuer 
me semblent, j'oserais presque dire, les seuls applicables à la question 
physique qu'il a pour but, puisque des expériences indépendantes de 
l'état de sphéricité des couches d’air, peuvent seules la résoudre. Les tra- 
vaux des géomètres ont posé les fondements mathématiques de la théorie 
des réfractions ; la détermination expérimentale des propriétés physiques 
de l’air et de son pouvoir réfringent, en a fixé les éléments abstraits. Mais 
‘étude de l'atmosphère réelle, telle qu’elle existe, a peut-être été jusqu'ici 
trop négligée dans leur application; et elle semble maintenant être l’u- 
nique moyen de compléter cette théorie en lui donnant des bases phy- 
siques exemptes de toute hypothèse. 


»Nota.—Pendant l'impression de cette note, je viens de calculer les observations rap- 
portées par M. Puissant , page 200. En admettant, comme on doit le faire, qu’elles ne 
peuvent comporter que de très petites erreurs, on en déduit, avec évidence, que les 
couches d’air d’égale densité différaient considérablement de l’état sphérique. Ce qui , au 
reste, est d’accord avec l’inversion inusitée qu’on y remarque dans le décroissement des 
températures. » 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N°6.) 4o 


( 298 ) 


Paysique. — De la prétendue influence que les aspérités et le poli des 
surfaces exercent sur le pouvoir émissif des corps ; par M. Mecronr. 


« Lorsqu'on mesure l'intensité du rayonnement calorifique qui part des 
deux côtés d’un vase de métal rempli d’eau bouillante, ayant l’une de ses 
moitiés longitudinales bien polie et brillante, et l'autre polie d’abord , en- 
suite plus ou moins rayée à l'émeri, au burin , ou à la lime, on trouve 
que la quantité de chaleur lancée par la surface dépolie ou rayée est tou- 
jours supérieure à celle qui sort de la surface brillante : ces variations dé- 
passent quelquefois le rapport de deux à un. On en déduit que l'augmenta- 
tion observée provient des inégalités mêmes imprimées à la paroi du 
récipient, et que, par conséquent , les aspérités superficielles des corps 
ont la propriété de faciliter la sortie de la chaleur qu'ils contiennent. Je 
vais avoir l'honneur de communiquer à l’Académie l'extrait d’une série de 
recherches d’où il me semble ressortir nettement que cette proposition 
est tout-à-fait erronée; de manière que si la nature des couches superf- 
cielles contribue bien certainement à faire varier la quantité de chaleur 
émise par un corps chaud, l’état de la surface n’a aucune part dans la pro- 
duction du phénomène. 


» D'abord, il me faut avouer que, malgré l'autorité de grands noms, 
l'influence du poli dans l'émission calorifique m'a toujours paru fort dou- 
teuse. On dit : la chaleur intérieure éprouve en quittant le corps la même 
action de surface qu’elle subit en y pénétrant par voie de rayonnement ; 
soit : mais pourquoi ces petites facettes miroitantes que vous produisez 
en rayant la lame, doivent-elles réfléchir intérieurement moins de chaleur 
que la surface polie d'une seule pièce ? Prenez un récipient de cuivre jaune 
ayant deux faces polies et légèrement hâlées par l'exposition à l'air : faites 
sur l’une de ces faces une série de raies parallèles au burin, les hächures 
ainsi produites, seront certainement plus brillantes que le reste du vase; 
et, cependant, la surface sillonnée par le burin émettra plus.de chaleur que 
la surface lisse. Il y a près de deux ans que je fis part de cette objection, 
et de quelques autres expériences du même genre, à MM. Bache, Henry et 
Locke, professeurs de physique très distingués de l’Union-Américaine, qui 
se trouvaient alors à Paris. Aujourd'hui que la question me paraît bien dé- 
cidée, je laisse de côté les objections indirectes, et je passe immédiate-. 


ment à l’exposition des résultats qui conduisent directement à.la preuve: 
du fait que j'avance. 


(599 ) 

» J'ai pris un vase cubique de cuivre dont les quatre faces de côté étaient 
bien dressées; j'y ai fait souder extérieurement sur les angles et les bords 
du fond des petites coulisses à ressort, afin de pouvoir maintenir exacte- 
ment contre le vase des lames de deux à trois lignes d'épaisseur; ensuite, 
m'étant procuré deux couples de plaques, un de jais, l’autre d'ivoire, je 
les applique aux quatre parois. Chaque couple se composait de lames par- 
faitement égales en tout, excepté l’état de la surface extérieure, dont l'une 
était bien lisse et Énlaieé ; et l’autre dépolie et rayée à Pérner En mesu- 
rant exactement avec le thermo-multiplicateur les quantités de chaleur 
lancées par les deux faces polies lorsque le récipient était rempli d’eau 
chaude, et en les comparant avec celles qui sortaient des faces rayées cor- 
RE Doudantes. je ne pus y apercevoir que des différences de un ou deux 
centiémes , et tantôt d’un côté, tantôt de l’autre : les moyennes d’une 
vingtaine d'observations ne donnèrent plus qu'une variation qui arrivait 
à peine à quelques millièmes, et qui était, par conséquent, tout-à-fait 
négligeable. 

» À cette expérience on pourrait peut-être objecter que , malgré les pré- 
cautions prises pour établir le contact entre les lames et le vase, rien 
n’assure cependant que les deux plaques qui composent chacun des couples 
Soumis à l'épreuve, possèdent la même température. Pour parer à l’objec- 
tion, je fis creuser dans un petit bloc de marbre, un récipient cubique 
dont les parois, réduites à une épaisseur parfaitement égale, furent tra- 
vaillées différemment sur leur surface extérieure : la première était unie 
et brillante ; la deuxième pareillement unie, mais terne et dépolie; la troi- 
Sième rayée dans un seul sens, et la quatrième rayée selon deux directions 
perpendiculaires. Le vase rempli d’eau chaude lançait des quatre côtés la 
même quantité de chaleur rayonnante. 

» Il paraît donc que l’état plus ou moins irrégulier de la surface n’a au- 
cune influence sur le pouvoir émissif lorsque le corps rayonnant n’est 
point de nature métallique. 

.» Je couvris de noir de fumée l’une des faces de mon vase de marbre, 
ainsi que l’une des plaques de chaque couple employé dans l'expérience 
précédente. Comme on est convenu de représenter par 100 le pouvoir 
émissif du noir de fumée, je pus facilement déterminer par des comparai- 
sons successives les nombres proportionnels qui représentent les pouvoirs 
émissifs de l'ivoire, du jais et du marbre : tous les trois se trouvèrent com- 
pris entre 93 et 98. Ne pourrait-on pas dire que si dans les substances que 
nous venons d'employer l’influence du dépoli est nulle, cela dérive de ce 


4o.. 


( 300 ) 


que leur pouvoir émissif touche à la limite du maximum où une augmen- 
tation ne peut guère s'effectuer, parce que la surface émissive n'apporte 
plus aucun empêchement à la sortie de la chaleur; tandis que dans les 
métaux, fort éloignés de cette limite, l’altération de l'état de surface doit 
nécessairement exercer toute son influence, et la rendre sensible par une 
forte variation dans la quantité de chaleur émise. 

» Quoique ce raisonnement soit fondé sur une pure hypothèse, savoir : 
que le noir de fumée n’oppose aucune résistance au rayonnement de la 
surface ; et que, d’ailleurs, les pouvoirs émissifs des trois substances em- 
ployées soient, d’un côté assez éloignés de r00 pour permettre d'apprécier 
les variations produites, et de l’autre tellement énergiques, que la moindre 
proportion d'un changement survenu dans leurs valeurs ‘devrait leur faire 
franchir toute la distance qui les sépare de ce nombre; cependant, aban- 
donnons pour un moment les substances non métalliques, et cherchons à 
résoudre la question avec les corps mêmes d’où elle prend son point de 
départ. 

» Le cuivre, le zinc, l'étain et le fer-blanc, qui sont à ma connaissance 
les seuls métaux qu'on ait employés jusqu'ici dans l'expérience que nous 
avons décrite en commençant , étant exposés à l’action de l'air, se cou- 
vrent promptement d’un léger voile d’oxide invisible, mais dont la présence 
se déduit cependant d’une manière très plausible de certains phénomènes 
électriques. Or, on sait que le pouvoir émissif est beaucoup plus fort pour 
les oxides que pour les métaux. Il pourrait donc se faire que la surface 
rayée, présentant à lair un plus grand nombre de points de contact, 
s’oxidât plus abondamment que la surface polie, et augmentäât ainsi son 
pouvoir rayonnant par le seul fait de l’oxidation, sans que la disposition 
plus ou moins régulière des points superficiels y eùt directement aucune 
part. 

» Pour voir si cette explication était soutenable, il n’y avait qu’à opérer 
sur l'or et le platine, et c’est aussi ce que j'ai fait; mais les lames rayées 
de platine et d’or m'ont toujours donné une émission calorifique beaucoup 
plus abondante que les lames polies de l’un et de l’autre métal. 

» L’oxidation , ainsi que l'influence du poli dans les substances non mé- 
talliques étant écartées, quelle est laltération, particuhère aux métaux, 
qui peut accompagner dans ces corps le bouleversement plus où moins 
étendu de la couche superficielle ? 

» Nulle autre, à mon avis, qu'un changement de dureté ou de densité. 
En effet le jais, l'ivoire, le marbre sont des substances qui manquent 


( 3or }) ; 


presque complétement de compressibilité, ou du moins elles ne possèdent 
pas d’une manière sensible la propriété de retenir d’une manière stable les 
modifications de densité et de dureté qu’on pourrait leur imprimer sous 
l’action d’une force mécanique : elles se faconnent d’ailleurs en plaques sans 
être soumises à aucune pression. Les métaux, au contraire, sont compres- 
sibles , et les lames ordinaires que l’on trouve dans le commerce s’obtien- 
nent, comme on sait, en faisant subir à la matière métallique une pression 
extrêmement forte au moyen du marteau et du laminoir. L'expérience 
nous prouve enfin que ces lames sont, ainsi que les fils, d’une pesanteur 
spécifique et d’une dureté supérieure à celles du métal fondu. Qui nous 
dit que cette augmentation de dureté et de densité soit uniformément 
distribuée sur tous les points de la masse? N’est-il pas plus probable, au 
contraire, que, pendant l'opération du laminage, la surface souffre une 
pression et une condensation plus forte que partout ailleurs, et que la 
lame résultante se trouve en définitive enveloppée par une espèce de 
croûte d’une dureté et d’une densité supérieures à celles des couches 
internes ? 

» Cela posé, il est clair qu’en rayant la surface de la lame on découvrira 
des parties moins denses ou moins dures. Or, en jetant un coup d'œil 
sur les tables qui représentent les pouvoirs émissifs des corps, on s’apercoit 
aisément que ces pouvoirs suivent en général la raison inverse des den- 
sités. Admettons, par analogie, que la même loi s’observe sur les divers 
états de condensation de la même substance, et nous en conclurons 
qu’en creusant des sillons à la surface de la lame on doit obtenir une 
augmentation de pouvoir rayonnant. Ajoutons que les parties qui com- 
posent la couche superficielle étant dégagées par la subdivision de leur 
contraste mutuel doivent se détendre et acquérir ainsi, par la diminution 
de densité, un pouvoir émissif qui approche davantage de celui des cou- 
ches plus tendres de l’intérieur. 

» Cela étant, il doit en résulter : 1° qu’une lame polie d’un métal donné 
rayonne à une quantité de chaleur d’autant plus grande, que la densité 
ou la dureté de ses couches superficielles sera moindre; 2° que dans ce cas 
de moindre densité ou dureté, l'augmentation de faculté rayonnante pro- 
duite par le dépoli sera inférieure à celle que l’on obtient lorsque la lame est 
plus dense qu plus écrouie. 

» Il est presque inutile d’ajouter que pour vérifier ces conséquences 
théoriques il ne faut pas employer un métal oxidable à une température 
peu élevée, car une lame construite avec ces sortes de métaux possède une 


( 302 ) 


tendance à augmenter son pouvoir émissif, qui varie d’un instant à l’autre 
avec l’état des couches superficielles, et d’autant plus que ces couches sont 
plus tendres et plus divisées. 

» Une forte percussion et un passage lent à l’état solide après la fusion, 
sont les deux moyens à l’aide desquels on peut parvenir à imprimer aux 
substances métalliques des variations plus ou moins grandes de densité. Je 
fis donc fabriquer, avec de l'argent bien pur, deux lames fortement battues 
au marteau, et deux lames fondues et très lentement refroidies dans leurs 
moules de sable : j'en formai un prisme creux rectangulaire auquel j'a- 
joutai un fond métallique : toutes ces pièces: furent soudées à la soudure 
tendre afin de ne pas altérer leurs densités ou leurs trempes pendant l'opé- 
ration. Au moment de la jonction les quatre faces latérales se trouvaient 
déjà parfaitement polies à la pierre ponce et au charbon sans l'aide du mar- 
teau ou du brunissoir. On prit alors du papier enduit de gros émeri, et 
l'on en frotta fortement, dans un seul sens, une des lames fondues et une 
des lames forgées : les images des objets qui apparaissaient très nettes et 
très intenses sur les faces auxquelles on avait laissé leur beau poli, s’effa- 
cérent complétement sur les faces frottées qui devinrent mattes et couver- 
tes de stries. Ce vase d'argent , ainsi préparé, fut rempli d’eau chaude. Les 
quatre faces latérales successivement tournées contre l'ouverture de mon 
appareil thermo-électrique produisirent sur le galvanométre les déviations 


suivantes : 
10° pour la plaque forgée et polie. 13°,7 pour la plaque fondue et polie. 
18° pour la plaque forgée et rayée. 11°,3 pour la plaque fondue et rayée. 


» En comparant entre eux les quatre rayonnements, on voit: 1° que 
dans le cas du poli , le métal fondu donne à peu près + de plus que le mé- 
tal forgé, ce qui démontre l'influence annoncée dans la moindre densité ; 
2° que l'effet des stries sur les deux sortes de lames diffère non-seulement 
d'intensité , ainsi que nous l’avions prévu, mais de sens; car, si le pouvoir 
rayonnant de l'argent forgé recoit une augmentation de Ÿ par l’action de 
l’'émeri, celui de l'argent fondu éprouve, au contraire, une perte de pres- 
que +. 

» Ce fait inattendu, qui prouve d’une manière irréfragable la vérité de 
notre proposition fondamentale, s'explique parfaitement bien dans la 
théorie que nous venons de développer tout-à-lheure; car la pression d'un 
corps dur tel que l'émeri sur la surface tendre de l’argent fondu, comprime 


( 305 ) 
et condense quelque peu les parties frottées, et rend le fond des stries 
effectuées sur l’une des lames plus dur que ne l’est la surface entière de 
la lame correspondante. 

» J'ai regretté de ne pouvoir opérer de même sur des vases d’or et de 
platine où ces manifestations doivent, selon toute probabilité, se repro- 
duire sur une échelle plus étendue, à cause des grandes variations de 
densité qu'on peut imprimer à ces deux métaux pour la fusion et la 
percussion. 

» En nous reportant maintenant aux premières observations de Leslie, 
nous voyons que les diverses lames métalliques qu’il soumit à l'épreuve, lui 
donnèrent constamment un plus grand pouvoir émissif étant raboteuses et 
irrégulières, que lisses et polies. Après cela rien ne paraissait plus naturel 
que d'admettre dans les phénomènes de l'émission calorifique, outre l'in- 
fluence dépendante de la qualité des couches superficielles, une influence 
particulière due à leur degré de poli, du moins pour les métaux; ce fut 
aussi la conclusion que l’on tira des faits observés par Leslie... et cepen- 
dant, cette conclusion si simple et si directe en apparence, n’était pas per- 
mise. 

» Voilà un exemple qui pourrait servir, au besoin, pour modérer la 
malheureuse facilité avec laquelle certains expérimentateurs se hâtent d’é- 
riger en lois générales les conséquences résultantes de leurs premières ob- 
servations. Souvent il suffit de prendre un instrument à la main et de l’em- 
ployer dans une recherche quelconque pour tomber sur un fait nouveau ; 
mais en poursuivant le travail avec assiduité, en variant les méthodes ex- 
périmentales, en analysant le phénomène sous différents aspects, on finit 
presque toujours par s’apercevoir que la nouveauté n’était qu’apparente, et 
que la véritable explication rentre dans les vérités déjà classées dans la 
seience, ou, sien dernier lieu il en ressort réellement une vérité nouvelle, 
elle se trouve presque toujours contraire à ces prétendues lois générales 
qui s'étaient présentées d’abord à notre esprit d’une manière si tranchante 
et si décisive. » a 


( 304 ) 


RAPPORTS. 


M. Brescner achève la lecture du rapport de la Commission chargée de 
l'examen des pièces adressées au concours pour les prix de Médecine et 
de Chirurgie , fondation Montyon. 

Une partie des conclusions tendant à ce que l’Académie propose comme 
sujet de prix certaines recherches concernant la variole et le vaccin, sera 
discutée en comité secret. 


M. Brescuer lit, au nom de la Commission chargée de décerner le prix 
de Physiologie expérimentale pour l'année 1837, un rapport sur les pièces 
adressées au concours. 

Le prix est décerné à M. B. Heyxe de Wurtzhourg, pour ses expériences 
sur la régénération des os. 


M. Dumas lit, au nom de la Commission qui avait été chargée de propo- 
ser une question pour sujet du grand prix de sciences physiques à décerner 
en 1837, le programme demandé. 

Ce programme est approuvé par l’Académie. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


MinéRALOGIE. — Monographie des formes diverses que présente le soufre 
cristallisé de la Sicile ; par M. MaraviGwa, professeur de chimie à 
l’Université de Catane. 

(Extrait par l’auteur.) 


(Commissaires, MM. Alex. Brongniart, Cordier.) 


« L'auteur, qui possède une collection fort nombreuse des cristallisations 
du soufre de la Si&ile, que, par sa position il a pu, mieux que tout autre, 
recueillir et étudier, rapporte la formation du soufre à l’époque de celle 
des terrains secondaires et lui donne pour base le calcaire jurassique. Il 
combat les assertions émises dans ces derniers temps par M. le professeur 
Gemellaro qui prétend que le soufre doit sa naissance à la décomposition 
des mollusques , assertion que M. le professeur Léonhard de Heidelberg 
a cru devoir reproduire en allemand. Il réfute cet étrange système en 
prouvant que jusqu’à présent on n’a rencontré aucune coquille fossile 


( 305 ) 


dans les terrains où se trouve le soufre, et que là où se rencontrent les 
coquilles, jamais on n’a aperçu de traces de ce combustible. 

» Il expose ensuite la théorie de l’origine du soufre dans les mines de la 
Sicile. 11 pense que, à l’époque de la formation des terrains secondaires, 
les courants de gaz acide hydro-sulfurique de l’intérieur de la terre tra- 
versaient la marne bleue tenue en suspension dans l’eau , et que cet acide 
en se décomposant vint à produire les dépôts de soufre qui se retrouvent 
encore de nos jours mélés à cette marne. 

» Il appelle l'attention sur le déplorable système, encore en usage en 
Sicile, pour l'extraction du soufre, qui consiste à brüler en plein air 
les fragments de la mine comme en France on cuit le plâtre. IL en ré- 
sulte que la plus grande partie du soufre, en brûlant, se dissipe en gaz 
acide sulfureux, ce qui fait monter, selon les calculs de M. le professeur 
Maravigna, la perte de cette opération à :+! En vain ce géologue proposa 
un mode d'extraction par la fusion, mode qui fut approuvé par l’Institut 
royal de Palerme, dans le concours qui eut lieu à ce sujet; en vain ce 
procédé fut cédé au duc S.-Giovanni qui voulut le propager; l'ignorance, 
la routine firent repousser cette utile innovation, et l’ancien mode d’extrac- 
tion est encore celui qui est en usage. 

» M. Maravigna énumére, ensuite, les diverses formes que présentent 
les cristallisations de soufre en Sicile. La premiere, qu'il décrit et figure, 
et qui est nouvellement découverte par lui, est celle à prisme rectangu- 
laire droit et dont les angles solides sont tronqués et remplacés par des 
Jacettes triangulaires. Viennent ensuite les variétés octaèdre, cunéiformes 
et basées, déjà décrites par Haüy. Après avoir passé en revue toutes les 
modifications suivantes de l’octaèdre, qui consistent principalement dans 
les troncatures des sommets, jusqu'à sa réduction en une simple lame, 
l'auteur décrit et figure les autres modifications que l’octaèdre éprouve 
par des troncatures sur ses angles solides latéraux et sur ses arètes. 
Beaucoup de ces modifications n'avaient pas encore été décrites. 

» Il donne ensuite la description de deux variétés de formes également 
nouvelles, savoir: 1° /e dodécaëdre prramidal émarginé" sur les arètes 
qui unissent les deux pyramides; »° le prisme rhomboïdal terminé par 
une pyramide tétraèdre dont les deux faces sont triangulaires. 

» Il termine en décrivant, r° les cristaux à modifications irrégulières qui 
sont dignes de fixer l'attention du minéralogiste; 2° les cristaux qui sont 
oblitérés par l'élargissement de quelques-unes de leurs faces; et 3° les 
cristaux hémitropes et ceux diversement groupés sans hémitropie. » 

C, R. 1838, 2° Semestre. (T.VII, No 6.) 41 


( 306 ) 


Mécanique. — Mémoires sur les roues à réaction ; par M. Cowees. 


(Extrait par l’auteur.) (1) 


« Les roues, ou machines à réaction, sont des appareils composés de 
plusieurs canaux, ouverts par les deux extrémités, et mobiles autour d’un 
axe fixe. Un fluide liquide ou aériforme , circule dans ces canaux, de ma- 
nière à les tenir toujours entièrement pleins, et à ce que le mouvement 
relatif du fluide y devienne permanent, peu de temps après que le mou- 
vement de rotation de la machine, autour de l’axe fixe, est devenu uni- 
forme. 

» Ainsi définis , les appareils à réaction sont de deux espèces : 1° Ceux 
auxquels le mouvement de rotation autour de l'axe fixe, est imprimé par 
les pressions exercées sur les parois des canaux mobiles, par le fluide qui 
les parcourt. Ce sont alors des machines motrices servant à recueillir et à 
transmettre le travail d’une chute d’eau, d’un fluide en mouvement, d’un 
gaz comprimé, etc. De ce genre, sont : la roue de Segner (Exercitationes 
hydraulicæ), étudiée par Euler ( Académie de Berlin, 1750 et 1751), mo- 
difiée et perfectionnée par Manoury d'Ectot; la roue proposée par Euler, 
et dont cet illustre géomètre a donné la théorie dans le Recueil de l’Acadé- 
mie de Berlin, 1754. 

» 2°, Ceux auxquels le mouvement de rotation autour de l'axe fixe est 
imprimé par une force motrice quelconque, et qui, en vertu des pressions 
exercées par les parois des canaux mobiles, sur le fluide qui les parcourt, 
transmettent à celui-ci le travail moteur de la puissance. Telles sont : la ma- 
chine à élever l’eau par l’action de la force centrifuge, de Demour (Re- 
cueil des machines approuvées par l’Académie des Sciences, 1732), étudiée 
aussi par Euler (Académie de Berlin, 1751); le ventilateur à force centri- 
fuge, aspirant ou soufflant, sujet du Mémoire présenté à l’Académie le 
16 avril de cette année. 

» La théorie des deux genres d'appareil est la même, etles équations que 
jai données dans le Mémoire sur le ventilateur à force centrifuge, et dans 
la Note supplémentaire transmise à l'Académie, le 25 juin dernier, s’ap- 
pliquent, avec des modifications fort simples, aux roues motrices, et à 
la machine à élever l’eau dont je traite, avec détail, dans le Mémoire 
actuel. Dans ces dernières roues, le fluide moteur, ou mü, est amené par 


(1) Ce Mémuire a été déposé dans la séance du 30 juillet dernier. 


(307) 

des tuyaux fixes, dans les canaux mobiles, comme cela a lieu dans la ma- 
chine d'Euler (Mémoire de 1754). La pression du fluide en mouvement, 
au passage des canaux fixes dans les canaux mobiles, n’est point généra- 
lement égale à celle du milieu ambiant. Elle varie, toutes choses égales 
d’ailleurs, avec la vitesse angulaire de la roue, et en sens inverse de celle- 
ci; et comme le volume d’eau débité par la roue, dans l’unité de temps, 
varie en même temps que la pression sur les orifices d'écoulement des 
tuyaux fixes, il en résulte que ce volume dépend de la vitesse angulaire 
de la roue. 

» Pour la roue motrice, il existe une certaine vitesse sous laquelle le 
'travail moteur total de la chute d’eau est transmis à la machine, abstrac- 
tion faite des frottements dont je n'ai pas tenu compte dans les calculs. 
Pour des vitesses angulaires différentes de celle-là, il y aura perte de 
travail, parce que l'eau n’abandonnera pas la roue avec une vitesse nulle, 
et parce qu'il y aura un choc de l’eau sortant des canaux fixes, pour en- 
trer dans les canaux mobiles. Mes formules donnent la mesure de cette 
perte, et font voir, que pour des écarts même grands, en plus ou en 
moins, de la vitesse angulaire correspondante à l'effet maximum , la perte 
de travail moteur demeure une assez petite fraction du travail total. Le 
tableau suivant met en évidence l'influence de cette variation de la vitesse 
de la roue sur la dépense d’eau et sur la perte du travail. Il se rapporte à 
une roue projetée pour dépenser ordinairement 170 litres d’eau par se- 
conde , sous une chute de 1", 5o et dont le diamètre entier serait seule- 
ment de 0”,60. 


hi. 


( 308 ) 
RNCS LS 


DÉPENSE HAUTEUR 


de chute perdue, 


MORE d'eau en litres, ea 
de la roue, à la ; sons une éhautear|.. Pa Sniie, de 5 
circonférence NOMBRE de cbate variation brusque 
ÊE 4 E 5 
décrite par les de tours de la roue coment crlEeste de vitesse à OBSERVATIONS. 


dans l'entrée de l'eau, 


bords intérieurs 


à 1,50, l’'ou- 


une minute. dans lar 
des aubes , : verture de vanve É Rs QE 
e: ètres r t de la vitesse 
n mèl » pa demeurant ë ñ 
s c conservée 
ECOnUE la même, 


à la sortie. 


_———————— | ——————__— 


0 ,248 
0,191 


0,077 


4,50 286,47 184,5 0,0259 

4 254,64 173 0,0015 

3,836 244,33 170 o Sous cette vitesse, le travail transmis 

est égal à l'effet total. 

3,50 222,78 162,08 0,008 

3 190,99 151,76 0,049 

2,50 159,13 142,11 0,133 

2 127,30 133,24 0,265 

1,50 95,47 125,23 0,457 

o o 107,70 1,50 La roue ne tourne pas , l’eau sort sous 


la vitesse due à la chute. 


» La machine disposée pour élever de l’ear, présente des résultats ana- 


logues. 
» L . . 
» Dans la plupart des cours d’eau, le volume d’eau varie, avec les sai- 


sons , entre des limites fort étendues, de sorte qu’une roue hydraulique 
peut souvent faire , en hiver, deux ou trois fois autant d'ouvrage que dans 
les temps de sécheresse. Lorsque le travail n’est pas interrompu par des 
intervalles de repos, pendant lesquels on laisse l’eau motrice s'emmagasi- 
ner dans des réservoirs, il est indispensable que la machine soit pourvue 
d’un vannage qui lui permette de dépenser exactement la quantité d’eau 
affluente, en conservant à peu près la même vitesse angulaire ; le nombre 
de mécanismes menés par les roues étant d’ailleurs proportionné à la puis- 
sance motrice. Il est nécessaire que le vannage de la roue à réaction soit 
adapté à la roue elle-même, et pour que l'effet utile demeure toujours le 


( 309 ) 

maximum, malgré les variations du volume d’eau, il faut encore que le 
vannage agisse à la fois sur les grandeurs des orifices d’entrée et de sortie 
des canaux mobiles, qui doivent être entre eux dans un rapport constant, 
déterminé par les équations du mouvement. Nous avons indiqué dans le 
Mémoire, un vannage qui satisfait à ces conditions et qui permet de faire 
varier la hauteur des canaux mobiles dans toute leur étendue, proportio- 
nellement au volume d’eau à dépenser, en même temps qu'il ne laisse aux 
tuyaux fixes, qui amènent l’eau, qu’une hauteur égale à celle des tuyaux 
mobiles. Moyennant ce dispositif, la roue, pourvu que la chute demeure 
constante, ainsi que la vitesse angulaire, demeurera, pour un volume 
d'eau quelconque, dans les conditions théoriques du maximum. 

» La roue décrite par Euler ne se prête point à recevoir un vannage 
qui permette de dépenser plus ou moins d’eau, et c’est sans doute pour 
cela que la machine dont l’illustre géomètre avait si bien vu et démontré 
la supériorité, est restée à peu près sans application pratique. Dans ces 
derniers temps, on a mal à propos assimilé la machine d’Euler aux roues 
à palettes courbes, tournant autour d’un axe vertical, dont Borda a donné 
la théorie en 1767, et l’on a perdu de vue les vrais principes de l’établisse- 
ment des roues à réaction, qui se trouvent dans l'analyse d’Euler. » 


Zoorocik. — Description de l'animal de la Panopee australe , et recherches 
sur les autres espèces de ce genre; par M. WaLeNcrenes. 


(Commissaires, MM. Duméril, de Blainville. ) 


Dans ce Mémoire, l’auteur fait connaître l’organisation externe et in- 
terne de la Panopée australe, et déduit de sa description les rapports qui 
existent entre ce mollusque et les familles voisines. 

« Les ouvrages les plus récents sur les mollusques, dit M. Valenciennes, 
ne font mention que de érois espèces de Panopées. Je fais voir, dans ce 
Mémoire, qu’en réunissant les matériaux épars dans les différentes col- 
lections, ou dans les auteurs, l'on connaît aujourd’hui quinze espèces 
de coquilles dans ce genre. Cinq d’entre elles sont vivantes dans les diffé- 
rentes mers du globe, et les dix autres, fossiles, appartiennent aux diffé- 
rentes couches du calcaire grossier, ou à la craie. 

» Parmi les espèces vivantes, il y en a deux que l’on rencontre fossiles , 
mais complétement identiques , dans les formations récentes des marnes 
argileuses des environs de Palerme; l'une est l'espèce de la Méditerranée : 
l'autre est celle des mers de Norwége. » 


( 310 ) 


PaysiQque MATHÉMATIQUE. — Sur la propagation et la polarisation du 
mouvement, dans un milieu homogène indéfini, cristallisé d'une manière 
quelconque ; par M. Branoner. 


(Commissaires, MM. Poisson, Coriolis, Sturm. ) 


L'auteur annonce être parvenu à démontrer, dans ce Mémoire, les ré- 
sultats suivants : 

1°. Dans un milieu indéfini, homogène, élastique, cristallisé d’une ma- 
niere quelconque , un ébranlement central se propage par une onde plus 
ou moins compliquée. 

2°. La vitesse de propagation est constante dans une même direction, 
variable d’une direction à une autre, suivant une loi dépendante de la 
forme de l’onde. 

3°. Pour une même direction, les vitesses de vibration sont constam- 
ment parallèles entre elles dans la même nappe de l'onde, et paralelesh à 
des droites différentes pour les différentes nappes. 


Puysique. — Nouvelle machine électrique dans laquelle des condensateurs 
contribuent à engendrer la charge; par M. Rarrrar», curé de Ver- 
seilles, pres de Langres. 


(Commissaires, MM. Becquerel, Pouillet. ) 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la résolution des équations identiques; 
par M. Ceruzrr. 


( Commissaires, MM. Libri, Sturm. } 


CrirurGre. — Mémoire sur la citexcision, ou procédé d'amputation instan- 
tance et sans douleur; par M. Caznaur. 


(Commissaires, MM. Larrey, Roux.) 


M. Maurice présente un cadran solaire destiné à donner les heures en 
temps moyen à toutes les époques de l’année. 


(Commissaires , MM. Mathieu , Savary. ) 


( 3rr ) 


S CORRESPONDANCE. 


M. le Ministre De La Guerre invite l’Académie à présenter, conformé- 
ment à l’article 14 de l'ordonnance du 30 octobre 1832 relative à lorgani- 
sation de l'École Polytechnique , un candidat pour la place d’examinateur 
permanent de cette école, devenue vacante par la démission de M. de 
Prony. 

La section de Géométrie est invitée à se réunir immédiatement, vu l’ur- 
gence résultant de la très prochaine ouverture des examens de classement 
et de sortie auxquels procèdent les examinateurs permanents, et à sou- 
mettre, séance tenante, à l’Académie une liste de candidats. 


M. le MnuistRe DE L'ÉNSTRUCTION PUBLIQUE transmet une Note de M. Le- 
Jils , concernant un cas de mirage observé sur la côte de Marquentère 
(Somme). 


M. Frourexs donne, d’après une lettre qui lui a été adressée par 
M. Duvernoy , quelques détails sur la maladie à laquelle à succomhé 
M. F. Cuvier. 


M. Sorez propose une modification à l'appareil imaginé par M. Biot, 
pour puiser de l’eau de la mer à de très grandes profondeurs. Il à eu 
pour objet d'éviter l'emploi de la vessie destinée à recevoir les substances 
gazeuses qui s’y dégagent par suite de la diminution de pression quand 
l'eau, prise dans les couches in férieures, est ramenée vers la surface. 

Il indique, pour remplacer cette substance qui est sujette à se dété- 
riorer par différentes causes dans les voyages de long cours, deux moyens 
différents : 

« Le premier consiste, dit l’auteur, à placer un ressort à boudin , derrière 
le piston, pour l'empêcher de glisser jusqu’à l'extrémité du tube > AU Mo- 
ment où lon retourne l'appareil. D’après cette disposition, l’espace qui 
restera à parcourir par le piston, sera parcouru par ce dernier lorsqu’en 
remontant l'appareil vers la surface de la mer, la pression décroissante de 
l'eau sur l'extérieur du piston, ne pourra plus faire équilibre au ressort du 
gaz que contient l’eau renfermée dans l'appareil. 

-» Le deuxième moyen consiste tout simplement à faire le réservoir, en 
métal mince, et à lui donner une forme telle que la pression dans l’inté- 


(1 


(312) 


rieur de ce réservoir, en augmente la capacité en modifiant sa forme; par 
exemple, un cylindre aplati peut remplir cette condition. » 


MÉTÉOROLOGIE. — Vents d'aspiration. 


M. le capitaine Durerrey adresse un extrait du journal qu’il tenait à bord 
de la corvette la Coquille, extrait relatif à un phénomène météorologique 
dont l’Académie a récemment recommandé l’étude aux voyageurs : le phé- 
nomène des vents d'aspiration. 

Le 18 novembre 1822, la corvette fut subitement assaillie d’un pampero, 
vent fréquent vers l'embouchure du Rio de la Plata, quoiqu'elle fût d’ail- 
leurs à plus de 200 lieues E.-N.-E de ce parage. Ce qui porte à regarder ce 
vent, qui venait de terre, comme un vent d'aspiration occasioné par une 
raréfaction de l'atmosphère de la mer, c’est qu'au moment où on le res- 
sentait il y avait abaissement rapide du baromètre. Une circonstance 
remarquable , c’est que malgré sa violence, ce vent paraît avoir été en 
quelque sorte local. 


Srarmisrique. — Lois de la population et de la mortalité en France. Nou- 
velle Lettre de M. »e MonrerranD à l’occasion de la Note lue par 
M. Moreau de Jonnès dans les séances des 2 et 9 juillet dernier. 


Nous ne reproduisons de cette Lettre que les passages relatifs à ce qui 
à été conservé de la Note de M. Moreau de Jonnes, dans l'extrait qu'il a 
donné pour le Compte rendu. 

« En appréciant la valeur intrinsèque des tableaux dont j'ai fait usage, 
M. Moreau de Jonnès ne se montre pas dans tous les cas également sévère; 
en effet, suivant lui, le fait naturel d’une naissance ou d’un décès est 
inscrit sur les registres de l’état civil et reproduit sur les tableaux presque 
sans aucune omission possible ; mais l'indication de l’âge des décés est sou- 
mise à une multitude de chances d’erreur. 

» Malheureusement la première partie de cette opinion est une erreur 
manifeste; en effet, la double transcription des actes mortuaires au lieu 
du décès et au domicile du mort, les décès dans les hôpitaux et à l’armée, 
et les actes inscrits en vertu de jugements sont autant de causes d’omis- 
sions et de doubles emplois d'où provient en grande partie l'incertitude 
qui reste dans mes calculs; incertitude qui affecte également le mouve- 
ment de la population depuis 35 ans, calculé par M. Moreau de Jonnés. 


(313) 


Ce dernier travail contient en outre une érreur de 8800 décès par an, oc- 
casionée par les mort-nés. 

» Quant à l'évaluation des âges, elle est fondée, dans le plus grand 
nombré de cas, sur des actes authentiques, et, lorsque ces actes manquent, 
sur la notoriété, qui peut se tromper, mais rarement d’un grand nombre 
d'années. Ces erréurs étant tantôt en plus, tantôt en moins, disparaissent 
par le grand nombre des observations. 

» Ici M. Moreau de Jonnès fait une objection que je n'avais pas dü pré- 
voir; il n’admet pas la compensation des erreurs accidentelles par la mul- 
tiplicité des observations. J'en citerai un exemple vulgaire : rien n’est plus 
irrégulier, au premier coup d’œil, que la marche du baromètre dans nos 
climats ; cependant, avec les observations d’un mois, on trouve toujours 
que la moyenne des hauteurs à neuf heures du matin surpasse de quelques 
centièmes de millimètre la moyenne de midi. On parvient à ce résultat 
constant malgré des différences qui s’élévent souvent à dix fois celle qu’on 
veut en déduire. $ 

» Si trente observations suffisent pour mettre en évidence une loi de 
météorologie, treize millions de décès doivent former un nombre assez fort 
pour mettre à découvert les lois de la mortalité; il y a d’ailleurs un moyen 
simple de lever tous les doutes. Je remets aujourd'hui à M. Moreau de 
Jonnès une liste de dix lois déduites de mes calculs et imprimées à divers 
époques dans les Comptes rendus. Lorsque les feuilles du mouvement 
pour 1837 seront toutes arrivées, je propose à mon savant antagoniste 
d’en faire le relevé dans ses bureaux, et de voir si les lois énoncées n’y 
sont pas exactement reproduites. S'il veut tenter cette épreuve, avec moi, 
le résultat en sera communiqué à l’Académie et confirmera de nouveau la 
loi des grands nombres , base de tout perfectionnement dans les sciences 
qui emploient des données numériques. » 


Méréororocrr, — Note de M. Rarcran», curé de Verseilles, sur le bruit du 
tonnerre , sur da marche sinueuse des éclairs , et sur les vents d'orage. 


M. Raillard était arrivé, par ses propres réflexions, à attribuer les longs 
roulements du tonnerre à la grande étendue des éclairs. Les éclats, dans 
son hypothèse, devenaient la conséquence de la marche sinueuse, des plis 
répétés de ces mêmes éclairs. 

Cette explication n’est pas nouvelle, mais elle se trouve appuyée, dans 
la Note présentée à l'Académie, de plusieurs observations caractéristiques 
et importantes. 


C. R. 1555, 2° Semestre, (T. VII, N°6.) 42 


(314) 


M. Raillard croit que les sinuosités dans la course des éclairs, peuvent 
dépendre, en partie, des inégalités de la surface de la Terre. Cette vue 
nouvelle mérite d’être suivie. 

Les remarques de M. Raillard sur les vents d'orage, concordent avec 
celles de tous les météorologistes. On trouve aussi le germe des explica- 
tions que M. le curé de Verseilles a adoptées, dans les œuvres de Lahire, 
de Mariotte et.de plusieurs autres physiciens. 


M. Lesarccy-GraAINviLze adresse copie d’une Note qu'il a soumise au 
jugement de l’Académie des Beaux-Arts , et qui a rapport à un parallele 
entre l’octave musicale et le tétraèdre régulier. 


L'Académie se forme en comité secret à 4 heures : A. 


z° 


Errata. (séance du 30 juillet.) 


Pag. Lig. 3 
= : sin @ 
269, 4 en remontant, dans la formule, remplacez sing par ae 
L4 
Ibid, 11 en remontant, au lieu de = M(v° — w"°), mettez + M (0°? — °°) 


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272, 15 en remontant, au lieu de ———, mettez — 
2gH ; 2gH 

273, 4 en remontant, au lieu den, mettez s 


À I 
Jbid., 8 en remontant, dans la formule, au lieu de s, mettez = 


281, 13, après ces mots: 2° pour la perte de travail correspondante, ajoutez par 
seconde 
Ibid. Faites précéder du facteur 2, les termes en R'#, R'{et R' qui entrent 
dans les différentes formules de cette page, et restituez aux dénomi- 
nateurs des dernières expressions de la perte proportionnelle ou rela- 
tive de travail , due à la résistance du liquide dans lequel la turbine 
est censée plongée, le facteur gH qui y a été oublié aussi bien que 
dans les calculs numériques mentionnés à l’alinéa suivant. 
De cette manière, les valeurs de cette perte se trouvant réduites à 
0,121 et 0,035 respectivement, pour les vitesses de 101,5 et 62,8 tours 
de roue à la minute, on est conduit à conclure, non plus que la résis- 
tance dont il s’agit et son coefficient b —0,0036, se trouvent évalués 
trop haut, mais bien que la principale cause du déchet éprouvé par la 
turbine Fourneyron, doit résider dans les remous occasionés par la 
présence de la capacité de cette roue, qui n’est pas soumise directe- 
ment à l’action du fluide. 
285, 13, place de directeur de cette école, lisez place de directeur des études de 
cette école. 
282, 11, au lieu de 1830, lisez 1837. 


(315) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838, n° 5, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Araco; 
mars 1838, in-8°. 

Excursions dans l'Afrique septentrionale par les délégués de la Société 
établie à Paris pour l'exploration de Carthage; 1'° livraison, in-8°. 

Bulletin de la Société géographique ; 2° série, tome 9, im-8°. 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine; tome 2, n° 2r, in-8. 

Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen; n° 53 et 54, in-8°. 

Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome 11, 
avril 1838, in-8°. 

Annales françaises et étrangères d' Anatomie et de Physiologie ; n° 4, 
juillet 1838, in-8°. 

Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du départe- 
ment de la Charente ; tome 21, mai et juin 1838, in-8°. 

Histoire naturelle des fles Canaries; 32° livraison in-4°, avec atlas 
in-fol. 

Statistique générale du Jura; par M. R. Pyor; Lons-le-Saulnier, 1838, 
in-8°. (Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique.) 

Histoire naturelle et Iconographie des insectes coléoptères ; par MM. pe 
Casreznau et Goryv; 19—21 livraisons in-8°. : 

Société anatomique; 13° année, Bulletin n° 1—5, mars—juillet 1838, 
in-8, 

Répertoire de Chimie scientifique et DEN EES tome 4, juin 1856, 
n° 6. 

Note sur le développement de la Limace grise ; par MM. VAnsensDen et 
Wanpismanw; Bruxelles, in-8°. 

Note Sur les Malacozoaires du genre Sépiole ; par MM. Gervais et 
VANBENEDEN ; in-8°. | 

Notice sur une espèce de singe d'Afrique; par M. VanseneDEn; in-8e. 

Anatomie du Pneumodermon violaceum d'Orb. ; par le même, in-4°. 


42 


( 316 } 


Observations. ... Observations sur un Rapport du comité pour les pé- 
cheries de Saumon en Écosse; par M. R. Kwox; Édimbourg, 1837, in-8°. 

The Annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie ; 
vol. 3, n° 13, juillet 1838, in-8°. 

Proceedings... Procès-Verbaux de la Société royale d'Édimbourg ; 
n° 15, in-8°. 

Botanische. ... Notices botaniques; par M. Scureipen ; in-8°. 

Einige.... Remarques sur le tissu fibreux des Végétaux et ses rap- 
ports avec l'Amidon ; par le même; in-8°. 

Beitrage.... Essai sur la Phytogénésie; par le même ; in-&?. 

Uber.... Sur la formation de l’'Embryon dans les Phanérogames ; par 
le même; in-4°. 

Nuoyo Sistema.... Mouveau système de Ventilation appliquée aux 
Magnaneries; par M. Bonarous; Turin, 1858, in-8°. 

Gazette Médicale de Paris, tome 6 ,n°31. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 90—9?, in-4°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 31. 

La Phrénologie, Journal, 2° année, n° r2. 

L'Expérience , journal de Médecine , n° 55, in-8°. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


L 


SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 13 AOÛT 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


La séance s'ouvre par la proclamation des prix décernés et des sujets 
de prix proposés. 


PRIX DÉCERNÉS. 


SCIENCES PHYSIQUES. 
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. 
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR L'ANNÉE 183. 


(Commissaires , MM. Savart, Dulong, Becquerel, de Blainville et Magendie 
rapporteur. ) 


_ « L'Académie avait donné pour sujet du grand prix des sciences phy- 
siques à décerner en 1837, la question suivante: 

» Déterminer par des recherches anatomiques et physiques quel est le 
mécanisme de la production du son chez l’homme et chez les animaux 
vertébrés et invertébrés qui jouissent de cette faculté. 

» Un seul Mémoire en réponse à cette question est parvenu au secré- 
tariat de l'Académie. 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°7.) 43 


. ( 320 ) 


» Cet ouvrage annonce des connaissances étendues et variées en ana- 
tomie et en physiologie; son auteur est sans doute un esprit très exercé 
aux travaux scientifiques. Sous ces divers points de vue votre Commis- 
sion se plait à reconnaitre qu’il mérite des éloges; mais l'Académie, en 
proposant cette question , désirait surtout que les concurrents se livrassent 
à des recherches d’acoustique expérimentale qui pussent éclaircir ce que 
la théorie de la production du son dans les animaux offre encore d'obscur 
et d’incertain. 

» Le Mémoire ne contenant aucune recherche nouvelle de ce genre, vos 
Commissaires ont jugé qu’il n’y a pas lieu à décerner cette année le grand 
prix des sciences physiques. 

» Mais comme la question proposée en 1835 pour ce prix leur parait 
d'un haut intérêt pour les progrès ultérieurs de la physique et de la phy- 
siologie, ils ont l'honneur de vous proposer de la remettre au concours 
pour l’année 1839, en la restreignant dans les termes suivants : 

» Déterminer par des recherches anatomiques, par des expériences 
d'acoustique et par des expériences physiologiques , quel est le mécanisme 
de la production de la voix chez l'homme et chez les animaux mammii- 
Jeres. » 


PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. 


(FONDATION MONTYON.) 
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR L'ANNÉE 1837. 


(Commissaires, MM. Magendie, Serres, Duméril, de Blainville et Bres- 
chet rapporteur.) 


« Treize ouvrages ont été adressés à l’Académie des Sciences pour con- 
courir au prix de physiologie. 

» Parmi ces ouvrages, celui de M. Bernard Heyne jeune, de Wurtz- 
bourg, intitulé : Recherches expérimentales sur la régénération du système 
osseux , nous a surtout paru remarquable. 

, » C’est un travail qui a exigé de‘son auteur une persévérance peu com- 
mune et une grande habileté dans l’art de l’expérimentation. 

» C’est à l’aide d’un instrument que vous connaissez (lostéotome), et 
pour lequel vous avez accordé une récompense à M. Heyne, que ce mé-- 


\ 


( 325 ) 


‘“ecin a entrepris une série d'expériences sur le mode de cicatrisation des 
os et sur leur régénération. 

» L’ostéotome la mis en état d’agir à travers de petites ouvertures faites 
aux parties molles, sur la surface des os, et d’y produire tantôt de simples 
solutions de continuité, tantôt des solutions de continuité avec perte de 
substance, afin de pouvoir décider quelle était la part du périoste, de la 
membrane médullaire ou des os eux-mêmes dans la cicatrisation et la 
reproduction du tissu osseux. Pour arriver à cette connaissance, M. Heyne 
a fait, pendant plusieurs années, des expériences sur des animaux vivants. 

» Les pièces résultant de ces expériences ont été soigneusement injectées 
et disséquées, et votre Commission a pu en faire l’examen. 

» La plupart des expérimentateurs, et M. Miescher lui-même, qui est 
l’auteur de l'ouvrage le plus récent sur cette matière, ont borné leurs re- 
cherches aux fractures et à leur mode de consolidation, tandis que 
M. Heyne à varié à l’infini ses investigations, non-seulement par l’incision 
et la résection des os, mais encore par leur extirpation dans leur totalité, 
en faisant ces opérations sans ménager le périoste, ou en le disséquant et 
en le conservant autant que possible dans son intégrité. 

» Les pièces osseuses envoyées par M. Heyne et examinées par votre 
Commission ne lui ont pas fait reconnaître , d’une manière aussi manifeste 
et aussi claire-qu'il le dit, les reproductions d’os entiers avec leur appa- 
reil médullaire, leurs cartilages d’encoutrement et les cavités régulières 
pour servir aux articulations. 

» Ces prétendus os nouveaux ne semblent être réellement qu’un dépôt 
de matière osseuse amorphe et ne pouvant pas représenter l'os que l’expé- 
rimentateur avait enlevé. 

» Les propositions principales que l’on peut extraire des expériences de 
M. Heyne, sont: 

» 1°. Que le périoste joue le rôle principal dans la cicatrisation des os; 

» 2°. Que, quelle que soit la nature de la lésion du tissu osseux, le 
périoste concourt toujours, et pour la plus grande partie, à la sécrétion 
de la matière osseuse qui répare les pertes de substance; 

» 3°. Que le périoste suffit pour former un os nouveau complet, pou- 
vant remplacer l'os primitif ; 

» 4. Que la membrane médullaire concourt aussi à la reproduction 
des os, mais dans une moins grande proportion, et seulement en tant 
qu’elle a été plus ou moins lésée ou mise à nu; 

» 5°. Que les prolongements vasculo-membraneux du périoste et de 1a 


43.. 


(‘322 ) 


membrane médullaire, qui pénètrent dans le tissu osseux, concourent 
également, mais à un moindre degré que cette dernière membrane, à la 
cicatrisation des os et à la formation du cal; 

» 6°. Que le tissu osseux lui-même, sans les prolongements vasculo- 
membraneux dont nous avons parlé, ne participe point au travail de la 
consolidation des fractures ; 

» 7°. Que les parties molles n’ont qu’une action secondaire; 

» 8. Enfin que le sang, ici comme dans le reste de l’économie ani- 
male, est certainement l'agent principal de la cicatrisation et de la repro- 
duction des os, mais d'une manière médiate. 

» Bien que plusieurs des faits annoncés comme nouveaux par M. Heyne 
soient depuis long-temps connus , bien que d’autres faits aient été inter- 
prétés par lui d’une manière qu'on pourrait contester, et que ces faits, 
pour prendre place dans la science, demandent à être observés un plus 
grand nombre de fois; cependant votre Commission trouve dans les expé- 
riences nombreuses de M. Heyne un intérêt assez grand pour lui accorder 
le prix de physiologie. » 


PRIX RELATIFS AUX MOYENS DE RENDRE UN ART OÙ 
UN MÉTIER MOINS INSALUBRE. 


(FONDATION MONTYON.) 


RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR L'ANNÉE 1837. 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dulong ; Chevreul, Double, Dumas 
rapporteur.) 


« La Commission que vous avez nommée pour juger les pièces adressées 
au concours ouvert en faveur de ceux qui auront rendu un art ou un mé- 
tier moins insalubre avait à s'occuper de dix mémoires parmi lesquels 
elle regrette de n’en avoir trouvé aucun qui remplit convenablement les 
conditions qui servent de base à ses décisions. 

» En effet, votre Commission pense que, pour être couronné , un mé- 
moire présenté à ce concours doit renfermer une découverte capable 
d'améliorer l'hygiène des ouvriers, et sanctionnée par la pratique en 
grand. 


» Des recherches chimiques ingénieuses , des recherches industrielles 


(323) 


intéressantes lui ont été soumises ; mais comme elles n'avaient pas pour 
effet de rendre un art ou un métier moins insalubre, votre Commission n’a 
pu les ranger au nombre des résultats que M. de Montyon s'était pro- 
posé de récompenser et d'encourager. C’est dans l'intérêt de la santé ou 
de la vie des ouvriers occupés de travaux nuisibles à leur santé ou ca- 
pables de compromettre leur vie que les prix qui nous occupent ont été 
fondés : ne le perdons pas de vue. 

» Votre Commission a distingué, néanmoins, parmi les pièces qui lui 
ont été transmises , le Mémoire de M. Chaix de Maurice. On sait que par 
l'addition d’une certaine dose d'argile dans les chaudières à vapeur, on est 
parvenu à diminuer ou à détruire les dépôts calcaires qui se forment dans 
ces chaudières, et qui constituent une cause d’explosion évidente, en 
même temps qu'ils augmentent la consommation du combustible d’une 
manière très notable. Ce procédé , mis en pratique en France par M. Chaix, 
a été acquis dans un intérêt public, par M. le Ministre de la Marine, et 
cette circonstance suffisait pour le recommander hautement à l’attention 
de votre Commission. Elle a pensé toutefois qu'avant de se prononcer 
sur l'utilité de cette découverte, il convenait dé s’entourer de nouvelles 
lumières. Votre Commission craindrait de vous proposer de couronner un 
procédé qui, tout en étant exact et fidelement décrit, ne serait pas ac- 
cepté par la pratique journalière, par une cause imprévue quelconque. 
Or, elle n’a pas trouvé dans les pièces fournies par M. Chaïx la preuve que 
son procédé soit entré dans le travail courant des chaudières à vapeur 
travaillant avec des eaux capables de former des dépôts. Elle désire vive- 
ment que cette preuve soit fournie à l’Académie , et elle propose en con- 
séquence d’ajourner toute décision à l'égard de M. Chaix. 

» De semblables motifs, déjà exprimés dans un autre rapport, ont forcé 
votre Commission, à son grand regret, à ajourner de même sa décision à 
l'égard de M. le docteur Vallat, qui est l'inventeur d’un lit de sauvetage 
pour les mineurs blessés ou asphyxiés. Sans nul doute, il suffit d’avoir 
pénétré dans une mine, d’avoir pu se rendre compte des difficultés et des 
souffrances qui accompagnent nécessairement l’extraction d’un ouvrier 
blessé au moyen de la tonne, pour comprendre que ce serait une grande 
consolation pour tout mineur blessé, que de songer qu’il sera extrait de 
la mine à l’aide d’un appareil toujours prêt et calculé de manière à lui 
épargner d'inutiles douleurs. 

» On pensera peut-être, avec votre Commission, qu’il serait à désirer 
que les exploitants de mines pourvussent leurs établissements de cet ap- 


( 324 ) 
pareil et se missent en mesure de s’en servir dans tous les cas qui peuvent 
l'exiger. 

» Mais c’est à ce vœu que votre Commission doit se borner, jusqu'à ce 
qu'il lui ait été démontré par des faits certains que le lit de sauvetage de 
M. le docteur Vallat est adopté dans l'exploitation des mines pour con- 
duire au jour les mineurs blessés ou asphyxiés. 

» Parmi les pièces présentées au concours, il en est une qui a trait à 
l'art de l’amidonnier, dont quelques opérations ne sont pas sans inconvé- 
nient pour l'hygiène publique. M. Martin, déjà couronné par la Société 
d'encouragement, vous a soumis un procédé dans lequel, imitant ce qui 
se passe dans nos laboratoires pour l'extraction du gluten, il cherche à 
tirer parti, non-seulement de la fécule, mais aussi du gluten et de la ma- 
tière sucrée qui existent dans les céréales. Quand le procédé dont il s’agit 
sera mis en pratique en grand dans plusieurs fabriques , et que l’Académie 
pourra le juger par elle-même, tout porte à croire qu'il pourra devenir 
l'objet d’un examen qui lui sera favorable. 

» L/Académie a déjà prouvé l'intérêt qu’elle porte au développement de 
la gymnastique. Votre Commission lui eût donc proposé avec confiance 
d'accorder un prix à l'ouvrage de M. de Courtivron sur l'application de la 
natation à l’art de la guerre, si elle eüt trouvé dans cet ouvrage une dé- 
couverte caractérisée, adoptée par la pratique en grand. L'ouvrage de 
M. de Courtivron renferme des vues, des conseils qui seront lus avec fruit. 
Il insiste avec raison sur les avantages de la natation pour le soldat; mais, 
tout en lui donnant un éloge , votre Commission regrette de n'y avoir pas 
trouvé l’occasion de décerner un prix à son auteur. 

» Un Mémoire de M. Conseil sur le sauvetage des hommes et des navires 
à la mer nous avait paru, par son objet, entrer si bien dans le sens du 
concours qui nous occupe, que nous nous attendions à y rencontrer des 
faits et des résultats pratiques. Mais il n’en était pas ainsi, et le travail 
dont il s’agit consiste en propositions ou projets que la Commission, fidèle 
à ses principes, n'avait pas à juger. 

» Les Mémoires de M. Mottet sur la fécule du marron d'Inde, de 
M. Pallas sur le sucre de maïs, ne renfermaient rien qui püt rendre un 
art moins insaluble, le Traité du lessivage à la vapeur de M. le baron Bour- 
gnon de Lavre ne contient rien que son auteur ait pu signaler à la Com- 
mission comme une découverte industrielle; enfin le procédé de M. Mie- 
geville pour rendre la fabrication du tabac moins insalubre est inapplicable ; 
par tous ces motifs, votre Commission a dû les écarter du concours. 


( 325) 


» Restait à se prononcer sur un procédé de M. Pernet, relatif au 
broyage du vert-de-gris, qui avait été ajourné l’an dernier faute de pièces 
suffisantes. Votre Commission vous propose un nouvel ajournement, l’au- 
teur n'ayant pas fourni des renseignements assez complets, quoiqu'il ait 
produit plusieurs pièces de nature à prouver que son procédé a été mis 
en pratique avec succès par quelques artistes. Mais votre Commission a 
pensé qu'à cette occasion encore, il fallait la preuve que la pratique ac- 
ceptait ce procédé d’une manière un peu générale, avant de lui accorder 
une récompense évidemment réservée aux découvertes dont le temps à 
constaté hautement la réalité. » 


PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE. 


(FONDATION MONTYON ) 
RAPPORT SUR LE CONCOURS POUR L'ANNÉE 1837: 


(Commissaires, MM. Magendie , Serres, Double, Roux, Duméril, Larrey, 
* Savart, de Blainville, et Breschet rapporteur.) 


« La Commission avait à examiner, pour l’année 1837, les ouvrages 
envoyés par quarante-trois auteurs, sur les différentes branches des sciences 
médicales ; et si ces travaux ne répondent pas, pour la plupart, aux inten- 
tions de M. de Montyon, fondateur de ces prix, exprimées dans son testac 
ment, presque tous indiquent un véritable talent. 

» La Commission à cru plus que jamais, pour accorder des récompenses 
ou des encouragements, devoir se conformer aux termes du testament, 
et ne tenir compte que des travaux dans lesquels on trouve des inventions 
ou des perfectionnements réels , qui, déjà accueillis par les praticiens, ont 
reçu la sanction de l'expérience et ont contribué aux progrès de la méde- 
cine et de la chirurgie. 

» Parmi les travaux les plus importants que votre Commission à eu à 
examiner , les uns sont relatifs à la variole et à la vaccine, les autres aux 
influences salutaires que les longues études, les observations multipliées 
de M. le docteur Chervin ont eues sur les mesures sanitaires prises par 
divers gouvernements. 


(3260) 


I. 


VARIOLE ET VACCINE. 


» Une des plus importantes questions de la médecine actuelle , est celle 
de la vertu préservatrice de la vaccine. Cette question a déjà été traitée 
sous les rapports médicaux et politiques, non-seulement dans le Wur- 
temberg, mais encore dans la Bavière , la Prusse , et aujourd’hui l’Autriche 
en est vivement émue. De nombreux ouvrages ont paru dans les trois 
royaumes de la Grande-Bretagne et aux États-Unis de l'Amérique du Nord. 

» On sait que Jenner s'était toujours élevé contre une diminution pro- 
gressive, d'année en année, de la faculté préservative de la vaccine, et 
que , pour expliquer des faits d’abord niés ou contestés, mais trop positifs 
pour qu’on ne dût pas y croire, on admit successivement une fausse et 
une vraie vaccine, puis l’on s’attacha à l'influence d’une idiosyncrasie 
individuelle, puis enfin à une influence irrésistible en certains temps, 
d’une dyathèse varioleuse. 

» On avait cependant établi que la vaccine préserve de la variole pour 
toujours, sauf quelques rares exceptions. 

» Beaucoup de contradicteurs s’élevèrent contre cette proposition; on 
les laissa d’abord dire, puis on les écouta; et enfin leur voix, exprimant 
des faits nouveaux, devint si puissante, que certains gouvernements s’en 
émurent, et qu'après avoir rendu la vaccine obligatoire, on en vint à 
penser qu’il était nécessaire d’en agir de même à l'égard de la revaccina- 
tion. 

» En effet, Messieurs, aucune raison ne doit être considérée comme 
assez forte pour empècher de dire ici la vérité, et ce serait manquer gran- 
dement à son devoir que de la taire, surtout lorsqu’à cette vérité se rat- 
tache l'intérêt de la société. Fontenelle avait-il raison lorsqu'il disait que 
s'il avait toutes les vérités dans sa main, rien ne pourrait le décider à 
l'ouvrir? Le mal est dans l'erreur et dans la faiblesse qui vous fait taire 
ou cacher la vérité. 


» D’apres les ouvrages les plus récents publiés en Allemagne, et particu- 
lièrement dans le Wurtemberg, il est constant que la variole est très 
commune aprés la vaccine; suivant M. le docteur Heim, auteur d’un ou- 
vrage important publié tout nouvellement de l’autre côté du Rhin, sur 
1 055 personnes vaccinées, 186 ont eu la petite vérole; et (nous le dirons 
une fois pour toutes) sachez, Messieurs, qu'il s’agit icide documents of- 


(327) 
ficiels, de chiffres recueillis par ordre, sous la surveillance du gouverne- 
ment, et par des délégués ad hoc. 

» Les résultats de la revaccination n’ont pas été moins saillants; dans le 
civil, sur 44 000, revaccinés , 20 000 ont offert la vraie vaccine, 9 000 la 
vaccine modifiée, et chez 15 000 il n’y a eu aucun résultat. 

» On a été naturellement conduit à examiner l'influence des cicatrices. 
Dans le civil, sur 1322 personnes offrant des cicatrices normales, la vac- 


5 : AR AE Hd 3 26 
, la vaccine modifiée a été observée sur =; -2 n’ont 


cine a pris sur — ; 
100 100 100 


rien offert. 
à : : x 18 : 
» Sur 1134 personnes à cicatrices incomplètes, = ont eu la vaccine 


modifiée, et les autres la vraie vaccine. 
» Dans le militaire, sur 7 845 personnes offrant une cicatrice normale, 


31 : 2 ' À à VAE 
5 °nt offert une bonne vaccine, 2 ont présenté une vaccine modifiée, 


(eo) 1 
0! n’ont rien offert. 
100 


» Sur 6 539 personnes présentant une cicatrice non normale, 


28 - 
799 °nt eu une bonne vaccine, 


26 15. a 
Too une vaccine modifiée, 


46 , JE À 
Son ont rien présenté. 


» La cicatrice de la vaccination ne prouve donc rien quant à l'aptitude 
à reprendre la vaccine; elle n’est pas plus probante quant à l'aptitude à 
contracter la petite vérole : sur 1 055 personnes à cicatrice normale, et 14r 
à cicatrice imparfaite, il y eut 147 des premières et 39 des secondes que la 
variole atteignit. 
. » Cette opinion de la non-valeur des cicatrices, comme indice, est gé- 
nérale aujourd’hui en Allemagne ; et ce qui prouve qu’elle est bien le fruit 
de l'observation, c’est que les premières ordonnances prescrivant la re- 
vaccination ne la rendaient obligatoire que pour les personnes dont la ci- 
catrice n'offrait pas les caractères indiqués par Grégory. Plus tard on a été 
obligé, par l'extension des varioles et des varioloïdes, de ne plus faire 
attention à ces prétendus caractères (r). 
PR AT eg Ge UE QE Gta nont 

(1) Des renseignements que nous avons obtenus du nord de l’Europe, et particulière 
ment du Danemark, de la Suède et de la Norwége , sont dans une parfaite harmonie 


C,R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 7.) 44 


(38 ) 


» En définitive, les opinions qui prennent racine partout où la ques- 
tion a été examinée avec soin et rigueur, sont : 

» Premièrement , que la vaccine est un préservatif temporaire. 

» Les avis sont partagés sur la durée de cette vertu préservatrice. 
M. Heim pense qu’on peut la fixer, par approximation, à 14 ans; que ce 
laps de temps écoulé, cette vertu est épuisée, et qu'il faut vacciner de 
nouveau. 

» Secondement , que la variole est comme la vaccine, qu’elle ne pré- 
serve d'elle-même, c’est-à-dire d’une seconde éruption variolique, que 
pendant un certain temps, après lequel l’économie humaine devient su- 
jette à contracter derechef la petite vérole. 

» Troisièmement, que les éruptions varioloïdes annoncent le déclin 
du pouvoir préservatif de la vaccine, et que la variole commence à re- 
prendre son empire sur le corps humain, mais sans avoir encore assez 
de force pour se développer comme variole proprement dite. « 

» Quatrièmement , que ce déclin de la vertu préservatrice de la vaccine 
explique tout ce qu’on a dit de l’affaiblissement du vaccin. 


avec ceux que nous avions de l'Allemagne, et surtout de la Prusse et du Wurtemberg. 
Depuis la fin du siècle dernier, la vaccination a été pratiquée avec le plus grand soin en 
Norwége ; et le 3 avril 1810, une loi a été rendue pour que cette opération y füt uni- 
versellement pratiquée. 

A cette époque, les épidémies varioliques étaient devenues très rares, et pendant un 
certain temps, jusqu’à l’année 1810, elles ne parurent plus. Depuis lors on a observé 
des varioloïdes, et l’on a vu reparaître la variole véritable. Ces deux affections sont de- 
venues de plus en plus fréquentes, et dans ces dernières années, elles ont pris le carac- 
tère épidémique. 

L'opinion dominante parmi les médecins norwépiens est que les personnes vaccinées, 
et chez lesquelles l’éruption a été régulière, ne sont pas attaquées de la variole pendant 
un temps indéterminé, mais qu’elles peuvent être atteintes par la varioloïde. 

M. le docteur Holtz, professeur à l’université de Christiania, nous a assuré avoir fait de 
nombreuses observations à ce sujet. Il partage l'opinion des médecins ses compatriotes, 
opinion que nous avons indiquée. Il convient cependant d’ajouter queparmi les personnes 
vaccinées, et qui ont été plus tard affectées de la variole, on croit que chez un grand 
nombre, la vaccination pouvait bien n’avoir pas été bonne. Beaucoup de vaccinés, et 
particulièrement dans la campagne, ont reçu leur certificat de vaccination, sans s’être 
présentés aux vaccinateurs pendant l’éruption du vaccin, et surtout lors de la maturité 
des boutons, ou sans avoir été vus par eux depuis que l’opération a été faite. 

Les médecins norwégiens pensent généralement que le virus vaccin, en passant suc 
cessivement d’individu à individu , a perdu de sa force préservatrice, et que la vaccina- 
tion doit être renouvelée. La vaccine n’ayant pas encore été trouvée sur la vache en 


( 329 ) 


» Cinquièmement, que par conséquent le recours au cow-pox primitif 
n'est pas nécessaire; mais que, si on le jugeait tel, il ne serait pas aussi 
difficile de s’en procurer qu’on semble le penser, puisque dans le Wur- 
temberg, en cinq années (de 1831 à 1836), il s’est présenté sur 274 vaches, 
et 188 l'ont offert dans toute sa perfection. 


Norwége, et cet animal devenant de plus en plus rare à mesure qu’on gagne le nord de 
l’Europe, on peut plus avoir de cow-pox, et les autorités font venir du vaccin de France, 
d'Allemagne ou d’Angleterre. 

La vaccination, en Norwége, est très rigoureusement exécutée, car, d’après la loi citée 
plus haut, personne ne peut être inscrit comme élève dans une école publique ou être 
admis dans un gymnase, personne ne peut être confirmé, à l’âge de puberté, dans la 
religion luthérienne , ou se marier, sans produire un certificat constatant qu’il a été 
vacciné et que l’éruption a été normale , ou qu’il a eu la variole. 

L’inoculation de la variole est prohibée et sévèrement punie. Le médecin qui la pra- 
tiquerait serait destitué de l’emploi public qu’il remplirait, et on lui retirerait le droit 
d’exercer la médecine. 

. La revaccination n’a pas encore été ordonnée en Suède et en Norwége par une loi; ce- 
pendant, depuis quelques années, elle a été souvent pratiquée. On croit qu’elle préserve 
non-seulement de la vartole , maïs encore des varioloïdes. 

Ce que nous venons de dire peut aussi s'appliquer au Danemark, pour ce qui con- 
cerne la variole et la vaccine ; mais il y a quelques années que roi de Danemark a or- 
donné de revacciner toutes les recrues ainsi que tous les militaires qui constituent son 
armée. 

Nous terminerons cette note en rapportant deux tableaux qui indiquent, le premier, 
combien , sur 634 variolés et 1043 varioloïdes, il s’en est trouvé qui eussent été préa- 
lablement ou vaccinés ou atteints de la petite vérole ; l’autre, à quel âge les vaccimés 
du précédent tableau ont été atteints par la variole. Le premier tableau est vraiment 
effrayant ; l’autre montre que la proportion croît en raison inverse du rapprochement de 
l’époque de la première vaccination; il offre des anomalies, maïs on concevra sans 
peine qu’avec des nombres plus forts, ces anomalies disparaîtraient et feraient place à 
une loi régulière. 


44. 


( 330 ) 


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(83%) 


» Il résulterait de cet exposé des opinions régnantes chez les nations 
voisines de la France, et particulièrement en Allemagne, d’après des ob- 
servations recueillies avec grand soin, et sur l'authenticité desquelles on 
ne peut élever aucun doute, que la vaccine n’a qu’une vertu préservative 
temporaire , et que c’est beaucoup plus à cette vertu temporaire qu’à l’af- 
faiblissement du virus vaccin ou à son altération, qu’il faut attribuer le 
retour des épidémies varioleuses, les varioles, chez des sujets déjà vac- 
cinés , et chez lesquels les boutons avaient offert tous les caractères d’une 
bonneé ruption. 

» Au milieu de toutes ces graves questions agitées chez nos voisins, et 
qui ont amené des résultats importants que les gouvernements ont pris 
en considération et d’où sont sorties des mesures sanitaires, la France est 
restée presque entièrement indifférente et muette. Quelques voix se sont 
élevées çà et là, mais sans avoir assez de force pour être écoutées, et sans 
rapporter des faits assez importants et assez nombreux pour mériter une 
sérieuse attention. ï = 

» Cependant, nous avons remarqué plusieurs travaux que nous croyons 
devoir vous signaler. 

M. Tuerrens. 


» En suivant l’ordre chronologique, nous nommerons d’abord M. le doc- 
teur Tuefferd, médecin à Montbéliard. Depuis long-temps cet habile pra- 
ticien a signalé le nombre croissant des éruptions varioloïdes; il rapporte, 
dans plusieurs Mémoires adressés à l’Académie royale de Médecine , en 1833 
et 1835, que, pendant les neuf dernières années, il avait observé quatre 
épidémies de variole , bien que le zèle pour répandre la vaccine fût tou-. 
Jours le même, et qu’il produisit à peu près le même nombre de bonnes 
vaccinations. 

« Après avoir vu (c’est M. Tuefferd qui parle) avec admiration, qu’on 
» pouvait exposer impunément les nouveaux vaccinés à la contagion de 
» la variole, on s’est hâté de croire‘que la vaccine avait détruit leur capa- 
» cité variolique pour toujours. Cette opinion, si décevante, est encore si 
> accréditée, que des observations très nombreuses, des expériences dé- 
» cisives, ne peuvent jusqu’à présent la faire abandonner, ni la faire mo- 
» difier par les praticiens. 

» Toutefois, qu'on veuille observer les faits sans prévention, qu'on 
veuille juger les expériences sans partialité, et l’on verra avec quelle 
» facilité nous pouvons en expliquer la plus grande partie, en admettant 


S 
ë 


(33:09) 


» que l'effet préservatif de la vaccine s’affaiblit plus ou moins lentement 
» chez la plupart des vaccinés (x).» 

» On voit que M. Tuefferd accuse bien moins l’altération ou la dégéné- 
ration du virus vaccin que l’affaiblissement ou la cessation de l'effet pré- 
servatif de ce fluide chez les personnes qui ont été Aéanherement Vacci- 
nées, mais depuis long-temps. 

» Pour remédier à ce mal, M. Tuefferd propose de vacciner de nouveau 
tous les sujets qui ont été soumis à cette opération depuis un certain 
nombre d'années. Car nous n’accepterons pas dans son entier le conseil 
qu’il donne dans son premier Mémoire, et que voici : 

« Je connais trois moyens de diminuer de beaucoup les désastres de la 
» variole, à savoir : l'inoculation faite environ dix ans après une bonne 
» vaccine; l'inoculation pratiquée deux jours après la vaccination; et 
» enfin, les revaccinations, en observant que si le premier de ces trois 
» moyens n’est pas le plus certain, ni surtout le plus durable, il est le 
» seul qui ne soit jamais dangereux pour l'individu auquel on l’applique, 
» ni pour le public (2). » 


M. Bnrsser. 


» Apres M. Tuefferd, nous devons nommer M. Brisset, dont les travaux 
ont été poursuivis avec zèle et constance. 

» M. Brisset ayant comparé, après quatorze années d'intervalle, les ca- 
ractères des éruptions de vaccine, crut reconnaître une différence dans 
les boutons des deux époques distinctes de son observation ; ce qui fit 
naître en son esprit l’idée de dégénération ou d'affaiblissement du vac- 
cin , de l’éruption qu’il produisait, ainsi que des effets préservatifs de cette 
éruption. Il consigna dans un Mémoire ses idées sur la probabilité de 
l’altération du vaccin, de la vaccine et de ses effets préservatifs contre La 
variole, enfin il chercha à faire sentir la nécessité de renouveler le virus, 
düt-on, pour atteindre ce-but, recourir à l'inoculation , sur la vache, du 
fluide pris sur le cheval atteint du mal nommé /es eaux aux jambes. 

» La société de la Faculté de médecine, devant laquelle ce Mémoire fut 
lu le 29 mai 1818, n'accueillit pas favorablement les opinions de son 
auteur. 


(x) Appendice au nouveau Mémoire du docteur Tuefferd, de Montbéliard , sur La 
vaccine et la variole après la vaccine. — Avril 1835. 
(2) Nouveau Mémoire sur la vaccine et la variole des vaccinés. — Mars 1833. 


(333) 


‘» En 1828, M. Brisset publia un opuscule (1) dans lequel il chercha à 
réunir dans quatre séries toutes les preuves rationnelles ayant pour but de 
démontrer l’affaiblissement progressif que subissent, suivant lui, dans cha- 
cune de leurs reproductions successives chez l’homme, et beaucoup plus ra- 
pidement chez le mouton, le vaccin et la vaccine, et en même temps 
la diminution proportionnelle qui s'opère das les effets préservatifs de 
l’éruption vaccinale. 

» Il emprunta les preuves de la première série à l’analogie du vaccin 
avec d’autres virus, et même, sous certains rapports, avec des miasmes 
contagieux; celles de la deuxième série, au nombre, toujours croissant, 
d'exemples de préservation imparfaite, laquelle, à dater même de l'époque 
où l’on adopta généralement la vaccination, commença à être observée sur 
les vaccinés, mais à des degrés variables. Il tira les preuves de la troisième 
série, des changements remarquables dans la marche, les symptômes géné- 
raux, et surtout les symptômes locaux de la vaccine , en l'observant avec 
soin, jour par jour, à dater de la fin de l’année 1825, jusqu’en 1828, eten 
comparant cette marche dans les deux.ordres de symptômes, avec ce qu'a- 
vaient écrit les premiers vaccinateurs et principalement Jenner. 

» Quant aux preuves de la quatrième série , elles sont déduites des diffé- 
rences supposées ou réelles, entre l'aspect des cicatrices de la vaccine, 
chez les vaccinés des premières années de la vaccination, comparé à l'as- 
pect des cicatrices de la même éruption aux diverses époques de cette 
nouvelle vaccination, et surtout à celles de 1826 à 1828. Ces différences, sui- 
vant M. Brisset, consistent dans la diminution et la disparition progres- 
sive de tous les caractères propres aux cicatrices des vaccines fortes et dé- 
cidément préservatives des premiers temps de la vaccination. Or, ces 
mêmes différences sont si grandes, et par conséquent tellement manifestes, 
qu’elles auraient suffi seules, suivant M. Brisset, à démontrer l'affaiblisse- 
ment progressif de l’action locale de la vaccine. 

» Nous avons vu, au commencement de ce rapport, que les caractères 
des cicatrices n’avaient aujourd’hui, dans quelques parties de l'Allemagne, 
aucune valeur réelle. 

» Toutes ces preuves, qui paraissent si convaincantes à M. Brisset, ont 
été considérées comme étant plus rationnelles que déduites de l'expérience, 
et n’ont point porté, dans l'esprit des membres des commissions médi- 


(1) Réflexions sur la vaccine et la variole, ayant pour but d'obienir par la vaccina- 
tion l'extinction complète de la petite vérole ; par J.-A. Brisset. 


(334 ) 


cales ou des académies, la conviction dont M. Brisset semble être profondé- 
ment pénétré, de l’altération du vaccin, des modifications survenues dans 
les symptômes généraux et locaux de la vaccine , de l’affaiblissement de l’ef- 
fet préservatif de l’éruption vaccinale, enfin de la nécessité de renouveler 
le vaccin le plus promptement possible, et de soumettre les vaccinés à 
une nouvelle insertion de ce virus. 

» M. Brisset pense que la force de la vaccine et de ses effets préservatifs 
sont toujours en raison directe du nombre des pustules vaccinales résul- 
tant des piqures. Il croit que c’est parce qu’en Amérique, et surtout dans 
la Grande-Bretagne, beaucoup de vaccinateurs ont continué pendant vingt 
ans environ de vacciner en faisant une seule piqûre à chaque bras, d’après 

‘la méthode de Jenner; qu’il y a, dans les pays que nous venons de nom- 
mer, et principalement dans la Grande-Bretagne, un plus grand nombre 
d'exemples de préservation non-seulement incomplète, mais encore plus 
rapprochée de la nullité de préservation. Aussi M. Brisset conseille-t-il de 
porter le nombre des piqüres d'insertion du vaccin à cinq ou six à chaque 
bras, et même d’en pratiquer quelques-unes sur les jambes ou sur les 
cuisses. 


M. Franr. 


» M. le docteur Fiard à, comme MM. Tuefferd et Brisset, fait des re- 
cherches sur la vaccine et le virus vaccin. 

» Ces recherches paraîtront surtout remarquables à l'Académie des 
Sciences, parce qu’elles ont un caractère d’expérimentation qu’on ne trouve 
pas au même degré, ou qu’on n’aperçoit pas dans les autres ouvrages sur 
la vaccine , qui ont été soumis à l'examen de votre Commission. 

» La première question posée par M. Fiard est celle-ci : Quel est l’origine 
du virus vaccin? Est-il le produit d’une maladie propre à la vache, ou pro- 
vient-il de l’inoculation fortuite de la variole de l’homme à l'espèce bovine; 
ou enfin, de la maladie du cheval, appelée par les hippiatres les eaux aux 
jambes, transmise à la vache par inoculation ? 

» M. Fiard est le seul de tous les prétendants au prix de M. Montyon, 
qui ait cherché à répondre à ces questions. Il a fait, en 1832, sur quinze 
vaches, mais sans aucun résultat positif, des inoculations avec le virus vac- 
cin et avec la liqueur des eaux aux jambes. Ce qui l’a porté à conclure que 
la vaccine est une maladie propre à la vache. Ces premières observations 
ont été corroborées par des expériences du même genre faites en 1833, à 
Alfort et à Rambouillet. 


(3552) 


» Le cow-pox où virus vaccin, provenant d’une maladie éruptive de la 
vache , est-il susceptible de dégénérer par son séjour dans le corps hu- 
main et ses transmissions successives et très multipliées d’individu à indi- 
vidu de l'espèce humaine? Cette question a été examinée et traitée dans 
les ouvrages de plusieurs prétendants aux prix Montyon. M. Fiard, dans 
un Mémoire lu à l'Académie de médecine, le 12 avril 1831, cherche à éta- 
blir l'existence de cette dégénération, à l’aide des moyens suivants: si le 
vaccin n’a subi aucune altération par son séjour et ses nombreuses trans- 
missions d'individu à individu de l'espèce humaine, depuis l’année 1803 
jusqu’à l’année 1828, il doit, comme l’attestent les procès-verbaux du comité 
central de vaccine, jouir de la propriété d’être reporté de l’homme à la va- 
che, et de la vache à l’homme. Pour arriver à la connaissance de cette pro- 
priété du virus vaccin, M. Fiard a inoculé le virus ordinaire à soixante-dix 
vaches, dans des conditions diverses, sans pouvoir reproduire la picote, 
et il conclut de la disparition de cette propriété, jadis constatée, qu’il 
existe une altération ou une modification dans les éléments constitutifs du 
virus vaccin, qui doit faire présumer l’affaiblissement ou la cessation de 
la faculté préservative de la variole dans le virus vaccin actuel. 

» En 1828, M. Fiard se procura du virus vaccin d’Angleterre, qui lui 
fut envoyé comme provenant du cow-pox primitif; il l’inocula à des 
vaches, et l'opération ayant réussi, c’est avec du vaccin provenant des 
boutons de cette inoculation à la vache, et inséré sous l’épiderme de 
jeunes enfants, qu'il obtint une éruption vaccinale offrant une différence 
énorme sous le rapport du développement des pustules, de la durée de 
l'éruption comparée à celle de la vaccine ordinaire, et il donne ces diffé- 
rences entre les deux éruptions comme une preuve de la dégénération de 
l'ancien virus vaccin. On voit donc, d’après ce que nous avons dit de 
MM. Brisset et Fiard, que le premier de ces médecins cherche les preuves 
de la dégénération du vaccin dans la différence des boutons de la vaccine, 
surtout quant à leur volume et à la durée des phases de l’éruption de la 
vaccine, observée au commencement de ce siècle et en 1828; et que le 
second déduit ces mêmes preuves de la dégénération de ce même vaccin, 
en comparant les boutons de la vaccine primitive avec l’éruption prove- 
nant du nouveau vaccin pris sur les vaches inoculées. Mais le fluide envoyé 
d'Angleterre, et appelé cow-pox, avec lequel M. Fiard a fait ses expé- 
riences , était-il bien du cow-pox (car tout vaccin, en Angleterre, porte 
le nom de cow-pox)? Ici nous ne pouvons offrir que des doutes. 

» M. Fiard insiste dans ses mémoires sur l'importance de se livrer à la 

C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° 7.) 45 


(336 ) 


recherche du cow-pox, pour parvenir à régénérer la vaccine, et nous di- 
rons qu'avant de chercher le moyen de rétablir la vaccine dans toute sa 
pureté et ses vertus préservatives , il faudrait d’abord démontrer, d’une 
manière positive, que le virus vaccin est altéré , et les preuves données 
jusqu’à ce jour par les observateurs ne sont pas à nos yeux suffisamment 
concluantes. 

» Une partie intéressante des recherches expérimentales de M. Fiard , 
sur les diverses éruptions sur le pis des vaches, est celle qui présente le- 
tableau des caractères des fausses éruptions du cow-pox. 


M. Bousquer. 


» En 1833, M. le docteur Bousquet , chargé des vaccinations au nom de 
la commission de vaccine de l’Académie royale de médecine, dans un ou- . 
vrage auquel l'Académie des Sciences a décerné une récompense, analyse 
les travaux de M. Fiard, et examine les idées de M. Brisset, qu’il combat 
avec énergie; il s'élève contre l'opinion que la vaccine est dégénérée ou 
peut dégénérer, et contre le conseil de renouveler le vaccin et de vacciner 
à plusieurs époques de la vie. En se bornant à l'examen des preuves allé- 
guées pour démontrer l’altération du virus vaccin, M. Bousquet se plaçait 
sur un terrain d’où il aurait pu avoir un avantage réel sur ses adversaires ; 
mais bientôt il s’opéra une révolution dans ses idées, il abandonna sa pre- 
mière opinion et se rangea sous les drapeaux de ceux qui croient à la dégé- 
nération du virus vaccin. 

» Lorsque Jenner publia sa découverte, on était loin de croire que le 
cow-pox fût aussi rare qu’il paraît l'être aujourd’hui en France. De loin en 
loin, les recueils périodiques ont annoncé qu’on l'avait retrouvé, mais la 
plupart de ces rencontres s'évanouissent à mesure qu’on examinait les 
choses de près. Cependant, dans le nombre, il s’en est trouvé de réelles, 
et aucune n’a eu plus de retentissement que celle de Passy, qui eut lieu 
le 20 mars 1836. 


M. Penrprau. 


» Deux hommes ont pris part à cette espèce de découverte, mais d’une 
manière différente; voici comment : Une laitière alla consulter M. le doc- 
teur Perdrau pour trois pustules qu’elle portait à la main droite. Frappé 
de la ressemblance de ces pustules avec celles de la vaccine, M. Perdrau 
s'informa de l’état de santé des vaches de cette femme, et, en apprenant 


(337) 

que l'une d'elles avait de semblables pustules sur le pis, il ne douta pas 
qu’elles n’eussent passé de la vache à la main de la laitière qui trayait 
lanimal. Là se borne la part de M. Perdrau. 1l a eu le mérite de reconnaître 
l’origine des pustules offertes à son observation, et pourtant ce n’était 
encore qu'une présomption. Invité à examiner ces mêmes pustules, 
M. Bousquet vit qu’il n’y avait qu'un moyen de sortir d'incertitude et de 
dissiper tous les doutes, c'était d’inoculer la matière qu’elles contenaient. 
Cependant il ne se borna pas à cela : une fois assuré de ce qu’il avait en 
main, il entreprit, sous la direction du comité de vaccine de l’Académie 
royale de médecine, une série d’expériences comparatives. C’est par cette 
voie qu'il a cherché à démontrer que le nouveau vaccin avait sur son 
aîné une supériorité d'énergie très marquée. 

» 11 considère comme preuves d’une activité plus grande : 

» 1°. De voir ce dernier vaccin réussir dans les circonstances où le virus 
vaccin ancien vient échouer; 

» 2e, De donner des pustules plus fortes, plus larges, plus brillantes, et 
qui vivent beaucoup plus long-temps; 

»3°. D'exciter une inflammation et un mouvement fébrile beaucoup plus 
marqués. À cet égard, la description de la nouvelle vaccine rappelle aussi 
à M. Bousquet celle des premiers vaccinateurs, et semble justifier, jusqu’à 
un certain point, les craintes de Jenner, auxquelles ses successeurs ne 
comprenaient rien. Jenner avait tant de frayeur de l'inflammation, qu’il ne 
faisait qu'une piqüre à chaque bras, quelquefois à un seul bras; et à peine 
le mouvement fébrile avait-il commencé, qu'il se hâtait de cautériser les 
pustules pour en prévenir les conséquences. M. Bousquet n’a pas imité en 
tout la pratique de Jenner , mais il a cru devoir diminuer le nombre des 
piqüres, encore a-t-il vu plusieurs fois des érysipèles étendus et des sup- 
purations profondes succéder à la chute des croûtes. 

» D’après ce parallèle de l’éruption , l’ancienne et la nouvelle, il est dif- 
ficile, suivant M. Bousquet, de ne pas reconnaître que le vaccin dont on 
fait communément usage n’a plus la même force qu’il avait dans le prin- 
. cipe, et qu'il produit des éruptions différentes de celles des premiers 
temps, tandis que le vaccin provenant des boutons de la laitière de Passy 
détermine des pustules semblables à celles du temps de Jenner et des 
premiers observateurs. Le vaccin se trouverait donc ainsi régénéré, et il 
aurait reconquis son énergie primitive. 

» Présentées par quelques vaccinateurs, ces modifications réelles ou 
apparentes, dans la nature ou dans le mode d'action du vaccin, n’avaient 


45. 


(338) 


été prouvées par aucun et ne pouvaient pas l'être, faute d’un terme de 
comparaison. Il n’y avait parmi les médecins que des négations et des af- 
firmations, toujours insuffisantes lorsqu'elles ne reposent point sur des 
faits. Aussi la masse des médecins restait-elle dans le doute. M. Bousquet, 
qui, dans son premier ouvrage sur la vaccine, avait nié la dégénérescence 
du vaccin, crut devoir, d’après ses observations , changer d'opinion. Aussi, 
dans un travail sur le cow-pox, professe-t-il des idées diamétralement op- 
posées à celles qu'il avait émises auparavant. Loin de le blämer, il le faut 
louer de ce changement, car il est un témoignage de bonne foi , et prouve 
qu'il procède d’après l'observation. D'ailleurs, n'est-il pas toujours beau et 
digne d’éloge de faire à la vérité le sacrifice de son amour-propre? 

» Mais les faits sont-ils assez nombreux, assez clairs, assez démonstratifs 
pour croire, avec MM. Brisset, Fiard et Bousquet, à l’altération du virus 
vaccin ? Ici votre Commission n’a pas été aussi convaincue de cette dégé- 
nérescence du virus vaccin que paraissent le penser ces messieurs. Elle 
croit qu'il faut enregistrer ces premiers faits, en tenir grand compte ,° 
poursuivre les expériences et attendre avant de porter un jugement défi- 
nitif. 

» Nous devons, pour terminer l'analyse des Mémoires envoyés à votre 
Commission, reconnaître que M. Fiard, qui, bien avant M. Bousquet, 
avait professé la doctrine de la dégénération de l’ancien virus vaccin , avait 
aussi recueilli du vaccin sur les pustules de la laitière que M. Perdrau avait 
adressée à M. Bousquet, et il dit qu'avec ce virus il a fait une série d’ex- 
périences comparatives qui ont donné les mêmes résultats que celles qu'il 
avait entreprises en 1828, c’est-à-dire des éruptions extrêmement diffé- 
rentes par leur intensité, le volume des boutons, leur durée, etc., des 
éruptions produites par l'insertion de l’ancien vaccin. 

» De tout ce que nous venons de rapporter, on peut conclure, Messieurs, 
qu’en France on est encore fort en arrière comparativement à ce qu'ont 
déjà fait les autres nations européennes, et que, d’après les travaux que 
votre Commission a examinés, il ressort que deux idées principales sont 
en présence : 

» 1°. L'une consiste dans la vertu préservative temporaire de la vacci- 
nation, le virus vaccin n’ayant éprouvé aucune altération. Elle s'appuie sur 
l'apparition plus fréquente de la variole sous la forme sporadique, sur le 
retour des épidémies varioliques et sur l'existence des varioloïdes, qui ne 
sont que des varioles mitigées ou avortées. 

» 2°, L'autre repose sur l’affaiblissement ou la dégénération du virus vac- 


( 339 ) 

cin. Elle invoque pour sa défense les modifications dans les caractères de 
l’éruption, soit la diminution du volume des pustules, la durée moins 
grande des périodes de la phlegmasie cutanée, l'intensité moindre des 
symptômes généraux concomitants et les caractères différents des cica- 
trices après la desquammation des boutons. Enfin nous ajouterons comme 
complément, les caractères propres aux éruptions produites par le cow- 
pox, ou nouveau vaccin pris sur les vaches, et qui rappelle les éruptions 
décrites par Jenner et par les premiers historiens de la vaccine. 

» Des faits se pressent de toutes parts pour montrer les dangers dans 
lesquels serait la population française si les médecins et le Gouvernement 
restaient dans l’inertie et ne cherchaient pas à s’éclairer. Si le mal est réel, 
il disparaîtra dès que nous le voudrons, dès que l'autorité prêtera son 
appui à la science et à une philanthropie éclairée. 

» En effet, si nous admettons comme démontrée la vertu temporaire de 
la vaccine, il suffira, pour arrêter le mal, d'exiger une seconde vaccina- 

‘tion. 

» Si l’on reconnaît une véritable altération dans le virus vaccin et un 
affaiblissement réel dans sa vertu préservative , nous pouvons encore pré- 
venir le mal ou l'arrêter en renouvelant le vaccin, c’est-à-dire en le pre- 
nant de nouveau sur la vache, et nous avons établi, dès notre début, que 
le cow-pox n’est pas aussi rare qu'on veut bien le croire, puisque en 
quelques années on la observé un grand nombre de fois et avec tous ses 
caractères, dans le royaume de Wurtemberg (1). 

» Ces questions sont certainement du plus haut intérêt pour l'humanité, 
mais les faits manquent jusqu'ici pour asseoir son jugement; et les travaux 
‘envoyés à votre Commission ne paraissant pas suffisants pour dissiper les 
doutes, elle n’a pas cru devoir vous proposer de décerner le prix. Cependant 
ces mêmes travaux, montrant dans leurs auteurs un zèle louable et de 
constants efforts faits dans un bon esprit, votre Commission vous demande 
d'accorder desencouragements à M.Tuefferd, docteur en médecine à Mont- 
béliard et à MM. Brisset, Fiard, Perdrau et Bousquet, médecins à Paris. 


(1) Joyez page 329 de ce numéro. 


IT. 


MESURES SANITAIRES. 


M. Cuervin (1). 


» En 1828, l’Académie des Sciences décerna un prix de 10 000 fr. à 
M. Chervin, pour les recherches auxquelles il s'était livré sur La fièvre 
jaune, pendant le cours de dix années de voyages exécutés dans les deux 
mondes de 1814 à 1825, et pour les documents qu’il avait recueillis dans 
la vue de faire décider l'importante question de la contagion ou de la non- 
contagion de cette terrible maladie. 

» Depuis cette époque, M.Chervin à constamment travaillé pour atteindre 
le but qu'il s’était proposé, et c'est ce nouvel ordre de recherches que nous 
devons vous faire connaître, ainsi que les réformes qu’elles ont amenées 
dans notre régime sanitaire. Car, c'est principalement sur ces réformes que 
M. Chervin établit aujourd’hui ses prétentions aux prix fondés par M. de 
Montyon. 

» Fermement convaincu de la non-contagion de la fièvre jaune, et des 
préjudices que les quarantaines causent en pure perte, M. Chervin dut se 
hâter de commencer une nouvelle série de travaux, dans la vue de com- 
battre ce qu'il appelle le préjugé de la contagion, et d'arriver ainsi à la 
partie pratique de la question, à la suppression de toutes les mesures 
sanitaires relatives à la fièvre jaune. 

» Le point capital était alors d'empêcher la construction des lazarets 


(1) Les ouvrages adressés au concours, par M. Chervin, sont les suivants : 

1°, De la non-contagion de la fièvre jaune, et de l'urgence d'une réforme du régime 
sanitaire ; ou Recueil d'une suite décrits publiés depuis l'année 1827 jusqu'à ce jour. — 
3 vol. in-6°. 

2. Remarques sur Les documents publiés par la Commission médicale francaise, en- 
voyée à Gibraltar , en 1828, et rectification des principales erreurs qu’ils renferment. 
— Mémoire manuscrit. 

3°. De la méthode expérimentale , appliquée à la recherche du mode de propagation 
de La peste , et réponse aux objections faites à cette méthode, par M. le Ministre du 
Commerce et par l'intendance sanitaire, La chambre du commerce et le conseil municipal 
de Marseille, — Brochure in-8°. 

4°. Des quarantaïnes , des préjudices et des maux qu’elles occasionent ; examen cri- 
tique des bases de la législation sanitaire, et exposé d’un plan de réforme, d'après 
l’état actuel de La science. — Mémoires manuscrits. 


(341) 

projetés, parce que la formation de ces établissements aurait eu pour ré- 
sultat, non-seulement d’absorber des sommes considérables, mais encore, 
suivant M. Chervin, de consacrer une erreur dangereuse, et de retenir 
l'administration long-temps encore dans une fausse route. Mais, pour ob- 
tenir cette réforme, il ne suffisait pas de démontrer que nos mesures de 
précaution ne sont point applicables à quatre ou cinq maladies qui servent 
de base à notre système sanitaire, savoir: la fièvre jaune, le typhus, la 
lèpre et le choléra-morbus, il fallait encore prouver que ces mesures nui- 
sent à un trés haut degré aux intérêts matériels de la société, tant sous 
le point de vue commercial que sous celui de l’économie politique. Eh 
bien! c'est ce que M. Chervin croit avoir fait dans plusieurs Mémoires et 
dans des pétitions adressées aux chambres. 

» Il a établi les pertes que les quarantaines causent à notre commerce » 
d’après des documents qui lui ont été fournis par les chambres de com- 
merce de nos places maritimes, et il a reconnu que ces pertes sont très 
considérables, bien qu'il soit difficile d’en fixer le chiffre d’une manière 
rigoureuse et générale, vu les éléments divers et variables dont elles se 
composent. Il a fait voir aussi à quel point les mesures sanitaires sont pré- 
judiciables au ministère de la guerre, s'appuyant pour cela sur des pièces 
rédigées , d’après sa demande, dans les bureaux du ministère de la guerre. 
Enfin, il à établiles énormes préjudices que les quarantaines occasionent 
au département de la marine, à l’aide d’un document qui lui a été remis 
par ce ministère. 

» Depuis les travaux de M. Chervin et toutes ses réclamations devant la 
Chambre des députés, des ordonnances royales ont été rendues, et, à 
dater du mois de juin 1835, les bâtiments venant des États-Unis de lA- 
mérique du Nord et des Antilles, en patente nette, ne sont soumis à aucune 
quarantaine d'observation, et les balles de coton venant de ces contrées 
ne sont maintenant ni ouvertes ni débarquées au lazaret, quel que soit 
le régime sanitaire dans lequel se trouve placé le navire qui les a ap- 
portées (1). 

» Nous avons eu récemment une preuve frappante des heureux effets 
d'une pareille mesure : les bâtiments partis l’année dernière de la Havane 
et de la Nouvelle-Orléans avec une patente brute, n’ont été soumis PÉ 
leur arrivée au Hävre, qu’à une quarantaine d'observation de quelques 
jours seulement, sans déchargement ni purification quelconque de mar-. 


SR 


(1) Voir le Bulletin des lois,.2° part., n°* 357 et 365. 


(342 ) 
chandises. Avant les ordonnances précitées, ces bâtiments auraient été 
soumis à une quarantaine de 20 à 4o jours. 

» Les réformes qui se sont opérées dans notre régime sanitaire depuis 
les réclamations de M. Chervin, et depuis le renvoi de ses pétitions aux 
ministres , ne se bornent point à la fièvre jaune ; on en a fait aussi de très 
considérables pour ce qui est relatif aux provenances du Levant. Mais 
nous ne les exposerons point ici. Nous ferons seulement remarquer que la 
France n’est pas le seul pays qui, par suite des recherches de M. Cheryin, 
ait réduit la quarantaine des provenances de l'Amérique. Le gouverne- 
ment autrichien, qui procède toujours avec tant de lenteur et de pru- 
dence, vient aussi de réduire considérablement la quarantaine qu'il avait 
imposée jusqu'ici dans ses ports à ces mêmes provenances (1). 

» Tel est, Messieurs, l'exposé très succinct que nous avons dû vous faire 
des divers travaux que M. Chervin a adressés au concours pour l’année 1837, 
ainsi que des réformes très importantes que ces mêmes travaux paraissent 
avoir amenées dans notre législation sanitaire, et dont les heureux effets 
se sont déjà fait sentir depuis plusieurs années. 

» Convaincue, comme elle l’est, des droits bien fondés qu’a M. Chervin 
à la reconnaissance publique, votre Commission serait heureuse de pou- 
voir vous proposer de décerner à ce médecin une récompense qui fût 
proportionnée aux services qu'il a rendus. 

» Mais M. Chervin ayant déjà obtenu un prix de 10 000 fr. pour ses Re- 
cherches sur l'origine et la nature de la fièvre jaune , l'Académie a fait ce 
qu'elle pouvait et devait faire; c’est maintenant aux gouvernements, c’est 
aux nations commerçantes à récompenser dignement M. Chervin de ses 
travaux et de l'importance de leurs résultats. 

» L'Académie des Sciences doit se féliciter d’avoir contribué, par le prix 
qu’elle a décerné à M. le docteur Chervin, à appeler l'attention sur une 
grande question politique et commerciale , dont les utiles conséquences pa- 
raissent devoir s'étendre encore à d’autres maladies réputées conta- 
gieuses. 


» Après les travaux que nous venons d'analyser avec quelque détail, pour 


(1) M. Niles, agent diplomatique du gouvernement des États-Unis de l’Amérique du 
Nord, qui a obtenu cette importante réduction des mesures sanitaires en Autriche, 
déclare que c’est aux lumières que les travaux de M. Chervin ont répandues sur la non- 
contagion de la fièvre jaune qu’il doit le succès de cette négociation, qui est d’un très 
haut intérêt pour le commerce américain. 


» 
(3483) 
vous en mieux faire connaître l'importance et pour appeler votre attention 
et votre intérêt sur les sujets qui y sont traités, il en est plusieurs autres 
que votre Commission croit dignes de vous être recommandés. 


M. Josert ne LaAmBaLze. 


» 1°. De M. Jobert de Lamballe, Recherches sur les fistules vésico-va- 
ginales (Manuscrit). 

» La Commission a vu avec satisfaction les efforts qu'a faits ce médecin 
pour parvenir, à l’aide d’une méthode nouvelle, à guérir une des infirmités 
les plus rebelles à la chirurgie. Déjà M. Jobert, par l'emploi de sa méthode, 
a obtenu plusieurs guérisons ; mais ce nombre n'étant point encore assez 
grand, et cette méthode n’ayant pas été suffisamment sanctionnée par l’ex- 
périence et admise par les praticiens , la Commission, d’après les termes du 
testament , n’a pas cru pouvoir vous proposer une récompense pour son 
auteur. 


M. Arpen, Devençrr. 


» 2°. Les mêmes raisons l'ont arrêtée à l’égard de M. Alphonse Devergie, 
qui avait adressé un ouvrage en trois volumes in-8° (Médecine légale, 
thécrique et pratique). 

» Parmi les chapitres intéressants qui composent ce livre, votre Com- 
mission a particulièrement distingué celui qui traite de l’histoire de la pu- 
tréfaction des noyés. Elle est le résultat de l'ouverture et de l'examen de 
plus de 200 corps déposés à la Morgue ; ces corps avaient séjourné dans 
l'eau pendant un temps plus ou moins long, depuis l’espace de quelques 
heures jusqu’à celui d’une année et au-delà. Cette étude a conduit M. Al 
phonse Devergie à donner, pour chaque époque de la submersion , des si- 
gnes distinctifs et tellement rigoureux , que les médecins peuvent aujour- 
d'hui déterminer avec plus de précision qu’autrefois le temps pendant 
lequel le corps est demeuré dans l’eau. Sans doute ces résultats sont im- 
portants ; mais la Commission aurait désiré, pour pouvoir accorder une 
récompense , que M. Alphonse Devergie eût démontré sous ses yeux, l’exac- 
titude de ses expériences, ou que les résultats eussent été reconnus con- 
formes à la vérité par des magistrats ou par des médecins chargés par les 
tribunaux de constater toutes les circonstances de la mort par submersion. 
11 manque donc au travail de M. Alphonse Devergie la sanction de l'ex- 
périence. 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T.VII, N° 7.) 46 


( 344) 


M. Donné. 


.. 


» 3°, De M. AL. Donné. (1° Histoire physiologique et pathologique de la 
salive; »° Recherches sur la nature des mucus sécrétés par les organes gé- 
nito-urinaires ; 3° Nouvelles expériences sur les animaux spermatiques.) 

» Tout en reconnaissant l'importance des travaux de M. Donné, tout en 
approuvant la direction spéciale qu'il prend dans ses investigations phy- 
siologiques et médicales, et l'esprit judicieux qui préside à ses études, la 
Commission ne trouvant pas encore une assez grande quantité de faits, 
pour ne laisser aucun doute sur l'exactitude et la constance des résultats 
énoncés, elle se borne à signaler avec éloges les recherches expérimentales 
de M. Donné. 


M. Fovizze. 


» 4°. Le docteur Foville. ( Wémoire contenant la description d'un appareil 
nouveau pour le traitement des fractures.) 

» Cet appareil n’ayant encore été employé qu'une seule fois, il faut atten- 
dre que l'expérience ait prononcé sur sa valeur. 


M. Prorry. 


» 5°, De M. Piorry. ( 7raité de diagnostic et de séméïologie.) 

» Déjà l'Académie des Sciences a décerné des récompenses à M. Piorry, 
et ses dernières recherches n'étant que l'extension des premières, et ayant 
pour but de propager et de développer sa méthode d'exploration des or- 
ganes dans la pratique médicale, votre Commission a pensé devoir se 
borner à signaler avec éloge le zèle et la persévérance de M. Piorry, dans 
des travaux pour lesquels il a reçu vos encouragements. 


» Votre Commission pour le prix de Médecine et de Chirurgie, vous 
propose d’accorder à MM. Tuefferd, Brisset, Fiard , Perdrau et Bousquet, 
à titre d'encouragement , et à chacun d’eux, une médaille en or de cinq 
cents francs. 


» Les travaux sur la variole et sur la vaccine, dont nous avons rendu 
compte, étant insuffisants pour résoudre l'importante question de Îa vac- 


(345) 

cine, qui consiste à savoir si sa vertu préservative n'est que temporaire, 
comme le prétendent certains médecins , ou bien si le virus-vaccin est 
affaibli et dégénéré, comme le disent quelques autres, votre Commission 
a pensé devoir vous proposer de fonder un prix de 10000 francs, qui 
sera décerné, dans quatre ans, à celui qui démontrera, d’après lexpé- 
rience et l’observation , si la vaccine n’a réellement qu’une vertu préser- 
vative temporaire, et si, dans ce cas , il devient indispensable de soumettre, 
à des époques déterminées, toutes les personnes déjà vaccinées à une re- 
vaccination; ou bien si le virus ayant réellement dégénéré et perdu en 
partie sa vertu préservative , il convient de renouveler ou de rétablir cette 
vertu préservative , en prenant de nouveau le virus de la vache? 

» Votre Commission craignant que l'appel fait aux médecins éclairés 
soit sans résultats, ou qu'au lieu de faits nombreux et bien observés 
l’Académie ne recoive pour réponses aux questions précitées que la re- 
production de ce qu’on adresse chaque année au Comité central de vac- 
cine, elle désirerait que le Gouvernement intervint pour donner toutes les 
facilités désirables aux expérimentateurs, ou pour diriger lui-même des 
commissions qui seraient créées à Paris et dans les départements. 


» En effet, le Gouvernement français ne peut pas rester seul indifférent, 
au milieu des mesures qui sont prises par presque tous les autres gou- 
vernements européens. 

» Nous avons déjà fait voir ce que les médecins allemands, aidés des 
autorités supérieures, avaient fait dans l'intérêt des populations. 


» Les premières tentatives de revaccination , en Allemagne, ont eu lieu 
dans l’armée. Depuis plusieurs années, on s’y livrait en Prusse et en Wur- 
temberg, d’abord sur les sujets n’offrant aucune trace de vaccine ni de 
variole, plus tard sur ceux qui portaient des cicatrices vaccinales dou- 
teuses, lorsqu'une ordonnance du 7 février 1833, prescrivit, dans le Wur- 
temberg, la revaccination de toutes les recrues , sans aucun égard à l’exis- 
tence ni aux caractères des cicatrices. La même chose eut lieu en Prusse, 
par décret du 16 janvier 1834. En 1833, une nouvelle ordonnance pres- 
crivit de revacciner les militaires wurtembergeois avec le vaccin provenant 
d'adultes revaccinés , et un décret du 12 mai 1837 a également introduit 
cette mesure dans l’armée prussienne. Dans la Souabe, la revaccination gé- 
nérale de la population fut prescrite par une ordonnance du 11 mars 1829, 
renouvelée le 26 août 1833. 


» En 1836, le 23 mars, la même mesure fut adoptée en Bavière, mais 
46. L 


(346) 
sans coercition : c'était dans ce royaume simplement une seconde invita- 
tion faite, le 17 janvier 1829, aux populations par le gouvernement. 

» Le 6 juillet 1837, le grand-duc de Bade a également représenté à ses 
sujets la nécessité de se faire revacciner, et les ecclésiastiques surtout 
ont reçu l'injonction de recommander vivement cette pratique pour tous 
les enfants qui recevaient le sacrement de la confirmation. 

» Depuis les premiers mois de la présente année, on commence, en Au- 
triche, à revacciner l’armée; le fait est déjà accompli en Danemarck, et 
nous avons plusieurs raisons de croire qu’on s’en occupe en Suède et 
en Russie, et même que plusieurs états italiens vont le prendre en consi- 
dération. 

» Il a paru dans les journaux allemands et anglais diverses notices sur 
les résultats de ces graves mesures, maïs nous ne connaissons aucun tra- 
vail complet, c’est-à-dire offrant l'ensemble des documents statistiques qui 
y ont conduit. Cependant ces documents existent dans les chancelleries 
d’Allemagne, et nous croyons qu’il importerait à l’Académie d'employer les 
moyens nécessaires auprès de notre Gouvernement pour s’en procurer la 
connaissance. + 

» En effet, il n’est pas possible que la France demeure plus long-temps 
étrangère au grand mouvement qui agite l’Europe sous le rapport de la 
vaccine. Mais , puisque nous y entrons si tard, il est urgent aussi, pour 
l'amour-propre national, et surtout pour l'intérêt de la population fran- 
çaise, que ce soit avec une pleine et entière connaissance de ce que les 
autres gouvernements ont tenté et obtenu avant nous. 

» La question, considérée à la fois sous le point de vue académique et 
gouvernemental , aurait des résultats autrement féconds et authentiques 
que si elle était abandonnée à l'observation de quelques médecins qui ne 
pourront pas faire des observations générales ou agir sur une grande 
masse d'individus soumis à leurs recherches. 

» La fondation d’un prix par l’Académie des Sciences ne pourrait donc 
être d’une véritable utilité et conduire à la solution des grandes questions 
posées par votre Commission, qu’autant que l’Académie des Sciences, après 
avoir fait connaître au gouvernement français l'importance de ces ques- 
tions pour l'intérêt général, obtiendrait de lui des mesures et une haute 
protection, d’après lesquelles les médecins qui se dévoueraient à de pé- 
nibles et longues recherches, sous la direction et l'inspection de commis- 
sions nommées ad hoc, soit par le Gouvernement, soit par l’Académie, 
auraient tous les moyens de répéter en France ce que les divers gouver- 


(347) 

nements de l'Allemagne et du nord de l'Europe ont ordonné d'exécuter 
dans lé Wurtemberg, la Bavière, le grand duché de Bade, la Prusse, le 
Danemarck, l'Autriche, etc. Sans cette participation du Gouvernement 
français, aucun travail suffisamment étendu, complet et authentique, ne 
parviendra à résoudre ce grand problème, et ne répondra à l'appel fait 
par la science. » 

La proposition de la Commission relativement à ce prix a été approuvée 
par l’Académie: 


Voir, pour le programme, à l'article Prix proposés. 


SCIENCES MATHÉMATIQUES. 


PRIX DE MECANIQUE, 


FONDÉ PAR M. DE MONTYON. 


RAPPORT DE LA COMMISSION DE L’ACADÉMIE. 


(Commissaires, MM. de Prony, Dupin, Poncelet, Gambey et 
Coriolis rapporteur.) I 


«Il n’y a eu cette année que deux mémoires envoyés à l'Académie pour 
le concours. 

» Le premier a pour objet la description d’une machine à écraser les 
grains, par le sieur Rossr, horloger à Rome. Cette machine ne mérite pas 
de fixer l’attention de l’Académie. Elle ne présente rien de neuf, et d’ail- 
leurs les rouages sont combinés de telle sorte qu’on voit que son auteur 
ne s’est pas rendu compte des efforts et ne s’est préoccupé que des vi- 
tesses. $ 
» Le deuxième Mémoire a pour objet la description d’un compteur 
dynamométrique de l'invention de M. Davane, ingénieur des Ponts-et- 
Chaussées. 

» Ce Mémoire avait déjà été sous les yeux de la Commission pour le prix 
de 1836; mais il avait été remis trop tard pour être admis au concours. 
Les détails dans lesquels notre confrère, M. Poncelet, est entré l’année 
dernière, à l’occasion du prix accordé au dynamomètre de M. Morin, nous 
dispensent de revenir sur la description des appareils de ce genre: cela est 


(348) 

d'autant moins nécessaire que celui de M. Davaine n’a pas paru devoir mé- 
riter un prix. Nous dirons seulement que l'idée principale de l’auteur 
consiste à mesurer le travail transmis lorsque l'effort est variable, en te- 
nant compte à la fois de la force et de la vitesse. Il fait marcher pour cela 
l'aiguille d’un compteur d’une quantité proportionnelle au produit de ces 
deux éléments, ou plutôt à l'intégrale de la force par rapport au chemin 
parcouru par son point d'application. Cette idée n'est pas nouvelle : c’est 
ce qui est complétement établi dans le rapport dont je viens de parler. Il 
serait difficile de donner ici, sans figure, une idée exacté du dynamo- 
mètre de M. Davaine; mais il suffira de faire remarquer que les moyens 
employés par l’auteur, pour réaliser la conception que nous venons d’in- 
diquer, n’ont rien non plus qui soit nouveau. 

» L'usage des ressorts, pour accuser la grandeur de l'effort ; l'emploi d’un 
compteur à roulettes, engrenant à frottement avec point de contact va- 
riable sur un disque qui tourne par l'effet de la vitesse de la machine et 
qui transmet ainsi une vitesse plus grande quand l'effort vient à croître, 
tont cela a déjà été combiné dans des appareils proposés par M. Morin et 
par des membres de votre Commission. Sans doute il reste beaucoup à faire 
pour avoir un bon compteur dynamométrique; mais les véritables diffi- 
cultés, qui sont toutes dans les dispositions des ressorts, dans la solidité 
d’un appareil qui puisse résister à de grandes puissances sans perdre son 
exactitude, n’ont pas été vaincues par M. Davaine. 

» Aujourd'hui l’Académie ne pourra accorder de prix à des mécanismes 
de ce genre qu'après qu'ils auront fonctionné, et que leur usage en aura 
prouvé la bonne combinaison. 

» Par ces considérations, votre Commission, tout en encourageant 
M. Davaine dans ses recherches et en l’engageant à faire des essais sur son 
appareil, ne croit pas devoir proposer à l’Académie de lui accorder le prix 
de 1837. » 


(349) 


PRIX DË STATISTIQUE, 


FONDÉ PAR M. DE MONTYON. 
RAPPORT DE LA COMMISSION DE L'ACADÉMIE. 


(Commissaires, MM. Silvestre, Mathieu, Poisson, Cordier et 
Costaz rapporteur.) 

« Douze ouvrages ont été présentés au concours de 1837, pour le prix 
Montyon de statistique. . 

» Cinq de ces ouvrages sont étrangers à la statistique, ou du moins ils ne 
s’en rapprochent que parce que les auteurs, dans leurs recherches et dans 
leurs raisonnements, se sont appuyés sur quelques données empruntées à 
cette science; mais cela ne suffit pas : un ouvrage n'appartient à la statis- 
tique proprement dite, à celle que M. de Montyon a voulu encourager, 
qu’autant qu'il avance la science en l’enrichissant de faits nouveaux ou de 
faits mieux observés et mieux définis. Un ouvrage où la statistique est 
employée comme auxiliaire dans quelques discussions n’a pas ce caractère. 
Ce peut être une application plus ou moins heureuse de la statistique 
déjà connue; les résultats conclus de cette application ne doivent même 
être admis qu'avec une grande réserve; on peut toujours appréhender 
que les données employées n’aient été choisies dans l'intérêt des résultats 
qu'on voulait obtenir. 

» On ne saurait trop répéter aux concurrents que le programme publié 
par l’Académie, à l’époque où elle accepta la mission de décerner le prix 
de statistique fondé par M. de Montyon, exclut du concours les ouvrages 
où la statistique est employée pour motiver des systèmes d’économie poli- 
tique ou des plans d'administration. 

» D'après ces principes, nous avons dü nous reconnaître incompétents 
relativement à des mémoires présentés au concours, quoiqu'ils traitent une 
on d’un haut intérêt qui occupe dans ce moment l'attention pu- 
blique, et dont la solution est l’objet des recherches d’un grand nombre 
d’esprits distingués par leurs lumières et par l’amour de humanité : c’est 
celle des enfants trouvés. 

»M. Manron-Dessrosses et M. Garczar» ont présenté des Mémoires qui 
prouvent qu'ils ont étudié en observateurs éclairés et avec des sentiments 


( 350 ) 


pleins d'intérêt et de tendresse pour le malheur, le régime auquel sont 
soumises ces pauvres petites créatures@let toutes les circonstances qui 
peuvent influer sur leur santé et leur bien-être. 

» M. le vicomte de Bondy, frappé de la nécessité de réviser la législation 
actuelle concernant les enfants trouvés, a consigné leswrésultats de ses 
réflexions et de son expérience, dans un Mémoire suivi d’un projet rédigé 
dans la forme législative; il présente les dispositions comparativement avec 
celles de la législation existante dont il pense que la modification serait 
nécessaire. De pareils travaux sont dignes d’éloges et par le choix du sujet 
et par la manière dont il est traité ; mais leur examen n’est pas dans nos 
attributions : il est dans celles de l'Académie des sciences morales et po- 
Jitiques; c’est au jugement de cette compagnie qu’ils devaient être soumis. 

» Nous éprouvons une véritable satisfaction à vous annoncer que le 
concours de 1837 présente un ouvrage important et qui appartient,.à la 
statistique proprement dite, il est intitulé : Recherches statistiques sur 
les substances calcaires propres à fournir des chaux hydrauliques et des 
ciments. \ 

» IlLest de M. Vicar, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, corres- 
pondant de l’Institut. 

» On sait combien les recherches scientifiques et expérimentales de 
M. Kicat, sur les mortiers et les ciments, ont apporté d'amélioration dans 
la pratique de l’art de bâtir. Le premier, il a établi sur des principes cer- 
tains la distinction entre les chaux grasses, qui ne donnent que des 
mortiers persévérant long-temps dans l’état mou, et les chaux hydrau- 
liques, dont les mortiers se solidifient rapidement et prennent en peu 
d'heures une dureté approchant quelquefois de celle du marbre. Par sa 
découverte, M. Vicat a agrandi l’art de construire, il a mis à la disposition 
des ingénieurs et des architectes des-moyens d’exécution qui leur man- 
quaient. Les ouvrages à la mer, si importants pour la süreté des ports, 
la conservation et la défense des côtes ; l'établissement de culées et de piles 
de pont sur les rivières, dont les bords et le fond ne présentaient pas des 
conditions suffisantes de stabilité; ces ouvrages qui demandaient = 
tonnements et des essais souvent infructueux et toujours dispendieux, 
sont devenus d’une exécution plus facile, plus prompte, plus sûre et plus 
économique, depuis que l’on a mieux connu les propriétés de la chaux 
hydraulique et les moyens de s’en procurer. 

» L’effet de l'ouvrage dont nousrendons compte à l’Académie sera de pro- 


pager la connaissance des avantages de l'emploi des chaux hydrauliques et, 


(351) 


d'étendre l'usage de cette substance dans les constructions où elle est si utile. 
Cet ouvrage est, à proprement parler, la statistique des gisements des 
substances calcaires qui peuvent donner des chaux hydrauliques ou des 
ciments naturels. M. Vicat a commencé le cours de ses investigations par 
le bassin du Rhône et par celui de la Garonne; il a visité dix-huit dépar- 
tements et les gisements des masses calcaires de diverses formations qui y 
existent ; 1l a classé ces masses d’après les différentes qualités de chaux 
qu’elles peuvent fournir, et il a assigné des caractères extérieurs qui 
servent à les reconnaître d’une manière assez probable pour engager à en 
faire l'essai. 

» Les résultats des recherches de M. Vicat sont présentés dans des ta- 
bleaux qui indiquent : 1° le gisement de la pierre; 2° sa couleur; 3° sa 
texture; 4° la formation géologique à laquelle elle appartient; 5° la quan- 
tité d'argile qu’elle contient sur 100 parties de carbonate; 6° le classement 
de la chaux que donnerait la pierre. 

» Une nomenclature a été adoptée pour caractériser les différentes es- 
pèces de chaux que les pierres peuvent fournir; elle constate neuf variétés 
désignées par les dénominations suivantes : 1° ciment naturel, 2° chaux 
éminemment hydraulique, 3° chaux hydraulique, 4° chaux moyennement 
hydraulique, 5° chaux faiblement hydraulique, 6° chaux grasse, 7° chaux 
très grasse, 8 chaux maigre, 9° chaux très maigre. 

» Les recherches de M. Vicat, comme nous l’avonsdit, se sont étendues 
à dix-huit départements; il en a résumé les résultats dans dix-huit tableaux 
correspondants ; il a étudié des substances calcaires prises dans 1557 gi- 
sements, dont 668 dans le bassin du Rhône et 889 dans celui de la 
Garonne. 

» Une exploration aussi laborieuse, et qui demandait un œil aussi habile 
et aussi exercé, a fait découvrir la chaux hydraulique dans des localités 
où l’on en sentait fortement le besoin sans qu’on sût qu’elle y existait : on 
croyait, par exemple, en manquer dans la contrée littorale du départe- 
ment du Var, l’une des plus importantes de la France sous le rapport des 
travaux hydrauliques , puisque c’est là que se trouvent le port de Toulon 
et tous les poïts de commerce qui existent sur cette côte de la Méditer- 
ranée, depuis le Var jusqu’à la Ciotat; aujourd’hui, grâce aux travaux 
de M. Vicat, on sait que cette contrée est abondamment pourvue des 
substances nécessaires pour faire d'excellentes chaux hydrauliques. 

» L'à-propos des recherches de M. Vicat est prouvé d’une manière frap- 
pante par un fait qui ne sera pas déplacé dans ce rapport : par sa singu- 
larité il est propre à faire sentir aux hommes chargés de la direction des 

C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 7.) 47 


, ( 355) 
grands travaux, combien il importe de faire une étude approfondie des 
ressources que le territoire voisin des lieux où les ouvrages s'exécutent 
peut offrir, soit pour en augmenter la solidité, soit pour en diminuer la 
dépense. Lorsque M. Vicat, poursuivant le cours de ses investigations, 
arriva à Marseille, on exploitait à l'entrée du port un calcaire marneux 
pour déblayer un vaste emplacement destiné à la construction d’un bas- 
sin de radoub, et les produits de cette exploitation étaient transportés 
au loin et jetés à la mer; il y avait cependant dans ces débris de quoi 
fournir en quantité d'excellente chaux hydraulique, et même des ciments 
analogues au ciment de Pouilly: il y a donc eu ici, dit M. Vicat, double 
perte, celle des matériaux et celle de l'argent employé à s’en débarrasser. 

» Le beau travail de M. Vicat est fait pour servir de modèle. Il faut es- 
pérer qu'il sera continué et étendu à toute la France: il est utile, non- 
seulement à la statistique de la France, selon le vœu du fondateur du 
prix ; il l'est encore à sa prospérité et à sa richesse; il fait connaître la 
valeur de substances existant dans notre sol et qu’on négligeait parce qu’on 
ne leur en croyait aucune; il fournit des moyens larges et d’une applica- 
tion immédiate pour abréger, rendre plus parfaits et moins coûteux les 
travaux considérables entrepris aujourd’hui pour améliorer et agrandir la 
navigation intérieure de la France, et pour favoriser sa navigation mari- 
time en améliorant nos ports de mer. 

» La Commission chargée de juger les ouvrages présentés au concours 
de 1836 pour le prix Montyon de statistique, fit connaître à l’Académie, 
dans sa séance du 26 juin 1837, avec quel degré d'intérêt son attention 
s'était arrêtée sur des recherches relatives à une branche importante de la 
statistique qui furent présentées à ce concours par M. DemonrerrAND, sous 
le titre : Essai sur les lois de la population et de la mortalité en France. 

» Ces recherches, fruit d’un long travail fait avec intelligence, méritaient, 
au jugement de la Commission, une préférence décidée sur tous les ou- 
vrages qui avaient paru au même concours: cependant elle soumit à 
l’Académie des considérations qui lui faisaient penser qu'il convenait d’a- 
journer la délivrance du prix, en réservant à M. Demonferrand ses droits. 
Par suite de cette décision, M. Demonferrand s’est présenté de nouveau, 
il a reproduit son travail avec des augmentations, il y a joint une expo- 
sition raisonnée au moyen de laquelle toutes les parties de ce travail sont 
coordonnées; il y explique la marche qu’il a suivie, fait connaitre les 
vues qui l'ont déterminé à porter ses investigations sur certains ordres 
de faits et les principes qui l’ont guidé dans l'appréciation du degré pro- 
bable d’exactitude des matériaux dont il à fait usage. 


{ 353) 

» Nous craindrions d’abuser du temps de l'Académie, si noûs nous 
étendions davantage sur l'importance et sur l'étendue du travail de M. De- 
monferrand ; nous ne pourrions que répéter ce que contient à cet égard le 
rapport fait dans la séance du 26 juin 1837, et qui se trouve dans le Compte 
rendu de nos séances (tom. IV, pag. 270). Les résultats numériques de ce 
travail sont présentés dans le cadre de dix-huit tableaux, dont il suffira 
d’énoncer les titres pour en faire sentir l'importance. 

»! Tableau 1. Nombre moyen de décès par âge et par sexe, pour la pé- 
riode de 1817 à 1831. 

» Tableau 2. Décès constatés par jour de chaque mois. 

» Tableau 3. Naissances constatées par jour de‘chaque mois. 

» Tableau 4. État comparatif des naissances et des décès par jour à cha- 
que époque de l’année. 

» Tableau 5. Résultats déduits des listes de recrutement. Comparaison 
du nombre d'hommes portés dans ces listes, et du nombre d'hommes du 
même âge qui doivent être en vie d’après les calculs de M. De- 
monferrand. 

» Tableau 6. Répartition de 10 000 décès au-dessous de trois mois. 

» Tableau 7. Décès par mois au-dessous de deux ans. 

» Tableaux 8 et 9. Résumé des nombres moyens de décès annuels des 
deux sexes de 1817 à 1831. 

» Tableaux ro et 11. Lois de la mortalité et de la population pour toute 
la France. Un tableau pour chaque sexe. 

» Tableaux 12, 13, 14 et 15. Loisdela mortalité et de la population pour 
les départements classés d’après les chances de vie. 

» Tableau 16. Comparaison par sexe des tables de mortalité de Depar- 
cieux, de Duvillard et de celles qui ont été calculées par M. Demonferrand 
pour la France; de Northampton et Carlisle pour l'Angleterre, et de celles 
qu’on a calculées en Belgique pour les villes et pour les campagnes. 

» Tableau 17. Danger annuel calculé d’après les tables comparées dans 
le tableau 16. 

» Tableau 18. Comparaison faite d’après les mêmes tables pour 10 000 
survivants à cinquante ans. 

» On appréciera mieux la grandeur du travail auquel il a fallu se livrer 
pour obtenir les résultats qui sont résumés dans ces tableaux, quand nous 
aurons fait remarquer que plusieurs sont d’une étendue considérable. Il en 
est six, par exemple, qui sont composés de 1 10 lignes horizontales, .traver- 
sant six colonnes verticales, dans chacune desquelles un nombre est ins- 
crit, en sorte que chacun de ces tableaux contient 660 résultats déterminés 


47. * 


(354) 


par le calcul; un autre tableau contient 105 lignes horizontales et 14 co- 


lonnes verticales. 

» On sent combien d’aussi nombreuses déterminations ont dù coûter de 
soins et de peines, lorsqu'on pense que M. Demonferrand a basé ses cal- 
culs sur des nombres de décès incomparablement plus grands que ceux 
dont les savants, qui se sont livrés aux mêmes recherches, ont fait usage. 
Il n’entrait point dans les devoirs de la Commission de vérifier les calculs ; 
elle a dû se borner à reconnaître la bonté des méthodes qui ont dirigé 
l'auteur dans le choix et la classification des matériaux. Un aussi vaste 
travail, qui a demandé tant de recherches et des calculs si multipliés, 
remplit parfaitement l'intention du fondateur du prix qui fut d'avancer la 
statistique de la France. 

» D’après ces motifs, la Commission a été d'avis que le prix doit être 
partagé entre M. Vicat, pour son ouvrage intitulé : Recherches statistiques 
sur les substances calcaires propres à fournir des chaux hydrauliques et 
des ciments , dans les bassins du Rhône et de la Garonne; et M. Demon- 
ferrand, pour son Essai sur les lois de la population et de la mortalité en 
France. » 


PRIX D'ASTRONOMIE, 
FONDÉ PAR M. DE LALANDE. 


«La médaille fondée par Lalande a été décernée en 1837, à M. Guinand 
fils, pour les succès qu'il a obtenus dans la fabrication d’un flint-glass 
exempt de stries et de bulles, et cela à l’aide de procédés dont plusieurs 
membres de l'Académie ont été témoins. » 


PRIX FONDÉ PAR Mr: LA MARQUISE DE LAPLACE. 


« Une ordonnance royale ayant autorisé l’Académie des Sciences à ac- 
cepter la donation qui lui a été faite par M°° la marquise de Laplace, 
d’une rente de 215 fr. pour la fondation à perpétuité d’un prix consis- 
tant dans la collection complète des ouvrages de Laplace, et qui devra 
être décerné chaque année au premier élève sortant de l'École Poly- 
technique, 

» Le président remettra de sa main les cinq volumes de la Mécanique 
céleste, l'Exposition du Système du monde, et le Traité des probabilités, 
à M. Gaussann ne Manicwac, premier élève sortant de la promotion de 
1837, actuellement élève des Mines de seconde classe.» | 


(355) 


PRIX PROPOSÉS. 
SCIENCES PHYSIQUES. 


GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES 


Pour 1839. 


« L'Académie propose pour sujet du grandprix des Sciences physiques 
qu’elle distribuera, s’il y a lieu , dans sa séance publique de 1839, la ques- 
tion suivante : 

» Déterminer par des expériences précises quelle est la succession des 
changements chimiques , physiques et organiques, qui ont lieu dans l'œuf 
pendant le développement du fœtus chez les oiseaux et les batraciens. 

» Les concurrents devront tenir compte des rapports de l'œuf avec le 
milieu ambiant naturel ; ils examineront par des expériences directes l’in- 

fluence des variations artificielles de la température et de la composition 
chimique de ce milieu. 

» Dans ces dernières années, un grand nombre d’observateurs se sont 
livrés à des recherches profondes sur le développement du poulet dans 
l'œuf, et, par suite, à des études analogues sur le développement du fœtus 
dans les autres animaux ovipares. En général, ils se sont occupés de cet 
examen au point de vue anatomique. Quelques-uns pourtant ont abordé 
les questions chimiques nombreuses et pleines d'intérêt que cet examen 
permet de résoudre. 

» Admettons, en effet, que l’on fasse l'analyse chimique de l’œuf au mo- 
ment où il est pondu, que l’on tienne compte des éléments qu'il em- 
prunte à l'air ou qu'il lui rend pendant la durée de son développement, 
enfin qu’on détermine les pertes ou les absorptions d’eau qu’il peut éprou- 
ver, et l’on aura réuni tous les éléments nécessaires à la discussion des 
procédés chimiques employés par la nature pour la conversion des maté- 
riaux de l'œuf dans les produits bien différents qui composent le jeune 
animal. 

» Eh appliquant à l'étude de cette question les méthodes actuelles de 
l'analyse organique, on peut atteindre le degré de précision que sa solution 
exige. 


(356) 


» Mais s'il est possible de constater par les moyens chimiques ordinaires 
les changements survenus dans les proportions du carbone, de l'hydro- 
gène , de l’oxigène ou dé l'azote, si ces moyens suffisent, à plus forte rai- 
son, en ce qui concerne les modifications des produits minéraux qui 
entrent dans la composition de l’œuf, il est d’autres altérations non moins 
importantes qui ne peuvent se reconnaître qu’à l’aide du microscope. 

» L'Académie désire que, loin de se borner à constater dans les diver- 
ses parties de l'œuf, la présence des principes immédiats que l'analyse en 
retire, les auteurs fassent tous leurs efforts pour constater, à l’aide du mi- 
croscope, l’état dans lequel ces principes immédiats s'y rencontrent. 

» Elle espère d’heureux résultats de cette étude chimique et microsco- 
pique des phénomènes de l'organogénésie. 

» Indépendamment de l'étude du développement du fœtus dans ces con- 

. ditions normales, il importe de constater les changements que les modifi- 
cations de la température ou de la nature des milieux dans lesquels ce dé- 
veloppement s’effectue, peuvent y apporter. Les concurrents auront donc 
à examiner, pour les œufs d'oiseaux , leur incubation dans divers gaz; pour 
ceux des batraciens, leur développement dans des eaux plus ou moins 
chargées de sels, plus ou moins aérées. 

» Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de 3000 francs. Les 
mémoires devront être remis au secrétariat de l’Académie avant le 1°° avril 
1839. Ce terme est de rigueur. Les auteurs devront inscrire leur nom dans 
un billet cacheté, qui ne sera ouvert que si la pièce est couronnée. » 


GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES 
PROPOSÉ POUR 1857, ET REMIS AU CONCOURS POUR 4859. 


« L'Académie avait proposé pour sujet du grand prix des sciences phy- 
siques à décerner en 1837, la question suivante : 

» Déterminer par des recherches anatomiques et physiques quel est le 
mécanisme de la production du son chez l'homme et chez les animaux 
vertébrés et invertébrés qui jouissent de cette faculté. 

» Cette question n’ayant point été résolue , l'Académie la remet au con- 
cours pour l’année 1839, en la restreignant dans les termes suivants : 

» Déterminer par des recherches anatomiques, par des expériences d'a- 
coustique et par des expériences physiologiques, quel est le mécanisme de 
la production de la voix chez l'homme et chez les animaux mammi- 


Jères. 


(357) 
» Le prix consistera en une médaille d’or de la valeur de 3000 francs. 
» Les mémoires devront être remis au secrétariat de. l’Académie avant le 
1" avril 1839. Ce terme est de rigueur. Les auteurs devront inscrire leur 
nom sur un billet cacheté, qui ne sera ouvert que si la pièce est cou- 


ronnée. » 


PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, 


FONDÉ PAR M. DE MONTYON. 


« Feu M. le baron De Monrxon ayant offert une somme à l’Académie des 
Sciences, avec l'intention que le revenu füt affecté à un prix de physiolo- 
gie expérimentale à décerner chaque année, et le roi ayant autorisé cette 
fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 1818: 

» L'Académie annonce qu’elle adjugera une médaille d’or de la valeur de 
huit cent quatre-vingt-quinze francs à louvrage, imprimé ou manuscrit, 
qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie ex- 
périmentale. 

» Le prix sera décerné dans la séance publique de 1838. 

» Les ouvrages ou mémoires présentés par les auteurs ont dû être en- 
voyés francs de port au secrétariat de l’Institut avant le 1°° avril 1838. » 


DIVERS PRIX DU LEGS MONTYON. 


« Conformément au testament de feu M.le baron Aucer pe Mowrxow..et 
aux ordonnances royales du 29 juillet 1821, du 2 juin 1824, et du 23 
août 1829 ; il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages 
ou des découvertes qui seront jugés les plus utiles à l'art de guérir, et à 
ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un métier moins 
insalubre. 

» L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il 
s’agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres 
à perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les 
dangers des diverses professions ou arts mécaniques. 

» Les pièces admises au concours r’auront droit au prix qu’autant qu’elles 
contiendront une découverte parfaitement déterminée. 

» Si la pièce a été produite par l’auteur, il devra indiquer la partie de son 
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous lés cas, la Com 


(358) 


mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c’est à la 
découverte dont il s’agit que le prix est donné. 

» Les sommes qui seront mises à la disposition des auteursdes décou- 
vertes ou des ouvrages couronnées ne peuvent être indiqués d'avance avec 
précision, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé; mais les li- 
béralités du fondateur et les ordres du Roi ont donné à l’Académie les 
moyens d'élever ces prix à une valeur considérable; en sorte que les au- 
teurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses 
qu'ils auraient entreprises, et reçoivent des récompenses proportionnées 
aux services qu’ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beau- 
coup l'insalubrité de certaines professions, soit en perfectionnant les 
sciences médicales. 

» Conformément à l'ordonnance du 23 août, il sera aussi décerné des 
prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions 
proposées par l'Académie, conformément aux vues du fondateur. 

» Les ouvrages ou mémoires présentés par-les auteurs ont dû être 
envoyés francs de port au secrétariat de l’Institut, avant le 1° avril 1838. » 


PRIX RELATIF A LA VACCINE. 


« L'Académie propose pour sujet d’un prix de 10 000 francs, qui sera dé- 
cerné, s’il y a lieu, dans sa séance publique de 1842, la question suivante: 

» La vertu préservatrice de la vaccine est-elle absolue, ou bien ne 
serait-elle que temporaire ? 

» Dans ce dernier cas, déterminer par des expériences précises et des faits 
authentiques , le temps pendant lequel la vaccine préserve de la variole. 

» Le cow-pox a-t-il une vertu préservative , plus certaine ou plus per- 
sistante que le vaccin déjà employé à un nombre plus ou moins considé- 
rable de vaccinations successives ? ] 

» En supposant que la qualité préservative du vaccin s’affaiblisse avec 
le temps , faudrait-il le renouveler , et par quels moyens ? 

» L'intensité plus ou moins grande des phénomènes locaux du vaccin 
a-t-elle quelque relation avec la qualité préservative de la variole ? 

» Est-il nécessaire de vacciner plusieurs fois une méme personne, et 
dans le cas d'affirmative, après combien d'années faut-il procéder à de 
nouvelles vaccinations ? 

» Les mémoires devront être remis au secrétariat de l’Académie avant le 
1°" avril 1842. Ce terme est de rigueur. » 


D 


( 359 ) 


PRIX FONDE PAR M. MANNI. 


« M. Manni, professeur à l’Université de Rome, a offert de faire les fonds 
d'un prix spécial de 1500 francs, à décerner par l’Académie, sur la ques- 
tion des morts apparentes et sur les moyens de remédier aux accidents fu- 
nestes qui en sont trop souvent les conséquences ; et le Roi, par une or- 
donnance en date du 5 avril 1837, a autorisé l'acceptation de ces fonds 
et leur application au prix dont il s’agit; 

» En conséquence l'Académie rappelle qu’elle a proposé pour sujet d'un 
prix qui sera décerné, sil y a lieu, dans la séance publique de 1839, la 
question suivante : 

» Quels sont les caractères distinctifs des morts apparentes ? 

» Quels sont les moyens de prévenir les enterrements prématurés ? 

» Les Mémoires devront être remis au secrétariat de l’Académie avant 
le 1°° avril 1839. Ce terme est de rigueur. Les auteurs devront inscrire 
leur nom dans un billet cacheté qui ne sera ouvert que si la pièce est 
couronnée. » 


SCIENCES MATHÉMATIQUES. 


GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES 
Pour 1838. 


« L'Académie des Sciences, après avoir présenté. infructueusement, à 
deux reprises différentes, la question de la résistance de l’eau comme 
sujet de prix, l'avait retirée du concours. De nouvelles circonstances la 
déterminérent en 1835 à signaler, encore une fois, cet important sujet de 
recherches à l'attention des expérimentateurs et des géomètres. 

» Ces circonstances étaient surtout les avantages imprévus qu’on avait 
trouvés en Angleterre à faire marcher les barques sur les canaux avec de 
très grandes vitesses. Il y avait là un vaste champ à exploiter dans l'intérêt 
des sciences et de la navigation intérieure. Les faces diverses sous les- 
quelles le problème pouvait être envisagé, étaient d’ailleurs trop appa- 
rentes pour qu'il fût nécessaire de les désigner à MM. les concurrents. 

» La réduction au vide des observations du pendule faites dans l'air 
était naguère encore calculée par une méthode inexacte, quoique d’an- 
ciennes expériences de Dubuat eussent dû mettre sur la voie de la véri- 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T.VII, No 7.) 48 


( 360 ) 


table solution. Les travaux de MM. Bessel et Baily, les recherches analy- 
tiques d’un membre de l’Académie, malgré leur grand intérêt, n’ont pas 
entièrement épuisé la question. L'Académie annonçait donc qu’elle verrait 
avec plaisir, mais sans en faire une condition expresse, que Messieurs les 
concurrents cherchassent à éclaircir ce que le problème de la résistance 
des milieux, pris de ce point de vue, peut offrir encore d’obscur. 

» Plusieurs Mémoires étaient arrivés à l'Académie ; mais la Commission 
chargée de les examiner a décidé qu'il n’y avait pas lieu à décerner le 
prix ; toutefois, dans la conviction que la brièveté du temps, la difficulté 
et la trop grande étendue de la matière ont pu empêcher les auteurs de 
donner à leurs recherches expérimentales ou théoriques toute la perfec- 
tion nécessaire, elle propose de renvoyer la question au concours de 
1838, en faisant observer que l’Académie n'impose point aux auteurs la 
condition de traiter l’ensemble des questions qui se trouvent indiquées 
dans les anciens programmes. Elle verrait avec intérêt que les concur- 
rents s’attachassent à approfondir de préférence celles de ces questions 
qui leur paraissent le plus susceptibles d’une solution appuyée d'expé- 
riences précises, et portée à ce degré de perfection qui peut seul la rendre 
utile à la science. 

» Le concours est actuellement fermé. Le prix, s’il y a lieu, sera décerné 
dans la prochaine séance publique de l’Académie. » 


GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES 
Pour 1839. 


« Dans la théorie des perturbations des planètes, on a exprimé, jusqu’à 
présent, les accroissements de leurs coordonnées, dus aux forces pertur- 
batrices, par des séries de sinus et de cosinus des multiples des moyens 
mouvements. Maintenant qu’on possède des tables numériques d’une autre 
espèce de fonctions périodiques, on pourrait essayer d'exprimer ces ac- 
croissements, soit dans la théorie des planètes, soit dans celle du mou- 
vement de la Lune autour de la Terre, par des séries de ces autres fonc- 
tions. Afin d'appeler l'attention des géomètres sur cette manière nouvelle 
d'envisager le principal problème de la mécanique céleste, l'Académie pro- 
pose la question suivante pour sujet du grand prix de Mathématiques qui 
sera décerné en 1839 : 

» Déterminer les perturbations du mouvement elliptique , par des séries 
de quantités périodiques , différentes des fonctions circulaires , de manière 


ÈE à 


( 361 j 


qu'au moyen de tables numériques existantes , on puisse calculer , d'apres 
ces séries , le lieu d’une planète à toute époque donnée. 

» L'Académie verrait avec intérêt que les formules qu’elle demande 
fussent applicables au mouvement de la Lune, lors même qu’elles con- 
duiraient, dans ce cas, à une approximation moindre que celle qui a été 
obtenue dans ces derniers temps; mais elle ne fait pas de cette application 
particulière une condition du concours. 

» Les mémoires devront être arrivés au secrétariat de l’Académie avant 
le 1° mai 18309. Les noms des auteurs seront contenus, comme à l'ordinaire, 
dans des billets cachetés. » | 


PRIX D'ASTRONOMIE, 
FONDÉ PAR M. DE LALANDE. 


« La médaille fondée par M. pe Laran»e , pour être donnée annuelle- 
ment à la personne qui, en France ou ailleurs {les membres de l’Institut 
exceptés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le 
travail le plus utile aux progrès de l’Astronomie, sera décernée dans la 
séance publique de 1838. 


» La médaille est de la valeur de 635 francs. » 


PRIX EXTRAORDINAIRE SUR L'APPLICATION DE LA 
VAPEUR A LA NAVIGATION. 


« Le Roi, sur la proposition de M. le baron Charles Dupin, ayant or- 
donné qu’un prix de six mille francs serait décerné par l’Académie des 
Sciences en 1836, 

» Au meilleur ouvrage ou Mémoire sur l'emploi le plus avantageux de 
la vapeur pour la marche des navires , et sur le système de mécanisme 
d'installation, d'arrimage et d'armement qu'on doit préférer pour cette 
classe de bâtiments , 

» L'Académie annonça qu’elle décernerait ce prix dans sa séance pu- 
blique de 1836. 

» Les auteurs des inventions présentées n’avaient pas donné aux Com- 
missaires de l'Académie les moyens d'effectuer les expériences qui seules 
doivent en constater le mérite pratique. L'Académie remit donc la ques- 
tion au concours. De nouvelles pièces, de nouvelles inventions ont été 


48.. 


( 362 ) 


admises à concourir avec les premières. Il fallait seulement qu'elles fussent 
arrivées au secrétariat de: l'Académie avant le 1° mai. 1838. 
» Le prix, s’il ya lieu, sera décerné dans la prochaine séance publique. » 


PRIX DE MÉCANIQUE, 
FONDÉ PAR M. DE MONTYON. 


« M. de Montyon a offert une rente sur l'État, pour la fondation d’un 
prix annuel, autorisée par une ordonnance royale du 29 septembre 1819, 


en faveur de celui qui, au jugement de l’Académie royale des Sciences, . 


s’en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des ins- 
truments utiles aux progrès de l’agriculture, des; arts mécaniques et des 
sciences. 

» Ce prix sera une médaille d’or de la valeur de cinq cents francs. Les 
ouvrages ou Mémoires, adressés par les auteurs, ou, s'il y a lieu, les mo- 
dèles des machines ou des appareils, devront être remis au secrétariat de 
l'Institut avant le 1°° mai 18309.» 


PRIX DE STATISTIQUE, 
FONDÉ PAR M. DE MONTYON. 


«Parmi les ouvrages, qui auront pour objet une ou plusieurs questions 
relatives à la statistique de la France, celui qui, au jugement de lAcadé- 
mie, contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans là pre- 

. mière séance publique. On considère comme admis à: ce concours les Mé- 
moires envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, 
seront parvenus à la connaissance de l’Académie; sont seuls exceptés les 
ouvrages de ses membres résidants. 

» Les Mémoires manuscrits ou imprimés, adressés par les auteurs, doi- 
vent être remis au secrétariat de l'Institut, avant le 1% mai 1830: ils 
peuvent porter le nom de l’auteur; ce nom peut aussi être.écrit dans 
un billet cacheté joint au Mémoire. 

» Le prix consistera en une médaille d’or équivalente à la somme de 
cing cent trente francs. I sera décerné dans la séance publique de 1839, » 


Les concurrents pour tous les prix sont prévenus que l’Académie ne rendra aucun 
des ouvrages qui auront été envoyés au concours, mais les auteurs auront la liberté 
d’en faire prendre des copies. 


(363 ) 


de LECTURES. 


Précis de nouvelles Recherches sur le dégagement de la chaleur dans le 
frottement ; par M. Bscquerez, président de l’Académie des Sciences, 
pour l’année 1838. 


« On considère les corps comme formés de la réunion d’une infinité de 
molécules ou atomes entourés de chaleur qui s'oppose à leur contact im- 
médiat, abstraction faite de toute idée théorique sur sa nature. Lorsque 
sa quantité augmente ou diminue, la distance entre les molécules devient 
plus grande ou plus petite et le volume du .corps éprouve des variations 
correspondantes. 

» On admet en outre que ces mêmes molécules sont soumises: à une 
force attractive qui tend à les rapprocher les unes des autres et qui 
est opposée par conséquent à l’action répulsive de la chaleur. On fait in- 
tervenir enfin dans la constitution des corps une troisième force, l’attrac- 
tion de chaque molécule pour la chaleur qui entoure les molécules envi- 
ronnantes. La force d’agrégation l'emportant sur les deux autres, le corps 
reste solide ; si la chaleur augmente, il arrive un instant où les molécules 
acquierent une certaine mobilité et le corps devient liquide. Enfin, si la 
quantité de chaleur devient assez considérable pour vaincre la force d’agré- 
gation , le corps prend l'état gazeux. Les molécules des corps étant donc 
tenues à des distances plus ou moins grandes en raison des actions réci- 
proques de la chaleur et de la force d’agrégation, elles doivent être sé- 
parées les unes des autres par des espaces interstitiels dans lesquels 
s’opèrent les phénomènes de là lumière, de la chaleur, des affinités et de 
l'attraction moléculaire. C’est donc dans ces espaces que les agents impon- 
dérables luttent sans cesse avec les principes matériels des corps. 

» La chaleur doït y jouer le principal rôle, car, suivant son intensité 
et son mode d'action, elle produit de la lumière, de l'électricité et met en 
jeu les affinités chimiques. On voit donc qu'on ne saurait trop étudier 
les propriétés de cet agent dans ses rapports avec les particules des corps , 
si l’on veut arriver à connaître son influence immédiate dans tout ce qui 
concerne les phénomènes naturels de l’ordre le plus élevé. Ces considé- 
rations ont suggéré l’idée d’une série de recherches expérimentales qui ont 
conduit à quelques résultats nouveaux dont nous allons essayer de donner 
un aperçu sans entrer, autant qu'il nous sera possible, dans des détails 
techniques qu’il serait difficile de saisir dans une lecture rapide. 


( 364 ) 


» Prenons un corps en équilibre de température avec le milieu ambiant. 
Si, par une cause quelconque, on vient à ébranler ce corps de manière à 
faire perdre à ses molécules leur position naturelle d'équilibre, il est bien 
évident que tous les agents impondérables qui se trouvaient dans les es- 
paces intermoléculaires seront mis en mouvement. Il en résulte alors une 
foule de phénomènes que le physicien cherche à analyser à l’aide des 
moyens dont la science lui permet de disposer. Nous nous attacherons 
d'abord aux effets de chaleur produits quand le frottemeut est le mode 
d’ébranlement employé. 

» On sait que lorsqu'on frotte deux corps l'un contre l'autre, il se dé- 
gage de la chaleur et de Félectricité; ces deux effets, qui sont concomi- 
tants, sont-ils dépendants ou non l’un de l’autre? C’est ce que nous dirons 
plus loin. Pour l'instant occupons-nous des effets de chaleur. 

» Tout ce que nous savons sur la production de la chaleur dans le frot- 
tement mutuel de deux corps se réduit à ceci : les deux corps s’échauffent 
et la quantité de chaleur qui est émise est quelquefois si considérable 
qu’elle suffit pour enflammer les corps combustibles. C’est ainsi qu’une 
roue, qui tourne rapidement sur son essieu, prend feu, et que le sau- 
vage, avec une adresse et une dextérité que nous n'avons pas, parvient à 
enflammer deux morceaux de bois sec en les frottant avec une grande 
vitesse l’un contre l’autre. 

» Tout porte à croire que les effets produits sont dus au mouvement de 
vibration imprimé par le frottement aux molécules, comme les faits sui- 
vants tendent à le prouver. 

» Lorsqu'on soumet à la lime un alliage composé d’une partie de fer et 
de deux d’antimoine, il en jaillit aussitôt de vives étincelles qui prouvent 
que la température est portée jusqu'à l'incandescence. Le choc du bri- 
quet sur le caillou produit un effet semblable. 

» M. de Rumford, en forant un canon placé verticalement, a obtenu 
assez de chaleur pour faire entrer en ébullition de l’eau placée dans une 
cavité pratiquée convenablement. Voilà à peu près tout ce que nous savons 
sur le dégagement de la chaleur dans le frottement. Nous ignorons donc 
complétement quelle est la part que prend chaque corps à la production 
de ce phénomène en raison de sa nature et de l’état de sa surface. 

» Pour déterminer comment chaque corps intervient, il faudrait pou- 
voir écarter toutes les causes qui masquent l'effet que l’on a en vue ; mal- 
heureusement on ne peut y parvenir complétement. En effet, lorsque l’on 
frotte plus ou moins rapidement deux corps l’un contre l’autre sans que 
lé contact cesse d’avoir lieu, il y a évidemment transmission de chaleur 


( 365 ) 


d’un corps dans l’autre. La quantité qui est transmise dans chacun d’eux 
dépend de la conductibilité du corps, de sa capacité pour la chaleur, et de 
l'état de sa surface. D’un autre côté, la chaleur dégagée dans un corps ne 
saurait être accusée immédiatement avant sa transmission dans l’autre 
corps avec les thermomètres ordinaires, attendu que leurs indications 
ne sont pas instantanées. Cependant il est possible d’opérer dans des cir- 
constances qui permettent d’écarter plusieurs difficultés que nous venons 
de signaler ; alors on est conduit à une série de faits dont nous allons parler. 

» L'appareil destiné à observer ces faits se compose d’une pile ther- 
mo-électrique en relation avec un excellent multiplicateur. Sa sensibilité 
est telle qu’une différence d'environ 2 de degré centigrade entre les 
températures des deux faces de la pile fait dévier suffisamment l'aiguille 
aimantée pour que l'angle d'écart soit appréciable. 

» Pour réduire autant que possible la question à sa plus simple expres- 
sion, on prend deux corps de même nature, mauvais conducteurs de Ja 
chaleur, égaux daus toutes leurs dimensions, et ne présentant de diffé- 
rences seulement, que dans l’état de leurs surfaces. Ces corps sont fixés 
convenablement à des tiges en verre. Les surfaces frottées sont mises en 
contact chacune avec une des faces de la pile ; quand ces deux surfaces ont 
la même température, l'aiguille aimantée reste en repos, attendu que les 
deux courants thermo-électriques étant égaux et dirigés en sens contraire 
se détruisent; mais quand la température n’est pas la même, l'aiguille 
aimantée est aussitôt déviée et l'angle d'écart sert à apprécier la différence 
de la température. Le frottement est produit avec une vitesse et une pres- 
sion déterminées à l’aide d'appareils convenables , afin que son intensité 
soit toujours connue : les deux corps sont séparés rapidement l’un de l’au- 
tre et mis immédiatement en expérience. 

» Voilà les moyens d’expérimentation; passons aux résultats : 

_ » On a commencé par chercher l’effet produit sur l'aiguille aimantée 
par le contact d’une des surfaces frottées avec l’une des faces de la pile; 
effet dû à l’échauffement de cette face. 

» L'expérience prouve que, quelle que soit la nature du disque frotté, 
que ce disque soit conducteur ou non de la chaleur, le temps que met 
l'aiguille pour atteindre son maximum d’écartement, pourvu que cet écar- 
tement ne dépasse pas 60°, est toujours de 10". Pour des écartements de 
60° à 75°, il est de g"1, et de 9” pour des déviations de 75 à 90°. 

» L'aiguille aimantée se comporte donc ici comme une pendule qui oscille 
sous l’action de la pesanteur entre de petites amplitudes, puisque les dé- 
xiations sont isochrones, mais avec cette différence néanmoins que dans 


(366) 


le pendule, lorsque l'amplitude de l’oscillation augmente au-delà d’une 
certaine limite, le temps de l’oscillation augmente également, tandis que 
le contraire a lieu dans les expériences que nous décrivons, c’est-à-dire 
que le temps diminue à mesure que l'amplitude augmente au-delà de 60° 
jusqu'à 92°. Ce résultat se lie à la propagation de la chaleur et de l’élec- 
tricité dans les corps. 

» Prenons maintenant deux corps de même nature , égaux et disposés 
comme il a été dit précédemment. Par exemple, deux disques de liége dont 
l'un a une surface lisse, et l’autre une surface couverte d’aspérités. Si on 
les frotte l’un contre l’autre d’une maniere régulière et déterminée, et qu'on 
les présente simultanément aux deux faces de la pile thermo-électrique, 
l'aiguille aimantée est aussitôt déviée et le sens de la déviation indique que 
le disque à surface, couvert d’aspérités, a pris plus de chaleur que l’autre, 
et cela dans un rapport qui varie avec la vitesse du frottement. Il en est 
de même quand on frotte un morceau de verre poli contre un verre dé- 
poli. Dans les circonstances où nous avons opéré , le premier a pris moitié 
moins de chaleur que le second. On voit donc que le pouvoir absorbant 
des corps exerce une influence sur le dégagement de la chaleur dans le 
frottement. Cependant cette règle n’est pas générale, car le satin blanc 
prend plus de chaleur que le satin noir qui a un pouvoir absorbant plus 
grand. 

» Si l’on soumet à l'expérience des corps de nature différente, on ob- 
tient les résultats suivants : 1° le verre poli et le liége : le premier prend 
plus de chaleur que le second dans le rapport de 34 à 5; 2° le verre dé- 
poli et le liége : le rapport de température est de 40 à 7; 3° l'argent et le 
liége : le premier s’échauffe plus que le second dans le rapport de 50 à 12; 
4° le caoutchouc et le liége : la température du premier est à celle du se- 
cond dans le rapport de 29 à 11, ainsi de suite. 

» Des nombreux résultats que l’on a obtenus dans le frottement des 
corps de nature différente , on ne peut encore en tirer des lois simples, vu 
les causes diverses qui concourent à l'effet général. Il paraît seulement 
que la nature du corps , abstraction faite dela conductibilité ; exerce une 
influence que l’état de la surface ne détruit pas toujours. 

» Il nous a été impossible de trouver jusqu'ici la véritable cause de cette 
influence qui dépend de la nature des corps et probablement de l’arrange- 
ment de leurs molécules; mais c’est déja beaucoup de lavoir signalée par 
l'expérience parce qu’elle nous donne un élément de plus que la théorie 
de la chaleur pourra prendre désormais en considération. Maintenant si 
l’on cherche quels sont les rapports qui existent entre la production de la 


( 367 ) 

chaleur et la production de l'électricité, dans le frottement mutuel de 
deux corps, voici les conséquences qui découlent des expériences faites 
récemment : le déplacement des parties des surfaces frottées donne tou- 
jours lieu à un dégagement de chaleur et à un dégagement d'électricité, 
deux efféts qui sont dans une dépendance réciproque; cette dépendance 
est tellement voilée qu’il est impossible de pouvoir affirmer encore si lun 
précède l’autre, et vice versé ; on ne peut faire encore que des conjectures 
à cet égard, conjectures qui tendent à montrer que la chaleur dérive de 
l'électricité, quand les corps sont de même nature, de mauvais conducteurs 
de la chaleur, et ne diffèrent entre eux que par l’état des surfaces; la sur- 
face qui s’échauffe le plus prend l'électricité négâtive, et celle qui s’é- 
chauffe le moins l'électricité opposée. Quand les corps sont différents, les 
effets déviennent très complexes et ne peuvent être interprétés qu’en ayant 
les résultats sous les yeux. 

» De nouveaux faits permettent d'étendre à la lumière les relations 
entrevues entre la chaleur et l'électricité; la phosphorescence nous les 
fournira. On sait que ce phénomène se manifeste toutes les fois que des 
particules des corps mauvais conducteurs de l'électricité, sont ébranlées 
par la percussion, le frottement, la chaleur, la lumière , le choc électrique, 
ou bien lorsqu'elles sont décomposées par l’action chimique. Ces causes 
sont précisément celles qui dégagent aussi de l'électricité; or le phéno- 
mène étant moléculaire, la recomposition des électricités dégagées autour 

des molécules, doit donner lieu à une infinité de petites étincelles dont 
l’ensemble produit une lueur semblable à la phosphorescence; dès-lors il 
est permis de croire que la phosphorescence a une origine électrique. 

» Dans les Lampyres et les Infusoires on ignorait d’où provenait la phos- 
phorescence et si elle pouvait avoir aussi une origine électrique; des ex- 
périences importantes de M. Ehrenberg vont nous l’apprendre : cet habile 
physiologiste vient d’étudier, avec un soin tout particulier, la lumière 
émise dans l’obscurité par les Infusoires et les Annélides qui rendent la mer 
lumineuse dans certaines contrées, surtout lorsqu'une brise légère agite 
sa surface. Ayant placé sur le porte-objet de son microscope de l’eau ren- 
fermant de ces animalcules , il fut fort étonné de voir que la lueur diffuse 
qui les entourait n’était autre que la réunion d’une multitude de petites 
étincelles qui partaient de toutes les parties de leur corps, et en particu- 
lier du corps des Annélides. Ces étincelles qui se succédaient avec une 
grande rapidité avaient une telle ressemblance avec celles que nous ob- 
servons dans les décharges électriques, que M. Ehrenberg n’a pas hésité 

€.R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, No 7.) 49 


( 368 ) 


à établir leur identité entre elles. Il s’est assuré encore que la lumière 
émise n’est pas due à une sécrétion particulière, mais bien à un acte spon- 
tané de l'animalcule, et qu’elle se manifeste aussi souvent qu’on l'irrite par 
des moyens mécaniques ou chimiques, c’est-à-dire en agitant l’eau ou en 
versant dedans de l'alcool ou un acide. C’est une analogie de plus avec la 
torpille qui ne lance sa décharge que lorsqu'on l'irrite. De même dans les 
animalcules comme dans la torpille, la décharge recommence après un cer- 
tain temps de repos. De cette similitude d'effets, dans les mêmes circons- 
tances, ne peut-on pas en conclure une identité dans les causes ? Or, dans 
la torpille, on sait maintenant , à n’en plus douter, que cette cause est 
l'électricité ; il faut donc admettre que c’est elle aussi qui produit la phos- 
phorescence des Infusoires et des Annélides. Il est très remarquable que 
les phénomènes lumineux ou autres qui dépendent de l'électricité, sont 
d'autant plus forts que les animaux sont plus petits; il semblerait que 
cette profusion de fluide électrique, émise seulement par les êtres d’un ordre 
inférieur, est destinée à remplir d’autres fonctions dans les êtres d’un ordre 
plus élevé. 

» N'est-il pas permis de croire, d’après cela, comme M. Berzélius et 
d'autres physiciens l'ont avancé, que la lumière dégagée dans la com- 
bustion, qui donne lieu à un si grand dégagement d'électricité, n'est 
aussi que le résultat de la décharge d'une infinité de petites étincelles 
produites dans la combinaison du corps combustible, avec le corps 
comburant. 

» Nous voyons donc que les rapports qui lient ensemble la lumière , la 
chaleur et l'électricité prennent de jour en jour une nouvelle extension et 
nous montrent que ces trois agents, qui président à la consitution molé- 
culaire des corps, dérivent, suivant toutes les apparences, d’un seul prin- 
cipe, de nature éthérée, répandu dans l’espace et dans tous les corps. » 


Apres cette lecture, M. Flourens, secrétaire perpétuel, lit l'éloge his- 
torique de feu M. Anrorne-Laurenr pe Jussteu. 


La séance est levée à 4 heures. F. 


-__ COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 20 AOÛT 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


Mémoire sur la cause et les effets de la fermentation (1) alcoolique et 
acéteuse; par M. Turin. 


PREMIÈRE PARTIE. 


« Comme physiologiste et comme nous étant, depuis long-temps, occupé 
de l'étude des corps organisés microscopiques , nous nous sommes associé 
à la belle découverte de M. Cagniard-Latour, parce que nous en avons 
reconnu, dès le début, toute l'exactitude, toute la portée scientifique, 
soit qu’on la considère sous le rapport de la physique, de la chimie et de 
la physiologie, soit sous celui de la fabrication industrielle; car, comme on 

le sait, de la connaissance approfondie des corps sur lesquels on opère, 
doit toujours résulter leur meilleur emploi. 

» La physiologie végétale jouant le principal rôle, le seul peut-être, 
dans cette découverte , nous avons pensé qu’à la physiologie seule appar- 
tenait de porter la lumière dans l'acte, jusque alors si mystérieux ou si 
obscur, de la fermentation. 


(1) Fermentation comme effet et végélation comme cause, sont deux choses insépa- 
rables dans l’acte de la décomposition du sucre. 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N°8.) 5o 


(370) 

» C’est dans cette vue que, depuis une année, nous nous sommes cons- 
tamment livré aux recherches expérimentales et aux observations micros- 
copiques qui font l’objet d’un Mémoire fort étendu et dont nous n’offrons 
ici qu'un extrait. 

» En ne nous occupant d’abord que de la fermentation de la biere, nous 
avons successivement examiné au microscope : 1° le Périsperme de l’Orge 
avant et après la germination de l'embryon; 2° la Trempe; 3° la Lupuline 
du Houblon; 4° le Moùt, composé de la Trempe et du principe amer de 
la Lupuline du Houblon; 5° la Levure (1) fraîche avant sa mise en levain 
ou avant d’être versée dans le Moût ; 6° la même Levure suivie dans toutes 
les phases de la végétation des globules seminulifères dont elle se com- 
pose pendant la durée de la fermentation dans la cuve; 7° la bière ter- 
minée; 8° la Levure nouvelle ou reproduite. h 

» Comme production due à un plus grand achèvement de la végétation 
des seminules de Levure, nous avons ensuite étudié ces prétendues ma- 
tières mucilagineuses qui se forment peu à peu à la surface, soit de la 
Trempe, soit du Moût, soit de la biere, soit du lait, soit enfin de tous les 
liquides fermentescibles en contact avec l’oxigène, mucilages que les bo- 
tanistes mycologues désignent sous le nom de Mycoderma (2) où d'Hy- 
grocrocis , Agardb. 

» Toujours dans l’intention de nous éclairer de plus en plus par l’ana- 
logie, nous avons observé , heure par heure , le développement des Levures 
produites par le blanc d'œuf, par les jus de Pommes, de raisin, et autres 
fruits pulpeux, et enfin, nous avons terminé cette série de recherches 
microscopiques par celle de la Mère ou du Mycoderma du Vinaigre (3). 

» Avant d’aller plus loin, nous éprouvons le besoin de dire que l’une 
des causes qui nuit le plus à l’enseignement des sciences et à leur avance- 
ment, est dans ce qu’une même chose est considérée tout différemment 
suivant l'esprit et les besoins particuliers de chaque science, besoins qui 
amènent tout naturellement diverses dénominations. Ce mal s’étend jusque 
dans les sciences spéciales. De là ces synonymies fort embrouillées qui 


(1) La dénomination de Levure, sans que l’on s’en soit douté, se trouve maintenant 
doublement bonne , car elle exprime deux caractères à la fois : celui des seminules qui 
lèvent ou germent, et celui du liquide ou de la pâte soulevée par le dégagement des 
bulles d’acide carbonique et de la chaleur qui résulte, comme effet, de la végétation 
des seminules de la Levure. 

(2) Mjcoderma cervisiæ , Desmaz. 

(3) Mycoderma vint, Vallot, © lvina aceti, Kütz. 


(371) 
bouleversent les idées, qui dégoûtent de l'étude si simple des choses, et 
qui sont aux sciences ce que la rouille est au fer. 

» Le tissu cellulaire végétal, quelque part qu'on l’observe, est une ag- 
glomération de vésicules maternelles distinctes. De la paroi intérieure de 
ces vésicules naissent, par extension, des globules organisés, véritables 
gemmules reproductrices, soit de la vésicule maternelle, soit de la plante, 
en passant par l’état de bulbille; soit, étant isolées et plongées dans un li- 
quide sucré, d’un végétal infusoire et filamenteux dans les fermentations. 
Ces globules organisés, ces bulbilles intestinales, tous d’origine identique, 
tous émanant de la paroï d’une vésicule de tissu cellulaire, ont été mé- 
connus comme organe fondamental dans les masses tissulaires végétales , 
à cause des diverses couleurs qu’ils sont susceptibles de prendre, des di- 
vers développements auxquels il peuvent arriver selon la nature des in- 
fluences extérieures, de leurs diverses qualités chimiques, et enfin, à cause 
du défaut de bonnes observations microscopiques comparatives. Ii est donc 
‘bon pour l'intelligence du sujet de ce Mémoire, que l’on sache que les 
globules contenus dans les vésicules du tissu cellulaire végétal sgnt nom- 
més par les chimistes : Fécule, Amidon , Levure, Ferment , Chlorophylle, 
etc.; par les physiologistes : Fécule, Globuline , Sphériole , Chrémule , etc. 

» Bien convaincu de l'insuffisance des descriptions, même les plus dé- 
taillées, quand il s’agit de faire connaître les formes et les couleurs si va- 
riées des corps, et plus particulièrement lorsque ces corps sont microsco- 
piques, nous avons cru nécessaire d'appeler à notre secours l'Iconographie , 
en figurant tous les composants qui peuvent servir à prouver l’origine, la 
nature et les divers développements des Levures. 


\ 


$ I. Du Tissu cellulaire du Périsperme de l'Orge commune , trempé dans l'eau. 


» Sous les enveloppes dures et écailleuses d’un grain d’Orge on trouve 
la graine. Sous l'enveloppe de celle-ci (1) une masse de tissu cellulaire 
qui en est le Périsperme et à là base duquel est situé extérieurement et 
latéralement l'Embryon. Ce tissu cellulaire, dans lequel réside toute la 
matière nutritive des céréales, est formé d’une agglomération de vésicules 
maternelles , incolores et diaphanes, variables de formes et de grandeurs, 
quoique généralement ovoides ; elles contiennent une grande quantité de 
globulins ou grains de fécule. Lorsque les vésicules mères se déchirent, 


(1) Dans cette enveloppe se trouve le Péricarpe et le tégument de la graine intime- 
ment unis par un simple collage. 


50. 


( 372 ) 


elles versent dans l’espace toute leur fécule et ne paraissent plus ensuite 
que comme des chiffons (1). La fécule très abondante varie en grosseur 
depuis le point apercevable jusqu’à environ un - de mill., et, comme 
toutes les fécules, particulièrement celle de Pomme de terre, cette fécule 
commence à être sphérique, puis, en grossissant et en se génant, mu- 
tuellement dans la vésicule maternelle, elle devient ovoide et quelque- 
fois obtusément triangulaire. Sa transparence est si grande que lorsque 
deux grains se croisent le contour de la partie de celui placé en-dessous 
se dessine aussi nettement que si ce grain était isolé. Les grains, même 
les plus gros, n’offrent jamais à la vue le point hilaire où ombilical par 
lequel ils ont adhéré à la paroi intérieure de la vésicule maternelle. On 
ne voit point non plus ces espèces de zones concentriques ou d’accroisse- 
ment qui se remarquent sur les grains de fécule de la Pomme de terre et 
de quelques autres espèces. Quelques légères dépressions, occasionées 
par la gène que ces grains ont éprouvée dans leur accroissement, se mon- 
trent seulement à leur surface. Tous ces grains, comme nous l'avons déjà 
démontré ailleurs et comme nous le prouverons incessamment par de 
nouveaux faits , sont , dans toute la rigueur de l'expression, de véritables 
bulbilles intestinales et microscopiques qui ,sous certaines influences favo- 
rables à leur développement, peuvent germer et reproduire la plante-mère, 
ou, étant isolés et plongés dans un liquide sucré, faire l'office de Levure 
en germant ou en végétant sous la forme très amoindrie d’une mucédinée 
filamenteuse. Les plus petits et les plus nombreux de ces grains bulbifères 
offrent, au microscope, un mouvement de fourmillement non équivoque. 


$ II. Du Tissu cellulaire du Périsperme de l'Orge germée , trempé dans l'eau. 


» Le changement le plus remarquable survenu dans les grains d'Orge 
était la germination plus ou moins avancée des embryons. Terme Inoyen, 
cette germination consistait dans le développement extérieur de deux à 
cinq petites radicelles filiformes longues de quelques lignes, et dans celui in- 
térieur, peu considérable du cotylédon et de la gemmule. Les vésicules du 
tissu cellulaire étaient les mêmes, mais les grains de fécule paraissaient gé- 
néralement avoir perdu de leur substance; ils étaient plus transparents et 
plus flasques. L’embryon, en se développant un peu, s’était-il nourri aux 
dépens de la substance saccharine contenue dans le Périsperme? On ne 


(1) Ce sont ces mêmes chiffons qui, étant agglomérés, forment, en grande partie, 
le gluten des chimistes. 


(373) 

peut en douter, et c’est pour cela qu'après avoir été le véritable acteur, le 
véritable excitateur de la formation du sucre dans le Périsperme, il en de- 
vient le décompositeur, et que si l’on ne veut pas qu’il le décompose en- 
tièrement à son profit, il faut, après s’en être servi comme d’un instru- 
ment, s'empresser de le tuer par la chaleur et une entière siccité, comme 
cela se pratique chez les brasseurs (1). 

» Le Périsperme de l'Orge germée est sensiblement plus sucré qu'avant 
Vacte de la germination de l'embryon. 


$ Il. De la Trempe fraiche. 


» Ce liquide, ou cette infusion, dans lequel il n’est encore entré, comme 
matière organique, que celle des globulins du Périsperme et de l'embryon 
de l’Orge, est trouble, sa couleur, d’un jaune-roux et sa saveur assez su- 
crée. Vu au microscope, ce liquide contient en suspension un nombre 
prodigieux de très petits globules provenant de ceux si abondants dans la 
fécule de l’'Orge et qui ont traversé le filtre en bois du brasseur. Ce sont 
tous ces globulins, développés d’abord dans les vésicules du tissu cellu- 
laire du Périsperme de l’Orge, qui forment ensuite et après s'être isolés, 
la Levure primitive de bière. Telle est la source ou l’origine organique 
et physiologique de cette Levure, comme de toutes les autres Levures 
végétales toujours produites par des globulins organisés, seminulifères ou 
bulbiféres, extraits de divers tissus cellulaires végétaux. Telle est l’origine 
de ces végétations qui, sous l’influence de l’oxigène, forment à la surface 
du liquide de la Trempe, du Moût, de la bière achevée et de tous les li- 
quides qui contiennent des globulins seminulifères, ces masses mucila- 
gineuses mycodermiques, dont nous allons bientôt nous occuper. 


(1) Comme on le verra plus tard, les innombrables embryons d’un tas de grains 
d'orge en germination , jouent absolument le même rôle, par rapport au sucre de l’A- 
midon du périsperme, que les petits végétaux infusoires des Levures dans le liquide 
sucré des fermentations ordinaires. Dans les deux cas, ces végétaux sont les décompo- 
siteurs du sucre afin d’absorber et de se nourrir de l’un des éléments de cette matière en 
isolant et en délaissant, soit l'alcool, soit l'acide acétique. Dans cette dernière opéra- 
tion il convient aux besoins de l’homme de laisser agir entièrement les végétaux des 
Levures sur la décomposition du sucre, mais il en est autrement de la première. Là on 
ne veut qu’une simple excitation qui puisse déterminer la formation du sucre d’Amidon 
dans le périsperme de l’Orge, aussi se dépéche-t-on de détruire l'embryon excitateur 
qui, naturellement et justement, dévorerait une substance formée pour lui directe- 
ment et non pour l’homme qui s’en empare. C’est le cochon que l’on emploie à la re- 
cherche des truffes, et qui ne les mange pas. 


( 374 ) 


S IV. De la Lupuline du Houblon. 


» À la base extérieure (1) des bractées scarieuses du cône fertile du 
Houblon et à la surface de l'ovaire, et par suite, du péricarpe sphérique 
et osseux qui se trouve à l’aisselle de chaque bractée, il se développe un: 
grand nombre de glandules vésiculeuses, très petites (environ de à mill.), 
sphériques, d'un jaune doré et luisant, sessiles ou presque sessiles. Ces 
glandules, qui répandent une odeur forte et qui sont considérées comme 
une poudre, constituent la Lupuline de Ives. 

» Examinées au microscope (2), et placées dans l’eau entre deux lames 
de verre, ces glandules vésiculeuses paraissent vertes et leur membrane est 
munie d’un réseau dont les mailles assez régulières partent ou aboutissent 
à un centre commun (3); point par lequel la glandule adhérait à la bractée 
ou à l'ovaire. En cet état, on les voit peu de temps après émettre, par 
une sorte d’explosion analogue à celle que l’on connaît chez les vésicules 
polliniques, un nombre prodigieux de très petits globulins incolores qui 
se répandent dans l’espace et dont le mouvement de fourmillement est 
très vif. Ce même mouvement des globulins se maintient et reparaît dans 
la Lupuline conservée pendant plusieurs années. D’autres fois la vésicule 
se rompt et laisse sortir, par sa déchirure, une enveloppe interne, non 
réticulée, qui s'étend au dehors sous des formes très variées en entraînant 
avec elle les globulins intérieurs. Ces extensions prouvent que le grain 
de Lupuline, comme celui des pollens, est composé de deux vésicules em- 
boitées, et dont l’intérieure contient, tout-à-la-fois, les globulins four- 
millants et l'huile essentielle aromatique et verdâtre, dans laquelle se 
trouve le principe amer et conservateur de la bière (4). Cette huile, la 


(1) Il ne faut pas oublier que cette face des bractées correspond absolument avec 
celle que présentent extérieurement les deux feuilles ovariennes qui composent, pa 
soudure, le péricarpe du Houblon. 

(2) 280 fois le diamètre. 

(3) Ces mailles sont-elles des cellules vides comme celles des épidermes? ou, dans la 
supposition de l'existence de cellules, chacune d’elles sécrète-t-elle et contient-elle 
une substance particulière , comme l’a avancé M. Raspail, Chimie organique, p. 178. 

(4) On ne sait comment est venue l’idée d’employer le principe amer de la Lupuline 
du Houblon dans la bière pour l’empêcher d’aigrir trop tôt, mais il est remarquable 
qu’un moyen semblable soit en usage pour obtenir la plus longue conservation du cidre, 
moyen qui consiste à mélanger parmi les Pommes douces et sucrées une certaine quan- 
tité de Pommes très amères. 


( 3795) 

seule chose qui nous paraisse utile dans l'emploi du Houblon et qui de- 
vrait être séparée de toutes les parties végétales des cônes qui ne peuvent 
que donner de l’âcreté à la bière, s'étend sur le porte-objet sous la forme 
de gouttelettes circulaires et aplaties où sous des formes irrégulières. Elle 
est toujours unie à un grand nombre de globulins qu’elle entraîne avec 
elle (1). À 

» Comme dans tous les organes creux des tissus végétaux, la vésicule 
de la Lupuline, indépendamment des globulins fourmillants et de l'huile 
aromatique, contient encore une certaine quantité de gaz qui s'échappe 
au moment de l'explosion. Ce gaz, en se dégageant dans l’eau placée entre 
les deux lames de verre, y forme des bulles tantôt circulaires et tantôt 
allongées ; mais ce qu'il y a de remarquable, c’est que dans ces bulles ga- 
zeuses, comme en un lieu d’abri, et sans doute de provocation, on voit 
se former un nombre prodigieux de petits cristaux en forme de bâton, 
variables en longueur, simples ou groupés, droits et quelquefois plus ou 
moins arqués. Pourquoi ces cristallisations, qui n’avaient point encore été 
remarquées , n’ont-elles lieu que dans les chambres formées par les bulles 
et jamais en dehors ? Quelle est leur nature chimique ? Tout ce que l’on 
peut dire en toute süreté, c’est que la matière élémentaire de ces cristaux 
existait dans la vésicule de la Lupuline avant son explosion. 


$ V. Da Moût. 


» Ce liquide, composé de la Trempe et du Houblon bouillis ensemble, 
est plus coloré que celui de la Trempe seule, et sa saveur, toujours sucrée 
au fond, est devenue plus piquante, plus styptique, par l'addition du 
principe amer de la Lupuline. 

» Si l’on filtre ce liquide composé et qu’on examine au microscope le 
dépôt formé par tous les corps qui s'y trouvent en suspension, on y re- 
connaît un grand nombre de globules vésiculeux de Levure , dont la gros- 
seur varie depuis le point jusqu’à un 100“ de millim. sphériques ou plus 
souvent ovoides, légèrement verdâtres et contenant des globulins de di- 
verses grosseurs. Ces globules vésiculenx de Levure , évidemment produits 
par la transformation des globulins de la fécule du périsperme de l'Orge, 
placés sous des influences nouvelles, sont , pour la plupart, dans un état 


= 


(1) Mélange de deux choses fort distinctes: l’une organisée, les globulins; lPautre 


sans organisation, l’huile ; mélange qui a reçu le nom de Lupulite par MM. Payen, 
Chevallier et Pelletan. 


(376 ) 

de végétation plus ou moins avancée. On en voit qui n’ont encore poussé 
qu'un bourgeon tandis que d’autres , plus développés, par des bourgeons 
successifs ,se composent de cinqarticles et d’un nouveau bourgeon terminal. 
Parmi ces globules vésiculeux et ces mêmes globules végétants, la seule 
chose qui constitue la Levure, on trouve quelques enveloppes chiffonnées 
de Lupuline et des petites masses composées des nombreux globulins (1) 
que ces enveloppes contenaient, mais qui ont perdu toute espèce de mou- 
vement par l’ébullition. Quelques petits flocons de matière granuleuse et 
de couleur roussâtre forment le fond de ce dépôt. 

» Comme on vient de le voir, le moût de bière contient déjà une assez 
grande quantité de Levure primitive pour pouvoir, étant abandonné à ses 
propres moyens, fermenter et arriver, par cette fermentation, à l’état 
alcoolique de la bière (2). Mais comme ce travail trop long ne donnerait 
qu'une bière médiocre, on s’est avisé, pour hâter l'opération et pour 
donner plus d'énergie à l’action de la conversion de la matière saccharine 
en alcool, d'ajouter une certaine quantité de Levure produite et recueillie 
dans une fabrication précédente de bière. 


S VI. De la Levure fraîche ou nouvellement produite et recueillie. 


» Là nous retrouvons M. Cagniard-Latour, là est le point le plus im- 
portant de ses intéressantes recherches sur l’organisation, la végétation , 
Ja reproduction et la multiplication ou l'augmentation de la masse des 
Levures. C’est ici que, près de nous, nous allons le suivre, en répétant 
avec soin ces curieuses observations , de manière à pouvoir assurer positi- 
vement si les Levures, comme on l'avait cru, ne sont que des matières 


(x) Ces globulins, par un effet de contraction et de mort, avaient pris pour la plupart 
la forme d’un petit carré. 

(2) C’est ainsi que le lait par ses propres globules, qui sont sa Levure, se suffit dans 
sa fermentation et dans la décomposition de son sucre par la végétation filamenteuse 
de ses globules. 

C’est encore ce qui arrive dans l’intérieur des fruits pulpeux et sucrés dont les glo- 
bulins naturels, en germant et en végétant sous la forme d’un filament confervoïde, dé- 
composent le sucre, rendent ces fruits acides, en isolant l’acide acétique et quelquefois 
l'alcool. Ces fermentations, qui s’opèrent dans une cerise, dans un grain de raisin, dans 
une pomme, dans une pêche, sont entièrement comparables à celle qui a lieu, sur une 
plus grande echelle, dans la cuve du brasseur, ou , sur une bien plus grande échelle 
encore, dans tout espace occupé par des végétaux et des animaux dont les organes élé- 
mentaires de leurs tissus, comparables aux petits végétaux des Levures ordinaires, sont 
aussi les décompositeurs des substances qui les environnent. 


(377) 
organiques sans organisation , que de simples produits chimiques, ou si, 
au contraire, elles sont des agglomérations composées de diverses espèces 
de petits végétaux, resultant tous de la germination d’un globule échappé 
d’une vésicule d’un tissu cellulaire végétal. 

» Pour cela , il fallait, comme l'avait déjà fait M. Cagniard-Latour, aller 
passer une nuit dans une brasserie, afin de pouvoir suivre , étudier, dé- 
crire et dessiner à l’aide du microscope, toutes les phases du développe- 
ment des petits végétaux provenant des seminules composant la Levure de 
bière, pendant toute la durée de la fermentation d’une cuvée. 

» M. Chapellet, qui dirige avec autant de savoir que d’habileté la grande 
brasserie du Luxembourg, voulut bien nous recevoir et nous permettre 
d’y faire nos observations. C'était au mois d’octobre dernier : la cuve con- 
tenait le Moût suffisant pour faire 56 quarts de bière, et la mise en levain 
devait avoir lieu à dix heures du soir. Arrivés une demi-heure plus tôt, nous 
examinâmes d’abord la Levure fraiche qui devait être employée ; elle fer- 
mentait; sa densité était celle de la crême, sa couleur celle du café au lait, 
sa saveur très amère , et son odeur voisine de celle qui s’exhale de la fleur 
du sureau (1). Observée ensuite au microscope, nous trouvâmes qu’elle 
était entièrement composée de globules vésiculeux, sphériques , ovoïdes, 
et quelquefois légèrement pyriformes. Ces globules transparents et d’un 
fauve pâle, variant de grosseurs depuis + jusqu'à 5 de mill., étaient 
tous libres, tous indépendants les uns des autres et entièrement dépourvus 
de mouvement. Sous certains jours, on apercevait clairement l'épaisseur 
plus transparente de la vésicule, et la capacité de celle-ci plus opaque et 
plus colorée par la présence des globulins intérieurs. Lorsqu'un certain 
nombre de ces globules de Levure se trouvaient emprisonnés dans une 
bulle d’air, de maniere à être pressés les uns contre les autres, ils s’affais- 
saient en se gênant mutuellement, devenaient polygones, et, par cet effet, 
prouvaient leur mollesse et expliquaient en même temps la véritable for- 
mation des tissus cellulaires dans lesquels les vésicules sphériques pren- 
nent cette forme par la même cause. Tous, dès ce moment , ne laissaient 
plus aucun doute sur leur existence organisée végétale; tous étaient des 
individus doués de la vie organique; tous avaient déjà végété et grandi 
depuis le point jusqu’au 100% de mill. Mais en cet état de simples glo- 


————_—…—…—…——…— —…"—…—.—…"—…—…—…—.—— —… ——… …"…—"—… —"—..—"———…—"—.…. — — 


(x) Les globules extraits du tissu cellulaire de la farine (Levure des chimistes) ont Ja 
même odeur que ceux de la Levure de bière qui proviennent du Périsperme de l'Orge. 
(Observation de M. Cagniard-Latour.) 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 8.) Br 


(378) 

bules vésiculeux et remplis de globulins seminulifères, étaient-ils arrivés à 
leur dernier terme de développement? Devaient-ils se reproduire sous la 
forme si simple d’un Protococcus, où étant d’un ordre plus compliqué, 
ces globules, considérés seulement comme des seminules, ou mieux , 
comme des boutures, devaient-ils se développer en autant de petits vé- 
gétaux moniliformes ou composés de plusieurs articles, comme nous 
l'avait annoncé M. Cagniard-Latour? Comme l’un ou l’autre de ces deux 
états pouvait exister, il était nécessaire de suivre ces globules dans 
le Moût, et pendant toute la durée de la fermentation : c’est ce que nous 
fimes. 

» Nous venons de dire que la quantité de Moût contenu dans la cuve 
était destinée à produire 76 quarts de bière; dans ce liquide, on versa 
35 livres de Levure, laquelle fut ajoutée à celle qui s'était naturellement 
formée dans le Moût. Que fit-on réellement par cette addition de Levure ? 
On augmenta, comme nous venons de le dire, l'énergie fermentescible de 
la Levure naturelle qui se trouvait déjà dans le Moût, et, comme on va le 
voir tout-ä-lheure, on ersemençæ dans un territoire (r) particulier, le 
Moût, un nombre prodigieux de seminules ou de corps reproducteurs 
qui devaient s’y développer et reproduire avec bénéfice. Une heure envi- 
ron après cet ensemencement , à onze heures, la fermentation étant com- 
mencée, nous fimes tirer de la cuve un premier échantillon, lequel étant 
examiné au microscope, nous montra que le plus grand nombre des glo- 
bules avaient poussé un et quelquefois deux petits bourgeons qui étaient, 
comme plus jeunes, plus transparents que le globule maternel ou pro- 
ducteur. £ 

» Dans’un second échantillon puisé à une heure du matin, la fermenta- 
tion augmentant, tous ou presque tous les globules , qui n’avaient lors de 
la première observation que de très petits bourgeons incolores, étaient 
doublés où composés de deux articles ou mérithalles , le bourgeon ayant 
atteint le même diamètre que celui de son producteur. Quelques nou- 
veaux bourgeons se montraient déjà sur un certain nombre de ces indi- 
vidus didymes ou géminés. 


(x) Sur l'observation de M. Poinsot, nous supprimâmes dans notre Rapport sur le 
sujet qui nous occupe, le mot territoire qui s’y trouvait , non parce qu’il nous parut 
mal appliqué, tout au contraire, mais bien parce qu’il s’agissait d’un Rapport. Ici, comme 
c’est un Mémoire dont seul nous sommes responsable, nous persistons à employer la 
dénomination de territoire, parce qu’elle nous paraît exprimer parfaitement l’habitation 
des végétaux infusoires des Leyures. 


( 379 ) 

» Dans une suite d'échantillons tirés d’heure en heure jusqu’à six heures 
du matin, moment où l’on entonna la bière, nous vimes ces petits végé- 
taux continuer de croître et de se compliquer d'articles. Dans le dernier, ils 
étaient presque tous formés de quatre ou de cinq articles vésiculeux rem- 
plis de globulins et terminés la plupart par un bourgeon naissant et par un 
ou deux autres bourgeons latéraux, ce qui annonçait que ces petits végé- 
taux n'étaient point encore achevés et qu’il y avait chez eux une intention 
3 la ramescence. Parmi ces individus moniliformes, il s’en trouvait beau- 
coup d’autres qui se bornaient encore à un, deux ou trois globules; les 
uns étaient droits, les autres légèrement arqués. 

» Plusieurs fois nous vimes, comme M. Cagniard-Latour avait cru l’ob- 
server deux fois; des globules, soit solitaires , soit faisant partie d’une tige 
moniliforme , émettre à l'extérieur, sous forme de fusée, une partie ou la 
totalité de leurs globulins intérieurs. 

» Dans cet échantillon, nous aperçumes quelques filaments plus ténus 
que les globules des petits végétaux de la Levure; les uns simples, les 
autres rameux, tubuleux, et contenant de très petits globules placés à la 
suite et à distance les uns des autres. Ces filaments, qui appartenaient à 
une espèce d’Hygrocrocis, étaient entièrement étrangers aux végétaux de 


la Levure. 

» Pendant cette longue et froide séance de nuit, qui avait duré prés de 
neuf heures; nous ne cessämes de dessiner et d’avoir l’œil fixé sur l’ocu- 
laire du microscope, tant cette observation avait d’attrait et nous paraissait 
riche en explications sur le produit de la Levure et sur le rôle actif que ces 
milliards de petits végétaux doivent jouer dans le phénomène de la fer- 
mentation pendant leur courte, mais très énergique végétation. Il suffisait 
de regarder durant un quart d’heure les bourgeons naïssants pour les voir 
successivement atteindre le diamètre qu'ils étaient destinés à avoir comme 
lun des articles de la tige moniliforme. 

» Rentrés chez nous, nous étions satisfaits de notre récolte, mais il nous 
restait des regrets. Nos petits végétaux, pour lesquels nous proposons le 
nom de Torula cervisiæ (1), n'étaient point achevés , ce que prouvaient les 


(1) Nous n’ignorons pas que ces petits végétaux ne sont que le premier état de ceux 
qui , n’étant point arrêtés dans leur végétation et qui peuvent jouir de l’oxigène, cons- 
tituent, en s’achevant et en fructifiant, le Wycoderma cervisiæ, Desmaz., et, plus tard, 
le Penicillium glaucum. 

Dr 


( 380 ) 


jeunes bourgeons dont ils étaient terminés. Le brasseur, en finissant son 
opération, les avait brusquement arrêtés dans leur végétation et mis 
dans le cas de se désarticuler ét de paraître sous la forme d’une Levure 
nouvelle, c’est-à-dire d’une masse composée d’articles globuleux dissociés, 
masse comparable à celle d’un tas de blé dont chaque grain possède; 
comme individu , son centre vital de reproduction. 

» Bien convaincus que ce qui s'était fait en grand chez le brasseur 
pouvait se faire en petit, nous préparàmes, dans un bocal, un terri- 
toire composé d’eau et de sucre dans lequel nous semâmes les globules 
de la Levure de bière; le tout exposé à une température d’environ 
25° cent. Cet ensemencement avait eu lieu le 3 novembre, à huit heures 
du matin; le 5, vers la même heure, le liquide était en pleine fermenta- 
üon, et la plupart des globules germaient ou étaient en végétation plus 
ou moins avancée. Le 6 ayant observé de nouveau, au microscope, l’état 
de nos Torula cervisiæ , nous trouvâmes qu’un grand nombre d'individus 
présentaient des développements plus riches en articles que dans ceux de 
la cuve du brasseur. Plusieurs se composaient de six ou de sept articles et 
de rameaux latéraux formés de deux ou même de trois globules. Tous 
végétaient encore , car leurs extrémités étaient munies de petits bourgeons 
transparents. Quoique plus compliqués en articles que ceux de la brasse- 
rie, ils étaient plus maigres, moins pourvus de globulins intérieurs, et, 
par conséquent, plus translucides. La cause de cet étiolement nous parut 
être dans la différence des deux territoires. Dans le nôtre, il n’était entré 
que du sucre, tandis que dans celui du brasseur, indépendamment de la 
matière saccharine, se trouvait encore le mucilage nutritif de l’'Orge et, de 
plus, l'huile essentielle du Houblon qui pouvait avoir agi comme stimulant 
sur le développement des Torula. 

» Le 8, la fermentation cessa, et l’écume, soulevée par le dégagement 
de l’acide carbonique, s’affaissa à la surface du liquide dont l'odeur était 
celle d’une pâte aigre et la saveur celle de l'acide de la reinette grise un 
peu échauffée. Ce liquide ou ce territoire, entièrement épuisé par nos pe- 
tits végétaux qui, pour leur accroissement, en avaient absorbé toute la 
matière nutritive, devint impropre à la fermentation, et tous les Zorula, 
mourants de faim, se désarticulèrent et se précipitèrent en Levure nou- 
velle au fond du bocal. Encore ici, nous n’eümes que des végétaux in- 
complets, puisque, comme on l’a vu , tous, au moment de leur dissocia- 
tion, étaient en train de pousser des bourgeons. 

» Si l’on met des globules vésiculaires de levure de bière dans de l’eau 


( 38: ) 


pure, ne trouvant point dans ce milieu aqueux privé de sucre, le stimu- 
lant et la matière nutritive qui convient à leur germination et à leur 
développement en Torula, il n’y à point de fermentation; ils y meurent 
de faim, s'y décomposent, se putréfient assez promptement, et répandent 
une odeur infecte. | 

» Pendant cette décomposition ils se vident de leurs globulins intérieurs, 
globülins qui en se mélant à l’eau, la troublent et la rendent laiteuse. Les 
globules vésiculaires restants sont alors plus transparents, et les globulins 
devenus libres, offrent un mouvement de fourmillement. 


$ VII. De La bière terminée. 


» Dans l'épaisseur du liquide de la bière entonnée ou mise en bouteille, 
vivent et croissent un grand nombre d'individus de Torula cervisiæ ; mais, 
influencés par un milieu différent de celui de la cuve à fermentation , 
ils subissent quelques modifications de formes et de couleurs. Ils sont 
plus robustes, un peu plus compliqués, plus rameux; leurs articles lé- 
gèrement verdâtres, sont ovoides, pyriformes ou quelquefois remarqua- 
blement allongés. Parmi eux se voient des masses composées de globulins 
échappés des vésicules de Lupuline, globulins qui, par la cuisson, ont 


perdu leur mouvement de fourmillement. 
»On obtient en plus grande quantité cette modification du Torula cer- 


visiæ , soit en faisant mousser la bière, ce qui les fait monter à la surface: 
soit en les arrétant sur un filtre. Comme on le voit, en buvant de la bière, 
surtout de la mousse, on avale des myriades de ces petits végétaux, et 
sans s’en douter on boit et l’on mange tout-à-la-fois. C’est donc à leur 
présence qu'est due en grande partie la qualité nutritive, l’onctuosité, ainsi 
que le filant désagréable que prend cette boisson en vieillissant, C'est 
encore à ces mêmes petits végétaux, véritables éliminateurs , dont les gé- 
nérations se succèdent rapidement, qu’il faut rapporter la cause de la 
longue agitation ou fermentation de la bière et à la promptitude de ce 
liquide à passer à l'acide et au gras : au premier de ces états, par la 
partie sucrée éliminée et absorbée par les Torula cervisiæ, qui s’en 
nourrissent; et au second par les nombreux détritus de ces petits êtres 
végétaux morts de faim, au milieu du liquide acide, faute d'aliments 
saccharins. Mais ici il faut remarquer qu'il n’y a que les enveloppes 
maternelles qui périssent et non les globulins, ou la nouvelle génération 
qu’elles contenaient, et qui, comme seminules, peuvent continuer de 


( 382) 
végéter en Mycoderma cervisiæ, si on leur offre un lieu’, l’oxigène, et des 
aliments convenables à leur existence. : 


$ VIII. De la Levure nouvelle. 


» Avant ladécouverte de M. Cagniard-Latour,on savait que chaque cuvée 
de bière produisait 5, 6 ou 7 fois plus de levure que celle employée dans 
la mise en levain. On savait que cette augmentation en poids comme en 
volume variait suivant la plus ou la moins grande quantité d’Orge em- 
ployée, et suivant la température et les mois de l’année; mais l'explica- 
tion de la cause du produit et de ses variations ne pouvait être positive- 
ment donnée. Aujourd’hui cette cause nous paraît tout aussi simple, tout 
aussi naturelle que celle qui fait qu'un grain de blé jeté dans un sol pré- 
paré pour le recevoir peut, en s'y développant, s’y multiplier un grand 
nombre de fois. 

» Sila cause du produit est la même dans les deux cas, si la multipli- 
cation de part et d’autre est soumise au même mode de développement 
végétal, si la séparation et l'isolement des articles de la tige du Torula 
cervisiæ peut justement et rigoureusement être comparés à celle des grains 
de blé détachés de l’'épi, elle ne peut cependant offrir un chiffre aussi 
exact, car on ne peut savoir la quantité de levure primitive produite 
dans le Moût, de même que l’on ne peut connaitre celle qui reste dans 
la bière terminée. Mais il y a produit, et pour en donner la mesure ap- 
proximative, nous dirons que la cuvée sur laquelle nous avons fait nos 
observations devait, comme nous l'avons déjà dit, produire 76 quarts ou 
5-00 litres de bière. La levure employée fut de 35 livres, et celle recueillie 
après la fabrication, de 247 livres pressée, ce que les brasseurs appellent 
de la levure sèche. Si l’on déduit de ce produit les 35 livres jetée dans 
le Moût, il reste un bénéfice de 212 livres de levure nouvelle. 

» Avant d'aller plus loin, nous croyons devoir faire remarquer trois 
choses qui touchent l'origine , l’organisation et la physiologie des Torula 
cervisiæ ou petits végétaux de la bière. 

» La première, dans ce qui concerne les trois sources ou les trois modes 
de production : 1° l’origine primitive par transformation des globulins du 
Périsperme de l’Orge; 2° celle que l’on peut appeler par bouture, prove- 
nant des articles dissociés des tiges moniliformes (la Levure) ; 3° celle par 
les globulins seminuliferes qui s’échappent de l’intérieur des articles. 

» La seconde, qui vient à l'appui de l’origine primitive des Torula cer- 
visiæ, consiste dans cette remarque faite par les brasseurs, que, plus la 


(383) 


Trempe est nourrie d'Orge, plus la bière achevée rend de Levure, obser- 
vation qui prouve la transformation des globulins de l'Orge en globules 
de Levures. 

» La troisième, non moins curieuse, est dans ce que les mois de mars et 
d'avril, suivant quelques brasseurs, sont ceux de l'année qui produisent 
la plus grande quantité de levure, différence qui peut être d’un douzième 
ou d’un quatorzième. Les mêmes matières et les mêmes quantités relatives 
étant employées pendant ces deux mois, on est tenté d'admettre que la 
cause de cette augmentation peut se trouver dans l'atmosphère, et de se 
rappeler que cette époque est celle où la végétation extérieure fait effort, 
où elle montre une grande énergie, et qu’alors on pourrait presque croire 
que les Zorula de la bière également influencés peuvent , dans leur déve- 
loppement se composer d’un article de plus que dans les autres mois de 
l'année. Mais ceci demande à être sérieusement expérimenté. 


$ IX. Des Mycodermes de la bitre. 


» À la surface du liquide , soit de la Trempe, soit du Moût, soit de la 
bière achevée, exposée au contact de l'air, comme de celle de tous les li- 
quides qui contiennent en suspension des globules de matière organique 
susceptibles de végéter et de s'étendre, ou, en d’autres termes, capables 
de fermenter, on voit apparaître et se former peu à peu des pellicules cir- 
culaires qui s’épaisissent en membranes puis en des fongus gélatineux tou- 
jours sans limites dans leur étendue et sans formes autres que celle que 
leur donne le vase dans lequel ces coagulums se forment par des additions 
successives de petits végétaux qui viennent s'y agglutiner ou s'y en- 
chevètrer. | 

» Persoon ayant observé, sans le secours du microscope , quelques-uns 
de ces coagulums qui s'étaient formés sur de l’Oseille cuite renfermée dans 
des cruches, coagulums si comparables à une masse de Levure, en fit un 
nouveau genre de Champignon sous la dénomination de Mycoderma (1), 
et cette première espèce fut désignée sous le nom d’ollare. Quelques autres 
espèces ont été ajoutées depuis, soit par Persoon, soit par M. Desma- 
zières (2). Faute d'observations éxactes et microscopiques, faute d’avoir 


{ 


(:) Mycologia Europæa, 1822. 

(2) Mycoderma mesentericum, Pexs., qui se développe sur la liqueur dans la- 
quelle se trouvent des fruits abandonnés. Cette membrane, souvent solide et épaisse, 
est d’un beau blanc soyeux en-dessus avec des impressions ou des enfoncements. L'autre 


( 384 ) 


suivi la méthode de voir-venir, si féconde en explications, Persoon, en 
considérant son Mycoderma comme provenant d’une seule seminule dé- 
veloppée, comme un unique individu, comme ayant des formes arrêtées, 
une étendue déterminée et une vie d'association bornée, comme chez 
tous les corps organisés, commit une grande erreur, puisqu'il ne sut pas 
voir que son prétendu végétal était toute une forêt de petits végétaux 
distincts, et qui, tous, résultaient chacun d’une seminule particulière. 

» M. Desmazières, dans un Mémoire très remarquable (1), en voulant 
se rendre compte de l’organisation des Mycodermes , de leur vitalité et de 
leurs moyens de reproduction, les étudia avec soin dans leurs développe- 
ments successifs et démontra clairement dans une suite d'observations mi- 
croscopiques , que dans les Mycodermes il n’y avait point unité d'organisa- 
tionet de vie, et que la membrane mycodermique , examinée au microscope, 
était une agglomération, un troupeau de petits individus , tous nés pour 
leur compte et qui, enfin, n'avaient d’autres rapports entre eux que de 
vivre pêle-mêle dans un lieu commun. 

» Si à cette époque, M. Desmazieres, au lieu de croire avec M. Gaillon 
que les petits êtres rameux et articulés qu'il observait étaient des Néma- 
zoaires, c’est-à-dire le produit d’animalcules qui venaient s’ajuster symé- 
triquement bout à bout (2), avait dit : Les membranes ou coagulums des 


LR D ETC TI m7 0e CRE it doi De VI RON: D LÉ 
face , celle qui regarde la liqueur et les fruits, qui ont donné naissance à cette sin- 
gulière Mycoderme, est d’un vert sombre, gaufrée et recouverte d’une infinité de petits 
mamelons. M. Lagenæ et M. Pergamenum, Pers. 

M. Desmazières ajouta les espèces suivantes : Mycoderma cervisiæ , Fleurs ou Ma- 
tons de la bière; M. Mali cervisiæ qui végète sur la Drèche de bière ou marc d’orse, 
après avoir servi pour la trempe ; H. Malti-juniperini qui croît sur la Drèche de Ge- 
nièvre; M. Glutinis farinulæ croissant sur la vieille colle de farine; A. vini, Vallot, 
considéré à tort, nous pensons , comme étant semblable aux 7. Lagenæ et Mesen- 
ericum de Pers. À toutes ces espèces on aurait pu ajouter encore celle du lait, Hy- 
coderma lactis, nob., et celle du vinaigre, connu sous le nom de Mère; celle du 
cidre *, celle de l’encre, Hygrocrocis atramenti, Ag., etc. , etc., c’est-à-dire, celles 
de tous les liquides aqueux qui contiennent en suspension des globulins vifs de matière 
organique , provenant par détrition de quelques corps organisés , et susceptibles, sous 
ces nouvelles influences , de germer et de croître en de petits végétaux de la famille des 
Mucédinées. 

(1) Recherches microscopiques et physiologiques sur le genre Mycoderma. Mémoire 
accompagné de figures, publié dans les Annales des Sciences naturelles , t, X, p. 42. 

- (2) Autant vaudrait dire qu’une antenne moniliforme de Capricorne s’est formée d’ar- 
ticles qui préalablement se trouvaient répandus çà et là dans l’espace. 


* Mycoderma malina ou Hygrocrocis malina, Brébisson 


(385) 


Mycodermes ne sont que des amas composés de globules et de ces mêmes 
globules plus ou moins développés en autant de petits végétaux articulés , 
simples ou rameux ; amas très analogues à ceux des Levures, qui ne sont 
elles-mêmes formées que de globules vésiculaires susceptibles de végéter 
dans l'acte de la fermentation , il aurait complété ses belles observations, 
et serait arrivé par le chemin si sûr de l’organisation ‘et de la physiologie, 
dix ans avant M. Cagniard-Latour, à prouver l’organisation et la végétation 
des Levures. Mais telle est la marche accoutumée des sciences que chacun 
de nous ne peut apporter que sa faible part à la ruche commune. 

» Nous pensons que, trop occupé du mouvement réel de fourmillement 
que présentent les globulins très ténus des Mycodermes et des Levures 
avant leur développement en globules et en tigellules ; que trop partisan 
de la théorie des Némazoaires de son ami M. Gaillon, M. Desmazières fut 
arrêté au milieu d’une route qu'il était si capable de parcourir et de nous 
en montrer si habilement la fin. 

» Nous allons maintenant faire connaître nos propres observations sur 
l'origine, la nature et le développement du Mycoderma cervisiæ. Nous 
allons le décrire et le figurer dans toutes ses phases, telles qu’elles se sont 
présentées sous nos yeux armés du microscope, et nous allons y apporter 
d'autant plus de soin que cette production a beaucoup de rapport avec 
celle de la Levure qui la précède, dont elle ne nous paraît qu'une 
génération modifiée, qui a perdu sa propriété fermentescible (1), et sur- 
tout parce que l'étude de ce Mycoderma peut servir à prouver l’organi- 
sation purement végétale de ses composants, et par-là faire disparaître la 
théorie, toute fabuleuse, des Némazoaires. 

» Si l’on expose au contact de l'air, comme nous venons de le dire, soit 
de la Trempe, soit du Moût, soit de la Bière, soit enfin un liquide capable 
de fermenter, on ne tarde pas à voir apparaître à la surface de légères 
pellicules froncées, d’abord isolées et circulaires, puis n’en formant plus 
qu'une en se réunissant toutes, d’un blanc mat, puis soyeuses , enfin 
d’un vert-glauque, poudreuses et gélatineuses au toucher. 


(x) Nous pensons que les 7'orula cervisiæ qui forment la Levure de bière , ne con- 
servent héréditairement leur propriété fermentescible que parce que toujours on les 
arrête brusquement dans leur développement, qui n’est jamais achevé lorsque 
se termine le travail d'une cuvée, tandis que, au contraire, les petits végétaux du 
Mycoderma cervisiæ , ayant subi toutes leurs évolutions, sont dans un état d’épui- 
sement. 


C.R. 1838, 2° Semestre. (T.VIL, N° 8.) 52 


( 386 ) 


» Ces_.pellicules naissantes, vues au microscope, sont formées par la 
réunion d’un nombre prodigieux de globulins excessivement ténus, ponc- 
tiformes (1) et jouissant d’un mouvement de fourmillement d'autant plus 
vif qu'ils sont plus petits. Ges globulins, qui se trouvaient dans l'épaisseur 
du liquide et qui ne s'élèvent à sa surface que pour y satisfaire à un be- 
soin d’air atmosphérique nécessaire à leurs développements, nous parais- 
sent provenir de la même source que ceux qui produisent la Levure, nous 
voulons dire des globulins échappés du Périsperme de l'Orge qui, selon 
l'état différent des milieux, subissent de légères modifications de formes 
dans l'achèvement de leur végétation. À chaque instant de nouveaux glo- 
bulins s’élevant et venant à la surface du liquide, s’il reste encore des 
places, ou se poser sous ceux de la veille, la masse s’épaissit de plus en 
plus jusqu’à ce que le liquide soit épuisé des globulins qu'il contenait. 
Les plus anciens, en continuant de végéter, augmentent en diamètre et 
perdent, par cette augmentation , ce mouvement de fourmillement qu’ils 
possédaient lorsqu'ils étaient très petits (2). Arrivés à la grosseur d’environ 
+, de mill., ils sont vésiculeux, remplis d’une fine granulation et, pour 
la plupart, s’ovalisent ou s’allongent sous la forme d’un petit parallélo- 
gramme à angles arrondis. Cette première période du développement de 
ces petits êtres est comparable à celle des seminules en général et des 
embryons encore contenus sous leurs enveloppes protectrices, c’est-à-dire 
jusqu’au terme où tous ces corps reproducteurs peuvent commencer à 
germer. Une fois parvenus à l'état de seminule vésiculeuse, soit sphéri- 
que, soit ovale, soit allongée, ces petits êtres germent où poussent sur un, 
deux ou trois points, des bourgeons plus transparents que la vésicule ma- 


(1) + ou + de mill. 

(2) Plus les globules des corps organisés sont petits, plus ils montrent de mouvement 
sous le microscope. C'est la même chose pour les filaments végétaux ou animaux; plus 
ils sont ténus, plus ils sont susceptibles de se mouvoir. Tels sont les cils vibratoires des 
animalcules infusoires. À mesure que le filanent des Oscillaires s’épaissit dans les diffé- 
rentes espèces, le mouvement diminue et cesse entièrement dans l’Osciilaire des mu- 
railles (Lyngbya muralis, Ag.). Si de cette remarque on passe à celle que les parti- 
cules suffisamment réduites de tous les corps inorganiques sont d’autant plus douées de 
mouvement qu’elles sont plus atomiques, on est porté à admettre que les particules 
élémentaires de tous les corps temporaires possèdent la propriété du mouvement, pro- 
priété qui se perd à mesure que les particules s’enchaïnent les unes aux autres dans la 
formation des corps où , forcément, elles restent immobiles, faute de l’espace néces- 
saire pour se mouvoir. N'oublions pas que tous ces mouvements ne peuvent se ma— 
nifester que dans l’eau. 


E ( 387 ) 


ternelle. Lorsque la pousse, véritable gemmule, à lieu sur une seminule 
allongée en parallélogramme , c’est toujours des angles arrondis qu'elle 
part. Dans tous les cas, ces germinations prouvent que la seminule se com- 
pose de deux vésicules emboitées, car on distingue facilement que le bour- 
geon perce une enveloppe extérieure et qu'il n’est véritablement que l’ex- 
tension d’une vésicule intérieure. Ce premier bourgeon ou ce premier 
mérithalle s’allonge plus ou moins selon les individus, et de son sommet il 
se développe un second article, puis successivement un grand nombre 
d’autres semblables, mais très variables dans leurs longueurs. Sur le som- 
met latéral des articles, rarement ailleurs, il naît tantôt un et tantôt deux- 
ou trois rameaux opposés et composés d'articles comme la tige maternelle. 
Eu continuant de croître ces petits végétaux finissent par se terminer en des 
rameaux moniliformes disposés en ombellules et dont les articles globuleux 
sont d’un vert-glauque. On a le Penicillium glaucum entièrement achevé (1). 
Dans ces petits végétaux, toujours d’une grande transparence, tout est 


- 


(1) Le développement du Mycoderma de la bière offre trois états assez distincts : 
celui des pellicules mates, celui de ces pellicules devenues soyeuses, blanches et bys- 
soïdes, et celui où ces byssus se couvrent successivement d’une poussière vert-glauque 
dans laquelle réside l’odeur de moisi. 

Dans le premier état , il n’y a encore que des seminules agglomérées à la surface du 
liquide; bien peu ont commencé à germer. 

Dans le second, les seminules germent dans leur territoire liquide, et par un besoin 
d’air atmosphérique élèvent leur tigellule diaphane et sans couleur. Ce n’est encore 
qu’un champ de blé sans épis. / 

Dans le troisième et dernier état, les tigellules s’achèvent en se terminant par des 
ombellules composées de courts rameaux moniliformes et d’un vert-glauque.. Ce sont 
les épis du champ de blé dont chaque article globuleux peut, concurremment avec les 
globulins naturels de la bière, servir à reproduire le même mucor. 

Toute reproduction végétale est toujours produite par un article de tige séparé de la 
plante à laquelle il a appartenu. Chez les végétaux simples les articles des tigellules et ceux 
plus terminaux des mêmes tigellules que l’on nomme des Seminules ou des Sporules, 
parce que seulement ils sont plus courts et plus globuleux que les autres, possèdent 
la même faculté reproductive. Les uns et les autres de ces articles germent de la même 
manière. 

Chez les végétaux appendiculés on retrouve toujours la même structure et le même 
mode de reproduction, par les articles inférieurs des jeunes tiges et par ceux terminaux 
que l’on appelle des embryons. 

Dans tous ces végétaux se présente encore un moyen plus fondamental de repro- 
duction : c’est celui du développement des globulins contenus dans l’intérieur des or- 
ganes élémentaires vésiculeux. 


52... 


(388) 


creux, les séminules sont vésiculeuses et les tigellules simples, articulées 
ou rameuses qui en résultent sont tubuleuses, toutes contiennent des glo- 
bulins reproducteurs qui, dans les articles de la tigellule, se développent 
quelquefois en globules sphériques ou ovoides et toutes se composent de 
deux enveloppes emboîtées. On voit souvent les tigellules, lorsqu'elles 
sont composées d’un grand nombre d'articles courts, se désarticuler 
avant de se terminer par les articles globuleux et seminuliféres. Voici 
comment ces séparations s’opèrent. L’enveloppe extérieure, qui est un 
boyau continu, se flétrit et se contracte sur les articles courts et intérieurs 
qu'elle retient toujours comme, pour nous servir d’un exemple, les longs 
chapelets de saucissons distincts, mais retenus dans un boyau commun 
que l’ôn voit chez les charcutiers. L’enveloppe commune en se rompant 
dans ses étranglements, permet aux articles de s’isoler dans l'espace et de 
devenir, en ce nouvel état, autant de boutures reproductives qui poussent 
sur un ou sur plusieurs de leurs angles et reproduisent la plante par ce 
nouveau moyen. Nous pensons que c’est à cet état de désarticulation plus 
ou moins avancée des tigellules et au péle-mêle de ces divers états avec 
les seminules primitives de la bière, dans la masse mycodermique, qu'est 
due la théorie erronée des Némazoaires, théorie qui consiste, comme 
nous l'avons déjà dit, à faire croire qu’un très grand nombre de végétaux 
placés au début du développement de ce règne , ne sont que des agréga- 
tions d’animalcules qui, las de leur indépendance et de leurs mouvements, 
viennent s’ajuster symétriquement et volontairement sous des formes ri- 
goureusement végétales. Si l’on se rappelle le moment où à l'automne les 
parties constitutives d’un marronnier d'Inde se désarticulent et couvrent le 
sol; si lon se souvient bien d’avoir vu les pétioles communs et leurs fo- 
lioles, les pédoncules des fruits, les valves de l’enveloppe hérissée de ceux- 
ci et leurs grosses graines jetées en désordre sur la terre pendant que des 
parties semblables restent encore attachées sur l'arbre; si nous ajoutons à 
cela, ce qui aurait lieu sous le climat de l'Amérique du sud, que les 
graines germent immédiatement après être tombées, et qu’autour de l’ar- 
bre-mère on ait des individus de tout âge; si enfin on suppose que tout 
cela est microscopique et peu connu , on pourrait croire aussi que les par- 
ties isolées, en se plaçant bout à bout, composent l'arbre tout entier, ce 
qui serait une erreur, car ici, comme dans les petits végétaux des Levures 
et des Mycodermes, le développement est extensif et rayonnant, tout en 
admettant cependant les greffes accidentelles qui peuvent avoir lieu, soit 
côte à côte entre deux ou un plus grand nombre de tigellules , soit entre 


(389) 

deux articles bout à bout, puisque le propre de tous les tissus organiques 
analogues et vivants est de se coller physiologiquement dès qu'ils se tou- 
chent. | 

» Voilà tout ce que nous avions à dire sur l’organisation végétale des 
petits mucors agglomérés et enchevêtrés en masse dans le Mycoderma de la 
bière, nous avons tenu à le bien faire connaître, parce que ceux des au- 
tres productions mycodermiques sont, à quelques modifications de formes 
près, tout-à-fait semblables, et enfin, parce qu'ils offrent la plus grande 
analogie organique avec ceux qui produisent les Levures, quoique possé- 
dant très faiblement la propriété de faire fermenter. 


DEUXIÈME PARTIE. 


$ X. De la Levure produite par l'albumine de l'OEuf. 


» Sur l'invitation de M. Thénard, et d’après ses propres indications, 
nous avons fait et répété plusieurs fois l'expérience suivante : 

» Si dans 380 grammes d’eau on met un blanc d'œuf battu et 
60 grammes de sucre, et qu'après avoir filtré la liqueur ainsi composée, 
on la verse dans un bocal bouché et surmonté d’un tube deux fois courbé 
à angle droit, de manière à permettre au gaz carbonique de se dégager à 
mesure qu'il doit se former, on finit par avoir, à la température de 30 à 
35 degrés, une fermentation vineuse assez prononcée, et en même temps 
une production de Levure qui, après le travail de la fermentation, se 
précipite au fond du bocal sous l'aspect d'un sédiment ou d’une pâte 
d’un blanc-fauve. En conservant ce liquide, il ne tarde pas à se colorer 
successivement en jaune clair, en jaune couleur de cidre ou de biere 
rouge, et en brun assez foncé; sa saveur est acide. 

» Voilà tout ce que l’on savait de ce produit, très remarquable tant 
qu'on n’en connaissait pas l’origine et le développement purement végé- 
tal; voilà tout ce que l'observation faite à l’œil nu pouvait apprendre. 

» Nous allons maintenant, à l’aide du microscope, faire connaître 
l’histoire de cette Levure qui, comme on va le voir, est, comme toutes les 
autres Levures, comme tous les Wycoderma , un amas de petits végétaux 
plus ou moins développés et plus ou moins désarticulés. 

» Si l'on se reporte au moment où la fermentation commence, le li- 
quide muqueux , par la présencé du blanc de l’œuf et du sucre, est sou- 
levé par l'acide carbonique, qui, restant encore quelque temps engagé à 
la surface, y forme ce que l’on appelle de l’écume. Cette surface, en de- 


2: ( 390 ) 


venant en même temps mate, annonce qu'il y a production. En effet, si 
l’on soumet au microscope une petite portion de cette sorte de pellicule, 
on voit qu’elle est produite par des myriades de globulins, fourmillants, 
jaunâtres et transparents, dont le diamètre n’est guère au-dessus de +, 
de mill. De jour en jour ces globulins grossissent , perdent successivement 
leur mouvement, et finissent par atteindre le diamètre de = de mill., 
qui est celui du globule de la Levure de bière et celui du lait avant leur 
germination. 

» Une fois arrivés à ce développement globulaire, on les voit germer 
sur plusieurs points à la fois, s’allonger en de petites tiges articulées, ra- 
meuses , souvent terminées par deux ou trois articles plus gros et semi- 
nulifères, et réunies par touffes plus ou moins étalées. Ces petits végé- 
taux, que l’on ne peut rapporter qu’au genre Leptomitus (1), et auxquels 
nous proposons comme nom d'espèce celui d’albuminis, ont beaucoup 
d’'analogie avec une autre espèce que nous a communiquée M. Biot, 
et qui s'était développée au fond d’un flacon bien bouché, rempli d’eau 
distillée et dans laquelle on avait mis une petite quantité de Dextrine. 

» La densité, le collant et le filant du blanc de l’œuf (2), prouvent 
qu'il est le composé d’un grand nombre de globulins qui, en raison de 
leur excessive ténuité et de leur grande transparence, sont invisibles au 


(x) Leptomilus, Agardh, syst. xxiij et /9. 

(2) Le blanc d'œuf se concrète par la cuisson. En cet état, il devient d’un beau blanc 
luisant à sa surface; sa consistance est assez ferme, élastique et bondissante; sa cas— 
sure, comme celle du verre, a lieu dans tous les sens indistinctement; elle est ir- 
régulière et luisante. L’odeur, qui se développe par la cuisson , n’a rien d’agréable, et 
la saveur a peu gagné ; il se divise sous la dent en grumeaux; vu au microscope, il 
paraît jaunâtre et composé d’une pulviscule composée de globulins excessivement fins 
et rapprochés les uns des autres. C’est un coagulum pulvisculaire , dont les éléments sont 
retenus par une force de cohésion. 

Le jaune de l’œuf, plus richement organisé , se concrète aussi par la cuisson. En ce 
nouvel état, il devient friable, perd un peu de la densité de sa couleur, et verdit 
souvent à sa surface ; son odeur et sa saveur se développent ; il est agréable au goût et il 
sèche la bouche, ce qui le rend difficile à avaler, Vu au microscope, on n’aperçoit plus 
les globules normaux , mais bien des masses plus ou moins polyédriques, de grandeurs 
variables, -L de millimètre environ, qui se séparent facilement les unes des autres, 
sont d’un jaune de laiton et très finement ponctuées. Sont-ce des agglomérations de 
globulins très ténus? Dans tous les cas, c’est à leur facile séparation qu’est dû le ca- 


ractère de friabilité du jaune cuit, et à leurs angles leur peu de coulant sur la 
langue. - 


(391) * 
microscope; mais comme ils existent véritablement, et que chacun d'eux 
a son centre vital particulier, ils doivent , toutes les fois qu’on leur offre 
un milieu et des aliments convenables, croître, devenir bientôt visibles, 
et enfin, comme seminules, germer et se développer en de petits végé- 
taux rameux et articulés, comme nous l'avons déjà dit pour ceux du Pé- 
risperme de l’Orge, d'où résultent toutes les végétations de la Levure et 
du Mycoderma de la bière. 


$ XI. De la fermentation acéteuse et alcoolique du Lait. 


» Le Lait peut être considéré comme une sorte de Moût naturel, com- 
posé en grande partie d’eau , de sucre dissous et de globules organisés, 
très analogues , quant à la vie organique ou végétale, aux globules des 
Levures tirées du règne végétal, Moût préparé par les organes mammaires 
et sous l'influence de la vie animale. Ce Moûùt lactifère contient donc en 
lui-même tous les éléments nécessaires à sa fermentation. Dans ses glo- 
bules organisés se trouve sa propre Levure, et dès que ces globules, après 
s'être élevés pour jouir de l’oxigène (1), germent et végètent comme ceux 
de toutes les Levures, ils séparent les éléments du sucre en absorbant, 
en $’assimilant ceux qui leur conviennent, et en laissant les autres de 
côté, comme l'alcool et l’acide. 

» Lorsque, dans un de nos derniers Mémoires, nous annonçâmes la 
curieuse vitalité organique des globules du lait, et leur végétation en une 
Mucédinée, nous savions que ce qui se passait dans le lait était compa- 
rable à ce qui a lieu dans la cuve du brasseur ; nous savions que c'était une 
véritable fermentation -qui commençait au moment de l'ascension des 
globules, et dans laquelle la végétation de ces globules ou de leurs glo- 
bulins , était la cause de la décomposition du ‘sucre naturellement formé 
dans ce liquide; mais, dans la crainte de devancer les nombreuses obser- 
vations physiologiques que nous faisions alors sur la fermentation en gé- 
néral, nous primes un titre tout physiologique (2), au lieu de celui plus 


S 

(1) Les globules du lait, comme corps organisés végétants, sont très susceptibles 
d’être influencés par l'électricité dans leur physiologie ; aussi remarque-t-on que par les 
temps d'orage , les globules, pressés de jouir de l’oxigène et de végéter, montent quel- 
quefois au bout de 12 heures, au lieu de 24, qui est le terme le plus ordinaire. 

(2) Recherches microscopiques sur l'organisation et la vitalité des globules du lait ; 
sur leur germination, leur développement et leur transformation en un végétal rameux 
et articulé. (Compte rendu, séance du 11 décembre 1837, et Annales des Sciences natu- 
relles , 2° série, décembre 1837.) 


s (392 ) 
simple, mais aussi plus vague : De la fermentation acéteuse ou alcoolique 
du lait. Ces végétations du lait purent étonner, parce qu’on ne savait pas 
encore cet axiome nouveau : Point de décomposition de sucre, point de 
fermentation sans l'acte physiologique d'une végétation. 


$ XII. De La Levure produite par les jus de Pommes et de Raisin. 


» Ces Levures, qui nous ont été remises fraîches et toutes développées 
par M. Cagniard-Latour, présentaient toujours au microscope, des végé- 
tations articulées et fort analogues aux précédentes. Le jus de ces deux 
sortes de fruits fut filtré par l’auteur. En cet état il était limpide et n'of- 
frait rien de visible au microscope. Mis ensuite dans un flacon, dont le 
bouchon er verre servait de soupape, de manière à laisser sortir le gaz 
carbonique pendant la durée de la fermentation, ils y furent abandonnés 
séparément pendant un mois environ, temps durant lequel les globulins, 
provenus du tissu cellulaire parenchymateux des fruits, grossirent, de- 
vinrent visibles et se développèrent en autant de petits végétaux assez 
semblables à ceux qui vivent dans la bière achevée. Ces petits végétaux 
croissaient sous la forme globuleuse depuis le globulin apercevable jus- 
qu'au diamètre de +5 millim. ; arrivés à ce développement, ils montraient 
deux vésicules emboitées dont l’intérieur contenait des globulins légere- 
ment verdâtres. Quelques-uns étaient ovoides ou pyriformes. Immédiate- 
ment après ils poussaient un ou deux bourgeons qui devenaient des articles 
pyriformes ou allongés. Ces végétaux, que nous supposons incomplets 
dans leurs développements, se composaient de trois ou quatre articles vé- 
siculeux et remplis de globulins d'autant plus colorés qu'ils font partie 
des articles les plus anciens. Parmi les végétations du jus de Pommes on 
voyait des rhomboëdres et une foule d’autres trés petits cristaux en ai- 
guilles, du genre de ceux que l’on nomme des raphides et qui se trouvent 
réunis en faisceau dans les vésicules du tissu cellulaire d’un grand nombre 


de végétaux. 
$ XII. Du Mycoderme ou de la mère du vinaïgre. 


Mycoderma vini, VauLor, Bibl. phys. écon. , aug. 1822. 


» Si l'on expose à l'air et sous une température de 10 à 30° une liqueur 
vineuse , elle devient acide, Si l'on ajoute à cette liqueur une certaine 
quantité de Levure quelconque, on accélère, par cette addition, la fer- 
mentation , l’acidification ou la conversion du vin en vinaigre. 

» On sait que les vieux vins dépouillés de leur matière végétale, 


( 395 ) 

éprouvent peu ou point la fermentation acide, à moins qu’on ne leur 
. rende l'équivalent de ce qu'ils ont perdu, comme des fragments de ceps 
de vigne, de feuille, de grappe de raisin, de la Levure, etc. On sait aussi 
que si l’on ajoute du sucre dans une eau chargée de gluten de froment, 
on détermine la fermentation acide et que cette eau se convertit en vi- 
naigre (1). On sait encore que le moût de bière qui est si riche en matière 
végétale, provenue des globulins du Périsperme de l’Orge, devient promp- 
tement acide. 


» Ce qui veut dire, en général, que tout liquide aqueux et sucré qui 
contient des globulins vifs de matière organique est susceptible de fer- 
menter et produire, pendant le temps de la fermentation, des développe- 
ments végétaux, lesquels étant amoncelés et agglutinés paraissent à l'œil 
nu sous l'aspect de masses informes et gélatineuses appelées tantôt du 
nom de Levure et tantôt du nom de Mycoderme. Tel est formée la Mère du 
vinaigre. Des globulins ayant appartenu au jus de raisin qui a servi pour 
faire le vin, et ces globulins se trouvant pendant assez long-temps en sus- 
pension dans ce liquide, y végètent sous l’influence de l'air et forment de 
petits végétaux analogues à ceux que nous avons déjà décrits, puis s'en- 
tassent et se feutrent faute d'espace , de manière à produire, par la dessic- 
cation, des masses solides , élastiques et toujours très hygrométriques ou 
très avides de l’eau qu’elles ont perdue (2). On voit quelquefois de ces 
mères du vinaigre qui ont des étendues considérables et des formes qui 
étonnent au premier abord. M. Bory de Saint-Vincent nous communiqua, 
il y a quelque temps, un Mére qui représentait un boudin, long de 22 


(1) Si le gluten en dissolution n’est pas pur, s’il est mal lavé, de manière à ce qu'il 
contienne encore des globulins de fécule, il suffira de fournir à ceux-ci le sucre comme 
pâture pour qu’ils végètent et que par cet acte physiologique ils décomposent le sucre et 
produisent le mouvement de la fermentation acide. 

(2) Les prétendus filaments qui, s’agitent.et se meuvent en toussens dans cette fer- 
mentation, sont les anguilles du yinaigre, Jibrion aceli. 1] w’y.a rien de plus amusant 
que de voir, au microscope , ces anguilles paître ou dévorer les petits vésétaux moni- 
liformes qui ont produit la fermentation en décomposant le sucre et en se nourrissant 
de l’un de ses éléments. A la fin de la fermentation, animaux et végétaux se décom- 
posent dans leur vie d’association, tombent pêle-mêle en une sorte de magma dans le- 
quel restent intacts les œufs des uns et les seminules des autres , ce qui fait qu’une por- 
tion de ce magma , qui est la Mère du vinaigre, peut servir à une nouvelle fermentation 
par les développements et la multiplication de nouyeaux végétaux et de nouvelles an- 
guilles. 


C. R. 1838, 2° Semestre, (T. VII, N° 8.) 53 


( 394 ) 


pouces et d’un pouce de diamètre. Ce boudin, qui avait l'aspect et la 
consistance de la chair, s'était formé dans une seule bouteille remplie de 
vinaigre et s'était, à mesure qu'il augmentait, par addition de nouveaux 
petits végétaux, contourné en spirale. Si l'on ne savait pas combien était 
grande la quantité de liquides interposés entre les composants de ce bou- 
din mycodermique, on ne devinerait pas comment, dans une seule bou- 
teille de vinaigre, il avait pu se trouver assez de matière organique pour 
coustruire une masse d’une aussi grande étendue. 

» Nous nous arréterons à cette série d'expériences et d'observations, 
auxquelles nous pourrions en ajouter beaucoup d'autres, mais qui, se res- 
semblant toutes au fond, n’apprendraient rien de plus sur l'objet principal 
de ce Mémoire. 

» Nous avons déjà dit que, sans certaines idées d’animalité et d’agréga- 
tions organiques singulières, M. Desmazières ne se serait pas détourné de 
la ligne savante sur laquelle il s'était si habilement placé et que cette 
route l'aurait indubitablement conduit, long-temps avant M. Cagniard-La- 
tour, à reconnaître la végétation des Levures, qui n’est que le commen- 
cement de celle des Mycodermes. 

» Cette découverte, destinée à déchirer le voile mystérieux qui masquait 
le phénomène de la fermentation et de la production des Levures, ne pou- 
vait se faire attendre bien long-temps dans un moment où il se fait tant 
d'observations microscopiques. 

» M. Frédéric Kützing, très accoutumé aux observations et à l'étude des 
végétaux microscopiques, comme le prouvent les excellents travaux qu'il 
a publiés, s’occupait à Berlin, en même temps que M. Cagniard-Latour, à 
Paris, à faire des recherches sur la Levure de bière, sur la Mere du vi- 
naigre, sur le mucilage du Coing et autres produits analogues, et y décou- 
vrait, de son côté, que toutes les Levures et tous les Mycodermes étaient 
des agglomérations fortuites composées de tous les petits végétaux déve- 
loppés dans le liquide pendant la durée du travail de la fermentation (r). 

» Un autre observateur, non moins capable, M. Schwann, attestait le 
même fait. 

» Chercher à savoir lequel de ces trois savants est arrivé le premier à 
découvrir l’organisation et la végétation des Levures, nous paraît une chose 


(1) Recherches microscopiques sur le ferment et la Mère du vinaigre, et de quelques 
autres formations qui en dépendent. (Répertoire de Chimie, 1. TI, p. 257), et (Journal 
für praktische Chemie, Band. S.; 


(395 ) 
trop peu importante en elle-même Pour que nous nous y arrétions un 
moment et surtout dans un temps où tant d’observateurs sont en action. 
sur tous les points du globe et où il faut, vu les nombreux moyens de pu- 
blication, faire de la science de détail. 1] nous suffit de savoir, et nous en 
avons la conscience, que ces trois expérimentateurs, sans se connaître, 
sont arrivés au même résultat. 

» Nous aimons à lire dans le Mémoire de M. Kützing le passage suivant 
qui est relatif aux petites querelles de priorité, qui font perdre si inu- 
tilement le temps aux savants, et auxquelles le public, mieux avisé, 
ne prend jamais part. « Je me félicite, dit-il, de voir mes expé- 
» riences concorder avec celles de deux autres expérimentateurs dont 
» les travaux ont été faits comme les miens, sans que chaque auteur 
» ait eu connaissance des résultats obtenus par ses antagonistes. Peu 
» importe pour la, science que l’honneur de la priorité appartienne à tel 
>) Ou tel (1). » 

» Il est un point fondamental d'organisation sur lequel nous ne sommes 
point d’accord avec M. Kützing, c'est celui de l'origine des petits végétaux 
qui constituent, par agglomération, la masse des Levures et celle des 
Mycodermes. 

» Ce savant micrographe pense que ces végétations sont le produit d’une 
formation primitive ou spontanée, ce qui veut dire d’une combinaison ou 
d’une agrégation de matière organique réduite à la division moléculaire 
absolue. Ce n’est que comme cela que l’on pourrait entendre la sponta- 
néité d’une organisation vivante. Ces sortes d'organisations ne nous pa- 
raissent pas possibles, surtout dans le cas des végétaux des Levures et des 
Mycodermes; comme de toutes les Mucédinées qui, suivant nos observa- 
tions, résultent chacune du développement partiel d’un seul des globulins 
dissociés des matières organisées qui ont été employées ou qui se trou- 


a | +. Qt 7", er La, 

(1) Aujourd’hui, qu’en toutes choses, tout le monde pousse confusément à la roue, 
il n’est plus guère possible aux individus en action de prouver qu’ils ont dépensé plus de 
force que leurs voisins pour atteindre tel ou tel but. I] fait pitié de voir encore les cher- 
cheurs venir se chicaner sur la priorité de la découverte d’une aspérité microscopique à 
la surface d’un poil de souris. 


ÿ 


Tout-à-l’heure, par la force des choses > On sentira cette vérité: que la science est 
l’œuvre du temps et l’œuvre de tous. 

Chaque fois que l’on analyse sérieusement une découverte d’un genre quelconque, on 
la voit le plus souvent disparaître en entier ou être réduite à fort peu de chose lors- 
qu’elle vient à être dépouillée de tout ce qui était déjà inscrit dans la science. 


59 


( 396 ) 

vent dans’ les liquides qui servent de territoires à ces végétaux infu- 
soires. 4 

» La découverte des globules vésiculeux dont est composée la Levure 
de bière et l’organisation végétale de ces globules date déjà de fort loin. 
Leewenhoek, bien certainement inconnu de M. Cagniard-Latour, comme il 
l'est de la plupart des physiciens et des chimistes, l'a démontrée en 1680, 
dans un Mémoire particulier, sous le titre: De la fermentation de la 
Bière (1). Cet auteur vit clairement que la Levure de bière était formée 
d'une agglomération de globules vésiculeux qui en contenaient de plus pe- 
tits et dont il fixait le nombre à six. Il n’eut aucun doute sur leur nature 
végétale, puisqu'il pensait que ces globules de Levure prenaient leur ori- 
gine de ceux de la farine, soit du blé, soit de l'orge , soit de l’avoine, soit du 
sarrazin', ete. Mais cet habile micrographe en resta à cette première obser- 
vation: il ne sut point que les globules vésiculeux de la Levure de bière 
étaient de véritables seminules capables de germér et de végéter dans le 
liquide-sucré du Moût de la bière et d’être, dans la fermentation, les ac- 
teurs de la décomposition du sucre et des produits qui en résultent. 1] 
ignora donc tout ce qu'il y avait d’intéressant à connaître pour arriver à la 
découverte de la cause toute physiologique des fermentations , car pour 
celle des globules il s’agit seulement de soumettre au microscope un peu 
de Levure de bière pour avoir à l'instant la conviction de leur existence. 

» Quant au groupement des globulins par six, dont parle longuement 
Leewenhoek , nous n'avons jamais rien vu de semblable dans nos observa- 
tions répétées sur la Levure de bière. Si nous avons bien compris cet auteur, 
ces groupes se seraient formés dans l’intérieur d’une vésicule maternelle 
qui, ensuite, se serait dissoute. . 

» Les végétaux infusoires qui résultent de la germination des globules 
seminulifères des Levures restent incomplets tant qu’ils sont plongés dans 
l'épaisseur du liquide. Ils ne s’achèvent, ils ne se terminent que lorsqu'ils 
peuvent s'élever au-dessus de la surface du liquide et lorsqu'ils par- 
viennent à se mettre en contact avec l’oxigène. C’est seulement sous l'in- 
fluence bienfaisante de cet agent qu’ils fructifient par le développement 
terminal d’articles globuleux , seminulifères et souvent colorés en vert- 
glauque. Tels sont ceux de la Levure de bière dans le Mycoderma cervisiæ, 


(1) De fermento cerevisiæ. De bullulis aëreis ex eo propullulantibus. Ut et ex oculis 
cancrorum. Additur quæstio an animalcula in vasis obturatis nutriri ac vivere possint. 
Arcana nat. detect. Edit. Nov. 1922 , tom. IL, pag: 1, fig. 1, 1, x et fig. 2, pag. 2. 


(397 ) 
ceux des globules du lait dans les crêmes abandonnées, ou My coderma 
lactis, nob., ceux des Levures de fruits sur les confitures, ou à la surface des 
fruits entiers. 

» C'est au défaut d'achèvement chez les petits végétaux de la: bière que 
l'on doit attribuer le maintien de la propriété incessante des Levures suc- 
cessives à produire la fermentation et la décomposition du sucre. Plus dé- 
veloppés ou terminés, cette propriété vitale tendrait à s’'épuiser de géné- 
rations en générations; elle finirait par s’éteindre. Nous n’aurions plus que 
la ressource de la production primitive de cette Levure, celle de la trans- 
formation des globulins du Périsperme de lOrge: Mais grâce à cet arrét 
artificiel de végétation , les articles, en se désunissant après la durée de Ja 
fabrication de la bière; ont encore toute leur énergie , etalors, à l'exemple 
des boutures, à l'aide desquelles om perpétue les qualités des variétés des 
grands végétaux, ils végètent de nouveau , et font fermenter toutes les fois 
qu'on les sème dans un territoire composé d’eau et de sucre, ou pour 
parler un langage plus rigoureux, toutes les Jois qu'on les bouture ; car les 
globules vésiculaires de la Levure de bière ne sont encore véritablément, 
pour la plupart, que des mérithalles de tiges désarticulées, ce qui fait 
qu'un grand nombre sont pyriformes. 

» C’est ainsi que la canne à sucre s'épuiserait en matière saccharine, si 
on laissait sa végétation s'achever par Ja floraison et la fructification Hat 
lieu, comme on le fait, de l’arrêter long-temps avant ce terme, et si on 
ne la reproduisait que de graines au lieu de la bouturer. Par ce moyen de 
culture nous contrarions la nature afin de perpétuer la jeunesse de cette: 
plante et sa plus grande énergie à sécréter la matière sucrée. 

» Ce que nous avons dit relativement à l'achèvement seminulifère des vé- 
gétaux infusoires des fermentations sous l’action de l'oxigène est'une loi à la- 
quelle sont soumis tous les végétaux. Ceux qui croissent dans les eaux et qui 
ne Sont que de plus grands infusoires, ont également besoin, pour se ter- 
miner par la fructification, de s'élever dans l'air atmosphérique. Ce besoin 
est si impérieux que, par exemple , un Calitriche , privé d’eau, peut fleurir 
et fructifier quoique n'ayant que deux ou trois lignes de lorigueur, tandis 
que, s’il se trouve dans une eau profonde de quelques pieds, sa tige s’allonge 
jusqu’à ce qu’elle ait atteint l’airsans l'influence duquel elle ne peut fleurir 
et fructifier. C’est toujours par la même raison que les végétaux terrestres 
et aériens, tout-à-la-fois, lorsqu'ils sont enfermés ou trop avoisinés par 
d’autres corps, dirigent leurs rameaux du côté où il y ae plus à pâturer 
soit d’humus dans la terre > Soit de lumièreet d’oxigène dans l'atmosphère. 


( 398 ) 

» Les végétaux infusoires des Levures agissent dans le liquide sucré où 
ils vivent comme le font tous les autres végétaux dans le milieu où ils se 
trouvent plongés. Dans tous les cas, il y a toujours décompositon et triage 
des matériaux environnants , il y a succion, absorption et assimilation des 
parties qui conviennent à l'organisme et rejet et abandon de celles que 
repousse l’organisation tissulaire. D'après cela on peut dire : que tout es- 
pace terrestre, aquatique ou aérien, occupé par des végétaux vivants, offre 
une fermentation générale et incessante, 

» En déposant ou en accumulant la matière saccharine dans les fécules 
des Périspermes ou, à défaut de ceux-ci, dans les épais cotylédons qui ne se 
développent pas dans la germination, la nature a prévu aux premiers be- 
soins de l'alimentation des plantules. Les bourgeons, qui ne sont que des 
embryons qui restent entés sur leur mère, sont approvisionnés de la même 
manière, ainsi que tous les jeunes tissus à mesure que la masse végétale 
s'étend en rayonnant sur tous les points. 

» Si l’on a présent à l'esprit, qu'une masse tissulaire est une agglomé- 
ration d'individus (1) élémentaires vésiculeux ou fibreux, on comprendra 
que chacun de ces petits êtres, placés au milieu de la matière saccharine, 
décompose cette matière pour son propre compte et qu'il se nourrit ab- 
solument comme le font leurs analogues, les petits végétaux des Levures. 
Il y a donc, partout où la végétation s'accroît, fermentation et décompo- 
sition du sucre, comme dans les fermentations ordinaires. 


Conclusion. 


» Toutes les expériences et toutes les observations physiologiques que 
nous avons faites, dont une partie seulement se trouve consignée dans ce 
Mémoire, ont servi à nous prouver : 

» 1°. Que toutes les Levures naissent ou tirent leur origine des tissus 
organiques d’où elles s’isolent, après la vie d'association (2) de ces tissus, 


(1) C’est comme cela que nous entendons qu’un végétal est une individualité com- 
posée, qui jouit d’une vie d’association formée d’une prodigieuse quantité de vies 
individuelles, dont le centre existe dans chaque globulin du tissu cellulaire et dans 
chaque fibre vers son extrémité croissante. 

(2) La pluralité d'individus, le plus souvent microscopiques, et, par conséquent, la 
pluralité de vies particulières qui servent, par agglomération, à constituer l'individu 
composé et la vie d'association chez les végétaux et les animaux, est un fait général dont 
la preuve se trouve partout. Ce fait est en rapport avec celui, non contesté, de la forma- 
tion des masses inorganiques dans lesquelles il y a toujours agrégation de corps plus 


( 399 ) 

Sous forme de globulins souvent invisibles au microscope au moment de 
leur dissociation, comme ceux ; par exemple, de l’Albumine de l’œuf, du 
jus filtré de raisin, de pomme, de prune, de groseille, etc., qui n’appa- 
raissent que quelque temps après à la surface des liquides sucrés, sous 
la forme de légères pellicules composées de la réunion d’un nombre prodi- 
gieux de globulins qui n’ont guère alors qu'un 800** de millim., et qui, en 
raison de cette extrême ténuité, jouissent d’un mouvement de fourmille- 
ment bien prononcé. ÿ 

» 2°. Que ces globulins, doués chacun d’un centre vital particulier, 
sont autant de corps producteurs, autant de seminules de diverses espèces 
de Mucédinées qui n’attendent que des milieux convenables à leur nature 
pour se développer, ce que leur offrent toujours l’eau, le sucre, une cer- 
taine température et le contact plus ou moins grand de l'air et de 
loxigène. 

» 3°. Que tous ceux que nous avons eu l’occasion d'observer n’ont com- 
mencé à germer qu'après avoir atteint l’état d’un globule vésiculaire du 
diamètre de -*- de millim., époque à laquelle ils poussent leurs tigellules 
articulées , simples ou rameuses. 

» 4°. Que les Levures produites, soit par les globules vésiculaires pri- 
mitifs, dont nous venons de parler, soit par la désarticulation de ceux 
dont se composent les tigellules, paraissent assez semblables en ce que 
toujours elles sont des masses sèches ou molles composées, par simple ag- 
glomération, de seminules reproductives, sphériques, ovoides ou légère- 
rement pyriformes; qu’elles ne différent que par leur qualité ou leur pro: 
priété à faire fermenter plus ou moins activement le liquide sucré dans 
lequel elles se trouvent plongées; que ces masses de Levures, comme 
corps reproducteurs végétaux, sont comparables à un tas de blé, de millet 
ou de toutes autres menues graines. 

» 5°. Que comme toutes les Levures se ressemblent sous le rapport de 
leur organisation végétale, et sous celui du rôle que ces petits végétaux 
jouent, comme principaux acteurs, dans l'acte de la fermentation, nous 
allons seulement nous occuper de la Levure de bière, parce que tout ce 
RE RO RS ET PEER 
petits. Dans la division organique des individus constitutifs, le physiologiste s’arrète 
au globulin le plus ténu que le microscope puisse faire apercevoir, et il faut que ce glo- 
bulin soit doué des attributs fondamentaux de la vie organique qui sont : l'absorption, 
l'assimilation , l'accroissement déterminé et souvent le reproduction. Nous reviendrons 
en temps et lieu sur cette vérité importante, sans laquelle l’organisation ne peut être 
que très imcomplétement comprise. 


( 400 ) 
que nous en dirons, s’appliquera plus ou moins à toutes les autres 
espèces. 

» 6°. Que les études microscopiques que nous avons faites du: Péris- 
perme de l'Orge, nous ont amené à reconnaître que les très petits glo- 
bules de la fécule, et peut-être les nombreux globulins échappés des gros 
globules crevés, étaient la source ou l’origine de la Levure de bière, et 
de toutes les végétations qui résultent successivement, et par voie de 
générations , des globules seminulifères de celle-ci, c’est-à-dire depuis la 
Levure primitive du Moût, jusqu'au Mycoderma cervisiæ le plus achevé. 

» 7°. Que les globulins provenus du Périsperme de l'Orge, ayant déjà 
végété et grossi pendant le travail de la décoction ou de la Trempe, se 
trouvent, dans ce liquide, assez développés , pour pouvoir être considérés 
comme de la Levure nouvelle et primitive. En continuant de la même 
manière, ils sont bien plus nombreux dans le Moût. En cet état, ce sont 
de véritables seminules vésiculaires, remplies de globulins très vraisem- 
blablement reproducteurs de l'espèce , seminules qui maintenant n’atten- 
dent plus que l'occasion de germer et de végéter en une Mucédinée. 

» On peut demander ici comment les globules seminulifères de la Le- 
vure, ont pu n'être pas détruits par l’ébullition du Moût, qui a duré 
plusieurs heures , et pendant lequel temps, au contraire, ils se sont mul- 
tipliés ? Le fait existant ne nécessite point de réponse. Cependant, nous 
dirons que les seminules des Champignons que l'on fait bouillir, n’en sont 
nullement altérées, et qu’étant ensuite versées avec l’eau sur le territoire 
qui leur convient, elles y germent parfaitement et abondamment. Toutes 
les seminules doivent être dans ce cas. Les globules vésiculaires du lait 
restent toujours intacts après avoir: bouilli. 

» 8°. Que si l’on abandonne à lui-même ce Moùt de bière, composé 
d'eau, de matière mucilagineuse, de sucre, de seminules globuleuses de 
Levure, de l'huile essentielle aromatique ou principe amerde.la Lupuline 
du Houblon, et des globules morts de cette dernière, ce Moût fermente 
faiblement, il y a indolence dans l’action, le sucre se décompose lente- 
ment, l’alcoolisation se fait incomplétement.et l'on-a une. mauvaise bière 
qui tourne très promptement à l'acide, parce que le nombre des décom- 
pôsiteurs n’est pas assez considérable. 

» g°. Que si au nombre des seminules primitives de la Levure naturelle, 
qui se trouve dans le Moût, on en ajoute une certaine quantité d’autres, 
obtenues de la récolte précédente, c’est-à-dire d’une des dernières cuvées, 
à l’aide de ces nombreux auxiliaires, le travail de la fermentation est 


( 4or ) 


prompt, énergique; sept on huit heures suffisent, le gaz acide carbo- 
nique se dégage des petits végétaux et s'élève abondamment sous forme 
de bulles et d’écume, et le sucre bientôt converti en alcool, la bière dans 
ce cas peut être de bonne qualité. 

» Que cette addition de Levure, qui consiste en des milliards de semi- 
nules, est un véritable ensemencement dans un territoire particulier qui 
est le Moût. 


» 10°. Que les nouvelles seminules, versées dans la cuve à fermenta- 
tion et réunies à celles qui sy trouvaient déjà, germent et se dévelop- 
pent en autant de petits végétaux moniliformes, composés de cinq ou six 
articles, avec une tendance à la ramescence. Que la durée de l'existence 
de ces petits végétaux subordonne celle de la fermentation, de manière à 
ce que la première qui .précède, est la cause de la seconde. Ce qui veut 
dire qu'au moment où la végétation cesse le mouvement s’apaise, 
tombe et s’évanouit, comme un feu de paille qui manque d’aliment. 


» 11°, Que l'existence, bien reconnue aujourd’hui, des innombrables 
Torula cervisiæ , dont la Levure offre les seminules agglomérées en pâte, 
explique très simplement le revenu considérable de la Levure à chaque 
fermentation, la cause du mouvement et de la chaleur, la décomposition 
du sucre, la production de l'alcool et de l’acide carbonique, l’augmenta- 
tion incessante de la Levure dans chaque cuvée ou à chaque récolte par la 
multiplication des nombreux individus, celle de leurs articles globuleux, 
dissociés ou désarticulés, mode d'augmentation ou de multiplication com- 
parable à celui de tous les autres végétaux. - 


» 12°. Que toute fermentation étant l'effet d’un acte vital dû au dé- 
yeloppement d’un nombre considérable d'individus organisés, le plus sou- 
vent végétaux, mais aussi quelquefois animaux qui, dans le liquide, jouent 
le rôle de divisateurs, ne peut avoir lieu sans la présence d’une matière 
organique, c’est-à-dire sans la présence de globulins dissociés d’une masse 
de tissu, ayant fait partie d’un végétal ou d’un animal, ou, ce qui revient 
au même, d’une portion de Levure, puisque celle-ci n’est composée que 
d’une agglomération de globules désagrégés de la tigellule articulée des 
Torula après leur vie d'association, et de ceux provenus du Périsperme de 
l'Orge précédemment employé. 

» 13°. Que les petits végétaux Levuriens , soumis aux lois de l’organi- 
sation, ont besoin pour se nourrir et se développer de la pâture que leur 
offre l'une des parties du sucre, sans laquelle substance ils meurent de 

C.R.1838, 2° Semestre. (T. VIL, No 8.) 54 


( 402 ) 
faum et se décomposent chaque fois que, plongés dans l'eau pure, ils sont 
privés de stimulant et de nourriture. 

> 14°. Que par fermentation on doit entendre : association composée 
d'eau, de corps vivants se nourrissant et se développant, par absorption, 
de l’une des parties du sucre, et en isolant, soit l'alcool, soit l'acide acé- 
tique; action toute physiologique qui commence et finit avec l'existence 
des infusoires végétaux ou animaux qui la déterminent, et dont la vie ne 
cesse que par l'épuisement total de la matière saccharine et nutritive. C’est 
alors que mourants d’inanition et ne pouvant plus se soutenir dans l’é- 
paisseur ou à la surface du liquide, on les voit se précipiter les uns sur 
les autres et s’entasser au fond du vase sous forme de lie mucilagineuse, 
de sédiment ou de Levure. 

» 15°. Que toute fermentation alcoolique on acéteuse n’a pu être pro- 
duite jusqu’à ce jour que par la présence de globulins organiques, vivants, 
capables de végéter dans le liquide sucré, et jamais par les matières inor- 
ganiques essayées ; matières qui, étant ajoutées aux globulins vifs des Le- 
vures, peuvent, seulement , ou rester neutres, comme la gomme ou de la 
poussière de marbre, ou agir comme stimulants pouvant servir à relever 
de leur indolence les globules de Levure, ou enfin à les détruire quelque- 
fois complétement, comme le font les acides plus où moins concentrés. » 


Paréonrorocire. — Doutes sur le prétendu Didelphe fossile de Stonefield, 
ou à quelle Classe, à quelle Famille, à quel Genre doit-on rapporter 
l'animal auquel ont appartenu les ossements fossiles, à Stonefield, 
désignés sous les noms de Didelphis Prevostii, et Didelphis Bucklandli, 
par les paléontologistes ; par M. »e Bzainvicre. 


« C’est dans une Notice sur le Megalausorus, où grand Lézard fossile 
de Stonefield , publiée en 1823, dans le vol. I, page 399, des Transactions 
de la Société géologique de Londres , qu'il fut question, pour la première 
fois, d’ossements fossiles provenant d’un Mammifère du genre Didelphis, 
trouvé dans un terrain secondaire ancien, et c’est M. le professeur Buck- 
land qui annonça le premier ce fait, établi sur l'examen de deux portions 
de mâchoires inférieures , par un homme compétent dans ces sortes de 
matières, feu M. G. Cuvier. 

» Cette assertion, dont M. Buckland pouvait sentir mieux qu'un autre 
toute l'importance , toute la portée, l'existence des restes d’un Mammifère 
terrestre, dans une formation très inférieure à la craie, et d’un animal 


x 


( 403 ) 

d'un genre dont il n’existe d’analogues vivants que dans le Nouveau- 
Monde et dans PAustralasie, quoique appuyée sur une autorité impo- 
sante, ne fut reçue cependant qu'avec beaucoup de réserve, comme le 
fait observer l’auteur d’un article analytique sur les Transactions de la 
Société géologique de Londres , dans le 34° volume du Quarterly rewiew, 
page 559. Il était donc important que ce fait annoncé füt examiné atten- 
tivement, aussi bien sous le rapport géelogique, que sous le point de 
vue zoologique ; et c’est en effet ce qui ne tarda pas à avoir lieu. 

» M. Constant Prevost , pendant un voyage d’études géologiques qu'il fit 
en Angleterre, en 1825, eut grand soin de visiter Stonefñeld , et pendant 
son séjour même à Oxford, il envoya à M. G. Cuvier un dessin fait avec le 
plus grand soin de la demi-mächoire que possédait lemuséum d'Oxford, et 
que M. Buckland s’empressa,de mettre à sa disposition. Dés-lors G. Cuvier, 
qui s'était d’abord borné à dire, en parlant des ossements de reptiles re- 
cueillis à Stonefeld : Parmi ces innombrables fossiles marins sont toute- 
Jois quelques os longs qui me paraissent provenir d'oiseaux de l'ordre des 
Échassiers, et même, à ce qu'on assure , deux fragments de mâchoire in- 
Jérieure qui, lors d'une inspection rapide que j'en fis à Oxford, en 1818, 
me semblèérent dun Didelphe, fut conduit plus tard à la confirmation 
de sa première idée ou de son premier rapprochement, au point qu’il pro- 
posa de désigner ce fossile sous le nom de Didelphis Prevostü. Voici en 
en effet le texte même de la note que Cuvier mit au bas de la page 349 
de la 2° partie du tome 5 de ses Recherches sur les ossements fossiles, 
publié en 1825. 

» M. C. Prevost , qui voyage en ce moment en Angleterre, vient de m’en- 
voyer le dessin d’une de ces mâchoires ; « il me confirme dans l’idée que 
» la première inspection n'en avait donnée. C’est celle d’un petit carnas- 
» sier dont les mâchelières ressemblent beaucoup à celles des Sarigues; 
» mais il y a dix dents en série, nombre que ne montre aucun carnassier 
» connu. Dans tous les cas, si cet animal est certainement des schistes de 
» Stonefeld , c’est une exception à la règle, d’ailleurs si générale, que 
» les couches de cette ancienneté ne recèlent pas de mammifères. » 

» Ainsi, comme on le voit d’après ce passage, le doute ne portait pas sur 
le fossile reconnu comme provenant d’un animal ressemblant beaucoup à 
un sarigue, au point que Cuvier l'inscrivait dans ce genre, mais sur Sa 
position certaine dans le schiste de Stonefield. 

» Et c'est en effet dans ce sens que M. Prevost, à son retour d’Angle- 
terre , envisagea la question dans un rapport fait à la Société philomatique, 


Be 


( 404 ) ; 

sur un Mémoire de M. Desnoyers, et qui est inséré dans les Znnales des 
Sciences naturelles, pour 1825. Après une description assez détaillée de 
la portion de mâchoire observée, accompagnée d’une figure double de la 
grandeur naturelle faite à la loupe et avec grand soin, sans idée précon- 
cue, M. Prevost conclut, s’appuyant presque exclusivement sur l'existence 
de doubles racines des dents, comme je le lui avais indiqué moi-même, 
que cette mâchoire a appartenu à un mammifère carnassier insectivore 
qui paraît offrir quelque analogie avec les didelphes, mais qui devait 
plutôt constituer un genre nouveau. Quant à la position géologique, 
M. Prevost cherche à invalider successivement tous les arguments de 
M. Buckland et de tous les géologues anglais sur läge de la roche dans 
laquelle se trouvent les ossements, et il refuse d'admettre comme suffisam- 
ment prouvé que le schiste calcaire de Stonefield, fasse réellement partie 
de la formation oolithique, hésitant même à reconnaître que ce soit une 
dépendance du grès vert. Dès-lors, l’exception paraissait ramenée à la règle 
que les ossements de mammifères ne se trouvent fossiles que dans des. 
terrains supérieurs à la craie. 

» Cette manière d'expliquer ce fait si anomal ne fut cependant ad- 
mise que momentanément, car M. Fitton, l’un des géologues les plus dis- 
tingués de l'Angleterre, ne tarda pas, par un examen approfondi, à dé- 
montrer que la roche qui contient les mâchoires était certainement en 
place et faisait partie de la formation oolithique; et dés-lors l’exception 
paléontologique fut admise de nouveau, quoique M. Woodward ait paru 
l'oublier dans son tableau des restes fossiles de la Grande-Bretagne. 

» Quelques années aprèselle le fut d’une manière qui parut encore plus 
plausible, plus hors d'atteinte, par la description et la figure de la seconde 
demi-mâchoire dont avait parlé M. Buckland et qui, après avoir été égarée 
quelques années, se présenta heureusement à l'observation de M. Brode- 
rip. Celui-ci y compta quatre incisives , une canine et sept molaires, 
nombres qui se rencontrent en effet chez les Sarigues; en sorte que, ayant 
en outre fait la remarque que le système dentaire de la pièce décrite par 
M. Prevost, paraît différer non-seulement spécifiquement, mais généri- 
quement de celle qu'il avait sous les yeux, M. Broderip crut devoir faire 
de la sienne une espèce distincte qu'il dédia fort convenablement à 
M. Buckland, sous Le nom de Didelphis Bucklandii. 

» Depuis ce temps, c’est-à-dire depuis dix ans, tous les auteurs de traités 
de paléontologie ou de géologie admettent comme hors de doute l'exis- 
tence de deux espèces de didelphes, D. Prevostii (Cuvier), et D. Buck- 


( 406 ) 
landii (Broderip) dans le schiste caicaire de Stonefeld faisant partie du 
terrain oolithique. 

» J'ai déjà expliqué , dans une observation faisant suite à mon Mémoire 
sur l'ancienneté des mammifères insectivores à la surface de la terre, 
comment j'avais considéré une portion de mâchoire inférieure, rapportée 
de Stonefeld par M. Brochant de Villiers et ses élèves, MM. Élie de Beau- 
mont et Dufrénoy, et qu'on avait supposée appartenir au même Didel- 
phe que les deux précédentes. J'ai .en effet trouvé la minute de ma réponse 
dans laquelle je disais que provenant d’un petit animal de la famille des 
sauriens, plutôt que d’un poisson, il me paraissait certain que cette pièce 
ne pouvait avoir appartenu à un mammifère Didelphe ou non, comme on 
aurait pu le croire à une première inspection. 

» Je dois dire, pour être pleinement dans la vérité, que je ne me suis 
rappelé avoir fait cette réponse il y a sept ans; que lorsqu'un de mes amis, 
M. de Roissy, auquel je parlais de mon dernier Mémoire à l'Académie, 
m'ayant demandé si j'y traiterais du mammifère insectivore de Stonefñeld, 
sur ma réponse négative, il m’apprit que M. Agassiz, dans sa traduction al- 
lemande de l'ouvrage sur la Géologie et la Minéralogie de M. Buckland, 
devait y faire mention d’une opinion de M. le professeur Grant, que le 
prétendu Didelphe de Stonefield n’était pas un mammifère. 

» M. Élie de Beaumont, à l’occasion de ma Note à l’Académie, nous a 
appris que la pièce qui avait été soumise à mon examen par M. Brochant 
de Villiers, en 1831, provenait bien en effet d’un reptile, comme je l’avais 
dit, et que c'était l'opinion de feu M. G. Cuvier, qui l'avait également 
examinée, et de M. Agassiz; mais que c'était autre chose que le D. Buck- 
landii , qui n’en restait pas moins un mammifere, ce qui n’infirmait pas 
l'existence de reste de cette classe d'animaux dans la série oolithique. 

» Dans le paragraphe que M. Élie de Beaumont a ajouté à l'extrait de 
mon Mémoire, dans les Comptes rendus des séances de l’Académie, il dit, 
en effet, qu'ayant montré la mâchoire apportée à Paris à M. G. Cuvier, 
celui-ci, en lui faisant voir pourquoi elle ne pouvait être rapportée à un 
mammifère , Lui montra aussi en quoi elle différait des mâchoires de celui 
qui avait été trouvé dans le même gisement, c’est-à-dire du D. Bucklandii. 
Malheureusement M. Élie de Beaumont n’a pas exposé ces différences ; 
mais il faut qu’elles aient été convaincantes, puisque M. Agassiz, d’après 
ce que m'a dit notre confrère, aurait abandonné l’idée de M. Grant que ce 
n’était pas un Mammifère. Toutefois , voyons si la pièce que j'ai examinée 
étant déjà acquise au sous-type des ovipares, il existe réellement des rai- 


( 406 ) L 
sons suffisantes pour conserver à la classe des mammifères les deux autres 
pièces trouvées dans le même gisement. Pour mettre en état de juger la 
question, commencons par donner la description de ces pièces, d’après 
les auteurs mêmes qui nous les ont fait connaître, et surtout, d’après les 
figures qu'ils en ont publiées, en priant les personnes qui Les possedent de 
les soumettre à un nouvel examen : : 

» La première, la plus ancienne connue, est celle de la collection de 
l'université d'Oxford; celle qu'a vue M. Cuvier dans les maisons de M. Buck- 
land, lors de sa visite à Oxford; celle que M. C.Prevost a examinée attenti- 
vement, puisqu'il l’a surtout figurée avec beaucoup de soin dans le Mé- 
moire cité; celle enfin dont M. Buckland a donné une nouvelle figure dans 
l'Atlas de son dernier ouvrage : ce n’est cependant pas la plus complète. 

» Elle consiste en une demi-mächoire du côté droit, vue à sa face ex- 
terne et fortement adhérente par l’autre à la roche dans laquelle elle est 
même assez profondément engagée. Sa forme est longue et étroite , puis- 
qu’elle n’a que 3 lignes de haut sur gou 10 de long dans sa branche dentaire, 
qui est presque droite, avec ses bords un peu convexes l’un et l’autre en 
sens opposés; la branche montante, dont il ne reste presque que l’em- 
preinte, égale à peine la moitié de l'horizontale. On y distingue ce- 
pendant une apophyse coronoïde assez large, à bords un peu arqués, 
une sorte d’apophyse angulaire, et au milieu, un condyle arrondi et fort 
peu saillant, de manière que les extrémités de ces trois parties sont sur la 
même ligne verticale. La branche horizontale, atténuée insensiblement en 
avant, n'est complète, c’est-à-dire formée de ses deux lames, que dans sa 
moitié postérieure; son antérieure étant heureusement privée de sa lame 
externe, ce qui permet de voir les racines des dents. On peut à peu près 
assurer que l'extrémité antérieure est incomplète ; mais il est impossible 
de dire autrement que ce qui peut lui manquer doit être fort peu de chose. 

» Les dents à peu prés également espacées et non contigués forment 
une série continue dans presque toute l’étendue de la branche, à peu 
près de même forme et de même grandeur : elles décroissent cependant 
un peu de la sixième à la dixième, en arrière, et surtout à la première 
en avant. Toutes paraissent également comprimées dans leur couronne 
comme dans leurs racines. Celles-là sont petites, toutes tricuspides, la 
pointe médiane généralement plus élevée, surtout en avant, que les laté- 
rales parfaitement égales ; celles-ci toutes et également composées de deux 
radicules fort grêles, tres pointues et deux ou trois fois plus longues que 
la couronne. 


( 409 ) 

» On ne peut du reste distinguér dans cette série continue aucune de ces 
dents que l’on pourrait considérer comme principales, comme avant ou 
arrière-molaires, et encore moins comme canines et comme incisives. 
Aussi suppose-t-on, avec feu M. G. Cuvier, que ces deux sortes manquent 
entièrement et que toute la série est molaire. Et comme un certain nombre 
des postérieures sont cassées dans un plan vertical, on a pu reconnaître 
aisément que leur couronne est tout-à-fait pleine; tandis que l'enlèvement 
de la lame externe de la moitié antérieure de la mâchoire a permis de 
s'assurer que les dents antérieures sont fortement serrées dans leurs al- 
véoles, et que la couronne est séparée de la racine par un bourrelet peu 
saillant. . 

» La seconde pièce fossile de Stonefield, considérée commeayantappartenu 
à un mammifère du genre Sarigue, est celle qui a été décrite et figurée 
pour la première fois par M. Broderip, Loc. cit., figure que M. Buckland à 
reproduite dans la planche IE de son dernier ouvrage, en y ajoutant quel- 
ques détails de plus et entre autres une figure grossie de la cinquième 
dent, considérée comme molaire. L 

» Gette pièce, qui consiste encore en une demi-mächoire inférieure, est 
bien plus complète que la première. Elle fait actuellement partie de la 
collection de M. Broderip. Elle est aussi du côté droit; mais elle est sen- 
siblement plus grande, puisqu'elle a au moins 15 1. de long. Il y a aussi 
un peu moins de disproportion entre les deux branches; la branche ho- 
rizontale est moins étroite, un peu plus courbée dans le même sens à ses 
bords ; enfin la branche montante montre une apophyse coronoïde large, 
arrondie, assez fortement recourbée en arrière; une apophyse condy- 
loïdienne bien plus saillante ou détachée que dans la première pièce, mais 
également arrondie et tout-à-fait dans la même ligne que la mâchoire elle- 
même. Quant à une apophyse angulaire , il n’y en a aucune trace, le bord 
inférieur de la mâchoire se continuant doucement jusqu’au condyle. Mal- 
gré cela on ne peut nier que cette màächoire ne paraïsse avoir une assez 
grande ressemblance avec ce qui a lieu chez certaines espèces de mammi- 
fères. 

» Le nombre et la disposition des dents soutiennent encore mieux peut- 
être cette ressemblance. En effet, au lieu d’une série continue de dix dents 
garnissant le bord entier de la mâchoire, on voit en avant, vers l’extré- 
mité antérieure obliquement arrondie, quatre dents assez espacées entre 
elles, toutes assez également coniques et pointues, dont les deux anté- 
rieures sont dirigées en avant et les deux autres se relèvent, et surtout la 


( 408 ) 
derniere qui semble même s’incliner un peu en arrière. Comme celle-ci est 
un peu plus haute et un peu plus grosse que les autres, M. Broderip la 
considère comme une canine et les trois antérieures comme des incisives. 
Elle est cependant aussi droite ou aussi peu courbée que celles-ci. 

» À la pointe même de la mâchoire, avant la première de ces dents, est 
un espace vide, peut-être un peu plus grand que celui qui est entre cha- 
cune d'elles; et en arrière de la dernière ou de la prétendue canine, il en 
existe un bien plus grand, formant une véritable barre séparant cette pre- 
mière partie du système dentaire de la seconde. 

» Cette seconde partie, qui occupe le reste de la branche de la mächoire, 
presque jusqu’au bord antérieur de la branche montante, est formée par 
une série de sept dents un peu plus serrées en arrière qu’en avant, sans 
être cependant absolument contiguës, et qui sont aussi un peu plus iné- 
gales que dans la précédente demi-mâchoire; les terminales plus petites que 
les autres et décroissant régulièrement en avant comme en arrière, à 
prendre de la quatrième qui forme ainsi une sorte de principale. Toutes 
ont cependant à peu près la même forme comprimée, pourvues de deux 
racines, avec la couronne peu élevée, comprimée, tricuspide, sauf la cin- 
quième dont les pointes terminales sont bilobées, ce qui la rend pentacus- 
pide avec une forme de palmette. 

» En sorte qu’en ajoutant une dent incisive de plus en avant, à la 
pointe même de la mâchoire où M. Broderip pense même avoir reconnu 
une alvéole, le nombre des dents d’un côté de la mandibule serait de 
quatre incisives, une canine et sept molaires; et comme il parait que l’a- 
nimal auquel cette pièce a appartenu était adulte, M. Broderip a pu en 
conclure que le système dentaire était le même que celui des Sarigues ou 
Didelphes. Mais alors il différerait beaucoup de ce qui a été constaté sur 
la première pièce; aussi M. Broderip pense-t-il, comme nous l'avons déjà 
dit, que non-seulement il indique une espèce différente, mais encore un 
autre genre: telles sont les deux pièces sur lesquelles on se fonde pour 
reconnaitre la présence de mammifères insectivores didelphes dans une 
formation antérieure à la craie. Maintenant que nous connaissons un 
des termes de la comparaison, voyons l’autre et donnons en effet une 
description et une figure comparables de la mandibule droite d’un sari- 
gue ou d'un péramele, qui ont le plus de ressemblance avec la mächoire 
fossile. 

» La mâchoire inférieure des didelphes est en effet étroite , allongée, 
surtout dans sa branche horizontale, bien plus longue que la verticale, et 


( 409 ) 
elle est assez courbée dans sa longueur, et dans le même sens de bas en 
haut, s’atténuant assez fortement en avant. 

» La branche verticale continue assez bien la courbure générale, en ba- 
teau, de l’horizontale, de manière que l’angle de jonction est presque 
effacé; cette branche montante du reste, a une large apophyse coronoïde 
arrondie à son extrémité, et fortement excavée en dehors; un condyle 
transverse ou arrondi, dépassant assez l’a-plomb de l’apophyse coronoïde 
et toujours plus ou moins au-dessus du niveau de la ligne dentaire; et 
enfin, au-dessous du condyle, une large apophyse d'insertion musculaire, 
se portant obliquement en dedans et en arrière. 


» Mais c’est surtout le système dentaire des didelphes insectivores qui 
mérite le mieux d’être noté. 

» D'abord les trois sortes de dents sont aussi distinctes de disposition 
que de forme; les incisives étant séparées de la canine par une barre 
aussi large que celle qui sépare celle-ci des molaires. 

» Les incisives, en général fort petites, sont terminales et entassées au 
nombre de trois ou de quatre ä l’extrémité de la mâchoire, sur une ligne 
presque droite et transverse; elles n’ont toutes qu’une seule racine, et 
leur couronne un peu diversiforme, n’est cependant jamais conique ni 
pointue; mais plus ou moins élargie à l'extrémité. 

» La canine, toujours complétement isolée, en avant comme en arrière, 
a la forme ordinaire conique, un peu comprimée, élargie à la base, assez 
fortement arquée et pointue au sommet. 


» Les molaires, en totalité au nombre de sept, trois fausses et quatre 
vraies. 

» Des fausses ou avant-molaires, la première est souvent séparée des 
deux autres par un espace plus grand que celui qui est entre les suivantes; 
du reste elles ont à peu près la même forme, quoique souvent assez 
inégales, ayant également deux racines coniques divergentes, et leur 
couronne assez comprimée, triangulaire, a une seule pointe triangulaire, 
avec un indice seulement d’un tres petit lobe en avant et d’un talon plus 
prononcé et plus descendu en arriere. 

» Les quatre molaires vraies, comprenant la principale et trois arrière- 
molaires, forment une série bien continue, bien serrée, de dents subé- 
gales, dont la plus grosse est ordinairement l’avant-dernière et quelque- 
fois la dernière, et toujours la plus petite la première. Un peu moins 
épaisse en travers que d'avant en arrière, et plus ou moins parallélo- 
grammique, la couronne est toujours composée, comme dans les insecti- 

C, R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°8.) 55 


(410) 
vores, de deux parties séparées par une entaille profonde: l’une anté- 
rieure, en général plus élevée, prismatique, toujours à trois pointes , une 
externe et deux internes; l’autre postérieure on talon, presque égale, et à 
deux pointes, une en dehors et l’autre en dedans; en sorte que la cou- 
ronne est à cinq pointes, plus marquées cependant à l’avant-dernière 
dent qu'aux autres. 

» Quant aux racines, quoiqu'’elles semblent n’être qu’au nombre de 
deux, une pour chaque partie de la couronne, comme elles sont beau- 
coup plus larges dans le sens transversal que dans l’autre, il est évident 
que chacune se subdivisant en deux, n’est certainement pas conique. 
Il faut en outre faire observer que ces racines sont à peine moitié plus 
longues que la couronne qui les déborde assez largement, et qu’elles 
ont au-dessous d'elles un canal dentaire considérable, leur sommet étant 
tronqué par lorifice dentaire. 

» Comme il se pourrait que nous eussions également besoin de com- 
parer les mâchoires fossiles de Stonefield avec des mammifères insecti- 
vores monodelphes, prenons une idée de -celle du Tupaïa qui semble leur 
ressembler davantage, surtout au D. Prevostii de Cuvier, quoique le 
mandibule et son système dentaire chez les Tenrecs se rapprochent da- 
vantage de ce que nons venons de décrire pour les Didelphes. 

» La mâchoire du Tupaïia est en effet assez courte ou médiocrement al- 
longée dans sa branche horizontale atténuée en avant avec ses deux bords 
légèrement convexes. Quant à la branche verticale également médiocre , 
elle est en totalité fort large à son bord postérieur, dilatée en une sorte 
d’éventail à trois branches, dont le sommet de l’apophyse coronoïde étroite 
et un peu courbée, le condyle transverse et l’apophyse angulaire en cro- 
chet simuleraient les bâtons. Le condyle est du reste bien au-dessus de 
la ligne dentaire. 

» Le système dentaire forme une série à peu près continue d’un bout à 
l'autre ; cependant on peut aisément distinguer trois incisives longues, dé- 
clives en avant et un peu spathulées; une canine presque droite et subcy- 
lindrique, peu pointue, et enfin six molaires subcontiguës, deux avant- 
molaires, une principale et trois arrière-molaires; des deux avant-molaires 
à couronne presque simple, la première à une racine et la seconde en a 
deux: la principale médiocre a deux pointes mousses en avant et un talon 
en arrière , et enfin les trois arrière-molaires à couronne presque carrée, 
formées, comme dans les insectivores en général d’une moitié antérieure 
plus élevée, trièdre, à trois pointes, et d’une postérieure à deux, sauf 


L 


\( 41r ) 
pour la dernière qui n’en a qu'une et est un peu plus petite que les deux 
précédentes. 

» Voyons maintenant à établir la comparaison, et commencons par la 
pièce qui constitue le D. Prevostii de M. G. Cuvier. 

» Je ne m’arrêterai pas long-temps sur la forme de la branche montante 
et de ses trois parties, parce qu'il est certain que la mâchoire est mutilée 
en cet endroit; si l’on pouvait avoir une confiance absolue à la figure qu’en 
donne M Buckland, il est certain que sauf la position du condyle au ni- 
veau de la ligne dentaire, ce qui est comme dans le D. Bucklandii, 
au contraire de ce qui a lieu chez les Didelphes, ainsi que chez les in- 
sectivores, cette branthe ne ressemblerait presqu’en rien à celle du 
D. Bucklandii, et aurait au contraire quelque chose de ce que nous ve- 
nons de décrire dans le Tupaïa. 

» Je passerai également assez rapidement sur la manière dont cette der- 
nière mâchoire se termine en avant, parce qu'il se pourrait qu'il y ait aussi 
de ce côté quelque mutilation. Il faut même que feu M. G. Cuvier l'ait 
considéré ainsi, puisqu'il compte toutes les dents restantes comme des 
màchelières ; je me bornerai à faire remarquer que ce mode de terminaison 
en pointe est assez bien comme dans les poissons et dans les reptiles , 
mais que nous venons aussi de le signaler dans le Tupaia. 

» Mais j'insisterai davantage sur le système dentaire. 

» Nous avons vu plus haut que dans la première demi-mâchoire de 
Stonefeld il consiste en une série régulière non interrompue de dix dents 
subégales , subsimilaires, à couronne très comprimée, tricuspides , ex- 
trêmement petites ou basses comparativement aux racines très longues ; 
celles-ci, formées de deux radicules ou branches semblables très poin- 
tues, entièrement immergées dans la mâchoire et sans canal dentaire au- 
dessous. 

» Or, en considérant toutes ces dents comme des molaires, comme l’a fait 
M. Cuvier, et il était difficile de faire autrement, il est évident qu'il n’y 
a aucune comparaison à établir avec ce que nous venons de décrire dans 
-un insectivore didelphe ou monodelphe. 

» Aucun de ces animaux n’a plus de sept dents molaires. 

» Aucun d’eux ne les a aussi régulièrement espacées. 

» Aucun d'eux ne les a aussi subsemblables , à peine plus petites en avant 
et en arrière. 


». Aucun d'eux ne les a aussi disproportionnées dans leurs couronnes et 
leurs racines. 


55: 


(4) 

» Enfin, si les premières fausses molaires des Didelphes offrent quelque 
ressemblance avec les premières molaires du Didelphe de Prevost, ayant 
comme elles deux racineset la couronne comprimée, là cesse toute ressem- 
blance , et pour les autres molaires il n'y a absolument aucun rapproche- 
ment à faire, celles du fossile étant comprimées et en palmettes à trois et 
à quatre pointes, la plus grande occupant le milieu de la dent. Tandis 
que celles des mammiferes insectivores sont toujours épaisses , subcarrées , 
et à couronne élargie, soulevée, partagée en deux par une échancrure 
profonde médiane ; chaque partie hérissée de pointes en dehors comme en 
dedans. 

» Enfin dans le fossile, malgré la destruction de la paroi externe et d’une 
- partie de la branche dentaire, accident qui laisse voir les sept premières 
dents en place, on n’aperçoit aucune trace du canal dentaire qui, dans 
tous les mammifères, règne dans toute la longueur de la mâchoire ; et, 
bien plus, il semble, à en juger par la figure, que les racines des dents sont 
enveloppées de toutes parts par le tissu osseux. 

» Ainsi nous pourrions déjà, si nous n'avions que cette pièce de Stone- 
field , assurer qu’elle n’a pas appartenu à un mammifère insectivore , mo- 
nodelphe ou didelphe, comme nous l’avions fait depuis long-temps pour la 
pièce soumise à notre examen par M. Brochant de Villiers. Mais nous 
avons encore à examiner le seconde pièce, base du D. Bucklandii de 
M. Broderip. Ici la tâche est plus difficile, nous ne le cachons pas, d’au- 
tant plus que nous n'avons encore que des figures toujours insuffisantes, 
quand elles ne sont pas accompagnées d’une description détaillée. 

» Nous commencerons par faire la remarque que cette pièce comparée 
avec la première a paru tellement en différence par la forme générale, et sur- 
tout par la courbure en bateau de la branche horizontale, par la forme de 
la branche montante dépourvue d’apophyse angulaire, et surtout par le 
système dentaire dans lequel on a pu distinguer nettement 3 à 4 incisives 
1 canine et 7 molaires, différentes aussi bien par la forme que par la 
disposition, que M. Broderip n’a pas craint d'émettre l'opinion que son 
D. Bucklandii ne doit pas même entrer dans le même genre que le D. 
Prevostii. En sorte que, quand même on serait parvenu à prouver que ce- 
lui-ci n'est pas un mammifère didelphe ou monodelphe, ce ne serait pas 
“une raison pour étendre la conclusion à celui-là. Voyons donc à compa- 
rer immédiatement le D. Bucklandi avec les deux formes génériques ré- 
centes décrites plus haut. 

» Sans doute on ne peut nier que dans la forme générale , aussi bien que 


(at | 

dans celle et dans la proportion même des deux parties principales de la 
mâchoire fossile, il n’y ait une ressemblance marquée avec la mandi- 
bule du D. Firginiana, par exemple, surtout en supposant que l’apophyse 
en crochet de celle-ci ne paraîtrait pas, parce qu’elle serait restée en- 
foncée dans la pierre, tandis qu’il n’y en a que fort peu avec le D. Prevostii. 
Cependant nous devrons faire observer que le condyle est arrondi, et dans 
le prolongement de la ligne dentaire comme dans celui-ci, et qu'au con- 
traire , dans les didelphes, il est toujours plus ou moins transverse et cons- 
tamment bien au-dessus de cette ligne. Nous devons aussi faire remar- 
quer que dans toute l'étendue de la branche horizontale, il paraît n’y avoir 
aucune trace de trous mentoniers existant chez tous les autres didelphes;, 
ce qui porterait à penser qu'il n’y avait pas de canal dentaire , ce qui serait 
encore comme dans le D. de Prevost. 

» Quant au système dentaire, en se bornant à un examen peu appro- 
sfondi, on ne peut non plus s'empêcher de trouver quelque ressemblance 
entre le fossile de Stonefield et le D. Virginiana, par exemple, et en effet, 
en admettant qu'il manque une première dent à la pointe de la mâchoire, 
et qu'il n'en manque pas dans l'intervalle de la prétendue canine à la pre- 
mière molaire, on à véritablement le même nombre des trois sortes de 
dents que dans la sarigue et même avec quelque similitude dans une par- 
tie de la disposition ; mais combien s'éloigne toute analogie lorsqu'on exa- 
mine la forme de chacune de ces dents. 

» Ainsi les incisives, au lieu d’être très petites, dilatées en palette ou 
obtuses, serrées et entassées tout-à-fait à l'extrémité de la mandibule, 
comme dans le D. de Virginie, sont fortes, coniques, distantes et presque 
toutes latérales. | 

» La canine, au lieu de se projeter en avant, et d’être arquée, com- 
primée, fort pointue et trés forte, comparée surtout aux incisives, est au 
contraire toute droite, conique, et à peine plus grande que celles-ci. 

» Enfin les molaires, au lieu d’être très inégalement espacées, surtout 
les antérieures, et même quelquefois singulièrement inégales, comme chez 
les Didelphes, croissent insensiblement de la première à la quatrième, pour 
décroître ensuite jusqu’à la dernière. Quant à leur forme ; à peu de chose 
près toujours la même sur la mâchoire fossile, elle n’a rien de comparable 
pour la couronne aussi bien que pour les racines, avec la disposition insec- 
tivore que présentent à un si haut degré les quatre dernières molaires des 
didelphes. 

» Mais si cette forme en palmette lobée des dents molaires du D, Buck- 


(414) 


landü, ne ressemble en rien à ce qui existe chez les insectivores di- 
delphes ou monodelphes ; il n’en est pas de même à l'égard de l’autre mà- 
choire de Stonefeld signalée par M. Prevost. La ressemblance, sous ce 
rapport, sauf le nombre, est presque complète, en sorte que s’il est im- 
possible de regarder ces deux mâchoires comme provenant d'individus de 
même espèce, ce que j'accorderais volontiers, il est difficile de les considé- 
rer comme provenant d'animaux classiquement différents, la structure du 
système phanérique qui arme les appendices masticateurs particuliers à 
chaque classe du type des Ostéozoaires étant ici absolument la même. 

» Jusqu'ici nous avons prouvé que les deux pièces de Stonefeld different 
entierement des mâchoires de Didelphes, mais qu’elles se ressemblent beau- 
coup, au moins pour la forme des molaires. Il nous reste maintenant à 
chercher si ce que nous avons décrit du système dentaire des prétendus 
didelphes de Stonefield, se trouve avoir une analogie évidente avec ce 
que nous connaissons dans l’une ou l’autre des quatre classes d’animaux 
vertébrés dont les mächoires sont pourvues de dents, c'est-à-dire chez les 
mammifères , les reptiles ; les amphibiens et les poissons. 

» Dans les mammifères dont les machoires sont pourvues de dents, ces 
dents peuvent être simples dans leur couronne comme dans leur racine, 
ou bien être complexes dans l’une ou dans l’autre, ou enfin, l'être dans 
les deux parties à la fois, ce qui est le cas le plus ordinaire pour les dents 
molaires, et surtout pour les postérieures; comme la simplicité dans les deux 
parties est la condition la plus commune des dents incisives et des 
canines. 

» Dans cette classe d'animaux jamais on n’a encore observé de système 
dentaire dont toutes les dents soient complexes dans les deux parties ; un 
assez petit nombre d'espèces les ont toutes simples, dans leur couronne 
et dans leur racine, comme tous les cétacés et quelques phoques; mais, 
chez le plus grand nombre, les deux sortes se trouvent à la fois; les sim- 
ples en avant, les complexes en arriere, 

» Dans tous les animaux de cette classe également, toutes les dents ont 
leur racine simple où complexe immergée plus où moins profondément 
dans des alvéoles complètes, et ces alvéoles communiquent avec le canal 
dentaire par lequel passe le faisceau de filaments nerveux qui se rendent 
aux dents. 

» Sauf les baleines et les ornithorhynques, tous les mammifères se res- 
semblent sous le rapport de la structure du système dentaire. 

» Chez les reptiles il y a beaucoup plus de variations dans ce point de 


\ 


(45) 


leur organisation. En effet, si les dents, presque toujours simples, peu- 
vent cependant être quelquefois sabcomplexes dans leur couronne, comme 
chez les Iguanes, par exemple, elles sont constamment simples dans 
leur racine; du moins je ne connais pas d'exemple du cas contraire, si 
même il y a une véritable racine autre que leur base, dans la plupart des 
cas. 

»Ces dents sont quelquefois assez dissemblables pour qu’on puisse les 
distinguer assez bien en incisives, en canines, en molaires, quoique 
celles-ci soient presque toujours absolument simples. 

» Mais les variations les plus grandes que présente le système dentaire 
des reptiles se remarquent dans ses connexions avec les mâchoires. En 
effet on peut en distinguer de quatre sortes. 

» Dans l’une il y a alvéole creuse: et entiérement circonscrite par l'os, 
et dans laquelle la dent est lâchement implantée, comme cela se voit 
chez les crocodiles, par exemple. 

» Dans une seconde, l'implantation à également lieu dans des alvéoles 
comprises entre les deux lames de la mâchoire, mais d’une manière si 
serrée que la dent semble faire partie de la mächoire elle-même qu'elle 
denticule à son bord, comme cela se voit ches les Geckos, les Caméléons, 
les Dragons et même les Agames. 

» Le troisième mode est celui dans lequel il n’y a pas d’alvéole, 
mais où les dents sont appliquées contre la paroi interne de la mâchoire 
etretenues entre elle et la membrane gyugivale; c’est le cas des Iguanes par 
exemple. Et alors la racine des dents est échancrée en ogive au côté in- 
terne de la base. l 

» Enfin, un quatrième est celui des serpents venimeux chez lesquels 
les dents sans racines et non implantées, finissent par se souder à l'os 
maxillaire par une sorte d’ossification de la membrane gyngivale. 

» La classe des amphibiens présente à peu près les mêmes modifica- 
tions du système dentaire dont ces animaux sont assez souvent dépourvus 
et qui est rarement un peu développé; simplicité constante dans ses deux 
parties, dont l’une, la racine, manque même presque toujours; similitude 
presque complète de toutes les dents composantes, et enfin, implantation 
solide , comme dans les Cœcilies, ou simple application , comme dans 
les Grenouilles. 

» La classe des poissons présente encore moins d’uniformité sous le rap- 
port du système dentaire que celle des reptiles, même en ne faisant atten- 
tion qu’à la partie qui arme la mandibule, la seule dont nous ayons besoin 


(416) 


en ce moment. En effet, sans faire mention des dents gyngivales seule- 
ment qui ne pénètrent pas jusque dans l'os, ni de celles qui, étant sur 
plusieurs rangées, en dedans les unes des autres, appliquées ou immer- 
gées, ne peuvent servir ici de terme de comparaison, il existe des espèces 
chez lesquelles les dents pourvues d’une racine aussi longue que la cou- 
ronne, s'implante profondément dans la mâchoire dans un ordre et dans 
des proportions déterminées; mais je n'en connais pas encore qui aient ja- 
mais en tout ou en partie, la couronne et surtout la racine complexe. 

» D’après cette exposition des caractères essentiels que présente le sys- 
tème dentaire dans les quatre classes d'animaux vertébrés qui en sont 
pourvues, on serait en droit de conclure que celui des mammiferes étant 
le seul dans lequel ont ait trouvé jusqu'ici des dents postérieures com- 
plexes à la couronne et la racine, combinées avec des dents antérieures 
simples dans les deux parties, ces dents étant profondément implantées 
dans la mâchoire; chez lesquels il y ait condyle articulaire , apophyse co- 
ronoiïde bien formée, l’analogie de l’une au moins des mâchoires de Stone- 
field avec les mammifères serait démontrée; et que dès-lors l'animal 
dont elle provient était nécessairement -un mammifère. Quant à l’autre 
mâchoire dont nous avons tiré la connaissance des racines doubles et 
très longues, ce que nous avons appliqué à la précédente, la ressemblance 
dans la structure si particulière de la couronne ne permet guère de ne pas 
accepter qu’où sera placée la première, la seconde devra suivre. Nous de- 
vons cependant ajouter qu'il reste encore quelque chose à éclaircir à son 
sujet, car il est difficile d'admettre que les trois premières molaires soient 
les analogues des dents antérieures du D. Bucklandii dont M. Broderip 
fait des incisives et une canine; et nous n'avons pas encore d'exemple 
d'un genre de mammifères où le nombre des molaires s’accroisse ainsi 
tout-à-coup de trois à chaque côté. 

» Quant à la question de savoir dans quel ordre, dans quelle famille, 
dans quel genre même des mammiferes doit être rangé l'animal qui nous 
est revélé par ces mâchoires si anciennement fossiles, nous avons, je crois, 
mis hors de doute que ce ne pouvait être un insectivore didelphe ou mo- 
nodelphe, tant le système dentaire est différent. La forme des molaires 
semblerait le rapprocher bien davantage de celle des Phoques, où elles 
sont également à peu près semblables et assez souvent tricuspides ; mais 
a partie antérieure du système dentaire du fossile de Stonefield , s'éloigne 
beaucoup de ce qui a lieu dans cette famille de carnassiers ; en sorte que 
dans l'hypothèse que ce serait un mammifere, nous n’oserions nous pro- 


(4 ) 
noncer sur l’ordre et la famille. Il est plus certain que cet animal doit 
former un genre distinct auquel on pourrait donner le nom de Æetero- 
therium ou d’ Amplhitherium , afin d'éviter les inductions que l’on pourrait 
tirer de l'existence si ancienne d’un mammifere de la classe des Didelphes. 

» Mais, si en se laissant conduire par la méthode analogiqué, et en 
admettant tous les éléments fournis par les figures et les descriptions, 
comme incontestables; et, par exemple, la forme et la proportion des trois 
parties de la branche montante, nous avons pu être conduit à admettre, 
en établissant notre comparaison avec les animaux vivants, que ce pou- 
vait être un mammifère sui generis, plus que toute autre chose; en se- 
rait-il de même, si nous portions la comparaison sur certains genres fos- 
siles. C’est à quoi nous sommes obhgé de répondre négativement. En effet, 
M. le D. Harlan, de Philadelphie, a figuré et décrit, il y a déjà plusieurs 
années, des ossements fossiles gigantesques, il est vrai, qu’il rapporte à un 
genre nouveau de la classe des Reptiles, nommé par lui Basilosaurus. 
Or, une portion de mâchoire de cet animal présente des dents implantées 
de deux sortes : les premieres simples, parmi lesquelles sont même des es- 
pèces de canines plus grosses que les autres; les secondes comprimées, 
triangulaires et pourvues de deux racines, implantées et saillantes au-dessus 
du bord des mâchoires; et comme à la plus légère inspection on ne peut 
se refuser à reconnaître une grande analogie avec ce qui est décrit et 
figuré dans l'animal de Stonefield, en faisant en outre l'observation que les 
dents et la mâchoire qui les porte sont, comme pour l'animal de Stone- 
field, tellement inscrutées dans la roche qu’elles semblent en faire partie ; 
qu'au premier aspect M. Harlan avait considéré ces ossements comme 
ayant appartenu à un mammifére carnassier aquatique; on ne pourra se 
refuser à admettre que si ce Basilosaurus est un reptile, ce qui paraît 
hors de doute d’après la forme des vertèbres, celle de l'humérus, etc., il 
est t plus que probable qu'il en est de même de l'animal de Stonefield. 

» Dés-lors l'existence d’ossements fossiles, provenant d’un animal de la 
classe des mammifères, même aquatiques, dans un terrain secondaire, 
n'est pas encore acquise à la science, le prétendu Didelphe de Stonefield 
n’appartenant pas à cette classe. 

» Au reste, si la discussion dans laquelle nous venons d'entrer n’a pas 
rendu la démonstration entièrement convaincante pour tout le monde, 
espérons du moins qu’elle aura pour effet subséquent de déterminer de 
nouvelles investigations de la part des observateurs habiles qui ont à leur 
disposition les deux seuls échantillons que l'on connaisse aujourd'hui 

C, R. 1818, 2€ Semestre. (T. IL, N°8.) 56 


(418 ) 
de ce fossile, et, par suite, de fournir de nouveaux éléments à l’argu- 
mentation pour ou contre l'opinion admise jusqu'ici sans examen appro- 
fondi et par conséquent non démontrée. Nous devons même, à l'appui 
de nos doutes, invoquer l'opinion de MM. Meyer, Grant et Agassiz, 
qui paraissent aussi penser que le fossile de Stonefeld ne provient pas 
d’un mammifère. 

» En attendant, dans l’état actuel de nos connaissances, nous sommes, 
ce me semble, autorisés à tirer les conclusions suivantes : 

» 1°. Les deux seuls fragments fossiles de Stonefield, attribués au 
G. Didelphis de la classe des mammifères , n’ont aucun des caractères des 
animaux de ce genre , et ne doivent certainement pas y être rangés; 

» 2°. Ils ne peuvent pas davantage être rapportés à un mammifère in- 
sectivore monodelphe voisin des Tupaïas ou des Tenrecs; 

» 3°. Si l’on croyait devoir les considérer comme de la classe des mam- 
mifères leur système dentaire molaire les rapprocherait de la famille des 
Phoques plus que de toute autre; 

» 4°. Il est infiniment plus probable, par analogie avec ce que nous con- 
naissons du Basilosaurus trouvé en Amérique, dans un terrain également 
secondaire, qu'ils doivent être rapportés à un genre du sous-ordre des 
Sauriens ; 

» 5°. Qu'en tout état de cause, ils doivent être au moins distingués sous 
un nom générique distinct, pour lequel nous proposons celui d’4mphi- 
therium ; qui indique une nature ambiguë. 

» 6°. Enfin, l’existence des restes de mammifères antérieurs à la forma- 
tion des terrains tertiaires n’est nullement prouvée ou mise hors de doute 
par les fossiles de Stonefield que nous venons d'examiner, quoique nous 
soyons loin d'admettre que des mammifères n'aient pas pu vivre dans la 
période secondaire. » 

Explication de la Planche. : 


Fig. 1%. — Mâchoire du D, Bucklandii, copiée de grandeur naturelle du Mémoire de 
M. Broderip. 


Fig. V1 et III. — La même grossie. 


Fig. IV.— Mäâchoire du D. Prevostit de grandeur naturelle, copiée de l'ouvrage de 
M. Buckland. 

Fig. V.— La même grossie. 

Fig. VIet VII. — Portion de mächoire du Basilosaurus du D. Harlan considérable- 
ment réduite. 

Fig. IX, X et XI. — Dents diverses de poissons. 

Fig. VIII. —Portion de Mächoire de Saurien, de l’École des Mines, rapportée par 
M. Brochant de Villiers. 


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(419) 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE, — Rapport sur un Mémoire de M. »x Cazrienr, 
\ 
ayant pour objet la description d'une machine de son invention, destinée 
à élever de l'eau à l'aide des oscillations. 


(Commissaires, MM. Savart, Poncelet, Séguier, Savary, 
Coriolis rapporteur.) 


« La machine que M. de Caligny soumet au jugement de l’Académie, 
a pour objet d'élever de l’eau au moyen de la puissance d’une chute, 
dans le cas où lon doit conduire une partie du liquide d’un bassin su- 
périeur à un bassin inférieur, en lui faisant parcourir d'assez longs tuyaux 
dé conduite. C’est sur un point du trajet de ce tuyau que la machine 
peut élever une portion de l’eau qui devait se rendre dans le bassin in- 
férieur. 

» Voici les dispositions imaginées par l’auteur pour cet objet, 

» Le tuyau de conduite qui met en communication le bassin supérieur 
avec le bassin inférieur, est supposé s’enfoncer à une assez grande pro- 
fondeur en-dessous du niveau du bassin inférieur, soit pour toute sa lon- 
gueur, si les localités s’y prêtent, soit au seul point où il faut élever l’eau. 

» Cette profondeur se détermine par des calculs préalables en raison 
de la chute entre les deux bassins et de la hauteur à laquelle on veut 
élever l’eau, Ce tuyau forme donc, sur une étendue plus ou moins grande, 
ce qu'on appelle ordinairement un siphon renversé. Au point le plus bas 
de ce tuyau, on embranche un tube vertical qui se termine à la hauteur à 
laquelle on veut élever le liquide. Eette hauteur, au-dessus du niveau du bas- 
sin supérieur, doit être toujours plus petite que la profondeur du bas du 
tube en-dessous de ce méme niveau. Au point où le tuyau horizontal est 
ainsi surmonté d’un tube vertical, on dispose une pièce mobile faisant 
office de double soupape qui se manœuvre par le jeu même de la machine, 
et dont l'office est de mettre alternativement le tube vertical en communi- 
cation exclusive avec un côté et un autre de tuyau horizontal, c’est-à- 
dire avec l’eau qui vient du bassin supérieur et avec celle qui doit se 
rendre dans le bassin inférieur. On Pourrait se représenter cette pièce mo- 
bile comme un piston susceptible de se mouvoir dans le tuyau horizon- 
tal et qui se placerait alternativement au-delà et en-decà du tube vertical. 


56.. 


(40 ) 


On indique ce piston mobile pour faire saisir de suite la fonction que 
remplit bien mieux dans la machine de l’auteur, un clapet ou porte tour- 
nante, qui est placée dans une chambre, au point de jonction des deux 
portions du tuyau horizontal, et produit son effet par une simple rotation 
d’un quart de révolution autour d’un axe. On n’insiste pas pour le moment 
sur les dispositions qui assurent le jeu de ce clapet; il suffit de le conce- 
voir comme remplissant la fonction du piston dont on vient de parler. 

» Ces dispositions générales étant comprises, il devient facile d’expli- 
quer le jeu de la machine à oscillations. 

» On se représentera l’eau du bassin supérieur remplissant le tuyau de 
communication et une partie du tube vertical d’ascension, et le piston 
placé au-delà de ce tube, de manière à fermer sa communication avee la 
continuation du tuyau horizontal, Cette seconde partie du tuyau est aussi 
remplie d'eau puisqu'elle communique avec le bassin inférieur. 

» Concevons que par un moyen quelconque et une seule fois pour 
commencer le jeu de la machine, on ait vidé le tube vertical en même 
temps que le piston se trouve placé au-delà de ce tube pour permettre au 
liquide d’y monter; il se produira une oscillation ascendante dans le tube 
vertical. Si celui-ci avait la hauteur nécessaire et qu'il n’y eüt pas de frot- 
tement, le liquide s’éléverait au-dessus du niveau du bassin supérieur à 
une hauteur égale à la profondeur du point de départ au-dessous. Mais 
comme le tube vertical est coupé à un niveau plus bas que celui où l’eau 
peut s'élever, celle-ci se verse avec une vitesse décroissante par la bouche 
supérieure. Au moment où la colonne est devenue stationnaire et où le 
versement cesse, le piston vient à se replacer en-deçà du tube d’as- 
cension, ouvre l'entrée du tuyau horizontal, et met en communication 
le tube d’ascension et le bassin inférieur. Alors la colonne de liquide 
contenue dans ce tube vertical, descend et fait refluer dans le bassin 
iuférieur un volume égal à celui qui est sorti du tube vertical: le ver- 
sement s'opère dans ce bassin jusqu’à ce que la vitesse descendante soit 
épuisée. 

“ Les niveaux des points le plus haut et le plus bas de la colonne ver- 
ticale, sont combinés pour que tout le tube vertical soit vidé sans perte 
sensible de force vive lorsque les embouchures sont convenablement évasées. 
Cette condition est remplie si le niveau du bassin inférieur est très peu 
au-dessous du centre de gravité de la colonne de liquide qui se trouve dans 
le tube vertical au moment où commence l’oscillation descendante. Cette 
oscillation étant terminée, si le piston se replace au-delà du tube vertical 


( 421 ) 
et le remet en communication avec le tuyau qui vient du bassin supérieur, 
le jeu de la machine recommence avec les mêmes circonstances que nous 
venons de décrire. 

» À chaque double oscillation , il y a donc un certain volume d’eau élevé 
et versé par l’orifice supérieur du tube vertical, et un autre volume qui 
s’est rendu dans le bassin inférieur : le rapport entre ces deux volumes 
résulte des proportions établies entre les hauteurs relatives des niveaux 
des bassins et des extrémités du tube d’ascension. 

» Si le mouvement du piston mobile, ou plutôt du clapet tournant qui 
en fait l'office, est convenablement réglé par la machine méme, elle opé- 
rera le même effet indéfiniment dès qu’on aura vidé ou rempli une pre- 
mière fois le tube vertical, c’est-à-dire, en langage de praticien, dès qu'on 
aura amorcé la machine. 

» Voici comment on y parviendra. Après avoir mis le tube d’ascension 
en communication avec le bassin supérieur, et par conséquent lorsque 
l'eau s’y trouve au même niveau que dans ce bassin, il suffira de manœu- 
vrer à la. main le clapet pour quelques oscillations. On mettra d’abord le 
tube vertical en communication avec le bassin inférieur ; on obtiendra 
ainsi une oscillation descendante. A l'instant où elle est achevée, c'est-à- 
dire où l'eau est descendue à son maximum dans ce tube, on agira sur le 
clapet pour rétablir la communication avec le bassin supérieur et l’on ob- 
tiendra une oscillation ascendante. On continuera ainsi, en manœuvrant 
le clapet, de produire des oscillations croissantes, jusqu’à ce qu'ayant amené 
l’eau à sortir par l’orifice supérieur, le jeu de ce clapet se fera de lui-même 
et la machine sera en train. 

» Revenons maintenant sur le clapet qui forme une partie essentielle de 
la machine. 

» Pour faciliter le jeu de cette pièce, la seconde partie du tuyau hori- 
zontal par où l’eau s’écoule dans le bassin inférieur, ce qu'on peut appeler 
le tuyau de décharge, s'embranche dans le tube vertical un peu au-dessus 
du niveau de la première partie du tuyau horizontal. A ce point d’embran- 
chement se trouve une chambre dans laquelle est placé le clapet qui peut 
tourner d’un quart de révolution autour d’un axe situé près de son centre 
de figure. Lorsqu'il est dans une situation verticale, il ferme la commu- 
nication entre le tube d’ascension et le tuyau de décharge, et ouvre la 
communication entre le tuyau d’ascension et le tuyau qui vient du bassin 
supérieur; et lorsqu'il est horizontal , il ouvre la première communication 
et ferme la seconde. Dans chacune de ces positions, le liquide pendant son 


( 422) 


mouvement ou son repos, tend à maintenir la fermeture qui doit se pro- 
duire. Il serait même possible que le seul mouvement produisit le change- 
ment de position du clapet. Mais la manœuvre opérée ainsi pouvant étre 
trop lente et occasioner des pertes d’eau , l’auteur y supplée par le jeu d’un 
manche à balancier sur lequel agissent périodiquement des poids ou des 
ressorts; leurs efforts se développent instantanément à l’aide d'un encli- 
quetage qui se lâche par un mouvement de bascule provenant d’une cata- 
racte, c’est-à-dire d’un vase qui se remplit alternativement par le jeu même 
de la machine. Ce mode de manœuvrer un clapet a déjà été mis en usage 
dans d’autres machines : on doit présumer qu'il réussira, bien que l’auteur 
ne l'ait pas encore mis en essai. 

» Si M. de Caligny eüt présenté une machine toute établie avec un 
clapet fonctionnant bien, son travail aurait beaucoup plus de prix; mais 
dans l'impossibilité où il a été lui-même de réaliser sa conception, nous ne 
pouvons que souhaiter qu’on le mette en état de le faire. Aussi, avons-nous 
appris avec plaisir que M. le Préfet de la Seine, sur le rapport d’un in- 
génieur du service des eaux , avait autorisé un essai pour l'application de 
la machine sur les conduites de la ville. 

» M. de Caligny peut introduire diverses modifications à sa machine 
pour en varier les effets. Ainsi, pour élever l'eau à une plus grande bau- 
teur, il diminue le diamètre de la partie du tube d’ascension qui est au-des- 
sus du niveau du bassin supérieur. Afin d’avoir moins d’intermittence 
pour l’arrivée de l’eau, et pour mettre la machine dans les conditions où 
elle a un effet utile plus considérable, il embranche deux tubes verticaux 
sur un même tuyau de conduite. Dans ce cas, les clapets se manœuvrent 
de manière à ne recommencer une oscillation ascendante dans un premier 
tube qu'a l'instant où celui-ci étant complétement vidé, l'oscillation as- 
cendante est achevée dans le second tube; avec cette disposition, l’eau 
coule du bassin supérieur vers le tube d’ascension sans intermittence , ce 
qui rend le système plus avantageux. 

» L'auteur indique encore des machines secondaires qui ne sont que 
des modifications de sa machine principale. Ainsi, il peut appliquer le 
même système des oscillations à l'élévation de l’eau d’une source infé- 
rieure qui serait seulement un peu au-dessus du bas du siphon, c’est-à- 
dire du pied du tube d'ascension. Il suffit pour cela d’en laisser entrer une 
certaine hauteur dans le tube par une soupape à l'instant où celui ci est 
vidé par une oscillation descendante. Si cette hauteur n’est pas trop grande 
et n'empêche pas l’oscillation ascendante, devenue moins puissante, de 


( 423 ) 
verser par l'extrémité supérieure du tube, on pourra y faire écouler ainsi 
l’eau fournie par la source inférieure. 

» La machine de M. de Caligny peut produire encore comme effet 
secondaire un jet d'eau continuellement oscillant qui pourrait être ap- 
pliqué à la décoration des villes. 

»Si l’on pratique sur le tuyau horizontal et à peu de distance du tube 
vertical d’ascension, un orifice de jet d’eau, la veine qui en sort s'élève 
périodiquement depuis une hauteur très faible jusqu’à une hauteur pres- 
que double de celle où elle s’éléverait sans le secours des oscillations. 
Pour dépenser le moins d’eau possible en produisant cet effet, il suffit de 
laisser revenir dans le réservoir supérieur par une oscillation rétrograde 
toute l’eau qui peut y rentrer et de faire en sorte que le clapet placé 
alors au bas du tube d’ascension s'ouvre pour achever de le vider à l’'ins- 
tant où l’oscillation rentrante est achevée. 

» Nous renvoyons au mémoire de l’auteur pour la description plus dé- 
taillée de ces appareils secondaires qui ont moins d'importance , et dont 
le jeu ne peut être aussi bien prévu, avant qu’on ait fait des expériences. 
Nous ne nous attacherons ici qu’à discuter le mérite du système principal. 

» M. de Caligny, en s'appuyant sur des expériences qui lui sont propres 
et sur celles de Dubuat, établit que dans les mouvements oscillatoires on 
aura des résultats au-dessus des pertes réelles en les calculant d’après un 
frottement exprimé par le seul terme proportionnel au carré de la vitesse. 
En partant de ce point, la machine, dans plusieurs exemples, auxquels 
nous avons appliqué le calcul, rendrait en eau élevée un travail moitié de 
celui de la chute. 

» Si l’on a saisi la description, on comprendra que la machine de M. de 
Caligny ne peut manquer de produire l’effet que l’auteur en attend; on 

concevra qu'elle a l’avantage d’être simple et de ne comporter d’autre 
perte de travail que celui qui est nécessaire St vaincre les frottements 
dans les tuyaux. 

» Cette perte ne croît pas comme il le semblerait d’abord en raison de 
la longueur des tuyaux, parce qu’elle dépend de la vitesse et que celle-ci 
devient plus petite pour chaque oscillation à mesure que la conduite est 
plus longue. 

» Si l'on se trouve dans des circonstances où l’on ait besoin de con- 
duire l'eau dans des tuyaux d’un bassin supérieur à un bassin inférieur, 
comme cela arrive dans les distributions d’eau des villes, on ne doit réel- 
lement compter comme pertes inhérentes à la machine, que la différence 


( 424) 

entre les frottements dans des mouvements périodiques et dans le mou- 
vement uniforme, en y ajoutant les frottements dans le tube vertical, et 
le peu de travail que demande le jeu du clapet. C'est ainsi qu’on à les 
véritables bases du calcul de la machine dans les circonstances- où elle 
paraît seulement devoir être appliquée. Alors son effet utile devient assez 
considérable. Nous avons trouvé dans ces mêmes exemples que ce rap- 
port entre le travail utilisé en eau élevée et celui de la chute, déduction 
ainsi faite de ce qui est nécessaire au transport dans les tuyaux, était de 
0,79 à 0,93. Ces nombres sont peu différents de ceux qu'a trouvés M. de 
Caligny, au moyen d’ingénieuses considérations géométriques : nous ne 
les présentons que comme des aperçus. Il faudra attendre quelques 
expériences en grand pour en fixer le chiffre d’une manière plus cer- 
taine. 

» La machine de M. de Caligny a quelque analogie dans son but et ses 
moyens avec le bélier de Montgolfier et avec la colonne oscillante de 
Monoury d’'Ectot. Néanmoins elle diffère assez de ces deux machines 
pour qu’on la regarde comme un système à part. Elle offre en effet pour 
caractère distinctif de ne perdre du travail de la chute que ce qui est 
nécessaire pour vaincre les frottements dans les tuyaux; tandis que dans 
les deux machines qu’on vient de citer on rejette une certaine quantité de 
liquide possédant une force vive qui n’est pas utilisée. Dans le bélier, 
on produit un choc qui, outre la perte de force vive qu'il occasione, 
a l'inconvénient de fatiguer la machine et de donner lieu à un bruit in- 
commode. Dans la colonne oscillante de Manoury on ne peut élever l’eau 
qu'à une hauteur très bornée, tandis qu'avec la machine de M. de Caligny, 
en faisant descendre le tuyau dans un puits construit à cet effet, on peût 
amener l’eau à une grande hauteur, comparativement à la chute dis- 
ponible. 

» L'idée heureuse qui la distingue bien de cette machine à colonne 
oscillante et en fait une véritable invention, c’est de vider le tube vertical 
après l’oscillation ascendante sans perdre d’autre force vive que celle 
qu'exigent les frottements, c’est-à-dire en ne faisant descendre que très 
peu le centre de gravité de la colonne fluide qui doit sortir. 

» Sans doute l'invention de l’auteur paraît facile à trouver; mais on 
sait qu’en fait de machine, ce n’est pas en diminuer le mérite que d'y 
voir une conception qui semble facile à imaginer; il suffit que la chose 
n'ait pas été faite pour que l'inventeur recueille le fruit de son invention. 

» Maintenant on se demandera si les circonstances où elle paraît avanta- 


(425 ) 


geuse se présenteront fréquemment, nous ne le croyons pas; mais quand 
même cette machine ne devrait pas avoir de très nombreuses applications, 
cela ne diminue pas son mérite scientifique ; elle se classera toujours 
dans les machines bien conçues et qui peuvent être très utiles dans le 
petit nombre de circonstances locales qui en réclameront l'emploi. 

» Bien qu'une partie du mérite de l'invention soit subordonnée à une 
bonne disposition du clapet, dont le jeu a besoin d’être étudié par l’expé- 
rence; cependant comme ce qui est proposé par l’auteur ne peut man- 
quer de produire l'effet nécessaire avec une précision dont le degré 
seulement ne peut encore être assigné, vos Commissaires vous proposent 
de décider que la machine inventée par M. de Caligny est bien conçue; 
que par sa simplicité elle doit tenir une place marquante parmi celles qui 
sont destinées à élever de l'eau, et que sa description doit être insérée 
dans le recueil des Savans étrangers. » 

Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. 


Rapport sur un Mémoire de M. Horace Dewarcay, relatif à la nature de 
la bile. 


(Commissaires, MM. Pelouze et Dumas rapporteur.) 


« Parmi les liquides de l'économie animale il en est un, la bile, qui en 
raison de l’importance de ses fonctions a excité toute l'attention des phy- 
siologistes, et par suite celle des chimistes. 

» Aussi , sans remonter à une époque éloignée, trouvons-nous nombre 
de travaux destinés à éclairer sa nature. Tout le monde sait que notre 
illustre confrère, M. Thénard, s’est particulièrement occupé de son étude 
et qu’il y a reconnu diverses substances bien distinctes. Depuis son tra- 
vail, M. Berzélius s’est livré lui-même à une analyse très complète de la 
_bile. Dans ces dernières années, M. Braconnot d’un côté et MM. Tiede- 
mann et Gmelin de l’autre, ont exécuté des recherches étendues sur 
ce liquide; il sera souvent question, dans ce rapport, des résultats obte- 
nus par les deux chimistes allemands. Enfin, notre honorable confrère, - 
M. Chevreul, s’est occupé de nombreuses expériences sur la bile : celles 
qu’il a publiées sur ce sujet font vivement regretter que la totalité de ses, 
travaux n’ait pas été portée à la connaissance des chimistes (1). 


(1) M. Chevreul annonça à l’Acadéinie, le 4 août 1823, la présence d’un principe 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N°8.) 57 


( 426 ) 

» Ces diverses expériences, exécutées sous des inspirations différentes et 
à diverses époques, ont toutes pour objet de faire connaître les divers prin- 
cipes immédiats qui existent dans la bile. Aucune n’a pour but de donner 
l'analyse élémentaire exacte de ces mêmes produits. 

» Lorsqu'un chimiste exercé s'occupe de rechercher les principes: im- 
médiats de quelque liquide appartenant à l’économie animale, il est bien 
rare qu’il r’arrive point à en extraire de nouveaux produits. Au premier 
aspect, ces découvertes satisfont notre esprit et nous donnent une idée 
plus haute des pouvoirs de la science, mais la réflexion nous fait crain- 
dre ensuite que l'analyse n'ait fait naître elle-même les complications 
qu’elle a fournies. En pareil cas, ramener la science vers des notions 
plus simples, assigner leur vrai rôle à ces corps accidentels, expliquer 
leur production, c’est rendre service à la fois à la chimie elle-même et 
à la philosophie naturelle. 


rouge-orangé et d’un principe vert dans la bile et dans un liquide jaune extrait des 
cadavres d’enfants morts de la maladie appelée /nduration du tissu cellulaire. 
{Mémoire du Muséum , t. X, p. 450.) 

Le 19 juillet 1824, il lut une note à l’Académie, ayant pour objet de faire con- 
naître la découverte de la cholesterine et celle des acides margarique et oléique dans 
les biles d'homme, d'ours, etc. Il décrivit les propriétés du principe colorant rouge de 
la bile. Ces résultats avaient été annoncés à la Société Philomatique, au commen- 
cement de 1624. 
(Mémoire du Muséum , t. X, p. 230.) 

Il fit voir, dans un Mémoire lu à l’Académie, le 30 août 1824, que le principe colo- 
rant de la bile du bœuf n’y est que dans une très faible proportion, et qu’il se décom- 
pose rapidement sous l'influence de l’oxigène et de la potasse. 


(Mémoire du Muséum , 1. XII, p. 378.) 


Au mot Picromel, du Dictionnaire des Sciences naturelles, imprimé en novem- 
bre 1825, M. Chevreul dit que les biles peuvent contenir trois principes colorants, 
un rouge, un bleu et un jaune, et que peut-être ce dernier est le produit d’une altéra- 
tion des premiers. Il décrit une matière extraite de la bile du pore, et qu’il a nommée 
depuis Acide picrique. (Voyez 30° Leçon de Chimie appliquée à la teinture, p. 260.) 

L’acide picrique rougit le papier de tournesol ; sa saveur est amère sans être nauséa- 
bonde; il est peu soluble dans l’eau ; l'alcool et l’éther peuvent le dissoudre en grande 
quantité. 

IL forme des sels d’une saveur amère. 

Le picrate de baryte est remarquable par sa solubilité dans l’alcool. 

11 donne de l’ammoniaque à Ja distillation. 

Enfin M. Chevreul considère que la matière qu’on a appelée picromel peut être ré- 
duite en un principe d’une saveur douce, cristallisable en aiguilles blanches (voyez 
28° Lecon de Chimie appliquée à La teinture, p. 49), et en une matière amère. 

(Note de M. CHEvREUL.) 


( 427) 

» Tel est le but que s’est proposé M. Horace Demarçay. Il a cherché à 
mettre en évidence la nature de la bile et à nous expliquer par des acci- 
dents purement chimiques, la création de plusieurs produits qui en avaient 
été extraits par MM. Tiedemann et Gmelin, dans ces dernières années, et 
à notre avis, il a eu le bonheur d’y parvenir. 

» De même que le chimiste allemand que nous venons de citer, M. De- 
marçay s’est exclusivement occupé de la bile du bœuf. Il a obtenu, en 
la traitant de diverses manières, quatre corps, entre lesquels une étude 
approfondie est venue démontrer des relations inattendues. 

» Le premier de ces corps, c’est celui que MM. Tiedemann et Gmelin 
ont désigné sous le nom de £aurine. C'est une des plus belles substances 
de la chimie organique. Elle cristallise en prismes volumineux, incolores et 
transparents. 

» La composition que M. H. Demarçay lui assigne est fort remarqua- 
ble, car il la considère comme étant formée de C'H'#Az* 0°, dans lesquels 
on trouverait les éléments de deux atomes d’acide oxalique, d’un atome 
d’'ammoniaque et de quatre atomes d’eau. On voit par là que la taurine 
doit être l’une des substances organiques les plus riches en oxigène et les 
plus pauvres en carbone. Il faut même le dire, la composition de ce corps 
annonçait une substance si instable et ses propriétés sont si éloignées de 
réaliser cette présomption, que l’un de nous s’est fait un devoir de vérifier 
l'analyse donnée par M. Demarçay. Elle était tout-à-fait conforme à la vé- 
rité, comme le prouvent les résultats suivants: 


I. 0,500 taurine ont donné 0,255 eau et 0,348 acide carbonique. 
IT. 0,500 :d. ont donné 0,253 eau et 0,345 acide carbonique. 
IUT. 0,350 id. ont produit 32 cm. cub. d’azote humide à 8° et 0,765. 


» Ces expériences fournissent pour la composition de la taurine : 


18 II. 
Carbone...... 19,26 .... 19,09 
Hydrogène. .. 5,66 .... 5,61 
V'Aroter. ea. Le ! 11,19 .... 11,19 
Oxigène...... 63,89 .... 64,1r 
Taurine...... 100,00 100,00 


» Elles s’accordent parfaitement avec la formule adoptée par M. H. De- 
marçay, qui donnerait en effet 


Bree 


CEA 306,08 . 19,48 
HMES CNE 7-20 ENS, 07 
Azr UT 1797502 «+ 11,27 
ONE TE 1000,00 . 63,68 
Taurine. 1570,60 100,00 


»La même réaction qui donne naissance à la taurine, produit aussi un 
acide particulier auquel l’auteur donne le nom d’acide choloïdique, qui 
par ses caractères et sa composition se rapproche beaucoup de la famille 
des acides gras. Voici l'analyse faite par l’un de nous : 

» 0,299 de cet acide ont donné 0,782 d’acide carbonique et 0,260 d’eau, 
ce qui équivaut en centièmes aux nombres suivants : 


Garbone. te --0 73,3 
Hydrogène......... 9:7 
Oxigène........... 17,0 


» En admettant avec l’auteur, que cet acide soit exempt d'azote, on 
peut représenter sa composition par la formule qui suit : 


CA oonchoes 02007; 70, 007870 
Roc ones 375,00 9,4 
OLA IE RUN SE de 700,00 .., 17,6 
Acide choloïdique. 3982,76 100,0 


» Cette formule s'accorde non-seulement avec l'analyse qu’on vient de 
rapporter, mais aussi avec les analyses de M. Demarçay, encore bien qu'il 
ait adopté lui-même une formule un peu différente de la nôtre. 

» La taurine et l'acide choloïdique se présentent constamment quand on 
soumet la bile de bœuf à certains traitements; mais, d’après l’auteur, ces 
deux substances n’appartiennent pas à la bile même et constituent seule- 
ment des produits secondaires formés par la réaction des acides sur une 
autre substance d’un plus haut intérêt physiologique. 

» Celle-ci n’est autre chose qu’un acide que l’auteur appelle acide cho- 
léique. Comme il formerait la matière vraiment caractéristique de la bile, 
l'un de nous a répété son analyse et celle d’un de ses principaux sels. 


IL. 0,380 d’acide choléique ont produit 10,25 cm. cub. azote à 9° et 0,763. 
IT. 0,288 d’acide choléique ont donné 0,665 acide carbonique et 0,243 eau; 


ce qu produit en centièmes 


(429) 
Carbone........... 63,5 


Hydrogène. ........ 9,3 
Azote.......... .… 3,3 
Oxigène ........ ... 23,9 


Acide choléique.... 100,0 


» Ces résultats sont d'accord avec ceux de M. H. Demarcay. Il en est de 
même de l’analyse du choléate d'argent que l’auteur n’avait point faite et 
qui est venue confirmer le poids atomique auquel il s'était arrêté pour 
l'acide choléique. 


1. 0,132 choléate d’argent desséché à froid dans le vide, ont donné 0,046 argent mé- 
tallique,; 
II. 0,103 du même ont laissé 0,0355 argent métallique ; 
III. 0,457 du même sel ont produit 0,658 acide carbonique et 0,240 eau; 


c’est-à-dire en centièmes 
Carbone...... 39,8 
Hydrogène.... 5,8 
Argent....... 34,5 


»Voici la formule qui s'accorde le mieux avec ces résultats : d'abord, en 
ce qui concerne l'acide choléique, on a 


NOM RER 0a2T3 0 10008 ,7 
HAS rec cre 0A20,00)-.: 8,9 
AZ... er eaie se 177,02 ... 3,5 
O!s,,..: sons.ssse. 1200,00 ... 23,9 
Acide choléique.... 5040,86 100,0 


» En ce qui concerne le sel d'argent, ce serait un choléate bibasique 


formé de 
CS ... 3213.84 ... 4o 
He PA 5o 00. Oo 
AZ... 17702 -.. 2 
O'4 ... 1400.00 ... 17 
2Âg ... 2700.00 ... 34 


Choléate d’argent.........,... ... 7940.86 ... 100.0. 


» Si ces formules sont justes, il est impossible de représenter la forma- 
tion de l’acide choloïdique, et celle de la taurine, en admettant que ces 
corps dérivent de l'acide choléique, sans qu'il y ait formation d’une autre 
substance. 5 


_ (430) 
» En effet, si l'on retranche de la formule de l’acide choléique 
C5 H7: Az? O0 


celle de la taurine............ CHEF VA OP, 
1irestes eee desde ete (ME EE 0 
qui, avec de l’eau.......,.....: He (CS 
donnent.........,, TS RIRE À GE O7 + Hf. 


» Ces huit atomes d'hydrogène disparaissent, sans qu'on puisse en ex- 
pliquer l'emploi. 

» San M. H. Demarçay a parfaitement établi les gite suivants : 

°. Quand on ajoute à la bile de bœuf un acide faible, il s’en sépare 
ae Vacide choléique; 

» 2°. Si l’on fait bouillir cet acide choléique avec de l'acide chlorhy- 
drique étendu de 4 à 5 pouces d’eau seulement, il se convertit en taurine 
et en acide choloïdique. 

» Ces faits sont constants-et ne peuvent s'expliquer qu’à l’aide de r une 
des suppositions suivantes : 

» 1°. L’acide choléique obtenu par M. Demarcay renfermerait quelques 
traces d'acide margarique ou oléique, ce qui nous paraît vraisemblable ; 

» 2°. Ou bien, par la réaction de l’acide chlorhydrique, il produirait, 
outre la taurine et l'acide choloïdique, quelque autre substance plus hy- 
drogénée; 

» 3°. On pourrait croire enfin que pendant l’action de l'acide chlorhydri- 
que concentré sur l'acide choléique, l’oxigène de l'air interviendrait, ce qui 
expliquerait la formation de l'acide choloïdique. S'il en était ainsi, des 
expériences faciles à tenter, lèveraient tous les doutes, car il suffirait 
dé soumettre l'acide :choléique à l’action de l'acide chlorhydrique sous 
l'influence de l'air et à l'abri de cette influence comparativement. 

» Pour dissiper ces doutes, il semble qu'il suffisait d'étudier une 
réaction différente de celle qui précède, la réaction des alcalis sur l’acide 
choléique, qui, d’après l’auteur, donnerait essentiellement naissance à de 
l’ammoniaque et à l'acide que MM. Tiedemann et Gmelin ont désigné 
sous le nom d’acide cholique. 

» Mais l'acide cholique renferme, d’après l’analyse de l’un de nous; 


Carbone. ..... 68,5 
Hydrogène.....: M g;7 
Oxigène. ....... 21,8 

100,0 


(431) 


Ce qui conduit à la formule suivante : 


(OUR FSUARR 2133040 20. 68,8 
HAL 450,00 .... 9,6 
O0 , 1000,00 ...., 21,6 


4663,84 ..... 100,0 


dans laquelle on retrouve tout le carbone et tout l'hydrogène de l'a- 
cide choléique, ce qui prouve que si l'acide cholique en dérive, l'azote 
qui a disparu s’est transformé en ammoniaque aux dépens de l'hydrogène 
de l’eau. Mais la comparaison des deux formules fait voir que l’oxigène 
de cette eau n'y trouve pas emploi. Cependant, les deux formules de 
l'acide cholique et de l'acide choléique indiquent quelque rapport entre 
_ ces deux substances; car on a 

Acide cholique....... CSH7:0v, 

Acide choléique...... CHH7:O':A72, 

-» Si nous considérons d’un seul coup d’œil les résultats analytiques dont 

nous venons d'entretenir l’Académie, nous trouverons donc en définitive 
la formule suivante : 


Acide choléique...... C#H7201° Az: 
Acide cholique....... Cf#H7:010 
Acide choloïdique. ...  C/5H607 
Hantine miel ete CSH'401° A7: 


» Ces formules ne se prêtent pas à représenter, par des équations sim- 
ples, l’action des acides sur l'acide choléique de laquelle résultent l'acide 
choloïdique et la taurine, non plus que l’action des alcalis sur le même 
corps, qui donne naissance à de l’'ammoniaque et à l’acide cholique. 

» Sous ce point de vue le Mémoire de M. Demarçay laisse donc quelque 
chose à désirer. Mais si nous avons fait une part si large, dans notre rap- 
port, à cette discussion des analyses, c'est que nous aurions craint de 
laisser passer la moindre illusion sur des faits si dignes d'intérêt. Dans 
tout ce qui touche à l'explication des phénomènes de la vie, il est si diff 
cile d'arriver du premier coup à des résultats simples etcomplets que per- 
sonne ne sera surpris de voir que le travail de M. Demarçay ne termine 
pas l'étude de la bile. Mais s’il ne la termine pas, du moins ajoute-t-1l beau- 
coup à nos connaissances sur cette matière, ainsi que l’Académie pourra 
facilement en juger. 

» En effet, il résulte du travail de M. H. Demarçay que la bile se com- 
pose essentiellement d’une espèce de savon, ainsi que le pensaient les 


( 432 ) 


anciens chimistes , et que ce savon n’est autre chose que du choléate de 
soude. Il a fait l'analyse de ce choléate pris dans la bile même, et il l'a 
trouvé exactement semblable au choléate artificiel qu'il lui comparait. 

» L'auteur s’est livré à des expériences nombreuses pour éclaircir lac- 
tion que les sels de plomb exercent sur la bile; il a étudié aussi celle des 
sels de cuivre sur le même corps. Il pense que dans les deux cas il y a 
double décomposition et production de choléate de plomb ou de cuivre. 

» Il explique très bien comment, en traitant la bile par les acides, on 
peut en extraire à volonté l'acide choléique, ou bien l'acide choloïdique: 
et la taurine, ou bien encore les trois produits simultanément. Il fait voir 
comment, sous l'influence des bases, il se produit de l'acide cholique et 
de l’ammoniaque. 


ww 


» Des expériences nouvelles viendront éclaircir la difficulté que nous 
avons signalée et qui tient peut-être à la production de quelque sub- 
stance qui aurait échappé aux recherches de M. H. Demarçay. Mais 
il nous semble démontré maintenant, qu'abstraction faite de produits 
accidentels peut-être, et du moins en petite proportion, la bile de bœuf 
est formée essentiellement de choléate de soude, 

» En ramenant les idées des chimistes et des physiologistes à cette 
expression simple de la nature de la bile, M. H. Demarçay a fait faire un 
véritable progrès à l'étude des fluides te l'économie animale, sur le 
compte desquels il nous reste encore tant de vérités à découvrir, tant 
d'erreurs à redresser. 

» Il a rendu service à la science, non-seulement par le travail qu’il 
vient de soumettre à l’Académie, mais surtout en montrant que par une 
étude convenablement dirigée, des phénomènes très compliqués en appa- 
rence peuvent se ramener à une expression très simple. 

» Le Mémoire de M. Demarçay renferme l’analyse exacte des principales 
substances qu'on peut extraire de la bile de bœuf; il prouve que ce liquide 
doit être regardé comme renfermant un savon à base de soude qui en 
forme la matière essentielle; et si sur ce point l’auteur se trouve en re- 
venir aux idées des anciens chimistes, il n’en est pas moins vrai qu'il se 
les rend propres par les démonstrations qu'il en fournit. 

» L’exactitude des analyses et l'importance des vues que renferme le 
Mémoire de M. H. Demarçay, sur la bile, lui assignent une place dans le 
Recueil des Savans étrangers. Nous venons, avec confiance proposer à 
l'Académie de lui accorder cet honneur. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


. 


(433 ) 


MINÉRALOGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Manavicwa sur les formes 
cristallines du soufre de Sicile. 


(Commissaires, MM. Alex. Brongniart, Cordier rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés de lui rendre compte d’un Mémoire ayant 
pour titre : Monographie des formes diverses que présente le soufre cris- 
tallisé de la Sicile, que lui a soumis M. Maravigna , professeur de chimie 
et de minéralogie à Catane. Une analyse exacte de ce travail ayant été im- 
primée dans le Compte rendu de la séance du 6 août présent mois, il serait 
superflu d’en reproduire aujourd’hui l'extrait détaillé. Nous nous conten- 
terons d’exposer les remarques suivantes : 


» Dans l'introduction qui précède la description des formes cristallines , 
l’auteur décrit sommairement le gisement du soufre de Sicile, et rap- 
porte les marnes qui en renferment les mines aux terrains jurassiques 
supérieurs. Il adopte et il appuie de considérations intéressantes l’opi- 
nion des géologues qui pensent que le soufre a été déposé par des éma- 
nations d'acide hydro-sulfurique provenant de l'intérieur de la terre et 
qui se sont condensées dans les marnes , lorsque celles-ci étaient encore 
molles et imbibées d’eau. Il donne ensuite quelques détails sur l'extrême 
imperfection du procédé à l’aide duquel on extrait le soufre de sa gangue, 
et il-rappelle le mode d'extraction économique qu'il a proposé lors du con- 
cours ouvert à ce sujet, en 1833, par l’Institut royal de Palerme. L'auteur 
passe enfin à la description de quarante-six modifications de forme ou de 
groupement que ses longues recherches lui ont fait successivement recon- 
naître parmi les cristaux qu’il a recueillis dans les nombreuses et impor- 
tantes exploitations de la Sicile. Le texte du Mémoire est accompagné de 
figures propres à faciliter l'intelligence des descriptions. Avec leur secours 
on reconnaît aisément qu’une partie des modifications décrites sont nou- 
velles. On regrette seulement que ce travail ne contienne aucune mesure 
d’angles pour les nouvelles modifications de forme. L'auteur fait connaître 
que cette lacune tient à ce que n’ayant eu à sa disposition à Catane, 
qu'un goniomètre ordinaire, il a cru devoir supprimer toutes les mesures 
d’angles qu’il avait prises, attendu qu’elles n’auraient pas eu toute la pré- 
cision désirable. À son retour en Sicile, M. Maravigna complétera ses des- 
criptions en faisant usage du goniomètre à réflexion. 


» Tel qu'il est cependant, le Mémoire de M. le professeur Maravigna 
C. R. 1838, 2€ Semestre.(T. VII, N° 8.) 58 


(434) 
présente à tous égards un véritable intérêt. Nous pensons que l’auteur 
mérite les encouragements de l’Académie. » 
Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


Rapport sur la Traduction de la partie botanique des œuvres de Goethe , 


publiée par M. Martins (1). 


(Commissaire, M. Auguste de Saint-Hilaire. ) 


« L'Académie nous a chargés, M. Isidore Geoffroy St.-Hilaire et moi, 
de lui rendre compte de la traduction que vient de publier M. Martins, 
des ouvrages de Goethe relatifs à l’histoire naturelle. Notre collègue s’est 
acquitté de la tâche honorable qui lui avait été confiée; il me reste à 
remplir la mienne, en passant en revue les écrits où le poète allemand a 
consigné le résultat de ses recherches sur la succession des organes ap- 
pendiculaires des plantes. 

» La traduction de M. Martins est accompagnée de notes instructives, 
de savants commentaires et de magnifiques dessins; mais il n’est personne 
qui, jetant les yeux sur ces parties accessoires de l'ouvrage, ne sente que 
les convenances les moins rigoureuses m'interdisent absolument d’en en- 
tretenir l’Académie. C’est donc de Goethe seul et de son traducteur que 
je vais vous parler ici. 

» Je dois le dire cependant, ce n’est pas sans crainte que je parlerai de 
Goethe, cet immortel écrivain qui fait à juste titre l’orgueil de lAlle- 
magne, dont le génie flexible sut se plier à tous les genres, qui, dans 
tous, se montra supérieur, que l’on admire toujours, que l’on serait 
presque tenté d’adorer , si l’on n'avait lu que quelques-uns de ses ouvra- 
ges, et qu'il faut haïr, quand on l’a vu, lui homme comme nous, qui 
pouvait trouver de douces consolations à nos misères, aimer mieux leur 
insulter de tout le rire satanique de son Mephistopheles. 

» Goethe, dans ses écrits, s'était borné long-temps à retracer quelques- 
uns de ces tableaux où la nature se montre à tous les hommes avec tant 
de charmes; il ne s'était point élevé jusqu'aux détails, lorsque des devoirs 


(1) La décision de l’Académie, relative aux rapports verbaux, lesquels ne devront 
plus être faits que sur des ouvrages publiés en langue étrangère, est postérieure à la 
nomination des Commissaires chargés de rendre compte de la Traduction de M. Mar- 
tins. La lecture de la deuxième partie de ce rapport (la première, concernant les tra- 


vaux d'anatomie et de zoologie, ayant d’ailleurs été lue) ne déroge point par consé- 
quent à la règle établie. 


(435) 

et ses plaisirs l’appelèrent dans les forêts de la Thuringe, Mêlé à des 
hommes qui faisaient de la botanique une occupation habituelle, il 
voulut l’étudier avecteux. Les arbres forestiers, les Mousses et surtout 
les Gentianes, attirérent ses regards et devinrent le sujet de ses obser- 
vations. Comme Rousseau, il ne tarda pas à comprendre que des sys- 
tèmes fondés sur un seul organe pouvaient tout au plus conduire au 
nom des genres et des espèces, et il sentit que ce n’était pas un lien 
unique qui rapprochait les plantes. Il est ici une réflexion que je ne puis 
m'empêcher de faire. Ceux qui cultivent la science des végétaux n’ont- 
ils pas quelque droit de concevoir un certain orgueil, lorsqu'ils songent 
que deux des plus grands écrivains dont s’honorent la France et l’Alle- 
magne, furent aussi de grands botanistes: Rousseau, l'homme de son 
temps qui après Linné, Bernard de Jussieu et Adanson conçut le mieux 
les rapports des végétaux; Goethe, qui commença une révolution dans 
l’une des parties de la science. 

» Tant que ce grand homme resta dans son pays natal, il n’eut encore 
qu’une idée vague de la théorie, qui plus tard se développa dans son 
esprit. Toujours entouré des mêmes objets, accoutumé à les voir sans 
cesse, il croyait les connaître et ne les regardait qu'imparfaitement. 

» Il part pour l'Italie, ce noble pays de toutes les nobles inspirations. 
D'autres y sont devenus peintres ou poètes : Goethe y devint botaniste. 
Des formes nouvelles, éveillant son imagination, le rendent attentif et 
excitent en lui un vif enthousiasme. Le Bignonia radicans, liane élégante 
couverte d’épaisses touffes de corolles mordorées, lui révèle la pompe de 
la végétation tropicale. Mais c’est un Chamærops humilis qui devient 
surtout le sujet de ses contemplations. 11 voit les premières feuilles de 
cette plante sortir de la terre simples et lancéolées ; à celles-là en succè- 
dent d’autres où des divisions commencent à se montrer, et bientôt il en 
nait d’autres encore qui, plus découpées, s’étalent comme de magnifiques 
éventails. Mais ces brillantes productions ont épuisé la plante, et elle re- 
vient à peu près à l’état où d’abord elle était par faiblesse; les enveloppes 
florales ne tardent pas à se montrer, puis les étamines, puis les ovaires. 
Goethe à conçu le système de la Métamorphose des Plantes. Tel est le 
titre du livre qu’il publia en 1790, après son retour en Allemagne. 

» Ce titre n’appartenait pas à Goethe; il est celui de l’un des chapitres 
d'un livre encore plus admirable que le sien, le Philosophia botanica , et 
Linné lui-même a pris soin de nous donner l'explication des mots Me- 
tamorphosis plantarum, dans une phrase du Prolepsis que je citerai 


58. 


( 436 ) 


textuellement, pour ne pas risquer d’en affaiblir le sens par une traduc- 
tion : « Si arbusculam, qua in ollà antea posita, quotannis floruit et fructus 
protulit, deinde deponamus in uberiori terrà calidi caldarii, proferet illa 
» per plures annos multos ac frondosos ramos, sine ullo fructu. Id quod 
argumento est, folia inde crescere, unde prius enati sunt flores ; quemad- 
» modum vicissim, quod in folia nunc succrescit, id naturà moderante, 
» in flores mutatur, si eadem arbor iterum in ollà seritur. » 

» Je croirais en quelque sorte manquer à l’Académie si je lui présentais 
l'extrait détaillé d’un oùvrage qui a paru en 1790; qui a eu plusieurs édi- 
tions dans la langue originale; dont l’idée fondamentale a été, depuis 1808, 
reproduite en Allemagne dans une foule de livres élémentaires, que Smith 
le linnéen a extrait dans une page remarquable de son /ntroduction à 
l'étude de la Botanique(Introduction to the study of Botany), aujourd’hui 
à la 7° édition, dont un très bon livre publié par un autre anglais, 
M. Lindley, et écrit pour des élèves, n’est qu'un ingénieux et savant com- 
mentaire, qui enfin a obtenu trois fois en moins de quinze ans, les hon- 
neurs d’une traduction française. Analyser devant l’Académie des Sciences 
de Paris, la Métamorphose de Goethe, ce serait réellement comme si l’on 
allait aujourd’hui offrir à celle de Berlin ou de Saint-Pétersbourg, un extrait 
du Genera plantarum d’Antoine-Laurent de Jussieu. 

» Les succès brillants que je viens de rappeler, Goethe ne les obtint point 
tout d’abord. Lorsque son livre parut, les savants ne le lurent pas, et s’i- 
maginèrent que, sorti de la plume d’un poète, il ne pouvait offrir qu’une 
rêverie écrite du style faussement poétique du Connubium Floræ ou des 
Amours des plantes. C'était bien mal connaître le génie de Goethe, protée 
qui savait revêtir toutes les formes, et choisissait toujours celle qui conve- 
nait le mieux au sujet qu'il avait à traiter; qui, dans une œuvre merveil- 
leuse, qu’on voudrait brüler et relire, sait nous faire entendre tour à tour 
les célestes harmonies du chœur des anges, le grincement sardonique de 
Fauteur du mal, le bruit confus de la populace qui se presse et les cris 
déchirants que les remords arrachent à une infortunée coupable. Lorsque 
Goethe voulut écrire sur la science, il fut grave comme la science elle-même; 
il avait offert des modèles pour plusieurs genres de compositions littéraires, 
il en offrit un pour les compositions scientifiques. Si la Métamorphose des 
plantes ne fut point goûtée d’abord, c’est qu’elle avait paru trop tôt, c’est 
que l’auteur avait devancé son siecle. 

» Cependant , tandis qu’on oubliait le livre de Goethe, les esprits müû- 
rissaient en France et en Angleterre pour comprendre cet écrivain ou 


ÿ 


C2 


(437 ) 

s'élever à des conceptions analogues aux siennes. Ils y étaient préparés 
par un admirable ouvrage que j'ai déjà cité plus haut, le Genera planta- 
rum d’Antoine-Laurent de Jussieu. Ce que fit Goethe en 1790 pour les 
organes de la ‘plante isolée, Jussieu l'avait fait une année auparavant pour 
l’ensemble du règne végétal. En classant les plantes d’après toutes leurs 
ressemblances, il prouve sans cesse qu’entre les différents groupes, il n’y 
a que des nuances insensibles; il se plait à montrer les liens qui unissent 
les classes, les ordres et les genres les plus éloignés les uns des autres ; 
on dirait que quelquefois il met une sorte de coquetterie à dévoiler cer- 
taines affinités qu’on ne soupconnait pas et à faire sentir que le règne vé- 
gétal est un vaste réseau ‘dont les fils s’entre-croisent de mille et mille 
manières. Mais Jussieu ne se borne même pas à détailler les rapports que 
les plantes ont entre elles; il indique souvent ceux de quelques-uns 
des organes d’une même plante ou du même organe dans plusieurs 
espèces ; ainsi il nous parle des étamines comme d’une partie de la fleur 
presque identique avec les pétales; les pièces du calice sont pour lui 
de petites feuilles, et il nous fait voir avec complaisance comment 
l'axe grèle et allongé de la panicule du chanvre devient le réceptacle 
concave et élargi des fleurs du Figuier, en se raccourcissant dans le 
Houblon, s’étalant dans le Dorstenia, et se creusant dans le Tamboul. 
Goethe n’eût pas dit autre chose; il n’aurait pas mieux dit. Devenu le 
guide de ceux qui cultivaient l’histoire naturelle, le Genera planta- 
rum les accoutuma à ne plus voir de coupes brusquement tranchées 
dans le règne organique; et, de 1810 à 1825, des botanistes habiles, 
sans s'être entendus, sans connaître les écrits du poète de Francfort, arri- 
vèrent chez nous et en Angleterre à peu près au même résultat que lui. 
La théorie de Goethe avait été très long-temps négligée; et, depuis dix 
ans, 1l n'a peut-être pas été publié un seul livre d’organographie ou de bo- 
tanique descriptive qui ne porte l'empreinte des idées de cet écrivain illustre. 

» Mais, dira-t-on peut-être, si ces idées ont en quelque sorte passé 
comme monnaie dans la science, pourquoi traduire encore l'ouvrage où 
elles furent émises, il y a déjà près d’un demi-siècle. Il est des livres qui 
restent toujours jeunes, même dans les sciences, ceux où les charmes du 
style et l'originalité de l'expression viennent s'unir à la grandeur des pen- 
sées et à la profondeur des observations. Tant que la langue française sera 
parlée sur la terre , on relira Buffon , et, malgré les progrès immenses qu'a 
faits la botanique dans ces derniers temps, on trouvera toujours un nouveau 
piaisir à étudier le Philosophia botanica de Linné et le Genera plantarum 


D ( 438 ) 

d’Antoine-Laurent de Jussieu. Un livre à paru, il y a près de vingt ans, 
sous le titre modeste d'Éléments de Botanique ; l'auteur lui-même y a si- 
gnalé plus d’une erreur; mais que l’on fasse lire à l'élève ceux des cha- 
pitres de ce livre qui n'appartiennent pas à la partie technique de la 
science, l'élève charmé voudra devenir botaniste. L’ouvrage de Goethe 
est du petit nombre de ceux qui non-seulement immortalisent leurs au- 
teurs, mais qui eux-mêmes sont immortels. 

» M. Martins, le nouveau traducteur de Goethe, ne s’est pas montré 
indigne de ia tâche qu’il s'était prescrite. Ceux-là comprendront que je ne 
crois point faire de ce jeune écrivain un faible éloge, qui connaissent 
les difficultés de la langue allemande etle génie du poète de Francfort. 
M. Martins a rendu fidèlement le sens de son original : mais il a parfai- 
tement senti qu'il y a trop dé différence entre les deux idiomes, pour qu'il 


soit possible de s’astreindre à faire passer scrupuleusement de l’un dans, 


l'autre, chaque mot, chaque tournure de phrase. Plus littéral, il eût été 
moins exact. 

» Il est cependant une petite inadvertance que je ne puis n'empécher 
de relever dans la nouvelle traduction. Goethe, en pariant de la feuille 
repliée qui renferme les ovules, s’est servi du mot enveloppe ou d’ex- 
pressions équivalentes. En les traduisant par carpelles, M. Martins s’est 
servi d’un terme inconnu à Goethe, puisque ce terme a été employé pour 
la première fois par M. Dunal, correspondant de l’Académie , dans sa Mo- 
nographie des Anonées , publiée en 1817. Une seconde édition fera sans 
doute disparaître ce léger anachronisme, comme aussi quelques négli- 
gences qu'on ne remarquerait certainement point dans un écrivain moins 
correct que M. Martins. 

» On ne demandera pas de moi que je compare la traduction nouvelle à 
celles qui l'ont précédée. Il faudrait pour cela que j'entrasse dans des détails 
de grammaire tout-à-fait étrangers à la nature de ce Rapport. Nous avons 
d’ailleurs des obligations à ceux qui les premiers ont essayé de nous faire 
connaître les idées de Goethe sur la végétation. Il y a plus : on ne saurait 
lire, sans l’admirer, la première traduction de la Métamorphose des plantes, 
quand on songe qu’elle est l’œuvre d’un homme qui, complétement sourd 
depuis l'âge de 12 ans, M. Gingins de Lassaratz, a cependant acquis des 
connaissances étendues en botanique ; qui, à la seule inspection du mou- 
vement des levres, peut soutenir la conversation en quatre langues diffé- 
rentes, et qui a même été, pendant plusieurs années, l'interprète de la 
république de Berne, 


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( 439 ) 

»"A la traduction de la Métamorphose des plantes ; M. Martins à cru de- 
voir joindre celle de quelques opuscules échappés depuis 1790 à la plume 
de Goethe. aie 

» Le premier est intitulé Verfolg, mot qu'il aurait fall, je crois, rendre 
par celui de continuation et non d'additions, comme l’a fait le traducteur. 
Cet écrit offre bien moins des observations scientifiques que le parlage 
d’un homme de beaucoup d'esprit qui se choisit lui-même pour sujet de ses 
discours. Goethe fait l’histoire de son livre ou plutôt celle des jouissances 
et des désappointements de sa vanité. Il étale sans cesse ce moi humain que 
les auteurs devraient cacher par amour-propre, s'il ne le font pas par un 
sentiment plus noble. On doit, au reste, savoir gré à Goethe de citer dans 
son opuscule un Passage trop peu connu de Gaspar-Friedrich Wolf qui, 
avant 1760, avait émis des idées assez analogues aux siennes. C’est en 
grande partie pour le réfuter, que Goethe rapporte ce passage, et pour- 
tant, il faut le dire, Wolf est plus vrai, quand il nous montre dans les or- 
ganes de plantes, un appauvrissement successif, que Goethe , quand il 
prétend nous faire voir chez les fleurs une oscillation régulière de fai- 
blesse et d'énergie. Ce qui seul tendrait à prouver la supériorité du sys- 
tème de Wolf sur celui de Goethe, c’est que l’on a généralement admis 
le premier, tout en l'attribuant au poète de Francfort. 

» L'opuscule qui suit la continuation et qui a pour titre Znfluence de 
l'essai sur la Métamorphose est plus scientifique que le précédent; mais, 
il faut l'avouer, il y règne un vague qui ne saurait satisfaire les hommes 
accoutumés à des observations directes. Ce petit écrit se termine par le 
Passage suivant : « Si je ne m’adressais qu'à des Allemands, j'irais plus 
» loin, et je leur parlerais comme à des intelligences amies , une langue 
» qu’elles comprennent; mais, comme je dois m’attendre à une traduction 
» française, je m’arrête, afin de ne pas encourir auprès de cette nation qui 
»_demande avant tout qu’on soit clair dans son idée et dans son style, le 
» reproche de m'être laissé aller aux réveries du mysticisme. » Je doute 
fort que Goethe ait écrit cette phrase comme un éloge; mais je crois que 
nous pouvons la prendre pour tel. Je regrette même que la condescen- 
dance qu'il a bien voulu avoir pour nous dans quelques circonstances, il 
ne l'ait toujours montrée, en particulier, lorsqu’après avoir très bien signalé 
le danger du système de la métamorphose, celui d’exciter à tout confondre, 
où, comme il le dit d’une manière un peu étrange, de nous faire tomber 
dans l’amorphe, il ajoute : « Semblable à la force centrifuge, la métamor- 
» phose se perdrait à l'infini, si elle n’avait un contre-poids : ce contre-poids 


(440 ) 
» c’est le besoin de spécifier, la persistance tenace de tout ce qui est une 
» fois arrivé à la réalité, force centripète à laquelle aucune condition exté- 
» rieure ne saurait rien changer. » 

» Je n’abuserai pas davantage des moments de l’Académie en lentrete- 
nant de ces opuscules. On ne peut s’'empécher d'y soupconner une arrière 
pensée de désordre et de cahos; on sent qu'ils ont été effleurés par le 
souffle de Mephistopheles. Je crois que l'éditeur aurait pu les supprimer 
sans nul inconvénient pour la science et la gloire de Goethe. C’est tout au 
plus si nous devons les considérer comme ces. OS de peu de valeur 
que l’on conserve en mémoire de ceux que l’on vénère ou que l’on admire. 

» Avec les petits écrits dont je viens d'entretenir l’Académie et ceux qui 
les suivent, je ne confondrai certainement pas l'Histoire de mes études 
botaniques dont M. Martins a fait précéder la traduction de la Métamor- 
phose des plantes. Ce morceau véritablement délicieux, je ne trouve pas 
d'autre expression pour peindre l’impression qu'il a faite sur moi; ce mor- 
ceau, dis-je, a presque le charme des Confessions de Rousseau , et il est 
toujours plus pur et plus instructif. < 

» Dans le volume qui contient les écrits de Goethe sur la botanique, 
on en trouve d’autres sur l'anatomie, la géologie et la métaphysique. Peu 
de personnes s'occupent de toutes ces sciences à la fois. 11 me reste donc 
un vœu à former: c’est qu'après avoir publié un livre qui trouvera sa place 
dans les grandes bibliothèques, l'éditeur veuille bien le rendre plus utile, 
en le restreignant davantage. Un portrait de Goethe, la Métamorphose 
des plantes, traduite par M. Martins; l’Æistoire de mes études botaniques 
pour toute préface, une rose monstrueuse pour tout commentaire, forme- 
raient un petit volume d'un prix modéré, que les élèves et les gens du 
monde liraient certainement avec plaisir, et qui ne saurait manquer de 
porter son fruit. » +24 


e 


MÉcaniQuE APPLIQUÉE. — ÎNote en réponse aux observations présentées par 
M. Passor, contre le Rapport sur une turbine de son invention; par 
M. Conroris. 


« M. Passot a adressé à l’Académie une réclamation sur le Rapport que 
je lui ai lu au sujet d’une roue hydraulique de son invention. 

» J'ai dit dans mon rapport que M. Passot avait fait devant moi-une 
expérience de laquelle il résultait que le débit de la roue était sensible- 
ment le même, soit qu'elle füt en repos, soit qu’elle tournât assez rapide- 
ment. N'ayant vu d’abord dans cette expérience qu’une constance plus ou 


D 


(44) 


moins approximative dans le débit, j'avais pensé que ce fait pouvait tenir 
à la perte de force vive au passage du tube vertical dans le tonneau infé- 
rieur. Cette perte pouvait en effet diminuer l'influence de la rotation sur 
l'accroissement du débit, mais il est juste de dire, ainsi que M. Passot le fait 
remarquer dans sa réclamation, que cette perte ne peut expliquer une 
constance parfaite. Ayant refait moi-même cette expérience avec soin, j'ai 
reconnu que le mouvement de rotation a tellement peu d'influence sur le 
débit, qu’on ne peut en trouver la raison dans une perte de force vive qui, 
d’ailleurs, est assez faible, ainsi que je l’ai reconnu en comparant le débit 
effectif avec celui que donne la théorie. 

» Désirant observer encore ce fait dans des circonstances plus variées 
avant d’en donner une explication qui doit tenir à une cause assez difficile 
à saisir , Je dirai seulement que je ne puis accorder qu’on doive pour cela 
abandonner, ainsi que le dit M. Passot, les principes de mécanique qui 
amènent à introduire la force centrifuge pour calculer le mouvement ro- 
tatif dans la roue, au moyen des forces vives. Mais il ne faut pas perdre 
de vue que si l’on a besoin d’une autre équation de mouvement que celle 
des forces vives, comme lorsqu'on veut avoir les pressions, il faut consi- 
dérer d’autres forces que j'ai appelées forces centrifuges composées dans 
un Mémoire inséré dans le 24° cahier du Journal de L École Polytechnique. 

» Quoi qu'il en soit de l'explication du fait en question, en reconnaissant 
que la vitesse effective, pendant la rotation , est inférieure à celle qui avait 
été calculée jusqu’à présent par les auteurs, je dois reconnaître en même 
tempsque la roue de M. Passot a plus d'avantage que je ne l'avais pensé 
d’abord, puisqu'elle peut rejeter Îe fluide avec une vitesse presque nulle et 
sans qu'il y ait de perte sensible de force vive dans l’intérieur. 

» En lui donnant satisfaction sur ce point, je ne puis néanmoins voir 
des idées exactes dans la théorie de son premier Mémoire où il attribue 
l'avantage de sa roue à ce que le fluide agit en un point où il n’a pas de 
vitesse, Je persiste à penser que la substitution d’un réservoir ayant la forme 
d’un tonneau entier à une portion ou segment de tonneau déjà employé 
dans la roue de Maton de Lacour n’a pas l'importance que l’auteur lui 
attribue. C’est, au reste, ce qu’il semble reconnaître aujourd’hui, puis- 
qu'il dit dans sa dernier Note que la force de déviation des filets peut être 
mise en jeu avec avantage. 

» Je terminerai en faisant remarquer que lorsque j'ai dit, dans mon 
rapport, que les roues pouvaient donner de bons effets pour de petites 
sources , ce n’est pas, bien entendu, que j'aie prétendu qu'il y eût une 

C.R. 1838, 29 Semestre. (T. VII, N° 8) 59 


( 442 ) 
raison de théorie pour les restreindre à ce cas; mais parce que pour des 
sources abondantes, en restant dans le système indiqué dans son prémier 
Mémoire, il faudrait donner au tonneau des dimensions qui le rendraient 
bien lourd. Si pour parer à cet inconvénient on multipliait le nombre des 
orifices, on rentrerait alors dans le système de roue de M. Manouryÿ 


d'Ectot. » 
MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


Paréonrorocis. — Description et détermination d'une mâchoire fossile 
appartenant à un mammifére jusqu'à présent inconnu , Hyænodon lep- 
torhynchus; par MM. »E Larzer ét ne Paru. 


{ Commissaires, MM. Duméril , de Blainville, Flourens.) 


La pièce décrite dans ce Mémoire, et représentée dans une planche litho- 
graphiée qui l'accompagne, est une mâchoire fossile découverte à Cour- 
non, département du Puy-de-Dôme, dans un calcaire paléothérien. Le 
nombre des dents qu'offre cette mâchoire, leur disposition, leur forme, 
ont porté les auteurs à y voir un débris d’un animal voisin des thyla- 
cines, etils font de cet animal le type d’un sous-genre compris, comme 
ces derniers , dans le genre Didelphe. 


Enromorocie. —— Sur deux espèces de Cione confondues par les natu- 
ralistes (C. Scrophularia et C. Verbasci), et sur un autre coléoptère 


porte-bec (lOxystoma Pomonæ). — Note de M. VazLor. 


(Commissaires ;, MM. Duméril, Audouin.) 


CORRESPONDANCE. 


M. ze Manisrre pe L'Énsrruction Pu8tiQuE invite l'Académie à lui pré- 
senter un candidat pour la chaire de physiologie comparée, dévenue va- 
cante au Muséum d'Histoire naturelle, par le décès de M. Frédéric Cuvier. 


(Renvoi à la section de zoologie.) 


M. ce Mousrre De 14 Guerre accuse réception des Instructions que, 
sur sa demande, l’Académie a préparées pour une exploration scientifique 
de l'Algérie. 


(443 ) 


M. Ben adresse quelques réflexions sur les morts apparentes ; il pense 
qu’on diminuerait le danger si l’on supprimait le couvercle des cercueils et 
si l’on disposait le suaire de telle sorte que le visage restàt découvert jus- 
qu'au moment de linhumation. «Par ce moyen, dit-il, les moindres signes 
d’un retour à la vie pourraient être remarqués, tandis qu'ils doivent rester 
inaperçus si, au moment de leur manifestation, le corps est complétement 
renfermé dans une bière. » 


MértéoroLoGiE. — Étoiles filantes du 10 au 13 août. 


M. Roys écrit que dans la nuit du 12 au 13 de ce mois, il a observé 
trente-cinq étoiles filantes, dans l’espace de trois quarts d’heures, de neuf 
heures un quart à dix heures. Cette observation a été faite dans les en- 
virons de Moret. 

M. Arago annonce avoir reçu des communications semblables de di- 
verses parties de la France et de la Belgique. Quand ces observations au- 
ront été rapprochées de celles qui ont été faites à l'Observatoire de Paris, 
de manière à ce qu’on puisse voir si le phénomène a présenté quelque cir- 
constance remarquable (outre le nombre inusité de ces météores qui a été 
plus que quadruple de celui qu'offrent les nuits ordinaires), M. Arago en 
entretiendra l’Académie. 


M. Buan» aîné écrit relativement à un météore igné dont il a observé 
la chute il y a plusieurs années, et qui lui parut de nature à pouvoir 
causer un ircendie s'il fût tombé sur un toit de chaume. 


MM. Mention et Vacner adressent un paquet cacheté portant pour 
suscription : Description d'un procédé de dorure sur argent, etc. 


M. Couzrer adresse un paquet cacheté concernant un procedé pour em- 
pécher les contre-épreuves des gravures, journaux, etc. 


M. Vazrane-Gasez, neveu de feu M. Larreize, fait hommage à l’Aca- 
démie du buste de cet entomologiste célèbre. 


A cinq heures l’Académie se forme en Comité secret. 


La Commission qui avait été chargée de présenter une liste de candi- 
dats pour la place de directeur des études de l'École Polytechnique, 
vacante par suite du décès de M. Durone, présente M. Corors. 

L'élection aura lieu dans la séance prochaine; MM. les Membres en 
seront prévenus par billets à domicile. 


59. 


( 444) 


Comité secret de la séance du lundi 6 de ce mois. 


La section de Géométrie présente M. Maraiu comme candidat pour 
la place d’examinateur permanent de l’École Polytechnique, vacante par 


la démission de M. ne Pronx. 
M. Marmeu ayant réuni l'unanimité des suffrages, est proclamé can- 


didat de l’Académie. 


La séance est levée à cinq heures et demie. F. 


(44) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 6 et 7. 

Notice sur les Travaux scientifiques de M. Duverwoy; broch. in-8°. 

Notice géologique sur les environs de Paris ; par M. C. »'Ormienx; in-8°. 

Lettres sur les Ulcérations de la Matrice (Métroelkoses) et leur traite - 
ment ; par M. Orrersure ; Paris, in-8°. 

Zoologie descriptive, ou Histoire naturelle des Animaux appliquée à 
l'Agriculture ; par M. V. Renou; 2 vol. in-8°. 

Manuel d'Agriculture à l'usage des cultivateurs et des écoles primaires 
du nord de la France; par le même, in-8°. 

Mémoires de la Société royale des Sciences, de l'Agriculture et des 
Arts de Lille ; années 1836—1837 et 1"° partie de 1838, in-8°. 

Annales maritimes et coloniales ; 23° année, juillet 1838, in-8°. 

Bulletin de la Société industrielle de l'arrond. de S.- Étienne; 16° an 
née, 3° livraison, 1838. 

Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux ; tome 10 , 2° et 3° liv. in-8°. 

Bulletin de l’Académie royale de Médecine; tome 2, n° 22, août 1858, 
in-8°. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; 8° année, 
tome 15, 2° et 3° livraison, in-8°. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ; 
8° année, n° 91, juillet 1838, in-8°. 

Correspondance mathématique et physique publiée par M. A. Querecer; 
3° série, tome 2, juillet 1838, in-8°. 

Académie royale de Bruxelles : bulletin de la séance du 7 juillet 1838, 
n° 7, in-8°. 

The Edinburgh.... Journal de Médecine et Chirurgie d'Édimbourg ; 
n° 134, in-8°. 

Experimentale.... Recherches expérimentales sur la Physiologie de 
l'organe de l'Ouie ; par M. 3. Murrer ; Berlin, 1838, in-8°. (M. Breschet 
et chargé d’en rendre un compte verbal.) 

Lethæa Geognostica, oder... Description et figures des Fossiles carac- 


( 446 ) 
téristiques des différentes formations; feuilles 49—60; par M. H-G. Bron; 


Stuttgardt, 1838, in &°. 
Bericht uber.... Analyse des Mémoires lus à l’Académie des Sciences 


de Berlin , et destinés à la publication; mai et juin 1838; in-8°. 
Tijdschrift.... Journal d'Histoire naturelle, de Physiologie; publié par 

MM. Vanoer Hoeven et DE Vnese; 4° partie, 3° et 4° livraison, in-8°. 
Journal fur.... Journal de Mathématiques pures et appliquées ; par 


M. Crezze; 18° vol. 1° et 2° livraison, in-4°. 
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; tome 4, 


août 1838, in-8°. 


Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; n° 8, août 1838, in-8°. 


Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; août 1838, in-#. 
Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 32—33 , in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°93—97, in-4. 

L'Écho du Monde savant , 5° année, n° 32—35, in-4°. 

La Phrénologie, 2° année, n° 15, in-8°. 

L'Expérience , Journal de Médecine, n° 56—57, in-8°, 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 27 AOUT 1838. 
PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


pe 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. 


PHYSIOLOGIE COMPARÉE.— Sur la propagation et les organes générateurs 
dans les reptiles Batraciens , tels que les Grenouilles , les Salamandres 
et autres genres voisins ; par M. Dumérir. 


« Dans le huitième volume de l’Histoire complète des Reptiles, que M. Bi- 
bron et moi publions dans ce moment, nous avons consacré un chapitre 
particulier à l’étude de la génération chez les Batraciens. L'histoire géné- 


‘ rale de cette fonction dans ces animaux n’a point encore été publiée d’une 


manière complète; quoique la plupart des circonstances bizarres qu’elle 
présente chez quelques espèces, aient été parfaitement observées, décrites 
et figurées par les plus célèbres naturalistes entre lesquels il suffit de citer 
Swammerdam , Roësel, Spallanzani. Les détails dans lesquels nous sommes 
entrés, et la nature même de notre travail, nous ont mis à même de pré- 
senter plusieurs faits nouveaux et de faire quelques rapprochements utiles 
pour la physiologie comparée ; nous avons donc pensé que l'analyse de ce 
chapitre pourrait offrir quelque intérêt à l’Académie des Sciences, voilà 
pourquoi nous avons demandé à lui faire cette communication dans la- 
quelle nous abrégerons beaucoup les détails anatomiques purement des- 
criptits. 
C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 9) 60 


( 448 ) 

» L'histoire de la reproduction chez les reptiles Batraciens est très cu- 
rieuse à connaître. Cette fonction, étudiée dans un ordre d'animaux dont 
la structure est déjà fort complexe , offre aux naturalistes un grand nombre 
de circonstances importantes à observer, ainsi que des faits et des résul- 
tats si extraordinaires, que par leurs anomalies même, ils doivent appeler 
l’examen le plus sérieux et les méditations de tous les physiologistes. 

» L’excès de la nutrition, la redondance de la vie, ce besoin, cette exi- 
gence impérieuse de la nature qui appelle tous les êtres organisés à perpé- 
tuer leur race et à communiquer l’existence dont ils sont doués à un cer- 
tain nombre d'individus destinés à leur succéder, se manifeste ici de la 
manière la plus évidente. Cette opération occulte, en général si profondé- 
ment intime et si mystérieuse, cesse de l'être; elle s'exécute sous nos yeux, 
et les germes, presque constamment séparés du corps de leur mère avant 
d’avoir été fécondés, ne reçoivent réellement la vitalité qu’à l’extérieur des 
membranes transparentes, à travers lesquelles il nous est loisible d’exa- 
miner toutes les évolutions de mouvements, tous les changements qui ont 
lieu dans les embryons. Cette circonstance fournit ainsi l’occasion de 
suivre les métamorphoses que ces petits fœtus subissent dans leurs 
organes et dans les diverses fonctions que les instruments de la vie sont 
successivement appelés à produire, avant d’être parvenus à leur perfection 
finale. Nous voyons ici, en effet, des êtres dont l’organisation est fort éle- 
vée dans l'échelle des animaux, qui, sans cesser d’être eux-mêmes, su- 
bissent des transfigurations, prennent successivement des formes diverses, 
nécessitées par la nature des milieux dans lesquels ils sont appelés à vivre, 
à se nourrir, à respirer, à se mouvoir. Ils avaient d’abord la figure, les 
mœurs, et toutes les habitudes des poissons, puis devenus peu à peu ter- 
restres et aériens, ils éprouvent des-lors, dans la plupart de leurs or- 
ganes, des changements tels, que les principaux instruments de la vie, 
destinés à produire les mouvements, la sensibilité, la nutrition, ont dû 
nécessairement être modifiés. Tels sont les problèmes physiologiques que 
les recherches les plus hardies de la science auraient inutilement tenté de 
résoudre, et dont la simple observation des faits naturels qui se passent 
sous nos yeux chez les Batraciens, nous offre comme une expérimenta- 
tion absolue, faite d'avance, sans danger, sans effusion de sang, sans souf- 
frances pour l'animal, dont le résultat évident et positif ne peut raisonna- 
blement être contesté. 

» Chez ces animaux, les sexes sont toujours distincts et séparés sur deux 
individus : les mâles sont généralement plus petits que les femelles; leurs 


( 449 ) 


formes sont mieux exprimées, leurs couleurs plus vives. 1ls ont le tronc 
moins large et les mouvements moins lents. Sous tous ces rapports ils res- 
. semblent encore aux Poissons, avec lesquels ils offrent plus d’analogie, 
par le mode deleur génération. 

» Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de l'indiquer, les Batraciens 
adultes ne contractent pas une union durable, même pour une seule sai- 
son. Il n’y a entre eux qu'une monogamie passagère. Le seul besoin de la 
reproduction est pour leur couple une sorte de nécessité instinctive, à 
laquelle ils satisfont. Pour l’un et l’autre sexe, c’est une excrétion à opé- 
rer d’une matière, d'une partie de leur corps, sécrétée par un excès de la 
vie, une cause finale de la création à remplir, un but matériel à atteindre. 
Aussi cette fonction naturelle ne paraît pas avoir exercé la moindre in- 
fluence sur l’état social des individus. 11 n’y a parmi eux nulle communauté 
de désirs, ni d’affections, ni même aucun attachement momentané du 
mäle pour la femelle, qui n’est jamais la compagne, ni la mère de ses en- 
fants, qu’elle ne peut connaître. Le seul besoin de la passion physique les 
rapproche; et quand elleest satisfaite, ils se fuient, s’'éloignent, et ne se re- 
connaissent plus. 

» Quoique les individus de sexe différent se rapprochent à une époque 
fixée dans chaque espèce pour le grand œuvre de la reproduction; cepen- 
dant, à quelques exceptions près, la fécondation des germes n’a pas lieu 
dans l’intérieur du corps de la mère; les rudiments du nouvel être sont for- 
més, sécrétés d'avance dans les ovaires ; ils s’en détachent, et passent dans 
les oviductes avant d’avoir été vivifiés. 

» Chez la plupart, ce n’est qu'au moment de leur séjour dans le cloaque, 
et le plus souvent même après avoir été pondus, que les œufs sont fécon- 
dés par la liqueur séminale du mâle, qui n’a pas d’organe destiné à la 
faire pénétrer dans le corps de la femelle. 

» Après la ponte et les premiers soins que les œufs exigent pour leur 
conservation dans quelques espèces , les parents ne s'occupent, en aucune 
manière , de l'éducation de leur progéniture, dont les formes et les mœurs 
sont tout-à-fait différentes des leurs. Ils donnent ainsi naïssance à une fa- 
mille souvent très nombreuse qu'ils ne reconnaissent point. Cette prodi- 
gieuse lignée n’avait aucun besoin de cette surveillance, de cet instinct 
maternel qui protége et défend si courageusement la progéniture chez les 
animaux d’un ordre plus élevé. Cette sollicitude aurait été inutile ici et 
même superflue, car au moment de leur naissance, lorsqu'ils sortent de 
l'œuf, et dans les premiers mois de leur existence, ces petits avortons 

60... 


(450 ) 


exigent des aliments tout-à-fait autres que ceux dont leurs parents se nour- 
rissent. Sous cette forme transitoire, le jeune animal ne peut alors respi- 
rer, se nourrir et se mouvoir que dans l’eau; et tous les organes , appelés 
chez lui à remplir ces trois principales fonctions, ont été subordonnés 
dans leur structure et leurs usages à cette première manière de vivre. La 
jeune larve ou le tétard,, car c’est ainsi qu’on le nomme, n’a pas encore de 
poumons; elle respire l’eau sur des branchies seulement. Sa bouche est 
petite, très étroite, armée de mâchoires de corne, d’une sorte de bec 
tranchant qui lui permet de diviser les substances végétales qu’elle intro- 
duit en grande quantité dans de longs et vastes intestins, enfin son tronc 
sans pattes, soutenu par une échine allongée, se termine par une queue 
comprimée qui lui sert en même temps de rame et de gouvernail. 

» L'acte de la reproduction s'opère diversement dans les deux princi- 
pales familles de l’ordre des Batraciens : chez les Anoures à quatre pattes 
et sans queue, le mäle, placé sur le corps de la femelle, la saisit et 
l’étreint fortement au moyen de ses membres antérieurs, dans une sorte 
de frénésie aveugle et obstinée; tandis qu'avec les pattes de derrière plus 
allongées, il l'aide de diverses manières à se débarrasser de ses œufs, qui 
sortent lentement par l’orifice libre de son cloaque, quoiqu'ils soient réunis 
comme les grains d’un chapelet, ou liés entre eux par une matière gluante, 
et c’est alors qu'il les féconde, en les arrosant de son humeur spermatique 
qu'il lance ou qu'il darde par jets successifs et saccadés. 

» Chez les espèces qui conservent la queue pendant toute la durée de la 
vie, celles qui composent le sous-ordre des Urodèles, et qui, pour la plu- 
part, restent assez constamment habitants des eaux, le mäle se place en 
général dans le voisinage de la femelle, lorsqu'elle paraît prête à pondre. A 
cette époque des amours la nature décore l’un et l’autre sexe de quelques 
ornements particuliers. Leurs couleurs sont plus vives, distribuées d’une 
manière toute spéciale ; leurs nuances sont plus tranchées, ou insensible- 
ment et très agréablement dégradées. Des crêtes, des sortes de crinières 
membraneuses à bords dentelés, festonnés, se développent sur la ligne 
médiane du cou, du dos et de la queue. Le male les agite avec grâce et 
coquetterie ; ses pattes prennent souvent d’autres formes; mais ce sont sur- 
tout les parties extérieures de la génération qui éprouvent, chez l’un et 
l’autre sexe, un développement et une coloration toute particulière. Le 
mâle prend une activité insolite, il poursuit sa femelle, il l'excite par di- 
verses manœuvres agaçantes ; il en épie les moindres mouvements, et dès 
qu'il s'aperçoit qu'un œuf sort ou qu'il est prêt à sortir du cloaque, il s’en 


(451) 


approche vivement, il lance dans l’eau du voisinage la liqueur prolifique 
à laquelle le liquide sert de véhicule, comme l'air se charge de trans- 
mettre à distance sur les pistils le pollen que renfermaient les anthères 
des végétaux. Chez la plupart de ces espèces, en effet, à cette époque des 
amours physiques obligées, les organes extérieurs de la génération, à pew 
près semblables pour la forme dans les deux sexes, ‘se gonflent, se co- 
lorent diversement, et prennent un développement extraordinaire , ainsi que 
nous venons de le dire et que nous aurons occasion de l’exposer avec plus 
de détails par la suite. 

» On sait que dés la plus haute antiquité, la simple observation avait 
fait connaître quelques-unes des singularités que présentent plusieurs es- 
pèces de Batraciens dans leur mode de propagation. Cependant les formes 
bizarres que prend successivement leur progéniture n’avaient été apercues 
qu'au dehors; leur structure intérieure n'avait pas été examinée, et réel- 
lement les anomalies de mœurs et d’habitudes ne pouvaient être expli- 
quées ; aussi donnèrent-elles lieu à beaucoup de préjugés qui subsistent 
encore aujourd'hui dans le peuple. Les recherches de l'anatomie compa- 
rée, dirigées en particulier sur les organes générateurs et sur leurs pro- 
duits; l'étude approfondie des métamorphoses qui s’opèrent sous nos yeux 
dans les différentes races de cet ordre d'animaux, ont non-seulement 
donné l'explication de ces faits extraordinaires; mais la science, en dé- 
truisant beaucoup d'erreurs et de fausses idées, a tiré de ces circonstances 
mêmes, des notions utiles, des inductions importantes qui ont jeté une 
assez vive lumière et éclairé quelques points encore fort obscurs de cette 
partie de la physiologie. 

» Avant de faire connaître les particularités anormales de ce mode de 
Propagation, généralement siextraordinaire dans les Batraciens; et pour faire 
mieux apprécier encore l'importance de cette étude particulière dans la 
science de l’économie animale, nous croyons nécessaire de faire précé- 
der nos récits de la simple description des organes générateurs mâles et 
femelles dans quelques espèces les plus faciles à observer. Nous les choi- 
sirons dans les deux sous-ordres principaux , les Grenouilles et les Tritons, 
en relatant les circonstances les plus ordinaires que présentent ces ani- 
maux dans l’accomplissement de la fonction reproductive. Comme les 
organes destinés à la génération, dans l’ordre des Reptiles Batraciens, 
sont beaucoup plus compliqués, quant à la structure, chez les femelles 
que dans les mâles, nous les étudierons d’abord dans le premier sexe, en 
Prenant notre exemple chez les grenouilles du sous-ordre des Anoures à 


( 452 ) 


quatre pattes; nous les examinerons ensuite dans les Urodèles, ou chez 
les espèces qui conservent la queue pendant toute leur vie. 

» Après avoir donné la description anatomique des organes génitaux 
chez les Batraciens sans queue, femelles et mäles, telles que les Gre- 
nouilles et autres genres voisins, nous faisons connaître, ainsi qu'il suit, 
les divers modes de leur fécondation. 

» Les organes destinés à la fonction reproductrice étant connus, nous 
allons indiquer comment ils sont mis en action lorsqu'ils concourent à la 
propagation de l'espèce. Il faut savoir d'abord qu’à l’époque où doit s'o- 
pérer la génération, et qui correspond ordinairement aux premiers jours 
du printemps, le désir ou plutôt un besoin impératif se fait sentir dans 
tous les individus adultes, comme une nécessité imposée par la nature 
pour les soulager dans l'émission de la matière prolifique surabon- 
dante, dans les femelles comme dans les mâles. Chez les premières, en 
effet, on s’est assuré que les ovules se détachent les uns après les autres 
de la grappe ou de la masse de l'ovaire. Chacun de ces œufs est comme 
humé par le pavillon de la trompe qui se voit à l'extrémité libre de lovi- 
ducte, dans lequel il se trouve ainsi introduit. Arrivé là, cet œuf et ceux 
qui le suivent s'avancent dans la portion de canal dont les paroïs sont plus 
épaisses et garnies de cryptes muqueux qui recouvrent chacun d’eux d’une 
matière glaireuse condensée. Continuant d'avancer dans ce canal, ces 
œufs parviennent dans la portion élargie en forme de sac, où ils s’accumu- 
lent. C’est Le plus ordinairement dans cet état de parturition commencée, 
que la femelle recoit et semble attirer les approches du mâle qui larecher- 
che aussi avec une grande ardeur, comme entrainé par l'instinct effréné 
de la reproduction. 

» C’est presque toujours dans l'eau, pour la plupart des espèces, que 
s'opère l’acte de la propagation. Le mäle est excité par la femelle qui sou- 
vent coasse sous le liquide, ou en ayant le corps immergé. Lui-même 
l'appelle en produisant des sons érotiques particuliers, et en préludant à 
cette grande œuvre, comme nous l'avons dit, par des épithalames variés. 
Puis il monte sur le dos de la femelle; il la saisit fortement à l’aide de ses 
pattes antérieures qu'il croise sous son ventre, en l’embrassant avec une 
telle ardeur, que la pression qu'il y exerce à l’aide de ses mains et de ses 
avant-bras, quelquefois pendant plus de vingt jours consécutifs, déter- 

mine une sorte d'usure, d'excoriations, dont les plaies sont quelque temps 
à se cicatriser; d'autant plus que dans certaines espèces, comme la Gre- 


(453 ) 


nouille rousse ou temporaire, les mäles éprouvent, à cette époque de 
l’accouplement, un gonflement du pouce et de quelques autres parties da 
membre antérieur, qui augmentent de volume et qui se couvrent de tuber- 
cules, de callosités rugueuses dont la teinte est différente de celle du reste 
de la peau. 

» IL.est probable que le détachement des œufs renfermés dans l'ovaire 
continue de s’opérer, et même avec plus d'activité pendant que le mâle 
chevauche sa femelle , qu’il semble comprimer et aider de tous ses mem- 
bres, afin qu’elle puisse plus aisément se débarrasser de ses œufs, qui sor- 
tent certainement des oviductes avant d’avoir été fécondés, et daris l’ordre 
suivant lequel ils y ont été introduits. De sorte que la ponte est une éva- 
cuation lente et successive des œufs qui passent par les trompes pour arriver 
dans le cloaque par les deux orifices que nous avons indiqués, et qui finis- 
sent par être poussés au dehors del’anus, qui livre ainsi passage tout-à-la-fois 
aux urines, aux œufs, et au résidu des aliments. 

» Au fur et à mesure que les œufs sortent ainsi du corps de la fe- 
melle, on voit qu’ils sont liés entre eux et réunis par une sorte de glaire, 
tantôt comme une masse informe agglomérée; tantôt sous l'apparence 
d’un chapelet ou de cordon gélatineux de plusieurs pieds de longueur, sui- 
vant les espèces, et dans lesquels les grains ou les germes diversement 
colorés sont disposés d’une manière symétrique et plus où moins régu- 
lière. Le nombre des œufs est immense; Roësel a pu en compter plus de 
six cents, et Swammerdam en a trouvé plus de onze cents dans les 
ovaires. Spallanzani a mesuré la longueur de deux cordons ou cha- 
pelets d'œufs pondus par une femelle de Crapaud commun, et il leur a 
trouvé quarante-trois pieds de longueur :le nombre d'œufs était de douze 
cent sept. Le plus ordinairement le mâle aide sa femelle dans cette sorte 
d'accouchement en tirant les œufs avec les pattes de derrière, et de temps 
à autre on voit qu'il lance par son anus de petits jets de liqueur sperma- 
tique destinée à les féconder, ainsi que l’a représenté Roësel. Quelque- 
fois plusieurs mâles se succèdent dans cette opération; quand le premier 
a épuisé sa liqueur prolifique, il! abandonne la femelle en travail, et un 
autre mâle, le plus ordinairement, ne tarde pas à le remplacer dans cette 
fonction. D’autres fois, c’est tout le contraire; un même mâle sert succes- 
sivement à la fécondation de deux ou trois femelles. On s’est assuré 
que les femelles privées du mâle, et chez lesquelles cependant les œufs 
sortent comme involontairement, ne propagent par leur race. Ces œufs 
sont inféconds comme ceux des oiseaux; ils sont stériles et ne tardent pas 


(454) 


à s’altérer; cela arrive même à ceux de ces œufs qui ont été pondus avant 
l'accès du mâle. La température de l’eau dans laquelle s'opère l’acte de la 
fécondation, ralentit et prolonge la ponte quand elle s’abaisse, tandis 
qu’elle l’active et semble la häter quand elle s’élève. C’est un fait reconnu 
par MM. Prevôt et Dumas,} et dont ils ont profité pour faire les observa- 
tions curieuses qu'ils ont publiées à ce sujet. Ils ont décrit avec soin 
les changements qu’ils ont vus s’opérer dans des œufs de Grenouilles qu’ils 
ont observés avec la plus grande attention et sans interruption pendant 
plusieurs jours après la ponte, en tenant compte de tous les phénomènes 
qui se passent alors. Le premier est l'absorption de l'eau qui les gonfle et 
qui les fait grossir à un tel point, que chacun d'eux, après une immer- 
sion de quatre heures, a augmenté en volume de près de trois quarts, 
dilatation à laquelle se prête l'enveloppe ou la membrane extérieure de 
l'œuf à travers laquelle s'opère une sorte d’endosmose. Cette action est si 
puissante, qu'il nous est arrivé plusieurs fois, après avoir déposé dans des 
bocaux du frai de Grenouille nouvellement pondu et même la totalité des 
ovaires tirés du corps de la femelle, de voir ces vases éclater sous nos 
yeux par la violente dilatation qui s'opérait daus la masse. 


e. . . . . . . . . LC] , . Li . . . . . 


» Le mode de génération des Batraciens Raniformes était connu des an- 
ciens , ainsi que leurs métamorphoses. Ovide en particulier les a très bien 
indiquées : nous le rappelons en note (1). Mais c’est Roësel surtout, qui, 
après Swammerdam et Leeuwenhoeck, les a parfaitement observées, dé- 
crites et figurées dans son admirable ouvrage. Enfin l'abbé Spallanzani a 
mis hors de doute et démontré par des expériences positives, que les œufs 
de ces animaux étaient le plus souvent pondus par la femelle avant d’être 
vivifiés; que ces germes étaient préexistants à la fécondation, laquelle 
n'avait lieu qu’en dehors du corps de la mère, ainsi que ceux de la plu- 
part des Salamandres aquatiques. Ces expériences, qui avaient fait le sujet 
de plusieurs dissertations publiées d’abord en langue italienne, ont été 
traduites en français et coordonnées en un corps|complet d'ouvrage, par 
Sennebier. Déjà l'abbé Nollet et Réaumur avaient eu l’idée d’envelopper 
les parties postérieures des Grenouilles mäles accouplées, dans des pan- 


(1) Semina limus habet virides generantia Ranas, 
Et generat truncas pedibus, mox apta natando 
Crura dat, uique eadem sint longis saltibus apta, 
Posterior superat partes mensura priores. 


Ovinuus, Metamorph. , lib. XV, versus 375. 


(455 ) 

talons ou calecons de taffetas verni : ils avaient reconnu que ces petits 
vêtements avaient mis obstacle à la fécondation des œufs pondus; mais 
c'était un fait dont ils n'avaient tiré aucune antre induction. Spallanzani 
ayant répété l’expérience, reconnut dans ces calecons une certaine quantité 
de liqueur séminale; il s’en servit pour opérer la fécondation artificielle, 
en prenant les plus grandes précautions pour obtenir des faits concluants. 
Il résulta d’un nombre infini d'expériences, variées et modifiées diverse- 
ment, qu'il pouvait à volonté vivifier ou laisser stériles les œufs déposés 
dans l’eau, suivant qu'ils étaient mis en contact ou non, avec quelques 
atomes de cette humeur spermatique, extraite immédiatement du corps 
d’un mâle, ou recueillie à sa sortie du cloaque, au moment de l'émission. 
Il put se convaincre qu’il n’y avait réellement de féconds que les œufs qui, 
aprés être sortis du corps de la femelle, se trouvaient arrosés de sperme 
par le mäle directement | ou par.un procédé artificiel. 11 commença d’abord 
ses expériences sur le Crapaud commun, qui pond ses œufs en chapelet, 
et les détails de ses recherches sont si curieux, que nous croyons devoir 
présenter ici une courte analyse de l’article qui y est relatif. 

» Ayant séparé une de ces femelles de Crapauds du mäle avec lequel elle 
était accouplée, il la plaça seule dans un vase plein d’eau, et quelques 
heures après elle commença à faire sortir de son corps deux cordons vis- 
queux que l’auteur coupa près de l'anus, lorsqu'ils eurent environ la lon- 
gueur d’un pied. Un de ces cordons fut laissé dans ce vase; le second fut 
placé dans l’eau d’un autre vase, après avoir barbouillé la surface des œufs, 
dans les deux tiers de la longueur du chapelet, à l’aide d’un petit pinceau, 
avec deux grains en poids environ de la liqueur spermatique du mâle, dont 
la matière avait été prise dans les vésicules séminales du mäle, avec lequel 
ce Crapaud femelle avait été d’abord accouplé, et qu’on en avait extrait 
en ouvrant son abdomen. Cette humeur, transparente comme de l’eau, 
avait été déposée dans la concavité d’un verre de montre. Cette expérience 
fut faite Le 16 mars, le temps étant froid. Pendant les cinq premiers jours, 
l’auteur, qui examinait souvent ces œufs, n'y vit pas un grand change- 
ment. La masse du mucus avait grossi dans toute la longueur, et les œufs 
avaient conservé leur forme arrondie, globulaire. Le sixième jour les corps 
noirs, rudiments des tétards contenus dans les deux premiers tiers du cor- 
don, commencèrent à s’allonger, tandis que, les autres restèrent arrondis, 
comme ceux du premier vase qui n’ayaient pas été touchés. Tous les jours 
suivants, les petits tétards continuant de se développer, au onzième jour 
on aperçut leurs mouvements dans l’'amnios: au treizième, ils en étaient 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 9.) Gi 


( 456 ) 

sortis et nageaient librement dans l’eau, tandis que ceux qui n'avaient pas 
été fécondés, sans avoir éprouvé de changement dans leurs formes, com- 
mencérent à s’altérer à la surface, et finirent par se corrompre et à pourrir 
complétement. J'étais donc parvenu, dit l’auteur, à donner artificiellement 
la vie à 114 de ces animaux, car 63 ne se développèrent pas, n'ayant pas 
été en contact avec la liqueur fécondante. On se peindra aisément le plaisir 
que j'éprouvai en considérant un succès si peu attendu, et combien je fus 
intéressé à répéter et à varier cette expérience (1). 


3. Du développement et des métamorphoses des tétards. 


» On connait maintenant d’une manière complète toutes les phases et 
les particularités du développement des Batraciens Anoures à quatre pattes, 
d’après les observations successives de Swammerdam, de Leeuwenhoeck . 
Roësel , Spallanzani , Prevôt et Dumas : en voici les résultats généraux , 
tels qu'ils ont été fournis par l'observation et les recherches inscrites dans 
les registres de la science. 

» Les germes sécrétés d'avance sont réunis en masse dans les ovaires de 
la femelle. Ils ont diverses grosseurs. À une époque fixe, qui, dans nos 
climats , est celle de la cessation du froid et de lengourdissement hibernal 
de ces animaux, ces germes se détachent les uns après les autres : ils sont 
comme introduits activement par le pavillon ou dans Pextrémité libre et 
élargie de chacune des trompes dites utérines. Dans ce conduit, et pendant 
leur trajét, ces œufs sont recouverts d’une couche de matière gluante, 
albumineuse, transparente , et enveloppée par une membrane excessive- 
mént mince qui est une sorte d’amnios. Ainsi préparés, ces œufs conti- 
nuent de descendre comme pour être évacués ou poussés hors du corps. 
Ils parviennent alors dans une portion du tube plus dilatée, qui est une 
sorte de sac; là ils s’amoncèlent, y restent comme en dépôt, avant de 
sortir par la terminaison du tube qui aboutit au gros intestin, dans une 
sorte de poche qu'on nomme le cloaque. 

» C’est alors que commence l'acte de la fécondation. Le mâle s'étant 
placé sur le dos de la femelle, passe ses bras au-dessous des aisselles de celle- 
ci ; il l’étreint avec la plus grande force dans une sorte de spasme ou de 
mouvement cataleptique, dont la durée se prolonge souvent au-delà de 
vingt jours. La passion des mâles, ce besoin irrésistible de propager leur 
race, les met dans une sorte d’extase et d’insensibilité telle, qu’on a pu 


(1) Ouvrage cité, page 125, n° 119. 


(457) 

leur couper successivement les pattes antérieures et les briser, sans que 
pour cela ilsabandonnassent les femelles, et cessassent de lancer leur sperme 
sur les germes. A mesure que ces œufs sortent, on voit qu'ils sont unis 
ou joints entre eux pour former des agrégats ou des cordons. Presque 
toujours le mâle aide cette sorte d'accouchement en tirant peu à peu les 
œufs avec l’une de ses pattes postérieures, quelquefois même avec les 
deux, et, à certains intervalles, on remarque qu'il lance ou éjacule par 
l'anus de petits jets de liqueur séminale. C’est une humeur presque trans- 
parente ou peu colorée, dans laquelle on a cependant observé dans ces 
derniers temps, à l’aide du microscope, un grand nombre d’animaleules 
spermatiques de formes diverses, selon les espèces. Cette humeur, et très 
probablement l’un des petits êtres auxquels elle sert de véhicule; est absorbée 
par l'œuf en pénétrant à travers ses tuniques et la matière glaireuse, pour 
venir féconder le germe ; circonstance absolue, et dont la nécessité, comme 
nous venons de l’exposer, à été démontrée par des expériences con- 
cluantes, variées de diverses manières, d’abord par Spallanzani, et en- 
suite par d’autres observateurs très dignes de foi. 

» Quand cette fécondation à eu lieu, et seulement alors, on voit que le 
germe, qui n’offrait d’abord qu'une tache noirätre fixée sur l’un des points 
du vitellus , sorte de lait concentré analogue au jaune de l'œuf des oiseaux , 
semble augmenter de volume pour envelopper cette matière alibile. Cette 
petite sphère se sillonne sur l'un des côtés; on voit alors ses bords s’é- 
carter réciproquement pour former un croissant qui s'étend et présente 
un corpusculé allongé, dans lequel, à l’aide des instruments d'optique, 
on commence à distinguer d'un côté les rudiments de la moelle épinière, 
et de l’autre, qui est plus saillant, lé corps jaune renfermé dans un sac 
qui se gonfle et devient un petit estomac; celui-ci s’allonge , s'étend pour 
former un tube digestif, un canal membraneux, dont l'étendue augmente 
rapidement en se contournant en spirale. On voit aussi à l’une des extré- 
mités une sorte de tête arrondie informe, et à l’autre une partie plus 
grêle, légèrement aplatie en sens inverse, qui deviendra la queue. 

» En cet état, l'embryon vivant et agile déchire très probablement, en 
prenant plus de volume, la coque membraneuse qui le contenait; il passe 
à travers la glaire, dont il brise également les tuniques,, et on le voit na- 
ger avec rapidité dans l’eau, sous l'apparence d’un petit poisson. C’est sous 
cette forme transitoire que tous les-observateurs l'ont décrite et figurée, 
en particulier Swammerdam, Leeuwenhoek, Roësel, Spallanzani, Pre- 


vÔt et Dumas. On distingue à la tête les rudiments des yeux, un peu en- 
61. 


(458 ) 

dessous du museau, et sur la ligne médiane un orifice arrondi , à lèvres 
variables, qui est la bouche, dans l’intérieur de laquelle on voit plus tard 
des lames de cornes, dont deux principales forment une sorte de bec tran- 
chant. Les lèvres servent au petit animal pour s’acerocher sur les plantes 
aquatiques , et s'y tenir comme à l'ancre, quand il n’en coupe pas le pa- 
renchyme pour s’en nourrir. Sur les côtés et dans une sorte de scissure, on 
voit deux paires de franges ou de troncs ramifiés en cinq ou huit rameaux 
vasculaires que l'animal peut allonger et faire mouvoir, et dans lesquels 
Leeuwenhoek a le premier très bien observé la circulation et le change- 
ment de couleur que le sang éprouve en suivant son cours :ce sont de 
véritables branchies extérieures. Mais bientôt ces franges disparaissent ; elles 
sont recouvertes par la peau ou enfoncées dans une cavité particulière ; 
elles changent de formes ; elles sont supportées par les arcs branchiaux de 
los hyoïde, et deviennent absolument analogues aux branchies des pois- 
sons renfermées dans la cavité branchiale, immédiatement située après la 
bouche, recevant l’eau par le pharynx qui présente le plus souvent quatre 
fentes de chaque côté; mais en dehors cette poche n'offre que deux ou- 
vertures, ou bien toutes les deux s'unissent en une seule dans un trou 
percé sous la gorge ou sur l’un des côtés du cou. 

» Les intestins prennent alors un accroissement énorme , tellement que 
dans quelques espèces le tube digestif acquiert jusqu’à sept fois la longueur 
totale du corps lorsqu'il est déployé, comme la démontré Roësel pour le 
Crapaud, sur la planche XIX de son grand ouvrage dont la figure 2 a été 
reproduite par la plupart des auteurs, qui ont eu occasion de parler de cette 
singulière métamorphose. C’est l'énorme développement de la cavité ab- 
dominale confondue avec toute la partie antérieure, et présentant une 
sorte de sphère ou d’ovoïde allongé, qui a fait considérer le tout comme 
une très grosse tête, terminée par une queue de poisson, et qui à fait 
donner à ces larves de Bratraciens le nom de tétards sous lequel on les 
désigne. 

» Ces tétards changent successivement de formes, de structure inté- 
rieure et de mœurs, et plus ou moins rapidement selon les espèces; jus- 
qu’à un certain point, d’après l'abondance ou la disette de nourriture, et 
même selon le climat et la température de l’eau. Mais, abstraction faite de 
ces circonstances, voici les modifications successives que les têtards pré- 
sentent dans leurs formes extérieures, dans leur organisation intérieure, 
et dans leur manière de vivre. La queue, comprimée de droite à gauche 
comme celle des poissons, et servant uniquement à la translation dans 


(459 ) 

l'eau, devient de plus en plus longue; elle:offre dans la ligne moyenne une 
masse de fibres charnues, correspondante à l’échine dont les vertèbres 
existent, mais avec la consistance de cartilages. Ces muscles-latéraux sont 
analogues à ceux de la queue des poissons. On distingue à travers Pépais- 
seur de la peau qui les recouvre, les faisceaux distribués par lignes obli- 
ques en chevrons, dont l’ouverture est dirigée vers l'extrémité libre, à peu 
près comme les barbes d’une plume; se réunissant sur la tige qui leur est 
commune. Cette queue, très fortement musculeuse, est augmentée dans 
le ‘sens vertical par deux prolongements des téguments qui forment en- 
dessus et en-dessous, mais d’une manière plus marquée dans le premier 
sens , de véritables nageoires sus’et sous-caudale, confondues.et réunies en 
pointe à l’extrémité libre de la queue. 

» Quand le tétard paraît avoir acquis la taille et. les proportions déter- 
minées pour chaque espèce, on voit en-dessous, à-la base de la queue, 
l'anus ou la terminaison du tube intestinal, et sur les côtés, à droite et à 
gauche, de petits tubercules qui grossissent, s'allongent de jour en jour, 
et présentent quelques articulations, d’abord indiquées, puis véritable- 
ment mobiles; et leur extrémité se divise en doigts, le plus ordinairement 
au nombre de cinq. Quelquefois ces rudiments de pattes restent couverts 
par la peau, et: ils‘en sortent tout-à-coup, simultanément où l’un après 
l'autre. À cette époque, outre un changement intérieur relatif au mode de 
Ja respiration dont nous parlerons bientôt, on voit la queue non-seule- 
ment diminuer .en hauteur verticale , mais méme en longueur ; puis les 
membranes natatoires s’oblitèrent, les muscles de la queue s'atrophient 
petit à petit et il semble que les parois qui les constituent soient résorbées 
pour servir au développement des autres organes. C'est alors, en effet, que 
se manifestent les membres antérieurs qui semblent pousser dans le lieu 
même qu’avaient occupé primitivement les branchies externes. Les pattes 
de devant étaient aussi cachées sous la peau, entre la cavité branchiale et 
l'abdomen: Enfin, la: bouche change de forme, d’arrondie ou ovale 
en longueur, qu’elle était d’abord, elle s’élargit transversalement : 
les os de la face se développent, les lames cornées qui servaient de 
bec tombent, et les mâchoires restent à nu, s'elargissent, et leur commis- 
sure s'étend successivement au point de dépasser en-dessous le globe de 
l'œil. La queue diminué encore; elle devient conique, et finit par dispa- 
raitre tout-à-fait, en laissant une cicatrice au-dessus de l'anus. L'animal , 
quoique très petit, et réduit dans quelques espèces au quart de la lon- 
gueur qu'avait atteint le tétard, présente cependant, à peu près, sauf 


(460 ) 
les dimensions, les formes qu'il conservera pendant le reste de son 
existence. 

» Mais ce n’est pas seulement cette transformation extérieure que le natu- 
raliste doit observer; il s'opère à l’intérieur bien d’autres changements, car 
toutes les fonctions semblent avoir été modifiées dans leurs organes et 
dans leurs usages. 

Ainsi, sous le rapport du mouvement, tous les os, l’ensemble du 
squelette, ses diverses régions, tous les muscles destinés à mouvoir les 
pièces osseuses, et à produire les diverses actions qui servent principale- 
ment au nager à la manière des poissons, c’est-à-dire en frappant l’eau 
alternativement à droite et à gauche pour porter le corps en avant et dans 
un sens plus déterminé, ne peuvent plus s’exécuter, et la natation s'exécute 
en effet de toute autre manière, comme nous l'avons vu dans l’animal qui 
a perdu la queue, et qui fait usage des membres postérieurs pour pro- 
duire l'impulsion du corps en avant (x). 

» Îlen est de même, mais d’une manière moins évidente, pour les or- 
ganes des sens, et très probablement pour faction de la sensibilité inté- 
rieure. Quant aux organes des sens, c’est principalement ceux de la vue 
et de l’ouïe qui démontrent les plus grands changements. L'œil du têtard 
qui vient de sortir de l'œuf n’est qu'une ébauche imparfaite; car réelle- 
ment l'animal est aveugle. La place que cet organe doit occuper est à peine 
apparente par une légère saillie. Plus tard, l’œil n’a pas de paupières; il 
est semblable à celui de la plupart des poissons. Enfin, il finit par être 
complet et protégé par des paupières mobiles, et sa pupille, comme nous 
l'avons vu, est modifiée selon la manière de vivre à la lumière du jour, ou 
par une existence essentiellement nocturne. L’ouie offre la même diffé- 
rence : non pas que le tympan soit toujours apparent dans l'animal qui a 
subi toutes les transformations ; mais dans aucune larve la membrane n’est 
apparente, et l'organe intime destiné à l'audition, au lieu d’être propre à 
recevoir et à apprécier les ondulatiôons de l'air, ne peut, à cé qu'il paraît, 


(1) Cette transformation des organes äu mouvement a’été le sujet d’un prix proposé 
par l’Académie des Sciences de Paris, et a donné lieu à la publication de deux excellents 
mémoires , où cette question est parfaitement traitée. L'un est de Dugès, professeur de 
Montpellier, ayant pour titre : Recherches sur l'Ostéologte et la Mryologie des Batraciens 
à leurs différents âges, 1 vol. in-4° avec 18 planches. 

Le second est un Mémoire de M. Martin Saint-Ange, sur les Organes transitoires des 
Batraciens , publié en 183: , sous le format in-8°, dans le tome XXIV des Annales 
des Sciences naturelles , pag. 366, avec 10 planches, du n° 18 à 27. 


Ç 46: 


recueillir que les mouvements vibratiles imprimés à l'eau. Quant à l’odorat 
etau goût, il a certainement des modifications; mais elles sont peu im- 
portantes, ces deux perceptions n'étant pas très nécessaires à l'animal 
sous sa dernière forme, à cause des modes suivant lesquels s’exercent la 
respiration et la déglutition. Nous ne parlons pas du toucher actif, qui, 
dans le Batracien muni de pattes, doit donner à l'individu des facultés 
toutes nouvelles et nécessitées par sa vie aérienne bien différente de 
celle du poisson, qui était la condition de l'existence de la larve ou du 
tétard. 

» Parmi les organes de la nutrition, ceux de la digestion commencent 
à nous montrer les modifications les plus intéressantes pour la physiologie. 
Voici des animaux, en effet, qui, sous leur première forme, pouvaient 
se nourrir de végétaux, et la plupart presque uniquement de feuilles ou 
de parties organiques qu'ils devaient pouvoir couper et diviser. Leur 
bouche est armée de mâchoïres ou de becs de corne. Ces substances végé- 
tales, sous un volume considérable, ne contiennent réellement que peu 
de matières alibiles, ou pr opres-à se transformer en tissus animaux; aussi 
la nature a-t-elle permis à ces larves d’en avaler et d’en conserver à l’inté- 
rieur une très grande masse pour en tirer tout le parti possible. Leurs 
intestins sont d’une longueur prodigieuse , et l'animal les remplit constam- 
ment des substances dont il doit emprunter les seuls matériaux propres à 
l'assimilation. Mais a-t-il changé de forme? Ses goûts, ses besoins sont tout 
autres; ses organes ont subi la même métamorphose et exigé d’autres ali- 
ments. Alors sa bouche s’élargit, car il n’avale que des matières animales 
douées de mouvements; il les ingère sans les diviser, car- l’orifice de sa 
bouche est calibré en conséquence; son estomac se dilate-pour les rece- 
voir tout entières; elle s’y ramollissent, s’y dissolvent, et elles parcourent 
un intestin qui a tout au plus la dixième partie de la longueur primitive. 
Le tube intestinal s’est évidemment raccourci comme l’échine; les mà- 
choires se sont élargies , et prêtées ainsi à un mode de préhension des ali- 
ments, et à une déglutition différentes de celles de la larve. 

» La respiration n’est plus la même, quoique quelques parties du méca- 
nisme, à l’aide duquel elle s’opérait d’abord, aient persisté dans leur mode 
d'action. À l’état de larve, en effet, l'animal avalait de l’eau et la faisait 
passer sur les branchies , à peu près à la manière des poissons. Quand il a 
subi sa dernière métamorphose, le Batracien respire l'air; il l’introduit 
dans l’intérieur de ses poumons, sorte de sacs celluleux , où le gaz atmos- 
phérique est mis médiatement en rapport avec le sang contenu dans les 


( 462 } 

veines pour-en opérer l’hématose : l'expiration a lieu par le même orifice 
qui avait livré passage à l'air inspiré, Dans l’un et l’autre cas, l'acte de la res- 
piration, ainsi que nous l'avons indiqué ; s’opère par un même mécanisme 
de déglutition, pour l'air et pour l’eau. Mais dans ce second cas le fluide 
passe à la surface de l'organe respiratoire, ét sort par un orifice distinct de 
celui où de ceux qui lui ont livré passage pour son entrée ; dans le premier, 
l'air est admis dans l’intérieur de l'organe; il y séjourne; et quand il en sort, 
c'est par une sorte de vomissement ou de régurgitation inverse de l'acte de 
la déglutition qui s'était opérée, et par les mêmes voies. 

» Un autre mode de circulation était devenu aussi nécessaire; elle: s’est 
opérée ou préparée lentement pendant l'accroissement du tétard. Primiti- 
vement la totalité du sang, poussée par le cœur, passait dans des branchies 
où elle était dirigée par les artères qui, dans leurs dernieres ramifications, 
aboutissaient dans les veines artérieuses en pareil nombre; celles-ci por- 
taient le sang revivifié dans un tronc commun ou dans d’autres petites 
artères distribuées dans tous les tissus pour y porter la vie : c'était alors la 
circulation des poissons. Mais les branchies du tétard se sont peu à peu 
atrophiées, ainsi que leurs artères, dont quelques-unes se, sont dilatées pour 
se porter dans le poumon de chaque côté, et alors il y a eu échange d’ac- 
tion: les branchies ayant disparu , le poumon aérien a exercé seul la fonc- 
tion respiratoire qui d’abord avait été complétement branchiale , puis par- 
tagée par les deux organes, et enfin tout-à-fait dévolue aux poumons 
aériens. 

» Il s'opère sans doute beaucoup d’autres changements dans l’organi- 
sation de ces Batraciens Raniformes, mais nous n'avons dù indiquer que 
les principaux, en ce qui concerne les fonctions locomotives et sensitives, 
et par suite dans celles de la nutrition, pour les appareils digestifs, cir- 
culatoires et respiratoires. On conçoit cependant que par suite de Fac- 
croissement des individus de l’un et l’autre sexe, il a dü se faire en eux 
un développement des organes. destinés à la reproduction, et c'est en effet 
ce qui a lieu. En outre , quelques espèces présentent des particularités et 
des anomalies si importantes à connaître, qu'il est nécessaire de les indi- 
quer ici d'abord, car nous les exposerons avec plus, de détails, lorsque 
dans chacun de leurs articles nous ferons l’histoire particulière de la Gre- 
nouille jackie ou paradoxale (genre Pseudis de Wagler); du Crapaud Accou- 
cheur (genre Alytes); et du Pipa ou Tédon d'Amérique. 

» Nous devons d’ailleurs traiter à part de la fonction reproductrice dans 
le sous-ordre des Urodèles, Batraciens qui: conservent la queue.pendant 


(463 ) 


toute la durée de leur vie, car il:y a chez eux un autre mode de fécon- 
dation ; leurs œufs, leurs larves; offrent une toute autre forme, et leurs 


métamorphoses: PS RENE plusieurs particularités qu il est. important de 
faire connaître. 


4. Particularités offertes par quelques espèces. 


1°. De la prétendue Grenouille qui se change en Poisson. 


. Du Crapaud Accoucheur.. 


» Cette espèce de Batracien, observée d’abord à Paris, par Demours, 
qui a consigné l’histoire de sa fécondation dans les mémoires de l’Aca- 
démie des Sciences pour 1778, présente en.effet des particularités. fort 
curieuses. D'abord son accouplement ne se fait pas dans l’eau; le mâle, 
plus petit que la femelle, monte sur son dos et l’excite à la ponte, en la 
serrant fortement sous les aisselles à l’aide de ses pattes antérieures; celle-ci 
le porte, car une fois qu’elle ‘est ainsi serrée, il ne la quitte plus. Dés que 
le premier .œuf est hors du cloaque, le: mâle le tire avec l’une des pattes 
postérieures, Mais ce premier œuf est lié par un cordon mince, résistant, 
élastique, qui, tient à celui qui doit suivre, et successivement la. masse 
entière des œufs au nombre d’une soixantaine, formant une sorte de cha- 
pelet à grains égaux et tenus les uns aux autres par-un filament qui se 
dessèche, mais qui reste flexible et allongeable; il est probable que le 
mâle les arrose de sa liqueur spermatiqué, quand leur enveloppe est en- 
core molle; il les entortille, on ne sait par quel moyen; autour de ses 
cuisses, en faisant décrire au chapelet plusieurs 8. de chiffre, et il les 
porte ainsi pendant plusieurs semaines, La coque de ces œufs est comme 
desséchée, à surface lisse ; ils sont blanchâtres d’abord, puis gris avec des 
bandes noires qui correspondent au corps du tétard ee sur lui-même, 
et dont le développement continue de s’opérer. À une époque dont le 
mäle ou le père a probablement la conscience, il recherche les eaux pour 
venir s’y baigner, et à peine y est-il resté quelques minutes que la.coque 
des œufs se fend circulairement comme une boîte à savonnette; le petit 
tétard en.sort et se met de suite à nager. Dès ce moment les soins paternels 
de ce Crapaud, dit Accoucheur, sont accomplis ; il se débarrasse de la dé- 
pouille de ce chapelet dont la plupart des grains sont vidés, car il en est 
quelques-uns qui avortent. Au-reste, Pépôque de l’éclosion peut être re- 
tardée plusieurs fois : nous avons eu nous-même l’occasion: de faire éclore 
ces œufs à volonté, en hâtant le moment où nous les placions dans l'eau, 

C, R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 9.) 62 


( 464) 

car il paraît que c’est par suite de l'absorption de l’eau que la coque se 
fend. Nous avons pu nourrir aussi ces tétards, et même leur faire pro- 
longer la vie sous cette forme, en leur donnant moins souvent de la nour- 
riture, ou en ne leur en fournissant qu’en très petite quantité. Nous avons 
fait figurer ce mâle avec ses œufs dans les vélins du Muséum. 

» &. Du Pipa ou Crapaud de Surinam , dont la femelle porte ses œufs dans l'épais= 
seur de La peau du dos..,....... 

» 4°. Sur la phosphorescence de quelques Batracïens...... 


» 5°. Des prétendues pluies. de Crapauds et de Crenouilles...... 


» Nous passons ces détails qui sont tous historiques et analysés d’après 
les auteurs cités pour passer à l'étude de la fonction générative dans les 
Batraciens qui conservent la queue pendant toute leur vie. 


B. DES ORGANES GÉNITAUX DANS LES BATRACIENS UNODÈLES. . 
1°. Du mode de fécondation. 


» Nous avons déjà indiqué la différence qui existe dans le mode du rap- 
prochement des sexes entre les Batraciens Anoures ét ceux que nous avons 
nommés Urodeles, paree qu’ils conservent la quene pendant toute la du- 
rée de leur existence. 

» Les organes intérieurs destinés à la génération ne different pas beau- 
coup, et les modifications paraissent dues aux proportions et à la disposi- 
tion des parties. L’abdomen étant plus étroit, plus allongé, les dimen- 
sions des ovaires et des trompes ou oviductes ont pris plus d’étendue dans 
ce sens; mais ce sont surtout les testicules qui offrent le plus de différence. 
Ils sont plus nombreux et forment une série de trois ou quatre ganglions 
qui tous aboutissent à un même canal déférent ou séminifère. 

» Quoique lé mäle ne saillisse pas la femelle en montant sur son corps 
et en croisant fortement les bras sous son ventre, il y a cependant d’autres 
particularités dans ce genre d’accouplement; nous aurons soin de les faire 
connaître avec plus de détails en décrivant les mœurs des espèces; mais 
d'avance nous pouvons en indiquer plusieurs. Les unes, en effet, sé joignent 
réellement; elles viennent se mettre réciproquement en contact én rele- 
vant la queue et en appliquant l’une contre l’autre les fentes longitudinales 
de leur cloaque; dont les bords ou les lèvres de cette sorte de vulve (1) 


à) Julvam habét mulieri simillimam. Pison, Nieremberg, Rhuysch, en parlant 
de l'Axolotl. 


(465 ) 

sont, à cette époque des amours, diversement colorés, tuméfiés, garnis 
de tubercules et de” rugosités dans les deux sexes. Alors la. liqueur prolifi- 
que abandonnée par le mâle est saisie par la femelle; elle s’introduit dans 
le cloaque, et de là elle arrive sur les œufs qui sont, par ce moyen, fécon- 
dés à l’intérieur: et pondus presque immédiatement; ou bien, et c’est le 
cas le plus rare, la liqueur fécondante parvient dans les oviductes pour 
vivifier les germes qui y sont contenus et qui y restent jusqu’ à ce qu ils 
éclosent; de sorte que ces espèces sont ovovivipares, et que la mére 
produit onu pond réellement dés petits tétards vivants. 

» Chez d'aûtres espèces, en plus grand nombre, on s’est assuré que le 
mâle qui épiait la femelle pour l’agacer par des mouvements lascifs, afin 
de l’exciter à la ponte, saisissait avec empressement l'instant où celle-ci 
-déposait un où plusieurs œufs, qui sont cependant toujours isolés, dis- 

‘tincts et séparés, pour lancer sur leur coque molle , où dans l’eau qui 
les enveloppe, la liqueur séminale qui est secrétée d'avance et déposée 
dans les réservoirs ou les vésicules qui terminent les canaux déférenis, 
près de leur embouchure dans le cloique. On croit aussi que certains in- 
dividus femelles, du genre Salamandre, peuvent être fécondés par cela 
même que celles-ci seraient venues se plonger dans les eaux tranquilles, 
où les mâles auraient précédemment déposé leur humeur prolifique. 

» La fécondation des Urodèles a presque constamment lieu dans l'eau, 
quoique les préludes commencent quelquefois sur la terre; mais elle dif- 
fère de celle des Anoures par cette circonstance que le mâle. n’aide pas la 
femelle dans sa ponte pour faciliter la sortie de $es œufs. Ceux-ci sont en 
général séparés les uns des autres, de forme ovalaire ; recouverts par une 
membrane molle, mais non liés entre eux par une matière gluanté comme 
lé frai des PRET et des Crapauds. Au reste quelques espèces ; et à 
ce qu'il parait celles du genre Salamandre, gardent leurs. œufs à l'intérieur, 
parce qu’ils y ont été fécondés, comme nous l'avons dit tout-à-l'heure; 
et les tétards, munis de franges branchiales, sortent tout vivants du cloaque 
de la mère pour jouir plus ou moins long-temps de la vie aquatique. 

» À d'exception: de la forme et de la position de l’orifice extérieur du 
cloaque, les organes générateurs internes sont à peu près les mêmes que 
dans les autres Batraciens. Chez les Urodeles, comme, nous avons. déjà eu 
occasion. de le dire plusieurs fois, l'anus est une fente longitudinale, si- 
tuée au-dessous de l’origine de la queue, en arrière des pattes: posté- 
rieures;.et sa position , relativement: à l'étendue du. tronc, varie suivant 


que la queue est plus ou moins longue, et que les paires de pattes sont 
62... 


( 466 ) 


plus distantes entre elles. Cet orifice, à l’époque des amours, est sem- 
blable aux stigmates du pistil des végétaux; il diffère beaucoup suivant 
les espèces, à ce qu'il paraît. Granaite qui en a fait figurer six 
dans le seul genre des Tritons, a indiqué par cela seul combien sont 


nombreuses. les variations que peut. présenter cette région du corps pro- 
bablement dans les deux sexes. 


2°. Des changements que subissent les. tétards. 


» Les circonstances qui accompagnent l'acte générateur, et les organes 
qui se rapportent à la fonction reproductrice sont à peu près les mêmes 
chez tous les Tritons; il n'y a que le mode de fécondation qui diffère, 
puisqu’ en général les.œufs sont pondus isolément et fécondés le plus sou- 
vent aprés qu'ils ont été séparés du corps de là mère, à peu près comme 
dans les Poissons. Spallanzani, par ses observations et ses belles expé- 
riences, à démontré que ces œufs étaient ordinairement fécondés les 
uns après les autres. Il a suivi leurs évolutions; il a vu que Lee 
par l'action de la vie, il se développait de jour en jour, et à mesure que 
le fœtus s’'accroissait, comme celui des tétards des Grénouilles, une petite 
bulle d'air qui, augmentant peu à peu de volume, donnait à la masse de 
l'œuf une légèreté spécifique assez considérable pour vaincre sa propre 
pesanteur. Entrainé, soulevé ainsi vers la surface d’une eau tranquille, cet 
œuf surnage en partie, émergé dans le sens où est située la bulle. Les 
parois correspondantes de la coque, mises en contact avec l'air, se des- 
sèchent, se fendent, et le petit tétard en sort. Cette éclosion a lieu au 
bout F4 sept à huit jours, suivant la température, lorsqu'il a. ‘absorbé 
tout le jaune, et qu'il ne peut plus être contenu dans la coque qu'il con- 
tribue à rompre par les grands efforts de mouvement qu’on lui voit exer- 
cer. Ilest alors muni de longues branchies externes qu'il porte sur les parois 
latérales du cou comme des sortes de panaches dirigés un peu en arrière ; 
sa queue est comprimée, élargie en dessus et en dessous par des mem- 
branes verticales qui sont des expansions de la peau. 1l se met de suite à 
nager. Quoique respirant l’eau à la manière des Poissons, ses longues ex- 
pansions vasculaires ne forment pas des lames, elles sont ramifiées et no 
recouvertes par des opercules. Ce têtard s'occupe de suite à pourvoir à sa 
subsistance , et il trouve bientôt les moyens d'y subvenir; car; dans le pre- 
mier âge de cette vie aquatique , la plupart se nourrissent uniquement de 
végétaux : leur bouche est munie de mâchoires cornées, d’une sorte de bec 
à peu près comme les tétards des Batraciens Anoures. 


(467) 

» Les tétards des Batraciens Urodèles, au moment où ils sortent de l'œuf, 
ont la plus grande ressemblance avec ceux des Anoures. Comme eux ils 
sont allongés, ils nagent avec la queue comme les Poissons; ils sont aveu- 
gles. Leur bouche est munie d’un bec de corne; ils ont des branchies ex- 
térieures, et jamais à cette époque de la vie ils n’ont des membres ou 
appendices latéraux articulés. C’est seulement par époques successives, et 
dans un ordre constant et déterminé, que s’opérent les autres EE 
ments. Déjà les Anoures, en perdant leurs branchies externes, offrent un 
développement con$idérable dans la région de leur abdomien, et quand 
ces rameaux vasculaires deviennent internes, nous savons qu'ils ont des 
yeux. Les Urodeles, au contraire, conservent leurs branchies externes : 
leur ventre ne s’arrondit pas, il ne se confond pas avec la tête. Ils gardent 
toujours leur forme première; seulement les : yeux deviennent apparents 
à la troisième époque, quand les membres se manifestent ; on sait que 
chez les Anoures ce sont ceux de derrière qui paraïssent les premiers. C’est 
à l'inverse dans les Urodèles, car leurs tétards prennent d’abord les pattes 
antérièures. A la quatrième époque chez tous les Anoures, sans exceptions 
connues jusqu'ici, il se développe des pattes antérieures, et l’on voit peu 
à peu leur queue perdre ses membranes natatoires, puis le prolongement de 
la colonne vertébrale s’atrophier, diminuer insensiblement, et s’oblitérer 
en disparaissant presque tout-à-fait. C’est alors seulement que l’animal a 
terminé sa métamorphose. Dansles Urodèles, les pattes de derrière, quand 
elles: doivent exister, car tous les genres n’en ont pas; ‘commencent à pa- 
raitre; leur queue, as de diminuer de longueur, paraît accroître dans 
ce sens. e 


Des Urodeles qui continuent de vivre sous la forme de. tétards. 


» Il nous reste encore quelques pârticularités à faire connaître relative- 
ment à l’histoire du développement chez les têtards des Urodéles. Ainsi, 
à la sortie de l'œuf, on remarque dérrière la tête de ces larves deux fais- 
ceaux de branchies. Les unes antérieures plus courtes, semblent provenir 
des joues, et d’autres sant composées de branches plus développées en 
longueur, qu’on a désignées sous le nom de collaires ou de cervicales, 
tandis que les premières ont été nommées génales. Celles-ci disparaissent 
bientôt; mais les autres persistent et s’oblitèrent peu à peu jusqu’à ce que 
les poumons soient assez développés.pour que l'air qui s’y introduit puisse 
remplacer ce premier mode de respiration aquatique. Cependant on a vu 
par des recherches exactes qu'il-y a ici, comme dans les tétards des Anoures, 


468 ) 


autant de fentes où d'ouvertures œsophagiennes latérales , que de lames ou 
de branches vasculaires ramifiées. Ce qui empêche d’apercevoir ces trous 
au premier aperçu, c'est qu'ils sont en grande partie recouverts par une 
sorte de prolongement de la peau qui provient du bord de la mâchoire in- 
férieure, et qui forme comme un collet flottant qui serabat sur ces lames, 
et les cache lorsqu'on tire l'animal hors de l’eau; tandis que lorsqu'il y 
est plongé, et api respire librement dans le liquide, on voit cette sorte 
de lame cutanée s’écarter, se rapprocher, pour laisser passer l’eau à peu 
pres comme dans lés Poissons, surtout si l’on ajoute à l’eau quelque li- 
quide coloré comme leldait où lindigo, et si, après avoir laissé quelque 
temps le tétard, on le transporte dans une eau très limpide: Alors le lavage 
des branchies et de l’arrière-gorge colore le jet qui sort de cette cavité pen- 
dant les premières expirations. Cette peau flottante à été nommée opercule 
branchial par Rusconi et Brochi : par la suite elle doit se souder et fermer 
complétement cette sorte de stigmate d’abord arqué, et qui finit par de- 
venir tout-à-fait transversal en restant même en persistance dans quelques 
genres, comme chez les Ménopomes. Mais quand on soulève un opercule, 
on distingue en dessous les arcs branchiaux cartilagineux et les quatre 
fentes profondes, ou trous-transversaux qui communiquent avec le gosier, 
et qui permettent à l’eau avalée d’en sortir au moment de la déglutition. 
C’est l'os hyoïde ou plutôt ce sont ses cornes cartilagineuses qui suppor- 
tent en dehors les branchies. Examinées en dedans dans le sens de leur 
courbure concave, on voit que ces cornes sont hérissées de petites dents 
très régulierement distribuées dans l'épaisseur de la membrane muqueuse 
et fibreusé, mais leur nombre et leur disposition varient suivant les espèces. 
Il y a, comme on le voit encore, la plus grande analogie de structure et 
de fonction avec les organes respiratoires des Poissons. D'ailleurs, comme 
nous l’avons dit, ce mode de respiration branchiale prépare et commence 
le mécanisme de la respiration pulmonaire dans laquelle l'air, chez tous les 
Batraciens, se trouve introduit dans les sacs aériens par l'effet d’une vé- 
ritable déglutition. 

.» Il AT de cet exposé que les métamorphoses des Batraciens mA 
dèles, comparées à celles des Anoures, offrent moins de différence entre 
les individus et les larves qui ont acquis léurs dernières formes. En effet, 
lorsqu'il sort de l'œuf, le tétard à le corps allongé, arrondi, et il a tout- 
à-fait l'apparence d’un petit Poisson. Il conserve une queue, le plus sou- 
vent comprimée, pendant toute la durée de son existence. Ces Urodèles 
n'ont jamais les branchies internes, leurs pattes antérieures sont presque 


( 469 ) 
toujours les premières à se développer, et chez quelques-uris même, les 
membres postérieurs ne se produisent pas. Enfin, dans plusieurs genres, 
les pattes restent tout-à-fait incomplètes, comme de simples rudiments 
terminés par des doigts dont le nombre et la’ OR varient considé- 
rablement selon les espèces: ‘4 


dr De quelques particularités GFeres par les espèces. 


» M. de Schreibers a suivi les amours de Salamandres noires des Alpes, 
qui ne se rencontrent que dans les hautes montagnes du Tyrol, de la Carin- 
thie, de Salsbourg et de l’Autriche supérieure ; lesquelles sont couvertes 
de neige pendant une très grande partie de l'année. Il a observé que le 
mâlé saisit sa femelle sur la terre au bord des ruisseaux, qu’il se. place 
sous elle ventre à ventre, qu'il l'entoure avec ses pattes, et qu’ainsi enla- 
cés , celle-ci l’entraine dns l’eau , où tous deux restent pendant des heures 
entières, tantôt en reposs tantôt en nageant, sans qu’on puisse remarquer 
autre chose qu’un léger trouble däns le ‘liquide qui entoure leur corps. 
C’est pendant ce temps que s'opère la fécondation. Quand elle à eu lieu, 
les deux individus se séparent. L'auteur de cette observation à fait une 
remarque bien plus curieuse. Après s'être assuré, par la disséction d’un 
assez grand nombre de fémelles, que chacune d'elles portait une vingtaine 
d'œufs dans les ovaires , il a remarqué cependant que celles-ci ne pro- 
duisaient jamais que deux petits vivants, les seuls réellement qu’on y 
voit constamment se développer. Cette parturition offre même cette cir- 
constance, que’ s’opérant constamment sur la terre, la jeune Salamandre 
naît réellement sans branchies et avec la queue non comprimée, conique, 
arrondie, sans nageoires membraneuses : par conséquent à peu près 
dans l’état de développement le‘ plus avancé. Cependant lobservateur, 
dont nous empruntons ces détails, ayant fait l'opération césarienne 
sur plusieurs femelles prêtes à mettre bas, trouva, les deux seuls 
fœtus plus ou moins développés, et il remarqua que plus ils étaient 
éloignés de l'époque où ils devaient naître , plus leurs branchies 
étaient apparentes. Il s’est aussi assuré que, lorsque les deux premiers 
tétards étaient sortis de leur enveloppe, ils ailaient attaquer les autres 
œufs pour en détruire les germes; que ces œufs mortellement blessés se 
flétrissaient, se confondaient pour former, par le mélange et la réunion 
de tous les jaunes, ou vitellus destinés à la première digestion de chacun 
d'eux, une masse nutritive, une sorte de lait qui devait prolonger la vie 
utérine de ce premier né, et amener en lui un tel développement, qu'il 


( 476 ) 

püt se suffire à lui-mème et vivre à l'air en sortant du corps de sa mère : 
circonstance bien bizarre de la prévoyance admirable de la nature, qui 
a voulu que ce petit être devint en naissant et par instinct, l'assassin de ses 
frères et sœurs, comme l'abeille femelle, qui a subi la première sa méta- 
morphose dans la ruche, se hâte d’ aller tuer ses sœurs qui seraient de- 
venues ses rivales. Ici le physiologiste apprécie mieux la nécessité de cette 
inclination cruelle en apparence, car à ce tétard abandonné par sa mère, 
devant vivre loin des eaux, et en général forcément privé de ce liquide, 
les branchies devenaient inutiles. Alors il dévait naïître dans un état d’ac- 
croissement assez avancé pour exércer de suite son genre de vie aérienne 
par une anomalie remarquable dans l’ordre des Batraciens. Cependant 
M. de Schreibers s’est assuré que cette anomalie n’était qu’apparente, 
comme nous venons de le rapRÔIEE, 

» Une autre espèce du même genre, la Salamandre tachetée, us aussi 
vivipare; mais celle-ci, après sa fécondation, dont.on ignore les particu- 
larités, met au jour successivement -quarante ot soixante tétards, deux 
chaque jour, de même forme et grosseur : ceux-là ont des branchies; leur 
queue est comprimée comme celle des. poissons, avec deux arr 
ou nageoires verticales. Ces tétards sont déposés. dans les eaux; ils y 
restent des mois entiers; ils grossissent et acquièrent en longueur les 
deux tiers au moins de leur étendue primitive, sans changer de forme; 
mais peu à peu leurs poumons intérieurs se développent, leur branchies 
S'affaissent et disparaissent insensiblèment; leur queue s’arrondit et perd 
ses membranes; les trous qui permettaient à l'eau introduite dans le 
gosier de sortir sur les parois latérales du cou s’oblitèrent également. Le 
tr diminue sensiblement de volume: L'animal enfin peut sortir de 
l’eau. IL ressemble à ses parents adultes, mais il n’a pas alors le quart de 
leur grosseur , et il est plus de deux années avant de l’acquérir: » 


Géopésie. — Application de distances zénithales réciproques et simulta- 
nées, à la comparaison de différentes formules servant à déterminer 
les hauteurs relatives ; par M. Purssanr. 


« Lorsque j'ai communiqué à l’Académie, dans sa séance du 6 de ce 
mois, quelques-unes des observations de distances zénithales réciproques 
et simultanées, faites par le célèbre Ramond et par M. le colonel Brous- 
seaud, je me suis borné à donner la différence de niveau qu’on en obtient 
en faisant usage de la formule trigonométrique ordinaire; parce que je 
pensais que M. Biot, qui désirait recueillir des observations de cette na- 
ture, ferait connaître lui-même le résultat numérique auquel conduit sa 
formule de nivellement appliquée dans une circonstance où les conditions 
de simultanéité se trouvent remplies, ne füt-ce que pour rendre hommage 
à la vérité. Bien que toute discussion sur ce point soit close entre lui et 
moi, cependant ce serait nuire essentiellement aux progrès de la science 
géodésique que de dissimuler aux praticiens le grave inconvénient qui ré- 
sulterait de l'emploi d’une méthode hypsométrique trop dépendante de 
l'hypothèse. faite sur la constitution de l'atmosphère : aussi plusieurs offi- 
ciers d'état-major, attachés aux travaux trigonométriques de la nouvelle 
carte de France, et qui lisent nos Comptes rendus , me pressent-ils de ré- 
pondre, dans lintérét même de cés travaux, aux deux questions sui- 
vantes : 

» 1°. La formule de nivellement déduite, par M. Biot, du principe de 
mécanique qui sert de base à la théorie des réfractions, a-t-elle décidé- 
ment sur celle usitée un avantage réel, malgré la longueur des calculs , 
quand les observations réciproques sont simultanées; et dans le cas con- 
traire donne-t-elle un résultat assez approché lorsque l'angle des verticales 
des deux stations comparées est inconnu ? 

» 2°. La formule barométrique lui est-elle ue dans la même 
circonstance ? 

» Ma réponse à ces deux questions sera courte, en partant des données 
consignées à la page 290 du Compte rendu, du présent semestre. 

» D'abord on sait que la différence de niveau entre la mire de la pré- 
fecture de Clermont-Ferrand et celle du signal du Puy-de-Dôme est 
de 1062”,6, et que l'angle des verticales passant par ces deux mires est 
de 936",66 centésimales. Ainsi, la somme des deux réfractions qui ont eu 
lieu aux stations supérieure et inférieure, est de 81”,75, abstraction faite 

C.R. 1838, 2€ Semestre. (T. VAL, N°9.) 63 


(472 ) 


de toute erreur d'observation. En supposant ces réfractions égales dans la 
formule trigonométrique, on commet une petite erreur qu’il serait facile 
d'évaluer, si chaque réfraction locale pouvait être assez bien appréciée : 
or, par le procédé que j'ai exposé (pag. 718 du tom. IV des Comptes 
rendus), les coefficients de la réfraction à la préfecture et au Puy-de- 
Dôme, sont respectivement #'=—=0,09473 et n7—0,08262, en supposant 
l'atmosphère dans un état normal : Ainsi 


à la station la plus basse, la réfraction — 88,7 centésimales, 
à la station la plus haute, la réfraction = 77 ,4 


Somme..... 166 ,1 


» Cette somme est à très peu près le doubie de celle qui provient de 
l'observation : elle nous apprend, comme la marche inverse des tempéra- 
tures de l'air le fait d’ailleurs connaître, que la réfraction agissait contraire- 
ment à la loi sur laquelle sa théorie est fondée. Toutefois cette réfraction 
ayant été positive et un peu plus faible à la station supérieure qu'à la 
station inférieure, l'excès de l’une sur l’autre n'a probablement pas dé- 
passé 12” centésimales, et alors l'incertitude sur la différence de niveau 
ci-dessus est à peine d’un décimètre, puisque cette incertitude a pour 


ÆK ë 
-—— tang 6”. 
mesure TE) g 


» Il est donc évident, par ce seul exemple, que la formule trigonomé- 
trique ne laisse rien à désirer, et que les mesures barométriques servant à 
determiner approximativement les réfractions locales mettent à même de 
faire juger, concurremment avec cette formule, si les couches aériennes 
étaient sphériques et d’égale densité durant les observations. 

» Si l'on calculait la même différence de niveau par la formule de la 
page 279 du tome IV de la Mécanique céleste, on aurait 


Par les observations faites à la station inférieure, et sans égard à la ré- 
fractions tal. ANS MAR HE MATMERE 2 RU à ve 1063",2 
En tenant compte de ce phénomène, et faisant usage Side la valeur de 
Ji CIS déAUS 2 roc cite Et CAANÉEEN: nl 100 RAM oËT; 9 
Par les observations Etes au Puy-de-Dôme, et sans à éparde à Le réfraction. 1062 ,0 
En ue compte de ce phénomène, et are usage de la valeur de 
k 1' précédente . . . .. Fe ae tes Lee ee na Lan dot ne 1063 ,1 
33) 
» Ainsi, dans le premier cas, la moyenne serait, comme ci-dessus ; de 
1062",6, et dans le second cas de 1062",5. 


» Le peu de discordance que présentent ces résultats, fait voir que a ré- 


( 478 ) 
fraction était assez faible à chaque station, et que son influence sur les 
hauteurs relatives a été presque insensible. 

» Si, maintenant, l’on calcule la différence de niveau par la formule 
de M. Biot, qu'on peut réduire sans inconvénient à ces deux termes, 
ar'@! — 2r'U (p. 845, 1° semestre, et p. 132, 2° semestre), on trouvera, à 
l’aide des données rapportées p. 290, 


Pour le terme dépendant des baromètres. . . . . . . . . . . . ro —= 221,68 
Pour le terme dépendant des distances zénithales . . . . . . . 27'U — 969 ,86 
Différence de niveau... . . . . . LOT, 07 

AP PAUdNAIT Sr Cm ee ee ele iie eee. = le . + .. 1062 ,60 

ERREUR IC ie 2006 


résultat qu'on pouvait facilement prévoir, et qui prouve toute la jus- 
tesse de mes précédentes critiques. 

» Voyons enfin ce que donnent les mesures barométriques simultanées , 
soumises à la formule de M. Laplace; sachant que la cuvette de chaque 
baromètre était à très peu près à la hauteur du centre du cercle répétiteur 
correspondant , et que ces instruments, construits par Fortin, étaient bien 
d'accord entre eux. 

» Les registres de M. Brousseaud apprennent qu’à la Préfecture, ce centre 
se trouvait à 0",57 au-dessous-de la mire, et qu’au Puy-de-Dôme il était à 
3,27 plus bas que le sommet du signal. La différence de hauteur des cu- 
vettes, déduite de la mesure trigonométrique, était donc de... 1059",90 
et comme par la formule barométrique on a............... 1051 ,79 


il s'ensuit que la différence est de........................ GES 


laquelle est assez minime, vu qu'il ne s’agit ici que des observations baro- 
métriques simultanées d’un seul jour, et faites dans un très court inter- 
valle de temps. 

» Je conclus donc de cette nouvelle comparaison, qui complète ma der- 
nière note, que ni la formule de M. Biot, ni même tout autre indépen- 
dante, comme elle, de l'angle des verticales des stations ou de la corde qui 
les unit (p. 133), ne peuvent être employées avec sécurité lorsqu'on veut 
connaître les hauteurs relatives avec toute l'exactitude que comporte 
l'état actuel de la science, et qu’il n’y a par conséquent rien de mieux à 
faire, en pareil cas, que de procéder comme dé coutume, jusqu’à ce que 
les géomètres aient perfectionné la théorie encore imparfaite des réfrac- 
tions terrestres. » 


63. 


( 474 ) 


CAIMIiE oRGANIQUE. — Acide produit par l'action du chlore sur l'acide 
acétique; par M. Dumas. 


« Jai constaté, il y a long-temps, qu'en soumettant l'acide acétique 
cristallisable à l’action du chlore sec, sous l'influence solaire , il se forme 
un acide cristallisable, chloré, volatil , en même temps que divers produits 
qui s’en séparent difficilement. 

» En dissolvant cet acide dans l’eau, évaporant la liqueur dans le vide, 
et distillant le résidu sec sur de l'acide phosphorique anhydre, j'ai enfin 
réussi à me procurer le nouvel acide à l’état de pureté. Son analyse 
m'a donné la formule suivante : 


CS H2 Ch5 O1. 


J'ai vérifié cette analyse par celle de l’éther alcoolique et de l’éther mé- 
thylique de cet acide , et aussi par l’analyse de son sel de chaux. » 


ORNITHOLOGIE. — Sur l'existence du Guacharo (Steatornis), à l'ile de la 
Trinité. 

M. Boryx ne Sanr-Vivcenr, en présentant à l’Académie un Guacharotrés 
bien conservé avec le nid et les œufs de cet oiseau, lit la Note suivante 
sur ses mœurs et un site nouveau où il vient d’être retrouvé. 

« Grâce au zèle de M. le docteur L'Herminier, de la Guadeloupe, auquel 
l'Académie doit déjà d’intéressantes communications et de son ami M. Hau- 
tessier de Marie-Galante, l’histoire du Guacharo (Steatornis Caripensis) 
est maintenant complète. Ce singulier oiseau, découvert par notre confrère 
M. deHumboldt, dans l'obscurité de profondes cavernes, retrouvé par M. Rou- 
lin dans une autre site analogue; vient d'être observé à la Trinité-espagnole, 
où le vendent les chasseurs dans les marchés publics, sous le nom de Diablo- 
tins et où, quoique ces oiseaux soient fort gras, l’église en permet l'usage 
aux fideles, aux jours maigres, comme de poisson, les œufs ou le:beurre. 
M. Hautessier, dans un voyage qu'il vient de faire dans cette ile, main- 
tenant anglaise, fut le premier qui s’aperçut que son diablotin m'était 
pas l’espèce de pétrel des Antilles, devenu dès le temps du père Labat 
assez célébre comme aliment de carème. D'après les informations qu'il 
obtint des naturels, ce zélé naturaliste put se rendre aux lieux dans les- 
quels il espérait prendre lui-même des Guacharos, encore que la saison 
ne füt pas favorable, et que cette chasse présentät alors des dangers. 


(745) 

» Jusqu'ici les Guacharos n'avaient été observés qu’assez avant dans 
l'intérieur des terres. « J'ai pensé, m'écrit M. Hautessier, que la décou- 
verte de cet oiséau mocturne et peu connu dans la chaine côtière de la 
Trinidad , était un fait assez important en géographie ornithologique. Les 
montagnes qui bordent au nord cette île, ne sont que le prolongement 
de la chaîne également riveraine de Cumana, qu'interrompt ce qu'on 
nomme les Bouches du Dragon jonchées d’ilots décharnés par la violence 
des courants, et qui ne sont que des jalons de roches pareilles, et tous 
creusés de cavernes profondes. La formation de tous ces lieux est de 
schiste avec des lits de quartz, -contournés et irréguliers ; néanmoins, les 
gradins inférieures qui descendent au sud, tels que ceux des environs 
du port d'Espagne, et quelques îlots en dedans des bouches, comme 
celui de Gaspary, sont d’un calcaire saccharoïde gris, bleuâtre et ver- 
dâtre, veiné de blanc, dont les strates inclinées à l'horizon, comme celles 
de toute la chaine sont coupées de nombreuses et profondes fissures, avec 
infiltrations et concrétions de même nature, mais ne renfermant point 
de débris organiques. La partie nord de la chaine offre un autre aspect : 
elle est coupée presque partout verticalement, et présente comme un 
mur, sans cesse battu et dégradé par une mer agitée. Ses parois dénu- 
dées laissent apercevoir la direction générale des couches, du nord-est 
au sud-ouest; elles se redressentau nord-ouest, sous un angle qui varie 
de 35 à 40°. C’est B, dans les flancs des hautes falaises, que sont percées 
les cavernes pat a par les Guacharos. L'une .des plus considérables et 
des plus fréquentées par les chasseurs, est celle qu’on trouve au nord de 
‘île d’Auevos , qui sépare la bouche de ce nom de-celle des navires. Elles 
doivent sans doute leur origine à l’action dissolvante et destructive de 
la mer, car elles ont toutes leurs ouvertures à la hauteur où viennent 
se briser les :vagues. C’est même de cette disposition que naissent les 
difficultés de la chasse hors de la saison, et surtout au mois de janvier où 
je l'ai entreprise. Les vents du nord qui règnent alors dans.ces Parages 
poussent sans cesse du large les lames qui viennent s’y tbriser avec fu- 
reur, ou s'engouffrer avec un bruit sourd que répètent leurs profondes 
cavités: la frêle pirogue, que leur violence aurait épargnée, trouverait 
infailliblement sa perte, au milieu des écueils qui en défendent l'accès. 
Tels sont les dangers qui s'opposent la plus grande partie de l’année, 
à l'exploration des cavernes à Guacharos, soit qu’une telle protection 
favorise Ja multiplication de ces oiseaux qui pullulent dans ces retraites, 
soit qu'ils se complaisent à habiter sur les bords d’une mer sans cesse 


( 456 ) 


agitée, ce qui semble étrange, c’est que les cavernes qui occupent ce der- 
nier gisement, sont celles où on en trouve davantage, et qu'il n’en existe 

oint dans les autres cavernes des îlots abrités du golfe, telles que 
dans celle de Gaspary, l'une des plus belles et des plus vastes que l’on 
connaisse dans ces parages. 

» Il m'avait d'abord semblé que la vraie patrie du Guacharo s’étendait 
sur une ligne essentiellement maritime, depuis la pointe Galera, qui 
forme, à l’est, l'extrémité de la chaine Trinidadienne, qu'elle longe ainsi 
que les ilots des Bouches, jusqu'à une certaine distance dans la partie es- 
carpée de la chaine côtière de Cumana, qu'on m'a dit renfermer égale- 
ment des cavernes à Guacharos; et que la découverte de cet oiseau dans 
celle de Caripe , éloignée de plus de vingt lieues de la mer, avait été faite 
précisément là où existait une anomalie dans son habitat, lorsque jusqu'ici 
il serait resté ignoré dans son véritable asile, sur une ligne si étendue, 
et que traversent sans cesse tant de bâtiments européens. Mais un fait plus 
récent me fit bientôt abandoner cette conjecture. M. Roulin ayant constaté 
que les oiseaux vus par M. de Humboldt, sous l'arche du fameux pont na- 
turel de Pandi, près de Bogota, étaient véritablement des Guacharos , dès- 
lors, cette ligne se prolongerait, en quittant le voisinage de la mer, au 
sud-ouest jusqu'à cette dernière localité, c’est-à-dire à peu près au point 
de jonction de ce rameau avec la Cordillère, ou peut-être plus tard on 
parviendra encore à découvrir cet oiseau. N’est-il pas vraiment bizarre, 
que le Diablotin de la Guadeloupe, qui est un oiseau essentiellement 
marin, aille nicher sur les plus hautes montagnes de cette île, tandis 
que le Guacharo des Bouches, qui ne se nourrit que de graines et de 
fruits, habite par prédilection les bords de la mer. 

» Pour faire la chasse aux jeunes Guacharos, on choisit ordinairement 
ces belles journées des mois d'avril et de mai, où la mer est calme et comme 
une glace, afin d'approcher des cavernes sans crainte de briser les piro- 
gues; encore ordinairement n'y parvient-on qu’en se jetant à la nage. Les 
dangers de l’abord franchis, bien d'autres encore sont à surmonter avant 
d'en sortir : mille tours de force sont nécessaires pour ramper dans les 
grottes les plus étroites, escalader les rocs les plus élevés, et s’introduire 
enfin dans les fissures ou les trous de la voûte dans lesquels nichent ces 
oiseaux. Mais aussi les chasseurs s’accrochent-ils en quelque endroit pro- 
pice, des centaines de Guacharos de tout Âge sont saisis à pleines mains 
et précipités au bas de la caverne qu'ils ont bientôt jonché. La crainte 


(477) 


que la mer se lève, et ne ferme les passages, est seule capable d’arréter 
l’ardeur destructrice des chasseurs. 1ls en remplissent leurs pirogues et 
vont ensuite les vendre aux marchés du Port d'Espagne, où ils sont très 
recherchés par les gourmets malgré l'énorme quantité d’une graisse 
répugnante dont ils sont imprégnées, et la forte odeur de ravet ou blatte 
qu’ils exhalent. Je fus surtout frappé de cette odeur par les deux individus 
adultes que je venais de prendre; leur maigreur m'a paru aussi extraor- 
dinaire à cet âge que l’est leur embonpoint lorsqu'ils ne sont encore cou- 
verts que d’un duvet naissant. L'idée qu’ont quelques personnes, qui 
raffolent de cet oiseau, qu'il est marin, parce qu’il habite les bords de 
mer, les font rechercher dans la semaine sainte » Comme un mets qui n’est 
point en contravention avec les prescriptions de l'église. Les cris de dé- 
tresse que faisaient mes deux prisonniers, surtout quand je les exposais à 
la lumière directe du soleil, imitaient ceux d’une poule qu'on saisit. Dans 
l'état de repos et dans l'obscurité, ils se tenaient parfaitement tranquilles ; 
mais le jour venant à les incommoder, ils manifestaient leur malaise par 
les cris fréquents de croc, croc, croc, qu'ils répétaient alternativement. 
Les efforts qu'ils firent en se débattant entre mes mains provoquèrent 
bientôt le dégorgemént d'un résidu, couleur lie de vin, provenant des 
graines de grisgris (sorte de palmier) qu’ils n’avaient pas encore eu le temps 
de digérer, ayant été pris à huit heures du matin. Il est probable en effet 
qu'ils regaguent leur retraite au point du jour : le soir ils la quittent dès 
le coucher du soleil, et vont fort loin chercher leur nourriture, qui con- 
siste en graine de mataca, de grisgris, de gommier et même de balatas 
qu'ils avalent, quoiqu'elles aient plus d’un pouce de diamètre; aussi, la 
quantité de ces grains, dont le péricarpe seul a été décomposé par le pas- 
sage dans les voies digestives, est prodigieuse dans l’intérieur et au-dessous 
des trous où ils nichent. Ils font deux pontes au mois de mars et d'avril 
chacune de deux à trois œufs de la grosseur de ceux d’un pigeon, blancs 
et tachés de jaunâtre. 

» M. Lherminier ajoute au bel individu adulte, que j'étais chargé, par 
M. Hautessier, de vous présenter, trois de ses œufs que voici, mais que je 
n'ai pas voulu trop dégager du coton qui les environne, dans la crainte 
de les briser. Les graines diverses dont se nourrit le guacharo, recueillies 
sur le sol des grottes qu'ils habitent, sont jointes à cet envoi. Je crois y 
reconnaître les baies d’une espèce de laurier et de deux sortes de pal- 
miers. Il s’y trouve encore des échantillons de la roche même contre la- 
quelle est construit le nid que voici également et dont la contexture est 


(478 ) 

fort singulière. Ce nid forme une sorte de corniche, ou gâteau semi ellip- 
soïde , semblable à un bénitier à peine creusé, ou à quelqu’une des formes 
de ces gros bolets ongulés, dont on retire l’amadou, et qui serait renversé. 
Il est bien peu profond, et probablement pour que la progéniture n’en 
tombe pas au temps de la ponte et de la couvée, quelque bourrelet en duvet 
le recouvre. Il est évidemment le produit de la mastication et de la 
digestion de l'oiseau, déposé par le bee et pétri par les pieds. M. L’Her- 
minier, qui me charge d'offrir ce nid au Muséum, dit: « Il est probable 
» qu'il sert plusieurs années et tant qu'il n’est pas accidentellement dé- 
» truit; quand on le casse, ses fragments ressemblent à ceux d’un gâteau 
» composé de sciure de bois ou de tan et brülent avec l'éclat de la tourbe, 
» sans odeur animale prononcée, en se charbonnant aisément. » 


«M. ne Huwsozpr présente à l'Académie, au nom de M. EnreneerG, pro- 
fesseur à l'Université de Berlin et correspondant de l'Institut, le grand 
ouvrage que ce savant vient de faire paraître sur les animaux infusoires. Le 
titre complet de l’ouvrage allemand porte : Des petits animaux infusoires 
et de la perfection de leur organisation ; avec un atlas de 64 planches co- 
lorices et exécutées d'après les dessins de M. Ehrenberg (532 pages in- 
folio). La partie descriptive est en français et en latin. 

» M. de Humboldt communique quelques observations verbales sur la 
richesse des matériaux qu'offre ce travail, qui embrasse l'anatomie, sou- 
vent tres compliquée, des infusoires ; leurs dents; leurs appareils digestifs 
rendus plus visibles en les nourrissant d’indigo et de carmin; leurs yeux; 
les traces de leur système nerveux ; leur distribution géographique sur le 
globe ; leur$ rapports avec les accumulations de silice et de fer; leur in- 
fluence sur la formation de l’humus , sur la phosphorescence de la mer 
regardée comme effet de petites décharges électriques, etc. 

» M. Ebrenberg a pu observer les différentes formes d’infusoires dans 
l'intérieur des terres des trois continents : en Europe; en Afrique ( Égypte, 
Nubie, Dongola, Abyssinie), pendant six ans; en Syrie et dans l'Asie bo- 
réale, pendant un voyage que M. de Humboldt a eu l’avantage de faire avec 
lui depuis la mer Caspienne et le nord de l’Oural jusqu’à l'Atlas et la pro- 
vince d'Ili dans la Dzongarie chinoise : ces vastes pays renferment vivantes 
plusieurs espèces qui se trouvent par millions à l’état fossile sous d’autres 

latitudes, même au-delà de l'équateur. » 


( 479 ) 


RAPPORTS. 


BoTawiQue. — Rapport sur un Mémoire de M. Decaisxe, relatif à la 
famille des Vardizabalées, et précédé de remarques sur l'Anatomie 
comparée de quelques tiges de végétaux dicotylédonés. 


(Commissaires, MM. de Mirbel, de Jussieu et Adolphe Brongniart rapporteur.) 


«Vbus nous avez chargés d’examiner un Mémoire de M. Decaisneayant pour 
objet spécial un petit groupe de végétaux exotiques encore très peu connu, 
mais dans lequel se trouve abordé en même temps une des questions les 
plus importantes de la botanique, la valeur des caractères déduits de la 
structure intérieure des tiges dans la classification naturelle; cette ques- 
tion donne à ce travail beaucoup plus d'importance qu’il n’en aurait si 
l’auteur s'était borné à une simple monographie de la famille qu’il a étu- 
diée. Cette partie monographique mérite cependant de fixer l'attention 
des botanistes; car elle nous fait connaître très complétement un groupe 
de végétaux dont plusieurs espèces se trouvaient dispersées dans des fa- 
milles fort éloignées , dont les principaux genres étaient réunis à la famille 
des Ménispermées, et qui, malgré son affinité avec cette dernière famille, 
présente cependant des caractères très essentiels et dont l’un surtout ne 
se montre que rarement dans le règne végétal. 

» M. R. Brown avait déjà signalé, en 1821, les rapports qui existent entre 
les deux genres Lardisabala et Stauntonia et le caractère remarquable 
qui en les distinguant des Ménispermées pouvait permettre d’en former 
une famille particulière. 

» M. de Cañdolle, en 1824, avait admis ce groupe comme tribu de la 
famille des Ménispermées en y joignant le genre Bourasaia de Dupetit- 
Thouars. 

» Enfin, à la même époque, M. Wallich faisait connaître le genre Aol- 
boellia dont il indiquait les rapports avec le Stauntonia. 

» Mais le caractère distinctif de cette tribu était établi d’une manière 
imparfaite, car il était tiré essentiellement de la pluralité des graines dans 
chaque carpelle, et le Bourasaia n’en offre qu'une, tandis que le caractère 
essentiel, l'insertion des ovules sur toute la paroi interne de l'ovaire dans 
tons les genres multiovulés, caractère déjà signalé par M. R. Brown, était 
généralement négligé ; enfin l'examen spécial de ces végétaux devait leur 

C.R. 1838, 2€ Semestre. (T. VIT, N°9.) 64 


( 480 ) 


rattacher quelques plantes rapportées par Thunberg et les auteurs qui 
l’ont suivi au genre Rajania, genre de la famille des Dioscorées parmi les 
Monocotylédones , et, par conséquent, bien éloigné de ceux qui nous 
occupent; une étude plus approfondie des espèces de Zardizabala et de 
Stauntonia devait aussi conduire à diviser chacun de ces genres en deux; 
c’est ce qu'a fait M Decaisne, qui a fondé sur des caractères bien observés 
les genres Akebia, Boquila et Parvatia. 

» La petite tribu des Lardizabalées qui ne comprenait que trois genres 
et cinq espèces dans le prodromus de M. de Candolle, se trouve actuelle- 
ment former une famille bien distincte renfermant sept genres et onze 
espèces. = 

» Le caractère le plus remarquable de ce groupe de végétaux con- 
siste dans leurs ovaires dont la cavité renferme presque toujours des 
ovules nombreux qui, au lieu d’être attachés des deux côtés de la 
suture interne du carpelle sont fixés sur toute la surface intérieure 
de ces carpelles et le plus souvent dans des dépressions profondes de 
cette surface, dépressions qui finissent quelquefois par constituer au- 
tant de petites loges qu'il y a de graines. 

» À cette organisation toute particulière qui le distingue des Ménis- 
permées à carpelles monospermes, s'ajoute encore une différence no- 
table dans le développement du périsperme qui, peu considérable ou nu 
dans les Ménispermées, prend un grand développement dans les Lardi- 
zabalées, tandis que l'embryon y est extrêmement petit. Les autres points 
de la structure de ces plantes tendent, au contraire, à rapprocher ces 
deux familles qu’on n’avait jusqu’à présent considérées que comme deux 
sections d’une même famille; mais les connaissances plus étendues et plus 
exactes sur le groupe des Lardizabalées, que nous devons à M. Decaisne, 
confirment les rapports des Ménispermées avec les Berbéridées, rapports 
admis par la plupart des botanistes, depuis le Genera de Laurent de 
Jussieu, mais qu'avait cependant combattu dans ces derniers temps un 

des botanistes les plus ingénieux de notre époque (M. Lindley). En effet 
la famille des Lardizabalées est exactement intermédiaire, tant par ses 
organes reproducteurs que par son mode de végétation entre les Ménis- 
permées et les Berbéridées. Comme parmi les premières, les fleurs sont 
unisexuées à étamines généralement extrorses etles ovaires ternés,enfin ses 
tiges sont volubiles et sarmenteuses. Comme les secondes, elle offre une 
régularité très grande dans la disposition ternaire de ses enveloppes flo- 
rales, et ses graines ont une structure presque semblable à celle des Ber- 


( 481 ) 
beris; enfin ses feuilles sont composées comme celles des Mahonia et des 
Epimedium. 

» Pour rapprocher les Ménispermées et les Lardizabalées des Apétales, 
il faudrait faire abstraction complète des écailles pétaloïdes et même des 
vrais pétales qui existent dans plusieurs des genres de ces familles, pétales 
qui, par leur forme, leur dimension et leur position, sont tout-à-fait 
analogues à ceux des Berberis. 

» On peut même dire que ce dernier genre ne diffère du. Bourasaia 
que par ses ovaires solitaires et non réunis trois par trois dans chaque 
fleur , et par le mode de déhiscence de ses anthères; ce dernier se distingue 
des vrais Lardizabalées par ses étamines introrses et ses ovaires monos- 
permes. Enfin les Lardizabalées proprement dites se distinguent des Ménis- 
permées par l'insertion de leurs ovules nombreux, et par la structure de leur 
graine qui est analogue à celle du Bourasaia et des Berberidées , de sorte 
que des Ménispermes aux Berberis il y a une chaîne pour ainsi dire non 
interrompue par l'intermédiaire des Lardizabalées vraies et du Bourasaia 
dont M. Decaisne a formé une section particulière dans cette famille, et 
qui deyiendrait probablement le type d’une famille distincte si l’on décou- 
vrait plus tard d’autres genres qui partageassent avec lui les caractères qui 
le séparent des autres Lardizabalées. 

» Toute cette partie monographique comprenant la description et la 
classification des plantes de cette famille et la discussion de leurs affinités, 
est faite avec toute l'exactitude et la finesse d'observation qu’on pouvait 
attendre d'un jeune botaniste qui a déjà donné des preuves fréquentes de 
son talent dans des travaux analogues. 

» Mais M. Decaisne s’est trouvé amené par l'examen même des affinités 
de cette famille à l'étude de caractères beaucoup trop négligés jusqu’à ce 
jour et dont la valeur, par cette raison, ne pourrait être établie pour le 
moment qu'à priori, mais qui méritent d’être examinés avec soin pour 
déterminer jusqu’à quel point ils peuvent concourir avec les organes de la 
reproduction, à rapprocher ou à éloigner les végétaux les uns des autres. 
Ce sont les caractères tirés de la structure intérieure des tiges. Cette étude 
est d'autant plus digne de fixer l'attention des botanistes, qu’elle ne pourra 
pas manquer de nous signaler de nombreuses modifications et même des 
exceptions, à ce que nous considérons sans preuves suffisantes comme la 
structure générale des grandes classes du règne végétal. 

» Déjà dans ces derniers temps, les observations si neuves de l’un de 


nos collègues sur l’organisation de beaucoup de lianes des régions tropi- 
64. 


( 482 ) 
cales, avaient montré les anomalies nombreuses que ces tiges pouvaient 
offrir ; le Mémoire de M. Decaisne nous en fait connaître d’autres non 
moins remarquables. 

» M. Lindley avait cherché à appuyer l’analogie qu'il était disposé à 
admettre entre les Ménispermées et les apétales, sur des rapports entre la 
structure des tiges des Ménispermes et des Aristolochiées (1), et l’organi- 
sation générale de ces plantes lui semblait même établir une sorte de 
transition entre les dicotylédones et les monocotylédones (2). 

» Cette question étant une des plus importantes de la méthode natu- 
relle en botanique, examinons avec M. Decaisne sur quoi on peut se 
fonder pour établir ces rapports. 

» Le bois des Ménispermes comme celui des Aristoloches est dépourvu, 
dit M. Lindley, de couches annuelles. 

» Mais avant de se fonder sur ce caractère pour établir des relations 
entre deux familles qui en ont si peu du reste, il faudrait déterminer 
quelle est sa valeur réelle ; or,qu’appelle-t-onles couches annuelles du bois? 
Ce sont ces zones formées chaque année en dehors du bois des années 
précédentes, et qui, généralement, se distinguent l’une de l’autre par une 
différence notable de structure dans la partie qui s’est développée pendant 
chacune des saisons de l’année; mais la structure et le mode d’accroisse- 
ment des tiges pourraient ne différer en rien quand même ce développe- 
ment des nouveaux tissus serait uniforme pendant toute l’année, et dans ce 
cas il n’y aurait aucune zone distincte pour l'accroissement de chaque 
année. Or, ce que nous établissons ici comme une supposition, est un 
cas beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense parmi les arbres des régions 
tropicales où la végétation varie souvent peu d’une saison à une autre. 

» Ce fait de l'absence de couches annuelles ne serait done pas un ca- 
ractère spécial des tiges des Aristolochiées et des Ménispermées; bien plus, 
il est loin d’être général dans ces familles ; ainsi, parmi les aristolochiées, 
l’Aristolochia labiosa et les rhizomes de /’Aristolochia clematitis en sont 
dépourvues;les tiges de lAristolochia sipho, si commune dans nos jardins, 
en présentent au contraire d'aussi distinctes que celles du Chêne et du 

Châtaignier. 

» Mais en faisant abstraction de l'absence ou de l'existence des zones 
concentriques annuelles auxquelles M. Lindley attribuait, à ce qu’il sem- 


(1) Lindley, a Natural System. Ed. 2, p. 214. 
(2) Lindley , Nixus plantarum, p. 16. 


( 483 ) 


ble, une trop grande valeur, existe-t-il quelques rapports essentiels 
entre la structure et le mode d’accroissement des tiges dans ces deux 
familles? 

» Dans les Aristoloches chacun des faisceaux peu nombreux et séparés 
par de larges rayons médullaires qui composent le cercle ligneux, se bi- 
furque bientôt par la production de nouveaux rayons médullaires, de 
sorte que la coupe d’une vieille tige présente des faisceaux ligneux flabelli- 
formes et dichotomes; les faisceaux du liber placés dans le tissu cellulaire 
de l'écorce se multiplient de même et s'accroissent chaque année d’une 
nouvelle couche. 

» Cette organisation est, en un mot, celle de toutes les tiges de plantes 
dicotylédones ordinaires, sauf le nombre moins considérable et le plus 
grand volume des faisceaux qui font ressembler ces tiges à celles des Clé- 
matites et de plusieurs Cissus. 

» Les Ménispermées, malheureusement peu nombreuses, dont les tiges 
ont pu être étudiées soit dans nos collections, soit dans les jardins , ont 
une structure et surtout un mode d’accroissement tout-à-fait différents, et 
qui présentent une anomalie dont on n’avait pas encore d'exemple dans 
les plantes dicotylédones. À 

» Les faisceaux qui, en nombre peu considérable, forment la zone 
ligneuse dans la première année, vont en s’accroissant pendant plusieurs 
années, et souvent jusqu’à un âge fort avancé sans se subdiviser; ils s’élar- 
gissent seulement ainsi que les rayons médullaires, et leur accroissement 
étant presque continu, on n’y distingue pas de couches annuelles, ou du 
moins elles sont très peu apparentes. Mais la principale différence consiste 
dans le liber dont les faisceaux, en nombre égal à celui des faisceaux li- 
gneux, persistent dans leur état primitif pendant cet accroissement de la 
zone ligneuse sans subir aucun changement. 

» Ce mode de développement des tiges, qu’on peut suivre sur le Me- 
nispermum canadense cultivé dans nos jardins, avait déjà été signalé par 
votre rapporteur dans un Mémoire présenté à l’Académie en 1831 (1); 
mais il a subi une modification remarquable dans une plante dont M. De- 
caisnea suivi avec soin les diverses phases d’accroissement, dans le Coccu- 
lus laurifolius, et les tiges adultes du Cissamplos pareira annoncent un 
même mode de formation. 


ER UN DU” D) ji ASIE MEMMIAUR, SERPHES OR TARN 
(1) Ge Mémoire n’a pas été publié jusqu’à présent, mais il a été l’objet d’un rapport 
de M. Henri Cassini, lu dans la séance du 25 juillet 1831. 


( 484 ) 


» Dans ces plantes, la zone ligneuse primitive après s'être accrue pen- 
dant quelques années, comme dans le Menispermum canadense, cesse de 
s’élargir par la formation de nouveaux tissus ligneux; mais bientôt un cer- 
cle de nouveaux faisceaux complétement distincts des premiers et alter- 
nant souvent avec eux, se développe dans le tissu cellulaire cortical en 
dehors du liber dont les faisceaux se trouvent ainsi intercalés entre la pre- 
mière zone ligneuse et cette zone nouvelle. Cette seconde zone ligneuse 
s'accroît comme la première pendant plusieurs années, mais elle en dif- 
fère en ce que les faisceaux qui la composent ne présentent pas extérieu- 
rement de faisceaux du liber. 

» Cette formation de zones ligneuses complétement indépendantes les 
unes des autres, mettant plusieurs années à se former et ne présentant pas 
de liber, se continue ainsi pendant toute la vie de la plante et produit sur 
la coupe de ces tiges une apparence d'autant plus remarquable que ces 
nouvelles zones ligneuses n’occupent presque jamais la circonférence tout 
entière de la tige et lui donne une forme souvent très irrégulière. 

» On voit que cette organisation n’a aucun rapport avec celles des Aris- 
toloches, qui ne diffère pas notablement de celles de beaucoup de dico- 
tylédones, mais qu’on ne peut pas la considérer cependant comme formant 
un passage à la structure des tiges des mocotylédones ainsi que M. Lindley 
parait disposé à l’admettre. 

» Depuisla présentation deson Mémoire sur les Lardizabaiées, M. Decaisne 
a annoncé à l’Académie que de nouvelles recherches sur des plantes de 
diverses familles lui avaient montré que dans quelques plantes le Phyto- 
lacca dioica, par exemple, le liber manquait complétement, que dans 
d'autres il existait dans la tige et manquait dans l'écorce des racines. 

» Sans vouloir ici approfondir cette nouvelle question qui par son im- 
portance fournira probablement à l’auteur le sujet d’un Mémoire spécial 
dans lequel les faits seront exposés avec les détails qu’ils exigent, nous 
devons conclure qu'il résulte des recherches anatomiques consignées dans 
le Mémoire de M. Decaisne, aussi bien que des faits si singuliers signalés par 
notre confrère M. Gaudichaud, et de ceux indiqués dans le Mémoire de l’un 
de vos Commissaires déjà cité plus haut, que la structure et le mode d’ac- 
croissement des tiges des plantes dicotylédones sont beaucoup moins uni- 
formes qu’on ne l'avait d’abord cru; on ne peut cependant encore rien en 
déduire de certain relativement à la valeur de ces caractères dans la clas- 

sification naturelle; car cette valeur est bien affaiblie lorsqu'on considère 
la différence de structure que présente les végétaux arborescents et les 


( 485 ) 


espèces sarmenteuses et grimpantes des mêmes familles telles que les Bi- 
gnoniacées , les Sapindacées, les Malpighiacées, les Légumineuses, etc. 

» Mais il est évidemment du plus haut intérêt pour la physiologie 
végétale et peut-être pour l'étude des rapports naturels, d'étendre de 
semblables recherches aux diverses familles du règne végétal, et si l’on 
considère l'exactitude et le soin que M. Decaisne a mis dans les observations 
anatomiques consignées dans son Mémoire, on ne saurait trop l’engager 
à poursuivre ce genre d'étude qui ne peut manquer d'enrichir la science 
de faits nouveaux et importants. 

» Nous proposerons donc à l’Académie d’ordonner l'insertion dans le 
Recueil des Savans étrangers , du Mémoire dont nous venons de lui rendre 
compte, Mémoire qui sous le point de vue monographique et sous celui 
des recherches anatomiques, est également digne de cette preuve de lap- 
probation particulière de l’Académie. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection d’un candidat pour 
la place de directeur des études à l'École Polytechnique, place devenue 
vacante par le décès de M. Dulong. 

Le nombre des votans est 43. 

Au premier tour de scrutin, 


M. Coniouis réunit..... 42 suffrages. 


M. Conrouis ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé 
candidat de l’Académie. 


M. Baescuer avait été chargé, dans la précédente séance, de faire un 
rapport verbal sur un ouvrage allemand de M. Müller, concernant la 
Physiologie de l'organe de l'Ouïe ; M. Savanr est prié de s’adjoindre à 
M. Breschet pour rendre compte de la partie de ces recherches relative à 
la Physique. 


( 486 ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


Paysique. — Mémoire sur un nouveau condensateur électrique; par 
M. Péccer. 


(Commissaires, MM. Savart, Savary. ) 


« Le nouveau condensateur se compose de trois plateaux en verre dé- 
poli dont les surfaces ont été usées avec soin les unes sur les autres-et qui 
sont entièrement recouvertes de feuilles d’or collées avec de l’albumine. 
L'un de ces plateaux que je désignerai par A est fixé à un électromètre or- 
dinaire à feuilles d’or; sa surface supérieure est couverte de vernis. Le se- 
cond, que je désignerai par B, est posé sur le premier; il est verni sur ses 
deux faces; une petite tige de cuivre dorée avec soin et non vernie est fixée 
horizontalement en un point de sa circonférence ; il porte à son centre, 
comme le plateau mobile des condensateurs ordinaires, une tige de verre 
qui sert à le mouvoir. Enfin, sur ce dernier plateau se trouve un troisième 
plateau C, percé à son centre d’un orifice à travers lequel passe la tige du 
plateau B; le plateau C est verni en-dessous seulement, et son orifice cen- 
tral est garni d’un tube de verre qui enveloppe la tige du plateau B, mais 
d'une moindre hauteur. 

» Voici de quelle manière on se sert de cet appareil. On touche le pla- 
teau supérieur avec le métal dont on veut reconnaître l’action sur l'or, et 
on met le plateau B en communication avec le sol; on supprime cette com- 
munication, on soulève le plateau C et on touche le plateau A; on répète 
cette manœuvre un certain nombre de fois; enfin, au moyen de la tige du 
plateau B, on soulève à la fois les plateaux B et C; les feuilles d’or de l’élec- 
tromètre divergent d'autant plus que le nombre des contacts a été plus 
grand. 

» La cage qui renferme les lames d’or est formée de glaces parallèles et 
elle est posée sur un trépied à vis garni, d’un côté, d’une plaque verticale 
percée d’un petit trou, et de l’autre d’une portion de cercle divisé vertical 


dont le centre est à la même hauteur que le trou de la plaque et l’extré- : 


mité supérieure des lames d’or: c’est en regardant par le trou de la plaque 
qu’on observe la déviation. 

» Pour donner une idée de la puissance de cet appareil, je rapporterai 
deux séries d'expériences. Entouchant le plateau supérieur avec un fil de fer 


U 187 ) 
apres 1, 2, 3, 4, 5 et 10 contacts, les feuilles d’or ont été écartées de 
9 à, 20°, 25°,.31°, 4.1et 88. 

» En touchant le plateau supérieur avec un fil de platine, un seul contact 
n'a produit qu'une faible déviation, qui s’est élevée à 15° aprés trois con- 
tacts et à 53 après 20. ; 

» Les expériences avec le platine ont été faites en employant un fil de 
platine qui venait d’être rougi dans la flamme d’alcool, et en lavantles mains 
avec de l’eau distillée. Je m'étais assuré d’avance en effectuant un grand 
nombre de contacts successifs dans lesquels je touchais le plateau supé- 
rieur avec le doigt que les plateaux ne recélaient point d'électricité. 

» Le fait nouveau du développement de l'électricité par le contact de 
l'or et du platine, a été aussi constaté directement au moyen d’un con- 
densateur simple d’une extrême sensibilité obtenue en donnant aux cou- 
ches de vernis une épaisseur convenable et en rendant leurs surfaces par- 
faitement planes. 

» Au moyen du condensateur double et du condensateur ordinaire, 
jai reconnu que tous les métaux sur lesquels j'ai opéré étaient positifs 
par rapport à l'or, et que ces métaux rangés dans l’ordre de leur faculté 
électro-motrice, par rapport à l'or, se plaçaient ainsi qu'il suit : 


Zinc, 
Plomb, 
Étain, 
Bismuth, 
Antimoine, 
Fer, 
Cuivre, 
Argent, 
Platine. 


» Les effets produits par le bismuth, lantimoine et le fer different si 
peu les uns des autres, que je n'ai pu les classer qu’en prenant les 
moyennes d’un grand nombre d’expériences. 

» Il est évident, d’après les dispositions de l'appareil, que la quantité 
d'électricité mise en liberté, qui fäit diverger les lames d’or, est propor- 
tionnelle au nombre des contacts; or, il résulte de nombreuses expériences 
que jusqu’à 20° environ, la déviation est proportionnelle aux nombres des 
contacts; ainsi jusqu’à cette limite la déviation est proportionnelle aux 
quantités d'électricité. Il serait facile de faire une table qui donnerait les 

C. R. 1838, a° Semestre. (T. VII, N°9.) 65 


( 488 ) 


quantités d'électricité correspondantes aux déviations qui dépassent 20», 
puisque ces quantités sont proportionnelles aux nombres des contacts. 

» Les condensateurs simples ou multiplicateurs ne peuvent point cepen- 
dant servir à déterminer les rapports des effets produits par le contact de 
l'or et des différents métaux, attendu que ces rapports varient notable- 
ment avec l’épaisseur des couches de vernis des plateaux, comme je m'en 
suis assuré en comparant les résultats d'expériences faites avec différents 
appareils. | 

» L’instrument que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie, étant d’une 
sensibilité en quelque sorte indéfinie, offre à la physique un nouveau 
moyen d'investigation qui, je l'espère, contribuera à éclaircir les phéno- 
mènes singuliers qui se produisent dans le contact des corps. » 


Mécanique APPLIQUÉE. — Des différentes manières de prendre des points 
d'appui fixes dans les locomotives à vapeur; par M. l'abbé Demoxceor. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis, Gambey.) 


M. Vazzor adresse une Note sur les Cryptogames qui se développent à 
la surface des feuilles des tilleuls, considérés comme un moyen pour ar- 
river, à défaut d’autres caractères, à distinguer l’une de l’autre deux es- 
pèces confondues par quelques botanistes sous le nom de Tïlia europæa. 


(Renvoi à la section de Botanique.) 


M. Lamreau adresse un Mémoire ayant pour titre : Æistoire mémorable 
de l'apparition du principe vital de la nature. 

(M. Magendie est chargé d’examiner si ce Mémoire est de nature à de- 
venir l’objet d’un rapport.) É 


Un manuscrit ayant pour titre : Mémoire zoologique et physiologique sur 
la polarité de l'organisme considérée dans le règne animal, est adressé 
avec une lettre dans laquelle l’auteur déclare qu'il ne se fera connaître 
que si le rapport qu'il demande sur son travail lui est favorable. 

Les réglements de l’Académie ne permettent pas que l'ouvrage soit 
renvoyé à une Commission. 


( 489 ) 
CORRESPONDANCE. 


VoyAGES SCIENTIFIQUES. — Lettre de M. ze MinISTRE DE La GUERRE, 
concernant l'exploration scientifique de l'Algérie. 


« J'ai examiné avec le plus vif intérêt les Instructions que l’Académie 
des Sciences a bien voulu rédiger pour la Commission scientifique qui 
doit explorer l’Algérie, et je me plais à partager les espérances consignées 
à la fin de ces Instructions sur les importants résultats qu’à plus d’un 
titre, il est permis d’en attendre. À cet égard, l’Académie des Sciences 
pourra revendiquer une belle part dans ces résultats qu’elle aura pré- 
parés par ses instructions. C’est pour que rien ne manque à l’accomplisse- 
ment d’une si grande tâche, comme aussi pour répondre au vœu exprimé 
par l’Académie, que je viens aujourd’hui réclamer de nouveau son assis- 
tance, dans l'examen de plusieurs questions qu’elle-même a cru devoir 
soulever. 

» Celle de ces questions qui se présente naturellement la premiere, est 
relative au choix des candidats appelés à faire partie de la Commission 
scientifique. L'Académie a pensé qu'il serait convenable de lui demander 
une liste de candidats, parmi lesquels le département de la Guerre serait 
ensuite appelé à faire ses choix. J'apprécie vivement tous les avantages 
qu'il est permis d’attendre de cette combinaison : elle est de nature à 
ajouter une puissante consécration aux choix dont il s’agit, et je viens la 
prier de vouloir bien s'occuper, dès à présent, de la formation de cette 
liste. A cet effet, je m’empresse de vous transmettre un tableau sommaire 
présentant les titres des candidats qui se sont adressés à mon département, 
ou qui m'ont été désignés par mes collègues, pour faire partie de la com- 
mission. Déjà l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, s’associant à 
ces vues, m'a adressé ses présentations, et je n’attends plus maintenant 
que celles de l’Académie des Sciences. 

» Je ne puis également que partager l’opinion de l’Académie sur l'utilité 
de son concours dans le choix des ouvrages, des réactifs, des outils, des 
appareils, des instruments dont la Commission devra être munie. Je 
vous prie en conséquence de vouloir bien réclamer, en mon nom, de 
l’Académie, une nomenclature exacte et complète de ces divers objets, 
ainsi que les noms des fabricants et artistes qui les confectionnent , et de 
me l’adresser le plus promptement possible. 

4 65.. 


( 490 ) 

» Dans la désignation des candidats que l’Académie croira devoir sou- 
mettre àmonchoix , je désire qu’elle ne perde pas devue qu’il s’agit de péné- 
trer dans un pays étranger en grande partie aux habitudes de la civilisation, 
et dont les relations des voyageurs , tant anciens que modernes, ont cons- 
tamment représenté l’accès comme accompagné de difficultés, de fatigues 
et de périls. Il importe donc qu'indépendamment de connaissances spé- 
ciales, les candidats proposés joignent à une forte constitution un carac- 
tere résolu, et que pour l'intérêt de la science ils se dévouent à braver les 
dangers que, de son côté, l'administration s’efforcera autant que possible 
d’éloigner d’eux. 

» Quant au vœu exprimé par l’Académie, relativement aux matos 
sédentaires qu'il s'agirait de confier à M. Aimé, professeur de mathéma- 
tiques au collége d’Alger, je suis tout disposé à l’accueillir, lorsque le 
moment sera venu de le réaliser. » 

La lettre de M. le Ministre, avec la liste qui y est jointe, est renvoyée 
à la Commission qui a rédigé les Instructions. 


GéoGrAPHIE PHYSIQUE. — Extraits d'une lettre de M. Penrzanr à M. Arago, 
en date de la Paz (Bolivia), le 28 mars 1838. 


M. Pentland a déterminé la position géographique de l’ancien temple 
du Soleil à Cusco. La latitude est 13° 30’ 55" sud; 
La longitude... 74° 24! 30" ouest de Paris. 


Par 14° 33’ de latitude sud, sur les montagnes de Vilcanota qui unissent 
transversalement les deux chaines de l’est et de l’ouest de la grande Cor- 
dillère, M. Pentland a trouvé les neiges perpétuelles à la hauteur de 4815" 
(15800 pieds anglais). 

La chaine orientale de la Cordillère du haut Pérou, depuis le parallèle de 
Sorata (15°50’ de latitude sud ) jusqu’à celui de Salcantaï (13° 10'), se 
compose d’une série presque non interrompue de pics neigeux dont 
M. Pentland enverra prochainement les élévations. 

La totalité de cette chaine centrale est (a compound of quarziferous por- 
phyry, posterior to the transition slate, and new red sandstone formation ) 
formée de porphyre quarzifère postérieur au schiste de transition et de grès 
rouge. 

Au neyado de Guaracolta, par 14° 30° de latitude, une source abon- 
dante qui sortait de la montagne, 80 mètres plus bas que la limite des 
ueiges perpétuelles, était à + 3°,6 centigrades. 


( 491 ) 


M. Pentland s’est assuré qu'on pourrait mesurer au centre des Andes , 
un arc de méridien qui s'étendrait depuis 20° jusqu'a 13°20! de latitude 
sud. Le terrain se prêterait parfaitement à la mesure de deux bases , vers 
les deux extrémités de l'arc. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Vote sur le Formométhylal; par M. Maracurr. 


« Le Formométhylal, découvert par M. Grégory, est un corps qui pré- 
sente une grande importance, car il se rattache par sa composition à une 
des théories les plus accréditées des éthers, en lui prétant un des plus 
forts arguments. 

» On admet que le Formométhylal est un formiate d’éther méthylique 
tribasique, analogue à l’acétal qui est aussi considéré comme un acétate 
d'éther sulfurique tribasique. 

» Pour vérifier si le Formométhylal a la constitution qu’on lui a attri- 
buée, j'en aï décomposé un atome dans le but d’en tirer un atome d’acide 
formique. Mais je ne suis parvenu qu’à en tirer un demi-atome, de l'esprit 
de bois, et de plus, un corps particulier doué de plusieurs caractères, 
qui, faute d’un examen approfondi, pourraient le faire confondre avec le 
Formométhylal d’où il dérive. 

» La composition de ce nouveau corps, que j'appelle Méthylal, est 
exactement représentée par C'*H'FOf, et la densité dé sa vapeur est 2,6 
ou 4 volumes, tandis que la formule du Formométhylal est C'6H+06, et 
la densité de sa vapeur est 2,4 ou 6 volumes. 

» On voit qu'en retranchant la formule du Méthylal de la formule du 
Formométhylal, il reste un demi-atome de formiate de méthylène. 

C'H*0$ — Formométhylal, 
— C“H6O! — Méthylal, 


Cf H* O: — = atome formiate de méthylène. 


g 


Î 


» Le Méthylal est limpide, a la même.odeur que le Formométhylal, exige 
3 volumes d’eau environ pour se dissoudre;:la potasse le sépare de sa 
dissolution aqueuse. Il est soluble dans l'alcool, bout à 42 deg. c., sous 
la pression de 0,761 millim. L'eau étant 1, il pèse 0,8551 à + 17 deg. c. 

» Malgré le rapport frappant qui existe entre le Méthylal et le Formo- 
méthylal, malgré la densité de la vapeur de ce dernier corps, qui sanc- 
tionne, pour ainsi dire, ce rapport si évident et si simple , le Formomé- 
thylal n’est qu'un mélange de Méthylal et de formiate de méthylène. 

» Si l'on distille du Formométhylal dont la composition ait été vérifiée 


(492) 


par des analyses très soignées, et que l’on fractionne à mesure le pro- 
duit de la distillation, on trouvera que chaque fraction ne présente plus 
la même composition. 

» Le Formométhylal qui a servi à mes expériences, a donné par l'a- 
nalyse des nombres qui se confondaient avec ceux du calcul. En analysant 
le premier produit de sa distillation, je lui ai trouvé 2,3 p. 100 de moins 
de charbon; et, au contraire, en ai-je trouvé 1,1 p. 100 de plus en ana- 
lysant le dernier produit. Relativement à la nature du Méthylal, mes ex- 
périences ne sont pas assez avancées pour pouvoir en décider, mais je 
puis dire avec assurance que le Méthylal, par l’action de certains corps 
oxigénants, se convertit en acide formique. 

» Je ne puis pas dire s’il se forme dans le même temps de l'esprit de 
bois, car ma méthode d’expérimenter m’a empêché d'isoler et même de 
reconnaître ce COTps. 

» Mais quelle que soit la nature du Méthylal, il n’est pas moins vrai 
que le Formométhylal, loin d’être un éther tribasique comme on l'avait 
supposé, n’est autre chose qu'un mélange de formiate de méthylène et 
d'une substance qui ne peut pas être comparable aux éthers composés. 

» Sitôt que J'aurai terminé les recherches que j'ai entreprises sur la 
nature de l’acétal, j'aurai l'honneur de soumettre au jugement de l’Aca- 
démie, non-seulement les résultats relatifs à ce dernier corps, mais encore 
tous les détails dont je me suis permis aujourd’hui de présenter un 
abrégé. » 


Cnimie ORGANIQUE. — Vote sur les produits obtenus par M. Masson, 
en faisant agir le chlorure de zinc sur l'alcool. 


M. Masson, ancien élève de l’École Normale et professeur à Caen, avait 
adressé à l’Académie un Mémoire sur la formation de l'éther qui résulte 
de l’action du chlorure de zinc sur l'alcool. Il vient de compléter ce travail 
par quelques analyses des produits qu’il avait obtenus, analyses faites à 
la demande et dans le laboratoire de M. Dumas, l’un des commissaires 
chargés d'examiner la première partie de ces recherches. 

M. Masson, en distillant du chlorure de zinc et de l'alcool vers 160», 
avait obtenu une huile dont la production ne cesse qu’à 200°. Il l'avait 
comparée à l'huile douce de vin, en faisant remarquer qu'elle pouvait se 
séparer en deux produits d’inégale volatilité. 

« Du nouvel examen auquel l'auteur a soumis ces deux produits, il 
résulte, dit M. Dumas, que le moins volatil bout vers 300°, quand il est 


( 493 ) 
dépouillé de toute matière étrangère. Ce produit possède tous les carac- 
tères de l’huile douce légère. Son analyse a donné 


Hydrogène. ......... 12.8 
Carbone............ 88.1 
100.9 


Ce qui correspond à C5? H°* ou à C H7. Cette analyse ne s'accorde ni 
avec celle de M. Hennell, ni avec celle de M. Sérullas. Elle est à peu 
prés conforme à celle que nous avions donnée M. P. Boullay et moi. 

» Le produit le plus volatil bout au-dessous de 100°. Il est très fluide ; son 
odeur rappelle celle du naphte. Sa composition est remarquable. C’est 
le carbure d'hydrogène liquide le plus hydrogéné que l’on connaisse. Il 
renferme, en effet, 


Hydrogène.......... secoue 15.7 
Carbone............. Sir ob ete 84.7 
100.2 ...., 100.4 


D'où l’on tire pour sa formule C$Hs. Mais d’après la densité de sa va- 
peur, qui est égale à 4,18, on peut le représenter par C°* H5f. 

» Ainsi, il y aurait dans l'huile de M. Masson deux carbures d'hydrogène 
qui, en s’ajoutant, reproduiraient l'hydrogène bicarburé dont ils dérivent. 


; C2 H:5 
Le carbure volatil.…. 7 Mo CHAT 
: 7 C2 H:8 
L'huile douce de vin. = CH.» 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la composition du sucre de gélatine et de l'acide 
nitro-saccharique de Braconnot; par M. Boussineauir. 


Le sucre de gélatine préparé à la manière ordinaire, au moyen de la 
réaction de l'acide sulfurique sur la colle-forte, contient toujours, dit 
M. Boussingault, une quantité soluble de matières salines ; de sorte qu'a- 
près sa combustion il laisse de 2 à r1 pour cent de cendres; mais on peut 
lobtenir à l’état de pureté par la décomposition du sel soluble qu’il forme 
avec la baryte. Pour cela, on fait bouillir pendant quelque temps une 
dissolution de sucre de colle avec un lait de baryte; il ne se dégage pas 
d’ammoniaque; on filtre et l’on sépare exactement la baryte de la liqueur 
filtrée par l'acide sulfurique; on évapore ensuite jusqu’à pellicule. Le sucre 
alors cristallise très promptement. 


{ 494 ) 

Le sucre de’ gélatine’eët un peu plus-sotuble dans l’eau que le sucre de 
lait; comme ce dernier il craque sous la dent. Sa saveur sucrée est peu 
intense et laisse un arrière-goût désagréable. Une fois desséché dans le vide 
sec, à la température ordinaire, il ne perd plus d’eau à 130°. 

Le résultat moyen de sept analyses dont les détails se trouvent dans la 
Note de M. Boussingault, donne pour la composition du sucre de gélatine 
la formule brute 

Cu HW O"' AS, 

En faisant bouillir sur de la litharge pulvérisée une dissolution de sucre 
de gélatine, on obtient un liquide, qui filtré, présente une réaction alca- 
line, et suffisamment évaporée se prend, par le refroidissement, en une 


masse cristalline. 
La moyenne de quatre analyses a donné pour ce sel de plomb basique, 


un composition qui peut être représentée par la formule 
C': Hs Az, 3(PbO), 


formule qui, comparée à la précédente, indiquerait qu’en se combinant 
avec les trois atomes d’oxide, le sucre de colle aurait abandonné 2 atomes 
d’eau. Dans cette supposition l'atome du sucre anhydre péserait 217.0. 
Si l’on considérait la combinaison de plomb comme neutre, l’atome du 
sucre se réduirait à 835.7, et le sucre anhydre serait 
CHHS 0 Az. 


Mais alors le sucre non combiné devrait se représenter par la formule 
précédente plus + aq- 

L'acide nitro-saccharique préparé par M. Boussingault suivant le procédé 
indiqué par M. Braconnot, mais avec du sucre de gélatine pur et avec 
certaines précautions indiquées dans la note, a offert une composition qui 
peut être représentée par la formule suivante: 


C{H! Ow Ant. 


Dans le nitro-saccharate de cuivre préparé par la combinaison directe 
de l'acide avec l’oxide très divisé, puis desséché à 130°, l'acide a été trouvé 
dans le même état qu'avant la combinaison. 

A ce point de dessiccation, ce sel est d’un bleu pâle; si on l’expose àune 
température plus élevée, il prend une teinte décidément verte. Cette cou- 
leur se manifeste vers 150° et l’on aperçoit de l’eau dans la partie supérieure 
du tube qui contient le sel. À 180 ou 182°, la détonation a lieu. 


( 495 ) 


Du sel préalablement desséché à 130°, et ensuite maintenu plusieurs 
heures dans le vide à une température de 165°, a perdu 0,1771 d'eau pour 
100 parties. 

Les résultats de l'analyse du nitro-saccharate de cuivre anhydre, permet- 
traient d'adopter indifféremment pour la composition de ce sel, l'une ou 
l'autre des deux formules suivantes : 


C*H*O*Az°CuO ou C:H$OS Az! 2(CuO); 


mais, dit l’auteur, il paraît préférable d'adopter la dernière de ces for- 
mules, parce qu’elle permet d'établir une relation avec le sucre de gé- 
latine. 


L’acide nitro-saccharique étant. . . . . . . .. Sos cr EN .. C'HSOFAzt 

Si l’on retranche l’acide HZDÉTQUE: hs eee Teener An Puce te Le O$A7? 

Dreste A ET QU IN UN te à C*H°0O Az: 

Le sucre de colle dans les séls étant. . . : 4 . . fe ÉOe Dash: C1H°20° Az: 
H:0:. 


Ce qui montre qu’en se combinant avec l'acide azotique, le sucre de 
colle perd plus d’eau qu'il ne devrait en perdre pour passer à l’état dans 
lequel il se trouve dans les sels. 


GÉOLOGIE. — M. Rosrrr adresse quelques considérations sur les causes 
qui ont déterminé le relief actuel de la Suéde et de la Norwége, et donné 
naissance à quelques-unes des grandes îles voisines, notamment à la 
Seclande. 


M. Bonxaronr demande à reprendre pour le rendre plus complet, un 
travail qu'il avait présenté concernant les mouvements de la chaîne des 
osselets de l'ouïe et de la membrane du tympan. Le Mémoire n'ayant pas 
encore été l'objet d’un rapport, sera remis à la disposition de l’auteur. 


M. Bonnaronr adresse en même temps un tableau d'observations mé- 
téorologiques faites à Constantine et comprenant un espace de six mois. 
Nous attendrons pour rendre compte de-ces observations qu'elles embras- 
sent le cours entier d’une année. . 


M. l'amiral Roussin transmet un résumé des observations météorolo- 
giques faites au collége de St.-Benoïît à Constantinople par M. l'abbé 
Dezmas. Le tableau offre la température moyenne de chaque jour 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N°9.) 66 


( 496 ) 
depuis le 1° décembre 1834, jusqu'au 30 juin 1838. Comme rien n'in- 
dique dans ce résumé à quelles heures ont été faites les observations, on 
ne peut savoir si les nombres portés dans les tableaux représentent vé- 
ritablement les moyennes de chaque jour , et il sera nécessaire d'obtenir 
à cet égard des éclaircissements de l’auteur, dont l’arrivée à Paris doit 


être très prochaine. 
A cette occasion, M. Arago fait remarquer combien il serait utile que 


l'Académie fit imprimer des types dans lesquels les voyageurs n'auraient 
plus que des cases blanches à remplir, et d'y joindre des instructions sur 


la manière de faire les observations météorologiques. 
Cette proposition est renvoyée à la Commission administrative. 


Te re - abp __ Û 
M. Procrce écrit qu'il désire faire hommage à l’Académie de fossiles 
d'anciennes formations qu'il a recueillis en Angleterre. 
M. Konizsky adresse sous enveloppe cachetée la description d'un nouvel 
anémomètre. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


À 4 heures 3/4 l'Académie se forme en comité secret. 


M. Grorrnoy Sunr-Hicame, au nom de la section de Zoologie, présente 


M. Frourexs comme candidat pour la place de professeur de physiologie 
comparée, vacante au Muséum d'Histoire naturelle par la mort de M. Fré- 


déric Cuvier. 


M. Cuevreuc, au nom de la section de Chimie, présente une liste de 
candidats pour une place de correspondant vacante dans cette section. 
Les deux élections auront lieu dans la prochaine séance. MM. les 


membres en seront prévenus, par billets à domicile. 


La séance est levée à 5 heures. 


Érratum. (séance du 20 août.) 


Page 377, ligne 3 en remontant, de la farine, Zisez des fraises. 


( 497 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 8. 

Carte géologique du département de la Manche ; par M. ve Caumoxr. 

Anatomie comparée de l'appareil respiratoire dans les Animaux ver- 
tébrés ; par M. LeresouLcer; Strasbourg , in-4°. 

École d'Agriculture et d'Économie rurale du département de la Seine- 
Inférieure (Programme des concours); in-8°. 

Revue critique des Livres nouveaux ; 6° année, n° 8, in-8°. 

Die infusionsthierchen.... Des petits Animaux infusoires et de la 
perfection de leur organisation , avec un atlas de 64 planches coloriées: par 
M. Eurenserc ; Leipzig, in-fol. 

Cenni.... Remarques sur l'organisation et la physiologie des Algues ; 
par M. G. Menseum; Padoue, 1838, in-4°. 

Journal des Connaissances médicales ; 6° année, août 1858, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 34, in-4°. 

Gazette des Hépitaux ; tome 12, n°* 98—100, in-4°. 

Écho du Monde savant, 5° année, n° 363. 

L'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie, n° 58—59 , in-8*.. 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 3 SEPTEMBRE 1838. 


VICE- PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL. 


- __ MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


M. Macex, en présentant à l’Académie le 4° volume de ses Leçons sur 
les phénomènes physiques de la vie, donne, dans les termes suivants, un 
aperçu des sujets qui y sont traités. 

« Ce volume contient une suite d'expériences sur les circonstances phy- 
siques où chimiques qui modifient l’état normal du sang, et particulière- 
ment sur l’influence des boissons, des médicaments, des divers gaz; ex- 
périences qui éclairent d’une maniere positive et inattendue les causes 
jusqu'ici fort obscures de la plupart des maladies graves, et surtout des 
épidémies meurtrières qui se montrent fréquemment dans certaines lo- 
calités. 

» M. Magendie a employé les Infusoires du sérum , Monades et Vibrions, 
à mouvoir les globules du sang sur le porte-objet du microscope. A l’aide 
de ces animalcules, les globules sont tournés et retournés en tous sens 
avec rapidité et cela pendant assez long-temps pour que l’on puisse les 
bien observer et les dessiner sous leurs diverses faces. Mais les infusoires 
n'ont pas la même prédilection pour toute espèce de globules. Si, par 
exemple, on met des infusoires du sang humain avec des globules d’'oi- 
seaux, ils se dirigent bien vers les globules, mais après les avoir pour 

C.R. 1538, 2° Semestre. (T, VII, N° 10.) 67 


( 500 ) 


ainsi dire reconnus, ils s’en éloignent et les abandonnent ; tandis que mis 
en contact avec des globules circulaires, ils les attaquent de toute maniere, 
les poussent, les déplacent, s’établissent dans leur tissu et finissent souvent 
par les diviser et les faire disparaître. Un certain nombre d'expériences ont 
eu pour objet l'étude de la manière dont les globules des diverses sortes 
de sang se comportent les uns par rapport aux autres. 

» Les globules de même forme se réunissent en affectant des modes 
distincts de réunion : les circulaires s'unissent par leur face, les allongés 
par leurs bords; mais on ne voit jamais des globules circulaires $e réunir 
à des elliptiques ; il semble, au contraire , qu'il y ait une répulsion (élec- 
trique peut-être) entre ces deux genres de globules. » 


M. ne Huwrozpr fait hommage à l’Académie d’un Mémoire qu'il a lu ré- 
cemment à l’Académie de Berlin, et qui a pour titre : Observations phy- 
siques sur les volcans de Quito et les autres groupes de volcans de la chaîne 
des Andes. 

Un premier Mémoire sur ce sujet a été publié dans le tome XXX des 
Annales de Poggendorff, de même que le Voyage vers la cime du Chim- 
borazo l'a été dans l'Annuaire astronomique de M. Schumacher, année 1837. 

« La nature et la composition minéralogique des roches de ces volcans 
des Andes, dit M. de Humboldt, les rapprochent des roches de l'Etna. Ce 
ne sont pas des andesites (trachytes et albite), ni des roches feldspathiques, 
mais un mélange de labrador et de pyroxène, véritables roches de do- 
lérite. 

» Le Chimborazo ne renferme ni feldspath ni albite. » 


M. Araco, au nom de la Commission chargée, sur la demande de M. le 
Ministre de la Guerre, de présenter une liste de candidats pour l'explora- 
tion scientifique de l'Algérie, annonce que cette Commission a cru devoir 
remettre jusqu'à la prochaine séance, la présentation de la liste en ques- 
tion, afin de laisser, aux personnes qui auraient le désir de prendre part 
à l'expédition, le temps nécessaire pour faire connaître leur candidature 
et leurs titres, 


( 5or ) 


Note-sur le terrain qui contient le tripoli de Bilin, en Bohéme, par 
M. Éuxe ne Braumowr; suivie de l'examen des débris organiques que ren- 
ferme une des couches de ce terrain, par M. Turrin. 


« Au mois d'octobre dernier j'ai visité le dépôt de tripoli qu’on exploite 
depuis long-temps près de Bilin, en Bohème, et qui est devenu célèbre 
depuis quelques années par les découvertes auxquelles ont conduit les re- 
cherches microscopiques de MM. Fischer et Ehrenberg. 

» Ce tripoli fait partie d’un dépôt tertiaire qui couronne une colline 
située à l’est du hameau de Xuczlin, près de Bilin. 

» La base de cette colline est formée par un calcaire un peu sablonneux 
nommé plaenerkalk, qui correspond à notre craie tufau. 

» Le dépôt tertiaire de la partie supérieure de cette même colline est 
formé de quatre assises distinctes. La première, qui recouvre le plaenerkalk, 
est une argile dont l'épaisseur est de quelques mètres. La seconde, qui a 
4 mètres d’épaisseur, est formée d’un tripoli blanchätre, schistoïde, friable ; 
c’est cette assise qu’on exploite et qui porte le nom de tripoli de Bilin : 
c'est à elle que se rapportent principalement les découvertes de MM. Fis- 
cher et Ehrenberg. La troisième est une couche de glaise jaunâtre de 
4 mètres + d'épaisseur. Enfin, la quatrième, qui couronne la formation du 
tripoli, aussi bien que la colline entière, est un dépôt siliceux schistoide, 
passant au silex corné, auquel on a donné, quand le passage est complet, 
le nom d’halbopal. Ce dépôt siliceux est plus ou moins consistant, sou- 
vent il est friable et se délite en une infinité de petites assises très minces. 
D'autres fois ces petites assises, sans cesser complétement d’être distinctes, 
sont soudées ensemble par un suc siliceux. Ce sont particulièrement ces der- 
nières parties qui passent quelquefois au silex corné ou à l’halbopal. Les 
parties friables sont blanches; mais les parties qui passent au silex corné 
sont souvent rougeûtres. Le terrain que forment ces quatre assises fait pro- 
bablement partie du dépôt tertiaire qui couvre , sur une grande étendue, 
les environs de Bilin, dépôt qui appartient à l’étage moyen des terrains ter- 
tiaires. Il pourrait toutefois être encore plus moderne que le dépôt gé- 
néral qui couvre les environs. Il est environné de plusieurs côtés par des 
basaltes et des phonolites ; mais on n’apercoit aucune connexion entre lui 
et ces roches éruptives. 


» Déjà l’halbopal de Bilin était célèbre par les débris d’infusoires que 
M. Fhrgnbers y a observés. 


67. 


( 5o5 ) 


» Notre confrère M. Turpin, à qui j'ai remis un échantillon imparfaite- 
ment opalisé de la couche supérieure du terrain du tripoli, a bien voulu, 
à ma prière, l’examiner au microscope, et m’a remis dans la note ci-jointe 
le résultat de son examen. » 


Note de M. Turrn. 


« Cette roche, qui a l'aspect d’un Tripoli, est d’un blanc jaunätre ou 
légèrement verdâtre par place; de grandes taches ferrugineuses se montrent 
ca et là à la surface. Elle est dure, sonore, et d’un poids remarquable. Sa 
cassure est courte et assez lisse; elle fait voir un grand nombre de couches 
tres minces qui, le plus souvent, se distinguent par des lignes ferrugi- 
neuses qui indiquent les différentes surfaces sur lesquelles se sont assises, 

ar voie de sédiment, les couches successives qui constituent la masse de 
cette roche formée sous les eaux. En se formant ainsi, toutes sortes de corps 
étrangers ont pu se trouver empätés dans ce dépôt. 

» Pulvérisée en particules, et examinée au microscope, nous l'avons 
trouvée peu riche en corps organisés , au moins dans la portion soumise à 
l'observation : quelques globules vésiculaires d'un jaune orangé apparte- 
nant au genre Profococcus , fig. aa; d'autres globules noirâtres, comme 
striés, fig.  b, qui paraissent avoir été des coques d'œuf de quelques 
animalcules infusoires , et dont l’une, la plus grosse, est cassée; quelques 
bouts de filament, fig. c c, qui sont bien évidemment des débris de corps 
organisés, mais que l'on ne peut rapporter avec précision à aucune espèce ; 
une patte d'insecte, fig. d, très probablement d’un Acarus, tenant encore à 
quelques débris du corps de l’animal. La patte se composait de quatre ar- 
ticles inégaux, dont le dernier paraissait se terminer par un seul ongle; les 
deux derniers étaient munis, chacun, de trois poils rigides, longs, un 
peu courbés, et partant d'un bulbe globuleux. Les débris consistaient en 
des portions de peaux cornées, finement striées, et en quelques globules 
graisseux éparpillés. 

» Les particules irrégulières, résultant du bris de la roche, paraissent 
les unes incolores et transparentes, les autres plus opaques et colorées en 
jaune d’ambre plus ou moins foncé. C’est à ces dernières que sont dues 
les taches couleur de rouille que cette roche présente, soit à sa surface 
extérieure, soit dans les lignes transversales de ces couches. 

» L'important ici était de s'assurer si cette formation contenait ou ne 
contenait pas des corps organisés. Elle en contient, et pour en trouver de 
plus grandes quantités, il ne suffit probablement que de chercher plus long- 


302 


2 Semestre CR pag 


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( 503 ) 


temps {1); car il est presque impossible que dans ce travail, fait au-dessous 
des eaux, et par précipitation de molécules sous forme de couches sédi- 
menteuses, les corps organisés morts, entiers ou fragmentés, ne soient 
pas descendus et ne se soient pas trouvés ensevelis successivement dans 


l'épaisseur de la roche (2).» 


Économie RURALE. — /ers à soie du Bengale. — Extrait d’une Note de 
M.» Ho pR ae: 


M. d'Hombres-Firmas rend compte, dans cette Note, des résultats de 
l'éducation qu'il a faite de vers à soie du Bengale, provenant d'œufs rap- 
portés par la corvette /4 Bonite , et qui lui avaient été remis par M. le 
Ministre de l'Agriculture et du Commerce. 

Ces œufs, qui tenaient encore au papier sur lequel ils avaient été 
pondus , étaient venus de l'Inde, les uns dans des vases fermés her- 
métiquement, d’autres simplement enveloppés dans du papier, d’autres 
enfin dans l’intérieur de tronçons de bambou. Les vers provenant de ces 
trois catégories d'œufs ont été séparés; cenx de la dernière ont offert le 
moins de perte dans l’éclosion, cette perte n'ayant été que de o,3, tandis 
que pour la seconde elle a été de 0,7, et pour la premiere de 0,4. Les vers 
de la dernière catégorie ont été aussi plus hâtifs et ont mieux réussi 


(:) Pour des fossiles microscopiques, notre morceau de roche de deux pouces environ, 
représente une contrée de plusieurs lieues pour les fossiles des grands végétaux. et des 
grands animaux. Les deux cas offrent le même intérêt scientifique. 

(2) On distribue à Berlin de petits morceaux de vase séchée, dans lesquels se trouvent 
mélangées des carapaces siliceuses qui ont appartenu à différentes espèces d’infusoires 
du groupe des Bacillariées. Ces petites portions de vase, dont nous avons recu de se- 
conde inain quelques échantillons, n’offrent que bien peu d'intérêt; car il est tout 
simple que tout dépôt vaseux, formé au fond des eaux, contienne tout ce qui a été 
susceptible de se conserver après la destruction et la précipitation des corps organisés à 
mesure que la vie les abandonne. C’est Ainsi que les innombrables Bacillariées, en 
mourant, tombent sans cesse de leur propre poids à la surface des vases et qu’elles s’y 
trouvent successivement recouvertes par d’autres, et comme liées entre elles, soit par 
de la matière organique dissoute , soit par la poussière psp et constamment ap- 
portée par le vent à la surface des eaux. 

C’est dans des fèces semblables, dans les vases ou sur les vases du canal d’Harfleur, 
près du Havre, que nous trouvions, sans étonnement, il y a plus de douze ans, les ma- 
gnifiques carapaces siliceuses , striées et transparentes de la famille des Surirellées (Su- 
RIRELLA sérialu la, Turp. Mém. du Mus., t. XVI, pl. 15, et Dict. des Scienc. nat., Atl., 
tom, IT Pl. 3), et de tant d’autres espèces qui s’y trouvaient également ensevelies. 


( 504 ) 


que ceux des deux autres. D'ailleurs, pour les uns comme pour les autres, 
ce n’est qu'a l'approche de la quatrième mue qu'il a commencé à mourir 
des vers. Ceux qui se sont bien portés jusqu’à la fin n'étaient pas plus 
gros au moment de monter que ne le sont à leur quatrième mue nos 
vers à soie ordinaires, auxquels, à cela près, ils ressemblent en tout. 

La récolte entière s’est composée de 203 cocons, dont 151 blancs: 
tous sont petits, allongés, pointus; ils paraissent, à tous égards, infé- 
rieurs à ceux de nos vers à soie ordinaires. « C’est, dit M. d'Hombres-Firmas, 
l'opinion de nos principaux filateurs, qui d’ailleurs pensent, comme moi, 
que ce n’est pas sur un premier essai fait si en petit qu’on doit les juger. » 
EnromoLoGir. — Mémoire pour servir à l'histoire de l'industrie et des 
métamorphoses des Odynères, et description de quelques nouvelles espèces 
de ce genre d'insectes; par M. Léon Durour, correspondant de l’Académie. 


« L'industrie et les métamorphoses de ce genre d'insectes, dit M. Léon 
Dufour, dans la lettre qui accompagne son Mémoire, avaient été déjà 
l'objet d’intéressantes recherches de la part de Réaumur; mais depuis ce 
grand observateur, cet observateur modèle, la science était demeurée sta- 
tionnaire sur ce point. Mon travail, en même temps qu’il confirme l’exacti- 
tude des faits avancés par Réaumur, vient les corroborer par l'exposition 
de l’industrie analogue, mais distincte, de quelques Odynères nouveaux. » 

D'après la demande de M. Léon Dufour, ce Mémoire est renvoyé à l’'exa- 
men d’une Commission. 

MM. Duméril et Audouin sont chargés d’en rendre compte à l’Aca- 
démie. 


RAPPORTS. 


Rapport sur un Mémoire ayant pour titre : Recherches sur les eaux 
minérales des Pyrénées; par M. Foxran. 


(Commissaires , MM. Richard et Pelouze.) 


Ce Mémoire est divisé en deux parties distinctes, l’une qui traite 
de l'examen chimique des eaux des Pyrénées, l’autre de l’étude microsco- 
pique des productions végétales qui s’y développent. 


( 505 ) 


Rapport sur la partie qui traite des substances azotées organisées ou anor- 
ganiques contenues dans ces eaux. 


(M. Richard, rapporteur.) 


« La plupart des eaux minérales froides ou thermales contiennent des 
espèces variées de végétaux confervoides qui s’y développent naturelle- 
ment, et qui souvent ne peuvent vivre ailleurs que dans ces eaux. Parmi 
ces végétaux plusieurs se trouvent à la fois dans des sources de nature 
différente; d’autres, au contraire, appartiennent exclusivement à l’une de 
ces eaux et ne se montrent que dans celles qui ont la même composition 
chimique. Il y a plus, quelques-unes de ces plantes ont besoin d’un cer- 
tain degré de température au-dessus ou au-dessous duquel elles cessent de 
se montrer. C’est ainsi, pour n’en citer qu'un exemple, que la Sulfuraire, 
espèce d’Oscillariée nouvelle que M. Fontan nous fait si bien connaître 
dans son Mémoire, ne se trouve que dans les eaux sulfureuses, et à be- 
soin, pour s'y développer et y vivre, d’une température qui ne soit pas 
supérieure à + 40° ni inférieure à 15° cent. 

» M. le D' Fontan a étudié les végétaux confervoides qui existent dans 
les eaux sulfureuses , dans les eaux salines , et enfin dans les eaux salées 
des Pyrénées, et comme ces végétaux ne sont pas les mêmes dans ces 
trois espèces d'eaux, nous allons, en suivant l’auteur, les examiner ici 
successivement. 

» I. Les eaux minérales sulfureuses des Pyrénées contiennent en dissolu- 
tion une matière azotée et visqueuse qui leur communique une certaine 
onctuosité. Dans le plus grand nombre des cas cette matière existe en très 
faible proportion, et cette proportion, variable dans les diverses sources, 
ne peut être rigoureusement déterminée. L'eau qui a séjourné pendant 
quelque temps dans les bassins ou les canaux de conduite, y dépose sur 
leurs parois un enduit quelquefois assez épais d’une matière visqueuse 
semblable à du blanc d'œuf, et qui est évidemment produite par le 
dépôt de la matière gélatiniforme que ces eaux tiennent en dissolution. 
C’est cette matière que M. Longchamp a fait connaître sous le nom de 
Barégine , dans un Mémoire lu à l’Académie des Sciences, le 12 août 1833. 
C’est li même substance que M. Anglada avait nommée Glairine , à cause 
de son aspect et de sa grande viscosité. 

» La Barégine se montre quelquefois mélangée de filaments extrème- 
ment grèles et blancs, qui s’allongent sous la forme de longues houppes 


( 506 ) 


soyeuses, et flottent soit à la surface des eaux, soit sur les parois des bas- 
sins où elles ont séjourné. 

» Notre honorable collègue, M. Robiquet (séance du 17 mars 1835) 
ayant observé dans les eaux de Néris une matière onctueuse se réunissant 
en masses irrégulières et verdâtres, flottant à la surface des eaux, ou tapis- 
sant les bassins, crut qu’elle était la même que celle trouvée par M. Long- 
champ dans les eaux sulfureuses de Barèges. Mais, cependant, il signala 
entre ces deux matières des différences de composition chimique assez 
notables , et infirma plusieurs des opinions émises par M. Longchamp 
sur l’origine et la nature de cette production. Selon notre collègue, par 
exemple, la matière glaireuse produite par les eaux thermales (la Baré- 
gine) n'existe pas en dissolution dans l’eau à l’état où elle se manifeste 
à nos sens. 

» M. Dutrochet (séance du 26 octobre 1835) ayant soumis à l'examen 
microscopique la Barégine recueillie à Néris, par M. Robiquet, reconnut 
qu’elle était formée de deux plantes confervoides mélangées appartenant 
au grand genre des Oscillaires (les Ænabaina monticulosa , et 4. therma- 
lis) de M. Bory de Saint-Vincent. Selon M. Dutrochet, le nom de Baré- 
gine devrait être banni de la science, puisqu'il s'applique à deux produc- 
tions végétales déjà connues. 

» Mais M. Turpin, dans un Mémoire lu à l’Académie, dans la séance du 
4 janvier 1836, vint jeter un jour tout nouveau sur cette question. Ayant 
fait un examen comparatif des deux matières recueillies lune par M. Long- 
champ, dans les eaux sulfureuses des Pyrénées, l’autre dans les eaux al- 
calines de Néris, par M. Robiquet, et que l’on avait à tort désignées sous 
le nom commun de Barégine, démontra que ces deux matières étaient 
entièrement différentes. La première (la Barégine de M. Longchamp) se 
compose de deux substances , 1° une matière muqueuse dans laquelle k 
microscope ne montre aucune organisation appréciable; 2° des sporules 
globuleuses ou ovoides, enveloppées dans ce mucus et formant des fila- 
ments blancs, simples, non cloisonnés, début d’une végétation confer- 
voide. 

» La Barégine de Néris au contraire se compose de membranes minces 
et transparentes, formées d'un grand nombre de filaments très ténus, en- 
trelacés et agglutinés les uns avec les autres et de nombreux individus fila- 
menteux moniliformes creux et contenant de la matière verte, de laquelle 
seule dépend la couleur des masses vues à l'œil nu. Cette production n’est, 
selon M. Turpin, que le Nostoch thermalis des auteurs. 11 résulte de cette 


(507) 


étude microscopique, 1° que la Barégine de M. Longchamp, la seule 
qui doive retenir ce nom, est une matière amorphe, gélatineuse, trans- 
parente et presque incolore; 2° que la prétendue Barégine des eaux 
de Néris est un végétal d’une organisation très appréciable, connu 
depuis long-temps sous le nom de Nostoch thermalis. On voit que l’opi- 
nion de M. Turpin sur cette dernière matière est différente de celle de 
M. Dutrochet. 

» Tel était l’état de la question sur la Barégine, lorsque M. le D: Fontan 
présenta à l’Académie, dans la séance du 27 mai 1837, un extrait de son 
grand travail sur les eaux sulfureuses des Pyrénées. Lorsque la Barégine, 
c’est-à-dire le dépôt gélatineux de la matière azotée dissoute dans les eaux 
sulfureuses, est exposée à l’action de l'air et à une température moyenne 
qui varie de 15° à + 35° cent., on voit se développer à sa surface une 
matière composée de longs filaments blancs, simples et d’une excessive té- 
nuité, s'étendant tantôt sous la forme de queue ou de crinière, tantôt de 
houpes, ou enfin avec la forme rayonnante d’une Actinie ou d’une fleur 
radiée. Cette matière blanche et filamenteuse avait été vue par MM. Long- 
champ, Turpin, et quelques autres observateurs, qui tous l'avaient con- 
fondue avec la Barégine. M. le D' Fontan l'en distingue avec juste raison, 
et lui donne le nom deSulfuraire. La Barégine est une substance anorpa- 
nique amorphe, gélatiniforme, tenue en dissolution dans l’eau minérale et 
se déposant sous l'aspect d’une gelée. La Sulfuraire est un être organisé et 
vivant, un végétal confervoïde, dont l’organisation est très distincte : exa- 
minée au microscope, la Sulfuraire se montre composée de filaments d’une 
ténuité extrême, d’un 400° à un 1200° de millimètre de diamètre. Ces fila- 
ments sont autant de tubes cylindriques, incolores, simples, nou cloisonnés 
intérieurement et contenant des corpuscules globuleux demi opaques, tous 
à peu près de même diamètre, communément placés les uns à Ja suite des 
autres dans les individus frais et encore jeunes, ou séparés et plus ou 
moins écartés vers les extrémités des tubes, dans les individus plus près 
du terme de leur végétation. 

» Ces caractères que vos Commissaires ont vérifiés un grand nombre 
de fois, sur les matières qui leur ont été remises par M. Fontan, indi- 
quent de très grands rapports entre la Sulfuraire et le genre Anabaina de 
M. Bory de Saint-Vincent, genre formé aux dépens des Oscillaires de 
Vaucher. Peut-être même pourrait-on la considérer comme devant y être 
réunie; à moins qu'on ne regarde la forme cylindrique et non étranglée 
et moniliforme des tubes et l'égalité de grosseur des globules qui y sont 

C. R. 1838, 22 Semestre. (T. VII, NO 40.) 68 


( 508 ) 


contenus, comme des caractères suffisants pour faire de la Sulfuraire un 
genre distinct des autres Oscillariées. 

» D'ailieurs la Barégine est toujours en proportion de la quantité des 
principes sulfureux des sources. Il n’en est pas de même de la Sulfuraire, 
qui, au contraire, ne se développe que sous l'influence d’une température 
donnée. Les sources sulfureuses trop chaudes ou celles dont la tempéra- 
ture est trop basse, n’en contiennent jamais. Mais si les premières se re- 
froidissent, soit en s’écoulant à l’air libre, soit en se mélant à des eaux 
froides, la Suliuraire se montre aussitôt. Pour cela il ne faut qu’une tem- 
pérature moyenne de +15 à 35° centigr. Ainsi à Ax, toutes les sources 
dont la température est de 6o à 75°, n’en contiennent aucune trace; celles 
au contraire dont la température est inférieure à +45° centigr., en pré- 
sentent constamment. Dans l'établissement du Tech, la source de l’Étuve 
offrant une température de + 50°,50 centigr., ne présente pas de Sulfu- 
raires. L'eau de cette source se rend dans un canal qui la perd dans une 
petite rivière d’eau froide, Pan des affluents de l’Arriége. Au point de con- 
tact des deux eaux, la température se trouve subitement abaissée et l’on 
voit des plaques de Sulfuraire couvrir les pierres du lit de la rivière. Ainsi 
la Sulfuraire a besoin d’une température moyenne pour se développer et 
vivre, et ce n’est que là où elle la trouve, qu’on la voit se former en s'at- 
tachant constamment à quelque amas de Barégine qui lui sert de point de 
départ et de terrain pour-végéter. En effet, l'une des extrémités des tubes 
de la Sulfuraire s'enfonce constamment dans la masse gélatiniforme, sans 
que l’auteur ait pu discerner avec une netteté convenable, le mode précis 
de séparation entre ces deux substances. 

» Tant que la Sulfuraire reste soustraite à l’action directe de la lumière 
solaire, elle conserve sa belle couleur blanche et nacrée. Mais si la quan- 
tité de liquide qui la recouvre vient à diminuer, et surtout si les filaments 
sont exposés à la lumière directe du soleil, on les voit se colorer en brun, 
en rouge, où en vert plus.ou moins foncé. C'est ce que M. Fontan a ob- 
servé à Cauterets , dans le canal de vidange de la source de César. L'auteur 
s’est assuré par un grand nombre d'observations précises que telle était la 
cause de la coloration de la Sulfuraire et que c’était à tort que M. Longchamp 
l'avait attribuée au mélange de l'eau sulfureuse avec les eaux froides. 

» Dans cet état de. coloration accidentelle, la Sulfuraire semble avoir 
déjà subi un commencement de décomposition, et ses filaments sont mé- 

langés, comme nous l'avons reconnu, d’autres productions confervoïdes, 


qui demandent à être étudiées avec soin. 


( 509 ) 


» Ainsi le travail de M. Fontan établit de la manière la plus positive que 
la Barégine, telle qu’elle avait été observée à Barèges et dans les autres 
sources sulfureuses des Pyrénées, se compose de deux substances différentes: 
1° la Barégine proprement dite, matière anorganique azotée et gélatini- 
forme; 2° la Sulfuraire, végétal confervoide qui vient prendre sa place au- 
près du genre Anabaïna, dans la tribu des Oscillariées, et qui paraît être 
le seul que renferment les eaux sulfureuses des Pyrénées. Néanmoins nous 
croyons pouvoir ajouter, d'aprés les observations que nous avons été à 
même de faire avec les matériaux que l’auteur a mis à notre disposition, 
que quand la Sulfuraire se colore par suite de son exposition à la lumière 
directe, il se développe dans les masses filamenteuses qu’elle forme quel- 
ques autres planies confervoides non encore déterminées et sur lesquelles 
nous appellerons l'attention de M. Fontan lui-même. 

» C’est ainsi que nous avons vu, 1° des filaments tubuleux simples 
d’une belle teinte verte, sans aucune apparence de granulations ni de cloi- 
sons intérieures ; 2° des tubes assez gros, simples, tantôt incolores, tantôt 
verts où bruns, sans articulations, couverts de petits tubercules et de fila- 
ments transparents, très ténus et incolores, qui en naissent comme d’une 
tige commune. Le temps et le manque de matériaux convenables ne nous 
ont pas permis de préciser davantage la nature de ces productions végé- 
tales; mais nous ne doutons pas que M. Fontan, qui va se fixer dans les 
Pyrénées, n’y poursuive ses intéressantes recherches et n’éclaircisse bientôt 
tous nos doutes sur ce point. 

» IT. Les eaux salines des Pyrénées contiennent en général des plaques 
d’une matière onctueuse et verdâtre, que la plupart des auteurs qui les 
ont examinées superficiellement considèrent comme de la Barégine altérée. 
Mais M. le D’ Fontan, en s’aidant dans ses recherches de l'analyse mi- 
croscopique, a reconnu jusqu'à six végétaux différents dans cette préten- 
due barégine altérée. Parmi eux nous citerons : 1° les Oscillaria major 
et O. nigra; 2° les Zygnema genuflexum et Z. quininum de Lyngbye, genre 
si remarquable par l’espèce d’accouplement que présentent ses tubes au 
moment où les organes reproducteurs acquièrent leur dernier degré de 
développement. 

» IL. Enfin, c'est dans les eaux salées ou chlorurées de la même 
chaîne que M. le D' Fontan a découvert une fort belle espèce du genre 
Scytosiphon de Lyngbye, qu'il considère comme nouvelle, et qu’il nomme 
Scytosiphon fusiforme. Ce sont des tubes simples, d'environ un dixième 
de millimètre de diamètre, sans cloisons intérieures, offrant dans l’épais- 

68.. 


( ho) 
seur même de leurs parois incolores et transparentes des plaques irrégu- 
lièrement quadrilatères remplies de granulations vertes et disposées en 
séries longitudinales. Toutes les autres espèces de ce genre croissent atta- 
chées sur les rochers baignés par les eaux de la mer. Aussi M. le D' Fontan 
n'a-t-il observé son Scytosiphon fusiforme que dans les eaux de Salies, 
arrondissement de Saint-Gaudens, eaux qui contiennent une proportion 


très notable de sel marin. » 


Rapport sur la partie qui traite de l'examen chimique des eaux. 
(M. Pelouze rapporteur.) 


« Les sources que M. Fontan a visitées, au nombre de cent - vingt, 
sont situées dans vingt-deux communes appartenant aux quatre dépar- 
tements de l’Arriége, de la Haute-Garonne, des Hautes et Basses- 
Pyrénées. 

» M. Fontan partage ces sources en quatre grandes séries : 

» 1°. Les sources sulfureuses; 

» 2°. Les sources ferrugineuses; 

» 3°. Les sources salines; 

» 4e. Les sources salées ou chlorurées. 

Aucune ne contient, suivant l’auteur, assez d’acide carbonique libre 
pour devoir être considérée comme gazeuse , et c'est par méprise que l’on 
avait compris dans cette classe les eaux de Bagnères et d’Audinot, car les 
neuf dixièmes du gaz, d’ailleurs peu abondant, qui s’en dégage, soit 
spontanément, soit par l’ébullition, sont de Pazote. 

» Les sources sulfureuses sont les plus nombreuses et les plus impor- 
tantes. Ce sont aussi celles que M. Fontan a examinées avec le -plus de 
soin ; elles appartiennent à deux groupes bien distincts. Tantôt,-et c’est le 
cas le plus fréquent, elles présentent le principe sulfureux dans tous les 
points de leur cours ; tantôt elles n'acquièrent ce caractère que par leur 
passage à travers des matiéres organiques en décomposition. Les pre- 
mières sont les eaux sulfureuses naturelles, les secondes sont acci- 
dentelles. 

» Elles diffèrent d’ailleurs par beaucoup de points. 

» Les eaux sulfureuses naturelles des Pyrénées naissent toutes dans le 
terrain primitif ou sur les limites de ce terrain et du terrain de transition. 

» Les eaux sulfureuses accidentelles prennent toujours naissance dans 


les terrains secondaire et tertiaire. 


6, 


( b11) 

» Leur composition chimique est toujours très différente. 

» Les eaux sulfureuses accidentelles sont , en général, froides , ou sielles 
sont chaudes, on trouve à côté la source saline. chaude qui décéle leur 
origine. 

» M. Fontan cite plusieurs exemples remarquables de la rapidité avec 
laquelle une eau primitivement saline peut se transformer en une eau 
sulfureuse accidentelle. Il démontre qu'il suffit pour cela qu’elle soit en 
contact quelques heures avec de la tourbe ou de la sciure de bois altérée, 
Il proscrit avec raison de la thérapeutique ces eaux bourbeuses et infectes, 
ces infusions de vase dont maint docteur abreuve impitoyablement ses 
malades. « 

» Lorsque M. Fontan visita, en 1836, les ‘sources de Bagnères-de- 
Bigorre, on venait de découvrir une nouvelle source ‘sulfureuse au bord 
de l’'Adour, dans le voisinage d’une papeterie. Déjà les vertus miraculeuses 
de cette eau avaient été proclamées au loin, les médecins du lieu en or- 
donnaient en boisson à leurs malades, et, pour prêcher d'exemple, en fai- 


_Saient eux-mêmes d’abondantes libations. 


» La ville voulait acheter cette source au Propriétaire et l’on parlait 
d'y construire un grand établissement. M. Fontan examina avec atten- 
tion le terrain que traversait cette au, y reconnut un banc de tourbe, 
le fit enlever et au bout de quelques heures la source sulfureuse avait 
disparu. 

» Mais ce qu’il y a de véritablement neuf et d’original dans la partie 
chimique du Mémoire de M. Fontan, se rapporte à la nature du principe 
sulfureux des eaux naturelles des Pyrénées, et à quelques phénomènes 
jusqu'ici mal connus qu’elles présentent. 

» Des analyses nombreuses lui ont appris que les sources les plus riches 
en principe sulfureux , sont -situées auprès des vallées les plus longues et 
des montagnes les plus élevées. Il a joint à son Mémoire un tableau com- 
paratif de la hauteur des montagnes primitives en face desquelles on 
trouve les sources et de la quantité de soufre en combinaison dans ces 
eaux. ; 

» Toutes les personnes qui ont visité les sources des Pyrénées ont pu 
remarquer combien les propriétés physiques de leurs eaux sont suscep- 
tibles de variation. Celles de Bagnères-de-Luchon blanchissent , celles 
d'Ax deviennent bleuâtres, celles de Cadéac lactescentes ; les eaux de 
Molich louchissent. Beaucoup de chimistes et particulièrement Bayen, 
en 1766, ont vainement cherché la véritable cause de ces phénomènes. 


( 512 ) 

» M. Fontan a été assez heureux pour la trouver : nous le croyons au 
moins, car ses expériences paraissent avoir été conduites avec beaucoup 
de soin , et les conséquences qu'il en a tirées sont toutes naturelles. 

» L'eau de la Reine , à Bagnères-de-Luchon, de transparente et d’inco- 
lore qu’elle est à sa source, devient jaunätre sans perdre sa transparence, 
pure, blanche et opaque, pour redevenir encore une fois incolore et 
transparente. 

» Cette eau contient de l’hydro-sulfate de sulfure de sodium, et tant 

ue ce sel n’est pas altéré, l’eau reste incolore. Devient-elle jaunâtre, 
elle doit cette couleur au polysulfure de sodium résultant de laction 
de l'air sur l’'hydro-sulfate de sulfure, et jusque là pas de trouble. 

» L'air affluant de nouveau , plus librement et en plus grande quantité, 
le polysulfure de sodium se détruit, une partie du soufre qu'il renfermait 
devient libre, se sépare, et de là vient le blanchiment des eaux de Ba- 
gnères-de-Luchon. Peu à peu le soufre se dépose, et comme il était la seule 
cause du trouble de l’eau, celle-ci redevient transparente : elle redevient 
également incolore, car elle ne contient plus de polysulfure de sodium. 

» Les phénomènes de coloration ou de précipitation offerts par les autres 
eaux des Pyrénées sont dus à des causes semblables. Nous en dirons au- 
tant de certaines réactions résultant du mélange de quelques-unes des eaux 
des Pyrénées. 

» Lorsque l’eau de la source de la Reine est devenue blanche, elle re- 
prend sa transparence par l'addition de l’eau de la Grotte, et leur mélange 
conserve une couleur jaune verdâtre. Dans ce cas, l’hydro-sulfate de sul- 
fure de sodium de l’eau de la Grotte dissout le soufre de l’eau de la Reine, 
qui s'était précipité; et il se forme une certaine quantité de polysulfure 
auquel le nouveau mélange doit sa coloration. 

» L'auteur déduit de ces altérations diverses du principe sulfureux des 
eaux des Pyrénées des conséquences qu’il considère comme importantes 
dans l'application de ces eaux à l'art de guérir. Il est certain que si 
c’est au soufre tenu en dissolution qu'il faut rapporter les propriétés mé- 
dicales de ces eaux, il est fort.utile de le suivre partout, comme l’a fait 
le docteur Fontan, et aujourd’hui, grâce à ses expériences, la chose est 
devenue plus facile. 

» M. Fontan a signalé dans la fontaine dite d’Angoulème, à Bagnères- 
de-Bigorre, une substance qui avait échappé aux nombreux chimistes qui 
avaient fait avant lui l’analyse de l'eau de cette source. Cette substance est 
l'acide crénique. C’est à sa présence qu'est due la dissolution de fer qu'on 


( 513 ) 

rencontre en quantité considérable dans la source d'Angoulême. Cette 0b- 
servation est d'autant plus intéressante, qu’on ne savait jusque-là à quelle 
circonstance attribuer la solubilité de l’oxide de fer de la source d’Angou- 
lême. 

» M. Fontan appuie sur l'importance de tenir un grand compte de [a 
température dans l’action des bains d’eau thermale : action qui dans quel- 
ques cas doit avoir , selon lui, tous les honneurs de la cure; il signale des 
Sources qui produisent des résultats analogues dans certaines maladies , 
parce qu’elles ont une même température, quoique leur composition chi- 
mique soit tout-à-fait différente, tandis que les eaux dont la composition 
est la même, produisent des effets qui varient avec leur température. Les 
observations thermométriques de l’auteur sont nombreuses et faites avec 
beaucoup de soin. , 

» En résumé, le Mémoire de M. Fontan renferme un grand nombre 
d'observations diverses faites avec persévérance et précision. Nous le croyons 
digne de l'approbation de l’Académie. Nous avons l'honneur de lui pro- 
poser d'engager M. Fontan à poursuivre ses recherches sur tout ce qui 
peut éclairer l’histoire des eaux minérales des Pyrénées, en suivant tou- 
jours, comme: il l’a fait jusqu’à présent, la voie de l'observation et de 
l'analyse. » 

Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin » à l'élection d’un candidat 
pour la chaire de physiologie comparée, vacante au Muséum d'histoire na- 
turelle, par suite du décès de M. Frédéric Cuvier. j 

Le nombre des votants est de... ... .. 38 

M. Flourens obtient, ...,... 36 suffrages. 


M: Frourens ayant réuni l'unanimité des suffrages , est proclamé candi- 
dat de l'Académie. 


On procède également » Par voie descrutin , à l'élection de deux membres 
chargés de la révision des comptes de 1837. 
MM. Poncelet et Cordier réunissent la majorité des suffrages. 


(514) 


MÉMOIRES LUS. 


GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE.—Sur la distribution géographique des crustacés; 
par M. Mine Epwanps. (Extrait par l’auteur.) 


(Commissaires, MM. de Blainville, Flourens, Audouin.) 


« La distribution géographique des animaux et des plantes est un point 
d'histoire naturelle qui intéresse également le physiologiste et le géologue. 
En étudiant la manière dont les êtres vivants sont répartis à la surface du 
globe, on portera certainement une grande lumière sur l'influence que 
les agents physiques exercent sur l’organisation; on fournira, peut-être, 
d’utiles matériaux pour la solution de la question tant débattue de l'inva- 
riabilité ou de la transmutation des espèces, et l’on obtiendra des termes 
de coRpanon pour juger de l’état ancien de la terre d’après les fossiles 
qui s’y trouvent enfouis. Un sujet qui touche la science par tant de points 
à la fois, ne pouvait manquer d’attraits pour les esprits philosophiques, 
et a dù nécessairement fixer l'attention d’un grand nombre de natura- 
listes; en effet, une longue série de savants dont les noms se répètent 
trop souvent ici pour j'aie besoin de les citer, y ont tour à tour consacré 
leurs veilles, et cette étude, quoique d’une origine toute récente, a fait 
déjà, en ce qui concerne le règne végétal, d'immenses progrès. 

» La géographie zoologique a été moins activement cultivée, et cepen- 
dant elle est déjà riche d’aperçus pleins d'intérêt. Buffon ouvrit aux zoolo- 
gistes cette voie nouvelle, mais ses travaux et les observations des natura- 
listes qui l'ont suivi, ne portent guère que sur des animaux terrestres, et à 
peine a-t-on hasardé quelques vues isolées sur la manière dont se trouvent 
réparties, au milieu des eaux, les myriades d'animaux inférieurs dont la 
mer fourmille. Dans une question de cette nature, on ne peut cependant 
négliger une branche sans que le progrès des'autres ne s’en ressente, et 
pour que l'étude de la distribution géographique des êtres vivants porte 
tout le fruit qu'on est en droit d’en attendre, il faut qu’elle les embrasse 
tous. 

» Occupé, depuis plusieurs années, d’un travail général sur les crus- 
tacés, j'ai été naturellement conduit à comparer ces animaux entre eux, 
non-seulement sous le rapport de leur structure anatomique et de leurs 
caracteres zoologiques, mais aussi sousle point de vue de leur distribution à 


( 515 ) 


la surface du globe, sujet sur lequel la science ne possède presque rien. 
Pour ces recherches j'ai mis à contribution les écrits des autres natura- 
listes, et j'ai passé en revue plusieurs milliers de crustacés provenant de 
presque toutes les parties du monde et conservés dans les principales col- 
lections de la France, de l'Angleterre et de l'Italie. Néanmoins, les résul- 
tats généraux que j'ai.pu en déduire sont certainement très incomplets et 
seront peut-être modifiés par les observations ultérieures; je ne les pré- 
sente donc qu'avec réserve, mais ils me paraissent trop nets pour ne pas indi- 
quer les tendances réelles dela nature et, du reste, quelle que soit leur va- 
leur, ils seront, je Pespère, utiles à la science, en appelant l'attention des 
zoologistes sur des questions trop négligées jusqu'ici. 

» Dans la première partie de ce travail j'examine la manière dont les 
différentés espèces sont réparties à la surface du globe; je compare les 
faunes carcinologiques des diverses mers, et je fais voir qu'il existe, pour 
ces animaux, un certain nombre de régions bien distinctes-dont la popu- 
lation se compose en partie d'espèces qui ne se rencontrent pas ailleurs, 
en partie d'espèces qui leur sont communes avec d’autres parages. Enfin, 
je me vois conduit à regarder ces régions comme autant de foyers de 
création, où, parmi les espèces produites, les unes sont restées séden- 
taires dans leur patrie primitive, tandis que les autres ont été au loin se 
mêler aux habitants des régions voisines. 

» Dans l’état actuel de la science il est impossible de déterminer toutes 
les régions zoologiques auxquelles doivent étre rapportés les divers crustacés 
répandus à la surface du globe, mais on peut déjà en reconnaître un assez 
grand nombre. Ainsi, dans les mers d'Europe, on compte trois régions 
bien caractérisées ; les côtes du Sénégal paraissent appartenir à une qua- 
trième région dont il faudra peut-être distinguer les îles Canaries; les 
eaux de l'ile de France sont le centre d'une cinquième région; les mers 
de l'Inde et de l'Archipel d’Asie en forment une sixième qu'il ne faut 
confondre ni avec la région du Japon ni avec celle occupée par la Nou- 
velle-Hollande, la Nouvelle-Zélande et les terres voisines. Les parages des 
iles Gallapagos paraissent constituer, sous le rapport des crustacés qui les 
häbitent, une autre région particulière. Il en est de même pour le Chili 
et les terres Magellaniques. Enfin , les Antilles, la portion septentrionale 
des États-Unis d'Amérique et les côtes du Groënland forment encore autant 
de régions distinctes. Le nombre de ces régions carcinologiques, actuel- 
lement constatées, serait donc de treize, mais il est probable que par la 
suite on sera obligé de les multiplier davantage. 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 40.) 69 


( 516 } 


» Je craindrais de dépasser les limites d’un extrait si j’exposais ici 
tous les faits particuliers sur lesquels reposent ces conclusions, et j'ajou- 
terai seulement que, dans mon Mémoire, j'examine successivement Ja 
composition de la faune carcinologique de chacune de ces divisions 
géographiques, et je donne, sous forme de tableaux, les principaux 
éléments qui ont servi de base à mon travail. 

» Si maintenant nous comparons entre eux les crustacés de ces diffé- 
rentes régions, nous verrons que les individus d’une même espèce sont 
presque toujours rassemblés dans des mers voisines, et pour ainsi dire 
cantonnés dans des régions limitrophes. La plupart de ces animaux ne se 
rencontrent pas à une distance considérable des eaux où ils semblent avoir 
été primitivement placés; et, en général, une grande étendue de haute 
mer est un obstacle qui arrète leur dissémination. En effet, rien n’est plus 
rare que de trouver la même espèce sur des points de la surface du globe 
très distants entre eux, et, à l'exception d’un petit nombre qui sont essen- 
tiellement pélagiennes, je n’en connais aucune qui soit commune aux 
mers d'Europe et aux côtes des États-Unis d'Amérique et des Antilles, ou 
qui habitent en même temps ces derniers parages et l'océan Indien. Les 
crustacés non pélagiens des mers d’Asie sont également tous différents de 
ceux du littoral européen. Enfin, les côtes occidentales de Amérique du 
sud sont aussi séparées de celles de l'Inde et de l’Australasie par des li- 
mites qui semblent être presque infranchissables à ces animaux. D’un autre 
côté, les diverses régions carcinologiques ont entre elles des espèces com- 
munes en proportion d'autant plus grande qu’elles sont plus rapprochées 
géographiquement, et qu’elles sont séparées par des barrières naturelles 
moins tranchées. 

» L’immense majorité des faits milite donc en faveur de l'opinion que pour 
ces animaux marins, comme pour les végétaux et les animaux terrestres, 
chaque espèce a dû avoir son origine dans une région particulière, et que 
c'est en sirradiant de ces divers centres de création qu'ils se sont étendus 
plus où moins loin sur la surface du globe et qu'ils se sont mélés entre 
eux dans des localités intermédiaires. En tenant compte de la configuration 
actuelle des côtes, il est presque toujours facile de s'expliquer com- 
ment ces émigrations ont pu s'effectuer , et l’on remarque que ce sont les 
espèces les mieux conformées pour la nage qui se sont le plus dissé- 
minées. 

» Du reste, l'étendue de la puissance locomotive des crustacés et la 
configuration des mers, ne sont pas lés seules circonstances qui limitent 


(517) 


et qui règlent le mode de dispersion de ces animaux sur les divers points 
de la surface du globe : l'influence de la température sur ce phénomène 
nous parait également évidente, et c’est peut-être cette influence seule 
qui a empêché la plupart des crustacés de se répandre, de proche en 
proche, tout le long du littoral des deux Mondes, et qui a maintenu 
plus ou moins distincte les faunes carcinologiques des diverses régions. En 
effet, pour ces êtres, de même que pour les animaux supérieurs et pour 
les végétaux, il est des extrêmes de température -Qui paraissent être in- 
compatibles avec la vie, et ces extrêmes varient suivant les espèces, les 
genres et les familles naturelles. Des expériences directes donneraient 
probablement sur ce sujet des résultats importants , mais elles n’ont pas 
encore été tentées , et, pour porter quelque lumière sur cette ques- 
tion, on ne peut, dans l’état actuel de la science, qu’interroger la géogra- 
phie zoologique. 

» Le premier fait dont on est frappé, lorsqu'on étudie sous ce point de 
vue la faune carcinologique des diverses mers, c’est la grande différence 
numérique dans les espèces qui habitent des latitudes différentes. Il ne 
paraît pas que les crustacés soient individuellement moins nombreux dans 
les régions froides du globe que dans les mers équatoriales. La pèche 
abondante du homard sur les côtes de la Norwége ainsi que les bancs de 
Mysis et autres petits animaux dé la même classe dont les baleines et les 
poissons font leur pâture dans les mers glaciales, peuvent faire penser qu’il 
en est autrement; mais, ce qui n’admet pas de doute, c’est que les formes 
et les modes d'organisation de ces animaux tendent à devenir de plus en 
plus variés à mesure que l'on s'éloigne des mers polaires pour se rappro< 
cher de l'équateur. 

» Ainsi, les côtes de la Norwége que nous venons de citer comme étant 
si riches en individus, ne sont habitées que par un frès petit nombre d'es- 
pèces. À peine y compte-t-on plus d’une douzaine de Décapodes, et dans 
les autres ordrés les formes spécifiques ne varient guère davantage. Dans 
les eaux de la Manche, les espèces diverses de ces mêmes Décapodes sont 
environ six fois plus nombreuses. Sur le littoral de la Méditerranée les 
différences spécifiques se multiplient davantage , et leur nombre comparé 
à celui des espèces de la région Scandinave, devient dans le rapport de 9 
à r. Si l'on -passe ensuite de la Méditerranée dans les mers de l'Inde, on 
voit cette progression s’accroître encore; car, dans l’état actuel de la 
science, on compte déjà dans ces parages éloignés environ douze fois au- 
tant de crustacés décapodes que dans nos mers du nord , et plus de deux 

69.. 


(518) 


fois autant que dans la région Celtique dont l'exploration cependant a dû 
avoir été faite d’une manière bien plus complète. Enfin, dans l’hémis- 
phère austral, vers l’extrémité sud de l'Afrique, et sur les côtes de la 
Nouvelle-Hollande, le nombre des espèces décroît de nouveau de la ma- 
nière la plus évidente. 

» Une tendance analogue se remarque dans le Nouveau -Monde, car à 
mesure que l’on descend des hautes latitudes du Groënland aux côtes tem- 
pérées des États-Unis, et qu'on gagne la région équatoriale des Antilles 
et du Brésil, on voit aussi s’accroiître rapidement le nombre des espèces. 

» Une coïncidence si constante entre l'élévation des latitudes et la 
diminution des espèces ne peut être l'effet du hasard, et tout porte 
à croire que la température plus ou moins élevée des différentes mers est 
une des principales circonstances régulatrices de la diversité organique 
des animaux dont la distribution géographique nous occupe ici. 

» Ce n’est pas tout: Les différences de forme et d'organisation ne sont pas 
seulement plus nombreuses dans les régions chaudes que dans les régions 
froides du globe , elles y sont aussi plus importantes ; le nombre des grou- 
pes naturels dans lesquels les espèces se répartissent, augmente graduelle- 
ment avec la température des eaux qu’elles habitent, et c’est parmi les 
crustacés des mers équatoriales qu’on rencontre les modes de structure les 
plus dissemblables. En effet, presque tôus les principaux types d’organi- 
sation qui se voient dans les régions polaires se retrouvent également dans 
les régions tropicales , tandis que dans ces derniers parages il existe un 
grand nombre de types particuliers qui ne se rencontrent pas ailleurs, ou 
qui sont à peine représentés à des latitudes un peu élevées. 

» Ainsi, des trois grandes divisions dont se compose la classe entière-des 
Crustacés, les Maxillés, les Suceurs et les Xyphosures, deux seulement sont 
représentées dans les régions froides ou même tempérées du globe, tandis 
que les trois se voient rassemblées dans les mers équatoriales. Le groupe 
tout entier des Crdbes ou Décapodes brachyures, ainsi que la division des 
Anomoures paraissent être exclus des latitudes élevées du Spitzherg et de 
la mer de Baffin, mais commencent à se montrer sur les côtes méridionales 
du Groënland, en Islande et en Norwége; la famille principale de l’ordre 
des Stomapodes, celle des Squilliens, ne dépasse que rarement le 45° 
degré nord, et le groupe des Phyllosomes et des Érichthiens est limité à 
des paralleles plus bas encore, car c’est à peine s’il se montre dans la 


Méditerranée. Or, je le répète , tous ces types existent simultanément dans 
la zone torride. 


(519) 

» Il paraïîtrait y avoir aussi une coïncidence remarquable entre la tem- 
pérature de la mer et la perfection organique plus, ou moins grande des 
espèces qui l'habitent. Les types qui disparaissent à mesure qu’on s’a- 
vance vers les hautes latitudes sont ceux dont l’organisation est la plus 
compliquée, et non-seulement les crustacés les plus élevés dans l'échelle 
manquent dans les régions polaires ; mais aussi leur nombre proportionnel 
augmente rapidement à mesure qu'on descend du nord vers l'équateur. 

» Si, effectivement, on rangeait ces animaux en série d’après le de- 
gré relatif de perfection et de complication qu'offre leur structure ana- 
tomique, les Décapodes brachyures se trouveraient en tête et seraient 
suivis par les Anomoures, tandis que les Macroures ne prendraient place 
qu’au troisième rang etles Édriophthalmes se trouveraient relégués encore 
plus bas. Or, dans les parages les plusrapprochés du pôle, on rencontre des 
Édriophthalmes d’espèces assez variées et quelques Macroures, mais point 
de Brachyures. Sur les côtes méridionales du Groënland les Décapodes 
entrent pour un tiers dans le nombre total des crustacés portés sur les ca- 
talogues des zoologistes ; mais de ce tiers, un quart seulement appartient 
à la division des Brachyures. Sur les côtes de la Norwége, où le froid est 
moins rigoureux, les Décapodes paraissent devenir à peu près aussi nom- 
breux que les Édriophthalmes, et l'on compte autant de Brachyures que de 
Macroures; mais dans la Manche et dans la Méditerranée, ainsi que sur les 
côtes des États-Unis d'Amérique , les Décapodes l’emportent de beaucoup 
sur les Édriophthalmes , et l’on rencontre à peu près deux fois autant de 
Brachyures que de Macroures. Enfin, dans la région des Antilles, les mêmes 
Brachyures sont presque trois fois plus nombreux que les Macroures, et 
dans les mers de l'Inde on compte cinq des premiers contre un seul des 
seconds; tandis qu’en avancçant plus loin vers le sud, sur les côtes de 
V'Australasie, par exemple, on voit de nouveau ia Faune carcinologique 
composée de crustacés inférieurs en proportion plus forte. : 

» Ainsi, tout nous porte à croire que l'élévation de température est 
accompagnée non-seulement d’une multiplication plus grande des espèces 
et de différences plus considérables dans le mode de structure des crus- 
tacés; mais aussi d'une tendance plus marquée vers la complication et le 
perfectionnement organique de ces animaux. Aucun climat ne paraît être 
incompatible avec l'existence des crustacés peu élevés dans la série natu- 
relle; mais ceux qui occupent le plus haut rang dans cette série sont ex- 
clus des régions-les plus froides du globe et deviennent, relativement aux 
premiers, de plus en plus nombreux des pôles vers l'équateur. 


( 520 ) 

» Si, au lieu de nous en tenir aux grandes divisions de la classe des 
crustacés, nous descendions à quelques exemples particuliers, nous ver- 
rions encore surgir la même tendance générale. La distribution géogra- 
phique des crâbes de terre et de plusieurs autres Décapodes viendrait à 
l'appui des considérations que nous venons de présenter. Ces détails pa- 
raîtraient trop longs pour un résumé de la nature de celui-ci; mais ils ont 
trouvé leur place dans le Mémoire que j'ai honneur de soumettre au ju- 
gement de l’Académie. 

» Les régions dans lesquelles nous venons de trouver le plus grand 
nombre de types différents, c’est-à-dire les régions les plus chaudes , sont 
aussi celles dans lesquelles nous voyons les particularités de structure 
caractéristiques des groupes naturels portés au plus haut degré. 

» Le grand développement de la partie antérieure du corps, qui cons- 
titue le trait le plus saillant de l’organisation des Oxyrhinques, par 
exemple, n’atteint son terme que dans les genres appartenant aux mers 
tropicales, et les anomalies que présente le squelette tégumentaire et 
l'appareil générateur des Catométopes, semblent s’effacer peu à peu dans 
les espèces propres aux mers des régions froides où même tempérées. 

» Ce résultat me paraît remarquable et offrira, peut-être, un nouvel 
intérêt lorsqu'on se rappellera les observations sur le développement des 
Jeunes crustacés que j'ai eu l'honneur de soumettre au jugement de l’Aca- 
démie , il y a quelques années. En effet, nous avons vu alors une ten- 
dance analogue déterminée par une autre cause, car nous avons constaté 
qu'en général la ressemblance entre les espèces et les genres voisins ; est 
d'autant plus grande que le développement du jeune animal est moins 
complet; les changements amenés par les progrès de l'évolution or- 
ganique tendent essentiellement à éloigner ces êtres du type moyen 
propre au groupe dont ils font partie, ou en d’autres mots, à les spécia 
liser de plus en plus. 

» Enfin l'étude de la distribution géographique des crustacés fait aper- 
cevoir aussi une coïncidence remarquable entre la température des diverses 
régions carcinologiques et l'existence ou la prédominance de certaines 
Jormes organiques. 

» Ainsi, quoique les crustacés des mers de l'Inde et de la région tropi- 
cale de l'Amérique soient tous, ou presque tous, d'espèces différentes, ils 
ont eutre eux une analogie si grande que les deux faunes offrent le même 
aspect général et se distinguent facilement de celles appartenant aux ré- 
gions froides de l’un et de l’autre continent: Ces deux régions tropicales 


( 5zr ) 


sont habitées par les Gécarciniens et par le genre Ocypode qui se rencontre 
aussi en Afrique, mais qui ne se trouve ni sur les côtes de l'Europe ni 
dans les parties un peu froides de l'Asie et de l'Amérique; par les Géla- 
simes qui se voient également dans tous les pays chauds, mais qui ne dé- 
passent que peu ou point le 35e degré de latitude; par les Grapses, les 
Sésarmes, les Lupées, les Péricères, les Carpiles, les Chlorodies, les Calappes, 


» Du reste, ces régions tempérées ont aussi entre elles des points 
de ressemblance multipliés. Ainsi le genre des Écrevisses leur appartient 
cn Propre; ces crustacés ne se rencontrent ni dans la Perse, ni dans 
l'Inde, ni dans le nord de l'Afrique, ni dans l'Amérique tropicale, mais 
sont répandus dans les parties tempérées des deux Mondes et des deux hé- 
misphères ; notre Écrevisse commune habite Presque toute l'Europe; une 
autre espèce (l’écrevisse de Barton) représente ce genre dans tout le nord 
de l'Amérique ; une troisième espèce distincte des précédentes se rencontre 
au Chili; une quatrième à la Nouvelle-Hollande, et une cinquième au Cap 
de Bonne-Espérance. Le genre Platycarcin de Latreille, qui a Pour type 


Chili. Les genres Atélécycle, Hyas, Portune, Lithode, Callianasse, etc., 
nous fourniraient des exemples analogues ; mais ici encore l'espace me 
Manquerait si je voulais entrer dans des détails si multipliés. 

» D’après les faits que nous venons de Passer en revue, on voit que les 
lois qui semblent présider à la distribution géographique des crustacés ont 
une analogie frappante avec les résultats fournis déjà par l'étude du mode 
de répartition des végétaux sur la surface du globe, et si nous comparions 
maintenant ces animaux aux zoophytes, aux mollusques, aux Poissons et 
aux animaux plus élevés qui habitent sur la terre, nous apercevrions dans 
toute la nature vivante les mêmes tendances. Partout, on ne peut se ren- 
dre compte du mode de distribution des êtres organisés qu’en supposant 


(15220) 


quente; on voit qu'une température élevée est une des conditions les plus 
favorables à la multiplicité des formes organiques , ainsi qu’au perfection- 
nement de l’organisation, et l'on reconnait l'existence d’un certain rap- 
port entre le climat des diverses régions du globe et les formes des êtres 
qui en sont les habitants. » 


MÉMOIRES PRÉSENTES. 


Paysique. — Mémoire sur l'influence de l'action chimique dans la produc- 
tion de l'électricité par le frottement ; par M. L. Pécxer. 


(Commissaires, MM. Savart, Savary.) 


« Dans un Mémoire de Wollaston, publié en 1800 et inséré dans le 
16° volume des Ænnales de Physique et de Chimie, ce célèbre physicien, 
après avoir cité des expériences qui tendraient à faire considérer la pro- 
duction de l'électricité voltaique comme due à l’oxidation d’un des métaux, 
et avoir démontré par d’ingénieuses expériences l'identité de l'électricité 
voltaïque et de celle qui résulte du frottement, cherche à établir que pour 
cette dernière, l’oxidation de l’enduit des coussins est la cause de la pro- 
duction de l'électricité; il s'appuie sur l’inefficacité des amalgames de 
platine et d'argent, la grande puissance des amalgames très oxidables d’é- 
tain et de zinc, et dit ensuite : 

« Pour savoir enfin positivement si l’oxidation contribue au développe- 
» ment de l'électricité, je montai un petit cylindre avec des coussins et ses 
» conducteurs, dans un vase tellement disposé, que je pouvais à volonté 
» changer l'air qu’il contenait. Après avoir essayé son degré d'énergie dans 
» l'air ordinaire, j'y substituai l'acide carbonique, et je trouvai que tout 
» développement d'électricité était suspendu. Il revint aussitôt que 
» l’on introduisit dans le vase de l'air atmosphérique. » 

» Dans une note de M. Gay-Lussac, relative au passage que je viens de 
rapporter, il est dit : « On obtient de l'électricité avec des amalgames 
» très oxidables, dans une atmosphère d’acide carbonique, pourvu que ce 
» gaz soit privé de la plus grande partie de son eau hygrométrique. » 

» M. Becquerel, dans son Traité sur l'électricité(tome I, p. 131), rap- 
porte l’expérience de Wollaston, mais ne fait aucune mention de la note 
de M. Gay-Lussac et insiste, sans cependant se prononcer, sur ce que dans 
un certain nombre de cas,la porphyrisation qu'il assimile au frottement, et 


( b23 ) 
le simple frottement dans d’autres cas, produisent des décompositions 
chimiques. » 

» Comme on obtient de Félectricité par le frottement de corps qui sont 
sans action les uns sur les autres, et sur lesquels il est absolumerit im- 
possible d'admettre une action chimique de la part de l'air, par cela seul 
il était probable que Wollaston avait été induit en erreur par une dessic- 
cation insuffisante de l'acide carbonique sur lequel il avait opéré, et la 
note de M. Gay-Lussac en donne la certitude. Mais il était important de 
reprendre ces expériences , et de déterminer s’il y a identité ou une diffé- 
rence quelconque dans les effets du frottement quand on opère dans l'air, 
ou un gaz sans action sur les corps frottés. 

» Ce sont ces expériences qui forment l’objet de ce Mémoire. Je pense 
qu’elles résolvent complétement la question. 

» Lorsqu'on dégage de l'électricité, par le frottement, dans un gaz quel- 
conque, le gaz peut agir de deux manières sur les effets observés ; il peut 
agir comme corps plus ou moins bon conducteur , Où comme intervenant 
directement dans la production; il fallait donc commencer par comparer 
la conductibilité de Pair et de différents gaz. 

» Pour cela j'ai fait construire deux balances de Coulomb, de même 
forme, de même grandeur, aussi identiques que possible dans toutes leurs 
parties. Dans chacune d'elles, à la hauteur du levier, le verre était percé 
d’un orifice dans lequel était mastiqué un petit tube de verre, renfermant 
une tige de cuivre, terminée par des boules métalliques égales. L'intérieur 
du vase communiquait au dehors par deux tubes dont l’un s'élevait jusqu’à 
son sommet et l’autre seulement jusqu’à une petite distance du fond. Ces 
tubes étaient destinés à changer le gaz renfermé dans les vases. Le tube 
destiné à lintroduction des gaz, communiquaitavec un large tube extérieur 
rempli de chlorure de calcium , de 6o centimètres de longueur. Un de ces 
appareils communiquait avec une soufflerie, Pautre avec un appareil des- 
tiné à produire de l'acide carbonique. Avant de procéder aux expériences, 
je m'étais assuré que les deux appareils avaient la même force de torsion; 
en donnant aux boules extérieures les mêmes charges électriques, les 
boules mobiles étaient repoussées sensiblement à la méme distance angu- 
laire , et restaient, à très peu près, le même temps pour revenir au con- 
tact. Pour donner aux deux boules fixes des balances la même charge, je 
me servais de deux boules métalliques égales, fixées aux extrémités de 
deux tiges de verre recouvertes de gomme-laque; une des boules était char- 
gée directement, et en mettant les deux boules en contact, l'électricité se 

C.R.1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 10.) 7h 


(524 ) 


répartissait également entre elles, après quoi on les mettait simultané- 
ment en communication avec les boules extérieures des deux balances. 

» Les expériences ont été faites de la manière suivante. On a fait passer 
dans une des balances, un courant d’air sec et dans l’autre un courant 
d'acide carbonique également desséché. On analysait de temps en temps 
le gaz qui sortait de la cloche où l’on faisait passer ce dernier gaz, et 


. I . 

lorsque le gaz sortant ne renfermait plus que = environ de son volume 
d'air, on donnait aux boules extérieures des balances des charges égales, 
et l’on observait les écarts à différentes époques. Voici les résultats d’une 


de ces expériences : 


TEMPS COMPTÉS DÉVIATIONS DÉVIATIONS 
à partir de l’origine dans la balance dans la balance 
de la répulsion. pleine d’air. pleine d’acide carboniq. 
ROSE M DEN met me OT NME (24° à 26°) 
FbO LD AENTAR RE (0% 2 25) EN (02° à7 26°) 
PE LC 18° NES EE OS 
Los dure ET Ce) ce ° D ACL MEET 32 


» Les chiffres renfermés dans les parenthèses indiquent les limites des 
oscillations. Plusieurs autres ont donné sensiblement les mêmes résultats; 
et en changeant la balance dans laquelle on faisait passer l'acide carbo- 
nique , je me suis assuré que le même appareil donnait toujours les plus 
grandes déviations. Ainsi, l'inégalité tres petite des résultats devait être 
attribuée à l'inégalité des appareils, et j'ai admis que les facultés conduc- 
trices de l’air et de l'acide carbonique sont sensiblement les mêmes. 

» 11 semble qu'il était inutile de faire passer un courant d’air sec dans 
un des appareils, et qu'il aurait suffi d'y introduire des capsules pleines 
de chlorure de calcium. C’est ce que j'avais pensé d’abord ; mais j'obtins 
ainsi des résultats bien différents de ceux que je viens de rapporter. La 
déviation était beaucoup plus grande dans l'acide carbonique que dans 
l'air, et le temps, pour revenir au contact, était de 4/8" dans l'acide car- 
bonique et seulement de 3/5" dans l'air. Je pensai alors que cette diffé- 
rence pouvait provenir de ce que l'acide carbonique était plus sec que 
l'air ; je répétai les expériences en desséchant également les deux gaz; j'ob- 
tins alors sensiblement les mêmes résultats pour chacun d’eux. 

» D'après ces expériences, l'acide carbonique et l'air ayant sensiblement 
la même faculté conductrice, s'il existe une différence dans la quantité 
d'électricité développée par le frottement dans ces deux gaz, cette diffé- 


(525 ) 


rence ne pourra provenir que d’uné action directe du gaz dans la produc- 
tion de l'électricité. 

» Pour effectuer le frottement dans différents gaz, je me suis servi 
d’une cloche reposant par sa partie inférieure sur un socle en bois monté 
sur trois pieds : au centre du socle se trouvait une boîte à étoupes, tra- 
versée par une tige en fer, portant au-dessus du socle un cylindre de verre 
concentrique , et en-dessous une roue dentée conique engrenant avec 
une autre d’un plus grand diamètre mobile à l’aide d’une manivelle. Sous la 
cloche se trouvait un coussinet fixe enduit d’or mussif, et du côté opposé 
un peigne métallique communiquant à un fil de cuivre qui sortait de la 
cloche et se prolongeait jusqu’à un électroscope placé dans une cloche 
dont l'air était desséché par du chlorure de calcium. A travers le socle 
passaient deux tubes de verre destinés l’un à amener le gaz desséché, 
l’autre à le faire sortir. En opérant sur de l'air de la cloche préalablement 
desséché pendant 12 heures par du chlorure de calcium, et sur l'acide 
carbonique complétement desséché, et qu’on avait fait passer dans le vase 
pendant un temps assez long pour que le gaz de la cloche ne renfermant 
plus que + d’air environ, en donnant à la manivelle des vitesses dans les 
rapports de 1,2et 4, les indications de l’électroscope ont été pour l'air 
successivement de (25 à 28°),(30 à 35°) et (4o à 45°), et pour l'acide car- 
bonique (30 à 35°), 45° et 95°. 

» Mais en faisant passer dans la cloche un courant d’air préalablement 
desséché, j'ai obtenu exactement les mêmes résultats que pour l’acide carbo- 
nique. Dans ces expériences, j'ai presque toujours observé des oscillations 
dans les indications de l’électroscope, parce que le cylindre mobile n’e- 
tait pas parfaitement rond, et par suite, que dans une révolution la dis- 
tance de sa surface aux pointes était variable ; j'ai aussi observé que toutes 
les fois que l'air extérieur était humide, les indications de l’électroscope 
s’élevaient à mesure que la vitesse augmentait, et d'autant plus que l'air 
était plus humide, parce que je n’avais point pris dans cet appareil les pré- 
cautions nécessaires pour soustraire les conducteurs extérieurs à l’action 
de Vair, car j'ai démontré dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur d’adres- 
ser à l'Académie, il y a deux ans, que quand on s’oppose à la déperdition 
de l'électricité par les conducteurs, la tension de l'électricité développée 
par le frottement est indépendante de la vitesse. 

» Les expériences que je viens de rapporter ne m'ont cependant point 
paru suffisantes, parce que l’acide carbonique renfermait une petite quan- 
tité d'air. Alors, pour éviter toute objection, j'ai fait construire un appa- 


70. 


(L'526M) 
reil semblabie à celui que j'ai décrit, mais de plus petites dimensions, et 
disposé de manière qu'on peut y faire le vide et le remplir de différents 
gaz desséchés. J'ai opéré sur l'air, sur l'hydrogène et sur l'acide carboni- 
que; pour ces deux derniers les expériences n’ont été faites qu'après que 
l'appareil a été vidé et rempli successivement six fois. Toujours et pour 
tous ces gaz j'ai obtenu les mêmes résultats. 

» D’après cela il ne doit plus y avoir le moindre doute sur l'erreur de 
Wollaston, et je pense qu'il est maintenant bien démontré que dans la 
production de l'électricité par le frottement l’action de l'air sur les enduits 
plus ou moins oxidables des frottoirs n’a aucune influence. » 


CHimMiE. — Description d'un nouveau procédé d'analyse chimique; par 
M. Esizuen , aspirant ingénieur des Mines, à Vesoul. 


( Commissaires, MM. Gay-Lussac , Berthier. } 


« On n’a pas encore cherché à apprécier directement, dans les analyses, 
la quantité d’oxigène qu'absorbent beaucoup de composés métalliques en 
se dissolvant dans les acides oxidants les plus employés, tels que l’acide ni- 
trique ou l’eau régale. Cela tient à la difficulté qu’on éprouverait à cons- 
tater exactement la valeur oxidante de l'acide dont on se sert, et d’autre 
part, à la composition variable des gaz qui se dégagent pendant la réac- 
tion. Si, au contraire, on connaissait d'avance la quantité d’oxigène que 
peut céder le dissolvant employé, et si lon parvenait à doser l'excès 
d’oxigène dégagé, il est évident qu'on obtiendrait par différence la pro- 
portion exacte de ce corps qui a été absorbée par le composé métallique 
pour sa dissolution. Le procédé que je vais décrire me paraît réunir ces 
deux conditions. 

» On sait que l'acide muriatique dissout les oxides de manganèse en dé- 
gageant une proportion de chlore équivalente à l'oxigène que céderait 
l'oxide employé pour passer à l'état de protoxide. On sait aussi que ce 
mélange agit sur les mêmes composés métalliques que l’eau régale avec 
excès d'acide muriatique. Si donc, l'on méle le corps à essayer avec un 
poids déterminé d’un peroxide de manganese dont on connaisse d'avance la 
composition, et si l’on traite le mélange par l'acide muriatique pur, en do- 
sant la proportion de chlore dégagé et la retranchant de celle qu'aurait 
donnée l’oxide de manganèse essayé seul, on obtiendra par différence la 
quantité qui a été absorbée et par suite son équivalent en oxigène. 

» Le dosage du chlore dégagé peut se faire par différentes méthodes 


(57) 

déja employées pour l'analyse des minerais de manganèse. Ainsi, l’on 
pourra recueillir le chlore gazeux ou bien le faire réagir sur lammonia- 
que liquide en mesurant le gaz azote dont le volume est le tiers seulement 
du volume dn chlore qui l’a produit. Mais l'emploi de ces méthodes pueu- 
matiques n'est pas sans difficultés, et exige toujours une série de correc- 
tions relatives à la température, à la pression et à l’état hygrométrique des 
gaz. Il me paraît préférable de recueillir le chlore dans une dissoluton 
bien claire d'acide sulfureux mélé de muriate de baryte, procédé que j'ai 
décrit précédemment dans les Annales des Mines (3° série, tome XIT, 
page 607). Le sulfate de baryte qui est le résultat de la réaction du chlore 
sur la dissolution sert à doser l’oxigène correspondant. 

» Voici comment on peut exécuter cette opération. On porphyrise exacte- 
ment la substance à essayer, surtout quand il'est difficile.de l'attaquer, et 
on la mêle avec un poids déterminé d’oxide de mañganèse, réduit aussi 
en poudre fine. On sait à peu près, à priort, quelle sera la proportion 
d'oxigène absorbée par le poids du corps soumis à l’essai. En doublant la 
proportion d'oxide de manganèse jugée par approximation suffisante pour 
fournir l’oxigène nécessaire, on peut être assuré qu’on arrivera à une dis- 
solution complète de la matière métallique. On conduit l'opération à peu 
près comme s'il s'agissait d'essayer le minerai de manganese lui-même: 
Seulement, il est convenable de ménager le dégagement du gaz avec plus de 
lenteur, pour laisser à la dissolution brune de manganèse le temps d'agir sur 
la substance essayée. Lorsque la dissolution est achevée, et qu'on a fait pas- 
ser tout le chlore dans le vase qui renferme l'acide sulfureux liquide, on 
ajoute à celui-ci un excès de muriate de baryte, on chasse par l’ébullition 
l'excès d’acide sulfureux, puis on filtre le sulfate de baryte précipité, on le 
calcine et on le pèse. 


1 atome de sulfate de baryte 1458,09 équivaut à 100 d’oxigène ou 1 atome, 
et à 442,64 de chlore ou 2 atomes : 


1 gramme de sulfate de baryte équivaut à. 08",0686 d’oxigène, 
et à 08,303 de chlore. 


» On sait d'avance la quantité de sulfate de baryte qu’aurait produite 
l'oxide de manganèse essayé seul. On aura donc pour différence celle qui 
correspond soit au chlore, soit à l’oxigène qui est resté dans la dissolution 
métallique. 

” 1 gramme de peroxide de manganèse pur perd o,r8 d’oxigène pour 
se transformer en protoxide. 11 donnerait 2,62 de sulfate de baryte. 


(528 ) 


» Ce procédé, dont les résultats m'ont paru très exacts, me semble 
susceptible d'applications assez nombreuses dans l'analyse chimique; j'in- 
diquerai particulièrement les suivantes : 

» 1°. En traitant, par la méthode indiquée, un poids déterminé d’un 
métal peu ou point attaquable par l'acide muriatique , on obtiendra im- 
médiatement la composition du chlorure formé ou de l’oxide qui reste en 
dissolution dans l'excès d'acide muriatique. Dans certains cas il est très 
difficile de déterminer cette composition par les moyens employés jus- 
qu'ici. En effet, il arrive souvent qu’on ne peut pas obtenir le chlorure 
dans un état de composition constant, soit à raison de sa volatilité, soit à 
cause du commencement de décomposition que la chaleur lui fait éprou- 
ver; il en est de même de certains oxides qu’on ne peut pas obtenir par- 
faitement purs. Je citerai, par exemple, les perchlorures d’or et de platine 
dont il serait, je crois, très facile de vérifier la composition à l’aide du 
procédé que je viens de décrire. 

» 2°, Il en sera de même dans certains cas où il serait impossible de 
prendre le poids exact de la substance qu’on veut suroxider, tandis que 
le dosage du corps oxidé qui se produit peut se faire avec précision, Tous 
les produits de l’oxidation du phosphore inférieurs à l’acide phosphorique 
peuvent être analysés de cette manière, en dosant l'acide phosphorique 
qui se produit dans la réaction et l’oxigène qui a servi à opérer la trans- 
formation (1). Le corps qui sert au dosage de l’oxigène pèse 14 + fois au- 
tant que lui, ce qui atténue beaucoup les chances d’erreur. 

» 3°. On peut déterminer la proportion relative des deux oxides de fer 
en les mélant avec un excès de peroxide de manganèse, et traitant par 
l'acide muriatique. Ce procédé est aussi simple que celui qui consiste à 
traiter directement la solution muriatique des deux oxides par l’acide sul- 
fureux, en dosant, à l’aide du muriate de baryte, l'acide sulfurique qui 
résulte de la transformation du peroxide de fer en protoxide; il est même 
d’un emploi plus commode quand il s’agit de déterminer les deux oxides 
dans un silicate attaquable par l’acide muriatique; car, en traitant direc- 
tement la solution des déux oxides par l'acide sulfureux, il devient très 
difficile de séparer le sulfate de baryte produit, de la silice gélatineuse qui 
s’y trouve mélée, 


(1) Pour analyser l’acide phosphatique, M. Dulong a mesuré le chlore absorbé par 
une quantité indéterminée de cet acide pour se transformer en acide phosphorique, qu’il 
a dosé. Ce procédé présente une certaine analogie avec celui que je décris. 


(529 ) 

» D'ailleurs, il y a certains minéraux dans lesquels le fer paraît être en 
partie à l’état de peroxide , en partie à l’état de protoxide, qui ne sont pas 
attaquables par lacide muriatique, tandis qu'ils se dissolvent facilement 
dans l’eau régale. On n’a alors aucun moyen direct de déterminer la pro- 
portion relative des deux oxides. J’appliquerai cette remarque au wolfram. 
Vauquelin a analysé une variété de ce minéral, provenant du départe- 
ment de la Haute-Vienne , et il suppose que le fer s’y trouve moitié à 
l’état de protoxide, moitié à l’état de peroxide ( Traité des Essais par la 
voie sèche, tome XI, page 265). En employant pour eau régale l'acide 
muriatique, agissant sur un mélange de peroxide de manganèse et de mi- 
néral, et procédant comme je l'ai indiqué, on arrivera facilement à la dé- 
termination relative des deux oxides. 


» Deux atomes de protoxide de fer 2 Fe — 878,40 absorbent 1 atome 
d’oxigène — 100 pour passer à l’état de peroxide Fe. 

» Ainsi, une différence de 1458,09 dans le poids du sulfate de baryte 
obtenu correspond à 878,40 de protoxide de fer. 


1 de sulfate de baryte correspondra à 0,602 de protoxide de fer. 


» 4°. On peut vérifier, d’une manière commode, les lois de composition 
d’un grand nombre de sels métalliques , en comparant la quantité totale 
d’oxigène absorbée avec celle qui reste combinée à l'élément électro-né- 
gatif dans la dissolution. Je rapporterai, pour exemple , l'essai que j’ai fait 
sur une galène cubique à larges facettes, qui ne renfermait pas sensible- 
ment de substances étrangères. 

» Le peroxide de manganèse, dont je me suis servi, ne renfermait pas 
de baryte : essayé seul, il donnait sur 1 gramme, sulfate de baryte 25,35, 
Corréspondant à "oxigènel. + d.nisents le Justes NI Ro 16: 

» Un gramme de galène exactement porphyrisée a été mêlé avec 3 gram. 
. du peroxide de manganèse. Le mélange a été traité par l'acide muriatique 
avecles précautions convenables, La galène s’est complétement dissoute sans 
dépôt de soufre; le sulfate de baryte provenant de la réaction du chlore 
en excès sur la dissolution d’acide sulfureux mêlé de muriate de baryte, 
pesait après calcination.........................4.... 35,19 

» Or les 3 grammes de peroxide de ours traités 
seuls par l’acide muriatique, auraient donné sulfate de baryte 75,05 

» La quantité totale d’oxigène absorbé correspond donc 

à sulfate de baryte.............. 5oe08000006000be bave eo 
et équivaut par conséquent à........... LÉ ONALER 012205: 


( 530 ) 


» D'un autre côté, en précipitant la liqueur plombeuse par le muriate 
de baryte, j'ai obtenu sulfate de baryte 0*,97, c’est-à-dire à très peu près 
le quart de 3,86. Ce rapprochement permettra donc déjà de conclure, 
indépendamment de toute notion sur la composition des acides du soufre, 
qu'il y a un rapport simple entre les quantités d’oxigène que prennent le 
soufre et l'acide sulfureux pour passer à l’état d'acide sulfurique, et d’autre 
part, qu'il existe également un rapport simple entre la quantité d’oxigène 
absorbée par le soufre pour passer à l’état d'acide sulfurique, et celle dont 
le plomb s’est emparé pour se transformer en protoxide. 

» Mais si l’on suppose connues la composition du sulfate de baryte et 
celle des acides du soufre, on pourra dire : o%,97 de sulfate de baryte 
renferment 0%,331 d'acide sulfurique, composé de 0“,199 d’oxigène et 
0,132 de soufre. 


» Or la quantité totale d’oxigène absorbé est de . . . . . 0,265; 
celle prise par le plomb pour passer à l'état de protoxide, 
sera donc de 0,365 — 0,199 . . . . . OUT — OS COOP 


c'est-à-dire exactement ‘/,; de celle prise DiE %e soufre pour se transformer 
en acide sulfurique. On sait d’ailleurs qu’en évaporant à siccité la dissolu- 
tion de plomb dans l'acide muriatique , on régénère du sulfate de plomb 
neutre. Ce sel renferme donc trois fois plus d’oxigène dans l’acide que dans 
la base. 

» 5°, Enfin, l'essai d’un composé métallique à l’aide du procédé que j'ai 
indiqué peut toujours servir de vérification à une analyse, lorsqu'on con- 
naît la nature des produits que doivent donner les différents corps soumis 
à l'attaque d’une eau régale formée de peroxide de manganèse et d'acide 
muriatique. Ainsi l’on sait que le soufre se trouvera toujours dans la li- 
queur à l’état d'acide sulfurique , l'arsenic à l’état d'acide arsénique, le fer 
à l'état de peroxide , etc. La somme des quantités d’oxigène que chacun 
de ces corps aura dù prendre dans la réaction devra s’y trouver sensible- 
ment égale au nombre donné par l'essai. Les produits d'art provenant du 
traitement des métaux qu'on retire de leurs sulfures ou arséniures renfer- 
ment souvent des combinaisons très variées d’oxides avec des sulfates, etc.; 
a séparation des divers éléments de ces corps incomplétement oxidés 
présente des difficultés, et il est évident que la détermination exacte de la 
totalité de l’oxigène absorbé par le corps pour sa dissolution, sera une 
donnée précieuse dans la discussion des résultats fournis par l'analyse. » 


( 531) 


CHIRURG1E.— Observation sur un anévrisme variqueux ou artérioso-veineux 
des vaisseaux fémoraux ; par M. Larremann , professeur de clinique ex- 
terne à la Faculté de médecine de Montpellier. 


(Commissaires, MM. Magendie, Breschet. ) 


GroroGrr. — Examen de la question suivante : Peut-on démontrer les rap- 

ports qui existent entre le Basalte et la T4 ephrine , d'après l'inspection 

e leurs caractères oryctognosiques et de leur gisement, pour établir 

quelque théorie sur leur origine et le mode de leur formation ? par M. Ma- 
RAVIGNA. ; 


MinérAaroGiE.— Monographie de la Célestine de Sicile ; parle même. 


(Commissaires, MM. Cordier, Berthier.) 


M. Penver avait présenté, pour le concours fondé par M. de Montyon . 
en faveur de ceux quiaurontrendu un art ou un métiermoins insalubre, un 
nouveau procédé au moyen duquel il réduit directement en pâte le vert de 
gris destiné à la peinture, préservant ainsi les ouvriers de l'inspiration de 
la poussière délétère qui se répand lorsqu'on pulvérise ce produit avant de 
le broyer à l’eau ou à l'huile. La Commission du concours de 1837 ayant 
jugé que ce procédé n’était pas encore suffisamment sanctionné par la pra- 
tique, avait réservé les droits de l’auteur pour une autre année. Aujour 
d'hui, M. Pernet envoie, avec une description plus complète de son pro- 
cédé, des pièces tendant à prouver que les produits qu’il obtient sont 
égaux en qualité à ceux que donne la préparation ordinaire, sans pré- 
senter les mêmes inconvénients pour les hommes qui sont employés à les 
manufacturer. 


(Renvoi à la future Commission des arts insalubres. ) 


M. Demonvirze adresse un Mémoire sur la chaleur terrestre et sur la 
cause générale des vents. 


(Commissaires, MM. Bouvard, Mathieu. ) 


M. Demoxviize adresse aussi la description sommaire d’une machine 
qu'il croit pouvoir être employée utilement dans les arts. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis.) 
C; &. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N° 10.) 71 


(5520) 


M. Viney se fait connaître pour l'auteur d’un Mémoire adressé à l’Acadé- 
mie dans la séance précédente, et portant pour titre : Sur la polarité de 
l'organisme considérée dans le règne animal. I] joint à sa lettre un ta- 
bleau qui doit être annexé au Mémoire. 


(Commissaires, MM. Magendie, Serres, Pouillet. ) 


CORRESPONDANCE. 

M. le Mimisrre ne La Guerre invite l’Académie à lui présenter, confor- 
mément à l’article 17 de l'Ordonnance du 30 octobre 1832 relative à 
l'organisation de l'École Polytechnique, un candidat pour la chaire d’a- 
nalyse et de mécanique devenue vacante à cette École par suite de la 
nomination de M. Mathieu à la place d'examinateur permanent. 


(Renvoi à la section de Géométrie.) 


Lettre de M. Mexew, professeur à l'Université de Berlin, sur les animaux 
spermatiques des végétaux d'organisation inférieure. 


« J'ai l'honneur d'adresser à l’Académie des Sciences le précis de mes 
observations sur l'existence des animaux spermatiques dans les végétaux, 
et de lui soumettre un croquis qui représente graphiquement ces petits ani- 
maux sous des grossissements de 350 et de Goo fois. Si l'existence d'animaux 
spermatiques à longue queue dans quelques groupes de végétaux d’une 
organisation inférieure, tels que les Musci frondosi et hepatici, est déjà, par 
l’analogie même avec les animaux spermatiques des mammifères, un phé- 
nomène bien digne d'attention, ce phénomène augmente encore d'intérêt, 
parce que dans les végétaux on parvient à déterminer l’époque à laquelle les 
animaux commencent à paraitre. On peut supposer, à cause de la grande 
ressemblance de leur forme et de la vivacité de leurs mouvements, que dans 
les deux regnes ces êtres présentent aussi des analogies dans leurs fonctions. 
L'observation m'a démontré que dans les mousses, comme dans le Chara, 
chaque animal spermatique est développé isolément dans une cellule de 
la masse pollinique. En 1836, j'avais pris les globules renfermés dans les 
cellules du fil pollinique du Chara vulgaris , pour les animalcules sper- 
matiques mêmes. Aujourd'hui j'ai constaté que ces globules ne sont que 
les cellules mucilagineuses dans l’intérieur desquelles se forme le petit 
animal. Lorsqu'il est formé, les interstices de ces cellules disparaissent, et 


(533) 


l’on voit les animalcules contournés en spires, rangés tout du long dans le 
fil pollinique. L'action de l’eau fait crever les membranes du fil et les ani- 
malcules sortent. La partie plus grosse de leur corps se porte en avant, 
en se courbant et se débattant, la partie postérieure très longue et très 
mince reste encore adhérente au fil pollinique. Enfin, les petits animaux 
se détachent, se déroulent en s’agitant, et continuent leurs mouvements 
spontanés dans l’eau. Dans cet état de liberté, l'extrémité la plus mince du 
corps, qui est deux à trois fois plus longue que la partie épaisse, se porte 
en avant; le tout forme un fil mucilagineux dont les mouvements rapides 
sont des plus curieux. J'ai figuré les animaux spermatiques du Chara vul- 
garis, comme aussi les animaux du Marchantia polymorpha ; ces derniers 
offrent 2 à 2 E tours de spire. De chaque cellule de la masse pollinique du 
Marchantia polymorpha , que M. de Mirbel a très bien reconnue et figurée 
dans son excellent Mémoire d'anatomie végétale (fig. 53 et 54), sort un 
seul animal spermatique. La partie mince du corps, toute diaphane, est 
d’abord presque invisible; mais en tuant l'animal par l’emploi de l'iode, le 
corps{devient jaune. Je l'ai figuré dans cet état. Aussi dans le Marchantia , 
la partie mince est la plus longue. A l'état vivant, les animaux sy 
montrent toujours roulés, ce que l'on doit sans doute attribuer à leur 
première position dans la cellule. J'ai ajouté aux animalcules du Chara, 
du Marchantia et du Sphagnum acutifolium , ceux de l'Hypnum argen- 
teum. Dans cette dernière mousse les cellules de la masse pollinique restent 
long-temps collées ensemble par leur humidité mucilagineuse. Gonflées 
dans l’eau une partie s’en est quelquefois détachée, et alors les cellules 
mêmes, par l'impulsion des animalcules qu’elles renferment, ont montré 
des mouvements qui n’ont cessé que lorsque les animaux spermatiques en 
sont sortis et ont pu s’agiter isolément. 

» Je continuerai ces observations avec le zèle et surtout avec la circons- 
pection si nécessaire dans ce genre de recherches. » 

M. »e Huwsoror, après la lecture de cette lettre, a rappelé que lui- 
même et M. Jean Müller, professeur d'anatomie à Berlin, ont vu chez 
M. Meyen le mouvement de ces animalcules sortis de la cellule, et 
que ces mouvements, loin de ressembler à ceux qu'’offrent les molécules 
dans les expériences de M. Robert Brown, leur ont paru analogues aux 
mouvements de plusieurs Infusoires. 


71. 


(534) 


Giocrapmie. — Montagne de Vignemale. — Lettre de M. le prince ne 
LA Moscowa. 


« Je suis parvenu, avec mon frère et cinq guides, à la cime du Vigne- 
male, la plus haute montagne des Pyrénées françaises, le 1 r août à 2 heures 
30 minutes de l'après-midi. 

» Ce sommet passait jusque alors pour être inaccessible; ayant eu le bon- 
heur de l’atteindre, j'espère que vous trouverez bon que je m'adresse à 
vous afin de vous informer d’une découverte qui peut ne pas être sans 
intérêt pour les sciences physiques. 

» La route une fois indiquée, des observateurs plus expérimentés que 
moi pourront étudier la constitution physique et les détails géologiques et 
minéralogiques de cette montagne. Je me bornerai à avoir l'honneur de 
joindre ici les observations barométriques que j'ai été à même de faire sur 
son sommet. 

» Je serais heureux qu'elles pussent entrer comme éléments dans le 
calcul de sa mesure définitive. 

» Je me suis servi de quatre baromètres munis chacun d’un thermomètre, 
et de deux autres thermomètres libres. 

» Tous ces instruments sont fabriqués par Bunten. 

» Deux baromètres et un thermomètre libre étaient avec moi à la sta- 
tion supérieure, au sommet de la montagne. 

» Deux baromètres et un thermomètre libre étaient à Luz à la station 
inférieure, et confiés à un ingénieur des ponts-et-chaussées, qui a bien 
voulu se charger d'observer à des heures convenues d'avance. 

» De 2 heures 30 minutes à 3 heures 30 minutes de l’après-midi, nous 
avons fait trois observations sur nos instruments à Luz, et au sommet du 
Vignemale. 

» J'ai pris pour mes calculs les moyennes entre les températures, et J'ai 
agi également pour les hauteurs du mercure dans les tubes barométri- 
ques : cela a été fait aux deux stations. 

» Enfin, j'ai corrigé la dilatation du mercure dans les baromètres, au 


moyen de la formule de Dulong, 


? à as © 
RG) ex), 


H' et A! étant les hauteurs du mercure aux deux stations; et les tempé- 
ratures étant © et d\. 


( 535 ) 
» Enfin, j'ai employé la formule 
2 18393" (1 + 2 (TT 


la hauteur moyenne du mercure dans le baromètre à la cime de la montagne 
était de 523" ,2, et la température de 19°,8 centigrades. 
» J'ai trouvé 


© + H 
log + : 


1000 


z — 2640",8 


au-dessus de Luz; et en admettant la hauteur de Luz au-dessus du niveau 
de la mer, telle que la donne Pasumot dans son Voyage physique , 

— 760" 
cela donnerait pour la hauteur du Vignemale au-dessus du niveau de 
la mer, 

3400",92 (1). 

» Le temps le plus beau a favorisé notre ascension; depuis deux jours le 
ciel était sans nuage et l'air fort calme; cet état de l’atmosphérea continué 
deux jours encore après notre ascension. La composition du Vignemale est 
calcaire et non pas granitique comme je l’ai vu avancer par erreur. 

» À sa partie supérieure cette montagne présente un vaste cratère cir- 
culaire d'environ 200 mètres de diamètre, entièrement rempli par un 
glacier ; quatre pics d’inégales hauteurs s'élèvent sur les bords de ce 
glacier. Le plus élevé de tous est celui situé vis-à-vis le lac de Gaube : 
il a la forme d’un tétraèdre triangulaire dont deux faces sont perpendi- 
culaires entre elles. Qu'on se le figure couché sur une de ces faces et 
présentant l’autre au nord, et l’on aura une idée assez exacte de la 
conformation de ce pic et de la manière dont il est orienté. 

» Le vaste glacier dont je viens de parler ne peut se voir que lors- 
qu'on y touche, car il est presque horizontal. 

» Notre ascension s’est opérée sans accidents, quoique nous ayons COUrU 
de grands dangers à la descente d’un glacier qui communique avec le 
glacier supérieur. 

» Le Vignemale n’est abordable que par là, toute autre route est im- 
praticable ; l'expérience de beaucoup de personnes et l'inspection des ep 
proches du sommet le prouvent. 

» Nous sommes partis de Luz le 10; nous avons couché au bivouac dans 


(1) Malahite... 3481 mètres; mont Perdu... 310; Vignemale (3354) trigonomé- 
triquement. (Extrait de l'Annuaire du Bureau des Longitudes. ) 


(536) 


la vallée d'Ossoue au pied du Cardal. Le 11, à huit heures du matin, nous 
avons abordé le Malserrat en partant de la vallée de Serbigliana (Espagne), 
et en avons longé toute la partie moyenne ; ce n’est qu'après l'avoir entie- 
rement tournée que nous avons attaqué le Vignemale. Cette montagne, 
comme presque toutes les cimes les plus ardues des Pyrénées, s’est trou- 
vée accessible du côté de l'Espagne. 

» Le 11,à deux heures trente minutes, nous atteignions le sommet et 
nous étions de nouveau dans la vallée de Serbigliana, où nous avons bi- 
vouaqué à neuf heures du soir. » 


ASTRONOMIE. — Apparition de la comète à courte période. — ettre de 
M. Bocuscawsky, directeur de l'Observatoire dé Breslau, en date 
du 20 août 1838. 


« Dans la nuit du 14 au 15 de ce mois, j'aperçus le premier indice de 
cette comète, comme une nébuleuse informe, extrêmement faible et tres 
difficile à distinguer. 

» À peine fut-il possible de la comparer deux fois avec deux étoiles 
de l'Histoire céleste française, 1793, 24 août, 2"13° 5°,2, et 2" 13° 55°,5, 
pour en déduire l'endroit approché, etc. 

A 14h ram 105,75 t. moy. de Breslau, Vase. dr. 2h 15m 165,39, et la décl. bor. 24° 38 10,6 

PARTS UOTE AUTRE RSR LITE TOO RTS TETE TRIO S ART 

» Une observation postérieure me parut cependant indispensable pour 
être assuré de la réalité. 

» Dans la nuit du 17 au 18, le ciel devenu assez clair, ne montrait pour- 
tant ni la comète, ni à l’ancien endroit une apparition telle que celle que 
j'avais observée. 

» Enfin la nuit passée, du 19 au 20 août, donna la certitude de la dé- 
couverte. 

» La comète, quoique encore bien faible, fut trouvée et comparée avec 
deux étoiles de la zone 333 de M. Bessel, observées au 19 janvier 1826, à 
2"11%59',30 et à 2" 12"0",04. 

» À 13"20"30,47 temps moyen de Breslau, l'ascension droite ap- 
prochée de la comète était : 2"19"4r,53, et la déclinaison boréale : 
25°41°21",2. 

» Une seconde observation, à 13° 33° 44,08, temps moy. de Breslau, 
mais déjà troublée par un brouillard, donna moins sûrement une ascension 
droite de 2" ra” 38°,22 et une déclinaison boréale de 25° 38" 3,7. 


(537) 

» Si les observations de la comète ont été déjà possibles malgré le peu 
d'intensité de la lumière de l’astre, je le dois seulement à une nouvelle mé- 
thode d’observer que j'aurai l’honneur de soumettre au jugement de l’Aca- 
démie, si l'expérience continue à en montrer les avantages. » 


PALEONTOLOGIE. — Sur les ossements fossiles de Stonefield qui avaient été 
rapportés à des Didelphes. 


M. Acassrz, à l’occasion d’une communication récente de M. de Blain- 
ville , écrit que dès l’année 1835 il a émis, dans le Journal de MM. Léonhard 
et Bronn , page 1 86, sur ces prétendus Didelphes , une opinion qui est par- 
faitement d’accord avec celle de M. de Blainville. Le nom qu'il avait 
proposé pour désigner les animaux dont il s’agit est celui d’Amphigonus. 


La séance est levée à 5 heures. F. 


Erratum. (Séance du 27 août). 


Dans quelques exemplaires seuleinent, page 478, ligne 4 en remontant, au lieu dé 
Atlas , Zisez Altaï 


(538) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 


Sciences ; 2° semestre 1858, n° 0. 
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et ArAGo ; 


tome 67, avril 1838, in-8°. 
Leçons sur les Phénomènes physiques de la vie, professées au collége de 


France; par M. Macexnie ; in-8, 4° volume. 

Mémoire sur les Gerboises et les Gerbilles; par M. F. Cuvier ; in-4°. 

Nouveaux renseignements sur l'emploi alimentaire de la Gélatine; par 
M. »'Arcer; 1858, in-8°. 

Annales des Mines ; 5° série, tome 13, 1° livraison de 1838. 

Annales de la Société d'Horticulture de Paris ; tome 23, juillet 1538, 
in-8°. 
Annales des Sciences physiques et naturelles d'Agriculture et d'Indus- 
trie , publiées par la Société royale d'Agriculture de Lyon; tome 1*', juillet 
1838, in-8°. 

Voyage dans l'Inde; par M. Vicron JacquemonrT; 19° livraison, in-4°. 

Recherches sur les Propriétés des rayons chimiques de la lumière solaire, 
thèse de Chimie; par M. Agria; Paris, 1858, in-8°. 

De la Cosmogonie de Moise, comparée aux faits géologiques; par 


M. Maroc pe SERRES; 1838, in-8°. 
Congrès scientifique de France; 5° session, tenue à Metz en sept. 1537, 


in-8°, 
Nosographie des Maladies vénériennes, ou étude comparée des divers 
agents thérapeutiques qui ont eté mis en usage pour combattre ce genre 
d'affections; par M. 1.-G. Human; Paris, in-8’. 

Mémoire et Observations sur plusieurs cas importants de l'art des ac- 
couchements , recueillis en 1836 et 1857 à la Clinique de l'École pratique 
du département de la Moselle ; par M. Morranne ; Metz, 1858, in-4°. 

Société anatomique ; 13° année, bulletin n° 6, août 1838, in-8°. 

Lettres à M. le Président de l’Académie des Sciences; par M. De PARAvEY; 


quart de feuille in-8°. 


(539 ) 


Bibliothèque universelle de Genève ; n° 51, juillet 1838, in-8°. 

Centurie de Plantes cellulaires exotiques nouvelles; par M. Movracwe, 
in- 8°. 

Second report.... Second rapport de la Commission chargée de s’occu- 
per des moyens d'établir un système général de chemins de fer en Irlande ; 
in-4° , avec un atlas in-folio , 1838. 

Description.... Description de quelques nouveaux et rares Céphalo- 
podes ; par M. Ricaarp Owen; in-4°. 

The Edinburgh... . Journal philosophique de Londres et d'Édimboursg ; 
avril—juillet 1838, in-8°. 

. Geognostiche. . .. Observations géologiques et physiques sur les volcans 
du plateau de Quito et leurs rapports avec les autres groupes de volcans 
de la chaîne des Andes ; par M. À. pe Humsoror, in-12. 

Mikroskopische.... Recherches microscopiques sur la conformité dans 
la structure et le mode de développement des Animaux et des Plantes; par 
M. Th. Scnwann; Berlin, 1838, in-8°, première partie. 

Memorie.... Mémoires sur l’Oryctognosie de l’'Etna et des volcans 
éteints de la Sicile; par M. Maravicna, Paris, 1838, in-8°. 

Tavole.... Tableaux synoptiques de l'Etna, comprenant la Topogra- 
phie , la description des phénomènes , l'histoire des éruptions et la minéra- 
logie de ce volcan ; par le mème; Paris, 1838, in-folio. 

Iter hispaniense or.... {ter hispaniense, ou Synopsis de plantes recueil 
lies dans les provinces méridionales de l'Espagne et en Portugal; par 
M. Barker We; Paris, 1838, in-8°. 

Lecciones... Leçons de Physique avec des applications à l'Industrie 
Jaites au Conservatoire royal des arts de Madrid; par M. À. Gurienrez; 
Madrid, 1835, in-8°. 

Teoria.... Théorie mécanique des Constructions, à l'usage de l'École 
spéciale des Ingénieurs ; par le lieutenant-colonel C. per Préraco; Madrid, 
1837, in-4°. 

Teoria.... Traité du Calcul différentiel et intégral; par M. F. Garcra 
san PEDro; 1828, in-8°. 

Geometria. ... Géométrie analytique présentée à l'École royale des In- 
génieurs, par Don Fernanp Garcra san Penro, élève de cette École, et 
imprimée par ordre du Directeur général, M. le Marquis de Las Amarivras; 
Madrid, 1821, in-4°. 

Journal de Chimie médicale, de Pharmacie, de Toxicologie; n° 9, 
tome 4, septembre 1838, in-8°. 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 10.) 72 


(546) 
Guzette médicale de Paris; tome 6, n° 55, in-4°. 
Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 102, in-4°. 


Écho du Monde savant ; 2° année, n° 35. 


L'Expérience, Journal de Médecine et de Chirurgie ; n° 60, in-8°. 


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COMPTE RENDU 
DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 10 SEPTEMBRE 1838. 


VICE - PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Szr la mesure théorique et expérimentale de la 
réfraction terrestre , avec son application à la‘détermination exacte des 
différences de niveau d'apres les observations de distances zénithales 
simples ou réciproques ; par M. Bror. 


(Extrait par l’auteur.) 


« Les astronomes et les géomètres ont, depuis près d’un siècle et demi, 
réuni leurs efforts pour apprécier, tant par théorie que par expérience, 
les réfractions que les rayons lumineux subissent en traversant toute l’at- 
mosphère. Mais la partie de ces réfractions qui s’opère entre deux points 
du sphéroïde terrestre, par conséquent, toujours sur des trajectoires pres- 
que horizontales, quoiqu’elle fût essentielle pour les nivellements géodé- 
siques, n’a pas été l’objet d’autant de recherches; soit à cause de sa varia- 
bilité presque désespérante, soit à cause du peu d'influence, réelle ou 
upposée, qu'on lui attribuait sur les résultats de ces opérations. Aussi, 
à défaut de méthodes certaines, s’est-on borné, jusqu'ici, à l’'évaluer d'a- 
près des hypothèses dont on ne peut établir rationnellement le principe, 
ni apprécier les conséquences accidentelles. A la vérité, les caractères gé- 
néraux des trajectoires lumineuses suffisent, en théorie, pour assigner 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 44.) 73 


(544) 


rigoureusement les différences de niveau de deux points dont les distances 
zénithales réciproques ont été observées simultanément; et il n’y a aucun 
autre moyen de la conclure de ces observations, quand la distance hori- 
zontale des deux points n’est pas connue, comme cela arrive, par exem- 
ple, lorsqn'on veut calculer la hauteur d’une station au-dessus de la mer, 
d’après la dépression de l'horizon apparent. Mais la formule qui se tire de 
cette considération, a l'inconvénient de prendre le rayon terrestre pour 
unique élément linéaire, ce qui donne une très grande influence à la con- 
figuration accidentelle des couches d’égal pouvoir réfringent, que la théo- 
rie suppose sphériques, ainsi qu'aux erreurs que l’on peut commettre dans 
la mesure des distances zénithales, et dans l’appréciation de la densité de 
l'air aux points extrêmes de la trajectoire lumineuse ; erreurs dont l'effet 
combiné devient surtout excessif, quand l'angle compris entre les verti- 
cales des deux stations est fort petit. Ceci étant constaté, il en résul- 
tait comme conséquence naturelle, non pas qu’on düt reprendre, pour 
dernière ressource, les hypothèses gratuites dont on avait fait jusque alors 
usage; mais que, dans les cas où la question géodésique fournissait quel- 
que élément linéaire plus restreint, il fallait chercher à l'introduire exac- 
tement dans les formules théoriques, de manière à restreindre aussi, par 
sa présence, l'influence des erreurs diverses que je viens de signaler. Or, 
on possède un telélément, quand on connaît l'arc terrestre qui’ sépare les 
deux points réciproquement visibles l’un de l'autre, puisque, d'après la 
circonstance même de la visibilité réciproque, cet arc doit toujours être 
très petit, comparativement au rayon vecteur total des trajectoires. En 
outre, le peu d'épaisseur de la masse d’air traversée par le rayon lumi- 
neux, est une autre condition favorable pour tirer des observations météo- 
rologiques faites dans cette masse, et dans les couches contigués, une ex- 
pression du décroissement des densités approximative qui suffise pour 
l'intervalle qu’elle doit embrasser. 11 ne s’agissait donc que d'appliquer ces 
deux genres de restriction aux trajectoires lumineuses généralement dé- 
crites, pour en déduire les différences de niveau avec toute l'exactitude que 
leur limitation rend possible, sans y mêler aucune hypothèse étrangère. 
C’est à quoi je suis parvenu, pour tous les cas où l'arc terrestre est ainsi 
donné; et cette combinaison de la théorie générale, avec les conditions 
météorologiques actuelles, m'a conduit à des formules d’une pratique très 
sûre, qui s'adaptent à toutes les lois de décroissement, même les plus 
insolites, que la masse d’air traversée par le rayon lumineux pourrait pré- 
senter, sous la seule condition qu’ellene s’écarte que peu de l’état sphérique. 


(545 ) 

» Pour établir ces formules, je prends d’abord l'équation différentielle 
générale et complète des trajectoires lumineuses, sous la forme que lui 
donne M. Laplace, lorsqu'il y introduit pour une de ses variables, la diffé- 
rence même de niveau des points de la trajectoire, divisée par le rayon 
vecteur (1). Le décroissement des densités n’y entre alors que multiplié 
par le pouvoir réfringent de l'air, lequel étant tres faible, atténue consi- 
dérablement les erreurs que l’on commettrait si l’on introduisait ce décrois- 
sement évalué et exprimé par quelque méthode approximative, tel qu'il 
existe actuellement dans la masse d’air où l’on observe les distances zé- 
nithales. Or, dans un Mémoire sur la constitution de l'atmosphère que j'ai 
présenté à l’Académie au commencement de cette année, et qui est main- 
tenant sous presse (2), j'ai montré, par des observations nombreuses, que 
les éléments météorologiques contemporains, observés dans une masse 
d’air à diverses hauteurs, étant convenablement calculés, donnent avec une 
approximation très grande la succession actuelle des densités sur une même 
verticale, par desexpressions paraboliques qui seplient à touslesétats del’air. 
En appliquant ces expressions à une masse d’air peu épaisse, on en dé- 
duit la différence des densités par un développement ordonné suivant les 
puissances de la différence de niveau divisée par le rayon vecteur des 
couches, ce qui est précisément la variable déjà employée dans l’équa- 
tion différentielle de la trajectoire lumineuse. Les nombres donnés par 
l'ascension de M. Gay-Lussac, étant introduits dans cette série, m'ont fait 
voir que, dans les circonstances atmosphériques ordinaires , ses deux pre- 


miers termes suffisent pour donner la densité à moins de jusqu’à une 


10000 
différence de hauteur de 2400 mètres, ce qui excède considérablement les 
conditions habituelles des nivellements géodésiques. En outre, quelles que 
pussent être ces circonstances, je montre que l’on pourrait toujours ra- 
mener la série au même degré de limitation, en fractionnant l'angle au 
centre total en plusieurs parties dont on chercherait successivement la dif- 
férence relative de niveau par le seul emploi de ses deux premiers termes, 
jusqu'à ce qu'on eût épuisé la valeur entière de l'angle donné. Or, l’expres- 
sion de la différence des densités, ainsi réduite, étant introduite dans 
l'équation différentielle de la trajectoire lumineuse, la rend exactement 
intégrable en termes finis; et, par une circonstance analytique singulière- 


(1) Mécanique céleste, tome IV, p. 279, ligne dernière. 
(2) Connaïssance des Tems de 1841. 


(546 ) 


ment favorable, la différence de niveau se présente ainsi linéairement, en 
fonction de l’angle au centre ,ayant pour facteur cet angle même, ou plutôt 
la corde de l'arc terrestre qui y correspond; ce qui lui donne la même 
condition d’exactitude qu'on trouvait dans la formule hypothétique jus- 
qu'ici admise, mais avec une complète exemption d’hypothèses sur l’éva- 
luation de la réfraction, ou sur son emploi. 

» Je ne crois pas qu’il existe d'observations géodésiques où l’état de Fair 
ait été étudié aussi complétement qu'il le faudrait pour obtenir les élé- 
ments physiques que ces formules exigent. Mais, en bornant le dévelop- 
pement des densités à son premier terme, comme l'a fait M. Laplace, et 
comme on a dù le faire, d’après lui, à défaut d'autre méthode, on peut les 
appliquer aux observations entre Clermont-Ferrand et le Puy-de-Dôme, 
que M. Puissant a fait connaître dans les n°* du Compte rendu de l'Aca- 
démie , pour les séances des 6 et 27 août 1838. Car elles sont accompa- 
gnées de deux observations barométriques et thermométriques, faites 
en des points assez distants en hauteur pour qu'on en puisse conclure ap- 
proximativement le coefficient unique qui fixe la raison arithmétique du 
décroissement des densités, dans cette supposition restreinte. Toutefois, 
je n'effectue ce calcul que comme un pur exemple numérique, pour mon- 
trer la manière dont il faudrait déterminer la différence de niveau dans 
un pareil cas, sans y introduire l'hypothèse habituelle de l'égalité des 
deux réfractions qui n’y est nullement nécessaire. Car les circonstances 
particulières à ces observations les rendent tout-à-fait impropres à de telles 
épreuves, parce que l'extrême petitesse de l’angle au centre qui n’était 
que de 5’, 3”, 47, dissimule si complétement les erreurs des réfractions 
supposées, et mêmes celles des observations de distances zénithales, dans 
les formules où il entre comme multiplicateur, qu’on pourrait y employer 
des nombres très différents et très erronés, sans produire presque aucune 
modification sensible dans la différence du niveau qui en résulterait. On 
ne pourrait donc pas employer cet exemple pour justifier généralement 
des évaluations empiriques ou fautives de la réfraction terrestre; quoi- 
qu'il soit, au contraire, très propre à montrer le degré extrême d’in- 
fluence que les erreurs des observations, des indications météorologiques, 
et le défaut de sphéricité des couches aériennes, peuvent exercer, quand 
l'angle au centre est très petit et n’est pas connu. 

» En établissant, comme je crois l’avoir fait, dans ce travail, des mé- 
thodes exactes, et j'oserais presque dire, les seules praticables, pour 
corriger les effets accidentels des réfractions terrestres, dans les grands 


(547) 

nivellements géodésiques, je regrette qu’elles ne puissent s'appliquer aux 
opérations déjà faites. Mais l’état accidentel de l’air qui a influencé les ob- 
servations n’étant pas connu, et ne pouvant être aujourd'hui reslitué, les 
formules qui en tiennent compte ne sauraient suppléer à ce manque de do- 
cuments physiques essentiellement variables , sans aucune loi. Toutefois , si 
les personnes qui auront à effectuer désormais de telles opérations veulent 
bien recueillir en quelques points de la masse d’air traversée par le rayon 
lumineux, les éléments météorologiques actuels que l'emploi de ces for- 
mules exige, il pourra en résulter deux avantages. Le premier sera d’ap- 
précier l'influence de la réfraction terrestre sur les différences de niveau , 
plus exactement qu’on ne l’a fait jusqu’à ce jour. Le second sera d'indiquer 
l'ordre des erreurs qui peuvent affecter les grands nivellements déjà effec- 
tués, et dans lesquels on a calculé les effets de la réfraction par les hy- 
pothèses actuellement en usage ; hypothèses qui consistent à adméttre 
toujours un décroissement des densités en simple progession arithiné- 
tique , à supposer la raison de cette progression toujours la même, tan- 
dis qu’on la sait très variable ; et enfin à faire les deux réfractions locales, 
aux extrémités de la trajectoire lumineuse ,égales entre elles , tandis qu’elles 
doivent être effectivement inégales dans presque tous les cas. 


» Nota. Ce que je viens de dire sur les défauts de la méthode par laquelle on a jusqu'ici 
calculé les réfractions terrestres, paraîtra contradictoire avec l'exactitude que M. Puissant 
lui suppose pour l'évaluation numérique de ces réfractions. Mais les nombres mêmes qu'il 
rapporte pour la justifier, et l’usage qu’il en fait en général, me semblent n’offrir que des 
preuves évidentes de son incertitude inévitable. 

» Par exemple, pour les observations entre Clermont et le Puy-de-Dôme, M. Puissant 
trouve la réfraction locale de 88”,7 centésimales à la première de ces stations, et de 97”,4 
à la deuxième. Or, dans la théorie jusqu’à présent admise, où l’on suppose le décroisse- 
ment des densités en progression arithmétique, chacune de ces réfractions doit étre la 
moitié de la réfraction totale opérée sur l’arc de la trajectoire lumineuse compris entre 
les deux stations. On aurait donc ici pour cette réfraction totale deux valeurs différentes, 
savoir 177,4 et 154,8; ce qui impliquerait que la loi de variation des densités, en 
montant de Clermont au Puy-de-Dôme, était autre qu’en descendant du. Puy-de-Dôme 
à Clermont; résultät impossible, puisque les observations sont présentées comme simul- 
tanées. 

» Dans le n° des Comptes. rendus du 2 juillet dernier, M. Puissant dit qu'en nommant 4 
le pouvoir réfringent de l'air, V l'angle au centre compris entre deux stations , p’, e”, les 
densités de l'air dans chacune d’elles, et »° le-coefficient 571,551 adopté par M. Laplace, 
les réfractions locales d, à’, ont pour valeur 


d'—=mAgN ; d'—=mEpV, 


( 548 ) 


ce qui, appliqué à deux points d'une méme trajectoire lumineuse, conduit à la même incom- 
patibilité de résultats. Toutefois, les nombres relatifs à Clermont et au Puy-de-Dôme, me 
paraissent avoir été déduits de quelques autres hypothèses, car ils ne me semblent pas tels 


que ces dernières formules les donneraient. 
» La contradiction que je viens de signaler n’est pas cependant inhérente à cette théorie. 


Car elle n’a pas lieu quand on y introduit les conditions d'identité de la trajectoire , comme 
on doit le faire dans le cas cité plus haut. Pour le faire voir, et trouver en même temps 
d’où elle dérive, je prends, dans la Mécanique Céleste Vélément différentiel de la réfraction 


totale qui, en supposant la vitesse de la lumière dans le vide égale à x, est 


… (a) 


di = — ÉD = rap. 


Je fais ensuite comme M. Laplace, 


= 1—S$, 


7! 
= 


r! étant le rayon ÿecteur de la station d’où l’on compte les s, et qui sera, si l’on veut, 
l'inférieure. L'expression précédente de d8 deviendra 


TO) 


= — ———_———— 
ir + 


.d. 


Maintenant , dans le cas des nivellements géodésiques , la variable s ne pouvant avoir que 
de très petites valeurs, dans l'étendue que l’on veut donner à l'intégration, M. Laplace 
suppose le décroissement des densités, dans cet intervalle, simplement proportionnel à la 


première puissance de s; c'est-à-dire qu'il y fait 
e=e(r— cs); 


c! étant un coefficient dépendant de l’état actuel de l'air aux environs de la couche où la 
densité est-#,et dont la valeur est telle qu'elle reproduise les densités ? avec une approxi- 
mation suffisante, dans toute l'épaisseur d’air que l'intégration doit embrasser. Tirant donc 


d 5 
de R _. , il vient 
2kg'e (1 —5) 


di = + Re) 


do. 


» En bornant cette expression aux nivellements géodésiques , la condition de visibilité 
réciproque des stations consécutives, y rendra toujours l'angle e très petit. Et, comme les 
valeurs de la variable s, seront aussi toujours très petites dans l'intervalle de hauteur que 
l'intégrale doit embrasser, on voit que l’on aura une valeur déjà très approchée de celle- 
ci, en prenant, dans le coefficient de dv, s constant et égal à la moîtié de sa valeur ex- 
tréme que je représenterai par s”, Or, comme les notations adoptées donnent 


4 me nl (4 1 (2 
pm, vante = ste, 


il en résultera 


Le coefficient de de étant rendu constant Par cette approximation , l'intégrale peut s'effec- 
tuer; et, en la commençant à la station d'observation, où » est nul, elle donne 


7! 
GC] 
PETITE TO 
que M. Laplace réduit à … À 
9 — 24p'c'v 


En négligeant les carrés et les produits de 4 et de s. La réfraction totale 0 opérée sur l'arc 
de la trajectoire lumineuse , comprise entre les deux stations , se trouve ainsi proportion- 
nelle à l'angle au centre », compris entre leurs verticales ; et l'on aura sa valeur en met- 
tant pour v la valeur totale V de cet angle, quand le coefficient c’ sera connu. 

» Maintenant on ajoute à ceci l'hypothèse que les réfractions locales aux deux extrémités 
de la trajectoire sont égales entre elles, et par conséquent. égales à la moitié de cette 
somme, ce qui donne pour leur valeur individuelle ke’ c'o. 

» Cela posé, si l’on voulait calculer la somme 8 » Pour le méme arc de la trajectoire lu- 
mineuse, et dans le méme état de l'air, en faisant partir les variables s de Ja station la plus 
haute où la densité est €”, il est évident qu’on devrait arriver au même résultat final. Mais 
alors, comme la densité qui multiplie 4 devrait étre au lieu de #’, et qu'en outre le 
dénominateur de r” +7 deviendrait 7 au lieu de 7’; On voit que, pour maintenir l'éga- 
lité, il faudrait que le coefficient c’ changeât , et prit une autre valeur c”, tellé qu’on eût 


27 DER. 1 
e _ ve TR 
Re rage QUOUIES = fra 


Or, c’est en effet ce qu'exige l'expression adoptée pour représenter généralement la densité, 
lorsqu'on transporte l’origine des variables s à la station où la densité est #”. Pour le faire 
voir, désignons ces nouvelles variables Par s, afin de les distinguer des s. Nous devrons 
faire généralement 


7” es r 
7 — 1: 0r, nous avons déjà — — 7 — , 
T 7 


par conséquent 
M — 7 


ATP r 
RAGE nr +35 


Mais nous ayons admis que l'expression générale de la densité dans la masse d'air considérée, 
était 


P=p(1— cs); 


( 550 ) 


" , 
bsti raleur 1 2 / (r —7) ll vient 
substituant pour s sa valeur en s, et remarquant, que £ 1—c——— |estp ,1l vien 


7 
ne CPI! 
P ip RE ce ); 


= rico) 


ce qui équivaut à 


en faisant 


er 
12 ET 
= al 2 
comme l'égalité des valeurs de 4 sumle même arc de trajectoire l’exigeait. 


» Maintenant, si l’on reprend les expressions générales des réfractions locales données par 
M. Puissant, dans cette théorie, savoir : 


M — mhUN; d'— mkeN, 


on voit que, pour les appliquer à deux points d’une même trajectoire lumineuse , il faudra y 
faire m différent dans ces deux points, de manière que mp” soit égal à m'e/; car ces coef- 
ficiens » sont précisément ce que j'ai appelé tout-à-l’heure c’ etc”; et cette inégalité à établir 
entre eux , est indispensable pour que la variation des densités reste la même en remontant la 
trajectoire, ou en la descendant. Le 

» Pourquoi donc, dans les cas habituels , où les réfractions d’, d”’, se sont produites à des 
époques différentes, par conséquent sur des trajectoires lumineuses que l’on peut générale- 
ment supposer distinctes, donne-t-on à 77 la même valeur aux deux stations, selon cette 
manière habituelle d'opérer? C’est précisément par un défaut de cette théorie; et rien n’en 
peut montrer plus clairement l’incertitude. On agit ainsi, parce qu’on ne connaît pas la va- 
leur locale actuelle de »+ ; et, ne la connaissant pas, on la suppose la même dans toutes les 
stations et à toutes les époques, quoiqu’elle dût être évidemment différente, à cause de 
l'inégalité des hauteurs, si l’état de la masse d’air comprise entre les deux stations , se 
trouvait accidentellement le même dans les observations que l’on combine. L’incertitude des 
resultats ainsi calculés est d'autant plus complète, que la valeur réelle des coefficiens c’, c”, 
est très variable, et l’est accidentellement sans aucune loi. C'est pour substituer des réalités à 
ces hypothèses, que, dans le Mémoire dont j'ai donné plus haut l'extrait, j'ai représenté 
la densité"? par l'expression générale . 


ep (1— es + 0,5? + c353....), 


dont je montre à calculer rigoureusement-les coefficients actuels, d’après les éléments mctéo- 
rologiques obtenus dans la masse d’air considérée, et dans les couches environnantes ; après 
quoi, bornant cette expression aux deux premières puissances de s, soit parce qu’elle s'y 
réduit d'elle-même avec assez d’exactitude dans l'intervalle que l’on doit embrasser, soit en 
fractionnant l'angle au centre autant qu'il le faut pour l'y restreindre, je l’introduis dans 
l'équation exacte de la trajectoire lumineuse, et j'en tire rigoureusement la différence de 
niveau par lintégration. Lorsque cette méthode aura été appliquée à quelques grands ni- 
vellements , on saura avec certitude si les réfractions terrestres n’ont qu’une influence habi. 


(551) 


tuellement négligeable sur les résultats de ces opérations, quand on prend pour base 
linéaire les cordes interceptées entre les stations successives; mais les évaluations que l’on a 
voulu faire jusqu'ici de ces phénomènes, étant purement hypothétiques , ne peuvent donner 
sur ce point aucune assurance. 

» Je terminerai cette note en faisant remarquer que la variabilité du coefficient c à diverses 
hauteurs, en conséquence de la loi admise pour le décroissement des densités, subsiste im- 
plicitement, comme cela doit être, dans la loi générale adoptée par M. Laplace, page 262. 
C'est pour cela qu’il prescrit les opérations à faire pour en transporter l’origine, du niveau 
de la mer au sommet d’une montagne, page 266. Aussi, après avoir effectué ce transport, si 
l’on développe l'expression de la densité en se bornant à la première puissance de la zouvelle 
variable s, on trouve un coefficient c , différent à des hauteurs diverses. Car la valeur de ce 
coefficient, qui est au niveau de la mer b71,551 dans les onstances atmosphériques que 
M. Laplace considère, devient 547,677, dans les mêmes circonstances, à la hauteur de 
Vaérostat de M. Gay-Lussac. » 


Note sur la rÉPuLSION , considérée comme caractéristique de l'essence des 
choses; par M. Georrroy Sanr-Hirraime. 


« Notre collègue, M. Magendie, ayant déposé lundi dernier sur le bu- 
reau, le 4° volume de ses Leçons sur les phénomènes physiques de la vie, 
en a en même temps présenté, de vive voix, un sommaire instructif; 
mais afin qu'il restât de son improvisation une note à insérer dans le 
compte de la séance, il a pris le soin de rédiger, à tête reposée, son in- 
téressante communication; ce qu'il a fait à peu près en ces termes : 

» Voici ce qu'a rapporté notre collègue: « Ce volume contient une 
» suite d'expériences sur les circonstances physiques ou chimiques qui 
» modifient l’état du sang normal. (Vide supra, n° 10, page 499). 

» M. Magendie a employé les infusoires du sérum, Monades et Vi- 
» brions, à mouvoir les globules du sang sur le porte-objet du micros- 
» cope. À l’aide de ces animalcules, les globules sont tournés et retournés 
» en tous sens, etc. Mais les infusoires n’ont pas la même prédilection 
» pour toute espèce de globules, etc. Des infusoires du sang humain vis- 
» à-vis de globules d'oiseau, se sont d'abord dirigés vers ceux-ci, puis 
» après les avoir en quelque sorte reconnus, ils s’en sont éloignés et les 
» ont abandonnés; tandis que mis en contact avec des globules circu- 
» laires, ils les attaquent de toute manière, les poussent, les déplacent, 
» s’établissent dans leur tissu, et finissent souvent par les diviser et les 
» faire disparaître ; il semble qu'il y ait une répulsion (ÉLECTRIQUE PEUT- 
» ÊTRE) entre les deux genres de globules. » 

» J'ai vu les mêmes faits, seulement je ne les raisonne point de la même 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VI1, N° 414.) 74 


) 


façon. Mon collègue, au point de vue d’un habile expérimentateur et 
préoccupé de ses études physiologiques, y est venu saisir des faits spé- 
ciaux d’application à ses travaux de médecin, tandis que, naturaliste syn- 
thétique , jy recherchais les documents d’une théorie plus généraie : or, 
et selon mon rêve d'espoir, c'était la clé de tous les phénomènes divers de 
l'électricité. Pour M. Magendie, ses globules différents se comportent 
différemment : je n’y pouvais voir une sorte de répulsion (électrique peut- 
étre) entre les deux genres de globules. 

» C’est, par cette réflexion théorique (répulsion sans doute électrique), 
c’est adopter l’idée vague et, selon moi, erronée d’une opinion malheureu- 
sement régnant encore en physique; cette ancienne opinion laisse croire 
encore à l'essence de deux forces antagonistes, L'ATTRAGTION ET LA RÉPUL- 
sion. Le célebre physicien, M. Herschel, a eu le malheur d'accorder 
l'appui de son admirable talent à ce faux principe, quand il lui arriva 
dans son magnifique Discours sur l’étude de la philosophie naturelle, de 
placer la proposition suivante : É 

« L'attraction et la répulsion sont des forces qui agissent avec une 
» grande énergie : principes sur lesquels reposent et la constitution immé- 
» diate des corps et la plupart des actions que ces principes exercent entre 
» eux, ils sout compris sous la dénomination générale de forces mole- 
» culaires. » 

» Non, certes, non, je ne croyais pas à de telles forces moléculaires, à 
cette abstraction purement conjecturale où l’on pense retrouver dans les 
choses deux essences primitives et d'action contraire. Nul doute que la 
science ne soit remplie de récits de faits d'attraction et de faits de répul- 
sion : mais gardez-vous de les dire produits par deux causes séparées 
pour les enfanter. Allez sans préjugés sur la propriété intime et innée des 
corps, et vous arrivez à une doctrine unitaire, à la révélation d’une seule 
faculté qui, unique force , condamne tout recours à cette pluralité d’in- 
néités dans les choses. Toute répulsion est un résultat secondaire devenu 
le produit d’une autre combinaison, l’attribut du phénomène et caractere 
d'attraction. 

» Ainsi, la physique propremeut dite viendrait, dans ce cas, s'appuyer 
sur la notion de deux forces occultes ! Justement quand la physique des 
corps organisés ou la physiologie cherche à briser ses anciennes entraves 
et à se soustraire à l’ordonnée ancienne et fausse, à sa règle mystique de 
la vitalité, à cette plus inconcevable force occulte; mot sans consistance, 
dont on a tant abusé, et dont on abuse si souvent encore de nos jours. 


(553) 


» Mon ouvrage de février 1838 (qu'a édité le libraire Pillot, rue Saint- 
Martin, 173), c'est-à-dire mes Votions de philosophie naturelle donnent le 
développement de cette pensée unitaire en physique; jy crois répondre 
sans réplique dans le chapitre Loi universelle, page 47, et avec une me- 
sure parfaite de respectueuse déférence pour le grand nom d’Herschel, à 
son principe irréfléchi de forces moléculaires. La loi nouvelle que j'y subs- 
titue n’est autre que celle même de Newton sur l'attraction, mais mo- 
difiée, seulement appelée à plus d'extension, et corroborée par un autre 
principe secondaire d’application. Je nomme ce principe loi d’Attraction 
de sor pour sor. 

» Les circonstances qui le mettent en jeu, le fait d’affrontement 
de plusieurs molécules exactement les mêmes, et qui se présentent face à 
face. Leur affrontement les appelle à la manifestation de leur attraction 
virtuelle : là est, suivant moi, le fait général, l'élément principal dés phé- 
nomènes de l'électricité. 

» Le 27 avril 1835, l’on m'invita solennellement, dans notre salle ac- 
tuelle, à n'employer cette formule neuve qu’en y apportant toute la lucidité 
d'explication qu'on n'y trouvait point encore : à la bonne heure. Soi pour 
sor est, disait-on, de physionomie abstraite; cela est vrai: mais nous 
pouvons peut-être nous expliquer sans sortir des formes d’esprit propres 
à la note de M. Magendie. Soit un globule circulaire, et par supposition 
de la forme d’un croissant : partagez-le en 5 parties égales nommées 
a, b,c,d,e : qu’en face il y ait un pareil globule, dont les extrémités du 
croissant s'affrontent par rapport à celles de l’autre molécule, ce serait 
placer 4 devant a, b devant b, c devant c, etc. : et, en vertu du principe que 
toute matière homogene s’attire, a se porterait sur &, b sur b, e surc, etc. 
J'appelle algébriquement cette combinaison un soi, pour avoir le droit de 
dire que l’autre molécule de face est aussi un soi. Les deux molécules, 
parce qu’elles jouissent du bénéfice de leur affrontement et de leurs re- 
lations identiques, s’attirent et se confondent. Voilà tout simplement ce 
que j'entends dire par ces mots : il y attraction de soi devant soi. Mais 
supposez que les deux globules, chacun sous la figure d’un croissant, 
soient apportés dos à dos, dés-lors plus de molécules homogènes qui 
soient en correspondance et plus d’affrontement pour que a devienne un 
vis-à-vis avec l'élément a de l’autre globule ; il n’y a plus d’affinité sensible. 
C’est dans le milieu ambiant que seront d’autres raisons d'attraction, et 
qu'il y aura répulsion en apparence. Au fond un autre mode d'attraction se 
manifeste là. Pour que chaque molécule trouve sa similaire, exactement 


74. 


( 554 ) 


son si, les molécules, dans ce cas, se tournent, se retournent en tous 
sens. Ce que dit M. Magendie dans sa Note continue jusqu’à la satisfaction 
du fait accompli d'essence. Ainsi, ce sont de nombreux phénomènes d’at- 
traction qui déterminent les deux globules circulaires à paraître se fuir. 
Ici, la répulsion n’est toujours obtenue et n’est dépendante que d'un 
caractère unique et essentiel de la matière, celle-ci dans son activité attrac- 
tive. 

» Voilà, selon moi, le fait que M. Magendie a observé et qu'il a raconté 
dans sa Note : mais au lieu de l'avoir amené à ses conséquences d’analyse, 
et pour n’y avoir aperçu que des détails prévus au profit de l’art médical, 
que n’avait-il recueilli toutes les faces des phénomènes pour les élever à 
toute leur puissance synthétique! Je le crois du moins; aprés avoir manié 
habilement cette considération pour en faire une application dans les 
champs de l'électricité, il n’eût pas manqué d'y trouver le germe de la 
doctrine unitaire, où doivent tendre et aboutir les études sur les fluides im- 
pondérés.» 


GéocraPgaie. — Remarque sur la hauteur du Vignemale, au sujet de la 
lettre de M. le prince de la Moscowa, insérée dans le dernier Compte 
rendu ; par M. Purssanr. 


« La hauteur de la montagne du Vignemale, que M. le prince de la Mos- 
cowa vient de déterminer par trois observations barométriques, diffère 
de 47 mètres d’une mesure trigonométrique prise en 1817 et rapportée 
dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes. Elle semblerait donc devoir 
ètre regardée comme approximative ; cependant en la comparant avec le 
résultat énoncé à la page 359 de la Nouvelle description géométrique de la 
France , elle excède celui-ci de 102",9 (1). En effet, M. le capitaine Pey- 
tier, auteur de la partie occidentale du nivellement géodésique des Pyré- 
nées, observa en 1827 la cime du Vignemale de quatre stations différentes, 
et fit usage, pour calculer les hauteurs relatives par une seule distance 
zénithale, du coefficient de la réfraction déduit de ses distances zénithales 
réciproques. Il obtint par ce moyen les résultats suivants : 


(1) Une différence aussi énorme et aussi inattendue fait vivement désirer que M. le 
prince de la Moscowa donne de plus amples détails sur ses mesures barométriques et 
sur la hauteur absolue de station inférieure dont il a fait usage. 


(555) 


STATIONS. DIFFÉRENCES 


a ALTITUDE. 
de niveau. 


SOMMET OBSERVÉ. 
Leur nom. Leur hauteur. 


Lestibète....… 18547,9 + 1443",2 | 3298" 1 
Pic de Bigorre. 2880 ,6 + 415,7] 3296 ,3 
Troumouse.… 3089 ,8 + 208,5] 3298 ,3 
Baïetous 3149 ,3 + 150,0! 3299 ,3 


VIiGNEMALE par 


Hauteur absolue de Vignemale, par une moyenne. . . . 3298 ,o 
Id. Selon M. le prince de la Moscowa 
Différence 


» Néanmoins la formule barométrique de Ramond, ou plutôt celle de 
l'illustre auteur de la Mécanique céleste , procure par son application à des 
hauteurs parfaitement connues, une preuve incontestable de son exacti- 
tude; et c’est ce qui arrivera toujours lorsqu'on aura égard aux diverses 
circonstances qui sont propres à en assurer le succès. 

» Le désaccord entre les opérations trigonométriques de 1817 faites par 
MM. Reboul et Vidal, et celles de 1827 faites par MM. Corabœuf et Pey- 
tier, provient principalement de ce que, dans les premières, on a le plus 
souvent pris pour bases des longueurs obtenues graphiquement sur la carte 
de Cassini; aussi le Malahite qui, selon M. Reboul, est le pic oriental de 
la Maladetta, dit le Véthou , du nom du village espagnol qui l’avoisine au 
sud-est, a-t-il pour hauteur absolue 3404” au lieu de 3481" d’après l’4n- 
nuaire. Pareillement le Mont-Perdu est élevé de 3351" et non pas de 
3410" ; le Pic-du-Midi de Bigorre a une hauteur au-dessus de la mer de 
2877" au lieu de 2935"; mais les deux opérations citées donnent, à un 
mètre près, la même hauteur au Canigou , laquelle est de 2785". 

» On peut consulter sur l’oréométrie des Pyrénées, le Mémoire très 
intéressant de M. Corabœuf que j'ai inséré en grande partie dans le pre- 
mier volume de la Description géométrique de la France. » 


M. Frourens présente à l’Académie, au nom du docteur Procter, une 
collection nombreuse de fossiles du calcaire de transition de Dudley et de 
Wenlock, parmi lesquels on remarque de beaux échantillons de Polypiers, 
de Trilobites, d’Orthocératites, etc. Ces fossiles doivent être décrits pro- 
chainement par M. Murchison, dans le grand ouvrage que ce géologue pré- 


( 556 ) 


pare sur les terrains Siluriens de l'Angleterre, et c’est pour cette raison que 
M. Procter n’a pas cru devoir joindre à son envoi un catalogue raisonné. Il 
désire que l'Académie dépose cette Collection dans les galeries du Muséum 
d'histoire naturelle, à moins qu’elle ne juge convenable d’en disposer au- 
trement. 


RAPPORTS. 


Zooro@is. — Rapport sur une note de M. Dusarnn, relative à l'animalité 


des Spongilles. 


at 
( Commissaires, MM. V. Audouin, Turpin rapporteur. } 


« L'Académie nous a chargés, M. Audouin et moi de prendre connais- 
sance des faits annoncés par M. F. Dujardin, comme pouvant servir à 
fixer définitivement l'opinion des naturalistes sur là végétabilité ou l'ani- 
malité des Spongilles et de la grande famille des Éponges en général. 

» Sans vouloir présenter ici l'historique de la question , nous rappelle- 
rons sommairement que les observateurs, jusqu’à ce jour, ont été divisés 
à ce sujet, ce qui nous semble prouver la nature équivoque de ces pro- 
ductions inférieures, la difficulté qu’elles offrent dans l'étude de leurs 
composants microscopiques, et le point de vue particulier sous lequel elles 
ont été considérées par les divers naturalistes. 

» C’est ainsi qu'on a vu les phytologistes s’en emparer et en faire des 
plantes, tandis que de leur côté les zoologistes, avec tout autant de rai- 
son, en faisaient des animaux. Cette espèce de désaccord, ces deux diffé- 
rentes manières d'apprécier les mêmes objets tiennent d’abord à ce que dans 
nos études premières on nous a toujours laissé croire que les corps or- 
ganisés étaient classés et renfermés nettement dans -une sorte de casier, 
ce qui n’est point, et de là un règne végétal et un règne animal dans les- 
quels il faut, bon gré malgré, que tout être vivant soit emprisonné, et 
ensuite à la manière dont nous avons procédé dans nos études, soit 
que l’on ait cheminé du simple au composé ou du composé au simple, 
soit que l’on n'ait observé que des végétaux ou que des animaux en dé- 
butant par l'homme, comme cela arrive chez les médecins naturalistes. 

» De ces études isolées il résultera toujours cette tendance chez les 
botanistes à tout vouloir végétaliser, et, chez les zoologistes, à vouloir 
tout animaliser, comme nous avons vu certains médecins naturalistes, en 
parlant de homme, prétendre que les tissus si simples des végétaux of- 


(557) 


fraient des cœurs, des poumons, des valvules, des circulations réglées, 
des mamelles, etc., ete. C’est d’après cela que d'habiles et profonds obser- 
vateurs sont encore divisés sur la question de savoir la véritable place 
qu’occupent les Éponges dans l’ordre naturel des corps organisés, 

» Les uns, comme Linnée, Lamouroux(1)et MM. Gray, Dutrochet, Link 
et Gervais n’y ont vu que de véritables végétations, tandis que d’autres, 
comme Lamarck les ont rangés sans équivoque, non-seulement dans le 
règne animal, mais n’ont pas hésité à admettre que ces corps étaient cons- 
titués par de véritables polypes. 

» Les observations de MM. Grant, Raspail (2), et celles plus récentes de 
MM. Audouin et Milne Edwards ont complétement renversé cette dernière 
opinion. En effet, ces deux naturalistes, dans les recherches qu’ils ont 
faites en 1826, 1828 et 1829, aux îles Chausey, sont arrivés à ce résultat 
que les Spongiaires appartiennent bien évidemment au règne animal, 
mais qu'ils forment un groupe particulier, comme le pense également 
M. de Blainville qui n’a pas hésité à ranger la Spongille fluviatile dans les 
Amorphozoaires de son Actinologie, et d’en donner une figure faite et 
fournie par M. P. Gervais (3). 

» En parlant de la Spongille rameuse (4), M. Dutrochet semble d’abord 
penser que cette production ne peut encore appartenir, vu l’ambiguité 

* de ses caractères organiques, ni au règne végétal, ni au règne animal, in- 
certitude qui prouve à un très haut degré le savoir de l'observateur et sa 
pensée intime sur la gradation insensible qui existe entre tous les corps 
organisés dans l'immense développement que présente aujourd’hui Le règne 
organique. Mais cette hésitation de l’auteur ne dure pas, car, après avoir 
observé-et décrit toutes les parties constitutives de cette production flu- 
viatile; après avoir fait connaître, avec M. Grant, comment elle absorbe 
insensiblement l’eau nutritive par tous ses pores et comment ensuite elle 
la vomit, mélangée avec des particules excrémentitielles, par l’orifice ou 


(1) On a peine à comprendre comment Lamouroux a pu rapprocher la masse poly-- 
morphe et gélatineuse de la Spongille fluviatile des Charaïignes (Chara), qui sont des 
végétaux d’une organisation si caractérisée. 

(2) Mémoire sur les Spongilles, tom. 1V des Mémoires de la Société d'histoire natu- 
relle de Paris, 1828. 

(3) Manuel d’Actinologie, pl. xcij, fig. 6. 

{4) Observations sur la Spongille rameuse (Spongilla ramosa, Lamark ; Ephydatia 
lacustris, Lamouroux), Ann. des Science. nat., tom. XV, 1828. Mémoires de l’auteur; 
tom, IT, pag. 430-441. 


(558) 


l’oscule de toutes les petites protubérances coniques qui recouvrent sa sur- 
face; M. Dutrochet, toujours par ce besoin que nous éprouvons de caser 
et de dire, sans intermédiaires, qu’une chose est rouge ou bleue, se décide 
nettement à faire de la Spongille un véritable végétal, parce que, ditl, 
elle porte la livrée verte (1) des végétaux ; parce qu’elle forme une expan- 
sion membraneuse sans formes et sans limites déterminées; parce qu’elle 
s'accroît par ses bords comme certaines Ulves (2); parce qu’elle possède 
dans son sein des sortes de tubercules reproducteurs analogues à ceux des 
végétaux. Mais en même temps M. Dutrochet rapproche la Spongille des 
animaux par la nature chimique de sa matière et surtout par les mouve- 
ments singuliers et protéiformes qu'offrent, dans leurs formes variables et 
incessantes, les protubérances chargées de l'expulsion de l’eau et de la ma- 
tière mucilagineuse excrémentitielle qui s’y trouve mélangée. Mais, reprend 
l'auteur, la Spongille n’a point de cavités alimentaires (3); elle se nourrit 
comme les végétaux en absorbant de l’eau chargée de substances nutri- 
tives en solution : donc c’est un végétal dont la composition chimique et 
les mouvements de contraction et de dilatation des protubérences et de 
toute la masse en font un animal. Il est facile de sentir, d’après les diffé- 
rences caractéristiques si bien établies par M. Dutrochet, combien il est 


(1) La couleur verte est loin d’être le caractère distinctif des végétaux , tout en recon- 
naissant que le plus grand nombre des feuilles sont teintes de cette couleur. Mais aussi 
qui peut nier l’animalité des nombreuses Enchélides vertes, dont la couleur est si in- 
tense à la surface des eaux stagnantes? celle des curieux et élégants Gonium pectorale, 
dont les seize globules sont armés, chacun, d’après l'observation de M. Peltier, de deux 
filaments ondulatoires et dont la couleur est d’un si beau vert ? et enfin de tant d’autres 
animaux d’un ordre plus ou moins élevé? 

(2) La Spongille n'étant, dans sa partie vivante, qu’une agrégation d’animaleules 
vésiculeux remplis de leurs globulins verts reproducteurs, ne peut pas plus avoir de 
formes et de limites arrêtées qu’une masse de Bichalia composée de vésicules contiguës, 
qu'une masse de Nostoch formée de filaments moniliformes, qu’une masse d'Oscil- 
laires, qu’une masse d’Ascidies agrégées qui, nécessairement aussi, s’accroissent à l’ex- 
térieur par le développement successif de nouveaux individus. C’est comme cela que 
dans la Spongille nous n’avons pu reconnaitre une membrane extérieure enveloppante. 

(3) Dans une agglomération d’animaleules telle que celle de la Spongille, il ne peut 
pas plus exister de cavités alimentaires qu’au milieu d’une fourmilière; car, dans la 
masse Spongillaire, chaque individu vit pour son compte. Peut-être découvrira-t-on 
un jour que les individus élémentaires de la Spongille ont une bouche, des dents, 
des estomacs, etc.; mais en attendant cette découverte, nous supposerons qu'ils vivent 
en absorbant par tous les points de leur surface. 


( 559 ) 


difficile de se prononcer sur la nature végétale on animale d’une produc- 
tion dans laquelle tout semble n’être encore qu’en ébauche et dans laquelle 
les caractères spéciaux qui distinguent plus haut les végétaux et les ani- 
maux sont encore pour ainsi dire confondus. 

» Ce sont là de ces organisations simples qu’il faut prendre seulement 
pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire pour des productions d'essais placées 
au début du règne organique, et desquelles, comme d’une base com- 
mune , s'élèvent plus tard ces deux grands embranchements végétaux et 
animaux dont la Spongille et tant d’autres espèces, tout aussi ambigués, 
ne peuvent encore que peu ou point faire partie. 

» Mais telle est sur notre esprit la puissance des divisions et des classi- 
fications, chose toujours arbitraire, que nous faisons subir aux êtres na- 
turels; puissance qui nous poursuit, dont nous ne pouvons plus nous dé- 
barrasser (1), et qui fait, qu'esclave des principes de l’école et de la 
nécessité, nous nous surprenons sans cesse à nous demander : est-ce un 
végétal ou un animal? Non, il faut souvent se dire : c’est un végéto-ani- 
mal. M. P. Gervais, dans une lettre sur les Éponges d’eau douce, adres- 
sée à l’Académie le 26 octobre 1835, dans laquelle se trouvent plusieurs 
bonnes observations sur la structure de la Spongille fluviatile, pense, 
comme MM. Dutrochet et Link, que cette production doit être regardée 
comme un végétal, et, à l'appui de son opinion, il dit que les Spongilles 
ne manifestent aucun signe de sensibilité ; que leur couleur varie du blanc 
jaunâtre au vert, suivant qu’elles sont exposées à l'obscurité ou à la lu- 
mière; que desséchées, et mortes en apparence, elles reprennent leur 
mollesse et leur vitalité dés qu’on les replace dans leur milieu accoutumé ; 
qu’elles contiennent, dans leur épaisseur, de véritables graines (sporanges) 
comparables à celles des végétaux inférieurs, c'est-à-dire remplies de glo- 


(1) Pas plus que ce peintre, cité par Diderot, qui, en entrant chaque matin dans son 
atelier, disait : « Mon Dieu! délivrez ma pensée äu matériel de l’écorché et des lignes 
sèches de la perspective. » 

Cette difficulté, que la nature n’avait point prévue, est si grande que l’on a vu quel- 
quefois les botanistes et les zoologistes déchirer en lambeaux des genres très naturels 
et, comme dans une sorte de partage fait à J’amiable, en emporter chacun une partie 
dans son royaume particulier. Tel nous pourrions citer le genre Spongodium , si 
voisin du Spongillia fluviatilis, dont quelques espèces sont figurées parmi les plantes, 
tandis qu’une autre, le Spongodium bursa, sous le nom de Lamarckia bursa, se trouve 
rangée parmi les animaux. (Atlas du Dictionnaire des Sciences naturelles, tom. II, pl. 34; 
et tom. VI, pl. 62, fig. 5.) 

C, R. 1838, 2€ Semestre. (T.VII, N° 44.) 7 


( 560 }) 


bules distincts; qu'enfin ces graines globuleuses, colorées le plus souvent 
en jaune, n'ont point de cicatrice hilaire , mais bien une ou plusieurs pe- 
tites taches de couleur rousse à leur surface ; que dans leur intérieur il ne 
se forme jamais de corps embryonnaire , mais qu’elles germent par l’écou- 
lement des globules, par les taches qui deviennent des trous, et qu’alors 
ces globules servent , soit à l’accroissement de la Spongille, soit à en for- 
mer une nouvelle à côté (1). é 

» La contractilité du tissu vivant des Éponges, admise par plusieurs 
auteurs anciens, a été fortement combattue dans ces dernieres années par 


(x) Les sporules, seminules, graines, ou enfin les corps reproducteurs des végétaux 
inférieurs consistent en une ou deux enveloppes transparentes remplies de globules qui 
simulent un tissu globulaire ou le début d’un tissu cellulaire. La germination de toutes 
ces seminules a lieu par des extensions tubulaires de la vésicule interne, et jamais, à ma 
connaissance , par des explosions de globules nus, comme l'indique M. P. Gervais, pour 
le double mode de reproduction des Spongilles fluviatiles. Cependant, nous dirons, en 
faveur de l'observation de M. P. Gervais, que les vésicules polliniques qui ont tant 
d’analogie avec les seminules des végétaux inférieurs émettent leurs granules, tantôt à 
nu et tantôt protégés par un boyau plus ou moins long. 

Les très nombreux corps oviformes dont l'intérieur de la masse des Spongilles est rempli 
ressemblent aux graines très menues du tabac. Ils sont sphériques , comme chagrinés à 
leur surface ; leur couleur varie du vert au brun, en passant par le jaune et l’aurore. Quand 
on Les détache de la Spongille on sent qu’ils adhèrent assez fortement par l’un de leurs 
points au tissu. La partie opposée, qui doit être regardée comme le sommet, offre une pe- 
tite ouverture ronde, qui paraît comme un point noir situé sur un léger mamelon, trou 
par lequel, très probablement, doivent s’écouler ou se disperser les globules intérieurs, 
animés, et reproducteurs des nouvelles Spongilles. Ge sont ces trous, toujours solitaires 
suivant nos observations , qui ont été pris pour des taches par les uns et pour des Hiles 
ou des ombilics par les autres. Nous serions presque disposé à croire que dans un âge 
moins avancé, ces trous sont munis d’un opercule qui se soulève et se détache ensuite 
complétement au moment de la dissémination des globules intérieurs ; de même que 
l'enveloppe des graines des Commelina, des Canna, etc. , est munie d’un opereule qui 
recouvre une petite ouverture (embryotège) par laquelle sort la radicule ou bien encore 
certaines vésicules polliniques, plusieurs fois operculées (Cucurbita pepo), opercules qui 
forment autant d’issues servant à l'explosion des granules. Les corps oviformes des 
Spongilles présentent de petites coques cassantes qui éclatent avec bruit et dont le mode 
de cassure indique qu’elles sont incrustées de carbonate de chaux. Cassées elles laissent 
voir comme une poussière noire, les nombreux globules qu’elles contiennent. Détachées 
elles nagent sur l’eau. Desséchées elles représentent de petites cupules par l’affaisse- 
ment du sommet vers l’intérieur. 

On remarque aussi qu’assez souvent, les globules intérieurs s’agglomèrent en plusieurs 
petites masses, comme tendant déjà à la reproduction de plusieurs Spongilles futures. 


( 561 ) 


M. Grant. Tout en admettant l’exactitude des faits observés par cet auteur, 
MM. Audouin et Milne Edwards sont arrivés à des résultats tout contraires, 
en ce qui concerne les Théties. Ils ont constaté par des expériences nom- 
breuses et variées que ces sortes d'Éponges sont douées d’une contracti- 
lité qu’il est facile de mettre en jeu. L 

» Votre rapporteur, pendant son séjour à Saint-Domingue, a observé 
bien des fois le singulier sentiment que l’on éprouve lorsque l’on serre 
dans sa main une Éponge vivante et encore plantée dans l’eau de la mer. 
Ce sentiment annonce qu’il est dù au resserrement contractile et particu- 
lier d’un nombre prodigieux de centres vitaux, ou disons mieux, d’ani- 
malcules agrégés. Aussi semble-t-il que dans cette sensation toute parti- 
culière , chaque papille nerveuse soit séparément affectée de manière à 
produire quelque chose de semblable à un léger fourmillement dont les 
innombrables petits mouvements auraient lieu comme par détente. 

» Mais n'oublions pas de dire que le mouvement de contraction et de 
dilatation des masses spongiaires, dù à l'excitation plus où moins grande 
des animalcules agrégés , dépend de l’état des milieux dans lesquels elles 
sont plongées. 

» M. Dutrochet a très bien observé les changements incessants de forme 
qui s’opèrent tantôt dans le sens de la dilatation, tantôt dans celui du res- 
serrement, tantôt dans le sens de l'allongement, et tantôt dans celui 
du raccourcissement des protubérances ; mais il croit que ces divers 
mouvements sont dus à une autre cause qu'à celle de l’irritabilité (1). Il 
pense qu’ils dépendent d’un déplacement possible chez les molécules dont 
se compose, par agglomération, le tissu membraneux et tubuleux des 
protubérances vomissantes. Ayant soumis au microscope des portions de 
ce tissu, l’auteur vit qu’elles étaient composées de globules probable- 
ment vésiculaires, et qu’alors les changements de forme des protubé- 
rances étaient l'effet général produit par le mouvement particulier des glo- 
bules élémentaires et par leur transport d’un lieu dans un lieu voisin (2). 


(1) Si l’irritabilité de la Spongille a semblé équivoque, c’est qu’on l’a seulement 
cherchée dans l’association des individus, au lieu de l’étudier dans les individus eux- 
mêmes où s’en trouve la source, et dont de chaque irritation particulière résulte 
l’irritation générale de toute la masse spongillaire. C’est ainsi que l’irritation mo- 
rale d’un peuple est le produit collectif de tous les individus irrités. 

{2) 1l est difficile de penser que les animalcules agrégés dont se composent les Spon- 
gilles aïent assez de liberté pour pouvoir se déplacer d’un lieu dans un autre. Mais 
on conçoit aisément comment , en se dilatant ou en se contractant sur place , sui 


75. 


( 562 ) 


Ces globules, suivant M. Dutrochet , ne sont point immobiles dans leur 
adhérence mutuelle ; ils se meuvent les uns sur les autres, sans cependant 
trop se quitter, par une sorte de glissement, et cela par une force in- 
connue qui appartient au tissu vivant. Le glissement spontané des glo- 
bules élémentaires les uns sur les autres, est donc ici, continue M. Du- 
trochet, un fait démontré, et ce fait est de la plus haute importance 
en physiologie. C’est une action vitale toute nouvelle (1). 

» Sans l'avoir démontrée et, par conséquent, convenablement expli- 
quée, il n’était guere possible d'arriver plus près de la vérité que ne l’a fait 
M. Dutrochet, comme on va le voir par les nouvelles observations qui 
donnent lieu à ce rapport. 

» M. Dujardin, en reprenant l'observation au point où l'avait laissée 
M. Dutrochet, est allé plus loin dans ce qui est relatif à la connaissance 
exacte des organes élémentaires qui, par agglomération et simple conti- 
guité, servent à constituer la masse entière et polymorphe d’une Spongille. 
En analysant au microscope de petites portions de cette masse, M. Dujardin 
est arrivé à démontrer clairement qu’une Spongille, comme toute autre 
Eponge, étant considérée dans sa partie vivante et non dans ses spicules 
siliceuses et entre-croisées , n’est qu’une agglomération composée d’un nom- 
bre considérable de petits individus vivants, contractiles et extensibles, et 
dont les mouvements particuliers réunis donnent lieu au mouvement gé- 
néral que l’on observe à la surface de la Spongille et des Éponges à leur état 
de vie (2), comme, pour nous servir d’un exemple exact, les mouvements 
particuliers d’un grand nombre d'animaux vus de très loin, en se confon- 
dant entre eux, ne nous offriraient qu’un mouvement général ou d’en- 


vant les besoins qu’ils éprouvent, ils peuvent, par ces divers mouvements particu- 
liers, produire des changements de forme dans l'association générale, comme ceux, 
par exemple, qui ont lieu dans un essaim d’Abeilles. 

(1) Ce qu'il y a de nouveau ici, c’est d’avoir découvert que la Spongille n’est 
qu’une masse informe, composée , dans sa partie charnue, d’animalcules agrégés qui, 
tous, vivent pour leur compte, tout en contribuant en même temps à la vie d’associa- 
tion de la masse spongillaire. 

(2) Parmi les individus composants d’une très jeune Spongille, dont les globules 
étaient encore incolores , nous avons observé des espèces de boyaux confervoides, 
rameux, tubuleux , sans cloisons et remplis de globules d’une excessive ténuité. Ce mé- 
lange de deux organes élémentaires dans la masse des Spongilles offre quelque analo- 
gie avec la masse tissulaire des végétaux qui se compose d’organes vésiculeux et d’or- 
ganes tubuleux diversement disposés. 


(563) 


semble qui nous paraîtrait résulter aussi d’une sorte de grand être mem- 
braneux appliqué sur le sol. Il y aurait donc ici des phénomènes analogues 
à ceux qui ont été observés par M. Milne Edwards chez les Polypes 
agrégés dont ce zoologiste forme son genre Alcyonide, c'est-à-dire qu'il 
existerait des mouvements en apparence généraux qui affecteraient toute la 
masse, tandis que dans la réalité ils ne sont que la résultante des mouve- 
ments particuliers exécutés par chacun des êtres innombrables qui cons- 
tituent ces singulières agglomérations d'individus distincts. 

» Ces individus mobiles dont parle M. Dujardin dans sa lettre à l’Acadé- 
mie, et dont il nous a rendu témoins, ainsi que M. Milne Edwards, con- 
sistent en des globules vésiculeux, incolores, translucides et remplis de 
globulins blancs d’abord, puis verdis par l’action de la lumière, lesquels 
globulins, comme dans la plupart des tissus cellulaires végétaux, pro- 
duisent, par leur réunion, la couleur verte des Spongilles adultes vues à 
l'œil nu. Jusque là, l’organisation vivante et élémentaire de la Spongille 
serait purement végétale ; ce serait un véritable tissu cellulaire (1); ce serait 
une masse rigoureusement comparable, sauf les spicules siliceuses, à celle 
de la Bichatia vesiculinosa (2), dans laquelle on ne trouve que des vési- 
cules immobiles, diaphanes, incolores, contiguës et remplies aussi de glo- 
bules verts. Mais ici commence l'importance de la découverte de M. Du- 


(1) La masse spongillaire s’accroît, comme les tissus cellulaires végétaux, par tous 
les points de sa surface, de manière à s’épaissir et à s'étendre par de nouveaux animal- 
cules qui résultent des globulins reproducteurs d’animalcules qui ont précédé. Les 
corps vésiculeux des animalcules, ainsi que les spicules siliceuses, étant toujours dia- 
phanes et incolores, la couleur variable des Spongilles, comme celle des tissus cellu= 
laires végétaux, est due à celle des globulins contenus qui, d’abord, sont blancs, puis 
jaunâtres, verts, brunâtres et fauves, suivant leur âge et leur plus ou moins grande ex- 
position à la fumière. C’est par cètte cause que les Spongilles sont plus transparentes, 
plus incolores sur leurs bords, et que, vieilles ou privées de lumière, elles sont fauves, 
grisâtres ou livides. Aïnsi, sauf le mouvement des vésicules agrégées qui en fait des ani- 
malcules, la Spongille, dans sa vie organique, se comporterait absolument comme un 
tissu cellulaire végétal. Les Spicules siliceuses, qui dépendent de l’organisme, mais qui 
n’en font point partie, et les filaments mobiles et extérieurs des animalcules agrégés , 
ne pourraient être un caractère distinctif animal de la masse spongillaire, puisque tant 
de tissus cellulaires végétaux donnent lieu à la formation de cristaux de formes diffe- 
rentes et de diverses natures chimiques, et que les poils ne sont aussi que des appen- 
dicules des vésicules les plus extérieures du tissu cellulaire. 

(2) Mém. du Mus. d'Hist. nat., tom. XVIII, pag. 161, pl. x, fig. r, {et5. Diction. 
des Scienc. nat.,atl., tom. IL, pl. ro, fig. 1 et 2. 


( 564) 

jardin. Les individus vésiculeux et composant des masses spongillaires, au 
lieu d’être émmobiles comme les vésicules des tissus cellulaires végétaux, 
sont animés et doués, en même temps, d’un mouvement irrégulier de di- 
latation et de contraction analogue à celui que l’on connaît chez les Amibes, 
les Arcelles, les Difflugies et autres animalcules solitaires et protéiformes , 
et cela à tel point de ressemblance, que l’on pourrait presque dire que ces 
animalcules sont des Spongilles en désagrégation, ou que les Spongilles, 
semblables aux abeilles agglomérées en essaim, ne sont que des amas de 
ces animalcules. 

» Le caractère de contraction et d'extension protéiforme des individua- 
lités composantes des Spongilles suffirait, seul, pour prouver l’animalité 
de cette production (1); mais il en est un autre qui achève la conviction. 
Ces vésicules, ou plutôt ces animalcules captifs, agrégés et sociétaires, sont, 
au moins ceux situés aux surfaces de la masse spongillaire, munis de 
filaments excessivement ténus, analogues à ceux d’un grand nombre d’In- 
fusoires, filaments ondulatoires qui; par leurs mouvements répétés, dé- 
terminent celui de l’eau et des molécules nutritives qui avoisinent la Spon- 
gille. Ces filaments ondulatoires, et les dilatations protéiformes des animal- 
cules agrégés en Spongille, Jetteront un grand jour sur l'organisation et la 
physiologie des Fhéties, des Éponges en ein et on peut dire sur toutes 
les masses tissulaires dont sont formés tous les corps organisés, puisque 
ces masses ne se composent que d'individus élémentaires doués, chacun, 
de son centre vital particulier d'absorption et d’assimilation. 

»Du reste, ce mode curieux de vitalité individuelle et de vitalité d’associa- 
tion tout-à-la-fois, se trouve éclairé par les connaissances que nous possédons 
déja relativement à certains Polypes et aux Ascidies composées qui, eux 
aussi, ne sont que des agrégations, que des associations constantes d'êtres 
plus ou moins simples , lesquels ont, chacun, leur centre de vitalité parti- 
culier. 

» Ainsi nous savons, d’après les observations de MM. Audouin et Milne 
Edwards, que les Ascidies dites composées, qu’on regardait comme des 
êtres irrévocablement liés entre eux dans des masses spongiformes , sont 
parfaitement libres et isolés dans leur jeune Âge, de sorte que chaque in- 


(1) MM. Gervais et Vanbeneden ont observé, depuis M. Dujardin, sur une espèce 
marine, fort voisine de la Spongille d’eau douce, des mouvements semblables à ceux 
déjà découverts par l’auteur du Mémoire que nous avons été chargés, par l’Académie, 
d’examiner. 


( 565) 


dividu libre à sa naissance, et doué d’une sorte d’appendicule caudal qui 
le fait ressembler à un tétard de grenouille, se meut activement, change 
souvent de place et ne se fixe qu’au bout d’un certain temps sur quelque 
corps sous-marin, ou bien sur le corps d'individus de son espèce déjà asso- 
ciés par la greffe. 

» Les individus contractiles et protéiformes, dont l'assemblage cons- 
titue la Spongille fluviatile, seraïent-ils doués aussi, durant les premiers 
temps de leur existence, d’un certain pouvoir locomoteur? jouiraient-ils 
aussi de l'isolement avant de s’agréger en une nouvelle et jeune Spongille ? 
C'est ce que-vos commissaires osent pouvoir assurer, car l’un d’eux, votre 
rapporteur, a vu que les coques globuleuses et reproductives de l'espèce, 
sortes de corps. oviformes , renferment un grand nombre de globules qui 
se meuvent activement et solitairement, et qui lui paraissent, à n’en point 
douter, de jeunes animalcules destinés à former, en s’agrégeant, le début 
d'une nouvelle Spongille. 

» Quoi qu'il en soit, les deux faits importants découverts par M. Dujardin, 
celui de la contraction et de la dilatation protéiforme propres à chacun 
des animalcules vésiculeux et composants, et celui des filaments ondula- 
toires de ces animalcules, sont non-seulement explicatifs des mouvements 
généraux de la Spongille vus à l’œil nu, mais en outre, comme le pense 
l’auteur, ils suffisent grandement pour prouver l’animalité de cette pro- 
duction polymorphe ainsi que celle des Éponges, de manière à pouvoir 
être considérées , dans leurs parties molles et vivantes, comme de véri- 
tables agrégations constantes d’animalcules distincts, analogues, comme 
nous l’avons déjà dit, aux Amibes, aux Arcelles, aux Difflugies, etc., et 
dont on ne peut pas plus les séparer dans l’ordre naturel des corps orga- 
nisés qu'on ne le fait, par exemple, pour les Ascidies simples ou solitaires 
qui, seulement , précèdent les Ascidies agrégées ou composées. 

» D’après une semblable structure, d’après une semblable agrégation 
d’animalcules, on ne peut comparer une Spongille ou une Éponge à un 
Polypier, et on ne peut pas plus chercher , comme on l’a fait, des Polypes 
dans les oscules irréguliers et adventifs (1) de ces productions que parmi 
les vésicules agrégées d’une masse de tissu cellulaire végétal, ou mieux 
dans les stomates de ces tissus, puisque chaque animalcule de la Spon- 


(1) Les oscules, ou plutôt ces espèces de lacunes que prséentent les Éponges et la 
Spongille fluviatile, sont tout aussi irréguliers, tout aussi adventifs que les lacunes, si 
comparables, qui s’observent dans la mie du pain bien levé. 


( 566 ) 


gille est constitutif de la masse et la représentation plus simple d’un 
Polype. 

» Ces faits, que nous avons vérifiés avec tout l'intérêt qu'ils méritent, 
et dont la preuve se trouve dans les figures détaillées que nous avons faites 
et que nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie, nous 
paraissent éminemment propres à fixer définitivement l'opinion des natu- 
ralistes sur la véritable structure composée de la Spongille fluviatile, à 
éveiller leur attention sur l'étude de l'individualité chez les corps orga- 
nisés et sur celle des phénomènes de la vie organique, soit à son début, 
soit dans un état plus avancé, puisqu'elle aussi est la résultante de vies 
plus simples, agglomérées et diversement combinées. De plus, ces faits nous 
font vivement désirer de les voir compléter afin de s'assurer si, comme le 
pense votre rapporteur, les globules verts contenus dans les animalcules 
vésiculeux et agrégés sont, en méme temps, les corps producteurs des 
individus nouveaux qui servent à l’augmentation de la masse spongillaire 
et des corps globuleux, calcaires et oviformes destinés à aller plus loin, à 
l’aide des globulins animés qu'ils contiennent, former une nouvelle Spon- 
gille ; si dans ces corps oviformes et parmi les globulins animés il y a 
déja des spicules siliceuses, comme nous avons cru les y rencontrer; 
si les animalcules agrégés qui forment, par contiguité, la partie molle et 
vivante des Éponges sont tous vésiculeux, mobiles, polymorphes, protéi- 
formes, remplis de globulins reproducteurs de diverses couleurs (1), se- 
lon les espèces ; si, comme dans l’intérieur de la masse spongieuse des 
Spongilles , on y trouve de petites coques globuleuses, oviformes, pou- 
vant aussi les reproduire, et si tous les animalcules composants sont pour- 
vus extérieurement de filaments flagelliformes , ondulatoires, contractiles 


{1) La couleur ét l’opacité des diverses espèces d’Éponges , comme chez les végétaux , 
la Spongille , les Mollusqués , les poils des animaux , etc., dépendent de la couleur 
propre et du nombre des globulins contenus, et non des organes élémentaires creux qui 
les contiennent, qui, toujours, sont incolores et transparents par eux-mêmes, organes 
qui peuvent être comparés à de petits vases de cristal remplis de grains colorés. 

C’est ainsi que, parmi les Actinozoaires, l’Actinie verte, dont le corpsest brun et les ten- 
tacules d’un beau vert, nous avons vu que ces deux parties doivent leur teinte si opposée 
aux nombreux globulins bruns ou verts renfermés dans le tissu, soit du corps, soit 
des tentacules ; et comme les globulins de tous les tissus cellulaires sont très altérables 
dans leur vitalité et très changeants dans leur couleur, il en résulte que les caractères 
tirés de la couleur extérieure des masses tissulaires sont souvent de bien peu de valeur 
chez les corps organisés et surtout chez les Actinies. 


(.567 ) 


et chercheurs ; il serait également curieux de s’assurer si ces animalcules 
présentent dans leur mode de reproduction quelque chose d’analogue à ce 
que M. Milne Edwards a observé, il y a quelques années, chez les Alcyons 
proprement dits, lesquels se multiplient par bourgeons extérieurs aussi 
bien que par des gemmes internes, et qui dans les premières périodes de 
leur développement, par extension de tissu, offrent, d’une manière tran- 
sitoire, une structure si analogue à celle qui est permanente chez lez 
Spongiaires. 

» Enfin , quels sont les rapports de ressemblance qui peuvent exister 
entre les Spongiaires et le Spumaria mucilago, Pers., corps spongieux, 
mou, aqueux, informe, composé, comme certaines éponges , d’un ré- 
seau intérieur et corné, d’un grand nombre de vésicules sphériques remplies 
de globulins et de beaucoup de cristaux aciculaires et groupés qui se 
forment dans l'épaisseur de la masse? 

» D'après toutes les considérations qui précèdent , nous pensons que 
l’Académie doit engager M. Dujardin à poursuivre avec constance ses ob- 
servations si dignes d’exciter l'intérêt des personnes qui attachent de l'im- 
portance à connaître les lois de l'organisation et de la vie. » 


Explication des Figures. 


Fig. 1. Rameau terminal d’une Spongille verte, de grandeur naturelle. 

Fig. 2. Tronçon grossi et coupé en travers pour faire voir les corps oviformes et re- 
producteurs de l’espèce. 

Fig. 3. Vésicules composantes ou organes élémentaires animés, protéiformes, disso- 
ciés de la masse molle et vivante de la Spongille; a, quelques-uns des cristaux aci- 
culaires et siliceux qui solidifient la masse molle de la Spongille. 

Fig. 4. Deux des animalcules protéiformes et composants; a, à l’état de contraction 
et de repos; D, à l’état de dilatation protéiforme et munis du filament ondulatoire 
et chercheur. 

Fig. 5. Corps oviformes; a, médiocrement grossis; d, un plus gros et entouré d’un 
tissu gélatiniforme; c, un vu de côté; d, un cassé; e, un autre très grossi, éclaté 
et laissant sortir un grand nombre de globules animés, destinés à reproduire une 
nouvelle Spongille; f, cristaux couverts d’aspérités et agglutinés à la surface des 
corps oviformes, et peut-être aussi, en même temps, formés dans l’intérieur de ces 
corps. 

On remarquera la ressemblance extrême qui existe entre ces cristaux et les spicules 
couverts d’aspérités dont M. Milne Edwards a fait connaître l’existence dans le tissu 
des Alcyonides et des Alcyons. (Voyez les Annales des Sciences naturelles, 2° série, 
tom. IV, PI. XIII, fig. o, et PL. XV, fig. 1oet 11.) 

Fig. 6. Trois mamelons grossis et détachés d’une Sponpille verte ou adulte, terminés, 
chacun, par deux ou trois pointes de spicules siliceuses. 


C. R. 1838, 2° Semestre.(T. VII, N° 11.) 76 


(568 ) 


MÉMOIRES LUS. 


AnrropoLoGiEe.—1 Homme américain (de l Amérique méridionale), considéré 


sous ses rapports physiologiques et moraux; par M. ALcive »  OR&IGNY. 


(Extrait par l’auteur.) 


« M. d'Orbigny lit un court extrait d’un ouvrage spécial sur l'Homme 
américain , dans lequel, après quelques explications préliminaires sur la 
manière dont il a envisagé la question, il annonce que pour ne donner que 
des faits il s’est déterminé à ne comprendre dans son travail que ses ob- 
servations personnelles, sans s'étendre en dehors des limites occupées par 
les natures qu'il a observées, et il s’est borné à relever comme complément 
tout ce qui a été écrit sur les premiers temps de la découverte du Nou- 
veau-Monde , afin de comparer l’état primitif avec l’état actuel. 

» Son travail est divisé en deux parties : la première consacrée aux 
généralités déduites des faits, la seconde à la partie descriptive spéciale. 

» Voici quelques-uns des principaux résultats qu'il fait connaître. Sur 
la surface du continent américain qu'il a étudié on comptait plus de mille 
nations; il les a réduites à trente-neuf. La répartition des nations avant 
la conquête, comparée à leur état actuel, prouve que toutes occupent 
aujourd’hui les mêmes lieux qu’elles habitaient jadis. Leur ordre, suivant 
l'étendue de terrain qu’elles occupent, donne le premier rang à la na- 
tion Guaranise pour ainsi dire à l’état sauvage. Les migrations des peuples, 
retrouvées par les langues, démontrent à l’auteur que la même nation, 
les Guaranis, les Galibis ou Caribes , s’étendait depuis les Antilles jusqu'à 
la Plata, depuis le pied des Andes jusqu'à l'Océan atlantique , extension 
non signalée avant lui. D’après ses recherches , le nombre actuel des 
Américains purs de race s’éléverait encore à plus de deux millions. La 
statistique des Américains sans mélange, surtout de ceux des provinces de 
Moxos et de Chiquitos, où aucun membre n’est inutile à l'augmentation 
de la population, lui fait trouver des résultats curieux; en France nous 
comptons une naissance pour 32 habitants; à Moxos et Chiquitos la pro- 
portion est une naissance pour 14. En France encore on a un ma- 
riage pour 131 habitants , à Moxos on compte un mariage pour 41. 

» Dans l'Amérique méridionale deux principes colorants existent parmi 


( 569 ) 


les indigènes. Le brun olivätre plus ou moins foncé, et le jaune rougeâtre. 
M. d’Orbigny discute les influences de la latitude, de l'élévation du lieu 
d'habitation sur la couleur de la peau, et croit reconnaitre que la séche- 
resse de l'atmosphère a plus de part à son intensité que la chaleur. Ses 
observations sur la taille lui démontrent que les plus petits hommes sont 
sur les plateaux élevés des Andes, ce qu'il attribue à la raréfaction de 
l'air. Le rapport de la taille des hommes et des femmes, place les femmes 
de plus haute taille proportionnelle avec les hommes les plus grands. La 
comparaison tend à prouver que la forme de la tête des américains n'offre 
pas des caractères aussi certains, aussi tranchés qu'on l'avait pensé. Les 
caractères des traits, de la physionomie, paraissent au contraire devoir 
servir de base à la classification de l’homme américain ; en voici un 
exemple : le nez long , saillant, fortement aquilin et recourbé à son ex- 
trémité chez les Péruviens, est court, légèrement épaté chez les Arauca- 
nos, les Moxos, les Chiquitos; très court, très épaté, très large, chez les 
Patagons ; court, étroit chez les Guaranis. — L'influence de la position 
sociale sur la physionomie des américains est on ne peut plus évidente : 
le Péruvien, de tous temps soumis à la plus étroite servitude, l'a grave, 
réfléchie , triste même ; on dirait qu'il renferme en lui toutes ses pensées, 
qu’il cache aussi soigneusement ses plaisirs que ses peines sous une ap- 
parence d’insensibilité. L’Araucano libre, mais toujours en guerre, est 
aussi réfléchi et froid ; mais ce n’est pas de la tristesse , c’est du mépris 
pour tout homme étranger à sa nation. Le Chiquito, au contraire, a la 
physionomie la plus ouverte, le plus franche, la plus gaie, etc. — Il existe 
une inégalité étonnante entre le mélange des Espagnols avec telle ou 
telle race américaine. Avec les Guaranis, les Métis sont de belle taille, 
presque blancs; leurs traits sont beaux dés la première génération, tan- 
dis qu'avec les Quichuas, les traits américains sont plus tenaces et ne 
| disparaissent qu'après plusieurs générations. 

» Les considérations morales, complément indispensable des caractères 
physiologiques, offrent encore les résultats suivants : la comparaison des 
langues réduit à un très petit nombre les nations qu’on croyait multipliées 
à l'infini. — Les facultés intellectuelles des Américains ne sont pas au- 
dessous de celles des autres hommes. — Le caractère moral est purement 
national et tient évidemment à des dispositions prédominantes, particu- 
liéres à chaque nation : les Espagnols n’ont mis ni moins de bravoure, ni 
moins de persévérance dans leurs luttes guerrières ou religieuses contre 


les Araucanos, contre les peuples des Pampas et du grand Chaco, qu'ils 
76. 


( 550 ) 


n'en avaient mis contre les Guaranis et les Péruviens, et cependant, depuis 
trois siècles, ni le fer, ni la persuasion n’ont pu rien obtenir de ces pre- 
miers peuples; ils sont aujourd’hui ce qu'ils étaient avant la conquête. — 
Les mœurs des Américains sont déterminées par les ressources locales. — 
Les animaux domestiques, la culture, ont une grande influence sur les 
causes de la réunion des Américains en grandes sociétés. — Les coutumes 
et les usages sont le plus souvent déterminés par les mœurs. — L'état de 
l'industrie était en rapport avec l’état des sociétés, et non avec l’extension 
des nations. — Les recherches sur les monuments, les traditions, les lan- 
gues, sur les premiers centres de civilisation , placent celui de la civilisa- 
tion péruvienne, sur les rives du lacde Titicaca, au sein de la nation Aymara, 
qui en serait la souche première, sur les plateaux des Andes; c’est le 
point central où la vie agricole et pastorale paraît s'être développée, où les 
idées sociales ont germé, où, à une époque perdue dans la nuit des temps, 
elle était parvenue à une civilisation avancée, ce que prouvent les monu- 
ments. — L'extension comparative des gouvernements, avec celle des na- 
tons distinguées par le langage, démontre que le degré de civilisation ne 
suit pas toujours une marche relative à leur importance numérique, mais 
se rattache à l'étendue et à la stabilité des sociétés. — L'influence de læ 


température sur les cultes est évidente : on ne révérait le Soleil que sur les: 


plateaux glacés des Andes. 


» M. d'Orbigny divise les Américains ainsi qu’il suit, en assignant des 


caractères distinctifs à chacune de ses divisions. 


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(572) 


Observations sur les mâchoires fossiles des couches oolithiques de Stonesfield, 
nommées Didelphis Prevostii et Didelphis Bucklandü; par M. A. 
VALENCIENNES. 


« Les ossements fossiles des très petits animaux vertébrés découverts 
dans les couches oolithiques du schiste calcaire de Stonesfield ont acquis 
une grande célébrité en géologie, à cause de la détermination qui en a été 
faite par M. Cuvier, lors d’une première inspection. 

» On se rappelle qu’en examinant la demi-mâchoire un peu mutilée que 
lui montrait le professeur Buckland , dans le musée d'Oxford, Cuvier y re- 
connut les caractères d’un mammifère qu'il jugea étre de l'ordre des 
Marsupiaux. 

» On ne peut expliquer autrement le nom de Didelphe , que Cuvier leur 
a appliqué. Son idée se trouve rendue plus précise dans ce sens, non-seu- 
lement par la note de la page 349 de la 2° partie du tome V des 
Ossements fossiles, mais par les expressions qu’il emploie dans le texte de 

“cette même page. En énumérant les innombrables fossiles du schiste de 
Stonesfield, il dit, et même, à ce qu’on assure, deux fragments de mächoires, 
qui lors d’une inspection rapide que j'en fis à Oxford, en 1818, me sem- 
blèrent de quelque Didelphe. : 

» Voici l'extrait de la note. 

« Il (ce dessin) me confirme dans l'idée que la première inspection m’en 
» avait donnée : c'est celle d’un très petit carnassier, dont les mâchelieres 
» ressemblent beaucoup à celles des sarigues; mais il y en a dix en série, 
» nombre que ne montre aucun carnassier connu. » 

» Il est impossible de douter que les expressions quelque Didelphe et 
plus bas celle de Sarigue , ne soient employées pour dire que l’animal fos- 
sile était un mammifère à bourse, ou de l’ordre des Marsupiaux de Geoffroy, 
à la vérité voisin des Didelphes. L'observation sur le nombre des dents 
molaires, montre aussi qu'il jugeait déjà que le mammifère mieux étudié, 
serait considéré comme d’un genre distinct. 

» Toutefois, cette détermination donnait une grande importance à ce 
petit reste de mâchoire, long de 4 à 10 lignes seulement, parce qu'elle 
révélait l'existence de mammifères terrestres dans des terrains plus anciens 
que la craie. 

» Cuvier n'ayant jamais eu ces débris de fossiles dans son cabinet, 
n'ayant pu les comparer avec les squelettes des différents animaux de notre 


(573) 
àge réunis dans sa grande collection d’anatomie comparée, n'ayant recu 
que le dessin de M. Constant Prévost, fait d’après la mâchoire du cabinet 
d'Oxford, et celui d’une autre demi-mächoire plus longue, mais moins 
complète, conservée dans le musée du révérend C. Sykes , ne traita pas de 
ces animaux, dans un mémoire spécial où il aurait cherché à établir leurs 
rapports avec les autres vertébrés connus. 

» Les géologues , appuyés sur l'autorité et le jugement du grand ana- 
tomiste, ont cité le Didelphe de Stonesfield, comme dérogeant à la loi gé- 
néralement admise, que les mammifères fossiles ne sont pas rencontrés 
dans les couches de la seconde période géologique. 

» Plus tard, des naturalistes et des anatomistes éleverent des doutes sur 
cette détermination. On publia qu'ils regardaient ces restes de vertébrés 
comme ayant appartenu à des animaux de la classe des reptiles. Cette 
opinion est, dit-on, attribuée à M. le professeur Grant, dans la traduction 
allemande de la géologie de M. le professeur Buckland, par M. Agassiz. 

» Si cette nouvelle détermination se füt appliquée sans aucune contra- 
diction à la demi-mächoire observée par M. Cuvier, elle aurait eu cet 
avantage de ramener à l’ordre des faits observés jusqu'ici, la nature des 
animaux des couches de Stonesfield. 

» Mais M. de Blainville vient de nouveau de rendre la question incer- 
taine par la savante discussion qu'il a lue récemment devant l’Académie, 
et qui est insérée dans le n° 8 des Comptes rendus du second semestre de 
cette année, sous le titre de : Doutes sur le prétendu Didelphe fossile de 
Stonesfield, etc. 

» Ce célèbre anatomiste n’a eu sa disposition que les figures plus ou 
moins bien caractérisées qui ont été données de ces intéressants fossiles ; il 
a examiné , avec sa méthode précise de comparaison, les différentes parties 
de ces mâchoires; il. a exposé successivement toutes les difficultés à ré- 
soudre, il a présenté les doutes que les déterminations précédentes laissent 
dans son esprit, et il finit par conclure : 

» 1°. Qu'il n’est pas probable que les deux seuls fragments fossiles de 
Stonesfield soient du genre didelphis, ni d’un carnassier voisin des insec- 
tivores. 

» 2°, Que si l’on devait les considérer comme de la classe des mammi- 
fères, leur système dentaire molaire les rapprocherait de la famille des 
Phoques plus que de toute autre. 

» 3°. Qu'il croit plus probable qu'ils doivent être rapportés à un genre 
du sous-ordre des SAURIENS. 


( 574) 


» 4°. Qu'en tout état de cause il propose de les distinguer sous un nom 
générique particulier, celui d’Amphitherium. 

» On voit donc que le savant professeur d'anatomie comparée, incline à 
regarder ces vertébrés comme étant plus voisins des reptiles que de tous 
autres animaux, et il cite, pour appuyer ses conjectures, l'opinion de 
M. Agassiz, qu'il croit être du même avis que lui. 

» Je dois ici faire observer que la Note extraite d’une lettre de M. Agas- 
siz, insérée à la fin du n° 10 des Comptes rendus des Séances de l'Aca- 
démie, semble favorable à cette opinion, puisqu'il y.est dit : 

« M. Agassiz, à l'occasion d'une communication récente de M. de 
» Blainville, écrit que dès l'année 1835 il a émis dans le journal de Bronn 
» et Leonhard (page 186, année 1835), sur ces prétendus Didelphes , une 
» opinion parfaitement d'accord avec celle de M. de Blainville. » 

» Cependant, en remontant à la citation, je vois que M. Agassiz établit 
d'une manière formelle, dans cette Note, que les animaux de Stonesfiekl 
sont bien certainement des mammifères , mais que leur affinité avec les 
animaux à bourse n’est pas pour lui aussi certaine; que les dents ressem- 
blent davantage à celles des insectivores, ou qu’elles ont aussi quelque 
ressemblance avec celles des Phoques. 

» La Note de M. Agassiz a donc pour objet de déclarer que ces osse- 
ments sont d'un mammifère, qu'il croit plutôt être de l’ordre des insecti- 
vores que de tont autre. 

» M. de Blainville termine son travail en invitant à faire de nouvelles 
observations qui puissent fournir de nouveaux éléments à l'argumentation 
pour ou contre l'opinion admise jusqu'ici. 

» Le Mémoire de M. de Blainville prouve que, s'il avait eu l'avantage 
d'examiner les pieces elles-mêmes, il n'aurait laissé aucun doute sur la 
question. 

» Ayant été plus heureux que lui, je me suis empressé de répondre à 
l'appel qu'il venait de faire, en quelque sorte, au nom de l’Académie, et c’est 
ce qui m'a déterminé à demander aujourd’hui la lecture du Mémoire que je 
soumets à votre jugement. 

» M. Buckland vient d'apporter, entre autres morceaux géologiques tres 
précieux, les deux mâchoires trouvées dans le schiste de Stonesfield, et 
conservées dans le cabinet d'Oxford. Il a bien voulu me les confier pen- 
dant le séjour qu'il a fait à Paris. Il m’a permis d’en faire prendre les 
moules que je présente à l'Académie. J'ai comparé les originaux avec les 
différents mammiferes ou reptiles du cabinet du Jardin des Plantes, et je 


(575) 
crois ‘étre pärvenu à confirmer , Par cette comparaison, la justesse de la 
détermination de Cuvier. 

» L'une des deux mâchoires soumises à mon examen, est précisément 
celle que M. Cuvier a observée un seul instant, le Didelphis Prevostii. 
L'autre, découverte depuis, est de la même espèce que celle décrite et 
figurée par M. Broderip, son Didelphis Bucklandii. ; 

» Une autre mâchoire, que je crois être de cette dernière espèce, fait 
partie du cabinet de M. Sykes. C’est d’après cet échantillon que MM. Phil- 
lips et Llyell ont parlé de ce fossile dans leurs ouvrages. Ù 

» Ce fragment, que je puis citer, d’après le dessin qui a été envoyé 
par M. Phillips à M. Cuvier, et que M. Taurillard a eu la bonté de 
me prêter, est moins complet que les deux autres, car il y manque l'angle, 
le condyle et la plus grande partie de la branche montante , qui a ce- 
pendant laissé sa trace sur la roche qui lui sert de gangue. 

» Ceci prouve que l’on connaît aujourd’hui quatre de ces mâchoires qui 
appartiennent à deux espèces distinctes de vertébrés ; et en cela je suis 
parfaitement.d’accord avec M. Agassiz, qui paraît en avoir vu une cinquième, 
et qui observe qu'il est assez curieux que lon n'ait jusqu’à présent trouvé 
aucun os d'une autre partie de ces animaux. 

» La première mâchoire connue a été suffisamment décrite par M. C. 
Prevost dans son Mémoire sur les fossiles de Stonesfield, pour qu'il soit 
mutile de revenir avec détail sur sa forme générale, 

» J'observe cependant, sur l'os même, que les molaires , dont le nombre 
est, comme l’on sait, de dix, sont toutes serrées l’une contre l'autre; que les 
cinq ou six antérieures ont deux racines visibles, uné couronne trian- 
gulaire et pointue, avec un petit talon de chaque côté, l’antérieur étant 
plus aigu, le postérieur plus mousse; que les dernières, vues par leur face 
externe; ont une couronne à deux pointes coniques à peu près égales, 
avec un petit talon en arrière- - 

» Ta seconde portion de mâchoire est une branche inférieure gauche 
vue par sa face interne. Celle-ci, courbée comme la mâchoire de la marmose, 
a une apophyse coronoïde haute, élargie, arrondie, portée un peu er ar- 
riére. On y voit distinctement le condyle, qui est un peu élevé au-dessus 
de la ligne dentaire. L'angle de la mâchoire est prolongé en une languette 
mince faisant un angle obtus avec la ligne inférieure de la branche ho- 
rizontale. Ce qu'il est très important de signaler, parce qu'on n'avait pas 
encore vérifié ce caractère, c’est que cette branche montre l'ouverture 
du canal dentaire , qui est un petit trou rond, percé un peu plus en avant 

C.R. 1838, 2° Semestre, (T. VII, No 44.) 77 


(576 ) 
que celui de la marmose. La symphyse est tout-à-fait à nu et entière. 
C’est une surface rugueuse, ovale, oblongue, qui égale en largeur le quart 
de la mâchoire, et qui est coupée obliquement à l'extrémité inférieure 
de l'os, comme on l'observe dans les mammiferes. SD - 54 

» Les dents conservées sur l’arcade dentaire, sont Anis machelières 
antérieures, parfaitement. en place; elles sont faites comme celles restées 
sur l’autre mâchoire fossile; c’est-à-dire qu’elles sont comprimées, trian- 
gulaires, avec deux petits talons de chaque côté. À Jx base de la branche 
montante on voit une molaire postérieure hors de place, et non entière , 
et montrant deux tubercules pointus très distincts. Il y a sur la gan- 
gue et au-devant des trois dents une impression, qui parait provenir 
d’une dent tombée. En mesurant avec un compas l’espace vide compris 
entre la base de. la branche montante et les dents encore en place, et 
celui occupé par les trois mêmes dents, il est facile de se convaincre que 
l'intervalle devait être rempli par cinq dents; ce qui porterait le nombre 
total des mâchelières à dix, comme dans l’autre mâchoire. 

» Les anatomistes qui m'écoutent doivent juger, par ce que.je viens de 
dire de la présence du condyle, de la forme des dents, de l'aspect de la 
branche montante et de la symphyse, de l'ouverture du canal dentaire, de 
la prolongation en apophyse mince et comprimée en languette de l'angle 
de la mâchoire, que l'animal qui offre ces caractères est un mammifere. 
Mais ce qui va compléter la description et lever tous les doutes, c'est 
que cette mâchoire, comme celle du Didelphis Prevostii, est formée d'un 
seul os; tandis que dans les Sauriens, l’on sait que chaque branche est 
formée de cinq pièces osseuses. | 

» Les inductions que l'on a pu tirer de la division en lobules des dents 
de ces animaux, me prouvent que l’on à beaucoup exagéré cette configu- 
ration des dents. Que l’on examine les fausses molaires d’un carnassier , 
d'une panthère, par exemple, et l’on voit qu ‘elles sont formées aussi d'un 
tubercule moyen CoRpriné triangulaire: ayant de chaque côté un petit 
talon ou tubercule. IL n'y a rien de plus dans les dents du: fossile de Sto- 
nesfield. Cette sorte d'apparence palmée n’est nullement comparable aux 
dents aplaties et triangulaires, de quelques Sauriens qui ont, comme 
dans les Iguanes, les bords entaillés par de très fines dentelures régulières. 

» Cette comparaison. me fait revenir à la pièce osseuse possédée par 
M. Sykes. Cette mächoire, du côté droit, est vue par sa face externe; elle 
manquede sa branche montante et de sa portion symphysaire. On y voit 
neuf dents distinctes et le trou d’une dixième. Le dessinateur qui m'était 


(577) 


Pas anatomiste, a représenté des dents à couronnes divisées en lobes, au 
nombre de cinq et figurant une sorte de rosace qui n'existe ni dans les 
mammifères , ni dans les reptiles. Il me paraît que ces organes n’ont pas 
été convenablément dégagés de leur gangue; et que l’on a été induit en 
erreur sur la division en palmette de ces dents. 

» Maintenant que j'ai donné les raisons qui me semblent prouver:que 
l'animal dont proviennent les mâchoires fossiles mentionnées dans:ce Mé- 
moire était un Mammiféère, examinons à quel ordre il doit être rapporté. 

» Je crois que ce qui a éloigné de la vérité, est la comparaison que l’on 
a faite de ces animaux fossiles avec la sarigue ordinaire ( Didelphis virgi- 
niana). Nous voyons en effet dans cet animal que la seconde fausse mo- 
laire est beaucoup plus haute que celles qui l’avoisinent, et qu’elle -est 
différente. Mais prenons, pour point de comparaison, la marmose, qui est 
un petit didelphe à peu près de même taille, nous trouvons la ressem- 
blance plus frappante; on ne doit plus s'étonner: du rapprochement fait 
par M. Cuvier. Dans celle-ci les fausses molaires sont toutes de méme hau- 
teur, également serrées l’une contre l'autre; elles sont comme presque 
toutes les fausses: molaires des vrais carnassiers, triangulaires, et ont de 
chaque côté un petit tubercule complémentaire. Les molaires postérieures 
ont comme celle du fossile que j'ai sous les yeux, deux pointes suivies d’un 
petit talon sur le bord externe, et trois tubercules coniques et pointüssur 
le bord interne. Les échantillons du fossile bien dégagés de leur gangue 
montrent probablement des molaires conformées de la: même manière, 
car M. Agassiz dit, dans sa Note, que les mâchelières ont cinqpointes dis- 
posées comme celles des insectivores. La courbure de la branche horizon- 
tale du Didelphis Bucklandii , la forme et la direction de sa: branche 
montante ‘ont la plus parfaite ‘analogie avec celle: de la marmose.: les 
différences existent en ce que le fossile a le condyle plus bas, l'apophyse 
en languette de l'angle plus externe, et l'ouverture du canal dentaire 
pratiquée plus en avant. 

» Le Didelphis Prevostii a la branche de la mâchoire plus droite, mais la 
forme des molaires et le grand nombre de ces dents le rapprochent, plus 
des Didelphes que de tout autre animal: à bourse. 

» Si l’on veut comparer l'animal fossile aux Insectivores, nous: voyons 
chez ceux-ci une apophysé coronoïde portée plus en avant, séparée du 
condyle ‘par une échanérure plus: profonde, l'apophyse angulaire de la 
mâchoire plus droite, formant avec la branche horizontale un sinus plus 
rentrant; la naïssance de la branche horizontale plus convexe, le reste 


77- 


(578 ) 
de la branche plus droit, et d’ailleurs le nombre des dents toujours 
moindre. 

» Cependant, si l’on admet que l’animal fossile est de l’ordre des Mar- 
supiaux, l’on ne doit pas s'étonner de la ressemblance qui peut exister entre 
lui et les insectivores, car l’on sait que cette famille des animaux à bourse 
forme une sorte de sous-classe, comme l’a dit Cuvier, qui marche paral- 
lèlement à celle des autres mammiferes, et que l’on peut établir des Mar- 
supiaux carnassiers insectivores, carnivores; et des Marsupiaux ron- 
geurs, etc:; mais les animaux de cet ordre sont les seuls mammiferes, les 
cétacés exceplés, qui soient pourvus du plus grand nombre de dents. 

» On a cru pouvoir aussi rapprocher notre animal fossile de la famille 
des phoques à cause de la subdivision des.dents en lobules. Je ferai observer 
d’abord , que dans les phoques proprement dits, le phoque commun est 
le seul qui ait cinq tubercules sur la couronne dentaire, que les autres n’en 
ont généralement que trois, que dans le Phoca cristata, il semble même 
n'y avoir plus qu’une simple couronne mousse conique, sillonnée sur la 
surface, sans avoir de tubercules complémentaires. 

» Ainsi, la subdivision des dents en tubercules ne peut être regardée 
comme un caractère constant dans les phoques, et n’est pas, par consé- 
quent, d’une grande valeur. Mais il faut remarquer que chez ces amphibies, 
l'angle de la mâchoirene se prolonge pas en cette apophyse en languette qui 
existe chez les Carnassiers et chez les Marsupiaux carnivores. Dans le 
phoque commun, on observe à l'angle maxillaire un simple tubercule; dans 
le Phoca cristata, cette apophyse est plus obtuse, elle est tout-à-fait nulle 
dans le Phoca leptonyx de Blainville. 

» Nous voyons à la vérité cette apophyse reparaître et devenir plus im- 
portante dans les Otaries, où elle constitue une forte saillie trièdre, obtuse, 
et prolongée en une crête saillante en-dessous de la mâchoire. Mais ces 
mammifères ont dans les racines de leurs molaires un caractère qui 
éloigne tout rapprochement. Ces dents n’ont chez eux qu’une seule racine. 

» Ainsi, l'animal ne me paraît pas devoir être rapporté à la famille des 
Phoques. C 

» Comme nous ne voyons jamais cette apophyse de l'angle s’effacer dans 
les Carnassiers, je crois devoir en conclure que les ossements fossiles de 
Stonesfield proviennent d’un mammifère carnassier terrestre , et à cause 
du grand nombre de ses dents, plus voisin des Didelphes que de tout autre 
mammifere. 

» Cette étude est une nouvelle preuve que l'examen attentif dés plus 


( 579 ) 


petites parties qui entrent dans les formes organiques des êtres conduisent 
à des résultats généraux très curieux, et deviennent des caractères dont 
on était loin de soupçonner d’abord l'importance. 

» Cette apophyse prolongée en languette saillante manque dans l’homme, 
dans les quadrumanes, dans les Roussettes, animaux dont l'articulation de 
la mâchoire n’a pas exigé cette fixité qui était nécessaire dans les condi- 
tions d'existence des Carnassiers. Cette apophyse donne dans ceux-ci une 
forte insertion aux ligaments ou aux faisceaux musculaires qui empêchent 
les mouvements latéraux de la mâchoire quand elle s’abaisse, la fixent 
dans son articulation et font jouer convenablement les dents pour couper 
la proie. Cette apophyse est nulle ou presque nulle chez les phoques clas- 
sés parmi les Carnassiers; parce que ceux-ci happent leur proie dans l’eau , 
la harponnent avec leurs dents pointues plutôt qu'ils ne la mâchent, et 
qu'ils n'avaient plus alors besoin d’une telle fixité dans l'articulation. Si 
nous la voyons devenir saillante dans les Otaries , il est facile de s’en ren- 
dre raison par le simple examen de leurs dents peu pointues, insérées obli- 
quement et en travers sur l’arcade dentaire, et moins aptes à reténir une 
proie vivante, si la mâchoire avait pu chevaucher latéralement sous la 
supérieure. 

» Si je ne craignais de sortir de mon sujet, il me serait facile de dé- 
montrer que le prolongement angulaire des mâchoires est tout aussi bien 
calculé, dans les rongeurs, pour l’action de leurs dents. 

Ainsi , la forme de cette apophyse, celle des derits, celle du condyle, 
sont toujours combinées de manière à ce que leur étude devient ensuite 
féconde pour apprécier les rapports naturels des êtres. 

» Je crois donc, en me résumant, que les ossemenis. des Des de 
Stonesfield publiés sous les noms de. Didelphis Prevostii et de Didelphis 
Bucklandii, ont appartenu à des animaux mammifères voisins des Di- 
delphes, et qu'ils sont d’un genre distinct. 

» N'ayant pas eu l'avantage d’observer la portion de mâchoire conservée 
à l'École des Mines, je n'ai pas pu parler de ce fossile dans ce Mémoire. 

» M. Agassiz, qui regardait ces êtres comme d’une nature ambigué dans 
les vertébrés, a proposé pour nom générique celui d’Amphigonus. 

» M. de Blainville, en suivant les mêmes idées mais sans connaitre le 
nom de M. Agassiz qui n’est pas cité dans la note du Journal de Bronn et 
Leonhard, a proposé celui d’ Amphitherium ou d’Heterotherium. Comme dans 
ce que nous pouvons déduire de l’étude des portions de mächoires sou- 
mises’ à notre examen, je ne vois rien qui indique une nature ambigué ou 


( 580 ) 


hétérogène, et que les noms proposés par ces savants expriment des doutes 
qui ne sont plus fondés dans mon opinion, je crois qu'il serait plus con- 
venable de donner à présent un nom plus significatif. Je ne pense pas qu'il 
y ait encore les graves inconvénients qu’entraînent toujours dans les sciences 
naturelles les changements de noms, parce que ceux que je propose de 
remplacer n’ont pas encore pris rang dans nos Systema , et par conséquent 
pas encore recu une sanction générale de tous les RATUEAUStES. Le nom 
de Thylacotherium me semblerait préférable. 

» En se rappelant la figure de la mâchoire, publiée par M. Broderip, et 
qui est faite d’après un morceau que je n’ai pas examiné, le genre nouveau 
de mammifère fossile aurait pour caracteres tirés de l'examen de la mä- 
choire inférieure seulement, les expressions suivantes : 

» Huit dents incisives, deux canines et dix molaires, donc cinq à six 
fausses antérieures ; les postérieures ayant une couronne à cinq tuber- 
cuies , trois internes, et deux externes plus grands, ceux-ci suivis d’un 
petit talon. 

» Les deux espèces qui se rapportent à ce genre sont : 

» Le THYLACOTHERIUM Prevostit (Didelphis Prevostii, Cuvier) , à mâchoire 
inférieure à peu près droite, haute du quart de sa longueur; 


» Et le THYLACOTHERIUM Buckiandii (Didelphis Bucklandiü, Broderip), à 
mâchoire inférieure plus étroite et plus courbée. 


» Tels sont les caractères zoologiques jusqu'à présent connus de ce 
genre de mammifères fossiles. » 


BOTANIQUE. — Nouvelles observations sur la circulation dans les plantes ; 
-par le D' C.-H. Scnurrz. 


(Commissaires, MM. de Mirbel, Adolphe Brongniart.) 


« Rien ne saurait être plus agréable pour moi, à l’occasion de ma-pré- 
sence dans cette illustre nes que d'exprimer personnellement ma 
reconnaissance à l’Académie pour l'honneur .qu ‘elle a daigné faire à mon 
Mémoire sur la circulation dans les plantes, en lui accordant le grand prix. 
de physique. Qu'il me soit aussi permis de remercier spécialement Mes- 
sieurs les membres de la Commission qui s’est chargée du rapport sur des 
observations si détaillées, et qui a témoigné un si vif intérêt à mes tra- 
vaux. à f 
» L'Académie n’a pas reculé devant les dépenses nécessitées par la gra- 


(581 


vure d’un très grand nombre de.dessins, et j'ai le plaisir de voir qu'on est 
sur le point de.faire imprimer le texte sous mes. propres yeux. 

» Au moment de la publication du Mémoire entier, j'ai cru que l’Aca- 
démie n’entendrait pas sans intérêt quelques observations nouvelles ac- 
compagnées des dessins concernant.le même sujet, car ces observations 
serviront, à compléter mon travail, ainsi qu'à confirmer le jugement de 
l'Académie sur celui-ci, et à rectifier quelques erreurs dans lesquelles 
sont tombés divers. auteurs depuis la présentation de mon Traité. Quel- 
ques savants, ont confondu le mouvement de cyclose dans les, yaisseaux 
répandus dans le tissu cellulaire hors du foyer de la circulation avec le mou- 
vement de rotation dans les plantes inférieures. J'ai fait connaître dans mon 
Mémoire deux sortes de circulations tout-à-fait distinctes l’une de l’autre 
lune existante dans les plantes komorganiques, c’est-à-dire dans les plantes 
pourvues seulement d'un tissu utriculaire homogène dont chaque utricule 
représente et renferme la totalité des fonctions vitales de la plante; cireu- 
lation qu’à cause du mouvement gyratoire séparé dans chaque utricule, 
nous avons nommée la rotation ; l'autre sorte de circulation est propre aux 
plantes héterorganiques, c’est-à-dire aux plantes pourvues d’un double sys- 
tème de vaisseaux réunis par un système cellulaire, lequel remplit seule- 
ment les fonctions de la formation; cette circulation est celle à laquelle j'ai 
assigné le nom de cyclose, à cause des courants de sucs renfermés dans des 
vaisseaux ramifiés et; anastomosés en forme-réticulaire, de manière qu'il 
se forme des cercles cohérents et enchainés les uns aux autres par les 
anastomoses. 

» Depuis, MM. R. Brown et Amici, sans avoir égard à la Dlose, firent 
connaître leurs belles observations sur le mouvement du suc dans les poils 
purement cellulaires de plusieurs végétaux hétérorganiques, ou pourvus 
de vaisseaux laticifères. Vers la même époque, M. Slack, habile naturaliste 
anglais, en répétant les observations de M. R. Brown sur les poils du Tra- 
descantia virginica ; établit le premier, d’une manière positive, la compa- 
raison .de cette. circulation dans les poils avec la rotation dans les plantes 
homorganiques. Toutefois, M. Slack avait tres,bien remarqué que ces poils 
ne sont pas des cellules d’une simple membrane, mais qu’ils se composent 
d’un double tissu, l’un extérieur, l’autre intérieur, et que c’est entre les 
deux membranes que: s'opère la: circulation. M. Slack avait reconnu en 
“outre que ce mouvement dans les poils n'offre pas seulement, deux cou- 
-rants retournant sur eux-mêmes ; mais plutôt de nombreux canaux liés en- 
semble par.des:anastomoses réticulaires. Donc. M. Slack avait décrit d’après 


( 582 ) 


nature une véritable cyclose, et seulement il ignorait tout-à-fait alors la 
vraie nature et les divers degrés de l’évolution des vaisseaux laticifères et de 
la cyclose, qu'il paraît n’avoir connus que par oui-dire. Voilà ce qui porta 
M. Slack à comparer à tort ce mouvement de cyclose à la rotation. Plus ré- 
cemment, ces observations furent répétées par M. Meyen; mais quoiqu'on 
ait dû s'attendre à ce qu’un observateur connaissant les vraies rapports de 
la cyclose distinguât au premier coup d'œil le mouvement de cyclose de 
celui de la rotation, M. Meyen partage l'opinion, au contraire, de M. Slack, 
et même il pousse encore plus loin cette fausse comparaison, en tächant 
de réfuter les observations incontestables de celui-ci, savoir, que les cou- 
rants du suc dans les poils ne s’opéreraient pas dans l’intérieur d’une cel- 
lule creuse et parfaitement vide, mais dans les interstices d’un double tissu. 
IL est certain que cette réfutation est purement hypothétique. M. Meyen re- 
connaît bien qu'il était impossible qu'une vraie rotation se fit dans des ca- 
naux enfermés entre deux tissus; mais au lieu d'admettre que des courants 
en forme de réseau dans l’intérieur des tissus ne sont autre chose qu’une véri- 
table cyclose, il préférait avancer que des observations de MM. R. Brown 
et Slack sont erronées sur ce point, quoiqu'il n’y ait rien de plus juste 
que ces observations, et que-la comparaison seule soit fausse. C’est aussi 
pourquoi les figures de cette circulation dans lé tissu cellulaire des poils, 
données par M. Slack selon les observations de M. Brown, sont beaucoup 
plus conformes à la nature que les figures de M. Meyen. 

» D'après l'opinion de M.Meyen, il était nécessaire d'admettre dans les 
plantes hétérorganiques, pourvues d'un système vasculaire laticifere, deux 
sortes de circulation dans la même plante, savoir : la cyclose et la rota- 
tion, sans qu’on comprenne quel rapport ou quelle liaison existent soit 
entre ces deux circulations elles-mêmes, soit entre les deux circulations et 
le système des vaisseaux spiraux. Ces contradictions ne sont explicables 
que par cela que M. Meyen ignore absolument les diverses formes, la 
place, l'étendue et principalement les degrés de l’évolution des vaisseaux 
laticiferes. Ce sont notamment les vasa laticifera contracta dont les paroïs 
sont très souvent non reconnaissables au milieu du tissu cellulaire , à cause 
de leur ténuité extrême et de leur transparence vitreuse; et c’est ce qui a si 
souvent empéché les observateurs d'admettre d’une manière générale des 
vaisseaux pour le latex. C’est pour éclaircir ces phénomènes que j'ai l'honneur 

_de présenter à l'Académie quelques dessins exécutés exactement d’après 
nature. On voit, dans l’une de ces planches unexcoupe longitudinale d’une 
tige vivante du Comelina cœlestis passant par le milieu d’un faisceau vascu- 


(583) 
laire. On aperçoit, à côté des vaisseaux spiraux, Le foyer de la cyclose. 
Ce foyer se compose d’un faisceau de vaisseaux laticifères dont les vais- 
seaux très déliés et effilés sont très serrés et liés entre eux en forme de 
réseau à mailles très allongées, dans lesquelles on voit les courants du 
latex ascendants, descendants et retournants en soi-même. En oùtre, on 
remarque à côté du foyer, dans le tissu cellulaire, la cyclose en courants 
bien distants, et la même chose est visible entre les cellules du poil que 
J'ai représenté à un plus fort grossissement dans une autre figure. On ob- 
serve de même que les courants épars, soit dans le tissu cellulaire de la 
tige, soit dans les poils, ne sont ni séparés dans chaque cellule, ni isolés 
dans tout le tissu cellulaire; mais liés au foyer de la circulation en quel- 
ques endroits que j'ai indiqués dans le dessin; ainsi tout le suc cir- 
culant dans le tissu cellulaire et dans les poils, dérive du foyer de 
la cyclose. Le latex, dans le Commelina aussi bien que dans toutes les Li- 
liacées , n’est pas tout-à-fait laiteux, quoiqu'il soit un peu plus opaque que 
dans beaucoup d’autres plantes. Or, toutes ces plantes ayant des vaisseaux 
laticifères d'autant plus fins que leurs sucs sont plus transparents, ainsi 
que je l’ai exposé en détail dans mon Mémoire, il est souvent difficile de 
trouver et de poursuivre toutes les ramifications qui font la connexion 
des courants. Mais il existe des plantes à latex parfaitement laiteux, où 
l'on voit la même chose d’une manière encore plus claire. J'ai l'honneur 
de présenter à l’Académie une figure d’un poil tenant à une portion 
de la corolle du Campanula rapunculoides. Ainsi que toutes les Campa- 
nulacées, cette espèce a un latex parfaitement laiteux, et j'ai figuré, dans 
mon Mémoire, les vaisseaux laticifères de plusieurs Campanulacées dans 
tous les degrés de leur évolution, afin qu’il ne soit pas douteux que le 
latex circule vraiment dans ces vaisseaux. Or, on voit dans ce poil vivant 
les courants du latex dans la même liaison réticulaire que dans l'intérieur 
de la plante, soit dans le foyer de la cyclose, soit dans le tissu cellulaire. 
D'ailleurs, ces circulations d’un latex parfaitement laiteux ressemblent en 
tout aux courants du latex dans le Commelina, le Tradescantia et les autres 
plantes à latex non laiteux. Ainsi toutes ces sortes de circulations ont lieu 
dans un système de vaisseaux entourant, sous forme d’un réseau très fin, les 
cellules, et traversant même l’intérieur des cellules, dans les directions les plus 
diverses; aussi c'est dés le premier coup d’œil qu’on distingue cette circu- 
lation de la vraie rotation dans les plantes homorganiques. C'est aussi ce. 
que j'ai figuré dans quelques Aroïdées, dans mon Mémoire, où l’on voit 
comment les vaisseaux laticifères contractés se répandent hors du foyer 
C, R. 1838, a€ Semestre, (T. VII, N° 41.) 78 


( 584) 

dans le système cellulaire. Jamais cette circulation n'est isolée dans les 
cellules, car il y a toujours une liaison des réseaux des différentes cel- 
lules. Je ne connais qu’un seul phénomène qui donne une certaine indé- 
pendance à la cyclose de quelques grandes cellules. Ce cas arrive lorsque 
au milieu d’une cellule on voit un confluent de courants , plus ou moins 
radiaires , d’où il résulte que le point de réunion de ces courants est com- 
parable au cœur. J'ai figuré cela dans le Commelina. Mais toujours 
les courants radiaires communiquent avec les courants des cellules voi- 
sines. Pourtant tous ces faits sont restés absolument inconnus à M. Meyen, 
de sorte qu'il va jusqu’à nier les phénomènes les plus incontestables, 
tels que l’existence des vaisseaux laticifères en état de contraction, et 
même les anastomoses de ces vaisseaux dont j'ai peut-être déjà sur- 
chargé de figures mon Mémoire. C’est ici que je suis obligé de relever 
encore une autre erreur assez singulière. M. Meyen, en niant l'existence 
des anastomoses des vaisseaux laticifères, cite une figure des vaisseaux 
laticifères d’une Euphorbe charnue, donnée nouvellement par M. Link, 
et à la vérité, dans cette figure, ces vaisseaux sont représentés sans 
anastomoses. Mais c’est moi-même qui avais préparé ces vaisseaux pour 
M. Link , avec toutes les anastomoses qu’on y trouve en réalité , et c’est seule- 
ment par la faute du dessinateur qu'il ne les avait pas figurés. Or, comme 
M. Link, je ne sais par quel hasard, avait publié ce dessin sans faire men- 
tion de moi, il est arrivé que M. Meyen a voulu me réfuter par mes propres 
préparations imparfaitement exécutées. Certainement les nombreux des- 
sins des anastomoses donnés dans mon Mémoire feront disparaitre les 
doutes sur l'existence des anastomoses des vaisseaux laticifères, et on 
sera persuadé que les courants du latex, dans la plante vivante, sont 
toujours tracés par la forme des réseaux des vaisseaux. La connaissance 
de ces réseaux jette d’abord une grande lumière sur le cours des courants 
de la cyclose dans l’intérieur du parenchyme des plantes vivantes, où l’on 
ne distingue pas mieux les parois des vaisseaux mêmes que dans la circu- 
lation des animaux, où l’on a souvent eu les mêmes doutes sur l'existence 
des vaisseaux dans le système de la périphérie. Peut-être qu'il sera aussi 
impossible, dans les plantes que dans les animaux, de séparer les vais- 
seaux dans toutes les parties d’une plante, et qu’on devra se contenter 
de les avoir représentés dans quelques parties, mais dans autant de fa- 
milles que possible, et c’est ce que je me suis efforcé de faire dans mon 
Mémoire, et ce que l’Académie a jugé à propos. | 

» L'ensemble de la connaissance des vaisseaux et du mouvement du 


(585) 


suc nous met en état de distinguer exactement la cyclose de la rotation, 
distinction dont àl s’agit ici. Il me paraît pas quela rotation eût lieu dans 
aucune plante hétérorganique, c'est-à-dime à vaisseaux laticifères, tandis 
que cette rotation se retrouve dans toutes les plantes homorganiques pha- 
nérogames examinées vivantes jusqu'ici. Même dans quelques-unes de ces 
plantes, dont j'ai donné la classification dans mon système des plantes, 
d’après l'observation de l’organisation sur des tiges desséchées que j'avais 
rangées parmi les plantes dans lesquelles on devrait trouver encore la 
rotation, on l'a déjà trouvée, comme dans le Zanichellia. 

» Un autre moyen de distinguer la rotation de la cyclose est offert par 
l'absorption des liquides coloriés, qui dans les plantes hétérorganiques 
ne sont jamais absorbés que par les vaisseaux spiraux, tandis que, comme 
je l'ai démontré dans mon ouvrage sur la plante vivante, dans les plantes 
homorganiques à rotation, c’est le suc tournant même dans chaque utri- 
cule qui se colore de suite de la matière colorante absorbée, de maniere 
que dans plusieurs plantes homorganiques j'ai produit une rotation rouge 
par l’absorption de la garance , et une rotation bleue par l'absorption de 
de l’indigo; mais jamais je n’ai pu produire une cyclose rouge ou bleue, 
parce que ce sont toujours Îles vaisseaux spiraux qui absorbent les liquides 
coloriés, et jamais le latex ne prend une couleur artificielle dans la plante 
saine. C’est aussi ce que j'ai tenté de faire avec la T'radescantia virginica , 
la Commelina cælestis, la Campanula rapunculoides, sans avoir réussi à 
produire une cyclose artificielle rouge ou bleue, ce qui se fait si facile- 
ment dans la rotation. 

» Ainsi, je suis porté à croire qu'une loi générale, tant dans l’organisa- 
tion des plantes que dans l’organisation des animaux , sépare deux grandes 
divisions dans le règne végétal : les homorganiqueset les hétérorganiques ; 
et que c’est principalement l’organisation du système de la circulation 
dont les types divers président aux changements de toute l’orgamisation 
interne , de laquelle résultent les degrés de développement des divisions 
naturelles du règne végétal; tandis que dans de règne,animal c’est princi- 
palement du système nerveux que dépendent les tpyes généraux des di- 
visions naturelles. Cette diversité s’explique’en ce que l’organisation des 
plantes n'offre que des fonctions organiques ou wvégétatives, tandis que 
dans les animaux les fonctions animales gouvernent la totalité de l'organi- 
sation. Mais aussi parmi les fonctions purement végatatives des plantes se 
trouve un système supérieur dominant et remplaçant le système nerveux 
des animaux,.et.cesystème «est le système de la circulation. Voilà pourquoi 


78. 


(586 ) 


les changements des grands types de la circulation déterminent les chan- 
gements de toute l'organisation interne qui produit les grandes divisions 
naturelles du règne végétal , divisions que j'ai tâché d'exposer dans mon 


système des plantes. 
» Quoi qu'il en soit, il reste hors de doute que tous les phénomènes 


qu’on avait pris pour une rotation dans les plantes hétérorganiques appar- 
tiennent incontestablement à la cyclose, et c’est done le fait principal au- 
quel je me bornerai ici, parce qu'il se lie immédiatement aux questions 
qui ont été proposées par l'Académie et auxqueiles j'ai répondu dans mon 
Mémoire. » 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 
pnysiQuE. — Supplément à un Mémoire sur la See de l'eau; par 
les auteurs d'un premier travail déjà présenté. 
(Renvoyé à la Commission du grand prix de physique.) 
Cinquième Mémoire relatif à la Météorologie ; par M. Ronysir. 


(Commissaires, MM. Bouvard, Mathieu , Savary.) 


Navicarion, — Mémoire sur la roue à pales mobiles et description de cette 
roue ; par le marquis ne La Feurrrane-Daususson. 


Mémoire sur le piston à double effet et sur les bateaux sous-marins ; par 
le même. 


(Commissaires, MM. Séguier, Gambey.) 


Description théorique de ‘emploi de l’eau lancée en arrière par les roues 
des bateaux à vapeur ; par M. Gautier. 


(Commissaires , MM. Séguier, Gambey.) 


iNpustriEe. — Mémoire sur les ardoises factices et sur un nouveau système 
de couverture ; par M. Cnarurs, architecte. 


Mémoire sur un appareil prrique propre à la cuisson de ces ardoises ; 
par le même. 


(Commissaires, MM. Brongniart, Berthier, Gambey.) 


( 587 ) 


MÉDECINE. — Note sur le traitement de la Rougeole et de la Scarlatine ; 
par M. le docteur ScourTettEN. 


(Renvoyé à la Commission des prix Montyon.) 


CORRESPONDANCE. 


Crirurcre. — Sur le véritable inventeur de la section du muscle sterno-cléido- 
mastoïidien sous la peau, dans le torticolis. — Lettre de M. Drerrensacn, 
préfesseur de l'Université de Berlin et directeur de l'hôpital de la Charité. 


« J’ai eu dernièrement l'honneur de faire hommage à l’Institut de France 
de mon Mémoire sur la section. du muscle sterno-cléido-mastoïdien sous la 
peau, accompagné d’un assez grand nombre d'exemples de réussite. J'y 
_citais M. Dupuytren comme inventeur de cette méthode. Mais cette citation 
était fondée sur une erreur, et je-erois devoir à l’histoire de la science de 
m'en déclarer moi-même l'inventeur. 

» Je fis les premières sections sous la peau dans le torticolis, il y a ro 
ans, et je décrivis les heureux résultats de cette méthode en 1830, dans 
l'ouvrage de chirurgie de M. Rust (Handbuch der Chirurgie , tom. II, 
article Caput obstipum, pag. 629), où je disais : « L’heureux résultat de 
» mes sections sous la peau dans le torticolis se manifesta de suite, et la 
» guérison fut toujours complète. » 

» Lorsque je communiquai à mes confrères ce procédé nouveau, ils me 
répondirent que ce n'était pas moi, mais bien M. Dupuytren qui, le 
premier, avait décrit cette opération. Je l’ai cru jusqu’à ce que M. Stro- 
meyer füt venu publier son ouvrage intitulé : Orthopédie opératoire, ou 

Expériences sur la section sous-cutanée des muscles raccourcis et de leurs 
tendons, dans lequel il réclame en ma faveur la priorité de cette mé- 
thôde. « M. Sharp, dit-il, donne le conseil de mettre à nu le muscle par 
une: SR transversale de la peau et de le couper au moyen d’un bis- 
tôuri qu'on introduit au-dessous. La même méthode a aussi été recom- 
mändée par Ohélius et Boyer. Mais Dieffenbach a trouvé la manière la plus 
convenable (artic. Caput obstipum, dans le Manuel de Chirurgie de M. Rust, 
1830). Il traverse la peau avec la pointe d’un couteau très étroit, sem- 
blable au bistouri de Pott; il l’introduit sous le muscle tendu, et coupe 
celui-ci autant qu’il le faut pour que la tête puisse se redresser, après quoi il 
retire la lame, sans faire à la peau aucune autre lésion. Dieffenbach attribue 


( 588 ) 
cette méthode à Dupuytren, mais le passage cité de la Biographie médi- 
cale, tom. III, dit que Dupuytren a séparé le muscle swr une sonde can- 
nelée. M. Fleury, qui, en 1830, fit part à l'Académie des Sciences d’un cas 
de la section du muscle sterno-cléido-mastoïdien, rapporte de même que 
Dupuytren s’est servi de la méthode décrite par Boyer. I] faut donc qu'il y 
ait ici une erreur. » Voilà les assertions de M. Stromeyer. 

» Cette erreur que J'ai occasionée moi-même en attribuant à Dupuytren, 
savant avec lequel je n’ai jamais voulu rivaliser, la section du muscle sous la 
peau, est donc éclaircie, et après cet exposé j'ose me flatter que l'illustre 
Institut de France voudra bien reconnaître que je suis le premier auteur 
de la méthode de la section du muscle sterno-cléido-mastoïdien ggus la 
peau dans le torticolis. » 


Pavsique. — Lettre le M. Desererz sur la dilatation des dissolutions sa- 
lines et du soufre liquide. 


« M. le docteur Hope vient de publier un Mémoire ( Proceedings of 
the royal Society of Edinburgh, p. 203), d’après lequel il croit pouvoir 
établir que l'eau de mer n’a pas de maximum de densité, et qu’il en est de 
même des dissolutions salines. Un extrait du Mémoire du savant anglais 
a paru, il y a peu de jours, dans un journal français. 

» Mon affirmation, opposée à la négation de M. le docteur Hope, n’avan- 
cerait nullement la question. Il est tout simple que je considère comme 
exactes des expériences qui m'ont coûté beaucoup de temps, et dans les- 
quelles j'ai mis les plus grands soins. L'accord qui règne d’ailleurs entre 
les expériences individuelles, est une présomption en faveur de mon tra- 
vail. La régularité des courbes qui représentent les dilatations, semble 
aussi attester que les dilatations, que j'ai observées par le froid, ne sont 
pas l'effet d’une congélation partielle, mais l'indication certaine d’un maæxi- 
mum de densité. 

» J'ai pensé que, dans une pareille occurrence, je devais m'appuyer sur 
le témoignage des juges compétents. J'ai donc prié plusieurs membres de 
l’Académie de venir voir par leur yeux, dans mon laboratoire, les faits que 
j'ai avancés. M. de Humboldt, qui a provoqué des expériences à Berlin sur 
le même sujet; M. Beudant, qui s'intéresse à des faits de cet ordre, parce 
qu'ilssont liés à plusieurs phénomènes de physique générale, ont vu l’eau 
demer, etune dissolution desulfate de soude, contenant #7 dusel,se main- 
tenir liquide-dans des tubes au-dessous de leur congélation ordinaire, et se 
dilater par le froid. Vs ont reconnu, en ôtant les tubes du mélange réfri- 


(389 ) 
gérant, qu'il n’y avait point de congélation partielle ; enfin, en présentant 
les tubes au soleil, ils ont vu les liquides se contracter par la chaleur. 

» M. Becquerel, et plusieurs autres savants, ont été témoins de phéno- 
mènes analogues observés sur. d’autres dissolutions. 

» Ces expériences n'offrent aucune difficulté aujourd’hui, quand il s’agit 
seulement de constater l’existence du maxünum, sans l'appréciation de la 
température exacte correspondante. Si M. le docteur Hope n’a ee l'eau 
de mer se dilater par le froid, c’est qu’il s’est sans doute arrêté à la tem- 
pérature de la congélation. Ce savant revient encore sur ce que le maxi- 
mum de ce liquide ne peut être à 4°,5 au-dessus de sa congélation, comme 
l'avait avancé Blagden. Les résultats donnés par ce savant anglais sur cette 
matière sont jugés. Si le maximum était au-dessus de la congélation, il 
n'aurait pas échappé aux recherches d’observateurs aussi habiles et aussi 
exercés que M. Marcet et que M. Erman fils. 

» Je ferai remarquer en finissant, que le second procédé employé par 
M. Hope, est un de ceux que j'ai indiqués dans le Compte rendu (t. IV, 

p- 124 et 455), comme ne convenant point aux dissolutions qui ont leur 
maximum au-dessous de leur congélation ; il ne peut donc servir ni pour 
l'eau de mer, ni pour aucune dissolution un peu concentrée. 


Observation sur la dilatation du soufre. 


» Depuis déjà assez long-temps il est admis, dans la science, que le 
coefficient de la dilatation des gaz et des vapeurs est constant, et que celui 
des liquides et des solides croît avec la température. En d’autres termes, 
la dilatation des gaz et des vapeurs est représentée par une ligne droite, 
et celle des liquides et des solides, par une courbe tournant sa convexité 
vers l’axe des températures. 

» Il m'a semblé d’un haut intérêt pour l’histoire des réactions molécu- 
laires, de rechercher si certains corps qui, sous l'influence de l’action de la 
chaleur, se comportent d’une manière anomale, n’offriraient pas dans leur 
dilatation des points analogues à ceux que les géomètres appellent singu- 
liers. J'ai commencé par le soufre 2 jouit, comme on sait, de la propriété 
remarquable de se colorer et de s’épaissir, quand on le éhan@e graduelle- 
ment à l'état liquide , à dater de son point de fusion. J'ai pour cela, cons- 
truit avec ce corps, des appareils analogues à ceux qui servent à la 
mesure de la dilatation apparente des liquides ; et j'ai reconnu ainsi que le 
coefficient de la dilatation absolue de ce corps décroît avec la tempéra- 
ture. Voici quelques nombres : 


Déttrotal No; déprés., NN POENENMENPN SN ANNE coefficient 0 ,000622 


DRONAMTHON "54 EVENE. Hétu 19. » 0,000581 
Lo 20Dirn2é Libre 20e ele ira el - » 0,000454 
PTO LA M2 EP ele ete CE NE Cd » 0,000/428 


» Ainsi, cette dilatation d’une espèce nouvelle serait représentée par 
une courbe dont la concavité serait tournée vers l’axe des températures. 

» L'observation que nous rapportons n’est peut-être pas sans relation, 
avec la discordance trouvée par M. Dumas entre le poids atomique du 
soufre déduit de la densité de la vapeur de ce corps et le poids atomique 
admis d’après les considérations chimiques. » 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. — JVotice sur le télégraphe galvanique de 
M. SrErNeEur. 


( Communiquée par l’Auteur. ) 


« Le télégraphe de M. Steinheil est une application des découvertes sue- 
cessives et fondamentales d'OErsted et de Faraday, et du multiplicateur 
de Schweigger. Dans un fil de cuivre de 36,000 pieds de longueur et 
de À de ligne d'épaisseur retournant sur lui-même , M. Steinheil produit un 
courant galvanique par l’action d’une machine de rotation semblable à 
celle de Clarke, miais construite de manière que la résistance, dans l’ap- 
pareil générateur, soit très grande par rapport à celle qui a lieu dans le 
conducteur (c'est ainsi qu’il appelle le fil de cuivre). Ce conducteur forme, 
sur différentes stations, des multiplicateurs de 400 à 600 révolutions en fil 
de cuivre isolé , très fin, autour d’une aiguille aimantée posée sur un axe 
vertical terminé par deux pointes. 

» Les déviations produites par le courant galvanique sur ces aiguilles 
aimantées ont lieu instantanément; elles donnent le moyen d'obtenir les 
signes télégraphiques. On voit qu'il n'existe que deux signes différents 
produits, lun lorsque le courant est dirigé dans un sens, et l’autre résul- 
tant de la direction du courant en sens inverse. On dirige à volonté le 
courant en tournant la machine de rotation dans un sens ou dans l’autre. 
Les aiguilles aimantées, après leurs déviations analogues, sont ramenées à 
leur position primitive par l’action des forces magnétiques de deux petits 
aimants régulateurs. Sur chaque station on a un appareil de rotation qui 
produit la force déviatrice, et un autre qui donne les signes par suite des 
déviations produites. 

» Partout où passe le conducteur on possède une force agissant instanta- 
nément selon la volonté de celui qui la produit. Il n’en faut pas davantage 


( 591 
pour communiquer les'idées; il suffit de bien choisir les signes au moyen 
desquels elles doivent être représentées: 

» Un télégraphe dont les signes ne sont que visibles, ne peut jamais être 
parfait parce qu’il exige une attention continuelle de la part des observa- 
teurs. Pour rendre son télégraphe exempt de cet inconvénient, M. Steinheil 
a tâché de produire des sons qui, frappant l’ouie, peuvent faire du lan- 
gage télégraphique une imitation de la parole. Pour atteindre ce but, 
M. Steinheil place à côté des deux. aiguilles aimantées, deux petites cloches 
donnant chacune un son qui lui est propre et qui se distingue facilement 
de celui de la cloche voisine. Chaque déviation d’une aiguille occasionne 
de la part de celle-ci ,un choc contre la cloche correspondante, et comme 
lon produit à volonté la déviation de l’une ou de l'autre des deux ai- 
guilles en dirigeant le courant galvanique dans.un sens ou dans lautre, 
on obtient instantanément le son que l’on désire. 

» M. Steinheil ne s’est pas borné dans la disposition de son télégraphe 
à la production de sons fugitifs ; il a voulu aussi fixer ces sons en traçant 
sur le papier des signes qui les rappelassent. Il ÿ est parvenu en faisant 
avancer, au moyen de la déviation des deux aiguilles aïimantées, deux 
petits tubes pointus munis d’une encre particulière. À chaque coup de 
cloche on peut voir l’une des pointes-s'avancer contre une bande étroite 
de papier qui se meut très lentement avec une vitesse uniforme, devant 
ces pointes, et y déposer un point bien distinct représentant la note mu- 
sicale que la cloche a fait entendre. Les points ou notes laissés par chaque 
pointe sont sur la même ligne. H y a donc deux lignes de notes. 

» En combinant les sons ét les notes jusqu’à 4, M. Steinheil a obtenu un 
alphabet parlé et un alphabet écrit comprenant les lettres nécessaires pour 
écrire tous les mots de la langue allemande; et, de plus, les chiffres. On 
peut voir, dans un dessin qui sera mis sous les yeux de l’Académie, la dis- 
position des points pour former les signes aw Mere desquels il repré- 
sente et les lettres et les chiffres. 

» Les sons peuvent être produits dans un temps très court; il est facile 
d'en obtenir 4 pendant une seconde. Des intervalles plus grands séparent 
les lettres et les mots. C’est par habitude que l’on parvient à comprendre 
la musique produite par le jeu du télégraphe et à lire les signes qui résul- 
tent de l’arrangement des notes laissées sur la bande de papier continue. 

» La mémoire est facilitée par une ‘certaine analogie que M. Steinheil a 
cherché à établir entre la forme des lettres et la figure Er de la réu- 
nion des notes par des lignes droites. 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 413 79 


( 592 ) 

» M. Steinheil pense donc avoir inventé le premier télégraphe, dans le 
sens véritable du mot, c’est-à-dire un appareil qui parle un langage facile 
à comprendre, et qui écrit lui-même ce qu’il dit, ou plutôt ce qu'on lui 
fait dire. 

» L'appareil est simple et solide. Depuis plus d’un an qu'il était construit 
(le 19 juillet r838)il n'avait encore exigé aucune réparation. 

» Un fait digne de remarque et que l’on peut observer sur le conduc- 
teur employé par M. Steinheil, est que le conducteur n’a point éprouvé 
d’oxidation ; la galvanisation l'en a préservé malgré son exposition à Pair 
sur une grande longueur. 

» Le télégraphe galvanique , établi à Munich, part de l’observatôire de 
M. Steinheil à la Zerchenstrass. En ce point le conducteur est réuni à une 
plaque de cuivre enterrée. Partant de là, le fil de cuivre traverse, dans 
l'air et par-dessus les maisons, la partie de la ville comprise entre la Ler- 
chenstrass et les bâtiments de l’Académie des Sciences, où une seconde 
station a été établie. 

» De l’Académie, le conducteur se rend à l'observatoire royal à Bogen- 
hausen , troisième station, après avoir traversé, dans l'air et par-dessus 
les tours et les édifices élevés, le reste de la ville, puis l’Zssar (fleuve qui 
la longe d’un côté), puis la montagne appelée Gasteig , et enfin la ville 
de Haidhausen, qui est comme un faubourg de Munich. La longueur du 
trajet est d’environ une lieue trois quarts d'Allemagne. 

» A l'Observatoire royal, à Bogenhausen, le fil aboutit, comme au point 
de départ, à une plaque de cuivre enfoncée dans la terre. 

» Quoique la terre ne soit que peu douée de la faculté conductrice en 
comparaison de celle des métaux, le courant galvanique traverse la dis- 
tance dont il- vient d’être parlé avec une résistance d'autant plus petite 
qu’on augmente davantage la surface des plaques enterrées. Celles qui sont 
appliquées aux deux extrémités du conducteur, à la Lerchenstrass et à 
Bogenhausen, n’ont que six pouces de côté. 

» On voit donc que le même moyen peut être appliqué pour des dis- 
tances tres considérables. Des mesures numériques de résistance, pour di- 
verses compositions du terrain, laissent à M. Steinheil la certitude que 
l'application de cette découverte nesera limitée ni par la distance, ni par 
Ja nature du terrain. 

» Depuis la construction de son premier télégraphe galvanique, M. Stéin- 
heil a imaginé des moyens nouveaux propres à simplifier la solution du 
problème qu’il s’est posé. Il a trouvé, par exemple, que la terre peut servir 


(593 ) 
comme moitié du conducteur : découverte qui serait de la plus grande 
importance, si, comme il n’en donte pas, ses prévisions se réalisent. 

» M. Steinheil annonce qu’il a déterminé, par l'observation, la loi sui- 
vant laquelle les forces galvaniques se dispersent en passant à travers la 
terre, ou par des eaux d’une grande étendue. Ce travail, dont l’auteur 
attend des résultats merveilleux, sera publié incessamment. » 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Télégraphe électro-magnétique de M. Monse, 
professeur à l’université de New-Yorck. 


L’instrument a été mis en action sous les yeux de l'Académie. Voici 
la traduction littérale d’une grande partie de la Note que M. Morse a re- 
mise aux secrétaires perpétuels : 


« M. Morse croit que son instrument est la première application réali- 
» sable qui ait été faite de l'électricité à la construction d’un télégraphe. 
» Cet instrument fut inyenté en octobre 1832, pendant que l’auteur se 
» rendait d'Europe en Amérique sur le paquebot Le Sully. Le fait est cer- 
» tifié par le capitaine du bâtiment et par plusieurs passagers. Au nombre 
» de ces derniers se trouvait M. Rives, ministre des États-Unis auprès du 
» Gouvernement français. M. Rives a écrit à M. Morse, à la date du 21 sep- 
» tembre 1837 : 


« Je me rappelle parfaitement que vous m’exposâtes l’idée de votre in- 
génieux instrument, pendant le voyage que nous fimes ensemble dans 
» l'automne de 1837. Je me rappelle aussi que durant nos nombreuses 
» conversations sur ce sujet, je vous fis diverses difficultés, et que vous les 
» levâtes avec promptitude et confiance. ..... etc., etc. W.-C. Rives. » 

Dans la lettre du capitaine du paquebot, M. W. Pell, en date du 27 
septembre r837, nous remarquons particulièrement ce passage : 

« Lorsque j’examinai votre instrument , il y a peu de jours, j’y reconnus 
» les principes et les arrangements mécaniques que je vous avais entendu 
» développer à mon bord, en octobre 1832. » 
« L'idée d'appliquer le galvanisme à la construction de télégraphes n’est 
pas nouvelle. Le docteur Coxe , citoyen distingué de Philadelphie, en 
fit mention, en février 1816, dans une Note insérée ‘aux Annales du 
» docteur Thomson, vol. VII, p. 162, 1"° série ; mais il n’y avait encore là 
» aucun moyen de la mettre en pratique. 

» Depuis l’époque à laquelle remonte l'invention du télégraphe de 
» M. Morse , d’autres appareïls, fondés sur les mêmes principes, ont été 


79: 


ÿ 


y 


12 


ÿ 


( 594 ) 

» annoncés, parmi lesquels Îes — célèbres sont ceux de M. Steinheil de 

» Munich, et de M. Wheatstone de Londres ; les mécanismes diffèrent 
» beaucoup. 

» Le télégraphe américain n’emploie qu'un seul circuit (1); en voici une 
» description abrégée . 

» A l'extrémité du circuit où les Sens doivent être reçues, est un 
» appareil nommé le Register (ou Rapporteur). I consiste en un électro- 
» aimant dont le fil enveloppe forme le prolongement du fil du circuit. 

» L’armature de cet aimant est attachée au bout d’un petit levier qui, 
» par l'extrémité opposée, porte une plume; sous cette plume est un 
» ruban de papier qui marche à volonté à l’aide d’un certam nombre de 
» rouages. À l’autre extrémité du circuit, c’est-à-dire à la station d’où les 
» nouvelles doivent partir, existe un appareil nommé Portrule (ou Port 
» composteur ). Il consiste en une batterie (ou générateur de galvanisme), 
» aux deux pôles de laquelle finit le circuit. Près de la batterie une por- 
» tion de ce circuit est brisée; les deux extrémités disjointes sont 
» introduites dans deux coupes de mercure contigués. 

» A l’aide d’un fil en fourche attaché à l'extrémité d’un petit levier, les 
» deux coupes peuvent être à volonté mises en connexion entre elles ou 
» laissées isolées. Ainsi le circuit est fermé ou rompu quand'on le veut. Le 
» jeu du mécanisme est le suivant. 

» Quand le circuit est fermé, l’aimant est chargé, il attire l'armature et 
» le mouvement de celle-ci fait que la plume touche le papier. Quand le 
» circuit est interrompu , le magnétisme du fer à cheval cesse, l’armature 
» revient à sa première position , et la plume s'éloigne du papier. Lorsque 
» le cireuit est fermé et ouvert rapidement, il se produit sur le papier mo- 

» bile de simples points; si au contraire il reste fermé pendant un certain 
» D'iénses la plume HE une ligne d'autant plus longue que la fermeture 
» est plus longue elle-même. Ce papier offre un large intervalle de blanc si 
» le circuit reste ouvert un temps un peu considérable. Ces points, ces 
» lignes et les espaces blancs conduisent à une grande variété de combi- 
» naisons. À l'aide de ces éléments, M. le professeur Morse a construit un 
» alphabet et les signes des chiffres. Les lettres peuvent être écrites avec 
» une grande rapidité au moyen de certains types que la machine fait mou- 


(1) Supposons que les lieux qui doivent être mis en relation , occupent les trois an- 
gles d’un triangle, les quatre angles d’un quadrilatère , Ou certains points d’une courbe 
fermée, il suffira (théoriquement du moins ; d’un simple fil passant par tous ces points. 


( 595 ) 

voir avec exactitude, et qui impriment au levier portant la plume des 
mouvements convenables. On trace quarante à quarante-cinq de ces ca- 
» ractères en une minute. 

» Le Register ou Rapporteur, est sous le contrôle de la personne qui 
» envoie une nouvelle. En effet, depuis l'extrémité nommée Port compos- 
» teur, lé mécanisme du rapporteur peut être mis en mouvement à vo- 
» lonté et arrêté de même. La présence d’une personne pour recevoir là 
» nouvelle n'est donc pas nécessaire, quoique cependant le son d’une 
» cloche mise en tintement par le mécanisme, annonce que l’on va com- 


Ë 


» mencer à écrire. » 

La distance à laquelle le télégraphe américain a été essayé est de dix 
milles anglais ou de quatre lieues de poste de France. Les expériences ont 
eu pour témoin une Commission de l’Institut de Franklin de Philadelphie 
et un Comité nommé par le Congrès des Etats-Unis. 

Les rapports des deux Commissions (nous ne les transcrirons pas) sont 
extrêmement favorables. 

Le Comité du Congrès a proposé de consacrer trente mille dollars 
(150 mille francs) à une expérience en grand de ce mode de commu- 
nication. La dépense de construction du nouveau système télégraphique 
serait, suivant M. Morse, de 3500 francs par mille anglais, ce qui 
revient à 14000 francs par lieue de poste de France. La machine qu'il 
faudrait établir à chaque extrémité ne coûterait pas plus de 1500 francs. 
M. Morse pense que ces fils une fois placés dureraient un demi-siècle, à 
moins que la malveillance ne les brisät. On doit remarquer que si le ré- 
seau était complet, les nouvelles pourraient aller d’une ville à une autre 
par plusieurs directions et sans perte de temps appréciable. Il est inutile 
de dire que ce mode de communication a sur les télégraphes ordinaires 
l'avantage de pouvoir servir de nuit comme de jour, par la pluie et par le 
brouillard comme par un temps serein. 


Leitre de M. Lereevre relative à un voyage dans le Sennaar, et aux 
puits artésiens des oasis d'Égypte. 


« Je pars dans quelques jours pour le Sennaar , à la suite du vice-roi 
d'Égypte, avec mission d'exploiter les mines de cette contrée; et, dans le 
désir qui m’anime de rendre mon voyage en ce pays aussi utile que pos- 
sible aux progrès des sciences, je vous prie de soumettre à l’Académie la 
demande que je lui fais, par votre organe, d'instructions particulières sur 


( 596 ) 
les objets à l’égard desquels elle peut avoir à désirer des renseignements 
spéciaux et sur lesquels, en conséquence , elle voudra bien appeler, plus 
spécialement, l'attention du voyageur, qui ne négligera rien pour re- 
pondre à sa confiance. 

» Je suis appelé à séjourner un temps indéfini dans le pays afin d'y 
fonder des établissements destinés à l'exploitation des sables auriferes 
qu'y a signalés notre compatriote Caillaud, et depuis, mieux étudiés par 
une compagnie de minéralogistes allemands. Cette mission spéciale, en 
mettant à ma disposition beaucoup de bras et d’autres facilités méca- 
niques, me permettra, je n’en doute pas, de vaquer à beaucoup d'obser- 
vations astronomiques, météorologiques et autres qui peuvent être d’un 
haut intérêt pour l’Académie, surtout en ce qu’elles s’appliqueront à des 
régions encore presque inconnues. 

» Jose espérer qu'en m'adressant les instructions demandées et qui 
pourront m'être transmises, même après mon départ, par l'intermédiaire 
du consul-général de France à Alexandrie, l'Académie voudra bien aussi y 
joindre l'expédition des instruments qu’elle jugera devoir m'être le plus 
utiles dans l’accomplissement de ses vues; car je n’ai à moi qu’un cercle de 
réflexion, des baromètres, un baro-thermomètre et deux thermomètres 
maxima et minima. 

» Je saisis cette occasion pour soumettre à l’Académie quelques obser- 
vations recueillies sur les forages de puits artésiens pratiqués, par les an- 
ciens Égyptiens, dans les oasis d'Égypte et particulièrement dans la 
grande oasis de Thèbes et dans celle du Garbe (ou du couchant). Ces 
observations sont le fruit de l'expérience acquise pendant onze années, 
par notre compatriote M. Ayme, chimiste manufacturier, qui vient d’être 
nommé, par son altesse le vice-roi d'Égypte, gouverneur civil et militaire 
de toutes les oasis où il réside encore. 

» La grande oasis de Thèbes, qu'habite surtout notre compatriote, a 
vingt-cinq lieues de long sur deux, trois et quatre de large. Celle du 
Garbe, où il a aussi une fabrique d’alun, a environ vingt lieues. La confi- 
guration en est ovoide. Ces deux oasis contiennent à peu prés vingt-cinq 
mille arpents de terre de très bonne qualité, propre à là culture du sucre, 
de l'indigo, de la garance et du coton, d’après les expériences que 
M. Ayme y à faites. Ces deux oasis sont, si l’on peut s'exprimer ainsi, 
criblées de puits artésiens, fait que M. Arago a, très à propos, cité dans 
l'Annuaire de 1834, époque à laquelle M. Ayme m'avait communiqué ses 
idées sur ces puits, en grande partie comblés par les éboulements du 


( 597 ) 


boisage des anciens, ainsi que par les fragments de roches qui en cons- 
tituent les parois. Depuis, aidé de mes conseils, après l'établissement que 
j'avais fait pour lui, en 1836, d’un équipage de sondage, il a pu, avec 
cinq cents pieds de tige, déblayer et nettoyer plusieurs de ces puits, qui 
lui ont donné de l’eau ascendante, jusqu’à la surface du sol. 

» Voici ce que faisaient les anciens habitants de ces contrées. Ils prati- 
quaient des puits carrés dont les dimensions varient de 2 à 3°,35 par 
côtés. On les pratiquait ainsi jusqu’à la couche calcaire éloignée de la sur- 
face du sol de 20 à 25", espace constitué par des couches composées, de 
haut en bas, de terre végétale, d’argile, de marne, d'argile marneuse. 
Cette dernière roche repose sur un calcaire sous la masse duquel se 
trouve la nappe d’eau qui alimente tous les puits des oasis. Une fois le 
puits carré creusé jusqu’au calcaire, ils en garnissaient les parois jusqu’à la 
surface, d’un triple boisage en bois de palmier-doum, pour prévenir les 
éboulements. Ce travail terminé à sec, ils foraient (on ignore si c’est par 
la méthode à tiges ou par la méthode chinoise) , la masse calcaire que les 
Arabes appellent agar el moya (pierre de l’eau) et qui a de 100 à 133” 
d'épaisseur , avant d'atteindre le cours d’eau souterrain qui traverse ou 
arrose des sables identiques à ceux du Nil, si l’on en juge du moins par 
ceux que rapporte la tarrière. Après avoir été déblayé et nettoyé, un de 
ces puits a présenté un fait à peu près analogue à celui du puits d'Elbeuf; 
c’est qu’à 108”, 33 de profondeur, l’eau a ramené dans le trou du poisson, 
dont M. Ayme a pu, dès-lors et depuis, alimenter sa table. 

» Voici les précautions que prenaient les foreurs de l'antiquité. Après 
être arrivés sur agar el moya , ils foraient des trous de 4, 5 et jusqu’à 8 
pouces de diamètre appelés, par les Arabes, l’algue; ensuite, dans la 
crainte que le pays ne fût inondé par la grande quantité d’eau ascendante 
qu’aurait donné le trou de sonde, avant d’avoir atteint la couche aqui- 
fère , ils préparaient, pour recouvrir ou pour garnir l’orifice, une espèce 
de soupape de süreté, faite avec un grès très dur ( probablement siliceux ), 
et à laquelle on donnait la forme d’une poire. Cette soupape était armée 
d’un anneau en fer qui permettait d’ouvrir entièrement ou de fermer plus 
ou moins l’orifice d’ascension. Ils se ménageaient ainsi la facilité de se pro- 
curer la quantité d’eau nécessaire à leurs besoins. Cette pièce pyriforme 
est remplacée dans certains puits, par un bout de tube en bois enfoncé 
dans l’algue et saillant au-dessus. 

» La DT de ces pui et leurs différents Héeilents feraient 
croire qu'à quelque endroit qu'on pratique un puits artésien dans ces 


( 598 ) 
deux oasis, on est sûr d’avoir de l’eau ascendante; la quantité en ést pro- 
portionnée au diamètre du trou. 
» Les motifs qui ont fait abandonner ces ds, sont que les boïsages en 
étant pourris, une grande partie des bois qui les composaient se sont dé- 


tachés et ont obstrué l'orifice d'écoulement. Les marnes et les autres 


roches qu'ils soutenaient, manquant de soutien, se sont détachés et ont 
comblé les interstices laissés entre les fragments de bois; aussi at-il fallu 
depuis employer pour le curage, des plongeurs qui, abusant de la crédu- 
lité des habitants, sé faisaient donner quatre à cinq piastres par jour (prix 
exhorbitant pour le pays), rapportaient peu de matière marneuse, puis- 
qu'ils n'avaient que leurs mains pour enlever la fange provenant des 
éboulements, et n’ont jamais pu nettoyer entièrement un de ces puits 

» M. Ayme, malgré tous les moyens dont il dispose, se voit obligé d’a- 
bandonner cette opération en raison des énormes dépenses qu'exige le 
boisage; il se propose d’en forer de nouveaux qui pourront nous faire 
connaître la nature du calcaire qu'ils traverseront et nous offriront, sans 
doute, quelques faits particuliers sur cet énorme courant souterrain qui 


parcourt le sol des oasis et qui paraît venir du Darfour. » ÿ 


(Renvoi à la Commission qui a rédigé les instructions pour les voyages.) 


M. Bio soumet à l'examen de l’Académie le projet d’une pompe d’é- 
puisement de la cale des bâtiments, mise en jeu par le mouvement du roulis. 


(Commissaires, MM. Coriolis, Pouillet. ) 


M. Marcer annonce la découverte d’un gisement considérable de car- 
bonate de chaux cristallisé à Marbaix, près d’Avesnes, département du 
Nord, et adresse à l'Académie une échantillon de cette substance. 


(Commissaires, MM. Arago, Beudant.) 


M. Lam écrit à l’Académie qu’il désire soumettre à son jugement des 
expériences tendant à prouver que les particules d'électricité homogene 
attirent, et que cette propriété est la cause universelle de la gravitation. 


(Commissaires, MM. Savart, Savary, Pouillet.) 


MM. Gnas et Mere prient l'Académie d’examiner un système de chauf- 


Jage au gaz dont ils sont les inventeurs. 
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, d’Arcet, Pouillet). 


( 599 ) 


COMITÉ SECRET. 


M. Lacroix, au nom de la section de Géométrie, présente M. Liouville 
comme candidat pour la chaire d'Analyse et de Mécanique, vacante à 
l'École Polytechniqne, par la nomination de M. Mathieu à la place d’exa- 
minateur permanent. 


La section de Botanique, par l'organe de M. ne Minvez, présente la liste 
suivante de candidats pour la place de correspondant, vacante dans cette 


section : 


+ M. Mohl, à Tubingue; 
- M. Blume, à Leyde; ; 
- M: Lindley, à Londres; 
. 
9. 


3 


M. Hooker, à Glascow; 
M. Schultz et M. Meyen, à Berlin. 


Les titres des divers candidats sont discutés ; l'élection aura lieu dans 
la séance prochaine. MM. les membres seront prévenus par lettres à do- 


micile. 


La séance est levée à 5 heures. A. 


C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, No 44.) 80 


( 600 }) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1538, n° 10, in-4°. 

Discours d'ouverture de la séance publique et solennelle de la Société 
royale d'Horticulture , du dimanche 3 juin 1838, in-8°. 

Notice lue à la Société royale d'Horticulture, par M. le vicomte HéricarT 
ve Tuury, sur les Collections d'étude de l'École spéciale pratique de Silvi- 
culture et Arboriculture établie dans le parc de Boulogne; par M. le ba- 
ron de Sahune ; in-8°. 

Rapport sur le desséchement et la mise en culture des terres et marais 
de la vallée de l'Authion , canton de Beaufort , département de Maine-et- 
Loire ; par le même; in-8°. 

Rapport fait à l’Académie royale des Sciences et à la Societé royale et 
centrale d'Agriculture, par M. le vicomte H£ricarr pe Taury, sur l'ouvrage 
de M. le comte d’Angeville, intitulé : de la Statistique de la Population 
française, considérée sous quelques uns de ses rapports physiques et moraux ; 

in-8°. 

Annales des Sciences naturelles ; tome 9, mai 1838, in-8. 

Annales maritimes et coloniales ; 23° année, août 1838, in-6°. 

Mémoire sur la cure radicale des Pieds-Bots; par M. Scouretren; in-6°. 
(Cet ouvrage est adressé pour le concours Montyon. ) 

Observations de Chirurgie ; par le même ; in-8°. 

Précis sur la Cataracte rhumatismale ; par M. Méanore Dassir; in-8°. 

Bulletin de l’Académie royale de Médecine; tome 2, n° 23, septembre 

1538, in-8°. 

Bulletin de la Société géologique de France ; tome 9, feuilles 20—22, 
in-8°. 
Bulletin des travaux de la Société départementale d'Agriculture de la 

Drôme; n° 7, in-8°. 

Recueil de la Société polytechnique ; n° 7, 3° série, juillet 1838, in-8°. 
Revue zoologique ; août 1858, n° 8. 
Experimental. ... Recherches expérimentales sur l'Électricité (11°, 12° 


{ 6o7 } 


et 13° série); par M. Faranay; 2 broch., Londres, 1858, in-4°. (Extrait 
des Transactions philosophiques.) 

Proceedings of.... Procès-verbaux de l'Académie royale d'Irlande , 
pour l’année 1837—1838, part. 2, in-8e. 

The London.... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg ; 
août 1836, n° 80, in-8°. 

The Athenæum.... Journal ; juillet 1838, in-8e. 

Vergleichende.... Histoire comparative du développement organique 
des os de la tête dans les Sauriens nus, avec ses recherches sur les lois de 
Jormation de la tête des Vertébrés en général; par M. le Docteur ReicnerT; 
Konigsberg, in-4°. 

Neues system.... Nouveau système de Physiologie végétale ; par 
M. Meyen; 2 vol. in-8°; Berlin, 1838. 

Jahresbericht.... Compte rendu annuel des travaux de Physiologie 
végétale, pour 1837, par le mème; Berlin, 1838, in-8°. (Extrait des 4r- 
chives de Wiegmann.) 

Ricerche.... Recherches sur la Thermo-électricité-dynamique ; par 
M. Zanreoseni; Milan, 1838, in-8°. 

Journal de Pharmacie; 24° année, septembre 1838, in-5°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; septembre 1838, n° 3. 

Gazette médicale de Paris, tome 6 , n° 36. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 103— 105, in-/°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 567. 

L'Expérience , journal de Médecine , n°° 61—62, in-8°. 


L'ouvrage de M. Maravicwa sur l’Oryctognosie de l'Etna et des volcans 
éteints de la Sicile, présenté à l'Académie dans la dernière séance (woy. 
p. 539), a été renvoyé à l'examen de M. Cordier. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 


SEANCE DU LUNDI 47 SEPTEMBRE 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. LACROIX. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Paysique. — Communication relative aux travaux inédits 
de M. Duzoxc. 


« M. AnaGo annonce que parmi les papiers dont la famille de M. Dulong a 
bien voulu lui confier le dépouillement , il ya un Mémoire manuscrit sur la 
chaleur animale , qui fut présenté à l’Académie le 2 décembre 1822. L’au- 
teur n’était pas encore académicien ; la Commission chargée d'examiner son 
travail en rendit compte le 23 décembre 1822, et proposa l'insertion dans 
les volumes des Savans étrangers. Cette décision étant restée sans effet, 
M. Arago demande l’autorisation de comprendre le Mémoire sur la cha- 
leur animale parmi ceux qui doivent composer le volume du Recueil de 
l’Académie actuellement sous presse. 

La proposition de M. Arago est adoptée sans réclamation. 

» Passant ensuite au grand travail entrepris par M. Dulong , sur les cha- 
leurs spécifiques des gaz, M. Ærago regrette beaucoup d’avoir à dire à 
l’Académie que les résultats de tant d'expériences délicates ne sont ni ré- 
digés ni même coordonnés; cependant, il y a peu de jours, on a trouvé au 
milieu des cendres de la cheminée du cabinet de M. Dulong, un petit carré 

C. R. 1838, 2€ Semestre, (T. VIT, No 49.) 81 


( 604 ) 

de papier offrant en regard du nom de beaucoup de substances gazeuses , des 
chiffres qui semblent mettre sur la voie de deux belles lois que le célébre 
physicien aurait aperçues et dont il poursuivait la vérification avec une si 
remarquable persévérance. Après s’en être longuement entretenu avec 
M. Cabart , répétiteur de M. Dulong , et avec M. Savary à qui une demi- 
confidence de la découverte avait été faite, M. 4rago se détermine à la 
rendre publique, dans l'espérance que d’autres personnes, qui, dans 
les cours de la Faculté surtout, ont pu recueillir de la bouche de 
M. Dulong quelques paroles relatives à cet objet, voudront bien lui en 
faire part. Voici les deux lois qu'il faudra ajouter à celle de l'égalité de 
chaleur spécifique de tous les gaz simples, si MM. Arago, Savary et Ca- 
bart ont bien compris la note de M. Dulong : 

» Les gaz composés formés de gaz simples qui dans l’acte de leur réu- 
nion ne se sont pas condensés, ont la même chaleur spécifique que les 
gaz simples. 

» Les gaz composés dans la formation desquels il y a eu une méme con- 
densation des gaz constituants, ont des chaleurs spécifiques égales, quoique 
tres différentes de celle des gaz simples. » 


M. Frourens présente à l’Académie l'Éloge historique d Antoine-Lau- 
rent de Jussieu, lu à la séance publique du 13 août 1838. 


« M. »e Huwsozor offre, au nom de M. Buckland, des planches repré- 
sentant les empreintes de pied d’un quadrapède entierement analogues à 
celles qu’en 1834 on a découvertes à Hildburghausen, en Allemagne. Celles- 
ci étaient dans le grès bigarré ; les traces trouvées en Angleterre sont en 
partie dans le grès rouge (new red sandstone ) comme à Storetonhill, près 
de Babbington , dans le Cheshire, et partie dans le Keuper (entre les forma- 
tions jurassiques et le muschelkalk) comme dans le Warwickshire. Les em- 
preintes du Storetonhill semblent calquées sur celles de Hildburghausen , 
dont M. de Humboldt avait présenté à l’Académie un grand dessin en 1835, 
et que l’on peut étudier dans de beaux échantillons qu’offrent les collections 
du Jardin des Plantes. M. Buckland croit que Fanimal ( Cheirotherium) qui 
a laissé ces traces était de la famille des animaux à bourse où Märsu- 
piaux. Quelquefois l'animal antédiluvien a été assis sur ses grandes pattes 
de derrière. On aperçoit aussi quelquefois à Storetonhill, comme dans les 
grès de Hildburghausen, les traces de petits animaux qui semblent éviter 
le Cheirotherium, et marchent dans une direction très différente. Sur 


‘( 605 ) 


d’autres empreintes on voit que l'animal avait des ongles longs et droits 
semblables aux ongles de certains mammifères fossoyeurs. » 


ZooLoc1e. — Sur quelques points de l'organisation des Limules, et des- 
cription plus particulière de leurs branchies, suivie d'une esquisse des 
principales différences que présentent ces organes dans les crustacés, et 
d'un essai de classification de ces animaux , d'après cette considération ; 
par M. G.-L. Duvernoy. 


(Commissaires, MM. Duméril , Audouin.) 


« J'ai divisé ce Mémoire, pour plus de clarté et de précision, en trois 
parties : historique, descriptive, et théorique. 


I. Partie historique. 


» Les Limules forment un genre anormal d’animaux articulés, dont la 
place n’a pas été tellement bien assignée dans les cadres de la méthode 
naturelle, qu'on ne puisse en contester l'exactitude et la justesse. 

» On regarde généralement ce genre comme appartenant à la classe des 
crustacés. Cependant, certains caractères, tels que l’absence des antennes, 
la forme des mandibules, celle des pieds-mâchoires, la nature cornée du 
test, etc., les rapprochent des arachnides. Aussi Latreille les désignait-il 
sous le nom de crustacés-arachnides, pour indiquer ces rapports. ( Dic- 
tionnaire d'Histoire naturelle , articles Entomologie et Limule.) 

» L'anatomie des ZLimules est encore très incomplète. 

» M. Cuvier avait donné dans la première édition des Leçons d’ Anatomie 
comparée (t. III, 1805) une description remarquable de l'appareil buccal, 
dont M. Savigny a déterminé plus tard les diverses parties, comparative- 
men à celles des autres animaux articulés. 

» M. Strauss a communiqué quelques notions sur la disposition géné- 
rale de leur système nerveux à Latreille, qui les a publiées dans le Règne 
animal (tom. IV, p. 187). 

» On trouve dans cette même page une description abrégée du cœur, 
de tout le canal alimentaire et de ses annexes, et quelques mots sur les 
ovaires et les testicules, d’après M. Cuvier, qui avait distingué, dans ses 
publications antérieures, les yeux composés et les yeux lisses de ces ani- 
maux, et fait connaître que leurs organes de génération extérieurs se trou- 


vent à la face postérieure des premières rames. 
81. 


( 606 ) 


» Il existe encore, dans le vol. 72, p. 2, des Transactions philosophi- 
ques , une description des yeux des Limules , par M. André. 

» J'ai moi-même fait connaître en détail (dans la nouvelle édition des 
Leçons d'Anatomie comparée ,t. V, p. 236 et suivantes) l'appareil buccal 
et tout le canal alimentaire de ces animaux. 

» Il est singulier que les branchies, quoique placées à l'extérieur, et 
raciles conséquemment à apercevoir et à décrire, n'aient été connues jus- 
qu'à ce jour, que d'une manière incomplète et inexacte; et que les ou- 
vrages d'anatomie ou d'histoire naturelle, même les plus nouveaux, n'aient 
fait que répéter à ce sujet la description publiée par Latreille dans l’édi- 
tion de Buffon, dite de Sonnini. 

» J'en excepte Desmarets, qui, dans l'introduction, p. 57, de ses Con- 
sidérations générales sur la classe des crustacés ; décrit exactement ces 
organes comme des feuillets fins, empilés; mais qui retombe dans l'erreur 
de ses prédécesseurs à l’article Zimule du même ouvrage, et y caractérise 
les branchies comme composées de fibres très nombreuses, appliquées 
presque concentriquement. 


11. Partie descriptive. 


» La nécessité de conserver le seul exemplaire dont j'ai pu momenta- 
nément disposer, et le travail général que je viens de faire sur les organes 
de la circulation et de la respiration, pour le tome VI de la nouvelle 
édition des Leçons d' Anatomie comparée , m'ont fait diriger plus particu- 
lièrement mes recherches sur ces organes. Mais, avant de les décrire, je 
crois devoir revenir sur la détermination de l'appareil buccal et, locomoteur 
de ces animaux. 

» Idée générale des appendices qui se détachent du corps des Li- 
mules , pour remplir les diverses fonctions d'appendices préhensiles | mas- 
ticateurs et ambulatoires, natateurs et générateurs, natateurs et respira- 
teurs. — PREMIER GROUPE. Appendices du premier bouclier. — L'étude des 
divers appendices qui appartiennent plus particulièrement à la bouche, 
dans les articulés condylopes, comme les appelle ZLatreille, et la comparaison 
de leur structure et de leur composition, a pris un haut degré d'intérêt 
depuis que M. Savigny a démontré, que les grandes différences apparentes 
des appareils de succion ou de mastication, dans ces animaux, ne sont, 
au fond, que de simples modifications d’un même plan, que des change- 
ments de forme, de dimension ou de proportion des mêmes parties; de- 
puis que ce naturaliste profond a fait voir que, dans les crustacés en par- 


( 607 ) 
ticulier, certains de ces appendices, qu'il nomme pieds-mâchoires, se rap- 
prochent de la bouche, dans les décapodes , pour remplir la double fonc- 
tion qu’indique le nom qu’il leur a donné, ou s’en éloignent, dans ies 
isopodes , pour ne plus servir qu'à la locomotion. 

» Ces rapports une fois saisis, il a été possible de comprendre les diffé- 
rences que présentent les Crustacés, les Arachnides et les Insectes, et 
plus particulièrement les crustacés, dans leurs divers appendices, surtout 
dans ceux qui sont préhensiles, masticateurs ou locomoteurs. » 

Aprés avoir passé en revue ces appendices , dans les Limules, l’auteur 
ajoute : 

« Je ne crois pas devoir entrer ici dans des détails sur la composition 
et la forme de ces organes, très bien décrits, ainsi que Je l’ai déjà ex- 
primé, par MM. Cuvier, Savigny et Latreille. 

» Si J'ai de nouveau rappelé, dans cette partie de mon travail, ces diffé- 
rentes circonstances de structure, c’est qu’on y trouve une des plus inté- 
ressantes démonstrations que, dans l’'embranchement des Articulés, en 
général, et dans les Crustacés, en particulier, tous les appendices préhen- 
siles, masticateurs, ambulatoires et natateurs, qui appartiennent à la face 
inférieure (abdominale) du corps, se transforment évidemment les uns 
dans les autres, suivant les ordres ou les familles, et ne sont que des mo- 
difications d’un même plan. 

» C’est encore pour montrer que, dans les déterminations de ces appen- 
dices, il ne faut pas perdre un instant de vue une considération d'une aussi 
grande importance. Cette négligence conduirait à trouver des différences 
essentielles de composition dans des cas où il n’existe que de simples mo- 
difications d’un plan unique, pour des usages particuliers. 

» J’applique immédiatement ces réflexions et ce principe aux Limules , 
dont les mandibules, en forme de pinces, ne servent plus qu’à saisir les 
aliments et à les porter à la bouche, et ne peuvent plus les broyer, comme 
chez les Crabes; et dont les mâchoires sont de véritables organes de mas- 
tication très énergiques, bien plus que chez ces derniers, où elles ont 
éprouvé de singulières modifications de forme, pour le mécanisme de la 
respiration. Les mâchoires des Limules, au contraire, dégagées de cette 
complication de fonctions, extraordinairement multipliées d’ailleurs , 
puisqu'il y en a cinq paires, sont devenues, comme les mâchoires des 
Scorpions, de puissants moyens de mastication; tandis que l'extrémité 
des mêmes appendices, dont elles forment le premier article, est un or- 
gañe parfait de préhension: et que la mobilité et l'étendue de tous les 


( 608 ) 


articles de ce membre, en font un organe de progression sur le sol. Mais 
ce triple usage n'empêche pas qu'on ne puisse considérer cet organe à 
fonctions multiples, comme une mâchoire, tout aussi bien que comme 
une pince, que comme un pied ambulatoire. 


» Deuxième crourr. Appendices du second bouclier. — L'auteur décrit 
dans ce paragraphe six autres paires d’appendices locomoteurs, toutes mo- 
difiées pour la natation, et dont la première l’est encore, comme cou- 
vercle, pour la respiration, et comme support extérieur, pour les organes 
de génération; dont les cinq autres servent, à la fois, à porter et à proté- 
ger les branchies. 

» B. Branchies des Limules. — Ces branchies ne sont pas des paquets 
de petites fibres très nombreuses , concentriques, appliquées les unes sur 
les autres, comme on l’a écrit, et répété partout. Elles se composent de 
larges feuillets membraneux, d’une minceur extrême, groupés en autant 
de séries distinctes qu’il y a de branchies, au nombre de 150 à 160, et 
conséquemment de 15 à 1600 pour chaque individu. 

» Les feuillets de chaque série, ou de chaque branchie, se rencouvrent 
de haut en bas, de manière que le supérieur, ou le premier, est en même 
temps le plus extérieur, et que le suivant dépasse un peu le bord du 
précédent. 

» La forme de chacun de ces feuillets est celle de la moitié d’un ovale 
ou d'un cœur, dont la partie la plus large serait dirigée en dehors. Les 
derniers cependant sont semicirculaires. Leurs dimensions varient de 
maniere que les premiers sont aussi les plus petits, et qu'ils vont en aug- 
mentant ou du moins en conservant la plus grande dimension, jusqu'au- 
delà du 130%; à partir de l’avant-dernière dixaine, ils diminuent un peu 
jusqu'au dernier, qui conserve cependant une dimension beaucoup plus 
grande que le premier. 

» Afin de pouvoir résister à l’action de l’eau , sans changer de forme, sans 
faire de plis, ces feuillets, au lieu d’être doublés par une lame cartilagineuse 
ou osseuse, comme ceux des branchies des poissons, sont soutenu dans 
tout leur bord libre par un filet corné qui le cercle ; pour ainsi dire, et le 
distend, Ce filet est un peu plus fort dans la portion de ce bord qui reste 
toujours extérieure; ce qui contribue, avec la forme et les lignes d’attaches 
des feuillets, à produire cette plus grande épaisseur que présente leur 
série, de ce côté; différence qui avait déjà été remarquée par Latreille. 

» Ce méme bord libre est cilié ou hérissé de soies protectrices dans 


( 609 ) 
toute son étendue, mais plus fortes et plus nombreuses dans sa partie 
extérieure. 

» Ces soies ne diffèrent pas, en apparence ; de celles qui se voient sur 
les deux surfaces des pièces cornées, formant la partie essentiellement 
motrice de cette rame branchiale. 

» Chaque feuillet branchial est composé d’une double membrane in- 
térceptant uné sorte de poche, à cavité trés divisée par des adhérences 
partielles et nombreuses de ses deux lames. 

» Il eñ résulte, surtout dans une espace ovale de la partie centrale de 
chaque feuillet, une sorte de réseau dont lé cordon est formé de canaux 
s’anastomosant fréquemment entre eux, soit immédiatement, soit par des 
branches latérales plus petites. Les apparences de mailles de ce réseau 
répondent aux ädhérences que nous venons d'indiquer. Ces mêmes ca- 
naux forment des arcs concentriques transverses, parallèles au bord libre, 
et paraissent s'anastomoser moins fréquemment hors de cette partie cen- 
trale, qui semble plus essentiellement respiratrice. 

» Ils sont plus où moins remplis, après la mort, de sang blanc, grumelé, 
semblable à celui que j'ai trouvé dans les sinus veineux (le prétendu foie) 
et dans le cœur ou le vaisseau dorsal des Squilles. 

» Les branchies comme les rames branchiales sont au nombre de cinq 
paires. 

» On peut juger par le nombre des feuillets qui composent chaque 
branchie, et par l’étendue de leur surface, combien cette fonction doit être 
importante dans les Zimules. 

» Je dois faire observer ici que la structure qui vient d’être décrite, estsem- 
blable, pour l'essentiel, à celle des branchies des crabes ou des décapodes 


brachygastres, et à celle de tous les macrogastres qui ont l’habitude de sortir 


de l’eau, et de vivre plus où moins long-temps à Pair dans les plages hu- 
mides et sablonneuses. La seule différence bien caractéristique est qu'ici 
les feuillets sont arrangés sur deux rangs ; tandis que dans les Limules, ils 
sont disposés sur un seul rang. Le réseau vasculaire, que j'ai examiné plus 
particulièrement dans le crabe tourteau, est plus serré et plus fin; mais il 
ma paru résulter, au fond, de la même composition organique. Nous 
verrons, dans la partie théorique de mon travail, les conséquences à dé- 
duire de cette observation. 

» Le sang arrive des différentes parties du corps dans un sinus veineux 
quirépond à chaque branchie et qui est situé entre les apophyses descen- 
dantes du second bouclier. L’artère branchiale descend le long du bord m- 


( 610 ) 


terne de la nageoire en perdant à mesure de son diametre, qui est trés 
considérable à son origine. C’est le long de cette artère que se voient 
douze ou treize plaques cornées, la plupart en carène qui la protégent. Le 
sang qui a respiré est versé des feuillets branchiaux de chaque branchie, 
dans une veine située du côté opposé à l'artère ; elle se continue vers le 
cœur, qui en recoit ainsi cinq de chaque côté. 

» Pour terminer cette description des branches, il ne nous reste plus 
qu’à faire connaître les muscles qui les mettent en mouvement. Ce sont 
proprement les muscles de la rame qui les supporte. Chaque moitié de 
cette rame, qui forme une nageoire distincte , a deux muscles principaux ; 
l'un protracteur, qui la déploie en la tirant en avant dans la direction 
perpendiculaire; et l’autre rétracteur, où adducteur qui la porte en ar- 
riere et la relève, et replie ainsi les branchies dans leur cavité. 

«. Le premier, ou le muscle protracteur, s'attache en avant sous la 
ligne verticale du bouclier, au dehors des apophyses en forme de lames 
qui descendent de cette ligne. 

» IL est considérable et se divise en de nombreux faisceaux qui se dirigent 
en rayonnant vers le bord intérieur de la rame et croisent la direction 
des feuillets à la base desquels ils adhèrent ; ils pénètrent même entre ces 
feuillets et les pièces cornées sur lesquelles ils se terminent. 

» Il résulte de cette double attache que ce muscle, en portant éner- 
giquement en avant la rame branchiale, déploie en même temps les feuil- 
lets branchiaux, en les écartant les uns des autres, 

» 2°, Le muscle rétracteur, moins considérable , se fixe en arrière, à la 
base des mêmes apophyses, et se porte de dehors en dedans, pour s’at- 
tacher à la partie interne de la nageoïire , et agir plus particulièrement sur 
la série du même côté des pièces cornées. On peut suivre sa direction à la 
face postérieure de cette partie, à travers la peau transparente qui la 
revêt. 

» 3, Il existe un troisième muscle, on ne peut pas plus singulier par la 
structure de son tendon. 

» On observe à la peau de l'abdomen, de chaque côté et au milieu 
de l'intervalle qui se voit entre deux paires de rames, un enfoncemerit 
très prononcé , qui est l'orifice assez large d’un tube conique, dans le- 
quel on peut facilement introduire un stylet jusqu'à environ deux cen- 
timètres de profondeur. Ce tube en forme d’entonnoir, est un tendon 
creux, adhérent à une assez grande étendue de la peau de l’abdomen, 
par suite de cette singulière organisation, qui a sans doute pour but 


( 611 ) 


d'augmenter ses points d'attache; il appartient à un muscle qui remonte, 
avec le protracteur , sous la voûte du second bouclier, et réunit ses fais- 
ceaux à ceux de ce muscle, pour se terminer aux apophyses descendantes 
de la ligne médiane dorsale de ce bouclier. Si la paire correspondante de 
ces muscles, appartenant au même intervalle, agissait isolément, elle de- 
vrait sans doute rapprocher les deux nageoires entre lesquelles elle se 
trouve, en tirant en haut la peau qui les unit, et en la raccourcissant 
d'avant en arrière; mais les muscles de tous les intervalles devant agir 
ensemble, leur action se balance et doit avoir un effet contraire, celui de 
maintenir les rames dans la direction perpendiculaire, et conséquemment 
dans l’abduction. Ce serait donc, si je ne me trompe, un abducteur ou 
an abaisseur des rames. 


III. Partie théorique. 


» La structure des branchies que je viens de faire connaître dans les 
Linmules , est un fait d'anatomie comparée d’une grande importance, soit 
pour l'explication desmæurs de ces animaux, soit pour leur classification, 
soit même pour conduire à ‘une distribution naturelie de toute la Classe. 

» Mais, afin de faire comprendre toutes ces conséquences, j'ai besoin d’es- 
quisser les principales différences que présentent, dans leur structure et 
dans leur mécanisme, les organes de respiration des crustacés. 

» Ce sont toujours des branchies, c’est-à-dire des organes de respiration 
aquatique, montrant que la classe est destinée à vivre dans l’eau, comme 
les organes de respiration des arachnides et des insectes démontrent 
que ces animaux sont organisés pour respirer l'air en nature. | 

» Ce n’est pas que certaines espèces de ces différents groupes ne puis- 
sent vivre, par exception, dans le milieu pour lequel la Classe n’est pas 
née; je me sers à dessein de cette expression. Il suffit pour cela de quel- 
ques modifications du plan commun, qui permettent à l'animal ce genre 
de vie tout opposé. 

» Une respiration aérienne à la vérité ne devient jamais aquatique, et 
l’animal qui existe à cette condition est forcé, s’il vit dans l’eau, de venir 
par intervalle à sa surface, renouveler sa provision d’air atmosphérique. 

» La condition opposée n’est pas aussi absolue pour les animaux pourvus 
dorganes de respiration aquatique. Comme ils ne respirent que l'air 
combiné à l’eau, ainsi que l’ont prouvé les belles expériences de M. Syl- 
xestre, et celles de MM. de Humboldt et Provençal, et puisque l’eau ne 
sert qu’à favoriser l’action de l'air sur les membranes respirantes, en jes 

C. R. 1838, 2° Semestre, (T. VI1, N° 12.) 82 


( 612 ) 


conservant humectées, ou en les séparant mécaniquement les unes des 
autres; ce que M. Flourens a démontré pour les poissons (1); on conçoit 
qu’un animal à branchies pourra vivre dans l'air, pourvu que ces organes 
n’y soient pas exposés à l’action desséchante du fluide respirable, pourvu 
qu’une vapeur humide entretienne la membrane respirante dans l’état de 
souplesse nécessaire pour qu’elle puisse recevoir l’action vivifiante de 
l'air atmosphérique. 

» Un grand nombre de crustacés passent une partie de leur vie à terre, 
respirant l'air en nature; tandis que les autres ne peuvent vivre que dans 
l'eau et périssent promptement dés qu’ils en sortent. Ces deux genres de 
vie aussi opposés, parmi des animaux d’une même classe, ne me paraissent 
pas avoir été suffisamment appréciés, tant pour l'établissement des groupes 
naturels, que sous le rapport des circonsiances organiques qui les déter-. 
minent. Ces circonstances dépendent de deux causes générales : la pre- 
miere est la structure des organes de la respiration ; la seconde se compose 
de certaines dispositions accessoires relatives au mécanisme de cette fonction. 

» Relativement à leur structure intime, les branchies des crustacés peu- 
vent être, 1° des lames canaliculées ou vésiculeuses, composées de deux 
feuillets membraneux très minces, entre lesquels le sang s'épanche pour 
la respiration. Ce sont les branchies en lames ; 

» 2°. Ou bien ce sont des tubes cylindriques extrêmement multipliés,ran- 
gés et pressés les uns vers les autres, de chaque côté d’un support pyra- 
midal, le long duquel s'élève une artère ou descend une veine principale, 
qui envoie dans chaque tube ou qui en reçoit un rameau artériel ou vei- 
neux. Nous les distinguerons sous la dénomination de branchies frangées ; 

» 3°. D’autres fois ce sont des branchies arborescentes, ou en panaches 
ou en peigne , c'est-à-dire composées de soies barbues rangées comme des 
dents de peigne sur le bord d’une lame plus ou moins large. 

» On peut ainsi réduire à trois les principales différences de structure 
que présentent les branchies des crustacés. 

» Les branchies en lames se voient dans tous les crustacés qui peuvent 
vivre à terre et respirer l'air en nature. Les branchies arborescentes en 
panaches, où en peigne , sont l’attribut des crustacés exclusivement aqua- 
tiques. Les branchies frangées sont dans le même cas, mais d’une manière 
moins exclusive, par suite du mécanisme qui peut y être annexé. 

» Ces différences importantes de structure qui disposent, dans les 


(1) Annales des Sciences naturelles, t. XXI, 


( 613 ) 
deux derniers cas, les surfaces respirantes trop divisées à se dessécher 
promptement à l'air, ou qui peuvent retarder cette dessiccation dans la 
première forme, n’ont point encore été expliquées, dans leurs consé- 
quences physiologiques, ni relativement à la classification naturelle des 
crustacés. 

» Quant au mécanisme appartenant à l’une ou l’autre sorte de bran- 
chies, il n’est pas moins intéressant d’en étudier les effets. 

» Les branchies arborescentes, en panaches ou en peigne, sont toujours 
découvertes, libres et flottantes. Elles adhèrent constamment, comme 
appendices accessoires, aux appendices de préhension ou de natation des 
crustacés qui en sont pourvus. 

» Aucun autre mécanisme particulier n’était nécessaire pour que le 
fluide nourricier qui y circule, füt mis en contact avec le fluide respirable, 
et pour renouveler celui-ci autour de ces organes. 

» Cette sorte de branchie ne supporte que l’eau; elle astreint tous les 
crustacés-qui les ont, à vivre exclusivement dans ce liquide. 

» Les crustacés dont les branchies sont frangées, sont aussi essentiel- 
lement aquatiques; mais comme leurs pyramides branchiales sont pré- 
servées d’une prompte dessiccation à l’air, par une partie du bouclier 
céphalo-thoracique qui les recouvre et les enferme plus ou moins; le mé- 
canisme particulier qui dirige l'eau vers ces branchies ou quil’en extrait, 
les conserve quelque temps humides, quoique l'animal qui les porte soit 
hors de l’eau ; il lui permet de vivre un peu à sec. C’est ce que l’on sait de 
nos écreyisses de rivière, des homards , etc. 

» Cependant, on peut dire que tous les crustacés qui ont de semblables 
branchies, et c’est l'immense majorité des crustacés macrogastres, sont des 
animaux essentiellement aquatiques. 

» Au contraire, le très grand nombre des Lamellibranches, peuvent 
vivre hors de l’eau et respirer l’air en nature; soit que les feuillets bran- 
chiaux empilés les uns sur les autres, se dessèchent plus lentement par le 
contact de l'air, qui ne se renouvelle pas aussi facilement entre eux; soit 
qu'il y ait un mécanisme particulier qui conserve plus d'humidité autour 
de ces feuillets, même lorsqu'ils sont isolés. 

» Dans tous les Zamellibranches décapodes , les pyramides branchiales 
sont contenues dans une cavité latérale du bouclier (dont l’entrée ‘est fer- 
mée par les pieds-mâchoires) et dont les parois, pour ceux de ces décapodes 
qui ont au plus haut degré des habitudes terrestres, sont tapissées des re- 
plis de la membrane interne, qui y forme des poches , des cellules ou des 

82. 


(Gi4 ) 
masses spongieuses, susceptibles de retenir beaucoup d’eau, ainsi que l'ont 
démontré MM. Audouin et Milne Edwards (1). 

» Les Zsopodes sont aussi Lamellibranches ; mais leurs branchies, au lieu 
d’être enfermées dans les anfractuosités latérales d’un bouclier, sont oper: 
culées, c’est-à-dire recouvertes par des lames cornées, qui les supportent, 
et sont articulées, par paires, sous les derniers anneanx de l'abdomen. 

» Ce mécanisme, qui permet à l'animal d'ouvrir ou de fermer à volonté 
chaque couvercle branchial, et dene donner accès, sur la lame branchiale, 
qu'à une quantité modérée d'air, afin de la préserver de son action dessé- 
chante , fait que beaucoup d’entre eux peuvent, comme les Crabes, passer 
une partie de leur vie hors de l’eau. Tels sont ces nombreux Zsopodes 
marins, que l’on rencontre souvent à sec sur des plantes marines, sur 
des plages sablonneuses, ou sur les rochers des bords de la mer. Il est 
méme des Zsopodes, les Cloportes , qui passent toute leur vie hors de l’eau. 

» Nous venons de voir que les Limules ont des branchies lamelleuses, 
operculées, comme les Isopodes, mais elles ont, en même temps, de 
grands rapports avec celles des Crabes. Comme dans ceux-ci, ces bran- 
chies se composent d’un grand nombre de feuillets qui retiennent facile- 
ment une lame d’eau entre eux. Les Isopodes, au contraire, n’ont qu'une 
lame branchiale et vésiculeuse pour chaque opercule. Ce qui tient lieu 
d’opercule dans les Limules est une nageoire, dont l’action paraît devoir 
étre assez puissante, quand l'animal est dans le cas de s’en servir. Mais 
lorsqu'il est à sec, les cinq paires de nageoires retirées, avec les branchies 
qu’elles supportent, dans la cavité du second bouclier, et recouvertes encore 
par la nageoire génitale qui est la plus grande, doivent conserver assez 
d'humidité sur les branchies, pour permettre aux Limules de vivre hors 
de l’eau, comme les autres Lamellibranches , et d’avoir les habitudes des 
crabes, en s'enfonçant dans le sable humide des plages maritimes. 

» Les récits des voyageurs sont, à cet égard, entièrement conformes 
aux déductions que nous tirons de ce mécanisme et de cette structure. 

» Concluons de cette esquisse sur les branchies des crustacés , et de ce 
que nous avons dit, en particulier, sur les branchies et quelques autres 
points de l’organisation des Limules : 1° que la classe des Crustacés pour- 
raît être naturellement sous-divisée en trois groupes principaux, d’après la 
structure et la disposition du mécanisme des branchies. 


(1) Mémoire sur La Respiration aérienne des crustacés, t. XV, p. 85, des Annales 
des Sciences naturelles. 


(615) 


» Le premier groupe comprendrait les crustacés nudibranches, chez 
lesquels les branchies sont toujours à découvert et constamment attachées 
comme appendices accessoires, aux appendices maxillaires ou loco- 
moteurs. 

» On réunirait dans cet ordre, comme section, les Siomapodes et les 
Amphipodes ; tes Lophyropes, les Phyllopes, moins le genre apus , et les 
Siphonostomes de la sous-classe des entomostracés. 

» Le second groupe comprendrait les cryptobranches à branchies Jran- 
gées, c’est-à-dire composées de milliers de petits tubes ou filaments dis- 
tribués en pyramides distinctes, qui sont plus ou moins bien enfermées 
dans les anfractuosités latérales du thorax et du bouclier. A: cet ordre se 
rattacheraient tous les décapodes macroures, sauf la section des 4nomaux 
de Latreille, qui ne comprend que des lamellibranches, et les Porcellanes 
de la section des Zangoustiens, qui ont aussi la même organisation 
branchiale. 

» Enfin le éroisième groupe serait celui des crustacés lamellibranches , 
que je diviserais en trois sections. 

» La première section réunirait les lamellibranches cryptobranches ou 
décapodes: cette section répondrait aux décapodes brachyures de Tatreille, 
et à ses macroures anomaux; elle comprendrait encore le genre Porcellane 
des macroures langoustiens du même auteur. 

» La deuxième section serait composée des lamellibranches operculés , 
comprenant trois familles : 

» a, les Isopodes; 

» b, les Hétéropodes où Xiphosures ; 

» et €, les Multirames ou les Apus. 

» Je ne donne cependant, en ce moment cet essai de classification (1}, 
qu'avec réserve, et simplement afin de présenter un tableau des différences 
et des ressemblances principales que les crustacés nous ont offertes rela- 
tivement aux organes de la respiration. 

» Les unes et les autres, il faut le dire, éntraînent une dissemblance ou 
une conformité dans leur séjour, et conséquemment dans leur distribution 
à la surface du globe. En effet, les crustacés qui vivent constamment dans 


EE SE RE EL M EM TE SES 


@) MM. Risso, en 1813,et Lamarck, en 1818, ont déjà proposé de diviser la classe 
des crustacés en deux ordres, d’après la considération des branchies ; mais la con- 
naissance de la structure de ces organes n’était pas suffisamment avancée, à ces deux 
époques, pour fonder, sur cette connaissance, une classification naturelle, 


(616 ) 


l'eau, surtout dans l’eau de la mer, dont la température varie beaucoup 
moins que celle de l'air, et baisse de moins de degrés, dans les latitudes 
septentrionales, peuvent se porter plus avant vers le nord; tandis que les 
crustacés terrestres sont arrêtés plus tôt, et n’ont pour séjour que les 
latitudes tempérées ou les latitudes méridionales, où se trouvent les con- 
ditions de leur existence. 

» On ne contestera pas, j'espère, à ce travail, de replacer en parti- 
culier le genre anormal des Limules dans quelques-uns de ses véritables 
rapports : 

» 1°. Dans le même ordre que les Crabes; ce rapport avait été bien saisi 
par Fabricius, et par Wieillot , qui appelait le Limule de la Caroline, Crabe 
tortue ; 

» 2°, Non loin des Zsopodes, près desquels le génie de ZLinné avait 
placé les mêmes animaux ; 

» 3°. Enfin, très rapproché du genre #pus, avec lequel Linné, O..F. Müller 
et Lamarck ont réuni ce même genre. 

» Je sais bien que cette classification est loin de faire sentir toutes les 
ressemblances des Limules avec les autres Articulés, surtout avec les 
Arachnides. Mais, à cette occasion, je rappellerai une grande pensée de 
M. Cuvier, par laquelle je terminerai cet Extrait. 

« Nos méthodes de classification; a dit ce maître de la science, n’envi- 
» sagent que les rapports les plus prochains; elles ne veulent placer un 
» être qu'entre deux autres, et elles se trouvent sans cesse en défaut. La 
» véritable méthode voit chaque être au milieu de tous les autres, elle 
» montre toutes les irradiations par lesquelles il s’enchaîne plus ou moins 
» étroitement dans cet immense réseau qui constitue la nature organisée; 
» et cest elle seulement qui nous donne des idées grandes, vraies et 
» dignes d'elle et de son auteur; mais dix ou vingt rayons souvent ne suf- 
» firaient pas pour exprimer ces innombrables rapports (1). » 

Le Mémoire de M. Duvernoy est accompagné de quatre figures repré- 
sentant les branchies des Limules. 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin, à l'élection d’un candidat pour 
la chaire d’analyse et de mécanique, vacante à l’École Polytechnique par 


(1) Histoire naturelle des poissons , t. I, p. 169. 


(617) 


suite de la nomination de M. Mathieu à la place d'Examinateur per- 
manent. 


Le nombre des votants est de 30. 


Au premier tour de scrutin, M. Lrouvirze obtient l'unanimité des suf- 
frages, et est déclaré, en conséquence, candidat de l'Académie. 


L'Académie procède, également par voie de scrutin, à l'élection d'un 
Correspondant pour la section de botanique. 


Le nombre des votants est de 32. Au premier tour de scrutin 


M. Mohl obtient.... 27 suffrages. 
M. Blume......... 2 
M. Hooker........ 1 
M. Schultz........ : 
M. Moquin-Tandon. 1 


M. Mous ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé 
Correspondant de l’Académie pour la section de botanique. 


MM. Savary et Coriolis sont adjoints à la Commission chargée de faire 
un rapport sur les moyens de prévenir les explosions des machines à va- 
peur. Cette Commission était incomplète par suite du décès de M. Dulong. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


Zooroë@re. — Recherches sur la Spongiile fluviatile ; par M. Lavwrer. 


(Commissaires, MM. Duméril, de Blainville. ) 


« Les principaux résultats de ces recherches, dit l’auteur, sont : 

» 1°. Qu'en recueillant des Spongilles très jeunes, c’est-à-dire ayant 
depuis + de ligne jusqu’à 5 à 6 lignes, on voit que ces corps organisés 
de diverses grandeurs, et fixés sur des tiges de serratophyllum, etc., 
sont pourvus de bonne heure d’un prolongement en cul-de-sac qui 
devient un tube percé, à son extrémité libre, d’une ouverture par la- 
quelle on voit sortir continuellement des corpuscules. Ce courant 
continu est toujours sortant, et produit à l'extérieur d’autres courants qui 
ont lieu dans le vase où l’on place la Spongille pour lobserver au mi- 
croscope simple. 


(618) 


» Ce premier résultat est une confirmation de ce qui a déjà été publié 
à ce sujet par MM. Grant et Dutrochet. 

» 2°. Que le tube de la Spongille ne se contracte pas, lorsqu'on le 
iouche momentanément, ni même lorsqu'on le pique avec une pointe, et 
c’est probablement ce qui à fait dire à MM. Grant et Dutrochet et quel- 
ques-uns de leurs prédécesseurs, que le tissu de la Spongille n’était point 
irritable. 

» Mais si l’on soumet ce tube à des frottements légers et réitérés, si on 
laisse tomber une Spongille de quelques pouces de hauteur dans un vase 
contenant de l’eau, si l’on percute avec le doigt la plaque du porte-objet 
du microscope, pendant qu’on l’observe; enfin, si l’on balotte dans l’eau 
des Spongilles dont le tube est bien distendu , tres transparent et à ou- 
verture très béante, toutes ces actions mécaniques font retirer graduelle- 
ment le tube, qui, par l'effet d’une contraction progressive et lente, se 
trouve réduit à n'être plus qu’un mamelon opaque surmontant une base 
convexe, large et transparente. Dans cet état, l'ouverture du tube est 

presque ou entièrement fermée, et le courant cesse, 

» Ce résultat semble coïncider avec les changements de forme de ce 
tube, déjà observés par M. Dutrochet. 

» 3°. Que le tissu animal de l’enveloppe extérieure et du tube d’une 
jeune Spongille ressemble au tissu plastique rudimentaire des embryons, 
tel que je l'ai décrit dans des mémoires sur l'histologie, d’après mes ob- 
servations et celles de M. Dujardin. 

» 4°. Que les éléments de l’organisation de la Spongille fluviatile sont : 

» a, Une enveloppe extérieure plus où moins bien circonscrite , trans- 
parente et ordinairement prolongée au milieu en un seul tube ouvert, à 
côté duquel on observe quelquefois un deuxième prolongement en cul-de- 
sac, toujours moins long que le tube. 

» b, Des spicules siliceuses dont plusieurs saillent sur divers points et 
au-delà de l'enveloppe extérieure. Ces spicules manquent toujours sur le 
tube et sur le prolongement en cul-de-sac, lorsqu'il existe. Elles tendent 
la membrane extérieure et forment au-dessous d’elle un grand espace aréo- 
laire transparent, dans lequel se meut le fluide du courant. 

» c, Une masse intérieure percée d'ouvertures plus ou moins larges, 
qui communiquent avec le grand espace aréolaire, siége du courant. Le 
tissu de cette masse extérieure est glutineux, blanc jaunâtre, ou vert. 
IL est composé de globules de diverses grandeurs, dont plusieurs sont 
groupés en agrégats diversiformes qui présentent des expansions et 


| 


(619) 
changent lentement de places , ainsi qu’il a été démontré par M. Dujardin. 

» d, Des corps sphéroïdes plus ou moins comprimés, jaunâtres , qu'on 
doit considérer comme des œufs remplis de germes de Spongilles. 

» Nous avons pu observer les corps sphéroïdes reproducteurs décrits par 
MM. Link, Raspail, Gervais et Turpin , au commencement de leur déve- 
loppement, et nous les avons figurés dans leur premier état où ils sont 
transparents et recouverts de globules disposés en stries rayonnantes à leur 
surface. — En comprimant graduellement un corps sphéroïde (œuf ou spo- 
range) à son état parfait pour en faire sortir les germes, nous avons ob- 
servé que le contenu de l’œuf est tantôt une masse de globules de di- 
verses grandeurs, sur les bords de laquelle se détachent des vésicules 
claires et recouvertes de petites globules; et tantôt un masse de vésicules 
seulement, recouvertes de globules. Ces vésicules qui ne tardent pas à 
crever, nous semblent être les germes rudimentaires des Spongilles ; 
chacune d'elles, destinée à Dern l'embryon libre qui se développe sous 
forme de Spongille, se présente à l'observation comme l'individu réel, 
tandis que les globules et les agrégats de globules du tissu glutineux 
d’une Spongille développée, ne doivent être considérés que comme des 
parcelles vivantes, semblables aux fragments de branchies et d’autres tissus 
cutanés qui se meuvent lorsqu'on les a séparés du corps de l'animal. 

» 59, Que des Spongilles coupées en plusieurs morceaux ont continué 
de vivre et de s’accroitre. 

» 6°. Que des Spongilles jeunes, très rapprochées sur la même tige, se 
soudent et forment alors un seul tout. 

» 7°. Qu'on voit aussi se former à la surface de l'enveloppe extérieure : 
des corps arrondis, glutineux, qui semblent être des gemmes ou bour- 
geons; et une extension aréolaire dentelliforme du tissu spiculifére de 
enveloppe extérieure. 

» 8. Que nous n'avons Dot vu de pores extérieurs, ni d’oscules 
semblables à ceux décrits dans les Éponges, et que, par conséquent, 
l'absorption du liquide qui alimente le courant toujours sortant par un 
seul tube (unique oscule) se fait par endosmose. » 


OprTiQue.— Nouvel appareil pour éclairer les objets vus au microscope 
par transparence ; par M. Dusarnin. 


(Commissaires, MM. de Mirbel, Arago, Turpin.) 

Cet appareil est adapté au miscroscope de MM. Trécourt et Georges 
Oberhæuser, déjà présenté à l'Académie. 

C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N° 12.) 8 


[eS] 


{ 620 } 

«Mon appareil d'éclairage où d'illumination, dit M. Dujardin, a pour 
but de concentrer, sur l’objet soumis au microscope , la lumiere illuminante 
de telle sorte qu’elle semble partir de l’objet lui-même. Par conséquent les 
effets de diffraction, qui augmentent le diamètre apparent des lignes 
minces dans le microscope ordinaire, se trouvant ainsi évités, ces lignes 
peuvent être vues avec leur épaisseur réelle. 

» L'appareil, composé de plusieurs lentilles achromatiques , est mobile 
dans un tube fixé au pied de l'instrument, dans la direction de l’axe com- 
mun, et porte, sur le point même qu’on examine, le foyer d’un faisceau 
de lumière réfléchi par un miroir parallèle. Pour s'assurer de cette coin- 
cidence du foyer, on choisit une mire éloignée dont l’image réfléchie par 
le miroir se trouve peinte sur le porte-objet, et en quelque sorte super- 
posée à l’objet lui-même; puis en inclinant davantage le miroir on prend 
seulement la lumière d’une partie du ciel plus lumineuse. 

» Avec cet appareil, qui donne une netteté beaucoup plus grande et 
qui permet d'augmenter indéfiniment l'intensité de la lumière, le dia- 
phragme est remplacé par un écran mobile qui sert à faire naître à vo- 
lonté des ombres sur le contour des objets diaphanes. » 


M. Gerenter, à l’occasion d’une communication faite à l’Académie, 

; , Riz Ag ’ 4 V ñ . , 
dans la séance précédente, sur l'emploi du gaz hydrogène appliqué au 
chauffage des appartements , annonce qu'il s’est occupé, dès l’année 1827, 
de ce sujet, et qu'il croit pouvoir établir par des témoignages suffisants 
ses droits à la priorité d'invention. Il adresse en même temps un Mémoxe 
sur les appareils qu’il emploie à cet effet. 

(Commission précédemment nommée.) 


M. Czos ädresse une Note ayant pour titre : Objections d'un météoro- 
logiste aux astronomes, au sujet de l'aurore boréale. 


(Commissaires, MM. Arago, Mathieu, Savary.) 


M. Cros adresse aussi une Note sur des étoiles filantes qu'il a observées 
à Soreze, dans les nuits des 11, 12 et 13 novembre 1838. 


M. C. Rosaczio soumet au jugement de l’Académie trois fusils de son 


invention. 
L'un est un fusil de chasse à magasin, dans lequel il suffit d’un seul 


mouvement pour amener une nouvelle charge en face du canon et armer 


le chien. 


( 62r ) 


Le deuxième est un fusil de guerre qui se charge sans amorce ex- 
térieure. 

Le troisième est un fusil à canon brisé et qui se charge par conséquent 
par la culasse ; mais pour lequel, comme pour le précédent, la cartouche 


Porte avec elle son amorce fulminante, de sorte qu'il n’y a point de che- 
minée au canon. ; 


_ (Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Séguier. ) 


M. Basiver prie l’Académie de vouloir bien désigner des Commissaires 
pour l'examen de son Mémoire sur les Caractères optiques des minéraux 
et pour l'examen de deux autres Mémoires qu'il avait aussi présentés à 
l'Académie, l’un sur l'optique minéralogique , Y'autre sur la double réfrac- 
tion circulaire. 

Pour le premier Mémoire, MM. Beudant et Cordier ; $ 

Etpour les deux autres, MM. Savary etPouillet sont adjoints à M. Arago, 
Commissaire précédemment désigné avec feu M. Dulong. 


M. Conserr. demande que son travail sur les moyens de sauver les 
hommes et les navires à la mer et sur la côte soit admis de nouveau à con- 
courir pour le prix Montyon concernant les arts insalubres. Il annonce 
l'envoi prochain de documents ayant pour objet de prouver que l’effica- 
cité des moyens qu'il propose à déjà été sanctionnée par l'expérience. 


(Renvoi à la future Commission.) 


CORRESPONDANCE. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Observations sur les glandes qui sécrètent de 
l’eau dans les utricules appendiculaires des Jeuilles du Nepenthes dis- 
tillatoria. — Extrait d'une Lettre de M. Scaurrz. 


«M. Ad. Brongniarta vule premier sur des plantes desséchées de Nepenthes 
que la surface interne de ces utricules est couverte de points qui lui ont 
Paru pouvoir, dans l’état de la vie, servir à la sécrétion d’eau. M. Lindley, 
pendant mon séjour à Londres, m'a montré qu'il avait confirmé cette con- 
Jecture et donné une description de la forme extérieure de ces glandes. 

» J'ai eu l’occasion de faire des recherches sur la forme et la struc- 
ture interne de ces parties, sur des individus vivants de Nepenthes. Jai 
trouvé que ces glandes, dont la forme est plus où moins globuleuse, ne 

89 


( 622 ) 

se composent pas seulement d’un tissu cellulaire serré simple, qu’on avait 
attribué jusqu'ici à ce genre de glandes en général ; mais que chacune de 
ces glandes , dont le tissu est parfaitement nu et sans épiderme, reçoit 
un faisceau considérable de vaisseaux, principalement de vaisseaux latici- 
feres, lesquels se distribuent partout dans l'intérieur du tissu des glandes 
et fournissent les matériaux nécessaires à la sécrétion de l’eau qui est assez 
considérable sur des plantes vivantes, pour qu’on puisse l’observer à l'œil 
nu. Chacune de ces glandes se trouve couverte d'un petit toit formé de 
cellules épidermiques , de sorte que l’eau distillée par les glandes situées 
plus haut peut découler sans mouiller les glandes inférieures. 

» J'ai fait également des recherches sur les espèces du genre américain 
Sarracenia, chez lequel on trouve des utricules comme dans les Nepenthes. 
Il est remarquable que la surface interne des utricules de Sarracenia est 
privée de pareilles glandes , et que l’on y trouve au contraire une grande 
quantité de forts poils qui en remplissent les fonctions. » 

( Cette Note est accompagnée de deux figures qui représentent, l’une 
la coupe de lutricule, et l’autre la disposition des vaisseaux dans linté- 
rieur de ses parois, celle des glandes et du petit toit qui les protége. ) 


ZoorociE. — Note sur les mœurs du Macroscélide de Rozet ( Duvernoy ); 
par M. Wacnen. 


(Communiquée par M. Duvernoy.) 


« Ce rare mammifère insectivore, d’une forme si bizarre, habite la partie 
occidentale de la régence d'Alger. On ne l’a trouvé jusqu’à présent qu'aux 
environs des villes d'Oran, de Tlemcen et d’Arzew, et jamais à Mostaganem, 
située à l’est de cette dernière ville; probablement à cause de son terrain 
sablonneux, qui ne convient pas au macroscélide. 11 est même très rare, et 
on ne se le procure qu'avec peine, aux environs des trois villes que je viens de 
nommer. Avant appris que le premier individu avait été apporté à M. Rozet, 
par des soldats, je m’adressai à Oran à ceux du bataillon d'Afrique, re- 
nommés pour leur industrie et leur adresse; deux d’entre eux me con- 
duisirent au bord de la mer sur une montagne rocailleuse couronnée par 
le fort de Santa-Cruz. C’est dans cet endroit que le Macroscélide se tient, 
dans les crevasses de grandes roches détachées. Il ne creuse pas de trous 
profonds; mais il fait pour ses petits une espèce de lit dans les broussailles 
les plus épaisses du palmier nain (chamærops humilis) qui croît en 
abondance sur ces rochers. A la pointe du jour, cet animal quitte sa re- 
traite pour se placer dans des endroits exposés au soleil ; mais pendant la 


( 623 ) 


grande chaleur, il se met à l'ombre du chamærops humilis, et, caché sous 
ses feuilles, il guette sa proie. Il se nourrit, de préférence, de larves 
d'insectes, de sauterelles en particulier, et de mollusques terrestres; enfin, 
de tous les animaux sans vertèbres qui sont petits et moux. Incapable de 
casser la forte coquille de l’Aélice lactée , il introduit sa trompe, si singu- 
lièrement allongée, dans la coquille, et ne laisse pas au limaçon le temps 
de s’y retirer. J'ai conservé vivants, pendant plusieurs semaines , douze de 
ces animaux, et je les nourrissais de petites sauterelles. J’essayai aussi de 
leur donner du sucre , des graines de froment et d’orge, du pain tendre ; 
mais ils n’y touchérent jamais. Je n’ignore pas cependant que M. Rozet 
annonce avoir nourri les siens avec ce dernier aliment. Le Macroscélide est 
d’une douceur remarquable, et ne m’a jamais mordu en le prenant dans 
la main, et même en le tourmentant ; il manifeste sa douleur par un petit 
cri, semblable plutôt à un soupir qu’à un sifflement. J'ai entendu ce même 
son sur les rochers de Santa-Cruz, lorsque le Macroscélide est poursuivi, 
et se croit en danger. La douceur de ces animaux se montre aussi dans 
leur société, je ne les ai jamais vus se battre entre eux, malgré le peu d’es- 
pace que mes douze petits prisonniers avaient dans leur cage. Leur exha- 
laison (transpiration) est très forte et d’une odeur toute particulière. Ils 
marchent toujours sur leur quatre jambes et jamais sur celles de derrière 
seulement, à la. manière des gerboiïses. Cependant, j'ai remarqué assez 
souvent qu'ils se lèvent sur leurs jambes de derrière, à la maniere des 
lapins, lorsqu'un bruit subit leur fait craindre quelque danger. Ces jambes 
allongées leur servent aussi pour sauter sur leur proie; c’est ainsi qu'ils 
sont très habiles à la chasse des petites sauterelles, qu'ils atteignent en 
bondissant. 

» D’après tout ce que j'ai appris, le Macroscélide ne se trouve que sur 
les montagnes rocailleuses; mes soldats, excellents chasseurs de ce gibier, 
ne l'avaient jamais rencontré dans la plaine; il est moins rare aux envi- 
rons d’Arzew qu’à Oran. La chasse en est très fatigante. On est obligé de 
déplacer de grandes roches, entre lesquelles il se retire. Comme il est d’une 
grande agilité, il faut être plusieurs pour le saisir lorsqu'il quitte sa retraite 
afin d’aller se cacher dans les buissons du palmier nain. L'époque la plus 
favorable pour le prendre est depuis le mois de mars jusqu’à la fin de 
mai. Il disparaît pendant les mois des pluies, ainsi que pendant les chaleurs. 
Cependant on l’a vu quelquefois au mois d’août; mais le matin de bonne 
heure et le soir. L’accouplement a probablement lieu à différentes époques 
de l’année. Mes soldats avaient découvert un nid de ces animaux, avec deux 


(624) 
petits qui venaient de naître, sur les collines des environs de Tlemcen, 
pendant l’expédition du général Clausel, en février 1836. Ils m’assurérent 
que la femelle, qui aurait pu se sauver, se laissa prendre avec ses petits. 
J'ai trouvé à la fin du mois de mars, un individu qui n'avait pas encore 
la moitié de sa grosseur ; ce qui paraît assez confirmer les renseignements 
précédents sur l'époque de leur naissance. Il n’y a que les Arabes d’Arzew 


qui connaissent cet animal; ils l’appellent far-el-haluf, c'est-à-dire rat- 
cochon. » 


Paysique. — Note sur le développement de l'électricité par la pression ; 
par M. Pécrer. 


L'auteur donne lui-même, dans les termes suivants, le résumé de son 
Mémoire. 


« Dans un Mémoire présenté il y a deux ans à l’Académie, j'ai démontré 
que dans la production de l'électricité par le frottement de glissement et 
de roulement au-delà d’une certaine limite de vitesse et de pression les 
effets produits étaient constants, M. Becquerel avait trouvé précédemment 
que dans la production de l'électricité par la pression l'effet produit était 
proportionnel à la pression. Mais M. Becquerel n'avait opéré que sous de 
faibles pressions, et dans son Mémoire il laisse entrevoir que l’accroisse- 
ment d'effet pourrait bien disparaître à une certaine limite. L’analogie du 
frottement de roulement à la pression rendait probable l'existence de 
cette limite; le but de ce Mémoire est de la constater. 

» Il résulte alors de ce Mémoire et de ceux que j'ai déjà présentés à 
l'Académie , que la production delélectricité par le frottement deglissement, 
de roulement, ou par la pression, ne provient ni d’une action chimique ni 
de l'ébranlement ou du rapprochement des molécules des corps; qu'elle 
résulte du fait seul du contact; que l’accroissement de pression ou le mou- 
vement pendant le contact n’a d'autre effet que d'augmenter les points de 
contact, ou ceux du corps mauvais conducteur qui ont été touchés, et que 
la vitesse et la direction du mouvement qui produit la séparation sont 
sans influence. » 


M. Bammer écrit que depuis long-temps il a employé, pour graduer la 
lumière, un cercle tournant à secteurs alternativement pleins et vides qui 
intercepte par conséquent une partie de la lumière totale, égale au rapport 
des secteurs pleins à la surface totale du cercle; que son procédé a été com- 
muniqué, dés les premiers temps, à plusieurs membres de l’Académie dont 


( 625 ) 


il invoque aujourd'hui le témoignage afin de s'assurer Ja priorité d'inven 
tion. des procédés analogues ayant été récemment employés par plusieurs 
observateurs. 


M. Arago déclare qu’en effet il connait depuis long-temps l'appareil 
dont parle M. Babinet, et qu'il a vu Fresnel en faire usage à uné époque 
où ce physicien s’occupait d’une théorie de Ja photométrie. 


M. Savary ajoute que l'appareil de M. Babinet à recu, il ÿ à environ 
dix ans, une sorte de publicité. Ayant été présenté alors à la Société phi- 
lomatique, il doit être mentionné dans les procès-verbaux des séances de 
cette société. 


M. Rogerron adresse une Note sur la saillie que forme la glotte chez le 
Boa constrictor pendant l'acte de la déglutition. La saillie, qui se montre 
derrière la symphyse des mächoires inférieures, est d'autant plus grande 
que l’objet englouti par l'animal. est plus volumineux. 

Lorsque la glotte s’est ainsi portée en avant, elle s'ouvre pour laisser 
passer l'air qui a servi à la respiration et qui en sort avec force; pendant 
ce temps la glotte présente une ouverture presque circulaire. 

L’inspiration a lieu aussitôt après, puis la glotte se ferme complé- 
tement. 


M. Dumériz annonce qu'il avait déjà observé, chez le Boa, ce mouve- 
ment de la glotte ; il ajoute que la glotte se place alors dans l'intervalle des 
deux branches écartées de la mâchoire inférieure. 


M. Vazor adresse quelques détails sur un cas de monstruosité des or- 
ganes mâles de la génération dans l'espèce du cheval. 


M. Turrrer», dont les travaux sur la variole et la vaccine ont obtenu 
une médaille d'encouragement au concours pour les prix de médecine 
et de chirurgie (année 1837), adresse ses remerciments à l’Académie, et 
annonce qu'il poursuit ses recherches sur les questions dont il s’agit dans 
la direction indiquée par la Commission. 


M. Banerer adresse un paquet cacheté. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


La séance est levée à cinq heures. F, 


( 626 ) 


Érrata. 


Dans le Compte rendu de la séance du 23 juillet, dans la liste des candidats pour 
un Correspondant de la section de physique, le nom de M. Matteucci, qui occupait 
le cinquième rang, s’est trouvé omis par suite d’une erreur typographique. 

Les Commissaires chargés de faire un rapport sur la collection de fossiles dont 
M. Pnocrer a fait don à l’Académie (voyez ci-dessus, p. 555), sont MM. Alexandre 
Brongniart, Cordier, Beudant. 

Dans quelques-unes des épreuves, la planche destinée à accompagner la Note de 
MM. Turpin et Élie de Beaumont sur la roche à infusoires fossiles de Bilin, le gra- 
veur a omis de mettre sur les divers corps organisés qui s’observent dans cette roche 
les lettres qui se rapportent à celles du texte imprimé page 502. 

C’est aussi par une erreur du graveur que parmi les figures de la Spongilla fluvia- 
silis , les cristaux aciculaires entre-croisés de la figure 3 sont hérissés d’aspérités, tandis 
qu'ils devraient être parfaitement lisses. La lettre a qui devait indiquer ces cristaux, 
a aussi été omise dans quelques épreuves, ainsi que les lettres a et à pour la figure 4. 


Page 543, ligne 4, en remontant, dans quelques exemplaires seulement, upposé, 
lisez supposé. 
Page 598, ligne 31, MM. Gras et Merle; lisez MM. Gros et Merle. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° r1. 

Éloge historique d'Anronwr-Laurenr DE Jussieu, {4 à la séance publique 
du 13 août 1858 par M. Frourens, secrétaire perpétuel. 

Annuaire du Bureau des Longitudes , pour l'année 1838, in-18. 

Voyage de MM. »e Humwsozor et BonpramD; 19° liv., fin de la 2° section 
de lExamen critique ; in-fol. 

Examen critique de l'histoire de la Géographie du nouveau Continent ; 
par M. »e Humsornr; 4 volumes in-8°. 

Notice sur une Maladie qui se développe sur les tiges vivantes des Mü- 
riers et plus particulièrement sur celles du Mürier multicaule ; par 
M. Turri ; in-6°. 


(627) 

Mémoire sur la cause et les effets de la Fermentation alcoolique et acéteuse; 
par le même: in-8°. 

Collection de Mémoires pour servir à l'histoire du Règne végétal; par 
M. pe Canpoze; 0° et 10° mémoire, in-4°. 

Anatomie microscopique; première série, Tissus et Organes; par M. L. 
Manor; in-fol. 

Mémoires de la Société géologique de France; tome 3, 1"° partie, in-4°. 

Essai sur les Cavernes à ossements et sur les causes qui les ont accu- 
mulés ; par M. Marcez De Serres; 1858, in-8°. 

Insectes Diptères nouveaux ou peu connus ; par M. J. MacquarT; tome 
1, 1° partie, in-8°. 

Rénovation philosophique ou Exposé des vrais principes de la Philosophie, 
déduits de l'observation; par M. Giraup DE Caupsmserc ; Paris, 1858 , in-8°. 

Résumé de la physique de la Création; par M. Demonvirse ; in-8°. 

La Loterie ressuscitée ou l'ignorance de tous les citoyens qui composent 
toutes les nations démasquée ; par M. Royé; tableau. 

Méthode de Lecture; par M. GouiLce, instituteur à Nantes; Nantes, in-16. 

Grammaire française sur un plan tout nouveau , mise à la portée de tous 
les enfants; par le même; in-8°. 

Corrigé des exercices français sur l’'Orthographe, la Syntaxe des mots 
et les Participes mis en rapport avec la Grammaire française; par le mème; 
in-8°. 

Exercices français sur l’Orthographe , la Syntaxe des mots et les Par- 
ticipes mis en rapport avec la Grammaire française ; par le même ; in-8°. 

Elenchus Plantarum novarum minusque cognitarum in Hispania aus- 
trali collectarum ; auct. Bossier ; Genève, in-8°. 

Pharmacopæa greca ; auct. Bouros; Athènes, in-8°. (M. Double est prié 
de rendre un compte verbal de cet ouvrage. ) 

Agnew; on the...... Sur les grandes pyramides de Gizeh; par 
M. Acxew; Londres, 1838, in-4°. 

The transactions. ... Transactions de la Societé Linnéenne de Londres; 
vol. 18, 1'° partie, in-4°. 

Det Kongelige Danske.... Mémoires de l'Académie royale des Sciences 
de Danemarck, Sciences naturelles et Mathématiques; vol. 6 et 7; 1837— 
1858, in-/o, 

Oversigt over.... Coup d'œil sur les Mémoires de l’Académie royale 
des Sciences de Danemarck et sur les travaux de ses membres, depuis le 
51 mai 1836 jusqu'au 31 mai 1857 ; par le professeur OErsrenr, in-4°. 

C. R: 1838, 2° Semestre, (T. VAL, N° 12.) 84 


( 628 ) 


Tale red.... Discours prononcé devant l’Académie royale des Sciences 
de Danemarck, en mémoire de M. A.-W. Havcn, président de ladite So- 


ciété; par son secrétaire, M. OErstepr; in-8°. 


Systematiche..... Description systématique des Plagiostomes; par 


MM. J. Muruer et J. Hewze; Berlin, 1838, in-fol. 
Ueber Schleimund..... Sur les Sécrétions muqueuses et purulentes, et 


leurs rapports avec l'épiderme ; par M. Hexre; Berlin, 1538, in-12. 
Medicinische gymnestik. .. Six traités sur différents sujets de Gym- 

nastique médicale; par M. J.-A.-L, Werner; 6 v. in-8°; Berlin, 1854-1858. 

(M. Breschet est chargé de rendre un compte verbal de cet ouvrage.) 


Bericht uber.... Analyse des mémoires lus à l’Académie des Sciences de 
Berlin, et destinés à la publication; juillet 1858, in-8°. 
Preisfrage.... Questions proposées par la classe des Sciences physiques 


et mathématiques de l Académie royale de Prusse ; pour le concours de 


1839; in-8. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines , 
8° année, n° 92; août 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 37, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 106—108, in-4°. 

Écho du Monde savant, 5° année, n° 368-369. 

L'Expérience , journal de Médecine et de Chirurgie, n° 63, ra:8*. 


COMPTE RENDÜ 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 24 SEPTEMBRE 1838. 


VICE- PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


ParéontoLoGre. — De quelques contemporains des Crocodiliens fossiles des 
âges antédiluviens , d'un rang crassiQuEe jusque alors indéterminé; par 
M. Grorrnoy Samnr-Hiraire. 


« J'étais entré, en 1706, dans de premières études zoologiques , lorsque 
mon attention se fixa sur des espèces de la nature vivante, que j'ai fini 
par croire d’un rang très reculé dans la série des âges, appartenant à la 
jeunesse de l’animalité. Jusque-là, sans idées faites et tout au contraire do- 
miné que j'étais par les décisions arbitraires de mes pairs; je n’avais compris 
ces animaux, que de façon à les élever à la condition de notre première 
classe. Ce fut seulement quand j’eus reconnu le caractère dominateur de 
leur système organique, et en ayant pesé la valeur que j'aperçus d’une 
haute portée et d’essence révélée par de certaines formes particulières de 
l'appareil générateur, ce fut alors que j'appelai ces êtres de mes nouvelles 
recherches animalia marsupialia, et en français marsupiaux. 

‘ » Un repli de la peau à la région externe du bas-ventre s'y comportait 
comme un sac au fond duquel les organes mammaires étaient renfermés et 
semblaient protégés. Le mot de bourse ventrale, ou de marsupium, deve- 


C.R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N° 15.) 85 


( 630 ) 


nait ainsi le signe indicateur et nettement visible de l'immense et curieuse 
anomalie de l'appareil classique de ma nouvelle famille. 

» Nous rompimes, en 1796, M. Cuvier et moi, d’un bon accord, l’'as- 
sociation de nos travaux communs; lui pour produire son magnifique 
Mémoire sur les Mollusques, et moi pour donner ma dissertation sur les 
animaux à bourse. 

» Jusque-là l’on ne connaissait qu’un seul genre, ayant ce singulier appa- 
reil, que le genre bien circonscrit par Linné et nommé par lui Didelphe 
ou à deux matrices. Toutes les espèces de ce genre étaient d'Amérique : mes 
études ne tardérent point à m'en faire connaître d’autres avec la même 
singularité, telle que l'organe générateur; c'était dans d’autres pays exclusi- 
vement différents, les Indes et l'Australie, et je les publiai sous les noms 
génériques qui suivent : Dasyure, Perameles, Phalanger, Coescoes, Kan- 
gurou, Petaurus et Phascolome. Yai depuis pensé que les genres Ornitho- 
rhynque et Échidné, frappés d'aussi grandes et autres anomalies, arrive- 
raient grossir tout le groupe ainsi déjà nombreux. 

» On est venu depuis pénétrer dans mon atelier où l’on n’apportait 
qu'une ardeur d’éclectisme , où l’on introduisait des changements dans les 
noms ou dans l’ordre de leurs relations. Ainsi, s'attribuant tous mes travaux, 
lon remarquait les convenances des marsupiaux, et l’on n’inventait que 
des titres pour les rallier sous des enseignes différentes, mais purement 
nominales : on les disait des sous-classes, noms que Linné s'était inter- 
dits. Tant mieux que l’on ait fait goûter ces vues particulières ; moi-même 
j'aiderai volontiers à ce que l’on puisse en dire : « d’autres que le premier 
inventeur ont fait tous ces travaux. » 

» Alors je ne pouvais soupçonner que le couronnement de ces travaux 
deviendrait cette profonde pensée, serait que ces êtres ne sont vérita- 
blement point des mammifères eu égard à l'idée qu’on attache à cette ex- 
pression dans la classification, et qu'il les faudrait admettre d’une classe 
différente et sui generis; laquelle il faudra finir peut-être par nommer 
marsupiaire. 

» Ce qui est venu m'éclairer tout nouvellement, c’est qu'une partie de 
ces animaux se trouve avoir vécu dans les âges antédiluviens : or cé ré- 
sultat vient d’agiter tout récemment l'opinion des naturalistes. Les mar- 
supiaux pris mal à propos pour des mammifères, auraient rompu une 
magnifique généralisation, et fait dire aux géologues que de tels prétendus 
mammiferes ayant été trouvés dans les champs oolithiques, ces terrains 
de seconde formation , ce n'était plus un fait reconnu de l’âge de la Terre, 


{ 631) 
celui constant et sans exception, que les mammifères existeraient uni- 
quement dans des couches de troisième formation. 

» Effectivement on observa en Angleterre de petites mâchoires infé- 
rieures; elles avaient un facies de mammifères, selon qu’on déterminait alors 
les animaux à mamelles, et l’on se portait même à leur genre spécial : ces 
mâchoires ressemblaient à des parties de structure analogues à celles du 
Didelphis murinus. Un grand géologue anglais, le révérend Buckland, pos- 
sédait l’une de ces mâchoires trouvées dans le schiste calcaire de Stones- 
field, terrain de seconde formation. M. Cuvier alla en Angleterre, se 
rendit à Oxford, y vit Buckland qui, tenu au courant des idées à prendre 
Sur le facies de sa mâchoire , croyait déjà que c'était un fragment de mam- 
mifere. Buckland montra son petit trésor à Cuvier qui n'avait point sur 
lui de pièce de comparaison, et qui répondit avec modestie : je crois voir 
là une partie de Didelphe. 

» Cuvier se serait trompé dans une détermination aussi facile pour 
lui! c'était impossible, et il n’y aurait que cette idée d’estime que j'ac- 
corde si justement à ce grand zoologiste, classificateur d’un sentiment 
exquis, qu'aujourd'hui j'affirmerais qu'il n’y eut point alors d’erreur. 

» Cependant depuis le voyage à Oxford que fit Cuvier, soit parce qu'il 
n'avait pas orgueilleusement affirmé, soit parce qu’il y avait dans la science 
une loi ou un principe qui rejetait sa détermination, la question resta 
indécise. 

» Mais enfin dans ces derniers temps, ce sentiment éclata; car d’habiles 
géologues s'y étaient attachés. Buckland s’en était tenu, et au dire 
de Cuvier, et à ce qu'il avait trouvé être le fait rationnel: néanmoins 
il désira faire revivre cette discussion, et il vint à Paris porteur de deux 
mâchoires des prétendus didelphes. C’est à M. Valenciennes qu'il s'adresse 
et confie ses échantillons, et, selon ce que je dois penser du travail de ce 
zoologiste mon confrère au Jardin du Roi, M. Valenciennes me paraît 
avoir donné à ce sujet les satisfactions désirées par la science, celles d’une 
observation aussi étendue et judicieuse qu'habilement discutée. Son Mé- 
moire a été inséré en entier dans le Compte rendu, n° 11, page 572. C’est 
à l'espèce du Didelphis murinus , sauf quelques considérations partielles 
que les mâchoires sont rapportées : les noms donnés aux deux espèces 
que ce savant a examinées, sont Thylacotherium Prevostii et Thylacothe- 
rium Bucklandii. 

» Mais comme si cette question, qui s'était traînée si long-temps et avait 
été débattue avec tant de perplexité entre les naturalistes, fût parvenue à 


85... 


{ 632 ) 

son point de maturité, par les soins de M. de Humboldt et au nom du 

révérend M. Buckland, il parvint aussi à notre connaissance, et dans 
notre dernière séance, l'annonce d’une autre espèce fossile marsupiale , 
et que l’auteur de sa première publication, M. Kaup en Allemagne, et 
M. Buckland appellent Cheirotherium. Et en effet il avait été déjà question 
à l'Académie, en 1824, d’un grès bigarré de l’état fossile et trouvé dans 
les terrains de seconde formation en Allemagne, à Hildburghausen : 
nous en possédons au Muséum un magnifique échantillon; et c’est ce que 
rappelle M. de Humboldt dans sa communication du 17 septembre der- 
nier, quand notre confrère eut pris la peine de faire savoir à l’Académie 
qu'un autre échantillon existait, mais cette fois ayant fait partie du gres rouge 
dans le Storetonhill. Or, M. de Humboldt insista sur la remarque que ce 
second échantillon se trouvait si semblable à l'échantillon allemand, qu'il 
y avait à croire que l’un avait été calqué sur l’autre. 

» En voyant arriver ce second cas d’une espèce marsupiale fossile , qui 
ne devrait s’alarmer et penser que les difficultés de la science allaient 
doubler comme les échantillons eux-mêmes? Il n’en est rien, et c’est au 
contraire cette circonstance qui a appelé mon attention, et qui se con- 
centrant sur les deux cas, m'a heureusement impressionné par une -sorte 
de fiat lux, dont je soumets l’exposition au jugement de l’Académie. 

» Ainsi, si je ne m’abuse point dans la détermination que je viens de 
présenter, tout rentre dans les considérations de la nature, comme nous 
les avions établies: tout arrive à son point de généralisation. Il va rester 
vrai, comme avant ces scènes de perplexité, qu'il n’y a point et que pro- 
bablement on ne trouvera point de mammifères dans les entrailles de 
la terre où gisent les antiques êtres crocodiliens et tous leurs ana- 
logues; mais comme sil füt survenu, dans le cours de l’animalité en 
marche de développement, aux choses géologiques d’éprouver le som- 
meil d’un ou de plusieurs siècles, et d'en venir à reprendre l’ancien 
courant lors d’un jour providentiel à cet égard, nous serions arrivés, 
après l’ensevelissement des espèces de notre classe marsupiaire, à ce point 
de la nature reprenant sa loi de continuité dans la suite des phénomènes 
de lanimalité, phénomènes qui auraient repris avec extension et avec 
l'admirable progrès essentiel à l’échelle animale. 11 n’y aurait plus eu à 
cette reprise que des prétendus mammifères se développant et s’arrétant 
dans l'état d’embryon, comme c’est le cas des êtres de la classe des marsu- 
piaires, mais tout au contraire c’eût été remplacé par des êtres avancés 
d’un large degré dans l'échelle animale. 


( 633) 

» Le probleme résolu quant à l'essence des fossiles anglais 7’kylacothe- 
rium et Cheirotherium en serait venu au point de me faire concevoir les 
conséquences cosmogoniques de l'existence des didelphes, dont il n'y à 
plus qu’un petit nombre d'êtres dans la nature vivante : il faut ainsi re- 
porter l’apparition des marsupiaires à l'époque énormément reculée où se 
formaient les premières strates de la craie. » 


« M. Duménr, à l’occasion de cette petite branche de la mâchoire infé- 
rieure engagée dans la gangue, annonce qu'on y distingue évidemment 
une éminence osseuse prolongée, un véritable condyle destiné à l’articu- 
lation de cet os avec le crâne. Il croit devoir rappeler que c’est dans les 
mammifères seulement et uniquement, qu’il existe un condyle ; car chez 
tous les oiseaux, les reptiles et les poissons, la mächoire inférieure pre- 
sente en arrière une facette articulaire creuse, non saillante; enfin 
elle offre une fosse condylienne qui recoit l'os intramaxillaire, le plus 
souvent libre et isolé, mais quelquefois entièrement soudé et confondu 
avec les os du crâne. En outre, dans les reptiles et les poissons, la branche 
sous-maxillaire est composée de plusieurs pièces dont les sutures sont et 
restent apparentes, tandis que dans la mâchoire qui fait le sujet de la dis- 
cussion , la partie osseuse n'offre aucune apparence de suture. 

» En conséquence, M. Duméril déclare adopter aussi l’opinion de 
Cuvier, soutenue par M. Valenciennes, c’est-à-dire que cette portion de 
mâchoire provient d’un mammifère et non d’un reptile saurien. » 


RAPPORTS. 


Zoorocie. — Rapport sur un Mémoire de M. Muse Enwanos, relatif à la 
circulation du sang dans les Annélides. 


( Commissaires, MM. Duméril, Magendie, Breschet rapporteur. ) 


« Dans sa séance du 30 octobre dernier, l’Académie nous a chargé de 
faire, conjointement avec MM. Duméril et Magendie, l'examen d’un Mé- 
moire intitulé : Recherches pour servir à l'histoire de la circulation du sang 
chez les Annélides, par M. Milne Edwards. 

» Ces animaux inférieurs dont la connaissance est si importante pour 
l'anatomie comparée et pour la zoologie, habitent, pour la plupart, dans 


(634 ) 
les eaux de la mer, et lorsqu'on veut en faire une étude approfondie il ne 
suffit pas d’en examiner les dépouilles conservées avec plus ou moins de 
soin dans nos musées; il est presque toujours nécessaire de les observer à 
l'état vivant ou au moins quelques instants après la mort, et cette circons- 
tance est une des causes pour lesquelles leur histoire anatomique et phy- 
siologique laisse encore tant à désirer. En effet, les naturalistes qui par la 
direction de leurs travaux pourraient le mieux s’y adonner, se trouvent 
vour la plupart, retenus loin des côtes et manquent, par conséquent, des 
matériaux nécessaires à de semblables investigations, et d’un autre côté les 
voyageurs qui visitent rapidement des parages lointains sont d'ordinaire 
trop occupés à collecter, pour avoir le loisir indispensable à des recher- 
ches longues et minutieuses. Pour avancer l’histoire d’un grand nombre de 
ces animaux, il faut aller où ils vivent, et demeurer dans ces localités 
pendant tout le temps nécessaire à l’accomplissement du travail que lon 
s'est imposé. Du reste, les localités favorables à ce genre d'étude ne sont 
ni rares ni bien éloignées de nous, et sans quitter les côtes de la France on 
peut aisément se placer dans les circonstances les plus convenables à des 
recherches de ce genre; recherches qui, nous le répétons, peuvent être 
pour la science du plus haut intérêt. 
| » Guidé par cette pensée, M. Milne Edwards s’est adonné depuis douze 
ans à l'exploration des richesses zoologiques de notre littoral, et a entre- 
pris, soit seul, soit de concert avec notre coufrère M. Audouin, une série 
«de recherches tant anatomiques que zoologiques , sur les animaux sans ver- 
tebres de nos mers. La circulation du sang chez les crustacés est un des 
premiers points dont ces deux naturalistes se sont occupés, et l’Académie 
se rappellera qu’en 1828 , elle a décerné à leur travail sur ce sujet, le prix 
de Physiologie, fondé par M. de Montyon. L'année dernière, M. Milne 
Edwards a entrepris des recherches analogues sur la circulation du sang 
chez les Annélides et afin de pouvoir mieux observer ces animaux il a été 
s'établir sur les côtes de la Bretagne, dans un petit port de mer où ces 
Annélides sont en très grand nombre. Un des membres de cette Académie, 
M. Beautemps-Beaupré, occupé alors du relevé hydrographique de cette 
portion de notre littoral, a puissamment contribué au succès du voyage de 
M. Milne Edwards, en lui facilitant l'exploration des rochers innombrables 
qui avoisinent Roscoff et l'ile de Batz. Enfin , après avoir étudié la structure 
des principales espèces qu'on trouve dans cette localité, il a été à Cancale 
chercher d’autres matériaux , et Les résultats de ce travail forment le sujet 
du Mémoire dont nous venons vous rendre compte aujourd’hui. 


(635) 


» Parmi les particularités anatomiques et physiologiques que nous offrent 
les vers désignés généralement sous le nom d’#nnélides, la couleur du 
sang est sans contredit une des plus remarquables. Chez les mollusques, 
les crustacés, les arachnides, les insectes, les zoophytes; en un mot, chez 
presque tous les animaux sans vertebres, le liquide nourricier, comme 
chacun le sait, est blanc, tandis que chez les Annélides, dont la place est 
évidemment bien bas dans la série zoologique, le sang est rouge comme 
chez l’homme et les autres vertébrés. L'importance du rôle que ce liquide 
remplit dans l’économie animale est si grande que l’on est naturellement 
porté à attribuer aussi une importance extrême aux modifications que lon 
observe dans ses propriétés physiques, et les caracteres qu'il présente dans 
les diverses classes d'animaux supérieurs sont si constants et si bien d’ac- 
cord avec les divisions naturelles, que l’on devait également être conduit 
à considérer sa constitution comme une des principales circonstances do- 
minatrices de l'organisme. Tel est, en effet, l'opinion que plusieurs zoolo- 
gistes des plus éminents, tels que G: Cuvier et Lamarck, paraissent s'être 
formée en ce qui concerne les vers, aussi bien que relativement aux ani- 
maux supérieurs. En effet, ils indiquent l'existence de sang rouge comme 
un des caractères les plus saillants de la classe tout entière des 4nnélides. 
Mais aujourd’hui nous nous voyons forcés de renoncer à ces idées, et 
l'étude de ce point de physiologie comparée nous fournit un nouvel 
exemple du danger des généralisations, lorsqu'on juge les animaux infé- 
rieurs d’après ce que l’on sait de ceux qui sont placés à la partie supé- 
rieure de l’échelle zoologique. 

» En effet, chez les Annélides la couleur du sang est bien loin d’avoir 
la méme constance que chez les vertébrés, et ne peut évidemment offrir 
dans l’organisme de ces animaux une grande importance physiologique. 
M. de Blainville fut un des premiers à combattre les opinions générale- 
ment admises relativement à l'existence du sang rouge chez tous les Anné- 
lides et il cita une espèce assez commune sur nos côtes, l'Æphrodite héris- 
sée, comme faisant exception à la règle générale. Dans le principe on 
n'attacha pas à la remarque de notre savant confrère toute l'importance 
qu’elle méritait, et M. G. Cuvier sembla même révoquer en doute l'existence 
du fait annoncé; mais bientôt après on signala une particularité analogue 
chez quelques sangsues, et les recherches récentes de M. Milne Edwards 
montrent que parmi les animaux de cette classe rien n’est plus variable que 
la couleur du liquide nourricier. 

» Dans le Mémoire dont Roger dons compte ici, M. Milne Edwards 


(636 ) 


expose les résultats de ses observations sur le sang d’un grand nombre 
d'Annélides. Il a trouvé que ce liquide est toujours rouge chez les Eu- 
nices , les Euphrosines, les Néréides, les Nephtys, les Glycères, les 
OEnones, les Hermelles , les Térébelles et les Serpules, comme chez les 
Arénicoles , les Lombrics et la plupart des Æirudinées ; mais il a constaté 
que dans les Polynoës, les Sigalions et les Phyllodocées , le sang est inco- 
lore ou offre seulement une teinte légèrement jaunâtre. L’anomalie la 
plus singulière lui a été offerte par une grande espèce de Sabelle dont le 
sang est d’un vertintense, et nous ajouterons que depuis la publication des 
observations de M. Milne Edwards, nous avons appris qu’un fait analogue 
a été constaté par M. Dujardin, sur une espèce nouvelle appartenant au 
genre Syphostome. 

» Ainsi, dans un même groupe parfaitement naturel, établi par M. G. Cu- 
vier, sous le nom de vers à sang rouge, il existe des espèces dont /e sang est 
effectivement rouge, d'autres dont le sang est blanc et d’autres encore 
dont le sang est vert , et chose remarquable, M. Milne Edwards a souvent 
rencontré ces différences dans des genres qui, sous tous les autres rap- 
ports , offrent entre eux la plus étroite analogie; aussi en a-t-il conclu 
avec raison que dans cette classe d'animaux la couleur du sang ne pou- 
vait avoir qu'une importance physiologique bien faible et par conséquent 
ne devait avoir que peu de valeur comme caractère zoologique ; résultat à 
appui duquel vient aussi un autre fait observé par ce zoologiste pendant 
son voyage sur les côtes d'Afrique : effectivement il a constaté que les 
Annélides ne sont pas les seuls animaux inférieurs parmi lesquels il existe 
des espèces pourvues de sang rouge, et que chez un Helminthe, dont 
la structure se rapporte beaucoup de celle des Planaires, le liquide nour- 
ricier au lieu d’être blanc comme chez celles-ci offre une teinte rouge 
très intense. 

» La connaissance de ces variations si considérables et si fréquentes 
dans les propriétés physiques du sang chez les animaux inférieurs, doit 
faire désirer des renseignements nouveaux sur la composition chimique 
de ce liquide; car on est naturellement conduit à se demander si la cou- 
leur rouge que l’on y rencontre quelquefois, mais qui manque si souvent, 
dépend de la présence d’une matiere colorante chargée de fer, comme 
l'hématosine du sang des mammifères, ou bien si cette teinte est l’effet de 
quelque autre cause. C’est un sujet de recherches que nous croyons devoir 
signaler aux jeunes chimistes, et qui donnerait probablement des résultats 


d’un grand intérêt pour la physiologie | 


(637 ) 


» Apres avoir exposé les divers faits dont nous venons d'examiner la 
portée et avoir indiqué les résultats des observations microscopiques sur 
le sang des Annélides, par M. Milne Edwards, nous dirons que ce natura- 
liste s’est occupé de la structure anatomique du système circulatoire de ces 
animaux et du jeu physiologique de cet appareil. 

» Un sujet aussi intéressant pour l'anatomie comparée et pour la zo0- 
logie, ne Pouvait manquer d'attirer l'attention d'un grand nombre de 
zoologistes , et effectivement nous trouvons dans les écrits de Willis, 
G. Cuvier, J. Hunter, E, Home ;'Dugès, de MM. de Blainville, Delle-Chiaje, 
Morren, et de quelques autres savants, des observations sur la dis- 
position des vaisseaux sanguins chez divers Annélides ; mais la science 
ne possédait pas encore de travail général et Comparatif sur ce sujet, et 
la plupart des recherches faites par les auteurs que nous venons de citer 
ne sont que brièvement indiquées dans leurs ouvrages. Enfin, nous man- 
quions encore d’une série de figures représentant la conformation et le 
mode de distribution du système vasculaire chez ces animaux, chose dont 
les anatomistes sentaient vivement le besoin dans des sujets aussi diffi- 
ciles à étudier et aussi peu connus. Le travail de M. Milne Edwards rem- 
plit cette lacune, et les nombreux dessins qui l'accompagnent sont exé- 
cutés de manière à donner les idées les plus nettes sur les objets qu'ils 
représentent, 

» Nous ne croyons Pas nécessaire de revenir ici sur la description ana- 
tomique très étendue que l’auteur fait de l'appareil circulatoire des Téré- 
belles , des Funices, des Hermelles, des Néréides , des Nephtys, des Sa- 
belles et des Arénicoles ; loin des bords de Ja mer il aurait été bien diff 
cile à vos Commissaires d'en vérifier l'exactitude, et du reste nous avons 
eu assez souvent l’occasion de juger les travaux de M. Milne Edwards, 
Pour n'avoir aucune incertitude sur la justesse de ses observations. 

» Nous nous bornerons donc à signaler à l'attention de l’'Acadé- 
mie les principaux résultats auxquels ces recherches ont conduit notre 
auteur. 

» Le premier fait dont on est frappé lorsqu'on compare l'appareil vas- 
culaire des divers 4nnélides, c'est le peu d’uniformité qu'offre son mode 
d'organisation et le Jeu de ses différentes parties. Chez les animaux supé- 
rieurs la distribution des vaisseaux sanguins ne varie que peu dans les 
grandes divisions naturelles. Ici au contraire nous la voyons subir une 
foule de modifications importantes, et ces changements se rencontrent 
souvent dans des genres voisi Ppartenant à une même famille, Tantôt 

C: R 1855, 2€ Semestre. (T. VII, N° 15) 86 


( 638 ) 
il existe de véritables cœurs, tantôt une multitude de bulbes contrac- 
tées ; d’autres fois c’est dans le réseau capillaire que le sang recoit limpul- 
sion dont la circulation dépend, et les fonctions des mêmes vaisseaux 
varient au point qu'il devient difficile d'appliquer avec justesse à ces or- 
ganes les noms d’artères et de veines par lesquels on les désigne chez les 
animaux supérieurs. 

» Si l'on résume les caractères communs à l'appareil circulatoire des 
Annélides, on voit cependant que chez tous ces animaux il existe deux 
systèmes de canaux sanguins, l’un dorsal, l’autre ventral, et que les mo- 
difications principales de l’un et de l'autre système, dépendent de ce que 
tantôt ils sont formés, chacun, de deux vaisseaux longitudinaux pairs et 
symétriques , tandis que, d’autres fois, ces deux canaux sont remplacés 
en totalité ou en partie par un seul tronc impair et médian. 

» La tendance générale de la nature est aussi de rendre la conformation 
de cet appareil uniforme dans tous les segments du corps, de facon à 
amener dans chaque anneau la répétition plus où moins exacte de ce qui 
existe dans les anneaux voisins; mais il est aussi à noter que chez quel- 
ques Annélides certains vaisseaux cessent d'offrir cette uniformité de struc- 
ture, et acquièrent dans des parties déterminées un mode d'organisation 
particulier, d’où résulte la localisation de certaines fonctions qui, ailleurs, 
sont réparties d'une manière plus générale dans toute la longueur du 
corps. 

» Il existe parmi les naturalistes des dissidences d'opinion relativement 
au cours du sang dans l'appareil circulatoire de ces animaux, et chez un 
certain nombre d’Annélides inférieurs, ce liquide paraît osciller dans les 
vaisseaux plutôt que de circuler d’une manière constante et continue. 
Mais dans les espèces dont l’organisation est la plus parfaite, le mouve- 
ment circulatoire est mieux établi, et en comprimant légèrement entre 

deux lames de verre sur le porte-objet du microscope, de très jeunes in- 
dividus dont le corps est presque transparent, M. Milne Edwards s’est 
convaincu que le courant sanguin se porte toujours d’arrière en avant 
dans le système vasculaire dorsal, tandis que dans le vaisseau ventral il 
suit la direction contraire. Ce mouvement est dû, comme chez les ani- 
maux supérieurs, à la contractilité de certaines parties du cercle circula- 
toire; mais le siége de cet agent d’impulsion varie beaucoup, et à cet égard 
nous rappellerons un fait bien curieux signalé par M. Milne Edwards; c'est 
que chez quelques Annélides, tels que les Térébelles, ce sont les mêmes 
organes qui sont le siége de la respirat QU: qui, par leurs contractions, 


( 639 ) 


servent à lancer le sang dans les vaisseaux destinés à le distribuer aux di- 
verses parties du corps; il en résulte que ces organes remplissent en même 
temps les fonctions de branchies et d'un cœur aortique. Chez ces mêmes 
Térébelles il existe à la partie antérieure du corps un vaisseau contractile 
gros et court qui agit à la manière d’un cœur pulmonaire ; de sorte que 
sur ces animaux on trouve un agent d’impulsion particulier pour l’un et 
l’autre système vasculaire, et que c’est dans le système ventral que se 
voit le sang artériel. Il en est à peu près de même pour l’appareil cir- 
culatoire des Ærénicoles, qui nous était déjà en partie connu par les re- 
cherches de l'illustre G. Cuvier, mais sur lequel nous avions néanmoins 
quelques idées erronées. Suivant M. Milne Edwards, le sang, contenu 
dans les réservoirs contractiles situés de chaque côté de l’estomac, se rend 
aux branchies, et par conséquent c’est au cœur pulmonaire et non pas 
au cœur aortique des animaux supérieurs qu'il faut les comparer. et chez 
ces vers, de même que chez les Térébelles, ce sont les branchies elles- 
mêmes qui remplissent les fonctions d’un cœur aortique; seulement le 
sang artériel qu’ils lancent dans le cercle circulatoire se rend au vaisseau 
dorsal qui, chez ces mêmes Térébelles , ne recoit que du sang veineux. 
Quantaux Wéréides, le mécanisme de cette fonction est plus simple, et ainsi 
que l'avait déjà établi M. de Blainville et quelques autres naturalistes, 
c’est le vaisseau dorsal qui remplit les fonctions d’un cœur aortique. Enfin, 
chez les Eunices , on rencontre d’autres particularités non moins remar- 
quables. M. Delle-Chiaje, qui a enrichi la ‘science de recherches si nom- 
breuses sur l’histoire des animaux sans vertèbres des côtes de Naples, a 
pensé que chez ces vers il existait de chaque côté du vaissean ventral une 
série de vésicules contractiles en forme d’ampoules cœcales, ce qui aurait 
rendu l’explication du mécanisme de la circulation assez difficile; mais 
M. Milne Edwards a constaté que ces organes d’impulsion ne sont autre 
chose que les artères branchiales elles-mêmes, qui se renflent en un bulbe 
allongé et se recourbent en forme d’anse avant que de pénétrer dans la 
branchie correspondante; ces bulbes contractiles qui sont traversés par le 
sang , et qui tiennent lieu de cœurs pulmonaires, sont au nombre de plu- 
sieurs centaines, et c’est à raison de cette circonstance que notre auteur 
croit pouvoir expliquer jusqu’à un certain point comment un tronçon du 
corps d’une Eunice peut continuer à vivre très long-temps après avoir été 
séparé du reste de l’animal, car elle empêche que la circulation ne soit 
arrêtée par cette mutilation. 

» Les recherches de M. Milne Edwards sur la circulation du sang l'ont 

86... 


( 640 ) 
conduit aussi à rectifier quelques idées généralement admises relative- 
ment aux organes de la respiration de certains Ænnélides. 

» Dans cette classe d'animaux le réseau capillaire dans lequel le sang 
recoit l'influence de l'air est une portion du cercle circulatoire général, et 
les branchies ne sont que des parties de l'enveloppe tégumentaire com- 
mune dont la texture est molle, dont les vaisseaux sanguins sont très nom- 
breux , et dont la surface est ordinairement très étendue relativement à 
l'espace qu’elles occupent ; en général , les caractères anatomiques de ces 
organes sont tellement tranchés qu'on ne peut en méconnaitre la na- 
ture, lors même qu'on ne les étudie qu'après la mort; mais il n’en est 
pas toujours ainsi, et en observant sur le vivant la circulation capil- 
laire chez divers Ænnélides , M. Milne Edwards s'est apercu que dans 
plusieurs circonstances les naturalistes s'étaient trompés sur la détermi- 
nation du siége de la respiration. Ainsi, les appendices qui bordent l’ex- 
trémité des pieds chez les Véréides , et que l'on appelle ordinairement 
les branchies de ces animaux , ne reçoivent presque pas de sang, tan- 
dis que vers la base des mêmes pieds il existe un riche réseau capil- 
laire superficiel qui doit évidemment faire les fonctions d’une bran- 
chie. Enfin chez les Hermelles, les tentacules déliés qui surmontent la 
bouche et qui sont également considérés comme des organes de respi- 
ration, sont, dans la réalité, entièrement impropres à cet usage, tandis 
que les appendices fixés au-dessus des pattes, et désignés par les zoo- 

logistes sous le nom de cirrhes, sont de véritables branchies. 

» D’après l'analyse rapide que nous venons de faire du Mémoire de 
M. Milne Edwards, on voit que par ses recherches il à enrichi la science 
d'un grand nombre de faits nouveaux pour l'anatomie et la physiologie 
comparées. 

» Nous pensons donc que le travail de ce naturaliste mérite, et par 
les découvertes qu'il contient, et par l'esprit avec lequel il a été en- 
trepris et dirigé, l'approbation de l'Académie; c’est pourquoi nous pro- 
posons d'insérer ce Mémoire parmi les travaux des Savans étrangers. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


(G4r ) 


CHIRURGIE. — Rapport sur un Mémoire de M. le professeur Lazremino, - 
ayant pour titre : Observation sur un anévrisme variqueux ou artérioso- 
veineux des vaisseaux fémoraux. 


(Commissaires, MM. Duméril, Magendie, Breschet rapporteur. ) 


« Cette observation, adressée à l’Académie des Sciences par un des 
hommes qui exercent la chirurgie en France avec le plus de distinction . 
n'est pas un simple cas d’anévrisme variqueux semblable à quelques-uns 
de ceux que la science possède déjà; on doit à priori penser qu’un mé- 
decin du mérite de M. Eallemand, lorsqu'il nous adresse l’histoire d’un 
anévrisme observé par lui, c’est que ce fait contient des circonstances 
insolites dont le récit doit servir aux progrès de la science. Aussi vos 
Commissaires ont-ils mis dans l'examen de l’histoire de cette maladie, 
la plus scrupuleuse attention. 

» Bien qu’on attribue à W. Hunter la découverte de l’anévrisme vari- 
gueux ou artérioso-veineux ; il faut pourtant reconnaître qu'avant les 
travaux de ce savant médecin, l’anévrisme variqueux avait été signalé; 
mais nous ne possédions pas d'histoire bien faite de ce genre d’altération 
organique. Les Grecs avaient quelques notions de cette maladie : Galien 
dit qu’elle résulte de la blessure simultanée d’une veine et de l'artère 
sous-jacenté; mais il faut reconnaitre que l'ignorance où l'on était de la 
circulation du sang, ne permettait pas d’avoir d'idée exacte de ce genre 
d'anévrisme. Les paroles d’Ambroise Paré ne laissent pas de doutes sur la 
connaissance qu’il avait de ce genre de lésion simultanée d’une artère et 
de sa veine satellite (1). « Quand l'artère est ouverte par anastomose , il se 
» fait une maladie; quand l'artère est blessée d’une playe, la peau qui gist 
» dessus, clost et se cicatrise, la playe de l'artère demoure sans être ag - 
» glutinée, ni bouchée, ni remplie de chair, semblablement pour avoir 
» ouvert une artère en lieu de la veine, faisant la phlébotomie. » Della- 
Croce, Fabrice de Hilden, Sennert, et surtout Guattani, comme l’a fait re- 
marquer Scarpa, ont parlé de l’anévrisme variqueux ou par transfusion, 
bien avant la publication du mémoire du docteur W. Hunter , en 1759 (2). 
Le peu de mots que nous venons de proférer sur la nature de cette 


RS PE GP ENINE: 9) Ja IPS Sp DAIIQ nf rs lise 


(1) Chap. XXXIII ; p. 294, 7° édition; Paris, 1619 
(2) Medical observ. and inqu., t. IT, p. 390. 


(642) 
maladie, a déja fait pressentir que dans ce genre d’anévrisme, la veine 
et l'artère sont blessées à la fois et par le même instrument. 

» C’est presque toujours un instrument à pointe acérée ; mais quelque- 
fois, cependant, cela peut être un grain de plomb projeté par une arme 
à feu. 

» Il n’est que trop commun de voir de jeunes étudiants inexpérimentés 
ou des chirurgiens inhabiles percer, dans l'opération de la saignée, la veine 
sous-cutanée et l'artère sous-jacente, accolée à la veine, parce que la lan- 
cetie a été portée dans une direction perpendiculaire aux vaisseaux et 
trop profondément. Il sort aussitôt par la plaie, avec impétuosité, un jet 
de sang rouge, rutilant et présentant, quoique continu , des saccades syn- 
chrones aux battements des artères. 

» Dans cette circonstance, la veine placée sur l’artère a été traversée de 
part en part et le côté de l’artère en contact avec la veine a aussi été at- 
teint et divisé par l'instrument vulnérant. 

» Une compression modérée, puis un pansement convenable arrêtent 
ordinairement l'hémorragie et amènent la cicatrisation de la plaie des 
téguments et de celle de la paroi superficielle de la veine, sans produire 
locclusion de la solution de continuité de la veine et de l'artère sur les 
points par lesquels ces vaisseaux se correspondent. Ces deux ouvertures 
vasculaires restant béantes et se correspondant, s’arrondissent, contrac- 
tent par leur circonférence des adhérences avec les parties voisines, d’où 
résulte l'agrandissement de leur diametre. Le sang, dans les premiers ins- 
tants, ne sort pas toujours des vaisseaux ouverts pour s’infiltrer dans le 
tissu cellulaire ambiant, mais quelquefois cette effusion du sang se fait et 
produit ce qu’on nomme un anévrisme faux prèmitif. Alors il existe deux 
espèces d’anévrisme : 1° celle que nous venons de nommer; 2° une se- 
conde espèce produite par les rapports que l'artère et la veine ont entre 
elles, par l’abouchement de leurs ouvertures accidentelles correspon- 
dantes, enfin par le passage du sang de l'un de ces vaisseaux dans le 
vaisseau voisin. Cette dernière espèce est appelée anévrisme variqueux ou 
artérioso-veineux. 

» Ces deux états anévrismatiques et surtout le dernier, ont été bien ap- 
préciés, bien décrits par W. Hunter, qui a surtout insisté sur le passage 
du sang de l'artère dans la veine, sur la dilatation de ce dernier vaisseau, 
enfin sur le bruit que cette sorte de transfusion fait entendre. Ce bruit, 
appelé susurrus par les auteurs latins, expression imitative que nous ren- 
dons assez heureusement dans notre langue par le mot de bruissement, 


(643) 
lorsqu'il est faible, mais qu'on a comparé, lorsqu'il est fort, au bruit d’un 
souffletide forge où à celui d’un rouet à filer. 

» W. Hunter ne reconnaissant pas de gravité dans cette maladie, croyait 
qu'il convenait de l’abandonner à elle-même, et Cléghorn se contentait de 
recommander aux malades de changer de profession. C’est ainsi que si un 
ouvrier pendant son travail avait les bras habituellement dirigés en bas, 
il lui recommandait d’exercer un métier dans lequel les bras seraient cons- 
tamment élevés. En effet, lorsque l’anévrisme variqueux a son siége au 
pli du bras, la circulation sanguine se fait beaucoup mieux dans la por- 
tion du vaisseau qui est entre la lésion et le cœur, lorsque ce membre est 
élevé, que s’il est abaissé et parallèle à l'axe du corps.  » + 

» Mais comme Hunter avait surtout observé des anévrismes au pli du bras. 
résultant d’une saignée faite d’une manière inhabile, il ne connaissait qu'une 
partie des accidents de cette affection traumatique des vaisseaux. Depuis 
les travaux du médecin anglais, l'anévrisméMvariqueux a été observé au 
creux du jarret, à la cuisse, au pli de laine, à la partie moyenne du bras, 
au creux de l’aisselle , au-dessus de la clavicule, au cou, etc., et les symp- 
tômes variés , inconnus des premiers historiens de la maladie, ont appelé 
l'attention des observateurs. 

» Le rapporteur de votre Commission ayant vu, soit à l’'Hôtel-Dieu , soit 
dans sa pratique particulière, un certain nombre de ces cas singuliers d’a- 
névrismes variqueux, en a fait le sujet d’un Mémoire qu'il a lu devant vous 
en 1832; l'observation de M. Lallemand vient confirmer plusieurs circons- 
tances importautes signalées pour la première fois dans l’opuscule de votre 
rapporteur (1). 

» Parmi les phénomènes de ce genre d’anévrisme dont W. Hunter n’a 
point parlé, il faut compter le refroidissement des parties auxquelles se 
distribuent les ramifications de l’artére blessée, l’affaiblissement de la con- 
tractilité musculaire de ces mêmes parties et la teinte légèrement bleuâtre 
de la peau de ces régions lorsque les anévrismes variqueux sont anciens. 

» Nous avons parlé du bruissement ou susurrus vers le lieu de la bles- 
sure et le long de la veine au-dessus du point lésé; il faut ajouter qu'un 
bruit particulier a également été découvert le long de l'artère, ainsi qu’une 
diminution dans la force des pulsations de ce vaisseau au-dessous de la 
Piqûre. Peu à peu le membre tombe dans une impuissance presque abso- 


(1) Mémoires chirurgicaux sur différentes espèces d’anévrismes. /'oyez T. III des 
Mémoires de l Académie royale de Médecine. 


» ( 644 ) 


lue, et cet état peut être comparé à une sorte de paralysie ou plutôt à une 
asphyxie incomplète, en prenant ce dernier mot dans le sens étymolo- 
gique. 

» Toutes ces particularités ont porté à penser que d'importants change- 
ments s’opérent dans la circulation sanguine des tissus correspondants aux 
vaisseaux intéressés par l'instrument vulnérant. : 

» L’examen anatomique des parties après la mort des malades, ou des 
parties retranchées par lamputation du membre, et surtout l'examen, peu 
après accident, des vaisseaux blessés, en les découvrant pour en faire la 
ligature, non-seulement a fait reconnaître la cause de ces effets locaux 
dans la circulation sanguine, mais encore a rendu visibles les modifica- 
tions très marquées de l’état organique des vaisseaux. Ainsi on sait aujour- 
d'hui que du sang artériel passe dans la veine blessée, mais aussi que du 
sang veineux pénètre dans l'artère ouverte par la lancette, et que par cet 
échange ou ce mélange il enmésulte une dilatation de la veine avec épais- 
sissement de ses parois, une sorte de pulsation et un bruit particulier dans 
cette veine, entre la blessure et le cœur, et qu’en outre il existe une di- 
latation comme variqueuse des artères, depuis le point blessé jusqu’à leurs 
dernières divisions; un amincissement de leurs parois qui les font ressem- 
bler à des veines variqueuses; enfin un affaiblissement très prononcé des 
pulsations de ces mêmes artères. 

» La veine au-dessus de la blessure contient donc et ramène au cœur, 
du sang veineux mêlé à une petite quantité de sang rouge, et l’artère con- 
tient au-dessous de sa lésion, c’est-à-dire entre la blessure et les vaisseaux 
capillaires, outre le sang rutilant provenant du ventricule gauche du 
cœur, une certaine quantité de sang veineux qui est entrée dans l'artère par 
le pertuis produit par l'instrument vulnérant. Ce sang ayant perdu, par son 
mélange, une partie de ses propriétés excitantes, la vie des tissus avec les- 
quels il se combine, en recevant un stimulant moins actif, doit être moins 
énergique que celle des organes où le sang artériel arrive pur. C'est à cette 
excitation moindre qu'il faut attribuer la diminution des pulsations des ar- 
teres, celle de la température des tissus et de la force des mouvements dans 
toute l'étendue de l’espace auquel ce sang artériel, mêlé de sang veineux, 
peut parvenir. 

» Depuis la publication du Mémoire de votre rapporteur, plusieurs cas 
d'anévrisme variqueux observés en Angleterre, sont venus corroborer sa 
théorie ; mais sur le continent, l'observation de M. Lallemand est la premiere 
qui confirme cette théorie déjà basée sur des faits bien constatés. 


+ 


( 645 ) ” 


» Après avoir exposé l'état de nos connaissances jusqu’à l'époque ac- 
tuelle ,Woyons ce que M. Lallemand à ajouté au domaine de la science : 
vous allez en juger par l'analyse de son observation. 

» Un homme âgé de 27 ans, cultivateur, voulant percer une planche 
mince en bois de sapin, avec un couteau très pointu, appuya une des ex- 
trémités de cette planche sur l’aine gauche, soutint l’autre extrémité avec 
la main correspondante, et fit tourner le couteau avec la main droite. 
Mais la planche se fendit subitement, et la pointe très effilée du couteau 
a la cuisse gauche, vers son tiers supérieur. Un jet trési fort de 
sang rouge sortit de la plaie et coula par saccades. La compression exercée 
sur le vaisseau, d’abord avec la main, puis avec un tourniquet, arrêtaThé- 
morragie ; la plaie se cicatrisa et le blessé put reprendre ses travaux ac- 
coutumés. Bientôt après il s’'aperçut qu'une petite tumeur s'était formée 
profondément au niveau de la cicatrice et qu’elle présentait des battements. 
Divers moyens mécaniques de compression furent successivement mis en 
usage et n'empéchèrent pas la tumeur de s’accroitre. Le malade entra au mois 
de mai dernier dans l'hôpital de Montpellier, cinq ans après son accident. 

» La tumeur était située à la partie supérieure de la cuisse, sur le tra- 
jet de l'artère fémorale; sa base avait trois pouces de diamètre dans tous les 
sens; sa-forme était celle d’un cône dont le sommet correspondant aux 
téguments cutanés , présentait la cicatrice de la plaie faite par le couteau. La 
main appliquée sur cette tumeur était soulevée par des battements- très 
forts, superficiels, synchrones à ceux des artères. Embrassée en totalité par 
la main, cette tumeur faisait sentir en tous sens un mouvement d’expan- 
sion très énergique. L’auscultation médiate ou immédiate apportait à l’o- 
reille un bruit de räpe très distinct, avec un sifflement comparable à celui 
d’un soufflet de forge. Les battements de l'artère iliaque externe, ceux de la 
crurale au-dessus de la tumeur et même au-dessous, étaient beaucoup 
plus forts et plus étendus que dans le membre opposé. Tout le système 
artériel du côté affecté semblait avoir doublé de volume; la différence était 
même appréciable à à la vue. Pendant cette ion ; M. Lallemand 
éprouvait sous les doigts une sensation singulière qui attira son attention : 
c'était comme un léger frôlement qui produisait sur la pulpe des doigts une 
espèce de chatouillement dont la persistance finissait par être désagréable. 
En DER E la pression on rendait cette sensation de plus en plus vive, 
jusqu’à ce que l’artère fût complétement oblitérée. Alors on ne sentait plus 
rien. Il existait donc là une tumeur anévrismale ; mais indépendamment de 
cette tumeur, il ÿ avait une dilatation considérable de tout le système ar- 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T.VII, N° 15.) 37 


; ( 646 ) 

tériel du membre, laquelle dilatation était postérieurerà la production de 
l’anévrisme, puisque celui-ci résultait d’une lésion traumâtique. M. Lalle- 
mand attribue cette dilatation de larbre artériel au-dessous de la blessure, 
au passage du sang de la veine dans l'artère, tandis que le frélement dont 
nous venons de parler, et qu’on ne reconnaissait qu'entre la blessure des 
vaisseaux et le cœur, résidait dans la veine et résultait de la petite colonne 
de sang rouge qui se mélait au sang noir retournant au cœur. Enfin, le 
bruit de soufflet de forge que dans d’autres cas analogues certains patho- 
logistesônt comparé au bruit d’un rouet à filer, résultait manifestement de 
l'échange du sang entre les deux vaisseaux blessés, dont les ouvertures 
restées béantes se correspondaient. 

» Parvenue à ce degré de développement, la maladie, au jugement de 
M. Lallemand, ne pouvaitguérir que par la ligature de l'artère. Cette opé- 
ration fut faite et l’anse du fil jetée sur l'artère crurale correspondait à dix 
lignes au-dessous de l’arcade sus-pubienne. La tumeur s’affaissa peu à peu 
après la constriction de l'artère et tous les phénomènes morbides locaux 
disparurent. Au bout de six jours une hémorragie se manifesta; on pensa 
que le sang provenait du bout supérieur du vaisseau, dont la section avait 
été opérée .par la ligature. On crut devoir lier l'artère iliaque externe, 
mais cette seconde opération n’empêcha pas d’autres hémorragies de sur- 
venir, et le malade succomba. Ê 

» L'examen du membre fit reconnaître la présence d’un caillot de deux 
lignes d'épaisseur au plus, vers l’orifice du bout inférieur de l'artère, tan- 
dis que le bout supérieur était rond, plein, distendu par un caillot dur, 
ancien, très intimement uni à la paroi interne du vaisseau. La veine était, 
comme l'artère, considérablement dilatée, mais intacte, et contenait des 
caillots solides. La tumeur anévrismale avait diminué de plus d’un tiers 
depuis l'opération; les parois de la poche anévrismale, d’une grande épais- 
seur, étaient de nature cartilagineuse ou osseuse sur plusieurs points. La 
cavité de ce kyste contenait des couches de fibrine superposées, d'autant 
plus colorées et plus molles qu’elles étaient plus internes. Dans son cen- 
tre on apercevait un caillot récent, d’un pouce de diamètre dans tous les 
sens, terminé par un pédicule qui s’engageait dans l'ouverture traumatique 

de l'artère, et faisait saillie dans sa cavité. Sur la paroï opposée de cette ar- 
tère on apercevait une autre ouverture communiquant avec la cavité de 
la veine. Les parois de l'artère étaient très amincies et celles de la veine 
fort épaisses. La capacité de ces deux ordres de vaisseaux était beaucoup 
plus grande que du côté sain. 


(647) 

» Ces détails mag rs démontrent qu'il existait un double 
anévrisme : 1° un anévrisme faux consécutif ; 2° un anévrisme variqueux 
Ou par anatostome, de plus une dilatation des vaisseaux, opérée par l’é- 
change de sang qui avait lieu dans cette maladie; enfin dessmodifications 
fort remarquables dans l’état des parois vasculaires. 

» Toutes les circonstances de cette observation ne paraissent d’abord 
offrir de l'intérêt que pour le physiologiste et l’anatomiste ; cependant il est 
facile d'en faire ressortir un enseignement pratique d’une très grande im- 
po tance, 

» 1°.On doit reconnaître que W. Hunter s’est trompé, ainsi queCleghorn, en 
disant qu’il faut toujours , dans cegenre d'anévrisme, séborner à faire changer 
de profession au malade ; car lamaladie augmentant, il vient une époque où 
l'opération ne peut plus être faite avec les mêmes chances de succès. 

» 2°. L'indication de l'opération étant positive et bien reconnue, c'est 
immédiatement après l'accident que le vaisseau doit être lié; car en diffé- 
rant plus ou moins d'appliquer des ligatures, noh-seulement les vaisseaux 
se dilateront et surtout l'artère, mais le sang que celle-ci recoit devenant 
moins oxigénéMpar son mélange avec une certaine quantité de sang vei- 
neux, la vitalité des parties auxquelles ce vaisseau distribue ses branches 
et ses rameaux diminuera et les tissus se trouveront dans ‘des conditions 
moins fayorables pour supporter la constriction du'troncartériel et lasus- 
pension temporaïre de l'abord du sang rouge. Cependant lesvaisseaux étant 
plus dilatés , le sang doit y revenir plus facilement par les communications 
avec les branches collatérales, mais après l’opération, surtout s’il n'ya 
qu'une ligature placée au-dessus de la blessure, moins il'arrivera de sang 
rouge par les branches anatomiques dans le tronc principal qui est lésé, 
plus facilement le sang "noir provenant de la blessure de la veine passera 
dans l'artère par le pertuis correspondant et ira en se distribuant comme 
sang artériel, contribuer à jeter les parties" dans la torpeur. 

» 3. Ces diverses raisons déduites de l’anatomie et de la physiologie, 
démontrent aussi qu’il faut indispensablementiplacer la lésion de l'artère ,- 
lorsqu'elle peut être atteinte, entre deux ligatures. Alors le sang rouge ar-. 
rivant par les communications anastomotiquesidans le tronc de l'artère 
au-dessous du point comprimé sera sans mélange, et il excitera la vie dans 
les tissus, à un degré beaucoup plus marqué qu'auparavant. Le Sang veineux 
en continuant à pénétrer par la plaie de l'artère ne trouvant plus d’issue se 
coagulera et oblitérera toute la partie du vaisseau située entre les deux points 
comprimés par les ligatures. 

87. 


ni ) 
( 648 ) 

» M. Lallemand avait bien pensé à l'utilité de cette double ligature , 
mais il ne lui avait pas été permis d'y recourir ; il attribue, avec juste 
raison , l’hémorragie qui a fait périr le malade, au retour du sang par les 
artères collatérales qui l'ont amené dans le tronc de l'artère crurale pro- 
fonde, et de là jusqu’au bout inférieur de la fémorale par lequel le liquide 
s’est écoulé au dehors. 

» Les considérations dans lesquelles nous sommes entrés, démontrent 
suffisamment l'importance du Mémoire de M. Lallemand, et les M 
que la chirurgie pratique pourra retirer de sa publication. C’estipourquoi 
nous proposons à l'Académie d'accorder à ce travail une place dans un 
des volumes des Mémoires des Savans étrangers. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


P MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


LS 
; NV ; 1e S 
Zoozocrr. — Mémoire sur quatre nouvelles espèces d'Annélides marines , 
par M. Dusanmn. 


( Commissaires, MM. Duméril, Audouin. Ld 


« La première espèce, que l’auteur nomme Chlorema Ediwardsi, a été 
observée dans la Méditerranée en 1834 et 1835, et sur les fucusides côtes 
de la Manche, en 1835. Elle m'avait frappé d’abord, dit-il, par sa singu- 
lière coloration; en effet, son enveloppe et son sang sont d’une couleur 
verte assez belle, tandis que l'intestin est rouge-brun, et présente un ren- 
flement d’un rouge vif à son tiers postérieur. 

» Mais ce qui rend plus surprenant cet animal, c’est une enveloppe mu- 
queuse deux fois plus épaisse que son corps, et qui est secrétée par une 
foule de filaments creux, flexibles, renflés en massue à l'extrémité, et 
remplis d’une substance charnue, transparente; de sorte que ces filaments 
en massue paraissent être autant de petites glandes. Outre ces filaments, le 

* Chloræma en possède d'äutres également charnus et glanduleux, mais 
dont le pédicule est plus ferme , et dont le renflement terminal est en forme 
de gourde allongée; ils accompagnent les soies cloisonnées de la tête et les 
soies à crochet des rames dorsales. 

» Cet animal, qui se rapproche beaucoup du genre Siphonostoma d'Otto, 
a comme lui la tête entourée de soies raides et munies de deux sortes de 
tentacules: les uns plus gros, au nombre de deux, sont brunâtres; les 
autres, plus minces, au nombre de dix de chaque côté, sont verts et munis 


" cel 


de cils vibratiles#ils sont contractiles et susceptibles de s’étaler en éventail. 
Ces derniers RM être les branchies. 

» L'intestin est accompagné, près de la bouche, par deux vaisseaux en 
cul-de-sac qui peuvent être regardés comme des crc salivaires. 

» L’enveloppe du corps est lâche, flottante et verte comme les vaisseaux 
qu'on voit distinctement à l'intérieur ; on remarque surtout deux vaisseaux 
longitudinaux, l’un dorsal ; l'autre ventral, dans lesquels le sang vert est 
mr par l'effet des contractions; des vaisseaux plus petits établissent de 

breuses RU 7 transversales. # 

» Le corps présente ente-quatre anneaux portant chacun deux rames 
ventrales , soutenues parides soies courtes qui ne sortent pas au dehors, et 
deux rames dorsales d’où sortent une forte soie à crochet, et un faisceau 
de soies minces cloisonnées et de filaments en masse lagéniforme. 

» La tête est entourée extérieurement, d’une houppe de soies cloison- 
nées, et la bouche, qui L., une simple fente dilatable, ne se prolonge pas 
en siphon comme celle du Siphonostome. Lalongueur de l'animal est de 
6 à 12 lignes. ,; a 

» La seconde et la troisième ‘espèce possèdent une partie des caractères 
du genre Sabella; mais comme leurs tentacules moins nombreux sont tous 
semblables et munis également de cils vibratiles, ils doivent former un 
autre genre qu'on peut nommer provisoirement S ina, pour mieux 
2. ses amalogies. nn” 

» L'une, Sabellina tenuis, est longue seulement de 2 à 3 lignes; elle 
nage dans le liquide la queuéen avant, au moyen du mouvement vibratile 
des cils de ses dix tentacules qu'elle tient rapprochéssen arrière, suivant 
l'axe du corps. Ces tentacules ont une longueur égale à la moîtié du corps ; 
ils s’étalent en éventail quand l'animal se fixe aux parois du vase. À leur 
base on voit quatre points noirs analogues à ce que dans d’autres espèces 
on a pris pour des yeux, et à l'extrémité postérieure on en voit quatre 
autres, de sorte que cet animal présente avec plus d'extension encore le 
caractère de l’Ampicora de M. Ehrenbersg. 

» L'autre espèce, Sabellina brachycera, est longue de 6 à 7 lignes, et 
donnerait lieu encore mieux à la EE duplicité d'organes, par 
le renflement de la partie postérieure , p -les cils dont cette partie est 
pourvue , et par le prolongement des dernières rames dorsales qui ressem- 
blent à des tentacules tronqués. Mais au lieu d’avoir des points noirs aux 
deux extrémités, elle en a vingt ou vingt-quatre formant une double rangée 
irrégulière sur une lame avancée en chaperon au-devant de la bouche. 


s | " " 
C650 ) 


Les tentacules, au nombre de huit, sont très épais, contractiles et cou- 
verts de cils vibratiles, ainsi que le bord du chapéron. 

» Enfin, la quatrième espèce d’Annélide, nommée Naïs picta, est couverte 
dans toute sa longueur de nombreux points noirs analogues à ceux des 


espèces précédentes. » 


MATHÉMATIQUES. — Mémoire sur les probabilités des arrêts de deux sortes 
a de cours d'appel ; par M. Gumerr. # 
(Commissaires, MM. Poisson, Sturm.) # 


L'auteur donne dans les termes suivants, le résumé de $on travail. 


« Nos cours d'appel formées, comme on sait, d’un nombre impair de 
juges, rendent leurs arrêts à une majorité quelconque, et indépendam- 
ment desyjugements des tribunaux de première instance. Ainsi , pour une 
même cour, les juges d'une certaine opinion la font prévaloir, si leur 
nombre ne surpasse même que d’une unité celui des juges de l'opinion 
contraire. Laplace observe à cet égard qu’il serait convenableset conforme 
au calcul des probabilités d'exiger une majorité de deux voix au moins, 
dans le tribunal d’appel, pour infirmer la sentence du tribunal inférieur ; 
et il ajoutéqu'on obtiendrait ce résultat, si la cour d'appel étant formée 
d'un nombre pair de juges, la sentence subsistait dans legcas de l'égalité 
des voix. Cette remarque conduit à comparer l'équité des arrêts de deux 
sortes de cours souveraines, organisées, l’une selon la condition proposée 
par Laplace, l’autre d’après leur constitution actuelle. Telle est aussi la 
question que je me propose de traiter ici: j'imagine qu’une affaire doit 
être soumise à un tribunal de première instance, puis à une cour d’appel 
de la première ou de la seconde espèce, cette dernière étant formée des 
mêmes juges que la premiere et, d’un juge de plus; leurs chances de se 
tromper sont supposées constantes, mais peuvent d’ailleurs différer entre 
elles, et il en est de même des juges du tribunal de première instance : 
à chaque cour correspond une certaine probabilité de la bonté de l'arrêt 
qu'elle rendra, et je cherche quelle est la plus grande de ces probabilités. 

» La bonté ou l'équité d’un jugement sont deux expressions synonymes 
par lesquelles j'entends désigner la probabilité de la bonté ou de l'équité 
de ce jugement. ®: : 

» Ma solution du problème dont il s’agit est essentiellement fondée sur 
une certaine expression de l'équité de l'arrêt relatif à une cour d'appel 


L + 


3 
n ( 651 ) # 
. M vé 
ordinaire, et d’après laquelle il est permis de regarder une telle cour 
comme assujétie à la condition dont parle Laplace ;tseulement,W'un quel- 


conque des juges remplace alors le tribunal de première instance. De là 
il suit que la bonté de l'arrêt de la cour de 2n juges est plus grande où 
plus petite que celle de la cour de 27 + r, suivant que l'équité du juge- 
ment préalable du tribunal de première instance est respectivement plus 
grande ou plus petite que la chance de ne pas se Tape qui se rapporte 
au 27n--u“" juge. 

» Les lumières qu’on doit supposer aux juges des divers tribunaux, 
font présumer que des deux inégalités qui viennent d’être mentionnées , 
c'est la première qui a lieu. Du reste, il suffit pour qu'il en soit ainsi, 
que les chances de ne pas se tromper étant plus grandes qu’un demi, la 
chance du 27 +4 1° jugeme surpasse point la plus petite des quantités 
de cette espèce des 22 juges précédents. 

» Jusqu'ici les probabilités comparées sont antérieures à toute espèce 
de jugement; j'ai complété la solution de la question par l'examen des 
hypothèses successives que les arrêts étaient rendus à une majorité in- 
connue.et se trouvaient conformes ou opposés au jugement du tribunal 
de première instance. Dans le premier cas, il résulte des expressions gé- 
nérales auxquelles je suis parvenu, que si toutes les chances , égales ou 
différentes, sont plus grandes qu’un demi, l'équité de l'arrêt de 27 juges 
est toujours moindre que celle de 27% +1 ; dans le second cas, c’est-à- 
dire, quand le jugement et les arrêts sont opposés, pour que la bonté 
de [l'arrêt de la première cour l'emporte sur l’autre, il suffira que la 
chance de se tromper du 27 + 1“" juge ne surpasse point la plus 
petite des chances relatives aux 27 autres juges. Il est aisé de voir, par 
les mêmes formules, quelles circonstances analogues arriveraient si les 
chances étaient moindres qu'un demi. 

». J'ai établi une valeur simple de la différence entre l'équité du juge- 
ment d’un tribunal formé d’un nombre impair quelconque de juges, et 
celle qui se rapporterait à un tribunal composé des mêmes juges avec 
deux juges de plus. Cette formule peut être utile dans l'étude impor- 
tante des variations qu’éprouve la bonté d’un jugement, lorsque le nombre 
des juges de le prononcent vient à changer. J'en ai déduit cette consé- 
quence : l'équité de la décision prise à une majorité quelconque par un 
tribunal d’un nombre impair de juges, croit certainement quand deux 
juges de plus sont introduits , si l’une des nouvelles chances à consi- 
dérer n’est pas moindre, quelle que soit l’autre supposée plus grande 


.? 
n. ( 652) 


qu'un demi, que la plus grande des chances des juges primitifs. La bonté 
de la décision diminuera au contraire, si l’une des nouvelles chances 
étant plus petite qu'un demi, l'autre ne surpasse point la plus Heu des 
- chances précédentes. 

» J'ai emprunté au bel ouvrage sur la probabilité des jugements, pu- 
blié l'an dernier par M. Poisson, la valeur de la chance de ne pas se 
tromper, supposée commune à tous les juges; j'ai pu construire ainsi 
plusieurs tableaux numériques , et ces applications des formules de ce 
Mémoire servent en même temps à les vérifier. 

» Enfin, j'ai cherché si dans le cas de l'égalité des chances, et avant 
toute espèce de jugement, l'équité de la cour de 27 juges rapprochée 
de celle de 27 + 3, conservait, dans les mêmes circonstances, la su- 
périorité qu'elle a sur l'équité de la cour de 27 + 1; et j'ai trouvé 
qu'avec un tribunal de première instance de trois juges, ce qui est le cas 
ordinaire, il n’en est jamais ainsi. » 

ñ. 


M. Lænoy »'Énoces prie l’Académie de vouloir bien désigner une 
Commission, à l'examen de laquelle il soumettra quelques observations de 
broiement de calculs enchatonnés. 

« Bien que les pierres enchatonnées ne soient pas rares, il n’est pas 
facile, dit M. Leroy, de fournir la preuve matérielle du fait. Pourtant 
lorsqu’à l’assertion de l'opérateur se joignent les témoignages des chi- 
rurgiens les plus habiles et les plus honorable, il doit rester peu de doutes. 
Ainsi, dans un cas récent, l'enchatonnement de la pierre à la paroi anté- 
riéure de la vessie, avait été constaté par MM. Marjolin et Heurteloup; 
la pierre a été détachée de sa cellule en présence du premier, et le ma- 
lade est aujourd’hui guéri. Je suis, ajoute M. Leroy, sur le point de pra- 
tiquer une opération semblable, et je souhaite que l’état du malade soit 
au préalable constaté par la Commission que l’Académie voudra bien 
nommer à cet effet, » 


(Commissaires, MM. Magendie, Roux, Breschet.) 


M. Pénier, chirurgien militaire à Alger, adresse un projet d'essai 
d'acclimation des principales espèces de quinquina dans quelque point 4 
nos possessions d'Afrique. 

Ce projet est renvoyé à l'examen d’une Commission composée de 
MM. Silvestre, de Mirbel, et Adolphe Brongniart. 


* 


+ 


(653 ) 


CORRESPONDANCE. ÿ # 
M. ce Muusrre pes Arraires ÉrrANGEREs demande sil a été fait d 
rapports sur deux mémoires qui ont été transmis par son darts 
l’Académie, Mémoires dont l’auteur est M. Zecchini Leonelli , architecte à 
Corfou. 
MM. Poinsot et Libri, commissaires désignés pour l'examen des deux 
mémoires de M. Leonelli, seront priés de hâter leur rapport. 


12 æ 
Géorocir. — Constitution des montagnes de la rade de Bell-Sound. 
(Spitzberg). — Extrait d’une lettre de M. Rorerr. #“. 


« Malgré le court séodlue nous venons de faire à Bell-Sound, j'ai eu 
le temps nécessaire pour me rendre compte de la constitution géolo- 
gique de cette partie du Spitzherg, située sur la côte occidentale de la 
grande terre. " 

» La rade de Bell-Sound est environnée partout de hautes montagnes 
qui, par leur forme aiguë, déchiquetée , font d’abord présumer de loin 

v’elles sont de la nature des hautes Alpes, ou primitives; mais il n’en 
| on et l’on est fort étonné plus tard de les trouver, presque sans ex- 
ception, composées de roches sédimentaires, à couches très inclinées. Leur 
disposition générale rappelle au reste les montagnes de la Scandinavie, et, 
quoique de nature bien différente, je n’hésite pas à regarder les unes et 
les autres comme étant contemporaines. Celles du Spitzherg paraissent 
courir généralement du S.-O. au N.-E. et semblent constituer le dernier 
anneau de la grande chaîne norwégienne qui aurait un développement de 
cinq à six cents lieues du nord au sud. 

» . Au’fond' de la radeïde Bell-Sound, derrière l'établissement abandonné 
des Russes, aujourd’hui encombré de glace, j'ai d’abord exploré une chaîne 
de montagnes qui, par sa composition et sa grande hauteur, rappelle tout- 
à-fait le Rigi. C'est de la gompholite polygénique (nagelflue) qui repose 
immédiatement sur du phyllade pyriteux , une et l’autre roche, sans 
aucune trace de fossile. 

» Cette dernière roche recouvre elle-même une siénite hypersthénique 
vert noirâtre, la seule roche d’origine ignée que j'aie rencontrée au Spitz- 
berg, où elle me paraît avoir joué un grand rôle dans le redressement des 
montagnes de-{ransition et secondaires. Cette roche perce sur plusieurs 

C.R. 1528, 2° Semestre. (T. VIT, N° 45) - 88 


# 
(654) 
points de la côte et constitue notamment le sommet d'une montagne haute 
de 550 mètres environ, où l'on a établi la station supérieure de l’obser- 
vatoire et qui a été baptisée de ce nom. 

» Les autres montagnes de Bell-Sound, non moins élevées, appartiennent 

entièrement à la période carbonifère. J'ai d'abord recueilli à leur base, dans 
une falaise peu élevée au-dessus du niveau de la mer, un grand nombre de 
productus, de spirifères, etc., dans un calcaire noirâtre de transition, et un 
peu plus loin tout ce qui caractérise le terrain houiller proprement dit, lequel 
affecte ici une très grande puissance. C’est de la houille maigre ou stipite, 
renfermant souvent de petits noyaux de SUCCiN ay Quant à l’origine de ce 
combustible, bien que les psammites rougeâtres et blanc-noirâtres qui 
l'enveloppent, portent des empreintes qui me paraissent appartenir à des 
équisétacées et à des calamites, que j'ai recueillies avec le plus grand soin 
pour être soumises en dernier ressort à M. Adolphe Brongniart (j'ai cru 
devoir joindre à cette lettre les dessins des principales empreintes que j'ai 
faites sur les lieux, dans le cas où les échantillons seraient perdus ou de- 
viendraient méconnaissables), je demeure persuadé que cette houille est, 
formée en grande partie par des fucus décomposés, dont je crois avoir re- 
cueilli un grand nombre de traces et notamment des racines. J'ai recueilli 
aussi dans le même endroit, mais non en place, un fragment de fronc 
d'arbre bituminifère , qui me paraît bien avoir appartenu à un conifilé 
ou tout au moins à un dycotylédoné. Les couches de schiste bitumineux 
renferment beaucoup de rognons de fer carbonaté. Y'ai recueilli aussi sous 
le rapport minéralogique, mais non en place, de la calamine cristallisée 
cuprifére, et qui provient sans doute de la partie inférieure du terrain 
houiller. 

» J'ai reconnu à 120 pieds au-dessus du niveau actuel de la mer, des 
traces évidentes de son séjour récent, par des dépôts (/ahlun) de coquilles 
fossiles analogues à celles qui vivent encore dans les eaux de Bell-Sound, 
sur divers points de la côte, tantôt sur les grauwackes, tantôt sur le terrain 
houiller lui-même. Elles gisent dans un sable argileux grisätre , qui a aussi 
une singulière ressemblance avec le psammite qu’il recouvre sur lun des 
points de la rade. Lorsque les coquilles viennentà manquer, on trouve à leur 
place des galets marins semblables aussi à ceux que la mer façonne ac- 
tuellement au pied de la même falaise. Le psammite de cet endroit ren- 
ferme du stipite qui paraît avoir été roulé et remanié par les eaux. J'ai 
aussi recueilli au-dessous de la gompholite qui succède à cette roche, un 
fragment de mâchoire de baleine qui n’a pu être chassée sur cette côte 


( 655 ) 

accore par les vents, quoiqu’on puisse l'expliquer ainsi par la présence 
des nombreux débris de squelettes de ces grands animaux marins qu'on 
observe assez avant dans les terres basses du Spitzberg. J'ai déja signalé 
le même phénomène à l'égard de semblables ossements, et notamment de 
coquilles bivalves en Zslande, ne croyant pas toujours devoir regarder 
leur présence au-dessus du niveau de la mer, comme une preuve posi- 
tive d’exhaussement. 

» Ayant du, d’après mes instructions, m'occuper plus particulière- 
ment de se 4 l’Académie voudra bien me permettre de l’entretenir 
encore en ma qualité de géologue, des glaciers du Spitzberg, et, à leur 
égard, je dirai qu'ils sont aussi nombreux qu'il y a pour ainsi dire de 
vallées. Ils occupent la place des rivières, et souvent même empiètent 
encore sur la mer, ainsi que nous en avons la preuve sous les yeux. 
Nous sommes mouillés auMpied d’un glacier immense, dont les aiguilles 
sont certainement plus élevées que la mâture de la corvette, et qui 
paraît avoir comblé une baie figurée dans une carte de Van-Keulen il ÿ a 
plus de cent ans, d’après un dessin du commandeur Giles, qui visita le 
Spitzherg vers l’année 17907. Cependant aujourd’hui que la fusion des 
glaces est devenue très rapide, par l'effet d’un magnifique soleil qui darde 
constamment ses rayons à leur surface, nous voyons le glacier rentrer 
dans son lit. La mer de son côté, tendant à reprendre la place qu'elle 
occupait jadis, sape sa base sans relâche, et détermine à chaque instant des 
éboulements épouvantables, quelquefois de plusieurs aiguilles à la fois. » 

Les dessins d'empreintes fossiles, adressés par M. Robert, sont renvoyés 
à l'examen de M. Adolphe Bronguiart. 


M. Scnucrz adresse un résumé de ses observations sur le sang; nous 
en extrayons les passages suivants. 

« Les recherches dont j'ai parlé dans mon ouvrage sur la circulation 
considérée dans le règne animal, et que j'ai poursuivies depuis, m'ont 
conduit à reconnaître que les parties élémentaires organiques du sang 
sont tout-à-fait différentes de ses parties élémentaires chimiques séparées 
après la mort. 

» Relativement aux parties organiques élémentaires, j'en ai distingué 
deux : 1° le plasma qui est la partie nutritive et formative, et 2° les 
vésicules du sang qui se EE et produisent, par le secours de 
la respiration, le plasma. 

» Le plasma est un liquide presque AO tenace, qui contient des 

88. 


( 656 ) 

vésicules rouges chez les vertébrés, et des vésicules blanches chez les in- 
vertébrés. C'est un liquide que lon confondait jusqu’à ce jour avec le 
sérum. Yai démontré qu'il n'y a pas de sérum dans le sang vivant, mais 
que le sérum se forme après la coagulation du plasma comme partie chi- 
mique. Dans cet acte de la mort du sang, la fibrine est produite. On 
peut empêcher plus où moins complétement, par différents moyens, la 
production de la fibrine. 

» Les vésicules du sang sont ces parties qu’on appelait jusqu’à ce moment 
globules du sang. Elles consistent en une vésicule membraneuse inco- 
lore chez les animaux à sang blanc, plus ou moins remplie de matière 
colorante chez les animaux à sang rouge. J'ai démontré par des expé- 
riences qu'on peut extraire la matière colorante des membranes vésicu- 
leuses par laction de l’eau. La membrane incolore reste alors sans se 
dissoudre, au lieu qu'on croit actuellement que l’eau dissout la vésicule 
entière. L’iode fait reparaïtre la membrane vésiculeuse rendue incolore 
par l'action de l'eau, et cette membrane paraît alors d'une couleur brune 


rougeâtre et s’endurcit. » 
Zoorocre. — Classification des animaux vertébrés. 


M. Charles Bonaparte, prince de Musignano, adresse à l’Académie, 
par l'entremise de M. Isidore Geoffroy, quatre fragments extraits d'un 
ouvrage sur la classification des animaux vertébrés qui doit paraître sous 
le titre de Systema vertebratorum. M. Isidore Geoffroy donne un résumé 
de ces fragments dans les termes suivants : 

« L'un de ces fragments comprend l’exposé sommaire de la classification 
des mammifères. L'auteur divise ces animaux en deux séries, comprenant 
trois sous-classes, subdivisées en treize ordres, ainsi qu’il suit : 


Première série. MAMMIFÈRES À PLACENTA (PLACENTALTA). 


Sous-classe JT. quanrurÈnes (Qçusprurepra). Cette sous-classe comprend, suivant M. le 
prince de Musignano, les neuf [ordres suivants : 1. Primates; 2. Chiroptera; 3. Bestiæ; 


4. Feræ; 5. Pinnipedia; 6. Glires; 7. Bruta ; 8. Pecora ; 9. Belluæ. 


Sous-classe IT. CÉTACÉS (CETÆ ). Ordres: 1. Sireria ; 2. Hydraula. 
SEcoNDE SÉRIE. OVOVIVIPARES (O7YOFIVIPARÀ). 
Sous-classe IIT. DIDELPHES (D1DEZPHIA). Ordres: 1. Marsupiulia; 2. Monotremata. 


» Dans un second fragment, qui n’est pas susceptible d'analyse, puisque 


(657) 

lui-même est un résumé aussi succinct que possible d'un travail éxtréme- 
ment étendu, l’auteur reprend chacun des ordres qui viennent d'être indi- 
qués, et fait connaître les noms, le rang et les caractèrés des familles et 
sous-familles qu'il a ädmises. Nous choïsissons, pour donnér une idée de 
cette partie du travail de M. le prince de Musignano, et plus généralement 
de son système de nomenclature à l'égard des familles et sous-famillés , le 
résumé qu'il fait de l’ordre des Feræ ou carnassiers, l’un des groupes dont 
la classification offre le plus de difficultés. 


Fam. I. C#rcozzrrrprpx. Une seule sous-famille : Cercoleptidina. — Fam. II. Uxsrpx, 
Deux sous-familles : 1. Ursina ÿ 2. Melina. — Fam. III. FEzipz. Quatre sous-familles : 
1. Viverrina ; 2. Carina ; 3. Felina > k. Mustelina. 


» L'auteur n’a point envoyé à l'Académie le prodrome de sa classifica- 
tion ornithologique. Voici celui dé la méthode qu’il a adoptée pour la classe 
des Æmphibia ou reptiles. 


Sous: classe I: rnisonowrs. Cette sous-classe Comprend trois ordres 
et quatre familles, en grande partie composées d'animaux qui n’ont plus 
aujourd'hui de; représentants à la surface du globe. 


Ordre I. orNrros4avrr. Une seule famille : Pterodactylidæ. — TI. zmyDos4vrr. Une 
seule famille : Crocodilidæ, — TI. ENALIOSAURI. Deux familles : 1. Zchthyosauridæ $ 
2. Plesiosauridæ. 


» La seconde sous-classe, celle des TESTUDINATA, ne comprend qu’un 
seul ordre, les Chelonit , divisé en trois familles : r. T'estudinidæ ; 2. Trio- 
nicide ; 3. Chelonide. 


» Dans la troisième sous-classé , à laquelle il donne en propre le nôm de 
Reptilia , l'auteur conserve, sous les noms de Sauri et d'Ophidii , mais 
non sans les modifier à plusieurs égards, les ordres généralément connus 
sous les noms de Sauriens et d'Ophidiens. 

» Une quatrième sous-classe, celle des Batrachia ; Comprend trois ordres 
ainsi nommés et subdivisés : 


IL. Barracropxiprr. Deux familles : 1. Amphisbænidæ; 2. Cetilidæ. — 1. Rivx. 
Déux familles : r. Rañidæ; 2. Salamanitridæ.= 11. TcrHYopr. Deux familles : 1. Sireridæ; 
2. Amphiumide. 


» Le quatrième et le plus étendu des fragments envoyés par M. le prince 
“ 


( 658 ) 
de Musignano, porte le titre de Selachorum tabula analytica. L'auteur 
donne ici le résumé de sa classification des Sélaciens ou Plagiostomes, de- 
puis leur division en deux familles, les Rajide et Squalidæ , et en dix- 
huit sous-familles, jusqu’à leur subdivision en un grand nombre de genres 
et de sous-genres, dont plusieurs sont nouveaux. 

» À la fin de ce travail, moins susceptible encore d’analyse qu'aucun 
des fragments précédents, M. le prince de Musignano indique succincte- 
ment ses idées sur la classification-générale des poissons, divisibles, suivant 
lui, d’après la forme et la disposition des branchies, en quatre sous-classes, 
les ELasmorrancnEs, les Pomarograncues, les LopHograncxes et les Mar- 
SIPOBRANCHES, et en même temps, d’après l’état du squelette et la dispo- 
sition des mâchoires, en six sections, les Praciosromes, les MicrocwA- 
rHes, les Precroënarues , les Tuériosromes , les SynenaTmes et les 
Cycrosromes. De ces six sections la première et les deux dernières cor- 
respondent à la première et aux deux dernières sous-classes; les trois 
autres ensemble aux Pomatobranches. Les poissons sont ensuite subdivisés 
en onze ordres ainsi nommés : Selacha et Acanthorini ; Sturiones ; Gymno- 
dontes et Sclerodermi ; Percæ, Ctenoidi, Scombri et Cyprini; Osteodermi ; 


Lampetræ. Ces ordres sont eux-mêmes partagés en quarante-deux familles : 


et deux cent-deux sous-familles. » 


AsTRoNOMIE.— Observations sur Saturne, faites à l'Observatoire du collége 
romain; par M, Decurris. 


« Dans la nuit du 29 mai dernier, les astronomes du collége romain 
cruxent voir, avec la grande lunette de Cauchoix, outre la bande noire 
déjà reconnue par Herschel, et qui partage en deux l'anneau de Saturne, 
quelques autres lignes obscures de même espèce, et bien distinctes. Cette 
découverte les engagea à répéter leurs observations les nuits suivantes 
avec tout le soin possible. Mais comme ils ne purent chaque nuit re- 
trouver les subdivisions qu'ils avaient aperçues, soit à cause de l'état 
hygrométrique de l'air, soit à cause du mouvement oscillatoire de l'an- 
neau, ils commençaient à se défier de leur première observation, lorsque 
la nuit du 7 juin vint dissiper toutes leurs incertitudes, et mettre hors 
de doute l'existence de quatre anneaux concentriques autour de Saturne. 

» Je fus invité le 17 juin à prendre part à ces intéressantes observations ; 
cette nuit, le temps ne fut pas favorable : mais la nuit suivante, j’aperçus 
les quatre anneaux, et leur vue claire et distincte ne me laissa aucun 


[] 


(659 ) 


doute sur leur existence. Seulement, après les avoir examinés attentive- 
ment, je crus reconnaître sur l'anneau interne une nouvelle ligne qui se 
manifestait avec quelque incertitude. Je priai les astronomes de l’observer, 
et de porter lepouvoir amplifiant de lalunetteà son maximum. T’opération 
réussit bien au-delà de notre attente :nous découvrimes avec la plus grande 
netteté, cinq anneaux. On remarquait même une cinquième division qui 
n'était pas nettement tracée, mais que j'ai revue le 27 juin et le 10 juil- 
let, et plus distinctement que la première fois. Elle partagerait le troi- 
sième anneau à partir de la planète. On a mesuré au micromètre avec le 
plus d’exactitude possible, et pendant plusieurs nuits, les divers éléments 
des distances relatives des anneaux, et des nouvelles divisions qui les sé- 
parent. On en trouvera le tableau approximatif à la suite de cette Note. 


» Je dois ajouter que, grâce à la force et à la perfection de cette excel- 
lente lunette, nous avons pu compter les sept satellites de Saturne, et il 
nous est impossible de dire combien leurs images nous ont paru claires 
et distinctes, ce qui nous a extraordinairement surpris, attendu que deux 
d’entre eux n'avaient été vus que par Herschel, de sorte que plusieurs 
astronomes doutaient encore de leur existence. 

» Une loi semblable à celle de Bode existe entre les satellites de Saturne; 
leurs distances à la planète peuvent être représentées par r, 2, 4,8, 16...64. 
Il semble exister une lacune entre le sixième et le septième. 11 faut espérer 
de voir cette lacune remplie par la découverte d’un nouveau satellite, 
comme celle qui existait entre Mars et Jupiter le fut par la découverte des 
quatre planètes télescopiques, au commencement de notre siècle. 


Tableau approximatif des dimensions de Saturne et de ses anneaux. 


Diamètre équatorial de la planète. ..........,. 28,664 lieues. 


Intervalle entre la planète et l’anneau interne... 6,912 
Diamètre interne de l’anneau interne........... 42,488 
Diamètre de la première division. ............, 45,468 
Diamètre de la deuxième division.,...,........ 49,720 
Diamètre de la troisième division..........,,.. 52,806? 


Diamètre externe de l’anneau interne... ........ 54 926 


Intervalle entre les deux anneaux.........., FU 648? 
Diamètre interne de l’anneau externe........... 56,223 
Diamètre de la quatrième division............. 6o,286 
Diamètre externe de J’anneau externe. .......... 63,880 


Épaisseur de cet appendice , selon John Herschel. 36? 


( 660 ) 


Mesures micrometriques exprimées en arc. 


Diamètre externe de lanneau.....:....... CHOC E LV 
Diamètre interne de Panneau ...:,.,..... 6 2050165 
Diamètre équatorial de la planète... ..... +... 16,99983 
Intervalle interne. ........ HALLE DE eE 
Largeur de l’anneau........ SASEURE ES ON 9,3.» 


M. Rossrron adresse une préparation angéiologique de la tête humaine, 
dans laquelle les vaisseaux sanguins sont représentés par un alliage mé- 
tallique flexible, composé de parties égales de plomb et d’étain. 


M. Jauue Sainr-Hicaine adresse, sous enveloppe cachetée, la description 
d'un procédé pour lextraction de la matière colorante du polygonum 
tinctorium. 


M. Nanvezce adresse un paquet cacheté. 
Le dépôt des deux paquets est accepté. 


À cinq heures la séance est levée. 


ÆErrata. (Séance du 17 octobre). 


Page 617, ligne 7 en remontant, au lieu de Serratophyllum , lisez Ceratophyllum. 
620, 30 , au lieu de novembre, lisez août. 


( 661 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1858, n° 12, in-4°, 

Histoire naturelle des iles Canaries ; par MM. We et BerrueLor 295 
livraison in-4°. 

De l’'Organe phrénologique de la destruction chez les Animaux ; par 
M. Lecur; 1838, in-8o. LÉ 

Déraison et dangers de l'engouement pour les Chemins en fer; par 
M. Vicror ConsipéranT; Paris, 1858, in-8°. 

De la Législation relative au défrichement des Foréts >; par M. le comte 
Apozeue pe Monraureux ; in-8. (Extrait de la Revue de Lorraine.) 

Histoire naturelle et Iconographie des insectes Coléoptères; par MM. pe 
CasreLnau et Gorx; 22° livraison, in-89. 

Annales de la Société d' Horticulture de Paris; tome23, 131° Liv., in-8°. 

Procès-F'erbaux des séances de la Société d'Agriculture, Sciences et 
Belles-Lettres de Rochefort; n° 6—10, in-8. 

Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; n° 55, in-8e. 

Astronomische. ... Nouvelles astronomiques de NI. Scaumacuer ; n° 355, 
in-40. 

Gazette médicale de Paris ; tome G, n° 38. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12 > NŸ 109— 111. 

Echo du Monde savant; 5° année, n° 371. 

La France industrielle; 5° année, n° 5r. 


C. R. 1838, 20 Semestre. (T. VH, No 43.) 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 4* OCTOBRE 18538. 


VICE - PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


cæimir. — [Note sur une nouvelle combinaison de cyanogène et de fer; 


par M. Perouzr. 


« Lorsqu'on fait passer un excès de chlore dans une dissolution de cya- 
noferrure ou de cyanoferride de potassium, la liqueur se colore en rouge 
vineux , et acquiert une odeur vive, pénétrante, dans laquelle on distingue 
la présence du chlorure de cyanogène, de l'acide prussique et du chlore. 

» Abandonnée à elle-même au contact de l’air, ou mieux portée à l’é- 
bullition , elle laisse déposer une poudre verte, légère, insipide, formée 
_ de cyanogène, de fer, d’oxide de fer et d’eau, dans des rapports qui sont 
très variables , et qui semblent annoncer, dans cette poudre, lexistence 
de plusieurs matières différentes. 

» Exposée au contact de l'air, cette poudre verte bleuit peu à peu, et 
acquiert les propriétés du bleu de Prusse. À 180°, elle perd du cyanogene, 
de l’eau, un peu d’acide prussique, et dans l’espace de quelques instants, 
elle devient d’un bleu pourpré très riche et tres intense. 

» Pour la débarrasser de l’oxide de fer qu’elle renferme toujours, et du 
bleu de Prusse qu'on y trouve quelquefois, il faut la méler avec 8 à 

C. R. 1838, 2€ Semestre.(T. VII, N° 14.) 90 


( 664) 

10 fois son poids d’acide hydro-chlorique concentré, et porter la liqueur à 
l'ébullition. L’oxide de fer se dissout, le bleu de Prusse se détruit, et l’on 
juge que l'opération est terminée, lorsqu'une petite quantité de la liqueur 
filtrée cesse de précipiter et de se colorer en bleu par l’eau. 

» Le résidu vert bien lavé, est desséché dans le vide jusqu’à ce qu’il n'y 
perde plus de son poids. 

» C’est alors une combinaison parfaitement pure, ayant pour formule : 


Fe Cy° + Fe’ Cy° + 4H°0. 


» Elle contient plus de cyanogène que le bleu de Prusse, et dés-lors sa 
transformation en cette dernière substance, opérée par la chaleur ou par 
le contact prolongé de l'atmosphère, s'explique avec facilité. 

» La quantité d’eau que renferme cette matière est remarquable, car 
son hydrogène est en proportion exactement convenable pour faire, avec 
le cyanogène de l'acide prussique et avec le fer, un oxide correspondant 
au degré même de cyanuration de ce métal; c’est ce qu'indiquent les for- 
mules suivantes : 


FeCy* + Fe?Cy5 + 4.H°0 = FeO + Fe’ Of + 4.H° Cy’. 


» La nouvelle matière correspond à l’oxide de fer magnétique, et son 
existence fait pressentir celle d’un chlorure analogue, qui jusqu'ici n’a pas 
encore été trouvé. 

» Ce cyanure est beaucoup plus stable que le bleu de Prusse. Ce n’est que 
par une ébullition soutenue pendant des heures entières, que l'acide hy- 
dro chlorique fumant le décompose. 

» La liqueur qui en résulte contient un mélange de chlorure et de chlo- 
ride de fer. 

» Le chlore le détruit plus difficilement encore. 

» Une lessive de potasse caustique l’altère subitement et le convertit en 
peroxide de fer qui se précipite, et en un mélange de cyanoferrure et de 
cyanoferride de potassium, qui se dissolvent. 

» D’après la quantité de peroxide de fer précipité, il est vraisemblable 
que cette décomposition s'effectue de la manière sûivante : 

GFeCy* + 6Fe’ Cy5 + 24.H°0 + 15Ko — 
5Fe O5 + Fe’ Cy5 + 3KCy° + 6.FeCy* + 12.K Cy’ 
+ 24.H° 0 : rat.sel rouge. 6 at. sel jaune. 


» L’ammoniaque le décompose de la même manière, mais il est néces- 
saire que son contact soit plus prolongé. 


( 665 ) 


» J'ai constaté que la matière verte dont je viens de parler, prend nais- 
sance dans un assez grand nombre de circonstances. C’est elle qui salit les 
premières cristallisations du cyanoferride de potassium obtenu par la mé- 
thode de M. L. Gmelin. 

» 11 s'en produit beaucoup, lorsque des liqueurs acides sont en contact, 
surtout à chaud, avec le sel précédent ou avec du cyanoferrure de po- 
tassium. » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les Corps gras; par MM. J. Prrouze 
et Férix, Bourer. 


PREMIÈRE PARTIE. 


« Il résulte des observations publiées par l’un de nous, en 1832, que 
l'acide hyponitrique, aussi bien que le nitrate acide de mercure préparé 
d’après la méthode de M. Poulet, transforment l'huile d'olive et plusieurs 
autres huiles non siccatives en une matière grasse particulière qui a recu 
le nom d’Elaïdine , tandis que ces agents n’apportent aucune modification 
analogue dans la constitution des huiles siccatives. 

» Ce fait a été notre point de départ. Nous nous sommes proposé d’ana- 
lyser l'action de lacide hyponitriquesur les corps gras en général, et de 
nous rendre un compte exact de tous les phénomènes auxquels elle 
donne naissance. 

» On admet depuis long-temps dans les huiles deux principes immé- 
diats distincts : l’oléine et la margarine. 

» Il était nécessaire au début de nouvelles expériences, d’agir séparé- 
ment avec l'acide hyponitrique sur chacune de ces substances, afin de 
simplifier l'étude de leur transformation en Élaïdine. 

» Nous avons été ainsi conduits à rechercher dans les matières grasses 
loléine et la margarine pures, c'est-à-dire telles que les chimistes ne les 
avaient pas encore obtenues. 

» Nous n'avons pas mieux réussi que M. Chevreul à isoler l’oléine des 
dernières traces de margarine qu’elle retient, quelques procédés que l’on 
emploie pour la purifier ; mais nous avons constaté qu'il existait deux 
oléines essentiellement distinctes: l’une, que l’on rencontre dans les huiles 
non siccatives d'amandes douces, d’olive, de noisette, dans la graisse hu- 
maine, dans celle de porc, etc.; l'autre, qui constitue la plus grande 
partie des huiles siccatives de lin, de noix, de pavot, de chenevis, l'huile 
liquide de beurre de coco, etc., etc. 


go. 


( 666 ) 


» Dans les huiles, les deux oléines tiennent en dissolution une mar- 
garine toujours identiquement la même, car nous avons toujours réussi à 
en extraire un acide margarique fusible à 6o°. 

» Dans la partie liquide de la graisse humaine, l’oléine dissout encore 
de la margarine ; dans celle de porc, elle est associée à la stéarine. 

» Ces deux oléines se distinguent entre elles par leur solubilité très dif- 
férente dans différents véhicules, parce que l’une est siccative tandis que 
l’autre ne l’est pas ; parce que l’une reste liquide, quelle que soit la pro- 
portion d'acide hyponitrique que l’on fasse agir sur elle, tandis que l’autre 
est transformée en élaïdine; enfin , parce que la première contient toujours 
une proportion d'hydrogène beaucoup moins considérable que la se- 
conde. 

» D'ailleurs les acides oléiques , fournis par ces deux oléines, ont aussi 
une composition différente, et l'acide hyponitrique transforme l’un en 
acide élaïdique, tandis qu’il est sans action analogue sur l'autre. 

» Si nous avons échoué dans nos efforts pour obtenir l'oléine pure, 
nous avons été plus heureux relativement à la margarine que nous avons 
rencontrée dans l'huile de palme. 

» Cette huile qui provient suivant les uns du cocos butyracea , suivant 
les autres du brou de /avoira elaïs, a été pour nous la source de plusieurs 
observations inattendues. 

» L'huile de palme récente a une odeur aromatique, une couleur 
jaune rougeâtre , et une consistance butireuse, elle entre en fusion vers 
27°. Notre but, en l’examinant, étant d’y rechercher la margarine, nous 
l'avons soumise d’abord à l’action de la presse pour en séparer la partie 
liquide; la masse solide que nous avons recueillie, traitée par l'alcool 
bouillant, lui a cédé ; de son poids environ d'une substance acide, soluble 
dans l’eau de potasse faible, et formée d'acides margarique et oléique. 

» La partie insoluble de l'huile de palme, dépouillée de l’oléine qui 
l’'accompagnait au moyen de dissolutions successives dans l’éther, et de la 
pression, nous a présenté les propriétés d’un principe immédiat parfai- 
tement pur. Cette substance se dissout en toute proportion dans l’éther à 
chaud , et cristallise par le refroidissement de la dissolution : elle est peu so- 
luble dans l'oléine, elle se congèle à 4-50, et les alcalis la transforment exclu- 
sivement en acide margarique, fusible à 60, et en glycérine. C’est la marga- 
rine que l’on avait jusqu'ici vainement tenté d'obtenir pure. L'existence des 
acides margarique et oléique à l’état de liberté dans l’huile de palme ré- 
cente et dans la proportion d’un tiers de son poids, était certainement un 


( GG7 ) 


fait digne d'attention; il devint surtout intéressant, lorsque l'expérience 
nous eut montré que l’huile de palme, à mesure qu'elle devenait plus an- 
cienne, prenait un point de fusion plus élevé, et contenait une propor- 
tion d'acide gras plus considérable, à tel point que de deux échantillons 
que nous avons essayés, l’un fusible à 31, a fourni la moitié de son poids 
d'acides gras, tandis qu'un autre à 36 en renfermait les 4 cinquièmes. 

» Il était évident, d’après ces observations, que l’huile de palme s’acidi- 
fait spontanément. Que devenait la glycérine pendant que cette acidifica- 
tion s’opérait ? Était-elle détruite? était-elle simplement éliminée, comme 
les acides eux-mêmes ? 

» En traitant l'huile de palme récente par l'eau, filtrant et évaporant, 
nous avons reconnu que cette huile contenait aussi de la glycérine libre. 
Cette glycérine existait en assez grande quantité dans l'huile nouvelle ; 
mais, au lieu de devenir plus abondante, à mesure qu’on la recherchait 
dans une huile plus ancienne, sa proportion diminuait, et on la trouvait 
associée à un acide gras qui semblait se former aux dépens de ses élé- 
ments, et qui présentait les caractères de l'acide sébacique. 

» Nous ne saurions encore indiquer avec assurance la cause de la sapo- 
nification spontanée de l'huile de palme, bien que nous ayons déjà fait 
Plusieurs tentatives dans le but de la découvrir; mais, l'opinion qui nous 
parait la plus vraisemblable, c’est qu'il existe dans l'huile de palme un fer- 
ment particulier qui doit être aux Corps gras ce que la levure de bière est 
au sucre, ce que l’émulsine est à l’'amygdaline. 

» La découverte de la glycérine dans l'huile de palme nous a rappelé 
une ancienne observation de M. Guibourt, sur l'existence d’une matière 
sucrée liquide dans l’eau du lavage du beurre de Galam , extrait du Bassia 
butyracea ( famille des Sapotées). M. Guibourt avait regardé cette matière 
sucrée comme étrangère à la matière grasse; nous avons tout lieu de penser 
qu'elle n’est pas autre chose que la glycérine résultant de son altération. 

» Le succès des recherches que nous avions entreprises sur l’huile de 
palme nous fit jeter les yeux sur quelques substances analogues que nous 
avons successivement étudiées. 

» Nous avons retrouvé dans la partie solide de la graisse humaine, et 
du beurre de muscade (myristica ou moschata) la même margarine que 
nous avons signalée dans l’huile de palme. 

» L'huile d'illipé, produite par un arbre de la famille des Sapotées, est 
formée au contraire d’une certaine quantité d’oléine associée à de la stéa- 
rine qu'il est très facile d’en extraire par la pression et la dissolution. 


( 668 ) 


» L'huile de coco nous a fourni un résultat remarquable et inattendu. La 
graisse solide qu’elle renferme, et qui sert dans quelques parties de l'Afrique 
à fabriquer des bougies, n’est autre chose que de l’élaïdine , substance 
que l’art seule avait fait connaître jusqu’à ce jour. 

» Enfin, nous avons trouvé dans le beurre de cacao, et dans la partie 
solide de l'huile d'olive, deux composés dont la découverte simplifie beau- 
coup l'idée qu'on avait pu se former jusqu'ici des parties solides de cer- 
tains corps gras. 

» On sait depuis long-temps que les parties solides des diverses huiles 
fixes, dégagées par la pression et les dissolvants des liquides qui les ac- 
compagnent , offrent des points de fusion très différents. Cette circons- 
tance était d'autant plus difñcile à expliquer que la saponification trans- 
forme toutes ces substances, quelle que soit leur origine en glycérine et 
en acide stéarique ou margarique. Quelques chimistes pensent que si les 
parties solides, telles qu'on les connaît, sont différemment fusibles, cela 
tient à l'insuffisance des méthodes employées pour les purifier, tandis que 
d’autres croient qu'il existe dans les huiles des variétés particulières de 
stéarine et de margarine. 

» Nous nous sommes assurés que cette inégalité dans leurs points de 
fusion dépend de ce que les parties solides constituent de véritables com- 
binaisons en proportions définies entre la stéarine ou la margarine et l'o- 
léine; combinaisons qui fondent à des températures toujours invariables, 
mais nécessairement différentes. Nous avons trouvé la première de ces com- 
binaisons dans le beurre de cacao, qui est presque entièrement formé d’une 
substance cristallisable fusible à 29°, dans laquelle la stéarine se trouve com- 
binée avec l'oléine, et que la saponification convertit en acide oléique et 
stéarique. La seconde combinaison nous a été fournie par l'huile d'olives dont 
la partie solide est fusible à 20° et doit être regardée comme formée d’oléine 
et de margarine. Nous démontrons l'existence de ces combinaisons, par 
l'invariabilité de leur point de fusion, par leur composition élémentaire, 
par cette circonstance importante que le produit acide de leur saponifica- 
tion présente exactement la même fusibilité qu'un mélange artificiel d’a- 
cides oléique et margarique ou stéarique unis dans les mêmes proportions, 

et enfin par l'impossibilité d’en séparer rien d’hétérogène à l’aide des dis- 
solvants quelconques. C’est ici Poccasion de faire remarquer combien nous 
a été utile l'emploi de cette méthode d'analyse immédiate dont la chimie 
est redevable à M. Chevreul, et qui a déjà été si féconde entre ses mains. 
Sans son secours, en effet, il nous eût été impossible d'arriver à une dé- 


( 669 ) 


monstration rigoureuse de l'existence des combinaisons définies dont nous 
venons de parler. On conçoit que la connaissance de ces combinaisons fait 
disparaitre les variétés de stéarine et de margarine que plusieurs chi- 
mistes avaient admises. On doit prévoir aussi que ces composés ne 
sont sans doute pas les seuls de ce genre qui existent, et que l’oléine 
peut s'unir en plusieurs proportions à la stéarine et peut-être aussi à 
l'Élaïdine. 

» Nous avons établi précédemment que l'acide hyponitrique transforme 
simultanément en élaïdine l’oléine et la margarine, telles qu’elles existent 
dans les huiles qu'il solidifie, et que de plus, les acides oléique et marga- 
rique, produits par la saponification de ces mêmes huiles, sont aussi trans- 
formés par le même agent en acide élaïdique. Si maintenant nous sou- 
mettons séparément à l’action de l'acide hyponitrique chacun des principes 
immédiats, ou des composés définis que nous avons signalés dans les corps 
gras, nous voyons que le résultat n’est pas toujours tel qu'on devait le 
prévoir. 

» La stéarine pure, ou combinée à l’oléine comme elle existe dans le 
beurre de cacao, se montre inaltérable dans l'acide hyponitrique ; il en est 
de même de l'acide stéarique fondu ou dissous dans une huile siccative, 
quelle que soit la proportion d’acide hyponitrique qu’on emploie et la 
température à laquelle on opère. Mais tandis que la margarine combinée 
avec l’oléine et tenue en dissolution dans l'huile d'olives, et l'acide mar- 
garique dissous dans l'acide oléique, tel que le présente le produit acide 
de la saponification de cette huile, se sont transformés facilement en élaï- 
dine et en acide élaïdique, ce même acide margarique à l’état de pureté 
n'éprouve aucune altération de la part de l'acide hyponitrique, et se repré- 
sente avec toutes ses propriétés, après avoir été soumis long-temps à son 
action , même avec le secours de la chaleur. 

» La combinaison d’oléine et de margarine que nous avons extraite de 
l'huile d'olives, se comporte elle-même de telle manière en présence de 
cet agent, que l’oléine qu’elle renferme se change en élaïdine, tandis que 
la margarine reste intacte; en sorte que le produit obtenu prend un point 
de fusion intermédiaire entre celui de l’élaïdine’et de la margarine ; et que 
la graisse acide que l’on obtient, en le saponifiant, peut être facilement 
partagée au moyen de l'alcool en acide margarique fusible à 60, que cris- 
tallise le premier, et en acide élaïdique fusible à 45, que l’on trouve dans 
les eaux-mères. 

» Dans tous les cas, au contraire, l’oléine et l'acide oléique des huiles 


(670 ) 
non siccatives, de la graisse humaine et de celle de porc, se transforment 
en élaïdine et en acide élaïdique. 

» D'un autre côté, lorsqu'on traite par un grand excès d’acide hyponi- 
trique de l’élaidine pure; soit qu’elle provienne d’une huile solidifiée, soit 
qu’elle ait été fournie directement par l'huile de coco, elle se liquéfie ra- 
pidement, et éprouve une nouvelle modification qui altère tout-à-la-fois 
la glycérine et l'acide élaïdique dont on doit la supposer formée. Celui-ci 
est remplacé par un nouvel acide beaucoup plus oxigéné, et que lon 
trouve non plus combiné à la glycérine qui a été détruite; mais, à de l’am- 
moniaque ou à ses éléments. 

» Cette ammoniaque n'existe pas dans la nouvelle combinaison sous la 
même forme que dans les sels ammonicaux, elle n’en est pas éliminée par 
les acides; elle ne se dégage que lentement sous l'influence des alcalis; en 
un mot, c’est un nouveau corps gras neutre dans lequel l’ammoniaque pa- 
raît jouer le même rôle que la glycérine dans la margarine ou la stéarine. 

» Dans un prochain Mémoire, nous exposerons les données analytiques 
sur lesquelles s'appuient les résultats que nous venons de signaler dans 
cette note. » 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin, à l'élection des Commissions 
suivantes , appelées à juger les pièces adressées pour les concours aux grands 
prix de mathématiques, et aux prix de Mécanique, de Statistique, d’As- 
tronomie. 


Commission pour le grand prix de Mathématiques, MM. Poisson , Libri, 
Lacroix, Sturm, Poinsot ; 

Commission pour le prix de Mécanique , MM. Poncelet, Séguier, Co- 
riolis, Gambey, de Prony; 

Commission pour le prix de Statistique , MM. Costaz, Mathieu, Poinsot, 
Séguier, Dupin ; 

Commission pour la Médaille de Lalande, MM. Arago, Mathieu , Sa- 
vary, Bouvard, Lefrancais-Lalande. 


(671) 


MÉMOIRES PRÉSENTES. 


paysique. — Sur le fluide électrique à l'état de diffusion dans le vide. 
— Extrait d’une Note de M. Masson. 


(Commissaires, MM. Savart, Pouillet.) 


« On admet généralement en physique que l'électricité statique est 
retenue par l’air à la surface des corps conducteurs isolés, et qu’elle se 
répand instantanément, sous forme de courants, dans le vide, qu’on est 
alors conduit à considérer comme formant fonction de conducteur. 

» Les effets obtenus par Davy confirmant cette idée, j’espérais ob- 
tenir une vive lumière en faisant arriver dans le vide barométrique des 
courants puissants obtenus avec un grand nombre d'éléments ou des 
électro-aimants d’une grande force. Je construisis alors des baromètres à 
l'extrémité desquels je soudai des fils de platine dont les extrémités pou- 
vaient facilement être approchées ou éloignées de la surface du mercure. 

» En faisant alors communiquer le fil de platineet le mercure du baro- 
mètre aux pôles d’une pile, je n'ai jamais pu, faisant varier progressivement 
le nombre des couples des piles et la distance du fil au mercure, obtenir 
la plus légère variation au galvanomètre placé dans le circuit. Quelques 
précautions que j'aie prises, il m'a été jusqu'ici impossible d’apercevoir la 
moindre étincelle ou lueur phosphorescente , même quand le fil et le mer- 
cure n'étaient plus distants d'un demi-millimètre. Je suis parvenu au même 
résultat, en faisant arriver dans mon baromètre des extra-courants capa- 
bles de produire des effets physiologiques tres intenses. 

» Les faits que je viens de signaler semblent déjà indiquer que : 

» 1°. Le vide ne conduit pas les courants ; 

» 2°. L’électricité de tension qui se manifeste par l'attraction des corps 
légers aux pôles des piles qui ont un grand nombre d'éléments est exces- 
sivement faible et ne paraît pas due à la même cause qui produit l'effet 
dynamique. Il est certain en effet que si au pôle d’une pile ii y ayait de 
l'électricité statique, ayant une tension seulement égale à celle qu’on ob- 
tient par le simple frottement d’un corps non conducteur, elle se manifes- 
terait dans le vide par des lueurs électriques. 

» 3°. IL est permis de douter que les courants obtenus par Davy se 
soient propagés dans le vide sans le concours d’un fluide conducteur. 

» Après avoir trouvé que, par rapport au vide, l'électricité produite 

C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VIT, N° 14.) 91 


(672 ) 

dans les piles différait essentiellement de l'électricité statique, j'ai cherché 
si cette dernière, au moment où elle se répand dans le vide, se comporte 
comme un courant. Jusqu'ici il m’a été impossible de séparer l’action par 
influence, qu’elle exerce comme électricité statique, de sa puissance dy- 
namique. J'espère cependant pouvoir le faire et m'assurer si à l'état de 
diffusion dans le vide, le fluide électrique agit à la fois comme électricité 
statique et dynamique. » 


z00LOG1E. — {Vote sur un représentant de l'ordre des Mammiferes insec- 
tivores, à la Nouvelle-Holiande; par M. Gervais. 


(Commissaires, MM. de Blainville, Isid. Geoffroy Saint-Hilaire.) 


L'animal dont il est question dans cette note, a été récemment décrit, 
en Angleterre, sous le nom de Myrmecobius fasciatus, par M. Water- 
house, qui l’a considéré comme appartenant à la catégorie des Didelphes, 
tout en signalant les traits de ressemblance qu'il offre avec certains in- 
sectivores, et notamment avec les Tupaia ou Cladobates. 

M. Gervais, en insistant sur ces ressemblances ; fait remarquer que, 
d’un autre côté, en comparant la tête osseuse du Myrmecobius avec celle 
des Didelphes, on trouve dans l'existence de deux trous palatins (au lieu 
de quatre, comme dans ce groupe d'animaux), dans la disposition de la 
branche montante de la mâchoire inférieure , etc., des différences qui por- 
teraient à rapporter le nouveau genre aux Mammifères monodelphes 
plutôt qu'aux didelphes. 


CHIMIE APPLIQUÉE. —- Sur le chauffage des appartements au moyen de la 
combustion du gaz hydrogène; par M. Joranr. 


(Commission précédemment nommée pour deux Mémoires relatifs au 
chauffage par le gaz hydrogène carburé.) 


A l’occasion de la présentation des deux Mémoires indiqués ci-dessus, 
M. Jobard écrit qu'un mode de chauffage analogue à celui que proposent 
MM. Gros et Merle, est employé depuis plusieurs années en Angleterre, 
de sorte que les différences entre le nouveau système et ceux qui sont 
déjà connus ne peuvent porter que sur les dispositions de lappareil des- 
tiné à brûler le gaz. Il remarque, en outre, que «le chauffage au moyen 
du gaz extrait de la houille, est soumis en grande partie aux mêmes condi- 
tions que le chauffage au bois ou au charbon, et notamment à la nécessité 


(673) 


de verser au dehors de l'appartement où est établi l'appareil, les produits 
de la combustion: la fumée qui fatiguerait les yeux et se déposerait en 
suie sur les parois, l'acide carbonique qui vicierait l'air du lieu, et l’acide 
sulfureux dégagé, qui mème lorsqu'il n’existerait pas en quantité suf- 
fisante pour être nuisible, serait au moins désagréable à l’odorat. Or, en 
établissant, comme cela est indispensable, une sortie pour ces produits, 
on perd nécessairement la plus grande partie de la chaleur dégagée , car 
on crée une sorte de siphon qui enlève incessamment à la chambre l'air 
échauffé que remplace à mesure de l'air froid. Si au contraire, dit l’au- 
teur, on substitue au gaz d'éclairage, le gaz hydrogène non carburé, 
obtenu par la décomposition de l’eau , le produit de la combustion se 
réduit à un peu de vapeur aqueuse, qui n'ayant rien de nuisible pour la 
santé, ni de désagréable pour l’odorat, peut étre versée sans inconvénient 
dans l'air, de sorte que l'appareil peut fonctionner dans un appartement 
clos, où la perte de la chaleur est aussi petite que possible. » 

M. Jobard remarque encore que, sous le rapport de l'économie, le 
gaz obtenu de la houille ne peut soutenir la comparaison avec celui qui 
s'obtient de la décomposition de l’eau. Pour ce dernier, dit-il, on est déjà 
parvenu à l’obtenir, en Belgique, à 1 fr. 20 cent. les mille pieds cubes. 


MÉCANIQUE. — {Vote sur une nouvelle pièce d'artillerie; par M. Lesme 
Frucer. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier, Rogniat.) 


Le but que l'auteur s’est proposé, a été d'arriver à obtenir pour le 
canon, .un nouveau modèle qui fût, par rapport à l’ancien, ce qu'est la 
carabine par rapport au fusil. 


CORRESPONDANCE. 


Cie APPLIQUÉE. — Sur l'extraction de l'indigo du Polygonum tinctorium. 
— Extrait d’une lettre de M. Bauprimonr, à M. Chevreul. 


« Les tiges du Polygonum tinctorium ne renferment pas une trace ap- 
préciable d'indigo : cette matière n'existe que dans le parenchyme des 
feuilles; les nervures, qui sont des expansions vasculaires des tiges, 
n'en renferment pas plus qu’elles. Elle ne revêt aucune forme organique 


91.. 


(674) 

appréciable au microscope, et semble être en dissolution chimique dans 
un liquide extravasé qui entoure le tissu cellulaire du parenchyme. Lors- 
que les feuilles du polygonum tinctorium vieillissent et commencent à se 
flétrir, elles bleuissent, et lorsqu'elles n’ont point été froissées, c’est tou- 
jours par leur partie supérieure que cela commence. Cette action m’a 
paru se produire par le concours de l'oxigène, sous l'influence de la lu- 
miere solaire. 

» Le suc des feuilles du polygonum tinctorium , abandonné à lui-même 
au contact de l'air, moisit et se putréfie en ne donnant que l'indice de la 
présence de l'indigo. 

» Une infusion des feuilles de cette plante donne des traces beaucoup 
plus évidentes d’indigo; les bords des vases qui la renferment deviennent 
d'un bleu-pourpre foncé. 

» Par l'addition d’eau de chaux et Pagitation, on obtient de l’'indigo ; 
mais seulement une partie de celui qui est contenu dans les feuilles et non 
la totalité, comme je m'en suis assuré par des essais réitérés. 

» Ces essais ne m’ayant point satisfait, je cherchaï à obtenir l’indigo 
des feuilles qui présentaient une foule de taches bleues, et pour cela j'ai 
fait usage des procédés désoxidants ou hydrogénants qui sont connus pour 
décolorer l'indigo bleu. Je tentai aussi l'emploi du zinc et de l'acide sulfu- 
rique, pour voir si l'hydrogène à l’état naissant ne s’unirait pas à l'indigo 
bleu des feuilles, et, douze heures après, je trouvai les liqueurs de mes 
vases remplies d’une grande quantité d’indigo d’une très belle nuance. 
Voulant savoir si c'était au zinc ou à l'acide sulfurique que je devais ces 
résultats, pensant surtout que l'hydrogène n'aurait pu me donner de l’in- 
digo bleu, sans que des faits bien constatés par les chimistes ne fussent 
dénués de tout fondement, je fis des essais séparément avec le zmc d’une 
part, et l’acide sulfurique d’une autre part: je vis bientôt que tsut était dû 
à cet acide. 

» Parmi toutes les modifications de procédés que j'ai suivies, voici celle 
qui m'a le mieux réussi , et que je proposerai de suivre à ceux qui ont des 
feuilles de Polygonum tinctorium et qui voudront répéter ces expériences : 

» Verser de Veau bouillante sur les feuilles du Polygonum tinctorium, 
de manière à les recouvrir seulement. Laisser infuser pendant douze heures, 
passer la liqueur et ajouter deux fois de nouvelle eau; après cette der- 
nière opération, les feuilles sont ramollies, visqueuses, et ne donnent 
presque plus d'indigo ; verser dans le liquide provenant des infusions, en- 
viron un centième d'acide sulfurique, agiter et laisser le mélange dans un 


( 675 ) 
vase à large ouverture exposé à l'air. Il se forme d’abord un précipité 
vert dont la quantité et la couleur vont en croissant rapidement. Apres 
vingt-quatre heures, la liqueur renferme beaucoup d’indigo que l’on peut 
recueillir par décantation et filtration (1). 

» Cet indigo est à l’état d’hydrate, et diminue considérablement de 
volume par la dessiccation. Quand il est desséché à la température ordi- 
naire de l'atmosphère, il renferme encore 0,15 d’eau , qu’il perd à la tem- 
pérature de 5o°. Il est sous forme d’une masse coriace, d’un bleu-vert 
foncé ; l'alcool en sépare une matière rouge, et les carbonates alcalins 
en dissolution, lui enlèvent une matière verte assez abondante, qui est 
peut-être de l'indigo qui n’a pas été entièrement modifié par l’oxigène. 

» Par un essai qui a été fait chez M. Vilmorin, on s’est assuré que cet 
indigo était très propre à la teinture. 

» Quoique lindigo que j'ai obtenu par le procédé que je viens d'in- 
diquer, ne me paraisse pas dans le même état que celui du commerce, le 
concours de l’oxigène est absolument indispensable pour lui donner une 
teinte bleue après qu’il a été précipité par l'acide sulfurique. Je m'en suis 
assuré plusieurs fois, en versant une forte infusion de polygonum tinc- 
torium dans des flacons remplis d’acide carbonique, y ajoutant immédia- 
tement de l'acide sulfurique; et les fermant hermétiquement. Dans ce cas, 
ils ne donnent jamais d’indigo bleu. 

» J'ai essayé l’action directe du sulfate rouge de manganèse sur l’infu- 
sion de polygonum tinctorium , pour voir si l'indigo ne bleuirait pas plus 
promptement qu'avec l'acide, et je n’ai pas observé qu’il produisit un effet 
plus prompt que l'acide sulfurique seul. 

» Tous les acides produisent le même effet que l’acide sulfurique, mais à 
des-degrés très variables, et quelquefois d’une manière à peine sensible. 

» En faisant des pesées dans de doubles filtres, j'ai trouvé, dans plu- 
sieurs expériences, que les feuilles du polygonum tinctorium renfermaient 
un deux-centième d’indigo, tel qu'on l’obtient par l'acide sulfurique. 
Cette quantité paraîtra sans doute très considérable, si l'on remarque sur- 
tout que cet indigo est beaucoup plus pur que celui du commerce, qui peut 
renfermer jusqu’à 22 p. 100 de matières incombustibles, selon vos propres 
recherches, et je ne doute nullement que le polygonum tinctorium ne soit 
une excellente acquisition pour notre agriculture; car cette plante pourra 


(1) On éprouve beaucoup de difficulté à filtrer les liqueurs qui contiennent l’indigo 
hydraté, parce que cette matière se dépose sur les filtres et en obstrue presque com- 
plétement les pores. On peut obvier à cet inconvénient en chauffant ces liqueurs jusqu’à 
l’ébullition : l’indigo s’aglomère et ne présente plus alors le même inconvénient. 


( 676 ) 

croître dans des terrains peu profonds, où la betterave ne vient pas. On 
pourrait peut-être rencontrer des inconvénients pour en faire lever les 
graines, parce qu'elles exigent une température assez élevée, et il pour- 
rait bien arriver que l'on füt obligé de les semer sur couche; mais j'ai 
entre les mains une traduction de l'Encyclopédie chinoise , qui traite des 
plantes indigofères (1), et j'y vois que les Chinois conservent les racines 
du Polygonum tinctorium dans des silos, après les avoir légèrement des- 
séchées. Lorsque l'hiver est passé, ils les repiquent dans des trous, qu'ils 
percent obliquement avec un plantoir en forme d’alène. Quoique je n’aie 
pas essayé ce procédé de culture, je ne doute nullement de sa réussite. 
Il m'est souvent arrivé de planter de simples tiges de Polygonum tinc- 
torium, et elles ont toujours pris racine toutes les fois qu’elles ont pré- 
senté un nœud, et que je les ai suffisamment arrosées. 

» Ayant entrepris un assez grand nombre d'expériences sur l'indigo, 
et ayant eu l'occasion de réfléchir sur toutes celles qui sont connues, je 
suis porté à penser, ainsi que vous l'avez dit dans votre Traité d'Analyse 
organique , que l'indigo blanc est de l'indigo bleu hydrogéné et non 
désoxigéné; mais je n’ai pu, en aucun cas, me ranger de l'opinion de 
M. Dumas, qui pense que l’indigo présente de l’analogie avec l'alcool ; 
la première manière de voir rend, jusqu’à présent, un compte suffisant 
de tous les phénomènes observés. En effet, ce point de vue, que vous 
avez si judicieusement émis, permet d’assimiler, 1° l'indigo bleu, soit 
à un comburant complexe, soit à un combustible complexe faisant fonc- 
tion de radical, ou de base salifiable, ou bien, en d’autres termes, qui 
expriment, suivant moi, la même chose, à une molécule susceptible de 
s'unir à d’autres molécules sans substitution, tel que le cyanogène ; 
2° l'indigo blanc à un hydracide, ou conduit à considérer ce dernier 
comme un indigoture hydrique, cette dernière dénomination convenant 
mieux à la manière dont j'envisage les composés chimiques. Dans ce cas, 
l'indigo bleu devrait être nommé indigogène, contrairement à l'opinion de 
quelques chimistes, qui avaient donné ce nom à l’indigo décoloré. Cela étant, 
l'indigo à l’état d'hydracide serait uni à une base organique ou à une ma- 
tière quelconque remplissant les mêmes fonctions dans les plantes indi- 
goferes, et l'acide sulfurique, en s’emparant de cette base, chasserait 
l'indigoture d'hydrogène, qui serait décomposé par l’oxigène de l'air, qui, 
en s’emparant de l'hydrogène, mettrait l'indigo bleu à nu. La chaux agirait 
en s’unissant à l'indigoture d'hydrogène pour donner naissance à de l’eau 


(1) Cette traduction est de M. Stanislas Julien, de l'Institut, et je la dois à l’obli- 
geance de M. le baron de Meyendorff. 


( 677 ) 


et à de l'indigoture calcique, et en éliminant la base organique, qui demeu- 
rerait en dissolution; mais l’indigoture, peu stable, serait détruit sous 
l'influence de l’oxigène et de l’acide carbonique de l'air. 

» Lorsque l’on emploie la chaux pour extraire l'indigo, il faut, selon 
cette théorie, que l'air contienne de l'acide carbonique pour mettre l'in- 
digo bleu en liberté. 

» Il serait curieux de voir si l’indigogène peut s'unir aux métaux, et 
quelle peut être la base qui est unie à l'indigoture d'hydrogène dans le 
Polygonum tinctorium. Y'ai bien entrepris des expériences pour éclairer 
ces données; mais désespérant de pouvoir jamais les continuer, je les 
livre à celui qui voudra bien s’en occuper. Il pourrait encore se faire que 
le précipité que l’on obtient en ajoutant de l'acide sulfurique dans l'in- 
fusion du Polygonum tinctorium, fût un composé d’acide et d'indigo ; 
j'ai tenté des expériences pour savoir à quoi m'en tenir; mais je n'ai pu 
les terminer faute de temps que la nécessité m’oblige à employer autre- 
ment qu’à faire des recherches. » 


M. Bouvier demande l'autorisation de reprendre temporairement le 
travail qu’il avait présenté au concours pour le prix d’orthopédie, et qui 
a été un des deux ouvrages couronnés; il rappelle que pareille faveur a 
déjà été accordée à l’auteur de l’autre ouvrage. 


Cette demande est renvoyée à l'examen de l’ancienne Commission du 
prix d’orthopédie. 


M. Procrer adresse, comme moyen d’aider au classement géologique 
des fossiles dont il a fait hommage à l’Académie, un Tableau des terrains 
stratifiés de plusieurs provinces de l'Angleterre, dû à M. Murchison.M. Proc- 
ter offre, en outre, de compléter cette collection par de nouveaux envois 


de fossiles appartenant aux mêmes terrains qui ont fourni les premiers 
échantillons. 


M. Sanson, en adressant un programme de l’enseignement dans l’École 
auxiliaire de Médecine , donne quelques détails sur le but que se sont 
proposé les fondateurs de cette institution. 


M. A. »E Cazrenyx adresse un paquet cacheté portant pour suscription : 
Nouvelle machine hydraulique. 


M. Devar adresse également un paquet cacheté relatif à un Nouveau 
télégraphe électrique. 
Le dépôt des deux paquets est accepté. 


La séance est levée à quatre heures trois quarts. F. 


( 678 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838, n° 13, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Araco; 
mai 1838 , in-6°. 

Traitéde Physiologie comparée de l Homme et des Animaux; par M. Ducs; 
tome 2°, in-8°. 

Recherches anatomiques, physiologiques et zoologiques sur les Polypes; 


par M. Mie Epwaros; in-8°. 
Recherches sur les Arts et Métiers, les Usages de la vie civile et domes- 


tique des anciens peuples de l'Égypte, de la Nubie et de l'Éthiopie; par 
M. F. Cunvaun; 14—17 livraisons, in-4°. 

Somnambulisme et Magnétisme animal , avec figures ; par M. Doré ; 
broch. in-8°, 1838. 

Répertoire de Chimie scientifique et industrielle; sous la direction de 
M. Gavzrier DE Crausry; tome 4, n° 8, août 1838, et tome 5, n° 0. 

Huitième Rapport annuel sur les travaux de la Société d'Histoire natu- 
relle de l'ile Maurice; par M. 3. Dessannins; in-8°. 

Traité élémentaire d'Histoire naturelle ; par MM. Marin Sainr-A\ce et 
Guérin ; 55° et 36° livraison , in-8°. 

Revue zoologique de la Société Cuviérienne ; n° 9, septembre 1838 ; par 
M. Guérin-MENNEVILLE, in-8°. 

Analyse chimique des eaux minérales d'Aix en Savoie; par M. Boxsean; 
Chambéry, 1838, in-8°. 

Société de perfectionnement des Études d'application ; par M. Azruonse 
Sanson ; in-8°. 

Transactions. ... Transactions de la Société philosophique américaine 
de Philadelphie; nouvelle série, 6° vol., 1° partie; Philadelphie, 1838, 
in-4°. 

On the... Sur les moyens d'isoler le Fluor; par MM. G. et Tu. Knox; 
Dublin, 1838, in-4°. 

The Nautical Magazine ; août et septembre 1838, in-8?°. 


( 679 ) 


Abhandlungen.... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de 
Berlin , pour l’année 1836; Berlin, 1838, in-4°. 

Piberié Philosophiæ botanicæ , auct. H.-F. Link ; tome 2, 2° édition, 
Berlin, 1837, in-8°. (En latin et en allemand.) 

Tcones anatomico-botanicæ ad illustranda elementa Philosophiæ bota- 
nice ; ed. second., fasc. n et in; Berlin, in-fol. 

Astronomische.... Vouvelles astronomiques ; de M. Scaumacxer ? 
n® 356—357 , in-4°. 

Journal des Travaux de la Société française de Statistique universelle ; 
vol. 4, n° 13, in-8°. 

Journal des Connaissances médicales; 6° année, septembre 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris, tome 6 , n° 30. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 112—114, in-4°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 375. 

La Phrénologie ; 2° année, n° 14. 

L’Expérience , journal de Médecine , n° 65, in-8°. 


C, R. 1938, 2° Semestre. (T. VIL, N° 44.) 92 


( 680 ) 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 8 OCTOBRE 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE  L’ACADÉMIE. 


LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE. — De la statue de Buffon, afin de lui faire re- 
Couvrer ses anciens honneurs (1), et pour expliquer le sens poétique , l’idée 
physiologique de ses parerGA ou sculptures emblématiques de la base de 
cette œuvre monumentale ; par M. Georrroy Sainr-Hir arr. 


« Les grands artistes remplissent une mission providentielle et glorieuse, 
lorsqu'ils viennent à appliquer leur génie à la recherche synthétique de la 
vie héroïque de l'humanité, et qu'ils s'occupent à rendre ; AVEC amour et 
bonheur, l'expression des traits des bienfaiteurs de chaque âge, lesquels 
secondent et perfectionnent le mouvement social. C’est d’une autre façon, 
écrire l'histoire que de recourir à ces créations de l’art et du goût, autres 
annales aussi merveilleuses qu'éclatantes, où la vie des choses est reflétée, 
où elle se trouve pittoresquement reproduite; ce qui tend à saisir les es- 
prits d’un pieux sentiment d’admiration et à fournir la postérité de pré- 
cieux soins d’enseignements et de gracieux enchantements. 


(1) La statue déplacée en l’an x11 devra reSter jusqu’à nouvel ordre dansle lieu où elle 
est présentement déposée (Décision du 20 mars 1837); et il fut fait demande de deux 
autres statues de H. et de J. (Décision du 9 avril suivant). 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 43.) 93 


( 682.) 


» Ainsi il fut accordé à l’un des grands sculpteurs du siècle dernier, au 
célèbre Pajou, qui fut de nos jours l’un des ornements de l’Institut de 
France, d’avoir à reproduire l’une des grandes figures des temps mo- 
dernes. Pajou donna la seule statue qui eût été faite de notre immortel 
Buffon, et il eut l’inestimable avantage de la composer d’après le vivant et 
dans des circonstances solennelles, telles que le génie de ce grand artiste 
en fut vivement flatté et excité. Buffon , auquel la voix de la postérité dé- 
cerne présentement le titre de prince des naturalistes, w’eut cependant 
que cette occasion d'obtenir cet honneur monumental ; c’est à rappeler 
dans ce moment, et je prie à ce sujet qu’on veuille bien m’excuser si je le 
fais dans cette enceinte. Plus qu’on ne le pense, il y avait dans ce cas-ci 
connexion intime entre les travaux concernant les arts et les sciences : 
c'est ce que va établir la suite de cette lecture. 

» Aussi bien que les écrits de Buffon, sa statue ne fut point d’abord 
comprise : ce n’est pas qu’elle n’ait été universellement admirée, au jour de 
son érection, en 1779. 

» Buffon était devenu pour Pajou l’objet d’un culte fervent : celui-ci en 
avait recu de nombreuses communications qui éleverent les parerga du 
pied de Ja statue au savoir d'un mémoire scientifique et très instructif sur 
les âges de la nature. Nous traiterons cet article dans une seconde lecture. 
Le modèle:et le'statuaire se comprirent, et de leurs rapports mutuels, de 
la fécondation réciproque de ces esprits élevés, il dut sortir et il sortit en 
effet un ouvrage éclatant, qu'on n’étudia et ne déchiffra que plus tard , 
mais qui, dès l'année de son érection ; 1795, fut célébré comme la 
production la plus remarquable de l’époque. Buffon s'était lui-même asso - 
cié au mouvement d'enthousiasme qui s'était emparé des esprits. Averti en 
secret de la commande de la statue, la pose convenue et les belles pensées 
du statuaire ainsi déjà arrêtées , il en conçut une joie désordonnée, qui lui 

faisait dire avec une modestie plus apparente que réelle, qu'il n'avait point 
mérité tant d’'hommages de ses contemporains, une aussi magnifique ré- 
compense à lui être accordée de son vivant, et dans laquelle il voyait un 
avant-coureur du sentiment et des touchantes manifestations de la recon- 
naissance publique dans la postérité. 

» À ce moment, puis-je produire sans douleur cette réflexion ? Que sont 
devenus, en 1838, le corps de la statue et ces brillants saluts d’admira- 

tion prodigués si universellement à ce grand homme ? Ce serait aujourd’hui 
une question problématique qu’une telle justice rendue, que l’exaltation 
des sentiments d'alors ? Non, non, quelque indécision arrête seulement; 


( 683 ) 
mais ne faisons reproche à qui que ce soit du fait en lui-même. Il n'arrive 
effectivement à personne, et personne sans doute n’imaginéra de mécon- 
naître le caractère, d’une des plus belles illustrations des temps modernes, 
qu'avec une parfaiteassurance je nomme, comme ceux qui la, comprennent 
maintenant, le naturaliste de tous les âges, le Prince des naturalistes. 

» Pajou comprit le bonheur de sa position et chercha à s’en rendre 
digne; l'âme du modèle fut révélée au statuaire : celui-ci vint puiser dans la 
belle intelligence du naturaliste une source abondante d’inspirations, car il 
vécut dans l'intimité de son héros,.et put l’étudier à souhait et en recevoir des 
conseils. Buffon arrivait à l'apogée de, son talent : c'était le moment où, 
animé de sublimes pensées, ce grand homme se posait le contemplateur 
synthétique des scènes de la création, et où il les étudiait et les divisait 
par âges ; c'était le moment en effet où Buffon écrivait son livre si célèbre 
des É poques de la Nature. 

» Il me paraît utile de développer toute ma pensée surce sujet; pour 
qu'on ne croie pas que, si au xix° siecle les esprits en ce moment si avan- 
cés prennent d’autres opinions sur Buffon, ces sentiments nouveaux pro- 
viennent seulement de quelques penseurs plus clairvoyants et mieux 
instruits de la mission du grand naturaliste. Un de ceux-là, il est vrai, 
le grand poète de l'Allemagne, l'avait apprécié sous ce rapport, et se trou- 
vait de mesure à lancer dans .une meilleure voie les travailleurs et les 
observateurs nos émules. Non, à Buffon seul il fut donné de pourvoir à 
sa destinée future; les naturalistes de profession l’oubliaient, ce furent 
ceux-là mêmes dont il avait formé le jugement et étendu les vues! Alors, 
c'était inévitable, et c'est ce qu’on reconnait. aujourd'hui : car ceux-ci 
étaient effectivement tenus de recourir à un autre mode d’études, qu'on 
disait, à tort, constituer une autre école. Il fut nécessairement un moment 
où la société dut se partager en deux classes: l’une qui s’employait à ap- 
prendre les faits de détail, et une autre qui arriverait à les coordonner et 
à les philosopher. Là ne sont donc point deux écoles rivales, comme on 
a affecté de le dire, mais deux ordres de développement du méme sujet, 
et dont les phases du, savoir suivant les temps font l'unique différénce. 
C’est de la même façon qu’il n’y a point non plus deux âges d’un caractère 
essentiel dans le développement d’un même être organisé. D'un premier 
savoir en histoire naturelle, de même que d’un premier état en physio- 
logie, l'on passe à des développements syubséquents, aux effets des trans- 
mutations youlues pour le progrès incessant des choses. 

» Buffon fut sans jeunesse : et dominé par son génie synthétique, par 


93... 


( 684 ) 
l'emploi de son principe des faits nécessaires, il arrivait d’un bond sur les 
phénomènes de la création ; il voyait d'ensemble la nature comme elle était 
de son temps , et, de plus, comme elle avait dù être dans le principe, et 
comme ses divinations la lui faisaient entrevoir dans le cours des âges. 

» Mais avec les généralisations de ses conceptions sublimes, il ne se met- 
tait point à la portée des nouveaux venus dans la science; entre ceux-ci et 
de plus forts étudiants, instruits déja dans l'art de la classification; des 
places intermédiaires étaient à remplir. De grands naturalistes, comme 
fut d’abord Linné, puis comme se montra un siècle après son illustre suc- 
cesseur, durent s’employer exclusivement aux études des faits de détail et 
vinrent élargir le cercle des idées. Et sous ce point du vue , il est connu 
que la Providence n’a point fait défaut à l'humanité; de cet âge à celui 
de la philosophie, il n’était qu'un pas à franchir. 

» Je disais tout-à-l’heure que Buffon seul avait pourvu au développement 
de son âge plus avancé. Et en effet, les naturalistes, ses contemporains, 
étaient trop préoccupés de leurs vues systématiques pour le suivre; ceci 
advint plus tard au flot populaire. Les beautés de l'œuvre monumentale de 
Buffon en firent seules la fortune; leur raison philosophique s’insinua dans 
toutes les classes. Ce grand ouvrage fut demandé en tous lieux , et de nos 
jours enfin, il fut réimprimé un nombre de fois indicible. 

» C’est cette révolution que mon article Buffon, celui sur la vie de ce grand 
philosophe , ses*ouvrages et ses doctrines (1), eut pour objet de faire com- 
prendre. Là, j'ai pu montrer Buffon, remplissant, peut-être trop tôt, ses 
devoirs de contemplateur synthétique des grandeurs de la création; je 
l'ai montré s'employant à part et en dehors des inspirations de la théo- 
logie; disant vivement à sa manière : Cœli enarrant gloriam Dei; puis, ré- 
vélant aux hommes avec un discernement plus réfléchi qu’il est une intel- 
ligence suprême, un souverain auteur de l'assemblage merveilleux des 
choses , toutes coordonnées selon des regles providentielles. Oui , arrivant 
de la sorte à cette hauteur de vues, honorons cet esprit vaste , qui conçoit, 
dans la profondeur de sa pensée et de ses sublimes divinations, le mé- 
canisme , le rangement, l’harmonie et l’ordre des choses dans la Nature. 

» Et c'est quand le livre de notre immortel et grand philosophe, vé- 
ritable prêtre de la Nature, notre éloquent explicateur des plus augustes 
mystères; et c'est quand son livre va courir de clocher en clocher, et 


(1) Fragments biographiques, im-8°, 1838, chez Pillot, libraire, rue Saint-Mar- 
üuu, 173. 


( 685 ) 


quand, de la statue de ce grand homme, il n’existait qu'une seule, qui fut 
établie d’abord si belle qu’il west entré dans l'esprit de personne de la re- 
produire, alors on se serait arrêté à la combinaison qu’une autre gloire de 
naturaliste donnerait lieu à une concurrence fatale. Un rival à Buffon, une 
autre Statue opposée à la statue de 1775, magnifique production, elle-même 
un monument remarquable des arts; et aujourd’hui mésestimée au point 
que, descendue de son piédestal, elle soit tristement reléguée dans une 
sorte de magasin! Est-ce là un fait caractéristique de notre âge, des savants 
de 1838? Je ne le puis croire. Aussi, contre ce fâcheux état de choses, je 
réclame avec confiance. 

» Avec confiance, je le répète. En effet, ne voyons là qu’une mé- 
prise à réparer. Dans le roulant et continu progrès du mouvement social, 
ceci a tenu à la nécessité de détruire le bâtiment où fut placée l’œuvre 
de Pajou.1l fallut én lan x1r pourvoir à l'agrandissement des cabinets, et on 
le fit, en instituant des salles où se trouvaient anciennement et la cage de 
l'escalier et, dans cet emplacement, le tabernacle décoré de la statue elle- 
même: 

» L'administration du Jardin du Roi en l'an xir, soigneuse de la mé- 
moire du second fondateur de l'établissement, veilla et délibéra sur la 
statue. Sera-t-elle reéplacée au centre des jardins? et lé plan primitif de 
son auteur aboutirait-t-il enfin à réaliser cette flatteuse destination? On 
craignit de compromettre ce chef-d'œuvre en l’exposant à l'inclémence des 
saisons à Paris, et l’on a fini par tomber d'accord sur cette idée : Buffon 
avait prévu que les mäsures anciennes du Jardin des Plantes seraient 
abattues pour faire place à un temple de la Nature en plusieurs bâtiments ; 
construction Qui, comme une grande Arche de Noé , recevrait plus digne- 
mernit les richesses de la terre ,contiendrait un échantillon de chaque pro- 
duction; et confiant dans cet avenir, on prit le parti de déposer la statue 
dans une place de l'actuelle bibliothèque. Le grand penseur serait censé 
avoir l'œil sur son livre immortel. 

» Mais, 6 bizarre destinée qui se joue impitoyablement des ‘vains pro- 
jets des hommes ! cette statue fut à peine assise là, que les livrés, afin 
qu'ils fussent dans un emplacement plus propice pour eux et pour les 
lecteurs, furent emportés ailleurs : Buffon y resta seul d'abord. Cependant, 
pour en employer la salle comme pièce du Cabinet, on y apporta plus tard 
des dépouilles de poissons:et des bocaux qui contenaient de ces animaux. 

» On avait perdu de vue des projets anciennement formés ; on s'était 
engagé à saisir la première occasion favorable de réndre à l’ancien inten- 
dant-administrateur du Jardin des Plantes ses anciens honneurs: et l’on 


( 686 ) 


crut ce moment arrivé, quand, en 1832, l'on vint à poser la premiere 
pierre du nouveau temple rêvé par Buffon. Les préparatifs consistaient 
dans la fondation d’un très long parallélogramme le long de la rue dite de 
Bufjon. 

» Comme l’on se livrait à l'étude du plan du nouvel édifice , un événe- 
ment funeste y apporta une cause de modification. G. Cuvier vint, par sa 
mort, remplir le Muséum et la Société d’un deuil universel. On songea 
généralement aux honneurs à consacrer à sa mémoire. «Que ce soit un 
mausolée magnifique, dirent ses amis ; à élever grandiose au milieu des 
plus magnifiques sépultures de la capitale. » Membre de l'administration 
du Jardin du Roi, je conçus un projet plus utile et à la gloire de Cuvier 
et à la continuation de nos travaux entrepris. Je crus l’occasion favorable de 
consacrer et d'honorer deux gloires non moins recommandables, et je pro- 
posai l'érection d’une statue pour Cuvier, à placer près de celle de Buffon, 
songeant à l'urgence de faire sortir celle-ci de sa position précaire. Que le 
long parallélogramme déjà tracé soit terminé par deux salons qui servi- 
raient à recevoir et à honorer les statues de nos deux grands naturalistes. 
Je fis cette proposition qu’admit effectivement l’ordonnateur des construc- 
tions. La gloire de l’un ajoutera à la gloire de l'autre: il ne séra plus 
question de rivaux à concilier, mais de.deux grandes intelligences à hono- 
rer également, quoique de portée et d’âges différents; ce sera un hommage 
à la mémoire de deux naturalistes dévoués qui nous apparaissent au titre 
de penseurs chers et vénérés de notre gloire française ! Je fis entrer dans 
ma proposition, dont le programme fut publié dans le Moniteur, à la date 

du 3 juin 1832, l'adoption et le placement définitif d’une autre statue 
faite en 1810 à Rome, admirable chef-d'œuvre de feu Dupaty,. jeune 
sculpteur placé au premier rang des élèves envoyés en Italie, et moissonné 
à la fleur de ses ans; ce fut en effet une magnifique et profonde pensée 
empruntée aux vues synthétiques de Lucrèce et de Buffon, que cet ou- 
vrage de Dupaty, réalisation symbolique de la Nature (1), alma parens 
rerum, ainsi que Dupaty la définit et qu’il la nomme. C’est l’enfantement 
des choses que des flammes créatrices de la vie vont pénétrer et animer 
pour se trouver lancées dans une éternité de magnifiques harmonies. 

» Dans le plan adopté par l'architecte, la Nature ainsi personnifiée 


(1) La Venus rerum genttrix créée par le sentiment poétique de Dupaty, a été com- 
prise comme une pensée physiologique et sert présentement de frontispice à l’œuvre 
de Dugès, nommée Physiologie comparée de | Homme el des Animaux. 


( 687 ) 


occupa le centre de l’édifice, quand ses deux interprètes appelleraient 
l'humanité à la méditation de ce mot sur la création , que Pline avait ren- 
fermée dans la proposition sceptique : Zdemque rerum naturæ opus; et 
rerum ips4 natur. 

» Nous touchons au moment de l’entière édification de cette premiere 
section du temple dela Nature; cette grande construction est destinée aux 
collections minéralogiques et géologiques : toutes les richesses de l'art et 
de la science vont s’y trouver réunies dans une mesure parfaite, savamment 
rangées et dans un ordre à devenir, pour le public du xrx° siècle, la 
source de grandes, nouvelles et pures jouissances. » 


PaysiQue. — Action magnétisante de l'électricité. 


‘A l’occasion d’une Note présentée dans la dernière séance, et ayant pour 
objet de faire voir que, dans certaines conditions, le courant électrique 
ne s'établit pas dans le vide entre les pôles d’une forte pile, M. 4rago an- 
nonce que M. Savary est depuis long-temps parvenu à produire l’aimanta- 
tion à l’aide de la décharge de l'électricité de tension développée parle frot- 
tement et déchargée instantanément à travers le vide. Pour citer unexemple, 
un tube de verre vide d’air et une tige de laiton d’un diamètre sensiblement 
égal à celui du tube, ayant été placés dans un même circuit , la décharge a 
également aimanté des aiguilles disposées à la même distance du tube et 
de la tige. 11 résulte de cette expérience que le mouvement électrique peut 
développer le magnétisme sans que la matière pondérable intervienne di- 
rectement dans cette action. 


ASTRONOMIE. — Comète à courte période. 


« M. pe Humsornr communique à l’Académie des observations de la 
comète à courte période, qui lui ont été transmises par M. Encke, direc- 
teur de l'Observatoire et secrétaire perpétuel de l'Académie de Berlin , dans 
une lettre en date du 20 septembre. La comète a été aperçue à Berlin , pour 
la première fois le 16 septembre par M. Gaile, aide-astronome à l'Ob- 
servatoire royal. Elle était extrèmement faible et ne pouvait être vue dis- 
tinctement qu’en la tenant dans le grand réfracteur de r4 pieds, au milieu 
du champ. Après une lieure, le mouvement était déjà sensible ; après 
quatre heures d'observation, il ne restait plus aucun doute. MM. ÆEncke 
et Gaille ont continué à observer la comète les 17 et 19 septembre. 
Comparée à l'éphéméride que M. Bremiker a calculé avec tant de soin, 
et que M. Encke vient de publier dans son Annuaire astronomique 


(Jahrbuch fur 1840, p. 300—309), avec le tracé graphique de l'orbite, 


( 688 ) 


les observations ont donné les différences suivantes : 


en ascension droite. en déclinaison. 
Sepaio métaiha avi oiesol Ne. Ars 
TP Et ee DE TNI2 20 NT NE ÉRT: 37 le tout en arc. 
LA PPT OPEN DE 1 cn LA PIE ACT CIE AC ES) Le 


» L’éphéméride présente par conséquent des quantités trop graudes ; 
les erreurs sont d’ailleurs très petites. En 1832 et 1835 les éléments n’a- 
vaient aussi été en erreur que de 1 à 2 minutes. La comète observée 
dans un si grand éloignement , paraît comme une nébuleuse très päle de 
> 2 minutes de diamètre. Pour la voir, il faut bien connaître la position 
que donnent avec tant de précision les tables de M. Bremiker. De jour 
en jour la comète augmente de lumière. » 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination de la Com- 
mission qui aura à juger les pièces adressées pour le concours au prix 
de Physiologie expérimentale. 

MM. Magendie, Serres, Flourens , Duméril, de Blainville réunissent la 


majorité des suffrages. 
MÉMOIRES LUS. 


Zooocre. — Mémoire sur le mécanisme de la respiration chez les Crustacés; 
par M. Mine Enwanps. 


( Commissaires, MM. de Blainville, Flourens et Audouin.) 


(Extrait par l’auteur.) 


« En traitant du mécanisme de la respiration chez les crustacés , je n’en- 
tends point parler de la partie physique du phénomène le plus essentiel 
de cette fonction, l'absorption de l’oxigène par les surfaces branchiales et 
l’exhalation de l'acide carbonique qui s'effectue par la même voie; je veux 
m'occuper seulement des moyens par lesquels la nature alimente pour 
ainsi dire ce travail, en renouvelant sans cesse les fluides destinés à 
subvenir aux besoins de la respiration, sujet qui est plus accessible aux 
investigations des physiologistes, et qui, cependant , n'avait pas encore été 
éclairé par l'expérience. 

» Chez les crustacés inférieurs ce mécanisme est des plus simples. Plu- 
sieurs de ces animaux ne paraissent pas avoir d’instrument particulier 
pour la respiration, et c’est par le contact de l'eau aérée avec toute la 


( 689 ) 
surface du corps que cette fonction doit alors s'effectuer ; or, pour renou- 
veler le liquide dont cette surface est baignée, il suffit des mouvements 
généraux de l’animal. Il en est encore de même lorsque certaines parties 
extérieures, telles que les pattes, sont modifiées dans leur structure de 
façon à devenir des organes spéciaux de respiration, ainsi que cela se voit 
chez les Branchiopodes et les Édriophthalmes ; mais chez les Crabes, les 
Écrevisses , et les autres crustacés supérieurs dont se compose l’ordre des 
Décapodes, les besoins de la respiration ne peuvent être satisfaits avec la 
même facilité, et pour que les branchies trouvent dans l’eau qui les baigne 
les qualités indispensables à l'entretien de la vie, le renouvellement de 
ce liquide doit nécessairement être déterminé par un mécanisme spécial. 

» En effet, chez tous ces animaux, les branchies au lieu d’être extérieu- 
res et de flotter librement dans l’eau ambiante, sont renfermées dans des 
cavités particulières qui ne communiquent au dehors que par des ouver- 
tures étroites. L'eau, il est vrai, peut arriver facilement jusqu’à ces organes ; 
mais pour que le liquide dont la cavité respiratoire se remplit soit re- 
nouvelé avec la rapidité et la régularité convenables , il faut qu’un cou- 
rant s’y établisse, et ce courant ne peut être déterminé que par le jeu de 
quelque appareil particulier. 

» C’est en effet ce qui a lieu, et l’on verra par les expériences dont 
je vais rendre compte, que les moyens mécaniqués mis en usage chez ces 
crustacés n'étaient pas connus des zoologistes , et diffèrent entièrement de 
ceux observés jusqu'ici chez d’autres animaux. 

» Dans la première partie du Mémoire dont je présente ici un extrait, je 
fais connaître la structure de cette cavité et des deux ouvertures par les- 
quelles elle communique au dehors ; cette description anatomique était 
nécessaire pour la solution de læ question que je m'étais proposée, mais 
me paraît trop longue pour que je la reproduise ici ; je passerai donc de 
suite à la partie physiologique de ce travail. 

» D’après le mode d'organisation qu'offre l'appareil respiratoire, on de- 
vait se demander, en premier lieu, si l’eau peut entrer dans la chambre 
branchiale et en sortir indifféremment par les deux orifices que cette ca- 
vité présente, ou bien si le liquide est obligé de suivre une route déterminée, 
et dans ce cas quels sont les usages de l’une et l’autre de ces ouvertures 
et quelle est la direction du courant qui baigne sans cesse les branchies. 

» Quelques expériences que j'ai faites de concert avec M. Audouin, il 
y a déjà plusieurs années, résolvent cette première question. 

» Nous placämes dans un vase rempli d’eau de mer un Maïa squinado 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 43.) 94 


( 6go ) 

bien vivant, en ayant soin de faire plonger dans le liquide l'un des orifices 
de la cavité respiratoire ( celui situé au devant de la base des pattes an- 
térieures ) et de maintenir l’autre ouverture au-dessus de la surface de 
l’eau. Les pattes-mâchoires externes étaient d’abord rapprochées et par 
conséquent le premier de ces orifices était fermé par le prolongement de 
l’article basilaire de ces organes, mais l'animal ne tarda pas à les écarter 
de façon à relever l’espèce de volet formé par cette. pièce solide, et 
alors nous vimes presque aussitôt l'eau monter dans le canal par lequel 
la cavité branchiale vient se terminer de. chaque côté de la bouche, et 
pendant toute la durée de l'expérience le liquide ne cessa de déborder 
par son extrémité. j 

» Nous renversàämes ensuite l'animal de façon à maintenir au-dessus du 
niveau de l’eau l'ouverture qui auparavant y était plongée, et à placer dans 
ce liquide l'extrémité du canal qui, dans l'expérience précédente, était.ex- 
posée à l'air. Le crabe fit mouvoir comme auparavant ses pattes-mä- 
choires, mais il n’arriva pas une seule goutte d’eau aux bords de l'ouver- 
ture ainsi soulevée, et nous remarquâmes bientôt qu’un grand nombre 
de bulles d’air s’échappaient de l'orifice du canal immergé , de la même ma- 
nière que nous avions vu l’eau en sortir quand l'appareil était en communi- 
cation avec ce liquide par l'ouverture postérieure de la cavité branchiale. 

» Ces expériences , que j'ai répétées sur un grand nombre de crustacés 
différents et que j'ai variées de diverses manières sans en voir changer les 
résultats, prouvent que c’est par l'ouverture située près de la base des 
pattes que l'eau nécessaire à la respiration pénètre dans la cavité bran- 
chiale, et que c’est par un canal situé de chaque côté de la bouche qu’elle 
en sort après avoir baigné les branchies. 

» La position et la conformation de ce canal efférent ne change: pas 
dans tout l’ordre des Décapodes, mais la disposition de l'ouverture affé- 
rente de la cavité respiratoire varie, et au premier abord on pourrait croire 
que chez les Leucosiens et les Ranines elle n'existe même pas, de sorte 
que l’eau serait obligée d'entrer dans la chambre branchiale par la même 
voie qui d'ordinaire sert exclusivement à la sortie de ce liquide; mais il 
n’en est pas ainsi, et l’orifice afférent ne manque jamais, seulement il est 
quelquefois situé à la partie antérieure de la tête et d'autres fois sous l’ori- 
gine de l'abdomen, comme on peut le voir dans les dessins que je place 
sous les yeux de l’Académie. 

» Ainsi la règle constante, chez les crustacés décapodes, c’est que la 
chambre branchiale soit mise.en communication avec le milieu ambiant par 


(6gr ) 
deux ouvertures distinctes, dont l’une est affectée exclusivement à l’en- 
trée de l’eau nécessaire à la respiration, et l’autre à l’évacuation de ce li- 
quide lorsqu'il est devenu impropre à l'entretien de la vie. 

» Ayant constaté la constance de la direction du courant qui baigne les 
organes respiratoires de tous les crustacés décapodes, et ayant reconnu la 
route que ce courant parcourt tant pour entrer dans la cavité branchiale 
que pour en sortir, il fallait chercher la cause de ce mouvement. 

» La cavité respiratoire des’ Décapodes ne peut se dilater et se con- 
tracter tour à tour comme le thorax des animaux supérieurs, et par 
conséquent me peut fonctionner comme celui-ci, à la manière d’une 
pompe. Il n'existe aussi, chez ces animaux, aucune communication 
entre l’arrière-bouche et l'appareil respiratoire, en sorte que des mou- 
vements de demi-déglutition ne peuvent suppléer à l'absence des mou- 
vements d'inspiration ordinaire, comme cela se voit chez les poissons et 
chez quelques reptiles. Connaissant ces particularités de structure, M. Cu- 
vier avait cherché à se rendre compte du renouvellement de l’eau qui 
baigne les branchies des crustacés décapodes, par les mouvements des 
appendices flabelliformes fixés aux pattes-mâchoires des Crabes, ou logés 
entre les divers faisceaux branchiaux chez les Écrevisses. Mais si une fonc- 
tion aussi importante était réellement dévolue à ces organes, on devrait 
s'attendre à les rencontrer partout où la respiration nécessite un pareil 
renouvellement d’eau aérée, c’est-à-dire chez tous les Décapodes. Or, l’ana- 
tomie comparée nous fait voir que les appendices flabelliformes sont bien 
loin d'exister d’une manière aussi constante, car, chez un grandnombre de 
Macroures et d’Anomoures, ces appendices manquent complétement ou 
bien se trouvent réduits à un état de mollesse ét de flexibilité si grande 
qu’ils ne pourraient servir comme agents d’impulsion. 

» Il était par conséquent bien probable que le renouvellement de l’eau 
nécessaire à la respiration devait être déterminé par quelque autre instru- 
ment, et il existe, en effet, d’autres organes qui semblent réunir toutes 
les conditions nécessaires pour les rendre propres à ce rôle important : ce 
sont les appendices que les zoologistes désignent sous le nom de méchoires 
de la seconde paire. En observant , avec M. Audouin, le jeu de cès organes, 
nous n'avons pas hésité à les considérer comme la cause de ce phénomène 
mécanique, et les expériences que j'ai tentées depuis confirment pleinement 
cette opinion. 

» Dans les Édriophthalmes et les Stomapodes qui, par l’ensemble de leur 
organisation, se rapprochent le plus des Décapodes, ces mâchoires ne pré- 


94. 


( 692 ) 

sentent qu’une série de lames cornées qui s'appliquent sur la bouche et 
qui concourent avec quelques autres appendices analogues à retenir les 
aliments pendant que les mandibules les divisent. Chez les Décapodes on 
retrouve aussi cette partie buccale des mâchoires postérieures, mais elle 
ne forme pas la portion la plus importante de ces organes; celle-ci consiste 
en une grande lame ovalaire qui est logée dans le canal efférent de la ca- 
vité branchiale, et qui, fixée vers le milieu de son bord interne, bat 
comme sur un pivot. Par suite de ces mouvements cette lame cornée bou- 
che, avec sa partie antérieure, le canal qui le renferme, puis relevant 
obliquement son bord postérieur, frappe d’arrière en avant l’eau qui la 
baigne, et la chasse au-delà de l’espèce de valvule formée par son bord an- 
térieur; celui-ci se relève aussitôt, comme un clapet, pour s’opposer à la 
rentrée de l’eau, et tant que l'animal continue à vivre, ces mouvements se 
répètent avec une rapidité extrême. 

» Pour m'assurer si les battements de cette valvule suffisent pour l’éta- 
blissement d’un courant dans le canal efférent de l'appareil respiratoire, 
j'ouvris largement la cavité branchiale sur un Crabe vivant, et, sans retirer 
l'animal de l’eau où il était plongé, j’enlevai toute la voûte de cette cavité 
en ayant soin de ne pas léser le canal efférent. Ce canal se trouvait par 
conséquent isolé, et si le courant qui le traverse d'ordinaire était déter- 
miné par quelque agent d'impulsion situé ailleurs que dans son intérieur, 
ce courant se serait nécessairement arrêté à la suite de l’opération que je 
viens d'indiquer. Mais loin de là, il a persisté, et sa rapidité même n’a pas 
été sensiblement diminuée. 

» Dans une autre expérience, j'ai laissé intacte la cavité respiratoire ; mais 
j'ai maintenu dans l’immobilité les pattes-mâchoires dont les mouvements 
déterminent ceux des appendices flabelliformes, considérés généralement 
comme les agents mécaniques de la respiration, et ici encore le courant 
formé par beau qui sort de cette cavité n’a été ni arrêté ni ralenti. 

» Enfin, dans une troisième expérience faite également sur un Crabe 
vivant, j'ai coupé à la base de la grande valvule mandibulaire les muscles 
qui font osciller cet organe. Le courant dont la cavité branchiale est tra- 
versée, s’est alors arrêté immédiatement, et en faisant agir les appendices 
flabelliformes, je n’ai pu rétablir le mouvement du liquide. 

» Des expériences analogues, faites sur d’autres brachyures, ainsi que 
sur des Macroures, ont donné les mêmes résultats. 

» Il est donc évident que ce sont les mouvements oscillatoires de cette 
espèce de palette qui déterminent la sortie de l'eau renfermée dans la 


(693 ) 

vité branchialé, sortie qui détermine à son tour l'entrée d'une quantité 
correspondante du liquide ambiant par les autres orifices aboutissant au 
dehors, et qui assure de la sorte le renouvellement de l’eau aérée néces- 
saire pour subvenir aux besoins de la respiration. Cette valvule est par 
conséquent une des pièces les plus importantes de l'appareil respiratoire 
des crustacés décapodes, et cette importance nous explique pourquoi son 
mode de conformation varie si peu dans toute cette grande division z00- 
logique, tandis que dans les autres groupes de la même classe, où des dis- 
positions différentes du système branchial rendent son jeu inutile, on n’en 
voit aucun vestige. 

» Quant aux appendices flabelliformes , ils ne peuvent guère servir qu’à 
agiter l’eau contenue dans la cavité branchiale, et sont incapables de déter- 
“miner le renouvellement de ce liquide, phénomène sans lequel la vie cesse- 
rait bientôt d’être possible. Chez quelques Décapodes, et surtout chez les 
Crabes, ils peuvent contribuer aussi à maintenir les lamelles branchiales 
libres-entre elles, et à empêcher qu’en s’accolent elles ne Viennent à dimi- 
nuer l'étendue de la surface en contact avec l’oxigène du milieu ambiant, 
circonstance dont l’influence sur la respiration des animaux aquatiques a 
été démontrée par les expériences de M. Flourens. 

» Si l'on compare maintenant au jeu de l'appareil respiratoire des autres 
animaux le mécanisme que je viens de décrire, on verra qu'il diffère es- 
sentiellement de tout ce qui est connu jusqu'ici chez les crustacés décapo- 
des; cet appareil ne représente plus une pompe alternativement aspirante 
et foulante comme chez les vertébrés supérieurs, ni une pompe simple- 
ment foulante comme chez certains reptiles ; mais un instrument d’'hydrau- 
lique particulier, à parois immobiles, dans lequel un système de palettes 
vient battre le fluide de facon à en rejeter sans cesse une certaine quantité 
au dehors, et, par conséquent à déterminer dans la cavité située derrière 
lui un courant rapide , qui s’alimente par d’autres orifices dans le milieu 
ambiant. Ce mécanisme curieux rappelle d'une manière frappante celui de 
certains appareils de ventilation dont nos ingénieurs se servent pour re- 
nouveler l'air vicié dans l'intérieur des mines ou des égouts, et il nous 
fournit un exemple nouveau de la diversité des moyens que la nature em- 
ploie souvent pour arriver à un méme résultat. 

» Il est aussi digne de remarque, que l'instrument affecté à cet usage in- 
solite n’est pas un Organe nouveau introduit ad hoc dans la structure des 
crustacés à branchies intérieures, mais un appendice qui existe dans tous 
les animaux de cette classe, et qui est seulement en partie détourné de sa 


(694 ) 
destination ordinaire, et légèrement modifié dans sa conformation pour 
devenir apte à remplir ses fonctions nouvelles. » 


Oprique. — Mémoire sur les couleurs des doubles surfaces à distance ; 
par M. Basiner. 


(Commissaires, MM. Arago, Savary.) 
I. Double surface dans la lumière convergente. 


« En étudiant par l'expérience et par la théorie la diffraction dans la 
lumière convergente (1), dont les phénomènes comme le calcul diffèrent 
essentiellement de ceux de la diffraction ordinaire, j'ai été conduit à inter- 
poser une plaque transparente à faces parallèles sur le trajet des rayons 
convergents qui allaient au foyer d’une lentille former l'image d’un point 
lumineux unique placé à l’autre foyer conjugué. Le résultat de cette inter- 
position, pour peu que les faces de la plaque fussent ternies ou couvertes 
de poussière, en un mot, rayonnantes, était l'apparition d'anneaux con- 
centriques à l’image focale du point lumineux, sous l'incidence perpendi- 
culaire , anneaux dont le diamètre augmentait avec la distance de la plaque 
au foyer de la lentille, et diminuait avec son épaisseur. En ternissant alors 
convenablement les deux surfaces avec de l’eau laiteuse (ce que j'ai fait 
depuis avec du vernis de dextrine), les couleurs des anneaux deviennent 
de très bonne qualité. Autour du centre brillant, occupé par l’image fo- 
cale, est un espace circulaire blanc qui se termine en anneau rouge et 
ensuite en anneaux colorés, suivant l’ordre des anneaux de Newton. 
Si l’on incline la plaque, les anneaux cessent d’être concentriques à l’image 
focale; il se forme un anneau blanc dont la circonférence passe constam- 
ment par cette image. Cet anneau principal est accompagné intérieure- 
ment et extérieurement de plusieurs systèmes d’anneaux concentriques 
dont les couleurs à partir de l'anneau blanc sont semblables à ce qu'é- 
taient celles des anneaux autour du centre lumineux, dans-le cas de lin- 
cidence perpendiculaire, et son centre est sur la direction de la perpendi- 
culaire abaissée du foyer sur la plaque à faces parallèles. Si les anneaux 
sont produits par une plaque réfringente , alors la formule est 


(1) A l’occasion des phénomènes colorés que M. Arago a observés en étudiant l’image 
des étoiles dans des lunettes dont l'objectif est réduit par un diaphragme. 


(695 ) 

dans laquelle r est le demi-diamètre du premier anneau, a la distance de 
la surface postérieure au foyer, À l'intervalle fondamental des interfé- 
rences , m le rapport de réfraction et e l'épaisseur de la plaque ou la dis- 
tance de ses deux surfaces. 

» Si l'on substitue à la lame réfringente ou plutôt à ses deux surfaces 
rayonnantes deux lames de mica parallèles ternies par un peu de vernis, 
et situées à la même distance, soit entre elles; soit par rapport à l'image 


focale, la formule est 
AUATE 


dont les lettres ont la même acception que précédemment avec 
a = 100 millim., e = 10 millim. et À — = millim. On trouve r égal à 
un peu plus d’un millimètre. 


» Il est évident que les anneaux sont produits par l'interférence des 
rayons émanés de la première surface, par dissémination, et propagés 
tout à l’entour du foyer, avec les rayons qui sont disséminés seulement à 
la sortie de la plaque et par la seconde surface. Chacun des points voisins 
du point lumineux focal reçoit alors une infinité de doubles rayons que le 
calcul démontre être simultanément tous d'accord ou tous en opposition 
deux à deux suivant la distance de ce point à l’image focale. 


11. Expérience des deux fils. 


» Pour obtenir un phénomène plus simple, et pour n'avoir que deux 
rayons interférents au lieu d’une infinité, j'ai formé une ligne lumineuse 
au foyer d’une lentille cylindrique, et j'ai reçu la lumière divergente sur 
deux fils métalliques polis tendus parallèlement entre eux et àla ligne lumi- 
neuse. Il faut, dans ce cas, que les trois lignes soient presque dans le même 
plan , autrement on serait obligé de ne mettre que peu de distance entre 
les deux fils destinés à disséminer la lumière. Si l’on place ensuite l'œil cu 
le foyer de la loupe oculaire en un point tel que la somme des distances 
de la ligne lumineuse à l’un des fils, plus la distance de ce fil à l'œil 
soit égale à la distance de la ligne lumineuse au second fil, plus la dis- 
tance de ce fil à l'œil, il est évident qu’alors l'œil et la ligne lumineuse 
sont aux deux. foyers d’une ellipse dont le grand axe est la somme des 
distances indiquées. À ce point, et dans les points voisins, les rayons ré- 
fléchis par: les, deux fils ayant une origine commune, interféreront et 
donneront des franges perceptibles si l'angle qu'ils forment entre-eux n’est 


( 696 ) 

pas trop grand, et la formule sera la même que pour la double surface 
de mica, en remplaçant la distance des deux surfaces par l'intervalle des 
fils métalliques mesuré perpendiculairement aux rayons qu'ils réfléchissent 
vers les franges d'interférence. La mesure de ces franges, par un micro- 
mètre de verre interposé sur le trajet en avant de la loupe oculaire, donne 
aussi le même résultat que la mesure du demi-diamètre des anneaux. Dans 
cette expérience il ne faut pas prendre la loupe oculaire d’un foyer trop 
court si l’on vient à avoir des franges d’un éclat un peu vif. 


TIT. Couleurs des plaques épaisses de Newton. 


» Dans l’expérience connue de Newton sur les couleurs des plaques 
épaisses, si l’on incline le miroir de manière que le trait réfléchi ne re- 
passe plus par l'ouverture qui donne entrée aux rayons incidents, on ob- 
serve un anneau lumineux blanc qui passe constamment par l'ouverture et 
par l’image réfléchie par le miroir. Cet anneau est accompagné d’anneaux 
colorés concentriques intérieurement et extérieurement ; et le phénomène 
est le même que celui que produit la plaque épaisse dans le faisceau con- 
vergent quand la plaque est inclinée. Il était donc assez naturel de 
chercher la connexion des deux expériences. C’est ce que je fis plus tard, 
et l'on peut en effet passer de l’une à l’autre, en observant que dans 
l'expérience de Newton le miroir rend les rayons convergents après qu'ils 
ont traversé la première surface, et qu'ils traversent de nouveau cette pre- 
mière surface après leur réflexion sur le miroir et que les couleurs sont 
produites par l’interférence des rayons disséminés à là première surface du 
miroir de verre et réfléchis régulièrement par la surface concave avec 
ceux qui ne sont disséminés qu’à leur retour du miroir, les uns et les 
autres ayant parcouru deux fois la distance du point iumineux à la sur- 
face antérieure du miroir et deux fois l'épaisseur de la plaque épaisse qui 
forme celui-ci. 

» On sait que Newton avait rapporté ces anneaux aux anneaux des 
plaques minces ; les interférences en donnent aujourd’hui la vraie théo- 
rie, aussi bien que celle de l’expérience du duc de Chaulnes. Pour ne point 
trop allonger cet extrait, je renvoie aux notes mathématiques qui en sont 
le fondement. On y verra que ces formules s'accordent non-seulement 
avec les mesures de Newton, mais encore avec celles qui sont contenues 
dans, le 4° volume de la Physique de M. Biot, lequel renferme un travail 
expérimental très précieux de MM. Biot, Pouillet et Deflers, qui dispense de 
toute nouvelle expérience dans cette branche de la physique. On y trouve 


( 697 ) 


de plus une expérience de M. Pouillet, qui embarrasse beaucoup toute 
autre théorie que celle des interférences, comme on peut le voir dans 
l'ouvrage cité. Je:vais en faire l'objet du numéro suivant. 


IV. Expérience de M. Pouillet. 


» Devant un miroir métallique, concave, à une distance convenable, on 
place le bord rectiligne d’un écran et l'on obtient par réflexion des anneaux 
circulaires au foyer ordinaire du miroir (voyez la Physique de M. Biot, 
t. IV, et les notes du présent Mémoire). Dans la théorie de ces anneaux 
par les interférences, il ne résulte aucun embarras de cette circonstance si 
singulière dans l’autre théorie. Les anneaux ne dépendent que des systèmes 
individuels de doubles rayons revenant à l'écran, et l'éclat seul des anneaux 
dépend de leur nombre. Un fil rectiligne, aussi bien que le bord d’un 
écran, en donnerait encore qui seraient aussi circulaires et de même dia- 
mètre, si la distance du fil au miroir était la même que celle du bord rec- 
tiligne de l'écran. Il ne reste donc plus de doute sur l'explication de ce 
fait singulier, et la même formule s’y applique comme au cas de l'expérience 
du duc de Chaulnes. 


V. Expérience de M. Queteler. 


» Si l'on ternit une glace ordinaire d'appartement, en soufflant légère- 
ment dessus, ou bien y faisant adhérer un peu de poussière ou de sciure 
de bois (il faut éviter le Lycopode et les poussières à grains égaux, qui 
donnent d’autres anneaux à cause de cette particularité même), on voit 
de part et d'autre de l’image de la lumière d’une bougie que l’on regarde 
dans la glace, en la tenant près de l'œil et un peu de côté , une belle série 
de franges courbes colorées, dans lesquelles la flamme occupe le milieu 
d’une bande blanche, escortée de part et d'autre de franges colorées à 
couleurs récurrentes. Il est aisé de voir que ces franges naissent des rayons 
qui ont traversé deux fois l'épaisseur de la glace, les uns disséminés en 
entrant et revenant après la réflexion dans une direction autre que celle 
de la réflexion principale, et les autres disséminés à leur retour du fond de 
la glace par la même surface, et coïincidant en direction avec les pre- 
miers. La théorie de ces franges courbes ou anneaux est encore plus 
simple que celle des anneaux des plaques épaisses mises dans la lumière 
convergente, car l'expression de leur demi-diamètre est linéaire au lieu 
d’être donnée par un radical. 

» Il semble qu’il devrait être facile de reproduire ces franges de M. Que- 

CR. 1838, 2° Semestre. (T. VII, No 15.) ; Où 


( 698 ) 
telet avec une plaque dépolie placée presque perpendiculairement entre 
une bougie et l'œil; cependant je n’y ai point encore réussi : peut-être 
est-il nécessaire que l’œil et la bougie soient à la même distance de la 
plaque, pour mieux reproduire les circonstances ordinaires de l'expérience 
primitive. Ce sera l’objet d’une petite recherche pratique ultérieure. 


VI. Anneaux produits par certaines lames de mica. 


» Je terminerai ce Mémoire sur les couleurs des doubles surfaces à distance 
par un dernier fait du même genre que la nature nous offre dans certains 
échantillons du mica ordinaire à deux axes optiques. En étudiant dans 
le mica les phénomènes d’astérie qui sont très variables et rappellent le 
jeu du kaléidoscope, j'ai trouvé qu’en regardant une bougie au travers de 
certaines parties de certains échantillons de mica, il se produit des an- 
neaux colorés concentriques à un anneau noir dont la circonférence, 
comme celle du cercle parhélique dans d’autres cristaux, passe constam- 
ment par la flamme de la bougie, tandis que son centre coïncide avec la 
direction de la perpendiculaire abaissée du centre de l'œil sur la plaque 
qui produit les anneaux. L’explication de ces couleurs semble se rappor- 
ter de suite à celle de l'expérience du n° I, mais il reste à deviner ce qui 
produit ici la convergence des rayons. Est-ce une double réflexion spécu- 
laire sur une surface concave produite accidentellement dans la lame de 
mica, ou bien une concavité produite par un renflement ou boursoufle- 
ment intérieur? C’est ce que je ne puis décider quoique j'aie disséqué 
plusieurs de ces lames d’une part, tandis que de l’autre j'ai essayé tout 
aussi inutilement de reproduire cette constitution optique dans les lames 
en les frappant d’un marteau à tête sphérique bien polie et convexe. En- 
fin, j'ai aussi essayé sans succes des combinaisons artificielles de lentilles 
courbes et planes. Je dois convenir cependant que je n’ai pas attaché à 
ces expériences accessoires une importance assez grande pour y sacrifier 
plus de temps et de dextérité: Ainsi donc, sans insister sur la théorie de 
ce fait, je l’inscrirai comme une nouvelle propriété optique d’un minéral, 
et je le joindrai aux autres caractères optiques que j'ai déjà eu l’honneur 
de soumettre à l’Académie dans un précédent Mémoire. » 


( 699 ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CHIMIE ORGANIQUE. — Mémoire sur les propriétés chimiques des Baumes ; 
par M. Epmowr Fremy. 


(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze.) 


«Les baumes, dit M. Fremy, résultent en général du mélange de plusieurs 
corps et présentent cependant une composition assez simple. Quand on 
remonte à leur origine et qu’on vient à les débarrasser des sabstances qui 
ne sont que secondaires, on peut dire qu’un baume primitif est un mélange 
de deux matières: l’une est liquide et ressemble tout-à-fait à un corps gras; 
l'autre est cristalline et possède des propriétés qui la rapprochent de l’huile 
d'amandes amères. On voit donc que l'étude des baumes doit être bien 
intéressante puisqu'elle se rattache à l’histoire des corps que tous les chi- 
mistes regardent peut-être comme les plus importants de la chimie orga- 
nique. 

» La matière liquide des baumes que l’on trouve en très grande quantité 
dans le baume du Pérou noir, dans le baume de Tolu, et quelquefois en- 
core dans le benjoin, a été nommée Cinnaméine. 

» On ne peut mieux la comparer qu’à l’oléine; elle se présente comme 
elle, et comme elle aussi elle se saponifie sous l'influence de la potasse, 
en donnant naissance à un sel de potasse et à une matière neutre volatile 
qui a été appelée Péruvine. 

» L’acide qui s’est formé dans cette espèce de saponification n’est autre 
chose que de l’acide cinnamique. C’est la cinnaméine qui, en s’appropriant 
les éléments de l’eau, forme les résines que l’on retrouve dans tous les 
baumes. Toutes Les résines ont été analysées et ont toutes la même compo- 
sition. 

» On peut instantanément transformer la cinnaméine en résine en la 
traitant par l'acide sulfurique concentré. Cette résine a la même compo- 
sition que celle qu’on peut retirer des baumes. 

» Quant à la matière cristalline que l’on retrouve encore dans les baumes, 
surtout dans le baume du Pérou, elle a la composition de l’hydrure de 
cinnamyle, C''H“0*,H*, et en présente toutes les réactions; elle se trans- 
forme, sous l’influence de la potasse, en cinnamate de potasse avec déga- 
gement d'hydrogène. C’est cette matière qui, par son oxidation, donne 


95. 


( 700 ) 

l'acide cinnamique qui préexiste dans les baumes de Pérou et de Tolu, car 
ce n’est pas de l’acide benzoïque que l’on y trouve, comme on l'avait cru 
jusqu’à présent. Quant à cette classe de baumes qui, comme le benjoin, 
présentent de l’âäcide benzoïque, ils ont été formés de la même manière 
que les baumes précédents; c’est toujours la cinnaméine qui a donné nais- 
sance à la partie résineuse, car on en retrouve quelquefois dans le ben- 
join, et l’acide benzoïque s’est formé par l’oxidation d’une substance iso- 
mérique avec l’huile d'amandes amères. 

» On voit donc que les baumes sont maintenant des corps bien caracté- 
risés qui dérivent presque tous des mêmes principes, et qui ne sont diffé- 
rents que parce que les éléments de l'air ont agi inégalement sur eux. » 


GéoLoGiE, — Note sur le terrain crétacé du département de l'Aube; par 
M. Arexanore Leyuenrre, 


(Commissaires, MM. Cordier, Beudant.) 


« On ne comprenait autrefois dans le terrain de craie que la craie miné- 
ralogique : plus tard, des considérations de fossiles et de passage détermi- 
nerent les Anglais à réunir à ce terrain les couches arénacées et argileuses 
qui forment leur Greensand; plus tard encore, un certain nombre. de géo- 
logues ajoutèrent à ce groupe les couches des Fealds , de Hasting et de 
Purbeck. 

» Jusqu'à présent, on avait considéré la craie du nord de la France 
comme, étant uniquement composée des deux premiers de ces trois élé- 
ments; mais depuis que les géologues suisses ont fixé l'attention du monde 
savant sur le calcaire jaune et les marnes à grandes exogyres des environs 
de Neufchâtel, terrain dans lequel on a trouvé un grand nombre de fos- 
siles crétacés avec des fossiles propres qui ne pénètrent qu’en très petite 
quantité, peut-être même nullement , dans le système jurassique auquel il 
est superposé, on s’est déterminé à ranger dans le groupe crétacé ces couches 
inférieures au grès vert, lesquelles peuvent être considérées comme repré- 
sentant sur le continent le terrain wealdien qui sert de base à la craie 
d'Angleterre. 

» Depuis, on a reconnu cette assise réocomienne en plusieurs autres 
lieux, et notamment dans le département de la Haute-Saône, de l’autre 
côté du Jura, et jusqu’en Crimée; enfin je me crois en , état de démon- 
trer que celte même assise existe sous le Greensand bien caractérisé 
qui borde la craie proprement dite à l'est du bassin de Paris. C'est prin- 


(701) 


cipalement dans le département de l'Aube, qui occupe à peu pres la 
partie centrale de la‘zone néocomienne dont il est ici question, que j'ai 
fait mes recherches, et comme les autres membres de la formation créta- 
cée de cetté contrée n’ont jamais été décrits, quoiqu'ils présentent des ca- 
ractères propres dignes de tout l'intérêt'des géologues, j'ai cru devoir 
embrasser dans un travail que j'espère soumettre prochainement au juge- 
ment de l'Académie tout le système crétacé de cette partie de la France. 

» J'ai été: conduit ‘tout naturellement à le diviser en quatre étages, 
savoir. : 

» 1°. La craie proprement dite. — Gomprenant la craie blanche à silex 
pyromaques en cordons horizontaux et à belemnites mucronatus , et la 
craie tufau caractérisée par une assez grande proportion de marne, par la 
présence des ammonites et des nautites, et par l'absence où la rareté 
des silex. La plus grande ‘partie de la craie de l’Aube est intermédiaire 
entre ces: deux'types : elle ne contient ordinairement ni les bélemnites ni 
les ammonites qui caractérisent particulièrement les extrémités. (Puissance, 
environ 200 mètres.) 

» 2°. Le grès vert et ses argiles. — Composé: principalement d'argiles 
au milieu desquelles viennent s’intercaler çà et là quelques masses de grès 
souvent d'une couleur verte. Ces argiles et ces grès prennent en certains 
points des fossiles qui présentent beaucoup d’analogie avec ceux du Gault 
(-partie moyenne du Greensand des Anglais). Dans-la partie inférieure 
paraît une grande Exogyre, Exogyra aquila Goldf. ou sinuata (Sow.). 

» Je rapporte cet étage en masse au Greensand. (Puissance, 100 à 
150 mètres.) 

» 3°. Les argiles bigarrées et lumachelles. — Ta roche dominante de 
cet étage est encore une argile, mais qui offre des caractères bien diffé- 
rents de ceux de l'argile précédente. Elle présente des taches d’un rouge 
vif, jaunes.et verdâtres ,:sur .un:fond de couleur claireielle est très réfrac- 
taire et ne contient pas les fossiles du Gault; elle renferme des couches 
minces ou..plutôt des rangées de ‘dalles de lumachelle à Ostrea sandalina , 
et autres, Ostracées.-Ony:trouve aussi des'sables et des couches de mine- 
rai. de fer, oolithique exploité. 

». Cet,étage est séparé du:suivant par une couché d'argile bleue à exo- 
gyres, plus petites et plus étroites que l'Exogyra aquila, citée plus haut 
à la base du deuxième étage. (Puissance, 60 à 80 mètres.) 

» 4, Le calcaire néocomien. — Calcaire ordinairement assez grossier, 
d’une couleur grisâtre ou jaunâtre , en couches d’une assez faible épaisseur, 


( 702 ) 
composées elles-mêmes d'amandes irrégulières mélées de terre jaunâtre. 
Ce calcaire renferme souvent des oolithes ferrugineuses disséminées; il est 
caractérisé par une assez grande quantité de fossiles, dont les uns lui sont 
propres (4mmonites asper, Pholadomia langü, Terebratula rostrata , etc.); 
et les autres sont évidemment crétacés (Pecten quinque costatus, Trigonia 
aliformnis, ete., etc.) (Puissance, 20 à 25 mètres.) 

» Un certain nombre des fossiles du calcaire néocomien paraissait aussi 
dans le troisième étage. Je citerai particulièrement le Spatangusretusus (1). 
Je considere ces deux étages, bien séparés dans le département de l'Aube, 
mais qui s’enchevêtrent ailleurs , comme analogues au terrain néocomien 
de la Suisse, et je les rapporte au terrain wealdien d'Angleterre. 

» J'ai été assez heureux pour observer, en un grand nombre de points, la 
superposition immédiate de mon quatrième étage au calcaire compact, Port- 
landien, bien caractérisé dans le département de l'Aube, aussi bien que 
le Kimmeridge clay sur lequel il repose, par lExogyra virgula , que je 
n'ai jamais rencontrée dans aucune partie du groupe crétacé. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— /nstrument donnant par un procédé mécanique les 
intégrales des surfaces. 


M. Rossi écrit qu'il a fait exécuter «une machine destinée à déterminer 
les aires des courbes qui se présentent souvent dans les arts, et notam- 
ment dans les problèmes d'architecture navale, avec des caractères géomé- 
triques qui les rendent inaccessibles au calcul», il demande que l’Académie 
se fasse rendre compte de cet instrument, 


(Commissaires , MM. Poncelet, Coriolis, Sturm.) 


CORRESPONDANCE. 


M. ze Ministre pes Travaux PugLICS, DE L'AGRICULTURE Er pu ComMERcE 
rappelle la demande qu'il a faite précédemment à l’Académie d’Instructions 
sur les moyens propres à soustraire la graine des vers à soie expédiée de 
Chine en France, à l'influence des chaleurs tropicales pendant la traversée. 

La Commission qui avait été chargée de s’occuper de cette question est 
invitée à hâter son travail; MM. Arago et Gaudichaud sont adjoints aux 
Commissaires déjà nommés. 


(1} J'ai trouvé aussi ce fossile dans le grès vert. Il ne peut donc plus suffire pour 
caractériser le terrain néocomier. 


( 703) 


ÉconomiE RURALE. — Procédés usités en Chine pour l'extraction de la 
matière colorante du Polygonum tinctorium. 


M. Sramiscas Juin adresse la traduction de plusieurs passages relatifs 
à divers procédés employés en Chine pour l'extraction de la matière co- 
lorante du Län (Polygonum tinctorium des botanistes). 

Ces passages sont extraits de divers ouvrages chinois qui font partie 
de la bibliothèque de l’auteur, et d’une petite Encyclopédie technologique 
que possède la Bibliothèque du Roi. 


Extrait du Thien-kong-khaï-we , liv. I, fol. 5o. 


« Toutes les espèces de Zän viennent de graines, à l'exception de 
celle qu'on appelle Tcha-lan (cest-à-dire Zén qui ressemble à l'arbre 
à thé). Sur la fin de printemps, la tige commence à pousser. En juillet on 
recueille les graines, et dans le mois suivant on coupe le corps de la plante 
pour préparer le bleu appelé Tien. Voici la méthode que l'on suit : 

» Lorsqu'on a beaucoup de feuilles et de tiges , on les met dans un bassin 
creusé en terre et bien cimenté. Lorsqu'on en a peu, on les met dans des 
seaux en bois ou dans de grandes jarres de terre, et on les fait macérer 
dans l’eau pendant sept jours. Le suc bleu sort de lui-même. Par chaque 
chi (mesure de 10 £eou , ou boisseaux chinois) d’eau glutineuse, on ajoute 
5 ching (ou 1 + Helen) de chaux; ensuite on bat le liquide un grand 
Pre de fois (jusqu'à 1000 coups, suivant l'Encyclopédie japonaise), à 
l'aide d'un bâton de bambou. La couleur bleue ne tarde pas à se prendre. 
Lorsque le liquide à été laissé en repos pendant un temps suffisant, le bleu 
se trouve à l’état pur au fond du vase. 

» Depuis quelques années, ajoute l’auteur, les agriculteurs de la pro- 
vince de Fo-Kien ne cultivent plus que l'espèce appelée 7cha-lan , c’est- 
à-dire le Zän qui ressemble au thé, parce qu’elle est beaucoup plus pro- 
ductive que toutes les autres. 

» L’écume qui flotte à la surface des vases se recueille avec soin. On la 
fait sécher, et on l’appelle alors Tien-hoa, ou fleur de bleu... 


Extra itd’un autre ouvrage intitulé : Kiung-fang-pou, liv. I, fol. 21 verso, section 
des Plantes. 


» Avant et après le solstice d'été, lorsqu'on voit des rides sur les feuilles, 
c'est l'époque convenable pour la récolte. On les fait macérer dans de 


nd 


(704 ) 
grandes jarres remplies d’eau, et l’on y ajoute 1 livre de chaux pour 5o li- 
vres de feuilles. Le second jour, eau devient jaune. On bat et l’on remue 
l'eau jusqu’à la formation de la fécule. Le liquide prend alors une couleur 
bleue qui ne tarde pas à passer au violet. On sépare alors la partie aqueuse, 
et l’on obtient la couleur bleue (que l’on fait sécher à l'ombre, suivant 
l'Encyclopédie japonaise , liv. XCIV, sect. 2, fol. 12 verso). 

» Dans le même ouvrage, on cite un auteur qui conseille de hacher les 
tiges et les feuilles et de les faire bouillir pendant quelque temps dans 
une chaudière remplie d’eau. On sépare le résidu des feuilles et des tiges, 
et l’on verse le suc bleu dans de grandes jarres de terre. On prend alors un 
tiers de feuilles vertes de Zän , on les écrase jusqu’à trois fois dans un vase, 
on y ajoute du jus cuit, on les mêle ensemble et on les filtre au-dessus 
d'un vase de terre parfaitement propre. Cette couleur sert à teindre les 
habits. Si l’on veut une teinte foncée verte ou bleue, ou bien une nuance 
pâle de vert ou de bleu, cela dépend de la quantité plus ou moins grande 
de suc cru et de suc cuit que le teinturier combine ensemble. 


Extrait de l’ouvrage intitulé : Cheou-chi-thong-khao, iv. LXIX, fol. 20. 


» ... Après avoir séparé le suc des tiges et des feuilles qui l’ont fourni, 
on le verse dans de grandes jarres de terre. En général, pour 10 chi 
(100 teou, ou boisseaux chinois) de suc, on met r boisseau 2 de chaux. 
Ensuite on remue vivement le liquide avec un bâton. Quelque temps après, 
on décante pour séparer le bleu de la partie aqueuse ; ensuite on met le 
bleu dans une petite fosse; il s'attache au fond, et lorsqu'on observe qu’il 
forme une espèce de pâte épaisse, on le retire de la fosse et.on le remet 
dans d’autres jarres de terre. Alors le bleu est complétement préparé. 


Extrait de l’ouvrage intitulé : Pien-min-thou-trouan. 


» Dans le premier mois de l’année, on met les graines dans un sac de 
toile, et on les fait tremper dans l’eau jusqu’à ce qu’elles commencent à 
germer. Alors on les sème sur la terre et on les couvre de fumier et de 
cendres. Lorsque les feuilles commencent à se développer , on arrose avec 
du fumier liquide. Dès que les jeunes plantes ont environ deux pouces de 
hauteur, on les lève et on les dispose en lignes régulières. On les arrose 
comme auparavant avec du fumier liquide. 

» Dans le cinquième et le sixième mois, lorsque le soleil, est très ar- 
dent, on humecte les feuilles cinq ou six fois par jour avec le jus du fu- 


( 705 ) 


mier, Aussitôt qu’elles sont devenues assez épaisses, on coupe la tige de la 
plante à environ deux pouces du collet. 


» Ensuite on fait macérer les tiges et les feuilles dans de grandes jarres 
remplies d’eau. Dans chaque jarre , on jette huit ou neuf onces de cendres 
minérales; puis l’on bat et l'on remue fortement le liquide avec un rà- 
teau de bois. Après avoir séparé la partie aqueuse de la partie colo- 
raute, on obtient ce qu’on appelle T'heou-tien, ou le premier bleu. 

» Il faut arracher les herbes autour des racines qui sont restées en 
terre, et arroser comme auparavant. Quand les feuilles ont acquis tout 
leur développement, on les récolte, on les fait macérer dans l’eau , et l’on 
bat le liquide comme on vient de le dire plus haut. On obtient alors Le 
second bleu. 


» On laisse croître encore les nouvelles pousses , et l’on répète toutes 
les opérations précédentes. La matière colorante qu’on obtient s'appelle 
le troisième bleu. Le résidu des feuilles et des tiges peut être employé 
comme engrais. » 


Sur la demande de plusieurs membres, et conformément à l'offre qu'il 
en avait faite dans la lettre d'envoi, M. Julien sera invité à faire connaître, 
d’après les mêmes auteurs, les procédés employés en Chine pour la cul- 
ture du Polygonum. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — 7remblement de terre du Chili. 


M. Dumoulin , ingénieur-hydrographe, à bord de la corvette / 4strolabe 
commandée par M. Dumont-Durville , transmet de Valparaiso à M. Arago, 
divers détails qu’il a recueillis, à la demande de l’Académie, sur les trem- 
blements de terre qui ont agité le Chili depuis quelques années. 

Il découle de l’ensemble de ces documents et contrairement à une opi- 
nion fort répandue, que les tremblements de terre ne sont pas plus fré- 
quents dans une saison que dans l’autre. Ceci résulte de l’ensemble de 
150 secousses notées pendant la seule année 1833, à la Concepcion , par 
M. Vermoulin, médecin français, et de 1200 de ces phénomènes dont le 
même observateur a marqué soigneusement l'heure et la date depuis le 
20 février 1835. 

Personne ne doute au Chili que les tremblements de terre n’aient la 
propriété de soulever le sol. Le peuple a même une expression particu- 
lière pour désigner cet effet. 11 dit que la terre reste suspendue ( suspen- 

C. R, 1838, 2° Semestre. (T. VIl, N° 15.) 96 


æ 


( 706 ) 
dida). La suspension, ajoute-t-il, n’est jamais l'effet des secousses horizon- 
tales : Les seules secousses ondulatoires peuvent la faire naître. 

Voici sur le soulèvement qu’opéra dans la côte du Chili le tremble- 
ment de terre du 20 février 1835, quelques extraits textuels de la lettre 
de M. Dumoulin , qui pourront prendre place à côté de ceux que M. le 
capitaine Fitz-Roy recueillit dans le temps : 

« Vis-à-vis le fort Sainte-Catherine, à Talcahuano, il existe un banc de 
roches, tenant à la terre et terminé du côté de la mer par une tête qui 
était couverte par les marées les plus faibles; depuis le 20 février 1835, 
elle reste constamment découverte; à peine si les marées les plus fortes 
amènent le niveau des eaux à son sommet. 

» La petit rivière Fubul, à 22 ou 23 lieues de Talcahuano , qui était en 
1834 encore navigable pour de petits bricks jusqu’à 300 mètres au-dessus 
de son embouchure, devint guéable après le tremblement du 20 fé- 
vrier 1835; on remarqua partout que le lit des ruisseaux et petites rivières 
s'était élevé. 

» Le capitaine baleinier Coste , commandant aujourd’hui /’Océan , depuis 
nontbre d'années fréquente les parages de la côte du Chili; en parcourant 
ses journaux nous avons pu y recueillir aussi des données qui ne laisseront 
aucun doute sur les soulèvements à la suite des tremblements de terre. 

» Le 15 février 1834, il prend le mouillage à l’abri de Pile Sainte-Marie, 
et laisse tomber l'ancre par 29 pieds; ilne quitte ce mouillage que le 15 mai. 
L'année suivante 1835, le 3 mai, il vient pour reprendre son mouillage 
près l’ile Sainte-Marie. Malgré ses recherches il ne retrouve que 20 pieds 
au mouillage et finit par laisser tomber l'ancre à la place qu'il occupait 
l’année précédente. En se rendant à terre il aperçoit un bouleversement 
général, la côte a changé d’aspect à la suite d’éboulements ; ce qui le frappe 
surtout, c'est que des rochers qui ne découvraient pas à marée basse, et 
sur lesquels il envoyait ses hommes pécher en ayant de l'eau jusqu'à la 
ceinture , aujourd'hui sont découverts et ne couvrent plus à marée haute. I 
questionne les habitants du pays sur ces changements, et il apprend qu'ils 
sont la suite du tremblement de terre qui a désolé les pays le 20 fé- 
vrier 1835. Toute la nuit son navire fatigue beaucoup par les raz-de-marée 

occasionés par de petites secousses continuelles; le lendemain il appareïlle, 
craignant de garder ce mouillage dangereux. 

» Le même jour du tremblement (20 février 1835) le capitaine Coste avait 
mouillé son navire près de l'ile Lémus; il y éprouva les effets affaiblis du 
tremblement de terre. À midi un raz-de-marée violent fut assez fort pour 


(707) 
casser lés chaînes des navires le Narwal et le Gangé ; qui se trouvaient 
avec lui au mouillage. 

» Le 7 novembre 1837, étant par 43° 38 de latitude sud en vue de terre, 
sa mâture est ébranlée.et son navire agité par le tremblement de terre qui 
détruit Valdivia. 

» Le r1 décembre 183, il vient reprendre son mouillage prés l’ilé Lémus; 
le tremblement du 7 novémbre à élévé le fond de plus de 8 pieds; dés 
roches jadis toujours couvertes par lä mer restént atjourd’hui constam- 
ment découvertes ; une énorme quantité de coquilles et poissons en dé- 
composition apportés sur la plage, soit par un soulèvément brusque, soit 
par les oscillations de la mer, attestent l'événement encore récent. Une 
grande quantité d'arbres déracinés et enlevés par la mer dans ces ébran- 
lements terrestres, garnissent la côte, » 


MÉTÉOROLOGIE. — Des ouragans. 


En déposant sur le bureau plusieurs mémoires de M. Espy adressés à 
Académie par l'intermédiaire de M. Warden, M. Arago donne un aperçu 
des diverses opimiotis qui ont été énrisés depuis quelques Années sur les 
grañids ourägans. 

M. Espy croit que lé vent soüffle dans toutes les diréctions possibles 
vers le centre des ouragans; il est arrivé à cette conséquence en discutant 
u grand nombre d'observations recueilliés sur la côte des États-Unis. 
Les effets du 0rnado qui, en juin 1835, travérsä üné partie du térritoire 
de New-Jersey, étaient patfaitemént d’acéord aveë éétte théorie : M. le 
D° Bache ayant suivi À fravérs le pays les traces du météoré, trouva, en 
effet, à l’aïde de la boussole, que les directions dés objets renversés con- 
vergeaiént généralement, dans chaque région, vers un point central. 

La théorie de M. Espy est complétement en désaccord avéc celle que 
M. le colonel Capper, de la Compagnie des Indes, proposa en 1801; que 
M. Redfield de New-ŸFork a réproduite naguère en la perfectionnant, et 
qui vient d’être l’objet d’un Mémoire approfondi présenté à l’assogiation 
Britannique , à Vew-Castle, par le lieutenant-colonel Reid. 

D’après cette théorie , les grands outagans des Antilles, des régions tro- 
picales et de la côte orientale dés États-Unis, seraient d'immenses trombes. 
M. Reid trouve que les directions simultanées des vents dans les vastes 
étendues de pays que les ouragans ravagent, concordent avec son hypo- 
thèse. Les journaux nautiques qu’il a pu discuter provenant des divers na- 

96. 


( 708 ) 


vires dont se composait l’escadre de l'amiral Rodney en 1780, et du grand 
convoi escorté par le Culloden qui, en 1808, fut presque anéanti dans le 
voisinage de l'ile de France, paraissent aussi montrer que sur la limite 
extérieure du £ornado, les vents au lieu d’être normaux à un seul et 
même cercle, lui étaient £angents. 

En point de fait, les observations sur lesquelles s'appuient, d’un côté 
MM. Espy et Bache; de l'autre MM. Redfield et Reid, ne pourraient se 
concilier qu’en admettant qu'il y a des ouragans, des tornados de plus 
d'une sorte. 

Si l’on suivait la théorie de ces deux derniers météorologistes , il faudrait 
accorder que la érombe-ouragan a quelquefois une base de 7 à 800 lieuesde 
diamètre; que sa vitesse de propagation peut aller à 8 lieues à l’heure; que 
celle de la rotation de l'air à la circonférence ou, en d’autres termes, 
que la vitesse des vents tangents, est quelquefois de 4o lieues à l'heure ! 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Limite des neiges perpétuelles sur la cordillère de 
Vilcanota (république de Bolivia). 


M. Penrrann écrit de la Paz, à M. Arago, en date du 3r mai 1838, 
qu'il s'est glissé une erreur dans son premier calcul de la hauteur où se 
maintiennent les neiges perpétuelles, par 14° de latitude sud, sur la cor- 
dillère de Z’ilcanota. 

Au moment de l'observation (à 240” de l'après-midi), M. Pentland 
trouva 426"",40 pour la hauteur du baromètre, +10°,2 centigrades pour 
le thermomètre attaché à cet instrument, +10°,2 pour la température de 
l'air. En supposant qu’au même instant le baromètre marquait à Arica , 
à 7 mètres au-dessus du niveau de la mer Pacifique, 763"",4, et le ther- 
momètre centigrade + 22°,0, M. Pentland trouve pour la hauteur de la 
neige ... 4928 mètres. 

D'anciennes observations lui avaient donné 4720 mètres pour un point 
de l’/Uimani , correspondant à 16° 40’ de latitude sud. 


M. Œazzrer adresse une Note sur le voyage que vient de faire M. de 
Pertou, depuis le lac Asphaltite jusqu’à la mer Rouge, par Ouadi-el-Araba; 
le but principal de cette note, qui est imprimée mais encore inédite, est 
de montrer le peu de fondement de l'opinion relative à un ancien écoule- 
ment du Jourdain dans la mer Rouge. 


M. Cazuer adresse également [a traduction d’un passage du livre de 


( 709 ) 
Foulcher de Chartres, où cet historien décrit une aurore boréale qu'il avait 
observée en Palestine, 

« En décembre 1117, la cinquième nuit après l'éclipse de lune arrivée 
quand on comptait le treizième jour de la lune, et au commencement de 
cette même nuit, le ciel nous parut à tous briller, du côté du nord, d’une 
lueur de la couleur du feu, ou plutôt du sang. A l’aspect de ce prodige nous 
fûmes frappés d’une vive admiration. Dans le milieu de cette lueur rouge 
qui d’abord avait commencé à s'étendre peu à peu, nous vimes en effet 
des rayons de couleur blanche s'élever en grand nombre de bas en haut 
tantôt en avant, tantôt en arrière, tantôt au centre même de la lueur 
rougeâtre; mais en même temps le ciel semblait, dans sa partie inférieure, 
totalement blanc, comme il est au moment où paraît l'aurore qui d’or- 
dinaire brille un peu avant le jour et quand le soleil va selever. De plus, 
enfin, sur le devant de ce même météore, et dans la même partie du ciel, 
nous apercevions une certaine lumière blanchätre semblable à celle qu'on 
voit quand la lune est sur le point de se lever, et qui donnait une teinte 
blanche parfaitement claire tant à la terre qui nous environnait de tous 
côtés, qu'aux objets placés près de nous. Si ce phénomène se füt mani- 
festé le matin, nous aurions certes tous dit que c'était le jour qui pa- 
raissait. » 


M. Roserr adresse un résumé des observations géologiques qu'il a faites 
à partir du cap Nord de la Laponie jusqu’à Torneo. 
Cette Note est réservée pour être jointe aux autres observations faites 


par l'expédition du Nord, qui seront probablement soumises au jugement 
de l’Académie. 


M. Lereevre, près de partir pour l’Afrique où il se propose de se livrer 
à des observations de physique et de météorologie, comme il la fait pré- 
cédemment au Brésil de concert avec M. Dabbadie, demande à lAca- 
démie des instructions sur les recherches spéciales qu’il y aurait à faire dans 
le pays qu’il doit parcourir. 

Les contrées qui avoisinent la mer Rouge et l’Abyssinie sont celles que 
M. Lefebvre désire plus particulièrement explorer. 

Une Commission , composée de MM. Silvestre , de Mirbel, Arago , Beau- 


temps-Beaupré, Savary et Audouin, s'occupera de préparer les instructions 
demandées. 


M. Gnos écrit, en son nom et celui de M. Merle, que le gaz qu’ils em- 


(a291) 
ploient dans leur nouveau système de chauffage pour les appartements , est 
du gaz hydrogène obtenu de la décomposition de l'eau, et qu’ainsi les 
objections présentées par M. Jobard contre le chauffage at gaz provenant 
de la houille, ne s'appliquent nullement à leur procédé. 


MM. Masson et BreGuer fils adressent , sous enveloppe cachetée, la 
description d’un nouveau télégraphe électrique. 

Les courants dont ils se servent sont des courants électro-magnétiques 
produits au moyen de l'appareil de Pixi. Dans une première expérience ; 
faite au chemin de fer de l’Entrepôt du Gros-Caillou, la conductibilité du 
circuit formé par les rails a été sensiblement la même que celle d’un fil de 
cuivre continu d’égale longueur et d’un millimètre de diamètre. Si les in- 
terruptions des rails ne diminuent pas la conductibilité ; cela tient pro- 
bablement, disent les deux auteurs, à ce que la contiguité est jusqu'à 
un certain point rétablie par les houppes de limaille qui s’attachent aux 
extrémités fortement aimantées de ces barres. 

Le dépôt de ce paquet cacheté est accepté. 


À 4 heures ét demie l'Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures un quart. is 


Errata. (Séance du 1“ octobre.) 


Page 663, ligne 8, l'existence, lisez un mélange 
665, 13, Poulet, lisez Poutét 
666, 20, lavoiraielaïs, lisez Avoira où Eluïs guinecusis 
667, 34, myristicaou moschata, lisez myristica moschata ou mn. aromatica 


(711) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie à reçu dans cette séance les ouvrages dent voici les titres - 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838, n° 14, in-4°. 

Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'inven- 
tion , de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et 
dans ceux dont la déchéance a été prononcée ; tome 33, in-#4°. 

Répertoire des travaux de la Société de Statistique de Marseille, par une 
commission spéciale , publié sous la direction de M. Roux; tome 1°", Mar- 
seille, 1837, in-8°. 

Annales maritimes et coloniales ; 23° année, septembre 1838, in-8°. 

Le Propagateur de l'Industrie de la soie en France, journal mensuel ; 
tome 1°, 3% cahier; publié sous la direction de M.'Amans-CarRier ; 
Rodez , 1838, in-8°. 

Observations sur le régime actuel des Bureaux de charité avec l'exposé 
de quelques moyens propres à l'améliorer; suivies de considérations sur le 
bouillon ; par M. Mauniar-Grirrouz; Paris, 1832, in-8°. 

Recueil de la Société polytechnique, ou Recueil industriel , manufactu- 
rier et commercial ; tome 3, n° 8. 

De l'Altération du virus-vaccin et de l'opportunité des revaccinations ; 
par M. Gavruier DE CLausry. 

Solution absolue du problème de la quadrature du cercle ; par M. F.. 
Durouy ; Auch, in-8°. 

Académie royale de Bruxelles. — Bulletin de la séance du 4 août 1838, 
in-8°. 

Plantæ javanicæ rariores, descriptæ iconibusque illustratæ, quas in 
insula Java ; annis 1802—1818, legit et investigavit T. Horsrier ; 6 siccis 
descriptiones et characteres plurimarum elaboravit J. Benner ; Observa- 
tiones structuram et affinitates præsertim respicientes passim adjecit 
R. Browx. Londini ; in-fol. 

The fifth…. Cinquième rapport annuel fait à la Société royale Polytech- 
nique de Cornouailles (travaux de l’année 1837); in-8. 

Die stupas... Recherches sur les Stoupa ou Topes, monuments placés le 
long de la route royale Indo-Bactrienne; et sur les colosses de Bamyan , 
dans la chaïne de l'Indo-Kho ; par M. Rirrer ; Berlin, 1858 , iu-8°. 


(72) 

Uber den Ursprung. ... Mémoire sur l’origine du zodiaque et l'astronomie 
des Chaldéens ; par M. Louis Inerer; Berlin, 1838, in-8°. 

Memoria intorno.... Mémoire sur une espèce de matériaux propre à 
préserver du danger d'incendies, principalement dans les constructions na- 
vales ; par M. Perxt Fassroni; Florence, 1838, in-8°. 

Memoria interno.... Mémoire concernant quelques observations faites à 
l'Observatoire du collége romain dans le courant de l'année 1838 ; Rome, 
in-4*. (M. Arago est prié d’en rendre un compte verbal.) 

Journal de Chimie médicale, de Pharmacie , etc. ; tome 4, octobre 1838, 
in-8. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; octobre 1838, n° 3, 
in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 40, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 115—117, in-4°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 375. 

L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie ; n° 66, im-8°. 
La France industrielle, jeurnal ; n°* 54, 55. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 15 OCTOBRE 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Note sur les produits de l'action de l'acide nitrique concentré sur l’amidon 
et le ligneux ; par M. S. Perouze. 


« M. Braconnot a fait, il y a quelques années, l'observation que l'acide 
nitrique concentré convertit plusieurs substances , et nommément l’amidon 
et le ligneux en une matière nouvelle qu’il a appelée Xyloïdine. Pour la 
préparer, on mêle l'amidon avec plusieurs fois son poids d’acide nitrique, 
et lorsque le mélange est entièrement dissous, on y ajoute de l’eau qui 
en sépare aussitôt la Xyloïdine sous la forme d’un précipité blanc, insoluble, 
qui n’a plus besoin pour être pur que d’être lavé et séché. 

» La composition de cette substance , Les circonstances diverses qui ac- 
compagnent sa formation n’ont pas été examinées; ses propriétés princi- 
pales sont ou mal déterminées, ou complétement inconnues. 

» Ma Note, sans combler cette lacune, fera mieux connaître la Xyloïdine 
et appellera, je l'espère, l'attention des chimistes sur un des points les plus 
intéressants de l’histoire de l’'amidon. 

» Si l'on fait un mélange d’amidon et d’acide nitrique d’une densité de 
1,, au bout de quelques minutes, la disparition de l’amidon est com- 

C.R. 1838, 2° Semestre. (T, VII, N° 46.) 97 


(714) 


plète; la liqueur conserve la teinte jaune de l'acide nitrique concentré, et 
aucun fluide élastique ne se dégage : traitée immédiatement par l’eau, elle 
laisse précipiter la Xyloïdine tout entière, et la liqueur filtrée laisse par 
l'évaporation un résidu à peine sensible. 

» Si au lieu d'opérer la précipitation par l’eau, aussitôt apres la dissolution 
de l'amidon, on abandonne la liqueur à elle-même dans un vase fermé, 
elle se colore peu à peu et affecte les teintes diverses d’un mélange d’acide 
nitrique et de deutoxide d’azote. L'eau y forme un précipité de Xyloïdine 
dont la quantité diminue de plus en plus avec le temps; au bout de deux 
jours et quelquefois même de plusieurs heures, elle cesse entièrement de 
se troubler. La Xyloïdine a été détruite et transformée complétement en 
un nouvel acide que l’évaporation présente sous la forme d’une masse 
blanche, solide, incristallisable, déliquescente, dont le poids est beau- 
coup plus considérable que celui de l'amidon soumis à l'expérience. Du 
reste, il ne se produit ni acide carbonique ni acide oxalique pendant cette 
réaction. 

» La Xyloïdine, premier produit de lacide nitrique sur l'amidon, ré- 
sulte de l’union de ces deux corps. C’est de l’amidon ordinaire dans lequel 
un atome d’eau est remplacé par un atome d'acide nitrique. L’amidon tout 
entier se transforme en cette substance, et des-lors s'explique parfaitement 
l'augmentation considérable de poids qu’on observe lorsqu'on précipite la 
Xyloïdine par l’eau immédiatement après la disparition de l’amidon dans 
l'acide nitrique. Comme un excès de cet acide transforme la X yloïdine en 
une matière très soluble, qui n’est autre chose que le nouvel acide que 
j'ai signalé, on se rend également compte d’un résultat différent obtenu 
par M. Braconnot. Ce chimiste avait obtenu d’un poids connu d’amidon 
un poids égal de Xyloïdine : cela tient évidemment à ce qu'une partie de 
cette dernière substance avait déjà été décomposée. En retardant davan- 
tage la précipitation, il se fût bientôt assuré de l'impossibilité d’obtenir la 
plus légère trace de Xyloïdine. 

» Lorsqu’au lieu d'abandonner à lui-même à la température ordinaire 
un mélange d’amidon et d'acide nitrique concentré, on le porte à l’ébulli- 
tion , l'amidon est décomposé en quelques minutes et transformé en acide 
déliquescent qu’on obtient facilement pur et en très grande quantité par 
une évaporation au bain-marie. Cet acide, qui est le même que le précé- 
dent, ne contient pas d’azote; il a quelques rapports avec l'acide oxalhy- 
drique (acide nitro-saccharique), mais il en diffère par sa composition. 
Une chaleur modérée le convertit en un autre acide de couleur noire, 


(7h) 


soluble dans l’eau et susceptible de régénérer , sous l'influence de l'acide 
nitrique, l'acide blanc dont il dérive. 

» L’acide nitrique concentré, bouillant, l'attaque avec la plus grande 
difficulté; à froid, il le change lentement en acide oxalique, sans qu'il y 
ait production d’acide carbonique. Ainsi, par une oxidation lente, déter- 
minée par la présence d’une quantité convenable d’acide nitrique concen- 
tré, l’'amidon se convertit successivement en Xyloïdine, en acide déliques- 
cent, et en acide oxalique, sans que le carbone participe au déplacement 
des autres éléments de ces matières. Ces réactions curieuses s'effectuent 
d’elles-mêmes, à froid, dans des vases fermés; elles méritent un examen 
beaucoup plus approfondi que celui auquel j'ai pu me livrer jusqu’à présent. 

» J'ai déjà dit que la Xyloïdine résulte de la combinaison de l’'amidon 
avec les éléments de l'acide nitrique, c’est en quelque sorte un sel dans 
lequel l'amidon remplit, relativement à l'acide nitrique, le rôle de base : 
aussi est-elle très combustible; à une température de 180° centigrades, 
elle prend feu, brüle presque sans résidu et avec beaucoup de vivacité. 
Cette propriété m'a conduit à une expérience que je crois susceptible de 
quelques applications, particulièrement dans l'artillerie. En plongeant du 
papier dans de l'acide nitrique à r,5 de densité, l’y laissant le temps né- 
cessaire pour qu'il en soit pénétré, ce qui a lieu en général au bout de 
deux ou trois minutes, l'en retirant pour le laver à grande eau, on ob- 
tient une espèce de parchemin imperméable à l'humidité et d’une extrême 
combustibilité. La même chose arrive avec des tissus de toile et de coton. 

» Le papier ou les tissus qui ont ainsi subi l’action de l'acide nitrique, 
doivent leurs propriétés nouvelles à la Xyloïdine qui les recouvre. » 


Note de M. Aucusre ne Sainr-Hicame relative à un Mémoire de M. Dunal, 
sur la coloration de certaines eaux. 


« L'Académie nous avait chargés, MM. Turpin, Dumas et moi, de lui 
faire un rapport sur un Mémoire de M. Dunal relatif aux eaux colorées 
en rouge de certains marais salants des bords de la Méditerranée; Mé- 
moire dans lequel M. Dunal cherche à prouver que cette coloration n’est 
point due à la présence du Crustacé appelé Ærtemia salina , mais à celle 
d'une Algue, qu'il nomme Protococcus salinus. M. Turpin avait rédigé 
l'analyse du manuscrit de M. Dunal, et fait de très beaux dessins pour en 
faciliter l'intelligence; mais M. Dunal me charge d'annoncer à l’Académie 
qu'ayant fait de nouvelles observations sur le même sujet, il désire retirer 


Qpce 


( 716) 


son Mémoire, afin de le rendre plus important pour la science. Les détails 
que la Commission nommée par l’Académie se proposait de lui donner 
sur l’Artemia salina et le Protococcus salinus doivent donc être ajournés. 
Cependant, je pense qu'il m'est permis dès aujourd'hui d'éclairer indivi- 
duellement, par les renseignements que j'ai pris sur les lieux mêmes, la 
principale question traitée par M. Dunal, celle de savoir si ce sont des 
Artemia salina qui colorent les marais salants des environs de Montpellier. 
En arrivant dans cette ville, en novembre 1837, je m'empressai, pour 
remplir les intentions de l'Académie, de me rendre aux salines de Ville- 
neuve. J’arrivai à une pièce-mattresse dont l’eau présentait une couleur 
d’un rouge de rouille très prononcé; je n'y vis pas un seul Artemia salina, 
soit vivant, soit mort, et de l’eau puisée à plusieurs reprises à l'aide d’un 
vase de fer-blanc emmanché d’un long bâton, ne m’en offrit pas un seul. 
L'employé, chargé de l'exploitation de la saline, me dit, il est vrai, que dans 
les pièces colorées on apercevait quelquefois des AÆrtemia ; mais il ajouta 
qu'ils se présentaient toujours en petite quantité. Je ne me contentai pas 
de ces renseignements ; Je consultai M. Legrand, professeur d'astronomie 
à la Faculté des sciences de Montpellier, qui me confirma les récits de 
l'employé de Villeneuve. Un homme que ses occupations ramènent sans 
cesse au milieu des salines, M. le professeur Balard, chimiste bien connu 
de l'Académie, m’a dit aussi que les Artemia étaient extrêmement rares 
dans les eaux rouges; il croit que ces eaux très concentrées n’offrent 
point aux animaux dont il s’agit de conditions d'existence, et que ceux 
qu'on y trouve, comme par hasard, y sont amenés par d’autres eaux 
beaucoup moins denses dont les sauniers se servent pour rafraichir celles 
qui sont très concentrées. Enfin, dans un voyage que M. Frédéric de Gi- 
rard, jeune botaniste très distingué, a fait, vers la fin de mars 1836, aux 
salines de Villeneuve, pour étudier les développements du Protococcus 
salinus, il a vu une pièce remplie d'eau colorée en rouge, et, à cette 
époque de l’année, il n’existait pas un seul Ærtemia salina. » 


M. Gcorrroy-Sainr-Hicame annonce qu’une femme du village de Prunayÿ- 
sous-Ablis, est accouchée de deux jumeaux du sexe féminin, réunis par 
les ischions. Il exprime le désir que l’Académie désigne une Commission 
pour examiner ce cas de monstruosité, et que le soin d’en reproduire 
l'image soit confié à un peintre d'histoire naturelle. 

MM. Geoffroy Saint-Hilaire, Serres et Breschet sont invités à s'oc- 
cuper de cet examen. 


ŒLT D) 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d’une Com- 
mission qui devra juger les pièces adressées au concours pour les prix de 
Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon. 

MM. Serres, Duméril, Double, Magendie, Roux, Breschet, Larrey, de 
Blainville, Savart réunissent la majorité des suffrages. 


L'Académie procède, également par voie de scrutin, à la nomination 
d’une Commission chargée de l’examen des pièces adressées au concours 
pour le prix fondé par M. de Montyon, en faveur de celui qui aura rendu 
un métier ou un art moins insalubre. 

Commissaires , MM. Gay-Lussac, Dumas, Chevreul, Robiquet, Magendie. 


MÉMOIRES LUS. 


GÉOGRAPHIE Z00L0GIQUE. — Considérations générales sur l'Ichthyologie 
de l'Atlantique, ct en particulier sur celle des iles Canaries ; par 
M. A. VALENCIENNES. 


(Commissaires, MM. Duméril , Flourens, Isid. Geoffroy Saint-Hilaire.) 


« Les zoologistes classent dans leurs méthodes les êtres si nombreux 
et si variés qu'ils observent à la surface de la terre, afin de parvenir à 
exprimer dans des formules courtes et précises les lois d'organisation qui 
règlent dans la force et dans la puissance créatrice de la nature, la forma- 
tion de ces différents êtres. Ces rapprochements conduisent à ce résultat , 
qu'autour d'un type d'organisation que l'étude nous apprend à choisir 
comme point central, on voit en rayonner les différents caractères 
combinés entre eux à l'infini, de facon qu’en rappelant constamment 
le type, qui est en quelque sorte une moyenne de ces combinaisons, 
la nature nous offre une multitude d'êtres différents qui se rattachent 
toujours au premier. Si l’on descend des groupes primordiaux à d’autres 
plus secondaires, on voit ces variations se reproduire suivant un mode assez 
régulier pour qu’il y ait un parallélisme remarquable entre les diverses fa- 
milles. Cette vérité, qui est aujourd’hui l’un des grands résultats philosophi- 
ques de notre école, estreconnue dans les différentes familles naturelles. Elle 
a été surtout développée avec beaucoup de sagacité dans un Mémoire où 


(7:18 ) 


les diverses familles des mammifères ont été comparées entre elles sous 
ce point de vue. L'étude de l'Ichthyologie offre de nouvelles preuves de 
cette vérité, et l'examen de cette question fera probablement le sujet de 
l'introduction du treizième volume de mon /istoire des Poissons qui 
paraîtra incessamment. 

» Mais, lorsque nous étudions une collection d'êtres venant d’un lieu dé- 
terminé du globe, il est aussi un autre point de vue sous lequel on doit 
l’envisager dans son entier avant de disposer les différents animaux qui la 
composent dans la série de nos méthodes, c’est de les considérer dans leur 
ensemble, et de les comparer à ceux que nous connaissons déjà des pays 
circonvoisins, Cette étude est nécessaire pour éclairer l’histoire de la 
géographie physique de notre globe; ces premiers essais serviront de 
matériaux à ce qu'il nous reste à faire pour résoudre le problème si in- 
téressant de la distribution des espèces sur la terre. 

» En prenant ainsi collectivement les espèces les plus abondantes de la 
localité, on a l'avantage de ne considérer comme faisant partie de la faune 
d'un pays , que les espèces dont l'établissement y est constaté par la pré- 
sence d’un grand nombre d'individus, et éviter d'y introduire ces animaux 
encore erratiques qui ne s’y sont pas encore fixés. 

» Pour ne donner qu'un où deux exemples, quelques auteurs comptent 
l’Ardea virgo, V Anas casarca, le Vultur percnopterus, comme européens. 
On pourrait multiplier davantage les citations réduites cependant à un 
chiffre toujours très bas relativement au nombre total des espèces euro- 
péennes d'oiseaux qui s'élève, comme on le sait, à près de cinq cents. Les 
espèces que je viens de nommer, qui ne se sont montrées que par quelques 
individus isolés et égarés, ne peuvent appartenir à la faune de notre pays, 
car on ne les voit pas établies en grande troupe, représentées par un nombre 
considérable d'individus se reproduisant sur le sol entier de l’Europe. 

» Les poissons nous fourniront aussi des exemples de cette nécessité 
d'envisager les espèces en masse. Quelques auteurs ont cité le requin des 
navigateurs, ce Cartilagineux si répandu dans toutes les mers de la zone 
équatoriale, comme un poisson de la Méditerranée. Or, je ferai remar- 
quer que ce n'est que depuis peu de temps qu'il est bien reconnu que 
des individus de l'espèce de ce requin entrent dans la Méditerranée. 
Duhamel faisait déjà la remarque que le Carcharias , semblable à ce- 
lui qu'on lui a rapporté de l'Atlantique , n’existe pas dans le bassin de 
la Méditerranée. Belon et Rondelet ont confondu des espèces de nos 
mers avec celles de l'Atlantique équatoriale. Cependant depuis quel- 


(7:19) 

ques années l’on sait que quelques propriétaires de Madragues ont été 
tourmentés par des vrais requins qui venaient dépouiller leurs filets; 
mais on n’en a pris qu’un seul à Nice, il y a plusieurs années, et l'on en à dé- 
truit plus récemment, à Cette, deux individus; mais les pécheurs avouaient 
ne pas connaître ces grands poissons. On a pêché une bonite ( Scomber 
pelamys) et une dorade (Coryphæna equisetis) à Marseille; quelquefois 
on prend des thons sur nos côtes de Picardie ou sur celles de Cornouailles. 
On a vu aussi, dans la Tamise, un chétodon (Ch. Capistratus, Lin.) dont 
l'espèce est bien certainement américaine. Deux Scomber ductor ont suivi 
un navire jusqu’à Portsmouth, et ont été péchés dans ce port; mais tous 
ces individus isolés ne peuvent Pas prouver l'existence de l'espèce à la- 
quelle ils appartiennent sur nos côtes, car nous ne l'y voyons jamais re- 
présentée par un nombre d'individus assez grand pour bien y constater 
son établissement. 

» Les nombreuses collections faites dans la Méditerranée, et surtout celle 
que M. Savigny y a recueillie en 1823, et qu'il nous a donnée avec toutes les 
notes dont il l'avait enrichie, nous ont fait connaître ce bassin, qui tient 
encore des régions septentrionales par le nombre de Gades, de Pleuro- 
nectes , de poissons apodes qu’elle nourrit, en même temps que l’on y ob- 
serve des Labres, des Girelles et un Scare dont les formes et l'éclat des cou- 
leurs rappellent les poissons des mers intertropicales. Nous avons pris 
aussi connaissance des espèces de la côte d'Afrique dans le golfe de Guinée , 
et jusqu'aux mers du cap de Bonne-Espérance. La côte de l'Amérique sep- 
tentrionale nous est connue par les soins des naturalistes français ou amé- 
ricains, et nous avons ensuite suivi les rives orientales de l'Atlantique par 
les travaux de M. Plée dans le canal du Mexique et aux Antilles ; et en- 
fin nous avons aussi étudié les poissons de Bahia, de Rio-Janeiro et de 
Montevideo. 

» Les collections faites sur ces différentes côtes nous ont fourni de chaque 


moins distinctes les unes des autres, mais qui nous ont donné Ja physio- 
nomie ichthyologique de chacune d'elles. 

» De l'étude de ces différents points il résulte que la côte d'Afrique jus- 
qu’au cap de Bonne-Espérance nourrit des espèces semblables à celles de 
la Méditerranée; que les deux côtes de l'Amérique différent entre elles et 
de la côte d'Afrique, et que l’ichthyologie des Antilles tient de celle de 
l'Amérique méridionale. Tel était l'état de nos connaissances sur l’Ichthyo- 
logie des différentes rives de l'Atlantique. 


(720) 

» Ayant été prié par MM. Webb et Berthelot, dans ces derniers temps, 
d'examiner et de décrire pour leur bel ouvrage les collections ichthyolo- 
giques qu'ils ont formées aux Canaries, je n'ai pas été peu surpris de voir 
que l’ensemble de cette collection composée d'environ cent espèces avait 
un caractère tout-à-fait américain. L'étude détaillée que j'ai faite de chaque 
espèce m'a confirmé dans ce premier aperçu, et c’est ce qui m'a engagé 
à présenter à l'Académie, dans un extrait concis du travail qui sera im- 
primé en entier dans louvrage sur les Canaries, les résultats suivants : 

» Il faut toutefois, d’après les observations de M. Berthelot, distinguer 
les pêches des petites Canaries de celle de Ténériffe. 

» Les productions de cette grande île montrent d’abord , dans la famille 
des Percoïdes , le Priacanthe ( Ænthias macrophthalmus de Bloch), 
poisson commun sur les côtes de Bahia et de Rio-Janeiro; le Serranus 
acutirostris et le Serranus Cherna. Les Scorpénoïdes montrent le Scorpæna 
Bufo et le Scorpæna patriarcha. Ces espèces ne peuvent pas y être consi- 
dérées comme passagères, car elles y ont été déjà observées et dessinées 
par Forster, dont j'ai vu les peintures dans la Bibliothèque de Banks. La 
Méditerranée ne nourrit aucun Pristipome de la famille des Sciénoïdes. 
Nos collections des Canaries nous montrent plusieurs espèces de Pris- 
tipoma; parmi elles le Pristipoma rubrum, le Pristipoma viridense , et des 
espèces voisines et remarquables par la petitesse des épines de leurs na- 
geoires anales, caractère qui les fait appartenir aux familles américaines. 

» La famille des Squamipennes à aussi ses représentants dans les Hé- 
liazes et dans le Piméleptère de Lacépède, mais on n’y trouve cepen- 
dant aucun Chétodon. Il n’y a point de poisson de cette famille dans les 
mers européennes. La famille des Scombres fournit, parmi les espèces 
saillantes que je dois citer, la belle Coryphène du Brésil, Coryphæna 
equisetis, poisson essentiellement propre aux côtes tropicales d’Amé- 
rique; le Caranx analis, le Gempyle, autre genre de Scombres éga- 
lement américain. Les Scares à ligne latérale frondescente sont aussi 
très voisins des espèces d'Amérique , et fort éloignés par le caractère 
de leur ligne latérale de celles de la Méditerranée. Les Sparoïdes ap- 
partiennent aussi à nos Pagres américains, et entre autres aux Pagrus 
Penna, ou la Sarde à plumes , ainsi nommée à cause de la forme en 
cornet, taillé en bec de plume, des interépineux de son anale. L’Æe- 
miramphus brasiliensis, Exocæœtus mesogaster, vivent aussi sur les côtes 
de Ténériffe. Le Remora de l'Atlantique (Æcheneis naucrates, Lin.) 
a été aussi rapporté par les habiles naturalistes auxquels je suis rede- 


(72) 
vable de pouvoir présenter ces observations. Le Monocanthe , dans la 
famille des Balistes, est aussi un poisson américain. 

» Si parmi ces poissons nouveaux, j'ai dü établir de nouveaux genres, 
ceux-ci avoisinent encore les espèces américaines. Ainsi le Beryx, que nous 
connaissions fort peu avant ces collections, et dont on ignorait la patrie, 
est un genre voisin des Myripristis d'Amérique. Le Vemobrama Webbii 
est aussi un Squamipenne. 

» Mais cette similitude entre Ténériffe et les côtes américaines prend 
un caractère plus important, quand on voit que les collections faites à 
Sainte-Hélène et à l’Ascension par MM. Quoy et Dussumier, nous prouvent 
que l’ichthyologie de ces deux îles est aussi tout-à-fait américaine, et que 
leur rivage nourrit des espèces tout-à-fait identiques à celles qui se trouvent 
depuis Montevideo jusqu’à Bahia. Je citerais de nouveau les mêmes Serrans, 
les Priacanthes, le Cossyphe Bodian (Bodianus Bodianus de Bloch), etc. 

» J'ai dit que M. Berthelot m'avait fait remarquer qu’il fallait distinguer 
ichthyologiquement les petites Canaries de la grande. Ces petites îles plus 
rapprochées de la côte d’Afrique ont fourni à ses recherches quelques 
Scorpènes, un Muge, un Surmulet, et neuf ou dix autres espèces seulement 
qui sont semblables à celles de la Méditerranée, ce qui rattacherait les 
petites iles à l’ichthyologie africaine et à celle de la Méditerranée. Toute la 
côte de ce continent ressemble en effet d’une manière frappante à notre 
mer. On trouve au cap la raie ronce, si commune sur nos marchés de 
Paris; le Squale faux, les Scomber amia, Sc. glaycos, Sc. vadigo , le Maigre 
(Sciæna aquila), tous grands poissons très caractérisés, et qui par leur 
abondance sur les côtes du cap, ne peuvent laisser aucun doute sur l’iden- 
tité que j'établis. 

» Pour me résumer, je crois donc avoir établi, dans l’état actuel de nos 
connaissances, que les grandes Canaries et les îles isolées dans l'Atlantique, 
lAscension et Sainte-Hélène, quoique plus voisines des côtes d’Afrique qué 
de celle de l'Amérique , nourrissent des espèces qui donnent à leur 
ichthyologie une physionomie semblable à celle des côtes de l'Amérique 
méridionale. 

» L’explication de cette singulière ressemblance, qui se présente le plus 
naturellement à l'esprit du physicien, est d’en rechercher la cause dans 
les grands courants qui, traversant la mer de Sargasso, entraînent avec 
eux les fucus et les autres productions des mers tropicales assez loin vers 
le Nord. Le Gulf-Stream, en quittant la côte d’Afrique pour traverser 
l'Atlantique, cotoie l'Amérique et se partage, en remontant vers leNord, 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 46.) 98 


(ya) 
en deux grands courants dont l’un se dirige vers l'Irlande, et l’autre, après 
avoir longé les côtes de Portugal, revient vers les Canaries. Ce courant en- 
traînerait-il des côtes d'Amérique des espèces de ces contrées qui se se- 
raient propagées sur les côtes de ces îles ? 

» En jetant les yeux sur les belles cartes des courants tracées par le 
major Rennell, on voit de suite que cette explication serait loin d’être suf- 
fisante, parce qu’elle ne saurait être appliquée à l’ichthyologie de Sainte- 
Hélène et de l’Ascension , îles qui sont placées dans le grand courant qui 
entre du canal Mozambique dans l'Atlantique, et qui sont peuplées comme 
les Canaries. 

» Je ne terminerai pas ce Mémoire sans ajouter que l'ile de Ténériffe ne 
nourrit qu’un seul poisson d’eau douce. M. Webb est parvenu à le sou- 
mettre à mon examen. C’est une anguille différente des quatre espèces 
aujourd’hui connues en Europe, et qui fera reconnaître le Silurus de Pline ; 
mais cet animal est si intéressant que j'en ferai l’objet d’un travail spécial 
que je demanderai à l’Académie de lui communiquer.» 


Cæiruneie. — Note sur le compresseur-percuteur; par 
M. Leroy » Ériozces. 


(Commission précédemment nommée.) 


M. Leroy avait présenté, il ya quelques mois, à l’Académie un instru- 
ment de lithotritie pouvant agir successivement ou simultanément par 
pression ou par percussion; les résultats qu’il a obtenus de l'emploi de cet 
appareil font l'objet de son nouveau Mémoire. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


PaysioLocrE. — Vote sur les caractères chimiques des sécrétions; par 
M. Manor. 


(Commissaires, MM. Magendie, Becquerel, Dumas.) 


Dans cette Note l’auteur annonce avoir découvert une relation entre la 
nature des nerfs qui se distribuent aux organes sécréteurs et les carac- 
tères chimiques des produits sécrétés. Suivant lui, les sécrétions seraient 
alcalines pour tous les organes qui reçoivent leurs nerfs du système céré- 
bro-spinal, et acides pour ceux qui les reçoivent du système ganglionnaire. 


(723) 


Mécanique. — Sur la propagation du mouvement dans les milieux élas- 
tiques ; par M. Brancuer, 2° Mémoire. 


(Renvoi à la Commission chargée de l'examen du 1° Mémoire. ) 


Les formules générales que l’auteur avait données dans son premier Mé- 
moire sont appliquées par lui, dans ce nouveau travail, au cas d’un corps 
homogène non cristallisé; il annonce devoir présenter prochainement un 


troisième Mémoire, dans lequel la solution générale sera appliquée aux 
cristaux à un seul axe. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Votice sur une nouvelle serrure à combinaisons , 


et sur quelques modifications apportées à la serrure à pompe; par 
M. Grancom. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.) 


MÉcaANIQUE APPLIQUÉE.— Vote sur un nouveau moyen propre à prévenir 


les incendies qui commencent par des feux de cheminée ; par M. Mar- 
ROTUEL. 


(Commissaires, MM. Gambey, Séguier. ) 
M. ne Paravey prie l'Académie de se faire rendre compte d’une Note 
relative à l’Æstronomie des anciens. 


(Commissaires, MM. Biot, Libri.) 


M. Desay adresse des échantillons d’une espèce de pierre à foulon 


provenant d’une carrière qu'il exploite en ce moment à Condé (Seine- 
et-Oise). 


M. Debay pense que cette substance pourrait être employée avec avan- 
tage dans le dégraissage des laines et des soies. 


(Commissaires, MM. Beudant, Chevreul, Becquerel.) 


M. Fonseca adresse la description et la figure d’un instrument destiné 
aux opérations géodésiques. 


MM. Beautemps - Beaupré et Puissant examineront si cette Note peut 
être l'objet d’un rapport. 


98.. 


( 724 ) 


CORRESPONDANCE. 


Note sur l’'accouplement du Moufflon avec le Mouton et sur le métis qui er 
est provenu; par M. Marcez pe SERRES. 


« On sait que bien des naturalistes, et entre autres Cuvier, ont présumé 
que le moufflon pouvait être la souche de iaquelle étaient provenus nos 
moutons domestiques. Il était donc curieux, dans cette supposition, de 
s'assurer s'il peut y avoir rapprochement entre la race sauvage et la race 
domestique. 

» Pour y parvenir, M. Durieu , receveur-général des finances à Carcas- 
sonne , a fait venir des moufflons de Corse, et lorsqu'une femelle a été en 
chaleur , il lui a donné un bélier mérinos. Ces deux animaux, privés de 


leur liberté, se sont accouplés et ont donné un métis femelle, mais bien 


plus semblable au pére qu'à la mère. En effet, ce métis n’était plus recou- 
vert de poils jars roussâtres comme ceux qui caractérisent le moufflon, 
mais bien de laine blanchâtre parsemée seulement, et par intervalle, de 
poils jars. 

» Ce métis femelle a été ensuite réuni avec un bélier moufflon de race 
pure, et le produit qui en a été obtenu ressemblait cette fois bien plus 
au père qu'à la mère, Il était roussätre comme le moufflon et n’offrait que 
quelques portions laineuses mélées de poils jars, principalement sur le 
cou. Ce produit du sexe mâle ressemblait donc bien plus au moufflon 
qu’au mouton. 

» Ce nouveau métis a été accouplé avec une femelle de mérinos, et il 
en est résulté cette fois un individu du même sexe qui a retenu tous les 
caractères de sa mère. Comme elle, il était couvert d’une laine assez 
épaisse, parsemée par-ci par-là de poils jars qui rappelaient son origine. 

» Dans tous ces métis obtenus par les croisements dont nous venons de 
parler, les membres sont restés constamment nus, sans laine comme sans 
poils; il en a été de même du dessous du corps. Les membres de ces métis 
se faisaient également remarquer par leur force, leur épaisseur et leur 
vigueur. 

» Aussi leurs habitudes sont-elles restées semblables à celles des moufflons. 
Du moins ces métis farouches, sauvages, ne marchaient proprement pas, 
mais sautaient presque constamment. Ils grimpaient aussi avec autant d’a- 
dresse que de dextérité, et lorsqu'ils étaient poursuivis ils s'élancaient avec 


(725) 
prestesse et retombaient simultanément sur leurs quatre pieds d’une ma- 
nière aussi prompte que brusque. 

» On continue ces tentatives pour s'assurer si ces métis seront cons- 
tamment féconds, et si l'on ne pourra pas les ramener à un type fixe, c’est- 
à-dire, ou à celui du mouton, ou à celui du moufflon. Les recherches 
ont encore un autre but, c'est de voir si, au moyen de ces croisements, 
on pourra élever la taille moyenne des mérinos, et obtenir ainsi une plus 
grande quantité de laine. 

» Nous devons dire que l’on a fait toutes sortes de tentatives pour faire 
accoupler des boucs en chaleur, privés de leur liberté, avec des femelles 
de moufflons également dans cet état, mais toutes ces tentatives n'ont pu 
faire surmonter à ces animaux l’aversion que sous ce rapport ils ont 
montrée les uns pour les autres. Il semble donc résulter ‘de ces faits que 
lon ne peut pas toujours triompher de la répugnance que les espèces dif- 
férentes éprouvent pour s’accoupler mutuellement; et que puisque le 
moufflon et le mouton se sont réunis d'eux-mêmes, c’est que très pro- 
bablement l’un et l’autre appartiennent à une seule et même espece. 

» Comme ces expériences ne sont pas sans intérêt pour la science, je 
prie l’Académie de me permettre de lui donner connaissance plus tard de 
celles que nous allons entreprendre, car les faits bien constatés sur une 
pareille matière ne peuvent être sans quelque importance. » 


À quatre heures trois quarts l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. F. 


( 726 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 15, in-4°. 

Cours d'histoire de la Médecine et de Bibliographie médicale; par 
M. H. Kuuwuourz; Montpellier, 1837, in-8°. 

Éloge de Crrse, prononcé le 19 avril 1858; par le même, in-8°. 

Séance publique annuellé de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts 
et Belles-Lettres d'Aix; 1838, in-8°. 

Bulletin de l’Académie royale de Médecine; tome 2, septembre 1838, 
in- 8°. 

Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ; 
septembre 1838; in-8°. 

Conseils aux artistes et aux amateurs sur l'application de la Chambre 
claire à l'art du dessin; par M. Cu. Cuevarrer; 1838, in-8°. 

Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. »'Ormiey ; 35° livraison, 
in-4°. 
Species général et Iconographie des coquilles vivantes ; 27° livraison, 
in-4°. 
Annales des Sciences physiques et naturelles d'Agriculture et d’Indus- 
trie publiées par la Société royale d'Agriculture de Lyon, tome 1°; sep- 
tembre 1833; in-8°. 

Introduction à l'étude de la Mécanique pratique; par M. Borreau, in-6°. 

Bibliothèque universelle de Genève , n° 52 ; septembre 1858, in-8°. 


Astronomische..... Nouvelles astronomiques de M. ScnumAcuEr ; 
n® 558—359, in-4°. 
Faunus.... Journal de Physiologie et d'Anatomie comparée , publié 


par le D'. Jean Gisrc; nouvelle série, 1°° n°; Munich, 1837, in-5°. 
Journal de Pharmacie et des sciences accessoires ; octobre 1838, in-18. 
Gazette médicale de Paris, tome 6 , n° 41. 
Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 118—120, in-4°. 
L'Expérience , journal de Médecine , n° 67, in-8°. 
La France industrielle ; n°° 56—57. 


> Le — 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 22 OCTOBRE AS838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Nouveaux doutes sur le prétendu Didelphe de Stonesfield; par M. ne 
BLAINVILLE. 


M. de Blainville, dans ce Mémoire qui a paru trop étendu pour être im- 
primé en entier dans le Compte rendu, commence par quelques observa- 
tions générales, dans le but d'expliquer pourquoi dans ce genre de travaux 
critiques de paléontologie, il croit devoir entrer dans d’assez nombreux 
détails. Les voici textuellement : 

« Dans les questions scientifiques en général, et spécialement dans celles 
dont la résolution dépend de déductions logiques tirées de comparaisons 
nombreuses et délicates, j'ai toujours pensé que quelque rang qu’on oc- 
cupât dans la science, il ne suffisait pas d’émettre simplement une opinion 
sur un sujet en discussion, l'eüt-on même formulée sous une nouvelle 
dénomination, ou décorée du titre de loi, mais qu'il fallait exposer les rai- 
sons sur lesquelles on la fondait; sans quoi elle me semblait devoir étre 
considérée comme non avenue où comme presque indifférente. D’après cela, 
on voit que si pour se convaincre soi-même, il suffit malheureusement trop 
souvent de se laisser aller à quelque prévention, en s’étourdissant sur la 

C. R. 1833, 2° Semestre. (T. VIL, N° 17.) 99 


( 728) 

vérité, en faisant, en un mot, plus ou moins le sourd et quelquefois l'aveu- 
gle, il n’en est pas de même quand on se propose de convaincre les autres. 
Le respect que l'on doit au public demande que lon expose les bases, les 
preuves de sa conviction. Dés-lors, on conçoit comment les détails dans 
lesquels on est souvent obligé d'entrer, pour résoudre les questions diffi- 
ciles, quelque minutieux qu'ils soient, quelque ennuyeux même qu’ils 
deviennent pour certains esprits qui se croient, on ne sait trop pourquoi, 
le droit de juger sans lire, et souvent même sans savoir lire les pièces 
du procès, sont une des plus grandes preuves que l’on puisse donner du 
respect que l’on a pour la compagnie devant laquelle on a l’honneur de 
parler, de l'intérêt que l’on porte à la science et de l'estime que l'on fait de 
ceux mêmes dont on combat les opinions. 

» C’est sous l’influence de ces idées que j'ai eu l'honneur de lire, il y a 
quelque temps, le 20 août dernier, devant l’Académie, des doutes et des 
observations sur le prétendu Didelphe fossile de Stonesfeld, observations 
dans lesquelles j'avais pour but plutôt d'attirer l'attention des naturalistes 
anglais sur ce point si important de paléontologie, plutôt de montrer com- 
ment devaient étreitraitées ces sortes de questions , que de résoudre réelle- 
ment le problème, si dépourvu que j'étais des éléments nécessaires. En 
effet, si après avoir exposé, comparé les éléments que je pouvais faire entrer 
comme prémisses dans la question, et qui sont devenus le thème obligé de 
la discussion, j'étais arrivé à conclure que les mâchoires fossiles des schistes 
oolithiques de Stonesfield n'avaient certainement pas appartenu à un 
animal de la sous-classe des Didelphes, ni même à la famille des Insecti- 
vores de la sous-classe des Monodelphes ; qu’ainsi probablement cet ani- 
mal n’était pas même un mammifere, et que c'était plutôt un animal 
ovipare de la famille des Sauriens dans la classe des reptiles ; avant de for- 
muler ces conclusions, j'avais eu grand soin de faire remarquer que je 
W’avais vu en nature aucune des deux pièces fossiles sur lesquelles j'élevais 
des doutes, mais seulement les figures et les descriptions qu’en avaient 
publiées MM. Constant Prevost, Broderip et Buckland. Aussi terminai-je 
mon Mémoire en invoquant pour J’examen de la question le secours des 
observateurs habiles qui avaient ces fragments fossiles en leur possession 
ou à leur disposition. 

» Le résultat de mon appel ne s’est, Dieu merci, pas fait long-temps 
attendre. En effet, M. le professeur Buckland, qui à à sa disposition, dans 
le muséum Ashmoléen d'Oxford, deux de ces pièces, devant venir à Paris, 
M. le docteur Roberton eut l’heureuse idée, invité à cela par M. Eaurillard, 


(729 ) 

de le prier de les apporter avec lui, ce qu'il fit; mais malheureusement 
pour moi, et peut-être pour la question , le jour où M. le docteur Rober- 
ton voulut bien m'inviter à passer la soirée chez lui avec M. Buckland, je 
partais pour la campagne ; en sorte que j'ai ainsi perdu l’occasion d’éclairer 
mes doutes et de corriger moi-même les erreurs que j'ai pu commettre. 
Toutefois, cette aimable et généreuse complaisance de M. Buckland n’a 
pas été sans résultats avantageux, puisque pendant mon absence quatre 
personnes, MM. Agassiz et Valenciennes, et deux de nos confrères, 
MM. E. Geoffroy Saint-Hilaire et Duméril, ont déjà fait part à l’Académie 
de leurs observations sur ce même sujet, et qu’ainsi la discussion est so- 
lennellement engagée. 

» La première en date de ces observations est due à M. Agassiz, qui, dans 
une lettre adressée à l’Académie, le 3 sept., et insérée dans ses Comptes ren- 
dus (1838, 2° sem., p. 537), réclame la priorité de l’opinion que j'avais émise 
en disant que dès l’année 1835, il avait proposé surles prétendus Didelphes 
de Stonesfield une opinion parfaitement d'accord avec la mienne. Quoique 
je n’eusse certainement aucune connaissance du fait, c’eüt été trop mai- 
adroïit à moi de ne pas étayer mon opinion de celles d’observateurs tels 
que MM. Grant, Agassiz et Meyer; aussi l’ai-je fait; et je croyais en outre 
mètre mis à l'abri de tout reproche à ce sujet en citant M. Agassiz 
comme ayant admis d’abord la même manière de voir que moi, et comme 
paraissant ensuite l'avoir abandonnée. Au reste, je suis loin de me re- 
fuser d’ajouter quelques détails sur ce point. Ce ne sera que justice. 

» M. Agassiz paraît avoir parlé pour la première fois de ces fossiles : 
en 1835, dans une Note fort courte insérée dans le journal allemand de 
MM. Leonhard et Bronn, p. 186, année 1835; et d’après M. Valenciennes 
cette Note aurait au contraire pour but d'établir d’une manière formelle 
que les animaux de Stonesfield sont bien certainement des mammifères, 
mais que leur affinité avec les animaux à bourse n’est pas pour lui aussi cer- 
taine; que les dents ressemblent davantage à celles des Insectivores, et 
qu’elles ont aussi quelque ressemblance avec celles des Phoques. Dès-lors 
la réclamation de M. Agassiz ne peut porter que sur le rapprochement 
erroné de ces restes fossiles avec les Didelphes, et sur une certaine ressem- 
blance des arrière-molaires avec celles de plusieurs espèces de Phoques. 
Aussi répété-Je très volontiers, et même en le rectifiant, ce que j'ai dit 
dans mes premiers doutes , et que je tenais de M. de Roissy; que M. Agassiz 
lui avait dit avoir imprimé dans une Note ajoutée à la traduction allemande 
de l'ouvrage de M. Buckland sur la Minéralogie et la Géologie que les 


99-.. 


( 730 ) 


ossements fossiles de Stonesfield ne provenaient pas d’un animal mammi- 
fère. A quoi M. de Roissy avait ajouté qu’il tenait d’une autre source, et 
non de M. Agassiz, comme je l'ai dit à tort dans mes premiers doutes, 
que M. Grant, professeur d'anatomie comparée à la grande Université de 
Londres, avait professé la même opinion dans son cours de cette année, 
en en donnant les raisons. 

» Mais comme j'ai pu consulter moi-même le premier article cité plus 
haut, dans le journal de Leonhard, et le second dans la traduction alle- 
mande de l'ouvrage de M. Buckland, dont cependant une partie seule- 
ment est parvenue tout dernièrement à Paris; je crois devoir en donner 
la traduction littérale faite par moi-même, afin de pouvoir relever quel- 
ques inexactitudes échappées à M. Valenciennes. 

» Voici d’abord la première note : 

« Quant à l'énigmatique espèce de Didelphe deStonesfield, je sais main- 
» tenant, dit M. Agassiz, que ce n’est pas un poisson. J'ai vu tous les 
» échantillons qui se trouvent dans les collections d'Angleterre, cinq 
» demi-mâchoires inférieures appartenant à deux espèces, mais nulle part 
» des traces de vertèbres ni d’os des extrémités. La couronne tranchante 
» des plus grandes dents molaires, comprimées latéralement, a toujours 
» deux pêtites échancrures de chaque côté, et par conséquent cinq pointes. 
» Les petites n’en ont que trois; elles sont certainement de mammifères. 
» Mais qu’elles soient comparables à celles des Marsupiaux, c’est ce qui 
» n’est pas. Ce système dentaire a aussi en effet beaucoup de ressemblance 
» avec celui des Insectivores, et chaque dent séparée ressemble même à la 
» plupart de celles des Phoques, dans le voisinage desquels l'animal d’où 
» proviennent ces mächoires doit former un genre distinct. En effet, 
» l'aspect de ces fragments fossiles est si particulier qu’il porte la pensée 
»sur des animaux aquatiques plutôt qu'il ne l’en repousse. ( Veue Jar- 
» buch Mineral. und Geolog., von Leonhard and Bronn; tom.WT, p. 185, 
» 1835, dans une lettre écrite de Neufchâtel, en Suisse, le 20 juin 1835. )» 

» M. de Blainville cite encore textuellement la seconde Note de M. Agas- 
siz, qui, quoique plus longue, n’ajoute presque rien à ce qui était dit dans 
la premiere : seulement M. Agassiz fait la remarque fort juste que 
M. Cuvier, en parlant de ces fossiles, n’a jamais assuré positivement 
qu'ils dussent entrer dans le genre Didelphis ; et il propose de désigner 
le genre qu'il en forme sous le nom de #mphigonus. 

» De ces deux passages l'on peut déduire qu'avant d’avoir vu cés fossiles 
en nature, M. Agassiz avait pensé qu'ils pourraient provenir de pois- 


(531) 

sons, opinion qu'il a abandonnée pour les rapporter décidément à la 
classe des mammifères. Ainsi, comme le fait justement observer M. Va- 
lenciennes, ce serait à tort que M. Agassiz réclamerait l'opinion opposée, 
quoique au fond aucun de ces articles n'ait pour but d'établir d'une ma- 
niere formelle que les animaux de Stonesfield sont bien certainement des 
mammifères, comme le dit cependant M. Valenciennes. On peut au con- 
traire y trouver l’assertion, quoique sans preuves, que le système dentaire 
du prétendu Didelphe de Stonesfield s'éloigne trop de celui des Marsupiaux 
pour qu'il puisse être rangé dans cette sous-classe, et que si dans son en- 
semble il offre une certaine ressemblance avec ce qu’il est chez les Insec- 
üvores , les dents postérieures en particulier peuvent aussi être comparées 
avec celles de certains Phoques. Aussi penche-t-il à en faire plutôt un ani- 
mal aquatique qu'un animal terrestre, en le rapprochant des amphibies. 
On y trouve également que M. Agassiz a pensé que ces fossiles devaient 
former un genre distinct, mais qu’il n’a proposé de le nommer Amphi- 
gonus que dans la seconde Note que je ne connaissais pas en effet, comme 
le dit très bien M, Valenciennes , mais que je ne pouvais connaître , puisque 
cette Note, si elle était imprimée lors de la lecture de mon Mémoire, 
n'était certainement pas publiée. 

» Enfin, je dois encore faire remarquer comme une observation fort 
juste de M. Agassiz, c’est que M. G. Cuvier, en parlant dé ces fossiles , est 
toujours resté dans une forme dubitative , ou du moins peu affirmative, 
comme le voulait un examen rapide et par conséquent peu approfondi. 

» Mais des quatre communications faites à l’Académie sur le prétendu 
Didelphe de Stonesfield , celle de M.Valenciennes doit nécessairement nous 
occuper plus long-temps. En effet, M. Buckland, qui avait d’abord confié 
les pièces à M. Laurillard, savoir : non-seulement l'échantillon sur lequel 
repose le D. Prevostii de M. Cuvier, mais un autre plus complet sous cer- 
tains rapports et dont personne n'avait encore parlé, a bien voulu, sur la 
demande expresse de M. Valenciennes, permettre qu'il en fit le sujet de ses 
observations ; de plus que l’on en prit des empreintes soigneusement faites 
en soufre, dans notre atelier de moulage; en sorte qu'on a pu en tirer des 
reliefs en plâtre qui vont enrichir la collection paléontologique de notre 
Muséum. 

» M. Valenciennes a en outre recu en communication de M. Lau- 
rillard , un dessin fort soigné, à ce qu'il m’a paru, envoyé anciennement 
à M. G. Cuvier par M. Phillips, et qui a été fait d’après une troisième demi- 
mâchoire de la collection de M. Sikes. 


(732) 


» En sorte que au lieu de deux seuls échantillons de ce curieux fossile 
que je croyais exister en Angleterre, on en possède aujourd’hui quatre, 
y compris celui de la collection de M. Broderip, et même cinq d’après la 
premiere Note de M. Agassiz, mais toujours en ne comptant pas le frag- 
ment de l’École des Mines dont nous avons parlé dans nos premiers doutes, 
et qui est généralement acquis aux Sauriens. 

» De l'examen autoptique des deux pièces apportées par M. Buckland et 
dont les moules en plâtre ont été seuls mis sous les yeux de l’Académie, 
et du dessin de celle de la collection de M. Sikes, M. Valenciennes re- 
vient à l'opinion de M. Cuvier que c’est un mammifére didelphe; qu'il 
croit, cependant, comme tout le monde avant lui, devoir former un 
genre distinct, auquel il assigne encore un nouveau nom; mais qu'il choisit 
assez significatif pour qu’à lui seul il formule nettement sa manière de 
VOIr. 

» C'est aussi l’opinion à laquelle se sont rangés MM. E. Geoffroy Saint- 
Hilaire et Duméril: l’un de confiance, et par conséquent sans exposer les 
raisons de sa conviction; l’autre, en s'appuyant sur l'existence d’un con- 
dyle et la non-composition de la mächoire. 

» Sans doute les personnes qui sont peu au courant de la science de 
l'organisation, et qui ont une foi trop absolue dans l’assertion, un peu 
ambitieuse peut-être, qu’à l'aide d’un seul os, d’une simple facette d'os, 
on peut reconstruire le squelette d’un animal, et par conséquent en dé- 
terminer la classe, l’ordre, la famille, le genre et même l'espèce, ont du 
trouver étrange que quatre ou cinq demi-mächoires plus où moins armées 
de leurs dents, soient insuffisantes pour déterminer promptement et d’une 
manière certaine à quelle classe a appartenu l'animal dont elles provien- 
nent; mais leur étonnement cesserait si elles voulaient remarquer d’abord 
que, dans le cas actuel, ces mâchoires ne sont peut-être aucune bien 
entière; qu’elles ne sont pas à la disposition complète ni de nous, ni de 
ceux même qui les possèdent , à cause de leur confusion avec la roche qui 
les renferme, et de la dureté extrême de celle-ci; mais ensuite, et surtout 
parce que l’assertion citée plus haut, quoique presque passée dans le 
langage vulgaire, juste jusqu’à un certain point, quand on l’applique 
à des animaux connus ou fort peu différents de ceux qui le sont, de- 
vient exagérée et même tout-à-fait décevante , lorsqu'il est question de 
formes nouvelles et plus ou moins insolites, soit récentes, soit fossiles, 
comme cela sera mis hors de doute par suite de mon grand travail pa- 
léontologique. 


(733) 


» M. de Blainville passe ensuite à la description détaillée de trois 
pièces , nouveaux éléments dans la résolution de la question. 

» Sur la première, base du D. Prevosti, dont il a pu se faire, d’après 
l'empreinte, une idée plus juste et toute différente de celle qu'il avait pu 
prendre d’après des figures tout-à-fait inexactes, surtout celle donnée par 
M. Prevost, il fait principalement remarquer qu'il n’y a aucune trace de 
condyle, mais plutôt une sorte d’échancrure articulaire, un peu comme 
dans les poissons; il insiste sur la présence d’un sillon marginal inférieur, 
et il fait l'observation que les dents, qui sont bien loin d’offrir la régularité 
de disposition indiquée par les figures citées, ont le sommet des racines 
adhérent et non distinct de la substance de la mâchoire. 

» Sur la seconde pièce, qui entre pour la première fois dans la discus- 
sion , etqui, plus complète sous le rapport de l'os, l'est beaucoup moins 
sous celui du système dentaire, M. de Blainville pense contradictoirement 
avec ce qu’en à dit M. Valenciennes, qui l'a prise à l'envers, que c’est 
encore une mandibule du côté droit et vue à la face externe; ét pour 
preuve il fait remarquer la courbure générale de la branche horizontale 
dans sa longueur, et sa convexité déclive vers la ligne dentaire; l'existence 
d'une fosse massétérienne, celle de l’apophyse angulaire évidemment con- 
vexe du côté libre et recourbée du côté adhérent, et enfin l’existence du 
même sillon observée dans la pièce précédente. Aussi n’admet-il ni l’ori- 
fice du canal dentaire, signalé par M. Valenciennes comme un petit trou 
rond situé au point de jonction formant ressaut de la fosse massétérienne 
avec la branche horizontale; M. de Blainville, supposant que cette appa- 
rence si évidente sur la pièce peinte, mise sous les yeux de l'Académie par 
M. Valenciennes, est due à quelque illusion de couleur, puisqu'il n’en 
existe aucune trace sur l'empreinte en soufre, ni sur le modèle en plâtre 
non colorié. Il n’admet pas davantage la symphysg décrite par M. Valen- 
ciennes, pas plus qu’un condyle articulaire, ni même une apophyse coro- 
noïde, terminée aussi nettement que cela paraît sur la pièce peinte, puis- 
que rien de semblable ne se montre sur l'empreinte en soufre. 

» Enfin, sur la troisième pièce consistant en un dessin soigné, qu'il n’a 
vu qu'un moment entre les mains de M. Valenciennes qui, malheureuse- 
ment, n’a pas cru devoir le lui confier, M. de Blainville pense que la forme 
en palmette, quinquélobée, des molaires postérieures, suffirait seule 
pour repousser tout rapprochement avec les Didelphes, et même avec les 
Mammifères. 

» En sorte que M. de Blainville passant en revue les raisons sur les- 


(734) 

quelles M. Valenciennes appuie son opinion, savoir : a) l'existence d’un 
condyle dont M. de Blainville nie positivement l'existence sur les deux em- 
preintes citées ; b) la forme des dents qui n’ont certainement aucun rapport 
de nombre, de disposition et de forme pas plus avec celles de la Marmose 
qu'avec celles d'aucun mammifere connu, quoique l'on s'appuie sur ce 
que M. Agassiz aurait dit que les dents ont cinq pointes disposées comme 
dans les Insectivores, ce qui n’est pas, comme on a pu le voir dans la 
note rapportée textuellement plus haut; c) l'aspect de la branché mon- 
tante qui dans les deux pièces est tronquée et n’a laissé que son empreinte, 
indiquant une sorte de lame fort mince, légèrement convexe en dehors 
et concave en dedans; d) la symphyse qui n’existe qu’en apparence ; 
e) l'ouverture du canal dentaire dont il nie également l'existence , puisque 
la mâchoire est vue en dehors, et qui n'aurait ni ia forme ni la position 
de celui des Didelphes, ni même d’autres mammifères; f) le prolonge- 
ment de l’apophyse angulaire, qui n’a dans sa forme rien qui rappelle ce 
qui est dans les Didelphes, et qui lui rappelle plutôt un peu ce qui a 
lieu dans certains poissons ; g) enfin , la composition de la mächoire, qui 
pouvant bien n'être plus visible dans une pièce aussi anciennement fossi- 
lisée, et cependant avoir existé, lui parait avoir laissé quelques indices 
dans le sillon marginal inférieur qui se remarque dans les deux pièces et 
dans le ressaut où il commence. 

» M. de Blainville se voit donc encore forcé de rester, jusqu’à nouvel ordre 
du moins, dans la conviction que les portions de màchoires inférieures 
fossiles à Stonesfield ne proviennent certainement pas d’un mammifere 
Didelphe, probablement pas davantage d’un mammifère Monodelphe in- 
sectivore ou amphibie, et que par conséquent il est plus à croire que 
c'était un animal ovipare. Quant au doute qu'il émettait, par analogie 
avec ce qui existe dans,le Basilosaurus, grand reptile fossile d'Amérique, 
dont les dents offrent …. singularité d’avoir une double racine, que ce 
pouvait être un animal de l'ordre des Sauriens, M. de Blainville dit que 
si M. Agassiz, qui a étudié les poissons fossiles encore beaucoup plus que 
lui, ne s'était pas aussi fortement prononcé contre tout rapprochement 
avec les poissons, il serait assez porté à penser que ce pourrait être un 
animal de cette classe. 

» Des-lors on voit, ajoute M. de Blainville, comment je dois persister 
à conserver le nom d'Æmplhitherium que j'ai proposé, si toutefois il a la 
priorité sur celui d'Æmphigonus donné par M. Agassiz; et cela d'autant 
plus que lorsque même il serait hors de doute que ces mâchoires pro- 


(735) 

viennent d’un mammifère, je ne verrais rien en elles-mêmes , pas plus 
que dans leur système dentaire, qui dût porter à en faire nécessairement 
un Didelphe; car du système dentaire, et surtout de la partie molaire, 
conclure au reste de l'organisation, et surtout à la Didelphie, c’est, 
comme je me propose de le montrer dans un rapport que je dois faire 
incessamment à l’Académie, aller bien au-delà de ce que permet la mé- 
thode d’analogie. 

» Au reste, il parait que tout le monde n’a pas regardé la question 
comme aussi an résolue que nos confrères l'ont supposé, 
puisque, d après ce que m'a rapporté un zoologiste et anatomiste, que 
pour ma part je regrette fortement de ne pas voir au nombre des con- 
currents à la place vacante dans notre section, M. Buckland lui-même 
a exposé le problème et les pieces sur DATES il repose à l’investigation 
des naturalistes allemands réunis en congrès à Fribourg, en Brisgaw, au 
mois de septembre dernier, comme il avait eu ALOER de le faire en 
les apportant à Paris. 

» Espérons donc que les zoologistes allemands qui ont vu et étudié ces 
fossiles énigmatiques, se joignant à ceux qui les possèdent ou les ont à 
leur disposition, en Angleterre, la discussion soutenue par des raisonne- 
ments appuyés sur des faits bien vus et incontestables, pourra atteindre à 
une démonstration, quelle qu’elle soit, peu importe, pourvu qu'elle soit 
assez complète pour être adoptée, sinon généralement, du moins par tous 
ceux qui, dans les questions scientifiques, ont le bonheur d’avoir le temps 
etle pouvoir de juger sans prévention, mais aussi avec connaissance de cause. 

» Je dois même, en terminant, annoncer à l’Académie que le rédacteur 
pour les sciences, du journal anglais l4thenœum, a déjà mis sous les yeux 
de ses lecteurs le point de la discussion, ne doutant pas qu'incessamment 
‘ on ne découvre dans les carrières de Stonesfield quelque pièce suffisam- 
ment none et qu’en attendant, il a lui-même proposé, pour 
éviter, dit-il, d’être accusé de partialité en choisissant l’un des trois déjà 
proposés , L nom Botheratiotherium , pour le prétendu Didelphe de l'o0- 
lithe; en sorte que la science est déjà embarrassée de quatre ou cinq dé- 
nominations pour désigner un être qu’elle connaît à peine, puisque les uns 
le rapportent aux Mia fobes ceux-ci aux Monodelphes insectivores, ou 
aux Amphibies, et ceux-là aux Didelphes voisins des Sarigues, ou à un 
genre représentant les Phoques dans cette sous-classe, suivant l'opinion 
particulière de M. Strauss, tandis que d’autres en font un Saurien ou 
même un Poisson ; ce qui, soit dit en passant, semble être beaucoup mieux 

C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 47.) 100 


(736 ) 
en rapport avec l’âge et la nature géologique de la formation qui contient 
les restes fossiles en question, ainsi qu'avec les corps organisés qui les 
accompagnent. » 1 


Remarques de M. Duwéris à l'occasion du Mémoire de M. de Blainville. 


« M. Duuérir soumet à l’Académie quelques observations pour appuyer 
l'opinion qu'il a précédemment émise et dans laquelle il persiste , savoir: 
que la branche de la mâchoire fossile, dont les empreintes en creux et en 
relief sont placées sous les yeux de l’Assemblée, n’ont jamais pu appar- 
tenir à un reptile, mais très positivement à un mammifere dont les dents 
étaient tranchantes. 

» Il établit son assertion sur l'inspection de la partie osseuse de la 
branche maxillaire qui est simple ou non composée de pièces distinctes 
par des sutures, sur l’existence et la direction du canal maxillaire, sur la 
présence et la courbure de l’apophyse coronoïde, et enfin sur la saillie de 
l'angle inférieur et postérieur de cette portion de la mâchoire inférieure. 
Car, dit-il, dans tous les reptiles qui ont des dents, le mode de leur im- 
plantation est absolument différent. Les crocodiles et les varans ont tou- 
jours les dents coniques, isolées, implantées par gomphose. Dans les autres 
familles de sauriens on sait, d’après les belles observations de Wagler, que 
tantôt les dents sont soudées sur le sommet des os comme chez les Æcro- 
dontes , et que chez les autres elles sont reçues en commun dans une 
rainure sans cloisons osseuses, comme dans les Pleurodontes , quelle que 
soit la forme des dents et le mode de leur soudure; or, dans la mâchoire 
en question les dents sont reçues dans des alvéoles distinctes et leurs 
couronnes sont supportées par des racines divisées. Quant au Basilosaure 

présenté comme comparaison, il faut avouer que les vertèbres qu’on 
croit provenir de ce fossile, semblent plutôt être d’un cétacé que celles 
d’un reptile. » 


TÉRATOLOGIE. — Études sur le cas de monstruosité de Prunay-sous-Ablis , 
arrondissement de Rambouillet; par M. Grorrroy-Sainr-Hiraine. 


GéoLoGiE. — Lignites avec cristaux de blende , chaux phosphatée et osse- 
ments fossiles , trouvés à Muyrencourt (Oise). — Note de M. Broquener. 


« Il y a environ 18 ans, j'ai présenté à l’Académie diverses substances 
et des ossements fossiles trouvés à Auteuil, dans les parties inférieures de 


(737 ) 
l'argile plastique, au milieu du lignite.. Parmi ces substances, je citerai la 
blende en petits cristaux octaèdres, pour ainsi dire microscopiques, la 
strontiane sulfatée , la chaux phosphatée en nodules, le succin et le fer 
phosphaté, etc. (Mémoires de l’Académie , t. X1.) 

» M. Legrand des Cloiseaux, élève externe des Mines, vient de trouver 
dans le lignite du Soissonnais à Muyrencourt, à deux lieux de Noyon, 
dans un gisement semblable à celui d'Auteuil , de jolis cristaux de blende 
sur du lignite silicifié, de la chaux phosphatée en nodules: et des ossements 
fossiles en assez grand nombre, également recouverts de cristaux de blende, 
et des graines également silicifiées. La présence de ces diverses substances 
dans le lignite du Soissonnais établit son identité avec le lignite d'Auteuil. » 


M. pe Wresexine, Correspondant de l’Académie pour la section de Méca- 
nique, présente un Mémoire ayant pour titre : Exposé relatif à l'adhésion 
des eaux. 

Sur la demande de l’auteur, ce Mémoire, qui est relatif à un phéno- 
mène. de marées dans les lagunes de Venise, est renvoyé à l'examen 
d’une Commission composée de MM. de Prony et Coriolis. 

M. de Wiebeking fait en méme temps hommage à l’Académie de plusieurs 
Mémoires imprimés. (Voir au Bulletin bibliographique.) 


NOMINATIONS. 


M. Gzorrroy-Sainr-Hiraire, au nom de la section d’Anatomie et de 
Zoologie, propose de déclarer qu'il y a lieu à nommer à la place devenue 
vacante par la mort de M. Frédéric Cuvier. 

L’Académie, consultée sur cette question par voie de scrutin, se pro- 
nonce pour l'affirmative à une majorité de 39 voix contre 3. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur une nouvelle machine à vapeur à rota- 
tion immédiate ; par M. Pezrreran. 


(Commissaires, MM. Arago, Séguier.) 
« Ce système , dit l'auteur, est principalement fondé sur l’action d’un 


let de vapeur, entraînant avec lui d’autres fluides élastiques, et mettant en 
100. 


( 758 ) 


mouvement une pièce mobile de rotation convenablement disposée pour 
absorber la plus grande partie du mouvement de cette veine fluide. 

» Cette machine est très simple et à peine altérable; elle produit immé- 
diatement sans piston ni soupapes, un mouvement de rotation de dix à 
vingt tours par seconde; elle a la propriété d'exercer une puissante aspi- 
ration qui peut servir à déterminer la combustion dans le foyer qui en- 
gendre la vapeur, ce qui donne une combustion complète, supprime les 
cheminées et fait disparaître la fumée. 

» La vapeur est ici employée par impulsion et non par pression, ce qui 
évite tout ajustement difficile, etramène la machine à vapeur à la condition 
d’un mécanisme très vulgaire; néanmoins la puissance du moteur est ap- 
pliquée avec assez d'avantage pour offrir une économie de moitié dans la 
consommation du combustible relativement à une bonne machine à dé- 


tente. 

» Ce nouveau système promet aux chemins de fer des vitesses de vingt 
lieues à l'heure sans danger pour la machine; il assuré l’économie des ré- 
parations qui absorbent tous les avantages de ces chemins, et, quant à la 
navigation , il réduit de moitié le poids des appareils des bâtiments à va- 
peur et réduit aussi de moitié leur consommation de combustible. 

» Il existe chez M. Stoltz, mécanicien ,une machine qui fonctionne , une 
machine démontée et une machine de vingt chevaux en construction; ces 
appareils seront soumis à l'observation des Commissaires de l'Académie, 


aux jours et heures qui leur conviendront. » 


Mécanique APPLiQuÉe. — Figure et description d’une machine manœu- 
vrant au moyen du flux et du reflux de la mer; par M: GuixGuanr. 


( Commissaires, MM. de Prouy, Dupin.) 


L'auteur dit n'avoir connu que depuis peu la ressemblance qui existe 
entre sa machine et celle que Detrouville présenta, en 1790, à l’Acadé- 
mie des Sciences. Il pense d'ailleurs que le nouvel appareil n’est pas sujet 
aux mêmes objections que l’ancien dans lequel les commissaires de lA- 
cadémie avaient signalé, comme vice principal, le grand nombre de sou- 
papes entrant dans sa construction, soupapes dont le jeu est sujet à 
être troublé par divers accidents. Ces pièces sont remplacées, dans le 
dispositif de M. Guinguant, par des tubes et, suivant lui, cette modifi- 
cation, en même temps qu’elle mettrait à l'abri des perturbations aux- 


( 739 ) 


quelles on était exposé dans le système de Detrouville, rendrait l'entre- 
tien de la machine bien moins coûteux. 


MÉécaNIQUE APPLIQUÉE. — Description d'un appareil destiné à prévenir 
les explosions des machines à vapeur; par M. Lover, chirurgien mi- 
litaire. 


(Commission des rondelles fusibles.) 


M. Carraun soumet au jugement de l’Académie une pendule météoro- 
logique dans laquelle, au moyen d’un flotteur, la hauteur du mercure 
dans le tube du thermomètre , est marquée de demi-heure en demi-heure 
sur un papier disposé à cet effet. 


(Commissaires, MM. Arago, Gambey.) 
M. ne La Moscow adresse une suite d'échantillons de roches qu'il a 


recueillis sur le Vignemale dans le cours de son ascension sur cette mon- 
tagne, au mois d’août dernier. 


(Commissaires, MM. Cordier, Élie de Beaumont.) 


M. »E Casrro adresse une Note sur les moyens de diriger les aérostats. 


(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis.) 


MM. Baurer-Sonnaror et Ciraporin présentent une Note sur un noue 
veau système de typographie. 


(Commissaires, MM. Huzard, Gambey.) 


M. Facemaz présente quatre Mémoires relatifs à des instruments de phy- 
sique qu'il désigne sous les noms de Télégraphe pneumatique, Courrier 
Pneumatique , petit Baromètre, et Excitateur du calorique. 


(Commissaires, MM. Savary, Pouillet.) 


CORRESPONDANCE. 


M. ze Miisrne pe L’Axsrrucrron PUBLIQUE annonce à l’Académie que 
désormais tous les livres ou mémoires qu’elle aurait à adresser aux Sociétés 
savantes et établissements scientifiques des départements , arriveront 


( 740 ) 


sans frais à leur destination, pourvu qu'ils soient transmis par l'intermé- 
diaire de son Ministère; que les envois de même nature des Sociétés 
départementales à l’Académie lui parviendront également sans frais, à 
condition qu'ils soient faits sous le couvert du Ministère de l'Instruction 


ublique et par l'intermédiaire des préfets. 
pupnq P P 


M. le MErnisrre pe £a Marine annonce que, conformément au vœu ex- 
primé par l'Académie, il sera incessamment procédé à la publication des 
résultats scientifiques du voyage de la Bonite. 

M. le Ministre demande en conséquence que les documents recueillis 
pendant la campagne de la Bonite, et qu'il a successivement adressés à 
l’Académie, soient remis à M. le capitaine Vaillant, ainsi que ceux qui ont 
été présentés par cet officier lui-même à son retour de l'expédition. 


M. H. Mouc, nonimé récemment correspondant pour la section de 
Botanique , adresse ses remerciments à l’Académie. 


puysique. — M. Rress, de Berlin, présente, par l'intermédiaire de M: de 
Humboldt , un Mémoire renfermant ses nouvelles Recherches expérimen- 
tales et analytiques sur les quantités de chaleur que l'électricité produit dans 
des fils métalliques. Le Mémoire allemand fait suite à ceux que ce savant à 
publiés dans les Annales de Poggendorf (t. 40, p. 335 et t. 43, p- 47) 
« Si l'on fait passer une décharge de batterie électrique par un fl d'argent 
de 148 - pouces de longueur, par un fil d’or de 88 = pouces, par un fil 
de platine de 15 : pouces; ces fils d’égale épaisseur éprouveront une aug- 
mentation de température très différente; mais lorsqu'on les suppose en- 
vironnés de glace après la décharge, ils feront fondre d’égales quantités 
de cette glace, en revenant à leur température primordiale. 

» La force calorifiante d’un métal, c’est-à-dire la quantité de chaleur qui 
se développe dans chaque métal au moyen d’une décharge électrique, peut 
être trouvée en divisant la force retardatrice électrique, par sa capacité 
(chaleur spécifique) et sa pesanteur spécifique. 

» Lorsqu'on réunit différents fils métalliques pour décharger une bat- 
terie, les quantités de chaleur qui se développent sont proportionneiles 
aux retards que chaque fil produit pendant une décharge électrique. 


(74) 


Écecrriciré. — Observations sur les courants secondaires. — Extrait 
d’une lettre de M. Scnoexeern à M. Becquerel. 


» Si l’on remplit d'acide muriatique bien pur un tube en U, dans chaque 
branche duquel on place ensuite un fil de platine en communication avec 
les pôles d’une pile, de manière à ce qu'il s’'établisse un courant dans le 
liquide, et qu’ensuite lorsque ce courant a duré quelques minutes, on 
enlève ces deux fils pour en substituer d’autres de même métal, mais 
qui ne soient pas en communication avec une pile, on obtient un courant 
secondaire dont l'existence est rendue sensible par le moyen du galvano- 
mètre, si l'instrument est assez délicat. Ce courant est en sens opposé du 
précédent. Le phénomène a lieu même quand le courant produit par 
la pile est très faible. Des résultats semblables s’obtiennent en substituant 


à l'acide muriatique divers autres liquides, par exemple l'acide sulfurique 
étendu d’eau. » 


ÉLECTRICITÉ. — Conclusions d'un Mémoire de M. Marreucer sur les pola- 
rités secondaires, communiquées par M. Becquerel. 


« 1°. Les lames de platine qui ont servi pour transmettre le courant 
d'une pile dans de l'eau et sur lesquelles les gaz hydrogène et oxigène se 
sont développés, conservent pour un certain temps une couche de gaz. 

» 2°. Toute lame de platine plongée dans du gaz hydrogène, ou dans du 
gaz oxigène, se couvre d’une couche de ces gaz et la conserve pendant 
un certain temps. 

» 3°. Lorsque deux lames, l’une couverte d'hydrogène, l’autre d’oxigène, 
sont plongées ensemble dans de l’eau distillée ou dans un autre liquide, 
il y a un courant qui va de l'hydrogène à l'oxigène dans ce liquide. 

» 4°. Une seule lame préparée dans l’un des deux gaz, plongée avec 
l'autre dans le liquide, donne lieu au courant électrique dirigé dans le sens 
établi lorsqu'on emploie les deux lames à la fois. » 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Emploi dans la teinture de la matière colorante du 
Polygonum tinctorium. 


M. Jaune Sarnr-Hiraime présente deux échantillons d'une méme étoffe 


de coton teints, l’un avec lindigo du Polygonum tinctorium , l'autre avec 
l'indigo du Bengale. 


( 742 ) 


« On remarquera, dit M. Jaume Saint-Hilaire dans la lettre qui accom- 
pagne cet envoi, que la couleur, très belle sur les deux échantillons, est 
plus unie sur celui qui à été teint avec le Polygonum, ce qui semblerait 
indiquer que la matière colorante fournie par cette plante, est plus divisible 
quecelledesindigos du Bengale qui provient de l’Zndigofera tinctoria.» 

L'auteur de la lettre rapporte ensuite divers essais qu'il a faits pour 
s'assurer de la facilité qu'offrirait la culture en grand de cette plante, et 
déterminer à peu près la quantité et la valeur des produits. 11 présente les 
expériences suivantes comme donnant des résultats semblables à ceux sur 
lesquels on pourrait compter dans les circonstances ordinaires, si la cul- 
ture du Polygonum était introduite dans notre économie agricole : 

« Le 20 septembre dernier, j'ai coupé, dit-il, conjoimtement avec le jar- 
dinier de Villers, les pieds de Polygonum de deux planches, sur une surface 
de 150 pieds carrés. La moitié était venue de semis sur place , l’autre moitié 
de plants repiqués : ils m'ont fourni 20 livres de feuilles. 

» Au mois de mai dernier, j'ai fait repiquer, chez M. Laffitte, à Maisous, 
environ bo pieds de Polygonum provenant de mes semis, dans un terrain 
beaucoup moins favorable que le précédent : cette plantation a néanmoins 
réussi. Quelques pieds ont poussé deux ou trois tiges; les plus forts en 
avaient cinq à six. Le 4 du mois d'octobre, j'ai coupé tous ces Polygonum : 
ils m'ont fourni onze livres de feuilles; ils occupaient une surface de 80 pieds 
carrés. 

» Le 31 du mois de mai dernier, j'ai fait repiquer, chez M. Pelletier, à la 
Planchette, commune de Clichy, sur un terrain de 90 pieds carrés et d’une 
nature très peu favorable : le 16 de ce mois, j'ai obtenu dix livres de 
feuilles. 

» D'après ces trois expériences, on peut calculer qu'un arpent de 
32 4oo pieds carrés et contenant 20 mille Polygonum , produira 4 à 5 mille 
livres pesant de feuilles, lesquelles rendront 80 à 100 livres d’indigo, 
100 livres pesant de feuilles donnant, par mon procédé d'extraction, aimsi 
que par celui de M. Baudrimont , environ 2 livres d’indigo. Or, 9o livres 
pesant d’indigo vendues à 7 francs la livre , lorsque celui du commerce est 
à 9, 10 et 12 francs la livre, produiraient la somme de 630 francs. 

» Gette évaluation du produit d’un arpent est faite au plus bas possible; 
on peut compter sur un produit presque double lorsque le Polygonum 
tinctorium aura été cultivé dans des terres fraiches, fertiles , et que la sai- 
son sera moins tardive que celle de 1838. 

» Les frais de culture sont peu considérables lorsque cette plante est 


(743 ) 
déjà un peu forte, on lui donne un seul binage, et l’on attend l’'entier 
développement des feuilles. Quant à l’extraction de son indigo, la plus 
forte dépense sera dans une grande quantité d’eau chaude et de Pacide 
sulfurique, ou de l’eau de chaux. » 


MÉTÉOROLOGIE. — Pluie dans les Antilles. 


M. Arago met sous les yeux de l’Académie un cahier d'observations 
météorologiques qui lui a été communiqué par M. Courlet de Vrégille, 
capitaine d’artillerie et ancien élève de l'École Polytechnique. Voici les cu- 
rieux résultats qu’on en déduit : 


Quantité de pluie tombée à la Basse-Terre de la Guadeloupe. 


ADMET Eee cree ere 0,180 
Septembre..." 4eme 0,370 
Octobre RIRE RON ENMEE 53 0,190 
Novembre eee cesse eee 0,150 
Décembre None iobioaboationobE 0,220 
Janvierr628 2. LASER AR AO AI 0,478 
Hévriereeu:Cl---uerc-ceb-cHeon Leo. 0,245 
Mars eme ciel eee esee se: T 0,054 
ll éonovoniouovedracsoocscodcdeosceon 0,117 
Maïs. shracras Ar Tone ta in dte = MU 0,290 
Jason: écrite PLOPÉOULOE 0,423 
JU Eee rlecesetel Arai e 0,514 
Total pour une année.................. 3,231 


Quantité de pluie tombée à l'établissement du Maroura , à la Gucdeloupe. 


Août 1827 (duo au 1® septembre).......... be 
Septembre. ........ LL 26008 ob .... 0,451 
OCtODre se «en M RS Are +... 0,575 
Novembre ..... 0080000 0e Dabbb souche 0,543 
Décembre. Re Ru eee eee 0107400 
Janviernr828.. 0... FOOD 000T COS 1,004 
Février se sise ce donna Aer TU 0,710 
Mars A en de et eee Mate ST ME 0,259 
Avril eee DobécooLascanonboo bdDéguoeona 0,334 
Matane AU RAA nl eq AS TU 0,841 
Juin... no Dibse débat PE AE 0,613 


Juillet (et les neuf premiers jours d’août)..... 1,094 


Total pour une année...... HAS HE RETS 7,425 
C. R. 1838, 2° Semestre. (T.VII, No 47.) HS 


( 744 ) 


Ainsi, sous le même climat, dans deux stations peu éloignées l'une de 
l'autre, la quantité de pluie peut varier du simple au double! 

La Basse-Terre, comme le nom l'indique, est presque au niveau de 
l'Océan; le Matouba, au contraire, est assez élevé. La Basse- Terre est 
au bord de la mer, la contrée voisine a peu de relief; le Matouba, 
situé dans les terres, touche presque à des montagnes couvertes de forêts 
vierges. Pour quelle part la situation intérieure du Matouba ; sa hauteur, 
son voisinage des forêts entrent-ils dans l'énorme quantité de pluie qui 
tombe dans cette station ? C’est ce que je n’essaierai pas de résoudre. Cha- 
cun comprendra, cependant, combien la question est importante. 

Si j'ai bonne mémoire, d’après le chiffre que M. de Vrégille m'a fourni, 
le Matouba est parmi tous les lieux du globe où l’on à fait des observa- 
tions météorologiques, celui dans lequel il tombe le plus de pluie. 


MéréoroLocie. — Nombre des jours de tonnerre à Nantes. 


M. Arago a reçu de M. Auette, opticien de Nantes, des résultats qu’on 
pourra joindre à ceux qui ont déjà paru dans l'Annuaire de 1838, tou- 
chant la distribution géographique des orages. D’après les observations de 
M. Auette, il y a eu à Nantes: 3 


En 1824 .......... 13 jours de tonnerre. 


Fe CC re ce 9 
ROSE Sense US 
2.1] Mopcouoanoe 8 
D}: MEET EURE 16 
20. eee RCE T 
SON ooéoor00 14 
37 dents 16 
SE boasr once 9 
SET 00 16 
SAR eee 15 
SON EEE : II 
30 soma 12 
37 ne 10 
Moyenne:....:10 12 


Paysique.— Rayonnement de la chaleur. 


Pour expliquer comment il arrive que, toutes circonstances restant 
égales, les corps dépolis émettent, rayonnent plus de chaleur que les 


(745) 
corps polis, M. Legrand ajoute aux causes signalées dernièrement par 
M. Melloni, une considération d’une tout autre nature. 

Suivant lui l'augmentation aurait lieu lors même que l’opération méca- 
nique à l’aide de laquelle on engendre lé dépoli, n’altérerait pas le pou- 
voir émissif des parties superficielles : l'émission directe restant la même 
à raison de la loi du cosinus, il doit y avoir un accroissement provénant 
de ce que la chaleur émanée, sous certains angles, de chaque face d’une 
rugosité, se réfléchit en partie quand elle tombe sur la face opposée. 

M. Arago fait la remarqué que cette explication a déjà été insérée il y 
a quelques années dans un Recueil scientifique anglais. 


ASTRONOMIE. — Comète à courte période. 


M. Valz , directeur de l'Observatoire de Marseille, écrit à M. Arago qu'il 
a apercu la comète le 9 octobre dernier. La lumière de cet astre est d’une 
faiblesse extrême ; on n’aperçoit pas encore de trace de noyau; par estime 
le diamètre de la nébulosité n’a pas semblé de moins de 20/. D’après des 
considérations théoriques, M. J’alz croit que la comète atteindra son 
maximum de volume le 28 octobre, et que le diamètre dépassera alors 25’. 
En novembre la diminution de grandeur apparente sera rapide. 


M. Euc. Rosert adresse de nouvelles considérations sur la géologie du 
nord de l’Europe, particulièrement sur les changements survenus dans le 
relief du sol de ces pays, et sur l’origine des blocs erratiques que présen- 
tent en très grand nombre les Alpes scandinaves. Il croit que le second 
phénomène a avec le premier des rapports beaucoup plus étroits qu’on 
ne l’a d’abord soupçonné. 

M. Robert dit n’avoir pas trouvé dans toute la Scandinavie, de monta- 
gnes purement granitiques, mais seulement des passages accidentels du 
gneiss au granite; pas de basaltes vrais indiquant le voisinage des feux vol- 
caniques, mais seulement des trapps et des porphyres; enfin, pas une 
seule source thermale, et comme eaux minérales seulement des eaux ferru- 
gineuses. Il ajoute, que dans ce pays on n’a ressenti, de mémoire d'homme, 
aucun tremblement de terre. * 

e 

À l'occasion d’un article du journal des travaux de l’Académie de l’In- 
dustrie, sur la solidification de l'acide carbonique , article dans lequel il 
n'est question que des expériences de M. Kemp, qu'on serait ainsi porté 

101. 


( 746) 
à considérer comme l'inventeur du procédé opératoire, M. Gurrrann re- 
vendique en faveur de M. Thilorier l'honneur de cette belle découverte. 


M. Sénucor demande à reprendre un Mémoire sur les luxations du fé- 
mur, qu'il avait anciennement présenté, et sur lequel il n’a pas encore été 
fait de rapport. 


M. Demonvize demande à être porté sur la liste des candidats pour 
la place. vacante dans la section de Physique par suite du décès de 
M. Dulong. 


M. Prourrez écrit relativement à une machine qui, suivant lui, donne- 
rait une augmentation de la force sans perte de vitesse. L'appareil rentre, 
comme on le voit, dans la classe de ceux que les réglements de l'Académie 
désignent comme ne devant point être renvoyés à l'examen d’une Com- 


mission. 


M. Corousar, de l’Isere, adresse un paquet cacheté relatif à divers 
moyens qui seraient propres à modifier l'éruption des pustules de la va- 
riole , de manière à ce qu’elles ne laissassent point de cicatrices. 

Le dépôt de ce paquet est accepté. j 


La séance est levée à cinq heures. A. 


(747) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 18338, ne 16, in-4°. 

Rapports sur les recherches géographiques, historiques et archéologiques 
à entreprendre dans l'Afrique septentrionale. (Rapports demandés par M. le 
Ministre de la Guerre à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, pour 
servir d'instructions à la future expédition scientifique d'Afrique.) In-4°. 

Connaissance des Temps ou des mouvements célestes, à l'usage des 
astronomes et des navigateurs, pour l'an 1841, publiée par le Bureau des 
Longitudes ; in-8°. 

Essai sur la Distribution géographique des roches dans le département 
de la Manche ; par M. pe Caumowr, 2° partie, in-4°. 

Histoire naturelle” des îles Canaries ; par MM. Wess et BERTHELOT ; 
34° livraison , in-4°. 

Species général et iconographie des Coquilles vivantes ; par M. Kiever ; 
21° livraison, in-4°. 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 3, n° 1, 15 octo- 
bre 1838, in-8°. 


Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l Auvergne ; tome 17, 
mai et juin 1838. 

Notice analytique sur les travaux de M. Coste ; in-4°. 

Flora Batava; 114° livraison, in-4°. 

The nautical.... Magasin nautique ; octobre 1838, in-8°. 

Die Kranke.... Sur les changements qu'éprouvent les membranes des 
intestins dans le choléra asiatique ; par M. Bou; Berlin, 1838, in-8°. 

Ueber die.... Mémoire sur la chaleur que l'électricité développe dans 
les fils des métaux hétérogènes; par M. P. Rress; Berlin, in-8. (Extrait 
des Annales de Chimie et de Physique de Poggendorf.) 

Mémoire sur les moyens de mettre Saint-Pétersbourg à l'abri des inon- 
dations et d'établir deux grands ports devant cette ville ; par M. le che- 
valier Wiesexine ; in-4°, avec un plan de la ville. 


Mémoires sur les ports de Venise, Trieste , Nieuwendiep et Cronstad ; 
par le même; in-4°. 


( 748 ) 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; 8° année , 
7° et 8° livraison. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 42, in-4. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 121—1 23. 

Écho du Monde savant; 5° année, n° 379. 

La France industrielle; 5° année, n° 58 — 50. 

L'Expérience ; n° 68. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 29 OCTOBRE 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


Réclamation de M. re Bramvnze à l’occasion du Compte rendu de 
la dernière séance. 


M. de Blainville fait remarquer que sa réplique aux observations présen- 
tées par M. Duméril à l’occasion de la lecture de son Mémoire sur les pré- 
tendus Didelphes de Stonesfied ( séance du 22 octobre) a été omise dans 
le Compte rendu de cette séance, et demande en conséquence l'insertion 
de la Note suivante : 

« Je regrette d'autant plus, dit-il, que cette omission ait eu lieu, qu'il 
me semble que M. Duméril n’a pas été fidèlement servi par sa mémoire. Ainsi, 
sije ne me trompe, il n'a fait aucune observation contradictoire, ni sur lé 
condyle, ni sur l'apophyse coronoïde, ni sur l’apophyse angulaire, parce que 
certainement j'y aurais répondu, et je ne l’ai pas fait, mais seulement sur 
les dents qu’il a dit, avec vérité, ne ressembler à rien de ce qu’on voit dans 
aucun reptile connu; et à ce sujet il a énuméré successivement les diffé- 
rentes formes de dents qui ont été remarquées dans différents genres ou 
familles de Sauriens, en invoquant les dénominations que Wagler a cru 
devoir donner à chacune d’elles dans sa classification des amphibies, quoi- 
qu’elles eussent été déjà signalées bien avant lui. M. Duméril a même ajouté 

C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 48.) 102 


(759) 
qu'il acceptait, jusqu'à un certain point, mon observation que les mà- 
choires fossiles de Stonesfeld pourraient avoir été composées et les traces 
en être effacées. 

» Sur ma demande de la parole pour répliquer à M. Duméril, M. Geof- 
froy Saint-Hilaire, qui avait à lire un Mémoire après moi, et dans la crainte 
que la discussion ne se prolongeàt et ne tombât dans des détails infinis, ce 
sont ses expressions, s'étant jusqu'à un certain point opposé à ce qu'elle 
me füt accordée, ce qui cependant avait déjà été fait, sans hésiter, par 
M. le Président ; je dus commencer, et je commençai en effet par quelques 
mots sur la grande importance du sujet, sous le rapport paléontologique. 
En effet, suivant que ces restes fossiles auraient appartenu à un mammifère 
terrestre, ou aquatique, monodelphe ou didelphe, ou bien à un reptile ou 
un poisson, telle ou telle théorie de ordre de formation, ou de création, ou 
d'apparition, des espèces animales à la surface de la terre, celle du dévelop- 
pement graduel et insensible dans la complication de organisation des ani- 
maux, généralement admise sans preuves suffisantes, se trouverait infirmée 
au confirmée ; invoquant à ce sujet le témoignage des géologues de l’Acadé- 
mie , et celui de M. Geoffroy lui-même, qui, dans la discussion actuelle, 
s'était servi d’une de ces déterminations pour appuyer sa manière de voir 
sur cette grande question. 

» Passant ensuite aux observations faites par M. Duméril au sujet des 
dents du fossile de Stonesfield, qui ne ressemblaient à rien de ce qui 
existe dans aucun saurien connu, j'ai répondu que c'était justement ce 
que j'avais moi-même établi avec comparaison détaillée dans mes premiers 
doutes et d’après mes propres observations , mais que c'était sur le Basilo- 
saurus de M. Harlan, reptile gigantesque du lias d'Amérique, et dont les 
dents, également aplaties, triangulaires à la couronne, sont pourvues d’une 
double racine, que je me fondais pour penser que les mâchoires fossiles de 
Stonesfield pouvaient provenir d’un reptile. Et c’est à cela que M. Duméril 
a répondu que cette prétendue bifurcation n’était réellement qu’une 
cannelure, mais sans parler nullement des vertèbres attribuées à ce même 
animal, et qui, selon lui, pourraient bien provenir de cétacés, ce que 
je suis bien loin d’accepter ; mais la question n’est pas là en ce moment. 

» Je réponds donc aux nouvelles assertions de M. Duméril,, que je n’ai 
malheureusement pas entendues, à ce qu'il paraît, dans la séance derniére, 
sur l'existence d’un condyle articulaire, d’une apophyse coronoïde et d’une 
apophyse angulaire, par une affirmation nouvelle, qu'il n’y a certainement 
sur les empreintes en soufre, ni sur les plàtres que j'en ai fait tirer, rien 


(751) 

qui ressemble à ce qui a été si clairement indiqué sur les plâtres coloriés 
mis sous les yeux de l’Académie, si ce n’est pour lapophyse angulaire , 
c'est-à-dire qu’il n’y à aucune trace d'apophyse articulaire et que l’apophyse 
coronoïde est tronquée sur les deux mâchoires en discussion. Là dessus 
je ne crains pas d’invoquer le témoignage de tous les membres de l'Aca- 
démie, anatomistes ou non , qui ont Pris la peine d'examiner les pièces que 
j'ai eu soin de placer à la fois sur le bureau, et de comparer les plâtres 
peints avec ceux quine le sont PaS, et provenant du même moule. 

» J'assure en outre que les dents du Basilosaure ont bien certainement 
deux racines, comme elles sont décrites et figurées par M. le D: Harlan, 
et que les vertèbres ne ressemblent en aucune manière à des vertèbres de 
cétacés. 

» Je terminerai cette réclamation par la Proposition que j'ai l'honneur 
de faire à l’Académie de décider que dans toute discussion entre deux 
membres, lorsque MM. les Secrétaires ne croiront pas devoir en rendre 
compte eux-mêmes , comme ils en ont le droit sur leur responsabilité , 
le libellé de chacun leur sera remis en séance et communiqué aux per- 
sonnes qui auront pris part à la discussion, avant d'être imprimé, comme 
je me plais à reconnaître que cela a été fait plusieurs fois. » 


M. Dumériz répond « qu'il n’a rien ajouté ni changé à ce qu'il a dit dans 
la séance du 22 de ce mois: que sa mémoire n’a pas été infidèle; qu'il 
persiste dans son opinion et dans toutes ses assertions telles qu’elles ont 
été imprimées dans le Compte rendu. I ajoute qu'il n’a pas parlé des dents 
du Basilosaure, mais seulement des vertèbres de cet animal. » 


PHYSIQUE MATHEMATIQUE. — Memoire sur les vibrations de l’éther dans un 
milieu ou dans le système de deux milieux , lorsque la Propagation de 
la lumière s'effectue de la même manière En {ous sens autour de tout axe 
parallèle à une droite donnée; par M. À. Cavcur. 


« Montrer comment les lois des phénomènes lumineux peuvent se dé- 
duire des équations qui représentent les mouvements vibratoires d’un sys- 
tème de molécules sollicitées par des forces d'attraction ou de répulsion 
mutuelles, tel est l’objet de divers Mémoires que j'ai publiés à diverses 
époques, et en particulier du Mémoire sur la Dispersion, imprimé à Paris 
en 1830; de huit livraisons des Nouveaux Exercices, im primées à Prague, 
et d’un Mémoire lithographié sous la date d’août 1836. Ce dernier Mémoire 


102. 


( 752 ) 


se composait de deux parties. La première offrait des formules générales 
d'analyse applicables à un grand nombre de questions diverses. La se- 
conde avait spécialement pour objet l’étude des lois suivant lesquelles se 
développent les divers phénomènes lumineux. Les sept premiers para- 
graphes de la seconde partie, déjà publiés , offrent les formules fondamen- 
tales de la théorie de la lumière. Il y est successivement question des équa- 
tions générales du mouvement de l’éther, des couleurs, des mouvements 
qui deviennent insensibles à de très petites distances ou des corps opaques, 
des formules générales qui représentent un mouvement vibratoire quel- 
conque du fluide éthéré, des milieux où la propagation de la lumiere 
s'effectue suivant les mèmes lois en tous sens, ou autour de tout axe 
parallèle à une droite donnée; enfin, de la propagation des ondes planes 
dans les corps transparents. L’impression du Mémoire dont il s’agit a été 
interrompue par des circonstances indépendantes de ma volonté. Mais les 
résultats que devaient contenir les derniers paragraphes se trouvent déjà 
énoncés, pour la plupart, soit dans les Nouveaux Exercices, soit dans di- 
verses lettres adressées à MM. Ampère et Libri, et publiées dans les 
Comptes rendus des séances de l'Académie. Je me propose maintenant de 
reproduire successivement ces mêmes résultats avec quelques développe- 
ments, dans une suite de Mémoires dont j'ai l'honneur d'offrir aujourd’hui 
le premier à l’Académie. Je vais indiquer son objet en peu de mots. 

» Comme je lai dit, dans la première partie du Mémoire lithographié, 
d’août 1836, on est souvent fort embarrassé pour établir, dans les questions 
de physique mathématique, les conditions relatives aux limites des corps 
et aux surfaces qui terminent des systèmes de molécules sollicitées par des 
forces d'attraction ou de répulsion mutuelles. Ainsi, en particulier, si l'on 
considère des ondes sonores, lumineuses, etc., propagées dans un corps 
élastique, dans un milieu transparent, etc., on pourra aisément suivre la 
propagation du mouvement jusqu’à une très petite distance de la surface 
qui termine ce corps ou ce milieu. Mais il n’en sera plus de même à l'ins- 
tant où cette distance deviendra comparable au rayon de la sphère d'at- 
traction ou de répulsion de deux molécules, et, à partir de cet instant, 
les équations qui représentaient les mouvements vibratoires dans l’inté- 
rieur du corps ou du milieu proposé, se trouveront altérées ; par conséquent 
les lois déduites de ces équations cesseront de subsister. Cette difficulté se 
reproduit jusque dans la théorie de l'équilibre d’un système de molécules. 
Pour s’en débarrasser, on a généralement fait abstraction de la couche 
très mince des molécules situées près de la surface extérieure du corps à 


( 753 ) 


une distance plus petite que le rayon de la sphère d'activité sensible, et 
appliqué à cette surface extérieure les formules relatives à la surface inté- 
rieure de la couche dont il s’agit. Ainsi, dans l'hydrostatique, quand on 
considère un liquide et un fluide élastique superposé, on admet que la 
pression mesurée soit dans le liquide, soit dans le gaz, à une très petite 
distance de la surface du contact des deux milieux, ne diffère pas sensible- 
ment de la pression exercée en un point de la surface elle-même. C’est en- 
core ainsi que, dans la théorie des vibrations des corps élastiques, apres 
avoir calculé la pression intérieure pour des points situés tout près de la 
surface du corps, on égale cette même pression à celle que supporte la 
surface, c’est-à-dire à zéro, si les expériences s’exécutent dans le vide, ou 
à la pression atmosphérique si elles s’exécutent dans l’air. Toutefois, il faut 
l'avouer, cette égalité entre les pressions extérieure et intérieure n’est 
point évidente par elle-même, et si elle a effectivement lieu, elle cons- 
titue un théorème de mécanique qu’il semble nécessaire de démontrer. 

» Lorsque l’on parvient aux limites d’un système de molécules, et que l’on 
s'approche de la surface qui le sépare d’un autre système, il suffit de par- 
courir un petit intervalle pour que les intégrales des équations d'équilibre 
ou de mouvement soient notablement modifiées, et pour que des chan- 
gements sensibles s’opèrent non-seulement dans la valeur de la densité, 

peut être différente dans les deux milieux , mais encore dans les 
valeurs des autres quantités, telles que les déplacements maxima de 
molécules, les vitesses moléculaires, les vitesses des ondes sonores ou 
lumineuses, etc. Nous n’avons à priori nulle certitude qu’il ne puisse en 
être de même des pressions, et nous pouvons ajouter que la théorie de 
la lumière indique des variations très rapides de la pression qu’exercent 
les molécules éthérées dans le voisinage de la surface extérieure d’un mi- 
lieu transparent. On voit donc combien il était à désirer que l’on püt éta- 
blir une méthode générale propre à fournir, dans les questions de physique 
mathématique, les conditions relatives aux limites des corps. On y par- 
vient, dans un grand nombre de cas, en suivant celle que j'ai indiquée 
dans le $ 4 de la première partie de mon Mémoire lithographié. Le Mé- 
moire que je présente aujourd’hui à l’Académie renferme l’application de 
cette méthode à la théorie de la lumière, et montre comment on en dé- 
duit les formules publiées dans les Nouveaux Exercices et relatives à la 
surface de séparation de deux systèmes de molécules éthérées comprises 
dans deux milieux séparés par une surface plane. Pour simplifier les cal- 
culs, je considère spécialement le cas où dans chacun des deux milieux 


(754 ) 
la propagation de la lumière s'effectue de la même manière en tous sens 
autour de tout axe perpendiculaire à la surface de séparation. D'ailleurs, 
le système de deux milieux homogènes pouvant être considéré comme 
un seul milieu hétérogène, je commence par reproduire , dans le $ 1‘ du 
nouveau Mémoire, les équations du mouvement de l’éther dans un seul 
milieu, telles que les ai données à la page 69 du Mémoire lithographié, 
savoir, celles qu’on obtient en supposant que la propagation du mouve- 
ment s'effectue de la même manière en tous sens autour de tout axe paral- 
léle à une droite donnée. Je développe ensuite ces équations en m’arré- 
tant à la première approximation, qui représente les mouvements auxquels 
on parvient quand on néglige la dispersion; puis, dans le $ 2, j'applique 
les formules trouvées dans le premier paragraphe au système de deux 
milieux homogènes séparés par une surface plane, et je déduis de ces for- 
mules les conditions relatives à la surface de séparation. Ces conditions 
sont celles que j'ai indiquées à la page 203 des Nouveaux Exercices. » 


« M. Duvennoy met sous les yeux de l’Académie plusieurs portefeuilles 
de dessins représentant le canal alimentaire et ses annexes dans les 
animaux vertébrés. 

» I. Celui des mammifères renferme 246 dessins, réunis dans 
91 planches. 

» La plupart des dessins de ce portefeuille ont été terminés sous les 
yeux de M. Duvernoy, d’après des esquisses qu’il a faites lui-même, pen- 
dant la vie de M. Cuvier, lorsqu'il disposait des collections d'anatomie du 
Jardin des Plantes. 

» Une bonne partie représente des viscères de mammifères très rares, 
qui n’ont pas encore été figurés, ou qui ne l'ont été qu'imparfaitement. 

» M. Duvernoy cite, entre autres, ceux de l’Orang- Outang ; du Gibbon ; 
du Douroucouli; du Galago; du Nyctinome; du Noctilio; du Dissope, du 
Molosse; du Phyllostome , du Glossophage ; du Mégaderme , et en général 
de la plupart des genres, même les plus rares, de Chéiropteres et d’/n- 
sectivores. Ceux du Potto, etc., parmi les Carnivores; parmi les Ron- 
geurs , ceux du Capromys Fournieri , avec le foie divisé en lobules ; d'E- 
chimys; de la Gerbille de Schaw , Duv.; du Gerboa, d'Oryctères des 
dunes ; de Bathyergus à tache blanche; d'Helamys; d'Aï; d'Oryctérope; 
de Pangolin; de Fourmilier; de Dauphins; de Marsouins; de Delphino- 
rhynque ; de Dasyure; de Peramele; de grand Phalanger; d'Halmature 
Thetys; enfin, de nouvelles études du canal alimentaire et de ses annexes 


(755 ) 


dans -l'Ornithorynque et l’Échidné, qui donneront une idée. plus exacte 
et plus complète.de ces viscères, que les figures publiées par Meckel, 
pour le premier du moins. de ces mammifères anormaux, sur lequel cet 
anatomiste a publié une Monographie d’ailleurs très estimée. 

» IT. Le portefeuille des dessins concernant les mêmes organes dans les 
Poissons, comprend 55 planches et 105 dessins, la plupart, terminés et 
non encore publiés. 

» Plusieurs représentent la structure de l'estomac et du canal :intes- 
tinal, ou du canal alimentaire en général, structure si variée: et si re- 
marquable dans cette classe. 

» M. Duvernoy avait encore à mettre sous lesyeux.de l’Académie, deux 
autres portefeuilles, concernant les mêmes organes dans les Oiseaux et 
les Reptiles, et renfermant environ-250 dessins ou esquisses. Ge serait 
donc environ 600 dessins sur le sujet traité dans le tome IV, 1*et 2° partie 
des Zeçons d’ Anatomie comparée. 

» La publication de ces dessins, destinés pour la à pe latlas des 
Leçons, pouvant être encore retardée, M. Duvernoy a voulu prouver à 
l'Académie qu’en annonçant, dans la Préface. en, forme, de lettre, du 
tome IV de cet ouvrage, qu’un grand nombre de dessins étaient préparés ; 
il a dit la plus exacte vérité. IL tenait surtout à montrer à l’Académie 
combien il avait mis de soins et d’activité à faire ces observations de dé- 

tails, qui seules peuvent fonder des sciences comme l'Anatomie et la Phy- 
siologie comparées. » 


RAPPORTS. 


M. Araco rend un comPpTE VERsAL d’un ouvrage italien ayant pour titre : 
Mémoire concernant quelques observations faites à l'Observatoire du 
Collége romain dans le cours de l’année 1838. 


MÉMOIRES PRÉSENTES. 


IELMINTHOLOG1E. — {Vote sur des vers observés entre la sclérotique et la 
conjonctive , chez une négresse de Guinée, habitant la Martinique ; 
par M. Guxon. 


(Commissaires, MM. de Blainville, Audouin.) 


« Une négresse de Guinée, dit l’auteur de la Note, se présenta l’an der- 
nier à M. Blot, médecin à la Martinique, se plaignant d’une incommodité 


( 756 ) 


à lun des yeux. M. Blot ayant examiné l'organe souffrant, y vit deux pe- 
tits vers qui se mouvaient avec beaucoup d’agilité, entre la sclérotique et la 
conjonctive. Les vers, extraits au moyen d’une petite incision pratiquée sur 
la conjonctive, continuaient encore à se mouvoir, lorsque, après un assez 
long espace de temps, on les plaça dans l'alcool. 

» Un de ces vers, qui a été remis par M. Guyon à M. de Blainville, est 
long de 38 millimètres , filiforme, brunâtre, terminé en pointe par une 
de ses extrémités, et offrant à l'extrémité opposée une sorte de mamelon, 
dont la couleur noire tranche avec celle du corps. 

» C’est sans doute, dit M. Guyon, à un ver de cette même espèce, et non au 
ver de Médine, Filaria Medinensis , qu’il faut rapporter l'observation faite 
à Saint-Domingue, par Mongin, et publiée dans le Journal de Roux, 
tome XXXII, page 338; de même que les deux observations faites à 
Cayenne par Bajon, qui les a consignées dans ses Mémoires pour servir à 
l'Histoire de la Guyane française , pages 325 et 326. 

» On remarquera, ajoute l’auteur de la Note, que dans les trois cas de 
Mongin et de Bajon, comme dans celui de M. Blot, les vers ont été observés 
chez des femmes amenées de Guinée; d’où l’on serait conduit à inférer 
l'origine africaine de cette espèce. » 


GÉOMÉTRIE. — Exposition d'une nouvelle théorie des parallèles ; 
par M. Cavrau. 


( Commissaires, MM. Lacroix, Sturm.) 
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur deux appareils propres à combattre 
les déviations de la taille; par M. Vazerivs. 


(Commissaires, MM. Double, Roux.) 


M. Vazzer »'Anrois adresse un Mémoire ayant pour titre : Phénomènes 
de l'aiguille aimantée expliqués. 

MM. Savary et Pouillet examineront ce Mémoire, pour savoir s’il est de 
nature à devenir l’objet d’un rapport. 


, (757 ) 


"CORRESPONDANCE. 


PuysioLOGiE VÉGÉTALE, — Extrait d'une lettre de M. Wxyrcer , Profes- 
seur à Berne, sur la formation de l'embryon. (Note communiquée par 
M. Auguste de Saint-Hilaire.) 


« Après avoir donné des détails sur la nature du placenta , et les déve- 
loppements de l'embryon, M. Wydler s'exprime ainsi : 

LUE Les plus grands changements s'effectuent bientôt dans le 
nuücelle. On aperçoit dans son milieu une cavité dont la forme varie, et 
dont la position, par rapport au sommet ou à la base de l’ovule, est éga- 
lement variable. Cette cavité est le sac embryonnaire. Le nucelle en for- 
merait-il la paroi immédiate? ou le sac embryonnaire serait-il, comme le 
prétend M: Schleiden , une des cellules du nucelle amplifiée outre mesure, 
tandis que le reste du nucelle serait résorbé? Ce qui militerait en faveur 
de cette dernière opinion, c'est que ce sac, dès son apparition, présente, 
dans bien des plantes, une paroi membraneuse propre ; cependant il est 
d’autres cas où cette paroi, au lieu d’être formée d'une membrane simple, 
est elle-même composée de cellules. Il est vrai aussi qu'après la forma- 
tion du sac embryonnaire, le nucelle semble disparaître dans beaucoup 
de plantes, ce sac occupant alors sa place. Jai vu quelquefois une masse 
cellulaire adhérer à la base du sac embryonnaire (ex. : Antirrhinum ). 
Cette masse serait-elle un reste du tissu du nucelle qui n’a pas été ré- 
sorbé? Ce qui empêche souvent de suivre le développement du sac em- 
bryonnaire dans toutes ses phases, c’est une masse de granules (de fécule) 

qui se forment dans l'intérieur de lovule et le rendent opaque. Pendant 
que celui-ci grossit, le sac embryonnaire s’accroit de même, et ses parois 
sont toujours plus distendues, par l'augmentation des cellules qui se 
forment dans sa cavité. Cette cavité contient primitivement un liquide de 
nature sucrée, mêlé de très petits grains opaques. Dans ce liquide, on 
distingue ensuite les premiers linéaments de cellules, dont les parois sont 
onduleuses, et qui nagent librement dans un mucilage; à côté d'elles, on 
voit des corpuscules arrondis, translucides, très petits, peut-être des germes 
de cellules, Les cellules elles-mêmes ne tardent pas à grandir; elles se 
font reconnaître comme des vésicules arrondies, à parois très diaphaunes 
et très minces. Chacune contient un noyau fixe, tantôt globuleux, tantôt 
lenticulaire. Ce noyau présente én son milieu un point tantôt translu- 
cide, tantôt opaque, qui forme le centre d’une auréole située sur l’une 
C. R. 1838, 2 Semestre. (T. VIT, N° 18.) 103 


(758 ) 

des faces du noyau. La circonférence de celui-ci se dessine assez nette- 
ment par de très petits grains opaques. M. Schleiden donne à ces noyaux 
le nom de cystoblaste; et, selon lui, c'est sur eux que naissent les cellules. 
Si donc le sac embryonnaire est lui-même une cellule, on aurait ici un 
exemple de formation intercellulaire, telle que nous la connaissons pour 
le pollen et les spores des cryptogames, et telle qu’elle a lieu, comme 
nous le verrons, pour le boyau pollinique qui s'organise. Sans doute ces 
noyaux jouent un grand rôle dans la formation des cellules parenchyma- 
teuses , car on les y trouve partout ; ils ne disparaissent ordinairement que 
quand le tissu cellulaire subit une modification secondaire, et passe à 
‘état de lignification. Je crois cependant que les noyaux qu'on trouve 
dans les jeunes cellules , ne peuvent pas toujours être qualifiés de cysto- 
blastes , mais sont de nature et de destination différente. Les cellules du 
sac embryonnaire se trouvent à peu près remplies, à côté d’un mucilage 
de grains de fécule et de gouttelettes d'huile, dont le volume et la quan- 
tité vont en augmentant jusqu’à la maturité de la graine. La couche la 
plus superficielle des cellules du sac embryonnaire, se présente souvent 
sous la forme d’un épilenme: 

» Jusqu'à présent, je n’ai parlé que des changements que nous pré- 
sentent la forme et le contenu des ovules, et qui ont lieu avant la forma- 
tion de l'embryon. 11 s’agit maintenant de connaître celle-ci. La jeune 
plante prend-elle naissance sur les parois du sac embryonnaire, et en fait- 
elle partie intégrante ? ou est-ce un corps d’abord étranger à l’ovule, qui 
ne vient que s’y glisser pour y trouver un abri et une nourriture préparée 
d'avance? C’est sur quoi l'observation ne laisse aujourd’hui aucun doute. 
On doit à M. R. Brown la connaissance de la route que suit le boyau 
pollinique depuis le stigmate, dont les papilles, pour le dire en passant, 
ne sont qu'une partie des cellules de l'épiderme du carpophylle modifiées, 
et communiquent avec le tissu conducteur du style, depuis le stigmate, 
dis-je, jusque dans l'ovule même, en y entrant par son micropyle; mais 
c’est là que s’arrétèrent les observations de l’illustre anglais. Cette route 
indiquée par lui, fut constatée par les recherches de M. Brongniart fils, 
comme par celles de M. Corda; et la plupart des botanistes crurent de- 
voir admettre que le contenu du boyau ou fovilla, était la matière fé- 
condante qui provoquait dans l’ovule l'apparition de l'embryon. L’obser- 
vation la plus assidue pouvait seule conduire à la connaissance complète 
de ce phénomène de la vie végétale. La découverte de la transformation 
d’une partie du boyau pollinique en embryon, était réservée à M. Schleiden, 


(759 ) 

l'un des observateurs les plus habiles de notre époque. Selon ce botaniste, 
le boyau , après qu'il s’est rendu par le micropyle dans l'ovule, parvient 
au sommet du nucelle; il s'y insinue par les méats intercellulaires; il arrive 
au sac embryonnaire , cellule amplifiée du nucelle; il la retourne sur elle- 
même, et elle forme ainsi une enveloppe entière du sommet renversé 
du boyau. Je reviendrai tout à l'heure sur ce sujet, après avoir dit quel- 
ques mots sur le passage du boyau par le tissu conducteur du style. Il 
est connu que ce boyau est toujours formé par la membrane intérieure 
du grain de pollen. Il s’insinue d’abord entre les papilles écartées du 
stigmate (1), et serpente ainsi en avançant entre les cellules du tissu con- 
ducteur, jusqu'a ce qu'il atteigne les ovules. Le passage des boyaux à 
travers le tissu conducteur qui communique avec les papilles du stigmate, 
paraît se faire assez lentement. Dans des ovaires polyspermes, ceux-ci ont 
souvent déjà passablement grossi, et la corolle, ainsi que les stigmates, 
sont flétris avant que les boyaux soient parvenus jusqu'aux ovules les plus 
inférieurs. Comme il tombe souvent beaucoup de grains de pollen sur le 
stigmate , le nombre des boyaux est aussi très considérable, et ils for- 
ment, pendant leur passage par le tissu conducteur, des faisceaux serrés 
de fils cylindriques muqueux. En sortant de l'enveloppe extérieure du 
pollen, ils sont d’abord très courts, et ont souvent la forme d’une larme 
batavique ; mais pendant leur trajet par le tissu conducteur, ils devien- 
nent beaucoup plus longs et en même temps plus grèles. Arrivés près des 
ovules, ils présentent souvent des varicosités et de petits cœcums. L'entrée 
du boyau dans le micropyle ne peut échapper à une observation suivie 
et attentive. Le plus souvent il n’y en a qu'un qui entre dans l’ovule, 
dont le micropyle est alors très distinctement ouvert, mais j'ai observé, 
comme l'ont fait avant moi MM. R. Brown et Schleiden , plusieurs boyaux 
entrant dans un même ovule. C’est de là que provient la pluralité des 
embryons d’une même graine, qui, dans quelques plantes, paraît habituelle. 
Ordinairement il ne s’en développe qu’un seul, tandis que les autres se 
dissolvent et sont peut-être résorbés par le tissu ambiant (2). 


(1) Les boyaux, surtout quand ils sont nombreux, sont quelquefois visibles à l’œil 
nu, comme je l’ai quelquefois observé dans le Pockockia Cretica et le Melilotus Italica. 
(Voyez la notice que J'ai publiée sur ce sujet dans la Bibliothèque de Genève, dé- 
cembre 1837.) 

(2) Dans le Scrophularia nodosa, j'ai une fois observé quatre embryons bien con- 
formés dans .un même ovule, dont le plus développé occupait le milieu du sac 
embryonnaire, tandis que les autres plus petits étaient repoussés vers sa base. 

103. 


( 760 ) 


» Il reste maintenant à savoir comment se comporte le boyau, soit par 
rapport à lui-même, soit par rapport au sac embryonnaire, lorsqu'il est une 
fois entré dans l’ovule. Sur ce dernier point, j'ai cité plus haut l'opinion 
de M. Schleiden. Je me suis donné beaucoup de peine pour voir ce retour- 
nement du sac embryonnaire dont parle cet observateur; mais je n'ai pu 
y réussir. Il n'a paru le plus souvent que la cavité du sac se prolongeait 
sous la forme d’un canal étroit, jusqu’au sommet de l’ovule, et qu'il s’y 
ouvrait dans le micropyle. J'ai vu assez souvent l'entrée du boyau dans le 
sac embryonnaire, sans avoir distingué un retournement du sac sur lui- 
mème; bien plus, j'ai réussi à isoler ce sac des enveloppes de l'ovule; j’y 
ai même vu le boyau moitié organisé , mais toujours point de retournement 
du sac embryonnaire. Dans beaucoup de Scrophularinées, par exemple, 
ce sac a une forme ovoïde, et sa paroi se rétrécit à son sommet et à sa 
base en une espèce de cordon celluleux qui semble le suspendre aux deux 
extrémités de l’ovule. Cette forme de sac acuminé ne se concilie guère 
avec un retournement. Je suis loin d’ailleurs de vouloir réfuter l'opinion 
de M. Schleiden; je dis seulement ce que j'ai vu moi-même, et j'avoue 
qu'il me reste encore beaucoup à voir. 

» Le boyau qui s'est niché dans le sac embryonnaire, présente ensuite 
des changements notables. Son contenu était une matière mucilagineuse 
mélée de grains de fécule. Serait-ce de ce liquide que se forment les cel- 
lules que l'on voit bientôt remplir l'intérieur du boyau et qui lui donnent 
une ressemblance avec un poil cloisonné ? Il est possible que cette forma- 
tion de cellules, dans le boyau, soit due à l’existence des noyaux ou éysto- 

blastes, que l’on y remarque toujours après qu’elles sont formées. Le boyau 
conserve d’ailleurs, pendant assez long-temps, dans sa demeure nouvelle, 
quelques-uns de ses traits primitifs. C’est d’abord son extrémité inférieure 
(par rapport à l'ovule) qui commence à grossir et à s'organiser en cellules. 
Elle prend une forme globuleuse ou ovoïde, tandis que le reste du boyau 
conserve sa forme grêle. La partie renflée forme à elle seule embryon, 
tandis que la partie grêle, quoiqu’elle fût de même parfaitement organisée 
en cellules, finit par disparaître peu à peu, elle se dissout, et ne laisse enfin 
de son existence qu'un petit mamelon transparent qui forme l’extrémité 
radiculaire de l'embryon. C’est sur la partie globuleuse que naissent les 
cotylédons, sous forme d’une ou deux excroissances cellulaires. Dans les 
Dicotylédones, j'ai quelquefois vu dans l'angle que forment les deux coty- 
lédons, une petite protubérance qui est la première trace d’une gemmule. 
Les cellules des cotylédons sont peu à peu remplies de fécule et de gouttes 


( 76% ) 


d'huile. Tigelle et cotylédons grossissent également, et l'embryon a bientôt 
attemt Ja forme et le degré de développement qu'il doit avoir dans Ia 
graine. Le sac embryonnaire à de méme beaucoup grossi, et est disténdu 
par la grande quantité de fécule et d'huile qui s’est formée dans ses cellules. 
Il constitue maintenant ce corps que les botanistes ont coutume d'appeler 
albumen, périsperme, etc. Il paraîtrait qu'il s’y forme encore de nouvelles 
cellules; car à côté de grandes cellules très distendues, on en trouve de 
trés petites sous forme de vésicules. Toutes ont d’ailleurs des parois extré- 
mement minces et transparentes. Quant aux changements qu'éprouvént 
les téguments de l’ovule, pendant que celui-ci passe à l'état de graine, ils 
varient selon les espèces et les genres, et tout ce que l'on peut en dire 
en général ést que les cellules de ces téguments présentent, selon les es- 
pèces, différentes modifications secondaires, telles que nous les connaissons 
pour les soi-disant vaisseaux, savoir, les formations de lignifications annu- 
laires, spirales, réticulaires (ponctuées), etc. 

» Des observations précédentes on peut déduire surtout les consé- 
quences suivantes, importantes pour la physiologie végétale : 

» 1°. Les plantes ne sont Pas pourvues de deux sexes, comme on l’a 
cru jusqu’à présent; | 

» 2°. L’anthère, loin d’être l'organe mâle, est au contraire Porgané fe- 
melle; c’est un ovaire; le grain de pollen est le germe d’une nouvelle plante ; 
le boyau pollinique devient l'embryon ; 

» 3. La transformation du boyau en embryon a lieu dans lé sac em- 
bryonnaire, qui parait déterminer son organisation, et qui lui prépare en 
outre sa première nourriture ; ; 

» 4°. Les téguments de l’ovule servent à l'embryon surtout de demeure 
protectrice ; 

» 5°. L’embryon git librement dans le sac embryonnaire; il présente 
PaT rapport à l'ovule une situation inverse , sa base (extrémité radiculaire ) 
étant dirigée vers le micropyle; son sommet (extrémité cotylédonaire ) 
vers la chalaze. » 


Remarques de M. ne Mines et de M. Anozrse Broncnrarr, sur la 
communication précédente. 


« Depuis plusieurs annés, dit M. de Mirbel, je travaille avec M. Spach à 
éclairer l’origine des divers systèmes organiques de la fleur et la succession 
de leurs développements. J'ai lu avec une grande attention les deux impor- 


( 762 ) 


tants Mémoires publiés par M. Schleiden. Ce phytologiste est, à mon avis, 
un excellent observateur, un écrivain spirituel et ingénieux. Toutefois, plu- 
sieurs de ses conclusions me semblent hasardées. Il a vu le boyau du pollen 
pénétrer par l’exostome et l’endostome dans l’intérieur de l’ovule. Je ne nie 
pas ce fait. D’autres l'ont vu aussi. Il a vu dans le nucelle un petit sac mem- 
braneux (c’est-à-direune utricule), qu’il considère comme la première ébauche 
de l'embryon. Ceci n’est pas en opposition avec ce que j'ai observé et 
publié. Mais il affirme que ce sac n’est autre que l’extrémité du boyau : 
voilà ce dont on pourrait douter. Au dire de ce savant, la doctrine de l’exis- 
tence des sexes dans les plantes est erronnée. L’analogie que l’on suppose 
qu'elles auraient , sous ce rapport, avec les animaux, est insoutenable. A 
l'étamine seule appartient la puissance génératrice. Le pistil n’est la que 
pour servir à la gestation. 

» Ce n’est pas le moment d'examiner de si graves questions. Je demande 
à l’Académie la permission de lui lire bientôt une Note dans laquelle 
M. Spach et moi nous espérons prouver que, chez certaines espèces , V'utri- 
cule, qui est censée commencer l'embryon, existe déjà à une époque où 
le pistil est encore enveloppé de telle sorte que le boyau du pollen ne 
trouverait aucune voie praticable pour arriver jusqu’à lui. Si nous avons 
bien vu, ce serait tout au moins une notable exception à la nouvelle 
théorie de la génération des plantes, proposée par M. Schleiden. » 


« M. Anozrme Broncnrarr rappelle que dans son Mémoire sur la géne- 
ration des Plantes , il a constaté dans quelques plantes et particulièrement 
dans des cucurbitacées que la vésicule embryonnaire, considérée par 
M. Schleiden comme formée par l'extrémité des boyaux polliniques , exis- 
tait avant que la fécondation fût opérée. Depuis la publication de ce Mé- 
moire il s’est du reste assuré de l'extension des tubes polliniques jusqu’au 
sommet du nucelle et de leur adhérence avec cette partie de l’ovule dans un 
grand nombre de plantes; mais il lui paraît tres douteux que l'extrémité 
même des tubes ou boyaux polliniques soit l’origine de l'embryon, comme 
le prétendent MM. Schleiden et Wydler. » 


( 763 ) 


PHYSIQUE. — Polarité secondaire des courants électriques. 
— Extrait d’une lettre de M. Pezrier. 


« À l’occasion d’une communication faite à la dernière séance, sur la 
polarité des liquides conducteurs d'électricité, M. Peltier présente une 
Note concernant quelques expériences qu’il annonce comme complétant 
la communication de M. Schœnbein, et menant d’ailleurs à une tout 
autre interprétation que celle donnée par ce physicien. 

» Jai reconnu, dit M. Peltier, que sous l'influence d’un courant élec- 
trique , une colonne d’eau se charge d'électricité statique, positive du côté 
du pôle positif, et négative de l’autre côté, et diminuant graduellement 
jusqu’au milieu de la colonne liquide qui est neutre. Le courant voltaïque 
étant supprimé, si l’on forme un nouveau circuit au moyen d’un multi- 
plicateur, on obtient un courant inverse au courant primitif comme l’a 
annoncé M. Schæœnbein. Ce courant se trouve également contraire à celui 
que devraient produire les électricités contraires que j'ai observées de 
chaque côté du liquide. Le courant secondaire augmente d’autant plus 
qu’on éloigne les bouts du galvanomètre et qu’on les rapproche des points 
où étaient immergés les pôles de la pile. Profitant de l’expérience de M. Mat- 
teucci sur les lames de platine, j'ai fait passer un courant d'hydrogène à 
travers de l’eau, puis j'ai mis cette dissolution de gaz en contact avec de 
l'eau ordinaire; il y a eu un courant exactement semblable à celui que 
produit le liquide conducteur ; l’eau hydrogénée jouait le rôle d’alcali et 
le courant positif marchait vers l’eau ordinaire ou oxigénée. 

» Ce courant secondaire n’était donc que le produit d’une action chi- 
mique , comme il arrive dans toutes les dissolutions d’un corps, ou dans 
la dilution d’une dissolution déjà faite.» 

» M. Peltier rappelle à ce sujet une communication qu'il a faite l’année 
dernière sur la combinaison de l’eau avec les corps qu’elle dissout et celle 
des dissolutions qu’elle étend davantage. Il conclut de ces expériences que 
les atomes d’oxigène et d’hydrogène sont à l'état de gaz dans le iiquide 
conducteur et même inégalement répartis, et non dans un état de décom- 
position et de recombinaison continuelle comme le voulait Grotthus. » 


M. Béran», correspondant de l’Académie, présente des échantillons d’in- 
digo obtenus du Polygonum tinctorium , par son frère, M. Henri Bérard. 
Le procédé d'extraction se trouve exposé dans un Mémoire que M. Henri 


( 764 ) 


Bérard a communiqué à la Société d'Agriculture de Montpellier, à la fin 
du mois d'août, et dont un exemplaire imprimé est mis sous les yeux de 
l’Académie. (Voir au Bulletin bibliographique.) 

» Par ce procédé, que M. Henri Bérard a surtout voulu rendre appli- 
cable en fabrique, et qui n’exige d’autres conditions locales qu'une cer- 
taine abondance d’eau, il a obtenu de la feuille, séparée de la tige, un 
peu moins d’un pour cent d'assez bel indigo. 

» Il a opéré sur de la feuille du Polygonum tinctorium prise à diverses 
époques de la croissance de cette plante, et il résulte de ses essais que le 
moment le plus favorable est celui où la floraison va commencer. » 


M. »e Frevoner lit des extraits d’une lettre, dans laquelle M. Garmaro 
lui signale les principaux résultats obtenus par l'expédition scientifique 
envoyée dans le nord de l'Europe. 


M. Jomano, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres , 
annonce que la société formée à Paris pour l'exploration du territoire de 
Carthage , a reçu, entre autres produits des fouilles qu'elle a fait entre- 
prendre, plusieurs mosaïques où se trouvent représentés des animaux de 
différentes classes, mammiféres, oiseaux, poissons, reptiles et mollus- 
ques. L'examen de ces figures, dit M. Jomard, pourra peut-être fournir 
aux naturalistes l’occasion de remarques importantes. 

La section de Zoologie est invitée à prendre connaissance de ces figures, 
et à en faire l’objet d’un rapport. € 


M. Hrrronrr demande des renseignements sur un procédé pour la con- 
servation des sculptures en pierre; procédé dont il a été anciennement 
question à l'Académie, et dont il paraîtrait avantageux de pouvoir faire, 
avant l'entrée de la mauvaise saison, l'application aux statues qui décorent 
la place de la Concorde. 

M. Arago rappelle que les communications dont parle M. Hittorff, ont 
été faites par M. Guyton-Morveau, et qu'il doit s’en trouver des extraits 
dans les {nnales de Chimie (x). 

M. Chevreul fait remarquer que l'inventeur du procédé, M. Bachelier, 
est mort sans faire connaître la composition du badigeon qu'il employait, 


EE —— ne © 


(1) La note de M. Guyton-Morveau se trouve dans les Annales de Chimie, t. 83 , 
p. 285. 


( 765 ) 


et que les essais faits depuis , l'avaient été seulement d’après les indications 
fournies par son fils. 


M. Berror adresse un paquet cacheté portant pour suscription : Des- 
cription d'un nouveau télégraphe électrique. 


L'Académie en accepte le dépôt. 


À quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 


M. Grorrroy Sarr-Hirraire , au nom de la Section de Zoologie , présente 
la liste suivante de candidats pour la place vacante dans le sein de cette 
section, par suite du déces de M. Frédéric Cuvier : 


1°. M. Milne Edwards; 

2°. M. Valenciennes; 

3°. M. Duvernoy; 

4. (ex æquo) MM. Deshayes, Alcide d’Orbigny ; 
5°. M. Coste. 


« La section a de plus arrêté de faire ici mention de ses regrets de n’a- 
» voir pu donner rang à M. Strauss, candidat de l'élection précédente, 
» M. Strauss ne s'étant pas présenté dans l’actuelle circonstance. » 


Les titres des candidats sont discutés; l’élection aura lieu dans la pro- 
chaine séance; MM. les Membres en seront prévenus par billets à do- 
micile. F3 


4 
La séance est levée à cinq heurês trois quarts. je 


C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VIL, N° 18.) 1C4 


( 766 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


l’Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 17, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Araco; 
tome 68 , juin et juillet 1858, in-8°. 

Annales de la Societé royale d'Horticulture ; tome 28, septembre 1838, 
in- 8°. 

Répertoire de Chimie scientifique et industrielle; tome 5, octobre 1838, 
in-8°. 

Recherches anatomiques et microscopiques sur le foie des Mammifères; 
par MM. Dusarnin et VERGER ; in-4°. 

Examen médical et philosophique du Système pénitentiaire; par M.L.-A. 
Gosse ; Genève, 1838, in-80. 

Relation de la peste qui a régné en Grèce en 1829 et 1828; par le mème; 
Paris, 1838, in-8°. 

Conchyliologie fossile du bassin de l'Adour. — Famille des Mélaniens ; 
par M. Grarecour; Bordeaux, 1838, in-8°. 

Nouveaux essais d'extraction de l'Indigo du Polygonum tinctorium; par 
M. Bérann; Montpellier, 1838 , in-8°. œ 

Du Magnétisme animal et du Somnangbulisme artificiel; par M.Sasarier- 
Desarnauns; Montpellier, 1838, in-8°. 

Species général et iconographie des coquilles vivantes; 29° hvraison, in-4°. 

Recherches pour servir à l'Histoire de la circulation du sang chez les 
Annélides ; par M. Mnixe Enwarps; in-8°. 

Note des publications faites par M. Desnaves ; in-4°. 

Revue critique des livres nouveaux ; 6° année, n° 10, in-8°. 

Mémoire sur la théorie des Caractéristiques employées dans l'analyse 
mathematique ; par M. R. Losarro; Amsterdam , 185, in-4°. 

Researches.... Recherches sur les Marées ; 9° série. — Sur la détermi- 
nation des lois des Marées, d'après de courtes séries d'observations ; par 
M. W. WueweLz; in-4°. 

Chronometer. . .. Sur l'exactitude des Déterminations chronométriques : 


( 767 ) 

Vérification de la longitude de Paris (extrait du Nautical Almanac 
pour 1838 ); in-8°. 

The Annals.... Annales d'Électricité, de Magnétisme et de Chimie, 
n* 14 et 15; août et octobre 1838, in-8°. 

The London.... Magasin philosophique de Londres et d'Edimbourg ; 
septembre et octobre 1838, in-8°. 

The Athenœum ; août 1838. 


Astronomische. . ... Nouvelles astronomiques de M. Scaumacer ; 
n° 360—361 , in-4°. 
Lehrbuch.... Éléments de Zoologie pour les gymnases et les écoles 


supérieures; par MM. Krassow et Levpe, 2€ édition; Berlin, 1838, in-8-. 

Lehrbuch.... Éléments de Minéralogie ; par les mêmes; Berlin , 1838, 
in-8°. 

Anleitung. ... Méthode pour l'étude élémentaire de l'Analyse chimique 
qualitative; par M. En. Leype, professeur au gymnase de Berlin ; in-8°. 

Arsbertätelse.... Rapport annuel sur les travaux et les découvertes 
les plus récentes en Zoologie , lu à l'Académie royale de Stockholm dans 
sa séance du 51 mars 1836 ; par M. Frixs; Stockhlom, 1837, in-8e. 

Arsberättelse.... Rapport annuel sur les travaux botaniques pour 
l'année 1835 , lu à l'Académie royale de Stockholm dans sa séance du 
31 mars 1836, par M. J.-E. Wicxsrron, 1836, in-8°. 

Arsberättelse.... Rapport annuel sur les progrès de la Physique et 
de la Chimie, lu à l'Académie royale de Stockholm dans sa séance du 
51 mars 1836, par M. Berzéuvs; Stockholm, 1837, in-8°. 

Arsberättelse.... Rapport annuel sur les travaux concernant l'Astro- 
nomie ; par M. Croxsrranp (séance du 31 mars 1836); Stockholm, 1836, 
in-8°. 

Arsberättelse. ... Rapport annuel sur les progrès de la Technologie, 
lu à l’Académie royale de Stockholm, par M. Pascn, le 31 mars 1836; 
Stockholm, 1836, in-8°. 

Tal.... Discours sur l’état actuel de l'Hydraulique, lu à l'Académie 
royale des Sciences de Stockholm, le 22 avril 1834, par M. Lacerayer; 
Stockholm, 1837, in-8°. 

Aminnelse-Tal......... Éloge du baron L. de Mannerheim, membre de 
l'Académie de Stockholm, prononcé dans la séance du 15 mars 1837 par 
M. Morxer; 1837, Stockholm, in-8°. 

Kongl.... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Stockholm, 
pour 1836; Stockholm, 1858, in-8. 


( 768 ) 

Memorie.. . Mémoire d'Analyse pure et appliquée ; par M. A. Rurmi 
Gent; Fuligno, 1831 , in-4°. 

Gazette médicale de Paris, tome 6 , n° 43. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 124—126, in-/°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 381. 

L'Expérience , journal de Médecine , n° 69, in-8°. 

La France industrielle ; n°° 6o—6x. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 5 NOVEMBRE 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRÉS ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


TéraTorocir. — Mon dernier mot sur les jumelles de Prunay, jointes 
a tête-béche; par M. Grorrroy Sainr-Hirame. 


« Ces merveilleux enfants doivent étre venus hier soir, ou viendront 
aujourd'hui demeurer à Paris, hôtel de l’Athénée, rue Neuve-Saint-Roch, 
pour y commencer les travaux d'une vie d’exhibition publique. Du mo- 
ment que cesse pour moi, en ce quiles concerne, le champ des consi- 
dérations scientifiques, à regret je ne puis leur continuer les soins de 
mon patronage; je ne le puis, sous peine de remplir près d’eux le rôle 
ridicule de leur cornac. 

» C’est plus merveilleusement encore, les ayant déjà dotés d’une si éton- 
nante richesse d'harmonie, que la Providence les protége : maintenant, 
c’est contre l'assaut des mauvaises passions de notre état social. Nées le 
7 octobre dernier, elles vivent toujours aujourd'hui, 5 novembre; elles dépé- 
rissaient visiblement vers la fin de leur première semaine d’existence. 
Marie-Louise avait été atteinte d'une opthalmie; mais après avoir pris le 
sein d’une bonne nourrice, elle se ranima et guérit rapidement. La gêne 
des parents et le souffle empesté de la spéculation, ont fait recourir au 
fatal biberon que j'avais conseillé d'abandonner : elles vivent. Or, plus 

C. R. .838, 2° Semestre. (L.VII, N° 49.) 105 


(770 ) 
vivaces que jamais, voyons-y un effet du doigt de Dieu, lequel les consacre 
sans doute à de sublimes recherches de psychologie, et à de nouvelles ré- 
vélations touchant l’entendement humain. 

» Sous le point de vue de leur système organique et physiologique ; 
elles arrivent pour fournir à M. Serres, l’occasion de reprendre ses 
magnifiques travaux sur Ritta-Christina, et d’ajouter à ses études con- 
cernant les lois de l’organisation animale; notre savant confrère avait si 
heureusement aperçu que les phénomènes de la double monstruosité lui 
renouvelaient , et reproduisaient les données de la loi supréme , qu'il venait 
de nommer loi de conjugaison et d'affinité (1)! 

» Me pénétrant des vues transcendantes de notre grand physiologiste, 
je suis entré dans ses voies, en prenant la confiance d'étendre les prin- 
cipes d’une aussi belle généralisation, à tout ce qui est, ce qui s'organise 
et ce qui vit dans l'univers. J’en suis donc venu à comprendre et à formu- 
ler la règle restreinte jusqu'ici à l’organisation animée, la Loi-SERRES (conju- 
gaison et affinité) à toutes les essences et matériaux s’affrontant et se 
joignant dans l'univers. J'ai nommé cet ordre phénoménal, attraction de 
soi pour SO. 

» J'avais débuté, en janvier 1835, par la publication de mon écrit, Lor 
UNIVERSELLE, autrement nommée et développée sous la locution d’attrac- 
tion de soi pour soi. Alors c'était contenu dans 64 pages in-4°, qui ter- 
minaient mon ouvrage Études progressives d'un Naturaliste. Et n'écou- 
tant que mon ardente conviction, j'étais de suite passé aux développements 
de ces idées, dans un livre ex professo, savoir : NoTIONS DE PH OSOPHIE 
NATURELLE ; librairie de Pillot, rue Saint-Martin, n° 173. 

» Toujours préoccupé de ces mêmes vues, mais usant d’une réserve 
calculée, j'attendais que la Nature vint à frapper quelques-uns de ces 
grands coups pour étonner la multitude, et pour diriger les savants dans 
la voie progressive ouverte devant eux, j'attendais les apparitions inso- 
lites de la double monstruosité, ne nous paraissant extraordinaires qu'au 
titre d’ignorées et d’mexpliquées. Mon ardeur pour la poursuite de ces 
cas particuliers de tératologie, était proportionnelle à la grandeur de 
ma recherche, la raison universelle de l'essence des choses. 

» Un réglement en mon absence fut frappé : on me l’opposa judicieu- 
sement. La magistrature de nos Comptes rendus voulut n’accorder à ma 
lecture du 22 octobre, qu’une étendue de quatre pages. J'y vis un effet ré- 


(1) Tome XI des Mémoires de l’Académie des Sciences. 


(77: ) 
troactif dont je m’offensai, et dans ma vive susceptibilité, je m’exprimai 
avec ce mouvement de légèreté, tout ou rien. J'en fus puni, parce qu’on 
m’appliqua aussitôt la mauvaise partie du dilemme. 

» Je me retirai de cette lutte avec la résolution d’aller désormais pondre 
mes idées dans des nids étrangers; et du même pas je fus réclamer et 
J'obtins ailleurs la faveur, et comme l’aumône, d’un peu de place pour 
ma lecture du 22; le samedi suivant 27, je parus dans la Gazette médi- 
cale. Dorénavant, si j'use des ressources accordées aux hommes laborieux 
de notre Compagnie, je serai érès exact à me renfermer dans les dimen- 
sions prescrites de quatre pages , que Je sais concédées : l'ayant fait dans la 
circonstance présente, je réclame l'insertion de cette Note dans le Compte 
rendu de la séance. 


» Je ne suis point encouragé à reprendre ici ces études tératologiques : 
je m’en ressouviendrai. » 


STATISTIQUE. — Mouvements de la population de la France en 1835 
et 1836; Note communiquée par M. Moreau DE JonNis. 


1°. Naissances. 


Années. Enf. légitimes. Enf. naturels. 


Totaux. 
HE tibae ROUGE 919,106 ... SGEN) oMAeS fe 993,833 
ROSGAN. ANSE 0067316000 - TT IOD EIRE : 979, 820 
En moins, .. 12,788 ..... LED nas une 14,013 
2°. Déces. 

1855. . . . . .. 816,413 

15° THEN PSN 771,700 

En moins. 44,713 

3°. Mariages. 

1835. . .. . .. 275,508 

1836. . .. ... 274,145 

En moins. 1,363 


Accroissement de la population par la différence entre les naissances et les décés. 


1835. 1856. 
Naissances. . . . . . . 993,833 ..... 979,820 
Déces le se: a-uens à 2 OO MIS Le 0 ete 771,700 
Accroïissement.. . . . . 177,420 ..... 208,120 


Excédant de 1836 sur 1835 : 30,700. 
10b.. 


(772) 


Population recensée. . . . . 4856. . .. 33,540,910 habitants. 
———— déduite.. . ... 1838. . . . 33,332,700 


Rapport des mouvements de la population à la population annuelle. 


1855. 1856. 
Naissances. Cu Qune SUIS eee ee A 34 
DÉC VE  P SU e  T ee TA 
Mariages NO Run ST 0 PE Nr T 


» Il faut remonter jusqu’à une distance de 13 ans, pour trouver une 
mortalité absolue aussi faible. Depuis 1824, le nombre des déces avait 
toujours excédé de beaucoup 771,700. 

» Quant à la mortalité relative d’un décès sur 43 habitants, c’est la pre- 
mière fois qu’elle a lieu en France. La moindre que nous ayons trouvée, 
est celle de 1823, qui fut d’un décès sur 41,5 habitants. 

» Depuis 1816, la mortalité totale a varié de 38 à 40. » 


M. Tune commence la lecture d’un Mémoire ayant pour titre : £tudes 
microscopiques sur le gisement de la matière bleue dans les feuilles du 
Polygonum tinctorium. Cette lecture sera continuée dans la prochaine 


séance. 


RAPPORTS. 


CHIRURGIE. — Rapport sur le Citexciseur de M. Caznaur. 
(Commissaires, MM. Roux, Larrey, rapporteur.) 


« Nous avons été chargés, M. Roux et moi, de rendre compte à l’Aca- 
démie d’un Mémoire qui lui a été adressé par M. Caznaud , médecin dans 
l’un des cantons suisses. Dans ce Mémoire l’auteur se propose de prouver 
les avantages d’un instrument qu'il a inventé pour l’amputation des 
membres, amputation qui serait, suivant lui, instantanée, exempte de 
douleurs et par suite moins dangereuse que l'opération pratiquée par le 
procédé ordinaire. 

» Pour appuyer cette assertion, ce médecin s’étaie de plusieurs exemples 
de sujets qui ont eu des membres coupés ou amputés sans éprouver de 
douleurs, par l’action d’un fort projectile lancé par des armes à feu ou 
par des mécaniques d’un mouvement extrémement rapide, telles que les 
machines à vapeur ou les moulins à vent. Enfin, il rapporte en détail 
l'observation d’une amputation qu'il a pu pratiquer sur un homme adulte 


( 773 ) 


pour le débarrasser du dernier doigt de la main droite, dont les phalanges 
étaient frappées de nécrose. De l’aveu du malade de cette observation, 
M. Caznaud conclut que cette amputation s'est faite sans douleur. 

» Avant de soumettre l’homme vivant à l’action de cet instrument méca- 
nique, nous avons dû le faire expérimenter sur le cadavre par son inven- 
teur. En conséquence votre rapporteur, sur l'invitation qui lui en avait 
été faite par son collègue, M. Roux, lors de son départ pour un voyage, 
se rendit à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce où l'on mit plusieurs sujets 
à sa disposition. Ces expériences se sont faites en présence de MM. les chi- 
rurgiens-professeurs Gama, Sédillot, Soudan, Hippolyte Larrey, de 
plusieurs élèves de cette école, et du coutelier M. Charrière. 

» Le démonstrateur dresse d’abord une table à hauteur d’appui et pose 
dessus une boîte de forme carrée oblongue, à parois très épaisses, élé- 
gamment recouverte en bois de palissandre, ressemblant plutôt à un 
riche nécessaire qu’à une machine de mutilation. 

» Cette boite étant ouverte présente, dans son intérieur, un fort levier 
courbe en acier, terminé par un tranchant concave avec une vive arète qui 
doit tailler un lambeau en même temps que le doigt est coupé; car cette 
machine, disons-le d'avance , ne peut servir telle qu’elle est qu’à l'amputa- 
tion des doigts ou des orteils. L’axe du levier, séparé par deux coussinets, 
s’abaisse par une forte pression et est fixé en place par une vis à détente 
très solide dont le bout traverse la paroi postérieure de la boite. 

» La mécanique ne peut agir tant que le couperet se trouve abaissé et 
la boîte fermée. On place alors le doigt sur une plaque épaisse de plomb 
contiguë à l'instrument. Cet appendice est maintenu immobile sur cette 
espèce de billot par la main d’un aide ou plus sûrement par une forte pince, 
avec la précaution essentielle de laisser libre le point qui doit être coupé. 

» On est convenu à l'avance d’un signal qui doit être donné à l’aide pour 
lâcher la détente; au même instant la boîte s'ouvre tout-à-coup avec 
bruit; le couperet tombe comme une guillotine à bascule, et le doigt 
est coupé en conservant un lambeau palmaire de forme carrée et de 
quelques millimètres de longueur. Cette opération se fait si vite et si brus- 
quement que la parole n’a pas le temps de le dire ni l'œil de le voir. 
C’est un effet si instantané qu’il agit comme une secousse électrique sur 
ceux même qui n’en sont que témoins. 

» Voilà donc quels seraient les avantages de cette amputation, la vitesse 
la plus prompte, la douleur la moins longue, telles enfin que l’expriment 
deux des conditions de l'adage d’Asclépiade, citd et jucundè; mais la troi- 


(774 ) 
sième, la plus importante sans doute, c’est-à-dire /e tuto, est bien loin 
de satisfaire aux exigences de l’art. 

» Voici du reste le résumé des expériences faites sous les yeux de votre 
rapporteur, par M. Caznaud. 

» Premiere amputation du doigt médius placé pour la désarticulation 
de la premiére avec la deuxième phalange, mais coupé dans la continuité 
de cette dernière avec brisure irrégulière de l'extrémité de l'os. 

» Deuxième amputation du doigt indicateur fixé avec une forte pince 
à disséquer. Même disposition; effet plus fàcheux encore quoique aussi 
instantané, c’est-à-dire que la deuxième phalange de ce doigt s’est trouvée 
brisée en esquilles , et, de plus, l’un des bouts de la pince a été coupé en 
même temps que le doigt. 

» Troisième amputation au même doigt de l'autre main; même résultat 
sauf la pince épargnée, mais encore des fragments osseux. Enfin d’autres 
épreuves ont été faites avec le même insucces. 

» Vers le milieu du xvi° siecle, l'un des médecins de Charles IX, Léo- 
nard Botal, se servait d’un instrument mécanique analogue à celui de 
M. Caznaud ; dans celui de ce premier médecin, une lame épaisse tran- 
chante était également mise en action par un ressort qui la faisait tomber 
avec une grande vitesse sur le membre qu’on voyait séparé au même ins- 
tant du reste de l'individu. 

» Bien que cette nouvelle méthode fut préconisée par Jean de Hoorne, 
dans ses écrits , elle fut bientôt abandonnée comme un procédé opératoire 
défectueux et cruel. 

» C'est. sans doute dans des vues philantropiques que M. Caznaud a 
imaginé de reproduire la méthode de Botal, avec d’autant plus de con- 
fiance que le mécanisme de sa machine offre assurément une plus grande 
perfection ; il était persuadé d’ailleurs que le fait dont il rapporte l’obser- 
vation devait suffire pour prouver la supériorité de ce genre d'opération 
sur les procédés usités jusqu’à ce jour, puisque l’amputation du doigt de 
la main du sujet de cette observation lui a paru s'être faite sans douleur. 

» Nous allons examiner maintenant les deux principales propositions que 
l’auteur a établies sur le résultat de cette opération qu’il nomme Cüitexcision. 

» 1°. Cette amputation est si prompte que la conscience de l'individu 
peut à peine en recevoir l'impression, mais les organes de la sensibilité 
n'en éprouvent pas moins une altération d’autant plus vive que l’ébranle- 
ment ou la commotion serait plus forte, et certes la gravité de cette com- 
motion sera proportionnée à l’épaisseur du membre et autres circonstances. 


(76 )) 


». Votre rapporteur a vu aux armées des soldats, ayant eu un membre 
totalement amputé par l'effet d’un gros projectile, tel, qu'un éclat de 
bombe, d'obus, ou un boulet de canon étant dans toute sa force recti- 
ligne, périr sur-le-champ ou peu d’instants après le coup, bien qu’il n’y eût 
pas eu la moindre hémorragie. C’est assurément l'accident le plus grave 
des plaies d'armes à feu, et celui qui commande le plus impérieusement 
l’'amputation immédiate; car sans cette opération chirürgicale, les, neuf 
dixièmes des sujets mutilés de la sorte périssent plus ou moins prompte- 
ment dans un état de spasme nerveux convulsif, 

» 2°. La ligature d’une artère dans laquelle serait compris un filet uer- 
veux, ou la section isolée de ce nerf, peut étre.suivie d’une mort immé- 
diate ; quand surtout l’inflammation des parties lésées est déclarée. 

» 3°. Ou si par hasard les sujets frappés de ces mutilations échappent 
aux accidents primitifs, ils périssent plus tard des effets consécutifs de.ces 
blessures, Votre rapporteur a eu occasion de voir à l'Hôtel des Invalides 
plusieurs vétérans qui, après avoir couru les plus grands dangers à l’é- 
poque de leur mutilation, sont morts dans le marasine, sous ses yeux ,des 
effets d’une irritation traumatique non interrompue. Les observations. de 
ces sujets sont rapportées dans le 5° volume de sa Clinique chirurgicale. 

» Pour justifier cette dernière assertion, votre rapporteur met sous les 
yeux de l'Académie une pièce pathologique qui a appartenu à l’un des 
invalides dont il a parlé, Pierre Brunel, âgé de 60 ans, d’une grande 
taille, lequel eut le bras gauche emporté par un éclat de bombe, au siége 
de Lille en 1792. Ge soldat fut renversé du coup, frappé de syncope;, et 
ou le crut mort; on le ramassa néanmoins quelques heures après, et il 
fut transporté avec d’autres blessés à l'ambulance du siége. 

» La totalité du bras avait été séparée de l’épaule au niveau du col de la 
tête de l’humérus; la coupe du moignon parut aussi régulière que si elle 
avait été faite avec un instrument tranchant : on songea d'autant moins à 
faire l’extirpation de la tête de cet os restée collée dans la cavité glénoïde 
du scapulum (la seule opération qui fût indiquée), qu’on n'avait pas en- 
core pratiqué cette désarticulation dans nos armées, et que d’ailleurs il n'y 
ayait eu aucune hémorragie; en sorte qu'on se contenta d’un pansement 
simple, et le blessé fut évacué sur les hôpitaux du 3° de ligne. 

» Ce vétéran nous a raconté qu'il avait beaucoup souffert pendant la 
première période de la blessure, qu'il s'était vu dans le plus: grave 
danger, et qu'il n'avait dû son salut qu’à sa forte constitution. Cependant 
la suppuration s'établit, et elle fut suivie de l’exfoliation de quelques 


6 ( 776 ) 
fragments osseux. La plaie se détergea, et le blessé se vit guéri avant la 
fin du quatrième mois. La cicatrice du moignon se forma par des plis 
convergents, toutes les parties de l’épaule parurent se rétrécir ou se ré- 
duire de leur volume naturel, et le sujet fut ensuite envoyé à l'Hôtel des 
Invalides , où votre rapporteur a pu l'observer pendant la dernière année 
de son séjour dans cet hôtel. 

» Ce vétéran était alors dans un état de malaise et de souffrance con- 
tinuel; il éprouvait fréquemment, surtout dans les temps d'orage, des 
tiraillements et des trémoussements douloureux dans l'épaule blessée ; 
enfin, par une sorte d’irritation traumatique, toutes les fonctions des 
organes de la vie intérieure avaient éprouvé une altération plus ou moins 
sensible. On peut dire que cet invalide est mort prématurément des effets 
consécutifs de cette mutilation accidentelle. 

» L'ouverture du cadavre a fait vérifier cette assertion , car la dissection 
de cette épaule nous a offert : 

» 1°. Un amincissement extrême ou une atrophie profonde du sca- 
pulum, réduit à l'épaisseur d’une feuille de papier; 

» 2°. La clavicule était réduite au volume de celle d’un enfant de 7 à 8 ans; 


» 3. La tête de l'humérus, qui était restée collée à la cavité glénoïde 
du scapulum , avait perdu sa substance osseuse; on ne trouvait plus qu’une 
poche molle formée par la capsule fibreuse de l'articulation. 

» 4. Les cordons nerveux du plexus-brachial étaient rouges, tuméfiés 
profondément, rétractés et réunis par leurs extrémités, effet de l’irritation 
traumatique. 

» On pourrait ajouter aux inconvénients que nous a présentés l’instru- 
ment de M. Caznaud, celui de ne pouvoir se rendre d’une manière cer- 
taine maitre du sang, pendant son action, pour prévenir l’hémorragie, 
surtout celle qui serait fournie par de grosses artères, et il serait aussi 
difficile de l'arrêter par les difficultés qu’on éprouverait à en faire la liga- 
ture; et, dans ces cas, un délai de quelques secondes suffit pour que 
l’hémorragie devienne mortelle. 

» Tous ces motifs nous ont fait apprécier à sa juste valeur la machine 
de M. Caznaud, conçue si ingénieusement , confectionnée avec tant d’art, 
et douée enfin d’une action si soudaine, mais insuffisante pour toute 
autre amputation que celle des doigts, et cependant déjà fort dispendieuse 
ét embarrassante ; imparfaite et incertaine dans le procédé opératoire, 
nuisible sans doute à l'équilibre des centres nerveux, par la spontanéité 
même de son action; dangereuse pour le chirurgien, pour ses aides et 


( 777 ) 

pour l'individu soumis à l'opération, par la difficulté, dans beaucoup de 
cas, de maintenir le membre tout-à-fait immobile ou de le saisir convena- 
blement, et surtout par la possibilité effrayante d’un signal mal compris 
ou mal donné pour lâcher la détente du couperet ; et, à part même 
toutes ces considérations graves, n’en est-il pas une encore tout aussi 
grave pour les progrès réels et la dignité de l’art, c’est qu’une semblable 
machine fàt-elle encore perfectionnée au point d'agir invariablement avec 
une précision mathématique, ne tendrait rien moins qu’à réduire la chi- 
rurgie à une profession mécanique et grossière, au lieu d'agrandir son 
domaine d'intelligence et d’habileté. En résumé, vos Commissaires se 
bornent à louer l'intention qu'a eue M. Caznaud, de ne point causer de 
douleur par la rapidité de son procédé opératoire , et c’est à ce titre seu- 
lement qu'il mériterait l'approbation de l’Académie. » 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède à l'élection pour la place vacante dans la section de 
Zoologie , par suite du décès de M. F. Cuvier. 


Avant le commencement du scrutin, on donne lecture d’une lettre de 
M: Duvernoy, l'un des candidats présentés par la section. M. Duvernoy 
annonce qu'il se retire de la candidature. 


Le nombre des votants est de 54. 
Au premier tour de scrutin, 


M. Milne-Edwards obtient . . . . 33 suffrages. 
M. Valenciennes . . : . .... 19 
MuStnaussuiles css un: mice, I 


Il y a un billet illisible. 


M. Mune-Epwans, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est 
déclaré élu. 


Sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi. 


C.R. 1838, 2 Semestre. (T. VII, N° 49.) 106 


( 778 ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


Mécanique. — Mémoire sur les surfaces isostatiques dans les corps solides 
en équilibre d'élasticité; par M. G. Lawé. 


(Commissaires, MM. Poisson, Cauchy.) 


« Les géomètres qui se sont occupés de la théorie des corps élastiques, 
ont trouvé les relations qui existent entre les pressions autour de chaque 
point d’un corps solide soumis à des efforts extérieurs. Mais ces pro- 
priétés ne sont pas les seules que l’on puisse déduire des équations diffé- 
rentielles qui représentent l’équilibre intérieur, et le mouvement vibra- 
toire d’un corps solide; car elles se bornent à considérer les variations 
des pressions autour d'un point; elles démontrent, par exemple, que 
toutes ces forces, obliques ensgénéral sur les éléments plans qu'elles sol- 
licitent, sont facilement déterminées, tant en grandeur qu’en direction, 
lorsqu'on connait les directions et les intensités des trois pressions princi- 
pales , lesquelles s’exercent au même point, normalement’à trois éléments 
plans orthogonaux entre eux. Or, lorsqu'on passe d’un point à un autre 
du même corps solide, la direction et la grandeur des pressions principales 
varient en général, et les lois de ces variations sont nécessairement expri- 
mées implicitement par les équations différentielles de la question. Per- 
sonne, que je sache, n’a encore entrepris de développer ces lois, ou de les 
transformer en d’autres dont l’énoncé puisse facilement se prêter aux ap- 
plications. Telest le but que je me suis proposé d’atteindre dans le Mémoire 
que j'ai l'honneur de présenter aujourd’hui au jugement de l’Académie. 

» Si, partant de tout point d’un corps solide, on passe sur un des trois 
éléments plans principaux qui se trouvent pressés ou tirés normalement, 
à tout autre point infiniment voisin du premier, que de ce nouveau 
point on se dirige vers un troisième situé sur le plan principal corres- 
pondant au second point, et ainsi de suite, on pourra tracer ainsi}/dans 
l'intérieur d’un corps solide, trois systèmes: de surfaces ‘orthogonales 
entre elles, qui jouiront de la propriété d’être toutes pressées ou tirées 
normalement ; c’est-à-dire que chacune de ces surfaces divisera le corps 
en deux parties qui n’exerceront l’une sur l’autre que des pressions ou 
des tractions normales. Ce triple système de surfaces existe dans tout corps 
solide homogène; il varie dans un même corps avec les directions, les in- 
tensités et les points d'application des efforts extérieurs; il est déterminé 


(779 ) 
et constant dans chaque état d'équilibre; mais il peut changer avec le 
temps lors du mouvement. J’appelle isostatiques ces surfaces et léurs trois 
systèmes conjugués. 

» Les surfaces isostatiques étant orthogonales doivent nécessairement se 
couper suivant leurs lignes de courbure. Il résulte de cette propriété géo- 
métrique une conséquence remarquable : supposons que le corps solide 
soit entouré d’un fluide, il ne pourra éprouver sur sa surface que des 
pressions toujours normales quelles que soient leurs variations; cette sur- 
face sera donc isostatique, et restera telle, lors même que les mouvements 
du corps solide changeraient à chaque instant les pressions intérieures. 
Or, il est permis d'admettre que cette constance d’intersection, qui sub- 
siste tant que les limites de l’élasticité ne sont pas dépassées, se prolonge 
même au-delà et peut atteindre la limite de la ténacité. Ainsi les fentes, ou 
les arêtes de soulèvement, que des explosions, des chocs intérieurs, des 
vibrations violentes, pourraient faire naître à la surface, auraient nécessai- 
rement la direction de ses lignes de courbure. Si la surface des corps est 
sphérique, les directions des ruptures possibles resteront arbitraires, mais 
si cette surface n’est pas celle dé la sphère, le système de ses lignes de 
courbure étant unique déterminera celui des fentes et des arètes de sou- 
lèvement. 

» Cette conséquence, déduite à la fois de la géométrie et de la mécani- 

-que, quoiqu’elle ne soit rigoureusement applicable qu’à des corps solides 
homogènes et continus, pourra fournir au moins une analogie utile, pour 
déduire, des observations géologiques, les formes générales du globe ter- 
restre correspondantes à chaque contrée. 1l doit aussi résulter du même 
théorème des données plus certaines, pour assigner la direction des lignes 
de rupture, dans diverses constructions. 

» Pour découvrir les lois que je cherchais, j'ai dû d’abord transformer 
les équations et les expressions différentielles, que fournit la théorie ma- 
thématique de l’élasticité, en prenant pour nouvelles coordonnées les pa- 
ramètres de trois systèmes de surfaces orthogonales, et supposant les dé- 
placements des molécules projetés sur les tangentes aux axes courbes. Pour 
être effectuées, ces transformations ont exigé l'emploi des formules, qui 
lient entre eux les paramètres différentiels des surfaces conjuguées. J'ai 
démontré ces formules à l’occasion d’un travail inséré dans le Journal de 
l'Ecole Polytechnique, et depuis j'ai donné leur interprétation géomé- 
trique complète par un autre travail présenté l’année dernière. Le Mémoire 
actuel indique donc, sur un nouvel exemple, la marche que l'on doit 

106. 


(780 ) | 
suivre pour exprimer une question de physique mathématique, à l’aide 
d’un système quelconque de coordonnées curvilignes. 

» Pour rapporter ensuite l’état d'équilibre du corps solide à ses surfaces 
isostatiques, il suffit d'exprimer que les forces tangentielles sont nulles sur 
les surfaces coordonnées, dans toute l'étendue du corps. Cette condition 
introduit trois nouvelles équations, qui établissent des relations néces- 
saires entre les variations des déplacements normaux aux surfaces isosta- 
tiques, et les courbures de ces surfaces. Ces relations constituent déjà 
une partie des lois qu’il s'agissait de déméler; les autres s’obtiennent en- 
suite en combinant ces relations avec les équations générales de l’équi- 
libre, et indiquent de quelle manière varient les pressions normales, lors- 
qu'on passe d’une surface isostatique. à une autre. Toutes ces lois sont 
d’une grande simplicité, et se prêtent facilement aux applications. 

» La considération des surfaces isostatiques conduit à la solution de 
plusieurs questions intéressantes dans la théorie des solides d’égale résis- 
tance, et même dans l’art du fondeur. Mais ces applications exigeant des 
recherches spéciales que je n’ai pas encore complétées, je me suis borné 
à résoudre, dans quelques cas particuliers, le problème dont voici l'énoncé 
général : déterminer les forces qui doivent solliciter un corps solide, dé- 
coupé par un système donné de surfaces orthogonales, pour que ce sys- 
tème soit isostatique. 

» J'ai traité entre autres le cas d’un solide, divisé par des sphères con- 
centriques, conjuguées à des cônes du second degré et traçant sur les 
sphères des courbes à double courbure orthogonales entre elles. On trouve 
facilement, pour les pressions ou les tractions principales dans l'intérieur 
du sphéroïde, des valeurs telles que les surfaces proposées sont toutes iso- 
statiques. D’après cela, que l’on imagine un globe, entouré d’une atmos- 
phère fluide, composé de couches sphériques et concentriques, solides et 
homogènes vers la surface, liquides ou gazeuses vers le centre; si des phé- 
nomèues de dilatation ou de contraction, des chocs ou des ébranlements 
intérieurs, déterminent la rupture de la croûte solide, les fentes ou les 
arètes de soulèvement qui apparaîtront à la surface, ne seront pas nécessai- 
rement dirigées suivant des grands cercles; car l’ensemble des courbes de 
rupture possibles embrasse aussi un nombre infini de lignes à double 


courbure. » 


(78: ) 


Puysique. — Sur la chaleur dans l'hypothèse des vibrations ; 
par M. Banner. 


(Commissaires, MM: Arago, Cauchy, Becquerel. ) 


« M. Babinet examine si l'hypothèse, qui attribue la chaleur aux 
vibrations qu’exécutent les atomes des corps sous l'empire des forces 
moléculaires, peut être pliée à explication des faits connus et servir à 
en découvrir de nouveaux. Il reconnaît que tout changement danses forces 
moléculaires est suivi d’un changement analogue dans les propriétés calo- 
rifiques, de même que la force vive moyenne d’une infinité de pendules 
qui vibrent sous l'influence de la pesanteur ou sous l’influence de ressorts 
élastiques, varie avec l'intensité de la pesanteur ou l'énergie des ressorts. 
Il définit la chaleur et la température comme étant la force vive moyenne 
de la molécule vibrante, et il examine ensuite les conséquences de cette 


hypothèse dans les cas suivants : 
» 1°. Égalité de chaleur et de température entre deux molécules simples ; 
» ». Loi de Petit et Dulong sur la chaleur spécifique des atomes des 
corps simples; - 
» 3°. Chaleur spécifique des atomes composés; 
» 4°. Chaleur de compression; 
» 5°. Chaleur de frottement, d’écrouissage, etc. ; 
» 6°. Chaleur d'imbibition et froid de dissolution ; 
» 7°. Chaleur latente de fusion; 
» 8°. Chaleur latente de volatilisation; 
» g°. Chaleurs spécifiques ; 
» 30°. Chaleur produite par les actions chimiques; 
» 11°. Cas analogues à celui du soufre fondu dont la cohésion augmente 
avec la température; 
» 12°. Influence de la chaleur sur les combinaisons chimiques; 
13°. De la chaleur totale des corps et du zéro absolu de chaleur ; 
» 14°. Dilatation des corps par la chaleur; 
» 15°. Dilatation croissante avec la température ; 
» 16°. Conductibilité; 
» 17°. De l’incandescence considérée comme cause de chaleurrayonnante: 
» 18. Réflexions où l'on indique la nécessité de n’essayer de compléter 
une théorie dans ses détails que, d’après les faits qui peuvent guider dans 


cette entreprise difficile. » 


( 782 ) 


cime. — {Vote sur les caracteres physiques des céruses obtenues par des 
procédés différents de fabrication ; par M. Paven. 


(Commissaires, MM. Thénard, Dumas.) 


« Depuis long-temps on discute pour savoir si la céruse préparée à 
Clichy suivant un procédé dù à M. Thénard, peut quand on l’emploie 
dans la peinture, couvrir une superficie égale à celle que couvre la céruse 
dite de Hollande. Quant à la supériorité de la première sous le rapport 
de la blancheur et de la pureté, elle n’a jamais été contestée. 

» Amené à m'occuper de cette question en cherchant les moyens d’uti- 
liser, dans la préparation des céruses , les résidus de la fabrication du 
sucre indigène , je crois être parvenu à la résoudre, à démontrer des 
différences notables, sous ce rapport, entre des carbonates obtenus par 
des procédés différents mais également composés d'un atome de pro- 
toxide de plomb et d’un équivalent d’acide. Ces différences tiennent sur- 
tout aux dimensions et au degré de transparence des cristaux du carbo- 
nate de plomb. 

» Je suis aussi parvenu, dans le cours de mes recherches, à préparer le 
carbonate de plomb cristallisé en lames hexagonales diaphanes. 

» Lorsque, l’année dernière, je communiquai à M. Dumas mes pre- 
mieres observations sur la cristallisation du carbonate de plomb, et l’ex- 
plication qui en dérivait relativement aux qualités des céruses, ce savant 
pensa qu'on en pourrait encore déduire d’utiles enseignements sur les 
améliorations à introduire dans les procédés de fabrication. Je dirai com- 
ment cette prévision me semble pouvoir être réalisée. 

» Le doute que j'avais émis dans un précédent Mémoire, relativement à 
l'existence de l’acétate sébasique, était fondé. Je l'ai démontré soit en 
comparant les températures de la décomposition des acétates neutres, 
sesquibasique et tribasique avec celle du composé en question, soit par 
l'analyse directe. 

» Enfin la détermination de la température à laquelle l’hydrate de pro- 
toxide de plomb perd son atome d’eau ( 130° cent.) m'a permis d'indiquer 
les précautions à prendre pour éviter des erreurs sur l'hydrogène. et 
l’oxigene dans l’analyse de quelques composés organiques. » 


M. Payen adresse une seconde Note sur la cause de la coloration de 
l'eau des marais salants à l’époque qui précède la précipitation du sel. 


( 785 ) 

Dans une précédente communication sur le même sujet, l’auteur avait 
attribué ce phénomène à la présence d’un grand nombre de petits crus- 
tacés ( Artemia salina) dont le corps offre une teinte rouge très pro- 
noncée, surtout lorsque la dissolution saline dans laquelle ils se meuvent 
est arrivée à un certain état de concentration. M. Turpin, ayant observé 
dans le canal intestinal de ces Artémies des débris de végétaux rudimen- 
taires qu’il crut reconnaître pour appartenir au protococcus kermesinus , 
pensa que c'était la couleur de ces végétaux qui se montrait à travers le 
corps translucide des Artemies, et qui était ainsi la cause médiate de la 
coloration des eaux. 

M. Dunal soutint depuis, que c'était aux protococcus que se devait £ou- 
jours la coloration en question, et que ces végétaux en étaient la cause im- 
médiate. IL se fondait sur ce qu’il avait vu la teinte rosée dans des eaux 
salées où il n’avait pu apercevoir une seule Artémie, mais où, au contraire, 
les protococcus étaient en grande abondance. 

Cette opinion, dit M. Payen, est au moins trop exclusive, puisque 
M. Audouin a reconnu la couleur rouge dans des eaux salées où l’on ne 
pouvait apercevoir aucun protococcus kermesinus , mais seulement des 
Artémies en très grand nombre. M. Audouin ne nie point d’ailleurs qu'il 
ne püt y avoir dans ces eaux des protococcus incolores et par cela même 
difficiles à'apercevoir; il regarde encore comme possible que ces petits 
végétaux incolores rougissent une fois ingérés dans le canal alimentaire 
des Artémies. 


La Note de M. Payen est renvoyée à l'examen de MM. Robiquet, Tur- 
pin, Audouin. ; 


MÉCanIQUE APPLIQUÉE. — Description d'une fontaine intermittente 
oscillante; par M. A. ne Cazicnr. 


( Commissaires, MM. Arago, Savary.) 


Cet appareil consiste en un système de tuyaux ne renfermant rien 
de mobile, n'offrant pas non plus de réservoir d'air, et qui cependant 
peut élever de l’eau notablement au-dessus de son niveau. 

L'auteur voit, dans cet appareil, outre les applications utiles qu'on 
en peut faire, un moyen de se rendre compte de certains effets observés 
dans les fontaines intermittentes naturelles, et, jusqu'ici, très incompléte- 
ment expliqués. 


M. Romnau adresse une ÂMote sur un moyen de conserver les farines , 


( 784 ) 


il soumet les farines à une forte pression dans des moules rectangu- 
laires, dont elles retiennent la forme ; et, dans cet état elles résistent, sui- 
vant lui, à l’action détériorante de l'humidité ainsi qu'aux attaques des in- 
sectes. Il ne sépare point le son de la farine avant dé soumettre celle-ci 
à la compression. 

Voici quelques-unes des épreuves au moyen desquelles il annonce s'être 
assuré de l'efficacité du procédé. Un pain de farine préparé comme il 
vient d’être dit, fut placé dans un caveau très humide où il avait séjourné 
six semaines; quand il en fut retiré, il ne présentait aucune trace d’alté- 
ration. 

Un autre pain fut placé au milieu de farine infectée de larves de cha- 
rançons; retiré au bout de huit jours, il avait pris l'odeur déplaisante 
qu'a la farine qui a été gâtée par cette cause, odeur qu’il ne perdit qu'après 
un temps très long; du reste, il était intact, et les insectes n’avaient point 
pénétré dans son intérieur. 


Des échantillons de farine comprimée sont joints à la Note de 
M. Robinau. É 


(Commissaires, MM. Silvestre, d’Arcet, Dutrochet.) 


M. Laparre présente un modele de roues pour les bateaux à vapeur. 
Dans la construction de ces roues, il a eu pour objet de donner aux pa- 
lettes les mouvements les plus favorables à la marche du bateau. 

La solution de M. Labarre diffère de celles qui ont été déjà mises en 
pratique, par cette circonstance, qu'il n'emploie pas de roues excen- 
triques. 

( Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis. ) 


M. Dr Murs adresse un Mémoire ayant pour titre : Deux nouvelles 
courbes trouvées en résolvant deux problèmes géométriques, l’un avec 
l'analyse de deux coordonnées, l'autre avec l'analyse cartésienne. 


(Commissaires, MM. Libri, Sturm.) 


M. Crevec adresse un Mémoire intitulé : Essai sur les moyens de dimi- 
minuer le nombre des sinistres en mer et de sauver les équipages. 
(Commissaires, MM. Beautemps-Beaupré, Dupin, de Freycinet.) 
M. Fnimor présente un Mémoire ayant pour titre : Études pratiques de 
la Machine à vapeur. 


( Commission des rondelles fusibles. 


(785) 
M. Foner présente une Note sur un Régulateur d'horlogerie: 


(Commissaires, MM. Gambey, Séguier. ) 


CORRESPONDANCE. 


M. le Miisrne pe LA Guenne invite l’Académie à lui présenter, confor- 
mément à l’article 17 de l'ordonnance du 30 octobre 1832 relative à l’orga- 
nisation de l'École Polytechnique, un candidat pour la place de professeur 
de chimie, devenue vacante à cette École par suite de la démission de 
M. Dumas. | 


M. le Ministre demande que la présentation soit faite dans le plus court 
délai possible, le cours de Chimie devant ouvrir le 9 de ce mois. 

La section de Chimie est invitée, vu le cas d'urgence, à se réunir im- 
médiatement ‘et à présenter séance tenante, si elle se juge suffisamment 
éclairée, une liste de candidats pour que l’Académie procède, également 
sans délai, à la nomination. 


asTronomtE. — Observations pour déterminer la parallaxe annuelle de 
la 61° étoile du Cygne. — Extrait d’une Lettre de M. Brssez à M. de 
Humboldt. 


« Le dernier mois ayant été très favorable à mes observations de la pa- 
rallaxe annuelle de la 61° étoile du Cygne (de manière que j'ai pu faire 
mes observations -pendant vingt-une nuits consécutives, ce qui est sans 
exemple à Kœnisberg), j'ai cru pouvoir en tirer des résultats d’une pré- 
cision suffisante. Je m'empresse de vous les communiquer. 

» Après tant de tentatives infructueuses pour observer la parallaxe d'une 
étoile fixe, j'avais cru à propos de profiter de la précision des observations 
offertes par mon grand héliomètre de Frauenhofer, pour chercher la pa- 
rallaxe annuelle de la 61°, qui, par son grand mouvement propre, 
donne lieu à croire qu’elle est la plus proche de nous, et qui, en outre, 
présente l'avantage d’être une étoile double, ce qui contribue à la préci- 
sion des observations. En conséquence, j'avais commencé en septembre 
1834 à mesurer les distances de la 61° du Cygne, à deux étoiles de 
11° grandeur, dont l’une précède et l’autre est vers le nord ; mais remar- 
quant bientôt que l’air était rarement assez pur pour rendre ces petites 

C. R. 1833, 2€ Semestre. (T. VIL, N° 19.) 107 


( 786 ) 


étoiles bien visibles, j'abandonnai les observations pour les reprendre dans 
la suite, en choisissant d’autres étoiles plus lumineuses parmi celles qui en- 
vironnent la 61°. En 1835, les expériences sur la longueur du pendule à 
secondes, faites à Berlin, et ensuite le retour de la comète de Halley, 
m’empéchèrent d’entrer de nouveau dans cette recherche; en 1836, ce fut 
les calculs sur les mesures des degrés ; et la rédaction de mon ouvrage sur 
cette matière, qui S'y opposérent. Mais en 1837, il n’y avait plus d'obstacle, 
et, en outre, l'espérance. de succès que M. Struve entretenait, d'après ses 
pr EU de & de la Lyre, contribuait à à me faire assiduement suivre la 
61° du Cygne. ? 

» Parmi les étoiles qui environnent cette étoile double, j'en ai choisi deux; 
qui en sont, en effet, vs distantes que celles que j'ai observées en 1834, 
mais qui sont de la 9.10° grandeur, et, par conséquent, assez lumineuses 
pour pouvoir être observées presqué toujours. L'une (a) est'à peu près 
perpendiculaire à la direction des deux étoiles qui composent la double ; 
l’autre (b) est à peu près dans cette direction. Jai observé au moyen de 
l’héliomètre, les distances de ces étoiles au point situé au milieu des deux 
étoiles de la double, ce que je crois être la méthode d'observation la plus 
précise. Ordinairement j'ai répété seize fois l'observation chaque nuit; mais 
quelquefois l'état plus où moins favorable du ciel a produit une gr 
à cette règle. 

» La position relative de ces deux étoiles, pour le commencement de 
1838, rapportée au point situé au milieu de la doubie, est 


Distance. Angle de posit, 
Dee OI OL es 2020 2/10 
be .25006 270 "500 22 10. 


» L'instrument donnant à la fois la distance et l'angle de position, 
j'ai observé toujours les deux. Mais on ne peut lire, sur le limbe du 
cercle de position, des DE plus petites qu'une minute, ce qui égale, dans 
la première distance 0 ",134; plusieurs autres raisons concourent avec 
celle-ci pour rendre l'observation de Pangle de position moins sûre que 
celle de la distance, quand la distance est aussi grande que dans le cas 
actuel. C’est pourquoi j'ai considéré l'observation des angles de position 
comme ayant très peu de poids dans une recherche aussi délicate, et j'ai 
concentré, en faisant les observations, autant qu'il n'a été possiblé 
mon attention sur la mesure de la distance. 

» Les tableaux suivants contiennent toutes mes observations des distances 


? 


( 787 ) 

a et b au point fixé au milieu de la double 61° du Cygne, faites depuis le 
16 août 1837 jusqu’au 2 octobre 1838. Dans la première colonne, on 
trouve la distance observée, corrigée de leffet de la réfraction; dans la 
seconde, sa. valeur réduite au commencement de 1838, en ayant égard à la 
variation annuelle et à l’aberration ; la troisième contient l'expression des 
distances réduites à 1838, par les inconnues &, a’, 4”, pour l'étoile a, et B, 
B', &”, pour b; ces quantités doivent être déterminées par les observations. 
L'inconnue & du premier tableau désigne la distance moyenne de l'étoile a 
pour le commencement de 1838 ;-la variation annuelle de cette distance 
est représentée par. + 4°,3915 + «'; la différence des parallaxes an- 
nuelles de la 6r° et de a par 4; les lettres 8, B', £”, du second tableau ont 

la même signification pour l'étoile b; la variation annuelle de sa distance 
à la 61° étant représentée par — 2",825 + 8’. Les parties connues des 
variations annuelles ont été déduites de la moyenne entre les mouvements 
en ascension droite et en déclinaison, telles que M. Argelander les a 
trouvés en comparant sa position des deux étoiles de la double pour 1830, 
à celle que j'ai déterminée pour 1955, d'après les observations de Bradley ; 
mais il est nécessaire d'ajouter à cette partie connue une autre inconnue, 
parce qu’on ne connaît ni le mouvément propre des étoiles a et b, ni l'iné- 
galité du mouvement supposé connu, produite par la révolution des 
deux étoiles de la 61° autour de leur centre de gravité commun. Voict 
les tableaux : 


107. 


1837, 18 août. 
19 
20 
28 
30 


ON DOTE © D _m 


27 
29 
21 
22 
23 
er juin 
2 
12 


13 


DISTANCE 
OPSERYÉE, 


( 788 ) 


I. Observations de l'étoile a. 


EXPRESSION. 


DISTANCE 
OBSERVÉE. 


2—0,369 a'+0,635 2° 4 1858, 22 juin. 


— 0,367 
—0,364 
—0,342 
—0,337 
—0,323 
—0,312 
—0,309 
—0,304 
—0,296 
— 0,279 
—0,271 
—0,248 
— 0,249 
—0,246 
— 0,208 
—0,175 
— 0,107 
—0,083 
—0,003 
—0,001 
+-0,023 
+-0,028 
+0,044 
+-0,047 
+0,06 
0,038 
—+-0,0 39 
—+0,1 13 
0,337 
+0,340 
+0,345 
+ 0,361 
+0,372 
—+0,375 
+-0,380 
—+0,386 
+0,38) 
+0,392 
+0,416 
+ 0,419 
+0,46 


+-0,449 


—+0,624 
—+o,6r1 
+0,513 
0,487 
—+0,414 
+0,363 


0,349 - 


0,321 
+0,27 
+0,184 
+0,138 
+0,123 
+0,012 
— 0,003 
—0,222 
— 0,398 
—0,699 
0379 
— 0,397 
—0,8:7 
—0,886 
—0,881 
—0,855 
—0,852 
—0,837 
—0,71 
+0,715 
+ 0,665 
+0,514 
+0,52) 
+0,553 
0,623 
+0,66 
+-0,680 
+-0,701 
+0,721 
+0,730 
+0,740 
+0,817 
+ 0,825 
40,885 
+0,88) 


26 
27 
28 


29 
30 
1er juil 


EXPRESSION. 


20,474 «403919 " 


0,485 
0,483 
0,490 
0,493 
0,406 
0,499 
0,518 
0,524 
0,534 


0,543: 


0,575 
0,592 
0,67 
0,636 
0,638 
0,649 
0,652 
0,660 
0,674 
0,679 
0,685 
0,687 
0,698 
0,701 
0,704 
0,707 
0,709 
0,712 
0,715 
©9720 
0,723 
0,726 
0,728 
0,731 
0,734 
0,737 
0,739 
0,742 
0,745 
0,748 
0,750 


0,924 
0,928 
0,928 
0,928 
93929 
0,928 
0,921 
0917 
0,910 
0,892 
0,825 
0,778 
0,713 
0,615 
0,604 
0,556 
0,543 
0,500 
0,432 
0,405 
0,377 
0,303 
0,304 
0,289 
0,273 
0,259 
0,24 
0,229 
0,214 
0,183 
0,168 
0,153 
0,138 
0,122 
0,106 
0,099 
0,055 
0,059 
0,043 
0,027 
0,016 


( 789 ) 


II. Observations de l'étoile b. 


oo 


DISTANCE DISTANCE 
; ODBSERVÉE. \ OBSERVÉE. 
DATES. . = EXPRESSION. DATES. et. EXPRESSION. 
4837. | 1858. 1857. | 1858. À 
1857, 16 M 5’,066|06 ; 
114857, 16 août.|507",523|;0°",5:2]8—0,3:5 £'4-0,4368° 13 juin. |705’,066|06",3:6|£-Lo,419 £'—0,4868|À 
3 18 747il 6,431 —0,3$9 +0,462 |5 22 5,262|° 6,639 A —o, Ge 
; 19 7,813 Ge me 0,474 26 j-92s 6,331) 0,485 —o,310 
ÿ . 75:07] 6,684 —0,304 —+0,187 27 pen 630 0,488 —0o,s 6 
6 3 7314 G47 —0,342 0,585 28 so 6, (0 0,490 —0,282 
( 7355] 6,404! —0,337 AUS 29 ,012| 6,440] 0,493 —0,268 
7 4sept.|  7,aui| 6,575] —a,323 +0,65 30 4,995! 6,430] 0,496 —0,253 
ë 9 7:93'| 6,650! —0,309° +o;7rt rjuill.| $,161| 6,603! on, ce) —0,238 
Ü 11 7165 6,206 de 0,725 | 16! 8 i 074 6,568 0,518 —0,135 
x 4 7,415] 6,506! —0,29 +0:52 ||: 10 Fdee Graf 0,524 —o,10oû 
: : 73399] 6,504] —0,279 +070 14 celte ra M op 
5 æ 7,301 "317 —0;251 +0,8:5 17 Fe 6,39t 0,543 0,000 
D 4 7131 G,3541 —0,245 +0,83 29 966! 6,610] 0,575 0,179 
; test 2274 ee 71 —0;269 +0,855 a août. Vs 6, 130 0,586 —+-0,250 
F à qe ] CUT —0,246 +0n:859 4 457 soqii 0,592 +0:2j8 
“Oo elodie le n |) 64) de dé 
18 22 nov 7 Re PE RE 4 865 FE Lines ne 6 
5 dé 6; 91 ce —0,107 “<+0:-18 21 1 9 G,G71 0,638 +0; 
a. 1 déc..| 6,62] 6,36;] —o,o8$ —+0,625 25 4,827] 6,661! 0,649 +0,219 
Si 32 Ps Greg —0,041 , +0:430 :6 18 6,587 0,652 0,560 
5 3 14 3400] —0,003 0241 29 107 6,536 0,660 —+o, 9) 
1 G,225| 6,18: —o,oo1 0,236 3 sept.| 4,401] 6,299! 0,674 —+0,650 
a 1858, Sjanv- 6,26;| G,272] +0,015 <+0,150 4 1486 6,391] 0,676 0,660 
ë £ 6103| Gritl +o,o18 <+o;134 |7 5 482] 6,394) 0,679 +0,67: 
ee Ke des 6,138] +0,023 —+0,104 6 472$ 6,645 0,682 —+o,68r 
à à pus 6,126 0,018 0,072 7 4,815] G,74r 0,685 +0,690 
ml M | 586) Bof] fre Hors 3 |) D] où Jene 
29 a an 5] 6,181] 0,07  —0,035 12 4514] 6,491 0,608 0,735 
d 5,183| 6,312] 0,056 —0,083 4,539] 6,200! 0,695 0,735 


( 790 ) 

» En comparant les deux dernieres colonnes de ces tableaux, on s’aper- 
coit au premier coup d'œil que l'accord des observations peut être aug- 
menté considérablement en attribuant des valeurs positives à æ” et B", ou 
à la parallaxe annuelle. Quand on voudrait supposer insensible cette paral- 
laxe, on ne pourrait réduire la somme des carrés des erreurs des 85 ob- 
servations de l'étoile 4, que jusqu'à 4,4487, et celle des 96 observations de 
l'étoile b qu’à 4,7108; mais en déterminant æ”et 8’ de manière à s’accorder 
le mieux possible avec les observations, on réduit ces sommes jusqu’à 1,4448 
et 2,4449, ce qui donne l'erreur moyenne d’une observation de la première 
étoile = ÆH 0",1327, de la seconde = + 0",1405. — La différence de pré- 
cision des observations des deux étoiles doit être attribuée, je crois, à la 
différence dans leur direction, l'étoile a étant à peu près perpendiculaire 
à la direction des deux étoiles de la double, et b à peu près dans cette 
direction. L'observation de la première est donc principalement affectée 
par l'erreur qu’on commet en plaçant son image dans la ligne qui joint les 
deux étoiles de la double ; celle de la seconde par l'erreur de la bissection 
de leur distance. Quand Pair est bien tranquille, ces deux sortes d’obser- 
vations réussissent également bien; mais quand les images sont en mou- 
vement continuel (ce qui est ordinairement le cas) l'œil paraît mieux saisir 
la direction que la bissection. 

» J'ai, en premier lieu, cherché les résultats de ces observations, en 
considérant comme indépendants &"” et 8", ou, en ne rejetant pas, comme 
invraisemblable, une parallaxe sensible des étoiles a et b. De cette manière 
j'ai trouvé 

Pour l'étoile a. 

Distance moyenne pour le commencement de 1838. 4616094. Erreur moyenne: 

Variation annuelle — + 4",3915 — 0",0543...... + 4,3372.. Æ 0",0308 

Différence des parallaxes annuelles de 61° et de #.. « —+0,3690.. + 0,0282 


Pour l'étoile b. 
Distance moyenne pour le commencement de 1838. 706";2909:. Erreur moyenne. 
Variation annuelle — — 2”,825 + 0”,2426 . .... —2,5824.. +o°,0434 
Différence des parallaxes annuelles de 61° et de b.. 8°— + 0,2605.. + 0,0278 


» Il paraît donc, par ces observations, que la différence des parallaxes 
annuelles de 61° et de b est plus petite que celle de 6r° et de a, ce qui de- 
vrait être le cas, si l'étoile D avait elle-même une parallaxe sensible, plus 
grande que celle de a. La différence des valeurs trouvées de a! et 8" sur- 
passe en effet la limite probable des erreurs des observations; mais la pro- 


(791 ) 
babilité de valeurs égales de ces deux inconnues n’est pas si petite, qu'on 
pourrait être tenté de regarder leur différence comme prouvée par les ob- 
servations. Des observations suivies augmenteront le poids des résultats et 
détermineront en même temps des valeurs plus exactes des variations an- 
nuelles. 

» En attendant, j'ai tiré des observations des deux étoiles un seul ré- 
sultat pour la parallaxe annuelle de la 61° du Cygne, en supposant insen- 
sible celle-des étoiles à et b. Pour pouvoir combiner ensemble les deux 
séries d'observations, j'ai dû chercher le poids d’une observation de la se: 
conde série, celui d’une observation de la première étant pris pour l’unité. 
Je l'ai trouvé égal à 0,6889, et la valeur la plus probable de la parallaxe 
annuelle de la 61° étoile du Cygne = 0"”,3136. Dans cette hypothèse on 
trouve les distances moyennes des deux étoiles pour le commencement 
de 1838: 

‘ = 461"6171 et 7062701, 
et la correction de la variation annuelle supposée : 
— 0”,0293 et + 0",2395. 
L'erreur moyenne d’une observation dont le poids à été pris pour l'unité 
est ——Æ0,"1354, et l'erreur moyenne de la parallaxe annuelle, telle qu'elle 
résulte dans l'hypothèse actuelle — + 0”,0202. 

» En effet, dans cette hypothèse les observations sont représentées moins 
bien que par le premier calcul, qui ne suppose aucune liaison entre z" ét 
B"; mais le manque d’accord est trop peu considérable pour garantir la pré- 
férence de celui-ci. On en jugera par les tableaux suivants, qui contiennent 
la comparaison de chaque observation âvec les deux formules : 


. La — 461",6094; « = — 0°,0543; «" = + 0",360. 
roi € l LL @ — 46r 6171; a = — 0 ,0293; a" = + 0,3136. 
L 8 = 706 ,2909; & — + o ,2496; 8 — + 0 ,2605. 
Étoile 4. . IL. 8 = 706 ,2791; #8 = + o 2305 ; 8" — Lo :3136. 


Le 

» Je leur ai ajouté une troisième colonne, calculée d’après les mêmes 
valeurs de &, z/ et B, &!, d’après lesquelles la première colonne à été cal- 
culée, mais supposant insensible la parallaxe annuelle. En la comparant à 
l’une ou à l’autre des deux précédentes, on voit immédiatement quelles 
sont les différences observées qu'il s'agissait d'expliquer par la parallaxe 
annuelle. On remarquera, en effet, que ces différences sont ordinairement 
positives ou négatives, selon que le coefficient de la parallaxe annuelle est 
positif ou négatif. 


1 


+0",19 

—0,21 
3|—0,16 
4|—0,09 

+0,15 
+0,13 
+0,99 
—0,10 


9! 0,11 


+0,05 
—0,1( 
>| +0,14 
— 0,05 
—0,01 
+0,14 
+0,17 
71 +0,04 
+0,04 

o,où 
—0,05 


21]+0,05 


1| 40/26/40 a; 
+o,r1|+o,10|+0,25 
+0,46|+0,44 


+0,35 
9|—0,21 

+0,04 
—0,01 
3|+0,25 


O|—0, Lt 


+0,19 
+0,16 
+0,08 
—0,09 
HD 0) 


ñ|—0,o1 


—0 ,01 
—0,27 
—0,27 
—0,07 
—0,22 
+0,05 
—0,16 
—0,05 
—0,21 
5|—0,0 


+0",22|+0",42 
—0,21[—0,01 
—0,13|+0,06) 
—0,06|+0,10) 


—0,06|—0, x)! 


—0,03|—0,30! 


—0,08|—0,0û 


—0",11|—0";17 
—0,06|—0,11 
—0,12|—0,19]— 
+0,19 +0,14 
9/77 924 
+0,14[+0,11 
+0,28|+0,23 
9[—0,31|—0,36 
—0,10 —0,00 
+0,10 +0,11 
<+0,02|+0,0 
—0,13|—0,12 
41+0,08/ +0,10: 
+0,17] +0,20 
—0,03| —0,01 
+0,05] +0,07 


0,00 


+0,12| +0,14 
—0,01|+0,02 
+0,21|+#+0,2; 
—0,04|—0,02 


Observations de l'étoile b. 


—0",18 
—0,35 
—0,10 
+0,05 
—0,62 
—9,08 
—0,05 
—0,21 


+0,07 — 


—0,45 
—0,01 
—0,02 
+0,12 
+0,21 
+0,19 
+0,15 
0,03 


+0.16|— 


0,0! — 


—+o,oi 
+0,19 
+0,12 
+0,18 


+0,11] — 
+o,14|—0,02 


Gal +0,05 


51|+o",33 
5 


0,00 
—0,06 
+0,12 
+0,10 
+0,0ù 
+0 529 
+0, 19. 
—0,1) 
+0 ,03 
—0,03 
+0,13 
—0,06 


11 —0,06 


—0,04 
+oioi 
+0,0) 
+0,07 


| —0,01 


70,07 
50,32 
—0,2/ 


3|—0,24 


+o,ui 


—0,10|+40,08|+0 ,25 


II. 


ÿ|+-0',07|+0°39 
—0,23| +0,07 
—0,01|+0,30 
+0,05] +0,36. 
9[+0,22| +0,53 
+0,24] +o,55 
4|+0,27| +0,50! 
—0, 10 +0,21 
—0,11|+0,20 
+0,04] +0,35 
—0,24|+0,0 
—0,03| 40,2; 
9|+0, 11] +0,39 
»[—0,05| +0,2 

—0,02| +0,14: 
2|—0,21| +0,01 
+0,05| +0 ,2 
7|—0,06| +0, 1 

0,00! +0,20 
+0,06! +0,21 
63|+0,09|+0,0)| +0,25 


I. | I. | IH. 


64|—0",03|—0",02| +o",12 
65|+0,20| +0 ,20| +0,34 | 
, L L Il 
66|+0,07|+0 ,06| +0 ,20 
6-|+0,15|+0,14| +0,26 
Pa pa part rer 
Ù g|—0,1 0 
7 —0 05 6 +0,05 
71|+0,09| +0,00! +0,1 
Fa —o,10 —012 —0,02 
73 —9,21 MENT 44 
74|—0;12|—0,13| —0,0 
53 +0 ,06|+0,05| +0,12 
761+0,12|+0,10|#0,17 
7|+0,02| 0,00! +0,07 
78 —o,1t 013 0,04 
4 +0,17|+0,15| +0,21 
0 EU ed ri 
81|—0,06|—0,08| —0,0 
8:|—0,08 —o,r0 0,05 
83|+0,09|+0,07| +0,11 
84|+0,11|+o,08|+o,1t 
81—0,14/—0,16[ —o,13 


+0°,36 
+0,03 
—0ù ,04 
+0,15 
+0,13 
+0,11 
+0,28 
+0,21 
—0,13 
+0,0) 
—0,02 
+0,14 
—0,00 
—0,06 
0,0 

0,00 
+0,03 
+0,01 
—0,02 
—0,0) 
—0,34 
—0,24 
—0,24 
—0,01 


EE".  — —— 


76|—0",12|—0",25|+0",06 
77|—0,18| —0,20| +0,02 
Zoo | ro 18 +03 
0,1 0,1 
50 oo +oo! Ha 
da Lo/a8Lo’es| L 0/38 
0,0 : 
co Ho +0,09 or 
S4|+0,13|+0,10|+0,33 | 
# +0,14 or +0,35 
= +o,11|+0,08|+0,32 
7|—0,21|—0,2 0,00 
85|—0 13] —071 +0,08 
89] 0,00[—0,03|+o,21 
g0| ù,00| —0,03 CE 
91|[—0,07|—0,r0|+0,1 
y2 me —0,05 +0,20 
9+0,16|+0,13| +0,38 
94 +0,97| +0,04 +9,29 
9: 0,00| —0,0: 0,22 
96| +0,02 —oo1 +0,2} 
97/+0,02|—0o,01|+0,2 
&B|+0,02| —0 ,01| +0,29 


ES Se S 


( 793 ) 


» L'erreur moyenne de la parallaxe annuelle de la 61° étoile du Cygne 
(=0",3136) étant = Æ 0",0202, et ne montant, par conséquent, qu’à un 
quinzième de la valeur trouvée, et, de plus, son influence sur les distances 
suivant assez bien la marche que la théorie prescrit, on né pourra plus 
révoquer en doute la sensibilité de la parallaxe de cette étoile: En la sup- 
posant — 0/,3136, on trouve la distance exprimée en demi-diamètres de 
l'orbite de la Terre — 657700; la lumière emploie 10,3 ans pour parcourir 
cette distance. — Le mouvement apparent de la 61° du Cygne étant un arc 
de 5”,123 de grand cercle par an, cette étoile et le Soleil doivent avoir un 
mouvement annuel relatif plus grand que 16 demi -diamètres de l'orbite 
de la Terre. L’aberration constante de l'étoile, causée par ce mouvement, 
doit monter jusqu’à 52”. — Si l’on parvient à connaître les éléments de 
l'orbite que les deux étoiles de la double décrivent autour de leur centre 
de gravité commun ; on pourra déterminer la somme de leurs masses; mais 
les observations de la position relative de ces étoiles sont encore loin d’être 
suffisantes pour la détermination de l'orbite; elles indiquent seulement que 
le mouvement angulaire est à présent d'environ deux tiers de degré par an, 
et que la distance apparente a passé son minimum de (15 secondes envi- 
ron), vers le commencement de ce siècle. On peut seulement en conclure 
que le temps périodique surpasse 540 ans, et que la distance moyenne des 
deux étoiles’se présente sous un angle plus grand que 15”. Si l’on voulait 
partir de ces nombres , on trouverait [a somme des deux masses à peu près 
égale à la moitié de celle du Soleil; mais ce point curieux ne pourra être 
fixé que par des observations suivies pendant un temps assez long et suffi- 
santes pour la détermination de l'orbite. Quand des observations , séparées 
par de très longs intervalles, des lieux que 44 double occupera entre les pe- 
tites étoiles environnantes , auront fait connaître son centre de gravité, on 
aura aussi les deux masses séparément. Mais il n’y a pas de moyen d’an- 
ticiper ces résultats. » 


Note de M. Araco sur le méme sujet. 


Aprés avoir présenté une analyse détaillée de l’intéressante lettre de 
M. Bessel, M. Arago demande à l’Académie la permission de lui donner 
lecture d'une Note, également relative à la parallaxe de la 61° du Cygne, 
qu'il inséra dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes de 1834. Les as- 
ironomes, ajoute M. Arago, ne seront pas fâchés de voir que la méthode 
des distances au zénith absolues, observées au cercle répétiteur, donne à 

CR. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, No 19.) 108 


( 794 ) 


fort peu près le même résultat que les mesures héliométriques de M. Bessel. 
Celles-ci, assurément très exactes, ont l'inconvénient de supposer que les 
étoiles de comparaison n’ont pas de parallaxe sensible. Nous reproduirons 
ici la note de l’ Annuaire : 

» D’après l'idée, en général très plausible, que les étoiles les plus bril- 
lantes doivent être les moins éloignées de la Terre, les astronomes s'étaient 
anciennement accordés à chercher les parallaxes, surtout dans les étoiles 
de première et de seconde grandeur. Depuis, on a eu quelques raisons de 
croire que certaines étoiles, peu remarquables par leur intensité, pour- 
raient bien se trouver parmi les plus voisines. Voici d’après quels indices. 

» Jadis, on appelait les étoiles, les fixes. Elles ne méritent plus cette 
qualification. Toutes marchent, en effet, toutes ont un mouvement pro- 
pre. Je n’entends pas parler ici de ces mouvements de circulation d’une 
petite étoile autour d’une grande, dont nous nous sommes si longuement 
occupés; mais d'un mouvement qui, depuis qu’on l’observe, a toujours été 
dirigé dans le même sens; d’un mouvement destiné, à la longue, à mêler 
ensemble les étoiles des différentes constellations. IL. est naturel de croire 
que plus ce mouvement propre est fort, et plus l'étoile dans laquelle on l'ob- 
serve doit être rapprochée de nous. D’après cette base, la 61° du Cygne, 
qui a un mouvement propre annuel de plus de 5 secondes , se présentait 
naturellement comme pouvant offrir des chances de parallaxe sensible. 

» Dans cette vue, nous l’'observames avec beaucoup de soin, M. Mathieu 
et moi, pendant le mois d'août 1812 et pendant le mois de novembre sui- 
vant. La hauteur angulaire de l'étoile au-dessus de l'horizon de Paris, à 
l’une de ces époques, ne surpassa la hauteur angulaire observée à l’autre 
que de -$5 de seconde. Une parallaxe absolue d'une seule seconde au- 
rait nécessairement amené entre ces deux hauteurs une différence de 1”,2. 
Nos observations n’indiquent donc pas que le rayon de l'orbite terrestre, 
que 59 millions de lieues, soient vus de la 61° du Cygne, sous un angle de 
plus d’une demi-seconde. Mais une base, vue perpendiculairement, sou- 
tend un angle d’une demi-seconde, quand on en est éloigné de 412 mille 
fois sa longueur. Donc la 61° du Cygne est, au moins, à une distance de 
la Terre égale à 412 mille fois 39 millions de lieues. Le nombre qui résulte 
de cette multiplication, indique une distance que la lumière ne pourrait 
franchir en moins de six ans, quoiqu’elle parcoure, comme tout le monde 
sait, 80 mille lieues par seconde. 

» Un seul mot encore, et j'ai fini. La 61° du Cygne se déplace, tous les 
ans, en ligne droite, de plus de 5 secondes. A la distance qui nous en sé- 


( 795 ) 


pare , une seconde correspond, au moins , à 8o millions de lieues, Tous les 
ans, la 61° du Cÿgne parcourt donc, au moins, {00 millions de lieues. Na- 
guère, cependant, on l'appelait une étoile fixe! » 


Comète à courte période. 


M. »e Huwroror communique l'extrait suivant d’une lettre de M. Encke, 
directeur de l'Observatoire de Berlin : 

« Nous avons continué, M. Galle et moi, à observer la comète aussi 
long-temps que la clarté de la lune nous l'a permis; depuis cette époque, 
le ciel a presque toujours été couvert. La comète est restée si faible, 
qu’on n’a pas pu éclairer le champ; on ne pouvait même pas observer l’en- 
trée et la sortie; il fallait placer la comète au milieu du champ, et se 
servir du grand réfracteur de Frauenhofer, comme d’un équatorial. Je vous 
présente l’ensemble de nos observations faites jusqu’à ce jour. Les résultats 
subiront de petites corrections lorsque nous aurons mieux déterminé la 
position des étoiles dont dépend la vérification de l’instrument. 

» Les observations ont exigé beaucoup de soin, à cause de l’extrême 
faiblesse et de la forme de l’astre. 


DIFFÉRENCE AVEC L'ÉPHÉMÉRILE 
TEMPS MOYEN ASCENSION 
DÉCLINAISON. | 
de Berlin. droite. 
en ascension dr.] en déclinaison. 


14 0° 38” | 38°13/24" | 33°22°29" | +1 59,2 | +1 321 
11 52 o 38 13 33 33 42 32 2 27,5 1 36,2 
11 4 10 38 12 15 34 28 o 


3 2,7 1 14,6 
12 56 54 38 8 9 35 17 57 3 2,6 1 39,5 
11 12 13 38 4 45 35 41 4o 3 23,2 1 23,3 
11 85 38 o 40 36 7 28 3 26,4 1 31,3 
12 3 58 39 55 3 36 35 30 3 32,1 1 20,7 
11 10 9 37 49 43 37 1 44 2 41,7 1 42,3 
11 2 15 37 33 23 37 59 42 2 54,9 1 35,3 
15 11 27 37 9 12 39 6 37 3 30,9 2 11,6 
14 50 44 | 3655 48 | 393918 | 346,6 | 2 3, 
16 30 31 36 38 42 4o 15 34 4 57,5 1 58,4 


» La dernière observation a étéfaite dans le crépuscule du matin, immé- 
108.. 


( 796 ) 


diatement après le coucher de la Lune : elle est moins sûre. Il paraît, d’après 
l’ensemble de nos observations, que le passage de la comète par le péri: 
hélie, a été prédit de cinq quarts d’heure ou de - de jour trop tôt. Les 
erreurs augmenteront à mesure que la comète approche très près de la 
Terre, en novembre. » 


ASTRONOMIE, — Comête à courte période. 


« M. Azrre» Gaurien, directeur de l'Observatoire de Genève, adresse 
à M. Arago les résultats des observations de la comète à courte période 
qui ont été faites, sous son inspection, par M. Muller. Ces observations, 
calculées par M. Gautier et comparées aux Éphémérides de M. Bremiker, 
ont donné les discordances consignées dans le tableau suivant. 

» M. Gautier pense que l’apparition actuelle fera ressortir la nécessité 
de diminuer quelque peu la masse de Mercure que M. Enke avait 


adoptée dans le calcul des perturbations. 
» La comète est toujours très faible et difficile à observer. Son diamètre 


a paru être 
Le ro octobre d’emviron 4; 
Le 13 d'environ 6'; 
Le 16 d'environ 7'; 


Le 1« novembre, la clarté de la Lune réduisait le diamètre apparent 
environ 2/!.» 


x 
door. DOI POI C 


( 797 ) 


. 
Comparaisons des positions de la comète, observées à Genève, avec l'éphéméride de 
M. BremIKEr. 


POSITIONS DIFFÉRENCES 
de la comète, résultant entre les positions 
des À \ des observées et celles de 
observations observations. l’'éphéméride, 
en 
temps moyen | 


i ions ROLTE a ji 
de Berlin. Ascon Déclinaisons. en ascension 
droites. j 


INSTANT 


I en déclinaison. 
droite. 


| ms | Es | commen 
Octobre 10 8 b32/46,5 | 320 47/2',5 |46012'27"6. À. 5/32 | + à 48",;2 
9 8 4,7] 3244 7,5 | 46 13 39,5 7 472 2 48,4 
13 10 18 45,8 | 30 18 39 48 53 1a 2 58 
10 52 11,3 | 30 15 54 48 54 46,5 2 41,8 
12 32 36,9 À 30 12 1,5 | 48 56 57 3 14,6 
9 27 59,2 | 29 19 30 | 49 47 34 3 39,8 
y 40 48,4 À 29 19 13,5 |-49 49 à 2 40,3 
10 56.58 » 16 49,5 | » 52 5,2 2 42,1 
12 614,4] » 13 33 » 54 13 3 22,8 
12 23 35,3 | » 13 48 » 55 4o 2 37,6 
11 0 24,4 | 26 50 51 51 53 12,9 
11 30 10,5} » 49 7,5 | » 53 38,9 
12 048,2) ».46 42 » 55 20 
71015,7 | 24 449,5 | 53 52 53,4.À. 
7 48 34,8 | 23 58 G,o | 3 5 49,9 
921 8,6 À 23 52 54 » 59 35 
6 58 39,8 | 20 11 33 12 6,9 
7 25292 | »11 9,5 12 58 
7 32 51,2] » 10:10,5 13 48,5 
8 49 20,7 | 20 2 40,5 17.34,7 
9 14 13,6 | 19 59 G 18 50,7 
10 13 59,9 | » 53 34,5 21 46,3 
81830 | 14 57 52,5 | 58 43 31,5 
8:48 57,5 | » 53 19,5 | » 44 42,5 
9 45,20,5 À » 47 5,5 | » 47 15,5 
821 o,1 3 58 9 62 22 58,3 
837 21,4 3 54 13,5 | » 24 10,8 
8 42 20,6 | 3 5357 » 23 56,8 
10 21 22,4 |352 55 39 64 33 14 
12 39 18,3 | » 19 4,5 | » 37 38 
13 9 20 » 11 33 » 38 35 
13:50 33,4] » o 55,5 | » 4o 29 
14 10 18,1 1351 56 49,5 | » 40 50 
14 28 28,1 » 52 46,5 | » 41 26 


sw Oo w 


D 


OHDHY wE 


(798) 
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Viveau de la mer Morte comparé à celui de la 
« Méditerranée. 


M. le capitaine d'état-major Callier communique à l’Académie les obser- 
vations de divers voyageurs qui viennent à l'appui de l’opinion quil a 


adoptée dans un travail précédent, concernant une forte dépression du. 


niveau de la mer Morte, comparé au niveau de la Méditerranée. Parmi 
ces documents on remarque : 
1°. L'observation thermométrique faite en avril 1837 par MM. Moore et 
Beke, et d’après laquelle le degré de l’ébullition de l’eau, sur le bord 
de la mer intérieure, fut 216*,5 Fahrenheit = 102°,5 centigrades. M. Cal- 
lier trouve que ce nombre correspond à 8r15"",6 ‘de pression atmosphé- 
rique, ce qui, comparé à 760"",0, hauteur moyenne supposée du baromètre 
au niveau de la Méditerranée, et en adméttant des températures de l'air 
er à ; indique une dépression de la mer Morte de..... 608 mètres. 
. Une hauteur barométrique de 797**,5 observée par M. Bertou, le 
3: mars 1838 , à l'extrémité septentrionale de la mer Morte. Ce nombre 
conduit M. Callier à une dépression de... ........... 406 mètres. 
5°. Des observations barométriques de M. Bertou, faites à Jéricho, à 
2" environ, au nord du bord septentrional du lac Asphaltique, et qui 
donnent pour l’abaissement de cette ville, au-dessous de la Méditer- 
ranée: Men 2t ele LE éd e Ma en BE 256 mètres. 
4°. Des observations barométriques de M. Schubert , botaniste bava- 
rois, faites dans la vallée du Jourdain, à 25 lieues de l'embouchure de 
cette rivière, et qui donnent pour l’abaissement du niveau de Jénésareth, 
au-dessous de la Méditerranée. . . . . . .. . . .. .. . .. 174 mètres. 
5°. Des observations barométriques, du même naturaliste, faites l’une 
à Jéricho , donnant pour dépression. . ............ 170 mètres; 
l’autre, sur le bord même de la mer Morte, et conduisant 
à une: dépression dette. ER ae QE SU SRDRARE ES 194 mètres. 


M. Callier confirme ces résultats, du moins quant à l'existence d’une 
forte dépression de la vallée du Jourdain au-dessous de la Méditerranée, 
par des observations de M. Bertou, faites avec un thermomètre mal gradué, 
mais dont il détermine l’erreur à l’aide de diverses combinaisons, et par des 
considérations empruntées âu climat de cette portion de la Palestine. 

Pendant le nivellement de l’isthme de Suez, exécuté par les ingénieurs 
de l'expédition d'Égypte, on trouva quelques portions de terrain légè- 


( 799 ) 

rement déprimées au-dessous du niveau de la Méditerranée. Mainte- 
nant'il s'agirait d'affaissements énormes : doubles, triples, quadruples, 
de l’affaissement de la Caspienne au-dessous du niveau de la mer Noire. 
De pareils résultats ne pourront prendre définitivement place dans la 
science qu'après qu'ils auront été confirmés par des observations sur les- 
quelles ne planera aucun doute. Ici on désirerait savoir si MM. Moore et 
Becke ont fait bouillir de l'eau pure ou de l’eau de la mer Morte? Si 
les baromètres observés étaient à cuvette ou à siphon? Sï, dans ce der- 
nier cas, il ne se serait pas glissé dans les lectures, à cause de la dispo- 
sition particulière des verniers, des erreurs dont nous pourrions citer 
bien des exemples? etc., etc. En tout cas, la note de M. Callier aura le 
mérite de montrer aux nombreux voyageurs qui visitent la Syrie et la 
Palestine, qu’il y a là un important problème de géographie physique 
à résoudre. 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Sources sujettes à des variations qui paraissent 
liées à l'état du baromètre. 


M. Dex, maître de forges à Sommevaire ( Haute-Marne) , écrit à 
M. Arago, qu’à l’époque des sécheresses, le produit des sources de la 
Voïze , et de plusieurs autres sources du voisinage, varie avec l’état du 
baromètre : le produit est faible quand le baromètre est bas; il augmente 
graduellement à mesure que la pression atmosphérique s'accroît. Il est 
bien désirable que ce phénomène soit constaté de nouveau. Des. mesures 
exactes des variations auraient d'autant plus de prix, qu’au premier apercu 
on se serait attendu à l'inverse de ce qui a été observé. 4 


M. Reenxe demande à produire des pièces justificatives pour appuyer ses 
droits et ceux de son collaborateur, M. Gurney, à la priorité d'invention 
« pour un procédé d'éclairage par le gaz oxi-hydrogène. » 

À quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 

A. 


( 800 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres: 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 18, in-4°. 

Nouvelles Annales des Voyages.et des Sciences géographiques ; août et 
septembre 1838, in-8°. 

Annales des Mines; 3° série, tome 13, 2° livraison de 1838. 

Essai sur la Gravelle et la Pierre considérées sous le rapport de leurs 
causes, de leurs effets, et de leurs divers modes de traitement; par 
M. Sécaras ; 2° édition avec atlas, in-fol. 

Guide de la Culture des bois, ou Herbier forestier; par M. SécaLss ; 
2° édition, in-8°, et atlas in-fol. 

Tableau des différents dépôts de Matières salines et de Substances or- 
ganisées qui se font dans les urines ; par M. Doxré. 

Mémoire sur un Fruitier pyramidal propre à différents usages en agri- 
culture ; par M. LEMAITRE DE SAINT-AUBIN ; Paris, 1838, in-8°. 

Mémoires de la Société royale des Sciences , Lettres et Arts de Nancy; 

1838, in-8°. 

Essais destinés à faciliter la répétition de l'expérience qui sert de base à 
la théorie de l'interférence des rayons lumineux ; par M. ve Hazvar ; in-8°. 

Histoire naturelle et Iconographie des Insectes coléoptères; par MM. Cas- 
reLnau et Gony; 25° et 24° liv., in-8°. 

Lettres cosmologiques. — Lettre 0°, in-4°. 

Explications et renseignements au sujet de la Lettre de M. Ainsworth 
sur son prochain voyage dans l’'Asie-Mineure; par M. Carrier; in-8°. 
(Extrait du Bulletin de la Société de géographie.) 

Quatrième Mémoire de M. Casréra, ancien magistrat, relatif aux 
moyens de sauver les naufragés ; in-8°. 

Recueil de la Société Polytechnique , sous la direction de M. ne Moréon; 
tome 3, septembre 1838, in-8°. 

Revue zoologique ; octobre 1838, in-8°. 

Astronomische. ... [Nouvelles astronomiques de M. Scuumacner ; n° 362, 


in-8°. 


( 801 ) 

Journal Für.... Journal de Mathématiques de M. Cretxe ; 18° vol., 
3° et 4° liv., in-4°. 

Anatomisch.... Recherches d Anatomie microscopique pour la Patho- 
logie générale et spéciale; par M. Gorrues GLuce ; 1°" liv.; Minden, 1838, 
in-8°. 

Classification der.... Classifications des Batraciens avec vues rétros- 
pectives sur les espèces fossiles de cet ordre de reptiles ; par M. Tscaup ; 
Neufchätel, 1858, in-4°. 

Annalen der.... Annales de l'Observatoire de Vienne; par M. Enrex 
DE Lurrrow; 17° vol., in-fol. 

Hulfs-Tafelen. ... Tables usuelles pour l'Observatoire de l'Université de 
Vienne , dressées pour l'année 1857; par M. Lirrnow ; in — 8, feuilles 1—8. 

Memoirie sul.... Mémoire sur la borufication des Maremmes de Tos- 
cane; par M. F. Tarn; Florence, 1838, in-fol. 

Sopra le Proprieta.... Sur la propriété des périmètres des deux métaux 
qui constituent les éléments voltaïques; par M. le professeur Da Necno; 
Padoue , 1838, in-4°. 

Jern-kontorets.... 4nnales de Métallurgie pour les années 1823 et sui- 
vantes jusques et ÿ compris le 1° cahier de 1837, 19 vol. (et la 1°° livraison 


du 20°); in‘8°, avec plusieurs atlas. 
Garneÿ’s Handledning.… Manuel de Métallurgie suédoise; par M. Ganwey ; 


‘a et 2° partie, 1816, in-8°, avec un atlas de planches in-4°. 


Handbok ...... Manuel sur le meilleur traitement du fer et de l'acier; 
par M. Rinwan; Falun, 1820, in-8°. | 

Handbok.... Manuel pour les ouvriers des fonderies; Falun, 1827, in-8°. 

Berattelse.... Rapport sur les essais de carbonisation faits pour la So- 


ciété de l'Industrie en 1811, 1812 et 1815 ; par M. Davio Un ; Stockholm, 
1814, in-8°. 

Berattelse.... Rapport sur des expériences faites aux dépens de la So- 
ciété de l'Industrie dans les années 1819—1822, relativement au procédé de 
Puddlage , avec des éclaircissements sur la fabrication du Jer en Angle- 
terre; par M. Davin Ur; Stockholm, 1825, in-8°, avec un atlas in-4°. 

Bydrag.... Contribution pour l'exposition de la Science des machines; 
par M. D. Carer; Stockholm, 1828, in-8°. 

Handbok. ... Manuel du Fabricant de Charbon; parM .Hur; Stockholm, 
1823; in-8°. 

Om Jernmalmers.... Sur la fonte du Minerai de fer avec le charbon 
de bois ; Stockhlom , 1831, in-8°. 

C. R. 1838, 2° Semestre.(T. VII, N° 19.) 109 


( 802 ) 
Bilaga. . .. Documents pour les Annales du Bureau metallurgique; an- 


nées 17° et 10°. 
Ytterligare. . .: Nouveau supplément pour le Bureau métallurgique ; 


Stockhlom, 1829, in-8°. 
Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie ; tome 4; 


novembre 1838, in-8°. 

Journal des Connaissances médicales, pratiques et de Pharmacologie ; 
6° année, 1858, in-8°. 

Gazette medicale de Paris ; tome 6, n° 44. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 127—129. 

La France industrielle ; 5° année, n° 62 et 63. 

L’'Expérience , journal; n° 70. 


803 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 12 NOVEMBRE 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


M. Duutu, à l’occasion d’un livre présenté à la dernière séance, fait 
les remarques suivantes, dont il demande l'insertion au Compte rendu : 

« L'Académie a reçu dans sa dernière séance une dissertation en alle- 
mand de M. 'Tscnunr, sur la classification des Batraciens , ete., qui nous 
a été adressée aussi de la part de l’auteur. Comme ce Mémoire renferme 
plusieurs observations importantes et l'indication de quelques bons carac- 
tères de genres dont nous avions nous-mêmes fait usage dans le grand ou- 
vrage sur les reptiles, que M. Bibron et moi publions dans ce moment, 
nous sommes bien aises de faire constater que les seize premières feuilles 
| du tome VIII en étaient imprimées à la date du 30 août dernier, en les met- 
| tant sous les yeux de l’Académie, parce que c’est dans cette portion de 

notre travail: qu’on trouvera établis larrangement méthodique et la no- 

menclature des sous-ordres, tribus, familles et genres, ne voulant pas nous 

exposer au bläme de nous être attribué des observations faites par un 
d naturaliste pour lequel nous professons d’ailleurs une grande estime. » 


CR. 1835, 2° Semesire, (T. VIE, N° 20.) 


( 806 ) 


MicRoGRAPIE. — Ætudes microscopiques sur le gisement de la matière 
bleue dans les feuilles du Polygonum tinctorium, et sur la grande 


quantité de cristaux que contient le tissu cellulaire de toutes les parties 
de cette plante; par M. Funriw. 


« Cette belle et vigoureuse plante, qui est une Renouée (1) ou Persi- 
caire, appartient à la famille naturelle des Polygonées de Jussieu , et à 
l'Octandrie trigynie de Linnée. Quoique étrangère à notre pays, son as- 
pect rappelle parfaitement celui de nos Persicaires indigènes, comme, 
par exemple, les Polygonum orientale qui ornent nos parterres, ainsi que 
celui des espèces amphibium , hydropiper, persicaria, qui croissent dans 
les lieux aquatiques, et même de notre Sarrasin cultivé. 

» Originaire de la Chine, où il paraît que l’on en cultive plusieurs 
variétés, sous la dénomination commune de ZLän, cette espèce, décrite 
en 1790 par Loureiro dans sa Flore de la Cochinchine , et introduite de- 
puis dans les Species de Willdenow et de Persoon , offre une magnifique 
végétation sous notre climat. D'une racine fibreuse et étalée s'élèvent, à 
la hauteur de 2 à 3 pieds, un grand nombre de tiges cylindriques, tu- 
buleuses, noueuses, lisses, vertes ou plus souvent teintes d’un rouge 
vineux. De chacun de ces nœuds partent, alternativement et en spirale, 
des feuilles pétiolées, grandes, ovales, pointues au sommet, richement 
étoffées, sinueuses en leurs bords, qui sont ciliés, remarquablement gau- 
frées, tendres, aqueuses, luisantes et d’un vert prononcé (2) qui, par 
place ou sous certains jours , indique déjà, par reflet, la présence de l’In- 
digo à l’état bleu (3). La base des pétioles s’élargit en une gaîne pétiolaire 
ou stipulaire, tronquée , transparente et finement ciliée sur ses bords. 

» Les fleurs, petites et nombreuses, disposées en épis courts et serrés, 
sont inodores, roses ou souvent pourpres. Les épis florifères qui sortent 
de l’aisselle de presque toutes les feuilles, se multiplient et terminent enfin 
tous les rameaux. 


(1) A cause de la répétition des nœuds vitaux très marqués de ses tiges. 

(2) Le gaufré, le luisant, la couleur, la tendreté et l’aqueux de ces feuilles, rappellent 
parfaitement les feuilles de la grande Oseille , des Rhubarbes, des Betteraves, de la 
Poirée, etc. 

(3) Je crois devoir prévenir qu’en chimie, on nomme /ndigotine la matière bleue 
isolée ou rendue à son plus grand degré de pureté, et Indigo, l’Indigotine plus ou 
moins embarrassée de matières différentes qui lui sont étrangères. Tels sont les Indigos 
du commerce, 


(807) 

» Chaque fleur est composée d’un calice coloré, profondément divisé 
en cinq parties conniventes et persistantes autour du fruit; de six étamines 
et d’un ovaire pyramidal, trigone, surmonté de deux (1) ou de trois styles, 
terminés par autant de stigmates blancs et en tête, qui ne dépassent pas le 
calice. La graine, ou plutôt le péricarpe, est petit; sa forme trigone et Py- 
ramidale, d’un brun rougeâtre, ressemble à celle d’un très petit grain de 
Sarrasin. 

» Tout annonce que la culture du Polygonum tinctorium sera des plus 
faciles et peut-être des plusriches, si, comme on peut l’espérer, la quantité, 
la qualité et les moyens simples d'extraction de son Indigo, répondent à sa 
belle végétation. : 

» Les racines fibreuses multipliées et étalées presque à la surface du sol, 
permettront de cultiver cette plante, très vivace, dans les terres les moins 
profondes, les moins bonnes où beaucoup d'autres cultures ne pourraient 
réussir. Les nœuds vitaux de ses tiges, si prononcés et si énergiquement 
disposés à pousser des radicelles latérales et de nouvelles tiges, mettront 
à même de la reproduire, concurremment avec ses graines, par le moyen 
plus prompt de la bouture, lorsqu'on aura conservé à l'abri de la gelée et 
d’une trop grande sécheresse, la base inférieure des vieilles tiges de l’année 
précédente, et qu’alors on pourra diviser par tronçons, ayant au moins 
chacun un nœud reproducteur. 

» Quoique le Polygonum tinctorium , comme plusieurs de ses congé- 
nères , aime naturellement l’eau ou au moins un sol humide, et que dans 
cette situation il acquière des dimensions plus grandes dans toutes ses 
parties, il peut pourtant s’'accommoder d’un terrain sec, et je pense que 
dans ce cas la quantité de matière susceptible de bleuir sera la même et 
qu'elle en sera de meilleure qualité par sa plus grande promptitude à 
passer du vert au bleu. 

» Dans un moment où tant de gens habiles cherchent à contribuer à la 
connaissance de cette plante tinctoriale, soit comme botanistes, soit comme 
chimistes, soit comme cultivateurs, soit enfin comme industriels (2), j'ai cru 
que je pourrais peut-être aussi apporter quelque lumière en faisant des 


(1) Lorsqu'un des styles avorte. 

(2) Sans chercher à faire la part de toutes les personnes qui se sont occupées du 
Polygonum tinctorium', et qui ont, par différents moyens, contribué à son intro- 
duction en France, on doit placer en tête M. Jaume Saint-Hilaire qui, dans un Mé- 
moire sur les végétaux indigofères, publié en 1826; a le premier attiré l'attention sur 


110. 


( 808 ) 


recherches microscopiques sur le tissu de la feuille dans lequel se forme 
la matière liquide qui bleuit, se concrète et devient l’Indigo tel que celui 
que l’on connaît dans le commerce. 

» Dans des analyses microscopiques, faites sur le tissu celluiaire des 
rhizomes ou tiges souterraines des diverses espèces de Rhubarbes, plantes 
excessivement voisines des Polygonum, j'ai trouvé deux sortes de vésicules 
distinctes, les unes, qui sont les plus nombreuses, contenant, comme 
dans tous les tissus cellulaires végétaux, des globules organisés , blancs 
(fécule), et les autres chargées seulement de la sécrétion du suc jaune dont 
elles se remplissent, et dont les Rhubarbes tirent leur qualité spéciale et la 
couleur de carotte qui caractérise , à l'état frais, ces tiges tuberculeuses et 
souterraines. 

» D’après cet arrangement, ou plutôt d’après cette combinaison de deux 
sortes de vésicules dans le tissu cellulaire des rhizomes de Rhubarbes, de 
vésicules ayant des fonctions vitales si différentes à remplir, j'étais en droit 
de soupçonner la même chose dans la feuille du Polygonum tinctorium , 
c’est-à-dire des vésicules donnant naissance aux globules organisés, verts, 
et des vésicules secrétant et se remplissant de la matière colorante bleue 
ou susceptible de bleuir sous l'influence de loxigène. 

» Cela n’est point ainsi. Sous l’épiderme, qui se compose d’une ou de 
deux couches de vésicules sinueuses incolores, stériles(r),ou ne contenant 
que des globulins rudimentaires , granuliformes, et de stomates interposés 
entre ces vésicules, on trouve une immense quantité de vésicules inco- 
lores fertiles (2) toutes de même espèce’, toutes remplies de globules 


cette plante tinctoriale en en donnant une description détaillée et une figure coloriée 
faite d’après un dessin original fort médiocre, venu de la Chine; 

M. le Professeur Delile qui, ayant fait cultiver le Polygonum au jardin botanique de 
Montpellier en 1836, de graines qu’il avait reçues de M. Fischer, a pu en 1837 fournir 
assez de feuilles pour l'extraction du premier Indigo obtenu dans cette ville ; 

M. Vilmorin qui, aux mêmes époques, peut-être avant, cultivait cette plante avec 
succès et la communiquait à M. Ghevreul qui, le premier à Paris, en retirait l’Indigotine. 

(1) Les vésicules qui composent par simple contiguité l’épiderme des végétaux, ne 
sont pas d’une autre nature que celles placées au-dessous ; comme celles-ci, elles con- 
tiennent de l'air, de l’eau et des globulins, mais avec cette seule différence que les plo- 
bulins des vésicules épidermiques ne sont que rudimentaires, granuliformes, et par 
conséquent sans couleur. C’est à cause de cet avortement des globules colorés que je 
les nomme stériles , et que je ne puis y voir des organes respiratoires des végétaux. 

(2) Fertiles en ce que, contrairement à celles de l’épiderme, ces vésicules renferment 
des globulins verts bien conditionnés. 


C5") 

verts pouvant bleuir dans le tissu vivant de la feuille chaque fois que ce 
tissu est altéré par quelques causes extérieures ou affaibli dans sa vitalité, 
soit par des rayons solaires trop ardents, soit par l’âge dé la feuille, ce 
qui alors, comme l’a très bien observé M. Baudrimont, se manifeste de 
préférence au sommet, mais aussi sur tous les bords comme étant les 
parties de la feuille que la vie abandonne les premières, et comme cela 
se voit dans le changement de couleur des feuilles qui jaunissent à l'au- 
tomne. 

» Les vésicules fertiles ou globulinifères dontse compose le tissu cellulaire 
vert et herbacé de la feuille du Polygonum tinctorium sont généralement 
allongées, mais il y en a aussi d’ovoides et de sphériques. Leur grandeur 
varie depuis + jusqu'à + de mill. Transparentes et incolores, elles 
laissent voir que leur intérieur contient des globules verts et quelquefois 
passés au bleuâtre. 

»Ces globules, d’un vert vitré, variables en grosseur, dont les plus 

à 


gros peuvent avoir + de mill., paraissent contenir des granules dans leur 


intérieur. 
Des cristaux qui se forment dans les vésicules. 


» On sait maintenant que chez un grand nombre de tissus cellulaires vé- 
gétaux il se forme dans l’intérieur de certaines vésicules, comme dans des 
sortes de géodes organisées et vivantes, des agglomérations diverses de 
cristaux de formes et de nature chimiques différentes. J'en ai signalé 
beaucoup dans plusieurs de mes Mémoires, en même temps que j'ai tou- 
jours eu soin de bien faire remarquer que si ces cristaux ne font point 
partie de l’organisation proprement dite, qu’au moins ils dépendent abso- 
lument d’un organisme particulier et très constant chez certaines espèces, 
chez certains genres, chez certaines familles, de manière à caractériser 
nettement ces groupes, mieux souvent que ne le peuvent faire les 
autres caractères offerts par les organes, soit intérieurs, soit extérieurs. 

» Le tissu cellulaire des Cactées contient des quantités immenses de 
cristaux prismatiques rectangulaires à sommets tétraèdres (1) agglomérés 
en sphéroïdes rayonnants et composés d’oxalate de chaux. Des cristaux 
entièrement semblables se trouvant enfermés dans un grand nombre de 
vésicules du tissu cellulaire de toutes les parties des Rhubarbes, on 
devait être certain d’en rencontrer de pareils chez toutes les espèces du 


(1) Analyse microscopique du tissu cellulaire du Cierge du Pérou et des agglomérats 
de cristaux ; par Turpin, Annales des Sciences naturelles, mai 1822. 


(810) 


geure Polygonum (1), comme dans toutes les plantes qui font partie de 
la famille des Polygonées. C'est, en effet, ce que l'analyse microsco- 
pique démontre partout. Dans le Polygonum tinctorium les vésicules du 
tissu cellulaire des racines, des tiges et des feuilles en offrent des quan- 
tités si considérables que dans le champ du microscope j'ai pu compter 
quelquefois jusqu'à onze agglomérats de ces cristaux, ce qui, à mon 
estime, ferait peut-être bien le quart du poids de- la feuille. Cette 
quantité, déjà si grande, devient prodigieuse lorsque l’on observe les fo- 
lioles si délicates des calices de la fleur. Là les agglomérats sphéroïdes 
à la vérité sont plus petits que dans les feuilles, mais aussi ils sont 
si multipliés qu'ils se touchent les uns les autres; il semble que dans 
chaque vésicule il s'est formé une agglomération de cristaux. Je dois 
remarquer que ces nombreuses cristallisations dans les calices ne se 
rencontrent que dans le tissu vert et plus vigoureux de la base des folioles, 
et dans la partie colorée en rouge et plus épuisée on n'y en trouve que 
bien rarement. 

» Tous ces agglomérats sphéroïdes et rayonnants de cristaux d’oxalate 
de chaux, m'ont paru se former solitairement dans les vésicules stériles 
qui composent, par contiguité, la couche épidermique qui recouvre le 
tissu cellulaire fertile ou globulinifère. Leur nombre si considérable mérite 
de fixer l'attention des physiologistes, des minéralogistes cristallographes, 
et surtout des chimistes qui, dans leurs analyses, ont besoin de se rendre 
compte des divers produits qu'ils y rencontrent. 


» Comme dans cette étude il ne doit être question que du gisement ou 
du siége de la matière tinctoriale et de l’existence des nombreux cristaux 
d’oxalate de chaux, je ne dirai rien du système fibreux ou vasculaire, qui 
végète parmi les vésicules du tissu cellulaire, parce que dans ce système, 
comme dans les vésicules stériles des épidermes, comme dans la partie co- 
lorée du calice des fleurs, comme dans la vésicule maternelle et globuli- 
nifère elle-même, il ne peut exister un atome d’indigo. L’organe sécréteur 
de cette matière est ailleurs , et, sous ce rapport, les premiers mots de la 
lettre de M. Baudrimont (2) m'ont paru très remarquables : « Les tiges du 
» Polygonum tinctorium , dit-il, ne renferment pas une trace appréciable 


(1) L'analyse microscopique que j'ai faite du tissu cellulaire du Polygonum orien- 
tale, cymosum, lapathifolium , Fagopyrum , Persicaria et virginianum, na montré 
partout un grand nombre de ces cristaux agglomérés en sphéroïdes rayonnants. 

(2) Compte rendu , 1° octobre 1838, page 673. 


( 811 


» d'Indigo : cette matière n’existe que dans le parenchyme des feuilles ; les 
» nervures, qui sont des expansions vasculaires des tiges , n’en renferment 
» pas plus qu’elles. » 

» J'ai déjà dit plusieurs fois que dans les tissus cellulaires achevés les 
vésiculés incolores , qui en forment la charpente, avaient cessé de vivre, 
et qu’elles n'étaient plus que les enveloppes protectrices des globules or- 
ganisés et vivants qu’elles renferment et dont elles ont été les mères. J'ai 
montré que c'était à la présence et à la couleur particulière de ces globules 
intestinaux qu'étaient dues la couleur verte des feuilles et celles si variées 
des fleurs. J'ai fait voir que l’action de la vie et l'influence des agents ex- 
térieurs n’agissaient, quant à la coloration, que sur les globules et jamais 
sur la vésicule qui n’en est plus susceptible; que ces globules se coloraient 
ou se décoloraient suivant qu'ils étaient plus ou moins favorisés par la vie, 
l'air, la lumière solaire et l’oxigène. 

» C’est ainsi que les feuilles vertes blanchissent, s’étiolent et perdent 
leur saveur par l'absence de la lumière et de l’oxigène, et qu’au contraire, 
une pomme de terre exposée à l’action de ces agents, verdit, devient âcre 
en reprenant le caractère vénéneux de sa famille : ce qui pour elle est une 
qualité et pour nous un défaut. Tous ces changements de couleurs et de 
saveurs n’ont lieu que chez les globules contenus dans les vésicules du 
tissu cellulaire, et non chez les autres organes élémentaires toujours inco- 
lores et insipides. 

» Si, par exemple, ont met à nu le tissu cellulaire blanc d’une Pomme 
douce ou amère, c’est-à-dire dépourvue d’acide malique, ou mieux, le tissu 
également blanc du Bolet indigotier, vous les voyez, le premier, prendre 
instantanément la couleur rousse ou ferrugineuse, et le second celle du 
plus bel-indigo. Si ensuite on examine au microscope ces tissus colorés 
par l'influence de l’oxigène , on voit très distinctement que ces changements 
de couleur ne se sont opérés que sur les globulins contenus dans les vési- 
cules du tissu cellulaire de la Pomme, et sur ceux si nombreux et interposés 
entre les fibres du Bolet (1). 

» D'après cela, et une foule d’autres cas semblables que l’on pourrait 
citer, on ne peut douter que le seul globule vert contenu dans la vésicule 
du tissu cellulaire de la feuille du Polygonum tinctorium ne soit le véri- 
table organe sécréteur dans lequel ; avec quelques autres sécrétions, s’a- 
masse la matière qui doit par extraction et par coloration fournir l’Irdigo: 


(1) Boletus cyanescens , Bull. Champ., p. 329, tab 360. 


( 812) 


On ne doit donc pas s'étonner si dans toutes les parties de la plante dé- 
pourvues de globules verts et sécréteurs du produit tinctorial, il ne se trouve 
pas un atome d’Indigo. Ceci donne la preuve la plus incontestable que 
dans cet organe est le seul gisement de la matière colorante. 

» Les fleurs, dont la partie verte et inférieure du calice offre un tissu 
cellulaire très richement pourvu de globules verts, en même temps que 
de nombreux cristaux, seraient très susceptibles de donner de l'Indigo, si 
cela en valait la peine. 

» Après avoir précisé le lieu de la feuille où s’accumule la matière liquide 
qui bleuit et se concrète en Indigo, je dirai que là se trouvent deux choses 
distinctes : 1° l'organe globuleux et vésiculeux qui jouit de la vie et dont 
l’ane des fonctions est, dans le Polygonum tinctorium, de sécréter la 
matière capable de bleuir; 2° cette matière organique, sans organisa- 
tion, mais appréciable au microscope, dans la forme et le mouvement 
brownien de ses granules (1). 


De la matière colorante bleue, et de son extraction des globules des vésicules du tissu 
cellulaire de la feuille. 


» Les globules qui se forment aux parois intérieures des vésicules du 
tissu cellulaire des feuilles du Polygonum tinctorium sont, comme tous 
ceux des autres végétaux exposés à l'air, à la lumière et à l’action de l’oxi- 
gène, dans le cas de sécréter dans leur intérieur vésiculaire un suc blanc 
d’abord , puis vert et bleu ensuite par une sorte de séparation de la cou- 
leur jaune. 

» Ces changements de couleur s’opèrent en partie dans les feuilles vi- 
vantes et encore attachées sur la plante. On voit souvent celles-ci se 
couvrir de taches bleues dont le ton indique parfaitement que l’Indigo s’y 
est coloré. Ce passage du vert au bleu dans la feuille du Polygonum an- 
nonce dans cet organe un plus grand degré de maturité, une diminution 
dans l’action vitale, ou mieux la vie entièrement éteinte, car c’est toujours 
par les extrémités ou par les bords de la feuille que commence la couleur 
bleue, couleur qui est celle des feuilles mortes et séchées. Si, après l'avoir 
ramollie, on examine au microscope le tissu cellulaire d’une feuille bleuie 


(1) Quand on songe que les granules élémentaires de l’Indigo paraissent ovoïdes, 
qu'ils sont incolores et doués de mouvements ; quand on se rappelle combien ils sont 
fugaces et faciles à détruire par suite de la putréfaction des tissus, on est tenté de leur 
accorder l’organisation et la yie au premier degré, 


(813) 


par la privation de la vie et par l’action de l’oxigène, on trouve que. les 
globules, de verts qu’ils étaient, sont devenus bleuâtres, qu'ils se sont con- 
tractés en particulier, et rassemblés en masse vers le centre de la vésicule 
maternelle. En cet état, l’Indigo ou la matière bleue est toujours contenue 
dans le vase organisé, le globule où elle s’est accumulée par sécrétion et où 
elle a subi des changements successifs de couleur (1). 

» Si, au contraire, on observe des feuilles vidées de leur indigotine par 
la simple macération, mais encore mouillées, on voit que leur couleur 
n'est plus ni verte ni bleue, mais d’un jaune sale ou blanchôtre, et comme 
légèrement bronzé. 

», Soumises au microscope, ces feuilles, quoique ayant éprouvé l’action 
de l'eau bouillante , ne sont nullement altérées dans l’organisation de 
leurs divers organes flémentaires; seulement les globules, en laissant 
échapper l’Indigo quäls contenaient par les pores insensibles de leur mem- 
brane vésiculaire , sont devenus incolores et transparents. 

» Je crois en avoir assez dit pour prouver que la matière colorante 
bleue ou l’Indigo du Polygonum tinctorium , comme celle de toutes les 
plantes indigoféres, est sécrétée par les globules des vésicules mater- 
nelles du tissu cellulaire des feuilles, et que, s'il était possible, dans 
l'extraction de l’Indigo , d'isoler les globules des autres tissus incolores de 
la feuille, comme on le fait pour celle-ci, en la détachant des tiges dé- 
pourvues d'Indigo, l'opération se ferait bien plus facilement, car on agi- 
rait directement sur Porgane ou sur la petite vessie qui renferme la ma- 
ere que l'on cherche à obtenir à l’état de pureté et dont une partie doit 
nécessairement se fixer sur tous les tissus inutiles qui se trouvent plongés 
dans l’eau de macération. 

» Si après avoir détaché et isolé les feuilles du Polygonum tinctorium 
des tiges on les pile, et qu'ensuité on tamise ce magma de manière à laisser 
passer seulement le parenchyme vert et à arrêter sur le tamis tout ce qui 
appartient au tissu fibreux de la feuille, à son épiderme et aux vésicules 
du tissu cellulaire, toutes choses qui, comme les tiges, ne renferment 
pas un atome d’Indigo ; on est beaucoup plus près de l’Indigotine, puisque 
cette pulpe, qui rappelle celle du vert de vessie par la chaleur et l’inten- 
sité de sa couleur, n’est composée, comme le microscope le prouve, et 


(1) La grande porosité et l’extrême transparence des organes élémentaires ou tis- 
sulaires qui enveloppent et abritent l'indigotine incolore , permettent à l’oxigène de pé- 
nétrer jusqu’à elle et de la bleuir plus ou moins quoique encore captive dans la feuille. 


C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VIL, N° 20.) T1T 


( 814 ) 
comme on le peut voir sur mon dessin, que de globules verts ou 
bleuâtres sortis des vésicules déchirées par l’action du pilon, et d’un assez 
bon nombre de ces vésicules restées entières , et contenant, par consé- 
quent, leurs globules indigotiférés. Cette pulpe, dans laquelle l'Indigotine 
est presque à nu, puisqu'elle n’est plus guère embarrassée que de son en- 
veloppe organisée, celle du globule, et de la matière jaune qui en fait un 
composé vert très analogue à celui produit par un mélange d’Indigo et de 
Gomme-gutte, pourrait être utilisée dans la peinture ainsi que j'en ai fait 
l'essai dans les feuilles du Polygonum PERS dans le dessin que l’Aca- 
démie a sous les yeux. Aussi verra-t-on qu’en me servant des matières 
colorantes extraites du Polygonum , soit de son Indigo bleu, soit de sa 
pulpe verte, je suis arrivé, comme cela devait être, à rendre parfaitement 
le ton de la feuille de cette plante, et, par ce dr He à reconstruire en 
quelque sorte avec les mêmes matériaux. 

» Pour rendre mon travail plus complet sous le rapport des formes 
saisissables à l'œil nu, et de celles que le microscope seul peut faire 
connaître, soit celles des organes élémentaires, soit celles des produits 
chimiques et inorganisés, j'ai eu recours pour ces derniers, à l’obligeance 
de notre confrère M. Robiquet, qui a bien voulu fournir à mon examen 
microscopique, les objets dont il me reste à parler, et sur lesquels je lai 
prié de vouloir bien ajouter, dans une note particulière, ses observations 
chimiques sur l’Indigo du Polygonum, et sur les moyens de son extrac- 
tion des tissus où il se forme et qui le renferment. Un premier échantillon 
obtenu par M. Robiquet, était à la vue simple d’un très bel aspect; il 
paraissait très pur, sa couleur était d’un beau bleu foncé avec quelques 
légers reflets violacés ; mais cette pureté apparente disparaissait sous l’ac- 
tion décelante du microscope. Cet Indigo n’était, en réalité qu'un magma 
composé ; comme on peut le voir sur mon dessin, 1° de vésicules con- 
tractées, contenant encore leurs globules déformés et vidés de leur ma- 
tière colorante; 2° de globules également décolorés et échappés des vést- 
cules; 3 de portions de trachées et autres fibres; 4° d’un assez grand 
nombre de cristaux isolés ou désagrégés des agglomérations sphéroïdes 
dont j'ai parlé dans le commencement de ce travail; 5° de l’Indigo extra- 
vasé et amassé par ‘place, mais dans lequel on ne pouvait saisir aucune 
forme, ni ce caractère distinctif de lIndigo pur, librement extrait et 
précipité. 

» Dans un second échantillon que me remit M. Robiquet, j'obtins ce 
que je désirais : l’Indigo se trouvait parfaitement isolé de ses contenants 


( 815) 


organiques et d’une partie des matières qui lui sont étrangères ; il se 
montrait au microscope sous le même aspect que celui extrait du tissu 
cellulaire des feuilles macérées de l’Indigofera anil, c'est-à-dire sous la 
forme de très petits grains plus ou moins globuleux, noirs, semi transpa- 
rents, isolés ou agglomérés en masse, grains produits par l’agrégation des 
molécules colorantes à mesure qu’elles sortent des. tissus et qu’elles se 
précipitent dans l'eau de macération (1). 

» On sait que c’est à ce signe de granulation que les Indigotiers, après 
s'en être assurés en puisant de temps en temps de l’eau de macération dans 
une tasse d'argent, arrêtent la fermentation putride ou la décomposition 
des tissus de la feuille, car en laissant aller plus long-temps le travail de 
l'extraction de la matière colorante, la pourriture, après avoir détruit lés 
vésicules de l’épiderme, celles du tissu cellulaire, et-celles dés globules 
qui enveloppent immédiatement l’Indigo, cette matière étant mise à nu ne 
tarderait pas à se pourrir elle-même, si l’on ne s’empressait de la séparer 
de l’eau et de la sécher aussi vite qu’on le peut. 

» Malgré cette promptitude à soustraire l’eau de la pâte d’Indigo, le 
peu d'humidité qui reste, la température aidant, suffit pour déterminer 
tous les globulins, situés à la surface des masses et en contact plus ou 
moins direct avec .l'oxigène, à germer et à, se développer en un mucor 
blanc rayonnant, rameux, et dont les ramuscules se, terminent par des 
sporules glauques. Cette végétation, qui est due à un réste de fermenta- 
tion, altère la qualité de l’Indigo dans ses parties extérieures, comme cela 
arrive aux croûtes de fromage, à la partie superficielle des confitures et 
autres matières organiques qui se couvrent de moisissures analogues. 

» M. Chevreul dans son important travail chimique sur Indigo de 
VJsatis tinctoria et de l’Indigofera anil, dit qu'il s’est assuré que cette 
matière tinctoriale existe toute formée, mais à l'état incolore, dans les 
végétaux indigofères, et qu’elle n’est pas le produit d’une fermentation 
de la plante, comme on l'avait généralement pensé. 

» Sans le moindre doute l’Indigo se forme par sécrétion et s’accumule 
dans l’intérieur des globules vésiculaires et colorés, contenus dans les 
vésicules incolores du tissu cellulaire des feuilles: .Làil commence à bleuir 
un peu; quoique encore enveloppé dans le tissu mort ow vivant; mais ce 
n’est qu'après son extraction etson contact plus immédiat avec l’oxigène, 


(1) La granulation de l’Indigo extrait et précipité peut se comparer à celle d’une 
poudre de chasse très fine. 


111. 


( 816 ) 


qu’il s'achève et qu'il prend son véritable caractère d’Indigo, celui d’une 
matière bleue foncée pouvant teindre les filaments de nos divers tissus 
artificiels. Ce produit organique, végétal, qui dépend d’un acte physiolo- 
gique et d’un organisme particulier, ne peut résulter de cet acte qu'en 
chimie on désigne par le nom de fermentation putride, puisque cette 
dénomination n’exprime qu'un mouvement, qu'une force destructive, 
laquelle force ne peut rien former ni rien engendrer par elle-même. Mais 
la fermentation putride, telle qu’on doit la comprendre, est une puissance 
qui, dans l'extraction prompte de l’Indigo de l’/Zndigofera anil et autres 
espèces, devient un instrument destructeur en pourrissant les divers or- 
ganes tissulaires qui enveloppent l’Indigo de manière à le mettre à nu 
dans l’eau de macération. 

» Cette fermentation, qui n’a aucune analogie avec les fermentations al- 
coolique et acéteuse (1), offre un moyen prompt et héroïque d’extraire 
lIndigo , mais aussi qu'il est urgent, comme on le sait, d’arrêter à temps 
et avec discernement si l’on ne veut pas qu’en continuant son action il 
ne détruise jusqu’à l’Indigo lui-même, lequel alors, comme matière orga- 
nique, exhale l’odeur la plus infecte et perd entièrement sa propriété 
tinctoriale. 

» On sait que par des moyenslents, de simples infusions, on peut obtenir 
de l’Indigo échappé moléculairement par les pores élargis des tissus de la 
plante, sans qu’il y ait rupture ou désorganisation des organes élémen- 
taires et sans qu'il y ait aucun signe apparent de fermentation putride. 
Mais qui, en ce cas, oserait assurer que ce n’est pas toujours la même 
force de destruction qui agit lentement et clandestinement, en affaiblissant 
seulement la cohésion des molécules des membranes tissulaires de manière 
à agrandir les pores et à faciliter la sortie d’une partie des granules com- 


posant la matière colorante? 


(1) On s’étonnera de ce que l’on ait pu rapprocher et comprendre, sous la dénomina- 
tion commune de fermentation, l’acte destructeur de la putréfaction des tissus orga- 
niques de celui tout opposé, tout physiologique de la fermentation alcoolique et acé- 
teuse dans lequel acte la vie et l’organisation jouent le principal rôle, et dans lequel lx 
décomposition ne porte que sur des matières inorganisées, telles que le sucre. Ces deux: 
fermentations, la putride et l’alcoolique , me semblent aussi différentes que la mort l'est; 


de la vie. 


(817) 


De l’Indigo sublimé du Polygonum tinctorium comparé à l'indigo sublimé du 
commerce. 


» L’Indigo sublimé du Polygonum tinctorium observé à l'œil nu, de 
bleu foncé qu'il était, prend une teinte pourpre ou violacée, d’un aspect 
brillant et comme métallique. En cet état il est léger et friable. 

» Examiné au microscope, on voit que toute la masse, comme l’a déjà 
fait connaître M. Chevreul pour l'Indigo sublimé du commerce, se com- 
pose d’une infinité de cristaux, les uns en forme d’aiguilles prismatiques, 
les autres lamelleux, rhomboëdriques , comme frangés aux extrémités, 
lorsqu'ils ne sont pas entiers, transparents, teints du bleu d’azur le plus 
pur et rehaussés dans leur milieu du bleu foncé de l’Indigo. Ces magni- 
fiques cristaux, qui par leur forme lamelleuse , leur couleur et leurs stries 
longitudinales rappellent les belles écailles striées des ailes azurées de cer- 
tains papillons, semblent composés d’une dixaine de ceux en forme 
d’aiguilles soudés parallèlement côte à côte. 

» Leur plus grande longueur est d'environ -: de millim. 

» L’Indigo sublimé du commerce m'a offert un ton plus roux et plus 
opaque. Vu au microscope, il est également composé des mêmes cristaux, 
mais avec cette différence remarquable que ceux-ci, au lieu du bleu 
d'outre-mer qui caractérise les premiers, sont très opaques et d’un brun- 
marron qui s'obtient parfaitement par un mélange de sépia et de carmin (x). 

» En figurant en couleur, en précisant les formes et en donnant les 


(1) Quand on réfléchit à l’extrême minceur de ces cristaux on a peine à se rendre 
compte de l’intensité de couleur bleu d’outre-mer ou brun-marron qu’ils montrent au 
microscope. 

Ce fait remarquable semble offrir une exception à la règle générale qui est, que la 
couleur des corps s’évanouit entièrement ou presque entièrement dans leurs particules 
ou dans leurs composants isolés.et vus au microscope, comme, par exemple, la couleur 
rouge du sang et la couleur verte des tissus cellulaires végétaux s’éteignent dans leurs 
globules vus séparément, quoique ceux-ci soient pourtant la source dé ces deux cou- 
leurs. ! 

Pour se rendre compte de l'intensité de couleur des cristaux produits par la sublima- 
tion des Indigos , n'est-il pas possible de croire que dans la matière assez composée de 
l’Indigo, il y a, indépendamment de la matière organique et tinctoriale, une autre ma- 
tière incolore, inorganique , susceptible de se volatiliser et de se cristalliser par l’action 
d’une grande chaleur et de se teindre ou d’envelopper ,en même temps, pendant le tra- 
vail moléculaire de la cristallisation les molécules colorantes également volatilisées de 


Vindigotine ? 


(818) 


grandeurs micrométriques des diverses préparations et produits chimiques 
du Polygonum tinctorium , J'ai eu pour but d’éveiller lattention des chi- 
mistes sur l'importance qu'il y aurait d'introduire en chimie, à la suite des 
investigations microscopiques dont cette science ne peut plus guére se 
passer, l'iconographie ou l’image des corps qui se produisent ou qui ne 
sont que des désagrégations de ceux sur lesquels’'on agit. En voyant ceux 
que j'ai représentés sur mon dessin, on sentira combien ce nouveau moyen, 
pour la chimie, ajouté à celui de la simple description habituelle, serait 
avantageux à la démonstration des objets que l’on désire faire connaître 
aux autres. 

» Si en histoire naturelle tout ce qui n’est que décrit sans figures n’est 
qu’annoncé ; si de tels travaux sont véritablement incomplets et souvent inin- 
telligibles; si les figures ont été regardées de plus en plus comme indispen- 
sables dans la science des corps organisés, pourquoi en serait-il autrement 
partout où il est question d'étudier des corps toujours figurables, toujours 
mesurables, chaque fois que nous pouvons les distinguer par les yeux armés 
du microscope ? On peut donc en chimie, comme en histoire naturelle, faire 
connaître, presque toujours, le produit des analyses par le concours du 
discours écrit et par celui de l'image. | 

» Depuis la rédaction de ce rratiiy j'ai reçu de. M. Robiquet deux nou- 
veaux échantillons résultant de la décomposition de la pulpe verte obtenue 
des feuilles pilées du Polygonum. Voici le peu de mots qui accompagnent 
ces échantillons : 

« Vous savez, me dit-il, que je vous ai remis un échantillon de la fécule 
verte du Polygonum, fort analogue, quant à la couleur, au vert de 
» vessie; je vous envoie aujourd’hui les éléments séparés de cette couleur, 


ÿ 


» SAvOIr : 
» 1°. La Chlorophylle enlevée à cette fécule par simple macération dans 
» l'Éther; e 


» 2°. La fécule verte dépouillée de Chlorophylle, c'est-à-dire le résidu 
» insoluble de l'opération précédente. 

» Ainsi, l’un de ces produits vous représente le jaune gomme-gutte, 
» quoique plus brun; l’autre le bleu qui indique que là se trouve réfugiée 
» l’Indigotine. » 

» Vue à l'œil nu, la Chlorophylle isolée offre le luisant d’un vernis; sa 
couleur est d’un brun-olive foncé ; sa consistance est poisseuse, filante et 
insoluble dans l’eau. 

Au microscope, et étendue entre deux lames de verre, elle prend la 


( 819 ) 


forme étirée et irrégulière des corps gras, huileux, ou résineux liquides ; 
sa couleur s’éclaircit en un jaune gomme-gutte, et sa composition paraît 
comme formée de très petits granules. La fécule verte, dépouillée de la plus 
grande partie de la Chlorophylle jaune et résinoïde , est devenue d’un bleu 
sale, grisätre, peu ou point soluble dans l’eau. 

» Au microscope, on voit que ce résidu est toujours composé des dé- 
bris organisés du parenchyme, de-l’Indigo encore plus ou moins engagé 
dans ces débris, et sans doute dans quelques autres matières organisées. 
On ÿ trouve des agglomérats de cristaux. 


Communication de M. Pelletier relative au Polygonum tinctorium. 


» M. Pelletier, après la première lecture de mon Mémoire , m’a écrit la 
lettre suivante dans laquelle se trouve une observation très remarquable 
qu’il a faite en s’occupant de son côté de l'extraction de l’Indigo du Po- 
Lrgonum : 

« Je me suis aussi occupé, cette année, me dit-il, de quelques recherches 
» chimiques sur le Polygonum tinctorium. Mon travail n’est pas terminé, 
».et il n’est pas probable que j'y donne suite maintenant que je sais que 
» M. Robiquet est sur le point de publier une analyse chimique de ce 
» végétal. J'ai toutefois pensé que je devais vous communiquer une ob- 
» servation qui se rattache tout-à-fait à vos analyses microscopiques. 

«-Si l’on traite à une douce chaleur, par de l’Éther sulfurique trois à 
» quatre fois renouvelé, une feuille entière de Polygonum tinctorium au 
» moment où elle vient d'être détachée de sa tige, en ayant soin d’opé- 
» rer en l'absence de l'air, on dissout entièrement la Chlorophylle, et la 
» feuille, nullement altérée daus son organisation apparente , devient entiè- 
» rement blanche (1); mais par son exposition à l'air elle ne tarde pas à 
» se colorer en bleu. À la loupe simple on voit très bien les granules 
» d'Indigo, granules que Von peut extraire par les moyens connus (2). 
» Quant à la matière verte dissoute dans l’Ether, elle n’en contient pas. 


(1) Blanc jaunûâtre de la corne: 

(2) Ce ne sont point des granules nus d’Indigo que l’on voit à la loupe, mais bien des 
glomérules composés de globules qui se sont contractés et rasseinblés dans l’intérieur 
de chaque vésicule du tissu cellulaire de la feuille soumise à l’action décolorante de 
V'Éthér renouvelé. Ces globules , qui sécrètent intérieurement et qui contiennent l’In- 
digotine mélangée avec d’autres sécrétions, tout en se contractant , avaient retenu en 
eux la matière incolore, mais susceptible de bleuir en se saturant d’oxigène, c’est-à-dire 
l’Indigotine, soit à l’état blanc et primitif, soit à l’état bleu et secondaire. 


( 820 ) 


» Cette observation prouve que dans la feuille vivante l’Indigo se trouve 
à l’état blanc, comme l'avait annoncé M. Chevreul , dans d’autres vé- 
gétaux indigoferes, et elle indique en même temps que l’Indigo n’est 
pas une modification de la matière verte (1). 

» Cette manière de préparer les feuilles en les décolorant par l’Éther, 
» sans altérer leur tissu, pourra permettre de rechercher l’Indigo à l’aide 
» du microscope dans des végétaux où il est peut-être en si petite quan- 
» tité qu'il est masqué par la matière verte : peut-être permettra-t-elle de 
» trouver le siége de quelques autres principes. C’est ce que je soumets 
» aux lumières de M. Turpin. » 


Traitement suivi pour obtenir de l’Indigotine pure, du Polygonum 
tinctorium; par M. RoniQuer. 


« Ayant adopté le mode de traitement indiqué par M. Chevreul pour 
extraire l’Indigotine du Pastel, Ænnales de Chimie , tome 68, j'ai com- 
mencé par piler les feuilles du Polygonum tinctorium , afin d'en pouvoir 
séparer le suc par simple expression. Le marc pilé de nouveau, et délayé 
avec une petite quantité d’eau froide, a fourni un suc moins concentré 
qui, ajouté au premier, en a diminué la viscosité et rendu la filtration 
possible. Néanmoins ce suc plus étendu ne passe encore que fort lente- 
ment au travers du papier, et il se divise ainsi en deux portions bien dis- 
tinctes ; la plus considérable, celle qui s'écoule, est un liquide brun rou- 
geâtre, visqueux, légèrement acide, se coagulant un peu par l’ébullition , 
donnant un précipité abondant par l'acide sulfurique étendu ; mais ce pré- 
cipité est à peine teinté d’une très légère nuance bleuûtre. L'autre partie 
reste sur le filtre et après avoir été convenablement lavée avec de l’eau pure 
elle conserve une consistance pâteuse, un aspect onctueux, une couleur 
verte; en un mot elle possède tous les caractères du produit composé 
qu’on nomme dans les officines, fécule verte des végétaux, si ce n'est que 
la nuance en est plus foncée, plus bleuâtre. Ce produit enlevé de dessus les 
filtres, a été mis en macération à froid et à diverses reprises avec de lalcool 
à 22°, pour en séparer la Chlorophylle; et lorsque ce résidu est demeuré 


(r) Lorsqu'on voit les globules verts bleuir graduellement dans la vésicule du tissu 
cellulaire d’une feuille affaiblie par l’âge ou par des contusions accidentelles, ou mieux 
par l'absence totale de la vie, il est difficile de voir autre chose dans ce changement de 
couleur qu’une séparation de l'élément jaune qui disparaît, de l’élément bleu qui per- 
siste et qui doit être l’Indigotine en grande partie démasquée. 


( 82 ) 


sans action, on a versé la portion insoluble sur une toile pour la bien égout- 
ter. Il ne restait plus pour obtenir l’Indigotine qu’à traiter ce dernier pro- 
duit par de l'alcool bouillant ; mais ayant été forcé d'interrompre à cette 
époque de l’opération, il s’est desséché sur la toile et il a fini par acquérir 
une telle consistance, que j'ai été obligé de le pulvériser; et cependant, mal- 
gré cet état de division, trois décoctions successives dans de l'alcool de plus en 
plus concentré, n’ont pu extraire qu’une petite quantité de Chlorophylle 
échappée aux premiers traitements. Après plusieurs tentatives inutiles, j'ai 
eu recours à la réaction d’une solution bouillante de carbonate de soude, 
dans l'espérance de détruire ou de dissoudre la matière organique qui pou- 
vait être combinée à l’Indigotine, et s’opposait si énergiquement à son ex- 
traction. 

» Cette solution alcaline de couleur brune était visqueuse, comme si 
elle eüt contenu de l'acide pectique; elle ne passait qu'avec une lenteur 
extrême au travers des filtres : saturée par un acide, elle précipitait des 
flocons blancs légers, qui demeuraient en suspension dans la liqueur. 
Après ce traitement par le carbonate de soude, le résidu s'était en 
quelque sorte hydraté, les particules avaient acquis plus de volume. J'en 
ai remis un échantillon dans cet état à M. Turpin. J'ai ensuite profité 
de cette plus grande division moléculaire pour avoir recours de nou- 
veau à l'alcool bouillant, et c’est alors seulement que j'ai pu parvenir à dis- 
soudre une petite portion de l’Indigotine. Il faut que cette matière colorante 
soit bien fortement engagée dans sa combinaison naturelle, car malgré huit 
décoctions successives dans une grande masse d’alcool à 36°, je ne suis point 
parvenu à épuiser la très petite quantité de résidu sur laquelle j'avais opéré; 
les derniers traitements avaient presque la même intensité de couleur que 
les premiers. j 

» L’Indigotine remise à M. Turpin s'était déposée dans ces décoctions 
par simple refroidissement ; l'alcool surnageant était tout-à-fait incolore; 
mais à la moindre agitation, le dépôt, formé de tres fines aiguilles d'Indi- 
gotine, offrait dans ces mouvements irréguliers un chatoiement très pro- 
noncé, qui présentait tous les reflets azurés de l’Indigo cuivré. J'ai égale- 
ment préparé pour M. Turpin un échantillon du dépôt coloré qu'on 
obtient en suivant le procédé récemment indiqué par M. Baudrimont, 
c’est-à-dire en versant dans une macération faite à chaud, environ un cen- 
tième d’acide sulfurique dilué; et comme M. Turpin a reconnu dans ce 
premier dépôt quelques portions du parenchyme qui ne pouvaient pro- 
venir que des débris de plantes échappés par suite de la légère pression 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T.VII, N° 20.) 112 


( 822 ) 


qu'on avait fait subir aux feuilles, je lui en ai adressé un autre échan- 
tillon obtenu dans une macération acidulée et filtrée, avant d’avoir fourni 
toute la quantité de matière colorante qu’elle est susceptible de produire. 
Ce second dépôt est composé de particules légères et d’une grande té- 
nuité, qui présentent à la loupe une sorte de régularité. La nuance en est 
beaucoup plus pure et plus intense. 

» Ces simples opérations, entreprises dans la seule intention de pro- 
curer à notre habile confrère, M. Turpin, divers produits qu'il puisse 
soumettre à ses moyens d'investigations et non point dans le but de 
faire une analyse du Polygonum tomme on l’a prétendu, m'ont cependant 
suggéré quelques réflexions, que je démanderai la permission de consi- 
gner ici. 

» M. Baudrimont à émis l’idée que l’Indigotine était probablement 
combinée à une substance alcaline dans le Po/ygonum, puisque lacide 
sulfurique en déterminait l'isolement; mais ne serait-on pas également 
autorisé à admettre qu’elle est combinée à un acide, par cela même que la 
chaux peut aussi la précipiter de sa solution dans l’eau de macération (1)? 
Je ne vois pas pourquoi on n'aurait pas plutôt recours à l’affinité bien 
connue des substances colorantes pour certaines matières organiques 
neutres, telles que le ligneux ou fibres textiles, les membranes des tissus 
organisés, etc. 

» Il me paraît assez probable que l’Indigotine, dans le cas qui nous 
occupe , est engagée dans une combinaison de ce genre, et l'acide sulfu- 
rique me semble avoir moins pour effet de dégager l’Indigotine d’une 
combinaison saline, que de déterminer la précipitation de l’albumine. 
Une pareille idée pourrait paraître bien hasardée, si je n’indiquais sur 
quoi je me fonde pour l'avoir conçue, et je le dirai immédiatement. Si l’on 
soumet le suc filtré du Polygonum à l'action de la chaleur, il y a coagu- 
lation d’une matière albumineuse, et une fois que cette coagulation a eu 
lieu, l'acide sulfurique qui auparavant occasionait dans cette liqueur une 
abondante précipitation , y produit à peine un léger trouble. De plus, et 
qu'on le remarque bien, dans le traitement par la méthode de M. Che- 
vreul, la matière colorante n’est point dans la solution aqueuse, mais 
bien dans le résidu insoluble ; et si nous la retrouvons dans les macéra- 
tions aqueuses faites à chaud , c’est que la plus grande quantité de véhi- 


(1) M. Jaume Saint-Hilaire n’a assuré avoir réussi à séparer la matière colorante du 
Polygonum en ajoutant un peu de chaux et battant fortement le liquide. 


( 83) 


cule, aidée de l'action de la chaleur et de la présence de l’albumine, à 
favorisé la solution ; mais si l’on veut appliquer ce procédé à des feuilles 
sèches, c’est-à-dire, alors que l’albumine a acquis assez de cohésion pour 
ne plus pouvoir se dissoudre dans l’eau, il n’est plus possible, dans ce cas, 
d'enlever la matière colorante, et si la macération est suffisamment con- 
centrée, l'addition de l'acide sulfurique y détermine seulement la précipi- 
tation d’un magma gélatineux incolore, dû probablement à de l'acide 
pectique. Cependant, si l’Indigotine existait à l’état salin dans ce liquide, 
on ne voit pas de raison pour que l'acide sulfurique ne détruisit cette 
combinaison , comme dans le cas où l’on a opéré avec des feuilles fraîches. 

» La dessiccation a donc suffi pour la rendre insoluble, et cela probable- 
ment parce que cette élimination de l'humidité a permis aux molécules 
colorantes de se rapprocher du tissu vésiculaire qui les enveloppe, et de 
sy combiner chimiquement. Alors il ne faut rien moins que l'action 
énergique des alcalis ou des acides puissants, pour détruire cette combi- 
naison, et pour remettre la matière colorante dans son état de liberté. 

» Ce qu'il y a de certain, c’est que les feuilles sèches du Polygonum, 
loin de se décolorer par les macérations chaudes, comme les feuilles 
fraîches, acquièrent une teinte tellement foncée qu'elles deviennent 
presque noires. À la vérité la Chlorophylle paraît y demeurer aussi, et 
contribuer par sa concentration à augmenter l'intensité de la couleur. Je 
cherche maintenant ie meilleur moyen de séparer ces deux corps. 

» Il est encore un autre point important qui mérite de fixer l’attention : 
c'est la préexistence de la matière colorante dans la plante. Sy trouve- 
t-elle, comme on le pense généralement, en réelle solution dans le suc 
aqueux, et n’y existe-t-elle qu’à l’état blanc? Cela me paraît fort douteux, 
du moins j'entrevois des raisons qui militent en faveur de l’opinion con- 
traire. Si, par exemple, l’Indigotine était dissoute dans l’eau de végéta- 
tion, nous la retrouverions en grande partie dans le suc exprimé, et non 
pas dans le composé insoluble qui reste sur le filtre; et qu’on ne dise pas 
que le court espace de temps nécessaire pour piler la plante et en 
exprimer le suc, a suffi pour faire changer l’état de l’Indigotine par le 
seul concours de l'air, car on sait que dans ce cas des macérations de 
feuilles fraîches, l'Indigotine ne se précipite point malgré le contact pro- 
longé de l'air, et que même aprés l'addition de l'acide sulfurique, il faut 
beaucoup de temps pour que toute la matière colorante soit précipitée , 
non pas parce qu'elle reste en suspension, mais bien parce qu'elle est 


retenue en véritable solution. Si d’un autre côté l’Indigotine est incolore 
ne 


( 824 ) 
dans la plante, pourquoi les feuilles les plus saines sont-elles souvent 
maculées de taches bleuâtres, à l’époque même où la végétation est dans 
toute sa vigueur, et pourquoi après dessiccation acquierent-elles une 
teinte si foncée, quand elles sont épuisées de toute matière soluble par 
des macérations dans l’eau chaude ? 

» Si l’on ne trouve pas dans ces observations des motifs suffisants pour 
décider ces questions, du moins on reconnaitra, je pense, qu'il est néces- 
saire d’en faire de nouvelles avant d’être bien fixé à cet égard. Ce sera 
chose plus facile, maintenant que nous possédons une plante assez riche 
sans doute, en matière colorante, pour pouvoir la suivre dans toutes ses 
modifications, sans en jamais perdre la trace. 

» Je crois enfin que les précédentes considérations bien entendues , con- 
duiront à des moyens d'extraction préférables à ceux indiqués; car, il faut 
bien le dire, ces moyens laissent beaucoup à désirer, et il s’en faut de beau- 
coup que l'Indigo obtenu jusqu'à présent du Polygonum soit comparable 
à celui du commerce, du moins pour les échantillons que j'ai eu occasion 
de voir. Cette différence provient, je n’en doute pas, des substances étran- 
geres que les agents de précipitation auxquels on a recours ajoutent à la 
matière colorante qui en augmentent le poids et en diminuent la qualité: « 


« Pour convaincre l’Académie de ce que vient de dire M. Robiquet re- 
lativement au peu de succès obtenu jusqu’à présent dans l'extraction de 
l’Indigo des feuilles du Polygonum, je mets sous ses yeux un tableau com- 
paratif de l’Indigo du commerce et de trois échantillons de l'Indigo du 
Polygonum , tels qu'ils ont été obtenus par les trois habiles chimistes dont 
les noms suivent. 

» Le premier échantillon, de M. Baudrimont, offre une matière légère, 
d’un noir sale tirant sur le verdätre, facile à diviser et tachant les doigts ; sa 
cassure est opaque et granulée; encore assez hydratée, elle se couvre de 
moisissures ; délayée dans l’eau, elle s’étend mal et présente la même teinte 
dont je viens de parler. Le microscope montre que cette matière, au lieu 
de s'étendre également, s’agglomère en petites masses allongées, parmi 
lesquelles se trouvent un grand nombre de fragments de vésicules et de 
fibres provenant des débris de la feuille pilée, ce qui en fait un magma 
dans lequel l’Indigotine qui s’y trouve, altérée sans doute par la fermenta- 
tion putride trop prolongée, a plutôt noirci que bleui. Cet état, qui con- 
traste avec l'échantillon de l’Indigo du commerce placé au-dessus, explique 


( 825) 


la légèreté, la propriété à retenir l’eau, la couleur terne verdâtre, et la 
disposition à moisir de ce composé. 

» Le second échantillon, présenté à l'Académie par M. le professeur 
Bérard , de Montpellier, de la part de son frère, M. Henri Bérard, a une 
belle apparence; il a le ton bleu foncé et les reflets violacés de l’Indigo du 
commerce : sa dureté très remarquable le rend très difficile à casser, et 
par conséquent très difficile à délayer. Sa cassure mate n’a pas le brillant 
métallique violacé qu'offre celle du bel Indigo cuivré du commerce. Délayé 
et étendu, cet Indigo, plus bleu que le précédent, par conséquent plus dé- 
barrassé de matières étrangères à l’Indigotine, est encore terne. Pur de 
fragments tissulaires ou de ligneux, il n'offre au microscope que des granules 
ovoïdes, incolores , transparents et doués du mouvement brownien très 
prononcé. 

» Le troisième échantillon, de M. Robiquet, est d’une aussi belle ap- 
parence que celui de M. Bérard; mais il a l'avantage de se dissoudre plus 
facilement, Étant étendu , on voit que sa teinte bléué est plus foncée avec 
une légère pointe de violet; ses composants granuleux sont également in- 
colores , doués des mêmes mouvements et séparés de tout débris ligneux. 

» Un quatrième échantillon, obtenu depuis par M. Robiquet, quoique 
encore un peu au-dessous du bel Indigo du commerce, l'emporte de beau-. 
coup sur les trois premiers par son bleu plus clair et plus pur. » 


TROUS — Sur la propagation de la variole. — Note communiquée 
par M. Moreau ne Jonnis. 


« L'Académie ayant témoigné le désir de rassembler des matériaux re- 
latifs à la propagation de la variole, j'ai l'honneur de lui communiquer 
les données statistiques ci-après, qui sont extraites du rapport officiel des 
directeurs de l'hôpital de la variole, à Londres (Hôpital Saint-Pancrace). 

» Le nombre des individus, atteints de la variole, qui se sont présentés 


à cet établissement pour y être traités, s’est élevé, année moyenne, aux 
termes suivants : 


ÉPOQUE. Nombre moyen des. 

admissions annuelles. 
Pendant les 25 années qui ont précédé la découverte de la vaccine. .... 286 
De 1800 à 1824, pendant la première période de l’usage de la vaccine. .. 143 
EnMi625ee- tree LH COLOR PHOTO HE Bo à cie Dodo spé Gin oO LoDEe 419 
De 1826 à 1838..... be OU COUPE OUUE sodetu vec Édonoc en AbEB oc ‘ 270 


De 1837 à 1838.,........, 


( 8:26 ) 


» Il résulte de ces termes numériques : 

» 1°. Que dans les 25 années qui ont suivi l'usage de la vaccine, le nom- 
bre des varioles a diminué de moitié; 

» 2°, Que ce nombre a triplé soudainement en 1825, époque qui coïncide 
avec celle de l'introduction de la varioloïde, en Europe, par les navires 
venant des États-Unis ; 

» 3°. Que, de 1826 à 1838, le nombre moyen des varioles ayant été 
annuellement de 270, il a été, pendant cette période récente, égal à 
celui que donnait la propagation de la maladie avant l’usage de la vaccine; 
et qu'il est presque double du nombre des varioles, qui avaient lieu 
annuellement, de 1820 à 1824, sous l'influence bienfaisante des pre- 
miéres vaccinations. 

» 4°. Et enfin que, de 1837 à 1838, le nombre des varioles a été quio- 
tuple de celui qui avait lieu, année moyenne, de 1800 à 1824. 

» Il paraît qu’il excède encore cette proportion, car les directeurs de 
Saint-Pancrace déclarent que cet hôpital n’ayant plus de places disponibles 
il a fallu en refuser l’entrée à une centaine de personnes infectées. 

» L'extension de la variole, parmi les classes dela population de Londres, 
qui réclament des secours publics, a déterminé l'administration de l’hô- 
pital de Saint-Pancrace, à prendre les dispositions nécessaires pour rece- 
voir un beaucoup plus grand nombre de malades (r). » 


RAPPORTS. 


Rapport sur un mémoire de M. Enmon» Frewy, ayant pour titre : Recher- 
ches sur les propriétés chimiques des baumes. 


(Commissaires, MM. Pelouze, Robiquet rapporteur. ) 


« J'ai été chargé, conjointement avec M. Pelouze, de rendre compte 
d'un mémoire soumis au jugement de l’Académie, par M. Edmond Fremy, 
le 8 octobre dernier, et dont les résultats principaux avaient été annoncés 
dans une des séances précédentes. 

» Les baumes, quoique très anciennement employés, et plus ou moins 


(x) Il est essentiel de remarquer que la mortalité causée par la variole n’a pas suivi 
à Londres la même proportion que la propagation de cette maladie. (Voyez Statistique 
de la Grande-Bretagne , tome IT, page 359.) 


( 827 ) 

préconisés en médecine , ont été jusqu'à présent fort peu étudiés sous le 
rapport de leur intime composition , et dès l’origine, on avait réuni sous 
cette même dénomination, des produits organiques de nature différente: 
tels sont les baumes de la Mecque, du Canada, du Pérou et autres. Plus 
tard, cette dénomination a été uniquement réservée à ceux de ces com- 
posés dont l’arome était plus agréable, et qui contenaient de l'acide ben- 
zoïque. Ainsi restreints, les baumes étaient caractérisés comme formés 
par la réunion de résines, d'huile volatile et d'acide benzoïque, et Fon 
ne comprenait dans ce groupe que le benjoin, les baumes de Tolu et du 
Pérou, le storax. 

» Unverdorben était parvenu, par des procédés particuliers, à isoler 
plusieurs résines d’un même baume. Stolz, en examinant plus spéciale- 
ment le baume du Pérou noir, a reconnu qu'il était principalement formé 
d’un liquide qui n’était ni une huile, ni une résine, et qui mériterait un 
nom particulier, si on le trouvait dans d’autres baumes. Ce peu de notions 
devaient paraître bien insuffisantes, à une époque où la chimie organique 
fait tant de progrès, et où un si grand nombre d’habiles chimistes s’en 
occupent. M. Edmond Fremy, dont les premiers travaux ont été très fa- 
vorablement accueillis de l’Académie, vient de chercher à combler cette 
lacune; et partant de l’idée, peut-être un peu hasardée, que les baumes 
sont tous liquides dans l’origine, et que leur épaississement ou leur 
solidité, résultent d’une altération plus ou moins avancée, il a choisi 
de préférence, comme type de l’état primitif, le baume noir liquide du 
Pérou. 

» Pour isoler les principes de ce produit complexe, M. Fremy commence 
par dissoudre complétement ce baume dans de l'alcool à 36°, puis ajoutant 
à cette teinture une solution alcoolique de potasse, le baume se sépare 
en deux portions bien distinctes : l'une qui reste en dissolution, l’autre 
qui se précipite, et qui est essentiellement composée d’alcali et de résine. 
Ajoutant ensuite une certaine quantité d’eau à la solution, on en sépare 
une matière huileuse, tandis que le liquide surnageant retient l'acide en 
combinaison avec la potasse. Le produit huileux dont il vient d’être men- 
tion , est repris par de l'huile de pétrole rectifiée, qui le dissout et en 
isole une petite quantité de résine qu'il contenait encore. 

» C'est à cette substance ainsi purifiée et qui forme la base principale 
du baume noir du Pérou, que M. Fremy a donné le nom de Cinna- 
méine. Mais malheureusement comme ce produit ne cristallise pas et qu’il 
se décompose à la température de son ébullition , on n’a aucune garantie, 


( 828 ) 


comme le fait remarquer M. Fremy luimême, de son identité parfaite. 
Toutefois, étudié après avoir subi les purifications indiquées, il offre des 
propriétés si remarquables, qu'il fixera nécessairement l'attention des 
chimistes. 

» La Cinnaméïine est un liquide légèrement coloré en brun rougeûtre, 
faisant tache sur le papier à la manière des huiles, d’une saveur äâcre, 
inodore, insoluble dans l’eau, et plus pesante qu’elle, très soluble dans 
l'alcool et dans l’éther, très combustible et répandant une flamme fuligi- 
neuse. Il acquiert par l’ébullition une odeur empyreumatique, et si l'on 
fractionne les produits de sa distillation, l'analyse prouve que chacun 
d'eux a une composition différente. Analysée elle-même dans son entier, 
elle a fourni des résultats toujours concordants qui ont permis de fixer sa 
composition ainsi que suit 

G..... 79,66, 
HEC 87e 


CPE ATTE 


d'où M. Fremy déduit la formule C*H#Or. 

» Parmi les réactions bien remarquables qu'offre la Cinnaméine, se 
présente en première ligne celle qui résulte de la potasse caustique em- 
ployée en dissolution concentrée; aussitôt que ces deux corps sont mé- 
langés, il y a chaleur produite et solidification de la Cinnaméine. Après 
quelques heures de contact, la masse entière est devenue entièrement 
soluble dans l’eau, si l’on en excepte une bien petite quantité d'huile qui 
vient nager à la surface. Cette solution décomposée par un acide, donne 
un précipité abondant peu soluble dans l'eau froide, très soluble dans 
l'alcool et susceptible de cristalliser en gros prismes. Cet acide, convena- 
blement purifié et analysé soit seul, soit dans ses combinaisons salines, 
a été reconnu par M. Fremy pour être identiquement le même que 
l'acide cinnaméique de M. Dumas et Péligot. 

» Ainsi sous la seule influence de la potasse et de l'humidité, et sans qu’il 
y ait ni dégagement, ni absorption d'aucun gaz, la Cinnaméine se trans- 
forme en acide cinnamique et en un produit huileux, volatil, moins 
pesant que l’eau, auquel M. Fremy a donné le nom de Péruvine, et 
qui est composé de 


CAE TME 070 
OS Rene 


d’où l’on tire la formule C'$ H:5 O*. 


( 829 ) 

» M. Fremy rend compte de ces réactions qu'il compare à une véritable 
saponification , en faisant voir par les formules que, sous l'influence de la 
potasse, la Cinnaméine se traduit en 3 atomes de cinnamate de potasse 
et r atome de Péruvine. 

» Si, au lieu de se servir d’une dissolution concentrée de potasse, on 
emploie de l’hydrate de potasse en morceaux, les principaux résultats sont 
les mêmes; mais la réaction, loin d'’étre lente: et successive, est brusque 
et instantanée, et de plus il se dégage de l'hydrogène pur, ce qui n’a pas 
lieu dans le cas précédent ; en telle sorte, que les choses se passent comme 
si l’on eût agi sur de l’hydrure de benzoile , et, ce qui est plus remarqua- 

ble, c’est que si à son tour l’hydrure de benzoile est traité par une solution 

concentrée de potasse et à froid, ül y à semblablement production de 
benzoate de potasse sans aucun dégagement d'hydrogène , ét, par contre, 
sans fixation d’oxigène aux dépens de l’eau. Les conséquences de cette cu- 
rieuse observation mont point échappé à la sagacité de M. Fremy ; aussi 
annonce-t-il positivement l'intention de s’en occuper avec suite et d'en 
rechercher toutes les causes. 

» Un autre fait qui démontre combien le rapprochement entre la 
Cinnaméine et l’hydrure de benzoïle est grand , c’est qu'il se forme 
du chlorure de benzoïle presque pur par la réaction du chlore sur la 
Cinnaméine, et non un chlorure cinnaméique. J'ai dit presque pur, parce 
que M. Fremy n’a pu parvenir à obtenir ce chlorure exempt d’une ma- 
tière huileuse qui refuse de se combiner au chlore. L'un de nous a fait 
une observation semblable avec de l’hydrure de benzoïle qui a subi cer- 
taines modifications, ce qui tendrait peut-être à faire admettre que la 
Cinnaméine n’est pas un corps parfaitement homogène; et l'on serait d’autant 
plus porté à le croire, que M. Fremy a vu que la Cinnaméine, exposée 
à une température de quelques degrés au-dessous de zéro, laisse déposer 
des cristaux neutres, très fusibles, solubles dans l'alcool et dans ’éther, et 
qui ont une composition différente, car ils contiennent 


LH AS 
H°.-.5..19 C'E H'6 0° = C'E H'1 0° + Hz; 
O... 12 : 


c'est-à-dire que c’est un corps qui présente et la composition et les pro- 
priétés d’un hydrure cinnamique; mais M. Fremy n'indique pas ce que 
devient la Cinnaméine quand elle a été privée de cette matière cristalline. 
Il remarque seulement qu’elle n’en donne pas constamment, et c’est un 
point essentiel qu'il se propose d'examiner de nouveau, 
C. R. 1838, 2° Semestre, (T. VII, N° 20.) 113 


( 830 }) 


» Enfin la cinnaméine offre encore une réaction fort intéressante : c’est 
celle qui résulte de son contact à froid avec l'acide sulfurique concentré. 
Il y a dans ce cas altération et production immédiate d’une résine fusible 
dans l’eau bouillante, et qu’on peut purifier par ce moyen. Cette résine a 
la même composition que toutes celles qui se trouvent dans les baumes. 
Elle est formée de 

Great s 

RO EN ou C7? H72 0"; 

(0 RME SES 
elle ne diffère donc de la Cinnaméine que par l'addition d’un certain nombre 
d’atomes d’eau. Cette eau existe-t-elle là toute formée? C’est une question 
assez difficile à résoudre et sur laquelle M. Fremy aura à se prononcer. 

» La facile transformation du baume de Pérou en acide cinnamique y a 
rendu très probable la préexistence de cet acide, et en effet celui qu’on 
en extrait, au moyen d’une solution étendue de potasse, est d’une com- 
position tout-à-fait identique. 

» En dernière analyse , le baume noir liquide du Pérou est composé, dans 
son état primitif, de deux produits principaux: 

» 1°. L'un, liquide, la Cinnaméine, susceptible de se modifier, soil spon- 
tanément et avec le temps, soit par la réaction de l'acide sulfurique , en 
résine qui ne diffère de la Cinnaméine que par les éléments de l’eau; 

» 2°, Un autre, solide, qui est isomère avec l’hydrure de cinnamyle et 
qui par son oxidation donne l'acide cinnamique. 

» Le baume de Tolu, traité par les mêmes méthodes, a fourni à M. Fremy 
des résultats tout-à-fait analogues , et il était en droit d’en inférer que tous 
les baumes proprement dits, offrent originairement une composition 
semblable ; mais des circonstances particulières l'ont mis dans la nécessité, 
non d'interrompre ses recherches, mais d’en faire connaître immédiatement 
les premiers résultats, afin de prendre date. 

» Vos Commissaires pensent que ce travail mérite tout l'intérêt de l’Aca- 
démie, et ils ont l'honneur de vous en proposer l'insertion dans le recueil 
des Savans étrangers. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


M. Huzan» fait connaître dans les termes suivants, les causes de la- 
journement d’un Rapport dont il avait été chargé. 

« L'Académie nous a chargés, M. Gambey et moi, dans sa séance du 
22 octobre dernier, de l'examen d’une nouvelle machine tendant à accélérer 


(831) 


la composition typographique, présentée par MM. Baillet-Sondalo et Cha- 
potin. Nous avons pris jour avec les auteurs pour faire cet examen ; mais 
ils sont venus nous prévenir qu’un accident avait brülé la machine, qu'un 
enfant de l’un d'eux était même mort victime de cette brûlure, et qu'ils ne 
pouvaient nous soumettre leur nouvelle invention: nous avons ajourné 
l'examen après son rétablissement, dont les auteurs nous préviendront. » 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin ; à la nomination d’un candidat 
pour la chaire de Chimie devenue vacante à l’École Polytechnique, par suite 
de la démission de M. Dumas. 

La section de Chimie avait ,» dans le comité secret de la précédente 
séance, présenté comme candidat M. Pelouze. 

Le nombre des votants est de 38. 


Au premier tour de scrutin , M. Pelouze obtient 37 suffrages. 
Il ÿ a un billet blanc. 


M. Pelouze ayant réuni l’unanimité des suffrages , sera présenté comme 
candidat de l’Académie. 


L'Académie procède ensuite , également par voie de scrutin, à la nomi- 
nation d’un correspondant pour la section d’Astronomie. 
La liste des candidats présentée par la Section porte les noms suivants : 
1°. M. Nel de Bréauté..... à La Chapelle, près Dieppe. 
2 Me SANT Scie e à -.. à Padoue. 


3. M. Hansen... ...... à Gotha. 
4. M. Robinson.......,,. à Armagh. 


x 


5°. M. Rosenberg......... à Bonn. 
Le nombre des votants est de 44. 
Au premier tour de scrutin, 


M. Nel de Bréauté obtient 42 suffrages; 
M. Santini............. 


M. Mel de Bréauté ayant réuni la majorité absolue des suffrages , est 
proclamé correspondant de l’Académie. 


113. 


( 832 ) 
MÉMOIRES LUS. 


oPrique. — Sur l'absorption dans les milieux colorés biréfringents; 
par M. Bauer. 


(Commissaires, MM. Biot et Arago.) 
(Extrait par l’Auteur.) 


« L'absorption dans les milieux colorés biréfringents, diffère essentiel- 
lement du phénomène ordinaire auquel se rapportent les couleurs propres 
des corps. Là, comme dans beaucoup d’autres parties de l'optique mo- 
derne, les premières observations, celles qui constituent la découverte, 
sont dues à M. Arago. Il fit voir que dans les milieux colorés biréfringents, 
et notamment dans le sulfate jaunâtre de baryte, la lumière polarisée 
développait des teintes variables, suivant le sens où elle traversait le 
cristal. M. Biot et M. Brewster, mais surtout M. Biot, étudièrent ensuite le 
phénomène, mais sans en formuler la loi définitive. Dans une Note 
communiquée anciennement à l'Académie, j'avais annoncé que les cris- 
taux colorés biréfringents, dits négatifs ou répulsifs, comme le spath 
d'Islande, la tourmaline, le saphir, absorbent en plus grande abon- 
dance le rayon ordinaire, tandis que les cristaux dits positifs ou attrac- 
tifs, comme le quartz, le zircon, l'apophyllite ordinaire , éteignent en 
plus grande partie le rayon extraordinaire, et laissent par conséquent 
passer de la lumière partiellement polarisée, comme le rayon ordinaire. 
DAT: cependant quelques exceptions, comme pour le béryl, mais non 
pour l'émeraude. Enfin, dans le Mémoire sur les propriétés optiques des 
minéraux , le dichroïsme n'avait conduit à énoncer la loi du phénomène 
à la démonstration duquel se rapportent les expériences. du présent 
Mémoire. 

» Tout cristal biréfringent coloré, éclairé par de la lumière neutre, 
peut étre considéré comme donnant passage à une certaine quantité de 
lumière colorée non polarisée, laquelle passe librement dans tous les sens, 
indépendamment de son axe ou de ses axes optiques (et par rapport à 
cette lumière, il est analogue à tout autre milieu coloré), et de plus, à 
une certaine quantité de lumière polarisée suivant la loi de M. Biot pour 
les cristaux bi-axes. Cette dernière quantité étant nécessairement variable 
quand on transmet de la lumiere polarisée au travers du cristal, ou quand 
on analyse la lumière transmise avec un appareil biréfringent, il en ré- 
sulte (quand cette lumière variable est elle-même colorée) une série nom- 


(833) 


breuse de nuances, depuis celle où la lumière non polarisée passe seule 
par l'extinction de la lumière polarisée, jusqu’à la nuance formée de l’en- 
semble de la lumière non polarisée et de la lumière polarisée tout en- 
tière. Ces deux cas extrêmes ont été seuls notés, sous le nom de di- 
chroïsme; mais réellement les cristaux colorés biréfringents à un ou à 
deux axes, sont polychroiïtes, et la règle suivante donnera la teinte d’un 
cristal quelconque : 

» Prenez la teinte de la lumière non polarisée que transmet ce cristal 
en tous sens et la teinte polarisée variable suivant la direction de l'axe 
ou des axes qu'il transmet dans la direction donnée et pour l’azimuth 
donné, et la teinte résultante d’après les formules ordinaires de mélange 
des couleurs , sera la couleur actuelle du cristal. C’est ce qui résulte de 
quelques-unes des expériences exposées en détail dans le présent Mémoire. 


» Ainsi, le phénomène de l'absorption chromatique des milieux pola- 
risés, se trouve ramené à l'absorption ordinaire; mais celle-ci continue , avec 
la dispersion, le mélange des couleurs et la non-influence du mouvement 
de la Terre sur certains phénomènes d'optique, à former quatre grandes 
difficultés de la science, qui peut-être ne sont pas cependant insurmon- 
tables , puisque, de nos jours, avant Fresnel, il y avait encore une 
cinquième classe de phénomènes inexplicables, la diffraction. » 


PHYSIQUE. — Recherches expérimentales sur le passage de la chaleur d'un 
corps solide dans un autre corps solide; par M. Desrrerz. 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Pouillet.) 


(Extrait par l’auteur.) 


» Aucun physicien n’a publié de travail expérimental sur ce sujet. 
M. Poisson l’a considéré sous un point de vue théorique, dans un Mé- 
moire sur la Théorie mathématique de la Chaleur. 

» Le nouveau travail est propre à fournir des données que l'analyse 
mathématique réclamait, et à déterminer si la chaleur éprouve au contact 
d'un corps: étranger un obstacle comme l'électricité en mouvement : on sait 
que ce dernier agent subit un changement de vitesse quand il change de 
conducteur. 

» Pour résoudre la question, l’auteur a joint deux barres bout à 
bout par pression, au moyen d’une vis en bois : l’une de ces barres était 
en cuivre, l’autre en étain. 


(834 ) 


» Onavait conservé aux barres leur poli métallique; elles étaient chauffées au 
moyen d’une lampe alimentée par l'huile et munie de son verre : ce verre était 
échancré de manière à embrasser un cylindre en bronze qui communiquait 
par contact la chaleur à l’une des barres. Un écran opaque les défendait de 
l'action directe de la lampe qui ne portait d’ailleurs qu’une faible quantité 
de chaleur dans la salle où se trouvait l’appareil. Cette salle renfermait 
une masse considérable de métal, en sorte que la température de l'air était 
sensiblement constante, quand toutes les températures étaient dans un 
état stationnaire. 

» Les barres étaient carrées; elles avaient 20"",5 de côté, et 4 décimètres 
environ de longueur. La distance du thermomètre, comptée du centre, était 
de 79°*,5; les réservoirs de ces instruments étaient petits et cylindriques ; 
ils occupaient toute l'épaisseur de la barre, moins 3° en haut et en bas. 
On comprend cependant que le contact entre la barre et les réservoirs ne 
pouvait être complet ; on l’achevait avec un peu d'huile. 

» On connaissait les températures des barres par le moyen de dix ther- 
momètres, cinq dans chaque barre : la barre qui recevait directement la 
chaleur, s’échauffait graduellement. Quand le thermomètre le plus près de 
la source avait atteint à peu près la température maximum, ce qui arri- 
vait au bout de deux ou trois heures, plus où moins, on prenait de cinq 
minutes en cinq minutes les températures indiquées par les thermomètres 
extrêmes; et quand ces températures ne subissaient plus qu’une variation 
insensible , on notait pendant deux à trois heures, de dix minutes en dix 
minutes , les températures de tous les thermomètres. On avait ainsi diffé- 
rentes séries de nombres ; on prenait la moyenne des quatre, des six et 
des huit dernières séries, selon les circonstances de l'expérience. La tem- 
pérature de l'air, pendant cette dernière période de l'expérience, ne variait 
pas d’un vingtième de degré. 

» Il n’était pas possible de déterminer directement la température au 
contact, mais seulement de la calculer, en faisant usage des relations ana- 
lytiques entre les diverses températures observées et la température 
inconnue de la surface de jonction. On a calculé cette température par les 
formules tirées du Mémoire de M. Poisson; on a encore fait le calcul à l’aide 
d'une formule déduite du rapport de deux excès des températures de la 
barre sur la température de l'air, par l’excès intermédiaire : les résultats 
ainsi obtenus n’ont différé que de 0°,13; l'excès moyen du cuivre par lequel 
arrivait directement la chaleur, sur l’étain qui la recevait, a été de 1°,47. 

» Dans une autre série d'expériences, afin d’exagérer l'effet du contact, 


(835) 


on a placé une feuille de papier à lettre entre les deux barres; la pres- 
sion était la même que dans les expériences, où les faces métalliques 
étaient en contact immédiat. L’excès du cuivre d’un côté de la feuille 
de papier, sur l’étain qui était de l'autre côté, a été de 5,5, 

» Les calculs précédents n'exigent pas la connaissance de la conducti- 
bilité extérieure. Ces calculs sont fondés seulement sur les relations qui 
existent entre les diverses températures des barres 

» Pour avoir la conductibilité extérieure, on a observé le refroidisse- 
ment de petites sphères d’un pouce de diamètre, d’un Poids connu et 
d’une densité prise directement; on a pu déduire la conductibilité exté- 
rieure de la connaissance des temps nécessaires à des sphères pour se 
refroidir d’un nombre déterminé de degrés. On s’est servi Pour ce calcul, 
des formules données pour les petits corps par Fourier. 

» Il résulte de ce travail, que la chaleur en mouvement éprouve, 
comme l'électricité en mouvement, un obstacle Ou, si l’on veut, une 
diminution de vitesse, à la rencontre des corps étrangers. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Expériences sur le tirage des voitures ; 
par M. A. Mon. 


(Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Coriolis.) 


(Extrait par l’auteur.) 


“ 


nouveaux, déjà connus des physiciens et de l'Académie des Sciences, 
qui leur a accordé le prix de Mécanique de la fondation Montyon 
parvenu à obtenir des indications aussi précises qu’on peut le désirer 
pour la pratique, de tous les effets exercés par les chevaux. 

» Pour établir la base d’une théorie expérimentale de Ja résistance au 
roulement, il était nécessaire d'étudier séparément les causes diverses 
8e et sur la dégra- 
dation des routes. Aussi l’auteur a:t:il examiné en particulier celles qui 
étaient dues : 1° au diamètre des roues ; 2° à Ja largeur des bandes ; 3° à Ja 
vitesse du transport; 4° à l’inclinaison du tirage; et 5° à la suspension 
ou à l'élasticité plus ou moins parfaite des voitures. 

» Les expériences ont été faites avec des voitures d'artillerie , des di- 


(836 ) 


ligences, un appareil analogue à une charrette; les charges ont été de 
1000 à 5000 kilogrammes , et au-delà. Les terrains sur lesquels on a fait 
marcher ces voitures , ont varié de dureté, depuis le sable fin et la terre 
molle, jusqu'aux routes dures en empierrement et en pavé. 

» Les espaces parcourus ont été habituellement de plusieurs centaines 
de mètres, et souvent de 1000 mètres. 

» Enfin, on a fait es expériences comparatives sur les dégradations 
causées aux routes par les voitures suspendues allant au trot, et par les 
voitures non suspendues allant au pas. 

Les résultats de ces expériences, exposés en détail dans le Mémoire, 
sont résumés par l’auteur dans les termes suivants : 

« La résistance opposée au roulement des voitures de tout genre par 
les différents sols , est : 

» 1°. Proportionnelle à la pression et inversement proportionnelle au 
diamètre des roues. 

» 2°. Les dégradations produites par les voitures sur les routes, sont 
d'autant plus grandes que les roues sont plus petites. 

» 3. Sur les chaussées pavées , la résistance est indépendante de la 
largeur de la bande de la roue. 

» Ilen est à peu près de même sur les chaussées en empierrement, même 
quand elles ne sont pas très fermes. Ce qui, joint à la prompte défor- 
mation des bandes de roue, conduit à conclure que pour l’économie de 
la force motrice, et dans l'intérêt de la conservation de ces routes, il n’est 
pas nécessaire d'employer des jantes de plus de 0",08 à 0",10. 

» 4°. Sur les terrains mous, mobiles ou compressibles, la résistance 
diminue à mesure que la largeur de la bande augmente ; mais cette dimi- 
nution est peu sensible au-delà de 0",12 à 0",20 de largeur. 

» 5°. Sur les terrains mous, les accotements de route en terre, les re- 
chargements épais de gravier ou de décombres, la résistance est indépen- 
dante de la vitesse. 

» 6°. Au pas, et sur toutes les routes, la résistance est sensible- 
ment la même pour les voitures suspendues et pour celles qui ne le 


sont pas. 
» qe. Sur les rontes en empierrement solide, et sur le pavé, la résistance 


croit avec la vitesse, de manière que ses accroissements sont proportion- 
nels à ceux de la vitesse, et cette augmentation est d'autant moindre que 
la suspension est plus parfaite. 

» 8. Sur un bon pavé en grès, bien posé et bien uni la résistance au pas 


(837) 
n'est que les trois quarts environ de:celle-qu’offrent les-meilleures routes 
en -empierrement; et pour les voitures bien suspendues, la résistance 
au trot, sur un très bon pavé, est la même que sur une route en em- 
Pierrement-en bon état. 
»g°. Les voitures non suspendues , allant au pas, fatiguent et dété- 
riorent davantage les routes que les voitures suspendues allant au trot ; 


et il en serait de même à fortiori pour les voitures non suspendues 
allant au trot. » 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


M. le Mnuisrre DE La Marine adresse des Observations relatives aux 
sciences physiques et naturelles faites dans le cours de l'expédition scien- 
tifique envoyée dans le nord de l’Europe, savoir : 

Observations relatives aux Magnétisme terrestre et à la Météorobogie, 
par M. V. Lorrn; 


Observations relatives à l'Æydrographie et à la Physique, par M. A. 
Bnravais ; 

Observations concernant la Botanique , la Géographie botanique et la 
Météorologie , par M. «C. Mannins; 

De plus ; des Observations relatives à diverses parties de la physique du 


globe et de l'histoire naturelle par quelques savants étrangers qui se sont 
adjoints aux membres de l'expédition. 


M. »e Brainvizse présente une lettre qui lui est adressée, ainsi qu’à 
MM. de Mirbel et Cordier, par M. Howsrow, chirurgien-major de 
Fexpédition -de circumnavigation commandée par M. le capitaine Du- 
mont d’Urville, sur les observations d'histoire naturelle, faites pendant la 
première partie du voyage. 

(Commissaires, MM. de Mirbel, de Blainville, Cordier.) 


CHiMIE APPLIQUÉE. — Recherches sur l'usage physiologique des corps gras, 
et nouvelle Théorie de la formation des cellules 4 l 


l'aide de ces corps; 
par M. Ascuerson. (Analyse du Mémoire par M. de Humboldt.) 


(Commissaires, MM: Chevreul, Breschet, Pelouze.) 
Ces recherches tendent à prouver les résultats suivants : 


« 1°. Le contact de l’albumine et des corps gras liquides provoque la 
formation instantanée d'une membrane. 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, No 20) 114 


( 838 ) 


>. Cette membrane est produité par la juxtaposition d’une infinité 
de particules que l’on peut observer en ralentissant sa formation par un 
procédé indiqué dans le Mémoire. 

» 3°. Une goutte d'huile, qui ne se trouve qu'un instant entourée d’un 
fluide albumineux, est de suite enfermée par une membrane, ce qui met à 
même de faire à volonté des cellules factices. 

» 4°. On trouve dans les ovaires des mammifères et des oiseaux de 
grandes cellules remplies d'huile qui ressemblent parfaitement par leur 
forme et leurs propriétés physiques aux cellules factices. 

» 5°. Toutes les gouttés de graisse et d’huile que l’on trouve dans les 
plantes et les animaux sont renfermées dans: des cellules. que l’on peut 
appeler élémentaires. 

» 6°. Les tissus de l'organisme animal se composent de cellules qui ne 
sont qu’une métamorphose des cellules élémentaires. 

» 7°. Les globules ou vésicules du sang sont des cellules qui contiennent 
de la graisse liquide, et c’est leur fonction de transporter et de distribuer 
ce fluide partout où la formation des cellules doit avoir lieu. 

» 8. L'état primitif de l’ovule des animaux est celui d’un goutte d’ huile, 
et cet amas de globules qui se trouve toujours-dans la vésicule germina- 
tive (la couche germinative primordiale de M. Wagner) est le résidu de 
cette goutte. 

» 9°. Les cellules des végétaux sont aussi formées à l’aide d’un fluide 
hétérogène, mais il reste à déterminer si ce n'est que de l'huile, ou si, en 
outre, d’autres fluides sont chargés de ce rôle. » 


MÉDECINE. — Note sur une hémorrhagie spontanée du mésentére ; par 
M. rex ea 


(Commissaires, MM. Double, Breschet.) 


CORRESPONDANCE. 
# 

M. ze Ministre DE L'INsrRuCTION PUBLIQUE transmet ampliation de l'or- 
donnance royale qui approuve la nomination de M. Mine Edwards à 
la place vacante, dans la séction de Zoologie; par suité du décès de 
M.F. Cuvier. Î 

M. Milne Edwards est invité à prendre place parmi les membres: 


| 


( 839 ) 


M. 1e Manisrre pe L'Ensrnucrion russique adresse l'extrait d’une lettre 
de M. le sous-préfet de Gray, concernant les résultats de nouvelles fouilles 
exécutées il y a! quelques mois dans une grotte de lacommune de:Kotivent- 
le-Bas, grotte déja connue comme renfermant desossements fossiles dont 
quelques-uns ont été décrits par G. Cuvier. 

« La plus grande partie des ossements obtenus dans les nouvelles phil 
dit l’auteur de la lettre, sont trop brisés pour permettre des détermina- 
tions un peu certaines; cependant il en est qui paraissent appartenir à une 
espèce d’éléphant de petite taille, à plusieurs espèces de rhinocéros, et 
entre autres, au tichorhinus, au cheval, au cerf commun, à un bœuf 
semblable à l’aurochs, à la byène et au chien des cavernes. » 

Un certain nombre de ces ossements sont en la possession de M. le 
sous-préfet de Gray qui s’empresserait de les adresser, si l’on jugeait que 
leur examen püût être de quelque utilité pour la science. 

Une Commission, composée de MM. de Blainville, Done et Isid. 
Geoffroy-Saint-Hilaire, est invitée à faire connaître son opinion à ce sujet. 


M. »e Jussieu présente de la part de l’auteur, M. de Notaris, de Turin, 
un ouvrage intitulé : Syllabus muscorum in Italié , etc. (Voir au Bulletin 


bibliographique. ) 


«Les mousses de l'Italie, dit M. de Jussieu, n’avaient jusqu'ici été étudiées 
que sur divers points séparés , et les botanistes de ce pays s'étaient occu- 
pés avec beaucoup plus de soins et de succès des plantes phanérogames. 
L'ouvrage de M. de Notaris fait donc faire un pas à la connaissance de la 
Flore italienne. Plus de 400 mousses, dont plusieurs nouvelles, sont décrites 
successivement suivant l’ordre naturel. Ces descriptions sont courtes, mais 
exactes et accompagnées d’une synonymie bien étudiée. » 


M. Bounçcrx demande à être présenté par l'Académie comme candidat 
pour la chaire d’Anthropologie, vacante au Muséum d'Histoire naturelle 
par suite de la nomination de M. Flourens à la chaire de Physiologie 
comparée du même établissement. 

Comme pièces à l'appui de sa demande, M. Bourgery adresse les rap- 
ports faits sur le grand ouvrage d’Anatomie qu’il publie, à une époque où 
cet ouvrage, qui est parvenu aujourd'hui à sa 42° livraison, n’en comptait 
encore que huit. 


(Renvoi à fa Commission qui sera chargée de la présentation.) 


114. 


( 840 ) 


M. Kuuzmanx adresse un paquet cacheté. 


M. Peyror adresse également un paquet cacheté, portant pour suscrip- 
tion : Traité des engorgements de la rate , et diverses propositions relatives 


aux fièvres. 
Le dépôt des deux paquets est accepté. 


A quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à cinq heures. 


( 841 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances dé l'Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838, n° 19, in-4°. 

Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. ALave »’'Orsienx, 36° li- 
yraison, in-4°. 

De la Langue , considérée comme organe de préhension des aliments ;. 
par M. Duvernoy ; in-4°. 

Recherches microscopiques sur la muqueuse des intestins des malades 
atteints du choléra asiatique ; extrait de l'ouvrage de M. le docteur L. Boezx , 
par M. L. Max. (Extrait des Annales françaises et étrangères d’Ana- 
tomie et de Physiologie; cahier n° 6, in-4°.) 

Species général et Iconographie des. Coquilles vivantes ; par M. Kiexer ; 
30° livraison , in-4°. 

Bibliothèque universelle de Genève ; n° 33;.octobre 1838, in-8°. 

Syllabus muscorum in Italié et in Insulis circumstantibus hüc usque 
cognitorum ; par M. »e Noraris; Turin, 1838, in-8°.… 

Le Conservateur de la santé, ou l’Art de prévenir sans remèdes ni 
dépenses les maladies des chevaux , mulets, bœufs, moutons ; porcs; et de 
tous les autres animaux domestiques, ainsi que des personnes; par 
M. Ruones; Bagnères, 1838, in-8°. 

The Zoology.... Zoologie du Voyage du vaisseau de l'État le Beagle, 
capitaine Fitzroy ; publiée sous la direction de M. Darwin, naturaliste de 
l'expédition.— Mammifères, par M.Warernouse; 2° livraison ; — Oiseaux, 
par M. Gouin; 1"° livraison ; Londres, 1838, in-4°. 

Analytical.... Développement analytique de la Théorie optique des 
Cristaux., de Fresnel; par M. Siuvesrer ; Londres, 1837, in-8°. (Extrait 
dn Magasin philosophique de Londres et d' Édimbourg.) 

The Edinburgh.... Nouveau Journal philosophique d'Édimbours ; 
juillet — octobre 1838, in-8°. 

The Magazine.... Magasin nautique et Chronique navale; nov. 1838, 
in-8°. 

Bulletin of.... Bulletin des Sciences. historiques et naturelles; par 
C.-S. RarinesQue ; n° 4, 1837, et n° 7, 1838, in-16. 


( 84) 

Ueber die.... Sur l’huile renfermée dans les spores ou organes de pro- 
pagation des champignons ; par M. le docteur AscHErson; Berlin , in-8° 
(présenté par M. de Humboldt). 

Astronomische..... JVouvelles astronomiques de M. Scnumacuer ; 
n° 363, in-4°. 

Das Weibliche.... Recherches de Pathologie et de Médecine légale , 
sur les accouchements difficiles ou contre nature; par M. F.-A. Wire ; 
Berlin, 1838, in-8°. 

Mémoires dé) l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg; 6° série, 
Sciences mathématiques , physiques et naturelles, tome IIF, 1" partie; 
Sciences mathématiques et physiques, tome 1°"; 5° et 6° livraison, et 
tome II°; 1° et 2° livraison, in-4°. 

Mémoires de l'Académie , ete.; 2° partie, Sciences naturelles , tomeTl:, 
4°, 5°et G° livraison, in-4°. 

Mémoires de l'Académie ; etc.; 6° série, Sciences politiques, Histoire, 
Philologie , tome IV:, 3: livraison, in-4°. 

Mémoires présentés à l'Académie impériale des Sciences de Saint- 
Pétersbourg, par divers Savants étrangers , et lus dans ses assemblées ; 
tome Il:; 3°, 4°, 5° et 6° livraison , et tome [V-; r°°et 2° livraison , in-/°. 

Bulletin scientifique, publié par l'Académie impériale des Sciences de 
Saint-Pétersbourg, et rédigé par son secrétaire perpétuel; tome 1—5, 
in-4°. 

Recueil des Actes de la séance publique de l’Académie impériale des 
Sciences de Saint-Pétersbourg ; tenue le 29 décembre 1837, in-4°. 

Prix de Botanique proposé par l'Académie au concours de 1833, et 
remis au concours de 1837. (Extrait du Compte rendu, lu en séance pu- 
blique le 29 décembre 1857 , in-8°.) 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 5 , n* 2et3, in-8°. 

Annales maritimes et coloniales; par MM. Basor et Poinrée; octob. 1838, 
in-8°. 

Revue zoologique de la Société Cuviérienne ; n° 10, octobre 1838, in-6°. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales; novembre 1838, in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 45, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 130—152, in-4°. 

Écho du Monde savant; 5° année, n°° 44 et 45. 

L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie ; n° 71, in-8°, 

La France industrielle, journal ; n° 64 et 65. 


sr L'mee  — 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉÈMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 49 NOVEMBRE 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


+. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


ANATOMIE GÉNÉRALE. — Recherches anatomiques sur la manière dont l'épi- 
derme se comporte avec les poils et avec les ongles; par M. Frounens. 


« On n’est pas encore d'accord, en anatomie, sur la manière dont l'é- 
piderme se comporte, soitavec les poils, soit avec les ongles. Et d’abord 
pour ee qui est des poils, Meckel a décrit depuis long-temps, et avec une 
grande exactitude, les gaînes particulières que l’épiderme, en se réflé- 
chissant vers le derme, fournit à la base de chaque poil; de sorte que, 
comme il le dit lui-même : « l’épiderme a, du côté qui est tourné vers la 
» peau, une infinité de petites racines blanches, transparentes, qui man- 
» quent entièrement dans l'épiderme qui couvre la paume de la main 
» et la plante des pieds (1). » 

» Mais ces gaines particulières, ces racines, pour me servir de l’expres- 
sion de Meckel, s’arrêtent-elles à l'entrée du bulbe du poil, comme le 
veulent quelques anatomistes? ou bien pénétrent-elles dans ce bulbe 


—————————— . .… .….  …"… "—… …"— … "-…"—_— — _— …— _ —…" —_ — —— 


(1) Meckel, Sur la nature de l'Épiderme , etc. 
C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°91) 115 


( 844) 
et en tapissent-elles tout l’intérieur, comme le veulent quelques autres? 
Telle est la première difficulté que je me suis proposé de résoudre. 

» Si l’on examine un morceau d’épiderme, pris sur un individu adulte, 
et détaché du derme par la macération, on voit toute la face interne de 
cet épiderme, toute la face qui correspond au derme, hérissée de pro- 
longements, lesquels sont les  gaînes mêmes que l’épiderme fournissait 
aux poils. De plus, et je suppose chaque poil extrait de sa gaine, la sur- 
face externe de cet épiderme, présente autant de petits trous qu’il y avait 
de poils. 

» Si l'on examine, au contraire, un morceau d'épiderme, pris sur un 
fœtus très jeune, et également détaché du derme par la macération, on 
ne voit plus ni de prolongements épidermiques à la face interne, ni de 
trous à la face externe. Les deux faces sont parfaitement continues et 
lisses. 

» Enfin, si l’on examine un morceau d’épiderme, pris sur un fœtus 
un peu plus âgé, et toujours détaché du derme par la macération, on 
voit, à la face interne, d& petits prolongements, et, à la face externe, de 
petites éminences dont aucune n’est percée. Ces prolongements internes, 
ces éminences externes et non percées sont les gaines que l’épiderme 
fournit aux poils. Toutes ces gaines, ainsi que les poils qu’elles recouvrent, 
ont une direction très oblique; et, à cet âge, elles sont toutes, comme 
je viens de le dire, parfaitement continues. Ce sont, en un mot, des 
gaines complètes, comme les gaines d’épiderme et de corps muqueux, 
qui recouvrent les papilles de la langue, et que j'ai décrites dans un 
autre Mémoire (x). 

» Ces trois états de l’épiderme sont représentés dans la planche que je 
mets sous les yeux de l’Académie. La figure n° 5 représente l’épiderme pris 
sur un individu adulte, avec ses prolongements internes et ses trous à la 
face externe. Les figures 1 et 3 représentent l’épiderme du fœtus, avec 
ses deux faces également continues et lisses ; et la quatrième représente 
l’épiderme pris sur un fœtus un peu plus âgé, et ayant ses gaines com- 
plètes. 

» Il y a donc trois états successifs par lesquels passe l’épiderme , consi- 
déré dans ses rapports avec les poils. Dans un premier état, il est parfai- 
tement lisse, continu, sans gaînes particulières ; dans un second, il a des 
gaines complètes; et dans un troisième, ces gaines sont percées à leur bout 


(1) Voyez Compte rerdu , t. IV ,,p. 142. 


(845 ) 

externe (1). En d’autres termes, il y a un premier état où le poil n’a pas 
encore agi sur l’épiderme; un second où l’épiderme recouvre encore le poil, 
bien que le poil , revêtu de sa gaine, dépasse déjà la surface de l’épiderme; 
et un troisième où le poil traverse l’épiderme et le perce. Et ces trois états 
montrent par leur succession même que l’épiderme est toujours placé sur 
le poil; puisque, d’abord, le poil n'arrive pas jusqu’à l’'épiderme; puisque, 
ensuite, l'épiderme recouvre le poil et lui fournit une gaîne complète; et 
que ce n'est, enfin, que dans le troisième et dernier état que le poil traverse 
l'épiderme et le perce. 

» L’épiderme, en se réfléchissant sur le derme pour fournir des gaînes 
à la base des poils, s'arrête donc à l’entrée du bulbe et à la base du poil (2), 
et ne passe pas par-dessous la racine du poil pour tapisser l'intérieur du 
bulbe. 

» Les prolongements de la face interne de l’épiderme n'étant, comme 
je viens de le dire, que les gaînes des poils, ces prolongements devaient 
manquer à la paume des mains et à la plante des pieds, et ils y manquent 
effectivement, comme chacun sait. Mais la face interne de l’épiderme, con- 
sidéré dans ces parties, n’appelle pas moins, quoique sous un autre rap- 
port, l'attention de l’anatomiste. 

» Les figures 10, 6 et 2 de la planche sur laquelle j'appuie mes des- 
criptions, représentent cette face interne : la première sur lépiderme de 
la paume de la main d’un individu adulte ; la seconde sur l’épiderme de la 
face palmaire du doigt index d’un fœtus, et la troisième sur l’épiderme de 
la plante du pied du méme fœtus. On peut se faire une idée, sur cesirois 
figures, de l’admirable régularité qui caractérise la structure de cette face 
interne. Le fond commun de cette structure est un ensemble de lignes, 
les unes continues, les autres ponctuées, la plupart simples, quelques-unes 
bifurquées. En général, une ligne ponctuée alterne régulièrement avec 
une ligne continue, et c’est ce qui se voit surtout à l’épiderme de la paume 
de la main de l'individu adulte, et à l'épiderme du doigt du fœtus. A 
l’'épiderme du talon du fœtus, les lignes ponctuées ne sont pas toujours 
aussi nettement séparées des lignes continues ; les points y empiètent 


{1) Je n’ai pas besoin d’ajouter qu’elles le sont toujours à leur bout interne, puisque, 
comme je le montre ici, l’épidermene passe jamaïs par-dessous le poil. 

(2) Mais, pour arriver jusqu’à l'entrée du bulbe et jusqu’à la base du poil, il faut 
qu’il pénètre dans l’enfoncement du derme qui conduit au bulbe; et, par-là même, il 
forine tous ces prolongements qui hérissent la face interne de l’épiderme et qui consti- 
tuent les gafnes des poils. 

TO 


( 846 ) 
quelquefois sur les lignes; mais partout, soit au doigt, soit au talon, soit 
à la paume des mains, ces lignes et ces points sont l'empreinte exacte des 
éminences et des sillons de la face externe du derme, de la face du derme 
qui correspond à la face interne de l'épiderme. 

» Enfin la figure 9 defla planche qui est sous les yeux de l’Académie, peut 
ètre regardée comme formant une sorte d’appendice à l’un de mes précé- 
dents Mémoires sur les deux épidermes de la peau humaine (1). Cette 
figure présente ces deux épidermes, détachés l’un de l’autre par une longue 
macération , sur la face dorsale du petit doigt de la main; et là l’'épiderme 
intérne a un aspect blanchâtre très prononcé; aspect qui, en général, est 
un des caractères du corps muqueux , et qui sans doute à été la cause pour 
laquelle plusieurs anatomistes ont attribué un véritable corps muqueux 
à la peau des doigts. 

» Je passe à la manière dont l’épiderme se comporte par rapport aux 
ongles; et ici les opinions sont tout aussi partagées que pour ce qui con- 
cerne les poils. 

» L'opinion la plus commune est que l’épiderme passe par-dessus l’ongle, 
et se confond avec sa face externe (2); d'autres veulent que l'ongle ne 
soit, à proprement parler, qu'une continuation de l’épiderme ; quelques- 
uns pensent enfin que l’épiderme passe par-dessous l’ongle et en tapisse 
toute la face concave. Cette dernière opinion paraît avoir été celle de 
Bichat; et, plus tard, elle a été celle de M. Lauth, dont l’anatomie déplore 
la perte récente et prématurée. 

« L’épiderme, dit M. Lauth, accompagne le derme exactement. ... en 
» sorte qu'il tapisse aussi la face concave de l’ongle (3). » 

» Bichat avait déjà dit que« l’épiderme, en se confendant avec l’ongle, 
» semble former sa lame interne (4). » 

» La difficulté était donc, pour l’ongle, à peu près la même que pour 
les poils; et, pour la résoudre, il fallait de même recourir à l'examen de 
ce qui se voit, non dans l’adulte où la plupart des rapports primitifs sont 
plus ou moins changés, mais dans le fœtus où les rapports naturels, les 
rapports complets subsistent encore. 


(1) Voyez Compte rendu, tome III, p. 6go. 

(2) Béclard dit : « L’épiderme se réfléchit sur la racine de l’ongle et se prolonge sur 
» sa face externe, qu’il recouvre ainsi d’une lame superficielle très mince, qui se con- 
» fond avec elle. » (Éléments d' Anatomie générale.) 

(3) Nouveau Manuel de l Anatomiste. 

(4) Anatomie générale. 


(847 ) 

» Or, à considérer les rapports de structure qui nous occupent, dans les 
fœtus, et particulièrement dans les fœtus des pachydermes, des rumi- 
nants, des rongeurs, il est aisé de voir, et de voir avec évidence, que 
l'épiderme passe par-dessus l’ongle. Les figures 13, 14,15, 16 de la planche 
que je présente à l’Académie, montrent, sur des fœtus de cochon, l'épi- 
derme passant par-dessus la face érieure, par-dessus la face inférieure 
et par-dessus la face latérale de l’ongle. La figure 17 montre cet envelop- 
pement complet de l’ongle par l’épiderme, sur un fœtus de lapin. 

» Dans les fœtus des quadrupèdes, et particulièrement des quadrupèdes 
herbivores , l'épiderme passe donc par-dessus l’ongle; et, en l'enveloppant 
de toutes parts, il lui forme une gaîne complète. 

» L’analogie porte à croire qu'il en est de même dans le fœtus humain; 
mais, faute de fœtus tout-à-la-fois assez jeunes et assez bien conservés, 
je n'ai pu réussir encore à y suivre, d’une manière sûre, l’'épiderme sur 
toute la face externe de l’ongle. 

» Tout le monde connaît ces feuillets longitudinaux du derme, qui, 
placés sous l’ongle , constituent la véritable matrice de l'ongle ; et qui, très 
développés dans le cheval , dans le bœuf, dans le cochon ; etc., ÿ ont recu, 
de la part des anatomistes vétérinaires, le nom de chair cannelée. Tout le 
monde sait aussi que cette chair, ou plutôt cette partie du derme qui sé- 
crète l’ongle, n’est pas partout cannelée. A la sole , à la fourchette, au 
bourrelet (1), le tissu feuilleté est remplacé par le tissu villeux. Les fila- 
ments très déliés, très fins qui composent ce tissu villeux sont surtout 
très développés et très remarquables au bourrelet ou bord supérieur de 
l’ongle ; et, soit qu’on les considère au bourrelet, à la sole, ou à la ‘four- 
chette , ils donnent à la partie de l’ongle qui leur correspond une disposi- 
tion particulière et toute différente de celle qui est propre aux parties de 
l'ongle qui correspondent au tissu cannelé. Ainsi, les parties de l’ongle 
qui répondent aux feuillets du tissu cannelé représentent ces feuillets ren- 
versés ; et les parties qui répondent aux filaments du tissu villeux repré: 
sentent un ensemble de petits tuyaux, sortes de gainés on d’étuis sécrétés 
par ces filaments mêmes. 

» Tous ces détails de structure sont à peu près les mêmes, du moins pour 
le fond (2), dans le cheval, dans le bœuf, dans le cochon, ete., et, dans 


(1), Voyez M. Girard : Traité du pied dans les animaux domestiques. 
(2) H ya, en cffet, quelques différences de détail. Dans le cheval, les filaments du 
bourrelet touchent aux feuillets longitudinaux. Dans le bœuf, les filaments plus fins en- 


(848) 

tons cés animaux , ils sont égalemént connus. Mais ce qui me paraît ne pas 
l'être éncore, c’est que jusque dans longlé humain, on retrouve, indé- 
pendamment des feuillets du tissu cannelé , que tous les anatomistes y ont 
décrit, un certain nombre de filaments qui répondent évidemment au 
tissu villeux. Dans Thomme, ces Jilaments sont placés et comme cachés 
sous le repli du derme qui recouvrela racine de ongle, sous cette racine 
même , et à l’origine des feuillets longitudinaux. On les voit reproduits dans 
la figure 8 de la planche qui ést sous les yeux de l'Académie. 

»' Les conclusions de ce Mémoire sont que l’'épiderme passe, à tout 
âgé, par-dessus le poil; qu'il passe, de même, par-dessus l'ongle; et que, 
jusque dans l’ongle humain, se retrouvent dés vestiges du tissu villeux ou 
Jfilamenteux des quadrupèdes herbivores. » 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur l'évaluation des réfractions dans lescouches 
d'air accessibles aux instruments météorologiques ; par M. Bror. 


« Lorsque J'adressai à l'Académie; il y a deux mois, l'extrait du travail 
mathématique dont je lui présente aujourd’hui l’ensemble, j'exprimai le 
regret de n'avoir pas trouvé, dans les opérations géodésiques ouastrôno- 
miques jusqu'ici publiées, les données de météorologie nécessaires -pour 
appliquer numériquement les formules qu'il renferme; et apprécier ainsi 
d'une manière sûre les approximations employées jusqu'à ce jour pour 
résoudre:les mêmes questions. J'ai trouvé depuis le moyen de suppléer 
à ces documents, autant que le demandait une épreuve numérique, en 
appliquant les formules à une circonstance où l’état de superposition 
des couches atmosphériques a été déterminé jusqu’à une trés grande 
hauteur par des observations nombreuses et complètes, dont l'exactitude 
ne laisse rien à désirer: je veux parler de l'ascension de M. Gay-Lussac. 
Dans un: Mémoire sur la constitution de l'atmosphère, communiqué à 
l'Académie auccommericement de cette année; et qui vient d'être imprimé 
dans la Connaissance des: Temps de 184, j'ai fait voir que les densités 


coré du'bôurrelet, sont séparés des feuillets longitudinaux par un espace à brins plus 
courts.etpresque ras; dans le mouton, l'espace intermédiaire entre les filaments du 
bourrelet et les feuillets longitudinaux est, proportionnellement, moins grand que dans 
le bœuf ; dans l’un et l’autre (le œuf et le mouton), la sole est toute garnie de fila- 
ments, lesquels sont surtout remarquables dans le mouton ; enfin, les filaments du 
cochon ont quelque chose de moins délié, de plus massif, de plus grenu ‘que les fila- 
ments des ruminants et des solipèdes. 


(849 ) 

etles pressions, qui résultent des observations de M. Gay-Lussac, étant 
construites graphiquement comme les ordonnées et les abscisses d’une 
courbe; ou étant mises ainsi en rapport part le calcul; présentent ‘une 
relation de lieu presque rectiligne,! et qui approche tellement de l'être 
au-dessus de quelques mille mètres de hauteur, qu'on ne peut plus alors 
la: distinguer d’une ligne droite. de éléments analogues recueillis par 
M. de Humboldt sur les pentes du Chimboraço, m'ont offert encore la 
même relation. Seulement linclinaison de la ligne droite finale sur l'axe 
des pressions y.est un peu différente. On conçoît donc, qu'en général, une 
telle relation peut toujours être imitée par une succession de: paraboles 
très peu courbes, et à peine distinctes les unes des autres. Or, en ‘effet, 
en l’exprimant ainsi, les résultats qu’on obtient reproduisent exactement 
les observations. Alors /en la combinant sous cette forme avec les condi- 
tions générales de statique et de dilatabilité auxquelles les fluides aéri- 
formes sont assujétis, on obtient les densités réelles de l'air pour une 
hauteur quelconque entre les limites où les expériences ont été faites. 
Après quoi , appliquant les formules données ici dans mon Mémoire, on 
peut calculer rigoureusement pour cet état de l'air, le cours des trajec- 
toires lumineuses, les hauteurs relatives de leurs divers points, et la 
grandeur des réfractions qui s'y produisent dans toutes les inclinaisons à 
l'horizon: que l’on veut leur assigner. 

» J'ai effectué ces calculs en nombres pour la parabole atmosphérique 
qui, en se pliant aux observations les plus basses de M. Gay-Lussac, les 
lie à celles de l'Observatoire; pris pour point de départ. Dans le manque 
d'observations intermédiaires, c’est au moins l'expression la plus appro- 
chée des réalités qu’on puisse obtenir. Afin d’en tirer un exemple qui 
dépassät tous les besoins de la géodésie, j'ai d’abord supposé que, 
dans ces circonstances, un-astronome placé au”nivéau de l'Observatoire 
voyait à l'horizon même, un signal terrestre, séparé de lui par un angle 
au centre de 1° 30/. Cette amplitude d'arc excède celle qu'embrasse le plus 
grand côté de notre triangle d’Espagne, entre le Desierto de las Palmas, 
Mongo et Campvey, de sorte qu’elle offre en quelque sorte, la limite de 
visibilité des signaux terrestres. Pour ee cas , lahauteur relative du signal 
s'est trouvée de 1846. Les réfractions locales ont été à la station infé- 
rieure, 6 55°,89 ; à la supérieure de 6/ 36",21. Elles différaient donc seu- 
lement de 19,68, et ainsi elles étaient en effet presque égales, comme 
on le suppose ordinairement. Si les deux distances zénithales extrêmes, 
telles que le calcul les donne, eussent été obsérvées sans aucune erreur, 


( 850 ) 


et qu'on eût conclu de leur somme, les réfractions locales ; d’après 
l'hypothèse ordinairement admise de leur égalité, la hauteur calculée 
aurait été trop forte, seulement de 8°, et l'erreur décroit rapidement avec 
l'amplitude de l'arc. Ainsi, dans ces relations simples des densités et des 
pressions que les couches observables de l'atmosphère paraissent babi- 
tuellement offrir, l'hypothèse srdinaige de l'égalité des deux réfractions 
locales peut continuer à être employée sans inconvénient. 

» Mais cela exige deux conditions indispensables. La première, c'est 
qu'un tel état existe au moment où les distances zénithales s'observent, 
et l'on n’en peut étre assuré qu'en le constatant par des déterminations 
météorologiques, qui permettent de mettre ses caractères en évidence par 
le calcul. La seconde, c’est que les deux distances zénithales des extré- 
uités de l'arc aient été observées simultanément. Car, par cela même 
que les deux réfractions extrêmes sont sensiblement égales dans le cas 
où elles ont lieu sur une même trajectoire lumineuse, elles ne peuvent 
l'être sur des trajectoires différentes; et l'erreur qu’on commettrait en 
les supposant telles, équivaut à très peu près pour chaque distance 
zénithale, à la moitié de la variation que chaque réfraction locale a 
subie entre les époques des observations. 

» L'ouvrage intitulé : Nouvelle description géométrique de la France, 
publié par le dépôt de la Guerre, offre l'exemple d’un très beau travail 
géodésique effectué ainsi par des distances zénithales réciproques et 
simultanées, sur le parallèle de Paris à Brest, pour déterminer la hauteur 
absolue de la lanterne du Panthéon, au-dessus du niveau moyen des eaux 
de l'Océan, à égale latitude. La petitesse de l’intervalle entre les stations 
consécutives qui atteint une seule fois 42000®, leur faible différence de 
hauteur qui est au plus, et une seule fois, de 174", sont des conditions 
trés favorables , et très habilement choisies par les observateurs, 
MM. Bonne, Épailly et Béraud. La répétition des observations de distance 
zénithale à des époques diverses, qui a eu lieu dans chaque station, et 
l'accord presque complet des résultats partiels, conclus de chaque couple, 
donnent à leurs valeurs moyennes une extrême probabilité d’exactitude. 
Mais on aurait pu fortifier considérablement cette induction, et en écarter 
même la possibilité d'erreurs constantes dans les instruments, si l’on eût 
songé à définir par des déterminations météorologiques, l’état actuel des 
couches d’air que la trajectoire lumineuse traversait. Car alors, chacune 
des distances zénithales observées pouvant être corrigée individuellement 
de la réfraction qui l’affectait, on en aurait conclu la différence de niveau 


( 851 ) 
sans avoir besoin de la combiner avec l’autre; de sorte qu’elles se se- 
raient vérifiées mutuellement dans chaque couple, par l'accord de leurs 
résultats partiels. 

» Ce qui eût été seulement ici un avantage, devient une nécessité, 
quand les distances zénithales ne sont pas observées simultanément, 
surtout si l’on n’est pas maître de réduire autant qu’on le voudrait, les 
intervalles des stations et leurs différences de hauteurs. Par exemple, 
l’ouvrage que j'ai tout-à-l’heure cité, renferme un grand nivellement 
exécuté par M. le colonel Corabœuf, à travers la chaîne des Pyrénées , 
pour déterminer la hauteur relative des deux mers. ‘Il repose sur des 
observations de distances: zénithales réciproques, mais non simultanées ; 
et la nature des lieux imposait pour le choix des stations des difficultés 
auxquelles il fallait se soumettre. Les réfractions conclues par des trajec- 
toires -différentes , devaient donc porter l'erreur de leurs variations acci- 
dentelles dans presque toutes les déterminations successives; et l’habileté 
de l'observateur n’a pu les neutraliser qu’en rassemblant les résultats 
concordants de couples observés à des’ époques diverses. Mais il aurait 
atteimt le même but, avec bien moins de peine, et plus sûrement encore, 
si chaque observation eût été accompagnée de déterminations météorolo- 
giques qui eussent permis de calculer la vraie réfraction locale et actuelle 
qui l’affectait. Car alors. chaque couple de distances zénithales aurait 
donné deux résultats indépendants l’un de l’autre, qui auraient dû s’ac- 
corder, et qui se seraient ainsi vérifiés mutuellement. 

» Après avoir établi les formules qui donnent les valeurs exactes des ré- 
fractions terrestres, et les avoir appliquées numériquement à un exemple 
extrême, j'ai cherché à en déduire des approximations d’un üsage plus 
facile, et analogues à celles que les géomètres ont déjà obtenues pour de 
petites hauteurs. Je le pouvais d'autant plus sûrement que l'application 
au même cas déjà traité par les formules rigoureuses, fournissait une 
épreuve immédiate des formules approchées. 

» L'expression à laquelle j'ai été conduit est analogue à celle de M. La- 
place, en ce qu’elle fait la somme des réfractions proportionnelle à l’am- 
plitude de l'arc. Elle est, comme la sienne, composée de deux facteurs, 
dont l’un est célui que l’on obtiendrait si la température était constante 
dans toute la masse d’air traversée par les rayons lumineux. Mais 
l'autre facteur, qui. dépend du décroissement actuel des tempéra- 
tures, au lieu de rester indéterminé, se trouve exprimé en fonction des 
coefficients actuels des paraboles atmosphériques, de sorte qu’on l'ob- 

C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N°24.) 116 


( 852 ) 

üent en nombres, quand elles sont connues. En l’appliquant à l'exemple 
que j'avais considéré d’abord , et supposant toujours à l'angle au centre 
cette grande valeur 1° 30’, la somme des deux réfractions ainsi calculée s’est 
trouvée trop faible seulement de 16”,54 sur 13 32/,10; et, en y joignant la 
supposition de leur égalité, que nous avons vu ne comporter aussi qu’une 
trés petite erreur, la différence de niveau, déduite de la distance zénithale 
inférieure, a été seulement de 16*trop forte sur 1846". L'écart était à peine 
sensible en faisant usage de la distance zénithale supérieure, parce que 
les deux erreurs, de l’'approximation et de l'égalité supposée, se compen- 
saient alors presque exactement. Cette forme d’approximation aurait donc 
été déjà presque suffisante même pour un si grand arc, et son exactitude 
croît rapidement à mesure que l'arc décroît. On pourra donc.s’y borner 
habituellement dans les opérations pratiques. Mais, pour qu’elle ait ces 
avantages , il faut toujours que le coefficient de la proportionnalité soit 
calculé, comme je l’ai fait, d’après les éléments météorologiques actuelle- 
ment propres à la masse d’air qui sépare les deux stations. Cette condi- 
tion le rend un peu différent pour des épaisseurs diverses, dans une même 
atmosphère et en partant d’une même station, comme il était naturel de 
s'attendre que cela arriverait, quand on l’évaluerait complétement. Je 
montre par des exemples numériques l'influence de cette légère variation 
et son utilité. 

» J'ai employé cette forme d’approximation pour calculer les réfractions 
qu'on devait appliquer aux distances zénithales entre Clermont et le Puy- 
de-Dôme, qui ont été communiquées à l'Académie, le 6 août dernier: Je me 
suis servi pour cela des éléments météorologiques qui ont été déterminés 
aux deux extrémités de l'arc, mais seulement en-ces deux points; circons- 
tance d’autant plus regrettable qu'on y remarque dans le décroissement 
des températures une inversion de la loi habituelle qui aurait bien mérité 
d’être suivie dans les couches intermédiaires. Je suis ainsi arrivé à cette 
alternative : ou le décroissement des densités éprouvait alors une pertur- 
bation excessive, et dans ce cas aucun calcul de réfraction n'y est appli- 
cable, puisque ses particularités ne sont pas connues; ou bien il s’est glissé, 
je n’osérais dire dans les observations, mais dans leur transcription 
sur les registres, ou dans leur réduction à des mires correspondantes, 
quelque erreur de nombres qui produit entre les deux distances zéni- 
thales une discordance de 36”,8. Toutefois, l'angle au centre est si excessi- 
vement petit, que la différence de niveau calculée par lune ou l’autre 
distance zénithale, et avec ou sans la réfraction , a toujours à très peu 


(853 ) 


près la même valeur. Mais, par cela même, ces observations ne pourraient 
pas servir pour justifier une méthode théorique d'évaluer les réfractions ; 
et je ne les ai discutées, que parce qu'on a voulu en faire cet usage. 

» Pour compléter ces épreuves numériques, j'ai appliqué les formules 
tant rigoureuses qu’approximatives à la détermination des hauteurs par les 
dépressions-de l'horizon de la mer. Ce cas rentre dans celui des distances 
zénithales réciproques et simultanées, ces deux caractères étant naturelle- 
ment-réalisés par la condition de tangence de la trajectoire. Mais, pour le 
résoudre exactement, il faut toujours connaître le décroissement actuel 
des densités qui s’y applique; et par conséquent les déterminations mé- 
téorologiques qui le donnent sont encore indispensables. Supposant donc 
celles-ci obtenues comme elles doivent l'être, je les introduis dans les for- 
mules, soit rigoureuses soit approchées; et la comparaison des résultats 


- numériques, même pour un angle au centre de-1°30/, prouve que ces 


dernières pourront toujours y être employées, sans autres erreurs sensibles 
que celle qu'introduira toujours l'imperfection inévitable des éléments 
admis. 

5 Ayant constaté par ces épreuves l'exactitude et le bon usage des 
formules que j'avais théoriquement établies , pour calculer les valeurs 
actuelles des réfractions terrestres , d’après les circonstances météorologi- 
ques qui les accompagnent, j'ai dû examiner leurs rapports avec les mé- 
thodes précédemment données par les géomètres , et qui ont été jusqu’à 
présent employées dans les applications. 

» M. Laplace me semble avoir été le premier qui ait fait sentir la né- 
cessité de plier les formules générales des réfractions atmosphériques aux 
lois réelles du décroïissement des densités, et qui ait cherché à leur donner 
ce caractère. Après avoir constaté le sens, ainsi que l'étendue moyenne 
des erreurs que présentent ces réfractions dans-les hypothèses de décrois- 
sements en progression arithmétique ou géométrique, qu'on avait seules 
employées avant lui, il combina ces deux progressions dans une expres- 
sion émpirique , dont il détermina les constantes de manière à représenter 
le décroissement moyen des températures, et la réfraction horizontale 
moyenne, au niveau de la mer, tels qu’on les connaissait ou qu’on les ad- 
mettait. De cette expression, étendue par analogie à toute l’atmosphère, 
il tira d’abord la réfraction astronomique; puis, la développant en série, 
pour de très petites hauteurs au-dessus du niveau des mers, il en conclut 
aussi la portion de la réfraction totale qui s'opère entre ces limites, et 
que l’on appelle la réfraction terrestre. Mais il ne chercha point, où ii ne 

116.. 


( 854 ) 


songea pas, à tirer des observations météorologiques faites simultanément, 
à des hauteurs diverses , le mode réel_et actuel du décroissement des den- 
sités, pour l’introduire ensuite dans les expressions des réfractions avec ses 
particularités accidentelles ou locales. De sorte que les tables numériques 
construites d’après les déterminations qu'il avait obtenues, furent, par une 
simple présomption d’analogie, employées dans toutes les saisons et sous 
toutes les latitudes, quoique la constance et l’universalité de décroisse- 
ment que cette extension exige n'existent en réalité, ni pour les temps, ni 
pour les lieux. 

» On a même supposé que le coefficient de la réfraction terrestre qu'il 
avait calculé pour les trajectoires voisines du niveau de la mer, pouvait être 
employé en tout temps comme à toute hauteur au-dessus de ce niveau, 
en faisant seulement varier la densité qui l’accompagne, et qu’on obtenait 
ainsi les réfractions propres à la couche d'air où cette densité existait ac- 
tuellement. (Voyez le n° du Compte rendu pour le 2 juillet 1838, pages 6 
et 7.) Mais c'était là une interprétation dont l'inexactitude se manifes- 
tait par ses conséquences mêmes. Car il en serait résulté que la somme de 
toutes les réfractions opérées sur un même arc, d’une même trajectoire 
lumineuse, se serait trouvée différente , proportionnellement aux densités 
prises pour point de départ, quand on l'aurait calculée en montant ou en 
descendant. Je dois ajouter toutefois que la formule, considérée isolément , 
prétait à cette illusion, et qu'il faut remonter assez loin dans la chaine des 
raisonnements pour découvrir le principe de l'erreur. J'éclaircis ce point de 
théorie dans une Note mathématique jointe au présent extrait. 

» Après M. Laplace, M. Ivory parvint à représenter aussi approximati- 
vement le décroissement moyen des densités atmosphériques par une 
expression beaucoup plus simple. Il en déduisit également les réfractions 
tant astronomiques que terrestres, en déterminant ses constantes par des 
considérations analogues ou équivalentes. Mais les nombres obtenus ainsi 
ne s'appliquent de même qu'aux circonstances moyennes dont il avait tiré 
les éléments de ses déterminations; ét il ne leur a pas non plus attribué 
un autre usage. 

» Le tome 1v des Comptes rendus, pages 715 et suivantes, renferme un 
Mémoire où lon va plus loin. Les formules des réfractions terrestres y 
sont étendues et appliquées à l’état local et accidentel de l'air, constaté par 
les observations météorologiques. Comme ce but était aussi le mien, j'ai 
dû examiner s'il y avait du rapport entre les méthodes. 

» Le Mémoire est intitulé : de l'utilité des mesures barométriques et ther- 


(855) 


mométriques, dans le calcul des différences de niveau par les distances 
zénithales réciproquement observées aux points de:station dans un réseau 
de triangles. Je cite le titre entier, parce que l'emploi des observations 
barométriques et thermométriques semble établir une analogie complète 
avec mon travail. Mais la manière d'introduire et d'employer ces observa- 
tions est très différente. Je suppose les éléments météorologiques constatés 
à diverses hauteurs dans la masse d’air traversée par la trajectoire lumineuse, 
afin d'en déduire le décroissement actuel des densités, et par suite les 
réfractions, ce que je fais rigoureusement. L'auteur du mémoire, au con- 
traire, suppose les éléments météorologiques déterminés dans une seule 
station ; et; avec cette donnée unique, il entreprend de calculer les réfrac- 
tions sur tous les arcs de trajectoire lumineuse qui y parviennent. Ce 
problème est évidemment impossible à résoudre, à moins qu’on ne, sache 
comment les densités varient dans le milieu traversé par les rayons, ou 
que l’on ne supplée à cette connaissance par quelque hypothèse. C’est aussi 
ce que fait l’auteur. Il prend d’abord la formule de M. Laplace qui 
exprime la somme des réfractions opérées dans ure amplitude donnée 
d’arc, lorsque la température est supposée constante dans toute l’atmos- 
phère; puis il attribue à une des quantités littérales qu’elle renferme, 
une signification physique qu’elle n’a point en réalité, et d’où il concint 
qu’elle doit être plus grande, dans l'atmosphère réelle, que si on la caleule 
d’après ses vrais éléments. Alors il en altère l'effet dans ce sens, par la 
soustraction d’une constante numérique, dont il choisit la valeur pour ac- 
corder la formule avec un cas: particulier d'observation; puis, ainsi modi- 
fiée, il la donne comme applicable à toutes les hauteurs des stations 
géodésiques, et à tous les états de l'air. Présentée dans ces termes, elle 
est évidemment hors de toute théorie, conséquemment de toute discus- 
sion: Mais sa composition, et les éléments numériques qu’elle renferme, 
permettent d'apprécier ses résultats généraux. Or, non-seulement elle ne 
donnera pas les vraies réfractions applicables à chaque état de l’atmos- 
phère, mais elle sera généralement contradictoire avec elle-même; c’est-à- 
dire, que, dans un même état de l’air et sur un même arc d’une trajectoire 
lumineuse, la somme des réfractions donnée par cette formule se trouvera 
différente, quand on la calculera en remontant la trajectoire ou en la des- 
cendant. C’est ce dont on peut voir la preuve mathématique dans la 
Note jointe au présent extrait. Par ces motifs, les réfractions que l’auteur 
en a déduites, et qu'il a appliquées aux distances zénithales observées 
dans la triangulation d’Espagne, ne me paraissent pas pouvoir être admises 


( 656 ) 


comme vraies, quoique leur erreur pût n'être pas bien sensible, si on les 
employait, sans vérification, pour calculer de très petites différences de 
niveau. Au reste, ces observations telles qu'on les fit alors suffisent pour 
réduire à l'horizon les angles observés dans des plans obliques; c'était le 
seul usage auquel on les destinait. IL est-sans doute regrettable qu’elles 
n'aient pas été accompagnées d’un système d'observations météorologiques, 
tel qu'on pourrait l'indiquer aujourd'hui ; mais on n’en savait pas alors 
l'utilité. Si, désormais, les observateurs, mieux avertis, recueillent de pa- 
reils documents, non-seulement leurs- opérations en seront améliorées, 
mais ils nous donneront sur la statique de l’atmosphère. des notions po- 
sitives, dont l'astronomie pourra tirer de grands secours pour calculer 
les inégalités encore inconnues que les réfractions atmosphériques éprou- 
vent par la variation du décroissement des densités sous diverses latitudes 
et en différentes saisons. Mais pour donner à ces déterminations l'exactitude 
qu’exige aujourd'hui l'état des sciences, il faudrait, avant toute chose, 
avoir des procédés pratiquement applicables, pour obtenir la température 
propre de l'air, qui, dans les indications du thermomètre ordinaire, se 
trouve mêlée aux effets du rayonnement dont cet instrument est affecté. 
L'invention de pareils procédés serait sans doute un-des plus beaux pré- 
sents que l’on püt faire aujourd’hui aux sciences physiques; car les lois 
d'équilibre et de dilatation des masses gazeuses étant maintenant fixées, la 
température propre de l'air est le seul élément qui manque à la météoro- 
logie pour connaître la véritable stratification des couches atmosphé- 
riques, et à l'astronomie pour en déduire les vraies valeurs des réfractions, 
dont elle a sans cesse besoin. 


».Je vais prouverici, par le calcul, l’inexactitude de l'interprétation donnée à la 
formule approchée de M. Laplace, et montrer les impossibilités physiques Ms 
conduirait l’extension que l’on a voulu lui attribuer. 

» Pour plus de clarté, j’emploierai-une notation un peu différente de la sienne, mais 
que j'aurai soin d’y ramener, s’il en est besoin. 

» Considérons d’abord spécialement une certaine couche aérienne e placée à à la distance 

“ du centre de la Terre. Nommons e’ sa densité, p’ la pression qu’elle supporte, 
g' l'intensité de la gravité qui s’y exerce. Soit aussi Z’ la longueur d’une colonne d’air 
fictive , ayant partout la densité &', et qui, animée par la gravité g’, équilibrerait par son 
poids la pression p'. On aura, d’après ces conditions, 


p' = eg. 


La longueur /’ est un élément d’abréviation commode à -introduire, parce qu’il entre 


( 857 ) 


explicitement dans toutes les formules, dont il fait disparaître à la fois la pression p”' et 
la gravité g” ; mais iLest d’ailleurs purement idéal. 

» Désignons maintenant par e la densité d’une couche aérienne quelconque dont Je 
rayon est r ; et faisons avec M. Laplace, 

= —=1—$; 

e sera généralement une fonction de:s dépendante de la constitution: d’atmosphère que 
l’on veut considérer. Nommons encore > comme lui, d l'élément différentiel de la ré- 
fraction qui s'opère dans l’amplitude infiniment petite dv comprise entre deux rayons 
vecteurs infiniment voisins de la trajectoire lumineuse. Si l’on prend pour unité la vi- 
tesse de la lumière dans le vide, et que l’on désigne par k le pouvoir réfringent de 
l'air pour la densité 1, on aura généralement 


© 2k (15) = 
FER re 


L’intensité de la force accélératrice qui sollicite la molécule lumineuse en chaque point 


dy. 


u ; È Das de\ .(1—s) /de 
de la trajectoire, est représentée ici par— 2 À (5) ou — 24 PTE G Ë 


» En bornant l’expression de d5 aux nivellements géodésiques; la condition de visi- 
bilité réciproque des stations consécutives, y rendra toujours l’angle y très petit; et les 
valeurs de la variable s seront aussi toujours très petites , dans l'intervalle de hauteur 
que l'intégrale doit embrasser. On sait d’ailleurs qu’en général la densité des couches 
aériennes varie ‘ur un même rayon r'avec lenteur et continuité, ce qui communique 
les mêmes propriétés à la force accélératrice qui fait décrire la trajectoire: Admettant 
donc que ces caractères généraux subsistent, ou ne soient que peu troublés, dans la 
petite étendue de variation des quantités v et s que doit embrasser l'intégrale, on voit 
que l'on aura une valeur déjà très approchée de celle-ci, en substituant au coefficient 
variable de dv, un coefficient moyen et constant, formé avec les valeurs moyennes des 
facteurs qui composent le coefficient réel. D’après cela, si l’on désigne par s" ete” les 
valeurs’ de s et de g à la limite extrême de l'intégrale, comme elles sont o et g’ à l’origine 


des s, il faudra d’abord remplacer g au dénominateur par = (g +e”), et s au numé- 


= s" id lieu du facteur 
rateur par à $ » CE qui. Connera, au lieu du facteur 1 — S, 


ae ce À CARE di di 
Ensuite, si l’on désigne les valeurs extrêmes du facteur différentiel par (©) et (©) , la 
première ayant lieu quand s —0, et la deuxième quand s = s”, il faudra remplacer 


di : . : 
(©) par la demi-somme de ces valeurs. Le coefficient variable de dv étant rendu cons- 


( 858) 


tant par cette approximation, l'intégrale en v peut s'effectuer, et en la comniençant à 
la station d’où partent les s, dans la couche dont la densité est &’, on aura 


ts A) CG), + (@)] " 


(1) CE ME CD 
1+2k(e+e") 

v est l’amplitude totale de l’angle au centre compris entre les rayons vecteurs extrêmes 
de la trajectoire, et 6 est la somme totale des inflexions, par conséquent des réfrac- 
tions, successivement opérées dans cet intervalle sur chacun de ses éléments. L’expres- 
sion de # montre que, dans les limites de l’approximation ici obtenue, cette somme, 
pour toutes les trajectoires comprises dans la même épaisseur d’air, est proportion- 
nelle à l'angle v. Mais sa valeur absolue dépend des valeurs, extrêmes de g et des, 
ainsi que du mode de décroissement des densités, caractérisé par les valeurs extrêmes 


d : : : 
de (5) , dans la masse d’air que la trajectoire parcourt. 


» Supposons maintenant que l’on veuille transporter l’origine des s dans la couche 
d’air dont le rayon est r”. Si nous désignons leurs nouvelles valeurs pars, il faudra 
faire 


1 ' 


Lé dir 
FL. Or, nous avons déjà = =t— 5, 
on aura donc généralement 


! 


d Tr 
NU es : 
pales CA ce qui équivaut à s=s Fe 


Alors si l’on demande la somme des réfractions opérées dans l'amplitude v entre les 
couches aériennes qui ont pour rayons r”et 7”, l'expression précédente de 0 étant appli- 
quée aux nouveaux symboles, donnera, dans les mêmes conditions d’approximation 4 


RON ON 


(2) ER 


TRACE 


Je dis d’abord que ces deux formules sont concordantes entre elles, de sorte que si 
l’on émploie la seconde pour redescendre de la couche d'air où r —r" à celle où r — r', 
la somme des réfractions, dans cette épaisseur d’air, se retrouvera la même, à égale 
amplitude, que celle que la première formule donnerait. Pour le faire voir, il faut 
remarquer que les coefficients différentiels, caleulés à partir des deux origines, sont 
liés généralement l’un à l’autre par les relations établies entre les variables s et &; 
c’est-à-dire qu'on a toujours 


de de de\ dr Ce LH GS (&) æ’ É 
(&) — Q (3) Or, 2) = 73 donc généralement = 


ds 


L de r" [de 
Maintenant : lorsque -—0,onar=—r"ets ==", conséquemment (©). = 7 (É à 


( 859 ) 


fr r' # 


r 
» Lorsquer= r', on a  — Arr 


5 : tal 2) € 
ce qui donne s — 0 ; conséquemment alors (É } — A ( 62 


es d di pd a 
d’où résulte () ae (£ Le LC). re (). 


r'æÆr 


Dans ces mêmes circonstances le facteur 3° devient 


; et le facteur g” + 7 


devient &” + e’. En substituant ces diverses valeurs dans l'expression de &, elle donne 
identiquement la mêrne valeur que l'expression en s, pour le même arc ». Cette identité 
doit en effet s’obtenir dans toute approximation régulièrement calculée, ‘car elle signifie 
seulement que, sur un même arc, d’une même trajectoire, la somme des réfractions 
opérées se retrouve égale, soit qu'on la calcule en montant ou en descendant. 

» Appliquons notre expression générale de 6 à la notation adopée par M, Laplace 
pour représenter le décroissement des densités » et nous en déduirons sa formule, qui 
devra se trouver assujétie à la condition précédente. Il démontre d’abord que, si la tem- 
pérature était constante dans toute l'atmosphère, et que l’ôn mit Porigine des s dans 
la couche aérienne dont la densité ést g' on aurait généralement 


(3) ge = é'e ; 


e étant le nombre dont le logarithme hyperbolique est l’unité, et /’ la constante fictive 
dont j'ai défini plus haut la signification, ainsi que la valeur, Mais cette expression 
donnerait un décroissement des densités beaucoup plus rapide qu’on ne l’observe dans 
l'atmosphère réelle. Car, en supposant, par exemple, que la densité g” soit celle quia 
lieu à la température o°, quand la pression p’ est équilibrée Par une colonne de mer-- 
cure de,0",76, à cette même température, et animée par la gravité qui a lieu à Paris, 
ce qui met l’origine des variables s. au niveau de la mer sous la latitude de cette ville, 
l'expression précédente de g, développée suivant les puissances de s, et bornée à la pre- 
mière, donnerait 
ee (— 798,37.5), 


tandis que, dans ces mêmes circonstances, pour satisfaire au décroissement réel des 
températures, et à la réfraction horizontale observée; tels que M. Laplace les adopte, 
il trouve qu’on doit préndre 


ge —= 6" (1 — 591,55r.s). 


On voit donc que, pour plier l'expression (3) de e à l’état réel, en laissant en évidence 
Sa connexion physique avec le cas d’une température constante , il faut affecter 
(2 


l'exposant > d’un facteur S, qui sera généralement une-fonction des dépendante du 
décroissement actuel des températures ; et auquel on pourra donner la forme 
S= 1 + 5 + is + ds5*. .;..ete., 
C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VI1, No 21.) 117 


( 860 ) 


(2, 2,, à,.... étant des coefficients numériques, résultant du mode actuel de décrois- 
sement des températures, à partir de la couche où commencent les variables s. On aura 
donc alors , dans l’état réel et donné de l’atmosphère, 


‘ Me 77 Ss 
8 =—=6:€ ; 
d’où l’on tire généralement 
de r' d(Ss) 
ds RÉ Ar 
Ainsi, dans les cas particuliers où s — o et s = 5”, on aura 


deN RER di(Ss)TIRe de\T 0) ur gd (Ss)T! :, 

+).= Adsraipal Se (). = Puit dsnake; 
En substituant ces deux valeurs dans notre expression générale de 9, pour l’amplitudev, 
la somme des réfractions opérées sur un arc de trajectoire compris dans cette ampli- 


D 


plie 264 An 4°, SIN ToN insbents sans) 
1+2(+e) 
M. Laplace, considérant que l’angle v est toujours très petit dans les applications, 
néglige, dans le facteur définitif qui multiplie Æ, tous les termes affectés des puis- 
sances de X ou de s, ce qui lui permet d’y faire ge” égal à &’ etr” égal à r. L'expression 
de @ ainsi réduite, devient donc 


d (Ss) RU 
. 2ke. rL<S ke ou 2ke 


tude, devient 


. 
c’est précisément celle qu’il a donnée. 

» Supposons, maintenant, qu’en plaçant l’origine des s à une certaine hauteur, par 
exemple au niveau de la mer, on ait trouvé que, dans certaines ape at- 


mosphériques, telles que nous les avons spécifiées ci-dessus , le coefficient + est égal 


au nombre 571,551. Devra-t-on en conclure que, dans ces mêmes circonstances, ou 

à toute autre époque, si l’on se place dans une couche aérienne, quelconque, dont 

la densité actuelle soit g", la somme des réfractions, dans l’amplitude v, sur des tra- 

Jectoires peu distantes de cette couche, sera généralement 24e" s SE GER , le facteur 

qui exprime la densité étant seul changé? Telle est l’assertion qui a été émise dans le 
° des Comptes rendus du 2 juillet 1838, pages 6 et 7. 

» Mais il est évident qu’elle serait inexacte, même quand l’état atmosphérique 
n'aurait pas varié. Car, en prenant r” assez peu différent de r‘ pour que l’approxi- 
mation püût s'appliquer à tout l'intervalle d'épaisseur r'— 7’, la somme des réfractions 
opérées dans cette épaisseur, pour l'amplitude », sur une même trajectoire, serait 
2kg".571,551.v, par la première évaluation, et 24".571,551.v, par la seconde : de sorte 
que cette somme se trouverait différente, dans la proportion des densités &’, £”, selon 


( 861 ) 


qu’on la calculerait en montant ou en descendänt, ce qui implique une contradiction 
physique. A plus forte raison ne pourrait-on pas opérer de cette manière si l’état 


ds é cp : nn RENE à 
atmosphérique avait varié depuis la première évaluation de 773 car ce facteur aurait 


dû changer aussi pour s'adapter aux nouvelles conditions de décroissement. 
» Cest aussi ce que montre l’expression exacte de 0, lorsque l’on transporte l’origine 


des s à la hauteur où la densité est &; car le coefficient - change pour s'appliquer 


à la nouvelle densité prise comme terme de départ, même quand l’état atmosphérique 
reste constant. En effet, en désignant par + les nouvelles variables comptées de la 
couche où la densité est £”, on a généralement 


par conséquent, l’expression de £ en rest 


5 {62 +2 E [22] + rs Pa(S)] mn ete. }, 


2 ET Tarn ds? J: 


1 


— ge 
ou, en isolant le premier terme de l’exposant, 


ra d (Ss) x 1" [£ ee] I d3(Ss) ÿ 
e == ge Tr {[ ambre landlt has [ee as 1,7 re ete. 


» Pour conserver plus complétement l’analogie avec le cas d’une température cons- 
tante, je remarque que, alors, les pressions étant proportionnelles aux densités, les / 
sont inverses des gravités à diverses hauteurs, et par conséquent proportionnelles aux 
carrés des distances au centre des couches. Introduisant donc auxiliairement une nou- 
velle constante Z”, telle qu’on ait 

LE 
; mm, 


: à æ. Here : : 
le coefficient exponentiel de toute la série sera — =. Si l’on fait de plus, par abré- 
P 1 P P 
viation, 


F = Ta 1.27 c[<È ds? 


on aura généralement \ 


re Md(Ss)7 ., 
a fre js EUTEES ef; 


Tr 
PRES Lac 
2= ee 
d’où l’on tire 
de __ r'd(z) 


CARRULR Lu Le 


Z est donc la fonction qui dépend du décroissement des températures, à partir de 
la couche aérienne où les variables c'commencent. 


117. 


( 862 ) 


» Ces expressions en rsont tout-à-fait analogues à celles que nous avions obtenues 
en s, à cela près que Jes coeflicients numériques z, z,, à... sont maintenant rempla- 


Ss EAU 2(S A a 3e 
cés par les quantités [CE C9) ÉD ee 2) , etc. ... Si on les introduisait 
2 : 2 


dans l'expression soit de 6, pour calculer la somme des réfractions sur les tra- 
jectoires comprises entre les densités g", ge’, on la retrouverait la mème que précé- 
demment, comme nous l’avons démontré en général. Je vais donc me borner ici à 
vérifier cette identité pour l'expression incomplète de M. Laplace, sauf les quantités 
qu'il s’est permis de négliger. En la prenant ici en set e” telle que nous l’avons prise 
tout-à-l'heure en s et e‘, c’est-à-dire en la limitant de même , elle sera évidemment 


d(&e) (Ss) 
2h" 7 Fr [ JO | au lieu de 24e qe D] v 


( 


Or en effet ces deux quantités sont égales dans les limites d’approximation adoptées ; 
car d’abord on a eu précédemment 
de ‘+ r' Md(Ss) ; 
ds L USE, £ 
ce qui transforme la seconde valeur en — 24 (&) .v 
LA 


Par une raison pareille la première valeur se transforme en — 24 (£ n E) ». 


a = (Se bien (4 
NT PE 4) CNE 


En outre, quand = 0, s — 5"; conséquemment 
de ‘ de [de 
(). = ë (2), et par suite — 2k () v — — 2k 7 (RE): 


k d : bS 
ce qui équivaut à — 24 (-< », quand on néglige les termes affectés des puissances 
qui'éq %s ), 4 gg P 


Or, on a en général 


de s dans le coefficient définitif de v , comme le fait M. Laplace. Cette limitation revient 
évidemment à considérer , dans le coefficient de v, la force accélératrice comme sensi- 
blement constante sur l'arc de la trajectoire compris entre les densités g’ et e"; mais 
l'identité du coefficient devient rigoureuse quand on emploie notre expression com- 


plète de 8, comme nous avons commencé par le démontrer. 
» L'auteur du Mémoire inséré dans le tome IV des Comptes rendus, page 715 et 
suivantes, a fondé sa formule des réfractions terrestres sur l'expression approximative 


r/ 
2ke' T ., 


qui.est propre à une atmosphère de température constante, ‘en y faisant une modifica- 
tion qu’il suppose suflire pour l’adapter aux réalités. 


( 863) 


», Pour cela, il commence par calculer la valeur de Z' d’après les éléments météoro- 
logiques observés dans la couche dont la densité est g'+ Soit 1’ la température de cette 
couche, p' la pression totale qu’elle supporte, x’ la partie de la pression qui est pro- 
duite par la vapeur aqueuse, et g’ la gravité à cette hauteur, G étant son intensité à 
J’Observatoire de Paris. Nommons / une constante numérique qui se déduit des poids 
spécifiques de l’air et du mercure, constante que l’auteur évalue à 7060"; enfin re- 
présentons par « le coefficient de la dilatation des gaz secs, 0,00375. L'expression 
exacte et connue de /’, est 


re G+é)p" 
FF G p'— 10067" 


G MÉPÉITEEUE aise 
» L'auteur omet le facteur g> < qui revient à le supposer égal à 1; eten effet, les 


couches aériennes dans Jesquelles on veut évaluer les xéfractions sont toujours si peu 
distantes de la! surface terrestre » qu'on y peut supposer la gravité sensiblement la 
même qu’à cette surface. L'auteur considère ensuite que le coefficient de », ainsi calculé, 
avec la valeur actuelle de /', peut être appliqué à une couche aérienne quelconque ayant 
la densité &'; et qu’il donnerait la somme des réfractions opérées dans l'amplitude y, 
sur toutes les trajectoires qui s’écarteraient très peu de cette couche, si la température 
était constante et égale à #’ dans toute l'atmosphère , comme le suppose la valeur spé 
ciale S — 1. Alors, pour le ramener à la réalité, il fait le raisonnement suivant, que je 
transcris de son Mémoire : 

» IT est à remarquer, dit-il, que la hauteur de l'atmosphère représentée ici par I 
suppose la densité de l'air et la température constantes dans toute l'étendue de La colonne 
atmosphérique. Or, au contraire, cette densité et cette température décroissent à mesure 
gu'on s'élève dans les régions supérieures. Iles1 donc évident que la valeur de L, éva- 
luée ici approximativement à 7960", est beaucoup trop Petile, ou, ce qui revient au méme, 
P'— 10067" 

la + pp 
Pour répondre au cas de la nature. En conséquence de cette réflexion, l’auteur écrit dans 


I . I 3 3 4 c 
sa formule = — Z& au lieu de Z? & étant un terme correctif auquel il attribue la 


que lé facteur ( qui est ici > ) doit étre diminué d'une certaine quantité 


70 
valeur constante 0,00001393. La somme des réfractions dans l'amplitude #, sur les tra- 
jectoires qui s’écartent peu de la couche où la densité est e, se trouve ainsi être 


Der 2) RÉ ets , [TP — 10067! 
2ke'r bæ — 5], ou he — 9,00001393 Je. 


Prenant donc:la moitié de ce résultat, l’auteur le considère comme devant exprimer 
les réfractions locales et actuelles, qui ont lieu à chaque extrémité de la trajectoire, 
dans la supposition habituellement admise de leur égalité. 

» La signification physique attribuée par l’auteur à la constante Z n’est point exacte ; 
Z'est un nombre de mètres qui se déduit rigoureusement du rapport des poids de l’air et 
du mercure, et qu’on introduit afin de pouvoir exprimer la pression en fonction de la 


! 


colonne barométrique observée. La diminution qu’il faut faire subir au facteur 7ue 


( 864 ) 

peut donc pas être justifiée par cette interprétation, et j'ai dit plus haut, d’après 
M. Laplace , sa cause véritable. L'introduction empirique de la constante corrective— 4 
ne peut suppléer généralement à la fonction variable S ou > qui dépend du décroisse- 
ment actuel de la chaleur. L'expression adoptée par l’auteur du Mémoire étant ainsi 
sans fondement théorique, on ne peut en admettre l’usage comme légitime, ni comme 
devant toujours se trouver conforme aux circonstances atmosphériques actuelles , ainsi 
qu’il le prétend. Mais on peut néanmoins examiner si elle est concordante avec 
elle-même , c’est-à-dire si, étant appliquée aux deux extrémités de l’arc d’une même 
trajectoire lumineuse , elle assignera une valeur égale à la somme totale des réfractions 
qui s’y produisent. Or, d’après la faculté que l’auteur lui attribue de s’appliquer immé- 
diatement à une couche quelconque , au-dessus ou au-dessous de celle dont la densité 
est g et la température #’, en changeant seulement ces quantités, ainsi que 7’, cette 
constance de résultats ne saurait avoir lieu, à moins que l’atmosphère dans laquelle 
les réfractions s’accomplissent, ne possède entre ses différentes couches la relation néces- 
saire pour Hopeer , Cest-à-dire qu’on n’y ait généralement 


» Cette condition est donc indispensable , uniquement pour éviter que les résultats 
calculés en divers points d’une même trajectoire ne se contredisent, et sans qu’on 
puisse pour cela inférer qu'ils représenteront les réfractions actuelles que l'atmosphère 
réelle produit. Or, la relation ainsi exigée , étant combinée avec les lois d’é équilibre et 
de dilatabilité des couches aériennes , détermine complétement la constitution atmos- 
phérique, sans y laisser d’autre arbitraire que la température f actuellement propre à 
la couche d’air prise pour point de départ. 1l est donc impossible qu’avec cette seule 
indétermination elle suive tous les changements accidentels de l’atmosphère réelle, et 
ainsi il y aura généralement contradiction entre les résultats qu’elle donnera. pour 
diverses hauteurs; après: quoi il restera encore incertain, et excessivement improbable, 
que ces résultats soient conformes aux vraies réfractions. En supposant, par exemple, 
ft —0, p =—0,"76, et négligeant la tension #' de la vapeur aqueuse, je trouve que, 
pour la seule condition de concordance, le décroissement initial des températures autour 
de la couche dont la densité est g’ devrait être de 1° centésimal pour 63",54, résultat 
à peu près triple de celui qu’on observe habituellement dans l’atmosphère réelle, en 
prenant Les mêmes termes de départ. Mais alors en représentant, pour abréger, par à la 
constante 06,0000 1393, qui doit être ici inverse d’un nombre de mètres, la somme 
des réfractions pour l’amplitude », autour de la couche dont la densité est &', étant 
évaluée , pour un pareil état atmosphérique, selon l’approximation de M. Laplace, ne 


2ker 70), ou u 2 is (1 — 15) 


eowme l’auteur le suppose; elle serait 


serait pas 


- 2ke'r' 
l'(2— b7) F 


( 865 ) 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la propagation du mouvement 
par ondes planes dans un système de molécules qui s'attirent ou se 
repoussent à de très petites distances. Analogie de ces ondes avec celles 
dont la propagation donne naissance aux phénomènes de la polarisation 
de-la lumière et de la double réfraction; par M. Aucusrin Caucar. 


-: « Parmi lés mouvements que peut cffrir un système de molécules 
sollicitées par des forces d’attraction ou de répulsion mutuelles, on doit 
‘ surtout remarquer les mouvements: vibratoires périodiques. Le calcul 
montre que de semblables mouvements peuvent avoir lieu de telle sorte 
qu’à chaque instant toutes les molécules situées dans l’un quelconque des 
plans perpendiculaires à une droite donnée, offrent des vitesses égales et 
dirigées suivant des droites parallèles. Il peut d’ailleurs arriver que l’am- 
plitude de chaque vibration, c’est-à-dire la plus grande distance à laquelle 
une molécule vibrante s’écarte de la position qu’elle occupait dans l’état 
d'équilibre, soit une distance invariable et indépendante de la position du 
plan perpendiculaire à la droite donnée, ou bien que cette distance varie 
avec la situation de ce même plan. Dans le premier cas, le système de 
molécules que l’on considère peut être divisé en tranches, que nous ap- 
pelons des ondes planes ; par une infinité de plans équidistants, perpen- 
diculaires à la droite donnée, et tellement choisis que les molécules situées 
dans ces divers plans soient toutes au même instant animées de vitesses 
égales, et dirigées suivant des droites parallèles. Alors l'épaisseur d’une 
tranche sera ce que nous nommons l'épaisseur d'une onde plane ou la lon- 
gueur d'une ondulation. Lorsque cette épaisseur sera très petite , les deux 
plans qui terminerontune ondese confondrontsensiblement l’un avec l’autre 
comme avec chacun des plans intermédiaires, et lon pourra en conséquence 
nommer plan d'une onde tout plan perpendiculaire à la droite donnée. Le 
calcul prouve encore: que chaque onde se déplace avec le temps, et se pro- 
page avec une vitesse constante équivalente au quotient qu’on obtient 
quand on divise l'épaisseur d’une onde par la durée d'une vibration mole- 
culaire. Cette durée est le temps même qu’emploie une molécule partant 
d'une position donnée pour y revenir, en vertu de son mouvement recti- 
ligne ou curviligne. D'ailleurs; lorsque la molécule ne se meut pas suivant 
une droite tantôt dans un sens, tantôt dans le sens opposé, la courbe 
qu’elle parcourt est généralement une ellipse, dans laquelle le rayon vecteur 
mené du centre à la circonférence, décrit des aires proportionnelles au 


( 866 ) 


temps. Mais, si l’on considère deux molécules diverses, les deux rayons vec- 
teurs menés à ces deux molécules à partir des centres des ellipses qu’elles 
décrivent, ne pourront ètre parallèles entre eux, qu’autant que la distance 
entre les plans menés parallelèment aux plans des ondes par lés deux mo- 
lécules, prises dans l’état de repos, seraït un multiple de la longueur d’on- 
dulation. Du reste, l’ellipse décrite par une molécule peut se réduire à un 
cercle, ou même à une ligne droite, et alors on retrouve le mouvement 
rectiligne ci-dessus mentionné. Enfin, pour passer du cas où lampli- 
tude des vibrations est invariable, au cas où cette amplitude varie 
avec la situation du plan de l'onde, il suffit de faire décroître les di- 
mensions de l’ellipse décrite par une molécule, ainsi que les déplace- 
ments de cette molécule, mesurés parallèlement aux axes coordonnés, 
dans le même rapport qu’une exponentielle dont l’exposant négatif soit 
proportionnel à la distance qui sépare la molécule d’un plan fixe mené 
par l'origine parallèlement aux plans des ondes. Dans tous les cas, le 
carré de la durée des vibrations moléculaires se trouve lié à l’épais- 
seur des ondes et aux cosinus des angles que forme la perpendiculaire au 
plan d’une onde avec les demi-axes des coordonnées positives par une 
équation du troisième degré, dont les trois racines correspondent à trois 
systèmes d’ondes parallèles à un même plan. Lorsque certaines conditions 
sont remplies, la propagation du mouvement s'effectue en tous sens, sui- 
vant les mêmes lois. Alors deux racines de l'équation du troisième degré 
deviennent égales entre elles; et par suite, deux des trois systèmes d’ondes 
se réduisent à un seul. Alors aussi, les vibrations rectilignes des molécules 
seront comprises dans les plans des ondes où perpendiculaires à ces 
plans, suivant qu’il s'agira des ondes correspondantes à la racine double 
où à la racine simple de l'équation du troisième degré. 

» Il est facile de reconnaître l’analogie des mouvements que nous venons 
de décrire avec ceux qu'on est obligé d’attribuer aux molécules du fluide 
lumineux, ou de l’éther, pour rendre compte de divers phénomènes que 
présente la théorie de la lumière, et , en particulier, de la polarisation et de 
Ja double réfraction. Si l’on considère les formules obtenues pour un sys- 
tème de molécules qui s’attirent ou se repoussent à de très petites distances, 
comme pouvant effectivement représenter les vibrations des molécules 
éthérées dans les phénomènes Inmineux, les mouvements elliptiques ou 
circulaires ci-dessus mentionnés sérônt ceux que présente le phénomène 
de la polatisation elliptique ou circulaire, tandis que la polarisation de- 
viendra rectiligne si les ellipses décrites par les molécules se réduisent à 


( 867 ) 

des lignes droites. De plus, les deux systèmes d'ondes planes qui se re- 
duisent à un seul quand certaines conditions sont remplies, seront les 
ondes planes admises par Fresnel dans les deux systèmes de rayons 
lumineux que présentent les cristaux doués de la double réfraction, et qui 
se réduisent à un système unique dans les milieux doués de la réfraction 
simple. Ces considérations se trouvent développées dans les deux Mémoires 
que j'ai l'honneur d'offrir aujourd’hui à l’Académie. Le premier, déja 
déposé sur le bureau, dans la séance du 29 octobre dernier, a pour 
üutre : 

Mémoire sur les lois de la polarisation, lorsque la propagation de la lumière 
s'effectue par ondes planes, dans les milieux transparents , et dans ceux 
qui absorbent plus ou moins complétement la lumière. 


» Le second a pour titre : 
Mémoire sur la polarisation rectiligne et la double réfraction. 


» Ce dernier Mémoire est divisé en trois paragraphes. Dans le premier 
paragraphe , après avoir rappelé les formules qui représentent le mouve- 
ment de l’éther dans le cas où la polarisation est rectiligne, je cherche 
ce que deviennent ces formules, quand on s'arrête à l'approximation du 
premier ordre, c’est-à-dire, quand on néglige la dispersion. Dans le se- 
cond paragraphe, je montre comment on peut déduire des formules dont 
je viens de parler les axes optiques des milieux doués de la double 
réfraction. Enfin, dans le troisième paragraphe, j'indique une méthode 
très simple, qui fournit immédiatement l’équation de la surface des ondes. 
J'ignore si cette méthode diffère ou non de celle que M. d’Ettungshausen 
m'a dit avoir substituée avec avantage à l'analyse dont je m'étais servi pour 
le même objet dans mes leçons au Collége de France, et dans mes 
Exercices de Mathématiques. J'ajouterai que cet habile physicien m'a dit 
aussi avoir déduit des formules indiquées sous le n° 1, dans le premier 
Mémoire, les lois de la polarisation dans les corps transparents. » 


C, R, 1838, 2° Szmestre. (T. VII, N° 24.) 118 


( 868 ) 


BoTaniQue. — Monographie des Primulacées et des Lentibulariées du 
Brésil méridional ; par MM. À. pe Sainr-Hirame et F. pr Giranp (1). 
(Extrait par l’auteur.) 


PRIMULACEÆ. 


I. PELzLETIERA, Auc. ST.-Huir. Î 
Pelletiera verna, Auc. Sr.-Hix. Apercu Mém. Mus., IX, 365. — Td., Intr. Plantes 


remar. LIII. 
II. Cenruncuzus, Lis. 
x. Centunculus minimus , Lan. , Sp., 169. 
UT. Anacazzis, Lin. 


1. Anagallis pumila . 
Var. s Linum-stellatum. — À. pumila , Xax., FI. Ind. Occid., 1, 345. — Centunculus 


pentandrus, Brown, Prod., 1, 427.— Anagallis pedunculata, Saxzw., Exsiec. ; 


mt 


Var. B compacta ; 
Var." elongata ; 
Var. à Ruizi.— A. ovalis, RP. Per. IL, 8,t. 115.— A4. sessilis, SAzzm., Exsicc. ; 
Var. e distans. 
. Anagallis alternifolia , Cav., Ic., VI, t. 50! — Cam. ScuLecTEN , Linnæa , 1, 221. 
Var. B parvula. 2 
3. Anagallis tenella. ( Var-filiformis.) — A. filiformis, Serr Cnam. ScELECTEN , Linnæa , 
1,225; 
Var. ascendens. 
f. Anagellis arvensis, ÏWirxn., Sp., 1, 821. L 
Var. « phænicea.— À. arvensis, var. B ( phænicea), Wir. , L. €. — A. arvensis, 
Lin., 8p., 211. — A. phænicea , Law., F1. Fr. , 11, 285. 
Var. B cærulea. — À. arvensis, var. æ (cærulea), Waiin., L. ©. — À. cæruleu , 
Lan. , L. c. 
IV. Samozus, Lan. 
x, Samolus Valerandi, Lan. , Sp. , 243. 
>. Samolus subnudicaulis. — S. foliis obovato-cuneatis, obtusissimis, brevissime acuminatis : 
caulibus subnudis; pedicellis medio bracteatis; filamentis sterilibus ovatis, longe acu- 
minatis ; oyario infra medium adherente. » Ant 


LENTIBULARIEÆ. 
I. Urricuzarra, Lin. (2). 
$ I. Plantæ natantes, liberæ. 


Utricularia olygosperma , Auc: Sr.-Hir. Voy. Diam. , IL, 427.— U. vulgaris, Jos: Mar. 


Vezz., Fl. Flum., 44. F 
ECTS: TES ASE MOI ER PEER AIRE SNNIENS € | RUE SR 


(x) Cette monographie fait partie du 3° Mémoire sur Le placenta central dont j’ailu la première partie 
i PAcadémie, partie dont l'extrait a été publié dans le Compte rendu du G novembre 183. 

(2) Les singularités organiques lrès remarquables que présente le genre Utricularia sont indiquées en 
langage technique dans la Monographie et seront expliquées dans mon Mémoire. 


ï. 


ass = 


( 869 ) 


2. Utricularia myriocista. — U. foliis radiciformibus, decompositis creberrime vesiculiferis ; 
divisuris pluries verticillatis , primariis remotis ; Scapo nudo, paucifloro 3 bracteis 
solitariis, ovato-oblongis.,. basi Hiberis; calycinis foliolis ovatis, obtusissimis ; labio 
superiore amplo. 

3. Utricularia Salzmanni. — U. folis radiciformibus, capillaceo-multipartitis ; parce vesicu- 
liferis ; calycinis foliolis ovato-ellipticis ; calcare descendente > crasso , obtuso, compresso, 
labio inferiore dimidio breviore. — Urricularia verticillata , Satzm., Exsicce. 


4. Utricularia Botecudorum. — U, foliis radiciformibus , capillaceo-multipartitis, haud 
vesiculiferis; calycinis foliolis suborbicularibus; calcare descendente , recto, conico , 
acuto , corollæ longitudine. 


5. Utricularia cucullata. — U. foliüs radiciformibus , oppositis verticillatisve remote ca- 
pillaceo-multipartitis | vesiéuliferis ; scapo nudiusculo , 1 — 2 floro; calycino foliolo in- 
feriore emarginato ; lobis labii inferioris scrotiformibus ; calcare conico-cylindrico , labio 
inferiore longiore. 


6. Utricularia anomala. — U. caule aphyllo, basi fixo, 2 —6 floro ; calycinis foliolis ro- 
tundis ; labio superiore amplo , 3— Iobo, inferiore minore ; palato gibbo , elevato ; cal- 
care brevissimo , 2— dentato. 


$ II. Plantæ basi fixæ (x). 


7: Utricularia pallens: — U. basi fixa seu libera ; caule subcapillaceo 3 1—$quamoso, 
1—3— floro; squama basi fixa; calicinis foliolis subæqualibus , labio inferiore, 
3 — crenato; calcare crasso , conico , recto , horizontali, labio inferiori subæquali. 

8. Utricularia purpureo-cærulea. — U. caule filiformi, 1 — 2 floro ; Squamis basi fixis ; labio 

superiore cordato inferiore obscure 4 — lobo ; calcare porrecta, cylindraceo, apice conico, 

acuto, corollam excedente, 


9: Utricularia sctacea, Macx., Amer.; UV, 12. — LEeCOMTE, Ann. Lyc., 1, 78; €, VAE rx 
(Ie. mala). — U. subulata, Pursu. Amer., T, 15. — U. tremula et U. media, Sazz. , 
Exsicc. = 

10. Utricularia hirtella. — U. folio radicali, brevissimo, cuneato-spathulato, obtussissimo ; 
SCapo 1—3—floro ; squamis basi fixis ; bractea 3—partita; floribus parvulis; calyce 
hirtello-glanduloso ; labio superiore ovato, integro, inferiore, 3—1obo, calcare 3 —plo 
breviore: 


11. Utricularia nana. — U. caule nano, 1 —floro; folis-spathulato-linearibus ; Obtusis ; 
squama basi fixa; labio superiore ovato, acuto, integerrimo; inferiore lato, indiviso, vix 
eroso ; calcare conico, acuto, descendente. 

12. UÜtricularia neotticides. — U. caule substricto, submultifloro ; squamis basi solutis, in 
axillis folia graminea foventibus ; floribus minutis ; labio superiore subfornicato, inferiore 
3 — partito; calcare brevi, scrotiformi, truncato, 2— fido, ascendente. 


= = | 


() LU. pallens suffit Pour montrer combien sont imparfaites les divisions que nous admettons dans le 
venre utricularia ; mais nous ne croyons pas qu’il soil possible d’en proposer de moins défectueuses. 


118... 


(870 ) 

13. Utricularia laciniata. — U. caule subcapillaceo, 1 —floro ; squamis basi fixis, inferiori- 
bus ciliato-multipartitis; calyeino foliolo inferiore subbifido ; labio inferiore amplo, obs- 
cure 3 — lobo, emarginato ; calcare medio incrassato, sæpius 2 —dentato, labio inferiore 
subbreviore, descendente. 

14. Utricularia pusilla , Van, Enum., 1, 202. — U. tertia, Sarzm., Exsiec. 

15. Utricularia adpressa, Saxz., Exsice. — U. caule aphyllo , basi fixo, 2— 4 floro; squa- 
mis basi fixis ; floribus erectis, breviter pedunculatis, 3—bracteatis ; -calycinis foliolis 
oblongis, superiore acuminato; corollæ labiis obtusis; calcare inferiore duplo longiore, 


subulato, descendente. 
16. Utricularia erectiflora. — U. caule stricto; racemo paucifloro, denso; floribus 


erectis, 3— bracteatis; labio utroque integerrimo; calcare floro duplo longiore, acuto, 
descendente. 

19. Utricularia laxa. — U. caule elongato ; racemo multifloro, laxo; floribus, 3—bracteatis ; 
labio superiore lineari, obtuso, integerrimo; inferiore orbiculari, emarginato ;. calcare 
ascendente, crasso, conice. 

18. Utricularia prælonga. — U. caule prælongo, fiiformi, 2 — 3—floro ; bracteis 3, ex- 
teriore laciniata, interioribus subulato-setaceis ; calyce inæquali, crenato; labio inferiore 
apice 3—lobo, calcaris longitudine; calcare curvato, ascendente. 

19. Utricularia tricolor, Auc. Sr.-Hiz., Foy. Diam., 1, 418. 

20. Utricularia bicolor. — U. caule filiformi, paucaifloro ; squamis basi fixis, minutissimis ; 
bracteis trifidis vel tripartitis ; labio superiore ovato, integro; inferiore trilobo; calcare 
medio angustato, labio inferiore vix duplo longiore, horizontali.- 

21. Utricularia amethistina, Saxz., Exsicc. — U. caule aphyllo, basi fixo ; foliis radicalibus, 
spathulatis ; calycinis foliolis ovato-ellipticis, obtusis ; labio superiore ovato, subtruncato ; 
inferiore trilobo ; calcare labium inferius multum excedente, tereti, obtuso, porreéto. 

22. Utricularia fontana. — U. scapo prælongo, debili, 1—3—floro; bractea unica, tri- 
partita vel trifida ; calycino foliolo superiore ovato, inferiore minore, emarginato, bilobo; 
labio superiore lineari-elliptico ; inferiore obscure 3—lobo ; calcare porrecto-ascendente , 
bidentato vel integro, obtuso. 

23. Utricularia reniformis , Auc. Sr.-Hi. , Voy, Rio-Jan., I, 224. 

II. Genzise4, Auc. Sr.-Hiz. 

1. Genlisea aurea, Auc. Sr.-Hix., Voy. Diam., II, 429. 

2. Genlisea minor, Auc. Sr.-Hir., Voy. Diam., II, 430. 

3. Genlisea filiformis, Auc. Sr.-Hic., Voy. Diam., 11, 430. — U. foliosa , Sazzm., Exsicce. 

4. Genlisea pygmæa, Auc. S.-Hax., Voy. Diam., II, 431. 

5. Genlisea violacæea, Auc. S.-Hiz., Voy. Diam. , II, 431. 

GENUS INTER LENTIBULARIEAS ET SCROPHULARINEAS INTENMEDIUM , HIS APFI- 
N1IUS (1). 
Micranruzuum, Micu. 

1. Micranthemum orbiculatum , Mic. Flor. Bor.,1, 10, t. 2. —Punss, 4mer., I, 10. — 
Anonymos umbrosa, Wart., Flor. Carol., 63. 

>. Micranthemum emarginatum , Exxor, Bot. $.-Car. Geor. 18. 


(x) Voici la série des Monopétales hypogynes, telle quejela conçois : Plantaginées , Plumbaginées 


( 871 ) 


Paysique. — Sur la chaleur dégagée pendant la combustion de diverses 
substances simples ou composées. 


« Après avoir reçu, dit M. 4rago, la lettre ci-jointe de M. Hess, de Pé- 
tersbourg, j'ai regardé comme un devoir de chercher sans retard si les lois 
relitées par ce savant académicien, résultaient des nombres consignés dans 
un journal d'expériences dont la famille de M. Dulong m'a fait l'honneur 
de me confier le dépouillement. Mes espérances, sous ce rapport, né se 
sont pas réalisées. Les nombres obtenus par notre illustre confrère n’en 
méritent pas moins d’être recueillis, et je demande à l’Académie la per- 
mission de les consigner dans le prochain unméro du Compte rendu. 

» On n’a retrouvé de l'appareil qui à servi à ces expériences, que la pièce 
principale; M. Cabart , ancien élève de l'École Polytechnique, à qui M. Dulong 
avait accordé la faveur de travailler avec lui dans son laboratoire, était 
plus que personne en mesure de suppléer aux explications et aux détails 
que nous espérions lire dans les registres et qui malheureusement n’y ont 
pas été consignés. La complaisance, la bonne volonté de M. Cabart ne 
m'ont pas manqué. C’est à ce jeune physicien que je suis redevable et de 
la description suivante de la caisse rectangulaire où s’opérait les combus- 
tions, et de tout ce dont on se rappelle touchant la manière d'opérer de 


M. Dulong. » 
Lettre de M. Hess à M. Arago. 


Pétersbourg, le 12 octobre 1838. 


« J'ai vu à mon grand regret, dans le Compte rendu du 13 septembre 
1838, que les résultats des nombréuses expériences de M. Dulong sur la 
chaleur, ne se trouvent parmi ses papiers, ni rédigées, ni même coordon- 
nées. M'étant occupé de la même matière et ayant eu en vue d'étendre 
mes expériences avant de les publier, j'en pariai à M. Dulong lors de mon 
séjour à Paris pendant l'été de 1837. M. Dulong me communiqua alors 
quelques-uns de ses résultats, sous promesse de n’en faire aucun usage 


Primulacées , Myrsinées, Lentibulariées, Orobanchées, Bignonées, Srophulariées | Solanées, Jas- 
minées, Acanthées , Myoporinées, Verbénacées, Labiées , Borraginées , Convolvulacées , Re, 
niacées, Gentianées, Apocinées, Asclepiadées, Sapotées , Ébénactes, Aquifoliées. — Cette série, 
fondée sur les Gbeanr dons les plus récentes, et que je tâcherai peut-être de justifier ailleurs, prouve 
quelle était la sagacité d’Antoine-Laurent de Jussieu, qui, il y à environ 50 ans, en proposa une 
assez peu différente. 


( 872 ) 


avant la publication de son Mémoire, qui devait être prochaine. — Main- 
tenant que nous avons à regretter la perte de ce savant, les communica- 
tions qu'il m'a faites deviennent un dépôt sacré que je m’empresse de res- 
tituer. 

» Les nombres que vous avez trouvés parmi ses papiers, ne peuvent 
pas se rapporter uniquement aux chaleurs spécifiques, car M. Dulong a 
beaucoup travaillé sur les quantités de chaleur dégagée par la combinai- 
son des corps. — Voici quelques lignes consignées dans mon journal, et 
écrites le soir même de mon entretien avec M. Dulong: 

» 1. Les quantités de chaleur dégagée sont à peu près les mêmes pour 
les mêmes substances à différentes températures. 

» 2. Les volumes égaux de tous les gaz, en se combinant à l’oxigene, 
dégagent la méme quantité de chaleur. | 

» 3. Il se dégage la méme quantité de chaleur, pour la même quantité 
d’exigène, soit qu'il se produise une combinaison comme R-LO ou comme 
R + 20. 

» 4. Les quantités de chaleur dégagée par les différentes substances 
solides sont fort différentes. » 


Description de la caisse du Calorimètre de M. Dulong ; par 
M. -Canarr. 


« Une caisse rectangulaire, en cuivre rouge, de 25° de profondeur, de 7°,5 
de largeur et de 10° de longueur, est l’enceinte où s'opère la combustion. 
L'oxigene, ou en général le gaz comburant, peut y être amené par deux 
conduits. 

» Le premier, après être descendu parallèlement à la paroï, débouche 
latéralement à peu de distance du fond. Cylindrique à sa partie supé- 
rieure, il est aplati et rectangulaire dans presque toute sa longueur. Le 
second, placé au-dessous de la caisse, est d’abord vertical et cylindrique 
dans une petite étendue , puis horizontal et aplati, puis de nouveau ver- 
tical et cylindrique. Les portions cylindriques de ces deux tuyaux servent 
de douille. 

» Suivant le besoin on emploie l’un ou l’autre. Le gaz qui afflue conti- 
nuellement par l’un d'eux, après avoir produit la combustion, entraine 
avec lui les produits gazeux qui ont pu se former, et sort de l’enceinte 
par un canal rectangulaire de 5 centimètres de largeur dont l’orifice, à peu 
de distance du fond, est placé sur la paroi opposée à celle qui livre pas- 


( 875 ) 
age au gaz: ce canal, après s'être replié sept ou huit fois sur lui-même 
dans des directions à peu près horizontales, redescend verticalement, 
puis remonte pour se terminer par deux douilles cylindriques dont 
June, dans l'axe du tuyau, reçoit le thermomètre qui doit mesurer 
la température du gaz à sa sortie. Ge,gaz se rend par l’autre douille dans 
un gazomètre de dégagement. 

» Une ouverture pratiquée à l’un des angles de la caisse, et à 
un tube de cuivre fermé à l'extérieur par un disque de verre, permet de 
distinguer les phénomènes qui accompagnent la combustion. 

» Enfin, un tube horizontal perpendiculaire au plan des conduits 
précédemment décrits, devait probablement servir pour la combustion 
de certains liquides. 

» La base supérieure de l'enceinte ci-dessus est bordée d’une RATE ou 
l’on met du mercure et où s'engagent les bords d’un couvercle rectan- 
gulaire en cuivre surmonté d’un tube de même métal de deux centime- 
tres de diamètre. : 

» L’enceinte et ses appendices, à l’exception des douilles, étaient ren- 
fermés dans une caisse rectangulaire de 11 litres de capacité, et entourés 
dé tous côtés par l’eau qui la remplissait. La température de cette eau 
était appréciée à laide de deux thermomètres, et rendue uniforme dans 
toule la masse par des agitateurs convenablement placés. 

» Après avoir décrit la partie la plus importante de l'appareil, il nous 
reste à parler du peu que nous avons pu recueillir, touchant les moyens 
d’expérimentation. 

» Les gaz étaient brûlés à l’aide d’un bec dont l’orifice variait de dia- 
mètre suivant la nature plus ou moins combustible du fluide. La com- 
bustion des liquides avait lieu à l’aide de quelques brins de coton qui 
plongeaient dans un tube de verre fermé par un bout et contenant le 
liquide en expérience; nous ne savons pas comment ces différents corps 
étaient allumés; nous ignorons même si €’était avant ou après leur intro- 
duction dans Patmosphére comburante. 

» Quant aux corps solides, nous avons un peu plus de détails. Les mé- 
taux , à l'exception du fer qu'on employait en fils roulés en spirale, étaient 
contenus à l’état pulvérulent dans une capsule rectangulaire en cuivre ou 
en platine;on les mélangeait à .une.matière inerte, quand on craignait 
l'agglutination par la chaleur ; l’inflammation avait lieu à l’aide d’un mor- 
ceau d’amadou. Ce moyen était vainement employé pour le charbon. 

» Les cylindres de charbon terminés par des cônes aigus étaient d’a- 


( 874) 
bord fortement calcinés dans des creusets de platine au milieu de poudre 
de charbon; puis lentement refroidis. La pointe du cône était portée à 
l'incandescence dans une flamme d'alcool; cela suffisait pour faire brüler 
le charbon qui était transporté rapidement au milieu de l’oxigène. 

» Pour évaluer la chaleur dégagée dans la combustion, M. Dulong 
faisait usage de l’artifice indiqué par Rumford. Il consiste, comme on sait, 
à commencer l’éxpérience, lorsque l’eau est à une température inférieure 
de quelques degrés à la température de l'air ambiant, et à la terminer 
quand elle est arrivée à une température supérieure du même nombre 
de degrés. Cette correction n’est exacte que tout autant que la premiere 
partie de l’échauffement se fait dans le même temps que la seconde ; 
cette précaution n’a point échappé à M. Dulong : il s'est arrangé de ma- 
nière à partager la durée de ses expériences en deux moitiés corres- 
pondant à des échauffements égaux. » 


= 


Taseau de résultais extrails des registres manuscrits de M. DuLonc. 


(L'unité d’après laquelle tous les nombres suivants sont exprimés, est 
la quantité de chaleur qui serait nécessaire pour élever de 1° centigrade 
1 gramme d’eau liquide, pris à la température ordinaire. ) 


Hydrogène. 


1 Expérience. 1 litre d’hydrogène à o° et à 0”,76, 
donne en brülant.............. 3120 unités. 
De là résulte que lorsque 1 litre 
d’oxigène à o° et à 0”,76, se com- 
bine avec de l'hydrogène, il se dé- 
TAF seine JL e not 6240 unités. 
2° id. 1 litre hydrogèné: 24,02. 40. 3118 
Donc, 1 litre d’oxigène dans sacom-— 
binaison avec la quantité conve- 


nable d'hydrogène, dégage... ... . 6236 
3° id. J litre d'hydropéne.. °c ce-- 3108,6 
litre d'oxipène- rene Or 7,2 
4° id. MITEE d'AYATOBÈRE se Relais rerele etes ee MOT T 0 
1litre d'oxigène.s ere -006022 ,6 
6° id. 1 litre d'hydrogène... ..........,.  3075,3 


1-litre d’oxigène. ....,...... .,.: 6150,6 


( 875 ) 


Gaz des maraïs; 


1e 1 litre de gaz ào°età 0”, 6... 481 ,5 
tEdÉapeniEnce, { 1 litre d’ ee sheet me oo Me 
as BC RME 1 litre de gaz: 7.1. +... 0604,2 

: t'litre d'érreme. A . -4802, 1 
d id. LATE RER EL race eee. 9317 
1 litre d’oxigène. .............; 4658,5 
4° id. BTE One 9948 
1 litre d’oxigène.. .... ess... 4974 


 Oxide de carbone. 


Ce gaz ne brûlant pas seul, on l’a mélangé avec moitié de son volume 
d'hydrogène. 


1e Expérience. Chaleur de 1 litre d’oxide de carbone. 3069 
2° id. FRERE a LA dy ee 3120 
3° id. + tilitre: she, bras _3202 


Gas oléfiant, 


1" rhin Chaleur 5 Lehtredeicaz 2-10 15264 

2°. 1 MDP PANNE SR EPA nétesseseerereressss.. 15208 

3° id, DÉAVAP ECTS HAS eue... 15576 

4° | C'ORAN  e da SS dE, Re 15051 

5° COAST OR RS PE FSC So Do en dore s 15507 
Alcool absolu. 

1 Expérience. 1 litre de vapeur...:............. 14441 
ET 1-litre..... DOC HD 0e CHER à “.... 14310 
Charbon. 
1° 1 Expérience. 1 litre de vapeur de carbone, .….... 8009 
2° - id. ie eieiotee tele eee ee ete c te OU 7540 
3° id. Moss) Al ee A Ne +... 8040 
4° id. BAT IC DNS Ne PPOE PORTE +... 7843 
Essence de. térébénthine. 

Chaleur de 1 litre de vapeur... … 70607 
1 gramme... ..,,.. +... 10836 


Huile d'olive. 
à ” Chaleur de 1 gramme. es... 0862 
C. R. 1838, 2€ pape ds (T.VII, Ne 24.) 119 


( 876 ) 


Ether sulfurique. 


12 /Erpénierrce; | Tera et nee ce 9287,2 
1 litre de vapeur.........  SOaodic 32738 

2° id. FBEAMME cie ete se HéStob 9604 ,8 
r'oLétre Se ado eo ace 33968 

Cyanogène. 

IAE TpETEnCENTOLITEN EEE ETES cc 12602 

£ MEN OA SUP S de SO RS bc baope 12080 

9: id. Mcoomoscal Gobo dope 000 00pd0 0 12129 


Dans la combustion du cyanogène, il se forme une pere quantité 


d'acide nitreux. 
robe et oxide d'azote. 


1 litre d’hydrogène... ....: CHOCO 5220,7 
Oxide de carbone 2 oxide d'azote. 


- Chaleur de 1 litre d’oxide de carbone. 5549 


Dans ces deux expériences, il se proei de LUCE nitreux en quantité 


très sensible. 
Le charbon ne peut pas brüler dans l’oxide d’azote avec le même 


degré d’incandescence que dans l’oxigène. 


Soufre dans l’oxigène. 


1° Expérience. Chaleur prod. par 1 gramme. ...... 2719,5 
2° id. Sbodnongn bone Deere one cérarc 2452 
3° LM SE BR bo avenant Mo uee , 2632 
N. B. Production d'acide sulfurique Abies 
Fer. 


1" Expér. Chaleur prod. par r lit. d’oxigène combin. 6152 
2° id. ABS ee Dour epEl HOT ETS LE Toner 
Combustion de l'étain. 


12 Expérience. Chal. pour 1 litre d’oxig. combiné.. 6G4r1 
2e IL PORTO Te de BOT ONU e dote ie 6790 


3° ET ER Sert ARRET a Se tre eee 
Combustion du protoxide d'étain. 


1° Expérience. Chal. pour 1 litre d’oxigène combiné. 6343 
2° id. Se k 


( 877 ) 
Dans cette 2° expérience, M. Dulong pense qu'il s’est formé une com- 
binaison entre le protoxide et le peroxide. 


3€ id. te te 
Cuivre. 


(Chaleur dégagée par 1 litre d’oxigène.) 


1 Expérience. Par les poids. ........:...:....... 5503 

. Par les volumes......,.... Da Ent 4u8 
2°% id. Par les poids........... ER ne seat 29742 
Par les volumes. ................. 3702 

3° id, Par les poids. ............ as rene d04Q 

à Par les volumes...........:... .,e 3719 


: -Protoxide de cuivre, 


Une seule expérience... ....................... 3130 

: Antimoëne. } ù 
i Tps Expérience. 1 litre d’oxigène.................. 5383 ,6parlespoids 
‘ EL bobo uno ..1..... 5259,8 parles volu. 
2° id. 1 litre d’oxigène. ................. _ 5348 parlespoids 
", « édereste sn 3 store . 5373 parlesvolu. 

S£ id, soblap le cmemeinenses a. LEE +. 5707 

4 TR SRE ER se -Lcmecarle RÉRFOEESEE 5875 

5° id. ne de ee Hero PE ue AE T TR) 


La repris d’oxigène. barbie correspond exactement à. l'acide 
antimonieux. 


. É 2 Zine. 
Ke Brpébicnée. Chal. dégagée par 1 litre d’oxigène. = 7599 - 
SRE TER Mel aies CBC RL NC de 1378 
3° Pb. égobyrause boobounobo no mao von 7793 
s Cobalt , 
Une. seule expérience... 255200 DL 0 tre ne CNE Eye Rat 5721 
Nickel 
- Une seule expérience #24. Lee... 5333 


D’après quelques lignes écrites sur une feuille volante, M. Dulong paraît 
avoir soupçonné l'existence d’un rapport simple entre les chaleurs spéci- 
fiques et les quantités de chaleur dégagées a une même absorption 
d'oxigène dans la combustion; les nombres qu'on.lit dans le tableau pré- 
cédent paraissent favorables à cette idée. 


11O.. 


( 878 ) 


PALÉONTOLOGJE. — {Votice sur une portion de mâchoire fossile; 
par M. »’Howenes-Finuis. (Extrait.) 


« J'ai dans ma petite collection géologique des Cévennes, quelques 
morceaux que je crois rares, et dans ce nombre je compte la portion de 
mâchoire dont je vais parler; elle fut trouvée il y a quelques années par 
M. Crouzet, vétérinaire de Sommières, près dé Vic-le-Fesc, 9 kilom. au 
sud d’Alais, et ni lui ni personne, n’en ont plus vu la moindre trace, 
ni dans cette localité, ni dans les environs, ni sur les montagnes de la 
même formation crétacée. 

» Ce fragment paraissait récemment détaché d’un plus gros; on aurait 
pu, ce me semble, découvrir celui-ci, ainsi que la pierre qui en avait 
recu l'empreinte, peut-être aurait-on pu suivre la couche qui renfermait 
l'animal entier. 

» Les naturalistes qui ont vu ces dents chez moi, pensent qu’elles ap- 
partenaient à un poisson, et à une espèce monstrueuse de dorade?.… Je 
n’en ai jamais vu de pareilles, ni dans la nature, ni dans les planches du 
grand ouvrage de Cuvier. 

» Mon fils a modelé ces dents et donné au plâtre les couleurs que pré- 
sente la pièce fossile; je joins cette pièce moulée à ma Note. Les figures 
dans lesquelles je représente l’origine, exigent que j'ajonte ici qu’on dis- 
tingue à sa texture et à sa teinte jaunâtre la portion d'os dans laquelle 
se trouvent implantées les six dents; que celles-ci sont répuliesens rondes 
avec une pointe mousse, mais inégales; qu’elles ont conservé leur émail, 
sont d’un gris-bleu foncé, avec un éèle brun au bord de lalvéole; qu'on 
aperçoit d’un côté l'empreinte de leur racine profonde et des alvéoles 
vides; que la gangué qui empâte le tout est du lias. » 


M. de Blainville est prié de faire connaître à l’Académie les remarques 
que lui aura suggérées l'examen de ce fossile. 
RAPPORTS. 


Rapport sur un Mémoire géologique de M. Levmete, ayant pour objet les 
. . . 272 » A 
terrains secondaires inférieurs du département du Rhône. 


(Commissaires, MM. Élie de Beaumont et de Bonnard rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, M. Élie de Beaumont et moi, de lui 
rendre compte d’un travail géologique qui lui à été soumis par M. Ley- 


( 879 ) 


merie, et qui est intitulé : Mémoire sur la partie inférieure du système 
secondaire du département du Rhône. 

» Le département du Rhône, tres allongé du nord au sud, est bordé 
vers l’est par le cours du Rhône et de la Saône, et dn côté de l’ouest, 
par une chaîne primordiale qui se rattache au groupe central de la France. 
Les terrains- primordiaux envahissent, à la surface du sol, une grande 
partie de la largeur du département, et au sud de Lyon comme au nord 
de Villefranche, ils se rapprochent beaucoup des deux rivières, dont ils 
ne sont séparés:que par des terrains de transport. Entre Lyon et Ville- 
franche se développent, au contraire, des formations secondaires, qui 
pénètrent vers l’ouest jusqu’à 4 ou 5 lieues de la Saône, formant plusieurs 
séries de petites montagnes entre lesquelles saillent çà et là les roches 
anciennes, et dont le groupe le plus considérable, qui s'élève à 464 mètres 
au-dessus du niveau de la Saône, porte le nom de Mont-d'Or. 

» Dans ce système secondaire, dont les couches sont en stratification 
concordante et relevées vers les masses primordiales de l'ouest, auteur 
distingue six membres principaux : r° les grès inférieurs ; 2° un calcaire 
désigné dans le pays sous le nom de Choin bâtard ;'3° le calcaire à gry: 
phées ; 4° l’oolithe inférieur avec ses nombreuses bélemnites et des minerais 
de fer oolithique; 5° le calcaire à Entroques ; 6° un calcairé märneux fai- 
sant , comme le précédent, partie dé l'étage inférieur du système oolithique. 

» L'objet spécial du Mémoïre de M. Leymerie est l'étude des n*ret2, 
ou -des terrains inférieurs au calcaire à gryphées, terrains sur lesquels l’un 
de nous a appelé l'attention des géologues pour la première fois il y a 
quinze ans, comme étant immédiatement superposés. au granite en Bour- 
gogne et dans plusieurs parties du pourtour du plateau central de la 
France , et comme présentant des caractères géognostiq ues particuliers , 
assez remarquables. Vers la même époque, M. de Caumont faisait con- 
naître, dans les Mémoires de la Société linnéenne de Normandie ; Vexis- 
tence , aux environs de Valôgnes, d'assises calcaires et marneuses situées 
dans une position analogue relativement au calcaire à gryphées. M. Ley- 
merie dit que, malgré ces deux publications déjà anciennes, ces calcaires, 
inférieurs au Lias, sont restés peu connus des géologues ; il veut chercher à 
combler ce so ‘il regarde comme une lacune de la science. 

» La première partie du Mémoire est consacrée à l'exposition a faits 
que l'auteur a observés’ Dans cette exposition, il suit un itinéraire gé- 
néral, qui comprend cinq lignes tracées en divers sens à travers la con- 
trée secondaire du département du Rhône. 


( 880 ) 


» Sur chaque ligne , M. Leymerie étudie avec détail, pour les grès infé- 
rieurs ainsi que pour le calcaire qui leur est superposé, la nature des 
couches, leur épaisseur, leurs fossiles , leurs accidents minéralogiques. Les 
résultats de cette étude sont présentés soit en tableaux insérés dans le 
texte, soit en coupes géologiques et en- dessins de fossiles tracés avec 
beaucoup de soin, sur neuf planches jointes au Mémoire. 

» M. Leymerie signale une grande faille qui traverse, du Sue au 
sud-ouest, le massif du Mont-d'Or, et à l’orient de laquelle les grès 
inférieurs se trouvent à un niveau plus élevé que Je niveau des calcaires 
à Entroques de l’autre côté de la faille. Un puits creusé en 1825, sur une 
des pentes de ce massif, dans le but d’y rechercher de la houille, et qui 
a pénétré depuis le calcaire oolithique jusqu'aux grès inférieurs, fournit 
d’ailleurs à l’auteur des données analogues à celles qu’il a recueillies par 
l'inspection des escarpements du sol et des carrières; et relativement aux 
gites métallifères de Chessy et aux environs de cette localité célèbre, 
M. Leymerie rappelle, en les rapprochant de ses propres observations, 
les observations de M. Raby, et celles qui ont été publiées par lun de 
nous, 

» Comme conséquence de tous les faits observés et dits précédem- 
ment ,- l’auteur expose, dans le neuvième paragraphe de son Mémoire, 
les caractères généraux des terrains secondaires inférieurs du département 
du Rhône. Nous devons faire connaître, au moins par extrait, à l’Aca- 
démie, ce résumé des observations de M. Leymerie. 

1°. Dans toute l'étendue de cette région géologique, entre lés terrains 
anciens et les calcaires secondaires, existe une formation arénacée,-com- 
posée essentiellement de-grès qui contiennent en couches subordonnées 
des calcaires magnésiens et des marnes. Les grès sont quartzo- feldspa- 
thiques ou simplement quartzeux, à ciment calcaire quelquefois spa- 
thique, de couleurs très variées, offrant, pour la dureté, tous les passages 
du-grés friablé ou même du sable au grès dur. Des cristaux de feldspath 
assez gros et peu fracturés, quelquefois à l’état de kaolin, des galets de 
quartz, des taches de marnes se présentent. fréquemment dits ces grès, 
dans lesquels le mica est au contraire extrêmement rare. 

» Des calcaires magnésiens, à proportion variable de carbonate de ma- 
gnésie, de couleur rose, rougeâtre ou jaunâtre, renfermant fréquemment 
des grains de quartz et constamment des taches et des dendrites d’oxide 
de manganèse, forment dans les grès des amas ou des couches. subordon- 
nés, assez irrégulièrement stratifiés. Des marnes blanchâtres, vertes ou 


( 881 


rouges, accompagnent ordinairement les calcaires magnésiens, et renfer- 
ment entre leurs lits des rognons compactes de ces calcaires. 

» M. Leymerie n’a reconnu dans -cette formation aucune trace de 
fossiles. ? Lo 

» Il signale, comme accidents minéralogiques, les cuivres carbonatés 
et oxidulés de Chessy, qui présentent de si: belles cristallisations, et que 
l'auteur regarde, avec M. Raby, comme ayant été formés, par voie aqueuse, 
aux dépens des cuivres pyriteux contenus dans les roches primordiales 
inférieures aux grès, la calamine cuprifère de la même localité, des mi- 
nerais de fer et de manganèse, des dendrites manganésiennes, des: points 
pyriteux, des groupes de cristaux calcaires; enfin, de la FAURE sulfatée, 
qui ne s’est montrée à lui que dans un cdd endroit 

» Reposant ordinairement sur un terrain de schistes verts peu quartzeux 
et nullement feldspathiques , les grès ne paraissent pas avoir été formés 
aux dépens de ces roches. Le peu de perméabilité des bancs marneux, et 
la nature magnésienne des bancs calcaires qui leur sont subordonnés ne 
permettent guère non plus d'attribuer le ciment purement calcaire des 
grès à une infiltration provenant des couches supérieures. M. Leymerie 
regarde donc comme probable que les éléments des grès, des calcaires ma- 
gnésiens et des marnes ont été rapportés et déposés ensemble, ét il ne 
pense pas que ces roches soient comparables aux Ærkoses-de Rocsdnel 
celles-ci étant, dit-il, formées presque sur place aux dépens des roches 
granitoides qu’elles recouvrent, et cimentées par la matière des roches cal- 
caires qui sont au-dessus d’ elles. 

» Bien que disloqués et relevés presque partout , on ne voit dans les grès 
inférieurs du Lyonnais aucun filon de roche plutonique , et ils ne présen- 
tent aucuné de ces apparences de passage à la roche inférieure, qu’on a 
signalées pour les arkoses, ni rien qui dénote une action directe prove- 
nant de l'intérieur. - inc : s 

» Nous ferons observer ici que ces passages et autres indices d’actions 
dites plutoniques ont été signalés en Bourgogne et en Nivernais , seulement 
pour la superposition immédiate de l’arkose aux terrains granitiques ou 
porphyriques, avec les remarques que les mêmes phénomènes n'avaient 
pas lieu quand le terrain primordial était formé de roches schistoides. Or 
dans le Lyonnais , d’après M. Leymerie, ce sont des roches schistoïdes qui 
composent | la masse du terrain inférieur, -dans lequel le granite ne se 
montre que rarement et comme par accidents. Les faits observés par l’au- 
teur ne sembleraient donc. pas constituer une différence essentielle entre 


( 882 ) 


les circonstances des superpositions qui se présentent dans les deux 
contrées. 

» 2°. Immédiatement au-dessus des grès inférieurs, et toujours au-des- 
sous de cette assise du terrain de Lias, qui est caractérisée par l'abondance 
de la Gryphæa arcuata, et bien connue sous le nom de Calcaire à gryphées, 
on observe constamment, dans le département du Rhône, un calcaire 
que les ouvriers du pays nomment Choin bâtard, parce que, avec une 
apparence assez semblable à celle de l’excellente pierre de taille de Ville- 
bois, que l’on désigne à Lyon sous le nom de Choïn, cette roche ne peut 
cependant pas servir aux mêmes usages. 

» Ce Choin bâtard, remarquable d’abord'en ce que ses diverses couches 
ne renferment point, ou que très peu, de carbonate de magnésie, se divise 
en deux assises distinctes. L'assise inférieure est assez rer mer com- 
posée de couches minces de calcaire grisätre compacte , à cassure con- 
choïde, couches souvent mamelonnées, quelquefois perforées dé trous 
conoïides à surface lisse, renfermant peu de fossiles, ou se chargeant brus- 
quement d'une multitude de bivalves, et devenant alors des lumachelles à 
bancs bien réglés, 

» La roche de lassise supérieure est au contraire extrêmement variable 
dans les diverses couches qui la composent. Ces couches sont tantôt com- 
pactes et dépourvues de coquilles, et l'on y observe souvent alors ces 
sortes de sutures prismatoïdes singulières, que plusieurs. géologues. alle- 
mands ont nommées Stylolites; tantôt, par opposition, elles renferment 
des fossiles nombreux, soit en fragments (Huîtres , Gryphées, Entroques), 
soit entiers et plus ou moins bien conservés. Parmi ces derniers, le plus 
abondant est une espèce de Peigne, que M. Michelin a nommé Pecten 
lug sdunensis, et que M. Leyrmerie regarde comme caractéristique de ce ter- 
rain. On y reconnait aussi des Plagiostomes, des Plicatules, Y'Unio hy- 
brida de Sowerby, beaucoup de moules de coquilles turriculées; et de 
nombreux trous, produits par des coquilles pérforantes, se montrent à la 
surface de l'assise supérieure, On ÿ trouve encore, mais rarement, des 
Gryphées arquées, de petite taille, déformées, et dont la surface exté- 
rieure est comme corrodée. Enfin, quelques couches de cette assise ren- 
ferment assez abondamment de petits Oursins. Ce dernier fait avait été 
signalé par l'un de nous, et plusieurs années après cette publication, l’au- 
teur du Mémoire sur les Échinides, imprimé en 1835 dans les Actes de 
la Société linnéenne de Bordeaux, concluait encore, de l’ensemble de:ses 
recherches, que les Échinides sont excessivement rares au-dessous du ter- 


(2883 ) 


rain jurassique proprément dit, et qu’on n’en connaît aucun avec certitude 
au-dessous du lias. La dernière assertion:est à la vérité en opposition avec 
les faits énoncés récemment Par quelques géologues. Ainsi, M. d’Alberti si- 
gnale le Cidarites grandævus de Goldfuss » Comme appartenant au terrain 
de Muschelkalk. du Würtemberg, et M. Phillips indique même des ba- 
guêttes de Cidaris, ainsi qu’un nouveau genre d'Échinide, dans les terrains 
carbonifères du Northumberland! et de l'Irlande. De plus, M. Leéymerie 
annonce,-dans une note postérieurement annexéé à son Mémoire, que 
MM: de Verneuil et Puzos possèdent des fragments de Cidaris provenant 
du calcaire carbonifère de Tournay. Nous n’ajouterons Pas à ces indications 
celle des Æchinus de l'Eiffel, que M. Steininger, qui les à fait connaître, 
regarde lui-même comme provenant probgblement de dépôts tertiaires 
isolés ; et nous dirons que malgré ces exceptions à la règle posée par 
M: Desmoulins, les Oursins n'étaient que très Peu ou'point connus dans 
le Lias , et surtout à la partie inférieure de ce térrain. M. Leymerie à ajouté 
deux espèces de ces fossiles à celle qui avait été rapportée de Chessy, en 
1826 : toutes trois ont été détérminées par M. Agassiz, comme apparte- 
nantau genre Diadema de Gray : elles sont décrites et figurées avec 
soin dans-le Mémoire de M. Leymerie. 

» L'auteur insiste sur Pexistence constante, à la partie Supérieure du 
terrain de Choin bâtard, d’une assise de calcaire renfermant de nom- 
breux grains de quartz diséminés, où réunis en si grande quantité, 
qu'ils forment:un véritable Macigno ou grès calcaire. 

»-On avait déjà fait connaître ; en Bourgogne, le mélange des grains 
de quartz et de feldspath de larkose, dans les couches de la Jlumachelle 
qui la recouvre; mais le fait analogue à ici un caractère particulier, en 
ce qu'il ne se présente qu’à la partie tout-à-fait supérieure du terrain cale 
caire, lequel reste d'ailleurs, dans toute son épaisseur, exempt de mélange 
siliceux, bien que constamment situé éntre deux assises arénacées. Ainsi 
dans le Lyonnais, ce banc de macigno sépare , en deux assises bien dis- 
tinctes, le Choin bätard et le Calcairé à-gryphées. 1 

» La grande variabilité de: nature du premier, comparé à la constante 
uniformité. du second, les fossiles les plus abondants dé l'un de ces 
terrains étant, et réciproquement, les plus rares dans l'autre, quelques 
fossiles remarquables; tels que plusieurs espèces de Diadema , n’apparte- 
nant qu'au terrain inférieur; enfin les Perforations de coquilles téré- 
brantes à.la surface de ce terrain inférieur, d’où résulte lindication d’un 
assez, long espace de temps écoulé entre les deux dépôts, toutes ces cir- 

C: R. 1838, 2 Semestre. (T. VIT, N°21.) 120 


( 884 ) 


constances obligent à reconnaitre que le Choin bätard des ouvriers lyÿon- 
nais est réellement distinct du calcaire à gryphées qui le recouvre. 

» Après avoir ainsi obtenu, de ses observations, des éléments pour la 
détermination des grès inférieurs du Lyonnais, et pour la description 
générale de l'étage calcaire placé au-dessous du calcaire à gryphées, 
M. Leymerie, dans la seconde partie de son Mémoire, discute la place 
que doivent occuper ces deux assises dans la série générale des forma- 
tions géognostiques, et il s'attache particulièrement à faire voir que le 
terrain calcaire désigné à Lyon sous le nom de Choin bätard, se retrouve 
dans un assez grand nombre d'autres lieux, pour mériter qu'on s'en oc- 
cupe plus qu'on ne l’a fait jusqu’à ce jour. 

» Les grès inférieurs du Lyonnais ont été désignés sous les noms 
d'Arkose, de grès bigarré le grès du Lias. Examinant successivement 
ces divers rapprochements, M. Leymerie fait observer que l'absence 
complète de fossiles, la présence de bancs subordonnés de calcaires 
magnésiens, trés différents de tous les calcaires qui les recouvrent, la 
séparation nette de ces derniers calcaires et des grès, sans aucun passage 
entre les roches, enfin la différence tranchée et constante qui existe entre 
ces grès et les macignos supérieurs, ne permettent pas de leur appliquer 
la dénomination de Grès du Lias. Il ajoute que lassimilation aux 
Arkoses était juste, quand on étendait ce dernier nom à tout le 
système arénacé compris entre les terrains primordiaux et les calcaires 
secondaires; mais que la dénomination d’Arkose devant aujourd’hui être 
restreinte, et appliquée seulement à certains grès qui présentent dans 
leur superposition aux roches anciennes des phénomènes particuliers, 
ne peut plus convenir aux grès inférieurs du Lyonnais, dans lesquels on 
n’observe aucune apparence de passage à la roche cristalline inférieure ; 
aucun fossile des calcaires supérieurs enveloppés dans une pâte siliceuse , 
enfin aucune circonstance qu’on puisse attribuer à des émanations pro- 
venant de l’intérieur du globe. 

» L'absence des fossiles qui sont propres au Grès bigarré', etl’éloignement 
&es localités où se présentent des terrains caractérisés comme tels, por- 
tent également M. Leymerie à ne pas rapporter au grès bigarré les grès 
inférieurs du Lyonnais. 

» Prenant ensuite pour point de comparaison les terrains de Marnes 
irisées où de Xeuper de la Bourgogne et du Jura, qui paraissent liés 
géographiquement avec les terrains secondaires du département du 
Rhône, mais auxquels la grande prédominance des marnes, ainsi que la 


( 885 ) 


présence du gypse et du sel gemme, semblent donner un caractère diffé- 
rent, l’auteur, en raison de cette liaison géographique, et d’après la 
nature des couches marneuses, la présence des calcaires magnésiens, 
l'absence des fossiles, enfin la position au-dessous du ZLias, adopte, au 
moins comme probable, l'opinion de l’un de nous, que les grès de Chessy 
appartiennent aux Marnes irisées. Il trouve même, dans les caractères 
assignés par M. d’Alberti à la partie de cette formation qui est développée 
à l’ouest de la Forèt noire, des motifs pour présumer que les grès infé- 
rieurs du Lyonnais représentent l'étage supérieur du Keuper. 

» En ce qui concerne les calcaires placés entre ces grès et le calcaire à 
gryphées, M. Leymerie cherche d’abord à les rapprocher des terrains dé- 
crits pour d’autres localités comme occupant une place analogue, et les 
terrains secondaires du Lyonnais pouvant être régardés comme une con- 
tinuation de ceux de la Bourgogne, il commence par comparer le Choin 
bâtard des ouvriers de Lyon avec l’assise décrite en Bourgogne sous le nom 
de Zumachelle. Malgré quelques différences, dont la plus remarquable 
consiste dans la présence constante des Macignos du Lyonnais à la partie 
supérieure de ce terrain, la similitude de tous les autres caractères, l’ana- 
logie des fossiles, analogie rendue plus frappante par la découverte ré- 
cente, dans les calcaires à ciment de Pouilly, d’un petit oursin qui appar- 
tient également au genre Diadema; enfin la position Es éta- 
blissent formellement l'identité des deux formations. 

» M. Leymerie signale ensuite une ressemblance à peu près aussi grande 
entre ces deux calcaires et celui qui a été indiqué par M. de Caumont, 
aux environs de Valognes, comme placé entre lés marnes du grès bigarré 
et le Lias. La grande variabilité des couches comparée à l’'uniformité des 
couches du calcaire à gryphées; le mélange de grains de quartz dans quel- 
ques parties de l’assise; la surface supérieure de cette assise, usée, cou- 
verte d’huîtres et percée de trou de pholades; l'accumulation, dé quel- 
ques couches, de bivalves peu déterminables, mais toutes semblables entre 
elles, et qui constituent là aussi une véritable ZLumachelle ; la similitude 
de ceux des fossiles qu’on peut déterminer, présentent un ensemble d’ana- 
logies frappant pour des localités aussi éloignées. On doit remarquer sur- 
tout, en ce qui concerne les fossiles : 1° qu’une espèce de Peigne, désignée 
par M. Defrance sous le nom de Pecten valoniensis , indiquée comme abon- 
dante dans le calcaire de Valognes, ressemble beaucoup au Pecten lugdu- 
nensis de M. Michelin, fossile le plus abondant du Choin bätard du Lyon- 
nais, et que ces deux espèces n’ont été citées, jusqu’à présent, dans aucune 

120... 


( 886 ) 


autre position géognostique; 2° que l’on trouve aussi dans le calcaire de 
Valognes des Oursins, indiqués par M: de Caumont sous le nom de Gida- 
rites , mais sans description ni figures; que le genre Diadema , auquel 
appartiennent les oursins du Lyonnais et de la Bourgogne , n’est qu'un dé- 
membrement du genre Cydaris , et que le rapprochément que cette cir- 
constance dénote est peut-être plus grand encore qu'il ne le ‘paraît au 
premier énoncé du fait. 

» M. Leymerie indique brièvement ensuite, au moins comme probables, 
d’autres rapprochements pour le Choin bâtard du Lyonnais, avec des ter- 
rains décrits ou mentionnés par divers géologues , comme placés entre le 
calcaire à gryphées et le Keuper, dans le Jura, dans le Nivernais, dans le 
département de ia Dordogne ; dans la Lorraine , dans les Ardennes et dans 
le Luxembourg, ainsi qu'avec le Lias blanc des géologues anglais. Il au- 
rait pu sans doute rendre ces citations plus nombreuses et y comprendre, 
par exemple, l’assise calcaire que M. de Mandelslohe a décrite en 1834 , 
comme alternant avec les grès inférieurs du Lias de l'Albe du Würtemberg, 
et présentant des caractères qui rappellent les traits les plus saillants des 
Lumachelles de Bourgogne. 

» Un tel ensemble de faits et de considérations porte M. Leymerie à 
conclure que ce terrain , loin d’être particulier au département du Rhône, 
se présente au contraire, au moins en France, dans la plupart des localités 
où se trouvent à la fois les marnesirisées et le Hias, et constamment entre 
ces deux formations. Signalé en Bourgogne et en Normandie, il a été con- 
fondu ailleurs avec le calcaire à gryphées qui le recouvre, et qui est main- 
tenant si généralement connu qu'on se dispense souvent de le décrire. 
M. Leymerie pense qu'il ya lieu de classer ce calcaire inférieur, d’une ma- 
nière distincte, dans la série des formations secondaires, et, dans le 
douzième paragraphe de son Mémoire, il en propose -un essai de descrip- 
tion générale, en résumant les descriptions locales faites dans les para- 
graphes précédents. Les caractères minéralogiques très variés des calcaires, 
marnes et gres qui le composent; la disposition également variée de ces 
couches entre elles; la séparation entre ce terrain et le terrain qui le re- 
couvre, souvent marquée par des trous de coquilles térébrantes, par des 
surfaces lisses, par des bancs d’huîtres , circonstances qui semblent indi- 
quer une interruption assez prolongée entre les deux dépôts; la présence 
rare des fossiles caractéristiques du calcaire à gryphées, et la présence 
constante soit de couches de lumachelle, soit d'espèces particulières de 
Pecten bien déterminées , soit d'espèces également bien caractérisées des 


( 887 ) 
genres Diadema ou Cidaris ; enfin, la présence de baryte sulfatée et de 
minerais métalliques, fer oligiste ou fer oxidé hydraté, plomb sulfuré, cuivre 
carbonaté, etc., forment les éléments principaux de cette description. 

» La distinction de cette assise géologique étant ainsi établie, M. Ley- 
merie se demande si on doit la classer comme un terrain particulier, infé- 
rieur au terrain de Lias, ou ne la considérer que comme l'étage inférieur du 
Lias..…. Malgré les caractères assez tranchés sur lesquels il a insisté à plu- 
sieurs reprises, et qui sembleraient devoir le conduire à la première con- 
clusion , il adopte la seconde par ce doublemotif: 1° que la Gryphée arquée, 
peut-êtretlé Plagiostome géant, et d'autre fossiles du Lias pénètrent, bien 
que rarement ; dans le calcaire inférieur; et 2° que, si quelquefois la sépa- 
ration est nette, d’autres fois il y a un véritable passage entre les deux cal- 
caires. Il croit cependant à la nécessité d’assigner un nom particulier à 
cette subdivision, et les noms divers de calcaire de Valognes et d'Osman- 
ville , de Lias blanc , de Lumachelle, de Choin bâtard, de grès du Lias , 
de grès d'Hettange ou de Luxembourg ne pouvant servir qu’à désigner des 
circonstances propres à certaines localités ou ne pouvant convenir qu’à 
une portion du terrain , le nom de Quadersandstein, qu’on lui a aussi appli- 
qué, ayant, avec l'inconvénient précédent, celui de la confusion qu'il n’a 
déjà que trop introduite dans la géognosie, l’auteur indique, en déclarant 
qu’il ne prétend pas le proposer formellement, le nom d’{nfralias, comme 
ayant le double avantage de porter avec lui son explication en caractéri- 
sant le terrain d'une manière générale, et de ne pas être, à proprement 
parler,un nom nouveau. 

» Nous avons cru devoir présenter à l’Académie, une analyse assez dé- 
veloppée du Mémoire de M. Leymerie, parce que ce Mémoire ne lui a pas 
été lu, parce qu'il est fort étendu et'qu’il renferme le résultat d’un grand 
nombre d'observations faites avec soin, sur une contrée intéressante et 
sur un terrain imparfaitement connu jusqu’à présent. 

» La méthode et les détails avec lesquels les faits sont exposés, dé- 
notent dans l’auteur une connaissance approfondie de la géognosie, ainsi 
qu'un bon esprit d'observation, etils inspirent toute confiance. Les coupes 
nombreuses dont le Mémoire est accompagné, les échantillons de roches 
et de fossiles que l’auteur a recueillis et qu’il a mis sous nos yeux, enfin 
ce que nous connaissons nous-mêmes des localités qu'il a étudiées, ne 
nous permettent pas d’ailleurs de douter de l'exactitude des faits énoncés, 
et sous ce premier point de vue, le travail de M. Leymerie est déjà tout- 
à-fait digne d'estime. 6 


( 888 ) 


» Mais les inductions générales auxquelles l’auteur est arrivé, donnent 
à ce travail un autre genre d'intérêt, un plus grand degré d'importance, 

» Nous appellerons spécialement l'attention de l'Académie sur’ ce qui 
concerne le terrain que l’auteur nomme /nfralias. C'est ici la partie 
principale, et c’est aussi la partie la plus remarquable de son Mémoire, 
en ce que non-seulement il a bien fait connaître une assise qui joue un 
rôle important dans la constitution géologique du département du Rhône; 
mais encore, en faisant un rapprochement heureux entre ce qu'il avait vu 
dans le Lyonnais, et les faits exposés dans les descriptions géognostiques 
de plusieurs autres contrées, il a établi la nécessité d'introduire et de 
classer, à une place déterminée dans la série générale des terrains, un 
ensemble de couches calcaires et marneuses, présentant des caractères 
particuliers , et renfermant des fossiles qui lui sont propres, assise qui 
était restée jusqu’à présent, pour la plupart des géologues, inaperçue 
ou confondue avec le terrain qui la recouvre : sous ce rapport, le travail 
de M. Leymwerie contribue à un véritable progrès de la science. 

» La désignation de cet ensemble de couches, par une dénomination 
quelconque, devient une chose utile du moment où la généralité de 
l'assise est reconnue. M. de Mandelslohe a aussi appuyé sur l'utilité d’une 
telle désignation, dans le Mémoire que nous avons cité tout-à-l'heure, ei 
il a proposé le nom de calcaire à gryphées inférieur ; mais la Gryphée 
caractéristique du calcaire de ce nom est très rare dans l’assise inférieure , et 
elle ne s’y présente que dans un état de petitesse et une sorte d’altération 
singulières. Il nous paraît donc préférable d'adopter le nom d’/nfralias , 
proposé par M. Leymerie avec une modeste hésitation. 

» Et quant à cet autre doute de l'auteur, si l'/afralias doit être classé 
comme un terrain, comme une formation, enfin comme ce qu'on pourrait 
appeler une Espèce géognostique, ou s'il doit être considéré comme 
l'assise inférieure du terrain de Lias , nous pensons que cette question est 
une de celles dont la solution offre peu d'intérêt réel, dans l’état actuel 
de la science, du moment où la place de l'assise ou du terrain est bien 
déterminée. M. Leymerie nous parait avoir atteint ce dernier but d’une 
manière assez complète, pour que son travail doive rester parmi les ma- 
tériaux destinés à la construction de l'édifice géognostique. Nous avons 
l'honneur de proposer à l’Académie de donner son approbation à ce 
travail, et d'en ordonner l'insertion dans le recueil des Mémoires des 
Savans Étrangers. » 

Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. 


( 889 ) 

M. Gax-Lussac, au nom de la Commission à l'examen de laquelle avait 
été renvoyée une lettre de M. Gros relative à des questions de priorité pour 
un nouveau mode de chauffage, déclare que dans cette lettre il n’y a 
rien de relatif aux questions scientifiques qui peuvent intéresser l’Aca- 


démie, et qu’en conséquence elle n'est pas de nature à devenir l’objet d’un 
rapport. 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin , à ia nomination d'une Commis- 
sion qui sera chargée d’examiner dans quelle région du globe il onvien- 
drait d'envoyer des voyageurs, pour concourir à remplir les lacunes existant 
encore dans les diverses branches des connaissances humaines qui sont 
du ressort de l’Académie des Sciences. 


MM. de Blainville, de Mirbel, Arago, Élie de Beaumont, de TFreycinet, 


Gay-Lussac et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire réunissent la majorité des 
suffrages. 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CHIMIE AGRICOLE. — Recherches chimiques sur la végétation, entreprises 
dans le but d'examiner si les plantes prennent de l'azote à l'atmos- 
phère; par M. Boussixaaucr. (Deuxième Mémoire, extrait.) 


(Commissaires, MM. Dutrochet, Dumas, Turpin.) 


« Dans ce deuxième Mémoire, j’expose les nouvelles recherches que j'ai 
faites dans la vue de vérifier les résultats obtenus dans la première partie 
de mon travail. J’examine ensuite si les plantes développées, douées d’une 
parfaite organisation, s’assimilent de l'azote quand elles sont transplantées 
et cultivées dans un sol absolument privé de matière organique. 

» Les expériences faites dans le courant de l’année dernière, ont établi 
que le trèfle, né et cultivé dans du sable préalablement calciné à la chaleur 
rouge, admet dans son organisation une certaine quantité d'azote prove- 
nant très probablement de l'atmosphère. 

» En cultivant cette année, des pois semés dans des conditions exacte- 
ment semblables, j'ai obtenu les mêmes résultats; et de plus, j'ai eu l'occa- 
sion de constater un fait assez inattendu : c’est que les pois sous l'influence 
d’un semblable régime, n’ayant pour tout aliment que l’eau et l'air, ont 
fleuri et donné des semences d'une maturité parfaite. 


( 890 ) 
Résumé de l'expérience. 


Carbone. Hydrogène. Oxigène. Azote. 


Pois semés. 14,072: :. contenant : 087 ,515.. 0,069 .. 0,443... 0,046 
Récolte... 4 ,441:.. idem. un 36 5 0,284. 1 ,680.. o;1ro 
Gain pendant la culture........ +1 ,861.. + 0,215.. + 1,237.. + 0,055 


» Il résulte de cette expérience, que 1f,072 de semences de pois ont 
gagné 3,369 de matière organique en 99 jours de végétation accomplie, 
pendant les mois les plus chauds de l'année. Le poids de l'azote contenu 
primitivement dans la semence, se trouve plus que doublé dans la récolte. 
D'ailleurs dans les pois récoltés la proportion d’azote était moindre que 
dans les pois semés, 3,6 pour cent d’azote au lieu de 4,3. 

» La matière élémentaire qui s’est assimilée pendant l'accroissement de la 
plante ne se représente pas exactement par de l’eau et du carbone; l'hy- 
drogène est en excès, et cet excès est tel, qu’il n’est guère possible de l'at- 
tribut une erreur d'analyse. Je discuterai, dans un travail particulier, 
les différents rapports suivant lesquels la matière élémentaire est acquise 
ou éliminée pendant le cours de la vie végétale , et j'espère en déduire des 
conséquences qui ne seront pas sans intérêt pour l'étude des phénomènes 
chimiques de la végétation. 

» SIL. Culture du trèfle développé dans un sol stérile. — Les plants de 
trefle ontété choisis dans un champ ensemencé l'année dernière. Le trèfle 
a été transplanté dans le sable le 28 mai, et mis aussitôt à l'abri des pous- 
sières atmosphériques. Dans les premiers jours, la végétation fut languis- 
sante ; mais bientôt après, elle prit une vigueur remarquable. Vers le 8 juil- 
let, les fleurs commencèrent à se manifester; le 15, leur couleur était d’un 
beau rouge incarnat. On fit cesser l'expérience le 1° août : on reconnut 
alors que les racines n'avaient pris aucun développement. 


x 


Résumé de l'expérience. 


Le trèfle transplanté eût pesé , sec et privé de cendres. .................... o8”,884 
Après 63 jours de culture, la récolte a pesé...:............ MSN AS DE A É 2 ,264 
Gain pendant la culture.............. + ieeateie 1 000 

Carbone. __ Hydrogène. Oxigène. Azote. 
Avant la culture la plante contenait : or, 384.. 0,048. 0,419.. 0,033 
Après la culture... ......: ALT 1 :200.. 0,145.. 6,863.. - 0,056 
Différences. . .... + 0 ,816.. + 0,097.. + 0,444... + 0,023 


» Ainsi, en deux mois de végétation, aux dépens de l'air et de l’eau, le 


( 89) 
trèfle a pour ainsi dire triplé le poids de sa matiére élémentaire, et l'azote 
a presque doublé. 

» TI. Végétation de l'avoine dans l'eau pure. — Les recherches sur 
le froment qui sont exposées dans mon premier Mémoire, tendent à faire 
croire que pendant la germination et la végétation de cette céréale dans un 
sol dépourvu d’engrais, il n’y a pas de gain en azote. En effet, la récolte de 
froment ne contenait ni plus ni moins d'azote que n’en renfermaient primi- 
tivement les semences. | : 

» Le 20 juin, on disposa plusieurs plants d'avoine à l'abri des poussières ; 
les racines plongeaient dans l’eau distillée, Le 10 août la plante portait des 
semences entièrement müres. 


Résumé de l'expérience. 


Avant l'expérience les plants d’ayoine auraient pesé, secs et privés de cendres. . 16", 560 
La récolte totale a pesé. ..... ......... EE CRIS UE PC PEER +. 3 ,118 
Gain pendant la culture. ......,............. » ,558 
3 Carbone. Hydrogène. Oxigène. +: Azote. 

La plante contenait, avant lPexpé- 
ENCORE e OUR : 06,827. 0,106... 0,568.. . 0,059 
Après {1 jours de végétation... 1 ,5o0.. 0,193.. 1,372... 0,053 
Différences. ...... + o O7 0,087.. + 0,804.. — 0,006 


» Dans cette expérience l'analyse, loin d'indiquer qu'il y ait eu gain en 
azote, signale au contraire une légère perte de ce principe. 

» Les recherches que j'ai entreprises semblent donc établir que, dans 
plusieurs conditions, certaines plantes sont. aptes à puiser de l'azote dans 
l'air; mais dans quelles circonstances et à quel état cet élément se fixe-t-il 
dans les végétaux , c’est ce que nous ignorons encore. En effet, l'azote 
peut entrer directement dans les plantes, si leurs parties vertes sont pro- 
pres à le fixer. L’azote peut encore être porté dans les végétaux, par l’eau 
toujours aérée qui est toujours aspirée par leurs racines. Enfin il est pos- 
sible, comme le pensent plnsieurs physiciens, qu'il existe dans l'air de 
trés petites quantités de Vapeur ammoniacales. Dans un travail sur les asso- 
lements, que je publierai bientôt, j'ai constaté par de nombreuses ana- 
lyses que, dans la grande culture, l'azote contenu dans une succession de 
récoltes excède toujours, et souvent dans une très forte proportion, l’azote 
qui se trouvait originairement dans les engrais consommés pour les ob- 
tenir. » 

C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, No 21) 121 


( 892 ) 


PHysiQuE. — [Vote sur la chaleur constitutive de la vapeur d'eau en 
contact avec le liquide; et sur la loi de conservation du maximum de 
densité de la vapeur pour sa température, pendant son action dans les 
machines à vapeur ; par M. »e Pawsour. 


(Extrait par l’auteur.) 


« Quelques expériences de Watt, confirmées depuis par celles de 
MM. Sharpe et Clément, ont amené ce résultat que la vapeur, au moment 
de sa formation, c’est-à-dire en contact avec le liquide, ou au maximum 
de densité pour sa température, contient la même quantité de chaleur 
totale, à quelque degré de tension qu’on la suppose formée. On en a 
déduit que la quantité de chaleur contenue à l’état latent, dans la vapeur 
en contact avec le liquide, est de moins en moins grande à mesure que 
la température de cette vapeur est plus élevée; de sorte que la chaleur 
totale , ou la somme de cette chaleur latente, plus la chaleur indiquée par 
le thermomètre, forment dans tous les cas une quantité constante, repré- 
sentée par 650 degrés du thermomètre centigrade ou 1170 de celui 
de Fahrenheit. 


» Southern, au contraire, a conclu de ses expériences, que ce serait 
la portion latente de la chaleur qui serait constante, et que pour avoir 
la quantité totale de chaleur actuellement contenue dans la vapeur formée 
à une température donnée, il faudrait, à cette température, ajouter un 
nombre constant, qui représenterait la chaleur latente absorbée par la 
vapeur dans le changement d'état. 


» Cette opinion a paru plus rationnelle à quelques auteurs, et ils en 
ont fait la base de leurs calculs sur les effets de la vapeur ; mais la pre- 
mière me semble mise hors de doute par les observations que je vais 
rapporter. 

» On sait que, lorsqu'un fluide élastique se dilate dans un espace plus 
grand, cette dilatation est toujours accompagnée d’un abaissement de tem- 
pérature. Si donc la première des deux lois est exacte, il s'ensuit que la 
vapeur étant une fois formée sous une certaine pression, pourra être séparée 
du liquide, et pourvu seulement qu’on ne lui enlève, par un agent exté- 
rieur, aucune portion de son calorique primitif, elle pourra se dilater 
dans des espaces de plus en plus grands, en passant en même temps à des 
températures de plus en plus basses, sans cesser pour cela de rester au 


et 


( 893 ) 
maximum de densité pour sa température actuelle. En effet, puisque nous 
supposons que la vapeur n’a perdu aucune portion de sa chaleur totale, il 
s'ensuit qu’elle en contient toujours précisément ce ‘qu'il faut pour la 
constituer à l’état de maximum de densité à sa nouvelle température , aussi 
bien qu’à l’ancienne. 

» Si au contraire, la loi de Southern est exacte, lorqsue la vapeur, üne 
fois séparée de son eau génératrice, diminuera de densité en se dilatant 
dans des espaces de plus en plus considérables, elle ne restera pas au maxi- 
mum de densité pour sa nouvelle température ; car, puisque nous admet- 
tons que la vapeur primitive contenait plus de chaleur qu’il n’en faut pour 
constituer la nouvelle à l’état de maximum de densité, il s'ensuit que ce 
surplus de chaleur, devenu libre maintenant, se répandra dans la nou- 
velle vapeur et augmentera sa température. Ainsi, nous aurons pour ré- 
sultat de la vapeur à une certaine densité, indiquée par les espaces relatifs 
dans lesquels s’est dilatée la vapeur, et à une température supérieure à 
celle qui convient à cette densité, dans les vapeurs au maximum de den- 
sité pour leur température. 

» Pour reconnaitre donc par les faits; laquelle des deux lois signalées 
est exacte, dans une série très nombreuse d'expériences qu’on trouvera 
détaillées dans la prochaine édition du Traité des Locomotives, j'ai adapté 
à la chaudière d’une locomotive, dont les conduits étaient entièrement 
protégés contre tout refroidissement extérieur, un thermomètre et un 
manomètre à air; puis j'ai appliqué deux instruments semblables au conduit 
par lequel la vapeur, après avoir terminé son action dans la machine, s’é- 
chappait vers l'atmosphère, et j'ai observé leurs indications simultanées. 
La vapeur se formait dans la chaudière à une pression qui variait de 40 
à 65 livres anglaises par pouce carré, et elle s’échappait vers l'atmosphère 
à une pression qui variait, suivant différentes circonstances, de 20 à 15 li- 
vres par pouce carré. Or, pendant plusieurs centaines d'expériences où j'ai 
observé et enregistré ces effets, j'ai trouvé invariablement que la vapeur 
sortait de la machine exactement avec la température qui convenait à sa 
pression actuelle. dans les vapeurs en contact avec le liquide, ou au maxi- 
mum de densité pour leur température. La loi supposée par Southern est 
donc inadmissible, et celle de Watt ou de M. Clément est la seule sup- 
portée par les faits. 

» D'un autre côté , si au-delà de 650 degrés centigrades , l'eau ne recoit 
plus aucune addition de chaleur qui ne soit sensible au thermomètre , c'est 
simplement qu’à ce point, l’eau que l’on supposerait renfermée dans un 

121: 


(894) - 

vase capable d’une résistance suffisante, y serait en entier transformée en 
vapeur; et qu'ainsi, au lieu d’agir sur un liquide, on n’agirait plus que sur un 
fluide élastique , d’où résulte que toutes les augmentations de chaleur qu’on 
lui ferait subir deviendraient, comme dans tous les gaz, sensibles au ther- 
momètre. Cette observation, qui revient à dire que la vapeur formée à la 
température de 650° a la même densité que l’eau, explique la difficulté qui 
sans cela se présenterait, en ce que au-delà de 650 degrés centigrades, la 
loi précédente ne pourrait subsister qu’autant que la chaleur latente de- 
viendrait une quantité négative , ce qui avait fait considérer cette loi comme 
peu rationnelle. 

» Les expériences dont je viens de parler m'ont encore conduit à re- 
connaître une autre loi extrêmement utile pour le calcul des effets de la 
vapeur: c’est que, pendant toute la durée de son action dans les machines 
à vapeur, et quels que soient les changements qu’elle éprouve, la vapeur 
reste toujours au maximum de densité pour sa température. 

» En effet, dans les machines à vapeur, la vapeur après avoir été séparée 
de l’eau de la chaudière, n’est jamais sujette à éprouver des accroissements 
de chaleur. Elle ne peut que conserver sa quantité de chaleur primitive, 
si les conduits sont suffisamment protégés contre tout refroidissement ex- 
térieur, ou subir une certaine perte de chaleur, s'ils ne le sont pas. Or, 
nous avons vu que, dans le premier cas , la vapeur reste au maximum de 
densité pour sa température; et-dans le second , il est clair que le refroi- 
dissement produira la condensation d’une certaine quantité de la vapeur, 
et que le reste, par conséquent, se trouvera en présence du liquide, c’est- 
a-dire au maximum de densité pour sa température. Donc, nous pouvons 
affirmer que pendant toute la durée de son action dans les machines, la 
vapeur, quelle que soit la température ou la pression qu’elle acquiert, 
reste toujours au maximum de densité pour sa température, c'est-à-dire 
dans le même état absolument que si elle venait de se former à cette tem- 

pérature même. 

» D’après cette loi, lorsque l'observation ou le calcul auront fait con- 
naître l’une des trois choses suivantes, savoir : la pression, la température 
ou la densité, à laquelle se trouve actuellement la vapeur en un instant 
quelconque de son action, il sera facile de déterminer immédiatement les 
deux autres quantités; car, il suffira, pour cela , de recourir aux tables ou 
aux formules qui, pour les vapeurs en contact avec le liquide, font con- 
naître la correspondance existante entre les trois quantités mentionnées 
plus haut. 


( 895 ) 

» Cette loi de la conservation du maximum de densité de la vapeur 
pour sa température, doit, par conséquent, remplacer celle de Mariotte, 
dont on se servait à tort pour connaître les changements de volume 
éprouvés par la vapeur en passant d’une pression à une autre. En effet, 
la loi de Mariotte suppose qu’en passant d’une pression à une autre dans la 
machine, la vapeur conserverait néanmoins sa température, et les expé- 
riences mentionnées plus haut, ont démontré que cette hypothèse n’est 
pas exacte, puisque la vapeur n’a jamais changé de pression dans la ma- 


chine sans changer en même temps de température d’une manière corrés- 
pondante, » 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide chloro-sulfurique et la sulfamide ; 
par M. V. Recnaur. 


(Commissaires, Dumas, Robiquet, Pelouze.) 


« On obtient ce composé en quantité considérable, quand on fait arriver 
ensemble dans un ballon du chlore sec et du gaz oléfiant, mélangé d’a- 
cide sulfureux, tel qu'on l’obtient par la réaction de l’acide sulfurique 
sur l'alcool très concentré et auquel on a fait traverser deux flacons rem- 
plis d'acide sulfurique concentré. La combinaison des gaz se produit avec 
une grande élévation de température, et il se condense un liquide extré- 
mement mobile, d’une odeur vive et suffocante. Ce liquide est un mélange 
de liqueur des Hollandais, et d'une nouvelle substance à laquelle je 
donne le nom d’acide chloro-sulfurique. La composition de cette subs- 
tance est SO*.CE, c'est de l'acide sulfurique dans lequel 1 équiv. d’oxigène 
est remplacé par 1 éq. de chlore. La densité de sa vapeur est 4,652, ce 
qui conduit au même groupement moléculaire que dans l'acide sulfu- 
rique. 

» L’acide chloro-sulfurique est par rapport aux acides sulfureux et sul- 
furique, ce que le gaz chloro-carbonique est par rapport à l’oxide de 
carbone et l'acide carbonique. 

» L’acide chloro-sulfurique se décompose au contact de l’eau, en acides 
bydro-chlorique et sulfurique. La décomposition est beaucoup plus rapide 
au contact d'une dissolution alealine. 

» Le gaz ammoniac sec exerce une réaction remarquable sur la liqueur 
chloro-sulfurique. Il se forme du sel ammoniac et de la sulfamide SO*.Az°Hf, 
qui correspond à l’oxamide. 


» La sulfamide est une substance blanche pulvérulente, déliquescente 


( 896 ) 

à l'air, se dissolvant facilement dans l’eau et dans l'alcool. La dissolution 
ne précipite pas les sels de baryte ni le chloride de platine, elle ne subit 
pas d’altération sensible à la température ordinaire; un mélange de sul- 
famide et de chlorure de barium dissous dans l’eau peut être conservé 
pendant des mois entiers sans se troubler; mais si l’on expose ce mélange 
à l'ébullition surtout avec un excès d'acide hydro-chlorique, on voit la 
dissolution se troubler et déposer du sulfate de baryte; mais la transfor- 
mation de la sulfamide en sulfate d’ammoniaque, à la température de 
‘ébullition , est extrémement lente. 

» J'ai examiné de nouveau l’action du gaz ammoniac sur le gaz 
chloro-carbonique et j'ai reconnu qu’il ne se formait pas dans cette cir- 
constance un sel particulier, comme on l’a admis jusqu'ici, mais un mé- 
lange de sel ammoniac et de la carbamide CO.Az*H, laquelle carbamide 
n’est pas l’urée. 

» La carbamide n’est pas déliquescente à l’air, elle se dissout facilement 
dans l’eau; la dissolution ne précipite pas l’eau de baryte; avec les acides 
minéraux concentrés, elle produit une effervescence aussi vive que le 
carbonate d’ammoniaque ordinaire; mais ces acides étendus d’eau et les 
acides organiques tels que l’acide acétique et l’acide oxalique ne donnent 
pas d’effervescence; ce n'est qu'au bout d’un temps plus ou moins long 
que l’on aperçoit quelques balles d'acide carbonique se former dans la 
liqueur. 

» L'existence du composé chloro-sulfurique SO*.CF me parait lever 
tous les doutes qui pouvaient encore exister sur la composition des 
substances que d’après M. H. Rose, on désigne sous le nom de bichrô- 
mate de perchlorure de chrôme, de bitungstate de perchlorure de tungs- 
tène, ete., etc. L’acide chrômique est isomorphe avec l'acide sulfurique, 
et de même que ce dernier acide, il peut échanger 1 éq. d’oxigène 
contre 1 éq. de chlore, et former un acide chloro-chrômique correspon- 
dant à l’acide chloro-sulfurique par sa composition et le mode de con- 
densation de ses éléments. Au reste, je dois dire que M. Persoz est le 
premier qui ait envisagé la composition du bichrômate de perchlorure 
de chrôme sous ce point de vue. 

» Ainsi nous avons ici quelques termes d’une série de composés chlo- 
rurés, qui certainement prendra beaucoup plus d'extension par la suite, 
et en traitant ces substances par le gaz ammoniac sec, on peut espérer 
d'obtenir une série d’amides correspondantes. » 

M. Recnaucr présente également un Mémoire ayant pour titre: De 


(897 ) 
l'action du chlore sur la liqueur des Hollandais et sur le chlorure d'A 
déhydène. 


(Commission nommée pour le précédent Mémoire.) 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouveau système d'éclairage par le gaz obtenu de 
la décomposition de l'eau et des matières carburantes. 


M. SercrGues prie l’Académie de charger une Commission d'examiner : 

«1°. Le nouveau système d'éclairage au gaz qu'il a déjà appliqué aux 
villes de Dijon et d'Anvers. 

» 2°. Son procédé de distillation en grand des schistes bitumineux , au 
moyen d'appareils fournissant chacun par 24 heures de 5 à 500 kilogr. de 
bitume liquide (environ 12 P. 100 du poids des schistes employés, pro- 
portion presque égale à celle qui se trouve dans la matière brute); la sé- 
paration des produits bitumineux destinés, les uns à la production du gaz, 
les autres à l'éclairage ordinaire; d’autres enfin, à des industries toutes 
différentes. 

» 3°. Ses tuyaux en grès à jonctions métalliques flexibles qui permet- 
tent aux conduites de suivre le mouvement des terrains sans cesser d’être 
imperméables. 

» 4°. Ses becs pour la combustion du gaz. 

» 5°. Les réflecteurs métalliques employés pour l'éclairage des villes où 
l’on fait usage de ce gaz, qui ne contient ni sulfures ni ammoniaque. 

» Les expériences pourront avoir lieu aux Batignolles-Monceaux où va 


être établi incessamment le nouveau procédé d'éclairage, l'usine étant déjà 
construite, » 


(Commissaires, MM. Arago, Thénard, Dumas.) 
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Îote sur la fabrication des machines en France, 
et sur quelques améliorations apportées à la construction des locomotives, 


aux moyens de franchir les pentes rapides et les courbes à petit rayon 
des chemins de fer; par M. Rexaur ne Vuracx. 


(Commissaires , MM. Poncelet, Séguier.) 


MébecinE. — Sur les maladies de la France, dans leurs rapports avec 
les saisons ; par M. Fusrer. 


(Commissaires, MM. Double, Magendie, Arago.) 


( 898 ) 


CORRESPONDANCE. 


M. ce Mouisrre pes Arrames ÉrrAnGèREs adresse à l’Académie un exem- 
plaire de l’ouvrage de M. le colonel Rem , sur le grand ouragan qui s'est 
fait sentir en 1780 dans les Indes-Occidentales, et transmet le désir ex- 
primé par l’auteur de voir établir dans tous les phares de la France un 
système d'observations météorologiques simultanées, 

M. le Ministre transmet également un exemplaire de l’Oryctographie de 
Moscou; par M. Firscuer. 

{Voir pour ces deux ouvrages au Bulletin bibliographique.) 


« M. »e Huwsornr communique à l'Académie des observations de va- 
riations horaires magnétiques, faites dans des intervalles de cinq minutes 
en cinq minutes de temps, avec un appareil à réflexion, par M. de Bogus- 
lawski, à Breslau. Les deux séries d'observations embrassent les années 
1835—1838, et sont correspondantes à des observations faites aux mêmes 
époques en Europe (de Milan à Upsala), en Sibérie et à Péking, en Chine. 
L'astronome de Breslau, aidé de M. Behnisch , et de plusieurs autres jeunes 
observateurs zélés, a représenté la marche de l'aiguille graphiquement, 
tant dans les solstices et les équinoxes qu’aux £ermes proposés par M. Gauss. 
Les courbes forment 145 petits tableaux. M. de Humboldt rappelle à cette 
occasion que les premières observations simultanées de ce genre sont celles 
qu'a faites M. Arago, il y a 15 ans, en comparant les variations horaires 
de l'Observatoire de Paris, aux variations magnétiques de Chätillon-sur- 
Seine et de Kasan. » 


ASTRONOMIE. — Comète à courte période. 


M. Axrreo Gaurtr envoie à M. Arago la suite des observations de la 
comète à courte période, qui ont été faites sous sa direction à l’'Observa- 
toire de Genève. 

Voici les résultats des nouvelles comparaisons de l’éphéméride de 
M. Bremiker et de quelques-unes des déterminations de M. Muller. 


Ascension droite. Différence. Déclin. boréale. Différence. 

Oct. 31... à #19 18",2... 324°29 5{...—17 37",5...65° 4153"... +848",7. 
Nov. 2: 7: 7-28,7...308.14.42...—922. 1,9...63.48.52,5.. +5.39,4. 
GE 12.47.52,6...281. 9.54...—24.43,5...53.58.28.... +1.34,68. 


5.13.32 ...269.45:19,6.—26,.23,5.. 45. 5.442... +2.23,0? 


( 899 ) 

M. Gautier continue à penser que la marche de ces discordances con- 
duira à diminuer notablement la masse que M. Encke avait attribuée à 
Mercure dans le calcul des perturbations. 

La faiblesse de la lumière de l’astre, particulièrement vers les limites de 
la nébulosité, continue à répandre beaucoup de doute sur la mesure du 
diamètre apparent. 

Le 31 octobre, par un fort clair de lune, M. Muller évalua ce diamètre 


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Ale TdCRCe shslote alter dalels 55e tete Elie GO 242) Pie rte à ei Sa cie TT 13 2 


Le 2 novembre, malgré la pleine lune, on trouva.....,.. 7 à 8 
Le 6 novembre, le diamètre était de. ........... Eee TOMATE 
avant le lever de lalune, et d’environ............... Soc ee SA 


après ce lever. 


PALÉONTOLOGIE. — Sur la découverte d'une tête de Mastodonte. 
— Extrait d’une lettre de M. Larrer. 


« Cest au Mastodonte à dents étroites (M. angustidens, Cuv., ancien 
animal de Simorre) qu'a dù appartenir cette tête. Les quatre molaires 
supérieures, qui indiquent un individu adulte, sont encore attachées au 
palais ; les inférieures ont également été retrouvées, mais hors de la 
mâchoire, que l’humidité avait presque entièrement décomposée. 

» Il y a deux défenses dont les tronçons en bon état se rajustent par- 
faitement à la partie qui estrestée engagée dans les alvéoles. La direction 
de ces alvéoles s’écarte de la perpendiculaire beaucoup plus que dans l’élé- 
phant, ce qui annonce déjà que la face était plus allongée, Ces défenses 
ont de longueur totale 1,30; leur section transversale dans le milieu pré- 
sente un ovale presque régulier dont le plus grand diamètre est de o",17 
et le moindre de 0,095. La courbure de ces défenses ne devient sensible 
qu'en approchant de la pointe, et leur face concave, celle-là justement qui 
n’est point usée par le frottement, est recouverte d’une bande d’émail qui 
règne d’un bout à l’autre sur une largeur moyenne de 0°,055. 

» À l’époque où M. Cuvier publia ses Recherches sur les Mastodontes , on 
n'avait pas encore observé de défense en place. M. Peale, en remontant 
le squelette du grand Mastodonte que l’on voit encore à Philadelphie, y 
adapta deux défenses qu'il placa la pointe en bas et en arrière, et la con- 
vexité en avant, contrairement à ce qui a lieu dans l'éléphant. Les raisons 
qu'il donne pour motiver cette interversion, n'avaient point satisfait 
M. Cuvier qui penchait pour le maintien de l’analogie. Effectivement, 


C. R. 1838, 2 Semestre, (T. VII, N° 24.) 122 


( 900 ) 


dans notre tête de Mastodonte à dents étroites, c’est la face convexe des 
défenses qui est tournée en-dessous et un peu en-dedans; leur pointe se 
dirige en hant, en se rejetant sensiblement en dehors. 

» M. Cuvier, qui avait eu à sa disposition des portions plus ou moins 
considérables de son Mastodonte à dents étroites (1), n’avait pu y recon- 
naître aucun indice de l'existence d’incisives. Cependant j'ai découvert, il 
y a plus d’un an, ainsi que j'ai eu l'honneur d’en informer l’Académie, des 
dents de forme Poe qui se sont montrées à moi dans une position 
telle, qu'il ne m'était plus permis de douter que ce ne fussent réellement 
des incisives inférieures du Mastodonte à dents étroites. Plus tard enfin, 
lorsque j'ai envoyé au Muséum la presque totalité d’un squelette de cet 
animal, on à pu y voir une demi-mächoire inférieure où lalvéole de l'in- 
cisive était on ne peut plus nettement caractérisée. 

» Néanmoins, je suis forcé de convenir qu'avec les quatre molaires in- 
férieures qui dépendent de la tête dont il est question dans cette Note, 
et à l'endroit même où gisaient les débris de la mâchoire qui les conte- 
nait, il ne m'a pas été possible de retrouver la moindre trace d’incisives. 

» En revanche, j'ai été assez heureux pour découvrir quelques jours 
après, dans le même lieu, une autre grande portion de mâchoire infé- 
rieure avec ses quatre molaires de même forme et dimension que les pré- 
cédentes et de même âge aussi, à en juger par l'usure de leur couronne. 
Dans ce morceau remarquable que j'adresse également au Muséum, lal- 
véole de l'incisive gauche est encore fraiche, tandis que celle de droite est 
presque entièrement oblitérée. D'où l’on peut conclure, ce me semble, que 
chez ces animaux les incisives inférieures existaient dans le jeune âge; 
qu'elles tombaient ensuite un peu plus tôt, un peu plus tard, mais sans 
jamais se renouveler, ce qui tenait ssabermibllenene au mode particu- 
lier de développement de leurs arrière-molaires. 


» Au reste, la partie antérieure de cette dernière mâchoire est beaucoup 
plus allongée que dans l'Éléphant et même que dans le grand Mastodonte; 
le canal qui règne au-dessus de la symphyse est en même temps plus étroit. 
Comme les alvéoles des incisives sont très rapprochées, on doit supposer que 


(1) J'entends par-là le Mastodon angustidens de Cuvier, l'animal de Simorre, pro- 
prement dit. On sait que M. Kaup a signalé un Mastodonte dont les dents seraient rela - 
tiverent plus étroites que celles du 7. angustidens. Cette espèce serait également, sui 
vait M. Kaup, pourvue d'incisives inférieures. 


( 907 ) 
dans leur action réciproque avec les défenses supérieures, elles passaient 
entre celles-ci en s’entrecroisant.. ... 

» Toutes les pièces décrites dans cette note proviennent d’une localité voi- 
sine de Simorre; elles ont été trouvées à 10 ou 12 pieds de profondeur, sons 
un amas de sable qui recouvrait également des débris de rhinocéros, paléo- 
thérium, etc. » que j'adresserai prochainement au Muséum ; quant aux restes 
de Mastodontes, J'en ai déjà envoyé tous les morceaux les mieux conservés. 

» Les sables de Simorre, qui font partie d’une formation arénacée dont les 
lambeaux se montrent épars sur nos collines subpyrénéennes, sont évi- 
demment, comme j'ai déjà eu autrefois occasion de leaire remarquer, d’un 
âge plus récent que le dépôt lacustre ossifère de Sansan. D'un autre 
côté on ne peut douter qu’il n’aient été amenés à la place qu'ils occupent 
aujourd’hui, avant le creusement de nos vallées actuelles; aussi doit-on 
éviter de les confondre avec le diluvium, dont ils ont quelquefois séparés 
par des dépôts calcaires où marneux. 

» Ces sables, assez souvent agglutinés Par un ciment terreux fonciere- 
ment calcaire, se montrent parfois meubles et accompagnés de menus 
graviers. C’est principalement dans ce dernier Cas qu'ils renferment des 
ossements. La nature minéralogique de ces graviers atteste leur origine 
pyrénéenne. Ainsi l’on peut s'arrêter à cette SUpposition qu'ils ont été 
charriés par des courants descendant des montagnes et inondant de temps 
à autre les plaines adjacentes habitées par de nombreux mammifères dont 
nous retrouvons aujourd'hui les débris. 

» M. le comte de Sailhas et M, de Roquemaurel ont bien voulu me 
communiquer un fait qui vient encore à l'appui de la SUpposition que le 
dépôt de ces graviers s'est effectué dans l'eau douce où par l'eau douce. 
Ils ont recueilli dans une sablonnière dépendante de la même formation , 
avec des dents de Mastodonte et Rhinocéros, des moules intérieurs et 
extérieurs d’une grande Unio dont les formes générales se rapproche- 
raient de celles de l'U. Mmargaritifera, Lam., mais dont le bord postérieur, 
marqué de plusieurs sinuosités profondes, rappellerait plutôt certaines 
espèces qui vivent aujourd'hui dans les rivières tropicales. » 


INDUSTRIE. — Filtrage de l’eau. 


La compagnie française de filtrage qui exploite le procédé de linven- 
tion de M. Zenri de Fonvielle, sur lequel il a déjà été fait un rapport à 
l’Académie, communique, par l'entremise de son ingénieur, M. Achard , 
les résultats de quelques épreuves toutes récentes. 

122. 


( 902 ) 

Quatre appareils de 1,56 de hauteur sur 0",62 de diamètre, fonctionnent 
actuellement à Belleville et à La Villette sous l'énorme charge d’une colonne 
d'eau de 70 mètres de hauteur verticale. « Le produit, dit M. Zchard, 
» est d’une limpidité parfaite. Il s'élève, pour chaque appareil, à 140 litres 
» par minute, ce qui ne fait pas moins de 2016 HECTOLITRES en 24 heures, 
» avec 0",60 de surface totale. » 

L'énorme pression de 70 mètres, na ni entrainé, ni bouleversé les 
couches superposées des filtres, soit pendant le cours du filtrage, soit 
pendant les manœuvres brusques à l'aide desquelles l'appareil est nettoyé. 


Méréorococie. — Grand meétéore lumineux dans la nuit du 
13 novembre 1838. 


Le temps n’a pas favorisé cette année la recherche des étoiles filantes 
périodiques de novembre. Les courts intervalles pendant lesquels le ciel 
est resté serein, permettent cependant d'affirmer que les météores n’ont 
pas été aussi nombreux qu’à l'ordinaire, soit que dans leur course ils 
n'aient pas envahi cette fois l'atmosphère d'Europe, soit que leur passage ait: 
eu lieu en plein jour. Chacun, dans ces circonstances, comprendra tout le 
prix de l'observation d'un grand bolide dont l'apparition a eu lieu préci- 
sément le 13 novembre; aussi consignerons-nous ici textuellement la lettre 
que M. Arago a reçue de M. F’erusmor de Cherbourg. 

«Mardi dernier, 13 novembre, sur les sept heures du soir, à la suite 
d'une journée nuageuse, froide et pluvieuse, succédant elle-même à deux 
jours de tempête, ma vue fut tout à coup frappée d'une vive lueur rouge 
qui embrassait les nuages vers le nord-est. Je crus d’abord que c'était une 
aurore boréale qui se manifestait à l'horizon; mais J'avais à peine concu 
cette pensée, que le phénomène, dégagé de la nue, se montra avec tous 
les caractères d’un météore igné, d’un bolide éclatant accompagné de cir- 
constances remarquables. Voici ce que j'ai pu observer touchant ce phé- 
nomène, dont l'apparition a été d'une instantanéité aussi subite que celle 
de l'éclair. 

» À son arrivée sur l'horizon, le météore , masqué par les nuages, sem- 
blait être d’un volume énorme. Cette erreur d'optique, produite par la 
distance et les vapeurs de l’atmosphère, se dissipa rapidement , et le bolide 
à sa sortie des nuages ne parut plus que de la grandeur de la pleine lune 


mesurée à la vue simple quand elle est au zénith; ce diamètre apparent: 
se réduisit encore de près des deux tiers, en sorte que le météore, était à. 


eine de la grosseur d’une bombe de 8 p. lorsqu'il passa au méridien. 
( $ q P 


( 905 ) 

» Ce globe igné avait un mouvement de rotation très lent, si onle com- 
pare à la vitesse de la marche du bolide. Il jetait une flamme blanche trés 
pale, et paraissait absolument comme une boule rouge, remplie de ma- 
üieres en combustion, dont les flammes sortiraient par une petite ouver- 
ture; excepté sa couleur de feu et sa direction horizontale, on aurait dit 
d’une bombe sillonnant l’espace et dont la fusée brüle pendant la trajec- 
toire. Cependant la lumière qu'il répandait était si peu intense qu’on ne 
s'apercevait point que les ténèbres en fussent moins épaisses. Une trainée 
lumineuse, longue et ondulée, serpentait derrière le météore; elle fit 
sillon dans l'air durant plus de deux minutes. 

» Le bolide passa à l’ouest de Cherbourg, vers le cap de la Hague, rasant 
de près le sommet des montagnes, et suivant la direction du nord-est au 
sud-ouest. La vélocité de Son mouvement, qui égalait presque la rapidité 
de l'éclair, fait supposer une force de projection inconcevable. 

» Ce météore, vu sa faible élévation, a dü tomber à peu de distance, 
dans la Manche, probablement. J'ai pris des informations à cet égard près 
de divers habitants du littoral de la Hague et près des capitaines venant 
de la mer : plusieurs personnes ont aperçu le météore parcourant l’es- 
pace; mais je n'ai pu savoir si on l’a vu tomber quelque part.» 


Géoroc1e. — Corail à l'état fossile conservant encore une teinte rougeätre. 
— Extrait d’une lettre de M. An à M. Elie de Beaumont. 


L'Académie, dans les Instructions qu’elle a adoptées pour l'exploration 
scientifique de l'Algérie, avait recommandé l’examen des faits qui pour- 
raient indiquer, le long des côtes de ce pays, des changements récents 
dans les niveaux relatifs de la terre et de la mer. ( Compte rendu, t. VI, 
p. 155.) 

M. Aimé, professeur de physique au collége d'Alger, écrit qu'il à 
découvert, aux environs d'Alger, un banc de corail hors de l’eau et à 
l'état fossile; mais conservant encore une teinte légèrement rougeître, 
ce qui porte à croire qu'il est sorti de l’eau à une époque qui n’est peut- 
être pas bien éloignée de nous. 


» M. Élie de Beaumont présente dela part de l’auteur, M. Souuzrz, un 
Mémoire imprimé ayant pour titre : Macrobiotus Hufelandü, etc. (Voir 
au Bulletin bibliographique), et un échantillon de sable de gouttiéres, 
contenant un certain nombre d'individus de cette espèce d'animaux que 


( 904 ) 
Spallanzani a autrefois indiqués dans son Mémoire sur les animaux qui 
peuvent ressusciter , et qui jouit, en effet, comme son célèbre rotifere, 
de la propriété de revivre plusieurs fois après avoir été desséché. 
«M. Schultz dit avoir ranimé l’animal après trente jours de mort appa- 


rente. » 


M. Nez pe BréauTé, nommé récemment Correspondant pour la sec- 
tion d’Astronomie, adresse à l’Académie ses remerciments. 


M. Mancmany prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur 
un Mémoire concernant de nouveaux systèmes de ponts de son invention. 


La séance est levée à cinq heures. A. 


{ 905 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


l’Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 20, in-4°. - 

Annales de la Société Entomologique de France ; tome 7, 2° trimestre 
1838, in-8°. 

Observations sur les Éponges, et en particulier sur la Spongille, ou 
Éponge d'eau douce; par M. Dusarnin ; in-$°. (Extrait des 4nnales des 
Sciences naturelles, partie zoologique.) 

Mémoire sur les Céphalopodes ; par M. Ranc ; in-8°. (Extrait du Maga- 
sin de Zoologie , d’ Anatomie et de Paléontologie.) 

Chronographie et Description des Temps ; par Barseu-Dusourc : nou - 
velle édition; par M. Sarnr-Fare Bonremrs; in-fol. 

Voyage dans l'Inde; par M. Vicror Jacquemonr ; 20° livraison > in-4e. 

Traité de Chirurgie; par M. Cnéuvs; traduit de l'allemand par 
M. Prexé; 6° livraison, in-8°. 

Des Malades d'une grande sensibilité nerveuse qui éprouvent durant le 
sommeil le Somnambulisme aigu ; par M. J.-B. Varerre; in-8°, 1838. 

Rapport du Président du conseil d'administration de la Société tEn- 
couragement pour la production, l'amélioration et l'emploi des Soies de 
l'arrondissement de Lavaur, lu le 30 sept. 1858; Castres ; in-4°. 

Bulletin de la Société Industrielle de Mulhausen ; n° 56 , in-6°, 

Nicolas Lémery, chimiste. — Notice par M. P.-A, Car; Rouen, 1858, 
in-8°. 

Résumé de la Physique de la Création ; 5° partie du vrai Systeme du 
Monde ; in-8. 

Movitisme universel. ... Découverte de la Révolution solaire ; Nouveau 
Système du Monde; par M. Nersow; Paris, in-8°. 

Histoire naturelle des iles Canaries ; 35: livraison, in- 4». 

Monographia T'uberacearum ; par M. C. Virranim ; Milan, 1831, iu-4°. 

An Attempt.... Æssais pour développer au moyen de Jaits la loi des 
Tempêtes, et pour tirer de là des inductions relativement à une cause des 
vents variables ; par M. le licutenant-colonel W, Rein; Londres, 1838, 
grand in-8°, avec un atlas grand aigle. 


( 906 ) 


Description... Description et usage d'une Boussole d'inclinaison ; par 
M. Jonas ; une feuille un quart, in-8°. 

The Quaterley Review ; octobre 1838, in-8°. 

The London.... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg; 
novembre 1838, in-8°. 

Macrobiotus Hufelandii animal e crustaceorum classe novum , revivis- 
cendi post diuturnum asphyæium et ariditatem potens; auct. C:-A.-$. 
SenurTz; Berlin, 1834 , in-4°. 

Der Bau.... La Structure de l'écorce du globe graphiquement repre- 
sentée selon l’état actuel de la géologie; par MM. J. NocceraTn er 
J. Burkart; Bonn, 1858, in-fol., avec atlas grand aigle. 

Systematisches Lehrbuch.... Traité systématique d'Anatomie com- 
paree, avec des tables relatives à la classification des animaux et aux 
formes des organes ; par M. À.-S. Scnurrz; 1° partie , Anatomie générale ; 
Berlin, 1828, in-8°. 

Oryctographie du gouvernement de Moscou; par M. G. Fiscaër pe Wazp- 
aerm ; Moscou, 1817, in-fol. 

Gazette médicale de Paris, tome G , n° 46. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 153—155, in-4°. 

Écho du Monde savant ; 5° année, n° 357. 

L'Expérience , journal de Médecine ; n° 72, in-8°, 

La France industrielle ; 5° année, n° 66. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 26 NOVEMBRE 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


PHYSIQUE MATHEMATIQUE. — Formules extraites des deux Mémoires 
présentés dans la séance du 19 novembre , par M. Aucusrin Caucay. 


« Considérons un système de molécules sollicitées par des forces d’at- 
traction ou de répulsion mutuelles, et soient, au bout du temps #, 
Ë, 7» C 
les déplacements de la molécule m qui coïncide avec le point (x,y,2); 
ces déplacements étant mesurés parallèlement aux axes des coordonnées 


supposés rectangulaires entre eux. Les équations du mouvement par ondes 
planes seront de la forme 


(1) E—=Acos(kr—st+32), y=Bcos(kr—st+u), E—Ccos(kr—st+)), 
la valeur de r étant 


r = ax + by + cz. 
Dans ces équations 


k, S, A, 4, v, À, B, C, a, b, c, 
| C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 29.) 123 


( 908 ) 


représentent des constantes dont les deux premières sont liées avec l'épais- 
seur / d’une onde plane, la durée T des vibrations moléculaires, et la vi- 
tesse de propagation Q, par les formules 


FA nn Li Fe 
IR PP ADS ET” 


tandis que les trois dernières a, b, c assujéties à la condition 
a + br + © — 1, 


représentent les cosinus des angles formés par la perpendiculaire au plan 
d’une onde avec les demi-axes des coordonnées positives. Par suite, 
r désigne la distance de la molécule m à un plan passant par l'origine, et 
parallèle aux plans des ondes. 


On tire des équations (1) 


(2) Ë sin (#—») + 2 sin Ga) + Ê sin (a —#) 0, 
et 
(3) (R) —2 3 écos(m—n) + (& — sin{(s — »), etc..... 


La courbe qui a pour coordonnées les valeurs de £, r, €, déterminées 
par les formules (2), (3), est, en vertu de ces formules, une courbe plane 
du second degré, et même une ellipse. Elle se réduit à une droite, lors- 


qu’on a 
App = ». 


Alors, en effet, si l’on nomme # la valeur commune de à, , », les équa- 
tions (1) deviendront 


(4) E—=Acos(kr—st+za), » =Beos(kr—st+z), É—Ccos(kr—st+), 


et l’on tire de ces dernières 


Il existe entre les constantes contenues dans les équations (4), plusieurs 
relations, en vertu desquelles on peut considérer £ et ® comme des 


fonctions de a, b,c,s, ou bien encore s et même les deux rapports 
B C ; 3 
x j comme des fonctions de a, b, c, #. Ces relations peuvent être 


: MATE : B C 
réduites à trois formules qui déterminent s et les rapports 3° zen fonc- 


En 
tions des trois quantités 


(5) Ka —=u, kb—%v, ke — w; 
et, pour obtenir ces trois formules, il suffit de considérer la quantité : 


et les coefficients A, B, C, comme exprimant l’un des trois demi-axes d’un 
ellipsoïde, et les cosinus des angles formés par ce demi-axe avec ceux des 
coordonnées positives, l’ellipsoïde étant représenté par équation 


TG + 7° + 7°) 
(6) dK F' K .2k 


à dK æKk dk 
éd NET ne de dde 17 drap 


et I, K désignant deux fonctions déterminées de 4, v,w, développables en 
séries ordonnées suivant les puissances entières et ascendantés de 4, v, w. 
Si certaines conditions sont remplies, les séries obtenues renfermeront 
seulement les puissances paires de ,v,w, et alors, en réduisant les 
séries , ou du moins leurs parties viable leurs premiers termes, sa- 
voir : le développement de I aux termes du second degré, et la partie 
variable du développement de K aux termes du second degré, on verra 
l'équation (6) se réduire à 
(Gu° + Ho? + Iw:) (x? + 7° + 2°) 

of, Lux + Me y + Nw°z° + P(oz + w7) + Q(wx + uz) + R(uy + vx) =, 
G,H,1,L,M,N,P,Q,R, désignant des quantités constantes. Si main- 
tenant on cherche l’équation qui détermine s en fonction de , v, w, ou, 
ce qui revient au même, Q@ en fonction de a, b, c, on reconnaïtra que 
cette équation est du troisième degré par rapport à s° ou à Q°, et peut être 
présentée sous l’une des formes 


G) Paré 


(8) FT AE 5 — FF = 7 7 2PQR°’ 
G) n) n 
(9) —— 2 à + + DE x FR 


les valeurs de A, B, C, étant 
a=(t-28 + sMNO 3 UE À) RUE 
Ce) B=R+G) « +(M—2 + H)# ++ De, 


ri ads 


123. 


(gro) 
» Dans le cas particulier où le mouvement se propage en tous sens 
suivant les mêmes lois autour d’un point quelconque, on a 


(11) PORN = NEIN 5250 —53R, 
et par suite, 


DL: D +G=R+H=Q +, 


(12) R+G=M—2 0 +H=P+I, 
Q+G=PHH=N—2 8 +1, 
(13) AB — 0: 


Alors l’équation du troisième degré en Q*, à laquelle on parvient 
en faisant disparaître les dénominateurs dans la formule (9), fournit deux 
racines égales, c’est-à-dire deux valeurs de Q* égales entre elles et à la 
valeur commune des coefficients À, B, C. Alors aussi on a 


a de 5B mdr E 
sin(g— +) sin — À) sin(à —#)’ 
et l'équation (2), réduite à 
aË + bn + € — 0, 


montre que les vibrations des molécules sont comprises dans les plans 
des ondes. Lorsque les conditions (11) sont remplies, non d’une manière 
rigoureuse, mais par approximation, les différences 


Q—P, R— P, etc. 


ne sont plus rigoureusement nulles, mais très petites , et les deux racines 
précédemment égales different très peu de 


A, B, C. 


Alors, pour chacune d’elles, chacun des termes que renferme le premier 
membre de l'équation (9) acquiert des valeurs très considérables, quand 
on les compare au terme que renferme le second membre; et, dans un 
calcul approximatif, on peut réduire cette équation à 


COS TE) 


mehr -v 
ou même, puisqu'on suppose P, Q, R, sensiblement égaux, à 


+ 


(og: ) 


æ db? LUN LE 
(4) aa Lapt,oc = °: 


» 11 suffit que les conditions (12) soient remplies pour que les valeurs 
de A, B, C, fournies par les formules (ro) deviennent indépendantes de 
a, b, c, c’est-à-dire de la direction du plan de l'onde. Alors, si l’on repré- 
sente par Q', Q", Q/", les vitesses de Propagation des ondes parallèles à 
deux axes coordonnés dont l’un soit l'axe des æ, où des y, ou des z, on 
aura 


(15) Q—= À) 072 B, lo — C; 


et par suite, l'équation (14) sera réduite À 
æ D: c? 


ré) Dan ren on 


= O0. 


Si le plan d’une onde devient parallèle à l'axe des 3, on aura 
CIN; 
et si l’on pose alors 
& = cosr, 


les deux valeurs de Q* propres à vérifier l'équation (16) seront 
= 0%, Q— 9":0c05% + sin. 


Ces deux valeurs deviendront égales si Q” étant comprise entre Q/ et Q”, 
une droite perpendiculaire au plan de l'onde devient parallèle à l’un des 
deux axes menés par l'origine dans le plan des xy, de manière à former 
avec l'axe des x, un des angles + déterminés par la formule 


92" 9" 
_— + 
(17) tangr = + VE =)h 


Si la perpendiculaire au plan d'une onde, cessant d’être parallèle à l’un de 
ces axes, forme avec eux des angles représentés Par Z'et j, les deux va- 
leurs de Q* tirées de la formule (16), deviendront 


FRE DENT 
2 = Q'"2cos° heu +Qsin) EE? 
2 2 
(18) nage Sie 
2 — 9" cos] +0®%sin) à 
2 2 
» Les formules (18) sont précisément celles qui déterminent la vitesse 
de propagation de la lumière, suivant une diréction quelconque dans un 
milieu doublement réfringent, lorsque ce milieu présente deux axes op- 


tiques, c’est-à-dire, deux directions à chacune desquelles le plan d’une 


(912) 

onde ne peut devenir perpendiculaire sans que les deux rayons transmis 
se réduisent à un seul. Donc l'équation (16), de laquelle sont tirées les 
formules (18), est applicable au mouvement du fluide lumineux dans un 
cristal à deux axes optiques. Cette équation suppose que l’on prend pour 
plan des æ, y, le plan des deux axes optiques, et pour axes des æ et y, 
deux droites tracées dans ce plan, de manière à diviser en partieségales 
les angles que les deux axes optiques forment entre eux. 

» Considérons maintenant une onde plane qui passe par l’origine quand 
on suppose { — o. Cette onde, au bout d’un temps quelconque +, aura 
changé de place, et son plan sera représenté par l'équation 


(19) ax + by + cz = Qt. 


Si, dans cette dernière équation, l’on fait varier les cosinus a, b, c, as- 
sujétis à vérifier la condition 
(20) a + DL ci 1, 


sans faire varier #, le plan de l’onde prendra des positions diverses, en 
demeurant toujours tangent à une certaine surface qu’on nomme la surface 
des ondes. L’équation de cette même surface se déduit aisément des for- 
mules (18), (19), (20), et peut s’écrire comme il suit : 
x? ÿ 72 

2) — ——— — — — © — 9 = 1. 

\ ) L'+ + 20e TR + + z'—Q"21 na LH y'+ 2 —Q0" L : 
En faisant disparaître les dénominateurs, et en effaçant le terme 
(x°+ 7°+ 3°) qui se trouve alors dans les deux membres, on réduit la 
formule (21) à l'équation du 4° degré, donnée par Fresnel. » 


ANATOMIE COMPARÉE. — Recherches sur différentes pièces du squelette des 
animaux vertébrés, encore peu connues, et sur plusieurs vices de 
conformation des os; par M. Brescner. -— Extrait. 


$ 1. Considérations sur les os sus-sternaux chez l'homme. 


« Les travaux des anatomistes de notre époque ont porté une vive lu- 
miére sur le squelette des animaux et sur les lois de sa composition. 
Cependant il existe encore plusieurs points sur lesquels ils ne sont pas 
d'accord, et qui demandent de nouvelles études. 

» Je me bornerai à signaler ici le sternum. En effet, il existe dans la 
maniere de considérer les diverses parties qui composent cet os de nom- 
breuses dissidences, 


(915) 


» Pendant l'exercice de nos fonctions, soit comme chef des travaux 
anatomiques, soit comme professeur à la Faculté de Médecine de Paris, 
nous avons eu assez souvent l’occasion de rencontrer des s{ernum dont 
l'extrémité supérieure était surmontée de deux noyaux osseux ou 
cartilagineux. Nous en avons remis plusieurs exemples à Béclard, qui 
s'occupait alors d'un travail sur l'ostéose, et il en à dit quelques 
mots dans un supplément de son Mémoire. Mais ces petites pièces os- 
seuses n'ayant pas été ou que fort incomplétement indiquées par les 
ostéographes, nous pensons devoir appeler l'attention des anatomistes 
sur ce point, afin d'arriver avec certitude aux analogues de ce déve- 
loppement d’une pièce osseuse qui est trop réguliére sous le rapport 
de sa situation, de son volume, de sa figure et de sa composition orga- 
nique, pour ne pas être considérée comme un état normal. 

» Nous avons de nouveau observé plusieurs cas d’existence de ces 
pièces osseuses à la partie supérieure du s/ernum , et ne voyant pas 
dans les traités d’ostéologie d'indications suffisantes de ces noyaux os- 
seux, nous avons pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de les décrire 
et de les faire représenter. Les pièces, d’après lesquelles cette descrip- 
tion et les dessins ont été faits, sont ici sous vos yeux. 

» Sur toutes les pièces que nous avons observées, comme sur toutes 
celles que nous avons fait représenter, on reconnaissait que les os sus- 
sternaux n'étaient pas régulièrement arrondis, mais un peu allongés tranñs- 
versalement et aplatis sur le point correspondant au sternum. 

» Les petites pièces osseuses que nous signalons peuvent-elles être 
données comme une preuve du mode de développement du sternum , 
par deux noyaux latéraux, et confirmer la loi de symétrie de lostéo- 
génie , proposée par M. Serres? Nous répondrons plus tard à cette ques- 
tion. Ces pièces, surmontant le sternum, doivent avoir des analogues 
dans la chaine animale. Les comparerons-nous aux déux apophyses co- 
noïdes qui sont placées à l’extrémité antérieure du sternum du Tatou 
noir ou de l’Oryctérope, ou mieux encore , à la pièce en forme de T qui 
couronne le sternum de l'Échidné et de l’'Ornithorhynque ? Mais la base 
de cette dernière pièce est une tige unique, tandis que chez l’homme 
il y a deux pièces latérales bien distinctes. Une circonstance digné 
de remarque, c’est que ces pièces sont unies par un cartilage à la par- 
tie supérieure du sternum ou séparées de cet os en formant une véri- 
table articulation. Les surfaces contiguës ressemblent à des surfaces 
articulaires , sans substance cartilagineuse intermédiaire; on voit sim 


(914) 


plement quelques faisceaux ligamenteux en dehors , sur divers points de 
la circonférence. 

» Dans l’Échidné et l’Ornithorhynque, les pièces sus-sternales très bien 
représentées et décrites par Rudolphi, J.-F. Meckel, G. Cuvier, M. Geof- 
froy Saint-Hilaire, etc., s’articulent avec le scapulum, tandis que chez 
l'homme les deux os dont nous parlons sont complétement étrangers 
à l’omoplate. 

» Nous en dirons presque autant pour la pièce osseuse dont est armée 
la partie antérieure du sternum des Phoques, et que G. Cuvier a repré- 
sentée sur les squelette du Phoque à ventre blanc. D’après l'examen que 
uous avons fait de cette pièce, sur le squelette, nous avons reconnu qu’elle 
est grèle, unique, située à la partie médiane de l'extrémité du sternum , 
tandis que nos deux osselets sont placés sur les côtés de l'extrémité cervi- 
cale du même os. 

» Les personnes qui comparent la ceinture thoracique à la ceinture pel- 
vienne, pourraient peut-être trouver un rapport de plus entre ces deux 
parties, en faisant de nos os sus-sternaux les analogues des os marsupiaux. 
On ne manquerait pas, pour corroborer cette comparaison, de faire re- 
marquer que les animaux où les os marsupiaux sont au maximum de 
leur développement, offrent aussi, au-devant de leur sternum, les pièces 
osseuses dans les proportions les plus grandes, et que chez l’homme, l'os 
marsupial n'étant qu'à l’état de vestige, les pièces du sternum corres- 
pondant à celle qui présente la forme d’un T dans les monotrèmes, 
ne peuvent aussi s'offrir que comme vestige. Mais dans les reptiles, et 
principalement parmi les Batraciens , les Salamandres possèdent une pièce 
cartilagineuse ou osseuse au-dessus du pubis, laquelle a été d’abord in- 
diquée par Townson, puis par Funk dans la Salamandre terrestre, et 
que depuis bien long-temps nous avons signalée dans les Tritons ou 
Salamandres aquatiques : et cependant le sternum de ces mêmes ani- 
maux ne porte rien de comparable au cartilage en Y ou ypsiloïde placé 
sur le pubis. 

» Ce processus, bien que moins marqué dans d’autres reptiles, n’en 
existe pas moins. Lorenz signale dans les Chéloniens cette apophyse que 
Wiedemann, bien auparavant, avait fait connaître, et il a raison d’assu- 
rer qu'on la voit aussi sur le pubis du Tupinambis, du Monitor, de l'I- 
guane , etc. 

» Aprés avoir passé en revue toutes les dispositions analogues à celles de 
deux osselets, et qu'on peut apercevoir sur le sternum des animaux verté- 


(915) 
brés des diverses classes, ne devons-nous pas arriver à faire un rapproche- 
ment pour établir des analogies et donner une explication. 

» Nous commencerons par dire qu'aucune des analogies qu'on voudrait 
reconnaître entre ces petits os et des épisternaux ou pièces osseuses fai- 
sant partie constituante du slernum , ne nous paraît recevable, bien 
que nous admettions la formation du slernum par deux séries de noyaux 
osseux latéraux. Nous ne reconnaissons pas non plus de rapprochement 
possible entre nos deux petites pièces osseuses et l'os furculaire des oiseaux 
ou l'os en T des monotrèmes. 

» Pour nous, ces deux noyaux osseux sont des rudiments de côtes. 
Voici les raisons sur lesquelles nous appuyons notre sentiment : 

» 1°. Une loi bien réelle et depuis long-temps reconnue, c'est que, dans 
les formations organiques, la nature ne fait pas de saut, mais procède par 
gradations, et les parties qui sont permanentes dans certaines classes ani- 
males, ne s'offrent plus que comme des états transitoires dans d’autres 
classes, et leurs caractères pe Paraissent alors que faiblement exprimés 
par quelques vestiges. 

» Dans l'espèce humaine, la véritable première côte est, suivant nous, 
imparfaitement formée. On voit, surtout chez des sujets adultes, au-dessus 
du sternum et plus en dedans que la clavicule, un noyau osseux de chaque 
côté, et vers l’apophyse transverse de Ja septième vertèbre cervicale une 
pièce osseuse allongée, dirigée en avant, en dehors et en bas; mais cette 
côte, bien que constituée par des vestiges, offre des caractères qui ne per- 
mettent pas de douter de son existence. Depuis un temps bien éloigné de 
nous, on a reconnu que la septième vertèbre cervicale, par son développe- 
ment, par la proéminence de son apophyse épineuse, par la forme arrondie 
de son ouverture centrale, quelquefois par l’absence du trou destiné dans 
les autres vertèbres à l'artère cérébrale postérieure , ressemble beaucoup 
plus aux pièces de la tige rachidienne dorsale qu'à celle de Ja colonne cer- 
vicale. Les anatomistes savent que la racine antérieure de l'apophyse trans- 
verse de cette septième vertèbre, se développe Par un noyau osseux, dis- 
tinct et séparé, que ne présentent point les autres vertèbres cervicales. 
Des les premiers mois de la vie intra-utérine, se manifeste ce point d’ossifi- 
cation costiforme, comme l'appellent quelques anatomistes. Vers 6 ou 7 ans 
il s’'unit, Par son extrémité interne qui était séparée avec la Partie latérale 
du corps de la vertèbre > Sur un tubercule sortant de cet os et au-devant de 
l’apophyse transverse qu’elle dépasse bientôt de quelques lignes, d’un 
pouce, et souvent de beaucoup plus, pour former le rudiment d’une côte. 

C. R. 1838, 2° Semestre, (T. VII, No 29.) 124 


( 916 ) 
Nesbitt, Hunauld, Sue, etc., ont signalé ces vestiges osseux sans en indi- 
quer la nature. J.-F. Meckel, un des premiers, a insisté pour faire recon- 
naître dans cette épiphyse un avorton de côte, et Béclard partage son 
opinion. 

» Cette disposition d’un rudiment de côte, en rapport avec l'apophyse 
transverse de la septième vertèbre cervicale d’une part, et les noyaux 
osseux épisternaux d'autre part, ‘démontre cette succession d'analogies 
chez tous les Vertébrés, depuis l’homme, les mammifères, les oiseaux, 
jusqu'aux reptiles. On ne connaissait pas aussi bien, pour la première de 
ces classes, les analogies de rudiments de côtes tirées des apophyses trans- 
verses, qu’on le savait pour les oiseaux et les reptiles. 

» Dans l’homme, on rencontre souvent, sur les apophyses transverses 
lombaires, des rudiments de côtes comparables à la pièce osseuse de la 
septième vertébre cervicale. Nous savons que, sur les grands Sauriens , ces 
mêmes pièces existent, et qu'un petit appareil fibro-cartilagineux repré- 
sente des côtes abdominales et même un sternum. La colonne rachidienne 
cervicale offre, indépendamment des apophyses transverses, des apo- 
physes latérales et antérieures , qui sont bien aussi des rudiments d’ares 
costaux. C’est du moins ce que j'apercois sur le squelette d’un Crocodile 
que je possède (Crocodilus biporcatus). 

» Si ces rudiments de côtes existent sur les parties latérales du rachis; si 
sur les Crocodiliens nous voyons dans l'épaisseur des parois de l'abdomen 
cette tendance à conserver la continuation des formes thoraciques, pour- 
quoi dans la région du cou n’admettrions-nous pas la même tendance orga- 
nique? Est-il possible de la contester chez les oiseaux et les reptiles? On 
ne viendra pas nous objecter que pour admettre notre treizième côte rudi- 
mentaire, représentée par notre noyau osseux, sus-sternal, et par la pièce 
ajoutée à l’apophyse transverse de la septième vertèbre cervicale, il faudrait 
un contact, une véritable continuité entre ces deux points osseux; car 
nous répondrions en citant l'exemple d’une disposition analogue sur un 
autre point du squelette. Le péroné des ruminants n’existe-t-il pas en deux 
portions, une à la partie supérieure et autre à la partie inférieure, et, 
malgré le manque de continuité entre ces deux pièces, quelque anato- 

miste a-t-il jamais refusé de les considérer comme représentant le péroné ? 

» Ed. Sandifort donne la figure du thorax d’un homme adulte sur lequel 
on voit de chaque côté les rudiments vertébraux et sternaux des cinq 
premières côtes ne pas arriver au contact. Cet état pathologique rappelle 
parfaitement la disposition de lappendice épiphysaire de la septième ver- 


(2917) 
iébre cervicale, d’une part, et les noyaux osseux sus-sternaux de l’autre. 
L’anatomie normale comme l'anatomie pathologique, nous fournissent 
donc ici des lumières pour arriver à la connaissance des lois de lorga- 
nisme. f ] 

» Mais M. Thomas Bell est venu démontrer plus tard que l’Ai n’a réelle- 
ment que sept vertèbres cervicales, car la huitième et la neuvième , COn- 
sidérées comme telles, portent des appendices costaux très prononcés , 
mobiles sur les apophyses transverses au moyen d’une véritable surface 
articulaire, et offrant tous les caractères de côtes rudimentaires. Cette 
disposition a été reconnue par M. Thomas Bell sur un squelette d’Ai dont 
les os sont articulés artificiellement, et sur le squelette d’un jeune sujet 
conservé dans l’esprit-de-vin. Nous ferons aussi remarquer que le sternum 
de ce même animal présente sur son extrémité antérieure un appendice 
conique. Voilà donc l’anomalie ramenée aux lois ordinaires de l'organisme. 
Il en serait certainement de même des vertèbres cervicales des Cétacés, 
si l'on étudiait les points d’ossification que ces os présentent aux diverses 
phases de leur développement. D’après cette même loi de l’ostéogénie des 
apophyses transverses, on peut donc expliquer ces prétendues aberrations 
dans le nombre des côtes, qui étonnaient les anciens anatomistes. 

» Hunauld dit qu'on conçoit facilement comment un homme peut n’avoir 
que vingt-deux ou vingt-trois côtes. Il cite l'exemple d’un squelette de sa 
collection, sur lequel la première côte bien formée postérieurement , et 
articulée avec la première vertebre dorsale, allait se joindre et se con- 
fondre avec la deuxième, qui, par cette union, devenait seulement plus 
large qu’elle ne l’est ordinairement. On ne concoit pas aussi bien , suivant le 
même anatomiste, comment un petit nombre de sujets peut avoir une 
ou deux côtes de plus que n’en a le reste des hommes; car on ne peut 
pas admettre que à nature donne à quelques embryons, le germe d’une 
ou de deux côtes qu’elle refuse à tous les autres : ce serait faire penser que 
toutes les productions singulières ou monstrueuses sont telles dès la 
première origine, ce qu’on aura bien de la peine à se persuader. Il explique 
cette disposition par le mode d’ossification de l’apophyse transverse de la 
septième vertébre cervicale. | 

» Dans l’arc antérieur de cette apophyse transverse, chez la plupart des 
sujets , on voit une pièce osseuse particulière, qui ne fait point corps avec 
le reste de l’apophyse, et qui est unie par un cartilage avec le corps de la 
même vertébre. Cette pièce osseuse n’est point disposée en arc; elle va 
tout droit horizontalement : tantôt elle s’unit à l’arc postérieur et forme 


124.. 


(918) 


avec lui l’'apophyse transverse; tantôt cette pièce n’est pas bornée par 
l'arc postérieur; elle passe au-delà, s'étend, et prend la forme d’une côte : 
alors l'arc postérieur n’a que la figure d’une apophyse transverse, telle que 
celle des vertèbres du dos. D'après cette idée de Hunauld, les côtes surnu- 
méraires doivent toujours appartenir aux vertèbres cervicales; alors 
ces côtes surnuméraires sont les premières du thorax, circonstance en 
harmonie avec l'explication que nous donnons de nos pièces osseuses 
sus-sternales. 

» Sue va plus loin que ses prédécesseurs. On trouve, suivant lui, sur cer- 
tains sujets, une ou deux côtes surnuméraires qui rendent le thorax plus 
étendu; elles sont situées à la partie supérieure de la poitrine. Pour peu 
qu’on fasse attention lorsqu'on dissèque des fœtus, on voit que le principe 
de ces côtes surnuméraires s'y trouve toujours : c’est à tort que Hunauld n’a 
pas considéré ces os comme existant dans tous les sujets. 

» J.-F. Meckel voit dans ces apophyses de l’analogie avec certaines dis- 
positions chez les Cétacés et les Tatous. 

» Si l'existence de ces côtes surnuméraires n’est par rare selon Hunauld, 
et si les noyaux osseux dont elles sont le développement se voient sur tous 
les sujets, suivant cet anatomiste comme d’après Sue, il doit paraître tout 
naturel que vers le point opposé, c’est-à-dire à la partie supérieure du 
sternum , il existe certaines dispositions indiquant le lieu sur lequel les 
pièces osseuses en connexion avec les apophyses transverses des dernières 
vertèbres cervicales doivent porter et s’unir. C’est en effet ce que nous 
avons observé, et les noyaux osseux sus-sternaux des côtes surnuméraires 
sont placés sur la ligne des facettes articulaires du sternum avec les car- 
tilages costaux, en arrière de l'insertion des muscles sterno-mastoiïdiens, et 
ne peuvent pas être considérés comme une ossification des fibres tendi- 
neuses de ces muscles. Les facettes articulaires que nous avons dé- 
crites , la mobilité de ces pièces chez plusieurs sujets, et la présence de 
cartilages, dans tous les exemples connus, entre les noyaux osseux et le 
sternum , en font des os distincts et autres que les pièces constitutives 
du sternum , ou des ossifications des tendons d'insertion du muscle sterno- 
mastoïdien. 

» Nous pourrions citer un grand nombre d'auteurs qui ont parlé plus ou 
moins longuement, sôit du nombre inégal des côtes de l’un et l'autre côté, 
soit surtout du nombre plus grand de ces os résultant d’arcs osseux sur- 
numéraires attachés aux apophyses transverses des dernières vertèbres cer- 
vicales ou des premières lombaires, arcs osseux plus ou moins étendus ou 


(919) 

complets; ainsi Columbo, Riolan, Bartholin, Boehmer, Monro, Bertin, 
Haller, Morgagni, Leveling, Sandifort, Rosenmuller, J. Gemmil, J.-F.Meckel, 
mais surtout G. Van Doeveren, ont parlé de ces anomalies des côtes sans 
donner de détails sur l’état correspondant du séternum et sur l’existence des 
pièces osseuses épisternales; c'est pourquoi nous avons voulu insister plus 
spécialement sur ces dernières; car, pour des côtes surnuméraires et sur- 
tout pour des épiphyses adhérentes aux apophyses transverses cervicales , 
nous trouvons cette disposition trop connue pouf en parler. 

» Les deux petits os Situés au-déssus du sternum, derrière les inset- 
tioñs des muscles sterno-mastoidiens, et én dedans de l’articulation des 
clavicules, n’appartiénnent pas au ${ernum Comme partie constitutive, mais 
sont des vestiges de côtes, formés par des noyaux cartilagineux , puis os- 
seux, séparés et distincts du sternum, offrant une sorte d’articulation lé- 
gèérement mobile dans le principe, et finissant par se souder avec le ster- 
num , comme on voit les cartilages des côtes, et surtout de la première, 
s'unir au sternum et passer à état osseux. Ces pièces sus-sternales sont 
donc au sternum ce que sont aux apophyses transverses des dernières 
vertèbres cervicales les appendicés osseux que beaucoup d’anatomistes ont 
indiqués chez l’homme, ét qu'on sait exister constamment et à l’état normal 
sur les oiseaux, les grands Sauries, et, parmi les mammifères, sur l’Ai 
ou Bradype tridactyle, etc., etc. 

» M. Morren fait remarquer que G. Cuvier avait cru reconnaître un sin- 
gulier antagonisme entre les développements respectifs de l'appareil sternal 
et celui des côtes chez tous les reptiles. En effet, suivant ce grand nätu- 
raliste, les Grenouilles ont un sfernum et point de côtes ; les Serpents, dés 
côtes et point de séérnum; les Tortues, des côtes soudées à la carapace 
et un sternum confondu dans le plastron ; le Crocodile et les Lézards, des 
côtes parfaites, mais un sternum en grande partie cartilagineux. Ces deux 
ordres de pièces osseuses , d’après cet énoncé, seraient pour leur dévelop- 
pement dans une raison inverse. Il né faut regarder les côtes que comme 
des pièces secondaires , des compléments épiphysaires à leur maximum de 
développement. Les parties principales sont représentées par les deux ra- 
chis, pour parler là langue de J.-Fr. Meckel : le rachis proprement dit et 
le sternum. Les côtes sont dans leur apparition, leur nombre, leur direc- 
tion subordonnées à ces deux parties, et le stérnum , loin d’être développé 
suivant une loi d'opposition avec les côtes, l'est réellement d’après une 
loi de correspondance et d'harmonie. 


» Ajoutons à ces observations que non-seulermnent le degré de dévelop: 


( 920 ) 

pement des côtes et du sternum ne sont point dans un état d'antagonisme, 
mais que tout cet appareil osseux est dans une intime dépendance de 
certaines fonctions: la respiration, la digestion et surtout les mouvements. 
Partout où il faudra des mouvements bornés, une capacité de la cavité 
formée par les os, peu variable dans ses diamètres, et surtout une grande 
solidité, les côtes et le sternum seront à leur maximum de développement 
sous le rapport du nombre comme sous celui de l'étendue. Si une mobilité, 
une grande flexibilité en tous sens conviennent, et surtout s’il importe 
que les régions thoracique et ventrale puissent permettre aux organes 
respiratoires et digestifs de prendre momentanément un grand volume; 
alors le sternum devient très court, mince, flexible, les côtes ont de longs 
cartilages, ou même le sternum disparait entièrement; alors les côtes 
sont courtes, mobiles, rejetées en dehors, et parfois ne sont plus que 
rudimentaires ou que des épiphyses des éminences transversaires ver- 
tébrales. É 

» Ces côtes rudimentaires seront espacées et dirigées en dehors, si les 
mouvements latéraux du tronc doivent être étendus; c'est ce qu'on voit 
sur les Ophidiens, les Batraciens urodèles , etc. ; mais si les mouvements 
latéraux et ceux dans quatre sens cardinaux doivent être nuls ou presque 
nuls, alors les rudiments de côtes, ajoutés aux apophyses transverses, sont 
inclinés les uns sur les autres et comme entuilés : c’est cette disposition 
de ces rudiments qui existe sur la colonne cervicale des Crocodiles. Quel 
que soit le degré de mobilité de la colonne vertébrale, quelle que soit la 
longueur du sternum, on voit toujours dans la région cervicale, comme 
dans la région abdominale, surgir, d’une part, des rudiments de côtes du 
sommet des apophyses transverses, et s'élever du sternum un appendice 
xiphoïde, unique ou double, de son extrémité cervicale comme de son 
extrémité abdominale, et ces éminences sont des témoins irrécusables de 
l'existence de cette loi de correspondance du développement des côtes 
sur deux points opposés, les vertebres et le sternum , c’est-à-dire’les deux 
rachis, comme les appelle I.-F. Meckel. L'apparition des pièces osseuses 
sus-sternales est donc un phénomène qui vient confirmer cette loi. 

» L'épaule prend-elle un point d'appui fixe sur le thorax, le sternum est 
très développé vers son extrémité cervicale, et articulé solidement aux côtes, 
pour recevoir la clavicule; alors il ne se prolonge pas vers la tête ou ses 
prolongements ne sont que des vestiges. L'abdomen doit-il avoir un grand 
développement, le sternum est court, et toutes les côtes n'arrivent, pas 
jusqu'à lui. Le vol est-il le mode particulier de progression des-animaux, 


( ge ) 
cet os est large pour offrir une grande surface aux insertions des muscles 
pectoraux, surface qui devient moins étendue si l'oiseau est nageur; mais 
alors le sternum est taillé en carène. : 

» Les apophyses transverses et les côtes sont pour leur développement en 
raison inverse de l’étendue et de la facilité des mouvements; cependant, 
chez quelques animaux, ces apophyses sont dans des conditions entière 
ment contraires à cette règle générale, c'est qu'alors, loin de gêner les mou- 
vements de locomotion, elle les favorise. Le Dragon volant (Draco viridis) 
peut être cité comme un exemple de ces cas exceptionnels. Sa poitrine est 
formée de côtes et d’un sternum. De la base du thorax jusqu’au bassin , on 
voit neuf apophyses transverses très prolongées qui soutiennent de larges 
replis de la peau, pour former des espèces d’ailes, Ici le développement de 
ces apophyses est donc en rapport direct avec la locomotion, et vient 
confirmer la loi que le développement des organes est toujours subor- 
donné aux fonctions et à leur mode d’exercice. Ainsi les apophyses trans- 
verses sont volumineuses, longues, s'unissent à un sternum solide, quand 
il faut plus de solidité que de mouvement : elles sont peu exprimées ou 
portées directement en dehors et sans avoir de point d'appui sternal, si 
les mouvements doivent étre variés, étendus, et les cavités splanchniques 
de capacité très variable ; ou bien elles se dirigent les unes sur les autres, 
sont entuilées dans la région cervicale, tandis qu’elles n'existent pas ou 
simplement à un degré rudimentaire sur la région caudale. C’est ce qu'on 
observe sur les Sauriens, qu'on peut, sous ce rapport, comparer aux Cé- 
tacés, dont les vertèbres cervicales soudées ne permettent encore aucun 
mouvement latéral, d’abaissement-ou d'élévation, la tête devant vaincre Ja 
résistance du liquide, tandis que la queue est flexible, parce qu’elle repré- 
sente le gouvernail qui porte l'animal dans telle ou telle direction. 

” Chez les reptiles urodèles, les Salamandres et les Tritons, l'épaule et 
le sternim ont un peu plus de solidité que chez les Anoures , et moins que 
chez les Lézards et les Crocodiles, parce que les premiers se servent moins 
de leurs membres thoraciques que les derniers; mais, chez les Anoures, 
particulièrement les Rainettes et les Grenouilles, la locomotion étant un 
saut , il fallait pour les membres pelviens un point d'appui solide sur le 
bassin. Sur tous ces animaux, le degré de solidité de l'épaule indique le 
mode de locomotion. 

» Chez l’homme, nous trouvons une grande mobilité de la tête sur le 
rachis, et une étendue de mouvement de la colonne rachidienne, qui va 
en diminuant de l’axis à la septième vertèbre; c’est aussi dans une pro- 


( 922 ) 
gression opposée que paraissent et se développent les apophyses trans- 
verses. Intérieurement la plus grande étendue du mouvement est entre 
la dernière vertébre dorsale et la première lombaire. Nous trouvons 
que la douzième vertébre du dos diffère de toutes les autres pièces du 
rachis; car elle seule manque presque entièrement d’apophyse trans- 


verse. l 

» Nous devons donc en définitive considérer les apophyses transverses 
et les appendices asseux qui leur appartiennent d’après les lois de l’ostéo- 
génie, ainsi que l'a démontré M. Carus, comme en rapport de développe- 
ment avec le sternum et avec les pièces qui surgissent de ses extré- 
mités. 

» Les côtes ne sont que des appendices vertébraux ou sternaux parve- 
uus à leur complète évolution, et ces arcs osseux sont plus favorables à 
la solidité des parties qu'a leur mobilité; mais, en règle générale, leur 
développement est subordonné aux différents modes: d'exercice de la 
locomotion. 

» Nous désirons que les faits énoncés dans ce Mémoire, joints aux 
analogies que nous avons rappelées , puissent donner à notre opinion, sur 
la véritable nature des deux noyaux osseux sus-costaux que nous avons 
décrits et fait représenter, tous les caractères de la vérité et de l'évidence, 
et qu'on reconnaisse comme démontré : 1° que la poitrine possède , à son 
extrémité céphalique, des éléments osseux, situés sur deux points diffé- 
rents : sur l’apophyse transverse de la septième vertèbre cervicale; sur 
l'extrémité supérieure du sternum ; 2° que ces noyaux osseux sont les uns 
comme les autres des rudiments de côtes, et peuvent par leur développe- 
ment servir à l'agrandissement du thorax vers sa partie supérieure, comme 
on voit d’autres rudiments de côtes vers la base ou extrémité abdominale 
du thorax. 

» Dans une seconde communication, nous traiterons de plusieurs pièces 
osseuses du squelette des mamymiferes, encore peu connues, si nous de- 

vons en juger d’après les ouvrages que la science possede. » 


Sur la respiration des plantes ; par M. Erwarns, membre de l'Académie 
des Sciences morales et politiques, et M. Gouin. 


«il ya sur la respiration des plantes quelques-uns des plus beaux faits 
que possède la physiologie végétale; mais il n'en est pas de même de la 
théorie qui les unit et qui les explique. Elle nous a toujours paru trés 


( 923 ) 


difficile à admettre depuis la respiration de la graine jusqu’à celle de la 
feuille. | 

» En effet, dans la respiration de la graine on n’a guère reconnu 
d'autre phénomène que le dégagement de Pacide carbonique (1): on l’ex- 
plique par la combinaison de l’oxigène de l'air avec le carbone de la 
graine. Ainsi la graine ne serait en rapport qu'avec l'atmosphère; et le rôle 
de l'eau dans cet acte dela vie des plantes serait absolument nul, ou se 
bornerait à le préparer et à le faciliter ; mais il ne contribuerait directe- 
ment en rien à la production du gaz qui se dégage. Voilà donc à l'égard de 
cette théorie une première difficulté relative-à la germination, Mais celles 
qui se présentent contre l'explication de la respiration des feuilles sont 
beaucoup plus graves. La nuit il se dégage de l'acide carbonique, puis le 
jour il ‘s’en absorbe et il se dégage de l'oxigène aux rayons directs du 
soleil. Voilà les faits, voici l'explication qu'on en donne : L’acide carbonique 
absorbé serait décomposé par la plante qui s’approprierait le carbone et 
dégagerait l’oxigène. 

» Mais c’est supposer à la plante une force qu'il est très difficile d’ad- 
mettre que celle capable de décomposer l'acide carbonique; car elle ne 
se trouve pas facilement dans le règne minéral où la plus grande simplicité 
de composition des corps augmente leur force décomposante, et où le 
nombre bien plus considérable d'éléments répandus dans les divers com- 
posés de ce règne rend plus probable qu'il s’en trouvera quelqu'un doué 
de cette propriété. É 

» Enfin l’eau serait encore nulle ici dans son action, quoique sa néces- 
sité soit extrême pour les plantes; et l’on ne sait pas du tout quel en est 
le rôle. Telles sont les considérations qui nous ont déterminés à reprendre 
l'examen de cette fonction dans les plantes. Nous y avons d’ailleurs été 
conduits par des faits de physiologie agricole sur lesquels nous reviendrons 
dans la suite. | g. 

» Jusqu'ici les expériences sur la respiration des graines se sont toujours 
faites dans l'air; ou lorsqu'on les a faites dans l'eau, on s’est borné à ex- 
pliquer les phénomènes qui s'ÿ passent par ce qui à lieu dans l'air; on 
n'a pas recherché ce qui se dégageait de gaz dans le liquide, et par 
conséquent on n’en à pas déterminé la proportion. . 

» Voilà ce que nous avons fait et ce qui nous a conduits à des résultats 


Re een dun né eee 0" + Jp yo 


(1) Nous parlerons dans la suite de ce que les physiologistes ont fait à ce sujet. 


C. R. 1838, a° Semestre. (T. VII, No 99.) 125 


LS 


( 924 ) 


fort remarquables. Nous avons opéré sur une plus grande échelle, afin de 
mieux faire ressortir les effets de l'expérience. 

» C’est pourquoi nous avons choisi un ballon à col droit, capable de 
contenir de 3 à 4 litres d’eau. Nous l'avons rempli de ce liquide et nous y 
avons introduit 40 fèves de marais, grandes et choisies sans fissures à la 
peau et sans défaut. Nous avons adapté au ballon un tube recourbé plein 
d’eau, et qui plongeait dans une éprouvette également pleine de ce 
liquide. - 

» Ainsi les fèves étaient seulement en contact avec Feau et avec lair 
qu’elle contenait, air qui ne pouvait pas se renouveler à cause de la ma- 
nière dont l’expérience était disposée; et c’est là une circonstance fonda- 
mentale qui fait tout le succès de Fexpérience. Le premier phénomène qui 
se présenta fut le dégagement de bulles d’air provenant des graines. Ces 
bulles étaient d’abord très petites, puis elles grossirent insensiblement et 
devinrent, dans l’espace de 24 heures, très manifestes. | 

» Cette production de gaz était déjà une circonstance fort extraordi- 

_naire, qui n'avait pas été signalée et qui ne semblait guère s’'accorder avec 
les idées qu’on s'était faites sur la germination; à moins de supposer que 
ce dégagement provenait de l'air que les fèves pouvaient contenir. Mais cette 
supposition devait bientôt s’évanouir par le dégagement du gaz qui conti- 
nuait toujours, et qui devint trop considérable pour qu'on l’attribut à 
cette cause. 

» C'est d’abord une certitude que le gaz provenait des graines; car, avant 
de les introduire dans l'appareil, nous avions eu le soin de les mettre dans 
l’eau et de les frotter pour en détacher tout l'air qui adhérait à leur surface. 
Long-temps après avoir été plongées dans l’eau de l'appareil, l’on ne voyait 
pas de gaz à leur superficie, mais il s'en forma peu à peu. D'ailleurs dans 
d’autres occasions où la graine avait été coupée, nous l'avons vu sortir du 
parenchyme. Beaucoup de fèves étaient enlevées par des bulles d'air qui 
leur étaient adhérentes, et qui, venant crever à la partie supérieure du 
ballon, laissèrent tomber les graines. 

» Après une durée, qui n’a jamais été moindre de 4 jours, nous arré- 
tâmes l'expérience. Notre premier soin fut de peser les graines pour cons- 
tater la quantité d’eau qu’elles avaient absorbée, et nous trouvâmes cons- 
tamment qu'elle avait dépassé leur propre poids. Effectivement le poids 
moyen des fèves employées était de cent grammes, et l'humidité qui les 
gonflait l’élevait environ à 120 grammes. 

» Le point le plus essentiel était de s'assurer si les graines étaient vivantes 


(925 ) 
et en état de germer ; car il est évident que c’est une condition indispen- 
sable pour établir que le dégagement de gaz qui s’opérait dans l’eau , était 
le résultat d’une fonction naturelle et normale. 

» Au sortir du liquide, quelques-unes de ces graïnes avaient une déchi- 
rure vis-à-vis de la pointe de la radicule; mais il y en avait au plus trois 
ou quatre dans cet état. 

» Si les graines étaient vivantes, la fonction était normale; nous les 
plantämes donc comparativement avec un même nombre d’autres fèves 
qui n'avaient été soumises à aucune expérience, et nous eùmes le plaisir de 
les voir lever toutes également bien; mais la meilleure manière de faire 
l'expérience est de les garder dans un papier humide entre deux assiettes. 
Le lendemain, elles étaient toutes parfaitement germées en été , et les ra- 
dicules sortaient de 4 à 5 lignes. 

» Maintenant, quant à la production du gaz, nous observerons que celui 
qui s’est dégagé en traversant l’eau pour se rendre dans le tube et dans 
léprouvette n'était que le:signe de la fonction ; il est évident qu'il ne pou- 
vait être que l’excédant de celui qui se dissolvait dans l’eau au fur et à me- 
sure qu’il se formait ; aussi devait-il être en bien moindre quantité. 

» La proportion d’air qui avait traversé l’eau sans s'y dissoudre s'élevait 
de 20 à 40 millilitres; mais celle qui s'était dissoute dans l’eau, et que nous 
en avons dégagée par l'ébullition , était très considérable et avait bien lieu 
de nous surprendre. 

» Tout l'intérêt de l'expérience dépend ici de la quantité d’air naturelle- 
ment contenue dans l’eau, comparée à celle qui avait été produite par les 
graines. Nous avons donc fait plusieurs expériences pour déterminer la 
proportion d’air contenue dans l’eau de fontaine dont nous nous sommes 
servis. Nous avons trouvé que l’eau de nos ballons, avant l'expérience, con- 
tenait en moyenne 7,5 centilitres d’air, mais après lexpérience nous en 
avons dégagé plus d’un demi-litre de gaz (55,5 dans une expérience de 5 
jours ); ainsi en défalquant la quantité d’air naturellement contenue dans 
l’eau, on trouve 47,7 centilitres; ce qui fait tout près d'un demi-litre de 
gaz, produit uniquement par l’action de l’eau et des fèves. En prenant 
une autre expérience, dont la durée était de 6 jours, et faisant la même 
défalcation, on trouve un reste qui équivaut à 50,5 centilitres de gaz 
produit au-delà de l'air naturellement dissous dans l’eau du ballon. 

» Il s’est donc dégagé par la seule action des graines et de l’eau, en dé- 
falquant l'air qu’elle contenait, plus d’un demi-litre de gaz. 

» Voilà un effet tellement marqué, et qui se présente sur une si grande 


125.. 


( 926 ) 
échelle, qu'on ne peut concevoir le moindre doute sur l’action de l'eau 
dans la respiration des fèves, abstraction faite de l'air contenu dans ce 
liquide. 

» Il s’agit maintenant de savoir ce qu’aura fait connaître l'analyse des 
gaz fournis'par les graines : 1°. Une proportion énorme d'acide carbonique ; 
sur les 55 centilitres produits par l'expérience de cinq jours faite en été, 
il yen a eu48 d’acide carbonique; 2°. une quantité presque infiniment pe- 
tite d’oxigène, 2°""",5; et 3°. 6 centilitres 5 dixièmes d’un gaz qui parais- 
sait être de l'azote. Ainsi donc en résumé, 1° une quantité énorme d’acide 
carbonique; 2° presque pas d’oxigène ; 3° une quantité de gaz que nous re- 
garderons pour le moment comme entièrement composée d'azote, et qui 
s'élevait à un peu moins que la quantité d’air contenu dans l'eau. Nous 
nous réservons d'indiquer dans une autre occasion s'il n’y a pas un autre 
gaz qui s’y mêle. 

» D'où provient cette énorme quantité d’acide carbonique où l'air con- 
tenu dans l’eau n'entre pour rien ? Il est évident que puisque l’oxigène ne 
vient pas de l'air dissous dans l'eau, il doit venir d’un des éléments de l’eau 
même. L’eau est donc décomposée; l’oxigène qui est un de ses éléments 
s’unit au carbone de la graine et forme l’acide carbonique qui se dégage 
en tout ou en partie : question que nous examinerons dans une autre 
occasion. 

» Que devient l’autre élément de l’eau, l'hydrogène? Nous supposons 
pour le moment qu'il n’en paraisse pas une trace, ainsi que nous l'avons 
présenté provisoirement plus haut; puisqu'il n’est pas dégagé, il est évi- 
dent qu’il est absorbé par la graine. 

» Ainsi dans les conditions où nous avons placé les graines, il suit des 
expériences que nous avons exposées les résultats suivants : 

» 1°. L'eau est décomposée; 

» 2°. L’oxigène de la partie décomposée se porte sur le carbone de la 
graine, et forme de l'acide carbonique; 

» 3°. Cet acide carbonique se dégage de la graine en tout ou en partie; 

» 4°. L'autre portion de l’eau décomposée, l'hydrogène, est absorbé par 
la graine en tout ou en partie. 

» Voilà les quatre propositions fondamentales relatives à la respiration 
de la graine auxquelles nous nous bornons pour le moment. 

» 1] importe peu actuellement de savoir si tout l'acide carbonique est 
complétement dégagé. 

» Il importe également peu que nous sachions dès à présent si tout 


(927) 
l'hydrogène, rendu libre par la décomposition de l’eau, est complétement 
absorbé par la graine; c'est ce dont nous. traiterons dans la suite de ce 
travail. 

» Le fait fondamental de ces recherches est donc la décomposition de 
l'eau ; fait tout-à-fait étranger à la théorie admise jusqu’à ce jour. 

» 11 résulte aussi des faits que nous avons exposés que la respiration 
n'est plus, comme elle était considérée jusqu'ici, uniquement une fonction 
d'excrétion; mais qu’elle présente en même temps, d’après ce que nous 
avons fait connaître, un fait fondamental de la nutrition et du dévelop- 
pement de l'embryon par l’absorption de l'hydrogène. 

» Outre la respiration de la graine , que nous avons étudiée dans plu- 
sieurs espèces, nous avons examiné celle des bulbes, des tiges, des pétioles, 
des feuilles et des fleurs. 

» Nous nous proposons d’avoir l'honneur de les communiquer succes- 
sivement à l’Académie. y 

» Mais nous dirons que les faits exposés dans ce Mémoire, relatifs à la 
respiration de la graine, forment la base de la respiration des autres par- 
ties de la plante; c’est ce que nous verrons dans la suite, ainsi que -la part 
que l'air prend à cette fonction. 

» La multiplicité de nos recherches nous à déterminés à prier M. Labbé, 
pharmacien à Versailles, . de nous prêter son secours, et nous devons 
beaucoup à son talent et à son habileté (1).» 

M. Dumas lit une Note sur l’Atile essentielle des fleurs de Reine des prés. 
(Voir aux Mémoires lus, à la suite du Mémoire de M. Piria, auquel se 
rapporte une partie de la Note de M. Dumas.) 

a er ue mr eur a digteméd du M 

(1) On voit, par les recherches exposées dans ce Mémoire , que nos résultats s’accor- 
dent parfaitement avec quelques faits qui se trouvent dans le beau Mémoire que 
M. Boussingaul a lu dans la séance précédente, et qui se rapportent à la fixation de l’hy- 
drogène dans les plantes. - , 


( 928 ) 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un instrument destiné à évaluer Les 
distances et les hauteurs. 


(Commissaires, MM. Beautemps-Beaupré, Puissant rapporteur.) 


« L'Académie, dans sa séance du 22 octobre dernier, nous a chargés, 
MM. Beautemps-Beaupré et moi, de lui rendre compte d’un instrument 
imaginé et construit par M. Fonseca, officier de l'artillerie portugaise, 
pour mesurer les distances et les hauteurs. Nous venons aujourd'hui 
émettre notre opinion à ce sujet. 

» Le but que s’est principalement proposé cet officier, a été d'obtenir, 
immédiatement et sans calcul trigonométrique, une courte distance acces- 
sible à l’une de ses extrémités, et liée à une petite base mesurée. Divers 
procédés tres exacts et très expéditifs résolvent cette question et sont 
connus depuis fort long-temps, et le choix de l'un d’eux dépend tant des 
circonstances où l’on se trouve que du degré de précision qu'on veut 
atteindre: Voici en quoi consiste l'instrument de M. Fonseca. 

» À une premiére règle, que l’auteur appelle règle des bases, est 
adaptée vers son milieu une seconde règle dite des distances , laquelle a la 
faculté de tourner sur son point d’attache, et de faire avec l’autre regle un 
angle quelconque compris entre zéro et deux angles droits. Une troisième 
règle, nommée règle des cordes, glisse dans une petite coulisse armée 
d’une vis de rappel et fixée à l'extrémité de la première règle, de manière 
à tourner librement autour de son point d'arrêt. Une des extrémités de 
cette règle est attachée de la même manière à la règle des distances, au 
point où elle représente constamment la base d’un triangle isoscèle, quel 
que soit d’ailleurs l’angle à son sommet. 

» Deux pinnules mobiles, jointes à la première regle, jouissent de la 
propriété de pouvoir être fixées , à l’aide d’une vis de pression, à un point 
de division quelconque d’une échelle métrique divisée en millimètres et 
tracée sur la règle. Ces pinnules ont en outre la liberté de tourner sur elles- 
mêmes selon le besoin. Deux autres pinnules, l'une à charniere, est fixée 
auprès de la première règle à celle des distances sur laquelle se trouve éga- 
lement une échelle métrique ; et l’autre pinnule peut parcourir cette der- 
niere règle dans toute sa longueur sur une saillie pratiquée au milieu de 


ne pe 


( 929 ) 
celle-ci. Enfin, un petit niveau à bulle d’air est accolé à cette seconde règle 
et sert à la mettre horizontale. 

» Maintenant, pour mesurer une distance, on établit l'instrument sur 
un pied à trois branches; et après avoir placé la première règle dans la 
direction de la base connue, en faisant usage de ses pinnules et en ayant 
soin de faire coïncider son milieu avec le centre de la stätion, on dirige 
la seconde règle, au moyen des deux autres pinnules, sur l'objet dont'on 
cherche la distance à cette station. Puis, sans rien changer au système, 
on transporte l'instrument à la seconde station, pour l’y disposer dé ma- 
nière à ce que la règle des distances soit exactement parallèle à sa pre- 
mière direction, ce à quoi l’on parvient en faisant coïncider derechef 
la première règle avec la base mesurée. Enfin, l’une des pinnules de cette 
règle étant amenée et arrêtée sur le numéro de l'échelle qui indique la lon- 
gueur de la base, on fait mouvoir la pinnule mobile de la seconde règle, 
lusqu’à ce qu’elle soit dans la direction du rayon visuel mené de la pre- 
mière pinnule à l'objet observé; et, dans cet état, la ligne de foi de cette 
pinnule marque sur l'échelle des distances le nombre de mètres contenus 
entre cet objet et la première station, puisque le triangle déterminé par 
les deux premières règles et le rayon visuel dont il s’agit est semblable à 
celui qui a été formé sur le terrain. 

» On conçoit maintenant que si le plan de l'instrument était disposé 
verticalement, et que la règle des distances fit avec la règle des bases 
un angle droit, elle représenterait la règle des hauteurs en la mettant ver- 
ticale à l’aide d’un filà-plomb, et donnerait, par une opération semblable 
à la précédente, la hauteur d’un objet au-dessus du centre de la station, 
pourvu que cet objet füt très peu éloigné. 

» Nous n’entrerons pas dans plus de détails à cet égard, mais nous 
croyons devoir dire que l'instrument de M. Fonseca, qui présente plus 


d’un inconvénient dans la pratique, ne serait que d’un faible secours aux 


armées et dans les opérations topographiques; nous pensons, en consé- 
quence, qu'il n'y a pas lieu d’en recommander expressément l'usage : 
cependant nous reconnaissons qu’en quelques circonstances il peut don- 
ner de petites distances avec une approximation suffisante. » 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées, 


(950 ) 


NOMINATIONS. 


M. Breschet est chargé de remplacer M. F. Cuvier, dans la Commuis- 
sion chargée de rendre compte d’un Mémoire de M. BezzinGent sur les 
proportions des sexes dans les naissances. 

M. Arago est également désigné pour remplacer M. Dulong dans la 
Commission nommée pour l'examen d’un Mémoire de M. Taganrté, relatif 
aux effets que la différence de pression atmosphérique peut produire sur 
l'économie animale. MM. Flourens et Dumas sont, de plus, adjoints à 
cette Commission. 


MÉMOIRES LUS. 


Paysique. — Mémoire sur le développement de l'électricité statique par le 
contact L'es corps bons conducteurs ; par M. Pécrer. (Extrait par l’auteur.) 


(Commissaires, MM. Savary, Pouillet.) 


« Les instruments dont je me suis servi se composent de plusieurs con- 
densateurs simples et du condensateur à trois plateaux. J'ai indiqué dans mon 
Mémoire les précautions minutieuses qu'exige l'emploi de ces instruments, 
et j'ai fait voir que jusqu'à 25° les déviations des feuilles d’or étaient pro- 
portionnelles aux tensions. Voici les principaux faits que j'ai constatés. 

» 1°. La déviation produite dans les lames d’or d’un condensateur, 
lorsqu'on touche un des plateaux avec un métal et le plateau inférieur 
avec le doigt, est indépendante de la forme de la masse, de l'étendue de 
la surface du corps et du nombre des points de contact ; la pression et le 
frottement sont sans influence. Si le métal est isolé on n'obtient aucun 
effet; mais quand la masse métallique est très grande, et qu’on la met suc- 
cessivement en contact avec un des plateaux, après lavoir fait communi- 
quer avec le sol, le condensateur se charge d'autant plus que le corps isolé 
a une plus grande étendue, et que le nombre des contacts est plus grand; 
mais jusqu’à une certaine limite, qui est la tension qui serait produite en 
tenant le métal à la main, les mêmes masses, quelles que soient leurs sur- 
faces, paraissent se comporter de la même manière. 

» 2°. Lorsqu'on établit la communication entre les deux plateaux par 
un arc métallique continu, isolé, on n'obtient rien. Si l'arc est inter- 


(or ) 

rompu par un liquide ou un corps humide, l'effet est égal à’ la différence 
des effets qu'on obtiendrait en touchant successivement un des plateaux 
avec les deux métaux en contact avec la lame himnide. 

» »3°. Lorsque des lames métalliques sont placées bout à bout sans soudure, 
et que l’on tient dans les doigts les extrémités voisines des points de con- 
tact, l'effet obtenu est égal à la moyenne de ceux qui seraient produits 
séparément par chaque métal; quand les métaux sont soudés ; l'effet est 
la moyenne de ceux qui résulteraient des deux métaux et de la soudure. 

» 4°. En employant une même lame métallique, l'effet varie avec la nature 
du liquide dont on a mouillé les doigts. Pour tous les métaux, excepté 
l'argent, l’or et le platine, en touchant.le plateau supérieur avec le métal, 
l'électricité des feuilles d’or est positive, quelle que soit la nature du li- 
quide avec lequel. on a mouillé les doigts. Pour l'argent , l'or et le platine, 
la déviation est négative avec les acides et positive avec les alcalis. Pour 
les premiers métaux, la déviation avec les alcalis est plus grade qu'avec 
les acides; pour le zinc, l'huile d'olive produit plus d’effet que l'acide sul- 
furique étendu. En employant un même métal et une même dissolution, 
l'effet. est sensiblement indépendant du degré de concentration de la li- 
queur, de la température, et par conséquent de l'énergie de l’action chi- 
mique, quand elle existe. 

» Dans toutes les expériences qui précèdent, il ya à la fois contact des 
métaux entre eux et avec les AGO Pour étudier séparément l'influence 
de ces deux circonstances, j'ai employé des disques métalliques garnis de 
manches isolants dont les surfaces étaient nues ou vernies, que je mettais 
d'abord en contact par les surfaces li br es, puis avec les deux plateaux du 
condensateur ; quand les surfaces étaient vernies, on établissait la commu- 
nication par un arc métallique ou un arc humide. Voici les résultats de ces 
expériences : 

» 5°, Le zinc, en ‘contact avec tous les métaux, prend l'électricité posi- 
tive; c’est le résultat obtenu par Volta. La pression et le frottement sont 
sans influence quand la séparation des disques se fait normalement ; quand 
on les sépare en glissant on n'obtient jamais aucun effet ; il en est de 
mème quand les disques sont par faitement plans. Ces phénomènes ne peu- 
vent s'expliquer qu’en âdmettant que les disques, dans leur contact, se com- 
portent comme des condensateurs à air. Lorsque les disques sont vernis, 
et qu’on établit entre eux une communication métallique, on obtient le 
même effet, quels que soient la nature et le nombre des métaux qui forment 
l'arc de communication ; c’est une des lois de Volta. 


C. R. 1939, 22 Semestre. (T. Vil, N°99; 126 


(952 ) 

» 6°. Lorsqu'on emploie des disques vernis et qu’on passe de la coni- 
munication par un arc métallique à la communication par un arc humide, 
il y a un grand accroissement de tension et changement de signe, et le 
zinc devient négatif par rapport à tous les métaux. 

» 7°. Lorsque deux plaques métalliques sont en communication par un 
arc formé de plusieurs liquides conducteurs, l’effét ne dépend que des 
liquides qui touchent les plaques : il est indépendant du nombre et de Ja 
nature des liquides intermédiaires. 

» 8°. Le changement de signe de l'électricité du zinc lorsqu'il est en 
contact avec un métal et un liquide, ne permet pas d'attribuer à l'air hu- 
mide l’électricité que prend le zinc en contact avec le cuivre; et il me 
paraît impossible de se refuser à admettre que, dans ce cas , l'effet observé 
résulte du contact même. | 

» o°. Les résultats décrits, article 7, me semblent ne pouvoir s’interpréter 
qu'en admettant que les liquides, par leur contact, ne produisent point 
d'électricité. Mais si l’on considère que la loi pour un arc liquide est la 
mème que celle que Volta avait trouvée pour un arc métallique, et qu'il se 
produit de l'électricité par le contact des métaux , l'hypothèse contraire 


paraîtra plus probable. 

» 10°. Quelle que soit l’origine de l'électricité développée par le contact 
des métaux et des liquides, comme cette électricité a une plus grand ten- 
sion que celle qui résulte du contact des métaux , l’élément efficace de la 
pile doit être considéré comme formé de deux plaques métalliques de 
nature différente séparées par un liquide, et le contact des métaux comme 
établissant seulement la communication des éléments; alors les plaques 
extrêmes de la pile telle qu'on la construit ordinairement, sont sans in- 
fluence , comme l'expérience le démontre; on peut les supprimer, et l’ex- 
trémité zinc devient le pôle négatif. Quant à l’accroissement de tension, 
il faut nécessairement admettre une force qui s'oppose à la combinaison 
des électricités produites au contact de deux corps, et qui maintienne entre 
eux une différence de tension constante, quelle que soit la tension de l’un 


d’eux. » 


( 933 ) 


PHYsiQuE. — Sur la propagation de la ghaleur dans les liquides : 
par M. Desrrerz. 


CR nr MM. Gay-Lussac, Poisson, Pouillet. ) 


« Rumford a cherché à prouver que les liquides et les gaz ne sont pas 
conducteurs de la chaleur. Il expliquait la propagation de la chaleur dans 
les liquides, par le mouvement des molécules. Nicholson et Pictet ont 
constaté, en chauffant le liquide par la surface shpéricute, que ces corps 
sont conducteurs. 

» Les expériences de Murrai sont surtout décisives. Ce savant a vu, 
en chauffant par la partie supérieure des liquides renfermés dans des 
vases de glace, la température s’élever, dans le fond de la colonne li- 
quide, de plusieurs degrés. Ces liquides étaient l’huile et le mercure. 

» Ces diverses expériences. pouvaient bien servir à établir qu’en effet 
les liquides sont conducteurs de la chaleur, mais non à faire connaître 
la loi de la propagation. C’est cette loi que je mé suis proposé de décou- 
vrir dans ce travail. 

» Mon appareil consiste en un cylindre en bois de 318 millimètres de 
diamètre intérieur, et de 1 mètre de hauteur; le fond était formé par une 
lame de cuivre étamé; l'épaisseur de la paroi était de 28 millimètres. 

» J'avais percé la paroi du cylindre de manière à pouvoir introduire 
horizontalement douze thermomeètres. Le milieu du réservoir de chaque 
thermomètre occupait l’axe du cylindre. La longueur des réservoirs était 
de 70 millimètres. 5 

» La distance du thermomètre supérieur à la source, était de 46 milli- 
mètres. La distance respective des six thermomètres les plus rapprochés 
de la source, était de 45 millimètres; celle des six autres était double. Le 
fond métallique était en contact avec de l’eau à la température de l'air. 
Sur la partie supérieure de la colonne liquide, reposait un vase en cuivre 
mince, destiné à recevoir de l’eau chaude. Pour ne pas faire varier la 
température du lieu de l'expérience, on avait disposé ce vase en cuivre, 
de manière à ce qu’on püt verser l’eau bouillante de la chambre voisine ; 
un second tuyau reportait l’eau chaude dans cette chambre, en sorte 
qu'aucune vapeur, si ce n’est une faible quantité émanée de l'intervalle de 
2 lignes entre le vase et le cylindre, ne paraissait dans l'atmosphère dans 
ATATS était plongé l'appareil. 

» L'expérience dont nous allons rapporter les résultats , a duré trente- 


126. 


( 934 ) 
deux heures; pendant ce temps, on a versé sans interruption, de cinq 
minutes en cinq minutes, deg l’eau bouillante dans le vase en cuivre. 
Ainsi, la température était aussi constante que possible; on a noté les 
températures de la colonne liquide d'heure en heure. Ce n’est qu'au bout 
de vingt-quatre heures que l’état de la colonne d’eau a pu être considéré 
comme stationnaire. On a pris les températures pendant encore six heures. 
C'est la moyenne de ces dernières, qu'on a rapportée, On avait fixé 
un fond métallique bon conducteur, pour maintenir la partie inférieure 
à une température constante; mais l’influence en a été nulle. Le dernier 
thermomètre n’a pas varié; il n’y a que les six premiers qui aient subi 
une élévation de température notable : le plus rapproché de la source 
présentait un excès sur l'air, égal à 37°,24 ; le plus éloigné des six, un excès 


égal à 3°,45. 


Expérience. — Durée, trente-deux heures. — État des thermomètres pendant les six 
dernières heures. — Température de l'air, 8°,78. ÿ 


Températures. Excès sur l'air. Quotients. 
1 thermomètre. ..:..:" ©46°,03 ...... 37°24 
25 Id, 32,827. 022,04 Se 
35 Id. 2351 s0s SHIMANO Sie M2 
4° Id. A7 OX el ee O LIN ve He 
Be Id. VAN EE HONOR 
6° Id. HE RS NME Te 


» On sait que dans une barre métallique de longueur finie les tempéra- 
tures sont liées par la formule 


U = 4e VZ 4 Be” vV+ 


et que dans une barre de longueur infinie, cette relation est 


L 


U est l’excès de la température d’un point sur l'air à une distance x.de la 
source; y est la conductibilité extérieure et k la conductibilité intérieure. 
A et B sont des constantes. Ces deux relations conduisent à cette loi, savoir : 
Si l'on prend les températures de trois points équidistants, et qu'on en 
retranche la température de l'air, on trouve que la somme des deux excès 
extrêmes divisée par l'excès intermédiaire donne un quotient constant. 
C'est ainsi qu'on a obtenu les quotients du tableau. Cette loi convient éga: 
lement à la barre de longueur finie et à la barre de longueur infinie. Mais 
cette dernière donne en outre une relation qui lui est particulière. Les dif- 


( 955 ) 

férents excès, pour des points équidistants, décroissent en progression 
géométrique. Cette dernière condition est remplie dans l'expérience ac- 
tuelle. Pour la vérifier on a pris le quotient de chaque excès par l'excès 
qui le suit immédiatement. Les résultats différent très peu du nombre 1,60. 
Pour avoir une moyenne plus sûre; on a pris les quotients de deux en 
deux, et l’on a extrait la racine carrée; on les a pris de trois en trois et 
l’on ajextrait la racine cubique, et ainsi de suite. On a eu ainsi quinze nom- 
bres, dont la moyenne s’est trouvée 1,609. Ainsi la chaleur se propage 
dans les liquides, chauffés à la partie supérieure, selon la loi à laquelle 
elle est soumise daris les barres métalliques, » 

CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches de chimie organique sur la Salicine et les 

produits qui en dérivent ; par M. Prrra. 


(Commissaires, MM. Dumas, Robiquet , Pelouze.) 


« La salicine han He qu’elle existe dans-le sel de plomb, se for- 
mule d’ après C{‘H°40#, A l’état cristallisé elle  contiént deux atomes d’eau , 
et sa composition est in par la formule C#*H#O° + >H*°O. Enfin le 
salicinate de plomb est un sel tribasique qui a pour formule C#*H0s+3PLO. 

» En examinant l’action du chlore sur la salicine, j'ai obtenu un composé 
jaune cristallin, composé d’après C#H*#Ch40”. Cette formule paraît résulter 
de la réaction du chlore sur la salicine hydratée. En effet c’est la formule 
de la salicine qui a perdu quatre atomes d'hydrogène et gagné quatre 
atomes de chlore. 

» Les acides étendus convertissent la salicine à l’aide de l’ébullition, en une 
matière résineuse que j'appelle salicétine , et en un sucre qui, par sés pro- 
priétés et sa composition, ne diffère point du sucre de raisin. 

» Mais parmi les différentes modifications que la salicine éprouve de la 
part de différents corps; il n'en est aucune qui soit aussi digne d'intérêt 
que celle produite par les corps oxidants. 

» Avant de me livrer à cet examen, je dois ajouter que ce travail a été 
fait dans le laboratoire de M. Dumas et sous $a direction bienveillante. Je 
ne fais que remplir un devoir en lui offrant publiquement le témoignage de 
ma reconnaissance, ‘ 

» Lorsqu’on fait un mélange de salicine, d’acide sulfurique faible et de 
peroxide de manganèse, et qu’on chauffe le tout , une vive réaction ne tarde 
pas à se manifester, pendant laquelle il se dégage en abondance de l'acide 
carbonique et de l'acide formique. 


(936 ) 

» Si au lieu du peroxide de manganèse on fait usage d’un mélange de 
bichromate de potasse et d'acide sulfurique, on obtient, comme dans le cas 
précédent, de l'acide carbonique et de l'acide formique; mais, en outre, 
en condensant les produits de la distillation , une matière huileuse se ras- 
semble au fond de l’eau dans le récipient. 

» Ce corps, que je désigne par la dénomination d’kydrure de salicyle, jouit 
au plus haut degré des propriétés qui caractérisent les huiles essentielles. 
Après avoir été rectifié sur le chlorure de calcium et distillé, il se présente 
sous forme d’un liquide huileux presque tout-à-fait incolore, d’une odeur 
aromatique et agréable qui a quelque ressemblance avec celle de l'essence 
d'amandes amères. Sa saveur est brülante et aromatique. 

» L'hydrure de salicyle ést assez soluble dans l'eau, et sa solution 
aqueuse jouit de la propriété de colorer en violet foncé les sels de per- 
oxide de fer, même en dissolution tres étendue. Sa densité est de 1,1731 à 
la température de 13,5. 1f bout à 196,5 sous la pression de 0",760. Sa 

composition et le poids de son équivalent sont donnés par la formule 
CH Of. Il est par conséquent isomérique avec l’âcide benzoïque hy- 
draté. $ 
» La densité de sa vapeur est = 4,27. Chaque volume de vapeur est, 
d’après cela, composé de 


7 vol. vap. de carbone. — 2,9512 
3 vol. hydrogène. ..... — 0,2064 
r vol. oxigène......... — 1,1026 

4,2602 


exactement comme l'acide benzoïque cristallisé. 

» L'hydrure de salicyle n'entre pas en combinaison directe avec d’autres 
corps sans subir d’altération. Le chlore, le brome, les oxides métalliques 
en agissant sur lui emportent un équivalent d'hydrogène, et un équivalent 
de chlore, de brome ou de métal entre à la place de celui-ci, et s'ajoute 
aux autres éléments de l'hydrure. Dans l’hydrure de salicyle il y a par 
conséquent un équivalent d'hydrogène H* qui peut être remplacé par un 
autre Corps, et une autre matière C*“ H'° Of, qui reste toujours inva- 
riable, Cette dernière remplit par conséquent les conditions qui caracté- 
risent un radical. composé qui, comme le cyanogène et le benzoïle, joue 
le rôle d'un corps simple. Pour rappeler son origine, j'appelle salicyle ce 
radical hypothétique, et pour ses combinaisons j'adopte la nomenclature 
suivie pour désigner les combinaisons des corps simples non métalliques. 


(937) 


L'huile devient alors une combinaison du salicyle avec lhydrogene, et sa 
formule rationnelle est C** H'°.O{ H°. C'est par conséquent un véritable 
hydracide à radical composé comme l'acide hydro-cyanique. Comme avec lui, 
au contact des oxides métalliques, il y a perte des éléments d’un équiva- 
lent d’eau, et les composés qui en résultent sont analogues aux cyanures. 
En comparant maintenant la formule de l'hydrure de salicyle avec celle de 
l'acide benzoïque hydraté, on voit, comme je l'ai fait remarquer en com- 
mençant, que ces deux corps ont exactement la même CRUE 
c'est-à-dire C*H"Of. Les salicylures métalliques sont de même isoméri- 
ques avec les benzoates correspondants supposés anhydres. En effet, 
C*#HOi + M = C“H*0* + MO. 

» D'après ce qui vient d’être dit, le salicyle aurait pour composition 
C H°° Of. On pourrait le regarder comme un bioxide de benzoïle : celui-ci 
étant C“’H'° 0"; ou bien l’un et l’autre comme.des différents degrés d’oxi- 
dation d’un carbure d'hydrogène C*® H. Suivant cette hypothèse, qui est 
due à M. Dumas, ce carbure d'hydrogène formerait avec l’oxigène trois 

combinaisons correspondantes au deutoxide d'azote, à l’acide nitreux, et à 
lacide hyponitrique. 

» En traitant l'hydrure de salicÿle par la potasse en excès, il ÿ a déga- 
gement de gaz hydrogène et production d’un acide dont la formule à 
l'état anhydre est C#H:°0°.... Ce corps est donc, tant pour sa compo- 
sition que pour la manière Abus il se produit, Vendee du salicyle, tout 
comme l'acide benzoïque est l’oxide du benzoyle. Dans cette hypothèse , 
la dénomination qui lui convient le mieux est celle d’acide salicique ou sa- 
licylique. Mais si le benzoyle et le salicyle eux-mêmes sont deux différents 
degrés d’oxidation d’un carbure d'hydrogène C‘8H'°, l'acide salicylique 
devient le degré d’oxidation de ce carbure PR me à l'acide nitrique 
dans la série des oxidations de l'azote. Et dans ce cas, il me semble beau- 
coup plus naturel d'adopter pour ces différents oxides une nomenclature 
qui exprime leur relation de composition avec les oxides correspondants 
de l'azote. Voici ces deux séries mises en regard : 


. -Az*02 deutoxide d’ azote....... C#H'° +-0* benzoyle, 
. Az® O acide nitreux...…....... CH'°+4 0 acide berizoïque, 
Az°0# acide hyponitrique. . .... C#H'°-+ O1 salicyle, 
Az°0° acide nitrique..... . ... CSH° + 05 acide salicylique. 


Dans cette hypothèse l'acide benzoïque et le nouvel acide provenant de 
Vaction de la potasse sur l’hydrure de salicyle correspondent à Pacide ni- 


( 938 ) 


treux et à l'acide azotique, dans la série des oxidations de l'azote. On 
pourrait par conséquent appeler le premier acide benzeux et le dernier 
acide benzique. 

» Les salicylures métalliques étant pour le plus grand nombre insolubles, 
on peut les obtenir par double décomposition à l’aide du salicylure de po- 
tassium. Cé dernier se prépare avec la plus grande facilité : il suffit pour 
cela de verser une dissolution tres concentrée de potasse dans l’hydrure de 
salicyle; en agitant le mélange, le tout se solidifie en une masse jaune 
cristalline. En le dissolvant dans l'alcool anhydre à chaud on obtient par 
le refroidissement de la liqueur, le salicylure de potassium cristallisé en 
belles lames carrées d’un jaune d’or. La seule précaution qu'il faut pren- 
dre, c’est de ne pas abandonner le sel à l'air tant qu’il est encore humide ; 

, dans ce cas, il s’altère promptement, et il se change en un corps 
noir sur la nature duquel je reviendrai plus bas. Le salicylure de potas- 
sium renferme une certaine quantité d’eau de cristallisation dont il est 
difficile de le dépouiller sans le décomposer en partie. À l’état anhydre, 
sa composition est donnée par la formule C'* H'°Of+K. Le salicylure de 
barium se présente sous forme d’une poudre cristalline d’une belle cou- 
leur jaune-citron ; il est un peu soluble dans l’eau ; surtout à chaud, qui 
l'abandonne sous forme cristalline en se refroidissant. Ce sel contient deux 
atomes d’eau de cristallisation dont on parvient à le priver aisément en le 
chauffant à quelques degrés au-dessus de 100 dans un courant d'air sec. 
La formule ( C#H'°0f+Ba) + Aq* exprime sa composition. 

» Le salicylure de cuivre est anhydre. La meilleure manière de le pré- 
parer consiste à agiter l’hydrate de cuivre récemment précipité dans une 
dissolution aqueuse d’hydrure de salicyle en exces. Il est composé d’après 
la formule CH'°0f + Cu. ; 

» Le chlorure dé salicyle s'obtient avec la plus grande facilité, en fai- 
sant passer un courant de gaz chlore dans l'hydrure de salicyle à froid. La 
réaction se manifeste avec beaucoup d'énergie ; le liquide s’échauffe forte- 
ment , et des vapeurs abondantes d’acide FR -chlorique se dégagent pen- 
dant toute la durée de l'opération. La réaction est achevée Dit tout 
dégagement d'acide hydro-chlorique à cessé. La liqueur se prend en masse 
cristalline:tant soit peu jaunâtre. C’est le chlorure de salicyle, qu'on ob- 
tient parfaitement pur et incolore en le dissolvant dans l'alcool chaud et 
le faisant cristalliser. 


La 
» Ainsi obtenu, le chlorure de salicyle se présente sous forme de tables 
rectangulaires d'aspect vacré, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool 


( 939 ) 


et l'éther. Les alcalis Caustiques le dissolvent aussi, et la dissolution est co- 
lorée en jaune. Les acides en précipitent le chlorure inaltéré, et jouissant 
de toutes ses propriétés. Si l’on neutralise l’alcali par un acide, le chlorure 
de salicyle se précipite, et la dissolution ne contient pas de chlorure de po- 
tassium. Chauffé, le chlorure de salicyle fond d'abord en un liquide incolore 
et se volatilise sans éprouver d’altération. Il est composé d’après la formule 
C#H0# Ch. Il se combine directement avec les alcalis et les terres al- 
calines, et joue, à leur égard, le rôle d’un acide faible. Sa combinaison 
avec la potasse cristallise en paillettes jaunes. Le composé barystique a 
l'aspect d'uné poudre jaune cristalline. Ces corps contiennent le chlorure 
de salicyle et la base combinés atome à atome. ÿ 

» L'ammoniaque ne paraît pas se combiner avec le chlorure de salicyle, 
mais il exerce sur lui une action tout-à-fait inattendue et dont on ne 
connaît pas d’exemples dans la Chimie organique. 


» En faisant arriver un courant de gaz ammoniac sec sur le chlorure 
de salicyle, celui-ci prend une couleur jaune qui devient de plus en plus 
intense. En même temps, de l’eau se condense à l’autre bout du tube 
sous forme de rosée; en peu de temps la réaction est terminée. La ma- 
tière jaune retirée du tube et traitée par l'eau froide, ne cède pas la 
moindre trace d'hydro-chlorate -d’ammoniaque. Par conséquent, sous l’in- 
fluence du gaz ammoniaque , le chlorure de salicyle ne perd pas de chlore, 
mais de l’oxigène, puisque les seuls produits de la réaction sont l’eau et 
le corps jaune que j'appelle chlorosamide. Ce corps possède la propriété 
de régénérer le chlorure de salicyle et l’ammoniaque, en s’appropriant les 
éléments de l’eau. Il suffit pour cela de le chauffer au contact d’une dis- 
solution acide ou alcaline. Dans le premier cas, l'acide se combine avec 
lammoniaque, et le chlorure de salicyle est mis en liberté; dans le second ; 
l'ammoniaque se dégage et l’alcali se combine avec le chlorure de salicyle. 
L'eau seule suffit pour opérer cette transformation à la chaleur de l’ébul- 


4 
lition. La chlorosamide a pour formule C* H°° O» Az3 Ch. Cette compo- 
sition résulte de la réaction d’un atome et un tiers d’ammoniaque sur un 
atome de chlorure de salicyle , pendant laquelle tout l'hydrogène de l’am- 


a 


moniaque disparaît à l’état d’eau. 
» La chlorosamide est remarquable surtout par le nombre fraction- 
naire d'atomes d'azote qui entrent dans sa composition. 
-» Le bromure de salicyle se prépare comme le chlorure; ses propriétés 
diffèrent si peu de celles du chlorure, qu'il serait impossible de distinguer 
C:R. 1838, 2° Semestre. (T. VI], Ne 20.) 127 


( 940 ) 


ces deux corps, si ce n’est par l’analyse. Il se combine aux bases comme 
le chlorure, et le gaz ammoniaque sec agit sur lui de la même manière 
que sur le chlorure de salicyle. J’appelle bromosamide le corps qui dérive 
de cette réaction. Le bromure de salicyle a pour formule C** H°° O? + Br2. 


La bromosamide est composée d’après C‘° H° O* A2 Br°. 

» L’acide nitrique concentré convertit l’hydrure de salicyle, à l’aide 
de l’ébullition, en un acide nouveau, jaune, qui cristallise en lames très 
larges. Cet acide forme, par son union avec les bases, des sels jaunes 
qui détonent violemment quand on les chauffe. Il contient de l'azote , et 
se formule d’après C* H$ Az° O". » 


Note sur l'huile essentielle des fleurs de Reine des prés (Spiræa ulmaria ), 
par M. Duvis. 


« L'eau distillée des fleurs de Spiræa offre des caractères remarquables, 
qui ont été mis en évidence par M. Pagenstecher, pharmacien à Berne. 
En étudiant ce produit, l’habile chimiste que je viens de citer a été con- 
duit à découvrir l'huile essentielle qui donne à cette eau les propriétés 
qui la distinguent et à s'assurer que cette huile, tout comme l’eau elle- 
même, éprouve de.la part des réactifs une action propre à y faire sup- 
poser l'existence d’un de ces corps que l’on estconvenu de regarder main- 
tenant comme des radicaux organiques. 

» Ces expériences, remarquables par leur netteté et leur exactitude, 
furent reprises par M. Lôwig, professeur de chimie à Zurich. Ce dernier 
fit l'analyse de l'huile, celle de ses principales combinaisons, et il en tira 
cette conséquence que l'huile de Spiræa devait être envisagée comme un 
hydracide ayant pour formule C* H'°0*H*. Cette formule se trouvait ap- 
puyée sur des analyses si variées, que l’on pouvait regarder toute re- 
cherche ultérieure, à ce sujet, comme étant superflue. 

» C’est donc par un simple sentiment de curiosité, que me trouvant à 
Berne dans ces derniers temps, je demandai à M. Pagenstecher de vouloir 
bien me montrer les produits curieux dont on lui doit la découverte. Mais 
à peine m'eut-il présenté l'huile de Spiræa, que je fus frappé de son ex- 
trème analogie avec l'huile extraite de la Salicine par M. Piria. Un examen 
ultérieur n’a fait que confirmer ce premier aperçu. J'en présente ici les 
résultats, tout en regrettant que la très petite quantité d'huile de Spiræa 
que M. Pagenstecher a pu mettre à ma disposition ne m'ait permis d’exé- 
cuter qu'un très petit nombre d’analyses. 


(QUTD) 

» L'huile de Spiræa n’est pas un corps homogène, à ce que pense 
M. Pagenstecher, dont l'opinion doit suffire pour faire admettre le fait que 
je n’ai pu vérifier, ce qui eût exigé de grandes quantités d'huile. Une por- 
tion se combine avec la potasse; l’autre refuse de s’y unir. Cette dernière, 
qui se trouve mélée à la première en très faible proportion, est plus lé- 
gere que l'eau. L'autre est plus pesante, et c’est à elle que s’applique mon 
opinion sur l'identité de l'huile de Spiræa avec l'huile de la Salicine. 

» Voici sur quoi elle se fonde: 

» 1°. Les deux huiles ont la même odeur à peu près, et l'analogie à cet 
égard devient plus frappante encore quand on combine l'huile de Spiræa 
avec la potasse, que lon comprime les cristaux obtenus et que l’on met 
en dJiberté l'huile acide au moyen de l'acide tartrique. 

» 2°. Ces deux huiles se dissolvent dans l’eau l’une et l’autre, et commu- 
niquent à ce liquide la propriété de colorer les sels de peroxide de fer en 
rouge violet. La nuance est tellement identique qu’en exécutant des expé- 
riences comparatives on ne saurait distinguer les deux liquides l’un de 
l'autre. 

»3°. Mélée d’une forte solution de potasse, l'huile de Spiræa se concrète 
tout-à-coup. Elle fournit ainsi un sel jaune qui exprimé, puis dissous dans 
l'alcool bouillant, laisse déposer par le refroidissement des lames cristallines 
d’une belle nuance jaune. Celles-ci, exposées à l'air, s'y colorent promp- 
tement en gris noirâtre. 

» L'huile de la salicine se comporte exactement de la'même manière. 

» 4°. J'ai agité la solution aqueuse de l’huile de Spiræa avec de l’hydrate 
de cuivre, et j'ai obtenu un abondant dépôt floconneux d'un vert jau- 
nâtre. 2h Le 

» L'huile de la salicine se comporte de même, et les précipités se con- 
fondent exactement par leurs propriétés. 

» 5°, En traitant l'huile de Spiræa par lacide nitrique on obtient deux 
produits acides ; l’un jaune et l’autre incolore, et absolument semblables à 
ceux que l'huile de la salicine fournit en pareille circonstance. 

» 6°. Enfin, j'ai fait passer un courant de chlore dans l'huile de Spiræa 
et j'ai vu cette huile se colorer d’abord en violet; mais bientôt la couleur 
a disparu et j'ai obtenu un abondant dégagement d’acide chlorhydrique, 
en même temps qu'il se formait un produit cristallisé. Ce dernier se 
comporte absolument comme le chlorure de salicyle. 11 m’eût été impos- 
sible de les distinguer par l'aspect, la manière de se sublimer, la fusion , la 
cristallisation dans l’alcool. 


127. 


( 942) 


» J'ai eu recours à l'analyse et j'ai obtenu dans plusieurs épreuves 53 de 
carbone et 3,2 d'hydrogène, résultats très différents de ceux qu’avait ob- 
servés M. Lôwig, mais fort près de ceux que fournit le chlorure de salicyle, 
qui donne 5{ de carbone et 3,2 d'hydrogène à l’analyse. On ne pourrait 
calculer pour le premier une formule différente de celle que M. Piria adopte 
pour le second. 

» J'ai constaté que le chlorure de l'huile de Spiræa se combine à la potasse 
en produisant un composé jaune cristallisable. Le chlorure de salicyle 
possède le.même caractère. 

» Si l'identité que je crois exister entre ces deux corps était démontrée 
par de nouvelles épreuves qui eussent exigé plus de matière que je nai 
pu en consacrer à mes essais, le travail de M. Piria fixerait doublement 
l'attention des chimistes, et par les produits remarquables dont il vient 
d'enrichir la science, et par ce nouvel exemple d’une véritable création de 
matière organique exécutée par des procédés très analogues sans doute à 
ceux que la nature emploie souvent. Rien de plus encourageant pour les 
jeunes chimistes que de tels succès qui en promettent tant d’autres. 

» M. Pagenstecher a bien voulu m'adresser son Mémoire , et je me suis 
empressé de le faire traduire pour le porter à la connaissance des chi- 
mistes français. ; 

» Parmi les observations qu'il renferme , j'en ferai ressortir une qui me 
paraît très digne d'intérêt. L’habile pharmacien bernois s'est assuré que 
les fleurs de Spiræa ne contiennent pas leur huile toute formée; elle ne 
prend naissance qu'à l’aide du concours de l'eau par la distillation: 
exemple nouveau et remarquable qui tout en liant l'huile de Spiræa à son 
analogue, l'huile d'amandes amères, vient montrer combien les belles ob- 
servations de notre confrère, M. Robiquet, sur la formation de l'huile 
d'amandes amères et celle de moutarde noire ont à la fois d'importance et 
de généralité. 

» M. Pagenstecher m'apprend par une lettre que l'eau de Spiræa est em- 
ployée dans les cas de catharre pulmonaire; que jusqu'ici personne n'a 
essayé d’administrer l'huile elle-même; chose bien digne d’être tentée, et 
dont notre confrère M. Magendie veut bien s'occuper. On peut néanmoins 
conclure du premier fait, que ce corps se rapproche, par ses propriétés 
médicales, des baumes, et en particulier du benjoin, dont ses propriétés 
chimiques le rapprochent sous tant-de rapports. » 


( 943 ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CHIMIE ET BOTANIQUE APPLIQUÉES. — Recherches sur la Betterave à sucre ; 
par M. E. Péuicor et Decaisne. 


(Commissaires, MM. Dumas, Ad. Brongniart, Pelouze.) 


Recherches chimiques ; par M. E. Pécicor. — (Extrait par l'auteur.) 


« Je me suis proposé, comme objet principal de ce travail, d'analyser 
la betterave à ses (différentes époques de croissance, en employant un 
mode d'analyse plus simple et, je crois, plus exact que celui dont on a 
fait usage précédemment. Ce procédé consiste à traiter par l'alcool , puis 
par l'eau , une certaine quantité de betteraves desséchées avec soin. 

» Mes recherches ont été faites sur des betteraves cultivées dans deux 
localités du Muséum d'Histoire naturelle et sur des betteraves de la cul- 
ture de M. Payen, à Grenelle et à Pigneux. 

» Je trouvai d’abord qu'il existe des différences de composition fort sen- 
sibles entre plusieurs betteraves de la même localité/ venues néanmoins 

«dans des circonstances de sol, de climat, de soins parfaitement iden- 
tiques : ces différences m’ôtérent l'espoir d’arriver avec certitude au but 
que je nv'étais proposé d’abord, savoir, de suivre le développement suc- 
cessif des matières qui existent ou se forment dans cette racine pendant 
sa croissance : néanmoins, en coordonnant les résultats analytiques nom- 
breux que me fournirent pendant quatre mois les betteraves des mêmes 
localités, et en appréciant les limites dans lesquelles leurs différences de 
composition se trouvent comprises, je suis porté à penser que pendant 
tout le temps qui précède la maturité de la betterave, le développement 
de ses parties constituantes est simultané ; de sorte que sous le même 
poids, la même racine contient pendant ce temps les mêmes proportions 
d’eau, de sucre, de ligneux , etc. 

» J'avais pensé d’abord que cette Proportionnalité qui paraît exister dans 
les substances qui constituent la betterave, se maintenait à toutes les 
époques de son existence; mais l'expérience faite sur des betteraves 
mûres, ou du moins ayant cessé d'augmenter de poids et de volume, dé- 
montre qu'après cette époque il y a diminution dans la proportion de 
l’eau et par conséquent augmentation pour le poids de la matière sucrée. 


( 944 ) 


Ainsi, les betteraves qui fournissent de ro à 12 de principes solides pendant 
leur croissance, en donnent de 12 à 15 quand celle-ci est accomplie : 
sur ce dernier poids de principes solides, il y a de 10 à 12 p. 100 de 
sucre cristallisable : j’ai même analysé des betteraves müres qui laissaient 
18 et 19,5 p. 100 de matières séches , et desquelles j'ai pu en extraire de 
13 à 14,4 p. 100 de sucre pur, à l’état cristallisé. Leur jus marquait 8,2 
et 9 degrés à l’aréomètre de Beaumé. » 


Recherches sur l'organisation anatomique de la Betterave; par M. Decaisxe. 
(Extrait par l’auteur.) 


«. Ces recherches microscopiques auxquelles je me suis livré relativement 
à l'organisation de la betterave, peuvent être envisagées sous deux points 
de vue. 

» J'établis sous le pentes que: 

» Une betterave telle qu’on l'emploie péni se diviser, à partir du collet, 
en deux régions; l’une inférieure, constituant la racine proprement aitel 
se compose de zones concentriques vasculaires , séparées par des couches 
plus ou moins épaisses d’utricules. 

» Les tubes vasculaires ne contiennent pas de matière sucrée ; les utri- 
cules en contiennent plus ou moins à l’état liquide; celles qui environnent, 
les vaisseaux sont plus petites, plus serrées et renferment le liquide le plus 
sucré : elles sont toutes d’une transparence parfaite et ne renferment ni 
fécule ni sels cristallisés. 

» Les parties herbacées ou celles qui s'élèvent au-dessus du sol, à partir du 
collet, présentent au contraire , dans quelque variété que ce soit, des utri- 
cules remplies de sels cristallisés ; dans une d’entre elles, dite jaune-blanche 
ou ocroleuque , ces cristaux m'ont paru d'un volume plus considérable que 
dans les autres variétés. 

» Ces sels different des cristaux d’oxalate de chaux dont les aggloméra- 
tions sont si communes dans les plantes de la famille des Chénopodées et 
qui semblent entièrement manquer dans la betterave." 

» Sous le point de vue purement physiologique ,il paraît résulter de mes 
observations que: 

» Les racines souterraines, ainsi que les racines adventives des rameaux, 
apparaissent d’abord sous forme d'une petite masse pulpeuse, arrondie, 
indépendante des tissus environnants, mais placée sur un des côtés du fais- 
ceau vasculaire central de la racine principale. 


( 945 ) 

» Plus tard ce petit globule devient conique et présente dans son intérieur 
un autre petit cône d’un tissu allongé et plus fin. 

» Plus tard encore, la masse entiere perce les tissus qui l’environ- 
nent et se présente au dehors sous forme de mamelon. 

» C’est à cette époque qu’on voit, sur les côtés du petit corps central, 
s’opérer la formation du tissu vasculaire; il commence par deux vaisseaux 
qui ne se mettent que plus tard en connexion avec le faisceau vasculaire 
central de la racine mère. 

» Par suite de la végétation, s'organisent de nouveaux faisceaux vascu- 

laires, qui généralement se disposent par zones concentriques assez régu- 
lières. Mais souvent aussi ces cercles concentriques font place à une disposi- 
tion générale en spirale qui semble un indice de plus de la correspondance 
des faisceaux avecles feuilles qui se développent. 
“+ » Dans les progrès de l’organisation des faisceaux vasculaires, ce 
sont les utricules allongées qui apparaissent les premières; les vaisseaux 
se montrent ensuite. Ainsi les zones les plus externes de la racine, qui 
sont aussi les plus nouvellement formées, sont-elles dépourvues de vais- 
seaux ; il n’est pas,rare de rencontrer des vaisseaux isolés au milieu du 
tissu utriculaire: dans ce cas, ils ne sont point accompagnés d’utricules 
allongées. » 


e 


INDUSTRIE. — Sur la fabrication des Gaz d'éclairage ; par M. Lovccuawr. 


« La fabrication du gaz d'éclairage obtenu de la décomposition des 
huiles qui résultent de la distillation de la résine, ne s’est faite jusqu'ici, 
dit M. Longchamp , qu'au moyen de procédés très imparfaits. Dans les 
usines, même les mieux conduites , les deux cinquièmes au moins de l'huile 
échappent à la décomposition pour former le produit connu sous le nom 
d'huile de condensation ; et de plus une partie du bicarbure d'hydrogène 
formé est décomposée et donne lieu à un dépôt abondant de carbone (noir 
de fumée) qui obstrue les cornues, et oblige à les nettoyer trois ou 
quatre fois dans les vingt-quatre heures. 

» J'ai cherché les moyens de remédier à ces deux inconvénients qui 
augmentent le travail et diminuent la quantité des produits ( on n'obtient 
en général que 14 pieds cubes de gaz, au plus, par kilogramme d'huile). 

» Relativement àl’imparfaite décomposition des huiles , la première chose 
à considérer c’est que le gaz et les vapeurs sont de mauvais conducteurs de 
la chaleur. Si donc vous employez un tube cylindrique de 9 pouces de dia- 


( 946 ) 


mètre intérieur dont les parois sont portées au rouge, les gaz ou les vapeurs 
qui toucheront ces parois acquerront à peu près le même degré de cha- 
leur, et il s’établira ainsi une couche d’un pouce, plus ou moins, forte- 
ment échauffée; mais plus on approche de l'axe et moins la chaleur y aura 
pénétré. En supposant donc que ce tube soit rempli de vapeur d'huile, 
la portion qui touchera les parois sera décomposée , mais celle qui se rap- 
prochera de l’axe ne le sera nullement, et voilà l’origine des huiles de 
condensation qui forment , dans les procédés ordinaires de fabrication, plus 
des deux cinquièmes de l'huile employée. 

» Si les gaz et les vapeurs sont de mauvais conducteurs de la chaleur, 
les métaux au contraire la transmettent facilement. J'ai, en conséquence , 
disposé dans les cornues des plaques de tôle placées horizontalement et 
qui en touchent les parois. Leur distance peut varier selon le diamètre de 
la cornue, mais elles ne doivent point être écartées de plus de 18 lignese 
On peut substituer à ces plaques des tubes en tôle de 1 à 2 pouces de dia- 
mètre et dont on remplit la cornue. Au moyen de cette disposition d’appa- 
reil aucune portion d'huile n'échappe à la décomposition, quoique la cor- 
nue soit portée à un degré de chaleur moins élevé que dans le procédé 
ordinaire, ce qui permet d'obtenir une plus grande quantité de bicarbure 
d'hydrogène, et par conséquent un gaz d’un pouvoir plus éclairant que n’est 
celui que l’on produit dans les usines où l’on suit le procédé en usage. 

» Après avoir établi d'une manière complète l’'uniformité de chaleur 
dans l’intérieur de la cornue, il fallait trouver le moyen de s'opposer à 
la mise à nu du carbone; guidé par des considérations théoriques qu'il 
serait trop long d'exposer ici, j'y suis parvenu de la manière suivante : 

» Dans un baril, qui est pourvu en dedans d’un agitateur, on met 90 par- 
ties d'huile de résine et 10 parties d’eau. On imprime un mouvement 
continu à l’agitateur, et lorsque l'huile et l’eau sont parfaitement mélan- 
gées, on ouvre le robinet qui laisse écouler un filet de liquide qui est in- 
troduit dans la cornue par les moyens ordinaires. Par ce mélange de l’eau 
et de l’huile on évite tout dépôt de carbone dans les cornues. 

» J'ai pensé qu'on pouvait appliquer les mêmes principes pour éviter la 
formation du goudron dans la fabrication du gaz qui est produit par la 
distillation de la houille, et j'ai obtenu un succès complet en opérant de 
la manière suivante : 

» Dans une cornue que je nomme gazogène , je dispose des plaques de 
tôle ainsi qu'il a été dit précédemment , et je fais rendre dans le gazogène 
les produits de la houille que l'on distille dans quatre cornues par les 


( 947 ) 

moyens ordinaires. Ces cornues sont chargées successivement, de telle 
sorte que tandis que la première chargée donne beaucoup de goudron et 
peu d’eau, la seconde, dont la distillation est moins avancée, donne 
moins de goudron et plus d’eau; la troisième encore moins de goudron 
et plus d’eau ; et enfin la quatrième, dont la distillation commence, donne 
pour produit très peu de goudron et beaucoup d’eau. On obtient ainsi 
dans le gazogène un produit qui contient toujours les mêmes quantités 
d’eau et de goudron, et l’on n’est point obligé d’y introduire de la vapeur 
d’eau auxiliaire. Mais tout le goudron que la houille produit dans sa dis- 
tillation disparaît dans le gazogène , et est converti en gaz hydrogène 
combiné et en oxide de carbone. 

» Mon procédé a été expérimenté en Angleterre par M. Palmer, ingé- 
nieur anglais attaché à plusieurs usines de gaz de Londres, et il a obtenu 
du cannel-coal 25 p. 100 de gaz de plus que par les procédés ordinaires, 
et d’une autre qualité de houille 21 p. 100. Le gaz produit par l'interiné- 
diaire du gazogène était plus éclairant que celui fabriqué par la com- 
pagnie du Phénix au moyen des procédés ordinaires. » 


CHIMIE ORGANIQUE.— Recherches sur la composition du liquide quise dépose 
par la compression du gaz d'éclairage; par M. J.-P. Covers. 


( Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Pelouze. ) 


« Il résulte, dit l’auteur, des faits et des expériences consignés dans 
mon Mémoire : 

» Que la décomposition des résines par une haute température produit 
un gaz éclairant chargé de vapeurs particulières, susceptibles de condensa- 
tion lorsqu'on soumet le gaz à une grande pression ; 

» Que’cette matière huileuse examinée convenablement, fournit plusieurs 
carbures d'hydrogène dans lesquels, l'hydrogène étant constant, le car- 
bone varie dans des rapports très simples, et comme les nombres r, », 3» 
4, 5, etc. ; 

» Qu'il existe cinq nouveaux carbures d'hydrogène , liquides à la tem- 
pérature ordinaire , dans lesquels l'hydrogène entrant pour 4 volumes, le 
carbone y entre pour 4,5, 6,7, 8... volumes ; 

» Que l'huile provenant du gaz d'éclairage comprimé contient, d’après 
les expériences de M. Faraday et les miennes , 9 carbures d'hydrogène bien 
définis qui sont : la benzine, le tétra-carbure volatil à o°, le naphte, le tétra- 

C, KR. 1835, 2° Semestre, (T. VII, N° 29.) 128 


(948 ) 
carbure volatil à 30°, le penta-carbure, l’hexa-carbure, l’hepta-carbure vo- 
latil à 100°, l’octo-carbure et le poly-carbure. » 


200L0G1E. — Table de la fécondité des mammifères ; par M. Bezuwcenri. 


(Commissaires, MM. Duméril, Flourens, Breschet. ) 


Dans ce tableau l’auteur fait connaitre, pour toutes les espèces sur les- 
quelles il a pu recueillir des renseignements, soit dans les traités d’his- 
toire naturelle, soit dans les ouvrages des voyageurs, les circonstances 
suivantes : époque de la génération, durée de la gestation, nombre des 
petits pour chaque portée, nombre annuel des portées, époque où les 
deux sexes cessent d’être propres à engendrer, durée de la vie, époque 
de l'accouchement, nombre des mamelles, genre de nourriture, durée 
de la société entre le mâle et la femelle, patrie , et habitation de l'espèce. 


Géozocir. — Origine de la craie, du sel marin fossile et du gypse; 
par M. DrePPEDALE. 


(Commissaires, MM. Brongniart, Élie de Beaumont.) 


M. Duuis présente de la part de M. Cuaix un bloc de dépôt calcaire 
formé sur la paroi interne de la chaudière d’un navire à vapeur de l’État. 


(Renvoi à la Commission qui aura à se prononcer sur l'efficacité du 
moyen proposé par M. Chaix pour prévenir ces sortes d’incrustations. ) 


M. Srivesrre transmet un Mémoire qui avait été adressé par erreur à la 
Société centrale d’agriculture, et qui est destiné à concourir pour un des 
prix que décerne l’Académie. Ce Mémoire, dont l’auteur est M. Perner, a 
pour objet un moyen de rendre moins insalubre la pulvérisation du verdet 


gris. 
(Commission des arts insalubres.) 


M. Wacckenaer adrésse la figure et la description d'un instrument des- 
tiné à mesurer les distances, inventé par M. VaussiN-CHARDANNE. 


(Commissaires , MM. Poncelet, Gambey.) 


M. »E Sainr-Anrome adresse divers échantillons de caoutchouc divisé 
en lames minces, et de tissus rendus imperméables au moyen de cette 


ai 


( 949 ) 


substance; il demande qu’une Commission soit chargée de faire un rap- 
port sur ces produits et sur les procédés qu’il emploie pour les obtenir. 


(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze.) 


CORRESPONDANCE. 


M. L'Ausassaneur ne Suëne demande l'autorisation de faire prendre copie 
d'un Mémoire présenté, il y a plusieurs années, à l’Académie des Sciences 
par feu M. Abel, de Christiania , et qui a pour titre : Mémoire sur une pro- 
priété générale d'une classe très étendue de fonctions transcendantes. Ce 
travail doit faire partie d’une édition complète des œuvres mathématiques 
de M. Abel, laquelle va être publiée, par le gouvernement de Suède , aux 
frais de l'État, et en langue française. 

Cette autorisation est accordée. 


M. Péczer demande à être compris dans le nombre des candidats pour 
la place vacante dans la section de Physique par suite du décès de M. Du- 
long. 

(Renvoi à la section de Physique.) 


M. Con écrit que, dans des expériences sur la végétation faites en 1837 
de concert avec M. Edwards, il a eu occasion d’observer le fait signalé ré- 
cemment par M. Boussingault (Compte rendu de la séance du 19 no- 
vembre, page 889); savoir, que des pois n'ayant pour tout aliment que 
l'eau et l'air, ont fleuri et donné des semences qui sont arrivées à parfaite 
maturité; l’expérience avait également réussi avec des fèves, et cette année 
elle a été répétée avec le même succès sur l'oignon commun et sur un pied 
de Polygonum tinctorium. 


M. Laurreau demande à retirer un Mémoire qu'il a présenté le 27 août 
et qui a pour titre : Histoire mémorable de l'apparition du principe vital 
de la nature. 

Ce Mémoire n'ayant pas encore été l’objet d’un rapport, sera remis à 
l'auteur. 


M. Scuweicu adresse de nouvelles considérations sur les explosions des 
machines à vapeur. 


M. Durnocuer dépose un paquet cacheté. 
128.. 


(950) 
M. Jacques adresse un paquet cacheté portant pour suscription : Ex- 


plosions des machines à vapeur. 


M. Drvar adresse également un paquet cacheté renfermant la descrip- 
üion et la figure d’un instrument destiné à l’enseignement de la topo- 


graphie. 
L'Académie accepte ces différents dépôts. 


La séance est levée à cinq heures. 


Erratum. (Séance du 19 novembre.) 


Page 904, ligne 8, M. Marcuany, lisez M. Marcnano. 


( 95r) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


l’Académie 2 reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838, n° 21, in-4°. 

Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et AraGo ; 
tome 68 , août 1858, in-8°. 

Annales des Sciences naturelles ; tome 9, juin 1838, in-8°. 

Éloge de M. Desgenettes; par M. Paniser; in-8°. 

Administration des Douanes. — Tableau général du Commerce de la 
France avec ses Colonies et les Puissances étrangères pendant l'an- 
née 1837 ; in-4°. 

Galerie ornithologique des Oiseaux d'Europe; par M. »'Ormiexy; 4of li- 
vraison. 

Compendium de Médecine pratique; tome 2, 8° livraison. 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 3, n° 4, in-8°. 

Ù Société anatomique ; 15° année ; Bulletin de septembre et octobre 1838, 
1n-68°, 

Revue critique des livres nouveaux ; 6° année, n° 11. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; par M. Mr 
QuEL ; tome 15, 0° et 10° livraison , in-8°. 

Memorie della... Mémoires de l Académie royale des Sciences de Turin; 
tome 50; Turin, 1838, in-4°. 

Sulla Struttura.... Sur la structure et la position des organes de 
lOuie et de la Vue dans les principaux genres de Mammiféres ; par 
M. Bezunceri; Turin, in-4°. 

Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; novembre 1838, 
in-8°. . 

Journal des Connaissances médicales pratiques et de Pharmacologie; 
novembre 1838, in-8°. 


Journal des Sciences physiques, chimiques et arts agricoles et indus- 
triels ; octobre et novembre 1835, 1n-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 45, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 156—158, in-4°. 


(952 ) 
Écho du Monde savant ; 5° année, n° 389. 
L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie ; n° 73, in-8°. 
La Ruche, journal d'Études Jamilières ; tom. 2, un vol. in-8°. 
L'Éducateur, journal; mai et juin 1858, in-8°. 
La France industrielle, journal ; n°’ 67 — 60. 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 5 DÉCEMBRE 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


; é à . 
M. le PrésienT annonce que tous les membres présents de l’Académie 
ont assisté, le 3, aux obsèques de M. Auzard. 


OPTIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la réflexion et la réfraction de la 
lumière produites par la surface de séparation de deux milieux doués 
de la réfraction simple ; par M. Aucusrix Caucay. 


« Dans le premier des mémoires que j'ai présentés depuis peu de temps 
à l’Académie, j'ai donné les formules générales qui expriment les condi- 
tions relatives à la surface de séparation de deux milieux, dans lesquels 
vibrent les molécules de l'éther. En appliquant ces formules générales à 
" … la réflexion et à la réfraction de la lumière, produites par deux milieux 
que sépare une surface plane, et dont chacun est doué de la réfraction 
simple on obtient les formules particulières contenues dans le nouveau 
Mémoire joint à la présente Note. Je me propose, dans la prochaine séance, 
de donner un aperçu général des résultats qu’elles indiquent, et je me 
bornerai pour l'instant à une observation qui me paraît digne de latten- 
tion des physiciens. 
| C.R. 1838, a Semestre, (T. VIL, N° 25.) 129 


(954) 


» Lorsque les deux milieux donnés sont transparents, les formules re- 
latives à la réflexion et à la réfraction renferment une constante réelle que 
l’on nomme l'indice de réfraction , et qui n’est autre chose que le rapport 
constant du sinus de l’angle d'incidence au sinus de J’angle de réfraction. 
Mais lorsque le second milieu devient opaque, cet indice n’existe plus, 
ou, du moins, il se trouve remplacé par une constante imaginaire qui dé- 
pend de deux quantités réelles. Donc, alors, il n’y a plus lieu de recher- 
cher ce qu’on nomme l'indice de réfraction du corps opaque, et l’on doit à 
la recherche de cet indice, substituer la recherche des deux quantités 
réelles dont je viens de parler. Mon Mémoire offrira plusieurs exemples de 
la détermination de ces deux quantités. Au reste, les formules que j'ai 
obtenues s'accordent d’une manière remarquable, ainsi que je l’expliquerai 
dans la prochaine séance, avec les expériences des physiciens. » 


OPTIQUE. — Sur un système d'expériences à l’aide duquel la théorie 
de l'émission et celle des ondes seront soumises à des épreuves décisives ; 
par M. AraGo. 


« Je me propose de montrer dans cette Note, comment il est possible de 
décider, sans équivoque, si la lumière se compose de petites particules 
émanant des corps rayonnants, ainsi que le voulait Meswton, ainsi que 
l'ont admis la plupart des géomètres modernes; ou bien si elle est simple- 
ment le résultat des ondulations d’un milieu très rare et très élastique, que 
les physiciens sont convenus d’appeler l'Éther. Le système d’ expériences 
que je vais décrire, ne permettra plus ,ce me semble, d'hésiter entre les 
deux théories rivales. Il tranchera mathématiquement ( emploie à dessein 
cette expression); il tranchera mathématiquement une des questions les 
plus grandes et les plus débattues de la philosophie naturelle. 

» Au reste, ma Note est l’accomplissement d’une sorte d'engagement que 
je pris envers l’Académie dans un des derniers comités secrets. 

» Je venais d'exposer l'admirable méthode à l'aide de laquelle 
M. Wheatstone a abordé le problème de la vitesse de l'électricité dans 
les conducteurs métalliques; je terminais à peine l’énumération des im- 
portants résultats que cet ingénieux physicien a obtenus, lorsque plu- 
sieurs de nos confrères, dont le nom peut faire autorité en pareille ma- 
tière, prétendirent que mon rapport était beaucoup trop approbatif. En la 
SPP RSA bien constatée , la limite inférieure assignée par M. Wheatstone 

à la vitesse de l'électricité, n’aurait, disait-on, aucune influence notable 


FE - 4 


(955 ) 


sur les progres des sciences; d’ailleurs, des limites du même ordre et même 
plus étendues, pourraient être déduites indirectement de divers phéno- 
mènes électriques ou magnétiques; quant à la méthode des miroirs rota- 
tifs, elle ne semblait susceptible d’être appliquée qu’aux seules questions 
déjà étudiées par l'inventeur. J’essayai de réfuter cette dernière opinion; 
je croyais, moi , que le nouvel instrument, convenablement modifié, con- 
_duirait à des résultats dont M. Wheatstone ne s'était pas avisé; javais déjà 
entrevu que, même en le supposant renfermé dans les bornes étroites d’un 
petit appartement, il pourrait servir à mesurer les vitesses comparatives 
de lalumière se mouvant à travers l'air ou à travers un liquide. Je ne tardai 
pas à apprendre, sans que j'eusse presque le droit de m'en étonner ou de 
m'en plaindre ; que mon assertion n’avait rencontré que des incrédules. 
Je vais cependant la justifier aujourd’hui dans toutes ses parties. 


Principe de la méthode. 


» Faisons tomber un rayon lumineux sur un miroir plan poli; il se ré- 
fléchira, comme tout le monde sait, en formant avec la surface du miroir, 
un angle de réflexion exactement égal à l’angle d'incidence. 

» Imaginons maintenant que le miroir vienne à tourner de la quantité 4, 
autour du point de sa surface où la réflexion s’est opérée; si ce mouve- 
ment, par exemple , augmente de la quantité a l’ancien angle d'incidence, 
il diminuera d’autant l’ancien angle de réflexion. Celui-ci, apres le dépla- 
cement du miroir, sera donc plus petit que le premier de la quantité 2a ; 
ainsi, il faudra l’augmenter de 24 pour le rendre égal au nouvel angle 
d'incidence ; ainsi, cet angle augmenté de 24, donnera la direction du 
rayon réfléchi dans la seconde position du miroir; ainsi, le rayon incident 
restant le même, un mouvement angulaire 4 du miroir, occasione un 
mouvement angulaire double dans le rayon réfléchi. 

» Ce mode de raisonnement s’appliquerait tout aussi bien au cas où le 
mouvement du miroir s'étant opéré en sens contraire, aurait diminué le 
premier angle d'incidence. Le principe est donc général; c’est, au reste, 
celui de tous les instruments nautiques à réflexion. 

» La réflexion sur des miroirs plans, peut servir à jeter des rayons 
lumineux donnés dans toutes les régions de l’espace, sans cependant 
altérer leurs positions relatives : deux rayons qui étaient parallèles entre 
eux avant de se réfléchir, sont encore paralleles après leur réflexion; 
ceux qui primitivement étaient inclinés lun sur l’autre de 1”, de 10/, 


129. 


( 956 ) 
de 20!, etc., etc., forment précisément les mêmes angles après que la 
réflexion les a déviés. 

» Au lieu d'un seul rayon, prenons-en . maintenant: deux, horizontaux, 
partant de deux points voisins situés dans la même verticale. Admettons 
que leur direction les amène sur deux points de la ligne médiane ( égale- 
ment verticale) d’un miroir plan vertical; supposons que ce miroir tourne 
sur lui-même, uniformément et d’une manière continue, autour d’un axe 
vertical dont le prolongement coïncide avec la ligne médiane qui vient 
d’être mentionnée: 

» La direction suivant laquelle les deux rayons horizontaux se réfléchi- 
ront, dépendra évidemment, du moment où ils atteindront le miroir, 
puisque nous avons supposé qu’il tourne. Si les deux rayons sont partis 
simultanément des deux points rayonnants contigus., ils arriveront aussi 
simultanément au miroir; leur réflexion s’opérera au méme instant ; con- 
séquemment, dans une même position de la surface tournante; consé- 
quemment comme si cette surface, quant à eux, était immobile : leur 
parallélisme primitif ne s’en trouvera donc pas altéré. 

» Pour que les rayons qui, primitivement, étaient parallèles, divergeas- 
sent après leur réflexion, il faudrait que l’un d’euxarrivât au miroir plus tôt 
que l’autre; il faudrait que dans son trajet du point rayonnant à la surface 
réfléchissante et tournante, la marche de ce rayon fût accélérée ; ou bien, 
car le résultat serait précisément le même, il faudrait, la vitesse du pre- 
mier rayon restant constante, que celle du second éprouvât une diminu- 
tion ; il faudrait, enfin, que les deux rayons se réfléchissent l'un après 
l’autre, et dès-lors, sur deux positions distinctes du miroir formant entre 
elles un angle sensible. 

» Suivant la théorie de l'émission, la Jumière se meut dans l'eau nota- 
blement plus vite que dans l'air, Suivant la théorie des ondes, c’est préci- 
sément le contraire : la lumière marche plus vite dans l'air que dans l’eau. 
Faisons en sorte qu'avant d'arriver au miroir, un des deux rayons, le 
rayon supérieur, par exemple, ait à traverser un tube rempli d’eau. Si la 

théorie de l'émission est vraie, ce rayon supérieur sera accéléré dans sa 
marche; il arrivera au miroir le premier; il se réfléchira avant le rayon 
inférieur; il formera avec lui un certain angle, et le sens de là déviation 
sera tel que le rayon inférieur paraîtra plus avancé que l’autre , qu'il sem- 
blera avoir été entrainé plus vite par le miroir tournant. 

» Tout restant égal, admettons un moment la vérité du système des 
ondes. Le tube d’eau retardera alors la marche du ravon supérieur; ce 


(957 ) 

rayon arrivera au miroir réfléchissant après le rayon inférieur ; il se réflé« 
chira, non plus le premier, comme tout-à-l’heure , mais. le second; mais 
sur une position de la face polie réfléchissante, plus avancée. que celle 
d’où le rayon inférieur s'était réfléchi un instant plus tôt; ces deux rayons 
formeront entre eux le même angle que dans l'autre hypothèse, seulement, 
et on doit bien le remarquer, la déviation aura lieu précisément en:sens 
inverse; le rayon supérieur seramaintenant le plus avancé , toujours dans 
le sens de la rotation du miroir. 

» En résumé, deux points rayonnants placés l’un près de: l’autre et sur 
la même verticale, brillent instantanément (r) en face d’un miroir tournant. 
Les rayons du point supérieur ne peuvent arriver à ce miroir qu’en tra- 
versant un tube rempli d’eau; les rayons du second point atteignent la 
surface réfléchissante sans avoir rencontré dans leur. course aucun autre 
milieu que l'air. Pour fixer les idées, nous supposerons que le miroir, vu 
de la place que l’observateur occupe, tourne de droite à gauche. Eh bien! 
si la théorie de l'émission est vraie, si la lumière est une matiere, le point 
le plus élevé semblera à gauche du point inférieur. Zl paraîtra à sa droite, 
au contraire, si la lumière résulte des-vibrations d’un milieu éthéré. 

» Au lieu de deux seuls points rayonnants isolés, supposons qu’on pré- 
sente instantanément au miroir une ligne lumineuse verticale. L'image de 


(1) Une instantanéité, presque mathématique, de la lumière qui doit être placée en 
face du miroir tournant, serait nécessaire, comme on a paru le croire, à la réussite de l’ex- 
périence projetée, quecetteexpérience pourraitencores’exécuter, M. /f’heatstoneaprouvé, 
en effet, que la lumière de l’étincelle électrique qui s’élance d’un conducteur fortement 
chargé, ne dure pas un millionième, de seconde. Au surplus, d’aussi courtes apparitions 
ne seront nullement indispensables. Pourvu que la lumière n’ait pas une durée égale au 
temps que le miroir emploie à faire un tour sur lui-même; en d’autres termes, pourvu 
que les images aperçues sur le miroir tournant soient simples; pourvu qu’elles ne résul- 
tent pas, à raison de la durée de la sensation oculaire, d’une sorte de superposition 
de plusieurs images successives, l’observation des déviations relatives des rayons su- 
périeur et inférieur sera facile ; or, personne ne doutera de la possibilité: de produire, 
avec des diaphragmes tournants, des lignes lumineuses ou de simples points rayonnants 
qui, vus du miroir réfléchissant, dureront moins d'un milliéème de seconde. 

On ne s’est pas moins trompé en supposant que l’objet lumineux observé, doit avoir 
ses dimensions transversales presque infiniment petites. Admettons, si l’on veut, que 
cet objet soil terminé par deux vives arètes verticales; malgré l'élargissement du dias 
mètre horizontal de l’image, qui est inévitablement lié à la durée de l’apparition de 
l’objet, l’une de ces lignes terininales sera nette et offrira, pour la mesure des dévia- 
tions, un terme de comparaison, un repère tout aussi exact que si elle était isolée. 


(958 ) 


la partie supérieure de cette ligne se formera par des rayons qui auront 
traversé l’eau ; l’image de la partie inférieure résultera de rayons dont toute 
la course se sera opérée dans Pair. Sur le miroir tournant ; l'image de la 
ligne unique semblera brisée : elle se composera de deux lignes lumineuses 
verticales, de deux lignes qui ne seront pas sur le prolongement l’une 
de l’autre. 

» L'image rectiligne supérieure est-elle moins avancée que celle d’en bas; 
paraît-elle à sa gauche? 

» La lumiere est un corps. 

» Le contraire a-t-il lieu ? l’image supérieure se montre-t-elle à droite? 

» La lumière est une ondulation ! 

» Tout ce qui précède est théoriquement ou plutôt spéculativement 
exact. Maintenant, et c’est ici le point délicat, il reste à prouver que 
malgré la prodigieuse rapidité de la lumière, que malgré une vitesse de 
près de 80000 lieues par seconde, que malgré la petite longueur que nous 
serons forcés de donner aux tubes remplis de liquide, que malgré 
les vitesses de rotation bornées qu’auront les miroirs, les déviations 
comparatives des deux images (vers la droite ou vers la gauche) dont 
j'ai démontré l'existence , deviendront perceptibles dans nos instru- 


ments. 


Quelle vitesse de rotation peut-on donner à nn miroir ? 


» J'admettrai que le miroir fait sur lui-même 1000 tours par seconde. 

» 1000 tours par seconde pourront paraître un nombre considérable ; 
mais iln’y a pas à disputer là-dessus: cette vitesse a été réalisée et dépassée. 
Le miroir dont se servait M. Wheatstone faisait déja 800 tours par seconde. 

» S'il y a des limites aux vitesses de rotation dont on peut animer un 
très petit miroir, un miroir de trois à quatre centimètres de large, c'est à 
cause de l’'échauffement des tourillons et de leur prompte détérioration. 
Notre ingénieux confrère M. Gambey, à qui je soumettais le problème, 
m'a d’un seul mot montré qu'il serait possible de vaincre toutes les dif- 
ficultés; qu’on pourrait aller bien au-delà des vitesses qui jusqu'ici n’ont pas 
été dépassées; qu'on arriverait à les doubler, à les tripler, à les quadrupler 
même , si c'était nécessaire, sans avoir rien à craindre de l’échauffement 
ou de la détérioration des axes. Pour obtenir une vitesse double, une vi- 
tesse de 2000 tours par seconde, il suffirait de faire reposer l'appareil ro- 
tatif actuel , sur un tourillon doué lui-même d’une vitesse de 1000 tours. 
En superposant dans les mêmes conditions, trois ou quatre axes tournant 


( 959 ) 


dans une direction commune, on arriverait à des vitesses de rotation abso- 
lues de 3 et de 4000 tours par seconde, sans que les vitesses relatives des 
pièces en contact surpassassent celle de 1000 tours, à l'action de laquelle, 
comme l'expérience l'a montré, des axes peuvent résister. 

»J'entre, au surplus, bien surabondamment dans ces explications sur 
la possibilité de réaliser les vitesses de 4 à 5000 tours par seconde, car je 
n’en aurai pas besoin, car j'arriverai au but avec les seules vitesses de 
1000 tours, car j'ai avisé à un autre moyen d'accroître les déviations angu- 
laires qu'il s’agit d'apprécier. Ce moyen est la multiplication des miroirs. 

»Je l'ai déjà expliqué, si deux rayons parallèles arrivent l'un après l'autre 
sur un miroir rotatif, ils forment entre eux , après leur réflexion , un certain 
angle que j'appellerai æ, mais rien n’est changé dans leurs premières rela- 
tions de distances : entre le plus avancé de ces deux rayons réfléchis et le 
suivant, il y aura exactement le même intervalle qu'entre les rayons directs ; 
s'ils tombent donc sur un second miroir, tournant dans un sens conve- 
nable avec la vitesse du premier, une nouvelle quantité & s’ajoutera à la 
précédente déviation; l'angle des deux rayons aura doublé; à l’aide d’un 
troisième, d'un quatrième miroir, etc., etc., cet angle pourra être porté 
à 34, à 4, etc., etc. La réflexion sur des faces planes devient ainsi 
un moyen d'amplification angulaire, ce qui, par RUE peut au 
premier coup d'œil sembler assez paradoxal. 


De la visibilité des images dont les positions relatives doivent conduire à la solution 
de la question proposée. 


» Des images formées par voie de réflexion, sur des miroirs tournant 
avec d’excessives vitesses, dureront naturellement très peu. Or, ne pour- 
rait-il pas se faire qu’au-dessous d’une certaine durée d'apparition notre 
œil füt insensible à l’action de la lumière même la plus intense? Ce 
doute ne. saurait être résolu à priori; mais heureusement, dans ses re- 
cherches électriques, M. Wheatstone a vu nettement les images d’étin- 
celles , réflétées par le miroir tournant, et qui duraient moins d’un mil- 
lionième de seconde. Je n’emploierais pas, si c'était nécessaire, de plus 
grandes vitesses de miroirs que le physicien anglais; sur ce point là en- 
core , la possibilité de mon Res se trouve complétement établie, 
dût-on, à la rigueur , n’opérer qu'avec des lumières électriques, car j'ai 
prouvé , il y a un grand nombre d’années, que les rayons de toute ori- 
gine, ceux du soleil et d’un ver luisant, les rayons d’une étoile et du bois 


( 960 ) 
pourri, etc., etc., se réfractent exactement de la même maniere et doi- 
vent, dès-lors, avoir des vitesses égales. 


Verra-t-on la lumière à travers les épaisseurs de liquide que l'expérience projetée 
nécessilera ? 


» Bouguer expérimenta sur la lumière d’un faible flambeau qui traversait 
un canal en bois rempli d'eau, d'environ dix pieds de long. Ce canal 
était, en outre, bouché par deux plans de verre d’une médiocre qua- 
lité. Pendant son trajet à travers les deux plans de verre et les dix pieds 
d'eau , la lumière s'affaiblissait dans le rapport de 14 à 5. Elle conservait 
donc, à sa sortie, plus du tiers de son intensité primitive. 

» L'eau (de mer), prise au milieu du port du Croisic , n'avait pas été 
filtrée avec tout le soin convenable. Bouguer estime qu’en s’entourant 
de toutes les précautions possibles, la lumière, après avoir traversé 


À (5313 36 ; reste JE 
10 pieds d’eau, conserverait les + et mème les A de son intensité ori- 


5 
ginaire. 
Si 10 pieds d’eau laissent à la lumière les de son éclat primitif — Le 
20 pieds correspondront à à = 34 
30 pieds.......... …. à 22 = Ta 
fo pieds.....,........ à = = sn 
5o pieds.....:.. ml pe == Re 
69 pieds.......... AORE ie = _ $ 


70 piédsséressissss.s À GE 
So pieds. .... are 0 5° 


» Bouguer rapporte, au surplus, que dans la zone torride il a vu 
quelquefois le fond de la mer, quand il était de sable blanc, jusqu'à des 


profondeurs de 100 à 120 pieds. » 


(967 ) 


Détails numériques destinés à PTouver que sans dépasser les limites de vitesse et 
de longueur. de tuyau liquide que nous venons de nous imposer, On pourra 
rendre sensibles Les différences des déviations angulaires qu'éprouveront deux SYS= 
tèmes de rayons, Primitivement parallèles en arrivant au miroir tournant, les uns à 
travers l'air, les autres au travers d'un liquide, 


» Afin d'éviter, dès le début, toute contestation, je supposerai qu’on 
vise au miroir Avec une bonne lunette, et je porterai jusqu’à l'énorme quan- 
Hté d’une minute de degré, Y'angle dont les deux images devront être 
respectivement écartées l’une de l’autre, pour que l'observateur soit certain 
qu'il y ait eu déviation. 

» Une déviation d’une minute de degré, résultera des réflexions opérées 
sur deux positions du miroir inclinées l’une à l'autre d’une demi-minute. 
Ainsi, voyons d’abord combien de temps un miroir qui fait mille tours par 
seconde emploie à décrire une demi-minute. 

» Dans mille circonférences il y a 360000 degrés. En multipliant 360 000 
par 60,-on aura le nombre de minutes contenues dans mille circonfé- 
rences. Le produit est 21 600 000. Ainsi, dans une seconde de temps, 
le miroir parcourt 21 600 000 minutes de degré. Donc, une minute de 


é ee I Hate 
degré est décrite en RÉ de seconde de temps et une demi-minute 
A D À « I 
dans ‘une durée la moitié moindre, ou en ——" de seconde. 
| 43 200 000 
» Deux rayons qui tomberont parallèlement sur le miroir tournant, for- 
meront donc entre eux, aprés leur réflexion, un angle d'une minute 


4 A tbe 1 
ré, si l’un des deux est arrivé au miroir 
de degré, si Ce de seconde 


plus tôt que l’autre. 

» Au temps substituons des longueurs. Cherchons de combien de mètres 

1 
43 200 000 

de seconde entre les moments de leur arrivée à Ja surface réfléchissante. 

» La lumière vient du soleil à la terre en 8/13” ou en 493 secondes 
de temps. 

» Du soleil à la terre il a 23600 rayons terrestres, ou 23600 fois 
6366000 mètres. 


le premier rayon doit devancer le second pour qu'il s'écoule 


» En 1” la lumière parcourt donc ne 


mêtres—/48 (6366000) 


mètres. 
GR. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°95.) 130 


(962 ) 


NZ L 
» De là résulte encore qu’en ETS de seconde, ou pendant le temps 


que le miroir emploie à tourner sur lui-même d’une demi-minute de 


; a 6366000 : À 
degré, la lumière parcourt 48 Foso6e mètres. Cette fraction vaut 


sir On : en nombre rond 7 mètres 
TNDOTIE 7 - 


» Ainsi, il faut et il suffit pour que deux rayons de lumiere parallèles , 
après s’être réfléchis à la surface d’un miroir tournant sur le pied de mille 
tours en une seconde, fassent entre eux un angle d’une minute, que lun 
précède l’autre de 7 mètres. 

» Jusqu'ici nous avons été dans les préliminaires de l'expérience proje- 
tée. Munis de toutes ces données entrons maintenant dans l'examen des 
deux théories de la lumiere. 

» Suivant la théorie de l'émission, la lumiere, inévitablement, se meut 
plus vite en traversant un liquide qu’en traversant l'air, et cela dans le 
rapport du sinus d'incidence au sinus de réfraction. Si la lumiere est une 
ondulation , elle doit au contraire se mouvoir moins vite dans le liquide 
que dans l'air, et suivant le rapport inverse des mêmes sinus. 


» Des liquides ou d’autres milieux réfringents fournissent donc les 
moyens de hâter la marche de la lumiere, de porter des rayons à la 
surface d’un miroir plus vite qu'ils n’y seraient arrivés, pourvu que la 
théorie de l'émission soit vraie. Leur interposition produira tout l’op- 
posé; elle amoindrira la vitesse des rayons, elle les fera arriver à la 
surface réfléchissante plus tard que s'ils avaient continué à se mou- 
voir dans l'air, en admettant que la lumière soit le résultat d’une ondu- 
lation. 

» Un faisceau de rayons à peu près parallèles partis simultanément 
d'un point éloigné, ou rendus artificiellement parallèles à l’aide d’une 
lentille, se dirige vers le miroir tournant, Un tuyau parallèle à ces rayons 
et rempli d’eau, se trouvent placé sur leur trajet. Le rapport du sinus 
d'incidence au sinus de réfraction, pour le passage de la lumière de 
l'air dans l’eau, ou ce qui revient au même suivant la théorie de l'é- 
mission, le rapport de la vitesse de la lumière dans l’eau à la vi- 
tesse de la lumière dans l'air, est celui de 1336 à 1000, sensiblement 
égal au rapport de 4 à 3. Les espaces parcourus étant directement 
comme les vitesses, pendant que la lumière franchit toute la Jon- 


gueur. du tube rempli d'eau, elle ne parcourt dans l'air que Îles 4 


ire 


( 963 ) 

de cette même longueur. Ce sera la différencé de ces deux quan- 
tités, c’est-à-dire + de la longueur du tuyau d’eau, qui devra être 
égale à 7 mètres si l'on veut que les deux rayons se réfléchissent sous 
l'angle d’une minute. La longueur totale du tuyau sera donc égale à 
28 mètres (1). 

» Une vive lumière se verrait certainement à travers 28 mètres d’eau; 
mais, enfin, si l’image semblait trop faible, on recourrait à deux miroirs 


. | 28 x : s 
rotatifs conjugués, et alors 7 Ou 14 mètres d’eau correspondraient à la 


même déviation angulaire d’une minute. 


» Avec trois miroirs, 9 mèt. + conduiraient au résultat. A l’aide de quatre, 
il suffirait de 7 mètres. 


» Dans les mêmes hypothèses, si l’on admettait que la déviation d’une 
demi-minute sera sensible, les longueurs des tuyaux d’eau nécessaires de- 
viendraient : 


Pour un seul miroir rotatif à mille tours.. 14 mètres. 

Pour deux. ...... Do dtano donnée bte) 

Pour trois,.....,..,..........,....... 4,6 
3,5 


Phurquatre! ssh. Saduslielatos ts 


Chacun de ces nombres pourra encore être réduit à moitié si, comme cela 
est probable, la lunette permet d’apercevoir des séparations angulaires 
d’un quart de minute, 

» Choiïsissons un milieu plus réfringent que l’eau; par exemple le carbure 
de soufre à l'égard duquel le rapport des vitesses dans l'air et dans le 
liquide est celui de 1000 à 1678. Le même calcul donnera (pour une rota- 
tion de mille tours d’un seul miroir et une déviation d’une minute) une lon- 
gueur de tuyau égale à.................. se 17,4 (2); 

» Avec deux mille tours ou deux miroirs, on a.. 8 »7:5 

» Avec trois mille tours ou trois miroirs. ....,. 6 4; 

» Avec quatre mille tours ou quatre miroirs..... 4 ,3. 


» Ces longueurs de tuyau seront réduites respectivement à 8,7; à 4*,3; 


TT eme de 


(1) Un calcul semblable fait dans le système des ondes, ne donnerait que 21 mètres 
pour la longueur du tuyau d’eau qui correspondrait à une même déviation d’une 
minule. 

(2) Dans la théorie des ondes, la longueur de carbure de soufre nécessaire à la dé- 
viation d’une minute, ne serait pas de 11 mètres. 

130.. 


( 964 ) 

3 3%,2 et à 2,1, en ne cherchant que des déviations angulaires d’une 
demi-minute. Si, enfin, comme on doit le penser, on discerne bien des 
déviations d’un quart de minute, ces mêmes longueurs, en employant un, 
deux, trois et quaire miroirs rotatifs à mille tours, se réduiront respecti- 


vement : à 4#,3; à 2"%,1; à 1,6; à 1"*. 


» Toute cette série de nombres établit la possibilité de l'expérience pro- 
jetée; tous montrent que des phénomènes de déviation deviendront un 
moyen décisif de choisir, en connaissance de cause, entre la théorie 
de l'émission et celle des ondes. Peut-être ne sera-t-on pas fâché de voir 
que le même résultat pourra être obtenu à l’aide de lobservation d’une 
seule image. 

» De nombreuses observations d'étoiles changeantes, n’ont prouvé que 
dans les espaces célestes et aussi, à fort peu près, dans l'atmosphère, les 
rayons de différentes couleurs se meuvent avec la même rapidité. De là, 
en admettant le système de l'émission, résulte nécessairement la consé- 
quence qu’en traversant un liquide, les rayons rouges marchent moins 
vite que les rayons violets, et précisément dans le rapport des sinus de 
réfraction respectifs correspondant à une incidence commune. Le système 
des ondes exige aussi qu’il existe une différence de vitesse entre les rayons 
extrêmes du spectre; seulement elle doit avoir lieu en sens contraire : 
ce sont alors les rayons rouges qui marchent le plus vite. 

» Cela posé, dirigeons un faisceau de lumière blanche sur le miroir 
rotatif, au travers d’un long tube rempli de carbure de soufre, liquide 
éminemment dispersif. Les rayons rougés, les rayons violets, tout comme 
ies rayons intermédiaires, orangés, jaunes, verts, bleus, n’arriveront pas 
au miroir en même temps; ainsi, ils seront inégalement déviés; ainsi, ils 
formeront après leur réflexion, une de ces bandes irisées que les physiciens 
sont convenus d'appeler des spectres. Jusqu'ici tout est commun entre les 
deux théories de la lumière; mais la différence commencera dés qu’on 
portera son attention sur l’ordre dans lequel les couleurs-se succéderont : 

cet ordre doit être inverse dans les deux systèmes. Pour savoir si la lu- 
mière est un corps ou une onde, on n’aura donc ici qu'à examiner dans 
quel sens le spectre réfléchi se trouve posé; il suffira de rechercher si 


l'extrémité rouge est à droite ou à gauche, et cela, bien entendu, suivant 


le sens de la rotation du miroir. 


( 965 ) 


» Soit que dans l'expérience que je me propose de faire, on se 
serve d’étincelles électriques ou de lumières successivement cachées et 
découvertes à l’aide d'écrans rotatifs,.comme leurs émissions ne sauraient 
être réglées à des millièmes de seconde, il arrivera qu’un observateur vi- 
sant au miroir dans une direction donnée et avec une lunette d’un champ 
borné, n’apercevra la lumière que fortuitement. Hätons-nous d'ajouter 
qu'en renouvelant très souvent les apparitions lumineuses : toutes les: 
secondes, par exemple; qu’en faisant tourner, au lieu du miroir unique, 
un prisme vertical à 8 où 10 facettes; qu'avec le concours de plusieurs 
observateurs, placés dans des positions différentes et armés chacun de sa 
lunette, on ne pourra manquer d’avoir des apparitions nombreuses et 
décisives des rayons réfléchis. Au reste, ce sont des détails sur lesquels je 
n'’insisterai pas davantage aujourd’hui. Je réserverai de même, pour une 
autre communication, l'exposition du système d'expériences à l’aide duquel 
on rendra sensible et l’on mesurera, jusqu’à un certain degré, la vitesse 
absolue de la lumière, sans recourir aux phénomènes célestes. » 


M. Gay-Lussac déclare que l'avis de la section de Physique est qu'il ya 


lieu d’ajourner à six mois la nomination à la place vacante par suite du 
décès de M. Dulong. 


L'Académie est appelée à se prononcer, par voie de scrutin, sur cette 
question. 


Le nombre des votants est de 47; 


La proposition de l’ajournement à six mois réunit. . . . 29 suffrages; 
La proposition contraire. A aubettediae bte éme ra AA Ha alte ae 


L’ajournement de l'élection est prononcé. 


MÉMOIRES PRÉSENTES. 


PHysiQuE. — Sur la différence de capacité électrique des différents Corps ; 
par M. Perrier. 


S (Commissaires, MM. Savary, Becquerel, Pouillet. ) 


« Dans une communication faite à l’Académie des Sciences le 23 jovem- 
bre 1835, j'ai fait connaître que le zinc et le cuivre ont des puissances 
différentes pour prendre et coercer l’une ou l’autre électricité statique; 


( 966 ) 

dans une autre communication du 14 décembre suivant, j'ai annoncé qu'il 
en était de même de l’étain, de l'or, de l'argent et du platine. Enfin , dans 
un Mémoire présenté à l’Académie le 9 janvier 1837, j'ai donné le détail 
des appareils et des expériences, à l’aide desquels j'avais été déjà conduit à 
reconnaître depuis plusieurs années, que les métaux ont des capacités dif- 
férentes pour l’une ou l'autre électricité statique. Volta, en 1796, fit une 
expérience analogue, lorsqu'il mit en contact deux plateaux polis, l’un 
en zinc, l'autre en argent, et qu’il recueillit sur des condensateurs l’état 
électrique produit à chaque contact ; il obtint ainsi des charges incon- 
testables. Dominé, comme il l'était, par la conviction qu'il existe une 
force électro-motrice au contact de deux corps hétérogènes, il présenta 
cette expérience. comme la preuve la plus puissante de la vérité de son 
hypothèse; il dit même que la forme des plateaux bien dressés les rend 
en même temps condensateurs , oubliant que pour condenser et tenir 
séparées les deux électricités contraires, il faut que les plateaux soient 
isolés l’un de l’autre, ce qui n’a pas lieu dans cette expérience; j'ai fait 
voir, au reste, en 1835, qu'étant soudés, ces plateaux produisent le même 
résultat. 

» La preuve que le contact n’est pour rien dans cet effet, c’est que, si 
lon met ces deux plateaux non vernis en contact par leurs bords, ils ne 
prennent aucun signe électrique; l'influence des deux points rapprochés 
n'étant pas assez étendue, tandis que le contact de toute la surface, malgré 
l'impossibilité d’une condensation réelle, les place dans des états électri- 
ques différents. Je vais donner de nouvelles preuves que le contact n’y est 
pour rien. 

» J'ai fait un plateau en glace dont une surface ést en or, et l'autre en 
platine, se touchant métalliquement tout le long du bord, et vernis par- 
tout ; je lai posé sur un collecteur en or vissé à l’électromètre, en plaçant 
le platine en-dessous; j'ai mis en communication ce plateau mixte avec le 
collecteur au moyen d’un fil de platine isolé : le collecteur en or s'est 
chargé d'électricité positive «et le plateau mixte d'électricité négative. Au 
lieu de me servir d’un fil de platine, j'ai établi ensuite la communication 
par un couple zinc et cuivre isolé, de manière d’abord , que le zinc tou- 
chait au collecteur, puis la fois suivante c’était le cuivre. Dans les trois cas, 
la charge positive du collecteur en or fut exactement la même; le contact 
zinc et cuivre n’y entre pour rien. Je retournai ensuite le plateau mixte, 
l'or étant en bas, sur le collecteur; puis répétant les trois modés de contact, 
je n’eus rien dans aucun cas, même lorsque j'y ajoutai le doubleur de 


( 967 ) 


Bennet. Le contact ne joue donc aucun rôle dans cette expérience ; car si 
le côté platine du plateau mixte eût été négatif par son contact avec 
le côté or, ce dernier aurait dù être positif et agir par influence sur le 
collecteur en or, ce qui n’a pas lieu. Pour changer les rôles et rendre muet 
le côté en platine et faire parler le côté en or, il faut mettre un collecteur 
en platine au lieu du collecteur en or. Je vais encore plus loin, et je pro- 
duis la même action sans contact entre les plateaux voisins. 

». Sur.un collecteur en or, je place un condensateur en platine; je les 
mets en contact; le plateau d’or prend l'électricité positive, celni en pla- 
tine, l'électricité négative : c’est le fait que j'ai annoncé en 1835. Pour 
augmenter l'effet obtenu, on se sert du doubleur de Bennet, qui est 
un troisième plateau placé sur le second : je prends d’abord un dou- 
bleur en platine, et j'établis le contact métallique entre le collecteur 
en or et le condensateur en platine; puis le contact étant rompu, je 
soulève ce dernier et le doubleur qui lui est superposé. Le conden- 
sateur ayant une faible charge d'électricité négative libre, je la neu- 
tralise en touchant du doigt le doubleur qui prend par influence de 
l'électricité positive. Je replace ensuite ces deux plateaux sur le collecteur, 
et je rétablis le contact entre le collecteur et le condensateur; ensuite je 
soulève de nouveau ce dernier, et en touchant le doubleur, je lui fais 
prendre par influence une nouvelle quantité d'électricité positive. Je re- 
place ces deux disques et je reproduis les mêmes contacts six fois. Après 
cette opération, j'enlève seul le troisième plateau ou doubleur, puis je 
touche le premier, afin qu’il puisse se charger d'électricité positive par 
l'influence de toute l'électricité négative libre du second plateau; enfin, 
j'enlève le condensateur même, et l’électromètre marque 5°. Au lieu du 
doubleur en platine, si j'en place un en or et que j'opère semblablement, 
la déviation de l’électromètre est alors de 10°. Il résulte évidemment de 
cette expérience, que le doubleur en or a pris et coercé plus d'électricité 
positive que celui en platine , quoique placé dans les mèmes circonstances. 
Si l’on dispose inversement ces plateaux, qu’on visse à l’électrométre un 
collecteur en platine, il faudra un condensateur en or, et alors le maximum 
d’effet sera négatif et obtenu avec un doubleur en platine. 

» Dans cette expérience, le troisième plateau ou le doubleur n’est ja- 
mais mis en communjcation avec aucun autre plateau; lorsqu'on le touche 
du doigt, le second plateau est isolé, et ce contact ne sert alors qu’à lui 
donner la liberté de prendre par influence toute l'électricité qu’il peut 
coercer. Le doubleur en or ayant pris le double d'électricité positive que 


( 968 ) 


celui en platine, et ce dernier, au contraire, en ayant pris le double de 
négative, il résulte avec évidence que ces métaux ont des capacités dif- 
férentes pour recueillir et coercer l’une ou l’autre des électricités stati- 
ques, puissance qui diffère essentiellement de la force électro-motrice de 
Volta, puissance d'influence et non de contact. Si l’on néglige l'emploi de 
cette influence des métaux hétérogènes, si les deux plateaux en présence 
sont homogènes, s'ils sont en or, par exemple, je n’ai jamais pu avoir d'effet 
statique en touchant le collecteur avec du platine, même en augmentant 
l'effet des condensateurs par le doubleur le mieux approprié. Toutes les 
fois que j'ai eu des signes d'électricité, ils étaient évidemment le produit 
de la friction des disques ou de celle de leurs manches, puisque ces signes 
sont aussi souvent dans un sens que dans l’autre. 

» Cette diversité de capacité électrique se résume de la maniere 
suivante : 

» 1°. Des plateaux de métaux différents ne prennent pas une égale 
quantité de la même électricité à une source constante ; 

* » 2°. La proximité d’un métal influence les condensateurs et leur fait 
prendre plus de l’une que de l’autre électricité; 

» 3°. En conséquence de cette influence à distance, deux plateaux con- 
densateurs étant hétérogènes, s'influencent réciproquement en se rendant 
l’un plus positif et l’autre plus négatif, de telle sorte que si l’on établit le 
contact entre eux, l'or prend de l'électricité positive au platine, et le pla- 
tine en prend de la négative à l'or. En les séparant , l'influence cesse, le 
surplus d'électricité acquise devient libre et donne un effet statique. 

» Je terminerai par une dernière preuve. J'ai isolé une pile à couronne 
de cent couples, chacun des verres étant bien isolé de son voisin; j'ai fait 
communiquer à un électroscope chacun des couples, tantôt par le zinc 
et tantôt par le cuivre, et tous ont donné des signes négatifs; tandis que 
l’eau active, l'eau agissant sur les couples, a donné partout des signes 
positifs. Si la cause productive était au contact des métaux, le zinc serait 
positif et le cuivre négatif, le liquide partagerait ces deux états, comme 
cela a lieu dans un liquide qui est seulement conducteur, tel que je l'ai fait 
connaître dans ma communication du 29 octobre dernier.» 


( 969 ) 


INDUSTRIE. — Âote sur le gaz d'éclairage et spécialement sur la fabrica- 
tion du gaz, à l'eau au moyen des appareils de M. Selligues; par 
M. Grouveze. (Extrait.) 


(Commission précédemment nommée pour les gaz d'éclairage.) 


«.. .. M. Selligues n’a jamais dit, que l’eau en passant sur du coke 
chauffé au rouge, se transformât en hydrogène carboné. Tout le monde 
sait qu'il se produit là un, mélange d’oxide de carbone et d'hydrogène 
presque entièrement pur. 

» Or, M. Selligues charge cet hydrogène de carbone, enflui faisant traverser 
un cylindre chauffé au rouge où il rencontre des huiles très carburées. 
C'est une combinaison chimique.et non pas un mélange qui s'opère alors, 
comme le prouve l'analyse du gaz à l’eau, par M. Péligot, répétiteur à 
l'École Polytechnique, savoir : 


Carbures d’hydrogène....,... 57 
Oxide de, carbone. :, .4.,..,.. 28 100. 
Hydrogène libre............. 15 


» La question théorique de l'éclairage est donc celle-ci : Quel est le pro- 
cédé qui donne la plus grandesomme de lumiere avec 1 kilog. d’une huile 
ou matière résineuse quelconque, résine, schiste ou goudron de houille, etc.? 
1 kilog. d'huile de schiste ou résine, fournit dans l'appareil Selligues 70 pieds 
cubes anglais de gaz éclairant, dont on consomme 3 pieds.pour alimenter 
pendant une heure-un bec égal à dix bougies: 

» Ce qui donne 23 heures de lumière: 

» Or, à Belleville, à Anvers, à Francfort, et partout où l’on a fabriqué 
en grand du gaz d'huile de résine, et à plus forte raison de résine pure, la 
moyenne du produit estde15 à 17 pieds par kilog. d'huile, mais le produit 
retombe en trois ou quatre jours à 12 et 15 pieds. Les essais isolés, avec 
des retortes neuves, peuvent donner: jusqu’à 24 à 25 pieds ; et M. Taille- 
berg a annoncé cette production de 25 pieds comme une grande décou- 
verte. Prenons’ce chiffre; ce gaz brüle 2 pieds + par heure pour donner 10 
bougies; c’est (bien qu'il soit presque double de la moyenne ) le rapport 
fourni par l'éclairage de la ville d'Anvers ;:en octobre 1837, avec le gaz de 
résine à 12 pieds au kilog., et en octobre 1838 avec le gaz à l'eau. Comp- 
tons seulement sur 2 pieds :; 1 kilog. d'huile donne donc au maximum 
11 heures de lumière, et en admettant même 34 pieds au kilog. comme 
on l'a avancé dans un journal (et cette quantité ne peut:pas être obtenue 


C.R. 1838, 2 Semestre. (T. VII, N° 95.) 131 


(970 ) 
sans l'addition de l’eau), ce ne serait encore que 15 heures, tandis qu'avec 
le gaz à l’eau on en obtient 23. 

» Mais ce n’est pas à 70 pieds par kilog. d'huile que s'arrête la production 
du gaz à l’eau. En augmentant le rapport de l’eau à l’huile dans les 
appareils, on obtient du gaz de plus en plus faible qui se rapproche de la 
densité du gaz de houille, et descend même plus bas. Dans des expériences 
faites sur plus de 1500 pieds, observées pendant plusieurs heures consé- 
cutives et constatées par des procès-verbaux, j'ai porté la production à 
222 pieds de gaz éclairant avec 1 kilog. d'huile de poisson (lhuile de schiste, 
qui me manquait en; ce moment, donne dans les appareils Selligues les 
mêmes résultats que l'huile de poisson). 

» Ce gaz à 222 pieds ne brüla que 6 + pieds pour donner 10 bougies; c'était 
à peine + plus faible que le gaz de houille. Du gaz produit à 110 pieds au 
kilog. d'huile de schiste m’a donné une consommation de 4 pieds 20 pour 
le même bec. Ainsi, à environ 160 pieds au kilog. d'huile, le gaz à l’eau 
est égal en puissance au gaz de houille et brüle 5 pieds par heure. Un 
kilog. d’huile donne alors 4o heures d'éclairage. M est facile de calculer à 
quel prix revient cet éclairage avec de l'huile de schiste qui, sur les lieux 
de production, ne coûte que 5 francs au maximum les 100 kilog., et avec 
une consommation de combustible qui diminue à mesure qu’augmentent le 
rapport du gaz produit et la grandeur des appareils. Avec le gaz de ré- 
sine , au contraire, la décomposition des huiles s’opérant par la surface 
de fonte, les petites retortes sont les plus avantageuses, et en même 
temps on n’augmente le volume du gaz produit (non sa masse) qu'en dé- 
carburant par l’action d’une température plus élevée, une partie des car- 
bures d'hydrogène les plus riches. 

» L’accroissement indéfini de lumière obtenu avec le gaz à l'eau, à 
mesure qu'on le produit plus faible, tend à prouver que la présence de 
l’oxide de carbone augmente la puissance éclairante de ce gaz, sans doute 
en augmentant la quantité de chaleur développée pendant la combustion. 

» Il résulte de deux rapports faits à la Société Anversoise pour l’éclai- 
rage au gaz, que depuis le 1°* juin la ville d'Anvers est éclairée avec le 
plus grand succes par le gaz à l’eau; que trois fourneaux sont en acti- 
vité et produisent 24 à 25000 pieds cubes de gaz par jour; que malgré 
les frais inutiles dont la Société est chargée, le gaz à 70 pieds au kilog. 
ne coûte, tous frais de production, main d'œuvre et entretien des fours 
compris, que moins de 5 francs les 100 pieds. avec de l'huile de schiste à 


15 francs les 100 kilog...... 


( 971 ) 

» La supériorité de qualité du gaz à l'eau sur celui de la houille, en 
vertu de son absence totale de soufre et d’ammoniaque, n’a pas même 
besoin d’être discutée, et d’un autre côté le prix de revient de ce gaz n’est 
plus en question : à Anvers, à Belleville même, on l’a constaté de toute 
manière. Le bec de 10 bougies revient, à Anvers, à raison de 3 pieds, 
1°,35 par heure, et de 4 fr. 5o cent. les 100 pieds. 

» À Paris, le gaz de houille (qui ne s'obtient pas pour rien, comme 
on l'a prétendu), coûte, ainsi que le reconnaissent les compagnies, de 4 à 5 fr. 
les 100 pieds, y compris main-d'œuvre, lavage et entretien d'appareils ; à 

- Mons même le directeur avoue 3 fr. A Londresil coûte 2 sh. ou 3 fr.12 cent. 

» Or,il ne nous serait pas difficile, avec de l’huile de schiste à 6 ou 8 fr., 
de produire à Londres où même en Belgique du gaz à l’eau, à raison de 
160 pieds au kil., égal en puissance au gaz de houille, et supérieur 
en qualité, à un prix bien inférieur à celui de 3 fr. les 100 pieds cubes 
anglais... ... 

» J'ajouterai un mot sur l'emploi des tuyaux d’asphalte. 

» La question n’est pas de savoir à quelle pression résistent les tuyaux 
d’asphalte, celle des gazomètres étant toujours infiniment faible, mais bien 
comment ils se comporteront sous l'action chimique et lente du gaz méme 
sur l'asphalte. — Après des expériences malheureusement trop courtes, 
plusieurs milliers de mètres des tuyaux en grès ont été posés dans la ville 
de Louvain, avec des joints en asphalte fortement cuit ; et au bout de 
quatre ou cinq mois la plupart de ces joints étaient rongés et percés par le 
gaz, qui les attaquait sans doute au moyen de la petite quantité d'huile 
essentielle qu'il emporte en vapeurs. Il a fallu remplacer tous les joints ré- 
sineux par des joints en argile recouverts de ciment romain, et jusqu'à 
présent les résultats paraissent bons. » 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Îouvelles expériences sur le tirage des voitures ; 
par M. Moni. 


(Commission précédemment nommée pour le Mémoire dont cette Note 
forme le complément.) 


« Les expériences ont été faites sur le pavé de l’une des rues de Paris 
avec un chariot des Messageries générales suspendu sur six ressorts et 
dont les essieux et les roues seuls ne participaient pas à l'élasticité de la voi- 
ture. En calant ces ressorts on a pu transformer cette voiture en chariot 
non suspendu. . 


131. 


( 972 ) 

» On a fait varier les diamètres des roues de devant et de derriere, 
ainsi que la vitesse du transport dans des limites étendues. 

» Les résultats’ de ces expériences confirment sous tous les rapports 
ceux de recherches'faites sur le pavé de la ville de Metz. Mais elles montrent 
que ce pavé exécuté en grès quartzeux, très dur, d'une forme régu- 
lière et très bien posé, quoique d’un petit échantillon, présente , surtout 
aux allures vives) beaucoup moins de résistance que celui de Paris, dont 
la moindre dureté, la surface promptement arrondie et les joints trop 
larges rendent les surfaces très inégales. 

» Ces mémesexpériences montrent aussiqu'ily a un avantage notable pour 
la diminution des tirages des allures vives, à suspendre les trains de devant 
et de’derrière sur des ressorts, et à augmenter la portion de la charge to- 
tale qui est suspendue. 

» L'auteur termine cette Note en montrant que la loi de l'accroissement 
de la résistance qu’il a déduite de ses expériences, au nombre de plus de 
200 , était implicitement comprise dans les résultats de celle d'Edgeworth, 
du:comte de Rumfort et de M J. Mac Neïll ;et qu'il est remarquable qu'au- 
cun des auteurs qui ont'écrit sur la matière ne l’ait mise en évidence. » 


INDUSTRIE. — Appareil pour le séchage rapide des étoffes. 


MM. Penzornr, Levesque frères et Corcer demandent que l’Académie 
veuille bien se faire rendre compte d’un appareil qu’ils ont inventé et 
au moyen duquel on peut, disent-ils, sécher toute espèce d’étoffes 
en quelques minutes , sans soumettre ces étoffes à la pression et sans les 
exposer au feu. 

Leur appareil consiste dans un double tambour tournant rapidement 
sur un axe vertical (trois à quatre milles tours par minute). Les étoffes sont 
placées, telles qu'on les sort de l’eau, dans l'intervalle qui sépare les deux 
enveloppes; par l’effet de la rotation, l’eau contenue entre les fils se porte 
contre l'enveloppe externe du tambour, et celle-ci lui livre passage, étant 
criblée d’une multitude de petits trous: « Les étoffes de laine, dit M. Pen- 
zoldt ,se trouvent complétement desséchées en moins de trois minutes 
dans les appareils de petite dimension, et en huit minutes environ dans 
les appareils des plus grandes dimensions qui aient, encore été construits; 
quant aux tissus de lin et de coton, ils ne conservent lorsqu'on les re- 
tire du tambour qu’un peu de moiteur qu'ils perdent bientôt par l’exposi- 
tion à l'air. » 


(Commissaires , MM. Gambey, Séguier.) 


( 973 ) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur de nouveaux perfectionnements ap- 
portés à.la construction d'un grand appareil ; dit Cloche pneumatique, 
destiné à agir sur toutes les Parties du corps; par M. Juno». 


Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d’une Commission composée des 
membres déjà désignés Pour un précédent Mémoire de l’auteur sur le 
même sujet, et des membres qui ont été chargés de l'examen d’un Mémoire 
de M. Tabarié sur des appareils pneumatiques. 


SYSTÈME DU MONDE. — Quelques remarques sur la gravitation universelle 5 
par M. Rercreweacu. 


(Commissaires, MM. Poisson > Cauchy. ) 


PHYSIQUE DU GLOBE. — 7'bleau des observations météorologiques Jaites au 
quartier de Flacq { Ile Maurice ); par M. Drssarniys. 


(M. Arago fera un rapport sur ces observations lorsqu'elles compren- 
dront l’espace d’une année. ) 


PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la cause Principale de la diminution apparente 
des eaux à la surface du globe; par M. Joranr. 


(Commissaires, MM. Arago, Élie de Beaumont.) 


Cette cause serait, suivant l’auteur, l'accumulation progressive des 
glaces aux pôles et des neiges perpétuelles sur les hautes montagnes, par 
suite du refroidissement graduel de la terre. 


M: Ban prie l’Académie de se faire faire un rapport sur les procédés 
qu'il emploie pour convertir en Jer doux des pièces de Jonte, sans en al- 
térer la forme. 


(Commissaires, MM. Berthier, Chevreul. } 
M: Games adresse un échantillon d’une encre qu'il regarde comme in- 
délébile. 


MM. Dumas et Robiquet sont chargés d’en faire l'examen. 


M: Por adresse pour le concours au prix de Statistique un exemplaire 


( 974 ) 


de la Statistique du Jura , plus complet que celui qu'il avait précédemment 
présenté. 


(Renvoi à la Commisstion nommée pour ce concours.) 


M. Drvar demande qu'une Commission soit désignée pour examiner 
une Note qu’il avait présentée sous enveloppe cachetée à la séance précé- 
dente, et qu'il annonçait comme contenant la description et la figure d’un 
instrument destiné à l'enseignement de la topographie. 


(Commissaires, MM. Mathieu, Puissant.) 


M. Dos Sawros £ Souza adresse de Rio-Janeiro les livraisons 1, 2 et 5 
d’un Mémoire imprimé sur diverses questions d'astronomie, de physique 
et de météorologie. 

Ce Mémoire est écrit en portugais. 

M. Arago en fera l’objet d’un rapport verbal. 


CORRESPONDANCE. 


ASTRONOMIE. — Diamètres de la Comète à courte période. — Extrait d'une 
lettre de M. Varz à M. Arago. 


«... La contraction ou condensation de la nébulosité cométaire a été en- 
core plus considérable que je ne l'avais estimé d’après l'apparition de 
1828... J'ai éprouvé bien des difficultés pour la mesurer.Les moyens ordi- 
naires ne pouvaient pas être employés parce que le moindre éclairage di- 
minue l'étendue de la nébulosité, et qu’on ne saurait préciser jusqu'où s’en 
prolongent les limites. Après diverses tentatives plus ou moins heureuses, 
selon les occurrences, j'en revenais le plus souvent à comparer l'étendue de 
la nébulosité avec l'intervalle le plus rapproché de sa dimension, entre 
les petites étoiles voisines. Selon les diverses lunettes dont je me servais, 
je voyais la nébulosité plus où moins considérable. Les lunettes les plus 
claires et les faibles grossissements des chercheurs sont les plus favora- 
bles ; aussi je ne suis nullement surpris que M. Encke, avec un grossisse- 
ment de 200 à 300 fois, et un champ de 14/ ne lui ait donné, le 17 sep- 
tembre, que 2 à 3! au lieu de 16’ qu’elle pouvait avoir. La même chose 
arriva aussi en 1828: M. Struve ne lui trouva d’abord que 3, mais peu 
de jours après il lui reconnut 18/ etelle ne pouvait avoir changé si promp- 


a 


( 975 ) 


tement en sens contraire de la diminution des jours suivants. L'ouverture 
de la lunette de M. Encke étant de 9 pouces, reçoit six fois, plus de lu- 
mière que celle dont je me servais, qui n’a que trois 3 ; pouces. L’éva- 
luation de la nébulosité, à Genève, me surprend un peu plus; mais je 
ne saurais l'expliquer encore que par la diversité des lunettes; j'espère 
que plus tard on aura reconnu qu’elle était bien plus considérable, et 
qu'on aura pu aussi le constater à Paris. La nébulosité au lieu d’aug- 
menter de 5 en octobre, comme je l'avais auguré d’après 1828, a au 
contraire diminué de cette quantité, ce qui prouve d'autant plus évidan- 
ment la forte contraction qu’elle a subie; car à la fin de ce mois elle 
s'était rapprochée de la terre, à la moitié de la distance où elle était lors- 
que je la trouvai; elle aurait donc paru, sans la diminution en question, 
deux fois plus grande ou de 40’ en diamètre, tandis qu’elle n’en avait que 
15’ et par conséquent un volume dix-huit fois moindre. Le 6 novembre la 
nébulosité avait encore diminué de 2’, tandis que la diminution de la dis- 
tance aurait dû la porter à 45”. Son volume était donc réduit au -:”, ce 
qui est encore plus qu'en 1828. Il y aura donc beaucoup d'intérêt à suivre 
et à constater le mieux possible toutes les phases que pourra présenter 
cet astre singulier. Vous pouvez être assuré que je profiterai de mon 
mieux des avantages que ma position pourra offrir pour éclaircir ce point 
de science, aussi complétement que les moyens dont je dispose me le 
permettront. 

.» Les erreurs de l’éphéméride ont augmenté jusque vers le 24 octobre ; 
mais depuis elles ont promptement diminué surtout en & et sont devenues 
négatives en augmentant de nouveau; le 13 novembre elles étaient 
—17'en & et —6’en D, ce qui suit la marche naturelle provenant de la 
proximité de la terre, et n’indiquerait pas précisément une diminution 
certaine de la masse de mercure ( possible toutefois), parce que ces er- 
reurs, grossies par la circonstance particulière de la proximité de la terre, 
ne sont pas cependant bien plus considérables héliocentriquement que 
celles des précédentes apparitions, et qu’on ne saurait encore en séparer 
la portion qui peut provenir de la différence sur la masse de Mercure. » 


( 976 ) 


Comparaisons des positions de la comète à courte période avec l'éphéméride de M. Bre- 
miker., d'après les observations faites à Paris, par M. Eug. Bouvard ;, Laugier et 
Mauvais, et Les calculs de M. Laugier. 


| DATES: ©] sure mov | la parllaxs ot de laburrtion | avee Péphémeride, 
== de SP 
1058 D ste) Déclinaison: Den dit Al iRaone 
15 octob. 7h20" 47 281535" | Æ 5o°44" 2"| + 7 3"| + 3 9" 
21 17-10.14 16.38. o 57.56.13 | + 6.40 | + 6.42 
24 8.38. o 7-58. o 61.14.39 | + 6.21 | + 7.52 
25 6.56.19 4. 3.42 62.21.18 | + 4.41 | + 8. 0 
| 26 12,27 2 357.59.40 63.42. 5 | + 2.46 | + 9. 0 
29 17.36.15 340. 0.37 65.46. 3 | — 9.35 | + 9.45 
30 7-21.26 332.20,27 65.56.16 | — 10.39 | + 9.16 
5 nov'.| 11.51.96 286.22.46 56.52. o | — 23.30 | + 2.60 
14 6.39.42 257.43.40 29. 6.10 | — 16.24 | — 4.18 
15 7- 9:47 255.59. o 26. 7. 7 | — 15.46 | — 4. 0 


ee —————————————————————_—————— 


Diamètres de la comète à courte période, d'après les observations faites à Paris, 
par MM. Eug. Bouvard, Laugier et Mauvais, et les calculs de M. Laugier. 


e DIAMÈTRES £ 
DIAMÈTRES ; DIAMÈTRES 
NOMBRE | DISTANCE | DISTANCE réels 
de la comète À de la comète de la comète 
des à au > 
vue % le vue 
mesures.| la terre. soleil. [rayon terrestre 


Sant du soleil. 


de la terre. 


6' 45" 0,3036 |1,204 | 14,26 1° 42" 
5.34 (vapeurs). 0,2957 |1,193 | 11,48 :: | 1.23 (vapeurs). 


6.28 0,2822 |1,173 | 12,73 1.33 


6.28 0,2495 [1,116 | 11,25 1.27 
5.57 0,2202 |1,016 | 9,12 1.17 
6.24 0,2224 [0,950 | 9,03 .30 
7.19 0,870 | 12,57 .54 
GIOMS) 42 |o,850 | 12,53 .57 


( 977 ) 


MÉTÉOROLOGIE. — Sur les mouvements successivement directs et rétrogrades, 
des météores périodiques d'août et de novembre. — Extrait d’une lettre de 
M. Vazz à M. Arago. 


« Je m'empresse de vous faire part d’un résultat fort singulier sur la 
direction du mouvement apparent des étoiles filantes, qui paraît permettre 
d'annoncer à l'avance que, le 13 novembre prochain, ce mouvement aura 
lieu dans le sens direct, de facon qu’au lieu de paraître provenir du Lion, 
les étoiles filantes paraîtront à cette époque être dirigées vers cette cons- 
tellation et yaller concourir. Que de même au 10 août de l’an prochain, on 
peut déjà dire qu’elles paraîtront aussi avoir un mouvement direct, ou 
aller concourir vers les Gémeaux, au lieu de-paraître émaner de cette 

‘ constellation, ainsi que- nous en avons été témoins cette année. Cette op- 
position dans les mouvements apparents m'a paru tellement remarquable, 
que je crois devoir appeler l'attention des observateurs sur ce point, sans 
attendre de plus nombreuses confirmations; je les inviterai donc à détermi- 
ner aussi bien que possible le point de concours, à laide des traînées les plus 
longues et permanentes, se coupant à peu près à angle droit; ce qui est 
tout simple sans doute, mais est négligé par la plupart qui se contentent 
de simples énumérations. J’engagerais même à tracer ces trainées perma- 
nentes immédiatement sur un globe céleste, on mieux encore sur une pro- 
jection générale de tout le ciel visible; ce qui est préférable aux meilleures 
indications, et permet à loisir plus d’exactitude pour en déduire les paral- 
laxes et les distances, en choisissant comme les plus favorables les trajets 
perpendiculaires à la direction entre les lieux d'observation. Vous trouverez 
sans doute de pareilles prédictions assez aventurées; vous penserez qu’un 
tel résultat ne saurait être encore suffisamment constaté, ‘et qu'il fallait 
attendre que l'avenir procurât de nouveaux éclaircissements sur un sujet 
aussi extraordinaire; mais il m'a paru que les résultats déjà obtenus pou- 
vaient suffire pour mériter l'attention des observateurs, ce dont vous allez 
juger vous-même, d’après quelques remarques qu'une indisposition, qui 
me contrarie fort, ne m'a pas permis d'étendre davantage. 

» Vous pourrez vous rappeler qu’au sujet des étoiles filantes du Cap de 
Bonne-Espérance, j'avais témoigné de étonnement de leur voir un mouve- 
ment direct. J’expliquai ce queje croyais être une erreur d’une manière plau- 
sible, ce qui m'empêécha de m'y arrêter davantage. Je n’y aurais plus pensé, 
si je n'eusse rencontré par hasard une autre observation qui vint la confir- 
mer. Je ne pouvais plus admettre aussi facilement une autre erreur pareille, 


. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VIT, N° 25.) è 192 


( 978 ) 


et je me livrai à quelques recherches à ce sujet; mais quel ne fut pas moñ 
étonnement de voir que, soit en août, soit en novembre, deux années 
consécutives présentaient des mouvements apparents opposés; que géné- 
ralement les mouvements des années paires étaient dans un sens, et ceux 
des années impairés dans le sens contraire. Sans doute les résultats ne sont 
pas encore assez nombreux pour établir le fait aussi complétement qu'il 
serait à désirer; voici, au surplus, ceux que j’ai pu recueillir, 


Mouvements rétrogrades. Mouvements directs. 
Novembre. 
1823. Annuaire 1836, p. 202. 1836. Compt.rend.,1®* sem., 1837, p.623. 
1833. id. 294. id,  2°sem., 1837,p. 55r. 
1837. Comples rendus, 2° sem., p. 559- id. _2°sem., 1836, p. 630. 
760-761. 1°" sem, p. 524. 
Août. 
1598. Compt.rend., 2°sem., 1837,p. 848. 1781. Compt. rend. 2° sem., 1937. p. 848. 
1836. id, p.348. 1837. id. p: 552- 
1838. D’après ma dernière lettre. 553. 


» Voilà, je crois, des probabilités suffisantes pour qu’elles doivent exci- 
ter à constater, à vérifier le fait; à rechercher s’il a lieu régulièrement ou 
S'il éprouve des intermittences plus ou moins longues. Dans les deux cas, 
on ne pourrait guère en rendre raison que par des variations d’excentricité 
dans l'orbite, dont il n'existe pas d’autre exemple analogue, et qu’on ne 
saurait d’ailleurs justifier; mais on peut toujours en conclure que le mou- 
vement réel est direct, tantôt un peu plus lent, et tantôt un peu plus ra- 
pide que celui de la terre. 1l suffit, du reste, pour le moment, d’attirer 
l'attention sur un point aussi singulier, sauf à attendre patiemment les con- 
firmations ou les variations que l'avenir dévoilera. » 


PALÉONTOLOGIE.— Ossements fossiles de rhinocéros trouvés dans le centre 
de Paris. — Extrait d’une lettre de M. VazENCIENNeEs. 


« Les ouvriers qui exécutent les fouilles pour les constructions de l’'Hôtel- 
de-Ville, ont trouvé à dix-sept pieds de profondeur, dans un sable jaune 
d’alluvion mélangé de cailloux, l'os qui fait le sujet de cette lettre. 

« C’est un humérus droit de rhinocéros de l’espèce nommée par M. Cu- 
vier le Rhinocéros à narines cloisonnées. ( Rhinoceros tichorhinus.) 

» On n’a pas encore observé d'ossements de rhinocéros dans le bassin 
de Paris où l’on a trouvé, dans l'intérieur même de la capitale, des dents 


» 


( 979 ) 


ou des ossements d’éléphants. Outre cet intérêt géologique, cet humérus 


‘en présente encore sous le rapport de sa conservation et de son volume. 


IL est d’un huitième plus grand que l’humérus de même espèce décrit par 
M. Cuvier, et découvert dans un faubourg d’Abbeville, sur les bords de 
la Somme. 

» L’os trouvé dans Paris n’a que quatre lignes de moins que l’humérus 
du rhinocéros du Cap dont le squelette est conservé dans les galeries d’a- 
natomie comparée du Muséum; il a seize lignes de moins aussi en lon- 
gueur que..celui du rhinocéros unicorne de l’Inde, mais il a en circonfé- 
rence plus d’un pouce de plus que chacun de ces deux os. 

» Il confirme donc la prévision de M. Cuvier qui regardait le rhinocéros 
bicorne fossile comme un animal plus gros et plus trapu que le rhinocéros 
d'espèces actuellement vivantes sur le globe. Enfin, en comparant l’hu- 


mérus récemment découvert à celui des environs d’Abbeville et à ceux 


des deux rhimocéros vivants que j'ai cités plus haut, on acquiert une nou- 
velle preuve de la justesse des lois auxquelles M. Guvier était arrivé : que 


lon peut, par l'étude d’un seul os, déterminer le genre ou l'espèce de 


l'animal auquel il a appartenu, que l’on peut reconnaître les affinités des 
espèces entre elles. Dans le cas actuel cet humérus montre que le Rhino- 
céros à narines cloisonnées, et qui portait deux cornes sur le devant de 
la tête, a plus d’analogie et plus de ressemblance avec l’espèce du bicorne 
d'Afrique qu'avec les autres rhinocéros unicornes ou bicornes de l’Inde. » 


MÉTÉOROLOGIE. — Metéore lumineux , le 16 novembre 1838. 


M. Gourson (Francois-Gédéon), docteur en médecine, à Condé-sur-Noi- 
reau , écrit à M. Arago, que « le 16 décembre dernier, à 7 heures du soir, 
» il parut tout-à-coup dans la direction du nord, une clarté semblable à 
» celle qui aurait été produite par un globe de feu. » M. Gourjon n’apercut 
pas le globe, mais seulement une longue traînée semblable à celle que 
laissent quelquefois les étoiles filantes. 


( 980 ) 


PHysiQuE pu GLo8r. — Observations de l'inclinaison et de l'intensité ma- 
gnétiques faites en différents lieux de l'Europe; par M. R.-WVere Fox. 


Ces observations ont été faites en 1838, en diverses localités de l’An- 
gleterre, de la France, de la Suisse, de l'Allemagne et de la Hollande, 
avec un instrument de l'invention de l’auteur, ét qu'il désigne sous le 


nom de Fox’s dipping needle deflector. 
—_———_—_—_—@2—_——2E2 


RÉSULTATS 
de l'intensité, celle | Incli- 
DATES. |HEURES. STATIONS. de Londres étant, | naison. 
représentée par 1:0000, 
1858. 0.9781 
20 mars.| 4 soir.|[Paris, Jardin de l'École des Mines........... £ 07872 0.979467 14! 
0.0813 
2avril.| x » Jardintdes {Plantes MAUR, RARE (ET RUES LME 67.13 
6 10 mat.|Fontainebleau, Jardin anglais du château... For 0.9761/66.59 
0.0673 
9 7: » |[Nevers, esplanade devant la caserne......... 0.9663° 0.9672/65.56 
0.0680 
» 4 soir. Moulins, jardin de l’hôtel de la Poste......,..]...... +. -.... 65.33 
» 8 mat.|Saint-Pourçant , jardin de l’hôtel de la Poste.. | ...... +......: 65.33 
11 10 » |Clermont, à un mille à l’ouest de la ville.....[...... ..... ...165.7r1 
à sb M tr 0.9526 
1 soir, Côté est du Puy-de-Dôme... .. (pot) 0.09520/65.14 
14 7 mat [Saint-Bartélemi, dans un champ............ 0.957 o 957764.58 
17 3soir.|Pont du Gard, à l’est du pont..............|...... 0.9460|63.27 
: 0. 9464 
23 2 » [Nimes, un jardin au S.-E. de la ville. ....... 0 sl 0.9469|63.26 
0.9493 
24 GL..» Orange, près.de l'Arc.dertriomphe,23,6441l0 a ie 63.38 
26 g mat. Valence, jardin de l'hôtel de la Poste. .......|,,,... 0.9492 64.1r | 
27 rome] Grenoble Nardimrde latprlie EE ER TR M RTS EE 64.77 | 
; y 4 0.0529 
28 11 » [Aix, à un mille de la ville près du lac Bourget. 0.0534 o 9536 64.36 
0. 0645 
; { 0.0538 | 
30 g .».|Annecy, près du lac. .esatmnhe se ent 0.9542$ o0.9545/64.44 | 
Lo.9556 | 
GLS. Genève, hors du mur d’enceinte, près de Fhô- 0.9973 
A yEAR tel des Bergues.........,... ste 9-9601 ( ‘0:9594164-56 
0 .0608 
3 6 » Prèside l'Observatoire LL RREECRTE RP QAR 64.54 
7 7 mat.|Payerne, faubourgfde la ville...............|...... ........ 65.71 
» soir.|[Neumeck, entre Fribourg et Berne...........]...... ........ 65.10 
58 
9 8 mat.|Berne, plate-forme près de la cathédrale. .... |" ss) 0.9602|65.10 


0.0615 
Er | 


——_—_———| 


DATES. 


1858. 


11 mal. 


12 
14 
15 


2 juill. 


30 août. 


31 


HEURES 


RÉSULTATS 
de l’intensité, celle 


STATIONS. de Londres étant 


représentée par 1:0000. 


.[Bâle, place Saint-Pierre 


Kenzigen, jardin de l’hôtel 
Baden, dans le jardin public 


.[Manheim, jardin du palais 


.[Cologne, terrain non enclos au sud de Ja A .9768| 


edale De AE ME LES, SR L'ÉSE PRSESOE 0.9792/f 
| 


Rotterdam, dans un champ au nord de la ville. {es 


1.0018 
1.0001 


1.002090 


Londres, dans un champ au nord de 
City Road, près de Maiden-Lane.. 


Regent’s Park P IPRRO «000 


A Jenkin’s Nursery-Ground 929999 
0.9980 


A Westbourne Green, ME "9992 


de Hyde Park: 0-9908 (0. 20007 


.IGrove Footting, 6 milles au sud de 


London 


Eastwick-Park, près de Leatherhead, Surrey. 


ir.|Easthourne, Sussex , sur la propriété de M. Da- 


vies Gilbert 


.|[Combe Grounds, près de Bristol 


Falmouth, sur la propriété de M. R.-W. Fox... : 


Scilly Islands Saint-Mary’s 


Saint-Martins 


» À ce tableau sont jointes deux notes imprimées, dont l’une est la 


Ineli- 


aaison. |f 


( 982 ) 
cription de l'instrument, et l’autre présente les résultats d'expériences 
faites par M. Fox, sur l'électricité des filons et particulièrement sur la tem- 
pérature de la roche observée à diverses profondeurs dans quelques- 


A 


unes des mines de cuivre et d’étain du comté de Cornouailles. » 


Il a été donné communication de deux lettres de M. Paravey, concer- 
nant des conséquences qu’on pourrait tirer, suivant lui, de divers passages 
des anciens auteurs grecs et chinois sur le phénomène du tonnerre. 


M. E. Roserr transmet de Hambourg la copie d’une lettre de M. Lr- 
ezeNoueR, chirurgien à bord de la frégate la Vénus, concernant diverses 
observations d'histoire naturelle faites sur les côtes du Kamtschatka, des 
iles Aleutiennes, et de la Californie. 


La séance est levée à 5 heures. A, 


Erratum. (Séance du 5 novembre.) 


Au tableau météorologique d’octobre 1838, dans les moyennes barométriques du 
21 au 30, 
à midi...... au lieu de 957,74, lisez 756,13 
NE Scornone au lieu de 957,31, lisez 955,52 
à 9* du soir, au lieu de 959,44, lisez 955,55 


Erratum. (Séance du 26 novembre.) 


Page 934, ligne 18, 3° colonne, 22,04, lisez 24,04 


( 983 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 22, in-4°. 

Annales des Sciences naturelles ; tome 10, juillet 1858, in-8?. 

Annales de la Société royale d'Horticulture ; tome 25, octobre 1838, 
in-8. 

Statistique générale du département du Jura; par M. Pxor; un vol. 
in-6°, 1838. - « 

(Cet ouvrage est adressé pour le concours de Statistique). 

Traité de la science du Dessin pour faire suite à la Géométrie descrip- 
tive; par M. Varcée; 2° édition, avec atlas, in-4°. 

Traité élémentaire de Conchyliologie avec l'application de cette science 
à la Géognosie; par M. Desuayes ; 1°° livraison, in-8°. 

Species général et Iconographie des Coquilles vivantes; 31° livraison, 
in-4°. 

Galerie ornithologique d’'Oiseaux d'Europe; 41° livraison, in-4°. 

Archives historiques et littéraires du nord de la France et du midi de la 
Belgique ; 2° livraison, tome 2, in-8°. 

The Zoology.... Zoologie du Voyage du vaisseau de l'État le Beagle, 
capitaine Fitzroy publiée sous la direction de M. Dairwiv, naturaliste de 
l'expédition. — Mammifères, par M.Warernouse; 2° livraison; in-4°. : 

A Statistical. ... Recherches sur l’état présent des Institutions médicales 
de charité en Irlande; par M. Pueran ; Dublin, 1838, in-8°. 

The Athenœum , journal ; septembre et octobre 1838, in-4°. 

Astronomische..... Vouvelles astronomiques de M. Scxuwacner ; 
n° 364, in-4°. 

Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie; décem- 
bre 1838 , in-8°. 

Gazette médicale de Paris, tome 6 ; n° 48. 

Gazette des H6pitaux, tome 11, n° 159—141, in-4°. 

L’Expérience , journal de Médecine , n° 74, in-8. 

La France industrielle ; 5° année, n° 70 et 71. 


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( 984 ) 


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COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 10 DÉCEMBRE 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


OPTIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la réflexion. et la réfraction de 


la lumiere; par M. Aueusrin Caucar. 
4 


Ï PARTIE. — Considérations générales. 


« Pour faire bien comprendre l'explication des phénomènes que pro- 
duisent la réflexion et la réfraction de la lumiere, il ne sera pas inutile de 
présenter d’abord quelques considérations générales sur les mouvements 
vibratoires et périodiques d’un système de points matériels. 

» Considérons un système de molécules ou points matériels très peu 
écartés de leurs positions d'équilibre stable, et sollicités par des forces qui 
tendent sans cesse à les y ramener, telles que les poids de ces molécules, 
ou bien encore les actions attractives ou répulsives des unes sur les autres. 
Chaque molécule oscillera autour de la position qu’elle occupait dans 
l'état d'équilibre du système, et les lois du mouvement seront d’autant 
plus faciles à reconnaître que les déplacements des molécules seront plus 
petits. Concevons, en effet, que les différents points du système soient 
rapportés à trois axes coordonnés rectangulaires entre eux. Les équations 

C.R.1838, 2€ Semestre. (T. VIT, N°24.) 133 


( 986 ) 


du mouvement d’une molécule seront trois équations différentielles, ou 
plus généralement, trois équations aux différences mélées, qui devront 
servir à déterminer, au bout d’un temps quelconque, les trois déplace- 
ments de la molécule mesurés parallèlement aux axes en fonction des 
quatre variables indépendantes, c’est-à-dire en fonction des coordonnées 
et du temps. Or, en considérant les trois déplacements dont il s’agit, ainsi 
que leurs différences finies, et leurs différentielles ou dérivées comme des 
quantités infiniment petites du premier ordre, et négligeant les infiniment 
petits du second ordre, on devra, dans les trois équations du mouve- 
ment, conserver seulement les premières puissances de ces déplacements, 
et de ces différences finies ou dérivées. On verra ainsi les trois équations du 
mouvement se réduire à trois équations plus simples qui seront du genre 
de celles qu'on nomme linéaires, et qui seront vérifiées d'autant plus exacte- 
ment que les déplacements des molécules seront plus petits. C’est ce que 
nous exprimerons en disant que les trois nouvelles équations représentent 
les mouvements infiniment petits du système de points matériels donné. 

» Puisque les équations des mouvements infiniment petits d’un système 
de points matériels sont linéaires, lorsqu'on connaît plusieurs intégrales 
particulières de ces mêmes équations, il suffira de combiner par voie d’ad- 
dition les intégrales connues pour en obtenir d'autres. Donc, étant donnés 
plusieurs mouvements infiniment petits que pourrait prendre un sys- 
tème de points matériels soumis à l’action de certaines forces, si dans 
chacun de ces mouvements on mesure le déplacement des molécules pa- 
rallélement aux axes coordonnés, un nouveau mouvement, dans lequel 
chaque déplacement aurait pour valeur la somme de ses valeurs relatives 
aux mouvements donnés, sera encore un des mouvements infiniment petits 
que le système de points matériels est susceptible d'acquérir. On dit alors 
que le nouveau mouvement résulte de la superposition de tous les autres. 
On a des exemples de cette superposition dans la théorie des ondes li- 
quides, et dans la théorie du son. Ainsi, en particulier, lorsque la sur- 
face d’une eau tranquille a été déprimée en plusieurs lieux par l’immer- 
sion simultanée de corps très petits, le liquide s'élève en chaque point 
au-dessus de son niveau naturel à une hauteur représentée par la somme 
des hauteurs des ondes que produiraient les immersions des divers corps 
considérés isolément ; et, lorsque plusieurs sons se font entendre à la fois, 
le déplacement de chaque molécule d’air, mesuré parallèlement à un axe 
fixe, est la somme des déplacements que pourraient produire les divers 


sons, pris chacun à part. 


( 987 ) 


» Ce n’est pas tout. Puisque les trois équations des mouvements infini- 
ment petits d'un système de points matériels sont linéaires, les valeurs 
qu’elles fournissent , pour les déplacements d’une molécule mesurés pazalle- 
lement aux trois axes coordonnés, sont les parties réelles de trois variables 
imaginaires qui vérifient trois autres équations de même forme. Si d’aïlleurs 
les trois premières équations sont indépendantes de la position de lori- 
gine des coordonnées, en sorte qu’elles nese trouvent pas altérées quand on 
transporte cette origine d’un ‘point à un autre, la manière la plus simple 
de vérifier les trois nouvelles équations sera de supposer les trois variables 
imaginaires respectivement égales aux produits de trois constantes imagi- 
naires, par une même exponentielle dont l’exposant imaginaire et variable 
se réduise à une fonction linéaire des coordonnées et du temps. Nous ap- 
pellerons mouvement simple ou élémentaire le mouvement infiniment petit 
qu'on obtient dans une semblable hypothèse. Cela posé, comme une fonc- 
tion quelconque de plusieurs variables peut être représentée par la somme 
d'un nombre fini ou infini de termes respectivement proportionnels à des 
exponentielles dont les exposants soient des fonctions linéaires, réelles ou 
imaginaires, de ces mêmes variables, il est clair qu'un mouvement infini- 
ment petit d’un système de points matériels donné, sera toujours un mou- 
vement $imple, ou du moins un mouvement résultant de la superposition 
d’un nombre fini ou infini de mouvements simples, 

»_ Dans toute expression imaginaire , la partie réelle et le coefficient de 
V — 1 sont, comme on le sait, les produits respectifs d’une quantité réelle 
et positive qu'on nomme le module par le sinus et le cosinus d’un certain 
arc ou angle que nous appellerons l'argument. D'autre part, l’exponen- 
tielle à laquelle restent proportionnelles les trois variables imaginaires , 
dont les déplacements d’une molécule dans un mouvement simple sont 
les parties réelles, peut être regardée comme ayant pour base la base 
même des logarithmes népériens , ét pour exposant une fonction linéaire 
du temps et des trois coordonnées sans terme constant, par conséquent 
un polynome composé de quatre termes respectivement proportionnels à 
ces quatre variables indépendantes. Ce polynome, dont les coefficients 
resteront en général imaginaires , sera pour cette raison décomposable en 
deux parties, l’une réelle, l’autre équivalente au produit de W/—3 par un 
facteur réel. Or, ce facteur, qui sera lui-même une fonction linéaire des 
variables indépendantes, sans terme constant, est précisément l'arc ou 
l'angle qui servent d'argument à l’exponentielle imaginaire dont nous 
avons parlé. Cet argument et le module de cette exponentielle, c’est-à-dire 


133. 


( 988 ) 


la quantité positive en laquelle elle se transforme , quand on réduit l'ex-- 
posant imaginaire à sa partie réelle, sont ce que nous appellerons l’argu- 
ment et le module du mouvement simple. Si l'on multiplie le module par 
le cosinus del’argument, l'expression ainsi obtenue sera la partie réelle de 
exponentielle imaginaire; et, pour déduire de cette expression le dépla- 
cement d’une molécule, mesuré parallèlement à un axe fixe, par exemple; 
à l’un des axes coordonnés, il suffira d'y substituer au module du mouve- 
ment simple le produit de ce module par un coefficient constant relatif à 
cet axe, puis à l’argument du mouvement simple la somme faite de cet 
argument et d'un angle constant que nous nommerons paramètre angu- 
laire. D'ailleurs le coefficient du module et le paramètre angulaire ajouté 
à l’argument, ne seront pas nécessairement les mêmes dans les trois dé- 
placements d’une molécule mesurés parallèlement aux trois axes coor- 
donnés, et pourront en général changer de valeur, quand on passera d’un 
axe à l’autre. 

» Les principaux caractères d’un mouvement simple se déduisent aisé- 
ment de la considération de lexponentielle imaginaire ci-dessus men- 
tionnée, par conséquent de la considération de son argument et de son 
module, c’est-à-dire , de l'argument et du module du mouvement simple; 
et d’abord, si l’on élimine l'argument et le module dont il s’agit entre les 
trois équations finies qui déterminent les déplacements d’une molécule, 
mesurés parallèlement aux axes coordonnés, on obtiendra entre ces dépla- 
cements une équation du premier degré dont les coefficients seront indé- 
pendants de la position de la molécule. Donc la courbe décrite par chaque 
molécule sera une courbe plane, dont le plan restera constamment pa- 
rallèle à un plan invariable que l’on pourra faire passer par l’origine des 
coordonnées. D'autre part, l'argument du mouvement simple étant une 
fonction linéaire des quatre variables indépendantes, acquerra constam- 
ment la même valeur en tous les points d’un plan quelconque parallele 
à un second plan invariable dont on formera l'équation, en égalant cet 
argument à zéro, pour une valeur nulle du temps, c’est-à-dire à l'origine 
du mouvement. Enfin, l’exposant réel de l’exponentielle qui représente le 
module du mouvement simple, étant lui-même une fonction linéaire des 
variables indépendantes, acquerra la même valeur en tous les points d’un 
plan quelconque parallèle à un troisième plan invariable dont on formera 
l'équation en égalant cet exposant à zéro pour une valeur nulle du temps. 
Donc, dans un mouvement simple, l'argument et le module, par consé- 
quent les déplacements moléculaires qui en dépendent et les vitesses de 


( 989 ) 


vibration seront les mêmes, à chaque instant, pour toutes les molécules 
situées sur la droite d’intersection de deux plans parallèles, lun au se- 
cond plan invariable, l’autre au troisième, ou ce qui revient au même, 
pour toutes les molécules situées sur une droite parallèle à la ligne d’in- 
tersection du second plan invariable et du troisieme. 

» Il est important d'observer que, dans l'argument d’un mouvement 
simple, ou dans l’exposant de l’exponentielle qui représente son module, 
la somme des trois termes respectivement proportionnels aux trois coor- 
données sera toujours le produit de la distance d’une molécule au second 
plan invariable ou au troisième par un coefficient égal, au signe près, à la 
racine carrée de la somme des carrés des coefficients des coordonnées 
dans ces mêmes termes. Donc cet argument et cet exposant pourront 
être en définitive considérés comme deux binomes composés chacun de 
deux parties proportionnelles l'une au temps, l'autre à la distance qui 
sépare une molécule du second plan invariable ou du troisième. D'ailleurs 
l'angle dont le cosinus entre comme facteur dans l'expression de lun 
quelconque des trois déplacements moléculaires, n'étant autre chose que 
l'argument même augmenté d’un paramètre constant, les valeurs de l’argu- 
ment, pour lesquelles ce cosinus, et par suite le déplacement s’évanoui- 
ront, seront des valeurs équidistantes, qui formeront une progression géo- 
métrique dont la raison sera la demi-circonférence ou le nombre 7. Enfin, 
pour obtenir ces valeurs équidistantes, il suffira évidemment de faire varier 
successivement de quantités égales entreelles, soit le temps, soit la distance 
qui sépare une molécule du plan invariable. Donc les déplacements molécu- 
laires, mesurés parallèlement à l’un des axes coordonnés, s’évanouiront 
pour une même molécule, après des intervalles de temps égaux, chaque 
intervalle étant le rapport du nombre 7 à la constante qui représente le 
coefficient du temps dans l'argument, et s'évanouiront à un même ins- 
tant, pour toutes les molécules situées dans des plans parallèles équidis- 
tants, l’intervalle compris entre deux plans consécutifs étant le rapport 
du nombre 7 à la constante qui dans l'argument représente le coefficient 
de la distance d’une molécule au second plan invariable. Observons d’ail- 
leurs que ces intervalles de temps, ou ces intervalles compris entre les 
plans parallèles , seront de deux espèces, chaque intervalle pouvant répon- 
dre à une valeur positive ou négative du cosinus que l’on considère, par 
conséquent, à ur déplacement moléculaire effectué dans le sens des 
cogglonnées positives ou négatives. La somme faite de deux intervalles 
contigus, de première et de seconde espèce, composera un intervalle 


( 990 ) 

double après lequel le cosinus reprendra successivement toutes les valeurs 
qu'il avait d’abord acquises. Cet intervalle double aura pour mesure le 
rapport d’une circonférence entière où du nombre 7 à la constante qui, 
dans l'argument, représente le coefficient du temps ou dela distance d’une 
molécule au second plan invariable ; et il exprimera dans le premier cas, 
la durée invariable des vibrations ou oscillations moléculaires mesurées 
parallelement à un axe fixe, dans le second cas, la double épaisseur des 
tranches qu'on formera dans le système de molécules donné en coupant 
ce système à un instant donné par des plans parallèles qui renferment les 
molécules dont le déplacement, mesuré parallèlement à un axe fixe, 
s’évanouit. La réunion de deux tranches contiguës, par conséquent de 
deux tranches qui renfermeront des molécules déplacées en sens inverses, 
formera ce que nous appellerons une onde plane , et la double épaisseur 
d'une tranche sera précisément ce que nous nommerons l'épaisseur d’une 
onde , ou la longueur d'une ondulation. Cette épaisseur restera la même, 
ainsi que la durée des vibrations, quel que soit l’axe fixe parallèlement 
auquel se mesurent les vibrations des molécules. D'ailleurs, le temps ve- 
nant à croître, chaque onde se déplacera dans l’espace avec les plans 
parallèles qui la terminent, et sa vitesse de propagation ou de déplace- 
ment sera évidemment le rapport entre les deux constantes qui représen- 
tent, dans l'argument , les coefficients du temps et de la distance d’une 
molécule au second plan invariable; ou, ce qui revient au même, cette 
vitesse de propagation sera le rapport entre l'épaisseur d’une onde plane 
et la durée d’une vibration mesurée parallèlement à un axe fixe. 

» Considérons maintenant l’exponentielle qui représente le module d’un 
mouvement simple. Il peut arriver que dans cette exponentielle, ou plu- 
tôt dans son exposant, le coefficient du temps ou bien encore le coeffi- 
cient de la distance d’une molécule au troisième plan invariable s’éva- 
nouisse. Dans le premier cas, le module ne dépendant plus du temps, les 
trois déplacements d’une molécule, mesurés parallèlement aux axes coor- 
donnés , reprendront périodiquement les mêmes valeurs après des inter- 
valles de temps égaux entre eux et à la durée d’une vibration molécu- 
laire. Pour cette raison le mouvement simple pourra être alors désigné 
sous le nom de mouvement périodique durable ou persistant. Alors aussi 
la courbe décrite par chaque molécule sera une courbe fermée et ren- 
trante sur elle-même. Dans le second cas, le module deviendra indépen- 
dant de la position d’une molécule dans le système de points matégfels 


donné; par conséquent la courbe décrite par chaque molécule dépen-. 


( 991 ) 

dra uniquement de sa distance au second plan invariable, et n’éprouvera 
aucune altération, quand on: fera croître ou diminuer cette distance de 
l'épaisseur d’une onde plane ou d’un multiple de cette épaisseur. Si, dans 
l’exposant du module, le coefficient du temps ne se réduit pas à zéro, 
alors , le temps venant à croître, les déplacements d’une molécule me- 
surée parallèlement à des axes fixes, ne pourront, demeurer très petits 
qu'autant que ce même coefficient sera négatif, et, dans cette hypothese, 
le mouvement simple, loin d’être un: mouvement durable et persistant, 
sera, au, contraire un mouvement qui tendra sans cesse à‘s’éteindre, et 
dans lequel chaque molécule s’'approchera indéfiniment de la position 
qu’elle occupait ‘dans. l’état d'équilibre du système, en décrivant une 
spirale autour d'elle. Enfin, si dans l’exposant du: module, le’ coefficient 
de la distance d’une molécule au troisième plan invariable ne se réduit 
pas àzéro, alors, tandis qu'on s’éloignera de ce troisième ! plan dans un 
certain sens, on verra décroître indéfiniment et au-delà de toute li- 
mite, les déplacements des molécules, d’où il résulte qu'à ‘une : dis- 
tance considérable du troisième plan, le système sera sensiblement au 
repos. 

» Lorsque, dans l’exposant du module, le coefficient du temps et le 
coefficient de la distance d’une molécule au troisième plan invariable s’é- 
vanouissent à la fois, le module se réduit à l'unité. Alors la courbe décrite 
par chaque molécule est généralement une ellipse, et dans cette ellipse 
le rayon vecteur mené du centre à la molécule trace des aires propor- 
tionnelles au temps. De plus les ellipses correspondantes aux diverses 
molécules sont toutes parallèles les unes-aux autres, et décrites par ces 
molécules en de temps égaux dont chacun est la durée d’une vibration 
moléculaire. Enfin le rayon vecteur mené du, centre d’une ellipse à la 
molécule qui la décrit, reste parallèle à lui-même ; et dirigé dans le même 
sens , quand on fait varier la distance de la about au second plan in- 
variable, ou de l'épaisseur. d’une onde plane, ou d'un multiple de cette 
épaisseur. 

» Chaque molécule décrivant une ellipse dans le cas où le module se 
réduit à l'unité, nous désignerons alors le mouvement simple sous le 
nom. de mouvement elliptique. Au reste, il peut arriver que l’ellipse dé- 
crite se réduise à un cercle ou à;une ligne droite. Alors le:mouvement 
deviendra circulaire ou rectiligne. Ajoutons que chaque molécule décrira 
toujours une droite, et qu’en conséquence le mouvement deviendra recti- 
ligne, quelle que soit d’ailleurs la valeur constante ou variable du module, 


( 992 ) 
si, dans les expressions des déplacements mesurés parallèlement aux 
axes, les trois paramètres angulaires deviennent égaux entre eux. 

» Il peut arriver que, dans une question de physique mathématique, 
les trois variables principales qui expriment les trois déplacements d’une 
molécule mesurés parallèlement aux axes, se trouvent séparées , c'est-à- 
dire que chacune de ces variables se trouve déterminée par une seule des 
équations aux différences mélées, qui représentent un mouvement infini- 
ment petit. Alors les coefficients du module et les paramètres angulaires 
que renferment les expressions des trois déplacements relatifs à un mou- 
vement simple deviennent indépendants les uns des autres, et chaque 
mouvement simple peut être considéré comme résultant de la superposi- 
tion de trois mouvements rectilignes simples dans chacun desquels les 
vibrations des molécules s’effectueraient parallèlement à l’un des axes 
coordonnés. Il est d’ailleurs évident que, pour réduire ces mouvements 
rectilignes à deux et faire disparaître le troisième, il suffira de prendre 
pour l'un des axes coordonnés une droite perpendiculaire au premier 


plan invariable , par conséquent aux plans des diverses courbes décrites 
par les molécules, » 


Géonésie. — Nouvelles remarques sur la mesure des hauteurs relatives ; 
par M. Purssanr. 


« Le Mémoire qui a pour titre: Évaluation des réfractions dans les 
couches d'air accessibles aux instruments météorologiques, et dont un 
extrait a été inséré dans le Compte rendu de la séance du 19 novembre 
dernier, contient selon moi une critique souvent très peu fondée du pro- 
cédé que j'ai exposé aux pages 715 et suivantes du tome IV du même ou- 
vrage, pour déterminer les hauteurs relatives des objets terrestres à l’aide 
de mesures barométriques et thermométriques combinées avec les dis- 
tances zénithales de ces objets. Que l'expression analytique du coefficient 
de la réfraction empruntée à la Mécanique céleste, et modifiée d’après les 
préceptes du savant auteur des Fundamenta Astronomiæ, ne soit pas 
tout-à-fait affranchie d'empirisme, cela peut être; et que ma remarque 
sur cette modification manque de justesse, je suis disposé à le croire ; 
mais ce ne sont pas des raisons suffisantes, ce me semble, pour en bannir 
l'usage de la géodésie, surtout quand il est manifeste que les résultats 


numériques qui en dérivent sont d’une exactitude généralement satis- 
faisante. 


( 995 ) 

» En effet, en cherchant à tirer parti des observations météorologiques 
qui accompagnent plusieurs séries de distances zénithales recueillies en 
France, sur le parallèle moyen , par M. le colonel Brousseaud, maïs laissées 
jusqu'à présent sans application au Dépôt de la guerre, j'ai pu, par maints 
exemples, me convaincre que le procédé dont il s’agit est très propre à 
faire connaître promptement, etavec une assez grande approximation , les 
hauteurs absolues de points secondaires inaccessibles et fort éloignés des 
lieux de station, pourvu toutefois que les circonstances atmosphériques 
soient favorables, et c’est ce qui m'engage à revenir aujourd’hui sur ce 
sujet pour achever de le traiter à ma manière, sans prétendre ne laisser 
rien à désirer. 


» D'abord je rappellerai que le coefficient » de la réfraction terrestre 
dont j'ai fait usage a pour expression 


mil | 


= 3 le; CO — «), 


en attribuant aux lettres qu'il renferme la signification que je leur ai 
donnée, page 715 du tome IV des Comptes rendus. En supposant la quan- 
tité « nulle, on retombe sur la formule de M. Laplace; mais selon M. Bessel 
on aurait, par les observations de Bradley, :=0,00000439 pour tenir compte 
de la diminution de la chaleur des couches aériennes, à mesure qu’elles sont 
plus élevées au-dessus du niveau de l'Océan. J'avais primitivement adopté 
£ — 0,00001393 d’après une détermination trigonométrique très précise 
de M. Plana ; cependant ce célèbre astronome a obtenu € — 0,0000275 en 
déduisant, avec beaucoup de soin, cette valeur de la réfraction astrono- 
mique à l'horizon donnée par les tables de M. Carlini; et c’est à celle-ci 
que je crois devoir m’arrêter maintenant, en continuant à la supposer 
constante, quoique en réalité elle varie d’un climat à un autre, et peut- 
être aussi dans un même lieu à différentes époques de l’année (r). 

» Cela posé, voici quelles sont les données que je prends pour applica- 
tion , et qui méritent une entière confiance : 


(1) L'introduction de ce coefficient dans les formules de réfraction de M. Laplace, 
motivée par M. Plana, dans ses Recherches analytiques sur la densité des couches de 
l'atmosphère, est un fait connu depuis long-temps, mais qui parait avoir échappé à 
l’érudition scientifique de l’auteur du Mémoire que j’ai cité en premier lieu; puisqu'il 
dit, pages 855 et 864 du présent tome, que l’expression que j'ai adoptée étant sans 
fondement analytique, an ne peut en admettre l’usage comme légitime, etc., etc. 

€. R. 1838, a° Semestre, (T. VI, N° 24.) 134 


( 994 ) 
Au Mont-d'Or (sommet, 1886" au-dessus de la mer). 


Distance zénithale d'Herment, observée en septembre 1811, par 


29 répétitions. . +... cn oroiuseste  adere encre to: z — 102 ,2468",0 
Hauteur du point de mire au-dessus du cercle, 3° ,27. 

Réduction à lamire..........,... Sens ete SRI Te 66 ,o 

Distance zénithale réduite. :.....-:44.: eee ESC Z = 1026,3531",0 


Baromètre 0" ,59605, Hauteur du signal, 4,55. 
Therm. centig. du barom. + 16°. 
Thermomètre libre...... + 14°. 


Au clocher d'Herment (sol, 822" au-dessus de la mer). 


Distance zénithale du Mont-d’Or, observée en octobre 1811, par 


DO TO dan doi Abbabebudomooodoodoupuoonopendontonns 
Hauteur du point de mire au-dessus du cercle, 7" ,309. 
Réduction à/la mire. ti MORE MANN 7.6 147 6 
DistanceWzenithale réduite tte tee: eedteLe.c Z' = 98€ 0170"6 
Baromètre ft et 0®,6720 
Therm. du baromètre... + 18. 
Thermomètre libre. .... + 18°. 


Enfin le log de l’arc de distance entre les deux stations est 
log K = 4.4985173, 
etle rayon de la terre! ou plutôt la normale à la latitude de l’une de ces stations 
étant R, on a, conformément à l’hypothèse adoptée pour la carte de France, 
los R — 6.8053366. 

Partant, l'angle des verticales, ou C — 3141",1 centés. 

» Calculant maintenant approximativement les réfractions locales et 
actuelles par la formule citée plus haut et donnée page 718 du tome IV 
des Comptes rendus, et adoptant la valeur £ = 0,0000275, on aura 

A la station du Mont-d'Or, 
log n — 8.83o11; … réfract, d — 212";42 centés. 
A la station d'Herment, 
log n'=— 8.87566; ‘réfract. d— 235 971 
Somme à + d— 418",38. 

» Et telle serait encore cette somme, pour une même trajectoire lumi- 
neuse , si les observations réciproques avaient été simultanées; ce qui ré- 
pond à la prétendue contradiction dont il est parlé p. 864. 

» Il suit de là que 

Z' HZ + 9 HN — 200€,3149",9. 


( 995 ) 
» Mais, d’après des mesures trigonométriques, 


2006 + C = 200 ,3141",1. 


Donc l'erreur de l’observation est seulement de.:...... 8",8 centésimales. 


» Ce calcul fait apprécier le degré d’exactitude de la méthode; mais pour 
évaluer la différence de niveau des deux points de mire, objet que j'ai 
principalement en vue, il suffit de partir d’une distance zénithale observée 
et de faire usage du coefficient correspondant de la réfraction. D'abord 
au moyen de z et n, et de la formule 


SuK.cotz G L Ve 


dis cos 1C 2. /Rsnz°’ 
on obtient 
dE —— 1112,60 + 67,31 — 1045 ,29 abstraction faite du signe, 


Ajoutant la hauteur au point de 
MATE eee bobo sonores 3 ,27 


La différence de niveau des deux 
points de mire..,............... — 1048",56. 


» Ensuite, au moyen de z' et de »/, et dela même formule, il vient 


dE = 989,26 + 66,13 — 1055",39 
Retranchant la hauteur à la mire. 7 ,31 


La même diff. de niveau cherchée — 1048", 08 


» Ainsi la moyenne de ces deux résultats presque identiques est de 


10487, 32. 
Par les distances zénithales  réci- 
proques prises entrès grand nombre 
età des époques.différentes, l’on aeu 1048 ,80 
Différence. ..….... 0,48. 


» Il ne faut pas croire cependant qu’un pareil accord soit fortuit, car je 
pourrais rapporter d’autres observations de ce genre qui seraient tout 
aussi concluantes. Par exemple, une seule distance zénithale de dix répé- 
titions , prise au Puy-de-Dôme en même temps que les mesures baromé- 
triques, donne pour la hauteur du Mont-d’Or au-dessus du point de mire 
de la station, 421,25 ; et par la distance zénithale réciproque non contem- 
poraine, on à 421,66, comme je le ferai voir plus amplement dans le 


134. 


( 996 ) 

2° volume de la Vouvelle description géometrique de la France, qui est 
sous presse. De plus, la somme des deux distances zénithales observées et 
corrigées des réfractions locales ne diffère en moins que de dix secondes 
centésimales de celle qui résulte de la mesure trigonométrique. Ïl est donc 
certain, d’après cela, que le procédé actuel est susceptible de recevoir 
d’utiles applications, et qu'il ne sera pas même à dédaigner lorsque les 
nouvelles méthodes plus rationnelles qui viennent enfin d'être proposées 
seront mieux connues des praticiens; méthodes qui supposent Les éle- 
ments météorologiques constatés à diverses hauteurs dans la masse d'air 
traversée par la trajectoire lumineuse , mais dont malheureusement l’em- 
ploi sera rarement facile. » 


EMBRYOLOGIE. — Observations sur le développement de l'amnios chez 
l'homme; par M. Serres. 


« Une des propositions contenues dans le paquet cacheté que j'ai 
déposé à l'Académie, au mois de juillet dernier, est relative au déve- 
loppement de lamnios chez l'embryon humain. Elle a pour objet de 
montrer qu’en appliquant à l'homme lamniogénie des oiseaux, on ne 
peut se rendre un compte exact, ni de la pénétration de l'embryon dans 
la cavité de l’amnios, ni des cas dans lesquels cette pénétration n’ayant 
pas lieu, l'embryon reste en dehors de cette vésicule. Un œuf humain 
du deuxième mois que j'ai recu hier et disséqué ce matin, devient l’objet 
de la présente communication. 

» Tout le monde sait que l'embryon humain est suspendu par son 
cordon ombilical, dans la cavité de l’amnios ; mais on n’est pas encore 
fixé sur la manière dont il pénètre dans cette cavité, ou sur le méca- 
nisme par lequel cette membrane l'enveloppe de toute part, en formant 
une gaîne aux vaisseaux ombilicaux et omphalo - mésentériques, au 
pédicule de la vésicule ombilicale et à l’ouraque. 

» Les recherches amniogéniques faites depuis Wolf chez les oiseaux, 
ont montré à MM. Dœællinger et Pander, que cette membrane était pro- 
duite, ainsi qu’il suit, par la périphérie de la lame séreuse du blasto- 
derme. Partis des bords encore ouverts de la paroi viscérale du poulet, 
les rudiments de cette enveloppe se réfléchissent en arrière, en contour- 
nant les flancs de l'embryon; arrivées sur la ligne médiane de la région 
spinale, les deux mioitiés de l’amnios se réunissent, et forment, par leur 
suture, le raphé de Wolf. Les observations de M. Baër ont mis hors de 


( 997 ) 
doute le mécanisme de ce développement, par lequel on concoit par- 
faitement, d’une part, la formation du sac qui représente l'amnios, et 
de l’autre, la position centrale que l'embryon de l'oiseau occupe néces- 
sairement. 

» Mais, d’après ce même mécanisme, et surtout d’après la continuité 
des lames primitives de l’amnios avec les rebords de la paroi viscérale de 
l'embryon, dont ces lames ne sont que le renversement, on conçoit que 
chez les oiseaux, le sac de l’amnios ne saurait jamais avoir une existence 
indépendante de embryon, puisque ce dernier contribue si puissamment 
à sa formation : aussi n’existe-t-il à ma connaissance aucun fait qui 
montre que chez les oiseaux, la vésicule de l’amnios ait été rencontrée, 
soit libre et isolée, soit hors des rapports ordinaires avec la position de 
l'embryon. L’amnios peut ne pas se développer, et l'embryon rester sans 
cette enveloppe; mais dès l'instant que ce sac se forme, il faut nécessaire- 
ment qu'il entoure la surface externe de l'embryon de l’oiseau. 

» En appliquant aux mammifères et à l’homme le mécanisme du déve- 
loppement de l’amnios des oiseaux , on est conduit à en déduire les mêmes 
conséquences. 

» L’embryogénie de l’homme nous montre fréquemment l'embryon à 
nu logé dans la cavité du chorion. Ruysch en a dessiné deux exemples; 
Brendel en a observé trois cas, qu'il compare à ceux de Ruysch; j'en ai 
moi-même rencontré plusieurs, et j'en ai préparé et déposé quatre au 
cabinet d'anatomie des hôpitaux. MM. Prévost et Dumas ont aussi trouvé 
des embryons de chien dépourvus d’amnios. 

» Comme on l’a vu plus haut, l'absence de l’amnios chez les mam- 
mifères pouvant, comme chez les oiseaux, dépendre du non - développe- 
ment de cette membrane, ces faits ne prouvent rien contre l’analogie que 
l'on a établie entre ces deux classes, relativement à la formation primitive 
de l’amnios. 

» Mais il n’en serait pas de même, si l’on rencontrait chez l’homme et 
les mammifères, la vésicule de l’'amnios, ou complétement isolée de l'em- 
bryon, ou n’adhérant à lui que par une partie de son cordon; toute 
analogie serait même effacée, si dans certains cas, on rencontrait dans la 
cavité du chorion la vésicule de l’amnios, sans embryon, comme on trouve 
si fréquemment l'embryon sans amnios. 

» Les faits de cette nature sont rares, il est vrai, mais ils sont néan- 
moins assez nombreux pour nous tenir en garde relativement à l’applica- 
tion de l’amniogénie des oiseaux aux mammifères et à l’homme. Déjà, d’a- 


( 998 ) 


près l'observation des premiers, le professeur Dœllinger (1) émit l'opinion 
que l'embryon des mammifères n'a d'abord aucune connexion avec l’am- 
nios, dans lequel il s'enfonce plus tard, de manière à s’en former une en- 
veloppe. En adoptant cette idée, M. Pockels l'a beaucoup perfectionnée en 
montrant d’abord l’amnios isolé de l'embryon, et ce dernier y pénétrant 
ensuite par le dos: MM. Weber , Breschet et Velpeau ont également ren- 
contré des embryons humains qui n'étaient qu’à moitié plongés dans l’am- 
nios (2). Ces faits seraient déjà très difficiles à expliquer en appliquant à 
l'homme l’amniogénie des oiseaux; mais ceux dans lesquels la vésicule 
de l'amnios à été trouvée seule et sans embryon, deviendraierit, ce me 
semble, tout-à-fuit inexplicables, 

» Of, Sandifort à observé un œuf humain dans lequel, au lieu de fœtus, 
on ne trouva qu'une vésicule suspendue par un hile. M. Burdach a éga- 
lement rencontré la vésicule de Pamnios sans embryon (3). Madame Boi- 
vin et M. Dugës ont fait la même observation (4). L'ouvrage de M. Velpeau 
en renferme un cas des plus curieux (5). Parmi ceux que j'ai observés, je 
n'en citerai que deux : le premier que j'ai préparé pour mes lecons, en 
enlevant les deux tiers des villosités da chorion , pour montrer la vésicule 
de l'amnios privée d’embryon; le second que j'ai observé le 1“ novembre 
de cette année, avec M. le docteur Martin Saint-Ange : sur un œuf du 
25° au 30° jour, aprés avoir enlevé le chorion de la cavité de la caduque 
réfléchie, nous l'avons placé sous le microscope et ouvert avec précau- 
tion. La cavité du chorion était occupée par la vésicule de lamnios; elle 
était plissée en divers endroits et sans vestige d’embryon. 

» On voit, d’après ces faits, que le mode de formation de lamnios, si 
bien exposé chez les oiseaux par Wolf, MM. Dœællinger, Pander et Beier, 
ne sauräit être appliqué avec rigueur à la formation de la même enveloppe 
de l'homme. On voit encore que, si chez les oiseaux la vésicule de lamnios 
est subordonnée à l'embryon, cette subordination est beaucoup moins 
prononcée chez l'homme et chez les mammifères, puisque quelquefois la 
vésicule devient entièrement indépendante de l'embryon. Or, c’est cette 
indépendance primitive qui seule permet d'expliquer chez l'homme les 


(1) Burdach, loc. cit. 

(2) Deutsches Archives , tome If, p.399. — Burdach, Physiologie, tome FA p. 451. 
(3) 1n 'Thes. scleg., tome IT, tb. Lei 

(4) Tome 1*,°p: 288. 


(5) Planche 7, fig ur. 


(999 ) 
cas dans lesquels l'embryon ne pénètre pas dans la cavité de lamnios. 
L'œufhumain que j'ai disséqué ce matin offre un nouvel éxemple de cette 
non-pénétration. 

» Une dame âgée de 24 ans, et arrivée à la fin du deuxième mois de la 
grossesse, est avortée le 7 décembre. L’œuf a été reçu par M. le docteur 
Félix Hatin, qui me l’a fait remettre ouvert le 9 au soir. La caduque 
externe avait été incisée dans les deux tiers de son étendue, de manière à 
Jaisser voir la caduque réfléchie, ouverte aussi, et embrassant dans son 
contour les trois quarts du chorion; célui-ci avait une forme oblongue, 
due à son affaissemént ; ses villosités étaient très prononcées, principale- 
ment dans la partie que n'embrassait plus la caduque réfléchie. Le cho= 
rion ouvert, j'aperçus l'embryon à nu dans sa cavité, et je crus d'abord 
que lamnios n'existait pas. 

» Mais en suivant attentivement le cordon ombilical, qui était très long, 
et renflé en forme de vésicule du côté de l'embryon, je reconnus qu'il 
adhérait vers son milieu à une membrane plissée, laquelle partant de ce 
point, contournait le petit embryon et remplissait la moitié environ de 
la cavité du chorion; à sa disposition et à son aspect, je reconnus l’amnios 
vide, et je le fis insuffler par les habiles prosecteur$ de l'Ecole de dissec- 
tion des hôpitaux, MM. Giraldès et Estévenet. 

» À cet effet, un tube effilé fut introduit dans une petite ouverture 
pratiquée à la membrane, et en insufflant, nous rendimes à l’amnios son 
volume et sa forme ordinaires; nous pûmes observer alors ses rapports 
avec l'embryon. Situé en dehors de l’amnios, celui-ci lui adhérait vers le 
milieu de son cordon ombilical; cette partie du cordon avait contracté 
des adhérences intimes avec l’amnios, de sorte que l’insufflation et l’am- 
pliation de cétte membrane l'avaient déplissé en grande partie, en l’étalant 
en quelque sorte sur les parois de la vésicule amniotique. Cette adhérence 
avait empêché sans doute l'embryon de pénétrer dans l'amnios, en le re- 
tenant ainsi appliqué à sa surface extérieure; du reste, l'abdomen de 
embryon étant ouvert, et la partie du canal intestinal développée étant 
hors de sa cavité, un de ses prolongements s’étendait à 2 lignes environ 
dans le cordon, et paraissait être le reste du pédicule de la vésicule 
ombilicale. Cette dernière vésicule se trouvait dans la cavité du chorion, 
située, comme à l’ordinaire, entre cette membrane et l’amnios; elle était 
d’une couleur jaune, aplatie, du volume d’une lentille; son pédicule, dirigé 
vers l’'amnios, ne put être suivi jusqu’à l’origine du cordon. 

» Dans un autre cas, j'ai trouvé l'embryon plus jeune enfoncé à demi 


( 1000 ) 


dans une dépression de l'amnios; l'œuf était d’un mois au plus. Sur un 
troisième un peu plus âgé, l'embryon était enfoncé en totalité dans l’am- 
nios , bien qu’il füt éloigné de son centre. Quoique la partie de la mem- 
brane réfléchie qu’il avait poussée devant lui, lui fût adhérente en divers 
points, je pus néanmoins l'en retirer après avoir incisé dans toute sa lon- 
gueur la gaîne du cordon. Dans un quatrième cas enfin, dont l’avor- 
tement eut lieu dans ma division, le 12 novembre dernier, l'embryon 
du deuxième mois occupait dans l’amnios sa place accoutumée; mais on 
observait encore au-devant du thorax, et à la région cervicale du rachis, le 


soulèvement de la portion réfléchie de l’amnios qui n’était pas encore ap-, 


pliquée et adhérente à la surface externe de l'embryon. Dans ce dernier 
œuf, je trouvai la vésicule ombilicale entre le chorion et l’amnios, mais re- 
posant sur cette dernière vésicule , et entourée elle-même d’une membrane 
propre, de sorte qu'après lavoir incisée, nous pümes en retirer la vésicule 
ombilicale, comme on retire le cristallin de sa capsule. 

» Ces faits rapprochés de ceux qui déjà sont dans la science, ne sont-ils 
pas de nature à établir que l’'amnios se comporte à l'égard de l'embryon, 
comme le font en général les membranes séreuses par rapport aux or- 
ganes qu’elles enveloppent? L’embryon humain en s’enfonçant dans 
l'amnios, ne reproduit-il pas le mécanisme par lequel l’ovule arrivant de 
la trompe dans l'utérus, et y rencontrant la caduque , déprime cette mem- 
brane, s’y enfonce en y pénétrant, et donne naissance par cette pénétra- 
tion au feuillet réfléchi que l’on désigne sous le nom de caduque réfléchie? 

» Si ce mécanisme de la pénétration de l'embryon dans la cavité de 
l’amnios est confirmé par des faits nouveaux, nous aurons l'explication 
des anomalies que nous avons rapportées dans le cours de ces observa- 
tions. Car on conçoit que, si la vésicule amniotique est indépendante pri- 
mitivement de l'embryon, l'arrêt de formation peut porter alternativement 
ou sur la vésicule ou sur l’embryon. 

» Dans le premier cas on trouvera l'embryon à nu flottant dans la cavité 
de l’amnios, et dans le second, ce sera la vésicule de l’amnios qui seule 
sera enveloppéé par le chorion. Enfin, dans un troisième ordre de faits, 
l'amnios et l'embryon seront en présence dans la cavité du chorion, 
mais aux divers degrés de pénétration dont nous avons donné des 
exemples. » 


M. Georrroy Samnr-Hizame] dépose sur le bureau une planche litho- 
graphiée, avec l'explication suivante : « Copie réduite du portrait de la 


( 1007 ) 


fille bicorps de Prunay. Ce portrait est fait d’après nature vivante, sur les 
lieux ; les deux dessins anatomiques sont empruntés aux travaux du 
grand Duverney, insérés dans les Mémoires de l'Académie des Sciences 
pour l’année 1706. » 


M. Bror dépose un paquet cacheté. 


RAPPORTS. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur une pendule à échappement libre , à 
repos , à force constante, présentée à l'examen de l'Académie par 
M. Vérure , horloger à Beauvais. 


(Commissaires, MM. Arago, Séguier rapporteur.) 


« Depuis long-temps de nombreuses tentatives ont été faites pour sous- 
traire les appareils destinés à mesurer le temps aux variations d'intensité 
dans la force motrice. 

» La remarquable invention ds la fusée fut un résultat utile de ces re- 
cherches. Les appareils dits à force constante imaginés et construits par 
tant d'artistes distingués parmi lesquels nous nous ‘bornons à citer les Le- 
bon , les Lepaute, les Breguet, eurent le même but. 

» Tendre un ressort, ou soulever un poids pendant un temps qui 
peut varier sans inconvénient, pour obtenir ensuite une impulsion pen- 
dant un temps invariable, voilà le problème que tous s'étaient proposé, 
que tous ont différemment résolu. 

‘» Le mécanisme à force constante de M. Vérité, sans avoir donc le mé- 
rite d’une invention toute nouvelle, a cependant celuï d’une plus grande 
simplicité. La possibilité d'appliquer, à peu de frais, cette disposition aux 
mouvements déjà construits et répandus dans le commerce, la rend digne 
de fixer quelques instants votre attention. 

» Essayons, par une description orale, d’en faire comprendre sinon le 
mécanisme au moins les avantages. 

» Dans une horloge ordinaire le balancier reste pendant toute son oscil- 
lation en relation avec le moteur par l'intermédiaire de la fourchette, 
du levier d'échappement et de la roue sur les dents de laquelle l'ancre in- 
cessamment repose. Il suit de là que les ares du pendule sont modifiés 
suivant les variations mêmes qui surviennent dans la force motrice ; lim- 
pulsion que le balancier reçoit à chaque vibration dépendant de l'énergie 

C. R. 1838, 2° Semestre.(T. VII, N° 24.) 135 


( 1002 ) 


avec laquelle les rouages et les pièces intermédiaires transmettent l’action 
du moteur. 

» Pour parer à cet inconvénient en réalité bien moins grand que certains 
esprits tourmentés du désir de la perfection ne l'ont supposé , M. Vérité a 
supprimé pendant les neuf dixièmes de l'arc que parcourt le balancier, sa 
relation avec le moteur; il n’entretient les vibrations que par les chutes 
successives d’un très petit poids sur un levier. faisant partie du balancier 
même. L'impulsion résultant de cette chute toujours semblable suivant les 
lois de la gravitation, reste rigoureusement uniforme, les variations qui 
peuvent survenir dans la seule durée du remontage du poids, soit par les 
inégalités dans la force du ressort, soit par la diminution de transmission 
de ses effets pour l’épaississement des huiles, soit par le raidissement des 
cordes si c’est à un poids que la force est empruntée, demeurent sans 
influence sur les oscillations du pendule régulateur. Si le balancier n’était 
pas obligé d'opérer pendant une partie, il est vrai bien courte, de son 
arc, le décliquetage du poids dont la chute entretient les oscillations, nous 
dirions que cette combinaison réalise un véritable échappement, libre. 

» Néanmoins comme après la fonction du décliquetage, le balancier rec- 
tiligne de M. Vérité peut continuer sa course sans obstacle, et qu'il se 
trouve ainsi constamment dans le cas des balanciers circulaires des échap- 
pements réputés libres des chronomètres, nous ne contesterons pas plus 
long-temps le nom qu’on est convenu de donner à ces sortes de disposi- 
tions, et nous vous proposons d’honorer de votre approbation celles par- 
ticulièrement adoptées par M. Vérité. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


Rapport sur un appareil destiné à prévenir les feux de cheminées, inventé 
par M. Mararuen, 


(Commissaires, MM. Gambey, Séguier rapporteur.) 


« L'Académie apprendra avec quelque intérêt, nous le pensons, la 
nouvelle application que vient de faire M. Maratueh de la propriété re- 
connue par Davy, aux toiles métalliques, de refroidir les gaz qui les tra- 
versent, ; 

» M. Maratueh a pensé que si l'on plaçait à la base d’une cheminée um 
châssis garni de toile métallique, la flamme du foyer ne pourrait jamais 
s'élever jusque dans le corps de cheminée. L'expérience pratique a pleine- 
ment confirmé sa prévision. 


( 1003 ) 


» Vos Commissaires ont été témoins des faits suivants: 

» Deux cheminées ont été bâties dans un lieu isolé, exprès pour ré- 
péter des expériences ; des ouvertures garnies d’un vitrage ont été prati- 
quées dans leurs flancs pour laisser voir ce qui se passerait à l’intérieur des 
tuyaux. î 

» Une quautité considérable de copeaux de bois et de paille ayant été 
allumés dans l’une et dans l'autre, vos Commissaires ont-eu l’occasion de 
remarquer que la flamme de la cheminée à l’entrée de laquelle on avait 
placé un châssis muni de toile métallique, était complétement arrêtée sans 
pouvoir franchir l'obstacle qui lui était opposé; tandis que dans le corps- 
de cheminée laissé libre, les gaz enflammés s’élevaient à une hauteur de 
plus de deux mètres. Pour rendre l'expérience plus concluante, vos Com- 
missaires firent jeter sur les foyers une certaine quantité d'huile dont la 
décomposition produisit tout-à-coup une abondante quantité d'hydrogène 
carburé; cette masse de gaz enflammé ne put traverser les toiles métal- 
liques sans étre complétement éteinte. Ils remarquèrent cependant dans 
cette circonstance que la certitude du refroidissement du gaz tenait à son 
passage successif à travers plusieurs toiles superposées à distance. Aussi 
M. Maratueh , par de nombreuses expériences, a-t-il cherché à reconnaître 
quel était le nombre des toiles. et le degré de finesse de tissu le plus con- 
venable pour assurer l'effet: Par des essais tentés d’abord avec sept toiles, 
puis avéc-un nombre moindre, il a reconnu que trois toiles superposées à 
la distance d’un décimètre, opéraient dans tous les cas un complet refroi- 
dissement du gaz, et devenaient ainsi pour la flamme une barrière infran- 
chissable. a ai : 

» Vos Commissaires se sont assurés que l’action des toiles sur le gaz 
était produite » Sans néanmoins gêner le tirage de la cheminée, à la condi- 
tion d’un-nettoyage quotidien des toiles aü moyen d’une brosse, M. Mara- 
tueh leur a affirmé que cette opération de chaque jour en enlevant la suie 
à mesure qu’elle se dépose sur les toiles, dispensait du soin du ramonage 
du-corps de cheminée : un appareil déplacé en présence de vos Comrhis- 
saires, leur a montré la première toile chargée de suie, la seconde encore 
peu salie, la troisième complétement nette; cette observation leur a permis 
d'admettre l'affirmation de M. Maratueh » qu'une expérience suffisamment 
prolongée pourrait seule cependant rendre tout-à-fait incontestable. 

» Vos Commissaires, pour acquérir une conviction plus complète de 
l'utilité pratique de cette application nouvelle de la belle découverte de 


Davy, ont cru devoir visiter et interroger plusieurs personnes se servant 
135. 


( 1004 ) 


de l'appareil Maratueh depuis un temps assez long; c'est après avoir reçu 
le témoignage de leur parfaite satisfaction sur l'emploi de cet appareil que 
vos Commissaires vous proposent de l’honorer à votre tour de votre ap- 
probation. » 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


rAzéonroLoGIE.—Rapport sur un Mémoire de MM. »e Laizer ef ne Panreu, 
ayant pour titre : Description et détermination d'une mâchoire appartenant 
à un mamumifère jusqu'à présent inconnu : Hyænodon Lepthorhynchus. 


(Commissaires, MM. Duméril, Flourens, de Blainville rapporteur.) 


« La considération du système dentaire, appréciée de bonne heure 
pour la distribution méthodique des mammifères, fut d’abord presque 
bornée au nombre des dents qui le constituent, et même à celui des in- 
cisives, comme plus facile à étudier. C’est en effet ce que l’on peut voir 
dans les systèmes mammalogiques de Linné, et surtout de notre compa- 
triote Brisson. 

» Mais aussitôt que l'on voulut chercher dans le système dentaire les 
éléments propres à résoudre la grande question de l’analogie des espèces 
animales fossiles avec les espèces vivantes, on fut obligé d'aller beaucoup 
plus loin, et la. forme de chaque dent dut être étudiée intrinsèquement et 
dans les plus grands détails. 

» D'après cela, il est aisé de voir que ce dut être ‘un auteur de paléon- 
tologie qui, le premier, put sentir l'importance de l'étude approfondie du 
système dentaire, sans chercher du reste pourquoi il agissait ainsi, et Ja 
raison de la prédominance de ce point sur tous les autres. 

» C'est en effet ce qui eut lieu vers la moitié du dernier siècle, époque 
à laquelle la Paléontologie naquit en Allemagne, par les travaux trop peu 
connus des Walsh, des Esper, des Merck, et fut ensuite continuée par 
ceux des Blumenbach et des Pallas; et c’est à Esper, plus qu'à aucun autre, 
que l'initiative en est due, quoiqu'il fût loin d'être et de se croire anato- 
miste. 

» Étonné du nombre immense de dents détachées que l’on trouvait 
alors et comme de temps presque immémorial, dans les cavernes de 
Gaylénreuth, au point qu’en peu d'heures il put en recueillir assez pour 
en remplir plusieurs paniers, Esper voulant résoudre la question si les 
animaux dont provenaient ces dents étaient semblables ou non aux es- 


( 1005 ) 


pèces actuellement existantes, sentit le besoin d’une connaissance appro- 
fondie du système dentaire, et émit le vœu que les éléments en fussent 
fournis par les personnes qui se trouvaient à même de le faire. 

» Aussi dit-il, p. 51 de ses Recherches sur les ostéolithes des cavernes du 
duché de Bayreuth : « Un système fondé sur la forme et la structure des 
» dents, et non pas seulement sur leur nombre, ne contribuerait-il donc 
» pas beaucoup à une connaissance plus exacte des créatures de l’ancien 
» monde? Au moins il y a un grand rapport entre la forme et la dispo- 
» sition des dents et la nourriture de ces animaux, et entre l'espèce de 
» nourriture et leur naturel, c’est-à-dire l’essence dé animaux même; et 
» si quelqu'un avait assez de temps, d'argent et de connaissances pour 
» faire une collection complète et exacte de toutes les dents fossiles 
» qu'on a trouvées et qui ont été décrites dans différents ouvrages, nous 
» trouverions bientôt dans cette esquisse des animaux de l’ancien monde, 
» bien des choses extraordinaires dont nous ne pourrions plus trouver 
» aujourd'hui les analogues. Nous aurions raison de supposer l’extirpation 
» de quelques genres d'animaux. » 

:» Malheureusement pour Esper et pour la science qu’Esper avait en 
vue, les conditions qu’il souhaitait n’existaient pas encore réunies, ou du 
moins elles ne faisaient que de naître dans les mains du savant et patient 
collaborateur de Buffon. C’est en effet à Paris, au Muséum d'Histoire natu- 
relle, plus de trente ans après, que les desiderata d'Esper purent être en 
grande partie satisfaits par la riche collection de squelettes et dé crânes, 
commencée par Daubenton, si notablement accrue pendant trente ans par 
feu G. Cuvier, et que nous nous efforcons de perfectionner tous les jours, 
en joignant au perfectionnement introduit par Tenon dans la considéra- 
tion des âges, celui, à peine indiqué avant nous, de la distinction des 
sexes et des variétés locales. 

» Aussi est-ce à Paris, dans les mains de feu G. Cuvier, que la mesure 
paléontologique des animaux, tirée de la considération du système den- 
taire, a pris la direction qu’elle suit aujourd’hui et qui a conduit la 
science à des résultats plus certains que celle d’aucune autre partie so- 
lide des animaux. 

» Mais, comme dans presque toutes les choses humaines, le mal s’est 
trouvé bien près du bien, et l’on a bientôt exagéré l'emploi de ce levier 
Si puissant pour la classification et la distinction des espèces de mammi- 
fères, non-seulement en employant le nombre d’une manière rigoureuse, 
mais encore en pensant que la disposition de ce système d'organes était 


( 1006 ) 


assez fixe pour décider des rapports naturels de ces animaux én premier 
et en dernier ressort, ou d’une maniere absolue. 

» Acceptant la réflexion d’Esper, que le système dentaire donne 
l'espèce de nourriture, et que la nourriture donne, comme conséquence, 
la nature d’un animal, ce qui n’est vrai que dans certaines limites; on a 
attribué au nombre, à la disposition et même à la forme de chacune des 
parties du système dentaire, une rigueur presque mathématique ; alors on 
a vu ranger parmi les Glires ou Rongeurs , un animal ongulé, voisin des 
Rhinocéros, le Daman, et un animal de la famille des Makis, de l’ordre 
des Primates , 'Aye-Aye; bien plus, la sous-classe des Didelphes , si natu- 
relle, si remarquable, a été partagée et dispersée parmi les Primates , les 
Carnassiers, les Rongeurs et les Édentés. 

» Depuis long-temps, l’un de nous a combattu cet emploi aussi exagéré 
que vicieux du système dentaire dans la distribution naturelle des mam- 
nifères, comme M. G: Cuvier l’avait fait lui-même à l'égard du Daman; 
une nouvelle démonstration évidente que ce système mal étudié, mal 
compris, peut conduire à rompre les rapports naturels les plus évidents, 
a été mise sous les yeux de l’Académie et des zoologistes, dans le Canis 
megalotis du Cap, qui, avec tous les caractères, toute l’organisation des 
Chiens, a cependant un système dentaire tout différent. 

» Mais aujourd'hui que lon veut arguer du système dentaire à la 
didelphie, c’est-à-dire à une disposition particulière et de dégradation 
évidente du produit de la génération et de son appareil, il devient encore 
plus important de soumettre la question à un examen approfondi, parce 
que l’on voit aisément combien l'admission non prouvée de Didelphes 
fossiles dans les terrains d'Europe où ces animaux n'existent plus à l’état 
vivant, peut prêter d'arguments pour le soutien de telle ou telle hypo- 
thèse dans la succession des êtres, ou dans les révolutions de la surface du 
globe. 

» M. G. Cuvier est le premier paléontologiste qui ait reconnu des restes 
de Didelphe fossile, et cela dans un terrain tertiaire assez ancien, dans la 
formation gypseuse des environs de Paris; mais ici, ce que le système 
dentaire avait fait présumer, a été mis hors de doute par la découverte de 
l'existence des os marsupiaux ; ainsi, il ne peut y avoir de doute, notre 
sol a nourri autrefois un genre d'animaux mammifères de la sous-classe 
des Didelphes; mais si le systéme dentaire avait été seul connu, je ne 
pense pas qu’on eût pu légitimement conclure que cet animal était pourvu 
d'os marsupiaux, ces os, dont la signification n’est nullement prouvée 


(: ro07 ) 
dans -les autres classes d’ostéozoaires , étant'en rapport sinon avec [à 
poche cutanée, du moins avec le mode d'accouchement par avortement, 
et nullement avec le système dentaire, ou mieux du système D haibriqhe 
de l'enveloppe qui revêt les mâchoires:; ce que l’on peut démontrer aussi 
bien à priori qu’à posteriori: 

» A priori ; quelleliaison anatomique ou physiologique peut-on trouver 
entre des organes dont les fonctions sont toutes différentes, c’est-à-dire 
entre les dents exerçant où modifiant la: mastication , déterminée par la 
forme plutôt encore que par lespèce de nourriture et les os dits marsu- 
piaux , qui indubitablement sont en connexion plus ou moins immédiate 
avec l'appareil générateur, soit à à l'effet de dilater la poche sous-abdomi- 
nale des Didelphes, quand elle existe ; soit pour faciliter, comme nous le 
pensons, l'action des: muscles de l'abdomen dans l'accouchement ou l’éja- 
culation d’un fœtule aussi: petit, aussi peu avancé que celui des Didelphes, 
lorsqu'il vient au jour. 

» Quoique cette raison à priori soit à l'abri de toute contestation, ce me 
semble, cependant elle ne frappera peut-être pas autant que celles à poste- 
riori. Nous devrons donc soigneusement insister sur ce fait bien connu 
des zoologistes: c’est que le système dentaire est aussi varié chez les 
Didelphes que chez les Monodelphes , -et cela sous le rapport du nombre 
aussi bien que sous celui de la disposition et de la forme des dents qui 
le constituent. En effet, en comprenant, comme on le fait souvent à tort, 
les Ornithorhynques et les Échidnés parmi les Didelphes, on trouve dans 
cette sous-classe, des espèces qui n’en ont jamais d'aucune sorte, d’autres 
qui-en ont de substances cornées et à peine implantées, Parmi celles qui 
en ont de véritables, les unes n’en ont que de deux sortes, des mo- 
laires et des incisives, comme dans les Rongeurs, et celles-là, au nombre 
de deux-en haut comme en bas, ou au nombre de deux'en bas et de six 
en haut; celles-ci au nombre de quatre de chaque côté de chaque mà- 
choire, ou de:cinq ou six, le plus souvent didymes et à double colline 
transverse. 

-» Un certain nombre: de Didelphes qui ont la série complète, l'ont dé 
telle sorte qu'entre les incisives bien évidentes et les molaires proprement 
dites, il y en-a un certain nombre d’intérmédiaires, et à peine sorties de 
la gencive, disposition qui rappelle ce qui existe dans certains insectivores 
monodelphes, tels que les Musaraignes. 

» Enfin, lorsque les trois sortes de dents existent bien sans équivoque , 
avec leur forme générale et leur position habituelle, le nombre des inci- 


( 1008 ) 


sives varie de cinq ou quatre paires en haut, à quatre ou trois paires 
en bas; et celui des molaires de six à sept de-chaque côté de chaque 
mâchoire : deux ou trois avant-molaires, la principale et trois arrière- 
molaires. 

» Quant à la forme, surtout de celles-ci qui sont toujours les plus ca- 
ractéristiques, quoique l’on puisse dire d’une manière générale qu’elles 
n'arrivent jamais à être aussi carnassières que chez certains monodelphes, 
et qu’elles restent toujours plus insectivores, cependant le degré de cette 
dernière disposition offre un grand nombre de nuances, depuis les 
Dasyurus ursinus et cynocephalus, qui sont le plus carnivores, jusqu’aux 
Péramèles, qui sont le plus insectivores. 

»Je ne vois dans l'appareil masticateur à trois sortes de dents bien nor- 
males des Didelphes de particularité qui leur soit exclusivement propre, 
que dans le nombre des incisives supérieures, qui est de quatre ou cinq 
paires; dans le nombre des molaires qui est toujours égal aux deux mà- 
choires, et surtout dans la forme constamment transverse du condyle 
articulaire de la mâchoire inférieure, que le système dentaire soit rongeur 
ou carnassier , et dans celle de l’'apophyse angulaire de la même mâchoire 
toujours en lame plus ou moins recourbée en dedans. 

» D’après ces considérations, nous dirons d’avance que nous sommes 
fort éloignés d'admettre que lé curieux fossile dont une mächoire supé- 
rieur a été considérée par feu M. G. Cuvier commeun Didelphé voisin du 
Dasyurus ursinus de la Nouvelle-Hollande, soit certainement un vérita- 
ble Didelphe, comme il l'avait cru au premier aspect : nous réservant 
d'exposer nos preuves, lorsque nous serons arrivés à parler de ce fossile 
dans un de nos mémoires subséquents de Paléontologie. 

» Suivant nous le cas est le même pour l'animal dont la mâchoire fait 
le sujet du mémoire que MM. de Laizer et de Parieu ont soumis le 
20 août dernier au jugement de l’Académie, et qu’elle a renvoyé à l’exa- 
men d’une Commission composée de MM. Duméril, Flourens et moi. 

» Ce beau morceau fossile, consiste en une mächoire inférieure com- 
plète, pourvue de toutes ses dents, sauf la plupart des incisives; et qui 
serait réellement presque parfaite sans cela et la fracture de l'extrémité 
des apophyses coronoïdes; cependant les deux branches sont un peu 
déviées à la symphyse, de manière so la droite dépasse la gauche de 
quelques lignes. 

» MM. de Laizer et de Parieu en ont donné une description et une 
figure fort bonnes, et en général fort exactes; cependant comme ils ont 


( 1009 ) 
bien voulu permettre que je cherchasse moi-même à la compléter si je le 
Jugeais nécessaire, j'ai en effet pu observer quelques petites particularités 
qui leur ont échappé, et que je demande à l'Académie la permission d’ex- 
poser brièvement, afin de fournir tous les termes propres à résoudre 
la question. 

» C’est, comme il vient d’être dit, une mâchoire inférieure, en général 
étroite et allongée , quoique assez forte. 

» La branche horizontale, longue et effilée, est assez fortement cour- 
bée en bateau dans toute sa longueur ; son bord inférieur est épais et 
arrondi, et le supérieur ou dentaire suit en creux lé mouvement de l’in- 
férieur qui est bombé. 

» La face externe n'offre à remarquer que sa convexité assez prononcée 
et surtout la position des trous mentonniers, au nombré de deux, assez 
grands et sub-égaux ; l’antérieur à l’aplomb de la première avant-molaire, 
ét le second à l’aplomb de la troisième. 

» La branche montante est tout-à-fait dans la direction de la précédente , 
dont elle semble n’être qu’une dilatation, un élargissement en patte d’oie 
divisé à son bord postérieur en trois lobes, un médian , un supérieur et 
un inférieur. 

». Le lobe moyen, dépassant un peu l'inférieur en arrière, est tout-à-fait 
dans l'axe de la mandibule, et par conséquent au-dessous de la ligne 
dentaire ; c’est lui qui forme en se dilatant de dehors en dedans le 
condyle articulaire transverse , un peu plus épais en dedans qu’en dehors, 
avec une direction un peu oblique en sens inverse. 

» Le lobe supérieur constitue l’apophyse coronoïde qui est malheu- 
reusement tronquée à l'extrémité; cependant ce qui en reste permet de 
voir qu’elle a dù être un peu courbe en arrière, son bord antérieur 
étant convexe et le postérieur concave où largement semi-lunaire. 

» Le lobe inférieur est le plus court, mais aussi le plus épais; c’est une 
espèce de crochet solide, à bords arrondis , peu détaché, un peu plus 
convexe en dehors qu’en dedans, mais ne sortant pas du plan de la man- 
dibule , s’écartant un peu en éventail, du bord inférieur de celle-ci; ce 
qui, par conséquent , produit au point de continuation avec ce bord une 
excavation ou sinus allongé et assez profond. 

» Enfin, cette branche verticale présente en dehors une fosse massété- 
rienne profonde, triangulaire, peu ouverte en arrière et dont le sommet 
én avant ne dépasse pas le milieu de la dernièré molaire, et en dedans est 
un orifice du canal dentaire assez grand et peu élevé. 

C. R, 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N°24.) 136 


( 1o10 ) 


» Mais c'est surtout le système dentaire qui ést tout-à-fait particulier et 
qui, avec juste raison , a appelé davantage l'attention de M. de Laizer, et 
malheureusement par la manière dont les deux branches ont glissé l’une 
contre l’autre et peut-être aussi par le grand développement des canines, 
il n’est resté que l’incisive externe des deux côtés. Cependant en déga- 
geant avec soin les alvéoles, je crois m'être assuré qu'il devait y avoir 
trois dents de chaque côté, et même que celle du milieu était plus in- 
terne, comme cela a lieu chez beaucoup de Carnassiers. 

» Le reste du système dentaire ne peut rien laisser d’équivoque. 

» Les canines sont longues , coniques , aiguës, courbées et assez 
fortes , concaves en arrière et assez déjetées en dehors. 

» A la suite de ces canines vient une série bien complète de sept dents ; 
trois avant-molaires, la principale et trois arrière-molaires. 

» Des trois avant-molaires , les deux premières sont distantes ou séparées 
entre elles aussi bien que de la canine qui les précède et de la troisième 
avant-molaire qui les suit. 

» La première, plus distante de la seconde que de la canine, n’a qu'un 
crochet tout-à-fait antérieur avec un talon oblique en arrière, ce qui 
porte à penser qu'elle est pourvue de deux racines serrées. 

» La seconde, également distante de la première et de la troisième , est 
plus forte que celle-là; sa pointe un peu en crochet, tend à devenir plus 
médiane ; son talon postérieur est assez considérable, oblique etindivis. Elle 
a deux racines bien distinctes et point de traces du lobe antérieur. 

» La troisième avant-molaire , presque collée contre la principale, tend 
à devenir plus carnassière : sa pointe est médiane ; le talon antérieur est 
assez marqué et le postérieur moins large est plus arrêté ; les deux racines 
sont aussi plus séparées. 

» La principale est la plus élevée de toutes et la plus épaisse ; elle a 
aussi deux racines; mais sa pointe médiane est épaisse, robuste, sans tu- 
bercule au talon antérieur, si ce n’est du côté interne. Quant au talon pos- 
térieur il est étroit, mais bien marqué et même tranché. 

» Les arrière-molaires qui suivent sont très serrées, contigués, et pré- 
sentent un aspect particulier, celui des dents dites carnassières chez les 
chats, les chiens et les hyènes; c’est-à-dire que leur couronne est com- 
primée et a deux lobes ou cornes tranchantes; en général fort basses, 
elles croissent de la première à la derniére. 

» La première, de beaucoup plus petite en hauteur comme en lar- 
geur, est la moins carnassière; aussi conserve-t-elle un peu la forme de la 


( sort ) 


précédente ou de la principale: sa couronne est moins comprimée ; le lobe 
moyen est moins semblable au lobe antérieur et le postérieur est encore 
très prononcé. 

» La seconde-arrière molaire devient un peu plus grande, sa couronne 
est plus comprimée; les deux lobes antérieurs sont complétement égaux, 
et le lobe postérieur est très petit. 

» Enfin la troisième et dernière, beaucoup plus large et un peu plus 
haute, a la couronne entièrement comprimée et tranchante; les deux 
lobes antérieurs sont égaux ou à trés peu de chose près , et le postérieur 
est à peine indiqué. En un mot, c’est une véritable carnassière d’hyène, 
comme l’ont très bien senti MM. de Laizer et de Parieu, en imaginant la 
dénomination d’Æyænodon pour désigner le genre de mammifères que nous 
dévoile la mâchoire fossile. 

» On ne sait.encore rien du système dentaire de la mâchoire supérieure, 
mais on pourrait assez bien le supposer par analogie, et au moins ad- 
mettre que le nombre des molaires était de six ou d’une de moins qu’en 
bas. 

» Quoi qu’il en soit, cette mâchoire inférieure nous paraît suffisante 
pour déterminer la famille à laquelle l'animal dont elle provient a appar- 
tenu; et ici, comme nous l'avons annoncé plus haut, nous ne croyons 
pas pouvoir adopter la manière de voir de MM. de Laizer et de Parieu. 

» Pour nous ce ne peut être un didelphe, ni par le système dentaire, 
et encore moins par la mâchoire elle-même, bien plus importante dans 
cette question que les dents. 

» Le peu que nous savons des incisives ne nous permet guère de les 
employer. Cependant la position plus interne de la seconde paire est un 
caractère propre aux carnassiers monodelphes, et qui n’a encore été ob- 
servé chez aucun didelphe. 

» La forme et la disposition des canines peuvent encore moins fournir 
quelque élément un peu certain pour la résolution de la question. 

» Mais il n’en est pas de même des molaires. Ce n’est cependant pas dans 
le nombre ; car les carnassiers monodelphes, comme les carnassiers didel- 
phes, peuvent avoir également sept dents de chaque côté à la mâchoire 
inférieure. 

» Ce n’est pas non plus la distribution de ces dents, car les plus carni- 
vores des didelphes ont également trois avant-molaires, une principale et 
trois arrière-molaires , comme cela a lieu chez les Canis : mais c’est sur la 
forme de chacune de ces dents que nous appuierons davantage. 

136. 


( ror2 ) 


» Les trois avant-molaires sont en général beaucoup plus insectivores 
dans les Dasyures que dans l’'Hyænodon ; elles sont toutes les trois égale- 
ment espacées, aussi bien entre elles que de la canine et de la principale; 
elles sont bien plus semblables entre elles, sauf la grandeur ; le lobe moyen 
étant toujours en crochet , le talon postérieur moins prononcé et l’anté- 
rieur tout-à-fait nul. 

» La principale est surtout extrêmement différente en ce que dans l'Hycæ- 
nodon elle est bien la principale par sa forme et sa hauteur, ce qui ‘est 
aussi un peu dans le Chien à grandes oreilles ou Megalotis, tandis que 
dans les Dasyures les plus carnivores, elle est la plus petite avec une pointe 
médiane et les talons presque égaux entre eux. 

» Enfin les trois arrière-molaires qui dans les Dasyures conservent tou- 
jours le caractère de la principale, étant à trois lobes très inégaux , le mé- 
dian notablement plus grand que les deux autres, et le postérieur doublé 
à l'intérieur par un plus petit, séparé de lui par une petite fossette, ce 
qui leur donne une certaine épaisseur, sont dans l’Hyænodon tout-à-fait 
comprimées, tranchantes et à deux lobes égaux ou sub-égaux par le grand 
développement de l’antérieur et la disparition du postérieur. En un mot, 
ces dents acquièrent de plus en plus le caractère carnassier, par le grand 
développement du bord externe de la couronne et l’annihilation de l’in- 
terne ; disposition que l’une de celles de l'Hyène et des Felis montre au 
summum , tandis que dans les Dasyures elles conservent toujours le ca- 
ractère insectivore. 

» Ainsi, ce que l’on connaît du système dentaire de l’'Hyænodon suffirait 
pour démontrer l'affinité de cet animal avec les carnassiers monodelphes ; 
mais ce qui met la chose hors de doute, c’est la considération de la mà- 
choire elle-même. 

» En effet, dans tous les Didelphes les plus carnivores, comme les plus 
frugivores, la totalité de la mandibule est en bateau relevé à ses deux ex- 
trémités, depuis la symphyse jusqu’au condyle ; tandis que dans l'Hyæno- 
don cette disposition qui existe d’une manière si prononcée en avant, n’a 
plus lieu en arrière, où la ligne marginale, après s'être relevée un peu, finit 
par s’abaisser fortement; ce qui tient à la forme et à la disposition de 
l’apophyse angulaire, absolument comme dans les Canis. 

» Cette apophyse angulaire chez tous les didelphes rongeurs ou carnas- 
siers, offre également une forme tout-à-fait caractéristique par la maniere 
dont elle s’élargit et rentre en forme de lame plus ou moins recourbée ou 
de cuillère en dedans de la mandibule, sans presque couper le profil de 


( 1013 ) 


celle-ci. C’est un point sur lequel feu M. G. Cuvier insiste fortement dans 
son Mémoire sur le véritable didelphe de Montmartre. Or, nous avons vu 
plus haut que dans l'Ayænodon cette apophyse est absolument comme 
dans les chiens. 

» Joignons à cela la différence dans la disposition des trous mentonniers, 
qui, lorsqu'ils sont au nombre de deux chez les Dasyures, sont disposés, 
lantérieur sous la seconde avant-molaire, et le postérieur entre la princi- 
pale et la première molaire, tandis que dans l’'Hyénodonte ils sont ab- 
solument comme dans les chiens, et nous serons obligés de conclure 
que le fossile extrêmement intéressant du reste, dont la science doit la 
connaissance à MM. de Laizer et de Parieu, est un véritable carnassier 
monodelphe. Nous pouvons mêmedirequ’ilappartient au grand genre Canis, 
dans lequel il présente le maximum de carnivorité, passant ainsi aux Hyènes, 
comme l’un de nous a montré que le Megalotis , véritable chien sous tous 
les autres rapports de l’organisation, conduit par son système dentaire aux 
Viverras plantigrades, nommés Paradoxures et Hémigales. 

» Dés-lors l’Académie verra aisément comment le nom d’/yænodon , 
donné au carnassier fossile dans le calcaire paléothérien d'Auvergne, par 
M. de Laizer, se trouve heureusement imaginé, et doit être accepté par 
les paléontologistes et même par les zoologistes ; mais nous ne croyons 
pas qu’ils puissent aussi bien adopter que cet Hyénodon doive faire partie 
du genre Didelphe, et même appartenir à la division des Thylacines de 
la Nouvelle-Hollande, comme ils l’ont pensé, et comme M. Buckland l’a 
déjà dit, d’après un simple renseignement de M. Pentland, sur la mä- 
choire fossile d'Auvergne. 

» Malgré cette dissidence dans notre manière de voir, dissidence qui 
n’est cependant pas sans importance, aussi bien pour les principes de la 
philosophie zoologique que pour les conséquences paléontologiques que 
l'on pourrait en tirer, dans ces sortes d’ouvrages où l'imagination remplace 
Hop souvent la sévérité de l'observation, nous n’en concluons pas moins 
à ce que les actes de l'Académie soient enrichis du fait très curieux 
observé par MM. de Laizer et de Parieu, espérant que ce sera pour le pre- 
mier une invitation et un CHOSE qui auront sans doute pour 
effet de le déterminer à poursuivre les recherches de fossiles qu’il a com- 
mencées depuis si long-temps et avec tant de zèle en Auvergne, et à 
nous en faire connaître les précieux résultats.» 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


( ror4 ) 


PALÉONTOLOGIE. — Rapport en réponse à une lettre de M. le Ministre de 
lInstruction publique , concernant de nouvelles fouilles à faire dans la 
caverne à ossements de Fouvent. 


(Commissaires, MM. Duméril, Flourens, de Blainville rapporteur.) 


« M. le Ministre de l’Instruction publique, dans une lettre en date 
du 8 novembre dernier, a demandé à l’Académie son avis au sujet d’une 
proposition faite par M. le sous-préfet de Gray de lui envoyer les ossements 
fossiles qui ont été trouvés en faisant des fouilles dans la caverne de 
Fouvent-le-Bas, près la ville de Gray (Haute-Saône); et la lettre de M. le 
Ministre a été envoyée à une Commission composée de MM. Duméril, 
Flourens, de Blainville, pour proposer une réponse. 

» La grotte de Fouvent est déjà célèbre dans l’histoire de la paléonto- 
logie pour quelques ossements fossiles qui ont été décrits et figurés par 
M. G. Cuvier ; mais alors on n'avait pas fait de fouilles un peu considé- 
rables et surtout un peu méthodiques dans cette grotte. Celles commen- 
cées par M. le maire de Fouvent, par suite de l'invitation que lui en 
avait faite M. le sous-préfet de Gray, et dont celui-ci parle dans sa lettre 
au Ministre , semblent annoncer des résultats qui ne seront pas sans im- 
portance ; en effet, jusqu'ici on ne connaissait qu’un assez petit nombre 
de cavernes où avaient été enfouis à la fois des os d'Éléphants, de 
Rhinocéros, d’Aurochs avec ceux d'Hyènes, de Loups et autres car- 
nassiers, d'où l’on püût tirer quelques éléments propres à éclairer la 
question , débattue entre les géologues, de savoir si ces cavernes ont été 
remplies par un diluvium local ou général qui aurait apporté avec lui 
les ossements que leur sol renferme, ou s'ils proviennent des animaux car- 
nassiers qui S y sont retirés et de ceux qu ils y ont entrainés en tout ou en 
partie pour les dévorer. 

» Comme l'exploration de la caverne de Fouvent peut fournir quelques 
éclaircissements à ce sujet, nous proposons à l’Académie de prier M. le 
Ministre d'accepter les offres de M. le sous-préfet de Gray et d'encourager 
la continuation des fouilles commencées dans la caverne de Fouvent; mais 
en recommandant qu’elles soient faites avec les plus grandes précautions et 
en constatant soigneusement les circonstances les plus minutieuses dans 
lesquelles ces os se seront trouvés dans leurs rapports entre eux et avec le 
sol qui les renferme. En effet, si l'étude de l'ancienneté des animaux à 
la surface de la terre a besoin des restes matériels qu'ils ont pu y laisser, 


( 1015 ) 


elle n’a pas moins besoin de constater dans quelle position ils étaient, la 
profondeur absolue et relative à laquelle ils se trouvaient, leurs rapports 
entre eux ; l’état dans lequel ils étaient, entiers, fracturés, roulés ou 
même comme rongés par les dents des carnassiers ; la nature du sol qui 
les renfermait, sédimenteuse ou incrustante. Et ce sont ces renseignements 
dont la plupart ne peuvent être obtenus que sur les lieux , qui manquent 
le plus souvent aux paléontologistes, et qui sont cependant d’une haute 
importance pour donner aux éléments qu'ils fournissent aux géologues une 
valeur de quelque portée. » 
L'Académie approuve ce Rapport, qui sera transmis à M. le Ministre. 


HISTOIRE DE L'ASTRONOMIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Au. Sénior, 
sur les instruments astronomiques des Arabes. 


(Commissaires, MM. Arago et Mathieu rapporteur.) 


« L'examen approfondi de quelques manuscrits orientaux nous a déjà 
appris que les Arabes ne se sont pas bornés à conserver et à transmettre la 
science astronomique telle qu'ils l'avaient reçue des Grecs. Ils ont perfec- 
tionné les méthodes de calcul et en ont inventé de nouvelles. C’est à eux 
que l’on doit l’heureuse substitution des sinus aux cordes, et lingénieux 
emploi des tangentes dans les calculs trigonométriques. Ils ont connu la 
troisième inégalité du mouvement de la Lune, déterminée par Aboul-Wefa 
de Bagdad, six siècles avant que l’on fit honneur à Tycho-Brahé de la dé- 
couverte de cette inégalité, qui porte le nom de variation dans les tables 
modernes. 

» Les Arabes ont aussi été utiles à la science en perfectionnant les moyens 
d'observation. Mais on n'avait que des notions vagues sur leurs instru- 
ments, quand M. Sédillot père entreprit, pour les faire connaître, des re- 
cherches qui ont.été continuées par son fils. 

» La Bibliothèque Royale possède deux manuscrits arabes d’Aboul-Hhas- 
san, astronome de Maroc, qui vivait au commencement du x‘ siècle. 

» L'un, sous le n° 1147, est un traité de gnomonique où l’on trouve la 
description de tous les cadrans alors en usage ; l’autre, sous le n° 1148, 
renferme la description des instruments astronomiques de cette époque. 
Ces deux ouvrages donnent une connaissance complète des instruments 
de tous genres employés du temps d’Aboul-Hhassan. 

» La traduction du premier a été faite par M. Sédillot père et publiée 
par son fils en 1834. 

» Le Mémoire que M. Sédillot fils a présenté à l’Académie , et dont nous 


( 1016 } 


devons lui rendré compte, se compose en grande partie de la traduction 
du second manuscrit, n° 1148, d'Aboul-Hhassan , et il a spécialement pour 
objet la description des instruments astronomiques employés par les Arabes. 

» M. Sédillot ne s’est pas borné à ce manuscrit; il en a consulté plu- 
sieurs autres, qu'il cite, pour y puiser des notions nouvelles ou plus éten- 
dues sur la composition et l'usage des instruments décrits par Aboul- 
Hhassan. 

» M. Sédillot rappelle d’abord en peu de mots l'usage des cadrans dont 
la construction est exposée dans le manuscrit n° 1147, traduit par son 
pere. Il fait connaître ensuite les divers instruments employés parles 
Arabes, savoir : le quart de cercle et le demi-cercle , les instruments sphé- 
riques , les astrolabes ou planisphères ; enfin les instruments d'observation. 

» Nous ne suivrons pas l'auteur dans cette longue description; quel- 
ques remarques suffiront pour faire apprécier l'importance de son travail. 

» La plupart des auteurs arabes et persans recommandent l'emploi du 
cercle indien pour tracer la ligne méridienne. M. Sédillot en donne une 
description très détaillée d'après un manuscrit persan, n° 173, du xr° au 
xit siècle. Quelques auteurs parlent de ce cercle et de son usage sans le 
nommer ainsi. Pourquoi la dénomination de cercle indien, appliquée ordi- 
nairément à un instrument connu des Grecs du v° siècle; car il est décrit 
dans les hypotyposes de Proclus. Est-il réellement un emprunt fait aux 
Indiens ? 

» Dans le petit nombre de globes célestes, construits par les Arabes, il 
y a plus de six cents ans, et qui sont venus jusqu'à nous, celui qui a été 
communiqué à M. Sédillot par M. Jomard, se distingue des autres par des 
dénominations imusitées pour une douzaine de constellations. 

» Les astrolabes planisphères paraissent avoir été souvent construits 
avec une précision qui atteste l’habileté des Arabes et le sein qu’ils mettaient 
dans le tracé des projections dont ils avaient emprunté la théorie aux Grecs. 

» Dans l'espèce d'instruments que les Arabes comprennent sous le nom 
d'instruments d'observation se trouvaient ceux qui ont été décrits par 
Ptolémée dans son Æ/nageste. Les Arabes les ont imités en les perfection- 
nant et presque toujours en leur donnant de grandes dimensions. Parmi 
ceux qu'ils ont imaginés, nous citerons particulièrement le sextant décrit 
par M. Sédillot d’après Aboul-Hhassan. Cet instrument, destiné à mesurer 
la déclinaison du soleil , était placé verticalement dans le méridien. Il se 
composait d’un arc de 60° divisé de 6 en 6 secondes et de 40 coudées de 
de rayon, et d’un tuyau mobile autour du centre. A midi les rayons du 


{ 1017 ) 


soleil passaient par une ouverture pratiquée dans la voûte qui couvrait l’ins- 
trument, suivaient le tuyau et formaient sur la concavité du sextant une 
image circulaire dont le centre donnait sur l'arc FE le complément de 
la hauteur du soleil. 

» Cet instrument ne diffère de notre mural qu'en ce qu’il était garni 
d'un simple tuyau au lieu d’une lunette. Il suffit pour donner une idée 
de la précision que les Arabes cherchaient à obtenir dans l’observation 
des astres. 53 construction montre qu'ils connaissaient au xn° siècle l'usage 
du gnomon à trou, ce que l’on n'avait fait que supposer jusqu'à présent. 
Avant le travail de M. Sédillot, on n'avait que des notions vagues sur le 
sextant des Arabes. Ce que l’on disait des grandes dimensions de cet 
instrument était même de nature à rendre son existence problématique. Il 
est à regretter que Aboul-Hhassan ne nous dise pas où un pareil instru- 
ment a été établi et quel usage les Arabes en ont fait. 

» Le Mémoire de M. Sédillot est précédé d’une introduction où il 
résume son intéressant travail sur les instruments dés Arabes; et pour que 
l’on puisse se former une idée exacte et complète des instruments astro- 
nomiques imaginés et employés au moyen âgé et par les anciens, il com- 
mence son introduction par une histoire rapide des instruments des 
Chaldéens et des Grecs. 

» Nous proposons à l’Académie d'accorder son approbation au travail 
de M. Sédillot et de l’encourager à continuer des recherches qui déjà l'ont 
conduit à de si remarquables résultats. » 


Ces conclusions sont adoptées. 


BOTANIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Gaspanrinr Concernant 
l’Acacia farnesiana. 


(Commissaires, MM. Richard, A. de Jussieu rapporteur.) 


« L'Académie nous a chargés, M. Richard et moi, de lui rendre compte 
d'un Mémoire de M. Guillaume Gasparrini, ayant pour titre : Descrip- 
tion d'un nouveau genre de la famille des Légumineuses. 

» Ce nouveau genre, que l’auteur nomme Farnesia, est établi aux dépens 
de l’Acacia farnesiana, W., que distingue de ses congénères un fruit 
indéhiscent , séparé en plusieurs loges, où sont contenues autant de grai- 
nes. Déjà, et à peu pres d’après les mêmes considérations, M. Walker- 
Arnott, dans le Prodrome de la péninsule des Indes-Orientales, publié 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 24) 137 


( 1018 ) 


en 1834, avait proposé le même genre sous le nom de Vachelia. 
M. Gasparrini se trouve donc avoir été devancé, et ilne nous reste plus 
qu'à signaler ce qu'il peut avoir ajouté aux connaissances résultant du 
travail de M. Arnott. Celui-ci décrit le fruit comme un légume cylin- 
drique, renflé, à peine déhiscent, rempli de pulpe et de graines sur un 
double rang. Ce même fruit, suivant la description plus complète de 
M. Gasparrini, est un légume indéhiscent, fusiforme, renflé de distance 
en distance, et inégalement à cause de l'avortement de plusieurs graines; 
d’abord rempli par une pulpe spongieuse, plus tard creusé de plusieurs 
cellules qui résultent de cloisons formées par l’endocarpe réfléchi. C’est 
en effet la structure du fruit de l'4. farnesiana ainsi que nous l’avons 
vérifié. Mais M. Gasparrini nous paraît avoir trop insisté sur la différence 
de cette gousse indéhiscente, avec celle des autres légumineuses, et sur 
l'importance de ce nouveau genre qui lierait les mimosées aux cassiées, 
d’après ce qu’il ajoute dans la lettre jointe à son Mémoire. En effet, la 
gousse de l'4. farnesiana présente dans sa longueur des lignes de déhis- 
cence tout-à-fait semblables à celles des autres légumineuses, seulement 
elles sont plus superficielles et ne pénètrent pas toute l'épaisseur du 
péricarpe. Les diaphragmes obliques, irréguliers, minces et présque 
membraneux, ne peuvent être comparés aux cloisons ligneuses qui 
divisent si régulièrement le fruit de certaines casses, où l’intérieur des 
loges est d’ailleurs garni d’une pulpe épaisse, dont la couche la plus in- 
terne, lisse autour de la graine, forme en quelque sorte une enveloppe 
accessoire de l’endocarpe. 

» Il est à regretter enfin que dans un genre si naturel et dont les espèces 
sont si nombreuses, la séparation générique de l’une d’elles ne soit fondée 
que sur un seul caractère et dans une espèce unique. M. de Candolle, au 
reste, avait signalé quelques différences entre la germination de cette 
même plante et celle de ses congénères , ce qui viendrait à l'appui de 
l'opinion de MM. Arnott et Gasparrini. » 


( aorg ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


ÉCONOMIE RURALE. — De l'influence de la nourriture des vaches sur 
la quantité et la constitution chimique du lait ; par MM. Boussiveaur et 
LE Bec. ( Extrait.) | 


(Commissaires, MM. Thénard, Dutrochet, Turpin. ) 


« Les expériences qui font le sujet de ce Mémoire ont été entreprises dans 
la vue de constater si les aliments consommés par les vaches influent d’une 
manière appréciable sur la production du lait et sur sa composition chimique. 

» Les opinions des agronomes, relatives à cette question, sont des plus 
diverses, et en les discutant on s'aperçoit aisément que le plus souvent 
ces opinions sont fondées sur des observations imparfaites. Par exemple, 
dans les recherches de ce genre, on s’est presque généralement borné à 
jauger le-lait, sans chercher à tenir compte des changements qui pou- 
vaient subvenir dans sa constitution. Cela est si vrai, que nous ne pos- 
sédons pas une analyse complète du lait de vache. 

» Nos recherches ayant été dirigées dans un but purement pratique, 
et particulièrement pour le cas du domaine que nous exploitons, nous 
nous sommes limités à étudier l'influence des fourrages que nous donnons 
ordinairement aux vaches. 

» Dans les observations dont le tableau ci-après offre le résumé, on voit 
que la quantité de lait rendu par les vaches à progressivement diminué. 
Cette diminution ne saurait être attribuée au régime, puisque, en remet- 
tant les vaches aux aliments qui leur avaient été donnés précédemment, on 
n’en obtenait plus le lait qui avait été recueilli d’abord sous leur influence ; 
la diminution continuait. 

» L'éloignement de l’époque à laquelle la vache à vélé, paraît être la 
cause dominante de la décroissance du lait. Cette cause est tellement pro- 
noncée, qu'elle peut masquer l'influence que pourrait exercer la nature des 
aliments......... En définitive, ce travail nous permet d'établir que la 
nature des aliments consommés n’exerce pas une influence bien sensible 
sur la quantité et la constitution chimique du lait (nous ne disons pas sur 
sa qualité), si les vaches reçoivent les équivalents nutritifs de ces différents 
aliments. Il est bien évident que si le poids des rations n’était pas calculé 
d’après celui des équivalents , on observerait de grandes variations dans le 
produit en lait; mais alors ces variations auraient pour cause principale 
l'augmentation ou la diminution de la matière nutritive. On sait, par exem- 
ple , que les vaches qui , pendant l'hiver, sont réduites à une simple ration 

137. 


JOURS MATIÈRES 


écoules 


renduen équivalents à 15 kilograms. 
depuisle dans 1001 Re M, 


part 


( 1020 }) 
de paille hachée, cessent presque entièrement de produire, et ne revien- 
nent que difficilement à leur ancien taux de production; ün comprend 
qu’en présence d’un tel fait on ait été porté à attribuer exclusivement le 
retour et l'abondance du lait aux propriétés des fourrages verts du prin- 
temps, tandis que cet effet est en grande partie produit par une augmen- 
tation réelle dans la ration alimentaire. 

» Dans les établissements où l’on suit un système d’assolements raisonné , 
de manière à assurer pour l'hiver une nourriture saine et abondante au 
bétail , la différence, s’il en existe, des produits de l'hiver à ceux de l'été, 
est en tous cas beaucoup moins considérable. C’est ce qui résulte des expé- 
riences faites pendant une année sur huit vaches continuellement en rap- 
port et nourries avec une grande variété d’aliments....... » 


LAIT = ALIMENTS REÇUS 
solides 


COMPOSITION DU LAIT. 
REMARQUES. 


24heures de foin. 


de Lait. sucre de 


nt] sels. | eau. 


caséum.| beurre. 


a ed nt 
1re SÉRIE D'EXPÉRIENCES. 


litres Vache du pays. 


5,0* Pommes de terre, foin. 
né pas été traite. 
12,0 
5,6 
6,0 
5,6 Betteraves . .…., 
5,0 Pommes de terre... 
3,6 
3,4 


Et) Topinambours 


Lait pris aussitôt après le part. 


739 : La vache depuis 43 jours n'avait 


2,8 Foin et tourteau ..,,.. 


Pommes de terre, foih. 
Foin; trèfle vert. ;,... 


Trèfle Verts sd ss et cité 


Trèfle en fleur 


* Ce lait s’est coagulé à la manière de l’albumine; néanmoins le caséum obtenu 
retiré des autres échantillons de lait. 
Les analyses ont ‘été faites par le procédé que M. Péligot a suivi dans l'examen du lait d’ânesse. 


La ration étant 1 1/2 équival. 


22 SÉRIE D'EXPÉRIENCES. 
Vache suisse. 


ne différait en rien du Caséum 


{ so21 ) 


.M. Bnrocenrenr adresse des échantillons de la matière colorante du bois 
de Campéche , extraite par un procédé qui lui est propre. 


(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze. ) 


CORRESPONDANCE. 


ZooLocre.— Observations sur le cygne de Bewick. — Lettre de M. BaïLLon 
à M. de Blainville. (Abbeville, octobre 1838.) 


« Je vous, enverrai demain un cygne pris vivant l'hiver dernier , et 
mort de misère dans une maison de campagne de nos environs. C’est 
un oiseau rare dont vous n’avez au Muséum ni le squelette ni la trachée- 
artère , aussi j'espère bien qu'il vous fera plaisir. 

» Ce cygne, décrit en 1830 par M. Yarrell, sous le nom de Cygnus 
Bewickii, n'avait pas reparu depuis, et je le crois plutôt américain 
qu'européen. 

» Pendant que M. Yarrell le décrivait à Londres ; je le trouvais ici, et 
vous pouvez voir dans les galeries, un bel individu femelle que jy ai 
envoyé ( en 1830. Cette espèce paraît être fort rare, du moins'en Europe, 
et dans l'énorme quantité de cygnes sauvages que l’hiver dernier nous 
a amenés, on n'a vu qu'excessivement peu de cygnes Bewick. M. Tem- 
minck m’a dernièrement mandé que, malgré toutes ses recherches, il 
n'était pas parvenu à s’en procurer un seul dans toute la Hollande, et 
dans le moment où il y avait tant de cygnes sauvages. 


» Dans les trois individus que j'ai disséqués, tant l’hiver dernier qu’en 
1830, je n’ai pas trouvé la cavité de la crête sternale conformée comme 
l'indique M. Yarrell. Je n’ai pas non plus trouvé semblable la position 
de la trachée-artère dans cette cavité, et je suis convaincu que cette 
forme, dont M. Yarrell à fait le principal caractère spécifique pour dis- 
tinguer cette espèce , tenait seulement à l'individu qu'il a disséqué, et 
nullement à l'espèce ; je suis d’autant plus persuadé de cette vérité, que 
dans le grand nombre de cygnes (Anas cygnus) que j'ai ouverts cette 
année, et Jen ai ouvert plus de 5o, j'ai trouvé deux individus qui 
avaient cette cavité conformée comme l'indique M. Yarrell, et quelques 
autres qui avaient une forme approchante de celle-ci; mais dans aucun 
de ces cygnes je n’ai trouvé la trachée-artère dans la position indiquée 


( 1022 ) 


par M. Yarrell ; la courbure de cette trachée-artère restait toujours dans 
cette cavité sternale, dans une position verticale, et je ne l'ai jamais 
vue, comme l'indique M. Yarrell, pour son cygne de Bewick, dans une po- 
sition horizontale. 

» Dans les deux individus dont je vous ai parlé plus haut, qui avaient la 
cavité conformée comme le cygne Bewick disséqué par M. Yarrel, l’extré- 
mité de cette cavité restait vide, la trachée-artère n’allant pas jusqu’au 
bout (c’est ce que j'ai également trouvé, dans l’individu du €. Bewickü , 
envoyé par M. Baillon); cette différence observée sur ces deux cygnes, est 
la même observée par M. Yarrell sur sa nouvelle espece. Ne tiendrait- 
elle pas à la saison des amours? Dans certaines espèces la trachée-artère 
s’allonge dans cette saison; elle forme même une courburé remarquable 
chez les Spatules. Quelque chose d'à peu près semblable n’aurait-il pas 
lieu chez les cygnes, et la trachée-artère s’allongeant et ne trouvant pas 
de place pour se loger dans la cavité où elle se trouve placée, n’écarterait- 
elle pas les deux lames de l'os sternal pour prolonger cette cavité et 
avoir place à se loger ? Le cygne de Bewick disséqué par M. Yarrell aurait été 
alors dans l’état où il devait se trouver dans la saison des amours, et ce 
qui me porterait à penser cela, c'est que les individus où j'ai vu cette 
même différence étaient femelles et que l'influence de la saison des amours 
se fait sentir plutôt chez les femelles que chez les mâles. 

» Le cygne que je vous envoie n’en est pas moins une espèce, et il dif- 
fère de l'autre par un caractère anatomique bien. prononcé : la forme des 
bronches. Elles sont deux fois plus courtes que celles du cygne sauvage 
ordinaire, et elles sont aussi d’une autre forme. Vous devez avoir dans 
vos galeries plusieurs trachée-artères bien complètes de cygnes sauvages 
que j'y ai envoyées, et je vous engage à les comparer avec celle du 
cygne que je vous envoie aujourd'hui. Vous verrez la différence et vous 
serez convaincu que ce cygne forme bien une espèce distincte des deux 
autres. » 


Remarques de M. ne Brarnvisce à l'occasion de la lettre précédente. 


« Cette observation curieuse de M. Baillon vient à l'appui de la thèse 
importante soutenue d’une manière aussi profonde qu’éloquente par 
Buffon, que c'est dans la faculté de pouvoir reproduire des individus sem- 
blables que réside l'essence de l'espèce dans les corps organisés, d’où 
Von à pu conclure que l'appareil de la génération, principalement dans ses 


( 1023 ) 

parties empruntées à ceux de la vie animale, et surtout dans les organes qui 
sont pour ainsi dire, les pavillons, les signaux de cette fonction sont 
ceux dont les différentielles constituent les caractères spécifiques les plus 
certains, en même temps qu'ils sont les plus faciles à apprécier. Tels 
sont les organes de la voix et la voix elle-même, les livrées d’amours, soit 
dans la couleur, soit dans les poils ou plumes elles-mêmes , les armes, 
les cryptes, dont certaines parties du corps sont pourvues. 

» On savait bien que le larynx chez certains mammiféres et chez l'homme 
lui-même, présente des différences notables suivant les sexes et suivant 
l’époque plus ou moins éloignée des amours, d’où les changements 
notables dans la voix. On connaissait des mammifères chez lesquels le 
larynx éprouve chez les mâles une sorte de modification fluxionnaire, à 
l’époque du rut; mais avant d'admettre qu'à cette même époque, la tra- 
chée-artère de certains oiseaux éprouve dans l'étendue de la membrane 
inter-annulaire, car ce ne peut être dans le nombre des anneaux, un 
allongement et ensuite un raccourcissement aussi considérable que celui 
indiqué par M. Baillon dans la Spatule , et certaines espèces de cygnes 
sauvages, il faut encore en appeler à l'expérience pour avoir la confirma- 
tion de ces faits. C’est aux ornithologistes nombreux et bons observateurs 
que la France possède dans la plupart de ses provinces, qu’il faut se borner 
à annoncer le fait à constater : c’est le moment, puisque bientôt à mesure 
que le froid commencera à se faire sentir dans les contrées boréales, les 
cygnes arriveront en quantité plus ou moins considérable, d’abord à 
lembouchure de nos grandes rivières dans la Manche, d’où ensuite ils 
interneront peu à peu. 

» Seulement il est important que les observateurs soient avertis, s'ils 
ne le sont pas déjà, ce qui est peu probable , que les ornithologistes sys- 
tématistes, et entre autres M. Yarell, ont augmenté assez notablement le 
nombre des espèces de cygnes, et cela d’après des caractères fixes. En 
effet, aujourd’hui, sont distinguées d’une manière certaine, provenant de 
l'hémisphère boréal, et par conséquent pouvant nous arriver bientôt, les 
espèces suivantes : 

» 1°. Le CYGNE DOMESTIQUE, tuberculé , ou à bec rouge, Anas olor, Lin., 
C. mansuetus, Willughby et Ray, et C. gibbus , Bechstein, etc. Aisé à 
reconnaître par le tubercule charnu qu’il a à la base du bec et la cou- 
leur en grande partie rougeätre de celui-ci; mais surtout parce que la 
trachée-artère est toujours droite et sans courbure aucune, et par consé- 
quent le sternum sans enfoncement pour la loger, et que les bronches 


( 1024 ) 
sont courtes et coniques; le cartilage terminal de la trachée très oblique à 
son bord postérieur. 

» La patrie de cette espèce, à l’état sauvage, n’est pas encore hors de 
doute. M. Temminck dit qu'elle vient des mers de l’intérieur de l'Europe 
orientale ; mais en réfléchissant que le cygne ne paraît pas avoir été do- 
mestique chez les anciens, et que c’est dans les contrées septentrionales, 
en Pologne, que l’on trouve pour la première fois la distinction du cygné 
domestique et du cygne sauvage, il était probable que le premier devait 
en provenir également, d'autant plus que les individus tués en France 
l'avaient été au milieu de bandes du cygne sans tubercules. M. Nilssori 
nous apprend en effet que le cygne tuberculé habite les rivages de la 
Suède méridionale, mais qu'il vient à l'automne en quantité immense sur 
les bords de la mer en Scanie, et que le droit de le chasser est réservé au 
gouverneur de la province. Mais dans aucun lieu de Suède, il ne niche 
à l’état sauvage; ainsi il vient de plus haut, peut-être de la mer Blanche 
et des rivages de la mer Glaciale. 

» M. Nordman nous a assuré que ce cygne et le cygne sauvage pro- 
prement dit, arrivent à la mer Noire au mois de février, sans doute au 
retour. 

» Le C. INvARIABLE, C. immutabilis , Yarell, Proced. zool. Soc., 1838, 
signalé tout dernièrement par M. Yarell pour un cygne que les marchands 
d'oiseaux de Londres font venir de la Baltique, et qu’ils nomment Polar 
swan; ayant été vu en bandes l'hiver dernier, sur la côte N.-E. de l’An- 
gleterre, depuis Édimbourg jusqu’à l'embouchure de la Tamise; tout sem- 
blable au cygne domestique ordinaire dont il ne diffère que parce que les 
pieds sont gnis et le plumage entièrement blanc à tout àge, tandis que dans 
l_4. olor, les adultes ont les pieds noirs et que les jeunes sont deux ans 
d'un gris noirâtre. 

» La trachée-artère et les bronches de cette espèce ne nous sont pas 
connues, non plus que son sternum ni son crâne. 


» Serait-ce par hasard 4. olor sauvage? 

» Le C.sauvacr,leC. à bec noir, le Aooperdes Anglais, Anas cygnus ,Linn. 
C. ferus ; Willughby et Ray. — C. melanorhynchus, Meyer, ou C. musicus 
(Bechst.), facile à distinguer du C. domestique par l’absence de tubercule à la 
racine du bec, qui est presque tout noir, si ce n’est à la base, et surtout 
parce que la trachée-artère , à un certain àge dans le mäle comme dans la 
femelle, forme un repli plus ou moins considérable qui s'enfonce dans une 


( 1025 ) 


excavation proportionnelle du sternum, et que les bronches sont bien 
plus longues que dans le C. domestique, de forme cylindrique , avec un 
petit renflement à leur pénétration dans le poumon. 

» La femelle a les bronches plus longues que le mâle. 

» Le cartilage terminal de la trachée a son bord postérieur vertical. 

» On sait, à n’en pas douter, qu’il est commun aux deux continents, et 
qu’il habite les bords de la mer au cercle polaire. M. Gaimard l’a rapporté 
d'Islande , où l’on sait qu’il niche, et qu’il ne quitte que dans les hivers ex- 
trêémement rigoureux. M. Temminck le cite au Japon. 

» Le C. pe Bewicx, C. Bewickü, de M. Yarell, 7rans. Linn. Soc. Ce 
Cygne, envoyé dès 1830 à notre Muséum par M. Baillon, a été distingué par 
M. Yarell du C. sauvage ordinaire, avec lequel il était confondu, parce que 
le bec est d’un jaune pâle, et surtout parce que la trachée-artère formant 
un long coude caché dans le sternum , se divise en bronches encore plus 
courtes et plus renflées en fuseau que dans le C. domestique ordinaire. Le 
cartilage trachéen terminal est assez petit, et son bord postérieur est assez 
peu oblique. 

» M. Yarell insiste encore sur la disposition du repli de la trachée-ar- 
tère, qui d’abord vertical, deviendrait horizontal à l'endroit du coude; 
mais M. Baillon pense, ce nous semble avec raison, que cette disposition, 
observée par M. Yarell, était individuelle. En effet, il l’a observée sur deux 
individus du C. sauvage ordinaire, tandis qu’il ne l’a pas trouvée dans les 
C. de Bewick qu’il à ouverts, et sur l'individu qu’il a envoyé au Mu- 
séum et.que j'ai disséqué, le repli de la trachée était entièrement vertical 
dans ses deux branches, mais il était assez loin d'atteindre l’extrémité de 
la cavité qui en effet devenait horizontale à sa terminaison. 

» On assure que le C. de Bewick est également originaire des rivages 
du cercle polaire dans les deux continents : mais il faut qu’il vienne plus 
rarement chez nous. En effet, le petit nombre d'individus obtenus en 

France ont été tués au milieu de bandes de cygnes sauvages ordinaires. 

» Je suis à peu près certain que cette espèce n’est autre chose que 
le Cygne chanteur observé à Chantilly, chez M. le prince de Condé, 
par feu notre savant et excellent confrère M. Mongès, et sur lequel il a 
publié un fort bon Mémoire que l’on cite généralement assez peu et que 
cependant, dans une édition de Pline, faisant partie des classiques latins, 
on, copie tout entier et en l'attribuant à Mauduyt, sans doute parce 
que celui-ci l’avait lui-même copié. Il serait important de s'assurer si en 
effet le C. de Bewick n'aurait pas la voix plus forte que les autres. 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° 24.) 138 


( 1026 ) 


» Nous n'en evnnaissons encore complétement que des individus fe- 
inelles. 

» Le €. Tromperre ,C. Buccinator de Richardson; des contrées bo- 
réales de l'Amérique du Nord. Il se distingue à l'extérieur par un bec plus 
fort, plus déprimé et en plus grande partie noir que dans l’4. cygnus, et 
à l’intérieur parce que le double pli de la trachée, au lieu de s’étaler à l'ex- 
trémité lorsqu'il devient pour ainsi dire trop long pour la crète sternale, 
forme un coude dans le même plan vertical à la sortie de la loge sternale, 
repli qui, soulevant la table de l'os en dessus, y produit une sorte de bosse. 
Les bronches sont du reste assez bien comme dans le C: sauvage de Bewick. 

» Cette espèce, de l'Amérique septentrionale exclusivement, a reçu son 
nom de la force de sa voix. On le trouve jusqu'a Terre-Neuve. Nous n’en 
avons vu que des peaux montées , et ce cygne ne s’est pas encore égaré 
dans nos pays d'Europe. 

» C’est ce que nous devons encore moins espérer pour les deux seules 
espèces qui se trouvent dans les mers antarctiques, mais qu’il faut signaler 
aux voyageurs. Ce sont, savoir: 

» Le C. noir, À. atrata Lath. ou Plutonia (Shaw ), que nous avons vu 
vivant à Paris, rapporté de la Nouvelle-Hollande par Péron et Lesueur , 
et qui avec le bec rouge garni à sa base , dans le mâle, de deux tubercules, 
offre un plumage entièrement noir, sauf les six premières pennes de l'aile 
qui sont blanches. 

» Sa trachée-artère, que nous possédons, est du reste toute droite, 
comme dans nôtre cygne domestique; mais les bronches sont beaucoup 
plus longues dans le mâle que dans la femelle, et toujours sans ren- 
flement. 

» Le €. À TÊTE ET cor noms, 4. melanocephala ou nigricollis des riva- 
ges oriental et occidental de l'extrémité australe d'Amérique; son bec est 
rouge de sang dans sa moitié antérieure, plus noirâtre dans le reste, avec 
un tubercule à la base ; le plumage blanc, sauf la tête et le col qui sont norrs. 

» Quoique connu depuis le voyage de Bougainville, en 1770, et assez com- 
mun dans nos collections, nous ne possédons de l’organisation de ce cygne 
qu’un fort beau squelette que nous devons à notre confrère M. Gaudichaud. 
Le crâne et le sternum indiquent une espèce bien distincte. Comme dans les 
cygnes caronculés cet os n’est pas creusé pour recevoir la trachée-artère. 

» Quant au Cygne anatoïde ou Coscoroba de Molina, il nous semble que 
c'est plutôt un canard qu’un cygne proprement dit. Au reste, nous ne 
connaissons rien de son organisation; il est entièrement blanc. » 


( 1027 ) 


ParéonToLoGiE. — Ossements fossiles découverts dans Paris. 


M: B: Daeressenr communique:une Note de M. Bzconvez, membre de la 
Commission des hospices, concernant la découverte d’ossements fossiles, 
qui vient d’être faite dans un terrain dépendant de l’hôpital Necker (rue 
dé Sèvres). 

Ce terrain qui était jusqu'à présent cultivé, et dont on va faire un pro- 
menoir pour les malades, a offert au-dessous d’une: couche de terre vé- 
gétale épaisse de deux pieds environ, une couche de sable fin, dont 
Pépaisseur paraît très grande; c’est en creusant dans ce sable qu’on a 
trouvé, à 14 ou 15 pieds de la surface, une masse assez grosse qui s’est 
détachée par morceaux quand on à voulu l'enlever. Cette masse se com- 
pose en grande partie d’ossements fossiles qui seront soumis à l'examen de 
l'Académie. Le trou creusé doit servir momentanément de puisard et être 
revêtu de pierres; mais comme cette mâçonnerie opposera un obstacle. à 
la continuation des fouilles , on n’a pas voulu la commenceravant de savoir 
si l'Académie jugérait utile de faire explorer plus complétement ce terrain. 

M. de Blainville est prié de se transporter sur les lieux pour juger s'il 
ÿ aurait opportunité à faire faire de nouvelles fouilles. 


Crimie ApPLiQuÉe. — ÎVote sur un échantillon d'indigo du Polygonum 
tinctorium , présenté par M, L. Vicuorin. 


Cet:Indigo a été obtenu.en traitant, par le protoxide de.fer, les pré- 
cipités ou pâtes encore humides, hs de traitements, soit à.la chaux, 
soit à l’acide sulfurique: 

Dans un vase plus profond. que Lisa on fait. un. mélange de dix, à 
douze parties de ces pâtes, deux, parties.de protosulfate de fer, trois 
païties de chaux. fraichement éteinte et deux cents parties d’eau. Au bout 
de vingt-quatre heures. on peut décanter le liquide surnageant qui est par- 
faitement limpide, et qui contient l’indigo réduit; en agitant ce liquide au 
contact, de l'air, l’indigos’oxide rapidement et, ne tarde pas à précipiter. 
On le recueille alors sur un filtre. On le lave avec l’acide chlorhydrique 
très étendu, pour le débarrasser du carbonate de chaux qui s’est précipité 
avec lui et; on le sèche à une chaleur douce. 

« N'ayant essayé ce procédé qu’à la fin de la saison, je n'ai pu, dit l'au- 
teur de la:Note, répéter les expériences nécessaires pour juger s’il serait 


applicable en grand; je ne le présente donc pas comme un procédé, de 
138. 


( 1028 ) 


fabrique, mais comme le seul par lequel j'aie obtenu jusqu'ici de bel 
indigo. » 

Après la lecture de cette Lettre, M. Cuevreur fait les remarques sui- 
vantes : 

« Il résulte, dit-il, des essais nombreux auxquels M. Vilmorin fils 
s’est livré, que les procédés des colonies pour l'extraction de lindigo, ap- 
pliqués avec ou sans modifications à l'extraction de l’indigo du Polygonum 
tinctorium cultivé dansles terrains d’essais de M. Vilmorin pere, à Verrières, 
n’ont donné aucun produit susceptible d’entrer en concurrence commer- 
ciale avec les indigos des colonies. Cette infériorité de qualité ayant obligé 
M. Vilmorin fils de recourir à un procédé de purification, il est évident 
que, toutes choses égales d’ailleurs, les frais de préparation de l'Indigo 
du Polygonum sont plus élevés que ceux de la préparation de l’Indigo des 
colonies , puisque celle-ci n'exige pas l'opération additionnelle de la pu- 
rification. Cette conséquence qui découle des essais précédents, se trou- 
vant pleinement justifiée par l'examen que M. Chevreul à fait d’un assez 
grand nombre d'échantillons d’Indigo du Polygonum préparés en France 
par différentes personnes qui ont toujours suivi des procédés plus ou 
moins analogues à ceux des colonies, M. Chevreul en conclut que dans 
l'ignorance où nous sommes encore d’un procédé au moyen duquel on puisse 
extraire en France l'indigo du Porxconux d'une manière aussi sûre et 
aussi économique qu'on extrait l'Indigo des plantes indigofères cultivées 
dans les colonies , il est nécessaire pour prononcer sur les avantages de la 
culture du Polygonum en France comme plante indigofère , de connaître 
non-seulement la proportion où s’y trouve l'indigotine ( proportion certaine- 
ment plus grande que celle de l'indigotine contenue dans le pastel), mais 
encore un mode d'extraction du principe tinctorial qui soit susceptible d'être 
pratiqué en grand avec précision et économie. 

» En définitive , ajoute M. Chevreul, si la question de la culture du Po- 
lygonum en France est résolue, la question industrielle concernant l’ex- 
traction de son principe tinctorial ne l’est pas encore; c’est ce que ne 
doivent point perdre de vue, dans leur propre intérêt, ceux qui voudront 
se livrer à sa culture. » 


M. Drerrepare demande à retirer un Mémoire sur l’origine de la craie 
qu'il avait présenté à une des précédentes séances. 

Ce Mémoire n’ayant pas encore été l’objet d’un rapport sera remis à 
l'auteur. 


( 1629 ) 
M. Denisarr demande qu'il soit fait un rapport sur un système d'écriture 
sténographique de son invention ; ce sujet n’étant pas de ceux dont s’occupe 
l’Académie, il n’est pas nommé de Commission. 


M. Boucuacourr adresse un paquet cacheté qu’il annonce renfermer l’ex- 
position d’un nouveau procédé de compression applicable à plusieurs 
maladies chirurgicales. 


Ce dépôt est accepté. 


La séance est levée à 5 heures. F. 


\ 


Erratum. (Séance du 26 novembre.) 


Pase 930, ligne8 , ajoutez le nom de M. Becquerel à ceux des nouveaux Commissaires 
désignés pour l’examen du Mémoire de M. TaBarlé, concernant 
les effets qu’exercent sur l’économie animale des variations dans 
la pression atmosphérique, 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 
Ç es : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 25, in-4°. 

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
des Sciences, Table des matières du 1“ semestre 1838, in-4°. 

Des Fièvres typhoïdes et du Typhus, histoire et description de ces af- 
Jections, analogies et différences qui existent entre elles; par M. MowrautT; 
Paris, 1838, in-4°. 

Annales maritimes et coloniales; 25° année , novembre 1838, in-8°. 


( 1030 ) 

Nouveaux problèmes de Physique ; par M. E: Barv; Paris, 1858} in-8°. 

Essai sur l Anthropo:Tawidermie , ou sur l'applivationà l'espèce humaine 
des principes de l'Empaillage} par M: Marnras Mayor; Paris, 1838, in-8°. 

Éducation de vers à soie faite en 1838 à la magnanerie modèle de 
Poitiers; par MM. Miier et Rover; Paris, 1838, in-8°. 

Répertoire dé” Chimie sciéntifique et industrielle; tome 5, nov. 1838, 
in-8°. 

Académie royale de Bruxelles. — Bulletin de la séance du G octob. 1858, 
n° 9, in-8°. 

Proceedings. ... Procès-verbaux de la Société royale de Londres; n° 54, 
21 juin 1838, in-8°. 

The London.... Magasin philosophique de Londres et d'Édimbourg ; 
novembre 1838, in-6°. 

The Athenœum, journal; novembre 1838, in-4°. 

Lethæa geognostica ; feuilles 61 à 84, 2° vol., in-8?. 

Bericht uber die.... Analyse des Mémoires lus à l'Académie des 
sciences de Berlin, et destinés à la publication; octobre 1858, in-8°. 

Trattato del... Traité.dw Pied considéré dans les animaux domes- 
tiques; par M: Girann; traduit en italien par M! Cn. Cros; Milan, 1638, 
in-8°. 

Della conformazione.... De la conformation extérieure du Cheval et 
des principales maladies auxquelles il est sujet; par M. J. Cros; Milan, 
1824, in-12. 

Gazette médicale de Paris ; tome 6, n° 49. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n° 142—144. 

La France industrielle ; 5° année, n° 72 et 73. 

Journal des Connaissances médico-chirurgicales; n° 6, décembre 1838, 
in-8°. 

L'Expérience , journal; n° 75. 

Athénée royal. — Programme de l’année 1839. 


RTE ee 


COMPTE RENDU 
DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 17 DÉCEMBRE 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE .L'ACADÉMIE. 


EMBRYOLOGIE. — Remarques de M. :Bnescuer sur la communication faite 
à la séance précédente par M. Serres, concernant ile développement 
de l'amnios chez l’homme. 


son développement, s’enfonçait de plus en plus dans l’amnios, qui se res- 
C. R, 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° 25.) 139 


( 1032 ) 


serrait sur lui, se réfléchissait sur le cordon ombilical où il présentait 
d’abord des ampoules contenant une partie de l'intestin, et qu'il se réflé- 
chissait ensuite pour se mettre en rapport plus ou moins immédiatement 
avec le chorion. Pour moi l'amnios est un sac sans ouverture comparable 
aux membranes séreuses dont une partie couvre l'embryon sans le con- 
tenir dans sa propre cavité. 

» Je ne chercherai pas à discuter si cette opinion avait été soutenue 
bien avant moi, et par des anatomistes allemands et des anatomistes 
français, parce qu’il s’agit ici simplement de prouver que mon opinion à 
été exposée dans mes ouvrages d’une manière claire et suffisamment expli- 
cite, bien avant la communication que M. Serres vient de faire à VAca- 
démie. Si cet honorable confrère ne m'avait pas cité, j'aurais pensé qu'il 
ne connaissait pas mes travaux, mais comme il me cite inexactement, je 
crois devoir déclarer que M. Serres m'a mal compris et je me borne, 
devant l’Académie, à cette simple observation, sans embarrasser ma dé- 
claration de citations étrangères au point en litige, et de lois sur l'évo- 
lution organique, qui n’appartiennent pas à la question présente. 

» Je regrette que le passage dans lequel je suis cité par M. Serres, con- 
curremment avec MM. Weber et Velpeau, ait été littéralement emprunté 
à l'ouvrage de Burdach, ainsi que les autres parties d’érudition de sa 
Note (1), car s'il avait voulu remonter aux sources , il aurait reconnu 
que mon opinion est exposée de manière à ne laisser aucun doute dans 
l'esprit du lecteur. 

» L’amnios développé est, comme toutes les membranes séreuses, une 
vésicule formée de deux moitiés (2). Voilà ma pensée rendue par Burdach, 
mais à une époque bien postérieure à celle de la publication de mes Mé- 
moires, et cette opinion est précisément celle que M. Serres adopte et 
expose dans sa Note des Comptes rendus. 

» Je renverrai les lecteurs qui voudront examiner de plus près les 
pièces de cette petite contestation aux Observations sur l'exfoliation de 
l'épiderme de l'embryon des mammifères, appliquées à la connaissance 
des métamorphoses des insectes, par le professeur de Baër, publiées par 
G. Breschet, dans les {nnales d'Histoire naturelle. — Janvier 1833. 

» M. de Baer dit dans cet opuscule qu'il se fait, après la naissance, une 
desquammation de l’épiderme primitif par lambeaux considérables. Je 


(1) Poyez art. 11, p. 450 = 451 et suiv. du tom. [II de la Physiologie de Burdach. 
(2) Physiologie de Burdach, tow. III, p. 452. — Développement du feuillet séreux. 


( 1033 ) 


combats l'opinion du professeur de Kœænigsberg, en disant qu’il est daris 
l'erreur; ces écailles ou ces lames épidermiques appartiennent à l’amnios 
qui recouvre le corps du fœtus. Au-dessous de cette espèce de robe amnio- 
tique on découvre l’épiderme parfaitement intact. (7% oyez page 7 du Mé- 
moire. ) 

» J'ai fait à l’hospice des Enfants-Trouvés, de nombreuses observations 
sur cette prétendue exfoliation de l'épiderme de l'enfant nouveau-né , et 
l'étude simultanée de l'embryon et celle de l’enfant du premier âge, me 
firent promptement reconnaître que l'épiderme était complétement étran- 
ger à cette exfoliation. 

» Sur les fœtus de mammifères , suivant qu'ils naissent glabres ou que 
leur pelage commence à paraitre dans le sein maternel, on verra l’exfo- 
lation de ce prétendu épiderme se faire après la naissance ou pendant la 
vie intra-utérine. 

» Si M. de Baër avait fait ses recherches sur des fœtus très jeunes, il au- 
rait facilement et distinctement reconnu que cette enveloppe immédiate 
du fœtus se porte sur le cordon ombilical, et y forme des renflements qui 
contiennent des portions d’intestin. 

» Sur des fœtus de cochon, sur des fœtus d’autres mammifères, et sur 
des fœtus humains, j'ai trouvé de la sérosité entre le corps du fœtus et le 
prétendu épiderme. Cette disposition se voyait sur toute la surface du 
corps du fœtus de cochon; mais sur des fœtus humains et sur ceux de 50o- 
lipèdes, c'était principalement à l'extrémité des membres que je rencon- 
trais ce liquide, entre la surface de la peau et le prétendu épiderme, qui 
est, selon moi, le véritable amnios. Enfin, dans les naissances Prématurées, 
la membrane qui se détache facilement du corps de l'enfant n’est pas l’é- 
piderme, comme le croient les accoucheurs et comme le disent les mé- 
decins légistes, mais l'amnios. 

» Cet extrait des notes que j'ai ajoutées à la traduction du Mémoire de 
M. de Baër, suffira pour démontrer que je n’ai pas seulement vu des em- 
bryons humains qui n'étaient qu'à moitié plongés dans l'amnios (1). Une 
enveloppe qu’on trouve sur tous les points du corps, et que de savants 
anatomistes confondent avec l’'épiderme, n’est Pas un sac large dans lequel 
le corps n’est qu’en partie engagé. 

» Si l’on veut examiner les planches de mon Mémoire intitulé : Études 
de l'œuf dans l'espèce humaine (Mémoires de l’Académie royale de Méde- 

= 

(1) Voyez le Mémoire de M. Serres, p. 998 des Comptes rendus, etc. t. VII, n° 24. 

130. 


(1034 ) 
cine, {. IL), on verra, d’éprès la planche IV, fig. 1, n°3; fig. 6,n°2; pl. VI, 
fig. 2, n° 3, et surtout fig. 2, pl. IV, et d’après l'explication de cès figures, 
qu'il ne peut rester aucun doute sur mon opinion, où qu'on ñe pèut pas 
interpréter cêtte représentation des objets naturels, autrement que je lai 
fait. Des figures bien faites valent souvent mieux qu’une description, car 
elles parlent à la fois aux yeux et à l'intelligence. J'ai donné des figures et 
urie description. 

» Je tenais à prouver que depuis long-temps j'ai admis deux feuillets à 
lamnios : l’un qui recouvre immédiatement le corps du fœtus; l’autre qui, 
en rapport médiat ou immédiat avec le chorion, est séparé du premier 
par un espace dans lequel sont contenues les eaux amniotiques; je vou- 
lais démontrer que cette enveloppe fœtale ressemble à une membrane sé- 
reuse, à celle du cœur, par exemple, et je crois l'avoir fait; je ne puis être 
maintenant que très satisfait de voir les propres observations de M. Serres 
confirmer ce que j'ai depuis long-temps constaté et décrit. » 


Réplique de M. Serres. 


« Dans le Compte rendu de la dernière séance de l'Académie, j'ai 
ramené l’attention des anatomistes sur l’opinion délaissée de la pénétra- 
tion de l'embryon de l’homme dans la cavité de l’amnios. J'ai montré que 
cetté membrane se comporte à l'égard de l'embryon, comme le font en 
général les membranes séreuses par rapport aux organes qu'elles énve- 
loppent. Les faits que j'ai rapportés ajoutés à ceux qui sont dans la science 
sont peut-être de nature à donner à cette opinion le caractère d’une 
vérité anatomique. 

» En présentant un fait qui peut devenir si important en embryologie 
humaine, si de nouvelles observations le confirment, j'ai cru dévoir rap- 
peler que l'idée première en appartient à MM. Doœllinger et Pockels, et 
afin de rendre à chaque anatomiste la part qui pouvait lui revenir dans 
ün ordre de recherches & difficiles, j'ai rapporté une ‘phrase de M. Bur- 
dach concernant MM. Weber, Breschet et Velpeau, parce qu’elle résu- 
mait parfaitement les recherches de ces anatomistes sur la détermination 
de la face fœtale de l’amnios. Je n’ai parlé que de l’homme: si j'étais 
entré dans le champ de l’ovologie comparée, j'aurais dü rappeler, relati- 
vement à cette face fœtale de l’amnios, les ‘travaux de S£enon , ceux de 
Redi, d’Oken, ainsi que ceux plus récents de MM. Flourens et Coste; 
mais je serais sorti de mon sujet, et les limites dans lesquelles nous devons 


( 1035 ) 


nous circonscrire dans les publications hebdomadaires de l’Académie, 
m’imposaient l’obligationr de m’y resserrer le plus possible. 

» Hier dimanéhé, c’est-à-dire le lendemain de la publication des 
Comptes rendus de l'Académie, je reçus une lettre de notre collègue 
M: Breschet, par laquelle il venait, disait-il, prendre auprès ide moi ses 
droits de priorité, en invitant à dire quelques mots à l’Académie pour 
réparer un prétendu oubli. La lettre était datée de la veille, 15 décembre, et 
M. Breschet n'ayant lu que sur plusieurs journaux la communication que 
j'avais faite à l'Académie, je dus croire et je crus en effet que la lecture 
du Compte rendu le convaincrait que je n’avais rien oublié de ce qui le 
concernait dans cette question. Quelques remarques critiques sur l’anato- 
misté que je regarde comine le principal auteur de la découverte, si de 
nouveaux faits la confirment, me firent présumer que c'était à lui et 
non à moi que s’adressaient les droits de priorité que l’on m'invitait de 
réclamer devant l’Académie. J'arrive en effet le dernier sur ce sujet, et 
dès samedi la Gazette médicale m'avait assigné ma place en rendant le 
compte suivant : 

« M. Serres communique à l’Académie un nouvel exemple de non- 
» pénétration de l'embryon humain dans la cavité de l’amnios. Ce fait 
» vient à l'appui de l'opinion que M. Serres partage avec MM. Deœllinger 
» et Pockels, que l'embryon s'enfonce dans l’amnios, et que cette mem- 
» brane se comporte à son égard comme les séreuses par rapport aux 
» organes qu’elles enveloppent. » 

» Néanmoins, à l'appui de sa réclamation, M. Breschet m'invitait à 
consulter la pl. IV, fig. 1, n° 3; fig. 6, n° 2, la pl. VI, fig. 2, n° 4, 
et leurs explications , ainsi que les notes, en petit nombre, jointes à sa 
traduction d’un Mémoire de M. de Baér. Je le fis à l'instant, dans l’inten- 
tion d’obtempérer à la demande de notre confrère, si elle me paraissait 
fondée. J’examinai et je lus avec toute l'attention dont je suis suscep- 
tible, et je n’y trouvai rien qui püt justifier ses prétentions. J’acquis, au 
contraire, une nouvelle conviction que la phrase que j'avais empruntée 
à M. Burdach, en le citant, contenait l'expression exacte de la vérité, car 
ces figures, leurs explications et les notes ajoutées an Mémoire de M. de 
Baér, n’ont rapport qu’à la détermination de la face fœtale de l'amnios, 
et à sa réflexion sur le cordon pour communiquer avec l’autre face , sur 
l'explication seulement de la fig. 2, n° 4, de la pi. VI. 

» Quant à la considération de l’amnios comme une membrane séreuse; 
quant à la pénétration de l'embryon dans sa cavité; quant au mécanisme 


y 


( 1036 ) 


particulier de cette pénétration, qui font l’objet de ma communication 
à l'Académie, j'ai le regret d'affirmer qu'il n’en est même pas question. 

» J'ai le regret d'affirmer encore, que les faits propres à établir ces 
opinions manquent complétement dans son Mémoire; on a vu, en effet, 
que le mécanisme de cette pénétration repose sur deux ordres de faits : 
1° sur l'existence isolée de l’amnios dans la cavité du chorion; et 2° sur 
la présence de cette membrane et de l'embryon dans le chorion, ce 
dernier se trouvant en dehors de la vésicule amniotique. Or, ces deux 
ordres de faits manquent dans les planches et les figures. 

» Mais, à défaut de figures, leurs explications contiendraient-elles les 
idées de pénétration, celles d’enfoncement de l'embryon dans l’amnios? 
contiendraient-elles le mécanisme du développement de l’amnios réfléchi ? 
tout ce qui doit se trouver, enfin, quand on considère cette enveloppe 
comme un sac sans ouverture ou une membrane séreuse? Le lecteur va 
en juger; car, dans la crainte de quelque oubli, je vais transcrire ces 
explications. 

» La planche IV, fig. 1, n°3, représente, d’après l'explication que M. Bres- 
chet en donne ,un embryon déjà représenté dans le n° 1, mais grossi, pour 
montrer comment la membrane amnios se comporte à l’égard de cet em- 
bryon. « Cette membrane est appliquée sur lui et le recouvre immédiate- 
ment; mais arrivée sur la partie antérieure du corps, elle forme une ca- 
vité large, infundibuliforme, dont la base correspond à l'abdomen, et 
dans laquelle sont renfermés les intestins : elle se réfléchit ensuite sur le 
cordon ombilical. » 

» Dans la même planche (fig. 6, n° 2), est représenté ouvert l’ovule du 
n° 1. «On aperçoit, dit M. Breschet, l'embryon, et derrière lui la gaine 
membraneuse dont il était enveloppé immédiatement. Cette espèce de 
fourreau lui était fourni par l’amnios. On voit au-dessous de l'extrémité 
inférieure de cet embryon une ampoule avec un pédicule, et sur les côtés 
de petites stries blanchätres. Nous considérons ces deux organes comme 
la vésicule ombilicale et son pédicule. Elle est ici d’un volume supérieur à 
celui que nous lui avons observé sur des œufs plus avancés. » 

» (Planche VI, fig. 11, n° 4). — « Tout l’amnios enlevé, et celui qui 
forme la poche dans laquelle le liquide est contenu, et celui qui recouvre 
immédiatement le fœtus pour se réfléchir ensuite sur le cordon et se con- 
tinuer avec le premier. On aperçoit la poche qui contenait le fœtus, la 
gaine renflée qui appartenait au cordon et le lien qui restait en rapport 
avec la vésicule ombilicale. » 


( 1037 ) 


» Quant aux trois courtes notes (1) ajoutées au Mémoire de M. de 
Baër , elles me paraissent, comme les explications précédentes, étran- 
gères au but spécial de sa réclamation. Il n’y est question encore ni de 
sac sans ouverture, ni de membrane séreuse, ni d’enfoncement de 
lamnios; c’est toujours, et uniquement ici, de la partie amniotique de 
l'embryon du cochon qu'il s’agit, partie si bien observée par les anciens 
anatomistes, que certains d’entre eux l’ont considérée comme une qua- 
trième membrane propre de l’embryon. Voici d’abord les expressions de 
Stenon, décrivant chez l'embryon du sanglier la poche fœtale que j'ai 
nommée amnios réfléchi, comme cette quatrième membrane. 

« Quarta membrana fœtum pilis jam tùm vestitum arctè undique am- 
» biens, ut et pulchrè investiens singulos pedes, ungulas, caudam , auri- 
» culas; solum os cum narium foraminibus, umbilici ambitu et pudendis 
» nudum erat relictum; in ciliis superciliisque oculorum pili longiores 
» extrà dictam membranam extabant (2). » 

» Vient ensuite Redi (3) qui confirme sur des embryons plus avancés de 
sanglier les mêmes observations de Stenon, lorsqu'il dit que cette qua- 
trième membrane est excessivement mince et blanche, entourant l’em- 
bryon de manière à couvrir les orteils comme un gant, la queue comme 
une gaine; mais qu'elle était perforée partout où sur le corps il existait 
une ouverture comme la bouche, les yeux, le nez, l’anus. Vient en troi- 
sième lieu M. Oken, qui, chez de jeunes embryons de cochon, compare 
cette membrane à l’épiderme soulevé par les cantharides et qui la voit se 
prolonger dans la bouche et dans les oreilles, d’où il la retire par lam- 
beaux qui ressemblaient à des fils minces d’une toile d’araignée (4). 

» Ainsi l’on voit, en premier lieu, que c’est avec connaissance de cause, 
que c’est en remontant aux sources et aux bonnes sources de l’ovologie 
comparée , que j'ai apprécié les énonciations de M. Breschet à ce sujet. 

» On voit, en second lieu, que l’idée de comparer l’amnios à une mem- 
brane séreuse appartient et doit rester à MM. Doœllinger et Pockels. 

» On voit, en troisième lieu, pourquoi M. Burdach n’a pu ni dù songer 


(1) Moy. le bas des pag. 10 et r1 dela traduc. du Mémoire de M. de Baër, par M.Breschet. 

(2) Sienonius obs. 89, lib. 2., act. D. 

(3) Opera de Redi. Venezia, 1712; in-8°, page 22. 

(4) Additions à la Zoologie, lAnatomie et la Physiologie comparées , chapitre HI. 
Anatomie de cinq embryons de cochon de moins de quatre semaines, pour Ja solu- 
tion du problème de la vésicule ombilicale. 


( 1038 ) 


à notre confrère quand il à dit: L'amnios développé est comme toutes les 
membranes séreuses, une vésicule formée de deux :moitiés (x). 

» En quatrième lieu, enfin, on voit les motifs consciencieux qui m'ont 
empêché d’obtempérer à la demande de M. Breschet. Notre confrère au- 
rait dû interpréter mon silence et m'épargner le vif regret que j'éprouve 
d’avoir été forcé de le rompre devant l’Académie (2). » 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. —Remarques de M. Bior sur la Note. deM.Puissanr 
insérée au dernier n° des Comptes rendus. 


«Le dernier numéro du Compte rendu renferme une Note où l'on m'at- 
tribue des expressions .que j'ai évité à dessein d’employer,.et où l’on me 
suppose avoir ignoré des travaux antérieurs que j'avais étudiés soigneuse- 
ment. En rétablissant ces faits dans leur intégrité, je m’abstiendrai de toute 
polémique personnelle. Mais je profiterai de cette circonstance pour rec- 
tifier l’assertion échappée à un savant:géomètre étranger, et reproduite ici 
par l’auteur de la Note, sur la limitation que présenterait l'expression des 
densités des couches d’air adoptée par M. Laplace dans le calcul des réfrac- 
tions terrestres ; limitation qui n'existe pas. 

» Je suis-conduit à discuter ce point d'histoire scientifique, .par la Note 
même à laquelle jerréponds. L'auteur, se rappelant mal les termes que 
j'ai employés, m'’attribue d’avoir dit que la formule dont il :a fait usage 
était sans fondement analytique (p.993, note); et, pour la réhabiliter sous 
ce rapport, il déclare qu’elle est, une rectification de la formule de M. La- 
place, déduite des préceptes de M. Bessel, par le savant géomètre M. Plana 
de Turin; ce qui ‘est en effet la vérité, sauf le mot de préceptes :qui est 
inexact. 

» Je-n'ignorais pas cette origine. Mais l’auteur de la Note ne l'ayant pas 
déclarée aussi ouvertement, dans le Mémoire auquel il m'ayait:renvoyé lui- 
même , ayant alors entrepris d'établir la formule dont il s’agit par une 
démonstration directe qui! lui est propre , sans citer M. Plana pour autre 
chose que pour la détermination d’un coefficient numérique, et sans rap- 


(1) Traité de Physiologie de M. Burdach, tome III, page 452, 2° alinéa. 

(2) M. Breschet ayant abandonné l'argument que des dessins peuvent remplacer 
l’énonciation textuelie d’un fait ou d’une idée , je ne rapporterai.pas cette partie/de ma 
réplique ; je rappellerai seulement que j’ai signalé à ce sujet que la figure si mal inter- 
prétée de M. Lobstein, n’est autre chose qu’un fait de pénétration de l’embryon dans 
l’amnios. 


( 1039 ) 


peler depuis son nom dans les applications qu'il en faisait j'aurais cru 
dépasser les bornes! d’une discussion scientifique en montrant qu’elle ne 
lui appartenaït pas, ce qui était d’ailleurs inutile pour l’apprécier. Aussi me 
suis-je limité à dire, non pas qu’elle était sans fondement analytique , mais 
que présentée comme elle l’est dans la démonstration qu'il en donne, elle 
est kors de toute théorie, ce qu'il paraît peu éloigné aujourd’hui d’accor- 
der (Compte rendu, t.VIT, p- 993, lig. 1°°). Maintenant, je puis ajouter, que 
cette rectification supposée du calcul de M. Laplace n’est ni plus ni moins 
que sa formule même , avec d’autres lettres, et employée à un usage au- 
quel elle n’est'pas propre. Voici par quelle succession d'idées elle s’est 
glissée, sous ce déguisement, dans les applications. 

» Lorsque l’illustre M. Bessel entreprit immense calcul de toutes les 
observations de Bradley, qu’on trouve réunies dans son grand ouvrage 
intitulé Fundamenta Astronomiæ, il dut naturellement accompagner ce 
recueil d’une table de réfractions spécialement appropriée aux observations 
qu'il renfermait. Les formules déjà établies dans la Mécanique céleste s'of- 
frirent d’abord à son esprit pour remplir cette tâche. Mais leur examen 
approfondi lui fit reconnaitre qu’elles n’y étaient pas propres , parce que 
les données numériques qui leur servent de base sont tirées d’observa- 
tions astronomiques différentes de celles de Bradley, auxquelles il voulait 
surtout satisfaire, et qu’elles supposent aussi une loi empirique du décrois- 
sement des densités dont la confirmation , ou même l’étude expérimentale, 
pouvait paraître alors, comme le dit M. Bessel, une affaire désespérée. 
M. Bessel trouva donc plus convenable de prendre une expression des 
densités empirique aussi , et composée d’un seul terme exponentiel, comme 
dans le cas d’une température uniforme, mais avec l'addition d'un coeffi- 
cient littéral duquel on pouvait disposer pour lassujétir de plus près aux 
observations qu'il fallait représenter. 11 obtint ainsi une table de réfrac- 
tions que l'on pourrait appeler Bradléienne. Mais c’est là son usage spécial; 
car on a prouvé depuis qu’elle ne représente pas le véritable décroisse- 
ment des températures et des densités dans les couches d’air voisines de 
la surface terrestre; et il est très probable qu’elle né satisfait pas non 
plus suffisamment aux observations astronomiques faites très près de l’ho- 
rizon. Du moins, c’est l’opinion exprimée par M. Ivory (1). 


(1) Cette limitation de la table de M. Bessel me paraîtrait résulter de ce que l'emploi 
d’un seul terme exponentiel ne serait pas assez général pour représenter le décroissement 
des densités dans les régions inférieures de l’atmosphère, en même temps que dans les 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, N° 25.) 140 


( 1040 ) 

» M. Bessel n'avait pas songé à déduire de cette table le coefficient nu- 
mérique de la réfraction terrestre ; et, par les détails que je viens de pré- 
_senter sur sa construction, il est évident qu'elle n’est pas propre à donner 
la valeur de ce coefficient, qui doit être particulièrement adaptée aux cou- 
ches inférieures de l'atmosphère. M. Plana pensa qu’on pourrait du moins 
en conclure sa forme algébrique; et, par une voie de calcul un peu lon- 
gue et détournée, mais exacte, il l'en déduisit tel que l'expression analy- 
tique de M. Bessel le donnait réellement (Mémoire, p.297). Mais, peut-être, 
par une conséquence de la marche qu’il avait suivie , il ne s’apercut pas que 
l'expression à laquelle il arrivait était exactement la même que celle de 
M. Laplace, sauf un changement de lettres. Il la supposa plus générale, et 
espéra pouvoir en tirer plus de secours. C’est aussi ce que l’auteur de la Note 
répète d'après lui. Mais les formules directes que j'ai données dans un des 
derniers numéros du Compte rendu , pour calculer ce coefficient dans toutes 
les lois de densités quelconques, montrent , d’un trait de plume, qu'il est 
dans ces deux cas d’une identité algébrique absolue, comme je le prouve 
ici en note. Son emploi est donc inévitablement soumis aux mêmes condi- 
tions de variabilité, dépendantes du temps et de la hauteur des couches 
que j'ai posées alors; conditions qui n’avaient sans doute pas échappé à 
M. Laplace, quoiqu'il ne les ait pas formellement exprimées, supposant 
qu’elles se présenteraient d’elles-mêmes au lecteur attentif. Ainsi la forme 
qu'il a donnée à ce coefficient, et celle que lui donne l’auteur de la Note 
d'après M. Plana, ne peuvent ni l’une ni l’autre servir pour calculer le dé- 
croissement des densités à partir d’une couche atmosphérique quelconque, 
non plus que les réfractions autour de cette couche, d’après les seules 
observations météorologiques qu’on y aurait faites. 11 faut de toute néces- 
sité déterminer la valeur actuelle de ce coefficient par des observations 
spéciales , faites dans les couches d'air environnantes, et l’introduire tel 
dans les formules rigoureuses ou approximatives que j'ai établies. Mainte- 
nant cette discussion est finie pour moi, puisque l'opinion que je me suis 
formée sur ce point de la théorie des réfractions vient de recevoir aujour- 
d'hui son expression complète; et rien que la nécessité la plus indispen- 

sable ne pourrait me déterminer à y revenir. 


supérieures ; car, pour ces dernières, il me semble que ce simple terme en offre l'expression 
exacte et réelle, comme je lai déjà fait remarquer, et comme j'aurai occasion d’en 
présenter de nouvelles preuves dans un Mémoire subséquent. 


( ro4r1 ) 


» Le Mémoire de M. Plana est intitulé : Recherches analytiques sur la densité des 
couches de l'atmosphère et la théorie des réfractions astronomiques ; lu à l’Académie de 
Turin, le 14 avril 1822. 

» En supposant, avec M. Laplace , et comme je l’ai fait aussi dans mes notes précé- 
dentes, 


r' 
Von 


M. Plana admet, avec raison , page 256 de son Mémoire, que la densité 8 d’une couche 
aérienne quelconque, sera exprimée de la manière la plus générale en fonction de la 
densité &’ de la couche d’où partent les variables s, si l’on prend 

cs cl Less > etc., 

ge = ge e 3 

c’, c", c” étant des coefficients indépendants de s, et propres à la constitution atmosphé- 
rique que l’on considère ; ce qui exige toutefois qu’ils changent généralement de va- 
leur avec la hauteur de la couche d’où l’on compte les s, comme je l’ai fait remar- 
quer précédemment (pages 860 et 861 du présent volume). M. Plana donne au coefficient 


c' la forme 


LA 
r 
€ = 1% —= r'b!, 


b’ étant une autre constante, ce qu’il fait pour assimiler le coefficient c' à l'expression 
que lui a donnée M. Bessel, page 28 de l'introduction aux Fundamenta. Toutefois, 
cêtte transformation ne le laisse pas moins assujéti aux conditions de variabilité de 
hauteur et de temps, qui doivent ainsi se reporter sur la constante b”. 

»* En négligeant les carrés et les puissances supérieures de s, dans l’exposant de e, 
M. Plana réduit l'expression générale de g à 


e’est l’expression limitée adoptée par M. Bessel., De là je tire généralement 


d ? RE tofiSe NEA r 
DENT nie el par suite (E) = Ce: 


Alors, d’après la formule que j’ai donnée dans le présent volume des Comptes rendus, 
page 858, la somme € des réfractions dans l'amplitude v, limitée comme le fait 
M. Laplace, ét comme le fait aussi M. Plana , est 


8 = 2hgcv, ou 6 — ak T (1 — d'y. 


M. Laplace donne, page 278 de la Mécanique céleste, tome IV, 


= 2k 7 Lv, 


4 140. 


( 1042 ) 
2 étant aussi un coeficient arbitraire, de même nature que le c’ de M. Plana. De là 


on tre donc 
—1— dI; 


de sorte que, sauf ce changement de lettres, il y a entre les deux formules une par- 
faite identité. Ainsi, l’une n’est pas plus générale que l’autre; et les valeurs littérales 
des coeflicients qu’elles renferment sont assujéties aux mêmes conditions de varia- 
bilité, tant pour la hauteur que pour les circonstances atmosphériques accidentelles. 

» On ne peut donc admettre avec M. Plana et avec l’auteur de la Note, que la for- 
mule de M. Laplace suppose 4’ nul, ce qui donnerait 2— 1. Car, au contraire, le coeffi- 
cient 571,551 appliqué à la variable s par M. Laplace, page 278 de la Mécanique 
céleste, suppose i—0,71590; et je ne vois pas davantage comment M. Plana a pu 
dire que, dans son expression générale de la réfraction astronomique, M. Laplace 


: 5 a à ; ne 
aurait supposé c'— —, sans faire aucune attention au terme — b'a (Mémoire, 


FA 
page 255). Car la formule générale de M. Laplace , établie page 264 de la Méca- 
nique céleste, étant appliquée au cas de 1t—0 et p=—0",76, suppose cette même 
valeur 2—0,71590 quand s — 0, à variant ensuite avec la hauteur, conformément à 
la loi que M. Laplace adopte pour le décroissement des densités. 

» Le choix des valeurs que l’on fait pour z ou pour L', entraîne un décroissement 
correspondant des températures: et, par inverse, ce décroissement peut se déduire 
des valeurs attribuées à z ou à ’. En considérant la vitesse initiale de ce décroissement, 


dt kr . : : 
ou le G) ; €Xprimée en mètres pour un degré centésimal, Je trouve, que tant pour 
o 


la supposition de M. Laplace, que pour les diverses suppositions de M. Plana et de 
M. Bessel, elle a les valeurs suivantes, £, étant o, et p;, 0,76 à la station prise pour 
point de départ. Dans ce calcul, j'ai négligé l’influence de la vapeur aqueuse. 


Variation de hauteur pour une 
diminution de 1° centésimal, 
dans la température de Pair, 


Li 
dt\ 
2 a), 
D'après la table de réfractions de M. La- 
place. ACRAL ASES tele eee LI NO: 71000 105%,25 
D’après ne ae M. Bessel............... = 0,00000/43902 854 ,16 
M. Plana, d’après les tables ‘ Hood 
de MAGarini ere et -ceneer-rc-e 0100-10, 000027à 136 ,36 
Selon M. Plana , calculs géodésiques. ...,. D°— 0,00001393 269 ,20 


ou 


» On voit que, près de la surface terrestre, la table de M. Bessel donne un 
décroissement beaucoup trop lent des températures, puisque la moyenne observée 
paraît être d’environ 170 mètres à 180 mètres. Cette circonstance doit influer princi- 
palement sur la portion des réfractions qui s’opère dans les couches inférieures de 
l'atmosphère, ce qui s'accorde avec la remarque de M. Ivory. 


( 1043 ) 


» La prenuère déduction de M. Plana est celle qu’adopte aujourd’hui l’auteur de la 
Note insérée dans le, dernier numéro du Compterendu. On voit qu’elle estprécisément 
la moitié de celle qu’il avait employée dans ses calculs antérieurs, et qu’il présentait alors 
comme devant aussi reproduire très bien les réfractions actuelles. Sans doute la nouvelle 
valeur Jui paraît devoir faire mieux encore, puisqu'il déclare aujourd’huis’y arrêter. Elle 
revient à prendre, dans la formule de M. Laplace, 7 cal à623,30;au lieu de 591,551 
que M. Laplace avait adopté: Toutefois, cette formule aïnsi modifiée dans sa cons- 
tante numérique,,ne peut pas plus que précédemment, lui servir pour calculer, 
comme il le fait, les réfractions locales et actuelles, qui s’opèrent à partir d’une 
couche d’air quelconque, où la pression et la température ont été observées. Car, 
même dans un état donné et constant de l’atmosphère, le coefficient z ou c’ doit 
varier aux diverses hauteurs où l’on transporte l’origine des s; et il varie aussi 
d’un jour à l’autre pour la même origine , selon les accidents de l’atmosphère, deux 
choses que M. Laplace avait indiquées, pages 266 et 278 de son livre, sans les exprimer 
formellement. : 

» Je n’ai pas compris, dans le tableau précédent, le décroissement initial des tem- 
pératures qui se déduirait de la table des réfractions de M. Ivory, parce qu’il est 
un des éléments mêmes de cette table. M. Ivory me paraît être le premier géomètre 
qui ait introduit immédiatement cette donnée physique dans le calcul des réfractions, 
dont elle est un élément fondamental ; et il a dû cet avantage à la simplicité de la 
relation qu’il avait admise entre les pressions et les densités. La valeur que ses nom- 
bres attribuent au décroissement initial des températures, est 15{%,27 pour 1° cen- 
tésimal. » 


Réplique de M. Purssanr à la Note précédente. 


il 


«SiM. Biot répond aujourd’hui à ma Note de lundi dernier, c’est parce 
qu'il a pris au sérieux la phrase où je feins de croire son érudition 
scientifique en défaut, au sujet de la modification que quelques géomètres 
ont jugé convenable de faire à la formule de réfraction terrestre de 
M. Laplace, afin de la mieux approprier à l’état actuel de l’atmosphère ; 
modification. qu'il m’attribue à tort (pages 855 et 864), et qu’il désap- 
prouve entièrement comme étant, selon lui, sans fondement théo- 
rique, etc. Ainsi, sous ce rapport, il aurait dû adresser directement sa 
critique à qui de droit, ce qui eût rendu ses remarques historiques plus 
exactes. 

» Je me garderai bien de donner suite à cette trop longue discus- 
sion qui ne peut plus être d'aucun intérêt pour la science: mais je crois 
devoir dire qu’elle aura du moins servi à mettre en évidence le vice essentiel 
de la première formule de nivellement proposée le 18 juin dernier par 
notre honorable confrère, et à faire voir que le procédé que j'ai exposé 


( 1044 ) 


pour déterminer les différences de niveau à l’aide de la formule de 
réfraction de M. Laplace a des avantages qui sont maintenant constatés 
par un grand nombre d'applications numériques. Je ferai remarquer en 
outre que depuis la controverse qui s’est engagée , contre mon gré, entre 
M. Biot et moi sur cette question dé géodésie, mon opinion n’a nulle- 
ment varié, tandis qu'il n’en a pas été de même de la sienne. La preuve 
en est dans la différence si notable qui existe entre sa première et sa der- 
nière communication sur le même sujet , et surtout dans les efforts réité- 
rés et très louables d’ailleurs qu’il a faits, pour arriver enfin à une solution 
digne d’un géomètre et d’un physicien tel que lui. » 


OPTIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur la réflexion et la réfraction de la 
lumiere ; par M. Aucusrin Caucay. 


Fin de la première partie. (Voir le numéro précédent.) 


« Considérons maintenant deux systèmes de molécules contigus, séparés 
l'un de l’autre par une surface plane, et supposons que, pour chacun 
d'eux, les équations du mouvement soient indépendantes de la position 
de l'origine des coordonnées. Chacun de ces systèmes sera capable de 
propager des mouvements simples. De plus, un mouvement simple pro- 
pagé dans le premier système, avec une vitesse de propagation en vertu 
de laquelle les ondes planes se rapprocheront de la surface de séparation, 
entraînera toujours la coexistence, 1° d’un autre mouvement simple, 
propagé dans le premier système avec une vitesse de propagation, en 
vertu de laquelle les ondes planes s’éloigneront de la surface de sépara- 
tion; 2° d’un mouvement simple propagé dans le sècond système, avec 
une vitesse de propagation en vertu de laquelle les ondes planes s’éloi- 
gneront encore de la surface dont il s’agit. En effet, il serait impossible 
de satisfaire aux conditions particulières qui se rapportent à la surface 
de séparation, si à la considération du mouvement simple donné dans le 
premier système, on ne joignait celle des deux autres mouvements dont 
nous venons de parler. Cela posé, les ondes planes qui caractériseront le 
mouvement donné, ces ondes, qui par hypothèse s'approcheront de la 
surface de séparation, et viendront en quelque sorte tomber sur cette 
surface, seront appelées ondes incidentes. Au contraire , les ondes planes 
qui distingueront les deux autres mouvements propagés, l’un dans le 
premier système de molécules, l’autre dans le second système, seront les 
ondes réfléchies et les ondes réfractées. Ces deux derniers mouvements 


( 1045 ) " 

pourront être désignés eux-mêmes sous les noms de mouvements réfléchi 
et réfracté, et la surface de séparation sous le nom de surface réfléchis- 
sante ou réfringente. D'ailleurs les conditions relatives à cette surface se 
réduiront généralement à des relations qui devront subsister, pour tous 
ses points, entre les variables qui exprimeront les déplacements molécu- 
laires dans les ondes incidentes réfléchies et réfractées, ou entre les déri- 
vées de ces mêmes variables. Donc ces conditions se trouveront expri- 
mées par des équations dans lesquelles les seules quantités variables 
seront les arguments et les modules des trois mouvements simples ci- 
dessus mentionnés. Il y a plus: puisqu'il est ici question de mouvements 
infiniment petits, les équations de condition pourront être supposées 
linéaires, aussi bien que les équations du. mouvement de chaque sys- 
tème, et remplacées par d’autres équations linéaires de même forme 
entre les variables imaginaires dont les déplacements des molécules 
seront les parties réelles. Alors, dans chaque équation de condition, les 
trois espèces de termes, relatifs aux trois mouvements simples, se trou- 
veront combinés par voie d'addition, et seront réductibles aux produits 
de trois constantes imaginaires par trois exponentielles qui offriront pour 
base la base même des logarithmes népériens, et pour exposants imagi- 
naires trois fonctions linéaires du temps et des coordonnées sans terme 
constant. » 

» Concevons maintenant que l’on fasse coïncider l’un des plans coor- 
donnés avec la surface réfléchissante. Pour tous les points de cette surface, 
les trois exposants imaginaires, dont on. vient de parler, se réduiront à 
trois fonctions linéaires des deux coordonnées mesurées sur cette sur- 
face, et du temps, par conséquent à trois fonctions linéaires de trois va- 
riables indépendantes. D'ailleurs, chaque équation de condition devra 
subsister, quelles que soient les valeurs attribuées à ces trois variables 
indépendantes; et, én Supposant nulles-deux d’entre elles, ‘on rendra les 
trois exposants imaginaires proportionnels à la troisième. Enfin, la somme 
de trois ou de plusieurs exponentielles dont. les exposants sont propor- 
tionnels à une seule et même variable; ou bien encore, la somme des 
produits de ces exponentielles par des facteurs constants, ne peut devenir 
indépendante de la variable dont il s’agit, à moins que les coefficients de 
cette variable dans les diverses exponentielles ne soient tous égaux entre 
eux. Donc, chacune des trois variables indépendantes, relatives aux mou- 
vements des molécules que renferme la surface réfléchissante, devra, dans 
les trois fonctions linéaires ci-dessus mentionnées > Se trouver multipliée 


% ( 1046 ) 

par le même coefficient; et, pour tous les points de cette surface, les 
trois fonctions linéaires deviendront égales entre elles; ou, en d'autres 
termes, les trois exposants imaginaires des exponentielles relatives aux 
trois mouvements simples deviendront égaux. Or les coefficients de V/—1 
dans ces exposants, et leurs parties réelles, seront précisément les argu- 
ments des trois mouvements simples et les exposants de leurs modules. 
Donc, en vertu des équations de condition relatives à la surface réflé- 
chissante , les trois mouvements simples devront, pour tous les points de 
cette surface, et quelles que soient Îes valeurs attribuées aux trois varia- 
bles qui resteront indépendantes, offrir des arguments égaux et des mo- 
dules égaux. Il nous reste à examiner quelles seront les conséquences de 
cette double égalité. 

» D'abord , le temps étant l’une des trois variables indépendantes , son 
coefficient devra rester le même dans les arguments des trois mouvements 
simples. Done, le rapport du nombre 27 à ce coefficient, ou la durée des 
vibrations moléculaires, mesurée parallélement à un axe fixe, restera la 
même dans les ondes incidentes, réfléchies et réfractées. De plus, puisqu'on 
obtient, pour chaque mouvement simple, l'équation du second plan in- 
variable, en égalant à zéro la somme des termes proportionnels aux coor- 
données dans l’argument, et que cette somme devra, en chaque point de 
la surface réfléchissante, conserver encore la même valeur pour les trois 
mouvements dont il s’agit; il est clair que, pour tous les trois, les points 
communs à la surface réfléchissante et au second plan invariable seront 
les mêmes. En d’autres termes, la trace du second plan invariable sur la 
surface réfléchissante , demeurera fixe, lorsqu'on passera du mouvement 
donné au mouvement réfléchi ou réfracté, et coïncidera toujours avec une 
droite unique parallèle aux plans de toutes les ondes, c’est-à-dire aux plans 
qui termineront toutes les ondes incidentes, réfléchies et réfractées. Si 
par un point de cette droite on élève des pérpendiculaires aux plans des 
trois espèces d’ondés, ces perpendiculaires formeront avec la normale à 
la surface réfléchissante des angles égaux à ceux que forment les plans des 
ondes avec la'surface elle-même , et se trouveront d’ailleurs comprises dans 
un seul plan normal à la surface. Les angles d'incidence , de réflexion et 
de réfraction seront les angles aigus formés par les perpendiculaires dont 
il s’agit avec la normale à la surface réfléchissante, ou, en d’autres ter- 
mes, par les plans des trois espèces d'ondes avec la surface elle-même. Le 
plan unique qui renfermera les trois perpendiculaires et les angles formés 
par elles avec la normale à la surface réfléchissante pourra être nommé à 
volonté le plan d'incidence, ou de réflexion ou de réfraction. 


( 1047 ) 


» Si, dans les remarques précédentes, on nn + arguments des 
trois mouvements simples les exposants de leurs modules, on recon- 
naîtra immédiatement : 1° que le coefficient du temps, dans l’exposant du 
module, reste le même quand on passe du mouvement donné au mou- 
vement réfléchi ou réfracté; 2° que, dans ce passage, les points communs 
à la surface réfléchissante et au troisième plan invariable restent les 
mêmes. Au surplus, il arrive souvent, dans les questions de physique 
mathématique, que le troisième plan invariable se confond avec la surface 
réfléchissante. 

» Le coefficient du temps dans l’exposant de l’exponentielle imaginaire 
qui caractérise un mouvement simple se trouve généralement lié par une 
certaine équation aux coefficients des trois coordonnées dans ce même 
exposant. Lorsque le système donné est du nombre de ceux dans lesquels 
la propagation du mouvement s'effectue en tous sens suivant les mêmes 
lois, l'équation dont il s’agit ne renferme que le coefficient du temps 
et la somme des carrés des coefficients des trois coordonnées. C’est du 
moins ce qu'il est facile de démontrer dans le cas où le système donné 
admet des mouvements simples pour lesquels les parties réelles de 
quatre coefficients s’évanouissent. Alors, en effet, la somme des carrés 
des coefficients des trois coordonnées, prise en signe contraire, a pré- 
cisément pour racine carrée le rapport du nombre 27 à l'épaisseur d’une 
onde plane, et pour que le mouvement se propage de la même manière en 
tous sens, il est nécessaire que cette épaisseur dépende uniquement de la 
durée des vibrations, ou ce qui revient au même du coefficient du temps. 

» Revenons aux deux systèmes de molécules que nous considérions 
toutà-l’heure. Si, en prenant pour un des plans coordonnés la surface 
réfléchissante, on prend pour un des axes coordonnés la droite d’in- 
tersection de cette surface et du second plan invariable, la coordonnée 
mesurée sur cette droite disparaîtra de chaque argument; et les deux 
autres coordonnées ; mesurées sur deux perpendiculaires à cette droite , 
dont l’une sera la normale à la surface réfléchissante, l’autre étant la trace 
du plan d'incidence sur cette surface, auront pour coefficients deux quan- 
tités proportionnelles aux cosinus et sinus de l'angle d'incidence, ou de 
réflexion, ou de réfraction, le rapport du cosinus au coefficient de l’une 
ou du sinus au coefficient de l’autre étant égal, au signe près, à la racine 

carée de la somme des carrés des deux coefficients. Donc le premier et 
le second coefficient seront les produits du cosinus et du sinus par cette 
racine carrée, qui représente dans l'argument le coefficient de la distance 

C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°28.) 141 


( 1048 ) 

d'une molécule au second plan invariable, et a pour mesure le rapport 
du nombre 27 à l'épaisseur d’une onde plane. Le premier et le second 
coefficient seront donc les produits du nombre 27 par les rapports du 
cosinus et du sinus à l’épaisseur d’une onde plane. D'ailleurs, le second 
coefficient qui appartient, dans l'argument, à une coordonnée mesurée 
dans le plan de la surface réfléchissante, devra conserver la même valeur, 
quand on passera du mouvement simple donné au mouvement réfléchi, 
ou au mouvement réfracté. Donc le rapport entre le sinus d’incidence, 
c'est-à-dire le sinus de l’angle d'incidence, et l'épaisseur d’une onde in- 
cidente, sera le même que le rapport entre le sinus de réflexion et l’épais- 
seur d’une onde réfléchie, le même aussi que le rapport entre le sinus .de 
réfraction et l'épaisseur d’une onde réfractée. 

» Supposons maintenant que le premier système de molécules soit du 
nombre de ceux où la propagation du mouvement s'effectue en tous sens 
suivant les mêmes lois, et pour lesquels les coefficients des coordonnées, 
dans l’exposant de l’exponentielle imaginaire qui caractérise un mouve- 
ment simple, fournissent des carrés dont la somme dépend uniquement du 
coefficient du temps. Si la partie réelle de ce coefficient s’'évanouit, la somme 
dont il s’agit dépendra uniquement de la durée des vibrations moléculaires. 
Si, cette durée restant lamême, on passe d’un mouvement simple à un autre 
dans lequel deux coordonnées conservent les mêmes coefficients, alors, 
pour que les carrés des coefficients des trois coordonnées offrent une 
somme invariable , il faudra que le coefficient de la troisième coordonnée 
reste le même, au signe près. Or, c’est précisément ce qui arrive lorsque 
le mouvement simple donné se trouve réfléchi par la surface plane qui 
sépare le premier sy$tème du second, et que l’on suppose la troisième 
coordonnée mesurée sur la normale à la surface réfléchissante. Donc, si le 
premier système est du nombre de ceux dans lesquels la propagation du 
mouvement s'effectue en tous sens suivant les mêmes lois, non-seulement 
l'épaisseur des ondes réfléchies sera la même que celle des ondes incidentes, 
mais de plus, l'angle de réflexion sera égal à l'angle d'incidence. Quant aux 
ondes réfractées, qui se propagent à partir de la surface réfléchissante dans 
le second système de molécules, elles n’offriront pas, en général, la même 
épaisseur que les ondes incidentes. Mais, d’après ce qu’on a dit, le rapport 
entre l'épaisseur des ondes incidentes et l'épaisseur des ondes réfractées sera 
toujours égal au rapport entre le sinus d'incidence et le sinus de réfraction. 
D'ailleurs, ce rapport deviendra constant, c'est-à-dire indépendant de l’an- 
gle d'incidence, si le second système de molécules est, comme le premier, 


( 1049 ) 


du nombre de ceux dans lesquels la propagation du mouvement s’effectue 
de la même maniere en tous sens, et si, d’ailleurs, chacun des mouvements 
simples qui répondent aux ondes incidentes, réfléchies, réfractées, offre 
l'unité pour module. Ces lois générales de la réflexion et de la réfraction 
des ondes planes, dans les mouvements simples, sont, comme. on le 
voit, indépendantes des formes particulières que peuvent prendre les 
équations de condition qui se rapportent à la surface réfléchissante. 
La démonstration précédente de ces lois générales repose sur une analyse 
entièrement conforme à la nature des faits, et montre pourquoi elles 
subsistent dans un grand nombre de questions diverses, où les démons- 
trations qu’on en donnait doivent maintenant paraître peu rigoureuses. 
Ainsi, par exemple, si les premières de ces lois fournissent immédiate- 
ment l'explication des phénomènes que présente la réflexion des ondes so- 
nores ou liquides, élémentaires ou composées par les murs ou les parois 
d’une salle où d’un bassin rectangulaire, ce n’est point une raison d’admet- 
tre, comme on le faisait en théorie, que ces murs ou ces parois sont des 
corps dénués de toute élasticité, en sorte que les molécules situées à leurs 
surfaces ne cèdent nullement à l’action des molécules contigués de l'air 
ou de l'eau. On doit supposer, au contraire , que chaque mouvement sim- 
ple, propagé dans l'air ou dans l’eau, donne naissance, d’une part, à un 
mouvement réfléchi qui reste sensible pour l'observateur ; d'autre part, à 


- Un mouvement réfracté qui se propage dans les murs de la salle ou les 


parois du bassin rectangulaire, mais qui est assez faible pour échapper à 
nos sens , et décroît très rapidement en pénétrant dans la profondeur de ces 
murs ou de ces parois, de manière à s’éteindre presque entièrement à une 
profondeur finie. 

» Nous terminerons cette première partie de notre Mémoire par une 
remarque importante. Lorsqu'un mouvement vibratoire est produit en 
un point donné d’un système de molécules, ce mouvement se propage 
autour de ce point avec une vitesse de propagation qui peut être ou 
n'être pas la même dans les diverses directions; et de cette propagation 
résultent des ondes terminées, ou par des surfaces sphériques, ou plus 
généralement par des surfaces courbes dont la forme dépend de celle 
de équations du mouvement. Mais à une grande distance du point donné, 
ou du centre des vibrations, une semblable surface, considérée dans une 
petite étendue, se confond sensiblement avec le plan tangent. Il y a plus. 
pour obtenir une des surfaces dont il s’agit, il suffit de concevoir qu’une 
onde plane ou élémentaire, qui renferme au premier instant le point 


141. 


CYR 


( 1050 ) 

d’abord choisi pour centre de vibration, se propage dans le système 
que l'on considère; puis de chercher quelles sont les diverses positions 
que pourra prendre, au bout d’un temps donné, le plan qui terminera 
cette onde élémentaire, eu égard aux diverses positions qu’il pouvait 
avoir à l’origine du mouvement, et lorsqu'il passait par le centre de 
vibrations. La surface demandée sera la surface enveloppée par le plan 
dont il s'agit, c'est-à-dire la surface qu'il touche dans ses diverses posi- 
tions. C’est ainsi que l’on peut en général déduire des lois relatives aux 
ondes planes, la forme et l'équation de la surface des ondes. Lorsque, 
dans un système de molécules, la propagation du mouvement s'effectue 
en tous sens suivant les mêmes lois, la surface des ondes est sphérique, 
et le rayon mené du centre à un paint de la surface se confond avec 
la perpendiculaire au plan de l’onde élémentaire qui passe par ce point. 
Il n’en serait plus de même, si la propagation du mouvement cessait 
d'être la même en tous sens. Alors il ne faudrait pas confondre la droite 
menée par un point donné, perpendiculairement au plan qui termine 
une onde élémentaire, avec le rayon mené du centre des vibrations à ce 
point considéré comme faisant partie de la surface des ondes. 


» A la suite de cette première partie de son Mémoire, M. Augustin 
Cauchy a indiqué rapidement quelques-uns des résultats qui seront l’objet 
de la seconde partie, spécialement relative à la théorie de la lumière. 
Parmi ces résultats on peut citer, 1°. des formules générales qui expliquent 
et représentent les phénomènes de la polarisation elliptique, produite 
par la réflexion de la lumière à la surface des métaux, et qui s'accordent 
avec les expériences des physiciens ; 

» 2°, Une nouvelle loi de réfraction qui doit être substituée à la loi 
connue de Descartes, lorsque le corps réfringent absorbe plus ou moins 
complétement la lumière; 

» 3°. La diminution d'intensité dans la lumière des anneaux colorés , 
et le déplacement de ces anneaux produits par la substitution d’un miroir 
métallique à un miroir de verre. » 


« MM. pe Huwsozpr et Azexanpre Broneniarr remettent à l'Académie, 
de la part de M. Froriep de Weimar, un tableau géologique en quatre 
feuilles qui peuvent être réunies en une seule, et qui offrent l’ordre géo- 
logique le plus généralement admis de la formation des terrains, tant de 
cristallisation que de sédiment, l'indication des phénomènes géologiques 


( 1051 ) 


les plus remarquables que présentent ces terrains, et la série par ordre de 
formation des corps organisés fossiles qui se trouvent dans les terrains de 
sédiment. » 


RAPPORTS. 


PALÉONTOLOGIE. — Rapport de M. »e Bramnvirre sur des ossements d'éle- 
phant provenant d'un terrain attenant à l’'Hospice Necker. 


« Ayant envoyé sur les lieux M. Merlieux, l’un de nos aides: pour les 
travaux de paléontologie des animaux vertébrés, dont je suis chargé au Mu- 
séum d'Histoire naturelle, je puis dire à l'Académie que les ossements sur 
lesquels M. Delessert a appelé son attention dans la séance de lundi der- 
nier, ont appartenu à l'éléphant fossile connu sous le nom de Mammouth, 
d’éléphant de Sibérie (Elephas primigenius de M. Blamenbach), et qu'ils 
consistent en deux molaires à lames étroites et parallèles, en une portion 
de défense assez grèle et en une partie supérieure de tibia. 

» Ces ossements, enfouis dans le sable d’alluvion de la rive gauche de 
la Seine, à 14 pieds de profondeur, ont été aperçus parce qu'ils faisaient 


‘ saillie à l’une des parois d’une grande tranchée de fondation; en sorte 


qu’en pratiquant une petite excavation latérale d’un pied ou deux, on a 
pu les dégager aisément. On doit donc présumer qu’en fouillant un peu 
plus loin on pourra trouver tout le reste du squelette. Il ne serait donc 
pas sans intérêt que M. Delessert püt y faire faire quelques recherches 
ultérieures , que l’Académie voulüt bien l’en prier, en lui adressant d’abord 
ses remerciments, et y consacrer une petite somme d’argent, s’il en était 
besoin. » 

MM. de Blainville, Flourens et Delessert sont chargés de prendre les 
mesures nécessaires pour la continuation des fouilles; ils s’entendront, 
d’ailleurs , avec la Commission administrative pour les dépenses que ces 
travaux pourront nécessiter. 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Conversion de la fonte en fer doux. 
(Commissaires, MM. Berthier, Chevreul rapporteur. ) 


« L'Académie nous ayant chargés, M. Berthier et moi, de prendre con- 
naissance d’une lettre de M. E. Banrné, relative à l'examen de produits de 
fonte convertie en fer malléable, nous pensons qu’il n’y a pas lieu à faire 
un rapport. » ; 

" 


( 1052 } 


MÉMOIRES LUS. 


CHIMIE VÉGÉTALE. — Mémoire sur la composition du tissu propre des 
plantes et du ligneux ; par M. Paye. 


(Commissaires, MM. Dumas, A. Brongniart, Pelouze.) 


« Depuis l’époque où je parvins, dit l’auteur, à démontrer sous quelles 
influences générales d’agents étrangers à leurs tissus, les organes des vé- 
gétaux se développent, je me suis occupé de déterminer la composition 
chimique de la substance membranéiforme naissante, puis de l’examiner 
après une végétation plus ou moins prolongée, enfin de la suivre dans 
les différents bois, épaissie par la superposition des couches concentriques 
dans les tissus fibreux. 

» Ce travail m'a conduit à prouver que Le ligneux, si universellement 
répandu dans les végétaux phanérogames , west pas, comme on l'avait 
jusqu'ici supposé, un seul principe immédiat ; mais qu'il se compose de 
deux parties chimiquement très distinctes, et dont la nature physiologique 
semble pouvoir étre maintenant définitivement fixée. 


Extraction du tissu végétal à l'état naïssant. 


» Pour atteindre le but principal de ces recherches, il était nécessaire 
d'obtenir le tissu des végétaux récemment formé, afin qu'il füt moins 
compliqué dans sa composition par les divers principes immédiats que 
plus tard il doit sécréter; il fallait donc encore extraire à part le tissu 
élémentaire des différentes parties des plantes, pour s'assurer de l'identité 
des résultats analytiques sur toutes ces parties. ÿ 

» J'y suis parvenu en extrayant avec soin le tissu naissant à l’état gé- 
latiniforme que contiennent les ovules non fécondés des amandes de 
l’Amygdalus sativa, savoir, 1° les ovules renfermés dans les fleurs de l'Ze- 
lianthus annuus ; 2° ceux des fleurs de l’abricotier, des pommiers et des 
cerisiers. 

» Une autre série de très jeunes membranes a été obtenue, en excisant 
avec précaution les extrémités à l'état normal des radicelles et des fibrilles 
radicellaires de plusieurs plantes ligneuses ou herbacées. 

» Je me procurai des membranes plus rapprochées encore de l’état rudi- 
mentaire en réunissant les gouttelettes à peine coagulées qui s'extravasent 


de la section faite aux vaisseaux d'un concombre. 
$ 


( 1053 ) 


» La moelle des pousses vigoureuses venues en deux mois sur des pieds 
de sureaux cultivés dans un sol riche et arrosé , offrit des circonstances fa- 
vorables à la production d'un tissu peu chargé de substances étrangères 
ou ligneuses. 

» Enfin, je trouvai une occasion plus facile d’examiner un tissu analogue 
en opérant sur la moelle blanche de l’æschynoménée (paludosa) et sur 
les poils des graines du cotonnier. 

» Chacune des substances membraneuses obtenues a été immédiatement 
débarrassée des divers produits communs à toutes. L'épuration étant ter- 
minée , on a procédé à la dessiccation, qui s’est achevée par une tempéra- 
ture soutenue de 150 à 18o° dans le vide. 

» Pour soumettre ces matières à l'analyse, il fallait d’abord les réduire 
en poudre; cette opération présentait une difficulté qui m'a obligé de 
recourir à un procédé particulier que j'indique dans mon Mémoire. 

» La matière rendue pulvérulente, était de nouveau desséchée dans le 
vide sec par une température de 160 à 180°, soutenue pendant trois 
heures. Alors l'analyse n’offre plus de difficulté. 

» Voici les nombres obtenus en opérant sur les membranes élémen- 
taires ainsi épurées et divisées, 


Résultats analytiques obtenus sur le tissu- Pur des plantes, extrait de leurs différentes 
parties. 


OVULES OVULES FE suc TISSU MOELLE 
de des ge des des e 
k dei lHelianthus a ci 
l'amandier. pommiers. annuus. concombres.| concombres. sureau, 


—_————— | — | ——_— 
Carbone. ...| 43,57 44,7 43,80 43,37 
Hydrogène... 6,11 6 6,11 6,04 
Oxigène....| 50,32 49,3 - 50,10 50,59 


SPONGIOLES 
des 
radicelles. 


43,57 43,4 
6,20 6,3 


Oxigène....| 5o,3 50,23 50,3 


( 1054 ) 


» Le tissu propre des végétaux, dit l’auteur, n'était donc pas vé- 
ritablement du ligneux; or, sa présence étant constante et ses proportions 
très diverses dans tous les bois, il devait faire varier la composition 
chimique de ceux-ci. Il ÿ avait là par conséquent un nouveau sujet de 
recherches. 

» En comparant l'action de divers corps sur le tissu élémentaire pur 
et sur les tissus ligneux, je découvris bientôt que la substance épais- 
sissant à l'intérieur les cellules fibreuses, est attaquable par des agents 
auxquels la premiére résiste; entre ces agents je citerai la soude, la 
potasse et l'acide azotique. | 

» Des différences remarquables ont lieu dans la composition des bois 
suivant les espèces, et pour les mêmes espèces suivant les climats. Je ci- 
terai à cet égard les résultats suivants : 


Analyse des bois. 


HÈTRE TREMBLE 


2, |, ee 7 —- 
me traité mn) ité ; à Pétat 
à Pétat À à l’état fase LEE Havé 

par par à normal. 
normal. la soude, normal. | Ja soude. | la soude. | deux fois. 


HERMINIERA 


RÉ | 


Carbone...| 54,44 | 49,68 | 54,35 | 49,40 | 48,00 | 47,71 47,18 
Hydrogène. 6,02 6,25 6,13 6,40 6,42 5,94 


Oxigène. .. 


» Ainsi donc la proportion de carbone, relativement aux deux autres 
principes, et la prééminence de l'hydrogène sur l’oxigène, sont d'autant 
plus prononcées que les bois sont plus ligneux, et réciproquement. 

» Les maxima se rencontrent dans le chêne et le hêtre, dont la com- 
position se rapproche le plus de celle des bois analysés par MM. Thénard 
et Gay-Lussac. Le minimum se trouve dans l’herminiera. 

» Afin de vérifier si la plus ou moins grande abondance de matière 
ligneuse occasionait réellement ces différences, il fallait essayer de ra- 
mener la composition des bois les plus ligneux à celle des bois légers, en 


enlevant des quantités proportionnelles de la matière en excès, et vérifiant . 


alors la nouvelle composition. 


( 1055 ) 


» Je parvins en effet à ces résultats en attaquant plus ou moins les bois 
par des solutions aqueuses de soude pure, contenant depuis 0,01 jusqu’à 
0,5 de leur poids du réactif. Parmi les résultats de ces analyses comparées 
on remarquera les différences entre la com position du chéne et du hêtre 
avant et après ce traitement (1). Quant à l'hydrogène, son nombre en 
centième est constant ; il est donc en excès dans le ligneux par rapport à 
l’oxigène. 

» M. Dutrochet ayant indiqué l'emploi de l'acide nitrique ordinaire 
pour dissoudre la matière colorante du bois d’ébène sans attaquer le tissu, 
et M. Pelouze nous ayant appris, d’un autre côté, la transformation du 
ligneux en xyloïdine par l'acide azotique d’une densité de 1,5, il m’a paru 
curieux d'examiner quelle était, de la membrane propre ou de la matière 
sécrétée, celle que l’acide concentré attaquait de préférence, et je re- 
connus que le tissu élémentaire pouvait se maintenir intact dans cet agent 
énergique, c'est ce que prouve le léger feuillet de moelle baigné dans l’a- 
cide en question, et que je dépose sur le bureau de l’Académie (2). 

» Les faits qui précèdent et beaucoup d’autres qu'il serait trop long 
de décrire, prouvent qu’il existe une grande différence dans les propriétés 
comme dans la composition chimique du tissu propre des végétaux et 
du ligneux. Bien que dans ces derniers temps J'eusse recommencé mes 
premières analyses, et fait de nouvelles expériences avec M. Schmersahll, 
Je m’empressai d'accéder au désir de M. Dumas, et d'aller répéter dans 
son laboratoire l'expérience fondamentale qui caractérise le tissu propre 
et le distingue du ligneux : nous obtinmes les nombres que j'avais 


déduits de mes anciennes et nouvelles analyses. Enfin, j'offris encore à 


M. Chevreul les échantillons sur lesquels on pouvait vérifier mes diffé- 
rents résultats. 

» Les données précédentes sont donc, je le crois, dignes de la confiance 
de l’Académie, et il me sera permis d’en déduire les conclusions qui 
suivent. 

» On remarquera d’abord que les circonstances physiologiques de la 
formation des tissus et des développements ligneux s'accordent avec la 
composition que nous avons assignée aux différents bois. 


{1) Les alcalis n’enlevant pas toute la substance incrustante, il se pourrait qu’il y 
eût deux matières, dont une serait attaquable par l’acide azotique. 

(2) Quant à l’acide sulfurique concentré, il désagrége le même tissu sans le dissoudre, 
il lui donne alors la propriété de se teindre en bleu par l’iode; c’est là sans doute ce 
qui a pu faire croire à la transformation du ligneux en amidon. 


CR. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N°25.) 142 


( 1056 ) 


» La substance déposée par couches dans les cellules ligneuses , 
diffère de la membrane proprement dite. 

» La stabilité très grande de celle-ci explique comment certaines moelles 
subsistent après l’altération des bois qui les environnent, et pourquoi le 
bois d’acacia résiste mieux que le chéne ou le hêtre à certaines altéra- 
tions. 

» Le ligneux analogue, quant à sa formation, avec la substance nommée 
sclérogène, découverte par M. Turpin, doit être considéré comme un 
principe immédiat auquel se rapportent la plupart des réactions chimi- 
ques observées. 

» Ces résultats font comprendre plusieurs faits inexpliqués : 

» 1°. La composition différente attribuée aux ligneux des différents 
bois, qui offraient effectivement en proportions variables deux matieres 
au moins. 

» 2°. La fixation de l'hydrogène de l’eau pendant la végétation, phé- 
nomène sur lequel l'attention des physiologistes et des chimistes avait 
été fixée surtout dans ces derniers temps. 

» 3°, Dans la combustion du bois, l'hydrogène en excès concourt à 
la production de la chaleur, et offre un motif réel de préférence en fa- 
veur des bois lourds, à poids égal. (Il faut exceptér des bois blancs, le 
bouleau qui doit à la bétuline sa supériorité pour le chauffage.) 

» 4°. La dissolution graduelle des parties les plus attaquables du li- 
gneux explique l’affinage des fils et tissus par les lessives, et la plus 
grande facilité du blanchiment du coton comparativement avec le chanvre 
et le lin. » 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


M. ce Munisrre pu Commerce transmet la suite d’un travail de M, Buz- 
LARD, Sur la peste. 

Cette seconde partie est renvoyée, comme l'avait été la premiere, sur 
la demande de l’auteur, à Ja Commission du concours pour les prix de 
Médecine et de Chirurgie, fondation Montyon. 

M. ce Ministre DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE transmet une Note de 
M. Scueurz, de Stockholm, sur une Machine à calculer, annoncée 
comme étant plus simple, et par suite moins coûteuse, que celle de 
M. Babbage. 


(Commissaires , MM. Libri, Gambey.) 


( 1057 ) 


zooLoGie. — Observations sur les changements de Jorme que subit la 
téte chez les Orangs-Outans; par M. Dunorrien. 


L'auteur présente dans cette Note les résultats des observations qu'il a 
faites sur seize crânes d’orangs que possède le Musée de Bruxelles ; qua- 
torze de ces têtes proviennent d’une collection formée à Bornéo, et quatre 
conservées dans l’esprit-de-vin ont encore les parties molles, et conservent 
les caractères qui indiquent le sexe. Neuf têtes appartiennent à des sque- 
lettes complets, dont l’âge est facile à reconnaitre. 

« J'ai eu ainsi à ma disposition, dit M. Dumortier, une série de maté- 
riaux plus complète que ne l'avait eu jusqu’à présent aucun zoologiste, 
pour la solution de la question encore controversée relativement à l'unité 
d'espèce des orangs asiatiques. Le résultat de l'examen auquel je me suis 
livré, est que les diverses espèces d’orangs roux indiquées par les natura- 
listes sous les noms de Pifhecus satyrus, de Pongo Abeli et de Pongo 
Wurmbü, ne sont qu’une seule et même espèce observée à des âges dif- 
férents, et présentant il est vrai des formes de crâne extrémement diffé- 
rentes. “x à 

». Les métamorphoses qu'il subit dans ses différents âges intéressent trop 
la science pour que je ne m’empresse pas de faire connaître les princi- 
pales observations que j'ai recueillies, et les divers états que présente le 
crâne de l’orang. 

» Premier état. — Dans le premier âge, les parties antérieures et infé- 
rieures de la tête osseuse sont très peu développées. Le crâne ést complé- 
tement globuleux et seulement un peu rétréci vers les lobes antérieurs ; 
l’occiput est très développé, et il est bombé comme la section d’une 
sphère. On n’aperçoit sur la surface du crâne aucune trace de crête sagittale 
ou occipitale, en sorte que, abstraction faite de la face , on serait tenté de 
le confondre avec un crâne de jeune enfant. Le bord supérieur des orbites 
est peu saillant; les arcades zygomatiques presque droites et renfermées 
dans l'aire de la tête osseuse. Cet état représente l'enfance de l'animal; l4 
collection n’en renferme qu’un seul crâne. 

» Deuxième état. — Au moment où les quatrièmes molaires commencer. 
à paraître, la tête osseuse présente une tendance manifeste vers lélongation 
du crâne, et surtout des parties antérieures. On n’apercoit encore à la 
surface aucune crête sagittale ou occipitale , quoique les parties latérales 
du bord orbital externe et de l’occiput aient déjà une disposition vers la 
production de la base des crêtes, dont une ligne à peine perceptible in- 


142. 


( 1058 ) 


dique la direction sur les pariétaux et l’occipital. Les arcades zygomatiques 
commencent à s'écarter et à prendre la forme courbe qu’elles affecteront 
plus tard. Cet état constitue la jeunesse de l’animal, et c’est lui qui est décrit 
sous le nom de Simia satyrus ou Pythecus satyrus, Geoffr. L’indication 
que je viens de donner repose encore sur un seul crâne. 

» Troisième état. — Les crêtes cräniennes commencent à apparaître 
sous la forme d’une légère proéminence; elles sont originellement au 
nombre de quatre , dont deux occipitales et deux autres que je nommerai 
fronto-verticales. Les deux lignes occipitales naissent derrière le trou 
auditif et se dirigent au sommet; elles marchent à la rencontre l’une de 
l'autre , et finiront par se réunir à leur extrémité supérieure en une crête 
semi-circulaire. Les deux crêtes fronto-verticales sont presque paralleles , 
en sorte qu’elles divisent la partie supérieure du crâne en trois por- 
tions presque égales. Elles partent du bord orbital externe , traversent le 
frontal, puis les pariétaux vers le vertex, et vont rejoindre par derrière les 
crêtes occipitales en se rapprochant légèrement vers l'extrémité posté- 
rieure. L’occiput est toujours bombé; les arcades zygomatiques devien- 
nent sensiblement courbées. A cette époque, la dentition comporte 16 mo- 
laires et représente l'adolescence. La description du Simia morio de M. Owen 
convient pleinement avec l'indication que je viens de présenter. La collec- 
tion renferme quatre crânes que l'on peut rapporter à cet état; un d’entre 
eux est conservé dans l'alcool avec sa peau. 

» Quatrième état. — Les deux crêtes occipitales n’en forment plus 
qu'une seule semi-circulaire par la réunion de leurs extrémités supérieures. 
L'occiput, qui jusque alors avait présenté une surface bombée, est totale- 
ment aplati. Les deux crêtes fronto-verticales deviennent très proémi- 
nentes et forment une saillie considérable sur le vertex ; elles sont toujours 
au nombre de deux et se rapprochent quelque peu au sommet du vertex 
vers la place de la fontanelle, quoique restant toujours distantes l'une de 
l'autre. Le bord supérieur de l'orbite, qui jusque-là avait présenté une 
surface aiguë, se forme en crête sourcilière large et plane qui se confond 
sur les bords extérieurs avec la base des crêtes fronto-verticales. Dans cet 
état l'animal a sa dentition complète et est arrivé à l’âge adulte. J'ai observé 
quatre crànes que l’on peut rapporter à cette période; deux d’entre eux 
sont conservés dans l'alcool avec la peau et se rapportent lun à un indi- 
vidu mâle, l’autre à un individu femelle. 

» Cinquième état. — Les deux crêtes fronto-verticales qui jusque-là 
avaient été complétement distinctes et séparées sur toute la longueur, se 


{ 1059 }) 

rapprochent au sommet du vertex et deviennent contiguës au point de se 
toucher longitudinalement vers la partie postérieure, sans cependant en- 
core se confondre en une crête unique. Ainsi disposées, elles présentent 
un cône allongé dont la base est vers les orbites et la pointe au vertex. 
Cet état est très intéressant pour l'étude, car il est la transition vers la crête 
verticale unique qui caractérise l’âge vieux. qui va suivre: Il n’en existe 
qu'un seul crâne, unique sans. doute en Europe et infiniment précieux, 
puisqu'il est la pièce probante de l'unité spécifique de lorang roux. 

» Sixième état. — Enfin au sixième état, qui représente l’âge vieux, 
les crêtes fronto-verticales se rapprochent de plus en plus sur le front et 
se confondent, au-delà du coronal, en une crête verticale unique qui s’é- 
lève considérablement et ne laisse voir aucune trace de la jonction des 
crêtes parallèles. En même temps la face s’élargit par l’écartement tou- 
Jours croissant des arcades zygomatiques, et présente le caractère bestial le 
plus prononcé. L'’ongle du pouce des pieds, qui jusque-là avait existé en ru- 
diment, disparaît, et l’on n’en aperçoit plus que la trace. J'ai étudié cinq 
crânes ainsi conformés, et l’un d’entre eux était conservé dans l’alcool et 
encore attaché à la peau. La hauteur de ces individus est d’au moins cinq 
pieds de France. L’inspection m’a démontré que le Pongo Abelii et le Pongo 
Wurmbii se rapportent tous deux à cet état, le premier ayant été établi 
sur la peau sans squelette, et le deuxième sur le squelette sans peau. 

» Le dernier état que je viens d'indiquer se rapporte au vieil âge du mâle. 
La femelle ne paraît pas arriver à cette dernière formation > si l’on en juge 


d’après l'individu très adulte conservé dans l'alcool et qui ne présente que 
les formations crâäniennes du quatrième état. » 


Le Mémoire de M. Dumortier est renvoyé à l'examen d’une Commission 
précédemment nommée pour un Mémoire de M. Anrezme, sur le Cépha- 
lomètre ; ce dernier travail contenant aussi des observations sur les chan- 
gements que subit le crâne chez certains mammifères, depuis leur nais- 
sance Jusqu'à. leur plein développement. 

ORGANOGRAPHIE VÉGÉTALE, — Considérations sur l'usage que l'on peut faire 
des rapports de position qui existent entre la bractée et les parties de 
chaque verticille floral , dans la détermination du plan normal sur le- 
quel les fleurs des diverses familles sont construites; par M. An. Srernuenr. 


(Commissaires, MM. de Jussieu, Ad. Brongniart, Richard.) 


( 1060 ) 


zoozocre. — Sur le dragoneau qui habite les eaux du Fontanil ; 
par M. Cuanver, de Grenoble. 


(Commissaires , MM. de Blainville , Milne Edwards.) 


anaroMte GÉNÉRALE. — Globules du sang de forme elliptique observés chez 
deux espèces de mammifères. 


M. Mans adresse une Note sur la forme des globules dans le sang du 
Dromadaire et de l’Alpaca; chez ces deux animaux, les globules, au lieu 
d'être circulaires, comme ils le sont chez les mammifères en général, pré- 
sentent une forme elliptique comme ceux du sang des oiseaux, des rep 
tiles-et des poissons. ù 


(Commissaires, MM. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire , Milne Edwards.) 


naviGarion. — Mémoire sur un instrument destiné à mesurer la vitesse de 
la marche des navires. 


M. A. Bouvanr présente une Note sur la théorie d’un instrument dont 
ilavait adressé la description, sous enveloppe cachetée, à la séance du 
18 juin, dernier. Cet appareil, désigné sous le nom de dromomètre, doit, 
suivant l’auteur, suppléer à la fois au lock pour mesurer la vitesse de la 
marche d’un navire et au compas de variation pour mesurer sa-dérive. 


(Commissaires , MM. Ch: Dupin, de Freycinet , Poncelet. ) 


M. Powzui, professeur d'anatomie. comparée à l'Université de Rome, 
adresse un, Mémoire sur une épizootie qu’il. a observée aux. mois d'octobre 
et de novembre 1837, chez certaines espèces de poissons, Perca labrax , 
Mugil cephalus, Mugil auratus, dans le lac.de Maccarèse,. à 8 lieues de 


Rome. 


(Commissaires ; MM. Duméril , Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire. ) 


( 1061 )) 


CORRESPONDANCE. 


M. ze Minisrre pe L'ÉNSrRuCTION PUBLIQUE invite l’Académie à lui pré- 
senter, Conformément à la loi du ri floréal an x, un candidat pour la 
chaire d' Anatomie ét d'Histoire naturelle de l'iomme, devenue vacante 
au Muséum d'Histoire naturelle par la nomination de M. Flourens à la 
chaire de Physiologie comparée. 

La lettre de M. le Ministre est renvoyée à la section d’Anatomie et de 


Zoologie. 


puysiQue. — Æaxtrait d'une lettre de M. lé professeur pe La Rive à 
M. Becquerel, sur l'oxidation du platine et la théorie chimique de 
l'électricité voltaique: 


« .….. J'ai lu dernièrement à notre Société de Physique et d'Histoire na- 
turelle , une Note relative à l’oxidation du platine. C’était le 4 septembre, 
à une séance à laquelle assistait M. Dumas, momentanément à Genève. 
Différentes circonstances ont retardé la publication de mon Mémoire, et 
quoiqu'il soit sur le point de paraître, cependant je désirerais que vous 
voulussiez bien communiquer à l’Académie des Sciences les principaux 
résultats que j'ai obtenus, si vous estiméz ; du moins, que cette commu- 
nication présente quelque intérêt. 

» Je résume en peu de mots les résultats auxquels j'ai été conduit : 

» 1°. Des fils de platine lavés avec le plus grand soin, soit dans la po- 
tasse, soit dans les acides, se recouvrent en peu d’instants d’une poudre 
noire, quand apres les avoir plongés dans une solution acide très pure on 
s’en sert pour transmettre dans cette solution une succession rapide de 
courants instantanés dirigés alternativement en sens contraire. La poudre 
noire est du platine parfaitement métallique très divisé; l’oxidation ,et la 
réduction qui se succèdent avec une grande rapidité sur la surface des fils 
par l'effet des couches d’oxigène et d'hydrogène qui les recouvrent alter- 
nativement, finissent par désagréger les particules métalliques. Cette ex- 
plicatiôn du phénomème résulte ‘de l'examen de toutes les circonstances 
qui l’accompagnent, soit quand on lobserve sur le platine, soit quand on 
létudie sur les autrés métaux. 

» 2°. J'ai fait pénétrer le courant d’une pile de ro ou 20 couples faible- 
ment chargée dans de l’eau distillée, légèrement acidulée avec de l'acide 
sulfurique très pur, au moyen de deux surfaces de platine d’une étendue 


( 1062 ) 


très différente: l’une était celle d’un fil d’un diamètre de r millimètre et de 
2 à 3 millimètres de longueur; l’autre était celle d’une grande lame, quel- 
quefois d’un long fil ou d’un morceau de platine spongieux. Toutes les sur- 
faces de platine avaient été décapées et lavées avec soin. L'appareil était 
disposé de facon à pouvoir recueillir et mesurer avec soin les gaz prove- 
nant de la décomposition. On mit d’abord le pôle négatif en communica- 
tion avec la grande surface, et le pôle positif avec la petite ; on obtint, 
comme cela devait être, un volume d'hydrogène exactement double de 
celui de l’oxigène. On changea ensuite les pôles, et l’oxigène se dégageait 
sur la grande surface; il en manqua de 2 à 4 centimètres cubes pour que 
son volume fût exactement la moitié de celui de l'hydrogène dégagé sur 
la petite surface. Si la grande surface est immédiatement après remise en 
communication avec le pôle négatif, on ne retrouve plus la quantité d’hy- 
drogène requise; il en est de même si, après l’avoir décapée et lavée, on la 
laisse sécher dans l’air avant de la plonger dans la solution qui doit être dé- 
composée. Ces expériences prouvent donc qu’elle se recouvre d’une légère 
couche d’oxide, et l’on s’en aperçoit encore en ce qu'il s’écoule quelques 
secondes avant que l'hydrogène s’y montre depuis le moment où l’on a 
fermé le circuit en la faisant communiquer avec le pôle négatif, tandis que 
le dégagement de ce gaz est instantané quand elle est parfaitement décapée 
au moment où on la met dans le circuit. Dans le premier cas, en effet, 
l'hydrogène qui commence à se dégager est employé à la désoxider. 

» 3°, J'ai décomposé de l’eau légèrement acidulée dans l’intérieur d’un 
eudiomètre au moyen de deux fils de platine, l’un très court, l’autre très 
long, communiquant le premier avec le pôle positif, le second avec le pôle 
négatif de la pile. J'ai fait détoner le mélange gazeux, j'ai eu un excès d’hy- 
drogène ; je l’ai laissé dans l’eudiomètre et j'ai changé les pôles de la pile de 
place. J'ai fait détoner le produit gazeux, et il n’y a presque pas eu de ré- 
sidu ; l'excès d'hydrogène provenant de la première opération avait presque 
totalément disparu. Cet excès était donc dù à ce qu'une partie de l'oxigène 
avait été employée à oxider la surface du long fil de platine quand celui-ci 
communiquait avec le pôle positif, et il a disparu , parce qu’en faisant com- 
muniquer ce même fil avec le pôle négatif, une partie de l'hydrogène qui 
aurait dû se trouver dans le mélange gazeux a été employée à désoxider 
le fil. L'expérience réussit encore mieux quand on se sert pour le long fil, 
d’un fil de platine recouvert de la poudre noire métallique , dont on forme 
une couche sur sa surface en la désagrégeant par le procédé que nous 
avons indiqué plus haut. 


( 1063 ) 


» Les faits que je viens d’exposer et d’autres du même genre m'ont con- 

duit à “der conséquences dont voici les principales : 

°. Il me paraît que le platine et probablement les autres métaux de la 
même see ne doivent plus être rangés dans la classe des métaux non oxi- 
dables. Mais ce qui établit entre ces métaux et ceux dits oxidables, une 
grande différence, c’est que les premiers ne se recouvrent, dans les mêmes 
circonstances où les autres s’oxident complétement, que d’une couche 
d’oxide très superficielle sans qu'il y ait pénétration ou cémentation, ce qui 
est probablement dû à leur grande densité. Mais si l’oxidation et la réduc- 
tion ont lieu alternativement très fréquemment sur la même surface, cette 
surface finit par se désagréger, comme nous l’avons vu. Cette désagrégation 
peut avoir plusieurs degrés : quelquefois elle ne fait que ternir un peu la 
surface; dans d’autres cas elle détermine une couche pulvérulente au-des- 
sous de laquelle on découvre, quand on l'a enlevée, des sillons plus ou 
moins profonds sur la surface d’un fil qui était auparavant parfaitement 
polie et unie. Les fils de platine qui ont servi pendant long-temps à décom- 
poser l’eau par les piles, et dont chacun a servi indifféremment tantôt de 
pôle positif, tantôt de pôle négatif, présentent cette même apparence 
rugueuse. 

» 2°. Le fait découvert par Docbereiner de l'incandescence du platine 
sous l'influence d’un courant d'hydrogène dans l'air, ainsi que tous les 
phénomènes du même ordre, tel que celui de la lampe aphlogistique, me 
paraissent être dus à une oxidation et réduction alternatives du métal. Tous 
les métaux oxidables présentent à une température plus ou moins élevée 
pour chacun d'eux, une incandescence remarquable quand on dirige sur 
eux un courant d'hydrogène dans l'air, incandescence qui , dans ce cas, est 
évidemment due, ainsi qu'on l'a prouvé, à une succession rapide d’oxi- 
dations et de réductions alternatives. Or, le platine se recouvrant d’une 
légère couche d’oxide dans l'air, il présente le même phénomène avec 
la seule différence que la température à laquelle ce phénomène à lieu est 
moins élevée pour le platine, parce que ce métal-est plus facilement ré- 
ductible. Entre autres preuves à l'appui de cette explication, je citerai le fait 
suivant : un fil de platine parfaitement propre et séché, après avoir été lavé 
avec soin dans les oxides dans un vase clos, a été tourné en hélice et tenu 
en incandescence pendant quelque temps au - dessus d’une lampe d’alcool 
qu'on avait d abord allumée, puis éteinte dès de le fil avait été rouge, de 
maniere à faire une lampe aphlogistique. Ce fil s’est recouvert d’une dore 

d'abord grisâtre , puis noirâtre lorsque la couche est devenue plus épaisse, 

C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VIT, N° 95.) 143 


( 1064 ) 
exactement comme dans l’expérience où l’on avait exposé à l’action alter- 
native de l’oxigène et de l'hydrogène dégagés par les courants alternati- 
vement contraires. Cette désagrégation, qui estévidemmentdue aussi dans 
ce cas à une série alternative d’oxidations:et detréductions; «est plus ou 
moins prononcée selon que le'fil a été tenu en incandescence un nombre 
d'heures plus ou moins considérable. T’alcool employé était parfaitement 
pur et sans mélange d’éther. On peut d’ailleurs obtenir le même effet.en 
tenant le fil de platine en incandescence par'un courant d'hydrogène; mais 
c’est plus difficile, vu qu’on à de la peine à faire durer l'expérience assez 
long-temps pour qu'il en résulte sûr la surface du métal une altération 
sensible. Je ne ‘puis m'empècher de remarquer que toutes les circons- 
tancés qui favorisent l’action du platine sur les mélanges gazeux, et qui 
ont'été décrites avec tant de soin , d’abord par MM. Thénard'et Dulong, 
puis ensuite par M. Faraday, sont exactement les mêmes que celles qui fa- 
vorisent la désagrégation du métal par une série d’oxidations et de réduc- 
tions alternatives ; en particulier, l'action de la chaleur, celle: des acides, 


des alcalis, etc., actions qui toutes contribuant à nettoyer la surface et à la 


rendre ainsi plus facilement oxidable, deviennent ainsi trés faciles à com- 
prendre. Il en est de même des causes qui tendent à arrêter la production 
de ces phénomènes, et en particulier toutes celles qui en salissant la 
surface du métal, le rendent d’abord moins facilement oxidable ét surtout 
plus difficilement réductible à la température ordinaire. L'influence de 
l’état de division du platine sur le succès de l'expérience dé Doebereiner 
s'explique aussi facilement quand on ne voit dans cette expérience qu'une 
série d’oxidations et de réductions alternatives, et il n'est pas nécessaire 
de recourir à l’action d’une force mystérieuse, telle que celle que Berzélius 
à admise sous le nom de force catalytique. Quant à l'action sur le mélange 
explosif de substances autres que les métaux, on ne peut lattribuer à la 
cause que je viens d'indiquer; mais cette action est très limitée, elle n’a 
lieu qu'à des températures très élevées (300° à 350°), et quelques faits me 
paraîtraient prouver que l'électricité qui est développée à ces hautes tem- 
pératures dans les corps mauvais conducteurs , jointe à l'influence directe 
de la chaleur, suffisent pour expliquer l’action dont il s’agit. 

» 3°, La dernière conséquence que je me permets encore d'indiquer ici, 
est relative aux expériences dans lesquelles on a développé de l'électricité, 
soit sous forme de courant, soit à l’état de tension, en employant du pla- 
tine. On a cru voir dans les résultats positifs qu’on à obtenus des argu- 
ments irréfragables en faveur de la théorie du contact. Il me semble main- 


( 1065 ) 


tenant qu'il faut tenir compte, dans l'appréciation des expériences dont il 
s'agit, de la faculté qu’a le platine de pouvoir s’oxider et se désoxider fa- 
cilement.-On explique ainsi très bien l'électricité positive que, suivant 
M. Péclet, le platine prend dans son contact avec l'or; on rend aussi 
compte, avec la même facilité, de tous les phénomènes si variés. que pré- 
sentent les courants secondaires qu’on obtient avec des lames:de platine 
dont on s'est servi pour transmettre les courants dans les liquides. 
Il est vrai que les actions chimiques dont il s’agit sont très faibles, mais 
quand: on songe à la sensibilité des condensateurs et des galvanomètres 
employés pour percevoir l'électricité dégagée par ces petites actions, on 
ne trouve plus l'intensité de l'effet hors de proportion avec l'énergie de la 
cause. % 

:» Ce que je viens de dire.m' amène à xectifier une opinion! queiles per- 
sonnes qui attaquent la théorie chimique de l'électricité voltaique parais- 
sent m'attribuer, savoir, : que je. prétends que tout développement d’é- 
lectricité est dù à une action chimique. Je n’ai jamais soutenu-un pareil 
principe. Ce que j'ai dit depuis dix ans dans les différents Mémoires que 
j'ai publiés sur ce sujet, et ce que je crois pouvoir dire encore malgré les 
objections qu'on a mises en avant récemment, c'est que le contact de 
deux substances hétérogènes n’est pas par lui-même une source d'élec- 
tricité, quoiqu'il puisse être souvent une condition indispensable pour 
que l'électricité déreloppée par d’autres, causes puisse devenir sensible. 
Quant à ces causes, j'ai constamment dit que toute action qui dérange 
l'équilibre moléculaire est, accompagnée d’un développement d'électricité 
et: que cette action, peut être, non-seulement chimique, mais physique, 
comme la chaleur mécanique, comme la pression et le frottement. Je vais 
incessamment publier sur ce sujet de nouvelles recherches,, dans. les- 
quelles, reprenant les différents faits invoqués en faveur. de la théorie du 
contact, et contre la théorie chimique dans la production de Pélectricité 
voltaïque, j'espère montrer par l'étude que j'en ai faite qu'ils sont loin 
de conduire aux conséquences que leurs auteurs ont voulu en tirer. » 


PHYSIQUE. — Éxtrait d'une lettre de M. Sono à M. Becquerel. 


« Mes dernières recherches sur la polarisation voltaique des conducteurs 
fluides et solides, m'ont conduit nécessairement à faire des expériences 
semblables à celles qui ont été faites par MM. Matteucci et Peltier, dont 
il a été question dans une des dernières séances de l’Académie des Sciences. 


143. 


( 1066 ) 


Veuillez me permettre, Monsieur, de'vous faire part des principaux ré- 
sultats que j'ai obtenus dans ces recherches. Les voici : 

» 1°. Un fil de platine polarisé, soit positivement , soit négativement, 
perd son état électrique particulier lorsqu'il est chauffé jusqu'au rouge. 
J'appelle polarisé négativement un fil qui a fonctionné comme fil polaire 
positif d’une pile dans de l'acide sulfurique fort étendu d’eau; et je nomme 
polarisé positivement nn fil qui a joué le rôle de fil polaire négatif dans 
le même liquide. 

» 2°. Un fil de platine polarisé positivement, perd son pouvoir électro- 
moteur, lorsqu'il est plongé seulement pendant un instant, dans une 
PEER UE de chlore. 

» 3°. De même, un fil de platine polarisé positivement perd son état 
électrique, lorsqu'il est plongé dans de l’oxigène. Mais pour obtenir däns 
ce cas la destruction complète de la polarité du fil, il est nécessaire qu'il 
reste dans l’oxigène un peu plus long-temps, c’est-à dire pendant quel- 
ques secondes. 

» 4°. Un fil de platine polarisé négativement, perd son état particulier 
lorsqu'on le plonge dans de l'hydrogène ; mais dans ce cas, comme dans 
le précédent, l'effet n’a lieu d'une manière complète qu'après quelques 
secondes. 

» 5. Un fil de platine, polarisé soit positivement, soit négativement, 
n'éprouve aucune influence A ‘de la part du gaz acide carbo- 
nique. + 

» 6°. Un fil de platine après avoir été plongé seulement pendant quel- 
ques instants dans de l'hydrogène, acquiert, sous tous les rapports, les 
propriétés d'un fil qui aurait été polarisé positivement. Des fils d’or ou 
d'argent ne sont point affectés du tout par l'hydrogène. 

» 7°. Un fil de platine placé dans l'oxigène n’acquiert pas la moindre 
force électro-motrice. L'or et l'argent sont dans le même cas. 

» 8. Le platine, l'or et l'argent exposés pendant quelques instants dans 
une atmosphère de chlore, prennent l’état voltaique d'un fil polarisé né- 
gativement. 

», 9. L'acide sulfurique très étendu d’eau et dans lequel on a dissous 
un peu d'hydrogène , se comporte comme positif envers le même liquide , 
mais qui ne contiendrait pas d'hydrogène dissous, pourvu que les deux 
liquides fussent séparés l’un de l’autre par une membrane et mis en com- 
munication avec le galvanomètre par le moyen de fils de platine. Mais 
si dans ce dernier cas (c’est-à-dire pour faire communiquer les liquides 


( 1067 ) 


avec le galvanomètre) on emploie des fils d’or ou d'argent, les fluides 
n’excitent pas le moindre courant. 

» 10°. Deux fluides, dont l’un est de l’acide sulfurique très étendu 
d’eau et contenant un peu d’oxigène dissous, et l’autre d’égale nature, 
mais sans oxigène dissous , ne produisent point de courant , que les fils par 
lesquels ils sont mis en communication avec le multiplicateur soient de 
platine, ou d’or, ou d'argent. 

» 11°. Lorsque dans l’un de ces deux mêmes liquides (l'acide sulfu- 
rique étendu d’eau), on dissout. du chlore au lieu d’oxigène, ce li- 
quide se comporte comme négatif envers l’autre (c'est-à-dire celui qui 
ne contient pas de chlore), que les fils de communication avec le galva- 
nomètre soient de platine, d’or ou d'argent. Ê 

» 12°. Une solution d'hydrogène perd son pouvoir d’exciter un courant 
lorsqu’elle est mêlée avec une certaine quantité de chlore dissous dans 
l'eau; de même une solution de chlore perd sa faculté de produire un 
courant, lorsqu'elle est mêlée avec une quantité suffisante d'hydrogène 
également dissoute dans l’eau. 

» L’acide muriatique polarisé positivement perd sa polarité lorsqu'il est 
mélé avec une certaine quantité de chlore , et le même acide polarisé néga- 
tivement perd son état particulier lorsqu'il est traité avec une quantité 
suffisante d'hydrogène. 

» Mabstenant de tirer de ces faits et de ceux que j'ai eu l'honneur de 
vous communiquer, il y a à peu près deux mois, toutes les conséquences 
et observations qu'ils admettraient, je me bornerai aujourd’hui aux sui- 
vantes.' 

» Les courants secondaires produits par les fils polarisés et les fluides 
polarisés sont principalement dus à une action chimique ordinaire, c’est- 
à-dire, dans la plupart des cas mentionnés, à la combinaison de l’oxigène 
avec l'hydrogène, ou à celle du chlore avec l'hydrogène, ét non comme 
M. Peltier semble le croire, à la solution de ces gaz dans l’eau. (Je n’ose pas 
encore dire que les courants secondaires soient entierement dus à une 
action chimique ordinaire. } 

» La combinaison chimique de l’oxigène avec l'hydrogène qui a lieu 
dans l’acide sulfurique étendu d’eau est causée par la présence du platine, 
de la même manière que ce métal détermine l’union chimique d’oxigène 
et d'hydrogène dans l’état gazeux. 

» Le courant produit par un fil de platine entouré d’une couche de 
chlore, ou par une solution de chlore, ne dépend point de l'action du. 


( 1068 ) 


chlore sur le platine, mais bien de l'action du chlore sur l'hydrogène de 
l'eau. En général le chlore joue, dans quelques circonstances , le même 
rôle électro-moteur que les peroxides d'argent, de plomb ; etc. 

> Les corps électrolytiques ne permettent pas au courant le plus faible de 
les traverser, sans subir une décomposition , et lemoyen le plus délicat de 
constater l’électrolysation est l’état polarisé des électrodes. 

» Le fait indiqué dans l’article neuvième me semble-mériter tout spécia- 
lement l'attention des physiciens; car, d'après mon opinion ; il présente la 
preuve la plus concluante en faveur de la théorie chimique de là pile. En 
effet, si le contact entre les deux liquides était la véritable cause du cou- 
rant qui se manifeste dans les circonstances mentionnées ; il est bien clair 
que la nature des fils de communication ne le déterminerait pas; l’or de- 
vrait agir comme le platine, ce qui n’a paslieu, comme jé ai déjà indiqué 
plus haut. ü 

» Vous trouverez peut-être dans la communication présente quelque 
chose de nouveau; dans ce cas je vous prie d'en faire part äl’Académie. » 


ACOUSTIQUE. — Quelques faits résultant de la réflexion des ondes sonores; 
par M. N. Savarr, lieutenant-colonel du génie. 


« Si, pendant qu'un bruit se fait entendre, on s'approche d’un objet 
propre à le réfléchir, on peut remarquer qu’un son se détache du milieu 
de ce bruit, et que le son ainsi produit varie d’acuité avec la distance qui 
se trouve entre l'oreille et le corps réfléchissant : de telle sorte qu'il de- 
vient de plus en plus grave lorsque cette distance augmente, et de plus en 
plus aigu quand cette même distance diminue. 

» Plusieurs circonstances facilitent l'observation de ce phénomène : 

» Il faut éviter qu'aucun corps d’une étendue considérable ne se trouve 
entre l'observateur et la source du bruit, afin que celui-ci parvienne avec 
le plus d'intensité possible ; 

» Il convient de prendre pour surface réfléchissante une paroi à peu 
près verticale, cette position de la surface permettant de s’en approcher 
et de s’en éloigner commodément : un mur, un battant de porte, un car- 
reau de vitre satisfont à cette condition; à 

» La distance de l'oreille à la paroi peut varier entre zéro et 2 où 3 mè- 
tres; plus loin, le son devient trop grave pour être saisi facilement; 

» Quant au bruit, il suffit que sa durée soit assez longue pour per- 
mettre les observations; tels sont ceux qui vont être cités : 


( 1069 ) 

» Le bruit d’une voiture roulant sur le pavé; 

» Le bruit d’une chute d’eau; 

» Le bruit que fait la vapeur en s’échappant avec force par un orifice; 

» Un roulement de tambours ; 

» Le bruit d’un ou de plusieurs arbres dont les branches et les feuilles 
sont agitées par le vent; 

» Le bruit formé par la réunion de tous les bruits qui se font dans une 
grande ville; 

» Le bruit de la mer : gelui-ci fournit des sons d'une intensité fort re- 
marquable. 

» L’habitude de distinguer au milieu du bruit les sons produits par la 
réflexion , ayant été acquise, on a cherché quelle relation pouvait exister 
entre leurs différents degrés, d’acuité et les distances correspondantes de 
loreille à la paroi réfléchissante. 

» Pour.cela, on a fait choix d’une muraille plane et verticale, et lon a 
placé, dansune direction qui lui était normale, une règle divisée, ayant une 
de ses extrémités, celle qui portait le zéro, appuyée contre le mur. Cette 
régle, dont l'objet était de donner les distances de l'oreille au plan, a été 
fixée dans la position qui vient d’être indiquée et se trouvait ainsi dirigée 
vers le point d’où provenait le bruit. Ensuite, faisant face à la règle, on 
en a spproche la tête de manière à RUE une oreille du côté du mur, 
tandis qu’on tenait bouchée l'oreille opposée. Au moyen d'une équerre 
dont un des côtés glissait le long de la règle et dont l’autre s ’appuyait à 
la tête, derrière le pavillon de l'oreille ouverte, on obtenait la distance de 
cet organe au mur, distance indiquée par la division correspondant au 
pied de l’équerre. 

» Ayant nommé arbitrairement ut, le son entendu à l'unité de distance, 
on a déterminé, à l’aide de cet appareil, les distances auxquelles on en- 
tendait les autres sons de la gamme diatonique. Les résultats obtenus sont 
transcrits dans les deux premières colonnes du tableau qui suit : 


( 1070 ) 


DISTANCES LONCUEURS 
sons mesurées d’ondes calculées, 


e 
de la gamme. l'oreille celle, de ut: 


au plan. 


XX XX X X XX xx X 


( 
8 
El 
# 
5 
3 
4 
a. 
îj 
3 
5 
#_ 
Π
w 
8 
9 
4 
5 
4; 
4 
2 
3 


» On a mis dans la troisième colonne les longueurs des ondes produites 
par chacun des sons de la gamme, en partant de la supposition que l'onde 
de zut, soit l'unité de longueur, Les nombres de cette troisième colonne 
étant sensiblement égaux à ceux qui leur correspondent dans la première, 
on est autorisé à conclure que la distance à laquelle loreille se trouve du 
plan réfléchissant , est dans un rapport constant avec la longueur de l'onde 
qui appartient au son perçu à cette même distance. 

» Pour déterminer la valeur de ce rapport on s’est servi d’un instrument 
mis au ton du diapason. On en a tiré le son wf,, et l’on a cherché sur la 
régle le point où l'oreille entendait par réflexion le même son wf,. Ce point 
s'est trouvé à 55 pouces du mur. Or, l'onde de ut, ayant 48 pouces, le 


; 55 ce rs F : 
rapport cherché et 78 — 1,146. D’autres expériences ont donné des ré- 
( 


sultats peu différents de celui-ci. 

» Quand on perçoit directement un son, on peut s'éloigner ou se rap- 
procher de sa source sans remarquer de modification dans le son, si ce 
n'est une différence d'intensité, lorsque les déplacements deviennent con. 
sidérables. Mais d’après ce qui précède on peut présumer que les sons 


( 1071 ) 
réfléchis doivent présenter quelque autre particularité. On a donc été 
naturellement conduit à rechercher quelles circonstances accompagnent la 
réflexion d’un son unique. C’est dans ce but qu’on a entrepris les expé- 
riences suivantes, 

» Un timbre a été placé sur un support qui le tenait à environ 1*,30 
au-dessus du sol et à la distance de 4o ou 5o mètres d’une paroi plane et 
verticale. L'espace était libre tout autour de ce timbre : les ondes dont il 
était le centre pouvaient se propager dans toutes les directions , excepté 
du côté de la paroi destinée à les réfléchir. On fixa à la paroi l'extrémité 
d’une bande flexible de métal, dont l’autre extrémité était retenue par un 
piquet fiché dans le sol. Ce ruban, qui avait une trentaine de mètres de 
longueur, était tendu suivant une horizontale perpendiculaire à la paroi 
et passant par le timbre. Nous désignerons cette droite par le nom d’axe 
de réflexion. : 

».Pendant que le timbre, armé d’un vase renforçant, était mis en vibra- 
tion au moyen d’un archet et produisait un son d’une intensité forte et 
constante, on procédait aux observations en promenant l'oreille le long 
d’une droite aussi voisine que possible du ruban. 

» On remarqua que le son n'avait, pas la même intensité en chaque 
point de l’axe de réflexion; que cette intensité, nulle en plusieurs points, 
atteignait sa plus grande énergie en quelques autres ; que les points où 
ces particularités se présentaient ne variant pas de position, il était pos- 
sible de les marquer sur le ruban et par suite de mesurer les intervalles 
qui les séparaient. 

» On vit ainsi que les points où l'intensité est nulle sont à peu près 
également espacés sur toute l’étendue de l'axe de réflexion; que l’inter- 
valle entre deux de ces points voisins est égal à la longueur de l'onde 
produite par le son connu du timbre; que les points où l'intensité est la 
plus grande sont aussi distants entre eux d’une longueur d'onde et se 
trouvent situés vers le milieu de l’espace compris entre deux points de 
nulle intensité; et enfin que l'intensité du son va en croissant ou en dé- 
croissant graduellement, en même temps que l'oreille s'éloigne d’un point 
où l'intensité est nulle, ou d’un point où elle est à son maximum. 

» Nous donnerons le nom de nœuds aux points de l'axe de réflexion où 
l'intensité est nulle; celui de ventres à ceux où elle a le plus d'énergie, 
et celui d'ondes à l'intervalle de deux nœuds voisins. 

» Le tableau qui suit contient les résultats d'observations faites avec un 
imbre qui donnait le son ut, 


C. R. 1838, 2€ Semestre.(T. VII, N° 25.) 144 


N9S D'ORDRE 
des nœuds. 


ei nt nt ne + et he 
DO WE m OO 03 DO GN — 


( 1073 ) 


DISTANCES DES NŒUDS 
au plan réfléchissant. 


mt. 
0,373 
1,000 
1,615 
2,275 
2,887 


3,495 
1085 
4,713 
5,337 
5,952 
6,5:6 
7»195 
798 
838 
9,013 
9,652 
10,413 
11,045 
11,660 
12,286 
12,873 
13,485 
r4 ,093 
14,728 
15,374 
15,903 
16,668 
17,263 
17,883 
18,473 
1070 
19726 
20,348 
20,963 
21,973 
22,196 
22,836 
23,450 
24,110 
24,755 
25,410 


N°8 D'ORDRE 


des ventres. 


DISTANCES DES VENTRES 


au plan réfléchissant. 


0,716 
1,358 


LONGUEURS 
des ondes. 


DISTANCES 
entre 
deux ventres voisins. 


TEMPÉRATURES 


en degrés centigrades. 


2° 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
1dem 
Idem. 
Tderm. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
5°,5 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Tdem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 
Idem. 


TEMPÉRATURES, 


( 1073 ) 

» La mesure des distances de l'oreille au plan réfléchissant exigerait que 
l’on connût la partie de l'appareil de l’ouie où se trouve le siége de l’audi- 
tion. À défaut de données précises sur ce peints on a supposé qu ’elle 
s'opérait dans la cavité du labyrinthe, où vient s'épanouir le nerf acous- 
tique. Cette portion de l’organe est chez l’homme à Ja profondeur d’en- 
viron un pouce, à partir de l’apophyse mastoïde , contre laquelle s’appuyait, 
dans nôs-observations, le côté de l’équerre servant à indiquer les distances. 
On a donc ajouté 1 pouce ou 27°" à toutes les longueurs prises directe- 
ment; cette correction nécessaire a été faite avant d'inscrire les résultats 
sur les tableaux rapportés ci-dessus. 

» Il ne sera pas inutile de dire, avant d’aller plus loin, que la position 
du timbre, ou mieux, sa distance à la paroi réfléchissante, n’a pas d’in- 
fluence sensible sur les phénomènes observés. Ainsi, pendant que l'oreille 
était placée sur un nœud, par exemple, on pouvait faire promener le 
timbre dans une grande étendue de l'axe de réflexion, sans qu'il en ré- 
sultât de changement pour la position de ce nœud, 

» Le tableau qui précède donne lieu à plusieurs observations : 


1°. L’onde du son wf, ayant 24 pouces de longueur, celle du son 
ut* fourni par le timbre, est égale à 


24P0 - = 0,650 %< - = 0,624. 


Les longueurs d'ondes portées dans la troisième colonne du tableau s’écartent 
peu en général, de 0",624 : les différences sont tantôt en plus. tantôt en 
moins. 

» Si, considérant d’abord les 16 résultats obtenus à la température de 


2°, on retranche de la distance du 16® nœud, . ? . . . . . 9",652 
ERUTEPNC TITLE 5 A SES Pate ES SES A RSS AT DL 
la différence . . . . : : de dOIr 107270 


divisée par le nombre d’ Re PHmiorRe entre ces Sr nœuds, 
c’est-à-dire par 15, donne pour la longueur moyenne de cha- 
cune de ces 15 ondes . . . . NOR dur 0 761806 


» Une opération semblable peut être faite sur les observations 
qui ont eu lieu à la température de 5°,5 : 


» Le 41° nœud est à . . . . ee: 2 5 410 
si l'on en retranche la distance 4 1e Sata CC AT0I0)97 
il reste pour la longueur de 40 ondes . . . . . . . . . . 25,037 


144. 


( 1074 ) 
et par conséquent pour la longueur moyenne d’une onde, à la 
température de 5°,5 . . . . . £ HY MP GES 60 

» On voit qu'eu égard aux différences de épée : ces longueurs se 
rapprochent beaucoup de 0"624. 

» 2°. On aura remarqué que dans le calcul qui vient d’être fait pour avoir 
la longueur moyenne des ondes résultant des interférences , nous avons 
exclu la première onde du nombre de celles qui doivent concourir à la 
détermination de la longueur cherchée. Le motif de cette exclusion est dans 
la différence considérable qui existe éntre la longueur de cette première 
onde et celle des autres. La première n’a que 0",373, tandis que l'onde 
moyenne est de 0",6186. 

» La particularité que nous mentionnons ici s’est présentée dans toutes 
les expériences auxquelles on à pu se livrer. Un timbre qui donnait le 
son la, et produisait, à la température de 7°, des ondes de 0%,3953 de 
longueur moyenne, formait une première onde de 0",258 seulement. 

» 3°. Dans chacune des ondes, la première demi -onde est plus 
grande que la seconde; toutefois, le contraire a lieu dans la première 
onde. C’est ce qu'on voit aisément par le rapprochement de quelques-uns 
des résultats fournis par le timbre wt . 


DÉSIGNATION DISTANCES LONGUEURS 


des divers points. des points à la paroi. des demi-ondes. 


o 148 
0,225 
0,343 
0,283 
0,358 
0,257 


0,382 
Ventre... 


Nœud..., 


0,278 


N°5 D'ORDRE PREMIÈRES DEUXIÈMES 


des ondes. demi-ondes. demi-ondes. 


aus 
0,343 
0,358 
0,382 


». 4°. La distance du 2° ventre à la paroi réfléchissante, est 0",716. 
La longueur de l'onde moyenne étant 0",6186, on trouve 1,15 pour le 
rapport du premier de ces nombres au second. 

» Si l’on se rappelle, d'un autre côté, que 1,146 est le rapport qui 
existe entre la distance de loreille au Bin réfléchissant et la longueur 
de l'onde du son percu à cette distance, lorsque le son est fourni par un 
bruit, on conclura, ces deux nombres différant très peu l’un de l’autre, 
que dans le cas d’un bruit, l'oreille de l'observateur se trouve au second 
ventré des ondes produites par les interférences. Ceci explique pourquoi 
le plus ou moins d’acuité du son entendu au milieu d’un bruit, par 
suite de la réflexion, dépend de la distance de lobservateur à la paroi 
réfléchissante. 

» Les faits qui précèdent ne tiennent pas à la nature du corps vibrant 
dont on s’est servi. Les expériences, répétées avec d’autres timbres plus 
graves ou plus aigus, avec des tuyaux d'orgue, ou avec des cordes d'’ins- 
truments,-ont conduit à des résultats semblables. 

» L'emploi des cordes a donné lieu à l'observation d’un autre fait, qui 


-ne leur est pas particulier, mais qu’elles mettent en évidence d’une manière 


remarquable. 
» Si, pendant qu'une corde rend un son prolongé, on:transporte l’o- 


-reille en plusieurs points de l'axe de réflexion, on entend successivement 
“et dans un ordre régulier, tous les harmoniques que la corde peut 
produire. 


». Ce qui contribue à rendre cette expérience frappante, c’est que les 


harmoniques d’une corde étant des sons musicaux, l'oreille les distingue 
de prime abord. Aussi suffit-il de se familiariser avec les harmoniques d’un 


timbre ou de tout autre corps vibrant, pour les reconnaître avec la même 


facilité et s'assurer de leur existence simultanée. 


( 1076 ) 


» Ainsi, de même qu’à l’aide de la réflexion des ondes sonores, on a 
pu entendre tous les sons qui composent un bruit, de même et par le 
même moyen, on parvient à séparer et à examiner chacun des sons qui 
accompagnent nécessairement Un son produit. 

» Cette observation fournit un procédé pour analyser les causes qui 
différencient les timbres des divers instruments. 

» On a vu plus haut, qu’à la température de 5°,5, le timbre ut* pro- 
duisait des ondes dont la longueur moyenne, prise sur l’ensemble de 
40 ondes, était 0",6259. En multipliant cette longueur par le nombre de 
vibrations que fait le timbre en une seconde, on aura la vitesse de pro- 
pagation des ondes. Or, le son ut, étant le résultat de 512 vibrations, le 


son ut * est celui de br2 X D 533,33. Le produit des deux nombres 


4 
0",6259 et 533,33 est égal à 333°,81. 


» La formule à l’aide de laquelle on détermine la vitesse du son, 
V = 333,44 Vi+4.0,00375 (1), donne, pour 4 = 5°5, V= 336",86. Celle 
que nous venons de trouver est plus petite de 3",05. 

»S'il y à uneerreur dans les données que nous avons employées, elle ne 
peut provenir que du nombre de vibrations attribué au timbre ; nombre 
qui a été conclu du son w#* et n’a pas été vérifié par des moyens directs. 
Dans l'évaluation suivante, cette cause d’inexactitude n'existe pas. On a 
déterminé, par des expériences faites avec un grand soin, le nombre de 
vibrations qu'exécutait en une seconde le timbre dont on s'est servi et qui 
était un peu plus élevé que le son w£,. Ce nombre a été trouvé de 1043. A la 
température de 9”, la longueur de l'onde moyenne,-résultant de la longueur 
totale de 90 ondes, était 0",3:4; ce qui donne pour la vitesse de propa- 
gation suivant l’axe de réflexion 337",93. On tire de la formule citée, 
V — 339",01. Cette vitesse est encore plus grande que la nôtre, et en dif- 
fere de 1",08. 

» Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent sur la réflexion des ondes 
sonores, suppose que l’observateur soit placé entre les corps en vibration 
et la paroi réfléchissante, On va , pour compléter ces recherches, considérer 
le cas où le son est produit entre l'observateur et la surface réflé- 
chissante. 

» Rien n’est plus aisé que de réaliser cette derniere supposition. Il suffit, 
par exemple, de froisser entre les doigts un morceau de papier, et pendant 
que le bruit confus qui résulte de ce froissement à lieu , d'approcher d'une 
paroi quelconque la main qui tient le papier. On remarque alors qu'un 


(1077) 
son se fait distinguer au milieu du bruit, et que son acuité varie avec la 
distance de la main au plan réfléchissant. Les sons aigus répondent aux 
petites distances et les sons graves aux grandes. 

» Ici, comme on voit, la position de l'observateur, ou plutôt de l'oreille, 
devient indifférente, et l'on n’a à considérer que celle du corps vibrant. 
Les rôles ont changé. 

» Si, au lieu de papier, ou de tout autre corps produisant du bruit, on 
prend un timbre en.vibration, et qu’on l'approche à diverses distances 
d’une paroi plane, on ne cessera pas d'entendre le son du timbre; mais 
on pourra observer qu’à une certaine distance, particulière à chaque tim- 
bre, le son acquiert un maximum d'intensité. On à mesuré cette distance 
pour trois timbres différents qui rendaient les sons mis, la, et ré, : 


DISTANCES 
; des 
“des timbres. timbres à la paroi. 


SONS 


» Ces distances font voir que les sons graves sont renforcés par la pré- 
sence du plan, à des distances plus grandes que les sons aigus. 11 paraît 
donc évident que si, dans l’expérience de la feuille de papier, un son dif- 
férent est entendu à chacune des distances qui séparent le papier de la 
paroi, c’est que ce son est renforcé par le voisinage de la paroi. 

» Ainsi les surfaces planes jouissent de la propriété de renforcer les 
sons et forment, en quelque sorte, une classe particulière de vases 
renforçants. 

» Il était intéressant d'examiner comment des vases qui, de leur na- 
ture , ont trois dimensions, peuvent en perdre deux sans pour cela perdre 
la propriété que nous considérons actuellement. 

» C’est à quoi l’on est parvenu en prenant succéssivement des vases ou 
tubes dont les diamètres allaient en augmentant de grandeur, et en cher- 
chant quelle profondeur il fallait leur donner pour qu’ils renforçassent le 
son d’un timbre. Ces tubes étant munis de fonds mobiles, on arrivait fa- 
cilement à cette détermination. 


( 1078 ) 
» Voici les résultats qu’on a obtenus pour les trois timbres désignés plus 
haut : 


DIAMÈTRES PROFONDEUR DES VASES POUR 
des RER", 


vases renforçants. le timbre mi:. le timbre la. le timbre rés. 
CPR ee P 2 
1e D je 20377 70e 
29 261 178 61 
61 230 162 48 
81 231 150 » 
106 » » 37 
107 » 140 » 
119 210 » » 
124 » 132 35 
148 » 131 35 
166 » 130 » 


130 


» On voit qu'en même temps que le diamètre des tubes augmente, 
leur profondeur diminue, et que cette loi se maintient jusqu'à ce que le dia- 
mètre ait atteint une certaine limite , passé laquelle le décroissement de la 
profondeur devient inutile: c’est-à-dire qu'à partir de cette limite la paroi 
du vase n’a plus d'influence et qu'alors celui-ci est comme réduit à un 
plan. | 

» Ces mêmes expériences conduisent encore à ce résultat : les profon- 
deurs des tubes où les parois commencent à ne plus servir au renforce- 
ment, sont précisément égales aux distances qui doivent séparer un corps 
vibrant d'une surface plane, quand celle-ci renforce le son produit. 


Résumé. 


» Lorsque des ondes sonores, partant d’un corps en vibration, viennent 
frapper une surface plane et sont ensuite réfléchies suivant un axe dirigé 


( 1079 ) 

vers leur point de départ , il se forme le long de cet axe, par la rencontre des 
ondes directes et des ondes réfléchies , ou en d’autres termes, par suite des 
interférences , comme un système d'ondes qui semblent privées du mouve- 
ment de transport ; c’est-à-dire que l'oreille, en parcourant les divers points 
de cette droite, y reconnaît des nœuds, des ventres et des points intermé- 
diaires où l'intensité du son augmente , à mesure qu’on s'approche davantage 
d’un ventre. 

» Cette immobilité des points remarquables des ondes permet d’en 
noter la position sur l'axe de réflexion; et l’on reconnaît alors, en mesu- 
rant la longueur des ondes fixes, qu’elle est égale à celle des ondes directes; 
de telle sorte que le produit de cette longueur par le nombre de vibra- 
tions que fait le corps en un temps donné, est égal à l’espace que par- 
courrait une onde directe dans le même temps. 

» Néanmoins, la première onde, celle qui est formée près de la paroi 
réfléchissante, fait exception à cette règle. On la trouve de beaucoup 
plus petite que toutes les autres. 

» Le système d’ondes que nous venons de mentionner n’est pas le 
seul que produise un corps vibrant. Il existe à la fois autant de ces 
systèmes que le corps a d’harmoniques, et chacun d’eux est soumis 
aux mêmes lois que le premier. Les interférences n’ont donc lieu que 
pour les ondes de même longueur. 

» Ce qu’on observe relativement aux harmoniques en petit nombre 
d’un corps en vibration, s'observe aussi pour tous les sons simultanés qui 
composent un bruit. 

» On tire de ces faits les moyens d'analyser un son , de reconnaître le 
plus ou moins de pureté dont il jouit et peut-être d’assigner les causes 
auxquelles il faut attribuer le timbre qui lui est propre. 

» Ces moyens s'appliquent également à l'analyse d’un bruit. 

» Enfin, les surfaces planes ont la propriété de renforcer un son quel- 
conque ; mais il faut pour cela que le corps vibrant se trouve à une dis- 
tance déterrninée de la surface, distance variable avec le degré d’acuité 
du son. D'où il suit que si l’on approche progressivement d’une surface 
plane un corps bruyant, chacun des sons qui concourent à la formation 
du bruit sera entendu séparément. » 


C.R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, No 98.) 145 


( 1080 }) 


TÉRATOLOGIE. — Vote sur un cas de monstruosité observé à Alger. — 
Extrait d'une lettre de M. Guxow, chirurgien en chef de l’armée 
d'Afrique, à M. Flourens. 


« Le 22 septembre, la mahonaise Juanna, femme mariée , de vingt-deux 
à vingt-trois ans, résidant à Alger, a mis au monde, par suite d’une première 
grossesse, une fille bi-corps, ou, pour mieux dire, deux petites filles 
parfaitement conformées, réunies seulement par le thorax. Ces deux 
fille venues à terme , et qui réunissaient toutes les conditions favorables 
pour vivre, périrent dans le travail de l’accouchement. 

» La colonne vertébrale se bifurquait de bas en haut, à partir de Ja 
dernière vertebre dorsale. Il y avait deux cœurs adossés l’un à l’autre 
latéralement. Le poumon droit se composait de quatre lobes, et le gauche 
de trois. Il y avait deux œsophages, deux estomacs, deux duodénums, 
deux jéjunums. Ceux-ci, marchant parallèlement l’un à l’autre, finis- 
saient par ne former qu'un seul tube qui contenait à peu près toute la 
longueur de l'iléum. Le foie présentait trois divisions : celle du milieu 
recevait la vésicule qui était volumineuse, orbiculaire, en contact avec 
les parois abdominales. Il n’y avait que deux reins, placés chacun sur la 
colonne vertébrale; le droit sous le foie, le gauche sous le diaphragme. 
Il n’y avait qu’une seule vessie, mais elle était plus volumineuse que chez 
un enfant à terme. Il y avait deux utérus placés l’un à côté de l'autre la- 
téralement, deux vagins disposés de la même manière et aboutissant à 
une seule vulve. 

» J'entends si souvent parler de monstruosités parmi nos Européennes, 
depuis mon séjour en Afrique, que je serais assez disposé à croire qu’elles 
y sont plus communes qu’en Europe... 

M. Guyon ajoute que, depuis son séjour en Afrique, il entend si sou- 
vent parler de monstruosités parmi les femmes européennes établies à 
Alger, qu'il est disposé à croire que ces monstruosités y sont plus com- 
munes qu’en Europe. » D’après ce qu’on m'a dit, ajoute-t-il, les monstruo- 
sités humaines ne seraient pas rares non plus chez les Arabes, qui se 
bhâtent de les détruire. Quant à celles qui proviennent des animaux, ils 
sembleraient en rechercher les produits comme choses curieuses. » 


M. Canus écrit qu'ayant eu occasion de répéter les observations faites 
récemment en France et en Allemagne, sur les causes de la fermentation, 
il a été frappé de la ressemblance d'aspect que présentent, comparés l’un 


( 108r }) 


à l'autre, le ferment liquide avec ses nombreux végétaux globuliformes, 
et le sang avec ses globules; et qu’il a été conduit par-là à soupconner 
une analogie entre le phénomene de la fermentation et celui de l’hématose. 


M. Boursor annonce que deux mächoires inférieures, presque com- 
plètes, de Dinotherium , ont été découvertes à Chevilly, dans un gisement 
qui a déjà fourni beaucoup d’ossements fossiles appartenant à ce genre et 
à d'autres espèces perdues de l’ordre des Pachydermes. 

Une des deux mâchoires a été remise à M. de Blainville, pour la collec- 
tion du Muséum. 


M. Breschet présente, de la part de M. le docteur Menvizce, une 
molaire de Dinotherium giganteum, trouvée dans le village de Bernet- 
Monlaur, arrondissement de Mirande (Gers), à sept ou huit pieds de pro- 
fondeur, dans un terrain meuble. 


M. Lassaiene écrit qu’il a publié, il y a six ans, dans le Journal de 
Chimie médicale , les résultats d’un travail sur le lait de vache. « Dans 
ce travail, dit-il, je fais connaïtre-quélles sont, non-seulement les qualités 
physiques et chimiques de ce lait, plusieurs semaines avant et après le 
part, mais encore les variations qu’il peut éprouver lorsque les animaux 
sont soumis au même régime alimentaire pendant un temps assez long. » 

( Renvoi à la Commission précédemment nommée pour un Mémoire de 
M. Boussingault, sur la composition chimique du lait de la vache.) 


M. Vincewr écrit relativement à deux étoiles filantes qu'il a observées 
le 10 de ce mois. 

Cette lettre sera jointe aux autres documents relatifs à cette sorte de 
météores, pour être soumise à l'examen de M. Arago. 


M. Vazsor adresse une lettre sur l’origine des fils de la Vierge, sur 
l'époque de l’année à laquelle ils se montrent, et sur les productions 
flamenteuses qu’on leur a parfois à tort assimilées. 


M. ne Paravey demande à reprendre deux lettres qu’il avait adressées 
à l'Académie, et qu’il se propose de publier. | 

Ces lettres ayant été lues par extrait à la séance du 3 décembre, et 
ayant donné liéu à quelques remarques dont M. de Paravey conteste la 
justesse, devront rester dans les archives de l’Académie; mais l’auteur est 
autorisé à en faire prendre copie. 


142. 


( 1082 ) 


M. de Paravey demande aussi communication de remarques philola- 
giques qui ont été faites sur quelques points des lettres en question, par 


M. S. Julien. 
La Note de M. Julien étant adressée à M. Arago et non à l’Académie, 


c'est à M. Arago que cette demande sera transmise. 


La séance est levée à 5 heures. 


Errata. (Séance du 3 décembre.) 


Page 973, ligne 4 en remontant, GAYMEGE, lisez GAGNAGE 
974; 7; topographie, lisez cosmographie 


Erratum. ( Séance du 10 décembre.) 


Page 993, ligne 1 en remont., dans quelques exemplaires seulement, au lieu de 


fondement analytique, Lisez fondement théorique 


fit 


1| 


( 1083 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie 2 recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838, n° 24, in-4°. 


Académie royale des Sciences. — Mémoires présentés à l'Académie 
royale des Sciences par divers savants étrangers; tome 5, in-4°. 
Administration des Douanes. — Tableau général des mouvements d 


Cabotage pendant l'année 1837, in-4°. c 

Notice de deux tentatives d'ascension du Chimboraco; par M. Az. De 
Howsorpr (Extrait des Nouvelles Annales des V. oyages ); in-8°. 

Rapport fait à l’Académie royale de Médecine sur les Eaux minérales 
de France, pendant les années 1834, 1835 et 1836 ; par M. Mérar; Paris, 
in-4°. 

Premier Mémoire sur les Puits artésiens forés dans le département de la 
Seine-Inférieure ; par M. J. Girarnin ; Rouen, 1858, in-8°. 

Observations anatomiques sur l'Ivoire, pour servir à l'histoire de Lo 
nisation des Dents; par M. Duvaz: Paris, 1838, in-8&. 

Observations pratiques sur la sensibilité des substances dures des Dents 5 
par le même; in-8°. 

De la Petite Vérole, considérée comme agent thérapeutique des affections 
scrofuleuses et tuberculeuses, etc.; par M. Venné pe Lise; Paris, 1838, 
in-8°. (Adressé pour le concours Montyon.) 

Cours de Géologie (Nouvelles suites à Buffon) ; par M. Huor; 2° volume, 
avec planches , in-8e. 

OEuvres complètes de John Hunter, traduites de l'anglais par M. G. R:- 
CHOLET; 1“ et 2° livraison in-8°; 1° et 2° livraison de planches in-4°, 

Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux ; tome 10, Juillet 1838, 
in-8°. 

Société anatomique ; 13° année , Bulletin n° 9; novembre 1838, in-8, 
: ire encyclopédique et progressif ; 8° année, n° 94; octobre 1838, 
in-8°. 

Carte des environs d'Olonne, et Carte des environs des Sards, à l'échelle 
de 1 dix-millième ; par M. A. Rivière. 

Mémoire sur les déplacements instantanés des systèmes assujétis à des 


rSsa- 


( 1084 ) 


conditions variables ; par M. Osrrocrapsxy. (Extrait des Mémoires de l’A- 
cadémie impériale de Saint-Pétersbourg.) 

Bibliothèque universelle de Genève ; n° 34, octobre 1838, in-8°. 

Annals.... Annales du Lycée d'Histoire naturelle de New-Fork ; 
vol 5,n%5, 6, 7 (1° cahier); avril 1836, in-8°. 

Tijdschrift.... Journal d'Histoire naturelle et de Physiologie, publié 
par MM. Vanner Horven et ne Variesr; 5° vol., 1° ét 2° livraison; Leyde, 
1838, in-8°. ” 

Geologische.... Cartes géologiques; par M. Frorier; 4 feuilles. 

Plan de la ville d'Aliona en 1836. 

Memorie.... Mémoires de l'Institut royal-impérial du royaume Lom- 
bardo-V'énitien , partie première ; Milan, 1858, in-4°. 

Revue zoologique de la Société Cuviérienne:; n° 11, novembre 1858, 
in-8°. 

Journal des Connaissances médicales. pratiques ; 6° année, décem- 
bre 1838, 1n-6°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6, n° 50, in-4?. 

Gazette des Hôpitaux; tome 12, n° 145—147, im-4°. 

L'Expérience, journal; n° 76. 

La France industrielle, journal ; n°* 54 et 75. 


COMPTE RENDU 


‘ DES SÉANCES 
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 24 DÉCEMBRE 1858. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


CÉRAMIQUE. — Extrait et fragments d'un Premier Mémoire sur Les KAoLINS 
ou argiles à porcelaine; par M. Arexanpre BroONGNrART. 


$ I, Détermination minéralogique et chimique des Kx41011N5. 


« La matière terreuse qu’on nomme kaolin n'est point une espèce miné- 
rale déterminée, On ne peut en donner aucune définition rigoureuse et 
précise; on ne peut donc faire connaître les Corps qui ont été le sujet des 
recherches et des observations qui vont suivre qu’en donnant l'énuméra- 
tion de ceux que lon peut regarder comme kaolins normaux. 

» Nous prendrons pour type de ces kaolins'les matières terreuses qui 
entrent comme partie plastique.et infusible. dans la composition des pâtes 
de porcelaine dure : de Sèvres , de Limoges ; de Meissen (en: Saxe), de 
Berlin, de Vienne, ete. Ce sont des matières que l’on connaît bien; on 
admet qu’elles ont entre elles la plus grande analogie. Or, les propriétés 
communes qu'elles présentent nous serviront à caractériser les kaolins. 

» Mais les masses minérales auxquelles on donnele nom de kaolins sont: 
hétérogènes et elles ont deux sortes d'hétérogénéité : l’une grossière et 

CR. 1858, 29 Semestre. (T. VIL, No 26.) 146 


( 1086 ) 


visible en fait de véritables roches composées; l’autre ténue et invisible 
leur donne une apparence de simplicité. 

» Or il est évident que ce ne peut être dans la première qu’on doit re- 
chercher les vraies propriétés des kaolins, mais bien dans la partie ténue 
et argiloïde qu’on en sépare par le lavage, et qui présente une sorte 
d’homogénéité.. 

» On sent tout de suite que, selon la manière dont s'opère ce lavage et 
selon le point où on l’arrête en le croyant suffisant, la partie argileuse 
séparée doit avoir encore des propriétés tout-à-fait différentes suivant le 
mélange sur lequel on a opéré. 

» Or nous appellerons roche kaolinique la masse minérale naturellement 
composée de divers éléments au nombre desquels se trouve le £aolin , qui 
est l'argile séparée de cette masse par le lavage le plus délicat. 

» Mais cette argile ténue ne nous fait pas encore connaître la vraie na- 
ture des kaolins. C'est toujours un mélange que les moyens mécaniques les 
plus parfaits ne peuvent pas détruire. Il faut avoir recours à des procédés 
plus puissants, tels que l’action chimique des acides ou des alcalis, pour 
isoler de ces terres kaoliniques la combinaison que les chimistes recon- 
naissent seule comme le vrai kaolin. 

» L'analyse de la terre kaolinique séparée de la roche kaolinique par un 
lavage approprié donne la composition empirique de cette terre, celle 
qui fait connaître ses qualités pour l'emploi qu’on veut en faire. L'analyse 
du kaolin ou du silicate d'alumine engagé dans cette terre, est la seule 
qui fasse connaître la composition réelle de ce silicate. 

» La première est une analyse empirique suffisante, peut-être même la 
seule convenable pour les arts céramiques. La seconde est une analyse 
rationnelle utile à la science et à toutes ses hautes spéculations. 

» C’est cette dernière substance qui a été ou qui a dû être seule ana- 
lysée dans les recherches chimiques qu’on à faites sur les kaolins; cette 
analyse rationnelle à été mise en usage, d’abord par M. Forchhammer 
de Copenhague , puis par MM. Boase, Berthier, Malaguti, etc. : c’est la 
seule qui soit maintenant pratiquée dans le laboratoire de Sèvres. 

» Le corps dont nous allons présenter l’histoire étant aussi bien carac- 
térisé et limité que sa nature hétérogène permet de le faire , nous devons 
chercher à en déterminer la composition ; d’abord en exposant les ana- 
lyses de tous les kaolins auxquels on peut, d’après notre caractérisation , 
appliquer ce nom , ensuite en tirant de ces analyses les résultats ou 
considérations générales qu’elles peuvent offrir. 


| 


( 1087 ) 


» Le plus grand nombre de ces analyses a été fait sous mes yeux, 
dans le laboratoire de la Manufacture royale de porcelaine à Sèvres, 
d’abord par M. A. Laurent qui a travaillé deux ans dans ce laboratoire, en- 
suite par M. Malaguti qui sera compté au nombre des plus savants chi- 
mistes qui aient illustré cet établissement. 

» Ce dernier a bien voulu, sur quelques-unes de mes idées qu'il a 
considérablement agrandies, entreprendre et poursuivre un grand travail 
sur les kaolins et les felspaths, travail dont les détails et les résultats vont 
faire une des parties ‘les plus importantes de ce Mémoire et surtout de 
celui qui le suivra , travail sans lequel mon Mémoire ne pourrait avoir 
qu’un intérêt purement géologique et technique. 

» Le tableau suivant, qui est un extrait du tableau général où l'on a 
réuni toutes les analyses admissibles de kaolin, ne présente que les 
plus importantes de celles qui ont été faites dans le laboratoire de Sèvres 
par les chimistes que je viens de nommer (1). 


(1) Nous avons dû distinguer, dans ce tableau, les analyses que nous avons désignées 
sous les noms de rationnelles, de celles qu’on peut appeler empiriques. Dans les ra- 
tionnelles , qui s’appliquent au plus grand nombre des kaolins analysés dans le labo 
ratoire de Sèvres, les deux premières colonnes ne donnent que la contenance en silice 
et en alumine, sur 100 parties de l’argile extraite par dissolution du kaolin lavé ; 
l'avant-dernière colonne fait connaître l’argile kaolinique, Ar.; Veau , E., et le résidu 
insoluble, R., qu'ont donné,100 parties de kaolin lavé. 

On a supprimé, dans ce tableau sommaire, les millièmes, en élevant à Punité toute 
fraction passant 50. 


( 1088 ) 


Tableau de la composition de différents Kaolins. 


Magnés.| Potasse 
Silice. |Alumine| ou on  |Totaux, Eau, eu. AUTEURS. 


LOCALITES, 


FRANCE. 


S.-Yriex, près de Limoges. 
— entier ou, par lavage 
en petit. ........ 


7 37 nm |P.2,5 | 87,5 13,1 Berthier, 1824. 
45 40. [M.o,3| ” | 86 14 Berthier, 1835, 


— argile du kaolin ar- 
gileux(moyennede 
dix analyses}. .... 


54 42,6 0,7[P.2,1 | 99,4 Eau distraite. Lab. de Sèvres. Lau - 
rentet Malaguti. 


— Argile du kaolin 
caillouteux (moy. 
de 3 analyses)... 


54,8 | 42 0,6/P.2,6 |r00 Idem. Ibid. 


La Howussoua, près, de 


BaVOURB nt ce 57,3 | 42,6 | » " 2 23 sur 100. Berthier, Ann. des 
Mines, 1835, t, 62. 
56,2 | 43,7 " P.o,r 7 14 Lab. de Sèvres. Ma- 
laguti, n° r8r. 
Marcus (Ariége)......... 57,65 | 43,35] 7 “ " Arg.45—E. 13—Res.42|Lab. de Sèvres, Ma- 


laguti, n° 197, 26. 


ANGLETERRE. 


S.-Srepuen en Cornouails.| 54,52 | 43,46] 0,34|P.1,68| » " Lab. de Sèvres. Ma- 
4 laguti, n° a01. 
—  Cornouailles layé..| 54,3 | 43,2 | ” [|P.1,6| » 4 Lab. de Sèvres. Lau- 


—. Cornvuails (ration!., 


ITALIE. 
Cest (Ile d’Elbe)..…..... 


laguti, n° 197, 20. 


58,28 | 41,72] mn n  |Arg.76—E.13—Res.r1|Lab. de Sèvres. Ma- 
laguti, n° 197, 14. 
53 47 ” n | n  lArg.4i—E. g2Res.48|ral. de Sèvr Mi 
laguti, n° 197, 15. 


BoncmanEro (Piémont) .. 


ALLEMAGNE. 


BAVIÈRE, 
Rama, près de Passaw... 


53,15 | 46,85] ” " mn. |[Arg.55—E. 16—Res. 9|Lab. de Sèvres. Ma- 
entre 167; 4: 
bid. 


Awensacu,près de Passaw | 52,44 | 47,56] ” " n. |Arg.61—E.12—Res.28 


SAXE. 
ScuLerri , près de Meissen 


65 35 " " m  |Arg.58—E. 9—Res.3/4|Lab. de Sèvr. Mala- 
guti, ne97 3 et31. 
J Ibid. 


56 44 " u " Arg.55—E. 10—Res, 35 


PIRTIITEN TS ele ee à 


CERCLE DE LA SAALE 
(Basse-Saxe). 


Mori, près de Hall...., 
HONGRIE. 
PRINZDORF...... +... 
RUSSIE. 


Zasaxskr, près de Saint- 
Pétersbourg.......... 38 62 7 u " Arg.74—E.23— Res.2|Lab. de Sèvres. Ma- 


| laguti, n° 197, 9- 


53,72 | 46,18| » " " Arg.47—E. 9g—Res.44|Lab. de Sèvres. Ma- 
laguti, n° 197, 29. 


64 36 " 2 nm |Arg 42—E. 7—Res.52 


Lab. de Sèvres. Ma- 
laguti, n° 197, 6. 


ji ( 1089 ) 
$ 2. Origine minéralogique des kaolins. 


» Les kaolins sont pour nous des roches altérées, des roches qui 
ne se présentent plus avec l'intégrité des caractères minéralogiques 
qu'elles avaient au moment de leur formation. Elles proviennent , 
dans notre opinion, d'espèces minérales complètes, qui ont été plus ou 
moins décomposées; mais elles ne sont plus elles-mêmes. des espèces mi- 
nérales ; elles n’ont ni l'homogénéité ni la forme cristalline, seuls carac- 
tères qui puissent , à notre avis, constituer, avec Ja composition définie , 
une véritable espèce minérale. 

» Quelles sont les espèces minérales dont les kaolins sont originaires ? 
Quel genre d'altération ces espèces ont-elles éprouvée pour être amenées à 
l’état de kaolins ? Quelles peuvent étre:les causes de ces altérations ? 

» Ce sont trois Séries de questions que nous allons essayer de ré- 
soudlre: 

» On regarde les kaolins, tels que:nous les avons définis; comme ré- 
sultant de la décomposition du felspath, ou de roches qui ont ce mi- 
néral pour base ou pour partie dominante. 

» Deux classes d'observations où d'expériences doivent conduire: à Ja 
preuve de cette opinion. 

» 1°. La position du kaolin par rapport au felspath, et Ja transition 
insensible de ce minéral à cette terre; 

» 2°. T'analyse chimique qui doit faire trouver, dans les kaolins, les 
éléments du felspath, moins ceux qui ont été enlevés par la décom- 
position. 

» Ces deux voies ne s'accordent pas toujours pour conduire à cette 
origine avec'la même certitude: la seconde présente, comme onde verra, 
beaucoup d'embarras ; mais.la première nous paraît si sûre, si évidente, 
qu’elle nous force de croire qu’il y a dansla seconde des phénomènes que 
nousn'avons pas encore su apprécier. 

» 1°. On sait depuis long-temps que les kaolins normaux ne se trou- 
vent en place que dans les terrains de cristallisation, composés! de 
roches granitoides, gneissiques, euritiques, et uniquement dans; celles de 
ces roches qui renferment le felspath alcalin, soit laminaire ; soit com- 
pacte. 

» Les pegmatites, roches essentiellement composées, de quarz. et de 
felspath généralement laminaire, sont celles qui présentent les kaolins 
les mieux caractérisés ; les:plus beaux ; et presque les seuls qui soient em- 


(1090 ) 
ployés dans la fabrication des belles porcelaines. Or, c’est dans ces ro- 
ches, et surtout dans les dernieres, qu’on peut suivre la dégradation suc- 
cessive du felspath laminaire et solide, quelquefois transparent, au 
felspath toujours laminaire, mais blanc opaque et friable, et enfin am 
kaolin terreux blanc de lait, et montrant encore quelquefois la structure 
laminaire si connue du felspath. 

» Bien mieux, on a vu des cristaux de felspath nullement déformés , 
et entierement changés en matière kaolinique. 

» La carrière ou mine de kaolin d’Aue, près Schneeberg, qui a été pen- 
dant long-temps la base de la belle porcelaine de Saxe, fournit des preuves 
de l’origine felspathique du kaolin, qui me semblent de la dernière évi- 
dence. Parmi ces preuves, je citerai et présenterai un morceau de quarz 
amorphe, rougeâtre, à peine translucide et creusé de plusieurs cavités. 
Ces cavités ne sont pas irrégulières, mais elles offrent le moule très exact 
et tres net de cristaux volumineux qui ont appartenu à une variété de 
felspath d’une forme bien déterminée. Les cristaux de ce minéral, qui 
ont rempli ces cavités et sur lesquels le quarz s'est moulé, ont été al- 
térés sur place et changés en kaolin; ce kaolin rosâtre, pulvérulent, rem- 
plit encore en partie les cavités de ce bel échantillon. 

» L'origine du kaolin, dans de telles circonstances, ne peut donc plus 
étre douteuse. C’est évidemment, pour moi, une altération chimique du 
felspath, altération d'une nature différente des vraies et complètes épi- 
génies. Il ne reste ici du minéral originaire que la forme qui décèle l’ori- 
gine et les éléments (incomplets, il est vrai, puisqu'il n’y a pas eu simple 
désagrégation) qui la confirment. 

» On trouve dans la nature des exemples d’altérations semblables à celles 
du kaolin. Les amphigènes, en perdant leur potasse, sont transformées en 
une espèce de kaolin. Le verre lui-même, exposé long-temps aux influences 
atmosphériques, perd aussi sa potasse et se change, comme l'a fait con- 
naître M. Dumas, en une matière perlée analogue au kaolin. On remarque 
qu'il n’y a guére que les minéraux alcalifères et potassiques qui présen- 
tent ce mode de décomposition. Nous reviendrons sur ce point de vue dans 
une autre Occasion. 

» (2°. Analyse.) Le fait de l’origine du kaolin tirée du felspath, nous pa- 
raissant établi, par les observations minéralogiques, d’une manière évidente 
dans un grand nombre de circonstances, si ce n’est dans toutes, il s’agit de 
peser les difficultés que les chimistes élèvent contre cette origine, en fai- 
sant remarquer le grand nombre de silicates d’alumine que présentent les 


(1091 ) 
divers kaolins comparés à l’unité de composition de tous les felspaths po- 
tassiques. 

» Nous ne ferons qu'indiquer dans ce premier Mémoire, les différentes 
manières dont on peut considérer cette transformation. 

» On peut admettre trois modes de transformation qui ont agi ensem- 
ble ou séparément. 

» Dans le premier mode, les silicates de potasse enlevés au felspath 
par des: causes que nous. rechercherons plus tard, peuvent avoir été de 
formules différentes, et les kaolins qui en auront résulté pourront, quoique: 
ayant la même origine, présenter des silicates d’alumine d’une composition 
très variée : ce seront différentes décompositions du même corps sous des 
influences diverses; mais sans épigénie, c’est-à-dire sans introduction d’un 
élément étranger. ; 

» Dans le second cas, qui me paraît un des plus admissibles, la, cause, 
l'influence chimique qui a enlevé au felspath sa potasse avec plus ou. 
moins de silice, peut avoir introduit à l’état de quarz ou à l’état de silice 
(ce qui, pour moi, n’est pas la même chose), une nouvelle quantité de ce 
corps: Ce sera une épigénie partielle comme on en voit un si grand nombre 
d'exemples dans la nature et dans le felspath même, qui se présente 
quelquefois sans altération dans sa forme, mais presque entièrement 
changé en stéatite, en sable micacé, et même en étain. 

» Le troisième cas, qui paraît à quelques chimistes le plus fréquent et 
le plus vraisemblable, mais qui me semble, au contraire, le plus rare, à 
moi qui ai tant vu de kaolins, c’est d'admettre qu’il y a du kaolin qui 
ne soit pas originaire du felspath, mais d’autres. minéraux à silicate 
d’alumine. 

» Je ne dis pas que les kaolins qui ont pris naissance dans des roches 
felspathiques composées, tels que des granites proprement dits, les gneiss, 
les diorites, les porphyres et autres roches felspathiques, n’aient em- 
prunté quelques éléments aux minéraux de ces roches qui, alcalifères 
comme le mica, ferrifères comme l’amphibole dans la diorite, ont été 
altérés par les mêmes influences et dans le même moment que le 
felspath. 

» Nous avons des exemples de ce fait (à Saint-Yriex, à Cambo, à 
Passaw, etc.) dans les gneiss entièrement terreux rouges et onctueux par 
la décomposition du mica, car on trouve à Saint-Yriex des nodules de mica 
noirâtre et pâteux comme de l'argile, au milieu des roches kaoliniques. On 
trouve des kaolins d’un vert plus ou moins foncé, qui se lient par des 


(1092 ) 

nuances insensibles de décomposition, à la diorite schistoïde qui les ac- 
compagne ; mais les kaolins purs, les Æaolins normaux ne viennent que 
du felspath laminaire des pegmatites, ces roches quarzo-felspathiques 


généralement blanches, et qui ne renferment que quelques lamelles 
éparses de mica. 


S II. Du gisement el de la manière d'être des roches kaoliniques. 


» Avant de traiter ce sujet d’une manière générale, je dois donner la 
description, accompagnée de figures, des principaux gîtes et carrières de 
kaolin que j'ai visités, ou sur lesquels j'ai eu des renseignements positifs; 
car c’est de ces faits que je tirerai les résultats généraux que je vais 
présenter. 

» (Ces descriptions, rangées dans un ordre géologique, sont trop éten- 
dues pour trouver place ici. Elles font connaître ou l’ensemble ou les par- 
ticularités les plus remarquables des principaux gîtes de kaolin, et notam- 
ment de ceux de Saint-Yriex, près de Limoges; des environs de Cambo, 
dans les Pyrénées occidentales, au sud et non loin de Bayonne; du bourg 
des Pieux, près de Cherbourg; d'Alençon; de Tretto, dans le Vicentin ; 
d’Aue , prés de Schneeberg; de Beidersee et Morl, dans le cercle de la 
Saale; de Passiw en Bavière, ete. , gîtes curieux, dont presque aucun 
n'avait encore été décrit.) 

» Les vraies roches kaoliniques, malgré leur friabilité, malgré leur 
apparence de désordre extrême, se trouvent, selon nous, dans la place 
où leurs roches-meres ont été amenées, dans celle où elles se sont prises 
en massés confusément cristallisées ; c’est là qu’elles ont éprouvé, ou 
presque immédiatement, où par un laps de temps plus ou moims con- 
sidérable, l’altération chimique qui leur a donné l’état de friabilité ter- 
reuse où nous les voyons : elles se trouvent, et ne se trouvent en place 
que dans les terrains à felspath, soit cristallisé , soit compacte; par con- 
séquent , elles appartiennent à ces terrains qu’on appelait primitifs , mais 
qu'on doit désigner d’une manière moins systématique, par conséquent 
plus positive, par le nom de terrain de cristallisation en général. 

» Cette collocation du kaolin, dans les terrains qu’on nomme primitifs , 
a été admise presque généralement; mais leur position plus particulière 
dans lés groupes granitiques , gneïssiques, dioritiques, euritiques et por- 
phyriques, n'avait pas été, que je sache, exposée d’une manière explicite. 

» Pour résumer notre opinion en termes géognostiques, nous di- 
rons que les roches kaoliniques en place sont de l’époque des terrains 


{ 1093 ) 

de cristallisation, plus particulièrement de celle des terrains d’épanche- 
ment ou plutoniques , et qu’elles se trouvent uniquement dans les groupes 
amphiboliques ou dioritiques, et gneïssiques des premiers, et dans les 
groupes granitoïdes et entritiques des seconds. 

» Lesroches qui présentent le plus ordinairement les kaolins uniquement 
considérés minéralogiquement, sont : 

» Les pegmatites ; c’est la roche-mère des plus beaux kaolins (Saint- 
Yriex, Cambo, Saint-Stephen, en Cornouailles). 

» Les gneiss (Passaw, Saint-Yriex). : 

» Les granites ( Aue près de Schneeberg, Setlitz près de Freiberg). 

» Les eurites ? compactes ou schistoides (Tretto, dans le Vicentin). 

» Les diorites (Saint-Yriex ). 

» Les porphyres (Morl près. de Halle, en Saxe). 

» Il nous suffit donc de faire remarquer que le gite ordinaire des kao- 
lins en masse est dansles roches à composition de felspath alkalin, et que 
toutes les roches et minéraux qui présentent des altérations analogues , 


soit totales, soit partielles, ont aussi une composition analogue à celle des 
felspaths. 


» Des roches blanchâtres, argiloïides, friables, assez douces au toucher, 
qu’on à aussi nommées kaolin , parce qu'elles montrent quelque analogie 
avec cette matière terreuse, se rencontrent quelquefois en amas assez 
considérables dans des terrains entièrement différents de ceux que nous 
venons de citer, et qui renferment les vrais kaolins. Ces débris, ces dépôts 
kaoliniformes se présentent dans des terrains de transport anciens qu’en 
nomenclature de géologie théorique on à nommé diluviens. 

» C’étaient peut-être de véritables kaolins qui ont été arrachés à leur gite 
primitif, transportés au loin, lavés d’une part, souillés de l’autre, ayant 
perdu une partie de leur argile blanche et reçu des terres ferrugineuses, 
micacées , quarzeuses, qui en font des mélanges sans intérêt scientifique et 
sans d'autre utilité industrielle que d'entrer dans la composition de 
quelques poteries communes et de quelques poteries de grès, etc. 

» Néanmoins il est quelques-unes de ces rocheskaoliniformes qui parais- 
sent résulter de la décomposition des arkoses. Or, on sait que les arkoses 
sontdes roches d’agrégation composées essentiellement de grains de quarz 
et de grains de felspath, presque toujours accompagnés de fer et même 
d’autres métaux, et qui, décomposés comme les granites et les pegma- 
tites, ont pu produire aussi des kaolins impurs , pauvres en argiles et trop 
riches en gravier. Beaucoup de mauvais kaolins d'Auvergne et notam- 

C.R. 1828, 20 Semestre. (T VII, N° 96.) 147 


À 
! 


( 1094 ) 
ment ceux de Souxillange et d’Husson, paraissent appartenir à cette 
classe. 

» Tels sont donc les seuls gisements généraux de roches kaoliniques 
et de débris kaoliniformes que je connaisse, les uns à leur place dans les 
terrains considérés comme les plus anciens, les autres transportés dans 
les derniers dépôts du dernier cataclysme. 


» La position des kaolins dans la croûte du globe, étant assez exacte- 
ment déterminée par ce que nous venons d'exposer, il nous reste à signaler 
plusieurs circonstances remarquables dans le gisement de ces roches. 


» C’est premièrement leur désordre extrême, leur sorte de pétrissage 
par veines, lits irréguliers, sinueux, interrompus ; leur disposition en no- 
dules lenticulaires, ellipsoides, sphéroïdes, formes tantôt parfaitement limi- 
tées, tantôt fondues par nüances insensibles avec les masses voisines : ce 
sont les couleurs vives et variées de brun, de rouge, de rosâtre, de jaune, 
de vert noirâtre, de vert-céladon que présentent ces carrières où coupes 
de kaolin. 

» Ces dispositions semblent indiquer un mélange bien confus dans le 
moment de la formation des roches originaires du kaolin. 

» C’est peut-être à cette superposition et à cette pénétration intime de 
roches de natures très différentes, à leur influence électro-chimique plus 
ou moins énergique les unes sur les autres qu’on peut attribuer cette 
grande disposition à la décomposition des roches alcalifères qui font tou- 
jours partie des espèces de piles des gites de kaolin. 

» La seconde circonstance, et la plus remarquable, viendrait à l'appui 
de cette |présomption: c’est la présence constante de roches ferrugineuses 
dans toutes les exploitations de kaolin connues. Une récapitulation des 
gisements, faite sous ce point de vue, donnera le degré de confiance qu'on 
peut attribuer à cette règle. 

» On pourra remarquer, dans la description que je donne des car- 
rières de kaolin, qu'à Saint-Yriex il y a dans toutes les carrières des 
roches kaoliniques , c’est-à-dire des roches altérées, noirâtres, verdâtres, 
Jjaunâtres, mais surtout rougeätres, toutes roches ferrugineuses qui pé- 
nètrent dans les masses de pegmatite si complétement altérées en beau 
kaolin, mais surtout qui les recouvrent et peut-être les enveloppent 
comme d’une écorce. 

» Cette disposition si frappante dans les carrières de Saint-Yriex, se 
montre aussi dans celle de la Housoha et de Macaye, près Cambo, dans 


{ 1095 ) 
les Pyrénéés occidentales, où des roches schistoïdes rouges précèdent, 
recouvrent et souillent mêmé le beau koalin blanc. 

» On la rétrouve dans les roches kaoliniques originaires du porphyre 
de Mor!l et de Halle , Que jai visitées en 1812, dans le kaolin des Aulnais, 
près d'Alençon, etc. 

» Mais c’est surtout dans célui d'Aue, près Schneeberg, qui à fourni 
pendant long-temps la masse des belles porcélaines de Saxe, que cette 
disposition est des plus frappañtes. Les lits de kaolin sont ici comme les 
éléments d’une pile enfermée entré la roche de granite rougeâtre qui lui 
est inférieure et deux lits ou filons de minerai de fer qui les recouvrent et 
les enveloppent presque comme une écorce. Le granite inférieur est à peine 
altéré ; mais celui qui fait lit entre les deux lits de kaolin est décomposé 
et rougeâtre. 

» Enfin, d’après M. Kuhn, minéralogiste et directeur de la manufacture 
de porcelaine de Saxe, le kaolin de Sosa présente un fait assez curieux A 
à l'appui de cette théorie: on voit un filon de quarz traversant un ter- 
rain de granite ; il est accompagné de deux puissantes salbandes de minerai 
de fer. A droite et à gauche de ce filon, le granite est décomposé en très 
beau kaolin. : 

» À Passaw, en Bavièré, l'association du kaolin et de la roche ferrugi- 
néuse , ou aù moins d’une roche plus positive que le gneiss kaolinique, est 
encore plus intime : c’est un gneiss par la structure et par la présence 
du felspath, mais dans lequel le mica est en partie remplacé par du 
graphite. On y voit toutes les roches noires, rouges, vertes, plus ou 
moins altérées, qu'on observe si bien à Saïint-Yriex; mais ici elles sont 
moins mélées, moins pétries; la stratification et les éléments de cette es- 
pèce de pile naturelle sont plus distincts. Cette disposition avait frappé 
Gehlen qui, dans la description qu'il donne du gîte de Passaw, émet déjà 
l'idée de l’action électro:chimique pour la transformation du felspath en 
kaolin. 

» Il paraît que la même disposition se présente dans les carrières de 
Kaolin de la Chine. On sait que ce ne peut étre qu'une présomption très 
vague. Voilà cependant ce que disent les missionnaires qui ont donné 
quelques notions sur cette matière : « Les montagnes dont on retire le kao- 
» lin sont recouvertes d'une terre rougeñtre. » Ce n’est pas long, mais cela 
me paraît suffisant pour indiquer une association qui a paru assez frap- 
Pante aux missionnaires pour qu’ils aient cru devoir én faire mention. 

» Voilà donc une association dont la constance est aussi bien établie 


147. 


( 1096 ) 
qu'une vérité de ce genre puisse l'être. Quelques exemples de kaolin sans 
roches ferrugineuses ne pourraient pas empêcher de penser que deux 
choses qui se montrent presque toujours ensemble, doivent avoir ou 
avoir eu entre elles d’autres rapports que ceux qu'on appellerait de ha- 
sard. Mais, quelle est la nature de ce rapport? C’est ce que nous ne savons 
pas, ou plutôt ce que je ne sais pas encore. Gehlen l’a présumé, et je serais 
assez disposé à admettre son opinion; mais il faut l’établir, s’il est possible, 
par des expériences: c’est ce que nous poursuivons M. Malaguti et moi. 

» J'ai cherché dans ce premier Mémoire à spécifier les kaolins autant 
qu'il était possible ; à donner sur la composition de ces argiles des notions 
plus précises que celles que l’on possédait; à prouver de quel minéral les 
vrais kaolins tirent leur origine , à faire connaître leur exacte position dans 
l'écorce du globe et leur maniere d’être si singulière dans les roches qui 
les renferment; enfin à faire remarquer leur constante association avec 
des roches ferrugineuses, et à déduire de cette observation, seul genre 
d'expérience qui soit à la disposition du géologue, quelques idées théo- 
riques sur leur formation. 

» La suite des analyses comparées et rationnelles des felspaths et des 
kaolins qui paraissent en dériver, et que M. Malaguti continue dans le 
laboratoire de Sevres; les conséquences plus assurées que l’on pourra tirer 
de ces nombreuses analyses; la description des expériences que nous avons 
tentées pour opérer la décomposition artificielle du felspath; enfin, l’ex- 
posé de l'obligation où l’on est de se servir du silicate d’alumine naturel , 
nommé kaolin, pour faire de la vraie porcelaine, et les causes de cette 
nécessité, seront le sujet du second Mémoire que j'aurai l'honneur de 
présenter incessamment à l’Académie. » 


rÉRATOLOGIE. — Sur une nouvelle fille bicorps née à Alger. — Communica - 
tion de M. le docteur Guyon, chirurgien en chef de notre armée 
d'Afrique; par M. Georrroy Sainr-Hirrarne. 


« C'était prudence et sans doute acte d’habileté que le conseil à M. le 
Président de ne livrer à aucun commissaire le travail reçu lundi dernier 
et transmis par ce savant chirurgien , sur une fille bicorps née à Aluer le 
23 septembre dernier. Il fallait sauver à l'Académie l’occasion d’un dé: 
bat et peut-être de nouvelles tracasseries dans cette enceinte. Car de 
la manière qu'est distribué le personnel de notre compagnie d’acadé- 
miciens en plusieurs lots fragmentaires, mieux valait rester dans un 


ee Re ES D ÉTÉ co tte 


(1097 

terre à terre de description , au risque de succomber sous un menu de 
détails plutôt que d'en venir, sans un avantage réel, à l'énoncé de cette 
pluralité d'organes : deux cœurs, deux duodénums, deux utérus, deux 
vagins, etc. C'était la considération qui résultait et qui seule devait ré- 
sulter de la relation de deux filles conjuguées, du fait de leur dupli- 
cité monstrueuse : on employait ainsi des faits positifs. Cependant, 
M. le Président, avec cette sagacité qui le caractérise, voulait, de plus, 
que ces faits fussent raisonnés ; il avait compris tout le mérite de cette 
Structure anomale et il lui paraissait juste de la comparer et de la ramener 
à l'unité de forme et de composition. Car qui ponvaif douter de la né- 
cessité de s’abandonner à l'entrainement du progrès scientifique et d'agir 
conformément à la tendance de notre âge, c'est-à-dire de grouper et 
de généraliser les faits. particuliers ? Il est bien vrai que beaucoup de 
nos confrères ne pouvaient ici comprendre, mais qu'importe, avec une 
égale lucidité d'esprit, comment il y avait là cause de naissances insolites 
dans la monstruosité, et comment il intervient sous cette raison un prin- 
cipe tout puissant, que je considère et dis étant d’une haute valeur d’ensei- 
gnement. Jeunemeunt introduit dans l’histoire des sciences, la circonstance 
de sa nouveauté le livre à l'arbitraire et à l’antipathie d’une rivalité âcre 
et incessante, Mais c'était inévitable en s’avançant dans le savoir des choses, 
inévitable comme progrès, qui n’a pas, pour soi l'autorité d’une instruc- 
tion de trois siècles d’études. 

» Voilà la triste préoccupation où m’a jeté le souvenir récent d’une autre 
fille bicorps, celle de Prunay, qu’on s’est refusé à laisser aller à la con- 
sidération totale de ses théories, parce que, trop nouvelles et douteuses 
pour de certains esprits retardataires, ces investigations ont été vivement 
rejetées. Et cependant cette fille de Prunay, cette œuvre merveilleuse , si 
admirablement caractéristique et révélatrice des hautes données de Ja 
puissance créatrice, était venue se montrer vivante à Paris, à la porte 
même des antichambres de l’Académie des Sciences ; elle était venue ap- 
porter sans équivoque son éclatant témoignage touchant la nature des 
choses, et solliciter, en quelque sorte, près des seuls juges appelés à en 
connaître, un légitime appui à notre philosophie unitaire. Mais nous en 
étions venus à ces temps de vertiges où les yeux du corps et de l'esprit se 
ferment à l'évidence , et où plutôt que d'accepter la communauté de nom- 
breux rapports dans les duplicités de l’organisation tératologique, on 
préfère laisser expirer à la porte du temple de la science l'authenticité 
du plus grand événement de nos jours. Car là il était bien facile d’étu- 
dier et de lire qu’accidentellement , très certainement toutefois, nous 


( 1098 ) 


possédions de sûrs moyens de connaître et d'apprécier l’action réciproque 
des fluides impondérés, action que , malheureusement moi seul, je crois de 
nature très diverse. On n’a sur ces fluides qu’une idée d'ensemble relative- 
ment à ce qu'il en faut penser : c’est qu'à tout moment ét que partout à 
la surface du globe, tous ces fluides divers sont tenus de faire convertir 
leurs points d’origine moléculaires en des agrégats pondérables. Ainsi, 
dans ces admirables machines, les étres organisés, et leurs parties que 
nous appelons leurs organes, nous sommes dans lé cas de voir l’organisation 
opérer constamment d'après des règles nettes, précises et puissantes. J'en 
ai traité sous le nom ét la raison d’affrontement et d’électrisation, dans mon 
ouvrage, chez Pillot, libraire, rue Saint-Martin, 193: Motions de Philo- 
sophie naturelle. Mais ceux qui s'imaginent être seuls autorisés à en Con- 
naître, parlent de ces principes pour les renvoyer à l'examen et à l’éntel- 
ligence des zoologistés, apparemment une autre race d'hommes et de 
penseurs. Ils se plaisent dans leur rôle d’adeptes et ils se vantent de leur 
affectation ét de leur intention réfléchiées, d’avoir fait de ces études déux 
parts, commé les rapportant à deux sortés de physiques : wne première , 
la physique quant aux corps bruts, et Za seconde , la physique quant aux 
êtres organisés ou la physiologie. Il ÿ a, disent-ils, deux sortes d'état mo- 
léculaire à l’origine des choses. En leur accordänt cette raison de voir 
là quelque chose de distinct d’abord, cé ne serait point concédér de 
même, que les actions qui s’y rapportent interviennent dans deux mondes 
isolés, et qu'il y aurait, autre et différénte, nature pour céci et nature 
pour cela. Car ce point de vue est faux; il n’y a qu’une physique, qu'une 
nature, qu'un ordre universel et unitaire d'opération, lequel serait placé 
sous le gouvernement de la seule faculté innée de la matière. Vous dites : 
ce point est à débattre, mais il ést d’éssence zoologique, qu'il faut re- 
porter aux physiologistes, lesquels ont à part leurs forces vitales pour 
s’aider dans leurs spéculations; et moi, j'arrive vous dire qu'est là uni- 
quement une question de physique générale, que c’est le fait d’une fa- 
culté intime dés corps, et tout simplement une autre face du principe 
newtonien, l'attraction où l’affinité générale. 11 n’y a pas de corps vi- 
vants sui generis, mais des corps qui vivent sous la raison et l'emploi de 
cette faculté primitive, que j'ai découverte et considérée sous le nom de 
loi d'affinité de soi pour soi. 

» Pour suivre cette vue doctrinale, je ne suis plus obligé de recourir à 
l'extravagance des anciens documents grécs, wie et forces vitales , à toutes 
ces explications bizarres et lés térmes , entités et pures abstractions 
de l'esprit, à ces tristés et faux énfañtérnents de la folle de la maison, 


ms 


(1099 ) 

l'imagination, desquels, en les combinant de mille et mille manières , 
les Grecs et les physiologistes de leur école avaient réussi à faire quelque 
chose d’apparemment raisonnable. Or, voilà ce que les physiciens veulent 
bien consentir à nous concéder; ce à quoi ils renvoient les zoologistes 
en 1838. Car c'est là ce qu'ils font, s’il leur arrive de nous dire : Vivez 
avec ces ressources de physiologie : mais quant à nous, les physiciens 
par excellence, laissez-nous accommoder nos idées particulières sur le 
caractère d'un état moléculaire quelconque, afin que de cette manière il 
nous soit loisible de rester dans notre physique spéciale. 

» Cette loi d'affinité de soi pour soi , que je ne suis point venu reconnaître 
seulement dans les faits spéciaux de la zoologie, mais que les anomalies des 
considérations zoologiques m'auraient seules contraint de venir là étu- 
dier, vous l'avez laissée s’introduire dans un ouvrage qui a pris un rang 
distingué dans la science : la voilà maintenant posée, cette loi, comme 
un riche aperçu d’une bien grande importance. Le même ouvrage la donne 
comme le résultat d’un ensemble de vues admirablement bien constatées, 
et comme formant les travaux estimables de notre toute récente époque. 
La physique animée est là constituée; elle existe dans ce livre qui com- 
mente et qui expose toutes les thèses tératologiques. 

» Plus de ces questions dans l’Académie des Sciences, disent MM. les 
Secrétaires perpétuels; ce n’est point là de la physique à l'usage des 
Comptes rendus. L'un d’eux, agissant de sa propre autorité, écarte et re- 
jette de ces compositions hebdomadaires mon écrit sur la fille bicorps de. 
Prunay, et l'autre prie et supplie M. le Président de ne point appeler 
l'attention de l'Académie sur le Mémoire de M. Guyon, en le renvoyant, 
selon l'usage, à l'examen d'une Commission. 


» Contre ces innovations , JE RÉCLAME. » 


« M. Raouz Rocerre appelle l'attention de l’Académie sur les couleurs 
employées par les anciens Grecs à la décoration de leurs édifices. Deux 
vases, remplis de deux de ces couleurs, le bleu et le rouge qui auraient 
servi aux artistes employés à la décoration des temples de l’Acropolis 
d'Athènes, ayant été trouvés dans les dernières fouilles opérées en cet en- 
droit, M. Raoul Rochette a demandé et obtenu du gouvernement grec 
qu'il lui fût accordé quelques ‘parcelles de ces couleurs pour pouvoir être 
soumises à l'analyse chimique, En conséquence, il demande à l’Académie la 
permission de déposer sur son bureau, deux paquets cachetés contenant 
les couleurs dont il s’agit, et de recommander à l'intérêt de l'Académie 
examen de ces matières. » 


( 1100 }) 


MM. Alex. Brongniart, Darcet, Berthier, Dumas sont priés d’examiner 
les échantillons remis par M. Raoul Rochette , et d'en faire un rapport. 


«M. Texier, à l’occasion de la communication précédente, annonce avoir 
examiné en 1833 des échantillons de couleurs recueillis sur des monu- 
ments de la ville d'Athènes , sur le Parthénon et sur le temple de Thésée; 
elles étaient au nombre de quatre. 

» La couleur bleue , traitée par l’'ammoniaque, fut dissoute en quelques 
heures et donna une solution d’un bleu d'azur, ce qui indique que le bleu 
employé par les Grecs n’est qu'un carbonate de cuivre calciné avec un 
corps qui a servi d’excipient. 

» Le rouge a donné un précipité noir par la noix de galle. 

» Le jaune est encore employé aujourd'hui dans les arts sous le nom 
de jaune de Naples où de massicot. 

» Le noir est un charbon pulvérisé, mais le mordant n’a pas pu être dé- 
couvert. 

» Ces couleurs sont parfaitement analogues aux couleurs antiques que 
je rapportai de Pompéia il y a quelques années, et dont M. Vauquelin 
voulut bien faire l’analyse. » 


M. Esroore Georrroy Sainr-Hrcame dépose un paquet cacheté. 


RAPPORTS. 


Rapport sur un Mémoire de M. Masson relatif à l'action exercée par le 
chlorure de zinc sur l'alcool. 


(Commissaires, MM. Robiquet , Pelouze, Dumas rapporteur.) 


« Depuis quelques années les chimistes ont étudié avec tant de soin et 
sous tant d’aspects divers la question de la formation des éthers, qu’on 
aurait pu croire difficile de trouver quelque chose de neuf dans l'étude 
d'une réaction aussi simple que celle qui fait l’objet de ce Mémoire. Ce- 
pendant rien m'était moins attendu que les résultats obtenus par M. Mas- 
son , et que nous allons énoncer. 

» L'auteur dissout du chlorure de zinc dans l'alcool et il soumet le h- 
quide à la distillation en ayant soin de fractionner les produits et de tenir 
exactement note de leur nature. Or, il a trouvé qu’à mesure que le liquide 
bout, il perd d’abord de l'alcool ; mais dés que son point d’ébullition, qui 


( 1101 ) 


s'élève peu à peu, est parvenu à 130° ou mieux à 140°, il fournit de l’éther 
sulfurique. 

» Ainsi, le chlorure de zinc agit sur l'alcool tout comme l'acide sulfu- 
rique concentré, et chose bien digne de remarque, c’est précisément à 
la même température que l’un et l'autre de ces deux corps déterminent 
la production de l’éther sulfurique. 

» En poussant l'expérience plus loin, on voit apparaître une huile qui 
rappelle complétement par ses caractères l’huile connue sous le nom 
d'huile douce de vin. Elle se forme vers 160°, c’est-à-dire à peu près dans les 
mêmes circonstances qui lui, donnent naissance , lorsqu'on opère avec 
l'acide sulfurique et l'alcool. 

» On observe de plus que l’éther qui se ‘dégage est accompagné d’une 
certaine quantité d’eau , et qu il en est de même de l'huile doucé qui distille 
accompagnée d’une quantité considérable d'eau. Ces phénomènes se re- 
marquent aussi dans la réaction de l'acide sulfurique sur l'alcool, M. Masson 
s’est assuré de plus qu'il ne se produit point d'éther hydro-chlorique, chose 
fort peu prévue. 

» Ainsi, M. Masson a parfaiteraent établi que le chlorure de zinc se 
comporte comme l'acide sulfurique lui-même. Il reste à étudier maintenant 
un certaiu nombre de phénomènes que l’auteur a cru pouvoir négliger jus- 
qu'ici, et qui jouent uu grand rôle dans l’action réciproque de lacide sul- 
furique et de l'alcool. En effet, lanalogie observée par M. Masson entre ic 
chlorure de zinc et l'acide sulfurique est si parfaite, qu'il est difficile de 
croire que le chlorure de zinc ne fournisse pas quelque produit corres-" 
pondant à l'acide sulfo-vinique. C’est ce que M. Masson n’a pas cherché à 
vérifier et ce que nous recommandons à son attention, 

» Jusqu'à présent nous avons admis que l’auteur avait obtenu de l'huile 
douce en tout semblable à celle que l’on se procure à l’aide de l'acide sul- 
furique concentré. Cependant, M. Masson ne s’est pas borné à établir 
cette identité ; il a étudié l'huile qu'il a obtenue et il s’est assuré par des 
distillations attentives qu'elle renferme deux produits bien différents. 

» L'un deux, le plus volatil, est Le carbure d'hydrogène, liquide le plus 
hydrogéné connu; il renferme plus d'hydrogène que Le gaz oléfiant, et se 
représente par C? H°; il bout vers 30 ou 40°. 

» Le second, le moins volatil, contient au contraire moins d'hydrogène 
que le gaz oléfiant; il se représente par C* H’, et bout seulement 
vers 300°. 

» Ces résultats, joints à ceux par lesquels M. Régnault a démontré 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VIL, Ne 26.) 148 


( 1102 ) 
l'absorption du gaz oxigène par l'huile douce du vin légère, explique- 
raient parfaitement pourquoi certains chimistes ont obtenu dans son ana- 
lyse plus de carbone que n’en renferme le gaz oléfiant, pourquoi d’autres, 
au contraire, sont tombés sur la composition du gaz oléfiant lui-même. 

» Ces faits, qui nous paraissaient bien constatés, auraient porté votre 
Commission à regarder le travail de M. Masson comme étant de nature à 
terminer les discussions relatives à l'huile douce du vin; mais un chimiste 
allemand, M. Marchand , qui s’est beaucoup occupé des sulfo-vinates, 
vient de publier récemment quelques analyses de l'huile du vin pesante, 
ainsi que des analyses de l’huile légère ou des cristaux qu’elle fournit. 
Ses résultats s'accordent parfaitement avec ceux de Sérullas, et, par con- 
séquent, ils different de ceux que M. Masson a obtenus sous les yeux et 
dans le laboratoire de votre rapporteur. 

» En considérant que parmi les chimistes qui se sont occupés de cet 
objet, les uns ont opéré sur l'huile obtenue par l'acide sulfurique-et lal- 
cool , les autres sur l'huile des sulfo-vinates , et que M. Masson s’est pro- 
curé la sienne par l'alcool et le chlorure de zinc; quelques chimistes pen- 
seront peut-être que ces diverses huiles diffèrent entre elles. 

» D'autant plus que M. Masson n’a jamais pu extraire de son huile les 
cristaux obtenus de la leur par Hennell, Sérullas et Marchand, et qu'il en 
a retiré au contraire un produit très volatil inconnu aux chimistes qui 
l'avaient précédé. 

» Mais M. Marchand s’est chargé de faire disparaître cette dernière dif- 
férence ; car il signale parmi les produits de la distillation des sulfo-vinates, 
l'existence d’un produit très volatil qu’il n’a point analysé , mais qui semble 
avoir les plus grands rapports avec celui que M. Masson avait découvert 
depuis long-temps. 

» Il demeure donc évident que l’histoire de l'huile douce du vin n'est 
pas encore terminée; mais que M. Masson lui a fait faire un grand pas en 
y démélant l'existence d’un carbure d'hydrogène très volatil, C' HP. 

» D'ailleurs, l’action réciproque du chlorure de zinc et de l'alcool a été 
si bien étudiée par l’auteur du Mémoire qui nous occupe; elle a été de 
sa part l’objet d'expériences si dignes de l’attention des chimistes, il a si 
bien prouvé qu’elle donne naissance à de l’éther sulfurique et point à de 
l’éther hydro-chlorique , que nous n’hésitons point à réclamer en sa faveur 
l'insertion de son Mémoire dans le Recueil des Savants étrangers. » 


Les conclusions de ce rapport sont adoptées. 


(1103 ) 


MÉMOIRES LUS. 
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Études théoriques et expérimentales sur l’éta- 
blissement des charpentes à grande portée; par M. ARDanT, capitaine 
du génie. (Extrait par l’auteur.) 


(Commissaires, MM. de Prony, Arago, Poncelet, Coriolis, Rogniat. ) 


«Le travail que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l’Académie 
se compose de recherches théoriques et expérimentales sur l'établissement 
des charpentes destinées à porter les combles des bâtiments d’une grande 
largeur. 

» Bien que ce sujet semble être entièrement du domaine de la pratique, 
il n’en est pas moins vrai qu'il ne peut être traité d’une manière satisfai- 
sante qu'à l’aide de notions exactes sur la constitution physique des cÔrps, 
et sur les changements de forme que ces corps. éprouvent par l’action des 
forces extérieures qui leur sont appliquées. Considéré sous ce point de vue, 
l'établissement des grandes charpentes se rattache à la science et c’est par- 
là, ainsi que par l'importance dont elle est pour le succès des construc- 
tions élevées aux frais de l’État, que cette question m’a paru digne d’être 
présentée à l’Académie. 

» L'architecture est un art qui ne peut se passer du secours de la méca- 
nique; mais aussi long-temps que cette dernière a fait abstraction de la 
flexibilité et de la compressibilité des corps employés comme matériaux 
dans les édifices, les constructeurs n’ont reçu de la science que des lu- 
mières incomplètes et souvent plus dangereuses qu'utiles. 

» C'est ainsi, par exemple, que les architectes des siècles derniers ; 
trompés par l'analogie des formes géométriques, ont cru voir une simili- 
tude parfaite entre les causes-de la stabilité d’une voûte et celle d’un arc 
de charpente en bois ou en fer; tandis que dans la réalité ces causes dif- 
fèrent beancoup entre elles dans les deux cas. Ainsi dans la construction 
d'une voûte, c’est principalement la pesanteur et la rigidité des matériaux 
qu'on utilise; dans un arc de charpente c’est la cohésion, l’élasticité et la 
continuité des parties qui sont les qualités essentielles. Une voûte qui à 
égalité de diamètre n’aurait pas plus d'épaisseur qu’un cintre en bois ou 
en fer s’écroulerait d'elle-même; un ärc-en bois formé de voussoirs non 
adhérents entre eux, fussent-ils épais comme ceux d’une voûte en pierre, 


148... 


( 1104 ) 


ne supporterait qu’un poids très inférieur à celui que la continuité de ses 
parties le met en état de soutenir avec de moindres dimensions. 

» De cette assimilation d’un arc en charpente à une voüte, sont nées 
deux opinions qui, quoique très accréditées, n’en sont pas moins des 
erreurs. 

» La première consiste à supposer que la forme demi circulaire procure 
aux arcs en charpente une résistance supérieure à celle d’un polygone 
composé de pièces droites; la deuxieme leur attribue, à cause de la direc- 
tion verticale de leurs derniers éléments, la propriété de n’exercer sur 
leurs appuis que des efforts dirigés dans le sens de la pesanteur. 

» Les avantages que paraissent présenter les arcs en charpente dans la 
supposition où ils posséderaient les deux propriétés qu’on leur attribue 
généralement, les ont fait adopter pour la construction d’un assez grand 
nombre de fermes de combles de grande largeur, construits depuis un 
petit nombre d'années. Mais l'expérience n’a pas confirmé la persuasion 
où l’on était qu'ils ne devaient exercer aucune poussée sur leurs appuis; 
et dans des constructions récentes on a été obligé de relier les pieds des 
ares par des tirants ou d'arrêter leur mouvement par des contreforts exté- 
rieurs,. 

» Au reste, cette opinion des praticiens est complétement démentie par 
la théorie encore récente de la flexion des courbes, et M. Navier, dans le 
résumé de ses lecons sur les applications de la mécanique, a non-seule- 
ment indiqué l'existence de ces poussées, mais encore donné la valeur de 
celles que doivent exercer des cintres demi circulairès par l'effet de leur 
propre poids ou par celui d'une charge suspendue à leur sommet. 

» Toutefois comme les décisions de l'analyse ne font pas loi parmi les 
constructeurs, il importait de résoudre la question par des expériences 
faites avec assez de soin et avec une assez grande échelle pour les rendre 
tout-à-fait concluantes. 

» Tel a été le premier objet de mon travail, et M. le Ministre de la 
Guerre, dans sa sollicitude éclairée pour le progrès des arts utiles, ayant 
bien voulu mettre des fonds suffisants à ma disposition, je me suis proposé 
en outre d'étendre assez le cadre de mes expériences pour comparer, sous 
le rapport de leur résistance à la flexion et à la rupture, les arcs en char- 
pentes et les fermes dans la composition desquelles ils entrent, avec 
d’autres systèmes plus simples et plus économiques. Enfin j'ai cherché. à 
tirer de l'observation des circonstances principales de la flexion et de la 
rupture des fermes de charpente, les indications nécessaires pour pouvoir 


Gr A rm 


( 1105 ) 


appliquer le calcul à la détermination de leurs dimensions jusqu'ici réglées 
par le seul instinct des constructeurs ou l’imitation des édifices existants. 

» Les arcs les plus usités dans la construction des combles des grands 
bâtiments , sont de deux sortes : les uns se composent de longues lames 
de bois superposées concentriquement et retenues dans leur courbure 
par des boulons en fer; ce sont les arcs en bois plié. Les autres sont formés 
de deux ou plusieurs couches de madriers découpés en forme de vous- 
soirs, et juxtaposés de manière à ce que chaque joint soit recouvert par 
un plein. Ces derniers sont les arcs en madriers de champ, imités de l’an- 
cienne invention de Philibert de Lorme:. 

» Les uns et les autres peuvent être employés seuls dans la construction 
des ponts et des combles des bâtiments; mais le plus souvent on les en- 
cadre dans des fermes simples, composées de pièces droites tangentes à 
la circonférence de l'arc. L'ensemble de ces deux éléments compose cé 
qu'on appelle une ferme dé charpente en arc. . 

» Après avoir fait construire un certain nombre d’arcs de 12 mètres de 
diamètre, et autant de charpentes droites destinées à être assemblées avec 
eux, j'ai cherché à disposer, pour les expériences sur les poussées, un 
appareil tel que le frottement des pieds des arcs sur leurs appuis, ne 
püt pas dissimuler en partie ces poussées. Pour cela, sur deux piliers en 
pierre de taille, j'ai fait encastrer des James d’acier dont les faces supé- 
rieures se trouvaient exactement dans le même plan horizontal, et j'ai fait 
porter chacun des pieds des arcs ou des fermes par deux roulettes en 
fonte de 20 centimètres de diamètre, réunies par un essieu tournant dans 
des coussinets en cuivre. Ces roues roulaient sur les lames d’acier dont je 
viens de parler. Une corde, attachée à chacun des deux pieds de l'arc mis 
en expérience, passait sur la gorge d’une poulie, de manière à être tendue 
horizontalement, et portait une caisse destinée à recevoir des boulêts. 
Le poids de ces derniers maintenait le pied des arcs sur des repères dé- 
terminés, et représentait la valeur de la poussée avec la plus grande 
exactitude, au moyen de la précaution suivante : on observait d’abord 
le poids nécessaire pour forcer le pied de l'arc à dépasser un peu le point 
de repère avec le centre, puis on notait celui qui restait dans la caisse 
quand le pied de l'arc commençait à reculer au-delà de ce point de repère; 
on avait ainsi deux résultats dont la moyenne était la valeur exacte de Ja 
poussée. Fe 

» En opérant avec cet appareil, j'ai trouvé que la poussée des arcs 
demi circulaires, que lon regarde comme nulle, peut s'élever du quart au 


( 1106 ) 


tiers de la charge totale contre chacun des deux appuis. D'ailleurs, les 
résultats de l'expérience ne diffèrent pas assez des indications de la théorie, 
pour qu'il y ait lieu de corriger les formules de cette dernière. 

» Après ces expériences sur les arcs, j'ai opéré sur les fermes droites 
toutes seules, puis sur les fermes en arc, et j'ai trouvé que les poussées 
des fermes droites n'étaient pas plus fortes que celles des arcs de même 
portée et de même montée; et enfin, que la présence d’un arc ne modifie 
en rien la poussée de la charpente avec laquelle il est assemblé, quel que 
soit d’ailleurs le mode de sa construction. 

» Les fermes en arc m'ont encore donné lieu de remarquer que ce n'est 
pas seulement par la poussée de leurs pieds qu’elles tendent à renverser 
leurs appuis, et qu’elles exercent aussi contre le sommet des murs une 
action pareille. Cela tient à ce que, par suite de la flexion de l'arc, quand 
le sommet s’abaisse, les reins se relèvent et se transportent horizontale- 
ment. Les points qui se déplacent le plus dans ce sens, sont situés à 30 
ou 35° de l'horizontale, et leur déplacement est égal à la moitié environ 
de l’abaissement du sommet. 

» En imitaut la marche suivie par M. Navier dans le calcul de la flexion 
des pièces courbes, j'ai obtenu pour l'expression des poussées des fermes 
droites, des formules qui s'accordent très bien avec les expériences. Enfin 
J'ai été conduit par la théorie et par l’expérience à constater un fait très 
remarquable, c’est que la poussée d’un arc est indépendante du mode de 
sa construction et de la nature des matériaux dont il est composé. Deux 
arcs de même diamètre, l’un raide et l’autre flexible, s'ils portent un 
même poids, exercent, en vertu de ce poids, des poussées dont les inten- 
sités sont égales, bien que les effets en soient moins apparents dans l'arc 
raide que dans l'autre. 

» La seconde partie de mon travail a eu pour objet de reconnaître si la 
flexion des arcs, des fermes droites et des fermes en arc, suivait des lois 
analogues à celle qu'on observe pour les corps homogènes ; c’est-à-dire 
si, dans de certaines limites, le rapport de la flèche de courbure à la 
charge qui la produit reste à peu près constant. J'ai vérifié qu’effective- 
ment cela avait lieu ainsi, en sorte que j'ai pu comparer d’une manière 
rigoureuse la résistance relative à la flexion et à la rupture des ares et 
des fermes en arc avec celle des fermes droites, en les considérant 
comme des corps homogènes dont j'aurais eu à déterminer les coefficients 
d'élasticité. pot 

» Je me suis convaincu ainsi que, quelque bien construit que fût un are 


nt en nn pr ge 


(1107) 
de charpente, les défauts d’adhérence ou de continuité dans ses fibres, 
provenant de ce qu’il est composé de plusieurs morceaux, abaissaient sa 
résistance spécifique à la flexion , à moitié de celle d’un corps homogène 
de même matière, tandis que dans les fermes droites la diminution de 
résistance produite par les assemblages est presque nulle. La forme circu- 
laire des arcs n’a donc pas les avantages qu'on lui attribue et ne dé- 
dommage pas des frais de leur construction, qui est Loujours dispendieuse. 

» On peut, avec des pièces droites, construire des fermes moins 
chères, plus solides et d’un effet aussi agréable; mais si l’on veut construire 
des arcs, il faut le faire de manière que par la continuité de leurs parties, 
ils se rapprochent autant que possible d’un solide fait d’un seul morceau. 
Ainsi, par exemple, la construction des arcs du pont du Carrousel est, 
sous ce rapport, très supérieure à celle des arcs du pont d'Iéna. 

» J'ai pris le soin ; dans le cours de mes expériences, de dessiner géo 
métriquement et avec exactitude, les figures que présentaient les arcs et 
les fermes de charpente aux époques les plus intéressantes de leur flexion. 
Je dépose ici ces dessins, et j'ose espérer que l’Académie, en considérant 
bien moins la valeur scientifique des faits dont je viens de l’entretenir, 
que la grande influence qu'ils peuvent avoir sur la bonne construction 
des bâtiments militaires, pour lesquels l'État dépense des sommes consi- 
dérables , voudra bien se faire rendre compte de mon travail et s'occuper 
d’une question qui, envisagée diversement par des ingénieurs recomman- 
dables , ne peut être résolue que par son autorité. » 


cHie, — ÎVoée sur plusieurs réactions nouvelles déterminées par l'éponge 
de platine, et considérations sur les services que cette substance est ap- 
pelée à rendre à la science ; par M. Frér. Runzmanx.… 


(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Thénard, Pelouze.) 


« J'ai fait quelques recherches sur les phénomènes de la nitrification ; 
ces recherches m'ont porté à présenter la théorie de ces phénomènes sous 
un nouveau point de vue. Mon Mémoire étant trop long pour en faire la 
lecture, je me contenterai de le déposer pour ne pas abuser des moments 
que l’Académie a bien voulu m’accorder. Je n’entrerai même ici dans au- 
cun détail analytique des motifs qui me paraissent de nature à faire modi- 
fier les théories actuelles , mais je ne puis résister au désir de faire con- 
naître de vive voix, à l’Académie, quelques résultats auxquels mes 
expériences sur cette grave question m'ont conduit, et qui, généralisés 


( 1108 ) 
comme ils méritent de l'être, acquerront aux yeux des chimistes une grande 
importance. 

» La belle découverte de Dœbereiner de la propriété que possede l'é- 
ponge de platine de déterminer la combinaison d’un mélange d'hydrogène 
et d’oxigène, a été regardée à juste titre comme un des faits les plus pré- 
cieux acquis depuis long-temps à la science. Chacun peut pressentir l’ex- 
tension que prendrait un jour un genre d'action si extraordinaire; on doit 
s'étonner, néanmoins, du petit nombre de faits nouveaux observés depuis 
bientôt vingt ans que date le travail de Dœbereiner. 

» Lès nombreuses expériences dont je vais parler me semblent de na- 
ture à ramener l'attention des chimistes sur une question trop négligée, 
et que je regarde comme la plus féconde en beaux résultats. 

1°. L’ammoniaque mélée d’air en passant à une température de 300° 
environ sur de l'éponge de platine, est décomposée, et l’azote qu'il renferme 
est complétement transformé en acide nitrique, aux dépens de loxigene 
de l'air. ; 
»2". Le cyanogene et l'air, dans des circonstances pareilles, FA eg nais- 
sance au même acide et à de l'acide carbonique. 

» 3°, L’ammoniaque engagée dans une combinaison saline quelconque, 
se comporte comme si elle était libre. 

» 4°. Dans aucun cas, l'azote pur n’a pu être combiné à l’oxigène libre, 
mais tous les composés d'azote sous l'influence de l'éponge de platine passent 

à l'état d'acide nitrique. 

» 5°, Le protoxide et le dentoxide d'azote, l'acide hyponitrique et l'acide 
nitrique, mêlés d’une quantité suffisante d'hydrogène, se transforment en 
ammoniaque par leur contact avec l'éponge de platine, et le plus souvent, 
sans le secours de la chaleur. L'action devient tellement énergique, qu’elle 
donne lieu fréquemment à une explosion violente. 

» Tout l'azote de ces oxides ou de ces acides passe à l’état d’ammo- 
niaque en s’unissant à l'hydrogène. 

» Un excès d’acide nitrique donne du nitrate d’ammoniaque. 

» 6°. Le cyanogene et l'hydrogène donnent de lammoniaque à l'état 
d'hydro-cyanate. 

» 7°. Le deutoxide d'azote en excès, et le gaz oléfiant en passant à chaud 
sur l'éponge de platine, produisent , outre l'eau et l'azote, de l'ammoniaque 
unie aux acides hydro-cyanique et carbonique. 

» 8, Avec le deutoxide d'azote et un excès de vapeur alcoolique, on 
obtient dans les mêmes circonstances de l’ammoniaque unie aux acides hy- 


( 1109 }) 
dro-cyanique et carbonique, et accompagné d’eau, de gaz oléfiant et d’un 
dépôt de charbon. 

» 0°. L’azote libre n’a pas pu être combiné à Thydrogène libre, mais 
tous les composés d'azote ont pu étre transformés en ammoniaque par l'hy- 
drogène libre ou carburé.. 

» 10°. Dans ces-dernières réactions, la présence du carbone en combi- 
naison avec l'azote ou avec l'hydrogène, donne naissance à de l'acide 
hydro-cyanique. 

» 11°. Tous les métalloïdes gazeux ou vaporisables, s'unissent sans 
exception à l'hydrogène sous l'influence de l'éponge de platine. 

» 12°. Les vapeurs d'acide acétique mélées d'hydrogène sont transfor- 
mées totalement en éther acélique (acétate d’éther) et en eau par l’action 
de l'éponge de platine à une température peu élevée. 

» Un fait très digne de remarque, c'est qu’en substituant le noir de pla- 
tine à l’éponge de platine, l'énergie d'action a été infiniment moins vive 
dans la plupart des Cas, contrairement à, ce qu'on devait penser. Cette 
action est même nulle Pour produire l'acide nitrique; elle est très faible 
pour produire l’ammoniaque, et jamais le noir de platine n’entre en in- 
candescence comme cela arrive avec l'éponge. Pour la transformation de 
l'acide acétique.en éther, l’action du noir de platine est, au contraire, plus 
vive et se produit à la température ordinaire. 

» Il ny a pas lieu de s'étonner beaucoup qu’en utilisant une force qui 
ne nous est pas encore bien connue, et qu’un illustre chimiste a désignée 
sous le nom de forcée catalytique, nous ne puissions pas facilement prévoir 
le résultat de nos essais. Le 

» Par les faits consignés dans cette Note et qui sont décrits avec plus de 
développements dans mon Mémoire, j’ai fait connaître la possibilité d’ob- 
tenir artificiellement et à volonté, de l'acide nitrique et par conséquent 
des nitrates sans avoir recours au-procédé lent de la nitrification. Si, dans 
les circonstances actuelles, ja transformation de l’'ammoniaque en acide 
nitrique au moyen de l’éponge de platine et de l'air, ne présente pas d’é- 
conomie sur nos procédés actuels, il peut arriver des temps où cette 
transformation pourra constituer une industrie profitable. 

» On peut dire avec assurance que la connaissance des faits que J'ai 
constatés est de nature à tranquilliser complétement le pays sur les diffi- 
cultés ou même l'impossibilité de se procurer du salpêtre en quantité suf- 
fisante dans le cas d’une guerre maritime, et à faire abandonner totalement 
le mode ancien d’approvisionnement de salpétre pour les besoins de l’État, 


C.R. 1838, 2° Semestre, (T. VII, N° 96.) 149 


(tro) 


» La formation de l’ammoniaque avec l’un quelconque des composés 
d'azote et d’oxigène m'a paru de nature à fixer l'attention des savants et des 
ranufacturiers. 

» Un important résultat, acquis dès ce jour à la science, c'est que 
toutes les fois que l'azote engagé dans quelque combinaison se trouve, 
sous l'influence de l'éponge de platine, en. contact avec un excès d’hydro- 
gène ou un excès d’oxigène, il passe à l’état d’ammoniaque où d’acide ni- 
trique. Il en résulte qu'étant dénué de l’ammoniaque on en fait de lacide 
nitrique; étant dénué de l'acide nitrique, on en fait de l’ammoniaque. 

» Fabrication de l'acide nitrique. — La formation abondante de l’acide 
hydro-cyanique par les oxides où acides de l’azote et les carbures d'hy- 
drogène, n’est pas un fait à négliger dans la question tant scientifique 
qu'industrielle des cyanures , et en particulier du bleu de Prusse. 

» La transformation du vinaigre en éther acttique permet d’assurer que 
le platine divisé promet aussi, dans un avenir peut-être peu éloigné, 
des applications également importantes dans les arts qui concernent les 
matières organiques. 

» Tout le monde sait que léther acétique se transforme facilement en 
alcool par l’action des alcalis et de l’eau; or , l'alcool n’avait jamais été 
obtenu jusqu'ici que par la fermentation du sucre, sa préparation par le 
vinaigre dont les sources de production sont si nombreuses, fait pres- 
sentir la possibilité de fabriquer un jour l'alcool par des moyens moins 
coûteux , et sans doute l'alcool ne fera pas exception. 

» Quoi qu’il en soit, les faits cités, les seuls dont j'aie pu faire mention 
dans mon Mémoire sans trop m'écarter de mon sujet, suffisent pour 
montrer jusqu'a l'évidence, l'avenir important réservé au platine divisé. 

» Ce moyen d'action qui produit des combinaisons si nombreuses, des 
transformations si variées, donnera naissance à des produits nouveaux ; 
il deviendra pour le chimiste aussi utile et d’une application presque 
aussi générale que la chaleur et l'électricité. On pourra même très sou- 
vent trouver dans l'éponge ou le noir de platine une source d’action à 
laquelle aucun autre agent connu ne saurait suppléer : c’est surtout lors- 
qu'il s’agit d'opérer sur des corps altérables par une température élevée, 
que le platine divisé rendra de grands services. 

» Dans un autre travail que j'aurai l'honneur de soumettre à l’Acadé- 
mie , je compléterai l'exposé de tous les résultats que j'ai obtenus par le 
secours de l'éponge de platine, en au les nouveaux faits que je 
puis ètre à même d'observer. » 


{au ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


CHIRURGIE. — Le l'influehce thérapeutique de la chaleur atmosphérique 
artificielle ; par M. 3. Guxor. 


( Extrait par l’Auteur. ) 


Commission précédemment nommée, à laquelle sont adjoints MM. Bec- 
P q J 
querel et Breschet.) 


« Ce Mémoire est la suite et le développement d’un premier travail pré- 
senté en 1835 à l'Académie des Sciences, et renvoyé à l'examen de 
MM. Magendie, Roux et Serres. Dans la séance de l'Académie, du 2 juillet 
1838, M. Breschet a communiqué deux observations d’amputation traitées 
dans son service par mon procédé; il a en méme temps annoncé qu'il se 
proposait de faire, avec ce médecin, une série d'applications de la cha- 
leur aux amputations. 

» Le nouveau Mémoire se compose de deux parties : 

» La première comprend dix observations d’amputations recueillies à 
l'Hôtel-Dieu, à la Pitié, à Saint-Louis et aux Invalides ; seize observations 
de plaies et d’ulcères faites à l'Hôtel-Dieu et à la Charité; enfin, quatre 
observations de tumeurs blanches, une d’érysipele œdémateux, et une 
autre d'affection nerveuse liée: à un état chlorotique. 

» La secondé comprend les résumés et les conséquences des faits, la 
description des appareils propres à produire et à entretenir la chaleur sur 
les parties malades, et les principales règles à observer dans leur emploi. 

» Les principaux résultats obtenus sont : 

» Sur dix cas d’amputation, sept guérisons. Une de bras, deux de jambes 


sur trois, quatre de cuisse sur six. 

» Sur seize cas de plaies et d’ulcères huit ont été parfaitement guéris ; 
quatre ont été ramenés de tres grandes dimensions à de très petites; trois 
ont éprouvé un progrès et une amélioration sensibles: sur un seul l'in- 
fluence de la chaleur a été nulle. 

» Sur quatre tumeurs blanches une fut guérie, deux, furent améliorées 
au point de permettre aux malades de marcher; une seule continua ses 
progrès. 


» Une seule application fut faite à un érysipèle œdémateux qui disparut 
en vingt-quatre heures. 


149. 


(ie y 


» Une seule également à une sciatique grave qui disparut en quelques 
jours. 

» Enfin dans un cas de chlorose compliquée de phénomènes nerveux, 
les accidents disparurent également après quelques heures d'immersion 
dans la chaleur. 

» La température la plus convenable pour les plaies, les ulcères, les 
tumeurs blanches, et en général pour toutes les maladies où la chaleur a 
paru réussir est celle de 36° cent. au-dessus de zéro; le meilleur combus- 
tible pour l’entretenir est l'alcool. 


» Le premier phénomène qui se manifeste apres l'application de cette 
température est la disparition de la douleur. Le second est la disparition 
de toute inflammation , de toute infiltration sanguine, de tout œdème. 

» L'état général des malades en éprouve une amélioration plus remar- 
quable encore que l’état local. La fièvre traumatique diminue on dispa- 
raît, le sommeil est tranquille, les fonctions digestives s'accomplissent 
très bien. 

» Les plaies suppurent dans la chaleur comme dans les autres modes de 
pansement : aussi doit-on le considérer comme un puissant secours qui 
n'exclut point l'emploi de tous les moyens usités jusqu'ici pour tenir les 
parties malades dans l’état le plus convenable à leur guérison; les bandes 
roulées, les bandelettes de diachylum, les compresses simples ou gra- 
duées, les attèles, la compression, la réunion, le nitrate d'argent, etc., 
tous ces moyens et tous ceux que l'intelligence chirurgicale peut sug- 
gérer doivent être employés. La seule condition à réserver c’est que la 
partie malade reste sous l’influence de la chaleur. Il convient aussi, comme 
l’a prouvé l'expérience, d'éviter la diète et les émissions sanguines. » 


ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Premier Mémoire sur la théorie des équa- 
tions différentielles linéaires et sur le développement des fonctions en 
séries ; par M. J. Laouvirce. 


« La plupart des problèmes de Physique mathématique conduisent à 
des équations différentielles partielles que l’on peut regarder comme 
linéaires au moins à une première approximation. Il s’agit d'intégrer ces 
équations et de satisfaire en même temps à certaines conditions définies 
relatives soit à quelques points singuliers du système matériel dont on 
s'occupe, soit à l’état initial des températures ou des vibrations de ses mo- 
lécules. La méthode que les géomètres suivent ordinairement pour attem- 


(1113) 


dre ce but, consiste à représenter l'intégrale demandée par la somme d’un 
nombre infini d'intégrales particulières qui vérifient toutes les conditions 
données, excepté celles relatives à l’état initial. Chacune des intégrales 
particulières dont nous parlons doit satisfaire à une équation différentielle 
ordinaire facile à trouver, et dans laquelle entre un paramètre variable de 
lune à l’autre. On a donc à résoudre deux questions bien distinctes, puis- 
qu’il faut discuter d’abord l'équation différentielle à laquelle sont succes- 
sivement soumises les intégrales particulières dont l’ensemble compose la 
valeur générale cherchée , puis traiter à son tour cette expression générale 
et déterminer les constantes arbitraires qu’elle contient encore, de manière 
à remplir les conditions définies négligées en premier lieu. Ces deux ques- 
tions feront l’objet du présent Mémoire, où je les ai considérées sous un 
point de vue purement analytique, abstraction faite de leur application à 
tel ou tel problème. 

» La théorie des équations différentielles est encore peu avancée mal- 
gré les. nombreux travaux dont elle a été l’objet. Une équation linéaire à 
coefficients constants ou variables étant donnée , on peut toujours, il est 
vrai, en trouver l'intégrale exprimée par une série convergente ; mais cette 
intégrale suffit rarement pour découvrir les propriétés et la marche de la 
fonction que l'équation différentielle détermine. En considérant la fonction 
dont nous parlons comme l’ordonnée d’une courbe, et prenant pour abs- 
cisse la variable indépendante , il sera le plus souvent très difficile de re- 
connaître si, dans un intervalle donné, cette courbe coupe une ou plu- 
sieurs fois l’axe des abscisses , si elle touche sans le couper, si elle a enfin 
des points de maximum ou de minimum, ou des points d’inflexion. « Ce- 
» pendant, la connaissance de ces propriétés renferme celle des circons- 
» tances les plus remarquables que peuvent offrir les nombreux phéno- 
» mènes physiques ou dynamiques auxquels se rapportent les équations 
» différentielles dont il s’agit. » Une intégrale qui nous laisse ignorer ces 
propriétés intéressantes est d’une utilité bornée. Elle ne dispense nulle- 
ment d'étudier -en elle-même l'équation différentielle qui est plus simple et 
plus traitable. C’est en nous livrant à cette dernière étude que nous pou- 
vons espérer d'arriver à des résultats précis et à des théorèmes généraux. 
La remarque que nous venons de faire serait vraie encore, lors même que 
l'on parviendrait à obtenir sous forme finie l’intégrale de l'équation diffé- 
rentielle dont on s'occupe. C’est ainsi que la découverte d’une formule 
algébrique et générale propre à représenter les racines des équations 
déterminées n’ôterait rien à l'utilité des méthodes d’approximation qui 


S 


(1114) 
fournissent les valeurs numériques de ces racines, et des propositions re- 
marquables dont l’ensemble forme ce qu’on nomme aujourd’hui la théorie 
des équations. 

» L'idée si simple d'étudier en elles-mêmes les équations différentielles 
que l’on rencontre dans chaque question , au lieu de s'attacher uniquement 
à la recherche de leur intégrale, a dû se présenter aux géomeètres dès l’o- 
rigine du calcul différentiel. Mais dans ces derniers temps elle a été surtout 
développée par M. Sturm qui, dans son beau Mémoire. sur la théorie des 
équations différentielles linéaires du second ordre (*), en a tiré le parti le 
plus avantageux. 1] y considere l'équation 

d FA" 


2Y 

Le + M + NV = 0, 

dans laquelle L, M, N sont des fonctions de x, et par une méthode très 
élégante il trouve successivement toutes les propriétés dont jouit la fonc- 
tion V qui satisfait à cette équation. Ces propriétés sont analogues 
à celles des sinus ou des exponentielles. La même théorie fournit les 
moyens de calculer les racines de certaines équations transcendantes qui 
se présentent en analyse lorsqu'on veut par exemple déterminer les lois 
du mouvement de la chaleur dans une barre hétérogene. 

« Le principe sur lequel reposent, dit M. Sturm, les théorèmes que je 
» développé, n’a jamais, si je ne me trompe, été employé en analyse, et il 
» ne me paraît pas susceptible de s'étendre à d’autres équations diffé- 
» rentielles. » 

» L'auteur a eu raison, jé crois, de n’énoncer qu'avec réserve cette 
dernière assertion. Il me serait facile en effet de prouver au contraire, 
et je prouverai dans un autre article, que la méthode de M. Sturm peut 
être employée utilement dans la théorie des équations différentielles du 
troisième ordre et d'ordre supérieur. Néanmoins, je dois l'avouer, cette 
extension offre des difficultés qui ne m'ont pas permis de l’opérer d’une 
manière tout-à-fait générale. Sans renoncer à l’espoir fondé de voir un 
jour renverser ces obstacles, qui ne seront point sans doute insurmonta- 
tables (surtout si M. Sturm reprend, pour la perfectionner et l'étendre à 
de nouvelles questions, une méthode qui dans ses mains s’est déjà mon- 
trée si féconde), j'ai donc eu recours à d’autres principes possédant le 
double avantage d’une extréme simplicité et d’une généralité très grande. 
Ces principes s'appliquent en effet à des équations différentielles linéaires 


(*) Tome 1° du Journal de Mathématiques, page 106. 


(tir) 


d’un ordre quelconque, pourvu toutefois que les conditions définies à 
l'aide desquelles on détermine: les constantes arbitraires implicitement 
contenues dans les intégrales de nos équations différentielles aient une 
forme convenable. 

» Dans ce premier Mémoire, je me borne à considérer les équations 
différentielles linéaires d’un ordre quelconque , qui peuvent se mettre 
sous la forme 


d.Kd.L...d.Md.NdU PR AE 0 
dx! 


K, I,...M, N étant des fonctions positives de x,etr un.parametre indé- 
pendant de cette variable. De plus j’admets que pour une valeur particu- 
lière x de x, les quantités 


Naœ Ma.NdU Kd.L....d.NdU 
n D , PSE En ge. one 


sont égales à des constantes positives. Ces conditions laissent encore le 
paramètre r indéterminé. Mais on déterminera ce paramètre à l’aide d’une 
nouvelle équation, si l’on exige par exemple que U se réduise à zéro pour 
une certaine Valeur X de x, X étant > x. 

» Je prouve que les racines de l'équation transcendante dont le para- 
mètrer dépend alors sont en nombre infini, toutes réelles; : positivestet 
inégales. Chacune d’elles donne naissance à une fonction particulière U. 
La premiere de ces fonctions, celle qui répond à la plus petite racine, 
conserve constamment le même signe lorsque x croît dépuis x jusqu’à X. 
Celle qui répond à la nŸ"* racine s’évanouit et change de signe (n— 1) 
fois dans le même intervalle. Deux de ces fonctions correspondantes à deux 
racines consécutives changent toujours de signe l’une après l’autre alterna- 
tivement; celle qui répond à la plus grande racine s’évanouit la première 
à partir de x =x. En un mot on retrouve ici, comme dans l'équation du 
second ordre traitée par M. Sturm, des propriétés analogues à celles des 
sinus d’arcs multiples d’une même variable. 

» Dans un Mémoire présenté à l’Académie le 30 novembre 1835 ét im- 
primé tome 1° du Journal de Mathématiques , page 253, j'ai montré, je 
crois, le premier, quelle liaison intime existe entre les propriétés des inté- 
grales des équations linéaires du second ordre et le développement des 
fonctions en séries. On verra clairement dans ce nouveau Mémoire que les 
théorèmes auxquels je suis parvenu subsistent quel que soit l’ordre des 
équations différentielles que l’on considère. C’est le résultat principal que 


( 1116 ) 


j'annonçais il y a quelques mois(r), en donnant une indication succincte, 
mais assez précise, de mes nouvelles recherches. # 

» Ces recherches prendront une extension très grande dans les Mémoires 
que je publierai par la suite. Dans ce premier travail, je dois le dire, j'ai 
cherché surtout la rigueur et la simplicité. 

» J'ai supprimé tous les détails qui m'ont paru n'avoir qu’une impor- 
tance secondaire, ou qui ne se rattachaient pas d'une manière très directe 
au fond du sujet. Je n’ai jamais prouvé de deux manières les théorèmes 
qu’une seule démonstration établissait avec assez de clarté. Enfin parmi 
toutes les formes dont une démonstration était susceptible , j'ai constam- 
ment préféré celle qui se rapprochait le plus des méthodes connues. » 


ZOOLOGIE. — Mémoire sur la famille des Pholadaires ; par M. Desnayes. 


(Commissaires, MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire , Milne Edwards. ) 


t 


CHIRURGIE. — Mémoire sur la ventouse utérine et sur deux modifications 
du métrotherme ; par M. Anprreux. 


(Commissaires, MM. Double, Roux.) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les meilleurs moyens à employer pour prévenir 
les explosions des machines à vapeur ; par M. Mn. 


(Commission des rondelles fusibles. ) 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Vote sur la composition d'une encre d'imprimerie 
propre à prévenir la contrefacon , par décalquage, des journaux à la 
frontière; par M. Gacnace. 


(Commissaires, MM. Robiquet, Pelouze. ) 


M. Gorrien-Bessarne adresse des échantillons de matières colorantes 
extraites, par un procédé qui lui est propre, des divers bois employés dans 
la teinture. 

Renvoi à la Commission chargée d’examiner les produits présentés par 
M. Brocchieri ,comme obtenus du bois de Campêche. 


(*) Voyez page 255 du Journal de Mathématiques, tome III. 


Cag) 


CORRESPONDANCE. 


HYGIÈNE PUBLIQUE. — Emploi de la gélatine comme aliment. 


« M. 4rago expose que pendant son dernier séjour à Metz, il reçut une 
lettre par laquelle M. Darcet l'invitait à visiter l’hospice Saint-Nicolas 
où l’on fait usage de gélatine, et à vouloir bien, à son retour, rendre 
compte à l'Académie de ce qu'il aurait observé. M. Arago souscrivit au 
desir de son confrère tout en craignant de subir, dans l'examen des 
faits, l'influence des préventions qu'on lui avait anciennement données 
contre le régime alimentaire; objet d’un débat si vif et si prolongé. 

» L'hospice Saint-Nicolas, à Metz, renferme plus de 500 personnes, 
hommes, femmes et enfants. Les hommes et les femmes sont tous d’un 
âge trés avancé. Chaque individu recoit, deux fois par jour et cinq jours 
par semaine, une soupe dans laquelle il entre un quart de litre d'un 
bouillon qui, pour 1000 rations, est préparé avec la gélatine provenant de 
25 kilogrammes d’os et avec 10 kilogrammes de viande. 

» Après la soupe du matin, chaque personne reçoit une ration de légumes, 
secs ou frais, cuits au lard. 

» Après la soupe du soir, on distribue le lard qui a servi à la cuisson 
des légumes consommés le matin. 

» Les rations de légumes frais, tels que pommes de terre, choux, ca- 
rottes, navets, pésent.............................. 37 } gramm. 

» Les rations de légumes cuits, tels que haricots, pois, 


lente See A A Re AU Re LR A SR SRE cd ne 
» Les rations de riz et de millet...................,.. 5 


» Les os d’où l'on extrait la gélatine proviennent de l'hôpital mili- 
taire, du collége, du séminaire. Toutes les opérations relatives à cette 
extraction, s’exécutent dans une pièce qui n’est séparée de la salle où se 
tiennent les vieillards, que par une grille en bois. 

» Avant l'introduction de la gélatine, le régime de Saint-Nicolas était 
exactement celui d'aujourd'hui ; seulement le bouillon de la soupe se pré- 
parait avec du saindoux, du sel et des épices. 

» La règle nouvelle, il faut bien le remarquer, n'a pas été introduite 
dans des vues économiques: le désir d’améliorer la soupe des pauvres à 
seul dirigé les administrateurs. Chaque quart de litre de bouillon au sain- 

C. R. 1838, a° Semestre, (T. VII, N° 26.) 150 


(1118 ) 


doux revenait à 0"**,92; chaque quart de litre de bouillon à la gélatine 
animalisé, coûte 1°"""°,2b. 

» Les détails qui précèdent montrent suffisamment que les observations 
recueillies à l’hospice Saint-Nicolas de Metz, ne sauraient décider st la 
gélatine pure est nutritive; mais elles peuvent servir à apprécier l’in- 
fluence que cette substance exerce sur l’économie animale, quand elle est 
mêlée à du pain, à des légumes et à un très léger bouillon de viande. 

» Le bouillon de gélatine animalisé est en usage à l’hospice Saint-Ni- 
colas de Metz, depuis plus de quatre ans. Depuis quatre ans, d’après le 
témoignage unanime des honorables administrateurs de cet établissement, 
l'état _ sanitaire des 5oo individus qu’il renferme, a recu la plus évidente 
amélioration. L'augmentation de dépense dont il était question tout-à- 
l'heure, s’est trouvée plus que compensée par la moindre dépense affè- 
rente à linfirmerie. 

» M. Arago a reçu ces renseignements de la bouche de M. Pédancet, 
conseiller à la Cour royale ; de la bouche de M. Prost, colonel du génie en 
retraite, jadis directeur des fortifications de Metz, commandant en second 
de l’École d'application, etc., et de celle de M. Frécot, ancien employé 
supérieur aux armées. Les déclarations que M. Arago a recueillies en par- 
courant les diverses salles de l’hospice, ont entièrement confirmé le dire 
de MM. les administrateurs. Sauf deux ou trois exceptions appartenant à 
la section des vieilles femmes, partout on s’est félicité du nouveau régime ; 
partout on l’a déclaré très supérieur à l’ancien sous le rapport de lagré- 
ment et de la salubrité; partout on: a exprimé la crainte qu'il ne fût 
abandonné. 

» L’hépital militaire de Metz renfermait naguère, pour les employés, un 
appareil à la gélatine qui ne sert pas maintenant. M. Arago s’est assuré, 
aupres de M. le D° Scoutteten , que des circonstances particulières, totale- 
ment indépendantes de la valeur que peut avoir le procédé de M. Darcet, 
en ont seules amené la suspension momentanée. Les employés se trou- 
vaient très bien de l'emploi du bouillon de gélatine animalisé. Ils seraient 
heureux de le voir rétablir.» 


M. Silvestre exprime le vœu que la communication de M. Ærago soit 
insérée avec détail dans le Compte rendu. 


M. Magendie, au contraire , regrette qu’elle ait été faite en séance pu- 
blique. Il pense que M. 4rago aurait dû se borner à transmettre ses con- 
clusions à la Commission de la gélatine. Gette Commission poursuit le travail 


(19 ) 

qui lui a été confié, avec zèle et persévérance. D'ici à peu de temps elle pré- 
sentera son rapport. On appréciera alors tous les efforts qu’elle a faits pour 
vaincreles difficultés de la question, pour échapper au vague ‘dont sont na- 
turellement frappées des expériences complexes de la nature de celle que 
M: Arago invoque. M. Magendie est porté à croire qu’on pourrait suppri- 
mer la gélatine dans les bouillons de l'hospice Saint-Nicolas, sans que 
les vieillards et les enfants à qui on les donne s’en apercussent et, certai- 
nement, sans qu'ils s’en portassent plus mal. 

» M. 4rago répond qu'il n’a point présenté de conclusions : il s’est con- 
tenté de rapporter un fait. L'expérience de Mesz, envisagée, sinon phy- 
siologiquement, du moins sous le point de vue économique, lui semble 
capitale, même après les observations de M. Magendie. Il doute qu’en ce 
genre la Commission ait eu les moyens de rien entreprendre d’aussi vaste, 
soit par rapport à la durée, soit relativement au nombre et à la diversité 
des personnes qui se trouvaient soumises au régime de la gélatine. Ré- 
pondant au reproche de s'être adressé à l’Académie plutôt qu’à la Commis- 
sion, M. Arago dit qu'il l’a fait pour donner satisfaction à M. Darcet, 
lequel, depuis sept ans, attend qu'on le tire de la plus pénible position. 
Le Secrétaire perpétuel ajoute qu'il n’hésitera Jamais, dans les limites du 
droit, de la justice et de la vérité, à rendre à ses confrères tous les ser- 
vices qui-pourront dépendré de lui.» 


M. Magendie déclare que les expériences sur les propriétés nutritives 


de la gélatine sont commencées depuis deux ans seulement, et non pas 
depuis sept. 


M. Dumas ajoute que des faits analogues à celui dont M. Arago à 
entretenu l’Académie, n'ont pas été dédaignés par la Commission; que 


lui-même, par exemple, a eu personnellement l’occasion d'étudier , sur 
place, les résultats obtenus à l'hospice Saint-Nicolas de Metz. 


MÉCANIQUE, — Vote sur l'extension aux machines à simple effet, de 
la théorie de la machine à vapeur exposée dans plusieurs Mémoires 
précédents ; par M. ne Pawsour. — (Extrait). 


« Dans une série dé Mémoires présentés à l’Académie, nous avons ex- 
posé les équations propres à calculer analytiquement les effets ou les 
Proportions des machines à vapeur rotatives ou à double effet. L'objet de 
la Note que nous présentons en ce moment, est d'étendre Ja même théorie 
aux machines à vapeur à simple effet. 


150... 


( 11201) 


» Dans les machines à simple effet, l’action de la vapeur est appliquée 
uniquement sur la face supérieure du piston , pour produire la course des- 
cendante; et la course contraire est exécutée par le moyen d’un contre- 
poids. Pour arrêter le piston dans sa course descendante, et empêcher 
qu'il ne vienne frapper le fond du cylindre, on emploie deux moyens suc- 
cessifs : le premier consiste à interrompre l’arrivée de la vapeur de la chau- 
dière, après que le piston a parcouru une certaine portion de sa course; 
et le second consiste à ouvrir, avant la fin de la course, une soupape dite 
soupape d'équilibre, qui permet à la vapeur de se répandre des deux côtés 
du ‘piston, de sorte que celui-ci se trouve en équilibre dans la vapeur , et 
que n'étant plus sollicité par aucune force, il s'arrête promptément dans 
le cylindre. Pour arrêter, au contraire, le piston, dans la course remon- 
tante, on referme la soupape d'équilibre un peu avant que le piston ne soit 
arrivé au sommet du cylindre. Alors la vapeur qui se trouve ainsi inter- 
ceptée au-dessus du piston, prend par la compression une force élastique 
de plus en plus grande, tandis que celle qui reste au-dessous en acquiert 
au contraire une de plus en plus petite; et la différence toujours crois- 
sante de ces deux pressions, finit par ramener le piston au repos, sans choc 
et par conséquent sans perte de force vive. 

» On voit par cette disposition, que, dans chaque course prise séparé- 
ment, il doit y avoir égalité entre le travail appliqué par la puissance, et 
celui qui est exécuté par la résistance. En outre, ces machines n’étant pas 
munies d’un volant, et le mouvement de la résistance n’y étant ni con- 
tinu ni uniforme, il n'arrive plus que le piston recevant à chaque course 
une impulsion nouvelle, accélère de plus en plus sa vitesse, jusqu’à ce que 
la pression de la vapeur dans le cylindre, diminuant en même temps, de- 
vienne simplement égale à la résistance du piston. Le piston, au contraire, 
se retrouve, à chaque course, placé dans les mêmes circonstances où il ne 
se trouvait qu’à l'instant du départ seulement, dans les machines rotatives ; 
et par conséquent la pression de la vapeur dans le cylindre reste sensible- 
ment égale à celle de la vapeur dans la chaudière. 


» Ces changements dans le mode d’action de la machine, produiront 
des changements analogues dans les équations définitives; mais néanmoins, 
comme on va le voir, on arrivera toujours à ces équations par les mêmes 
considérations que précédemment. 

» Nous distinguons trois cas dans le travail des machines à simple effet : 
celui où elles travaillent avec un contre-poids donné, et une charge ou une 
vitesse quelconques ; celui où elles travaillent avec un contre-poids donné, 


( sr01 ) 


et la charge ou la vitesse qui produisent le maximum d'effet utile avec ce 
contre-poids; et enfin, celui où le contre-poids ayant d’abord été réglé à sa 
mesure la plus avantageuse pour la machine, on donne en outre à celle-ci 
la charge la plus avantageuse pour ce contre-poids, ce qui produit par 
conséquent le maximum absolu d'effet utile qu'il est possible d'obtenir de 
la machine. L 

» Pour arriver aux relations cherchées, entre les données et les incon- 
nues du problème, nous exprimerons d’abord que, dans chaque course, 
le travail appliqué par la puissance est égal à celui qui est exécuté par la 
résistance; ce qui fournira d’abord deux équations propres à faire con- 
naître le point où l’on doit intercepter l’arrivée dela vapeur dans la course 
descendante, et celui où l’on doit fermer la soupape d’équilibre dans la 
course montante. Ensuite, pour déterminer la vitesse de la machine, il 
restera la condition que la dépense de vapeur soit égale à sa production. 

» Pour cela, nous rappellerons que dans les séances des 26 mars et 19 
novembre derniers, nous avons présenté à l’Académie deux Notes des- 
quelles il résulte : 1° que pendant toute la durée de son action dans les 
machines, la vapeur reste toujours au maximum de densité pour sa tem- 
pérature; et 2° que dans les vapeurs au maximum de densité pour leur tem- 
pérature, le rapport entre le volume de la vapeur et celui d’un même 
poids d’eau, est exprimé par l’équation d 


M : 
D Ada! ...…. (a) 


dans laquelle M exprime le volume de la vapeur, S celui de l’eau corres- 
pondante, p la pression, et enfin # et q deux coefficients constants dont 
nous avons donné la valeur. 

Si conc la vapeur passe dans la machine, de la pression p'à la pression 
P', et que son volume devienne en conséquence M’, au lieu de M, on aura 
entre M’, S. et p', une relation semblable à la précédente , et par consé- 
quent, on en conclura 


M n 
Den re 3 2 
3 P 


c'est-à-dire que les volumes de la vapeur changeront, non pas en raison 
inverse des pressions, comme on le supposait en admettant la loi de Ma- 
riotte, mais en raison inverse des pressions augmentées d'une constante. 


(1122) 


» L’équation précédente produit encore la suivante 
M' yn ; n 
P=ÿ (+?) ne iles (c) 


et les équations (b) et (c) serviront à déterminer, soit M, soit p, selon celle 
de ces quantités qui sera inconnue. 

» Maintenant, pour considérer d’abord la course descendante du piston, 
si l'on appelle P la pression de la vapeur dans la chaudière, et & la pres- 
sion de cette vapeur en un point quelconque de la détente; / la course du 
piston, l' la portion parcourue avant la détente, et À celle qui correspond 
au point où la vapeur a acquis la pression &; enfin, a l'aire du piston et 
c la liberté du cylindre ; et que l’on conçoive que le piston, après avoir 
parcouru la longueur À de sa course, parcoure de plus l’espace élémentaire 
dx, le travail élémentaire produit dans ce mouvement, sera æadA. Mais 
en même temps, le volume a(l'+ c) occupé par la vapeur avant la détente, 
sera devenu a(A+ c). Donc, d’après l'équation (c), on aura 

#=( +P)LES —_ De 
4 Aa+c q 


En multipliant les deux membres de cette équation par adA, puis prenant 
l'intégrale entre les limites ' et Z, et enfin en ajoutant au résultat le tra- 
vail Pal', produit avant la détente, on aura pour le travail total développé, 
tant par l'effet direct que par la détente de la vapeur, 
: n te l+c n 
a(l+c) (Ces )G—— + log a) — ie 
» D'un autre côté, la résistance opposée au mouvement du piston, dans 
cette course, se compose de la charge r, du frottement ( f’+ d'r) de la 
machine chargée de la résistance r, en appelant f’ son frottement sans 
charge, et d' l'accroissement de ce frottement par unité de la charge, du 
contre-poids [1, et enfin de la pression p subsistant sous le piston après 
condensation imparfaite de la vapeur. Donc l'égalité entre le travail appli- 


qué par la vapeur, et celui exécuté par les résistances, produira l’é- 
quation 


a ++ +p+f+n 


k = ne ERA) 


n 
= P 
7 


dans laquelle nous avons, pour abréger, fait 


( 1123 ) 


r l c 
LL re tee. 
L’équation (A) est donc la première des relations cherchées, entre les 
données et les inconnues du problème. 

» Pour obtenir léquation semblable , relative à la course montante du 
piston, il faut observer que , dans cette course, la puissance est le contre- 
poids, et la résistance se compose du frottement f” de la machine et de 
lopposition créée par la compression de la vapeur après la fermeture 
de la soupape d’équilibre. Mais au moment où la soupape d’équilibre s’est 
ouverte, pour permettre à la vapeur de se répandre dans la totalité du 
cylindre, la pression de cette vapeur est devenue, d’après l’équation (c), 


= +) ET. dx 


Ensuite , après que le piston a parcouru une certaine longueur ! de sa 
course. la soupape d'équilibre se referme, et la vapeur ainsi divisée en 
deux parts, commence à se comprimer de plus en plus au-dessus du piston 
et à se détendre au-dessous. Si donc on suppose le piston parvenu à la 
distance À de l’origine de sa course, et qu’on appelle æ° et æ’ les pres- 
sions respectives de la vapeur sur les deux faces du piston , le travail déve- 
loppé par la compression de la vapeur, sur l’espace dA, sera (7"— 7')adà. 
Mais d’après l'équation (c), on a 
(2 ur 

ere) ÈS -E et re (i+r) 
Donc, en prenant, comme précédemment, la valeur de (7” — 7) ad, 
puis intégrant entre les limites. /” et L, et égalant le travail de la puissance 
à celui de la résistance, on aura pour la seconde relation cherchée 


Re (D) 


l ce c ÿ 
= LOTS P 
g 
équation dans laquelle nous avons, pour abréger, fait 
Le NB es il Er NE 6 


= =— EE ==—; 
AL der sol 4 EE 
» Enfin, pour obtenir la troisième relation, exprimant l'égalité entre la dé- 
pense et la production de vapeur, il faut observer qu'il ne se condense , et 
par conséquent qu’il ne se dépense à chaque coup de piston que la va- 
peur qui, pendant la course remontante , est passée au-dessous du piston. 


(114) 


Or, le volume de cette vapeur, par coup de piston, pris à l'instant où l’on 
en fait la séparation dans le cylindre, est a (l' + c); et sa pression est 
alors & (éq. d). D'un autre côté, si l’on représente par S le volume d'eau 
vaporisé par minute dans la chaudière , il en résultera sous la pression æ, 
un volume de vapeur exprimé par 

sa 

n + gx 

Donc enfin, l'égalité entre la dépense et la production de vapeur, fournira, 
pour la troisième cherchée , l'équation 


Au u l+2cS I 
PF TETE TE Re LEUR 


Et enfin les trois équations (A), (B) et(1)résolues successivement par rap- 
port à rets, produiront les formules nécessaires à tous les problèmes 
que peuvent présenter ces machines. 

» Pour la solution de ces diverses formules , une table dressée exprès 
permet de connaître immédiatement et sans calcul, les valeurs de #’ et 4" 
correspondantes à des valeurs données de /' et l', et réciproquement. » 


MÉTÉOROLOGIE. — Etoiles filantes périodiques de novembre. 


. Arago a rendu compte de diverses observations, desquelles il résulte 
LÀ 
qu'il y a eu, encore cette année, une apparition extraordinaire d'étoiles 
ntes , vers le milieu de novembre; mais plusieurs de ces observations 

a , , ’ 

celles entre autres si remarquables de M. Littrow, n'étant pas encore ar- 

rivées directement au Secrétaire de l’Académie, crainte d'erreur, nous 

ajournerons à une autre époque la publication des détails. 


AsTRONOMIE. — Comète à courte période. 


M. Vazz écrit à M. Arago qu'il a encore observé la comète, le 12 dés 
cembre au matin, deux jours avant le passage au périhélie. Jusqu'ici on 
n'avait pas aperçu cet astre si près de l'extrémité du grand axe de l'orbite 
qu'il parcourt. 

M. Valz a continué à suivre avec attention les changements de dimen- 
sion de la comète. Le 24 novembre, le volume était suivant lui 826 fois 
plus petit que le 10 octobre. 


(r725 ) 


CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un moyen d'isoler le tissu élémentaire des 
bois. — Lettre de M. Payen. 


«En appliquant à l'analyse immédiate le procédé microscopique indiqué 
par M. Dutrochet, je suis parvenu à extraire pur le tissu élémentaire 
des bois durs les plus chargés d’incrustations ligneuses. 

» La composition de cette substance coïncide alors avec celle des plus 
jeunes tissus; elle ajoute aux faits exposés dans mon Mémoire , une dé- 
monstration plus complète et telle que M. Thénard m'avait engagé à 
tenter de l’obtenir. 

» Voici les principaux détails de l'opération : les bois de chéne et de 
hètre, réduits en rapures fines, épurés et desséchés, furent mis dans 
un grand excès (vingt fois leur poids) d’acide nitrique concentré. 

»Lorsqu'’au bout de trente heures le dégorgement de l'acide hypoazo- 
tique cessa, toute la matière incrustante étant dissoute, le tissu non atta- 
qué fut lavé par la soude, épuisé à l’eau, puis séché à 160° dans le 
vide : son analyse offrit alors les nombres suivants : 

» De 0f,574, on obtint 0,873 d'acide carbonique et 0,302 d’eau, ce qui 
correspond, en tenant compte de 0,0225 de résidu iucombustible, à 


43,85 de carbone 
5,86 d'hydrogène. 
50,28 d’oxigène. 


100 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur Les avantages qu'il y a à entourer d'eau, 
dans les machines asptrantes, la partie de l'appareil dans laquelle on 
Jait le vide; par M. »e Caricwr. 


« On à présenté dernièrement à l’Académie des Sciences un Mémoire 
sur une machine analogue à celle de De Trouville. Je crois devoir rappeler 
que dans un Mémoire présenté à l’Académie des Sciences le 25 septem- 
bre 1837, j'avais établi le principe Suivant : Il est utile pour toutes les 
machines aspirantes sans exception, d’entourer de Capacités remplies d’eau, 
les capacités quelconques où l’on fait le vide, sauf les cas où cela serait 
incompatible avec la nature de l'appareil ou la libérté de son jeu. 

» Quand même il ne serait pas moins difficilé de rendre les surfaces 
imperméables à l’eau qu’à l'air, il y a des cas, et c’est celui de la machine de 

C.R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII, N° 26.) 151 


( 1126 ) 


De Trouville que j'ai spécifié, où l'introduction d’un peu d’eau par une 
solution de continuité n’aurait pour inconvénient que de diminuer l'effet 
utile, tandis que l'introduction de l'air ferait cesser subitement le jeu de 
la machine. 

» Je crois devoir dire que j'eus cette idée il y a plusieurs années, en 
réfléchissant à la cause qui a fait échouer les expériences de Montgolfier 
sur son grand bélier-siphon à Marly. J'ai indiqué cette idée comme ren- 
dant possible cette machine de Montgolfier. 

» Dans le courant de ce semestre on a présenté à l'Académie des Sciences 
un Mémoire sur les roues qui élèvent l’eau par le moyen de la force 
centrifuge. Je crois pouvoir décrire la disposition suivante comme n'étant 
autre chose qu'un exemple tiré du principe précédent. 

» On connaît une roue à force centrifuge qui tourne au sommet d’un 
tuyau d'aspiration fixe. (Hachette, p. 180.) Mais pour peu que l’on voulût 
élargir les orifices extérieurs d’après les théories connues, il deviendrait 
impossible de l’amorcer à cause de l'introduction de l'air par ces orifices. 

» D’après le principe précédent, il suffit d’entourer d’une capacité rem- 
plie d’eau , cette machine aspirante, pour se débarrasser de l'introduction 
de air extérieur. Le mouvement giratoire imprimé par la roue à l’eau de 
la capacité sera d’ailleurs utilisé en partie, puisqu'il produira une dénivel- 
lation. Je crois devoir observer que la perte provenant de ce mouvement 
giratoire serait plus grande si, comme une autre personne l’a proposé, la 
roue tournait au fond d’un tambour. On sait d’ailleurs par les expériences 
de M. Morin, page 42, qu'au-delà de certaines vitesses il y a des incon- 
vénients à augmenter la profondeur des turbines sous l’eau. 

» Il y à au Conservatoire des Arts et Métiers une roue de Manoury 
d'Ectot qui tourne dans un tambour; mais le trop plein est au-dessous 
de la roue, et les tuyaux d'évacuation supérieure s'élèvent au-dessus de 
cette roue, ce qui prouve que Manoury d’Ectot ne connaissait pas le 
moyen précédent de l'amorcer. Au moyen de la soupape inférieure, quel- 
ques seaux d’eau suffiront pour la remplir une première fois par le haut. 

» En définitive, sans rien changer à des machines abandonnées depuis 
long-temps , il me suffit de les entourer de capacités remplies d'eau pour 
les rendre utiles. 

» Cette idée parait si simple, que pendant long-temps je n’avais osé la 
publier; mais je me suis convaincu que dans ces derniers temps elle a 
échappé à plusieurs hydrauliciens qui ont sérieusement travaillé sur la 


3 


matière, à Dubuat, Montgolfier et Manoury d’Ectot. » 


Cira7) 
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les produits du Polygonum tinctorium. 


M. Jaune Sanr-Hiraune adresse quelques remarques concernant le dé- 
chet que subit lindigo brut obtenu du tinctorium polygonum , par 
les procédés d’affinage auxquels il faut ensuite le soumettre. Les expé- 
riences faites à ce sujet, par une méthode sur laquelle M. Jaume ne 
donne aucun détail, lui ont montré que pour une première opération 
d'affinage, la perte est d’environ 27 pour 100, et que, par cette opé- 
ration, on obtient déjà un bleu plus pur que celui des indigos de l'E- 
gypte et de Saint-Domingue. Sans doute, ajoute-t-il, on ne peut en- 
core le comparer aux indigos du Bengale; mais aussi revientil à un 
prix beaucoup moindre. 

» Les indigos qui nous viennent de l'Inde, poursuit l’auteur de la 
lettre, n’ont pas besoin d’être purifiés en France avant d’être employés, 
parce qu'ils ont subi plusieurs avivages , et c’est à ces opérations répétées 
qu'ils doivent leur éclat et le prix élevé qu’ils obtiennent dans le com- 
merce. » 

M. Jaume Saint-Hilaire termine en faisant remarquer que la quantité 
de 80 livres d'indigo brut, qu'il a annoncée comme devant étre le produit 
d’une plantation d’un arpent de Paris, quantité qu’on a cru exagérée, est 
encore fort au-dessous de celle qu’obtiennent plusieurs agronomes dans le 
midi de la France. 


M. Torrarp aîné demande à être compris dans le nombre des candidats 
pour la place vacante dans la section d' Économie rurale , par suite du décès 
de M. Auzard. 


(Renvoi à la section d'Économie rurale, ) 


M. Smmox, maître de port à la Perrotine (ile d'Oléron), adresse à 
M. Arago deux perles de couleur noire, qu'il a trouvées, dans une grande 
huître jetée sur le rivage de la mer. 

MM. Brongniart, Duméril et de BlainWille, sont priés d'examiner ces 
productions, et de faire savoir si elles offrent quelque intérêt sous le point 
de vue scientifique. 


MM. Pirreronr propose un nouveau système de billets de banque dont 
la contrefaçon serait, suivant lui, presque impossible, en raison du prix 
élevé et du volume considérable qu'aurait l'appareil nécessaire pour les 
fabriquer. | 


151. 


( 1128 ) 


M. Banzer-Soupazo écrit relativement à un mode de communication 
télégraphique qu'il a imaginé. 


M. Gmou ne BuzarernGuss fils adresse un paquet cacheté. 
L'Académie en accepte le dépôt. 


A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. 


La séance est levée à 5 heures. 


( 1129 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie 2 reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie royale des 
Sciences; 2° semestre 1838 , n° 25, in-4°. 

Annales des Mines ; 3° et 4° liv. de 1838, tomes 13 et 14, in-8°. 

Annales des Sciences physiques et naturelles, d'Agriculture et d'In- 
dustrie , publiées par la Société royale d'Agriculture de Lyon; tome 1°, 
nov. 1838, n° 5, in-8°. 

Des Métamorphoses et des Modifications survenues dans certaines roches 
des Vosges; par M. Ernest Purow; Paris, 1838, in-8°. 

Nouvelles suites à Buffon. — Histoire des Insectes orthoptères , x vo- 
lume in-8° et une liv. de planches in-8. 

Journal historique du Siége de la ville et de la citadelle de Turin en 
1706; par le comte SoLar DE LA MarGUERITE; 1 vol. in-4° ; Turin. (Présenté 
par M. l'abbé Ary.) 

Portrait lithographié de M. Niels Henrik Abel, présenté par M. DE La 
Roquerre, consul de France en Norwége. 

The Journal.... Journal de la Société royale de Londres; tome 8, 
3° partie, in-8°. 

Adress.... Discours de S. 4. R. le duc de Sussex, président de la 
Société royale de Londres, à la séance annuelle du 30 novembre 1838, 
in-8°. 1 

The southern.... Journal littéraire du midi (États-Unis d'Amérique ) 
et Magasin mensuel; vol. 3, n° 5, janv. 1857; Charleston. (Présenté par 
M. Warpen.) 

The southern. ... Journal littéraire du midi et Revue mensuelle (nou- 
velle série de la publication précédente); vol. 1, n° 1, mars 1837; Charles- 
ton. (Présenté par M. Warpex.) 

Astronomische. . ... Nouvelles astronomiques de M. Scaumacuer ; 
n° 565 et 366, in-4. 

Observaciones.... Observations faites dans l'Observatoire royal de 
San-Fernando , publiées par ordre du Gouvernement ; par M. CEerquERo , 


( 1130 ) 


directeur de cet établissement ; années 1834 et 1835, 2 vol. in-fol. ; San- 
Fernando, 1856. 

Princips.... Principes de la Physique ( Physique et Métaphysique) de 
Carowazza; publiés sans nom de lieu ni d’éditeur; brochure in-8?. 

Bulletin de l'Académie royale de Médecine ; tome 3, n°5 et 6, in-8°. 

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; par M. Mi- 
QuEL ; tome 15, décembre 1838, in-8°. 

Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; décembre 1838 
in-8°. 

Gazette médicale de Paris; tome 6 , n° 5r, in-4°. 

Gazette des Hôpitaux ; tome 12, n°* 148—:50, in-4°. 

L'Expérience, journal de Médecine et de Chirurgie ; n° 77, in-8°. 

La France industrielle; 5° année, n° 76 et 77. 

L'Educateur, journal; sept. et oct. 1858, in-4°. 


» 


COMPTE RENDU 


DES SÉANCES 


DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 


SÉANCE DU LUNDI 51 DÉCEMBRE 1838. 


PRÉSIDENCE DE M. BECQUEREL. 


MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS 
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE. 


« Dans le dernier numéro du Compte rendu, on a pu lire (page 1119) 
ces quelques paroles : « Répondant au reproche de s'être adressé à l’Aca- 
» démie plutôt qu’à la Commission, M. Ærago dit qu'il l’a fait pour don- 
» ner satisfaction à M. Darcet, lequel depuis sept ans, attend qu’on le 
» tire de la plus pénible position. » 

» MM. Dumas , Thénard, Magendie , ayant cru voir dans cette phrase 
une inculpation dirigée contre la Commission de la gélatine, dont ils font 
partie , témoignent leurs regrets et leur surprise de la voir consignée dans 
un bulletin de l’Académie. Si la Commission n’a pas encore fait son rap- 
port, c’est qu’on l'avait chargée d’un travail immense, c’est qu’elle a dü 
entreprendre une multitude d’expériences minutieuses , délicates et très 
pénibles. Au reste, le rapport pourra être lu d'ici à très peu de temps, et 
chacun verra alors si l’on ne s’est pas attaché, autant que possible, à con- 
cilier les intérêts de la science avec les égards dus à un honorable aca- 
démicien. 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 27.) 152 


GET) 


» M. Arago exprime à son tour ie regret que les paroles dont 
MM. Thénard, Magendie et Dumas se montrent blessés, n'aient donné 
lieu à aucune remarque quand elles ont été nettement prononcées, dans 
la discussion verbale. M. Arago n'aurait pas manqué de protester, dès 
lundi dernier, contre l'intention qu'on lui a supposée. Jamais il n’a pu 
avoir la pensée de blämer la Commission, puisque les travaux qu’elle a 
faits lui sont totalement inconnus. En disant que la position de M. Dar- 
cet est pénible, il a articulé un fait que personne ne contestera, si l’on 
se rappelle le contenu de divers Mémoires lus dans nos séances, et sur 
lesquels la Commission aura à prononcer; il a transcrit, à peu près mot 
à mot, une des phrases de la lettre que son honorable confrère lui écri- 
vit à Metz. M. Arago a, du reste, si peu l'intention de prolonger la dis- 
cussion sur ce terrain, qu'il supprimera, sous sa responsabilité personnelle, 
une note qui arrive à l'instant de M. Darcet, destinée à prouver que la 
création de la Commission de la gélatine, remonte réellement à sept ans.» 


GÉODÉSIE. — Sur l'application du calcul des probabilités à la mesure de 
la précision d'un grand nivellement géodésique indépendant des distances 
respectives les stations ;, par M. Purssanr. 


« Puisque l’expression \algébrique du coefficient de la réfraction ter- 
restre, tirée de la Mécanique céleste , et évaluée numériquement, comme 
Je l'ai fait voir en plusieurs circonstances, notamment dans la séance du 
10 de ce mois, est tres propre à donner les réfractions locales et actuelles, 
sinon rigoureusement , du moins avec une approximation très suffisante 
dans la pratique ; il est utile alors d'apprécier l'influence que les petites 
erreurs de ces réfractions exercent sur la différence de niveau des points 
extrêmes d’un grand nivellement dont les éléments se composeraient seu- 
lement de distances zénithales réciproques et d'observations météorolo- 
giques contemporaines. Tel est, en effet, le cas qui se présenterait si un 
voyageur voulait niveler un pays de montagnes ; et qu'il fût privé du temps 
et des moyens nécessaires pour en faire complétement la triangulation. 

» Dans le but de résoudre cette question, soient x,,x,, æ3,.... les 
hauteurs relatives des stations de la ligne de nivellement groupées deux à 
deux, et X. la différence de niveau cherchée; alors on aüra généralement 


X= zx LT, Et +...1, 


et comme tous les termes du second membre de cette équation sont in- 
dépendants les uns des autres, leurs erreurs respectives d'x,, d'æ,, d',.... 


(hrr33 , 


provenant de celles qui affectent les réfractions, seront elles-mêmes indé 
pendantes. Ainsi, en vertu d’un principe connu de la Théorie analytique 
des Probabilités (*}, l'erreur moyenne à craindre sur la valeur de X,, c’est- 
à-dire celle dont la probabilité est +; sera 


IX = HV (dx,)* + (x,)* + (2x3) +... 


En la sextuplant ensuite, on'obtiendra une limite telle, qu'il y aurait 
cinquante mille.à parier contre un, qu’elle n’est pas atteinte par la plus 
grande erreur. 

» Reste maintenant à évaluer les erreurs, partielles Jx;, dx,; d'xs,... 
dans le cas le plus défavorable où les hauteurs relatives x,,x,, xs,... 
auraient été calculées indépendamment de la connaissance des cordes 
comprises entre les stations comparées, c’est-à-dire au moyen de la 
formule 

T— Te E+D tang = (Z”— 2), 
que j'ai donnée (page 135 du tome VII des Comptes rendus) , et dans la- 
quelle n,, 7, sont les coefficients de la réfraction aux stations où Z/, Z' 
représentent les distances zénithales réciproques apparentes, réduites aux 
points de mire. Ces coefficients étant susceptibles des erreurs Jn,, dn,, 
on aura à fort peu près, relativement au premier triangle hypso- 
métrique, 
on, + dn, 


ÂT, = XL, ———-, , 
17 —n, 


Les autres triangles de cette espèce fourniront également chacun une ex- 
pression de cette forme, dans laquelle cependant dn, et d'n, seront in- 
connus. Mais j'ai acquis la preuve que l’erreur d’un pareil triangle est très 
souvent au-dessous de 20 secondes centésimales, ou 6,5 sexagésimales, 
quand les observations ont été faites avec beaucoup de soin; ainsi, en 
admettant cette erreur, et supposant que l'angle des verticales de deux 
stations comparées corresponde à un arc terrestre de 30000 mètres (va- 
leur moyenne) et du rayon R = 6366198" À (la quantité À étant la 
hauteur de l’une des stations au-dessus des mers), on aura en général 


(*' Voyez la démonstration que notre savant confrère, M. Poisson , en a donnée dans 
le Bulletin des Sciences mathématiques et physiques de M. de Férussac, tome XIII, 
page 267. 
152. 


(1134) 


I 
‘"150( —n—n) 


= ZT 


Rien ne manquera donc pour évaluer numériquement le degré de pré- 
cision relative d’un nivellement qui aurait été exécuté sans la mesure 
d'aucune base. Si par exemple on avait 1 — n — n° — 0,84, l'erreur in- 
dividuelle précédente serait 

dx = x(0,0079/ ) ; 
et à une hauteur relative x — 100" correspondrait une erreur 
d'x —0",794 ; en sorte que si l’on avait en outre x, = x,= etc., et que 
leur nombre füt de 16, on aurait, dans cette hypothèse, 

OX = Æ 3,176. 
On voit d'après cela qu'il ne faudrait pas user de ce procédé expéditif 
pour résoudre une question délicate d’hydrographie, telle que celle qui 
aurait pour objet d'apprécier très exactement la différence de niveau 
qui peut exister entre l'Océan Atlantique et la mer Pacifique, en tra- 
versant l’isthme de Panama, à moins qu'on ne multipliàt les observations 
angulaires et météorologiques de manière à atténuer le plus possible les 
erreurs des triangles formés par les verticales et les distances respec- 
tives des stations. 

» Mais lorsque les valeurs de x,, &,, æ3,.... auront été déduites, 
comme à l'ordinaire, de bases provenant d’un excellent réseau de trian- 
gles horizontaux, l'erreur moyenne d'X sera nécessairement renfermée 
dans des limites beaucoup plus étroites, toutes choses égales d’ailleurs ; 
parce qu'il n’y aura rien d’hypothétique dans son évaluation , et que les 
erreurs de réfraction seront presque sans influence. C’est ce que je crois 
avoir fait remarquer le premier en choisissant pour exemple le beau 
nivellement trigonométrique que MM. Corabœuf et Peytier, anciens in- 
génieurs-géographes, ont étendu le long de la haute chaine des Pyré- 
nées, pour lier l'Océan à la Méditerranée (Mémoires de l’Académie des 
Sciences, tome X), et duquel il résulte que la différence de niveau de 
ces deux mers est à peu près nulle. 

» Je crois devoir terminer cette Note par la remarque suivante : l'ex- 
pression du coefficient de la réfraction terrestre dont j'ai fait usage 
(Comptes rendus, 2° semestre 1838, page 993) renferme le facteur 1—£/, 
que j'aurais pu déduire tres directement de la théorie même de M. La- 
place, comme je le ferai voir ailleurs; ce qui prouvera derechef, et 
contrairement à l’assertion avancée (Comptes rendus, 2° semestre 1838, 


( 1135 ) 


page 864), que le coefficient € n’est pas sans fondement théorique; mais 
il est vrai de dire aussi que l’auteur de cette assertion, qui l'avait accom- 
pagnée de calculs analytiques à l'appui, n’a pas tardé cependant à re- 
connaître son erreur à cet égard , en relisant le Mémoire de M. Plana 


(voyez p. 1042). » 
ÉCONOMIE RURALE. — labrication du sucre de betteraves. 


« M. Dumas met sous les yeux de l’Académie divers produits qu’il est 
chargé de lui offrir par M. le baron de Haber, de Carlsrühe ; ce sont : 

» 1°. Des betteraves desséchées par le procédé de Schutzenbach, dans 
un travail en grand ; 

» 20. Des sucres bruts en Sert 

» 3. Un pain de sucre raffiné produit par ces derniers; 

» 4°. La mélasse du raffinage. 

» M. Dumas rappelle à cette occasion que dans le procédé français on 
soumet la betterave à l’action de la räpe, puis la pulpe à l’action de Ja 
presse pour en retirer le jus. Ce dernier, soumis à divers traitements, 
fournit en somme de 5 à 6 pour 100 de sucre, tandis que la betterave en 
contenait 10 à 12 pour 100. 

» M. Schutzenbach a imaginé de dessécher la betterave et de laver le 
résidu. Il a obtenu ainsi de 100 kilog. de betteraves 17 à 20 de résidu sec, 
qui, lavé systématiquement, fournit des liqueurs sucrées marquant 20 ou 
22° à l’aréomètre de Baumé. Ces dernières évaporées donnent 8 ou 8 1 de 
sucre pour 100 de betteraves fraîches. 

» Ainsi, le procédé de la dessiccation donne plus de sucre; il s’applique 
d’une manière continue et permet de travailler toute l’année; il diminue 
les frais de transport de la betterave; il donne de meilleures mélasses. 

» Mais d’un autre côté les pulpes sont perdues pour les bestiaux, et la 
dessiccation exige une dépense de combustible assez forte. 

» M. Dumas ajoute qu’il est heureux d’annoncer que relativement à ce 
dernier point toute difficulté semble levée par un procédé dù à M. de Lirac, 
de Carpentras. 

» En effet, M. de Lirac s’est assuré cette année, par des expériences au- 
thentiques, qu’un homme et deux femmes travaillant avec un coupe-racines 
et des claies de magnanerie , ont pu dessécher en plein champ, au soleil, 
en 12 heures, 70 à 80 000 kilog. de betteraves par semaine au point de lui 
faire perdre 80 pour 100 de son poids; emmagasinée elle n’a plus subi d’al- 
tération. 


{ 1136 ) 


» M. de Lirac a fait plus, il a trouvé un procédé qui, sans dépense sen- 
sible, permet de dessécher la betterave sans lui faire subir le moindre 
changement de couleur dans les conditions énoncées. 

» Il a opéré au mois d'août, de septembre et au commencement d’oc- 
tobre sur des racines donnant un jus de 9 à 9 +de Baumé.» 


Sur une observation de M. ne Minrez, M. Dumas ajoute que les ré- 
sidus de la betterave traitée par les procédés qu'il vient d'exposer, ne 
peuvent pas être employés à la nourriture du bétail. 


RAPPORTS. 


CHIMIE APPLIQUÉE. — Rapport sur un extrait sec de bois de Campéche; 
présenté par M. Broocureni. 


(Commissaires, MM. Pelouze , Robiquet rapporteur. ) 


« Dans la séance du 10 de ce mois, M. Brocchieri a annoncé à l’Aca- 
démie qu'il avait découvert un procédé simple et facilement exécutable 
en grand, pour obtenir la matière colorante du bois de Campéche, à l’état 
d’un extrait sec et non pas cristallisé, comme il le dit, mais à cassure 
vitreuse , ce qui est bien différent. M. Brocchieri a fait remettre en même 
temps un échantillon de cet extrait, et il a demandé que l’Académie 
voulüt bien faire constater les avantages qui, selon lui, résultent de 
son procédé. Nous avons été chargés, M. Pelouze et moi, de cet examen 
mais comme l’auteur n’a pas jugé à propos de donner communication de 
son procédé , vos Commissaires ne pensent pas qu'il y ait lieu à faire de 
rapport. » 


PHYSIOLOGIE. — Rapport sur une Note de M. Man, relative à la 
: ; a 
Jorme des globules du sang chez quelques mammifères. 


(Commissaires, MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Milne Edwards 
rapporteur.) 


« Le sang remplit, dans l’économie animale, un rôle si important, et 
son histoire se rattache à tant de questions pleines d'intérêt pour la 
science , que son étude a dû naturellement fixer l'attention d’un grand 
nombre de physiologistes, et lorsque la découverte du microscope est ve- 
nue agrandir le champ de leurs investigations, ils n’ont pas manqué de 
chercher si cet instrument puissant ne leur révélerait pas dans le liquide 


(1137) 


ñourricier des animaux quelque caractère nouveau. Cet espoir n’a pas été 
déçu, et à l’aide du microscope, on a pu facilement se convaincre que le 
sang, loin d’être formé seulement d’un liquide tenant en dissolution des 
substances diverses, se compose essentiellement de corpuscules solides en 
nombre incalculable, qui nagent suspendus dans un fluide particulier, et 
qui affectent des formes constantes. Malpighi paraît être le premier qui ait 
signalé l'existence de ces corpuscules ; cependant, il ne s'était pas formé 
une idée exacte de leur nature, et c’est principalement à un homme d’un 
génie bien moins élevé, à Leeuwenhoek, qu'appartient le mérite de la 
démonstration, sinon de la découverte, de cette vérité; ses premières 
observations ; remontent à 1673 ,1et cette date est aussi celle de nos 
premières notions précises sur la forme et sur la nature des globules du 
sang. 
» Jurin, Senac, Muys, Fontana, Hewson, ajoutèrent ensuite de nou- 
veaux faits à ceux constatés par Leeuwenhoek, et rectifièrent quelques 
erreurs dans lesquelles cet observateur était tombé. Les recherches de 
Hewson méritent surtout d’être: citées avec éloge, et de cette suite de 
travaux, est résulté un ensemble de connaissances précieuses pour Ja 
Physiologie; mais vers la fin du siècle dernier;:le microscope eut le sort 
de tant d’autres choses nouvelles; après en avoir exagéré l'utilité et s’en 
ètre servi pour étayer de folles spéculations de l'esprit, on se jeta dans 
l'excès contraire, on en exagéra les inconvénients et les dangers, puis on 
en négligea presque entièrement l'emploi, et lon ne parla qu'avec méfiance 
de la plupart des résultats obtenus à l'aide de son usage. On alla même 
jusqu’à révoquer en doute l'existence des globules du sang, et l'on attribua 
à des illusions d'optique ce que Leeuwenhoek et ses successeurs en avaient 
dit. Pendant quelque temps les découvertes des micrographes furent donc, 
en quelque sorte, perdues pour la Physiologie ;:et il à fallu pour les faire 
rentrer dans la science, qu’elles aient eu la sanction dobservateurs mo- 
dernes, dont tous les travaux portaient le cachet de ces esprits rigoureux 
qui ne se laissent convaincre qu'après avoir acquis toutes les preuves né- 
cessaires pour convaincre: autrui: Cette réhabilitation du microscope aux 
yeux.des, physiologistes, ne remonte: pas à vingt ans, et elle n’est pas un 
des moindres services que MM. Prevost et Dumas aient rendus à la science 
par là publication: de leurs recherches sur le sang. 

» Parmi les résultats curieux-obtenus par ces deux observateurs, il en 
est un: qui, déjà entrevu par Hewson; devait surtout’ intéresser les Z00- 
logistes ; c'est la coïncidence d’une certaine Jorme dans les globules du 


( 1138 ) 


sang et de certaines particularités dans le plan général de l’organisation 
des animaux chez lesquels ils les avaient étudiées. Dans les divers indi- 
vidus d’une même espèce ces corpuscules qui donnent au sang sa cou- 
leur, sont tous, à fort peu de choses près, semblables entre eux, tant sous 
le rapport de leur dimensions que de leur forme; chez des animaux d’es- 
pèces différentes leurs dimensions peuvent varier, et ces variations sont 
quelquefois très grandes même chez les êtres qui, du reste, se ressemblent 
extrémement; mais la forme des globules du sang ne paraissait changer 
que d’une classe à une autre, et ne point varier chez les divers animaux 
appartenant à une même division naturelle du règne animal. En effet, 
chez tous les mammifères soumis à leur examen , MM. Prevost et Dumas 
ont constamment trouvé que ces corpuscules étaient circulaires et res- 
semblaient à de petits disques marqués d’une tache centrale également 
circulaire , tandis que chez les oiseaux , les reptiles et les poissons ils ont 
toujours vu ces globules elliptiques et pourvus au centre d’une tache de 
même forme qui leur sembla être un noyau intérieur. 

» Vers la même époque Rudolphi annonça que le sang de plusieurs 
poissons , tels que la Perche, la Plie et la Sole charriait des globules circu- 
laires comme ceux des mammifères; mais des observations mieux faites 
sont venues montrer que ce physiologiste s'était laissé induire en erreur 
par les altérations que ces corpuscules éprouvent facilement sous l’in- 
fluence de l’eau et de plusieurs autres agents. 

» Cette exception à la règle générale déduite des observations de 
MM. Prevost et Dumas n'existait donc pas dans la réalité, et de nou- 
velles recherches microscopiques sur la constitution physique du sang 
faites par un assez grand nombre de physiologistes , tant en Allemagne et 
en Angleterre qu’en France, sont venues successivement élargir les bases 
sur lesquelles elle reposait. MM. Prevost et Dumas avaient, il est vrai, 
constaté l'existence de globules circulaires chez l'embryon du poulet pen- 
dant les premiers temps de l'incubation; mais chez les animaux qui 
avaient déjà traversé la période de métamorphoses caractéristique de l’état 
embryonnaire, on ne connaissait aucune anomalie semblable, et d’après 
le nombre considérable d'observations particulières déjà recueillies , il 
paraissait légitime de conclure que chez les animaux vertébrés le sang 
à globules circulaires appartenait essentiellement aux mammifères, et que 
le sang à globules elliptiques était propre aux oiseaux, aux reptiles et 
aux poissons. Or, ces deux groupes d'animaux vertébrés diffèrent aussi 
entre eux par leur mode de reproduction, et il n’était pas sans intérêt 


( 1139 ) 


de voir que chez tous les animaux vertébrés ovipares le sang différait par 
des caractères si nets du sang des vertébrés à mamelles. 

» Dans une publication récente, M. Wagner a annoncé que chez la 
Lamproie les globules du sang sont circulaires ; mais la Lamproie est un 
poisson si anormal et paraît sous tant de rapports se rapprocher des 
animaux sans vertèbres, chez lesquels les corpuscules solides suspendus 
dans le fluide nourricier sont également circulaires, que cette exception 
sembla s’expliquer par la nature même de l'animal chez lequel on l'avait 
constatée, et ne paraissait pas devoir diminuer l'importance que l’on at- 
tachait aux différences de forme déjà observées chez les animaux supé- 
rieurs entre les globules du sang des vertébrés à mamelles et des 
vertébrés ovipares. 

» Tel était l’état de ce point de la science lorsque M. Mandl a présenté 
à l’Académie la Note dont nous devons rendre compte, et si nous sommes 
entrés dans ces détails historiques un peu trop longs peut-être, c’est parce 
qu’ils nous ont paru nécessaires pour faire bien apprécier l'intérêt des ob- 
servations nouvelles soumises à notre examen. 

» En poursuivant des recherches sur les caractères microscopiques des 
diverses parties de l’organisation, recherches qu’il se propose de réunir en 
un corps d'ouvrage dont quelques livraisons sont déjà devant le public, 
M. Mandl a été conduit à examiner le sang chez les divers animaux. La 
Ménagerie du Jardin du Roi, toujours ouverte aux hommes sérieux qui 
désirent profiter de ses richesses pour faire avancer la science, lui a 
fourni l’occasion de multiplier beaucoup ses observations à ce sujet et 
d'arriver à un résultat bien inattendu. Il a d’abord constaté que chez un 
grand nombre de mammifères dont le sang n'avait pas encore été examiné 
au microscope, le Papion, une Guenon ,un Sajou, le Coati, le Kinkajou, 
l'Eléphant, le Tapir, YHémione et le Cerf , par exemple, les globules 
sont circulaires comme chez tous les autres mammifères déjà étudiés sous 
Ce rapport; mais il a trouvé ensuite que chez le Dromadaire il en est tout 
autrement. La, les globules du sang au lieu d'étre circulaires sont ellip- 
tiques comme chez les Oiseaux, les Reptiles et les Poissons. 

» Le Dromadaire appartient, comme on le sait, à une petite famille 
naturelle qui prend place dans l’ordre des Ruminants , et quiest représentée 
dans l’ancien monde par le genre Chameau et dans le nouveau continent 
par le genre Lama. Il devenait par conséquent très intéressant de voir à 
lanomalie singulière offerte par le sang du Dromadaire se rencontrerait 
aussi dans le sangdes Lamas. Pour résoudre cette question , M. Mandl a pro- 

C, R. 1838, à Semesire. (L. VII, No 07.) 153 


(1140 ) 
fité de l'existence d’un Æ{paca dans la Ménagerie du Muséum, et dans la 
Note adressée à l'Académie il annonce avoir constaté que dans le sang de 
cet animal les globules sont aussi de forme elliptique. 

» Vos Commissaires ont répété, avec M. Mandl, ces deux observations, 
et en ont reconnu l'exactitude; chez des dromadaires des deux sexes, ainsi 
que chez l’Ælpaca, les globules du sang sont en effet elliptiques; leur 
grand diamètre est d'environ + de millimètre , et leur petit diamètre 
d'environ 3. Ces corpuscules sont, comme on le voit, plus petits que 
ceux d’aucun oiseau, reptile ou poisson connus, et se rapprochent par 
leurs dimensions des globules sanguins des autres mammifères. La tache 
centrale elliptique qu'ils présentent paraît aussi résulter d’une dépression 
plutôt que de la présence d’un noyau saillant; enfin, il est aussi à noter 
que le sang de ces animaux, de même que celui des autres mammifères, 
charrie, outre ces globules rouges, quelques corpuscules blancs et arrondis 
d’un volume plus considérable, corpuscules que M. Mandl croit être for- 
més de fibrines. Nous ajouterons encore que, afin de nous préserver 
autant que possible des causes d'erreurs auxquelles des observations de 
ce genre sont exposées , nous avons examiné au microscope la gouttelette 
de sang aussitôt apres l’avoir extraite, et, pour en retarder la coagulation 
après lavoir étendue en couche très mince, nous nous sommes bornés à 
la recouvrir d’une lame de verre, sans y rien ajouter. Enfin, nos obser- 
vations ont été faites avec un microscope de Chevallier, grossissant 
environ 50 fois, et nos mesures ont été prises à l’aide de la chambre 
claire. adaptée à cet instrument. 

» Nous aurions désiré pouvoir examiner de même le sang du chameau 
à deux bosses et celui de la vigogne, afin de nous assurer si ce caractère, 
si anormal dans la classe des mammifères, se rencontre dans toutes les 
espèces de la famille des camélides; mais la Ménagerie n’en possède pas 
dans ce moment. 

» Chez les bœufs, les moutons, les chèvres, les antilopes et les cerfs, 
les globules du sang sont circulaires ; en est-il de même pour la girafe, 
qui, à certains égards, se rapproche davantage des chameaux? Cette 
question nous a paru mériter examen, et, pour la résoudre, vos Com- 
missaires , de concert avec l’auteur du travail dont nous rendons compte, 
ont soumis à l'examen microscopique une gouttelette du sang de la girafe 
du Muséum, obtenue à l’aide d’une piqüre légère faite à la lèvre de cet 
animal. Mais les globules ne nous ont offert rien de particulier; ils sont 
circulaires comme chez les autres mammifères ordinaires, et ils ont en 
diamètre environ + de millimètre. 


(141) 

» Pensant que le sang des Marsupiaux pourrait, de même que celui 
des Caméliens, offrir quelque anomalie, nous l'avons également examiné 
chez un Kanguroo à moustaches. Mais ici encore les globules sont circu- 
laires ; il est seulement à noter que leur grandeur est moins uniforme que 
chez la RE des LE et que leurs dimensions nous ont paru 
varier entre -+- et + de millimètre. 

» Ces faits nouveaux nous paraissent augmenter l'intérêt de l'observa- 
tion faite por. Mandl, car ils montrent combien est générale la tendance 
de la nature à donner aux globules du sang des mammifères une forme 
circulaire, et par conséquent, ils ajoutent encore à la singularité de l’ex- 
ception constatée par ce jeune micrographe ; exception qui montre com- 
bien la réserve est nécessaire lorsqu’en physiologie comparée on tire des 
conclusions générales d’un nombre même très considérable de faits parti- 
culiers. L’é étude des corps organisés nous révèle les tendances de Ja nature, 
mais ne nous a conduits que bien rarement à la connaissance des lois qui 
en régissent les œuvres. 


» Il serait bien à désirer que les naturalistes ne laissassent échapper 
aucune occasion pour compléter nos connaissances sur la forme, les di- 
mensions et la structure des globules du sang; car une exception à une 
régle en apparence aussi bien établie que celle relative à la constance de 
cette forme dans chacune des classes d'animaux vertébrés peut nous faire 
supposer qu'il existe d’autres anomalies semblables, et c’est peut-être à 

l'aide de ces cas exceptionnels que l'on parviendra à saisir les rapports 
qui doivent bien probablement exister entre les caractères physiques de 
ces corpuscules et d’autres particularités de l’organisation. C'est un sujet 
de recherches que nous croyons devoir recommander aux zoologistes 
voyageurs ét À ceux auxquels leur position dans de grandes ménageries 
permettrait facilement de multiplier et de varier leurs observations, car des 
expériences de cette nature ne font courir aucun danger aux animaux que 
l'on y soumet, et peuvent donner des résultats pleins d'intérêt pour la 
physiologie. Il nous semblerait surtout important d'examiner sous ce rap- 
port le sang des Monotrèmes, des Édentés, des Phoques et des Cétacés 
parmi les mammiferes; celui des Crocodiles, des Sirenes et des Axolotls 
parmi les reptiles, et parmi les poissons, celui des Bonites dont la tempé- 
rature, suivant M. J. Davy, se rapprocherait de celle des animaux à sang 
chaud. Si dans cette liste nous omettons les Casoars et les Autruches, qui 
de tous les oiseaux sont les plus anormaux , c'est que vos Commissaires se 
sont déjà assurés que sous le rapport de la forme et des dimensions des 


153. 


(Pr2420) 
globules sanguins, ces animaux ne différent en rien de tous ceux de la 
même classe déjà observés par les micrographes. Ces corpuscules sont 
effectivement elliptiques et nous ont paru avoir chez le Casaor de la Nou- 
velle-Hollande environ Z de millim. sur +, tandis que chez le Nandou, 
ils sont peut-être un peu moins allongés , car la moyenne de mesures que 
nous en avons prises ont donné ;= de millim. sur + millim. 

» Quant à la Note de M. Mandl, on a pu voir que nous avons trouvé ses 
observations exactes et intéressantes, et nous proposerons par conséquent 
à l'Académie de lui accorder son approbation et d'engager ce physiologiste 
à poursuivre les recherches dont nous venons de rendre compte. » 


Remarques de M. Macenvre à l’occasion du Rapport précédent. 


« M. Magendie aurait désiré que dans la vérification du fait curieux 
observé par l’auteur de la Note, les Commissaires ne se fussent pas 
contentés de recueillir une goutte de sang sur une lame de verre; 
il aurait désiré que les globules eussent été isolés par l'un des moyens 
connus , et qu’on acquit ainsi des notions sur leur épaisseur et leur forme 
générale. M. Magendie aurait voulu que MM. les Commissaires eussent 
profité de l'inspection des nouveaux globules pour voir si par leur dispo- 
sition apparente ou par leur structure, ils ne jetteraient pas quelques 
lumières sur l’existence ou la non-existence du noyau dans les globules 
sanguins des mammiferes. 

» M. Magendie parle ensuite d'expériences qu'il a faites récemment et qui 
sont consignées dans le 4° volume de ses Leçons sur les phénomènes phy- 
siques de la vie. Dans ces expériences, des globules circulaires ont été in- 
jectés dans les veines d'animaux à globules elliptiques, et réciproquement; 
dans tous les cas les globules introduits ont disparu ou du moins sont 
restés inaperçus dans les recherches qui ont été faites pour les retrouver 
dans le sang avec d’excellents instruments. IL semble donc que la forme 
et les dimensions des globules sont intimement liées avec l’organisation 
des animaux, bien que nous soyons encore dans une ignorance absolue 
relativement à l’usage de ces innombrables particules qui entrent d’une ma- 
niere si constante dans la composition du sang de la plupart des-animaux. » 


«M. Muws Epwarps répond que le sang des Caméliens ne lui a pas 
semblé aussi propre aux recherches intéressantes signalées par M. Magen- 


( 1143 ) 
die, que celui de quelques autres mammifères, et que c’est principale- 
ment pour cette raison que la Commission s’est bornée à constater le 
fait renvoyé à son examen. » 
Les conclusions du rapport sont adoptées par l'Académie. 


PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Rapport sur deux Mémoires de M. Branouer, 


relatifs à la propagation et à la A: polarisation du mouvement dans un 
milieu élastique. 


(Commissaires, MM. Poisson, Coriolis, et Sturm rapporteur. ) 


« L’Académie nous a chargés, MM: Poisson, Coriolis et moi, de lui 
rendre compte de deux Mémoires de M. Blanchet, qui traitent de la pro- 
pagation du mouvement dans un milieu élastique, indéfini, en faisant 
abstraction de la pesanteur et de toute autre force accélératrice. L’un de 
nous , après avoir donné les équations différentielles de ce problème, les 
a intégrées complétement dans le cas d’un corps homogène non cristallisé, 
c'est-à-dire d’un corps dont la constitution et l’élasticité sont les mêmes 
en tous sens autour de chaque point. Il a conclu de ses formules que si 
l’ébranlement initial est circonscrit dans une petite portion du milieu, il 
donne naissance à deux ondes sphériques qui se propagent uniformément 
avec des vitesses différentes, et dont chacune a une constitution particu- 
lière. Dans le même Mémoire , on trouve aussi l'indication succincte de la 
méthode qu'il faudrait suivre pour traiter de la même manière le problème 
général qui a pour objet les lois du mouvement dans un milieu homogène 
élastique indéfini, cristallisé d’une manière quelconque, et qui a partout 
la même température. C’est ce problème général que M. Blanchet à résolu 
dans son premier Mémoire. Les équations différentielles auxquelles sont 
assujétis les déplacements d’un point quelconque du milieu écarté de sa 
position d'équilibre, renferment 36 coefficients constants, qui dépendent 
de la nature du milieu, et qu'on ne pourrait réduire à un moindre 
nombre sans faire des hypothèses sur la disposition des molécules et sur 
les lois de leurs actions mutuelles. M. Blanchet commence par chercher 
des valeurs particulières des variables qui représentent les déplacements; 
il obtient trois systèmes de valeurs d’une forme très simple : le temps s’y 
trouve Sous un cosinus ou sinus multiplié par un paramètre dont les 
trois valeurs sont les racines d’une équation du 3° degré, renfermant les 
36 coefficients constants des équations différentielles. En faisant la somme 
d’une infinité de valeurs particulières de là même forme, et en se ser- 
vant de la formule de Fourier étendue à trois variables, M. Blanchet 


( 1144 ) 
obtient les valeurs générales des déplacements exprimées par des inté- 
gralés sextuples, sous lesquelles se trouvent six fonctions arbitraires, qui 
représentent l’état initial du système. Il ramène immédiatement chaque 
intégrale sextuple à une intégrale quadruple, au moyen de la formule 
de Fourier. Jusqu'ici M. Blanchet a profité des calculs d’autres géomée- 
tres qui ont traité avant lui des questions analogues. Mais les moyens 
qu'il emploie dans tout le reste de son Mémoire pour réduire ultérieure- 
ment ses intégrales quadruples et pour en tirer les lois du mouvement 
vibratoire, lui appartiennent exclusivement et sont aussi simples qu'in- 
génieux. La symétrie de ses formules en facilite les transformations. 
Ne pouvant entrer dans les détails de l’analyse de l’auteur, nous devons 
nous borner à dire qu’il remplace l’une des variables .de l'intégrale qua- 
druple par le paramètre déterminé par l'équation du 3° degré dont il a 
été question plus haut. M. Blanchet est arrivé aux conclusions suivantes: 

» Dans un milieu élastique homogène indéfini, cristallisé d’une manière 
quelconque, le mouvement produit par un ébranlement central se propage 
par une onde qui peut avoir plusieurs nappes d’une forme plus ou moins 
compliquée. 

» Pour chaque nappe de l'onde , la vitesse de propagation est constante 
dans une même direction, et variable avec la direction suivant une loi 
qui détermine la forme de l'onde. 

» Pour une même direction, et après un certain temps écoulé, les vi- 
tesses de vibration deviennent parallèles entre elles dans une même nappe 
de l'onde pendant la durée indéfinie du mouvement, et parallèles à des 
droites différentes pour les différentes nappes, ce qui constitue une sorte 
de polarisation du mouvement, 

» Dans son second Mémoire, M. Blanchet s’est occupé d’appliquer ses 
formules au cas d’un milieu homogène non cristallisé déjà traité par lun 
de nous, et il a retrouvé les conséquences que nous avons rappelées pré- 
cédemment : ce. qui lui a fourni une: vérification de l’exactitude de ses 
résultats généraux. 

» Le travail de M. Blanchet se recommande à l'attention des géomètres 
et des physiciens par l'importance et la difficulté du sujet et par le talent 
avec lequel l’auteur l’a traité. Les propositions qu'il a démontrées sur la 
propagation du mouvement ondulatoire dû à un ébranlement central et 
limité acquerront encore plus d'intérêt par l'application qu’on en pourra 
faire à la théorie des ondulations lumineuses. 

» Nous pensons que M. Blanchet a montré dans son travail une connais- 
sance approfondie des méthodes les plus nouvelles de l'analyse et une 


( 1145 ) 
grande sagacité dans l’usage qu’il en a fait. En conséquence, nous propo- 
sons à l'Académie d’accorder son approbation aux deux. Mémoires de 
M. Blanchet et d’en ordonner l'impression dans le recueil des Savans 
étrangers.» 


Ces conclusions sont adoptées. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Mémoire de M. Mon ayant 
pour objet des recherches expérimentales sur le tirage des voitures et 
sur les dégradations des routes. 


(Commissaires, MM. Arago, Poncelet, Coriolis rapporteur.) 


« T/Académie nous a chargés, MM. Arago, Poncelet et moi, de lui faire 
un rapport sur un travail de M. Morin, ayant pour objet des recherches 
expérimentales sur le tirage des voitures et sur les dégradations des 
routes. 

» Il n’est pas nécessaire de take sentir combien ce travail a d'importance 
et combien il arrive à propos dans un moment où le Gouvernement et 
les Chambres s'occupent de fixer un tarif de chargement qui, sans gêner 
le commerce, mette les routes à l'abri d’une trop rapide destruction. Ces 
nouvelles recherches de M: Morin doivent être d'autant mieux accueillies, 
qu'on n’avait jusqu’à présent sur ce sujet que des observations faites sans 
grande précision et présentées sans conséquences bien établies. 

» Les premiers essais que nous connaissions sur le tirage des voitures 
sont dus à Edgworth, qui publia en 1707 quelques expériences sur lin- 
fluence du diamètre des roues sur l'effort du tirage pour faire passer une 
voiture sur un obstacle. Il signale comme une erreur la préférence que 
donnent aux PS roues certains constructeurs. Mais en entrant ainsi dans 
une idée juste, il n’en avait pas saisi toute la portée, puisqu'il place le prin- 
cipal avantage des grandes roues dans la diminution d'influence qu’elles 
donnent au frottement des essieux. 

» Le même observateur a donné le premier aussi des expériences qui 
ont montré l’influence des ressorts pour diminuer le tirage. 

» Rumford a publié, en 181r, des “expériences qui montrent l'influence 
de la largeur des bandes et de la vitesse sur la force de tirage qu’exigent les 
voitures. Les observations, quoique ne poyant avoir une grande précision 
à cause du dynamomètre dont il s’est servi, se trouvent néanmoins d’ac- 
cord avec celles de M. Morin pour établir une proportionnalité entre la 
traction et la vitesse. - 


( 1146 ) 

» M. de Gertsner, professeur à l’Institut des états de Bohème, a donné, 
en 1813, dans un ouvrage sur les routes, des considérations théoriques sur 
le tirage des voitures. Mais elles sont trop éloignées de la réalité pour avoir 
conduit l’auteur à de bons résultats ; aussi les lois qu'il présente diffèrent- 
elles de celles qui fournissent les expériences de M.Morin, 

» M. Navier, dans un écrit publié en 1835, sur la police du roulage, a 
présenté les considérations théoriques qui le portaient à n’admettre pour 
les messageries qu’un chargement plus faible que pour le roulage. Il es- 
time que les dégradations des chaussées croissent comme le carré de la 
vitesse des véhicules. En ayant égard, d’ane autre part, à l'avantage des 
ressorts , il avait pensé que les dégradations produites sur les routes par les 
messageries devaient être à poids égal une fois et demie ou une fois trois 
quarts, celles qu’occasionent les voitures de roulage au pas sans ressorts. Les 
expériences de M. Morin ont démontré l’inexactitude de cette estimation. 

» L'ingénieur anglais Mac-Neil, qui s’est occupé des mêmes questions, 
est tombé dans la même erreur, puisqu'il propose aussi d'accorder aux four- 
gons non suspendus allant au trot des chargements plus forts que ceux des 
diligences. 

» Un ingénieur français, M. Dupuit, a publié en 1837 un travail 
étendu sur la même question. Il est le premier qui ait mis en évidence par 
une série d'expériences, l'influence. du diamètre des roues sur le tirage; 
mais comme il n'a pu employer que les dynamomètres ordinaires, la loi 
qu'il donne et qui rendrait ce tirage en raison inverse de la racine carrée 
du diamètre des roues, ne nous paraît pas devoir être préférée à celle qui 
résulte des expériences de M. Morin, c’est-à-dire à la simple raison inverse 
du diamètre, loi que Coulomb avait déjà donnée pour le roulement des 
cylindres de bois. | 

» Le peu d’accord entre les observateurs qui ont précédé M. Morin faisait 
désirer un travail plus exact et plus complet. 

» Les ingénieux appareils dynanestiques pour lesquels l’auteur a reçu 
un prix de l’Académie devaient trouver ici leur emploi. C’est effective- 
ment en mesurant directement la traction à l’aide de ces instruments 
qu'il a procédé aux expériences qui lui ont servi à établir les lois qu’il 
présente dans son Mémoire : elles se rapportent à l'influence qu'a sur 
le tirage, le poids du chargement, le diamètre des roues, la largeur des 
bandes, la vitesse du transport, la suspension sur ressorts plus ou moins 
parfaits, et l'inclinaison de la force de traction. 

» Nous devons faire remarquer que presque toujours l'effort de traction 
est en proportion avec les dégradations des chaussées; c’est une loi indi- 


( 1147 ), 


quée par la théorie et confirmée par l'expérience. Ainsi, tout ce que l’au- 
teur donne sur le genre d'influence qu'ont sur l’accroissement du tirage les 
divers éléments qu’on vient d'énumérer, doit s'entendre également de la 
détérioration des routes. 

» Pour déterminer l'influence du diamètre des roues sur la force de trac- 
tion, M. Morin a employé des affüts de siége et d’autres voitures dont les 
roues ont varié en diamètre depuis 0,84 jusqu’à 2,05, c’est-à-dire au-delà 
des limites posées par l’usage pour le roulage et les messageries. Les expé- 
riences, au nombre de 40, mettent suffisamment en évidence cette double 
loi que le tirage est proportionnel à la charge en raison inverse du dia- 
mètre des roues. 

» On peut remarquer que par des considérations théoriques basées sur 
l'hypothèse que le sol de la route résiste, en chaque point, en raison di- 
recte de l’enfoncement, on trouve que le tirage est proportionnel à la puis- 
sance # du chargement et en raison inverse de la puissance ? du diamètre 
des roues. Ces exposants différent assez peu de l'unité qu’on doit leur subs- 
tituer d'apres les expériences de M. Morin, pour ne pas donner de pré- 
somptions défavorables aux résultats de ses observations. 

» Dans une autre série de 97 observations, l’auteur a eu pour but de 
mettre en évidence la largeur des bandes. Il montre que lorsque la chaus- 
sée est un peu molle, le tirage diminue proportionnellement à l’accroisse- 
ment de cette largeur. Sur cette nature de chaussée, la largeur des bandes 
n'a plus d'influence notable quand elle a atteint 0",22. Plus les routes de- 
viennent solides ét moins la largeur des bandes a d'influence ; elle cesse 
complétement d’en avoir sur les chaussées pavées; sur de bonnes routes , 
en empierrement, qui ne sont pas nouvellement rechargées, l'influence de- 
vient insensible quand la largeur de la bande est de 9 à 10 centimétres. 
Comme les dégradations des routes sont en rapport direct avec le tirage, on 
en conclurait que sur de bonnes chaussées il n'est pas nécessaire de se ser- 
vir de bandes de plus de 10 centimètres de largeur. 

» Dans une troisième série de 168 expériences, M. Morin a tres bien 
établi que le tirage augmente proportionnellement aux accroissements de 
la vitesse. Pour des voitures dont la principale partie de la charge repose 
sur des ressorts, cet accroissement- ést faible, tandis qu’il est beaucoup 
plus fort pour des voitures non suspendues. Cette remarque pouvait faire 
prévoir cé que M. Morin à constaté directement par des expériences spé- 
ciales; c’est qu’une voiture bien suspendue allant au trot, peut porter une 
charge égale à celle d’un chariot non suspendu allant au pas, sans occasio- 

CR. 1838, 2€ Semestre. (T. VIL, No 97.) 154 


( 1148 ) 

ner plus de dégradations aux routes. M. Morin ne s’est pas contenté de tirer 
cette conséquence de ses observations sur la force de traction; il l’a éta- 
blie par l'observation directe des dégradations produites sur la chaussée 
dans ces deux circonstances. Il a fait pour cela trois séries d'expériences 
sur des routes de différentes natures. 1l a constaté les dégradations, d’abord 
en variant le diamètre des roues, et ensuite en augmentant la vitesse et en 
introduisant des ressorts. Il a trouvé, comme nous l’avons énoncé précé- 
demment, que les dégradations sont en rapport direct avec le tirage, et il a 
en outre bien constaté que l'accroissement des dégradations qui résulte de 
la vitesse était plus que compensé par l'introduction des ressorts, toutes 
choses égales d’ailleurs. 

» Dans un Mémoire supplémentaire, M. Morin a montré par de nouvelles 
expériences sur les chaussées pavées comme les rues de Paris, que les con- 
séquences précédentes doivent encore s’y appliquer, et il a remarqué que 
les anciennes observations de Rumford, sur ce pavé, conduisaient , bien 
qu'avec un moindre degré de précision, à la même proportionnalité entre 
les accroissements de vitesse et de tirage. 

» Ce résumé des travaux de l’auteur montre qu'il a éclairci beaucoup 
de questions très importantes. En lisant son Mémoire, on y reconnaît cette 
manière exacte de procéder qu’on a déjà eu lieu de distinguer dans ses 
travaux précédents, et l’on acquiert une grande confiance dans les résultats 
de ses observations. 

» En conséquence, vos Commissaires, en exprimant le désir que 
M. Morin continue de trouver dans l'appui du Gouvernement les moyens 
d'étendre les expériences à des circonstances encore plus variées, vous pro- 
posent d'accorder votre approbation à son travail, et de décider qu'il sera 
imprimé dans le Recueil des Savans étrangers. » 


Ces conclusions sont adoptées. 


NOMINATIONS. 


L'Académie procède, par voie de scrutin, à l'élection d'un candidat 
pour la chaire d' Anatomie et d'Histoire naturelle de l'homme , vacante au 
Muséum d'histoire naturelle, par suite de la nomination de M. Flourens 
à la chaire de Physiologie comparée dans le même établissement. 

Ea section d'Anatomie et de Zoologie a présenté comme candidat unique 
M. Sennss. 


(1149) 
Le nombre des votants est de 43. Au premier tour de scrutin, 


M. Serres obtient . : . 39 suffrages; 
NPA Re A Dillets Dlartes. 


M. Serres ayant réuni la majorité absolue des suffrages, sera présenté 
à M. le Ministre comme candidat de l’Académie pour la place vacante. 


MÉMOIRES LUS. 


CHIMIE AGRICOLE. — Recherches chimiques sur la végétation. Troisième 
Mémoire. De la discussion de la valeur relative des assolements par 
l'analyse élémentaire ; par M. Boussineauzr. (Extrait par l’auteur.) 


« Le rapport suivant lequel l’air et la terre concourent au développe- 
ment de la vie végétale, est non-seulement digne de fixer notre attention 
dans l'intérêt de la Physiologie, c’est de plus un fait important, dont la 
connaissance permettra d'approfondir les deux questions vitales de la 
science agricole : la théorie de l'épuisement du sol par la culture, et l’é- 
tude des assolements. 

» Thaër, qui mieux que personne était à même de comprendre toute 
la portée de la question de l'épuisement du sol, a cherché à la résoudre 
pour les principales cultures. Je n'ai pas à exposer ici la méthode quil a 
suivie, puisqu'elle se trouve tracée dans son admirable ouvrage; j'obser- 
verai seulement que cette méthode se fonde sur un principe contestable, 
savoir : que l'épuisement du sol est proportionnel à la quantité de ma- 
tière nutritive contenue dans les récoltes. 

» En effet, en admettant le principe posé par cet illustre agriculteur, 
on admet tacitement que toute la matière organique des plantes est origi- 
naire du sol. Le sol, sans doute, contribue pour une certaine proportion 
au développement des végétaux, mais on sait aussi que l'air y prend éga- 
lement part. 

», Là où l'on peut se procurer en quantité illimitée les engrais, on ne 
sent pas la nécessité absolue d'adopter un système de rotation ; mais dans 
la plupart des exploitations agricoles, ià où l’on ne peut tirer des engrais 
du dehors, tout se passe différemment: ici l’on est forcé de suivre un Sys- 
tème, et la quantité de produits qu’il est possible d'exporter chaque année, 
se trouve comprise dans certaines limites qu’on ne dépasse jamais impuné- 
ment. Pour conserver à la terre sa fertilité normale, il faut lui rendre 


154. 


( 150 ) 


périodiquement, après chaque succession de récoltes, des quantités égales 
d'engrais. En envisageant cette condition sous un point de vue purement 
chimique, on peut dire que les protuits que l’on peut exporter sans nuire 
à la fertilité du terrain, se représentent par la matière organique contenue 
dans les récoltes, déduction faite de la matière organique qui se trouvait 
daus les engrais. En effet, cette dernière matière, sous une forme ou sous 
une autre, doit retourner dans le sol pour le féconder de nouveau; c'est 
un capital que l’on confie à la terre et dont l'intérêt est représenté par le 
produit marchand de lexploitation. 

» Dans mon Mémoire, je m'attache à prouver que l’assolement le plus 
avantageux est celui qui prélève la plus grande quantité de matière élé- 
mentaire sur l'atmosphère; et c’est précisément cette quantité qu’il im- 
porte d'apprécier, pour juger comparativement la valeur de diverses 
rotations de culture. 

» Dans une suite de recherches que j'ai eu l'honneur de soumettre au 
jugement de l'Académie, j'ai montré comment l'analyse élémentaire, con- 
venablement appliquée, peut aborder et résoudre des questions considé- 
rées comme des plus délicates de la physiologie. 

» Dans le présent travail, j'ai pour objet d'étudier, de discuter la valeur 
relative de divers assolements, au moyen de l'analyse. En un mot, j$ me 
propose de comparer, pour un cas particulier de sol et de climat, le rap- 
port qui existe entre la matière élémentaire contenue dans une succession 
de récoltes, et la même matière comprise dans l’engrais consommé pour 
les produire; en d’autres termes, je cherche à évaluer par l'analyse la 
quantité de substances organiques prélevée sur l’atmosphère par telle ou 
telle rotation. 

» Dans un domaine bien dirigé, dans lequel on suit depuis fort long- 
temps un bon système de culture, on est à même, sans aucun doute, de 
recueillir les données nécessaires pour entreprendre cette évaluation. Il 
suffit, en effet, d’avoir, avec une exactitude suffisante, le rendement du 
sol et l’engrais consommé. 

» Je me suis procuré les produits du sol, dans notre exploitation , en 
prenant l'hectare pour unité de surface: le produit a presque toujours été 
déduit d’une moyenne de dix années. 

» L’engrais employé est le fumier de ferme à demi consommé; l'unité 
de volume est une mesure dont le poids a été trouvé, par de nombreuses 
pesées , de 1818 kilogrammes. 

» Get engrais comprend la matière organique qui doit être consommée, 


( 1158 ) 


en s'assimilant en partie aux produits végétaux récoltés. Je dis en partie, 
parce que je suis loin de penser que la totalité de cette matière entre né- 
cessairement dans la constitution des plantes qui naissent dans la durée de 
l’assolement. Nul doute qu’une partie de cet engrais ne soit perdue pour 
la végétation en se décomposant spontanément, ou en étant entrainée par 
les eaux. Il est encore certain qu'une autre partie demeure long-temps 
dans le sol dans un état d'inertie, pour n’exercer son action fertilisante 
qu’à une époque plus ou moins reculée ; de même qu’il arrive que dans 
la rotation actuelle, une partie de l'engrais antérieurement introduit, agit 
de concert avec le nouvel amendement. Mais ce qui est bien établi, c'est 
que les proportions d’engrais indiquées dans mon Mémoire sont indis- 
pensables pour atteindre le taux de nos récoltes moyennes. Enfin, l’on sait 
qu'après la rotation les récoltes ont consommé cet engrais, et que la terre 
ne présenterait plus une culture productive, si lon voulait la prolonger 
sans luï en restituer une nouvelle dose. 

» Il manquait encore , pour entamer la discussion , la composition élé- 
mentaire de l’engrais et des produits des récoltes. J’ai consacré à ce travail 
la plus grande partie de l’année qui vient de s’écouler. Les graines, les 
pailles, les racines, les tubercules ont été analysés avec le plus grand 
soin; chacune de ces substances a exigé au moins quatre analyses. Avant 
de procéder à leur examen, toutes les matières ont été desséchées dans le 
vide sec, à une température de 110° suffisamment prolongée. J'ai réuni 
dans un tableau les résultats de ces analyses. 

» En cherchant maintenant, à l’aide des données analytiques et des ren- 
seignements agricoles qui précèdent, le rapport qui existe entre la matière 
organique enterrée dans le sol avec les engrais et la méme matière exhumée 
par les récoltes, on arrive à des conséquences qui ne sont pas sans intérêt. 

» Dans l’assolement de cinq ans, comprenant la rotation suivante : 

» Pommes de terre ou betteraves fumées; froment; trèfle; froment: 
avoine; on trouve que dans l’engrais consommé sur un hectare, il y avait 
2793 kilog. de carbone; dans la suite de récoltes produites aux dépens 
de cet engrais, le carbone s’est élevé à 8383 kilog. Le poids du carbone 
fourni à la culture par l'acide carbonique de l’air s’élève donc au moins à 
5400 kilog. Dans la même rotation l'azote primitivement renfermé dans 
l'engrais pesait 157 kilog. Dans les récoltes le poids de ce principe à 
atteint 251 kilog. ; l'atmosphère aurait donc fourni pour sa part 94 kilog. 
d'azote. 

» Dans un autre assolement très productif, mais qui a été abandonné 


(Cr53) 


à cause du climat, la matière organique gagnée sur l'atmosphère était encore 
plus considérable que dans la rotation précédente ; en effet, le carbone des 
récoltes dépassait le carbone des engrais de 7600 kilog. ; l'azote excédant 
s'élevait à 163 kilog. 

» L'assolement triennal avec jachère fumée tel qu’on le suivait autrefois, 
mais qui a presque totalement disparu de l’Alsace, est loin d'offrir quant 
à l'azote des résultats aussi satisfaisants. En ramenant cet assolement aux 
mêmes conditions de temps que les précédents, on reconnaît que le car- 
bone pris sur l'air est de 4358 kilog. ; l'azote acquis ne dépasse pas 17 
kilog. Je remarquerai d’une manière générale que toutes les fois qu’une 
rotation ne renferme que des céréales, l'azote acquis est moins consi- 
dérable. 

» Le topinambour est, de toutes les plantes dont j'ai pu discuter la cul- 
ture, celle qui puise le plus largement dans l'atmosphère; c’est évidem- 
ment la sole qui paraît donner le plus de matière nutritive avec le moins 
d'engrais. C’est sans doute à cette circonstance qu'il faut attribuer le grand 
développement que la culture de cette plante a pris depuis environ trente 
ans. On peut voir, dans les tableaux qui terminent mon Mémoire, qu’en 
deux ans le carbone pris à l'air, toujours pour une surface d’un hectare, 
s'est élevé à 13237 kilog., et le poids de l’azote contenu dans l'engrais 
a presque doublé. Il est vrai de dire qu'une fraction très forte de la ma- 
üere du topinambour consiste en tiges ligneuses dont l’usage est peu im- 
portant; mais si l'on parvient, comme quelques essais le font espérer, à 
transformer promptement ces tiges en engrais, la culture du topinam- 
bour présentera des avantages encore plus considérables. 

» Les principaux résultats de mon travail montrent nettement que les 
rotations de culture qui ont été jugées dans la pratique comme les plus 
productives, sont précisément celles qui prélèvent la plus grande quan- 
tité de principes sur l'atmosphère ; l'analyse élémentaire peut certaine- 
ment servir à déterminer la valeur de cette quantité, pour un cas particu- 
lier de sol et de climat. 

» En comparant la composition des substances récoltées, on remarque 
un fait assez inattendu , et que je n’entreprends pas d'expliquer; c’est 
que plusieurs des substances alimentaires analysées offrent exactement 
la même composition, bien que leurs propriétés, leur saveur soient d’aïl- 
leurs assez différentes. 

» La composition de la plupart de ces substances ne se représente 
pas exactement par du carbone et de l’eau; on trouve presque toujours 


( 1153) 

un très léger excès d'hydrogène, qui s'élève à près d’un demi-centième ; 
dans quelques cas, cet excès atteint r à 2 centièmes. Les précautions que 
j'ai prises pour me mettre à l'abri des influences hygrométriques de 
l'air, m'autorisent à ne pas considérer ce résultat comme dû entière- 
ment à une erreur d'analyse. Toutefois, je suis bien loin de trouver dans 
le fait de l'hydrogène en excès, une nouvelle preuve de la fixation de 
l'hydrogène de l’eau sous l'influence de la vie végétale. En effet, si ce 
fait était suffisant pour prouver cette assimilation, elle ne serait contestée 
Par personne, puisque depuis long-temps on connaît un grand nombre 
de substances végétales dans lesquelles l'hydrogène est en excès par 
rapport à l’oxigène : telles sont, par exemple, les résines dans les arbres 
résineux ; les matières grasses dans les plantes oléagineuses. Si l’on n’a 
Pas cru tirer de cette circonstance une conclusion aussi positive, c’est tout 
naturellement parce que ces mêmes substances sont originaires de végé- 
taux qui ont crû sous l'influence des matières organiques déposées dans 
le sol. Pour résoudre la question d’une manière décisive , il fallait faire 
naître et cultiver des plantes à l'abri de toute matière organisée, en 
leur donnant uniquement pour aliments de l’eau et de l'air; c’est ce que 
j'ai fait. Plusieurs analyses ont prouvé que dans des végétaux dévelop- 
pés sous ces conditions, il y a de l'hydrogène en excès dans la somme 
de la matière organique acquise pendant la durée de l'expérience. 

» Je rappellerai à cette occasion que dans les divers travaux que jai 
eu l’honneur d’adresser cette année à l'Académie , Se trouvent deux faits 
qui , si je ne m’abuse, ont un certain intérêt physiologique. L'un, qui 
m'a déjà valu des encouragements de l’Académie, établit que l'azote de 
l'atmosphère peut étre assimilé durant la vie végétale ; l'autre fait, qui est 
en ce moment soumis au jugement de ses Commissaires, prouve que, 
pendant la végétation , il y a de l'eau décomposée. Cette décomposition 
de l'eau à encore été démontrée tout récemment par MM. Edwards et 
Colin, à l’aide d’une méthode entièrement différente de celle que j'ai 
employée. 


( 1154 ) 


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Y‘oo | oct 9‘go ot. | g‘co | ÿ'‘oo | L'cy Y‘go L'cy |6zi‘o | 1Lg‘o |-smoqueurdoyap say 
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£‘oo 1‘chÿ g‘go g‘1ç 9‘ço | £g‘oo g‘oy 9*°go 6‘6y |Lgi‘o | gig‘o |°:°:*:"a1810s ap ajeq 
Y‘oo | g‘rh L‘Go 1‘aç | o‘Lo | Y‘oo | 6‘ec £‘go ÿ‘eY [ogc‘o | oÿL‘o |:-*: -quauoa ap a[ieq 
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( 155) 


Produits moyens récoltés sur un hectare. 


RC PP 


SUBSTANCES RÉCOLTÉES. EN KILOGRAMMES. | EN HECTOLITRES, 


Pommes de terre (fumées)........ 12890 » 


Froment après pommes de terre... 


17 
Froment après betteraves.......... 15 
Froment sur trèfle rompu.......... 
Le graïin-est à la paille :: 44 : 100... 
Trèfle rouge, sec................. 
Navets (en récolte dérobée)...... 

Avoine (fin de rotation). ...... . 
Paille d’avoine (fin de rotation este 
Betteraves champêtres (fumées). . … 
_Seigle (donnée peu certaine). :.….. #6 
Paille de seigle :: 45 : 100....,.... 
Pois jaunes.................,.... 


Paille de pois... hist a fus 


Topinambours. ....... cAodbe no 


Tiges sèches de topinambours. ..... 


MÉTÉOROLOGIE. — Observations extraites d'anciens auteurs chinois. 


M. 5e Paravey lit une Note additionnelle à celle qu'il avait présentée 
| dans la séance du 3 de ce mois, sur les renseignements qu’on peut 
trouver dans les anciens ouvrages chinois relativement aux phénomènes 
| météorologiques. L'auteur y a joint quelques réflexions en réponse à des 
remarques qu'avait faites un de MM. les Secrétaires perpétuels en donnant 
l'analyse verbale de la première note. 


(Commissaires, MM. Arago, Savary.) 


C. R. 1838, 2° Semestre. (T. VII, N° 27.) 155 


( 1156 ) 


MÉMOIRES PRÉSENTÉS. 


STATISTIQUE. — Mémoires sur les rectifications de quelques documents 
relatifs à la statistique de la France; par M. Demonrerranr. 


(Commissaires, MM. Poisson, Libri.) 


Le Mémoire est accompagné de la lettre suivante qui fait connaître le 
but que l’auteur s’est proposé dans son travail. 

Dans le rapport au Roi sur la statistique de la France, on lit : « Il a fallu 
» des soins infinis pour rectifier les erreurs et remplir les lacunes des do- 
» cuments originaux ; on a dü, pour y parvenir, compulser les archives 
» de toutes les parties du royaume, et consulter les registres des actes de 
» l’état civil pour plusieurs années et dans une multitude de communes. » 

» Dans une lecture faite à l'Académie on a tiré de ces paroles un argu- 
ment contre l’exactitude de mon travail sur le mouvement de la population. 
Je ne pouvais apprécier la valeur de cette objection que par une compa- 
raison minutieuse entre la statistique de la France et les documents dont 
j'ai fait usage. J'ai effectué cette comparaison et j'ai l'honneur d’en sou- 
mettre les résultats à l’Institut. 

» Sur 1599 feuilles du mouvement de la population, 197 ont été résu- 
mées diversement dans la statistique officielle et dans l’essai sur la popu- 
lation. Sur ce nombre, 157 discordances dépendent des fautes que j'ai cor- 
rigées et qui subsistent dans la statistique de la France; ainsi, 40 feuilles 
seulement ont été modifiées; 3 de ces feuilles en remplacent d’autres que 
j'avais rejetées comme suspectes. Il en reste donc 37 qui auraient pu ame- 
ner quelques changements dans mes calculs, si je les avais connues à temps. 
Ce nombre de. 37 feuilles sur 1599 paraîtra bien faible, et je pourrais en 
prendre acte pour prouver que les documents originaux sont d’une exac- 
titude satisfaisante. Mais il se présente une question plus grave : les mo- 
difications apportées à quelques feuilles sont-elles de véritables corrections 
ou des erreurs nouvelles ? 

» On verra dans mon Mémoire les motifs qui me portent à regarder comme 
peu satisfaisants les résultats obtenus par la circulaire du 12 avril 1835.» 


(1157 ) 


PALÉONTOLOGIE. — {Vote sur une tête fossile de Pachyderme trouvée à 
Simorre ( Gers) et adressée au Muséum d'Histoire naturelle ; par 
M. Lanrer. 

(Commissaires, MM. de Blainville, Flourens.) 


A cette note est, jointe une lettre dans laquelle M. Lartet annonce à 
l'Académie la découverte et l'envoi : 

« 1°. De deux têtes de carnassiers dont l’une, dans un état de conser- 
vation peu ordinaire, lui paraît être celle d’un grand Felis se rapprochant 
du Guépard par la forme de ses dents. C’est probablement une espèce voi- 
sine du Felis fossile à grand menton d'Auvergne. 

» 2°. D'une portion de mâchoire avec deux dents, provenant d’un autre 
carnassier intermédiaire au chien et à la loutre. 

» 3. D'un palais de Mastodonte fapiroïde (Cuvier), avec ses deux ar- 
rière-molaires adhérentes. Cette espèce, encore peu connue, est probable- 
ment la même que le tapir mastodontoïde de M. Harlan. 

» 4. Enfin, d’une centaine de dents de Mastodonte et de Rhino- 
céros, etc., etc. ; 

» Ces objets, dit M. Lartet, sont le produit de fouilles que je fais exé- 
cuter simultanément à Simorre et à Sansan (Gers). » 


CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Analyses comparées des aliments consommés et des 
produits rendus par un cheval , soumis à la ration d'avoines; suite des re- 
cherches entreprises dans le but d'examiner si les herbivores empruntent 
de l'azote à l'atmosphère; par M. Boussineauzr. (Extrait par l’auteur.) 


(Commission précédemment nommée.) 


« L'expérience dont j'ai l'honneur de présenter les résultats à l’Aca- 
démie, fait partie de la suite de recherches que j'ai entreprises pour déci- 
der si les animaux prélèvent directement de l'azote sur l'atmosphère. 

» Le cheval sur lequel ces nouvelles observations ont été faites a été 
nourri pendant trois mois avec la ration alimentaire qui a été donnée pen- 
dant la durée du dosage. 


Toutes les 24 heures le cheval recevait : foin.......,............. 7Slogam. oo 
AVOIR SR ot dore mel ete . 2 5270 
» Les produits recueillis pendant 3 jours ont été : 5 
kilogram. litre densité de l'urine. 
Du 10 au 11 octobre, excréments.... 14,13 urine.... 1,50 ... 1,061 
Du 11 au 12 éd. id. .... 14,82 id. .... 0,85 ... 1,067 
Du 12 au 13 id. id. ..., 13,80 id, .... 1,40 ... 1,066 


» En tenant compte de l'humidité, et en ramenant les différentes ma- 
155. 


("n48) 


tières consommées et rendues à un degré de siccité constant (110 dans le 
vide sec), on trouve qu’en 24 heures le cheval 


A recu A rendu 
Fomipehre ere ... 6465 gram. Excréments....,:..:11.2: 3525 gram. 
AVOIR Lee 1927 Extrait d’urine..,....... 302 


» L'analyse de ces diverses substances a donné les résultats suivants : 


SUBSTANCES SÈCHES. CARBONE. HYDROGÈNE. OXIGÈNE. AZOTE. SELS ET TERRE. 


Le rec eee en | eme | comme 


Fourier rer leo 5.0 38.7 1.5 9.0 
AVOINE -e ce 50.7 6.4 36.7 2.2 .0 
Excréments...... 38.7 5.7 37.7 2,2 16 3 
Urine sèche... . 36.0 3.8 11.3 12.5 36.4 


» Pendant les trois jours d’expérience le cheval a bu 48 litres d’eau; 
r litre de cette eau à laissé 0°" -,834 de matières terreuses. 

» Le résultat définitif de cette expérience est consigné dans le tableau 
joint au Mémoire. En le consultant, on voit que le cheval n’a pas rendu 
dans les déjections la totalité de l'azote perçu avec les aliments : le poids de 
l'azote en moins s'élève à 24 grammes. Fai constaté un fait analogue dans 
mes expériences sur la vache. 

» L'oxigène et l'hydrogène qui ont disparu, ne sont pas exactement 
dans les proportions voulues pour faire de l’eau : on remarque un excès 
d'hydrogène de 23 grammes. Dans les expériences sur la vache, l'excès a 
été de même dénomination , et a eu lieu dans le même sens. 

» Le carbone perdu en 24 heures, et qui a dù s'échapper par la trans- 
piration. et la respiration, s'élève à 2465 grammes, quantité qui équivaut 
4504 litres d'acide carbonique à 0°, et sous la pression. de 0,76. Pour une 
vache laitière ayant à peu près le même poids, l'analyse a indiqué le volume 
d'acide sous les mêmes conditions et dans le même temps, 4052 litres. Les 
recherches que j'ai faites sur la vache et sur le cheval semblent donc éta- 
blir que l’azote de l'air n’est point assimilé pendant l’acte de la respiration 
des herbivores; il paraît même qu’une certaine partie de l’azote recu avec 
les aliments est exhalée pendant l’accomplissement de cette fonction , résul- 
tat auquel M. Dulong est arrivé par des considérations d’un ordre différent. 

» Dans les expériences dont j'ai résumé les détails, les animaux rece- 
vaient la ration d'entretien; leur poids normal n’a pas varié sensiblement 
pendant la durée du dosage. Dans une circonstance semblable, la matière 


( 1259 ) 
élémentaire contenue dans les aliments consommés doit se retrouver en 
totalité dans les déjections, les sécrétions et les produits des organes res- 
piratoires. Ainsi dans cette conjoncture, l'azote, pas plus qu'aucun des 
autres éléments, n’est assimilé, si l’on entend par assimilation l’addition 
des principes introduits par la nourriture, aux principes déjà existants 
dans le système. Mais il y a évidemment assimilation en ce sens, qu'une 
partie de la matière élémentaire des aliments entre et se fixe dans lorga- 
nisme, en s'y modifiant pour remplacer, pour se substituer à celle qui en 
est journellement expulsée par l’action sans cesse agissante des forces vitales. 

» Dans l'alimentation d’un jeune animal les choses se passent différem- 
ment : ici il y a fixation définitive d’une partie de la matière organique 
comprise dans la nourriture, puisque l'individu augmente jourfièllement 
en poids. Mais pour un animal adulte, soumis à la ration d'entretien, 
lanalyse montré qu’il rend dans les différents produits résultant de lac 
tion vitale, une quantité de matière organique précisément égale et sem- 
blable à celle qu'il perçoit par les aliments. 

» La question de savoir si les animaux empruntent de l'azote à l’at- 
mosphère ne doit pas être uniquement envisagée comme ayant un intérêt 
purement physiologique. C’est encore à mon avis une des questions les 
plus intéressantes de la physique du monde. En effet, l'azote est un élé- 
ment essentiel à tout être vivant, qu'il appartienne d’ailleurs à l’un ou 
l'autre règne. Si l'on recherche quelle peut être la source prochaine de 
l'azote dans les herbivores, on la trouve tout naturellement dans des 
végétaux alimentaires. Si l'on s’enquiert ensuite de Porigine du même 
principe dans les plantes, on la découvre dans les engrais : on arrive 
ainsi à concevoir que ce sont les végétaux qui fournissent de l'azote aux 
animaux, et que ces derniers le restituent au règne végétal, lorsque leur 
existence est accomplie, On croit reconnaître en un mot que la matière 
vivante tire son azote de la matière organisée morte. Si les choses se 
passaient ainsi, on en tirerait cette conséquence, que la matière vivante 
est limitée à la surface du globe et que la limite en est posée par la 
quantité d'azote actuellement en circulation dans les êtres organisés. Mais 
des faits agricoles que j'ai signalés, des recherches expérimentales que 
j'ai eu l'honneur de communiquer à l’Académie, rendent extrémement 
probable que les plantes peuvent s’assimiler dans certaines limites, J'a- 
zote de l'air : il est donc vraisemblable que chez les animaux herbivores, 
cette assimilation a lieu par l'intermédiaire des végétaux. 

» Dans une nouvelle série de recherches, je me propose d'examiner 5; 
des animaux d’un ordre inférieur peuvent fixer l'azote de l'atmosphère. 


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{ 116r ) 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Description et figure d'une chaudière inexplo- 
sible à bouilleurs verticaux avec fourneau pour la combustion du coke, 
sans cheminée de tirage et sans souffleries ; par M. Cu. Bescay. 


(Commission des rondelles fusibles.) 


sTHNOGRAPIIE.—/Vouveaux tableaux synoptiques de l'état actuel de chaque 
peuple des cinq parties du globe ; par feu M. Girserr Cazenaur. 


(Commissaires, MM. Lacroix, Beautems-Beaupré.) 


M. »e Menpevuze, consul de France à Quito, en annonçant la terminai- 
son des travaux ordonnés par le gouvernement péruvien pour la restau- 
ration des pyramides élevées aux deux extrémités de la base mesurée par 
les astronomes français dans la vallée de Faruqui , transmet le rapport 
adressé au Gouvernement par le colonel Soulin chargé de la direction 
des travaux. 

Comme il importe de bien s’assurer si la position des nouvelles pyra- 
mides est exactement celle des anciennes ( puisque dans le cas où l’on 
exécuterait de nouvelles opérations géodésiques au Pérou, on pourrait 
vouloir rattacher au réseau de triangles la base mesurée par les 
académiciens français) le rapport de M. le colonel Soulin, sur les travaux 
exécutés sous sa direction, est renvoyé à l’examen d’une Commission 
composée de MM. Arago et Puissant. 


M. pe Paravey adresse quelques détails sur le mode de préparation de 
la gélatine destinée à l'alimentation, tel qu’il la vu pratiquer à Utrecht 
sous la direction de M. le professeur Bergsma. Une circonstance de cette 
opération sur laquelle l'auteur croit devoir appeler spécialement l’atten- 
tion, est celle qui se rapporte au dégraissage des os. 


(Renvoi à la Commission de la gélatine. ) 


M. Cour, à l’occasion d’une Note présentée à la séance précédente 
par M. Gagnage, concernant une encre propre à prévenir la contrefacon des 
journaux par décalquage, rappelle qu’il a communiqué depuis long-temps 
à l'Académie une note sur une encre d'imprimerie qui s’altère par les pro- 
cédés auxquels on est obligé de soumettre une feuille imprimée lorsqu'on 
veut la contre-épreuver. M. Coulier réclame de plus la priorité de Pappli- 


( 1162) 
cation d’une encre ainsi composée à la préparation d’un papier destiné 
à prévenir les faux. 
{ Renvoi à l’ancienne Commission des papiers de süreté, qui prendra 
également connaissance de la Note de M. Gagnage , et de tous les travaux 
adressés à l’Académie, relativement à cette question.) 


M. Auvor, qui avait présenté, au mois de juin, une Note sur un plan 
de correspondance au moyen de télégraphes électriques , adresse aujour- 
d’hui des tableaux sur une langue et un système de signes qu’il propose 
pour cette correspondance. 


(Commission précédemment nommée. ) 
CORRESPONDANCE. 


VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Exploration de l’Abyssinie et des bords de la 
mer Rouge. 


M. Quarrin-Diccow, attaché comme botaniste et entomologiste à la mis- 
sion scientifique confiée par le Gouvernement à MM. Lefebvre et Petit, 
annonce qu'il est près de partir pour rejoindre ces deux voyageurs, et 
demande si l’Académie n'aurait pas à leur transmettre des instructions 


spéciales sur quelques observations à faire dans les pays qu'ils doivent 
explorer. 


TÉRATOLOGIE. — Cas de monstruosité dans l'espèce du cheval. 


M. Vazzor transmet l'indication de divers passages d’auteurs anciens et 
modernes dont l'explication lui paraît être rendue facile par la connaissance 
d’un fait qu’il a communiqué, il y a quelques mois, à l’Académie, concer- 
nant une conformation vicieuse des organes de la génération chez un 
cheval qu’on avait pris, avant l’examen qu'il en fit, pour une jument. 


M. Muszer, à l’occasion de la communication faite à l’Académie dans la 
séance précédente, par M. Kuhlmann, relativement aux réactions opérées 
sur des composés d'azote au moyen de l'éponge de platine, rappelle le 
passage suivant de la Chimie de M. Berzélius, tome II, pages 43 et 44 : 

« Quand on mêle du gaz oxide nitrique (deutoxide d’azote) avec du gaz 
» hydrogène, et qu'on expose le mélange à l'action du platine en éponge, 
» fraîchement calciné, il se convertit peu à peu en eau et en ammoniaque; 


( 1163 ) 


» ce qui tient à ce que l’hydrogène qui se combine avec les deux éléments 
» du gaz produit de l'eau avec l’un et de l’'ammoniaque avec l’autre. » 


M. Bresson prie l’Académie de hâter le rapport qui doit être fait sur 
une Note qu'il a présentée, concernant les applications du système mé- 
trique au numérotage de toute espèce de fils. « MM. les Ministres de 
l'Intérieur et du Commerce, dit M. Bresson, prennent, chacun en ce qui 
le concerne, des dispositions pour que le système métrique des poids 
et mesures soit définitivement le seul en usage à partir du 1‘* janvier 1840, 
il est donc à désirer que les avantages de l'application que je propose 


aient pu être discutés avant que toutes les mesures administratives 
soient arrêtées. » 


La séance est levée à cinq heures. F. 


Erratum. (Séance du 17 décembre.) 


Page 1081, ligne 12 en remontant, 10 de ce mois, lisez 8 


CR, 1838, 2° Semestre. (T VIT, N° 27.) 156 


(1164 ) 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres : 


Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie royale des 
Sciences ; 2° semestre 1838, n° 26, in-4°. 

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie royale des 
Sciences ; 1°’ semestre 1838, 1 vol. in-4°. 

Mémoire sur l'organisation des Infusoires; par M. Doraroin ; Paris, 1838, 
in-8°. 

Rapport sur l'industrie des Soies; par M. H. Bouroox; in-8°. 

Mémoires de la Société royale d'Agriculture et des Arts du département 
de Seine-et-Oise ; in-8°. 

Précis statistique sur le canton de Ribécourt , arrondissement de Com- 
piègne (Oise); in-8. 

Précis statistique sur le canton de Maignelay, arrondissement de Cler- 
mont (Oise); in-8°. 

Thèse de Physique sur la diffraction de la Lumière ; par M. Asrr ; 
in-4°. 

Livre universel de lecture pour les écoles primaires, ou Histoire univer- 
selle et Encyclopédie ; par M. Auxor; Paris, in-12. 

Annales de la Société royale d'Horticulture de Paris; tome 23, 134° li- 
vraison , nov. 1858, in-8°. 

Revue de la Société polytechnique ; n° 11, nov. 1838, in-8?. 

Revue critique des livres nouveaux ; déc. 1838, in-8°. 

Mikroskopische.... Recherches microscopiques sur la conformité dans 
la structure et le développement des Animaux et des Végétaux; par 
M. Scnwans; 2° partie, Berlin, 1838, in-8. 

Gazette médicale de Paris, tome 6 , n° 52. 

Gazette des Hôpitaux, tome 12, n° 151—153, in-4°. 

La Phrénologie ; 2° année, n° 15. 

L'Expérience , journal de Médecine , n° 78, in-8°. 

La France industrielle ; 5° année, n° 78 et 70. 


COMPTES RENDUS 
DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES 


TABLES ALPHABÉTIQUES. 


JUILLET— DÉCEMBRE 


1838. 


TABLE DES MATIÈRES. 


Pages. 
ABsORPTION de la lumière. — Sur l'absorption 
dans les milieux colorés biréfringents ; par 

M Babinet, (UE een uma eele sofa » Pere 8 
ACACIA FARNESIANA. — Rapport sur un Mé- 
moire de M. Gasparrini concernant l’Aca- 

cia farnesiana............ nerssesrsse.s 1017 
AcipE ACÉTIQUE. — Action du chlore sur l’acide 
+ acétique; nouvel acide résultant de cette 

action; Note de M. Dumas.........,.., 454 
ACIDE des —M. Guillard, à Éoceion 
d’une publication dans laquelle il est 
question de la solidification de l’acide car- 
bonique et où l’on parle seulement du 
procédé opératoire de M. Kemp, reven- 
dique en faveur de M. Thilorier l'honneur 

de cette belle découverte. .........,.... 745 
ACIDE CHLORO-SULFURIQUE, — Sur l’acide chloro- 
sulfurique et la sulfamide; par M. V. Re- 

Raul TT etes ete ... 895 
ACIDE NITRIQUE. — Note sur les produits de 
Vaction de l’acide nitrique concentré sur 
lamidon et le ligneux; par M. F. Pe- 

louze...:..... ODÉ On I LC UTC a CITES 713 
ACIDE NITRO-SACCHARIQUE. — Sur la composition 
du sucre de gélatine et de l’acide nitro-sac- 
charique de ee pd par M. Boussin- 

gaulle DES sas ae des .... 493 
AÉROLITBES. — Incendie causé par la chute 
d’un de ces météores, dans la nuit du 11 
au 12 novembre 1961 , à Chamblan (Bour- 
gogne). — Un fait semblable a eu lieu, 

dit-on, récemment; Communication def 

M. Arago....... Led drodac ce doc co DU 
AËrOsTATS. — Sur un moyen proposé pour les 

diriger; Note de M. de Castro.......... 1739 
AIGLILLE AIMANTÉE.—Mémoire intitulé : Phéno- 


C.R. 1838, 2° Semestre. (T, VIL.) 


Pages, 
mènes de l'aiguille aimantée expliqués; par ; 
MPa led ATEN NE CS en eere de os 756 

Air. — Sur un moyen de puiser de me de 
mer à de grandes profondeurs , et de dé- 
couvrir en quelle proportion y sont con- 
tenus les deux principes constituants de l'air 
atmosphérique ; par M. Biot. ({nstructions 
pour une exploration scientifique de l’AI- 


BÉTIE ) EE ee DEC UT COL ECC LUE 203 
— Modifications à cet appareil proposées par 
Me Sorel eee eee DE conte OI 


— Mémoire sur l'emploi cu PS d'air com- 
primé dans le traitement des affections 
tuberculeuses, des hémorragies capillaires 
et des surdités catarrhales ; par M. Pra- 

CT APRRREEEEEEEER door C'ÉLOMCPUUCC 1283 

AIRES DES COURBES. — Instrument pour les dé- 
terminer mécaniquement, inventé par 
M ROSsin de peu ces ve. 902 

ALcoo. — Des produits obtenus en faisant 
réagir le chlorure de zinc sur l’alcool. 
Mémoire de M. Masson. ..... PRET EEE EE 492 

— Rapport sur ce Mémôire...... CS CO oO0 1100 

ALGERIE. — Rapport de la Commission char- 
gée, sur l'invitation de M. le Ministre 
de la Guerre, de rédiger des Instructions 
pour une exploration scientifique de l’Al- 
gérie. (Pour le détail de ces Instructions 
voir au mot Voyages.)................. 137 

— Sur la géologie des provinces de Bone et 
de Constantine; par M. Puillon - Bo- 

125 et 239 

— Rapport sur ce Mémoire. ....... LoocOioe 238 * 

ALIMENTS. — Analyses comparées des aliments 
consommés et des produits rendus par une 
vache laitière, etc.; par M. Boussingault... 245 


157 


— Analyses comparées des aliments consom- 
més et des produits rendus par un cheval 
à la ration d'entretien ; par M. Boussin- 
gault 
— Les chrysalides de ver à soie sont employés 
en Chine comme aliment; Letitrede M. Fa- 
vand communiquée par M. Julien. ...... 
— Emploi de la gélatine comme aliment à 
l'hospice de Saint-Nicolas de Metz ; Com- 
murication de M. Arago, et remarques à 
l'occasion de cette Communication par 
MM. Silvestre, Magendie, Dumas et Thé- 
Cri POST Ada an At do bled) 07e ci 
— Détails sur la manière dont on prépare à 
Utrecht la gélatine destinée à servir d’ali- 
ment ; Lettre de M. de Paraver. 
Awéricaiss. — Mémoires sur les races indi- 
gènes de l'Amérique du sud; par M. 4. 
d'Orbigny................ 
Amibon. — Mémoire sur een considéré 
sous le point de vue anatomique , chimique 
et physiologique ; par M. Payen......., 
— Note sur les produits de l’action de l'acide 
nitrique concentré sur lamidon et le li- 
gneux; par M. J. Pelouse.............. 
Awnios. — Observations sur le développement 
de Pamnios chez l’homme ; par M. Serres. 
— Remarques de M. Breschet à ce sujet... 
— Réplique de M. Serrés.….....,.....:2.,.. 
AMPBITHERIUM, nom proposé par M. de Blain- 
ville pour les animaux dont les débris 
fossiles trouvés à Stonesfeld ont été con- 
sidérés comme provenant de mammifères 
marsupiaux (Didelphis Prevostii et D. Buck- 
landii), et que M. de Blainville croit 
devoir rapporter plutôt à la classe des 
répAIes. 0e. HU PERSAN 
AMPUTATIONS. — M. Caznaud demarde qu’une 
Commissionsoit chargée de rendre compte 
des effets d’un appareil qu’il a inventé pour 
les amputations...............,..:..% 
— Mémoire sur la citexcision, ou procédé 
d’amputation instantanée et sans douleur; 


par M: Gasvaud.-. heat LR Men 
— Rapport sur ce Mémoire, .............., 
ANALYSE CHIMIQUE. — Description d’un nou- 


veau procédé d'analyse chimique; par 
M. Ebilmen..….... 20 Re eIES A 
ANATOMIE VÉGÉTALE, — Remarques sur l’anato- 
mie comparée des tiges de quelques végé- 
taux dicotylédonés; par M. Decaisne 
{ Rapport sur ce travail)............... 
ANATOMIQUES (PrRÉPARATIONS)., — M. Roberton 
présente une préparation angéiologique de 
la tête humaine, dans laquelle les vais- 
seaux s0nt représentés en un alliage mc- 
tallique fleriblens. errors 
ANEVRISMES. — Observation sur un anévrisme 


1157 


126 


1131 


1161 


372 


526 


459 


660 


( 1166 ) 


see 
Pages. 


variqueux ou artérioso-veineux des vais- 
seaux fémoraux ; par M. Lallemand..... 
— Rapport sur ce Mémoire........,..... Ca 
ANIMAUX SPERMATIQUES des végétaux inférieurs. 
— Lettre de M. Meyen sur ces infusoires.. 
Annëuipes. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Milre Edwards relatif à la circulation 
du sang chez les Annélides. ..,......,.., 
— Mémoire sur quatre nouvelles espèces d'An- 
nélides marines ; par M. Dujardin... ... 
ANTuROPOLOGIE. — Mémoire sur les races indi- 
gènes de l'Amérique méridionale ; par 
1 Le PCA LT PES OT NE 
ARCHÉOLOGIE. — M. Jomard annonce que la 
Société formée à Paris pour l'exploration 
du territoire de Carthage, a reçu entre 
autres produits plusieurs mosaïques re- 
présentant divers animaux : mammifères, 
oiseaux, reptiles et mollusques ......., 
ARDOISES FACTICES. — Mémoire sur les ar - 
doises factices et sur un nouveau sys- 
tème de couverture. — Mémoire sur un 
appareil pour la cuisson de ces ardoises; 
par ML. Ghapmistess cales sait 20ler 
AssoLemENTs. — Discussion de la valeur rela- 
tive des assolements par l'analyse élémen- 
taire; Mémoire de M. Boussingault.. .... 
ASTRONOMIQUES (IxsTRUMENTS). — Rapport sur 
un Mémoire de M. A. Sédillot, sur les ins- 
truments astronomiques des Ærabes. .. 
Arcas. — Disposition et caractères généraux 
des montagnes dont l’ensemble constitue 
ce qu'on nomme grand et petit Atlas 
(Instructions pour une exploration scien- 
tifique de l'Algérie, partie géologique, 
rédigée par M. Élie de Beaumont... .…. 
ATMOSPHÈRE. — Mémoire sur la chaleur solaire, 
sur les pouvoirs rayonnants et absorbants 
de l'atmosphère et sur Ja température de 
l’espace ; par M. Pouillet; indiqué dans 
le Compte rendu de la séance du 2 juillet. 
— Inséré dans le Compte rendu de la séance 
du’g juillet ent His Sene 2: 
— Observations à faire sur certaines anomalies 
dans la distribution de La température dans 
l'atmosphère (Instructions pour une ex- 
ploration scientifique de l'Algérie ; partie 
météorologique, rédigée par M. Arago)... 
ATMOSPHERIQUE (PRESSION ). — Effets des diffé- 
rences dans la pression atmosphérique à 
la surface du corps humain ( Mémoire 
sur Pemploi du bain d’air comprimé ; par 
M. Prapaz) AMEL ER. Re 
— MM. Arugo, Flourens et Dumas sont adj oiste 
à la Commission chargée de l'examen 
d’un Mémoire de M. Tabarié sur les effets 
physiologiques des variations de pression 
atmosphérique. . 


1015 


930 


AURORES BOREALES. — Sur une aurore boréale 
observée à Macao le 26 juin 1838; Lettre 
de M. Callery à M. Ad. Brongniart..,.... 

— Observations à faire au sujet de ce météore 
{Instructions pour une exploration scienti- 
fique de l'Algérie ; partie concernant la 
météorologie, rédigée par M. Arago)... 

— Mémoire intitulé : Objections d’un météo- 
rologiste aux astronomes au sujet de l’aw 
rore boréale; par M. Clos.. 


Bains. — M. Leymerie demande qu’il soit fait 
un rapport sur un appareil pour bains ther- 
mo-électriques dont il a présenté la des- 
cription à l’Académie... 

BAINS D’AIR COMPRIMÉ. — Voir au mot Air..... 

Basazre. — Sur les rapports qui existent entre 
le basalte et la Téphrine, etc. ; par M. Ma- 
rapina NA PL -DEMeUt DEAR IT à 

BATEAUX À vaPEur. — Mémoire ayant pour 
titre : Description théorique de l'emploi 
de l’eau lancée en arrière par les roues des 
bateaux à vapeur; par M. Gautier. ..... 

Voir aussi à Machines à vapeur. 

BATEAUX sOus-MARINS. — Mémoire sur le piston 
à double effet et sur les bateaux sous-ma- 
rins; par M. de la Feuillade-Daubusson.….. 

BaTRACIENS. — Sur la propagation et les orga- 
nes générateurs dans les reptiles batra- 
ciens, tels que les grenouilles, les sala- 
mandres, et autres genres voisins; par 
M. Duinéril..….. 

— Remarques sur la classification des Batra- 
ciens de M. Tschudi ; par M. Duméril.... 

Baumes. — Examen chimique des corps aux- 
quels on donne le nom de Baumes; par 
M. Fremy.…. re ciNe name LIDIER 

— Rapport sur ce D'Minoise ee CEE 

BerTerAves. — Recherches sur la Petierste à 
sucre; par MM. E. Péligot et Decaisne.… 

— M. Dumas présente, au nom de M. de Ha- 
ber, divers produits relatifs à la fabrica- 
tion du sucre de betteraves avec dessica- 
tion préalable des racines..,....,..,... 

Bicorps (Moxsrres).—Voir à ce dernier mot. 

Bize. — Rapport sur un Mémoire de M. H. De- 
marcay, relatif à la nature de la bile. . 

BILLETS DE BANQUE. — Système de billets de 
banque dont la contrefacon est annoncée 
comme impossible; par M. Pierrepont. . 

Birumes. — Note de M. de Paravey sur les bi: 
tumes employés anciennement dans la 
Perse et les pays voisins........... ..…. 

Birumineuses (Sources). — Observations à ce 
sujet recommandées dans les Instructions 


( vr67 ) 


Pas 
Pages 


87 


283 


586 


586 


1127 


19 


— Observation d’une aurore boréale en Pales- 
tine dans l’année 1117; Note de M. Cal- 
lier. 

AZ0TE. — Analyses eine des aliments 
consommés et des produits rendus par une 
vache laitière, vecherches entreprises dans 
le but d'examiner si.les animaux herbi- 
yores empruntent de l'azote à l'atmosphère; 
par M. Boussingault,............. CSA. 


pour une exploration scientifique de l’AI- 
gérie (partie concernant la géologie; ré- 
digée par M. Élie de Beaumont)... ...... 

BLE. — Sur Les prix moyens du blé et de la jour- 
née de travail, dans l’antiquité; Lettre 
de M. Dureau de la Malle à M. Arago... 

— M. le général Demarcay adresse quelques 
réflexions sur les différences qui existent 
entre l'appareil qu’il emploie pour la con- 
servation des grains et celui qu'avait pro- 
posé le père Castelli. 

Boa coxsrricror. — Note sur les mouvements 
de la glotte chez le Boa constrictor, pen- 
dant l’acte de la déglutition; par M. Ro- 
Bertone RESTE MAOOUCOC 5 

— Remarques de M. Duméril à TéUs Lo dé 
cetteCommunication..,..........-... 

Bots. — Sur un moyen d'isoler le tissu élé- 
mentaire des bois; Lettre de M. Payen.. 

Bouives. Voyez Aérolitkes. 

BOTANIQUE. — Instructions pour une explora- 
tion scientifique de l’Algérie; partie con- 
cernant la botanique, rédigée par M. Adol- 
phe Brongniart.................... ele = 

— OPA relatives à la botanique, à la 
géographie botanique et à la météorologie, 
recueiilies par M. C. Martins dans le cours 
de l'expédition scientifique envoyée dans 
le nord de l’Europe (communiquées par 
M. le Ministre de la Marine).,......... 

BrAcTÉE. — Considérations sur l’usage qu’on 
peut faire des rapports de position qui 
existent entre la bractée et les parties de 
chaque verticelle floral, dans la détermi- 
nation du plan normal sur lequel les fleurs 
des diverses familles sont construites ; 
par M. Steinheil............ SEE 2 

Brvopsis. — Sur les coniocystes ou sporanges du 
genre Bryopsis, de la famille des a 
par M. Moniagne....... . 

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. jee 128, 252, 385, 
315, 445, 497, 538, 600, 626, 661, 676, 
7; 926, 747 66, 800, 84r, 905, 051, 
983, 1029, 1083, 1129, 1164. 


197 


Pages. 


709 


245 


38 


139 


837 


pl 


1059 


79 


CaprANS SOLAIRES. — M. Maurice présente un 
cadran solaire donnant le temps moyen à 
toutes les époques de l’année. .......... 

Cazcuz DES PROpABILITES. — Mémoire sur les 
probabilités des arréts des deux sortes de 
cours d'appel; par M. Guibert.......... 

— Rapport de M. Savary sur un Mémoire de 
M. Bravais.…. 

CALCUL INTÉGRAL. — Note sur l'intégration 
d’une équation aux différences partielles 
qui se présente dans Ja théorie du son; 
par M. Liouville..... MOTTE rs 

CacuLs urinaires. — M. Leroy d’Étivlles prie 
VAcadémie de désigner une Commission 
à l’examen de laquelle il soumettra quel- 
ques observations de broiement de calculs 
enchatonnés.......sssessssessssesesee ê 

Cazormèrre. — Description de la caisse du 
calorimètre de M. Dulong; par M. Cabart. 

Cawpèoue (Bois DE ). — Échantillons de la ma- 
tière colorante du bois de Campèche, pré- 
sentés par M. Brocchieri comme étant ex- 
traits au moyen d’un procédé particulier. 

— Il ne peut être fait de rapport sur ces pro- 
duits, M. Brocchieri n’ayant pas fait con- 
naître son procédé opératoire.......... 

CaNaL AuMENTAIRE, — Dessins représentant le 
canal alimentaire et ses annexes dans les 
animaux vertébrés; exécutés d’après des 
préparations faites RE un travail de 
M. Duvernoy............ SRE 

CanninaTures. — MM. Marianini, Amici, He 
bes, Rudberg, Ermann , Bellani, sont pré- 
sentés par la section de Physique comme 
candidats pour une place vacante de corres- 
pondant. L'Académie décide en outre que 
M. Wheatstone figurera , en dehors de la 
liste de la Section, comme candidat à la 
place vacante............ sas its sec 

— La section de Botanique présente comme 
candidats pour une place vacante de cor- 
respondant, MM. Mohl, Blume, Lindley, 
Hooker et Schultz… .. 

— La section de Zoologie présente, comme 
candidats pour la place vacante par suite 
du décès de M. F. Cuvier, MM. Edwards, 
Valenciennes, Duvernoy, Deshayes, d'Or- 
bigny et Coste; elle exprime le regret de 
ne pouvoir comprendre dans sa liste le 
nom de M. Strauss, candidat pour l’élec- 
tion précédente, et qui ne s’est point 
présenté pour celle-ci. . . . . . . . . . . 

— M. Demonville demande à être compris 
dans le nombre des candidats pour la 
place vacante dans la section de Physique, 


( 1168 ) 


650 


77 


247 


652 


872 


754 


251 


765 


746 


— M. Péclet demande à être compris dans le 
nombre des candidats pour la placevacante 
dans la section de Physique. . . . . 

— L'Acanëmie présente des candidats pour les 
places suivantes : 

— Pour la place de Directeur des Études à’ É- 
cole Polytechnique , place devenue vacante 
par le décès de M. Dulong (M. Coriolis)... 

— Pour la chaire d'Analyse et de Mécanique va- 
cante à l’École Polytechnique, par lanomi- 
nation de M. Mathieu à la place d’inspec- 
teur permanent (M. Liouville), . . . . . 

— Pour la chaire de Chimie vacante à l'Ecole 
Polytechnique par suite de la démission 
de M. Dumas (M. Pelouse)...., SES 

— Pour la chaire d'Anatomie et d'Histoire 
naturelle de l'homme vacante au Muséum 
d'Histoire naturelle, par suite de la no- 
mination de M. Flourens à la chaire de 
Physiologie comparée (M. Serres)... .... 

Caxows. — Note sur une nouvelle pièce d’ar- 
tillerie ; par M. Lesire-Fruger.......... 

Caouronouc. — Échantillons de caoutchouc di- 
visé en lames minces, et de tissus rendus 
imperméables au moyen de cette subs- 
tance, envoyés par M. de Saint-Antoine. 

CARBONATE DE cuaux.— Lettre de M. Mallet sur 
la découverte d’un gisement de carbonate 
de chaux cristallisé, aux environs d’4- 
vesne (départ. du Nord).............,.. 

CarBurEs D'HYDROGÈNE obtenus par M, Masson 
en faisant réagir le chlorure de zinc sur 
Palcool. "st ÉRRC NRA IDE 

Caru£DraLe DE CnarTRes ( Couverture de la).— 
Voir au mot Couverture. 


048 


598 


492 


CAYERNES A OssEMENTSs. — Rapport en réponse 


à une Lettre de M. le Ministre de l’Ins- 
truction publique, concernant de nouvelles 
fouilles à faire dans Ja caverne à osse- 
ments de Fouvent-le-Bas......... Sie atota 
Cécre. — Recherches sur les causes de la fré- 
quence de la cécité parmi les Arabes (re- 
commandées dans les Instructions pour 
une exploration scientifique de l’Algérie; 
partie concernant la médecine, rédigée par 


Cäcesrine. — Monographie de la Gélestine de 
Sicile; par M. Maravigna.…. SET 
Cerncre.-Notes sur quelques D Lee relatifs 
à la mesure du cercle; par M. Lauzeral. 
Cénuses. — Note sur les caractères physiques 
des céruses obtenues par des procédés dif- 
férents de fabrication ; par M. Payen... 
Cuaeur.— Précis de nouvelles recherches sur 
le dégagement de Ja chaleur dans le frotte- 


1014 


193 
531 


83 


782 


meñt; lu par M. Becquerel dans la séance 
publique du 13 août 1838... 
— Sur la chaleur dans l'hypothèse des ibra- 
tions ; par M. Babinet........... dre 
— Sur la chaleur dégagée pendant la combus- 
tion de diverses substances simples ou 
composées ( Communication de M. Arago 
sur les travaux de M. Dulong)..... asie 
— Recherches expérimentales sur le passage 
de la chaleur d'un corps solide dans un au- 
tre corps solide, par M. Despretz........ 
— Sur la propagation de la chaleur dans les Li- 
guides; par M. Desprets............... 
— De l'influence thérapeutique de la chaleur at- 
mosphérique artificielle ; par M. J. Guyot. 
CHALEUR RAYONNANTE. — De la prétendue in- 
fluence que les aspérités et le poli des sur- 
Jaces exercent sur le pouvoir émissif des 
corps; par M. Melloni.................. 
— Sur une des causes qui contribuent à l’aug- 
mentation du pouvoir émissif dans les 
corps dépolis; par M. Legrand. ......... 
CHALEUR SOLAIRE. = Mémoire sur la chaleur 50- 
laire, sur les pouvoirs rayonnants et absor- 
bants de l'atmosphère et sur la température 
de l’espace ; par M. Pouillet; indiqué dans 
le Compte rendu de la séance du 2 juillet. 
— Inséré par extrait dans celui du 9 juillet. 
Cuazeur sPÉCIFIQUE. — M. Arago annonce que 
parmi les papiers relatifs aux travaux dont 
s’occupait M. Dulong, à l’époque de sa 
mort, se trouvent des résultats qui sem- 
blent indiquer la découverte de deux lois 
remarquables touchant la chaleur spéci- 
Jique des gaz composés. ..,............. 
CHALEUR TERRESTRE. — Note de M. Demonville. 
CnaRAnçoNs. — M. Simon Jolli annonce un nou- 
vel essai en grand de son procédé pour la 
destruction des charancons... .... 
CHarrenTes. — Études théoriques et expéri- 
mentales sur l'établissement des charpen- 
tes à grandes portées, par M. Ardant. .... 
CHaAuDièrEs A VAPEUR. Description et figure 
d’une chaudière inexplosible à bouilleurs 
verticaux, avec fourneau pour la com- 
bustion du coke, sans cheminée de tirage 
et sans soufleries ; par M. Ch. Beslay.….. 
Voir aussi à Machines à vapeur. 
CuaurrAce. — MM. Gros et Merle prient l’A- 
cadémie d’examiner un système de chauf- 
fage au gaz dont ils sont les inventeurs... 
— M. Gérentet annonce qu’il s'occupe de- 
puis long-temps d’un pareil système de 
chauffage, et qu’il croit pouvoir établir ses 
droits à la priorité d'invention... 
— Sur le chauffage dès appartements au moyen 
de la combustion du gaz hydrogène non 
carburé; par M. Jobard... 


ECC 


(1169 ) 


Page. 
363 
781 
£71 


833 
933 


III 


298 


741 


15 
24 


603 
531 


251 


1103 


1116 


598 


620 


G72 


— MM. Gros et Merle écrivent que c’est 
aussi de gaz hydrogène non carburé qu’ils 
font usage dans leur nouveau système de 
chauffage pour les appartements. ....... 

— M. Gay-Lussac déclare que la Lettre de 
M. Gros relative à des questions de prio- 
rité pour un nouveau mode de chauffage , 
n’est pas de nature à devenir l’objet d’un 
XAPPOTÉ. desole e sem no DT BEUEEE 

Caux HyDRAULIQUES. — Des recherches statis- 
tiques de M. Vicat, sur les substances cal- 
caires propres à fournir des chaux hydrau- 
liques dans les bassins du Rhône et de la 
Garonne , partagent, avec un essai de 
M. Demonferrand' sur les lois de la popu- 
lation en France, le prix de Statistique 
pour l’année 1837... ..,.... 15et 

Ceminées (Feux DE). — Note sur un moyen 
d’arrêter les incendies commençant par des 
feux de cheminées; par M. Maratueh... 

— Rapport sur l'appareil de M. Maratueh... 

Caevaux. — Leur pelage se modifie par suite 
d’un séjour prolongé dans les profondeurs 
des mines; Lettre de M. Geoffroy-Saint- 
Hilaire. on . 

— Analyses comparées des aliments consom- 
més et des produits rendus par un cheval 
soumis à la ration d’entretien.......... 

CaLore. — Acide produit par l’action du chlore 
sur l’acide acétique ; Note de M. Dumas. . 

Cazorune DE zixc.—Note sur les produits qu’on 
obtient en faisant réagir ce chlorure sur 
l'alcool; par M. Masson. 

— Rapport sur ce travail....., 

CarxsauiDEs de ver à soie employées en Chine 
comme aliment ; Lettre de M. lavand, 
transmise par M. Julien. 1.4 û 5 

CigATRISATION des plaies, suites danputati qe, 
—De l'infiuence de la température de l'at- 
mosphère sur la cicatrisation des plaies de 
cette nature; par MM. Breschet et J.Guyot. 

— Remarque de M. Larrey sur le précédent 
Mémoire. 

— Réponse de MM. Bee et Guyot à la 
Note de M.Larrey...-..-.............. 

— RépliquedeM. Larrey; Réflexions deM. Roux 
sur la méthode proposée par MM. Bres- 
chet et Guyon. — Remarques de M. Ma- 
gendie et de M. Breschet à l’occasion des 
réflexions de M. Roux. .......... ü 

CioxE. —Sur deux espèces deCione qui bnt été 
souvent confondues par les entomologis- 
tes; Note de M. Vallot. . .. 

CIRCULATION DANS LES PLANTES. — Nouvelles 0b- 
servations de M. Schuliz sur ce sujet... 

Cirexaision. — Voir à Amputations. 

CLassiFicATION.— Fragments d’une classifica- 
tion des vertébrés; par M. Ch. Bonaparte. 


De 
Pages. 


709 


889 


350 


580 


656 


Cowsusrton. — Sur la chaleur dégagée pendant 
la combustion de diverses substances sim- 
ples ou composées; Communication de 
M. Arago relativement aux travaux de 
M. Dulong........ cons Borisc 

Cowères. — Apparition de la Comète à courte 
période dans la nuit du 14 au 15 août ; 
Lettre de M. Boguslawskr..,........... 

— M. de Humboldt communique des observa- 
tions sur la comète à courte période faites 
à Berlin, par MM. Encke et Galle. 687 et 

— Premières observations de la même comète 
à Marseille; Lettre de M. Valz à M. Arago. 

— Observations de cette comète faites à Ge- 
nève, par MM. Gautier et Muller. 596 et 

— Diamètres de la comète à courte période ; 
Lettre de M. Valz à M. Arago. .......... 

— M. Valz écrit à M. Arago qu'il a encore 
observé la comète le 12 décembre, deux 
jours avant le passage au périhélie..... 


CouMiSsION ADMINISTRATIVE. — M, Husard est 
nommé membre de cette Commission 
pour le 2° semestre de l’année 1838 et le 
TE AO TA cree ahieleli-ilee lee FRET ET 

Commission DEs coMPprTEs. — MM. Poncelet et 
Cordier sont chargés de la révision des 
comptes pour l’année 1837....... ..... 

CoMmissIONS MODIFIÉES par remplacement ou 
augmentation d’un ou de plusieurs membres. 
— MM. Huzard et Turpin sont adjoints à 
la Commission chargée de faire un rapport 
sur le procédé de M. Simon Jolli pour la 
destruction des charancons. ........,.... 

— MM. Gamber et Savary sont adjoints à la 
Commission chargée de faire un rapport 
sur un travail de M. Combes concernant 
les roues a réactions, .... 4. 2, 


— M. Berthier est nommé, en remplacement 
de M. Séguier, membre de la Commission 
chargée de l'examen d’un Mémoire de 
M. Loyer, sur les machines à vapeur. 


— M. Savart est adjoint à M. Breschet pour 
un rapport verbal sur un ouvrage alle- 
mand de M. Müller, concernant l’audi- 

— MM. Savary et Coriolis sont adjoints à la 
Commission chargée de faire un rap- 
port sur les moyens de prévenir les ex- 
plosions des machines à vapeur... . 


— MM. Arago et Gaudichaud sont adjoints à 
la Commission chargée de rechercher les 
moyens les plus convenables pour sous- 
traire la graine de ver à soie expédiée de 
Chine en Europe à l'influence des chaleurs 
tropicales pendant la traversée... ...... 


M. Breschet remplace M. F. Cuvier dans Ja 


( 1170 ) 


Pages 


851 


f 


536 


513 


283 


ibid. 


485 


Gr 


702 


Commission chargée de rendre compte du 
Mémoire de M. Bellingeri, sur les propor- 
tions des sexes dans les naissances. . . . . 

— M. Arago remplace M. Dulong dans la com- 
mission nommée pour un Mémoire de 

M. Tabarié, sur les effets physiologiques 
résultant des différences de pression atmo- 
sphérique; MM. Flourens et Dumas sont 

de plus adjoints à la Commission. . . . 
Commissions pes prix. — Rapport de la Com- 
. mission chargée de l'examen des pièces de 
concours pour le prix de Statistique, année 
1837. Le prix est partagé entre MM. De- 


monferrand et Vicat............,..., , 


— M. Dumas fait, au nom de la Commission 
chargée de l'examen des pièces adressées 
au concours pour le prix concernant les 
Arts insalubres, un rapport dont les con 
clusions sont qu’il n’y a point lieu à dé- 
cerner le prix. — Noms des candidats 
dont les droits sont réservés pour un futur 
CONCOUTS.... ..., Te me lors tsl ati 

— M. Magendie fait, au nom de la Commis- 
sion chargée de décerner le grand prix des 
Sciences physiques, le rapport sur le con- 
cours pour ce prix........ 

— M. Breschet fait, au nom d’une Commis- 
sion, le rapport sur les pièces adressées au 
concours pour les prix de Médecine et de 
Chirurgie , fondation Montyon..... 282 et 

— M. Breschet fait, au nom d’une Commis- 
sion, le rapport sur les pièces adressées au 
concours pour le prix de Physiologie expé- 
rimentale Mer eee ei ue sentetiits 

Cowmissions POUR LE CONCOURS DE 1838.— Pour le 
grand prix de Mathématiques : MM. Poisson, 
Libri, Lacroix, Sturm, Poinsot. — Pour 
leprix de Mécanique : MM. Poncelet, Sé- 
guier, Coriolis, Gambey, de Prony., — 
Pour le prix de Statistique: MM. Costaz, 
Mathieu, Poinsot, Séguier, Dupin. — 
Pour le prix d'Astronomie : MM. Arago, 
Mathieu, Savary, Bouvard, Lefrancais- 
Lalande. — Pour le prix de Physiologie 
expérimentale : MM. Magendie, Serres, 
Flourens , Duméril , de Blainville. — Pour 
les prix de Médecine et de Chirurgie, fon- 
dation Montyon : MM. Serres, Duméril, 
Double , Magendie, Roux, Breschet, Lar- 
rey, de Blainville, Savart. — Pour le prix 
concernant les Arts insalubres : MM. Gay- 
Lussac, Dumas, Chevreul, Robiquet, 
Magendie. ..... 670, 688 et 

COMMISSION POUR LE CONCOURS DE 1839. — 
MM. de Mirbel, de Blainville, Magendie, 
Duméril, Dumas, sont nommés membres 
de la Commission chargée de proposer une 
question pour le grand prix des Sciences 


Pages. 


930 


ibid. 


78 


282 


304 


ibid. 


717 


physiques qui sera décerné en 1839...... 
— M. Dumas lit, au nom decette Commission, 
la question qui doit être proposée. .. 
Commissions SPÉCIALES. — MM. Arago, Thé- 
nard , Poinsot sont désignés pour faire 
partie du conseil de perfectionnement de 
École Polytechnique pendant l’année 
scholaire 1838—1839........... AD GO 
— MM. Arago, Poisson ; Poinsot, Thénard 
et Poncelet sont nommés membres de la 
Commission chargée de présenter une 
liste de candidats pour la place de Direc- 
teur des Études vacante à l'École Poly- 
technique. ........., Me can 
— L'ancienne Commission pour les Instruc- 
tions destinées à l’expédition scientifique de 
PAlgérie est chargée de présenter une liste 
de personnes aptes à prendre part à cette 
cxpéditionen Eh ML. Feu don he ot 
— La Commission annonce qu’elle diffère la 
présentation. de cette liste pour donner le 
temps aux personnes qui désireraient 
prendre part à l’expédition de faire con- 
naître leurs intentions... .... io Once 
— MM. Silvestre, de Mirbel, Arago, Beau- 
temps - Beaupré , Savary ét Audouin sont 
chargés de rédiger des instructions pour le» 
voyage de M. Lefebvre, en Abyssinie et sur 
les bords de la mer Rouge. . ....... 
— MM. de Blainville, de Mirbel, Arago, Élie 
de Beaumont, de Freycinet, Gay-Lussac et 
Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire sont nom- 
més membres d’une Commission chargée 
d'examiner dans quelle région du globe il 
conviendrait d'envoyer des voyageurs... .... 
ComPRESSEUR-PERCUrEUR.—Note sur un nouvel 
instrument de lithotritie, le compresseur- 
percuteur; par M. Leroy d'Étiolles…. 
ConpensatEuR. — Mémoire sur un nouveau 
condensateur électrique ; par M. Péclet…. 
ConTRE-ÉPREUVE des gravures, journaux, ete.-Sur 
un moyen de l’empècher; paquet ‘cacheté 
adressé par M.Coulier (Séance du 20 août). 
Conaiz. — Corail à l’état fossile conservant 
encore une teinte rougeâtre; Lettre de 
M: Aimé à M. Elie de Beaumont... 


corps gras; par MM. Pelouze et F. Boudet. 
— Recherches sur l’usage physiologique des 
Corps gras , et nouvelle théorie de la for- 
mation des cellules à l’aide de ces corps ; 
par M. A. Ascherson:.......... eisete 
Coureurs. — Mémoire sur les couleurs des 


285 


5o0 


709 


889 


722 


486 


443 


903 


665 


837 


doubles surfaces à distance; par M. Ba- 
binet..... Space Le let pl eee 
— Couleursemployées par les anciens Grecs à la 
décoration des édifices; Note de M. Raoul- 
ROPRERE LR. 22 ne l'E dont éo 
— Remarques de M. Texier à ce sujet... 
— Échantillons de matières colorantesextraites 


à ce sujet (Instructions Pour une explora- 
tion scientifique de VAlgérie ; partie con- 
cernant la physique du globe, rédigée par 


M Arago) eee ee LA PEAR EEO 
Courses. — Mémoire sur deux nouvelles cour- 
bes; par M. de Meis....,.......... 2 


CouverTuré. — M. le Président de l'Académie 
donne lecture de la réponse faite à une 
nouvelle lettre de M. le Ministre de Ja 
Justice et des Cultes concernant le choix 
et l’ernploi des métaux pour la couverture 


CréTAcE (Terrain). — Note sur le terrain cré- 
tacé du département de l'Aube; par 
M. Leymerie.. 


AVAINAS Ne ne are rat elninte = ete rate en MTS EN 
CrypTOcAMESs. — M. Fée demande que son essai 
sur les Cryptogames des écorces exotiques 
officinales soit admis au concours pour les 
prix de Médecine et de Chirurgie, fonda- 


naison de cyanogène et de fer; par M. Pe- 
louze.... 2. aan la eee ein aie à Cnriee ane: 
CYGNe. — Observations sur le cygne de Bewick; 
Lettre de M. Baïllon à M. de Blainville. 
— Remarques de M. de Blainville à l’occasion 
de la Lettre précédente... ...... CA 


Pages. 


694 


1099 


1100 


1116 


284 


191 


Désoisemenr.—Observations à faire concernant 
les effets du déboisement dans l’Afrique sep- 
tentrionale et sur les côtes de la Norwége 
(Instructions pour les expéditions scienti- 
fiques en Algérie et dans le nord de l'Eu- 
rope; partie concernant la Météorologie 
et la Physique du globe, AE par 
M. Arago)... 

Décès de M. Dulong (18 juillet 1838), annoncé 
à l'Académie dans la séance du 23 juillet. 

— De M. Frédéric Cuvier (24 juillet 1838), 
annoncé à l’Académie dans la séance du 
30 juillet... 

— De M. Huzard (30 novembre 1838), annoncé 
dans la séance du 3 novembre.......... 

Dewrs. — Sur la structure intime de ces par- 
ties; Note de M. Retzius........ 

Dinezemes. — M. de Blainville lit une Note 
ayant pour titre : « Doutes sur le prétendu 
Didelphe de Stonesfeld, ou à quelle classe, 
à quelle famille, à quel genre doit-on rap- 
porter les animaux désignés sous les noms 
de Didelphis Prevostit et D. Bucklandii.».. 

— M. Agassiz pense, comme M. de Blainville, 
que les mächoires qu’on a cru provenir 


de carnassiers marsupiaux , seraient 
mieux rapportées à des reptiles. ........ 
— M. Valenciennes combat l'opinion de 


MM. Agassiz et de Blainville, et soutient 


que les mâchoires en question appartien- 


nent à des espèces perdues de mammifères 
marsupiaux …... nn mn ne 

— M. Geoffroy admet que ces débris appar- 
tiennent à des marsupiaux, mais non à des 
mammifères ; les deux sortes d’animaux 
formant deux groupes parallèles et égaux 

en valeur, mais dont l’un , celui des Mar- 
supiaux, a précédé l’autre sur notre globe. 

Les idées sur l’époque comparativement 
récente à laquelle ont apparu à la surface 

* du globe les mammifères (en donnant au 
mot la signification restreinte que pro- 
pose l’auteur), ne seraient donc point 
ébranlées par la découverte des mâchoires 

de Stonesfield ni par celle des empreintes 

de pieds de quadrupèdes dans le grès bi- 
garré et le grès rouge. ...... 

— Nouveaux doutes sur le prétendu Didelphe 
de Stonesfield; par M. de Blainville... 

— Remarques de M. Duméril sur la Note pré- 
cédente , et nouveaux arguments à l’appui 

de l'opinion qui considère les mâchoires 
fossiles deStonesfield comme appartenant 

à un mammifère............ .736et 

— Réponse de M. de Blainville aux observa- 


( 1172) 


Pages. 


211 


129 


4o2 


53 


572 


629 


27 


951 


D 


tions de M. Duméril.............., .. 
DisAtTATION. — Sur la dilatation des dissolutions 
salines ct du soufre liquide; par M, Despretz 
Dixorseriom. — M. Bourjot annonce que deux 
mâchoires presque complètes de Dinothe- 

- rium ont été trouvées à Chevilly........ 
— Une molaire de Dinotherium giganteum , 
trouvée dans le village de Bernet-Monlaur 

par M. Merville, est présentée à l’Aca- 
démie par M. Breschet.......,........, 
Dissozurions sALINES. — Sur leur dilatation; 
Note de M. Despreiz. Sos 
Distances ZENITHALES réciproques et simulta- 
nées. — Suite de la discussion entre 
MM. Biot et Puissant relativement à l’'em- 
ploi de cet élément pour la mesure des 
hauteurs relatives des signaux terrestres ; 
Note de M. Puissant. ..,... 11 

— Remarques de M. Biot sur la Note de 
MiPuissante heetanseann enter 

— Nouvelles remarques de M. Puissant sur la 
solution de M. Biot concernant la me- 
sure des hauteurs relatives. .....,..,.,.. 

— Réponse de M. Biot à la Note précédente. 
— M. Puissant déclare ne vouloir plus revenir 
sur le sujet en discussion............ 

— Note relative à des observations réciproques 
et simultanées de distances zénithales et à 

des mesures barométriques des mêmes 
points ; par M. Puissant......,....,... 

— Remarques de M. Biot à l’occasion de cette 


— Sur l’emploi des distances zénithales, réci- 


proques et simultanées , pour déterminer, 


les erreurs des réfractions calculées dans les 
observatoires, lorsque le thermomètre inté- 
rieur et le thermomètre extérieur indi- 
quent des températures différentes de l'air ; 
par M. Biot.......... ATP C AT 
— Application des distances zénithales réci- 
proques et simultanées à la comparaison 
des différentes formules servant à détermi- 
ner les hauteurs relatives; par M. Puissant 
— Sur la mesure théorique et expérimentale 
de la réfraction terrestre avec son applica- 
tion à la détermination exacte des diffé- 
rences de niveau , d’après les observations 
de distances zénithales simples ou réci- 
proques; par M. Biot...,..... 
Dorure. — MM. Mention et Wagner adressent, 
sous enveloppe cachetée, la description 
d’un procédé de dorure sur argent ( Séance 
du 20 août) at 
DrAGONEAU. — Sur le dragoneau qui habite les 
eaux du Fontanil; par M. Charvet..,... 


Pages 


749 


588 


108r 


ibid. 


588 


129 
253 


260 


289 


291 


ibid. 


( 1178 ) 


Pages. 
Eau DE MER. ? Sur un moyen de puiser de 
l’eau de mer à de grandes profondeurs, et 
de découvrir en quelle proportion les deux 
principes constituants de l'air atmosphé- 
rique y sont contenus; par M. Biot (Ins- 
tructions pour une exploration scientifique 


de PAlgérie).....2..isesr-sesesssee 203 
— Modifications à Vappareil d M. Biot, pro- 

posées par M. Sorel....:......:-..-... MeUaix 
Eau SALÉE. — Sur la dilatation des dissolutions 

salines, etce., par M. Despretz..... Sete. 588 


Earx.— Sur la cause principale de la dimi= 
nution apparente des eaux à la surface du 


globe ; par M. Jobard.................. 973 
— Note sur l'adhésion des eaux ; par M. Wicbe- 

Ring TON F7 MEME . 737 
Eaux MINÉRALES. — Hapuiort sur un Mémoire 

de M. Fontan concernant les eaux miné- 

rales des Pyrénées. .... Tes At PEU 


Eaux coLorées En ROUGE. — Note relative à un 
Mémoire de M. Dunal sur la cause de la 
coloration de certaines eaux ; par M. Au- 
guste de Saint-Hilaire... .... Ta TT) 

Écanace, — M. Kegne demande à nous er ses 
droits à la priorité d'invention pour un 
procédé d'éclairage par le gaz oxi-hydro- 


— Nouveau système d'éclairage par le gaz ob- 
tenu de la décomposition de l’eau et des 
matières carburantes; par M. Selligue... 87 
— Sur la fabrication du gaz d'éclairage ; par 
M. Longchamp. ............ ARTE RE .…. 945 
__ Sur la fabrication du gaz d'éclairage à FT 
au moyen des appareils de M. Selligue ; 
par M. Grouvelle.......,............ ‘. 969 
Voir aussi au mot Gaz d'éclairage. 
Écoue PozyrecuniQue. — M. le Ministre de la 
Guerre invite l’Académie à désigner trois 
de ses membres pour faire partie du 
conseil de perfectionnement de l'École Po- 
lytechnique ; MM. Arago, Thénard, 
Poinsot sont désignés à cet effet........ 24 
— M. le Ministre de la Guerre invite l’Acadé- 
mie à lui présenter un candidat pour la 
place de Directeur des Études à l'École Po- 
{vfechniques-e-eciese eee 285 
— M. ie Ministre de la Guerre invite l’Acadé- 
mie à lui présenter un candidat, pour la 
place d’eraminateur permanent à PÉcole 
Polytechnique, place devenue vacante par 
la démission de M. de Prony.... .... SANT 
— M. le Ministre de la Guerre invite l’Aca- f 
démie à Jui présenter un candidat pour la 
place de professeur de Chimie vacante à 


C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII.) 


l'École Polytechnique par suite de la dé- 
mission de M. Dumas................. 
Éconces orriciNArES. — M. Fée demande que 
son Essai sur les Cryptogames des écorces 
officinales exotiques soit admis au con- 
cours pour les prix de Médecine et de 
] Chirurgie, fondation Montyon..... 
Ececrions de membres et de correspondants 
de l’Académie. — M. Marianini est élu 
correspondant pour la section de Phy- 


Sue US PR Etes ce eee 3 
— M. Mohl est élu correspondant Poe la 
section de Botanique. :...,............. 


— M. Néel de Bréauté est élu correspondant 
pour la section d’Astronomie. .: . . . . .. 


Ececrioxs de candidats pour les places aux- 


quelles présente l’Académie. —M. Mathieu 
est présenté comme candidat pour la 
place d'examinateur permanent à l'École 
Polytechnique, vacante par la démission 
de PE TON EE 2e eee clees le Dee le 
— M. Coriolis est présenté comme candidat 
pour la place de directeur des études à 
L'École Polytechnique, place vacante par 
suite du décès de M. Dulong........... 
— M. Flourens est présenté par l’Académie 
comme candidat pour la chaire de Physio- 
logie comparée vacante au Muséum d'his- 
toire naturelle par suite du décès de 
LAN TR IT RE ARE AE HER 


— M. Liouville est présenté par l’Académie 
comme candidat pour la chaire d'analyse 
et de mécanique vacante à l'École Poly- 
technique par suite de la nomination de 
M. Mathieu à la place d’examinateur per- 


— M. Pelouse est présenté par l’Académie 
comme candidat pour la chaire de profes- 
seur de Chimie vacante à l’École Polytecn- 
nique par suite de la démission de M. Du- 


Érecrriciré. — Observations à faire concer- 
nant l'électricité atmosphérique et V’élec- 
tricité près des cascades (Instructions 
pour une exploration scientifique de l’AI- 
gérie; partie concernant la météorologie 
et la État du globe, rédigée par 
MA TA O eee eee releee Poe er 

— Notes sur que points de l’électricité 
voltaïque ; par M. Vorsselman de Heer... 

— Nouvelle machine électrique dans laquelle 
des condensateurs contribuent à engendrer 
la charge; par M. Raillard............ 


158 


384 


282 
617 


83r 


513 


616 


217 


246 


— Mémoire sur un nouveau condensateur élec- 
trique ; par M. Péclet...... seat 

— Mémoire sur l'influence de l’action chimi- 
que dans le développement de l'électricité 

par le frottement; par NMPPeclet,.ssd. 

— Sur les rapports de l’électricité et de la gra- 
vitation; lettre de M. Laming. . . . .. . 
Note sur le développement de l'électricité 
par la pression; par M. Péclet......... 
Sur le fluide électrique à l’état de diffusion 
dans le vide; par M. Masson........... 
A l’occasion de la Note de M. Masson, 
A. Arago fait remarquer que depuis long- 
temps M. Savary est parvenu à produire 
l’eimantation à l’aide de la décharge de 
Vélectricité de tension développée par le 
frottement et déchargée instantanément 
à travers le vide..... 
— Quantité de chaleur produite par l’électri- 
cité dans des fils métalliques (Mémoire de 

M. Riess, présenté par M. de Humboldt). 

— Observations sur les courants secondaires ; 
Lettre de M. Schænbein à M. Becquerel... 

— Mémoire de M. Matteucci sur les polarités 
secondaires; communiqué par M. Bec- 
querel.t..:...2 uses natete 00e on HT 

— Mémoire sur le développement de l’électri- 
cité statique par le contact des corps bons 
conducteurs ; par M. Péclet............ 

— Sur la différence de capacité électrique des 
différents corps ; par M. Peltier.,,...... 
ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Essai sur les proprié- 
tés électriques de la Torpille; par le Père 
Santi Linari....... PDO IT AE te 
Ecupsoïnes ( Attraction des). — Suite de la 
discussion élevée à l’occasion du rapport 

sur un Mémoire de M. Chasles. — Additions 

aux remarques insérées dans le Compte 
rendu de la séance du 18 juin ; par M. Pois- 
SONT R Tale dectioë JÉBbrto AE) : 

— Réflexions de M. Poinsot à l’occasion de 
cette Note. (Voyez aussi au mot Sphéroï- 


_ 


CL SR D ebepe nes Éoesunt 3 et 
ÉLOGES ACADÉMIQUES. — Éloge historique de 
M. Antoine-Laurent de dussieu; par 


M. Flourens (lu à la séance publique du 
13 août 1838)... pt he CE 
EmsrvoLocre ANIMALE. — Note sur le dévelop- 
pement de l'embryon des Lymnées; par 
MOVE DOUCHE see mres see 
EMBRYOLOGIE VÉGÉTALE. — Extrait d’une Lettre 
de M. Wydler sur la formation de l’em- 
bryon (communiqué par M. Auguste de 
Saint-Hilaire) else els maine re 
— Remarques de M. de Mir bel et de M. Adv!- 
phe Brongniart sur cette communication. 


Exisstox (Optique). — Sur un système d'expé- 


(1174) 


Pages. 


486 


522 


687 


749 


: 
741 


ibid. 


930 


955 


125 


23 


757 
761 


Pager. 


riences à l’aide duquel la théorie de l’é- 
mission et celle des ondes seront soumises 
à des épreuves décisives; Note de M. Arago. 
Empreintes. — M, de Humboldt présente au 
nom de M. Buckland des planches repré- 
sentant les empreintes des pieds dun qua- 
drupède ‘trouvées en Angleterre dans le 
grès rouge et dans le keuper, empreintes 
analogues à celles qui ont été observées 
en Allemagne dans le grès bigarré...... 
Encre. — Echantillon d’une encre regardée 
comme indélébile ; par M. Gagnage...….. 
— Notesur la parition d’une encre d’im- 
primerie propre à prévenir la contrefa- 
con; par M. Gagnage........, 
— Note de M. Coulier sur le même sujet... 
Ennémiques (Mazanres).— Recherches à ce sujet 
recommandées dans les Instrucsons pour 
une exploration scientifique de l'Algérie 
(partie médicale, rédigée par M. Serres). 
Épioerme. — Recherches anatomiques sur la 
manière dont l’épiderme se comporte avec 
les poils et avec les ongles; par M. Flou- 
TENSerennnrmennrennnnre sus 
Ép120071€ observée chez certaines espèces de 
poissons dans le’ lac Maccarèse; par 
M Pônsi.. russusues some 
Équarions. — Note sur l'intégration d’une équa- 
tion aux différences partielles qui se pré- 
sente dans la théorie du son ; par M. Liou- 
ville... 
— Sur la résolution des équations identiques ; 
par M. Cerulli. ..….. a 
— Premier Mémoire sur la théorie des équa- 
tions différentielles linéaires, et sur le 
développement des fonctions en séries ; 
par M. Liouville...... mu saut 
Érorres. — Appareil pour le séchage rapide des 
étoffes ; par MM. Penzoldt, Levesque frères 
et Collet..... 
ÉrTolLEs FILANTES.— Un météore qui, apparais - 
sant dans la nuit du 11 au 12 novembre, 
semble appartenir au phénomène pério- 
dique d'étoiles filantes qu’on observe à 
cette époque, a mis, en 1761, le feu à une 
maison de Chamblan, près de Seurre 
(Bourgogne). Un fait semblable paraît 
avoir eu lieu récemment; Note de 
M. Arago.:..... 
— Lettre de M. Roys sur des étoiles filantes 
observées dans les environs de Moret dans 
la nuit du 12 au 13 août...,.... 
— M. Arago annonce qu'il a reçu diverses 
communications relatives aux étoiles 


tn 


em css nn cesse arrese 


954 


187 


843 


1060 


247 
310 


1112 


972 


445 


filantes observées dans cette même nuit,. Ibid, 
— Note sur des étoiles filantes observées en 
août à Sorèze ; par M. Clos......,.,..., 620 


— M, Vincent écrit relativement à deux étoiles 
filantes qu’il a observées le 10 décembre... 
— Étoiles filantes périodiques de novembre, 
observées cette année en différents points 
de la France; Communication de M. Arago 


Farine. — Note sur un moye» de conserver les 
farines; par M. Robineau.....,... 
FaRnEsiA. — Nom donné par M. Gasparrini 
à un genre nouveau qu’il établit parmi 
les légumineuses, et qui a pour type l’A- 
cacia farnesiana. .….,......... 
Féconniré. — Tables de la fécondité des mam- 
mifères; par M. Bellingeri . . . .. . .. . 
Fer. — Note sur une nouvelle combinaison 
de cyanogène et de fer; par M. Pelouze.. 
Fenment. — M. Carus croit apercevoir beau- 
coup de ressemblance entre les globules du 
Jerment et les globules du sang, ce qui 
l’induit à soupçonner l'existence de rap- 
ports entre le phénomène de la férmenta- 
tion et celui de l’hématose. ......... SE 
FERMENTATION VINEUSE. — Observations et ex- 
périences sur la cause et les effets de la 
fermentation vineuse; par M. Cagniard- 
Latour (Rapport sur ce travail).......... 
— Mémoire sur la cause et les effets de la fer- 
mentation alcoolique et acéteuse; par 
M. Turpin..…...….. On SEE ce 
Fizs DE LA Vience. — De leur origine; par 
M. Vallot. ...... Jr 
Fitrrace. — Résultats obtenus par la compa- 
gnie française de filtrage qui exploite le 
procédé de M. Henri de Fonvielle. 
Frupes (RÉSISTANCE pes ). — Supplément à un 
Mémoire sur ce suj et, précédemment 
adressé pour le concours au grand prix de 


cription d’une fontaine intermittente oscil 


lante; par M. A. de Caligny............ 
Fonre. — Conversion de la fonte en fer doux ; 
procédé de M. Barré................. 


— L'Académie juge qu’il n’y a pas lieu à faire 
un rapport sur ce procédé. ....,,.... 
ForMoMÉTuyLAL. — Recherches sur la compo- 
sition de ce corps ; par M. Malaguti... . 
Fossizes (Resres ORGANIQUES). — M. le Mi- 
nistre de lInstruction publique consulte 
l'Académie sur l'intérêt qu’il peut y avoir 
à continuer les fouilles entreprises par 
MS Eortet is neutre 
— Rapport fait en réponse à la demande de 
M. le Ministre... .,..... 
— M. de Blainville lit un Mémoire ayant 


( 1175) 


Pages. 


1081 


1124 


783 


1017 


948 
663 


1081 


1051 


7 


100 


# 


ExCRÉTIONS. — Analyses comparées des aliments 
consommés par une vache laitière et des 
produits des sécrétions et excrétions de 
Vanimal , etc. ; par M. Boussingault....… 

LL 


pour titre : Doutes sur le prétendu Di- 
delphe fossile de Stonesfield, ou à quelle 
classe, à quelle famille ; à quel genre 
doit-on rapporter l'animal auquel ont 
appartenu les ossements fossiles désignés 
sous les noms de Didelphis Prevostii et 
D. Bucklandii?........ sos 402, 
— M. Agassiz pense, comme M. de Blainville, 
qu’il y a licu d'attribuer ces ossements à 
des reptiles plutôt qu’à des mammifères. … 
—M. Valenciennes combat opinion de MM. de 
Blainville et Agassiz et soutient que les 
mâchoires en question doivent être rap- 
portées à des mammifères Marsupiaux : . 
— M. Geoffroy Saint-Hilaire pense que ces 
mâchoires proviennent en effet d'animaux 
voisins des Didelphes , animaux qui ap- 
partiennent à une classe confondue, sui- 
vant lui, mal à propos avec les mammi- 
fères et dont l'apparition à la surface de 
la terre a dû être antérieure à celle de ces 
dérniers , comme tendraient également à 
le prouver les empreintes de pieds de qua- 
drupèdes des grès d’Hildburghausen, et au- 
tres empreintes analogues. .......... . 
— Remarques de M. Duméril, à l’occasion de 
la note précédente; caractères indiquant 
que les mächoires fossiles de Stonesfield ont 
réellement appartenu à des mammifères... 
— Nouveaux doutes sur le prétendu Didelphe 
de Stonesfield ; par M. de Blainville... 
— Remarques de M. Duméril sur la Note pré- 
cédente et nouvelles raisons Pour croire 
que les, mächoires fossiles de Stonesfield 
appartenaient à des mammifères, ,..... 
— Réponse de M. de Blainville aux remarques 
Mide Dumérie ete nn e Eal 
— Description et détermination d’une m4- 
choire fossile appartenant à un mammifère 
jusqu’à présent inconnu , Hyænodon lep- 
” torhynchus; par MM. de Laiser et de Pa- 
TÉL sofa) an ole etelale etes en e OO OO TAC 
— Rapport sur ce Mémoire. ............... 
— M. Procter annonce l’envoi de fossiles d’an- 
ciennes formations qu’il a recueillis en 
Angleterre... ...... ÉTUDE 496 et 
— M. Flourens présente au nom deM. Procter- 
la collection annoncée, laquelle se com- 
pose de nombreux fossiles du calcaire de 


158.. 


Pages 


a 


72 


G29 


633 


727 


transition de Dudley et de Wenlock..... 
— M. Le Ministre de l'Instruction publique 
transmet une Lettre de M. le sous-préfet 
de Gray, concernant les résultats de nôu- 
velles fouilles faites dâns la caverne à os- 
sements de Fouvent-le-Bas, et consulte 
l'Académie sur l'intérêt qu'il y aurait à 
faire continuer ces fouilles............. 
— Rapport en réponse à la lettre de M. le Mi- 
nistre de l’Instruction publique. ....... 
— Notice sur une portion de mâchoire fossile, 
par M. d'Hombres-Firmas. .......,..... 
— Surla découverte d'une tête de Mastodonte; 
Lettre de M. Lartet..… 
— Ossements fossiles de Rhinocéros trouvés 
dans le centre de Paris ; Lettre de M. Va- 
lencienness. 145. SUR 0 5e SO 
— Ossements fossiles découverts dans Paris ; 
Note de M. Blondel, communiquée par 
M. Delessert...…, Êb 


Gare. — M. Leymerie demande un rapport sur 
un médicament qu'il a présenté pour la 
guérison -de la gale,..: ... 2... 42 

Gaz (Cnareur SPÉCIFIQUE pes). — M. Arago 
annonce que parmi les notes relatives 
aux travaux dont s’occupait M. Dulong 
pendant ses dernières années, se trouyent 
des résultats qui semblent indiquer Ja 
‘découverte de deux Lois remarquables tou- 
chant la chaleur spécifique des gas compo- 

Gaz (Cuaurrace au). — MM. Gros et Merle 
prient l’Académie d'examiner un système 
de chauffage au gaz dont ils sont les in- 
venteurs...... ohne al een 

— M. Gerentet adresse un Mémoire sur le 
même sujet, et annonce l’envoi de docu- 
ments destinés à constater ses droits à la 
priorité d’invention. ......s...s...... 

— Lettre de M. Jobard sur un système de 
chauffage au moyen du gaz hydrogène non 
CAN DUT ESS RARE bre eee denis Site 

— MM.Gros et Merle déclarent que c’est aussi 


CEU6D 


839 


1014 
858 


399 


978 


1027 


83 


603 


620 


G72 


le gaz hydrogène pur qu'ils emploient dans - 


leur appareil de chauffage. ....... te 
Gax D’ÉcLAIRAGE. — Recherches sur la compo- 
sition du liquide qui se dépose par la 
compression de ce gaz, par M. Couerbe. 
Voir aussi au mot Éclairage. 
Gérarine.—Sur l'emploi de la gélatine comme 
aliment à l’hospice Saint-Nicolas, à Metz; 


709 
. 


947 


Communication de M. Arago, 1117,1119 et 1132 


— Remarques de MM. Silvestre et Magendie à 
cosujetes ts. 4e LU. Sanaa Atee 


1118 


— Rapport de M. de Blainville sur des osse- 
ments d’éléphant provenant d’un terrain 
attenant à l’hospice Necker............. 

— Mächoires de Dinotherium trouvées à Che- 
villy ; Lettre de M. Bourjot............ 

— Molaire de Dinotherium giganteum trouvée 
dans le village de Bernet-Monlaur par 
M. Menville ; présentée par M. Breschet.. 

— Note sur une tête fossile de Pachyderme 
trouvée à Simorre (Gers) ; par M. Lartet.. 

FnorremENT. — Précis de nouvelles recherches 
sur le dégagement de la chaleur dans le 
frottement (lu par M. Becquerel dans la 
séance publique du 13 août 1838). 

— Mémoire sur l'influence de l’action chimique 
dans la production de l'électricité par le 
frottement ; par M. Péclet............. 

Fusizs. — M. Rosaglio soumet au jugement 
de l’Académie divers fusils de chasse et 
de guerre de son invention. ......,..... 


— Remarques de M: Dumas............ 

— Remarques de MM. Dumas, Thénard, Mae 
die sur la rédaction d’une partie de la 
communication de M. Arago. . . . . .. 

— Détails sur la préparation de la gélatine 
destinée à alimentation , d’après le pro- 
cédé suivi à Utrecht ; Lettre de M. de Pæ 

GÉOGRAPHIE. — Instructions pour une explora- 
tion scientifique de l’Algérie ; partie con- 
cernant la géographie et la topographie , 
rédigée par M. Bory de Saint-Vincent 

GÉOGRAPHIE 20010GIQUE. — Mémoire sur la dis- 
tribution géographique des Crustacés; par 
M. Milne Edwards........... SSP TES 

Groocie. —Mémoires sur la géologie LE pro- 
vincæes de Bone et de Constantine; par 
M. Puillon-Boblaye....,..... 125 et 

— Rapport sur le premier de ces deux Mé- 
MMOITEAE ETES RTE te RE CIae UE CAES 

— Instructions pour une exploration scienti- 
fique de l'Algérie; partie concernant la 
géologie, rédigée par M. Élie de Beaumont. 

— Sur les terrains tertiaires du nord-ouest de 
l'Italie; par M. Provanu de Collegna 
(Rapport sur ce Mémoire ). 

— Sur les causes qui ont déterminé le relief 
actuel de la Suède et de la hs à Let- 
tre de M. Robert... .. FÉTAOD AOC OCCE 

— Sur la constitution des On de la 
rade de Bell - Sound (Spitsberg); Lettre 
de M. Robert... 


— Observations géologiques faites depuis le 


snssonssses 


user rsneinsnnnnnnnnnss 


% 


Pages. 


1051 


1087 


1119 


1131 


1161 


182 


495 


653 


(“277 ) 


| Pare Pages 
cap Nord de la Laponie jusqu’à Tornéo ; GraAviTATION. — Idées théoriques sur la gravi- 
par le même... Eee Leberre 01500 tation; par M. Schweich........... a CH 
— Nouvelles considérations sur la géologie du _ Quelques remarques sur la grayitation uni- 
nord de l'Europe; par le même......... 745 verselle par M. Reichenbach.. : LreBan AE] 
— Sur les terrains secondaires inférieurs du dé- Guacmaro. — Sur l’existence de cêt oiseau : 
partement du Rhône; par M. Leymerie Pile de la Trinité; Note de M. Borr & 
(Rapport sur ce Mémoire)......... 070 Saint = Vincent, d’après une Lettre de 
Gras (Corps). — Voyez Corps gras. MP HG USESEIEnE ere eee Noter ea 174 
H 
H4azos. — Observations à faire au sujet de ces “HisTOIRE NATURELLE. — Observations d'Histoire 
phénomènes. (Instructions pour une explo- naturelle faites pendant l'expédition de 
ration scientifique de l'Algérie: partie cirenmnavigation , commandée par M. le 
concernant la météorologie, rédigée par capitaine Dumont-d'Urville; Lettre de 
NM Arai) eee el EC 01) M. Hombron à M. de Blainville. ...... 837 
Havreurs relatives des signaux terrestres dédui- — Observations d'histoire naturelle faites 
tes de leurs distances zénithales récipro- sur les côtes du Kamtschatka, des îles Aleu- 
ques. — Remarques de M. Puissant sur tiennes et de la Californie ; par M. Leclen- 
une Note de M. Biot concernant ces déter- cher ; Lettre de M. Robert.............. Q62 
IAA ÉIODE a roses Fete nmes este 5 Héniocente: — Note sur emploi d’un nouveau 
— Remarques de M. Biot sur la Note de calibre et sur l’emploi d’un nouveau métal 
MURS Re anne mme schemanses 107 dans la fabrication des montres soignées ; 
— Dernières remarques sur la solution de ParME Reno LS EE en date ame etre e 246 
M. Biot concernant la mesure des hauteurs Huixes ESSENTIELLES. — Note sur l’huile essen- 
relatives; par M. Puissant...,.......... 129 tielle des fleurs de Reine-des-prés ; par 
— Réponse de M. Biot à la Note précédente. 253 ir seron bas tant +... 927 —940 
— M. Puissant déclare ne plus vouloir revenir Hyæxonox, nom proposé par MM. de Lui- 
sur le sujet en discussion. ...... HERO 26a zer et de Parieu pour une espèce perdue 
— Note relative à des observations récipro- de mammifères qui serait, suivant eux. 
ques et simultanées de distances zéni- voisinedes Didelphes, mais constituerait 
thales et de hauteurs barométriques; par un nouveau sous-genre ayant pour type 
NPD ANA PE----=ec:-PL 200 l'espèce qu’ils décrivent sous le nom 
— Remarques à l’occasion de cette Note ; par de Hyænodon lepthorhkynchus, animal dont 
M°Bior.. 0.1.4 iineseece DOI les débris fossiles ont été trouvés dans un 
— Application de distances zénithales réci- calcaire paléothérien , à Cournou (dépar- 
proques et simultanées à la comparaison tement du Puy-de-Dôme)....... 42 et 1004 
de différentes formules servant à détermi- Hywprauziques ( Macmxes ). — Rapport sur un 
ner les hauteurs relatives; par M.Puissant. 471 Mémoire de M. de Caligny ayant pour ob- 
— Sur la mesure théorique et expérimentale jet la description d’une machine de son 
de la réfraction terrestre avec son appli- invention destinée à élever de l’eau à l'aide 
cation à la détermination exacte des dif- des oscillations.........,........... .. 419 
férences de niveau, d’après les observa- — Roues hydrauliques. — Voir au mot Roues. 
tions de distances zénithales simples ou HyprOGRAPHIE. — Instructions pour une explo- 
réciproques; par M. Biot........,..... 543 ration scientifique de l'Algérie ; partie re- 
— Nouxelles remarques sur la mesure des lative à l’hydrographie et à la Rarisson. ; 
hauteurs relatives ; par M. Puissant... 992 rédigée par M. de Freycines..…...... 197 
— Remarques de M. Biot à ce sujet......... 1038 — Observations relatives à Fr Re et 
L2 — Réplique de M. Puissant................ 1043 à la physique, faites par M. A. Bravais, pen- 
Q HezminraoLocre. — Note sur des vers observés dant le voyage scientifique entrepris dans 
{ entre la sclérotique et la conjonctive chez le nord de l’Europe (communiquées par 
une négresse de Guinée, habitant la Mar- M. le Ministre de la Marine)............ 837 
Le tinique; par M. Guyon............ ... 1955 HyproPnogte. — Recherches à ce sujet recom- 
H£worngacie. — Note sur une hémorrhagie mandées dans les Instructions pour une 
\ spontanée du mésentère ; par M. Chaptois. 838 exploration scientifique de l’Algérie (par- 
| — M. Valla écrit relativement à une horloge tie concernant la médecine, rédigée par 
l mue par l’eau, qu’ila construite........ 251 MASErre STE te er iPe 2 CI et 109 


+. (Ci8) 


I 
Pages. Pages. 
Icaravozocre. — Considérations générales sur cription trouvée l’an passé sur la côte orien- 
l’Ichthyologie de l’Atlantique, et en parti- tale du Groënland............. tease : 15 
culier sur celle des fles Canaries; par Isecnivores. — Note sur un représentant “ 
M. À. Valenciennes...............,.... "717 l'ordre des insectivores, à la Nowvelle- 
INCENDIE causé par la chute d’un aérolithe, Hollande; par M. Gervais............. 672 
fait observé en Bourgogne dans la nuit du EnsTRucTIONS pour des voyages scientifiques. — 
11 au 12 novembre 1961. Un fait sembla- Voir au mot Voyages. 
ble paraît avoir eu lieu récemment ; Com- Instruments. — Description d’un instrument 
munication de M. Arago............... 76 destiné aux opérations géodésiques; par 
— Note sur un nouveau moyen propre à pré- MSC Fonsécu eee cas cn else 723 
venir les incendies qui commencent par — Rapport sur cetinstrument............ 928 
des feux de cheminée; par M. Maratueh.. 723 — Mémoire relatif à des instruments de phy- 
— Rapport sur cet appareil..........,.... 1002 sique ; par M. Facemaz..........ssss. 739 
INCLINAISON DE L’AIGUILLE AIMANTÉE. — Observa- — M. Rossin annonce un instrument destiné à 
tions de l’inclinaison et de l’intensité ma- donner, par un procédé mécanique, les 
gnétiques faites en différents lieux de l'Eu- aires de certaines courbes qui se présen- 
rope; par M. R. Were Fox............ + 980 tent souvent dans les arts, notamment 
Ixnico obtenu du Polygonum tinctorium. — dans les problèmes d’architecture navale, 

Voir à ce dernier mot................. 763 et avec des caractères géométriques qui 
INDicoFèREs. — Mémoire sur les Indigofères les rendent inaccessibles au calcul. ...... 702 
asiatiques; par M. Jaume Saint-Hilaire. — Figure et description d’un instrument des- 

(Rapport sur ce Mémoire)........ de ses 193 tiné à mesurer Les distances ; par M. Vaus- 
— Remarques de M. Chevreul à l’occasion de sin Chardanne. ........ ASS LE ee OAO 
COTAPHONÉ= EE ere AE mien cuire sie 0 10 — M. Deval demande qu’une Commission soit 
INDUSTRIE. — Instructions pour une exploration désignée pour examiner une Note remise 
scientifique de l’Algérie; partie concer- cachetée à la séance du 26 novembre, et 
nant les observations à faire sur l’indus- ayant pour titre : Description et figure 
trie algérienne, rédigée par M. Séguier. .. 198 d’un instrument destiné à l'enseignement de 
Ixrusormes. — M. de Humboldt, en présentant la Cosmographie. 260 cnsielen een -ieiist 074 
le nouvel ouvrage de M. Ehrenberg sur les Isoeres. — Sà foliation se développe sans dé- 
infusoires, fait quelques remarques sur la roulement; Note de M. Bory de Saint- 
richesse des matériaux qu'offre cetravail. 478 Vincent es ne eiynmans ue saine LIL ET 
Exrusomes FossILES du tripoli de Bilin , en Bo- IsosrariQues (Sunraces). — Mémoire sur les 
hème.— Notesur le terrain qui contient ce surfaces isostatiques dans les corps solides 
tripoli; par M. Élie de Beaumont ; et exa- en équilibre d’élasticité; par M. G. Lamé. 778 
men des débris organiques provenant d’une Irazte. — Sur les terrains tertiaires du nord- 
des couches dumêmeterrain; parM.Turpin. 5or ouest de l'Italie ; par M. Provana de Col- 
Inscriptions. — Lettre de M. Rafn sur une ins- legno. (Rapport sur ce Mémoire.)....,.. 232 


JourDain. — Sur le peu de fondement de l’opi- arrêts de deux sortes de cours d'appel ; par 
nion relative à un ancien écoulement du MAG HenE tasse rene cent e=es de CAD 
Jourdain dans la mer Rouge ; par M. Cal- JumELLes DE PrunAy Fes par les ischions. 
Lien retenir acer 708 — Voir au mot Monstruosités. ........... 16 
JucemenTs. — Mémoire sur la probabilité de 
K 
KaoriNs. — Fragment d’un premier Mémoire sur les kaolins ; par M. A. Brongniart....... D aa ... 1085 
L 
Latr. — De l'influence de la nourriture des chimique du lait; par MM. Boussingault 


vaches sur la quantité et la constitution et Le Bel. pl sussnescaenoaldens *. 1019 


—.M. Lassaigne rappelle que dans un travail 
sur Je Jait de vache, publié il ya sixans, 
il a indiqué les variations chimiques et 
physiques que ce lait éprouve, avant et 
après le part, et sous l'influence de diffé- 
rentis régimes. .... 
LarntzaBaLées, — Rapport sur un Mémoire de 
M. Decaisne relatif à la famille des Lardi- 
zabalées, et précédé de remarques sur 
l'anatomie comparée des tiges de quelques 
végétaux dicotylédonés...... Mcpe 
Larves. — Note sur la présence de larves de 
la mouche carnassière dans les plaës des 
soldats qui avaient éprouvé des brûlures 
à la prise de Constantine ; par M. Guyot. 
LenrisuLantées. —- Monographie des Primula- 
cées et des Lentibulariées du Brésil méri- 


Girard ee CÉSEETOME Ce PSTIMEEE 
Licxeux. — Note sur les produits de l’action 
de l’acide nitrique sur Vamidon et le li- 
gneux; par M. J. Pelouze.. sonneries 
— Mémoire sur la composition du tissu des 
Plantes et du ligneux ; par M. Payen..….. 
Licnires. — On peut espérer de trouver dans 
les formations tertiaires de l'Algérie des 
lignites utilisables pour la navigation à la 
vapeur. (Instructions pour une expioration 
scientifiquejde l'Algérie, partie concernant 
la géologie rédigée par M. Élie deBeaumont) 
— Lignites avec cristaux de blende, chaux 
phosphatée et ossements fossiles trouvés 
à Muyrencourt (Oise); Note de M. Bec- 


Macuines. — Note sur la fabrication des ma- 
chines en France et sur quelques amélio- 
rations apportées à la construction des 
locomotives ; par M. Renaud de Vilback.. 

— Sur les avantages qu’il y a à entourer d’eau, 
dans les machines aspirantes, la partie 
de l’appareil dans laquelle on fait le vide ; 
par M.) de; Coligny... manne sa ea 

Macmines A CALCULER. — M. le Ministre de 
Instruction publique transmet une Note 
de M. Scheutz, de Stockholm, sur une ma- 
chine à calculer, annoncée comme étant 
plus simple que celle de M. Babbage. 

Macmines A VAPEUR. — Note de M. Voizot sur 
les moyens de diminuer la fréquence des 
explosions de ces sortes de machines et de 
les rendre moins dangereuses... ... 

— Lettre de M. Darlu sur le même sujet... 

— Note sur une nouvelle machine à rotation 
immédiate ; par M. Pelletan............ 

— Appareil destiné à prévenir les explosions 


nu... 


( 1179 ) 


Pages. 


1081 


479 


125 


868 


1052 


897 


1195 


1056 


8) 
Ibid 


737 


querel. ...... de 
Limures.— Note sur quelques points de lorga- 
nisation des Limules, et plus particulière- 
ment sur l’organisation de leurs #ranchies: 
suivie d’une esquisse sur les principales 
différences que présentent ces organes dans 
les crustacés, et d’un essai de classifica- 
tion de ces animaux d’après cette considé- 
ration; par M. Duvernoy. È 
Liruorrimie. — M. Leroy d'Étiolles prie l’A- 
cadémie de désigner une Commission à 
l’examen de laquelle il soumettra quel- 
ques observations de broiement de calculs 


MONLEOL,. nr nsns co. DEEE .. 
— Note sur Ja fabrication des machines en 
France et sur quelques améliorations ap- 
portées à la construction des locomotives; 
par M. Renaud de Vilback............ 34 


. mission et celle des ondes, seront sou- 
mises à une épreuve décisive; Note de 
MA ago runs te PIN ET" | Le 


mollusques ; par 
MPPOUCRE PR RSS NE san enr 


des machines à vapeur ; par M. Loyer... 
— Études pratiques de la machine à vapeur; 
par ME Einote. Eee 6e 
— Nouvelles considérations sur les explo- 
sions des machines à vapeur ; par 
M. Sohweich........, LOOEUR Lo 0e Co az 
— Sur les meilleurs moyens d'éviter des ex- 
plosions; par M. IG cer aie ch 


machine nouvelledestinée à élever de l’eau 
au moyen des oscillations ; par M. & Ca- 
lignr.. (Rapport sur cette Note). . . . .. 
— M. de Caligny adresse un paquet cacheté por- 
tant pour suscription : Nouvelle machine 
hydraulique (Séance du 1°7 octobre)... 
— Figure et description d’une machine ma- 
nœuvrant au moyen du flux et. du reflux; 


652 


954 


66 


+ II11Q 


419 


+ 
par M. Guinguant. 
Voir aussi à Roues hydrauliques. 

Macromrores Hurezaxnit. — M. Élie de Beau- 
mont présente, de la part de l’auteur, 
M. Schuliz, un Mémoire imprimé ayant 


{ 1180 ) 


903 


pour titre: Macrobiotus Hufelandi..… ... 
Macrosceunes. — Note sur les mœurs du Ma- 

croscélide d'Alger; par M. Wagner. ..... 
MacxeTisMe TERRESTRE. — M. le Ministre de_ 


la Marine adresse à l’Académie des ob- 
servations faites sur ke magnétisme ter- 
restre par M. Lottin dans le cours de 
l'expédition scientifique envoyée dans le 
nord de l'Europé..:...... Baise ds re 
Maranies. — Sur les maladies de la France 
dans leurs rapports avec les saisons; par 


M. Fuster 
Mamairëres. — Tables de la fécondité des 
mammifères ; par M. Bellingeri...... os 
Voir aussi au mot Marsupiaux et au mot 
Fossiles 


Marais sALANTS.— Sur la cause de la colora- 
tion en rouge qui s’observe quelquefois 
dans leurs eaux; Note de M. Auguste de 
Saint-Hilaire. ..... CAE ACT LEE 

— Note sur la cause de la coloration de l'eau 
des marais salants à l’époque qui précède 
la précipitation du sel; par M. Payen.. 

Marees. — Réflexions sur la théorie des ma- 
rees, par M. Goedhoup........ CR 

— Observations sur les marées, recomman- 
dées dans les [nstructions pour une ex- 
ploration scientifique de l'Algérie (dans 
la partie concernant la navigation, rédi- 
gée par M. de Frercinet)..... sean 

— Et dans la partie concernant la physique 


du globe, rédigée par M. Arago... ... œ 
Mancamxe. — MM. Pelouze et Boudet sont 

parvenus à l’obtenir pure. ( Nouvelles re- 

cherches sur les corps gras.) ......... - 
Mansizes. — Sur le sommeil du Marsilèe 


Fabri ; par M. Bory de Saint-Vincent... 
Manseptaux.— M. Geoffroy-Saint-Hilaire pro- 
pose de changer ce nom en celui de Mar- 
supiaires , les animaux de ce groupe for- 
mant, suivant Jui, non pas un ordre 
dans la classe des mammifères, mais une 
autre elasse distincte et dont l’apparition 
à la surface de la terre a précédé celle de 
la classe des mammifères monodelphes. 
(Mémoire sur des animaux contemporains 
des crocodiliens fossiles d'un rang classi- 
que jusqu'ici indéterminé.)............, 
MAsTOnONTE. — Sur la découverte d’une tête 
de Mastodonte; Lettre de M. Lartet.... 
MEcaiQue. — Instruction pour une explora- 
tion scientifique de l’Algérie; partie con- 


197 


218 


665 


12 


629 


859 


cernant la mécanique, rédigée par M. Pon- 
celet eee Sie denses es eiute mate AU Rise 

MÉDECINE. — Instructions pour une éxploration 
scientifique de l’Algérie ; partie médicale, 
rédigée par ME Serres 2 en 

Mévecixe NAvALE. — (Considérations phy- 
siques, climatologiques, hygiéniques et 
médicales sur les différents points de 
reläche des cinq parties du Monde ; par 
MANGENT RS OR RAR ITR ei 

Ménirernanée (Mer). — Niveau de la mer 
Morte comparé à celui de la Méditerranée; 
Communication de M. Callier.......... 

Mer (Eau ne). — Voir au mot Eau. 

Mer ( Coureur DE LA ). — Observations à faire 
à ce sujet ( Instructions pour les expédi- 
tions scientifiques en Algérie et dans le 
nord de l’Europe ; partie concernant la 
physique du globe, rédigée par M. Arago. 

Méraux précreux.— Sur leur emploi et leur va- 
leur relative dans l’antiquité, etc. ; Lettre 
deM. Dureau de la Malle à M. Arago... 

Méréores.— Grand météore lumineux observé 
dans Ja nuit du 13 novembre 1838 ; Lettre 
de{M. Vérusmor à M. Arago. 

— Sur des météores ignés dont la Hate ut 
avoir occasioné des incendies ; Commu- 
nication de M. Arago. . . . . . . . . .. 

— Sur un météore igné quiparaissait de na- 
ture à pouvoir devenir cause d’un incen- 
die, s’il fût tombé sur un toit de chaume ; 
Dottre de Me Bart TTC 

— Sur les mouvements successivement directs 
et rétrogrades des météores périodiques 
d'août et de novembre;| Lettre de M. Valz 
AIME TATAPO = EEE -et 

— Météore lumineux observé le 16 novem- 
bre 1838; Lettre deM. Gourjon à M. Arago. 

Voir aussi aux mots Aérolithes, Étoiles fi- 
lantes. 

MÉTÉOROLOGIE. — M. Korilsky adresse un 
troisième et un quatrième Mémoire sur 
la Météorologie . . . . . ER NS Le 

— Nouvelles Notes du mème auteur sur le 
mème sujet......... SANS 83 et 

— Instructions pour une exploration scienti- 
fique de l'Algérie; partie concernant la 
Météorologie et la Physique du globe, 
rédigée par M. Arago.............:... 

— Observations météorologiques faites à 
Constantine par M. Bonnafont.. ....... . 

— Résumé des observations météorologi- 
ques faites an Collége de Saint-Benoît à 
Constantinople pendant trois années et 
demie; par M. l’abbé Delmas........ 

— A l’occasion de ces observations M. Arago 
fait remarquer combien il serait utile que 
l’Académie fit imprimer des pes dans 


Pages. 


201 


219 


53 


902 


206 


pee 25 à 


lesquels les voyageurs n’auraient que des 
cases blanches à remplir, et qu’on y joignit 

des Instructions sur la manière de faire 

les observations météorologiques .....,. 

— Tableau des observations météréologiques 
faites au quartier de Flacq (ile Maurice); 
par M. Desjardins ....... 

— Mémoiresur diverses questions de Météoro- 
logie , d'Astronomie et de Physique, adressé 

de Rio-Janeiro, par M.Dos Santos e Souza. 
MéréoROLOGIQUES ( OBsERVATIONS).— Faites à 
l'Observatoire de Paris, pour les mois de 
Juin 18387 ds ine cuetls #0 
JueR nt Arr ef echo 


Septembre ou 24 tr ieees: 0 4 ” 
(RESTE PAPE NERN ETS | ART MP DEN TE 


Microscope. — Nouvel appareil pour éclairer 
les objets vus par transparence au mi- 
croscope ; par M. Dujardin............. 

MinéRAUX (CARACTÈRES OPTIQUES DES).—M. Ba- 
binet demande que l’Académie se fasse 
rendre compte de trois Mémoires qu’il lui 
a présentés et qui ont pour titre : Sur 
les caractères optiques des minéraux ; 
sur loptique minéralogique ; et sur la 
double réfraction circulairé............. 

Mixes, — Le séjour prolongé des chevaux 
dans les mines amène dans leur pelage 
des modifications remarquables ; Lettre 
de M. Geoffroy-Saint-Hilaire, .......... 

Mixes ET GITES METALLIFÈRES. — Observations 
à ce sujet, recommandées dans les ins- 
tructions pour une exploration scientifique 
de l’Algérie (partie concernant la géologie, 
rédigée par M. Élie de Beaumont)... 

Mimace. — M, le Ministre de l’Instruction 
publique transmet une Note de M. Lefils, 
relative à un cas de mirage observé sur la 
côte de Marquentère Somme)...... Pet 

MoxsTRuosiTés. — Fœtus mort-nés réunis par 
la région abdominale, présentés à l’Acadé- 
mie par M. Paillour............, 21081. 

— Note de M. Vallot sur un cas de monstruo- 
sité observé dans l'espèce du cheval... 

— Explications que fournit ce fait pour. plu- 
sieurs passages obscurs des auteurs an- 
ciens; Note de M. Valloi.....,........ 

— M. Geoffroy-Saint-Hilaire annonce la nais- 
sance de deux jumeaux du sexe féminin 
réunis par les ischions................. 

— Étude sur ce cas de monstruosité ; par Le 

7 séssesssess. 736 et 


( 1187 ) 


Pages. 


803 


621 


13 


151 


— M. Geoffroy-Saint-Hilaire dépose sur le- 


bureau une planche lithographiée, repré- 
sentant ces jumelles 


C. R. 1838, 22 Semestre. (T. VIL.) 


— Note sur un cas de monstruosité observé à 
Alger (extrait d’une Lettre de M. Guyon 
À NF louTENS ose semeetre men o nee 
— Considérations présentées , à l’occasion di 
cette communication, par M. Geoffroy- 
Saint-Hilaire Ac mel eue MANU Ee 
Monrres. — Note sur l'emploi d’un nouveau 
calibre et sur l’emploi d’un nouveau mé- 
tal dans la fabrication des montres soi- 
gnées; par M. Benoft...........,..... 


MorrauiTé. — Remarques de M. Moreau de 
Jonnès à l’occasion d’un Mémoire sur les 
lois de la population et de la mortalité 
en France, présenté au concours pour le 
prix de Statistique de 1837... 15, 76 et 

— Lettres deM. Demonferrand, à l’occasion de 
ces remarques.........., MAC 248 et 

— Réclamation de M. Moreau de Jonnès 
relativement à un passage dé la première 


paré à celui de la Méditerranée. (Commu- 
nication de M. Callier.).......... Sao d 
Morts Arrarentes. — Lettre de M. Ben sur 
un moyen propre à prévenir une par- 
tie des dangers auxquels elles peuvent 
COrnEb  ociactah Eos onbe MIbes ee 


Mosatoues.—Plusieurs mosaïques représentant 
divers animaux sont trouvées dans les 
fouilles faites à Carthage; Lettre de 
Mrs Tete die ER 268 me 

Movcne CARNASSIÈRE. — Sur la présence des 
larves de cette mouche dans les plaies 
des soldats qui avaient éprouvé des brü- 
lures à la prise de Constantine ; Note de 
M” Guyon Jesse: 10 AA a 

Mourcox. — Voir au mot Mouton. 

Mousses. — Syllabus muscorum in Italiä cogni- 
torum ; par M. de Notaris.—Communica- 
tion de M. de Jussieu en présentant cet ou- 
VTUGO. un su tenbsl damdaee ee COLE 


Movrox. — Note sur l’accouplement du Mou- 
Jlon avec le Mouton, et sur les métis qui 
en sont provenus; par M. Marcel de 
SEFresite 0e CR ETC 

Mouvement (PROPAGATION pu). — Mémoire sur 
la propagation et la polarisation du mou- 
vement dans un milieu homogène indé- 
fini, cristallisé d’une manière quel- 
conque ; par M. Blanchet...... 310 et 

— Mémoire surla propagation du mouvement 
par ondes planes dans un système de mo- 
léeules qui s’attirent ou se repoussent à 
de très petites distances ; par M. Cauchy. 

— Rapport sur deux Mémoires de M. Blanchet 
relatifs à la propagation du mouvement 
dans un milieu élastiqie,........,... 


159 


Pages: 


1080 


1096 


246 


97 


312 


249 


125 


865 


1143 


Museces. — Recherches sur la structure intime 
des muscles; par M. Mandl...... ae eue 
Myrmecories. — Insectivore de la Nouvelle- 


Navicarion. — Observations à faire sur les dif- 
férents bateaux et bâtiments en usage 
parmi les habitants de la côte barbares- 
que. ({nstructions pour une exploration 
scientifique de l’Algérie, partie concer- 
nant l’hydrographie et la navigation, ré- 
digée par M. de Freycinet.) ............ 

— Mémoire sur un instrument destiné à me- 
surer La vitesse de la marche des navires; 
partie théorique ; par M. Bouvart....... 

NEIGES PERPÉTUELLES. — Sur leur hauteur 
dans les Andes de la Bolivie; Lettre de 
M. Pentland à M. Arago.......... = 

— Nouvelle lettre à ce sujet contenant une 
rectification aux nombres donnés dans la 
premiére eseentiaese de Ctioie dep 

Nersxrues. — Observations sur les glandes 
qui secrètent l’eau dans les utricules des 
feuilles du Nepenthes distillatoria; par 
M. Schultz. ..... polsaul seine Se crecee 

NERFS GANGLIONNAIRES. — Note sur la physiolo- 
gie du système nerveux ganglionnaire; 
par M. Amyot........... donne is 

NivELLEMENT. — Remarque au sujet d’un ar- 
ticle de M. Biot sur les hauteurs relatives 
des signaux terrestres conclues de leurs dis- 


OpyNËres. — Mémoire pour servir à l’histoire 
de ce genre d’insectes, et description de 
quelques nouvelles espèces, par M. Léon 
DifouT Ne eee eee DAOOIOO OT 

OEvurs.— Procédéemployé par les Chinois pour 
conserver, pendant long-temps, les œufs 
d'oiseaux destinés à être mangés; Note 
de M. Voisin, ancien missionnaire en 
Chine, transmise par M. Julien... ,.... 

OLEAcINEUSES ( Mariëre). — Procédé pour la 
décomposition de ces matières en gaz-light ; 
pan M Taille hert ea et est « 

OLEINE. — I] existe deux espèces d’oléine qui ne 
se trouvent pas dans les mêmes corps 
gras, et qui se distinguent l’une de l’autre 
par plusieurs caractères physiques, par la 
manière différente dont elles se compor- 
tentavec plusieurs réactifs.(Recherches sur 
les corpsgras; par MM.Pelouse et Boudet.) 

Oprique. — M. Babinet demande que l’Acadé- 
mie se fasse rendre compte des trois Mé- 
moires qu’il lui a présentés sur les carac- 


(1182) 


Pages. 


490 


708 


G21 


125 


504 


126 


83 


665 


Hollande décrit par M, Waterhouse, qui 
en fait un Marsupial, et rapporté par 
M. Gervais aux mammifères monodelphes. 


tances zénithales réciproques ; par M. Puis- 


Cadietonacdiie eee Bad 
Voir aux mots Hauteurs et distances zéni- 
tales. 


NomENCrATURE. — Idée d’un nouveau système 
de nomenclature proposé comme pouvant 
être substitué , en histoire naturelle, à la 
nomenclature binaire suivie depuis Lin- 
née ; Note de M. Amyot.......... Doobac 

Nominations de membres et de correspondents 
de l’Académie.—M. Marianini est élu mem- 
bre correspondant pour la section de Phy- 

— M. Milne Edwards est nommé membre de 
PAcadémie. "7.2.2. 

— Ordonnance du Roi confirmant sa nomina- 
DO Aneodve 

— M. Néel de Bréauté est nommé correspon- 
dant pour la section d’Astronomie..... 

NominaTIoN de candidats pour les places aux- 
quelles présente l'Académie. — Voir au mot 
Candidatures. 

NumERATION. — Un Mémoire de M. Gautier 
sur la numération duodécimale est jugé 
ne pas devoir donner lieu à un rapport 
ACATÉMIQUE.- cm0 ss cjstetats oise sie e son iel ice 


tères optiques des minéraux, sur la double 
réfraction circulaire et sur l'optique miné- 


NAIDMQUE seen see ae ConneNaels 
— Mémoire sur les couleurs des doubles syr- 
Jaces à distance; par M. Babinet......... 


OPTIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les vi- 
brations de l’éther dans un milieu ou dansun 
système de deux milieux, lorsque la propa- 
gation de la lumière s’effectue de la même 
manière en tout sens autour de toutaxe 
parallèle à une droite donnée; par M. A. 
Cauchy. ...... USING TE MON 

— Sur Ja Propagation du mouvement par 
ondes planes dans un système de molé- 
cules qui s’attirent ou se repoussent à de 

très petites distances; analogie de ces 
ondes avec celles dont la propagation 
donne naissance aux phénomènes de la 
polarisation de la lumière et de la double 
réfraction; par le même........... . 

— Mémoire sur les lois de la polarisation 

lorsque la propagation de la lumière s’ef- 


Pages. 


672 


127 


282 


777: 
838 


83 


238 


62r 


865 


fectue par ondes planes dans les milieux 
transparents, et dans ceux qui absorbent 
plus ou moins complétement la lumière ; 
PALM CAL RE aetare rer SENS FRE 
— Mémoire sur la polarisation rectiligne et 
la double réfraction ; par le même...... 
— Formules extraites de deux précédents Mé- 
MOITES, sense nn nn 
— Sur la réflexion et la réfraction de la lu- 
mière produites par la surface de sépara- 
tion de deux milieux doués de la réfrac- 
tion simple ; par M. Cauchy. 953, 985, 
ORANGS-ourANGs. — Observations sur les chan- 
gements de forme que subit la téte chez 
les Orangs-Outangs ; par M. Dumortier. . 
OrTHoPéDiE. — Mémoire sur deux appareils 
propres à remédier aux déviations de la 
taille ; par M. Valérius.. ...... SAUCE ETC 
OssEMENTS HumAixs proyénant des cavernes de 


PALEONTOLOGIE. — Voir aux mots Fossiles, Em- 
preintes, Marsupiaux. 

Panorées. — Description de l’animal de la Pa- 
nopée australe, et recherches sur les autres 


( 1183 ) 


Pages. 


1057 


756 


espèces de ce genre; par M. Valenciennes. 309 
PaqQuErs CACHETÉS, présentés par MM. : 
— Dutrochet.— Expériences sur la température 
des végétaux (Séance du 2 juillet)... . . 15 
— Beniqué (Séance du 23 juillet)........... 251 
— Mention et Wagner. — Dorure sur argent 
(Séance du 20 août). . . . . . . . .. .. 443 
— Coulier.— Procédé pour empécher la contre- 
épreuve des journaux, ete. (id.). . . . . . ibid. 
— Korilsky. — Nouvel anémomètre (Séance du 
FR AOUL) RTS EN ES LL 496 
Barbier (Séance du 17 septembre). ....... 625 
— Jaume-Saint-Hilaire.—Extraction de la ma- 
tière colorante du Polygonum tinctorium 
(Séance du 24 septembre). .... Ame Er 000 
— Nativelle (même séance)... . . . . . . . . ibid, 
— Deval — Télégraphe électrique (séance ét 
TEHOCtODre) eee eet-eiistes( 077 
— De Caligny.— Nouvelle machine hydrauli- 
que, (mème séance)..,......... sec LITe 
— Masson et Breguet. — Télégraphe électrique 
(Séance du 8 octobre).................. 710 
— Bellot — Nouveau télégraphe électrique. 
(Séance du 29 octobre). . . . . .. ... 765 
— Kuhimann (Séance du 12 novembre)....... 840 
— Péyrot.—Traité des engorgements de la Rate 
(Séance dn 12 novembre).......... ... Ibid. 
— Dutrochet (Séance du 26 novembre)... .. 949 
— Jacques.— Explosions des machines à vapeur 
(Séance du 26 novembre).............. 950 


— Deval.—Description et figure d’un instru- 


Liége; Lettre de M. Geoffroy-Saint-Hi- 
laire sur ce sujet.. 
Osseux (sysrème).-Recherches sur plusieurs vi- 
ces de conformation des os; par M.Breschet. 
OurAcans. — A l’occasion de la présentation 
d’une brochure de M. Espy sur les grands 
ouragans, M. Arago donne un aperçu des 
différentes opinions qui ont été émises, 
depuis quelques années, sur la direction 
convergente où divergente des vents par rap- 
port aux parties centrales de l’espace où se 
fait sentir ce phénomène que plusieurs mé- 
téorologistes assimilent à une immense 
trombe.. 
— M. le Ministre des Affaires étrangères 
adresse à l’Académie un exemplaire de 
l'ouvrage de M. le colonel Rüied sur le 
grand ouragan qui s’est fait sentir en 1780 
dans les Indes-Occidentales ......,... 


CPR ECEREE EEE EE EE EEE EEE 


. 


ment destiné à l’enseignement de la To- 
pographie (Séance du 26 novembre)... .. 
Biot (Séance du 10 décembre)............. 
Bouchacourt. — Nouveau procédé de com- 
pression applicable à plusieurs maladies 
chirurgicales (Séance du 10 décembre). 
Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire (Séance du 
24 décembre).............. 
ru de Bugareingues fils (Séance du 
24 décembre)..... ss... 
PARALLAXE. — Ofervations pour déterminer 
la parallaxe annuelle de la 61®° étoile du 
Cygne. (Lettre de M. Bessel à M. de Hum- 
boldt.).... na 

— Note sur le même sujet; par M. Arago... 
PanaLuèLes (Théorie des). — Notes de M. C- 


PARASÉLÈNES. — Observations à faire à ce sujet 
(Instructions pour une exploration scien- 
tifique de l’Algérie, partie concernant la 
météorologie, rédigée par M. Arago)... 

ParuétiEs. — Observations à faire à ce Me 
(Instructions pour une exploration scien- 
tifique, de l'Algérie, partie concernant la 
météorologie, rédigée par M. Arago).. 

Pexouces.— Rapport sur une pendule à re 
pement libre, etc. , présentée à l’Académie 
par M. Vérüé...….......... DODOUD UE DUO 

— Pendule météorologique, thermométrogra- 
phe marquant de demi-heure en demi- 
heure la hauteur du mercure dans le tube; 
présenté à l’Académie par M. Callaud...… 

Perces trouvées par M. Simon, à la Perrotine 
(iles d'Oléron), dans une grande huître 
jetée sur le rivage... , ss... 


159. 


707 


898 


Ibid. 
1007 


1029 


«+ 1100 


1128 


78 
793 


756 


215 


1001 


739 


1127 


Pérou (Havr-).—Sur quelques points de la 
géographie physique du Haut-Pérou; Lettres 
de M. Pentland à M. Arago...... 490 et 

Pesre. — M. le Ministre du Commerce trans- 
met la suite d’un travail de M. Bullard 


Pholadairés: par M. Deshayes.. 
Paospnènes. — Remarques sur les phosphènes, 
fragments du journal d’un observateur at- 
teint d’une maladie des yeux, M. Savigny. 
Paoromérrte. —M. Babinet invoque les souve- 
nirs de plusieurs membres de l'Académie 
auxquels ila autrefois fait connaître un ap- 
pareil photométrique de son invention, 
afin de constater l’époque à laquelle re- 
monte la construction de eet appareil et 
assurer, en cas de besoin, les droits de 
priorité de l’inventeur...... HS ME ere 
— MM. Arago et Savary contement l’asser- 
tion de M. Babinet relativement à la date 
de la construction de l’appareil..... = 
PurmisiE PULMONAIRE. — Mémoire sur la nature 
et le traitement de la phthisie pulmonaire; 
par M. Chéneau (rapport sur ce Mémoire). 
— Recherches relatives à la phthisie recom- 
mandées dans les Instructions pour une 
exploration scientifique de l'Algérie ( par- 
tie CONCEpRUE la médecine, rédigée par 


Lee DU GLOBE. — Instructions pour une ex- 
ploration scientifique de V'AlBérie ; partie 
concernant la météorologie et AL physique 
du globe, rédigée par M. Ar ago SBnEié 00 

Pierre À FouLox. — Échantillons d’une espèce 
de pierre à foulon provenant d’un gise- 
ment exploité à Condé; adressés par M.De- 
bay. . 

Pisron. — Mémoire sur le piston à double elfe 
et sur les bateaux sous-marins; par M. de 
Lafeuillade-D'Aubusson.. .............. 

PLaies.— De l'influence de la température de 
l'atmosphère sur la cicatrisation des plaies, 
suites d’amputation; par MM. Breschet 
et J. Guyot...... br DO E DE 

— Remarque de M. Larrey à l’occasion de 
cette communication.................. 

— Note de MM. Breschet et Guyot en réponse 
à celle de M. Larrey...... Suede este 

— Réplique de M. Larrey.—Réflexions de M. 
Roux sur le Mémoire dé MM Breschet et 
Guyot. — Remarques de M. Magendie et 
de M. Breschet, à l’occasion des réflexions 
LOPMÉPRO TR Net Afne nele ele IN 

PLATINE. — On croit qu'un minerai de plomb 
argentifère découvert récemment près 
d'Alger renfermé un peu de platine ; Let- 
tre de M. Aimé. ...,..., « 


(1184) 


Pages. 


ro8 


, 


625 


117 


725 


586 


68 


246 


— Extrait d’une Lettre de M. ie professeur de 
la Rive à M. Becquerel, sur l’oxidation 
du platine et la théorie chimique de l’élec- 
tricité voltaique................ eus 

— Note sur plusieurs réactions nouvelles dé- 
terminées par l’éponge de platine; par 
M. Fréd. Kuhlmann....... er COOL 

— Remarques à l’occasion de la Note précé- 
dente; par M. Musler...,.:........... 

PLows.— Minerai de plomb argentifère dans 
lequel se trouve aussi, dit-on, un peu de 
platine, découvert près d’Alger et adressé 
par M. Aimé............. ete eee 

PLoxceur (Appareil de). — Description et fi- 
gure d’un nouvel appareil ; par M. Guil- 
laumetise ET POOOOTe 

Piuie. — Quantités de pluie dans divers lieux 
des Antilles (Observations de M. Courtet 
de Vrégille, communiquées par M. Arago). 

Pweumariques (ArpareiLs)employés par M. Pra- 
vaz pour augmenter ou diminuer la pres- 
sion atmosphérique sur toute l’habi- 
tude du corps. (Mémoire sur l’emploi du 
bain d'air comprimé dans le traitement des 
affections tuberculeuses, etc.)....... 

— Mémoire sur de nouveaux perfectionne- 
ments apportés à la construction d’un 
grand appareil dit cloche pneumatique , 

destiné à agir sur toutes les parties du 
corps; par M. Junod. 

— Description et figure d’un nouvel appareil 
de plongeur ; par M. Guillaumet........ 

POLARISATION. — Appareil pour exécuter en 
grand, dans les cours publics, les expé- 
riences de polarisation dans les lames cris- 
tallisées ; présenté par M. Soleil........ 

Voir aussi à Optique mathématique. 

POLARISATION vouraïque.—Lettre de M. Schœn- 
bein à M. Becquerel sur ce sujet. ........ 

PoLariTé de l'organisme dans le règne animal ; 
Mémoire adressé sans nom d’autcur...., 

— M. Virey se fait connaître pour auteur de 
CONRAYAI RS EC eee moenssise sets 

PozycoNuu TyNCroRIum. —Remarques de M. Che- 
vreul sur des essais relatifs à la proportion 
de matière colorante contenue dans cette 
plante (à l’occasion d’un rapport sur un 
Mémoire de M. Jaume-Saint-Hilaire con- 
cérnant les indigofères asiatiques)........ 

— M. Jaume-Saint-Hilaire adresse, sous en- 
veloppe cachetée, la description d’un pro- 
cédé pour l’extraction de la matière colo- 
rante du Polÿgonum tinctorium (Séance du 
24 septembre). 

— Sur Pextraction de l’indigo du Pobgonum 
tinctorium; Lettre de M. Baudrimont à 
M. Chevreul DEN Eee COR SOE Pastre 

— Procédés usités en Chine pour l’ertrac- 


Pages 


283 


123 


(] 


bai : 


tion de la matière colorante du Polygonum 
tinctorium; Extraits d'ouvrages chinois 
traduits par M. Stanislas Julien. ........ 
— Emploi, dans la teinture, de la matière co- 
lorante du Polygonum tinctorium ; échan- 
tillons présentés par M. Jaume-Saint-Hi- 
LE DES PAPE CE ANA ERA SEE 


num tinctorium ; par M. Bérard, présentés 
à l’Académie par M. Bérard, son frère. . 
— Etudes microscopiques sur le gisement de 
la matière bleue dans les feuilles du Po- 
lgonum tinctorium ; par M. Turpin. ..…. 
— Et sur la grande quantité de cristaux que 
contient le tissu cellulaire de toutes les 
parties de cette plante; par le méme. 
— Sur Pextraction de l’indigo du Polygonum 
tinctorium; communication de M. Pel- 
UT AO DOSEUEE HO OC LE EE 
— Traitement pour obtenir l’indigotine pure 
du Polygonum tinctorium ; par M. Robi- 
Fpsocnodandéban are dns tccn 
— Note sur un échantillon d’indigo du Poly- 
gonum tinctorium, présentée par M. Vil- 
morin........ 
— Remarque de M. Chevreul à ce sujet... : 
— Sur les produits du Polygonum tinctorium ; 
par M. Jaume Saint-Hilaire. ........... 
Pompes. — Projet d’une pompe d’épuisement 
pour la cale des navires, mise en jeu parle 
mouvement du roulis ; Note de M. Biche. 
Poxrs.— Mémoire concernant les ponts ascen- 
dants et descendants, les ponts fixes, etc.; 
par M. Marchand. . .… d 
— M. Marchand prie l’Académie de hâter le 
rapport qui doit être fait sur ce Mémoire. 
PopuLariox. — Un ouvrage de M. Demonfer- 
rand, intitulé : Essai sur Les lois de la po- 
pulation et de la mortalité en France, par- 
fage , avec un ouvrage de M. Vicat, le prix 
de statistique pour l’année 1837. (Commis- 
sion nommée pour ce concours). . .15et 


.— Remarques de M. Moreau de Jonnès, à 


Voccasion du Mémoire de M. Demonfer- 
rand, mentionné dans le rapport sur le 
concours pour le prix de statistique de 


1097 200 00e LD CU - 15, 67 et 
-— Lettres de M. Demonferrand à l’occasion de 
ces remarques. ......... ....... 248 et 


— Réclamation de M. Moreau de Jonnès re- 
lativement à un passage de la première de 


ces lettres. ....2. "1000. chenidéde 2% 
— Note sur le mouvement de la population en 
France en 1836; par Le méme. . . . . .. 


Pouoxs. — Note sur une altération particu- 
lière du poumon ,observée chezun Agouti ; 
par M. Buzin..........,.. 

PrEssioN. — Sur le développement de l’électri- 


(1185) 


Pages. 


703 


763 


772 


806 


352 


97 
312 


cité par la pression ; Note de M. Pécler.. 
Primuracées, — Monographie des Primulacées 
et des Lentibulariées du Brésil méridional ; 
par MM. À. de Saint-Hilaire et F. de Gi- 
rard®, 
Prrx pécernes.— Rapport sur le concours au 
prix de Statistique, Vu dans la séance du 2 
juillet. (Le prix est partagé entre MM. Vi- 
cat, pour sa Statistique des substances 
calcaires propres à fournir des chaux hy- 
drauliques et des ciments ; et M. Demon- 
ferrand, pour son Essai sur les lois de la 
population et de la mortalité en France... 
— Insertion du Rapport dans le Compte rend 
de la séance publique ........ 1e HTEE 
— Rapport de la Commission chargée de dé- 
cerner le prix concernant les Arts insalu- 
bres. (Aucune des pièces adressées au con- 
cours n’a paru remplir la condition exigée 
par le programme, savoir, l’adoption par 
l’industrie du procédé proposé). ........ 
— Insertion du Rapport dans le Compte rendu 
de la séance publique................. 
— Rapport sur le concours au grand Prix des 
sciences physiques, lu dans la séance du 30 
juillet. (La Commission n’a pas jugé qu’il 
y eût lieu à décerner de prix cette année; 
la question est remise au cencours pour 
Vannée/1839) cree ere-rerere 
— Insertion du Rapport dans le Compte rendu 
de la séance publique........,...... DOCe 
— Rapport sur le concours pour le prix de 
physiologie expérimentale, lu dans la séance 
du 6 juin. (Le prix est décerné à M. B. 
Heyne pour ses expériences sur la régéné- 
ration des OS) Eee cena te Cie 
— Insertion du Rapport dans le Compte rendu 
de la séance publique.....,.....,....... 
— Rapport de la Commission sur le concours 
au prix de médecine et de chirurgie, lu dans 
les séances du 30 juillet et du6 juin..262 et 
— Insertion du Rapport dans le Compte rendu 
de la séance publique. (Médailles ac- 
cordées à titre d’encouragement, à 
MM. Tuefferd, Brisset, Fiard, Perdreau 
et Bousquet pour leurs recherches sur la 
variole et la vaccine),. ................ 
— Rapport sur le concours au prix de méca- 
nique. (I n’y a pas de prix décerné.)..,. 
— La Médailie fondée par Lalande est accor- 
dée à M. Guinant fils, pour la fabrication 
un flint-glass exempt de bulles et de 


être donné, chaque année, à lélève 
sortant le premier de l’École Polytech- 
nique , est décerné, pour la promotion de 
1837 , à M. Galissard de Marignac....... 


Pages, 


624 


868 


349 


322 


252 


319 


U3 
(°] 
ES 


354 


( 1186 ) 


Pages. 

Prix proposés. — Grand prix des Sciences phy- 
siques pour 1839............ ... 282 et 355 

— Grand prix des Sciences physiques pour 1837 
remis au concours pour 1839......... 0356 

— Prix de Physiologie expérimentale (legs 
Montyon)...... AE 0 10 en HA A AD Ce DURE er. 


— Prix pour les auteurs des Ouvrages ou des 
Découvertes les plus utiles à l’art de guérir 
(legs Montyon). ....... ÉPesccetiehioseMLbIde 
— Prix relatifs aux moyens de rendre un art ou 
un métier moins insalubre (legs Montyon). Ibid. 
— Prix extraordinaire relatif à la Vaccine... 358 
— Prix fondé par M. Manni sur la question 
des Morts apparentes et sur les moyens de 
prévenir les accidents qui en sont trop 
souvent les conséquences.............. 359 
— Grand prix des Sciences mathématiques pour 


l’année 1838. 4.4 sie ee sms =... Jbid. 
— Grand prix des Sciences mathématiques pour 
l’année 839... DSC EE 960 


— Prix d’Astronomie fondé par de Lalande... 361 
— Prixextraordinaire sur l’Application de la 
vapeur à la navigation, .............,.. Ibid. 


Quinouna. — Projet d’un essai de culture et 
d’acclimatation des principales espèces de 


Races HUMAINES. — Mémoire sur les indigènes 
de l'Amérique du Sud, considérés sous les 
rapports physiologiques et moraux ; par 


M4 d'Orbienrs eee neo ct 568 
RAYONNEMENT de la chaleur. — Voir au mot 
Chaleur. 


RérLexiON. — Mémoire sur la réflexion et la 
réfraction de la lumière produites par la 
surface de séparation de deux milieux 
doués de la réfraction simple; par M. Cau- 
ChYa eu ssrseuaieste Sén4dc .... 953, 985, 1044 

RÉFLEXION DES ONDES SONORES. — Quelques faits 
résultant de la réflexion des ondes sono- 
res; par M. Savart.., ..... sense: 01008 


RéFrAGrion. — Mémoire sur la réfraction et 
la réflexion de la lumière produites par 
la surface de séparation de deux milieux 
doués de la réfraction simple par M. Cau- 
CAN EE SOU 0 .... 953, 985 et 1044 
R£FRACTIONS ATMOSPHÉRIQUES. — Observations 
à ce sujet recommandées aux voyageurs. 
(Instructions pour une exploration scien- 
tifique de l'Algérie; partie concernant la 
météorologie, rédigée par M. Arago.)..... 211 
+ Sur l'emploi des distances zénithales réci- 


Pages. 
— Prix de Mécanique (legs Montyon)....... 362 
— Prix de Statistique (legs Montyon)....... Ibid. 
ProrariiTés. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Bravais relatif à une question de pro- 
babilités ; par M. Savary..........:.... 77 
— Memoire sur les probabilités des arréts de 
deux sortes de cours d'appel ; par M. Gui- 


— Sur l'application du calculs des probabilités 
à la mesure de la précision d’un grand 
nivellement géodésique indépendant des 
distances respectives des stations; par 
M. Puissant........... ss ses. 1192 
PRoTococcus sALINUS. —M. Dunal persiste à at- 
tribuer à la présence de ce végétal la co- 
loration en rouge des eaux de certains 
marais salants. Note de M. Auguste Saint- 
Hilaire: remeseloente PAR ee n enn) L) 
Puirs roREs. — Note sur l’état actuel du puits 
artésien que l’on fore à labattoir de Gre- 
nelle; par M. Élie de Beaumont........ 139 
— Sur les puits artésiens des Oasis d'Égypte ; 
Lettre de M. Lefebvre. ................. 595 


quinquina dans l'Algérie; par M. Périer,  G52 


proques et simultanées pour déterminer 
les erreurs de réfractions calculées dans 
les observatoires , lorsque le thermomètre 
intérieur et le thermomètre extérieur in- 
diquent des températures différentes de 
l'air; par M: Biot.............. OA Le 
— Sur la mesure théorique et expérimentale 
de la réfraction terrestre, avec son appli- 
cation à la détermination exacte des &f- 
Jérences de niveau d’après les observations 
de distances zénithales simples ou récipro- 
ques; par M. Biot..........:.... Area SAS 
— Sur l'évaluation des réfractions dans les 
couches d'air accessibles aux instru- 
ments météréologiques ; par M. Biot... 848 
Voir aussi aux mots Hauteurs, Nivellement, 
Optique mathématique. 
RÉGULATEUR D’HORLOGERIE. — Note concernant 
un instrument désigné sous ce nom; par 
More er-lnetel EC E- chutes « 785 
Répursionx. — Note sur la répulsion considérée 
comme caractéristique de l'essence des 
choses ; par M. Geoffroy-Saint-Hilaire. .. 551 
RésisTANCE de l’eau. — Supplément à un 
Mémoire sur cette question précédem- 


ment adressée pour le concours au grand 

+ prix de Physique................. .. 
RespiRATION. — Mémoire sur le mécanisme Fe 
la respiration chez les crustacés; par 

M. Milne Edwards... ...........,.. 

— Surlarespiration des Dantes par MM. Ww. 
Edwards et Colin........,......... 
RÉTRÉCISSEMENTS DE L’URÈTRE. — M. Lee 

d'Étiolles présente de nouveaux instru- 
ments pour les affections de ce genre; et 
des remarques sur le choix à faire, se- 
lon les cas, entre les différentes méthodes 
de traitement......... dns Uoaemeriee c'e 
— Modèle de roues Bi les Dates à vapeur; 
présenté par M. Labarre.....,......... 
Roues nyprAULIQUES, — Rapport sur une roue 


SaLicINE. — Recherches sur cette substance et 
les produits qui en dérivent; par M. Pi- 
TG ae 1e nn DATA 

SAxG. — Nouvelles Observations sur le sang; 
par M. Schultz..... Hécicootedde eue 

— Globules du sang de forme elliptique cbser- 
vés chez deux espèces de mammifères, le 
Dromadaire et l’Alpaca ; par M. Mandl.. 

— Rapport sur cette Note................. 

— Remarques de M. Magendie à l’occasion de 
cerapport..... anale sale nee esoee esse 

— Réponse du rapporteur, M. Milne Edwards. 

SATURNE. — Observations sur les anneaux de 
Saturne, faites à l'Observatoire du Col- 
lége romain ; Note de M. Decuppis...... 

SAUVETAGE. — M. Conseil présente de nou- 
veau au concours pour le prix concer- 
nant les moyens de rendre un art ou un 
métier moins insalubre , ses appareils de 
sauvetage, etannonce l’envoi prochain de 
documents destinés à prouver que l'effi- 
cacité de ces moyens est constatée par la 
pratique........ : 

— Essai sur les moyens de diminuer lenombre 
des sinistres en mer et de sauver les équi- 
pages ; par M. Crevel,...............:. 

ScarLaTiINE. — Note sur le traitement de la 
rougeole et de la scarlatine ; par M. Scout- 
etre. NN IIRE ie 

Scuprures. — M. Hittorff demande des ren- 
seignements sur les moyens de conserva- 
tion pour les sculptures en pierre, ...... 

SeconnaiREs (TErrAINs). — Rapport sur un 
Mémoire de M. Leymerie, ayant pour ob- 
jet les terrains secondaires inférieurs du 
département du Rhône.....,............ 

SÉCRÉTIONS. — Analyses comparées des ali- 
ments consommés par une vache laitière, 


( 1187) 


Pages. 


586 


886 


g22 


1 
œ 
+ 


935 
655 


1060 
1136 


1142 
Ibid. 


658 


878 


Pages. 


hydraulique présentée par M. Passot.….. 
— Remarques de M. Passot à l’occasion de 
COYHADPONE. 2e ae nee nee te 
— Additions au Rapport Drome et ré- 
ponse aux remarques de M. Passot; 
par M. Coriolis............. ei 
— Mémoires sur les roues à réaction; par 
M. Combes........... NCA RE LT OA 
— Mémoires sur lés roues à pales mobiles; 
par M. de la Feuillade-D’Aubusson...... 
— Figure et description d’une machine 
manœuvrant au moyen du flux et du re- 
Jlux de la mer; par M. Guingant....... 
Rovucroze. — Note sur le traitement de la 
rougeole et de la scarlatine; par M. Scout- 
LELLER ee ne semaine e eloion sainte even meteee = 


et des produits des sécrétions et excrétions 
de l’animal , ete. ; par M. Boussingault. 
— Note sur les caractères chimiques des sé- 
crétions ; par M. Mandl................ 
SECTIONS DE L'ACADÉMIE. — La section de 
Physique présente la liste suivante de can- 
didats pour une place de correspondant 
vacante dans son sein : MM. Marianini, 
Amici , Forbes, Rudberg, Erman, Bel- 
ENV Méca cc ottoman uniques 
— La section de Botanique présente comme 
candidats pour une place vacante de cor- 
respondant , MM. Mohl, Blum, Lindley, 
Hooker, Schultz et Meyen. . . . . .. : 


: — La section dAnatomie et de Zoologie , 


par l'organe de M. Geoffroy - Saint-Hi- 
laire, propose de déclarer qu’il y a lieu à 
nommer à la place devenue vacante par la 
mort de M. Frédéric Cuvier....... #: 
— La Section présente comme candidats à 
cette place : MM. Milne Edwards, Valen- 
ciennes , Duvernoy, MM. Deshayes et AI- 
cide D’Orbigny (ex æquo), M. Coste; elle 
exprime le regret de n’avoir pu porter sur 
la liste le nom de M. Strauss, candidat 
de l'élection précédente, mais qui ne s’est 
pas présenté à celle-ci.......,.:...,.... 
— La section de Chimie présente M. Pelouze 
comme candidat pour la chaire de Chimie 
vacante à l’École Polytechnique par suite 
de la démission de M. Dumas........... 
— M. Gay-Lussac déclare que l’avis de la sec- 
tion de Physique est qu'il y a lieu d’a- 
journer à six mois la nomination à la 
place vacante par suite du décès de M. Du- 
long. ...... romanes siele nletclelr'elsfaielele eiate 
— La section d'Anatomie et de Zoologie pré- 
sente M. Serres comme candidat pour la 


121 


251 


599 


737 


965 


chaire d'Anatomie et d'Histoire natu- 
relle de l'Homme, vacante au Muséum 
d'Histoire naturelle par la nomination de 
M. Flourens à la chaire de Physiologie 
COMPATÉE. .« sms smeseregpees een 

SEL GEMMME et terrains salés. — Observations 
à ce sujet, recommandées dans les Ins- 
tructions pour une exploration scientifique 
de l'Algérie (partie concernant la géolo- 
gie, rédigée par M. Élie de Beaumont). 

-— Origine du sel marin fossile de la craie 
et du gypse; par M. Dieppédale......... 

SERRURE A COMBINAISONS. — Notice sur une nou- 
velle serrure à combinaisons, et sur 
quelques modifications apportées à la 
serrure à pompe ; par M. Grangoir,... 

SIGNAUX TERRESTRES. — Remarques au sujet 
d’un article de M. Biot sur les hauteurs 
relatives des signaux terrestres , conclues 
de leurs distances zénithales réciproques ; 
par Mo Puissant eee diet eee 

— Remarques de M. Biot sur la Note de 
Mit uisadnf etats en destatel 

— Dernières Remarques sur la solution de 
M. Biot concernant la mesure des hau- 
teurs relatives; par M. Puissant........ 

— Réponse de M. Biot à la Note précé- 
QeNte El MER SNS A LENS CRE 

— M. Puissant déclare ne vouloir plus re- 
venir sur le sujet en discussion...... 

— Note relative à des Observations récipro- 
ques et simultanées de distances zéni- 
thales et à des hauteurs barométriques ; 
par M. Puissant......, “sense 

— Remarques de M. Biot à l’occasion de 
CotterNofe Er eeneecase-tormemsenie sit 

Voir aussi aux mots Hauteurs relatives, 
Nivellements, Réfractions. 

SINISTRES. — Essai sur les moyens de diminuer 
le nombre des sinistres en mer et de sauver 
les équipages ; par M. Crevel....,...... 

Soceiz (Chaleur du). — Voyez Chaleur so- 
laire. 

SOMMEIL DES PLANTES. — Sur le sommeil 
du Marsilea Fabri; Note de M. Bory de 
Saint-Vincent. Mi etenuer diese 

Sourre, — Monographie des formes diverses 
que présente le soufre cristallisé de la 
Sicile; par M. Maravigna. .. 

— Rapport sur ce Mémoire......,...... 

— Sur la dilatation du soufre liquide, etc. ; 
pan Mé Desprets.s. os Mat 

SOULEVEMENTS. — Sur l'élévation du fond 

de la mer en divers points de la côte 
du Chili, par suite de tremblement de 
terre ; Observations du capitaine Coste 
(Lettre de M. Dumoulin à M. Arago)... 
Sources. — Sources sujettes à des variations 


( 1188 ) 


Pages, 


1061 


129 
253 


260 


289 


291 


12 


qui paraissent liés à l’état du baromètre ; 
Lettre de M. Denizet à M. Arago.. 
SOURCES THERMALES. — Observations à ce su- 
jet, recommandées dans les Instructions 
Pour une exploration scientifique de VAI 
gérie (partie concernant la Géologie, ré- 
digée par M. Élie de Beaumont)... ..…... 
— Observations à faire sur la température 
et la composition des eaux de certaines 
sources thermales pour en tirer des dé- 
ductions relativement à la température 
des couches terrestres dans les temps an- 
ciens. (Instructions pour une exploration 
scientifique de l’Algérie ; partie concer- 
nant la Météorologie et la Physique du 
globe, rédigée par M. Arago.) .......... 
SrHEnoïves. — Note sur une propriété géné- 
rale des formules relatives aux attrac- 
tions des sphéroïdes ; par M. Poisson... 
— Note de M. Liouville sur les formules de 
MB DIS Or de ete ile race a een cie 
SriTznenc. — Sur la constitution géologique 
des montagnes de la rade de Bell-Sound; 
Lettre de-M. Robert. ................ 
SPONGILLES. — Rapport sur une Note de 
M. Dujardin concernant l’animalité des 
Sponpilesteeeet rem Caunes EST 
— Recherches sur la Spongille fluviatile ; par 
M Laurent... eme mea te dote 
Squeerre. — Recherches sur différentes pièces 
encore peu connues du squelette des ver- 
tébrés; par M\ Breschet.......,....1... 
SrarisTiQuE. — Mouvements de la population 
de la France en 1835 et 1836; Communi- 
cation de M. Moreau de Jonnès.......... 
— Exemplaire de la Statistique du Jura, pré- 
senté par M.Piat pour le concours au prix 
de Statistique. ......2:.......,. 0... 
— Mémoire sur les rectifications de quelques 
documents relatifs à la statistique de la 
* France, par M. Demonferrand.......... 
Voir aussi an mot Prix. j 
STATISTIQUE MÉDICALE, — Recherches à ce 
sujet , recommandées dans les Instructions 
pour une exploration scientifique de 
l'Algérie; (partie concernant la Médecine , 
rédigée par M. Serres)............... 
SraTuE DE Burron. — M. Geoffroy Saint-Hi- 
laire lit un Mémoire ayant pour titre : 
De la statue de Buffon, afin de lui faire 
recouvrer ses anciens honneurs, et pour 
expliquer le sens poétique, l'idée phy- 
siologique de ses Parerga où sculptures 
emblématiques de la base de cette œuvre 
monumentale. ............. 
Srernum. — Considérations sur les os sus-ster- 
naux chez l'homme; par M. Breschet. 
SUCRE DE GÉLATINE. — Sur la composition 


Pages . 


799 


210 


556 


973 


1156 


66t 


gi2 


de ce corps et celle de l'acide nitro- 
saccharique de Braconnot ; par M. Bous- 
SACAUIL TESTER EI à a tetes d'os 9 Lu 
SUCRES. — Recherches sur la nature et les 
propriétés chimiques des sucres; par 
M. Péligot. (Rapport sur ce Mémoire.). 


DCE 


TAñLEAU GEOLOGIQUE. — MM. de Humboldt et 

À. Brongniart remettent à l'Académie ,. de 

| la part de M. Froriep de Weimar, un ta- 
bleau géologique qui offre l’ordre admis 
de formation des terrains, etc..-....... 
Tapzeaux synopriques de l’état actuel de cha- 

que peuple des cinq parties du monde; 

par M. Gilbert Cazenaud............... 

Tarciona. — Mémoire sur les organes mâles du 

genre Targionia, découverts dans une es- 

pèce nouvelle du Chili; par M. Monta- 

gne (rapport sur ce Mémoire)........... 

Técécrapmes. — Note historique sur le Télé- 

graphe électrique ; par M. Amyot........ 

— Lettre de M. Masson sur un essai de Té- 

légraphe électrique fait au collége de 
Caen AE Eee 20 
Notice sur le Télégraphe électrique de 
MES reirherl RME -Reree-ce ere 
Sur le Télégraphe électro - magnétique de 
M. Morse. .…...... asus 
M. Deval adresse un paquet cacheté por- 
tant pour suscription : Nouveau télégraphe 
électrique {Séance du 1°* octobre) ...... 
Description d’un nouveau Télésraphe élec- 
trique adressée sous enveloppe cachetée ; 
par MM. Masson et Breguet fils (Séance 
du 8.octobre)........:..... AE 
— Paquet cacheté portant pour suscription : 
Description d’un nouveau télégraphe élec- 
trique ; par M. Bellot....:.......2..2.. 

— M. Baillet-Sondalot écrit relativement à un 
mode de communication électrique qu’il 


ANA PIN NN Fe TR ele 
— Système de signes télégraphiques, proposé 
par MP Am OEM Re LEE Rec etiee c 


TemPpErATURE. — De l'influence de la tempéra- 
ture de l’atmosphère sur la cicatrisa- 
tion des plaies, suites d’amputations ; par 


MM. Breschet et J. Guyot.............. 
— Remarques à l’occasion de cette communi- 
cation; par M. Larrer...... Bee oc Uué à 


— Note de MM. Breschet et Guyot, en ré- 
ponse aux remarques de M. Larrey...... 
— Réplique de M. Larreyr. ae 
— Remarques de M. Roux sur la méthode pro- 
posée par MM. Breschet et Guyot... 


C. R. 1838, 2° Semestre.(T. VIL.) 


ss. 


( 1189 ) 


Pages. Pages, 
SuLrAMIDE. — Sur l’aeide chloro-sulfurique et 
la sulfamide; par M. V. Regnaule........ 
SURFACES ISOSTATIQUES. — Mémoire sur les sur- 
faces isostatiques dans les: corps solides 


en équilibre d’élasticité ; par M. Lamc. . 


895 


3 
Uz 


ES] 


— Réflexions de M. Magendie à l’occasion des 
remarques de M. Houx................. 
— Réflexions de M. Breschet sur ces mêmes 
remarques 
— Mémoire sur la chaleur solaire, sur les pou- 
voirs rayonnants et absorbants de l’atmo- 
sphère, et sur la température de l’espace, 
par M. Pouillet ; indiqué dans le Compte 
rendu de la séance du 2 juillet..... 
— Inséré par extrait dans le Compte rendu du 
gjuillet......... Jeeiee 
— Anomalies touchant la distribution de la 
température dans l'atmosphère. (Instruc- 
tions pour une exploration scientifique de 
l'Algérie ; partie concérnant la Météoro- 
logie, rédigée par M. Arago.)... 
— Observations à faire concernant la tempé- 
rature de la terre dans les régions polaires 
et sur la croupe des montagnes élevées. 
(Instructions pour les voyages scientifiques 
dans l'Algérie et dans le nord de l'Eu- 
rope; partie concernant la Météorologie 
et la Physique du globe, rédigée par M. 
Arago) "See ne sn coasene enter 
— Observations à faire concernant la tempé- 
rature et la composition chimique de cer- 
taines caux thermales, comme pouvant 
fournir des inductions sur la température 
des couches terrestres en ces lieux à des 
époques reculées. (Instructions pour une 
exploration scientifique de l’Algérie ; par- 
tie concernant la Météorologie et la Phy- 
sique du globe, rédigée par M. Arago)... 


1050 


1161 


nsc. 


113 


80 


88 


5go 
593 


677 FR 


710 


210 


TEMPÉRATURE DES CORPS ORGANISÉS. — Un pa- 
quet cacheté portant pour suscription : Ex- 
périences sur la température des végétaux, 
est déposé par M. Dutrochet (Séance du 
PANIER MMM 0e ECRIRE 

* TépuriNE. — Sur les rapports qui existent 
entre le basalte et la téphrine, etc., par 
M. Maravigna.......... Mnseuesee dore DOI 


IL. TéraToLocte.— Voir au mot Monstres. 


TERRAINS TERTIAIRES. — Sur les terrains ter- 
tiaires du nord-ouest de l'Italie ; par M. 
Provana de Fe (Rapport sur ce Mé- 
MOÏITE, ).. ee sies neeiyae ee -o) 


TERRE, — Obentas à faire sur la tempé- 


160 


65 
68 


Ibid. 


rature dela terre dans les régions polaires 
et sur la croupe des montagnes élevées. 
(Instructions pour des expéditions scienti- 
fiques dans VAlgérie. ex dans le nord de 
l’Europe; partie concernant la météoro- 
logie et la physique du globe; rédigée par 
M. Arago.)......... 


— Des inductions relatives à la température 
des couches terrestres dans l'Algérie, àune 
époque reculée, peuvent être fournies par 
des observations sur la température et la 
composition actuelles de certaines sources 
thermales déjà connues sous la domi- 
nation romaine. (Mèmes instructions; 
partie rédigée par M. Arago. ).......... 

TerriAIREs (TErRANS F — Voir au mot Ter- 

rains. 


Tarnwazes (Sources). — Voir au mot Sources. 


Tices DES VÉGÉTAUX, — Remarques sur l’anato- 
tomie comparée des tiges de quelques yé- 
gétaux dicotylédonés;, par M. Decaisne. 
(Rapportsur ce travail). ........... ... 

Tnreuzs — Note sur les cryptogames qui se 
développent à la surface des feuilles des 
tilleuls ; par M. Vallot.s 5... 


Torrune. — M. Sorel demande que la Commis- 
sion qui a été chargée de faire un Rap- 
port sur le métal à employer pour la cou- 
verture de la cathédrale de Chartres, veuille 
bien indiquer à l'administration, pour cet 
usage, les tôles zincées par son procédë… . 

Tôze ziNcée employée pour la toiture. —Woir 
a ce mot. 

Toxxenne, = Note sur le bruit du tonnerre, 
sur la marche sinueuse des éclairs et sur 
les vents d'orage; par M. Raïllard. .. 

— Observations de M. Huette sur le nombre 
des jours de tonnerre à Nantes; commu- 
niquées par M. Arago... .. ......... 

— Conséquences qu’on pourrait tirer de di- 
vers passages des anciens auteurs grecs et 
chinois sur le phénomène du tonnerre ; 
Lettre de M. de Paravey..…...…., 


Vaccixe, — M. James écrit qu'il a le premier 
établi la comparaison eutre les pustules du 
vaccin vicux et du vaccin nouveau. . . . 

— Recherches de différents auteurs concer- 
nant la variole, la varioloïde et la vac- 
cine. (Rapport dé la Commission chargée 
de décerner les prix de Médecine et äe Chi- 
rurgie pour le concours de 1827. )..,.... 

— Prix de 10 000 francs relatif à Ja vaccine, 
lequel sera décerné, s’il y a lieu , dans la 


( 1100 ) 


Pages. 


209 


479 


488 


59 


313 


982 


250 


326 


— Note additionnelle à cette Lettre. ...... 
Torocrapme. — Instructions pour une explora- 
tion scientifique de l’Afgérie, partie con- 
cernant la géographie et la topographie : 
rédigée par M. Bory de Saint-Vincent... 
Tonriire. — Essai sur la propriété électrique 
de la torpille; par le père Santi Linari. 
Torricorrs. — Mémoire sur trente-sept cas de 
torticolis invétérés, traités par la section 
sous-culanée du muscle sterno-mastoidien ; 
par MP DE enbathes. nee sene-e-messe 
— Sur le véritable inventeur de la section sous- 
cutanée du sterno-cléido-mastoïdien, dans 
le torticolis ; par M. Dieffenbach........ 
TREMBLEMENTS DE TERRE. — Lettre de M. Ma- 
miani à M. Arago sur le tremblement de 
terre qui s’est fait sentir le 23 juin 1838 à 
Pesaro.... 
— Sur les tremblements de terre du Chili et 
les modifications récentes qu'ils ont im- 
primées au relief des côtes de ce pays; 
Lettre de M. Dumoulin à M. Arago. .... 
Taipozt à infusoires fossiles. — Note sur le ter- 
rain qui contient le tripoli de Bilin, en 
Bohème ; par M. Élie de Beaumont ; suivie 
de lexamen des débris organiques que 
renferme une des couches de ce terrain; 
par M Tarpiri: etes cecce-emeeuee 
Trowses. — Observations à faire à ce sujet. 
* ({nstructions pour une exploration scien- 
tifique de l'Algérie; partie concernant la 
météorologie et la physique du globe, rédi- 
gée par M Arago)... eee eee 
Turnixes. — Sur la théorie des effets mécani- 
niques de‘la turbine Fourneyron ; par M. 
Poncelet. .... 

— Voir aussi à Roues hydrauliques. 
Typocrare. — Note sur un nouveau système 
de typographie présenté par MM. Baillet- 
Sondalot et Chapotin...... 
— M. Huzard fait connaître les causes de l’a- 
journement du rapport qu'il devait faire 
sur cette Note. . . . .. 


séance publique de 1842..... 
— M. Tuefferd, un des auteurs dont les tra- 
vaux ont été mentionnés honorablement 
par la Commission des prix de Médecine 
et de Chirurgie, concours de 1837,annonce 
qu’il poursuit ses recherches dans la di- 
rection indiquée par la Commission... .. 
Vacnes. — Analyses comparées des’ aliments 
consommés et des produits rendus par une 
vache laitière, etc.; par M. Boussingault. 


Pages 
1155 


182 


125 


89 


223 


260 


630 


Pages 
Vareur. — Notesur la chaleur constitutive de ” 
la vapeur d’eau en contact avee le liquide ; 
par M.sde Pambour. ...u.....sx..:. 802 


V'ARIATIONS MAGNÉTIQUES HORARES.—M. dé Hum- 
Loldtcommunique à l’Académie des obser- 
ations de variations horaires de l’aiguille 
aimantée faites par M. Boguslawski...... 808 

Varioze. — Recherches à ce sujet recomman- 
dées dans les Instructions pour une explo- 
ration scientifique de l’Algérie (partie con- 
cernant la médecine, rédigée par M. Serres). 191 

— Recherches concernant la variole, la va- 
rioloïde et la vaccine. (Rapport de la Com- 
mission chargée de décerner les prix de 
Médecine et de Chirurgie, fondation Mon- 
tyon, pour le concours de1837)....:... 326 

— Moyen de modifier l’éruption des pustules 

- de la variole; par M. Colombat.......... 746 

— Sur la propagation de la variole; Note 
communiquée par M. Moreau de Jonnès.. 825 

— Voir aussi aussi au mot Vaccine. 

VéGÉtATION. — Recherches chimiques sur la 
végétation; par M. Boussingault... 859—1149 

— M. Colin écrit qu’il avait observé en 1837, 
de concert avec M. Edwards un fait signalé 
récemment par M.Boussingault , savoir : 
que des pois n'ayant pour tout aliment que 
Veau et Pair, ont fleuri et donné des se- 
mences qui sont arrivées à maturité..... Q49 

Venrouse. — Mémoire sur la ventouse utérine 
et sur deux modifications du métrotherme ; 
par M-"Andrieur 4. Me SR rr16 

Vents. — Observations à faire sur les vents. 
(Instructions pour une exploration scien- 
tifique de l'Algérie, partie concernant 
VHydrographie et la Navigation, rédigée 
par M. de Freycinet.)................. 198 

— Observations à faire sur la direction des 
vents, sur leur vitesse, sur certaines cir- 
constances singulières qu'ils présentent 
par fois. (Mèêmes Instructions ; partie con: 
cernant la Météorologie et la Physique du 
globe, rédigée par M. Arago.).......... 213 

— Note relative à un vent d'aspiration observé 
dans la mer Pacifique; par M. le capitaine 
Duperrey....:..,.... Preis CJ12 

— Mémoire sur la cause générale des vents; 
par M. Demonville......,............. 531 

Veper Gris. — Mémoire sur un moyen de 
rendre sa préparation moins insalubre ; 
DanIMIPerneL SR eee es ea ue Ibid, 

Vers. — Note sur des vers observés entre la 
sclérotique et la conjonctive, chez une 
négresse de Guinée; par M. Guyon....... 755 

Vers A sOIE — Observations sur des œufs de 
vers à soie exposés à une basse tempéra- 
rature ; par M. Bonafous. . . . . . . . . 100 

— Sur un essai d'éducation de vers à soie pro- 


venant de graine rapportée du Bengrle , 
par l’expédition de La Bonite; Lettre de 
M. d'Hombres-Firmas. 2.1...) 
— Mile Ministre du Commerce rappelle qu’il 
n’a pas encore recules Instructions qu’il 
avait demandées à l’Académie sur les 
moyens de soustraire la ‘graine de vers à 
soie , expédiée de Chine en France, à l’in- 
fluence des chaleurs tropicales pendant la 
traversée.s\ au Six PUNE.R BAPAPATANES de 
VenrTéeres (Animaux). — Recherches sur diffé- 
rentes pièces encore peu connues du sque- 
lette des animaux vertébrés, et sur plu- 
sieurs vices de conformation des os; par 
MC RFESCREE Net ER EE Eee dareine 
Verricizce FLoRAL. — Considérations sur l’u- 
sage qu’on peut faire des rapports de po- 
sition qui existent entre la bractée et les 
parties de chaque verticille floral dans la 
détermination du plan normal sur lequel 
les fleurs des diverses familles sont cons- 
PT Gate tion ho ; 
Vigrarions. — Mémoire sur les vibrations de 
l’éther dans un milieu ou dans le système 
de deux milieux, lorsque la propagation 
de la lumière s’effectue de la même ma- 
uière et en tous sens autour de tout axe 
parallèle à une droite donnée; par M. 4. 
Cauchy. andere areas 
— Sur la chaleur dans l'hypothèse des vibra- 
tions; par M. Babinet ................. 
VicEs DE CONFORMATION vEs 05. — Mémoire de 
M Breschet. mt :-----se + 
VicxemaLe. — Relation d’une ascension à la 
cime du Vignemale, et mesure baromé- 
trique de cette montagne; par M. le prince 


de la Moscowa..........æ......-..... 
— Remarque de M. Puissant à Voccasion de 
CEULG NOTE! 7 PO cb de 


— Échantillons de roches du Vignemale,adres- 
sé à l’Académie ; par M. de la Moscowa. . 
Vorrures. — Expériences sur le tirage des voi- 
tures; par M. Morin............. 835, 
— Rapport sur ces expériences............. 
Vozcaniques ( Rocmes) indiquées par les voya- 
geurs , dans quelques parties des régences 
barbaresques. — Recherches à ce sujet re- 
commandées dans les Instructions pour 
uue exploration scientifique de l’Algérie 
(partie concernant la Géologie, rédigée par 
M. Élie de Beaumont)... ne -mpecie cet 
Vozcaxs. — Sur la composition minéralogique 
des roches des volcans des Andes ; par M. de 
Humboldt.s. M5 Es eee dan made 
Voxaces scieNTIFIQuES. — M. le Ministre de la 
Guerre invite l'Académie à lui transmet- 
tre les Instructions pour la Commission 


160. 


. : 1059 


chargée de l'exploration scientifique de 
PAM ERA ce Peeenie ce dent 
— L'Académie adopte les conclusions de la 
Commission chargée de rédiger les Ins- 
tructions demandées par M. le Ministre de 
la Guerre........ ee nas Se 

— Rapport de cette Commission : 
Zoologie, partie en par M. Du- 


nus 


Remarques au ne de cette partie des 
Instructions ; par M. Bory de Saint- 
Vincent... ... snlisnme eos 

Botanique ; partie USE Se M. Adol- 
phe Brongniart. sn 

Géologie ; partie rédigée par M. Élie 
de Beaumont.:.... ssl : 

Géographie et Topographie ; partie ré- 


digée par M. Bory de Saint-Vin- 


CENLS Less duioie sole e vintein o nislel=ig/e 5 «= 
Médecine; partie rédigée par M, Serres. 
Observations à l’occasion de cette par- 

tie du Rapport; par M. Larrey..... 
Hydrographie ; partie rédigée par M. de 

PPEYCMER- = nee ne . 


Industrie algérienne ; partie rédigée par 
DIN ÉCURE ea ue mie nue sta ee A < 

Mécanique ; partie rédigée var M. Pon- 
celet 


Météorologie et Physique du globe ; par- 
tie rédigée par M. Arago. ......... 
Appareil pour puiser de l’eau de mer à 
de grandes Tom st Note de 
M. Biot…. 


- 

Zac. — M. Sorel demande que la Commis- 
sion qui avait été chargée de faire le rap- 
port sur le métal à employer pour la toi- 
turc de la cathédrale de Chartres, veuille 


(1192 ) 


P ges. 


17 


225 
197 
198 
201 
206 


203 
232 


” L'Académie est consultée par M. le Mi- 
nistre de la Guerre sur le choix des per- 
sonnes qui devront faire partie de la Com- 
mission scientifique de l'Algérie. 489 et 

— Lettre de M. Gaimard sur les premières 
observations faites par lexpédition en- 
voyée dans le nord de l'Eurupe.......... 

— M. Lefetvre, en annonçant son prochain 
départ pour le Sennaar, donne quelques 
détails sur l’état actuel des puits forés 
établis par les anciens dans plusieurs oa- 
ÉodacodonbonbobEe baton ac 

— M. Lefebvre, près de partir pour FA, 
demande à l’Académie des Instructions sur 
les observations qu’elle jugerait le plus 
utiles à faire dans ce pays. ............ 

— M.le Ministre de la Marine annonce la 


Pages. 


500 


265 


595 


200 


prochaine publication du Voyage scienti-" 


fique de La Bonite................. Fe 
— Lettre de M. Gaimard sur les principaux 
résultats obtenus par l’expédition scien- 
tifique envoyée dans le nord de l'Europe, 
communiquée par M. Freycinet........ 
— Sur les observations d'histoire naturelle, 
recueillies pendant la première partie du 
voyage de circumnavigation, qui se fait 
sous le commandement de M. Dumont- 
d'Urville; lettre de M. Hombron, chirur- 
gien-major de l'expédition, à MM. de 
Blainville, Cordier et de Mirbel. . . .. 
— M: Quartin- Dillon, près de partir pour 
l’Abyssinie, demande des instructions à 
l'Académie... ... dam eee 


bien indiquer à l’administration, pour 
cet usage, la tôle zincée préparée par son 
procédé. 


940 


(1193 ) 


TABLE DES AUTEURS. 


MM. 
ACHARD communique au nom de ta Com- 
pagnie francaise de filtrage les résultats 
obtenus au moyen du procédé inventé par 
M: de Fonvielle.................. nets 
AGASSIZ. — Lettre sur les ossements fossiles 
de Stonesfield qu’on avait cru pouvoir rap- 
porter à des Didelphes................. 
AIMÉ adresse des échantillons d’un minerai 
de plomb argentifère provenant de La 
Bouzaria , près d’Alger, minerai qui con- 
tient, dit-on, un peu de platine....... 
— Sur du corail fossile des environs d’Alger 
qui conserve encore une teinte rougeâtre ; 
Lettreà M.-Élie de Beaumont... 
AMBASSADEUR pe SUËDE demande auto- 
risation de faire prendre copie d’un Mé- 
moire présenté il y a plusieurs années à 
VAcadémie par feu M. Abel............ 
AMICI est présenté par la section de Phy- 
sique comme un des candidats pour une 
place vacante de Correspondant. 351 et 
AMYOT. — Note historique sur le ee aphe 
électrique. ..... s.. 
— Note sur la physiologie du ne ner- 
veux ganglionnaire... 


— Sur un nouveau système de nomenclature 
. en histoire naturelle........... 
— Système de signes télégraphiques......... 
ANDRIEUX..— Mémoire sur la ventouse uté- 
rine, et sur deux modifications du métro- 
TROTME Se Re sole ela/niale te n/# ele ele sie eialeiote 
ARAGO. — A l’occasion d'une letire de M. le 
Ministre de la Guerre, invitant l’Académie 
à lui transmettre le plus tôt possible les 
instructions pour une exploration scientifi- 
que de l'Algérie, M. Arago fait remarquer 
qu’ilnereste plus à soumettre à l’Académie 
que les conclusions générales du Rap- 
port , et fait connaître les motifs qui ont 
arrêté la Commission lorsqu'il s’est agi de 
rédiger cette dernière partie de son travail. 
— M. Arago donne lecture‘de ces conclusions. 
— Instructions pour la Commission chargée 
de l'exploration scientifique de l’Algérie 


sure 


Pages. 


901 


537 


246 


903 


949 


282 

&o 
129 
127 


1162 


1116 


17 
79 


MM. 
(partie concernant la Météorologie et la 
Physique du globe).............. ...., 
— Sur des incendies qui paraissent avoir été 
causés par des aérolithes....... . 


— M. Arago annonce qu’il a reçu diverses 
communications relatives aux étoiles fi- 
lantes du 10 au 13 août.......,..,..... 

— A l’occasion d’un résumé d'observations 
météorologiques suivies pendant plusieurs 
années au collége de Saint-Benoît, à 
Constantinople, M. Arago fait remarquer 
combien il serait utile que l’Académie fic 
imprimer des types dans lesquels les 
voyageurs n'auraient plus que des cases 
blanches à remplir, et qu’elle y joignit 
des instructions sur la manière de faire Les 
observations météorologiques. ........... 

— Communicatibn relative aux travaux iné- 
dits de M. Dulong (Indication de deux lois 
qui s’en déduisent relativement à la cha- 
leur spécifique des gaz composés )...... 

— M. Arago fait, à l’occasion d’une Lettre 
de M. Hess, une communication relative 
à plusieurs travaux de feu M. Dulong sur 
la chaleur dégagée pendant la combustion 
de diverses substances, ..... AH DONLE 

— M. Arago confirme une assertion de M. Ba- 
binet relativement à l’époque à laquelle 
un instrument de photométrie , inventé par 
ce physicien, a été pour la première fois 
employé. aus L'aeshedaalete à à so side 

— A l’occasion de la présentation d’un Mé- 
moire de M. Espy sur les grands oura- 
gans, M. Arago donne un aperçu des di- 
verses opinions émises depuis quelques 
années sur les directions convergentes où 
divergentes des vents par rapport. aux 
parties centrales de Pespace où se° fait 
sentir ce phénomène assimilé par divers 
météorologistes à une immense trombe.. 

— A l’occasion d’une Note de M. Masson, 
ayant pour objet de faire voir que, dans 
de certaines conditions, le courant élec- 
trique ne s’établit pas dans le vide entre 


Page 
206 


76 


43 


42: 


603 


S 
Q 
el 


MM. 
les pôles d’une forte pile, M. Arago rap- 
pelle que M. Savary est depuis long-temps 
parvenu à produire l’aimantation à l’aide 
de la décharge de l’électricité de tension 
développée par le frottement et déchargée 
instantanément à travers le vide... ..... 

— Rapport verbal sur un ouvrage italien 
ayant pour titre: Mémoire concernant quel- 
ques observations faites à l'observatoire du 
Collése romain dans le cours de l’année 


TÉ3B mem nrece 6 Ad ME nan On MODE OL 
— Note sur la détermination de la parallaxe 
de la 61m étoile du Cygne............. 


— Sur un système dexpériences à l’aide du- 
quel la théorie de l’émission et celle des 
ondes seront soumises à des épreuves 
décisives... ss eh . 

— Sur l'emploi de la gélatine comme ali- 


ment dans Vhospice Saint-Nicolas, à 
Mets.i is. cod date sers 119; 1119, 
— Sur les étoiles filantes périodiques du mois 
de neyembre.. ... "UC LE ete 


— M: Ar4Go fait, d'après sa correspondance 
particulière, les communications relatives 
aux objets suivants : 

— Sur l’emploi et la valeur relative des me- 
taux précieux dans l’antiquité, sur les prix 
moyens du blé et de la journée de tra- 
vail, etc. (Lettre de M. Dureau de la 
Malle.).. APE 

— Sur un tremblement de terre ressenti à Pe- 
saro le 23 juin dernier. (Lettre de M. Ma- 
Pan) Fe AS Anita On ete, NE nie ce 

— Sur quelques rep de la géohréphie phy- 
sique du Haut-Pérou.( Lettres de M. Pen- 
tland.). 490 et 

— Sur les changements survenus dans les son- 
dages, le long de la côte du Chili, à la 
suite des tremblements de terre ressentis 
les 20 février 1835 et 7 novembre 1837. 
(Lettre de M. Dumoulin.)..........,... 

— Observations sur les pluies des Antilles. 
(Lettre de M. Courtet de Vrégille, )..... 

— Sur le nombre des jours de tonnerre à 
Nantes. (Lettre de M. Huette.)., 

— Sur l'apparence de la comète à courte pé= 
riode, observée à Marseille , le 9 octobre 
1838, et sur l’époque à laquelle elle doit 
atteindre son maximum de volume. (Let- 
tre de'M. Valz:)n 0 CH oc A AO 


BABINET demande des Commissaires pour 
trois mémoires d'Optique qu'il a précé- 
demment présentés 


Pages. 


( 1194 ) 
MM. 
— Surles diamètres de cette comète. ( Lettre 
de Mar.) en Rd den 
— Sur les mouvements directs et rétrogrades 
des météores périodiques d'août et de no- 
vembre. (Lettre de M. Valz.).......... 
— Sur un grand météore lumineux observé le 
13 novembre à Cherbourg. (Lettre de 
M Vérémor RU STE. O0 
— Sur un météore Re observé le 16 no- 
vembre 1838. (Lettre de M. Gourjon.)... 
— Sur le volume de la comète à courte pé- 
riode, le 24 novembre 1838. ( Lettre de 
M. Valz.) 
M. Arago est désigné pour faire partie du 
Conseil de perfectionnement de l'École Po- 
lrtechnique , pendant l’année scholaire 
1838 —1839. . : . . . .. 
M. Arago est désigné pour remplacer 
M. Dulong dans la Commission nommée 
pour l’examen d’un Mémoire de M. Ta- 


955 


793 


954 


1132 
M. Arago est nommé membre de la Com- 
mission chargée de présenter une liste de 
candidats pour la place de Directeur des 
Études à V'École Polytechnique... ... 
Et de la Commission chargée de décerner la 
médaille Lalande pour l’année 1838. ..... 
— M. Arago est adjoint à la Commission 
chargée de s'occuper des moyens de pré- 
venir l’éclosion de la graine de vers à soie 
pendant la traversée de Chine en Europe. 
— Est nommé membre de la Commission 
chargée d'examiner dans quelle contrée du 
globe il convient d'envoyer des voyageurs. . 
— Et dela Commission chargée de rédiger 
des Instructions pour le voyage: de M. Le- 
Jebvre en Afrique. . . .. . 
ARAUJO, ministre plénipotentiaire du Brésil, À 
fait hommage, au nom de son Gouverne- 
ment, d’une suite de planches lithogra- 
phiées représentant les plantes du Brésil, 
ARDANT.— Études théoriques et expérimen- 
tales sur l’établissement des charpentes à 
grande portée. ...,.:...... ESA Ur 
ASCHERSON. — Recherches sur l'usage phy- 
siologique des corps gras.............., 
AUDOUIN est nommé membre de la Com- 
mission chargée de rédiger des Instruc- 
tions pour levoyage de M. Lefebvre en 
Afrique. +... . :. . 


1124 


83 


8) 


745 


— M. Babinet invoque les souvenirs des mem- 
bres de l’Académie auxquels il a fait con- 
naître jadis un instrument de photométrie 


Pages. 


974 


977 


502 


58) 


709 


127 


1103 


837 


709 


MM. 
de son invention, relativement à la date 
à laquelle cet appareil a été construit et 
EMPLOYÉ ARLES. LR ee 
— Mémoire sur les couleurs des doubles sur- 
Jaces à distance....,......... re nee 
— Note sur là chaleur dans l'hypothèse des 
vibrations. ..... CHIOTS 0 DETTE 
— Sur l'absorption de la bière dés les mi- 
lieux colorés biréfringents.. .... _ : 
BAILLET - SONDALOT. — Note sur un nou- 
veau système de 4ypographie (en commun 
avec M. Chapotin). ....... HT OTde DE CEE 
— Sur un nouveau mode de communication 
télégraphique. ......... ... 
BAILLON. — Sur le Cygne de Beyriele Lettre 
à M. de Blainville................. - 
BARBIER adresse un paquet eacheté ÉSéance 
du r7 septembre). ...... Horn LOU 
BARRÉ prie l’Académie de se faire “onde 


( 1195 ) 


Pages. 


1128 


. 1021 


625 


compte des procédés qu'il emploie pour * 


convertir en fer doux des pièces de fonte , 
sans en altérer la forme ..... OÉEL DÉT . 

— La Commission décide qu’il n’y a pas lieu 
de faire un rapport. ........ Sudotor 
BAUDRIMONT. — Sur l'extraction .de Vite 
digo du Polygonum tinctorium ; Poe à 

M: Chevreul..,.......:.1.. Frécoan 
BAZIN. — Note surune altération du poumon 
observée chez un Agouti................ 
BEAUTEMPS - BEAUPRE est nommé mem- 
bre de la Commission chargée de rédiger 

des Tastructions pour le voyage de M. Le- 
Jebvretlen Afrique rm ne 
BECQUEREL. — Précis de nouvelles recher- 
ches sur le dégagement de la chaleur dans 
le frottement; lu à la séance publique du 
IONAONDNO DB NE MNT Ne etre ile 
Note sur des lignites avec cristaux de 
blende, chaux phosphatée et ossements 
Jossiles trouvés à Muyrencourt (Oise)... 
M. Becquerel communique une Lettre de 
M. Schœnbein sur les courants secondaires. 
Et une de M. Matteucci sur les polarités 
secondaires it, 7. 1 2 a 
Et une de M. de La Rive sur l’oxidation du 
PLAINES ae. Ua 10 héletete SON 
— Et une de M. Schænbein sur la polarisation. 
BELLANI est présenté par la section de Phy- 
sique comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant. ....... 
BELLINGERI. — Table de la fécondité des 
mammifères, À «22e Jus e del matelas ee sv. 
BELLOT adresse un paquet cacheté portant 
pour suscription : Description d’un nouveau 


+ 1051 


709 


363 


1061 
1055 


Télégraphe électrique (Séance du 29 oc-' 


tobre)rr ee dote ele oete os 
BEN adresse quelques réflexions sur les morts 
apparentes....,.. 


. MM. 


BÉNIQUE adresse un paquet cacheté (Séance 
du 93 juillet)....... ah To CONTRER 

BENOIT. — Note sur l'émploi d’un nouveau 
calibre et sur Pemploi d’un nouveau métal 
dans la fabrication des montres soignées.. 

BÉRARD présente des échantillons d’indigo 
obténus du Polygonum tinctorium par 
M. Henry Bérard, son frère. ........... 

BERTHIER est désigné pour remplacer M. Sc- 
guier daus la Commission chargée de l’exa- 
men d’un Mémoire de M. Loyer. . . . . . 

BESLAY. — Description et figure d’une cheu- 
dière inexplosible à bouilleurs 
UE out our oc à AU ANADE 

BESSEL. — Observations pour déterminer la 
parallaxe annuelle de la ny en du 
Crgne (Lettre à M. de Humboldt)..…. 

BICHE. — Projet d’une pompe d’épuisement de 
la cale des bâtiments, mise en jeu par le 
mouvement du roulis................,.. 

BIOT. — Réponse à des remarques de M. Puis- 
sant sur une Note de M. Biot concernant 
la mesure des hauteurs relatives de signaux 
déduite de leurs distances zénithales réci- 
LL Ce ondnsondefioe 106 . 

— Réponse à une nouvelle Note de M. Puis 
sant sur la mesure des hauteurs relatives 
des signaux terrestres. ....._.,.... .... 

— Remarques sur une nouvelle Note de 
M. Puissant relative à des observations ré- 
ciproques et simultanées de distances £éni- 
thales et de mesures barométriques. ...... 

— Sur l'emploi des distances zénithales réci- 
proques et simultanées pour déterminer 
les erreurs des réfractions calculées dans 
1Ps observatoires, lorsque les thermomètres 
intérieur et extérieur indiquent des tempé- 
ratures différentes de l'air. .............. 

— Sur la mesure théorique et expérimentale 
de la réfraction terrestre avec son applica- 
tion à la détermination exacte des diffé- 
rences de niveau d’après les observations 
de distances zénithales simples ou réci- 
PrOQUES+ 5... AE TISSU 

— Sur l'évaluation des réfractions dans les 
couches d’air accessibles aux instruments 
météorologiques........... aghcHcoto40 

— Remarques sur une Note de M. Puissant 
relative au précédent Mémoire. . . . . . 

— Sur un moyen de puiser de l’eau de mer à de 
grandes profondeurs et de découvrir en 
quelle proportion les deux principes cons- 
tituants de l'air atmosphérique y sont con- 
tenus. (Note faisant partie des Instructions 
pour une RME scientifique de l’A/- 
gérie.)......sss.sss..re ÉD Din tte 

— M. Biot dépose un Pet cacheté........ 

BLAINVILLE (DE). — Sur l'importance des 


verti- 


Page: 


251 


763 


283 


1161 


-85 


253 


291 


ibid. 


1038 


203 
1001 


AIM 
résultats obtenus par M. Lartet dans les 
fouilles qu’il a entreprises pour recher- 
cher des ossements fossiles; Rapport fait 
en réponse.aux questions adressées à ce 
sujet par M. le Ministre de l'Intérieur... 

— Doutes sur le prétendu Didelphe fossile de 
Stonesfield............... 402, 727'et 

— Rapport sur un Mémoire de MM. de Laiser 
et de Parieu , concernant un nouveau car- 
nassier fossile, YHyænodon lepthorhyn- 


— Bapport en réponse à une Lettre de M. le 
Blinistre de lInstruction publique, con- 
cernant l’opportunité qu'il yaurait à faire 
de nouvelles fouilles dans la Caverne à 
ossements uvent-le-Bas........ 

— Rapport sur des ossements d’éléphant pro- 
venant d’un terrain attenant à l’hospice 
NeckeLs enr das emenelieetees ects 

— M. de Blainville communique une Lettre 
de M. Hombron sur des observations d’his- 
toire naturelle faites pendant la première 
partie du voyage commandé par M. le 
capitaine Dumont-d'Urville.......,,.,.. 

— Communique une Lettre de M. Baillon sur 
lecrene deBemwickiet scene sut deecct 

— Remarques à l’occasion de cette Lettre... 

— M. de Blainville est nommé membre de la 
Commission chargée de proposer une ques- 
tion pour le grand prix des Sciences phy- 
SQUES. roms sonne usée orme ss... 

— Membre de la Commission pour le concours 
au prix de Physiologie expérimentale... 

— Et de la Commission pour le concours aux 
priz de Médecine et de Chirurgie, fonda- 
tion Montyon............ dedans 

— Et de la Commission chargée d'examiner 
dans quelle région du globe il convient d'en- 
voyer des voyageurs......,...... ao css 

BLANCHET. — Sur la propagation et la po- 
larisation du mouvement dans un milieu 
homogène indéfini, cristallisé d’une ma- 
nière quelconque. .......... "10910 .et 

— Rapport sur ce Mémoire. ... 

BLONDEL. — Note sur des ossements fossiles 
récemment découverts dans Paris. ...... 

BLUME est présenté par la section de Botani- 
que comme un des candidats pour une place 
vacante de correspondant. ..........., 

BOGUSLAWSKY annonce avoir observé à 
Breslau la comète à courte période dans 
les nuits du 14 au 15, du 17 au 18, et du 
19 aH20 BOB EL 2LeR 

— Observations de variations horaires magné- 
tiques, présentées à l’Académie par M. de 
HumBoldi ee eS-rh ce ceeer LEE 

BONAPARTE ({Cnanes). — M. Isid. Geo. 
froy-Saint-Hilaire donne un résumé de 


( 1196 ) 


Pages, 


1004 


+ 101ÿ 


1091 


536 


898 


mm. 
quatre fragments relatils à Ja classification 
des Vertébrés, extraits d’un ouvrage que 
M. Ch. Bonaparte se prépare à faire pa- 
raître sous le titre de PE vertebrato- 
URL lies able etes s ts Sors/els 
BONNAFONT adresse un tableau d’observa- 
tions météorologiques faites à Constantine 
pendant l’espace de six mois........... 
— Demande à reprendre, pour le compléter, 
un Mémoire sur les mouvements de la 
chaîne des osselets de l’oute. . . . . . - . 
BONNARD (Dr). - Rapport surun Mémoire de 
M. Leymerie concernant les terrains secon- 
daires inférieurs du départementdu Rhône. 
BONNES (Mantiaz). — Projet d’un nouvel 
instrument logarithmique. :............. 
BORY pe SAINT-VINCENT.— Sur l'Isoetes 
da midi de la France et sur le Marsilea 
Fabri. . ne 
— nétructions pour une exploration LES 
fique de l'Algérie (partie concernant la 
géographie et la topographie). ........... 
— M. Bory de Saint-Vincent demande qu'un 
zoologiste soit chargé spécialement d’ex- 
plorer les environs de Constantine. . . . . 
— Sur l'existence du Guacharo (Steatornis) à 
Lile dé da rinité se mere dre at 
BOUCHACOURT. — Paquet cacheté portant 
pour suscription : Nouveau procédé de 
compression applicable à diverses maladies 
chirurgicales ( Séance du 10 décembre)... 
BOUDET. — Nouvelles recherches sur les 
corps gras (en commun avec M. Pelouse). 
BOURGERY demande à être présenté comme 
candidat à la chaire d’Anthropologie va- 
cante au Muséum d'Histoire naturelle... 
BOURGNON DE LAVRE. — Son Mémoire 
sur le lessivage à la vapeur, présenté au 
concours pour le prix concernant les arts 
insalubres. (Rapport de la Commission sur 
le concours de 1837.)..... ERIC re 
BOURJOT annonce que deux mâchoires de 
Dinotherium ont été découvertes àChevilly. 
BOUSQUET. — Ses recherches sur la vaccine 
et le virus vaccin, mentionnées honora- 
blement dans le Rapport sur le concours 
au prix de Médecine et de Chirurgie pour 
l’année 1835.04 050.1 
— Une médaille d'or est accordée, à titre 
d'encouragement, à M. Bousquet pour ces 
recherchestt}. 4. HE Re ER ene 
BOUSSINGAULT.— Aniyees pee des 
aliments consommés et des produits rendus 
par une vache laitière... sde e ie 
— Sur la composition du sucre de gélatine et 
de V’acide nitro-saccharique de Braconnot. 
— Recherches chimiques sur la végétation, 
entreprises dans le but d’examiner si les 


mnnnsssssss ssnsnnssn.e 


Pages: 


MM. 
plantes prennent de l’azote à l’atmos- 
phère..... te. streseseves : 889 ‘et 
— De l'influence de la nourriture des vaches 
sur la quantité et la constitution chimique 
du lait, en commun avec M. Le Bel... 
— Analyses comparées des aliments consom- 
més et des produits rendus par un cheval 
soumis à la ration d’entretien......... 
BOUV ARD est nommé membre de la Commis- 
sion chargée de décerner la médaille de 
Lalande pour l’année 1838....... men 
BOUVART. Sur la théorie d’un instrument 
destiné à mesurer la vitesse de la marche 
desnapires M\%s mare. A4 88 ass de 
BOUVIER demande à reprendre temporaire- 
ment le travail sur l’orthopédie que l’A- 
cadémie a couronné dans un précédent 
COnCOurs.......... QAR as SIL? 
BRAV AIS. — Sur une question de phobie 
lités relative à la détermination du mo- 
dule d’errenr de quantités fonctions des 
données immédiates de observation (Rap- 
port sur ce Mémoire )...,....... LH 
— Observations relatives à Hydrographie et 
à la Physique, faites dans le cours de l’és- 
pédition scientifique envoyée dans le nord 
de l'Europe. S 
BREGUET, fils. — Description d’un nouveau 
télégraphe électrique (en commun avec 
M. Masson); paquet cacheté adressé à Ja 
séance du 8 octobre.....,......:.,.,.. 
BRESCHET. — De l'influence de la tmbéra 
ture de l'atmosphère sur la cicatrisation des 
plaies , suites d’'amputation (en commun 
avec M. Guyot).......... DÉS DE CO 
— Réponse à des remarques faites par M. Lar- 
rer à l’occasion du précédent Mémoire. . 
— Réponse à des objections présentées par 
MR On HU MAUR SO ere © ANA . 
— M. Breschet fait, au nom d’une Commis- 
sion , un rapport sur les pièces adressées 
au Concours pour les prix de Médecine et 
de Chirurgie, fondation Montyon.. 252 et 
— Insertion de ce Rapport dans le Compte- 
rendu de la séance publique du 
13 août 1838........ aa Las ais 
— M. Breschet fait, au nom d’une Commis- 
sion, un Rapport sur les pièces adressées 
au concours pour le prix de Physiologie 
expérimentale, .........,.... 
— Insertion de ce rapport dans le Compte rendu 
de la séance publique du 13 août 1835... 
— Rapport sur un Mémoire de M. Milne Ed- 
wards concernant la circulation du sang 
dans lés Annélides., ...,............ dE 
-— Rapport sur un Mémoire de M. Lallemand 
concernant un cas d’anévrisme variqueux 
des vaisseaux fémoraux. .. SAEMA CCC 


CR, 1835, 2° Semestre, (T. VU) 


( 1297 ) 


Pages. 


1149 


1019 


1060 


677 


77 


837 


710 


65 


325 


304 


320 


633 


MM. 

— Recherches sur différentes pièces du sque- 
leite des animaux vertébrés et sur plusieurs 
vices de conformation des os....... JET où 

— Remarques sur une communication faite 
par M. Serres, concernant le développement 
de l’amnios chez l’homme............,. 

— M. Breschet présente, de la part de M. Men- 
ville, une molaire de Dinotherium gigan- 
teum...,. …. . 

— M. Breschet un nommé meube 1) + 2 
mission pour le concours au prix de Mé- 
decine et de Chirurgie, fondation Montyon. 

— M. Breschet est désigné pour remplacer M. 
F. Cuvier dans la Commission chargée de 
rendre compte d’un Mémoire de M. Bel- 
lingerie 2. eee en 20e de UE 

BRESSON prie l’Académie de hâter le rapport 
qui doit être fait sur une Note qu’ila pré- 
sentée concernant les applications du sys- 
tème métrique au numérotage de toute es- 
pèce de fils... 

BRISSET. — Ses recherches concernant la 
vaccine mentionnées honorablement dans 
le Rapport sur le concours au prix de Mé- 
decine et de Chirurgie pour l’année 1837... 

— Médaille d'or accordée par l’Académie , à 
titre d’encouragement, à l’auteur de ces 
Recherches. ..... 

BROCCHIERI adresse des échantillons de la 
matière colorante du bois de Campéche, ex- 
traite par un procédé qui lui est propre... 

— Rapport sur cet envoi..,...... de ba ue 

BRONGNIART (AnozP&E).— Instructions pour 
une exploration scientifique de l’Afgérie 
(partie concernant la botanique)... .. 

— Rapport sur un Mémoire de M. Decaisne 
relatif à la famille des Lardigabalées, et 
précédé de remarques sur l’anatomie eom- 
parée de quelques tiges de végétaux dico- 
tylédonés... 

— Remarques sur la communication faite par 
M. Aug. de Saint-Hilaire d’une Lettre de 
M. Wrydler concernant la formation de 
l'embryon dans les végétaux. ........... 

— M. Brongniart communique une Lettre de 
M. Callery, missionnaire apostolique, re- 
lativement à une aurore boréale observée 
à Macao, en janvier 1838. -epamee 

BRONGNIART (AzExANDRE ). — ao ee sur 
un Mémoire de M. Provana de Collegno, 
intitulé : sur les Terrains tertiaires du nord- 


ouestide tale 2.0.7... 
— Mémoire sur les kaolins ou argiles à por- 
celaine........ Doha Ao TES le 


BUARD. — Lettre sur un météore F2 qui 
semblait de nature à pouvoir devenir 
cause d’un incendie, s’il fût tombé sur un 
toit de chaume..... Hodoopato ete do ba bé 


Pages. 


1163 


332 


345 


1021 
1136 


139 


. 1085 


443 


.( 1598 ) 


MM 

BUFFON.—M. Geo/froy-Saint-Hilaire lit une 
Note intitulée : « De La statue de Buffon, 
afin de lui faire recouvrer ses anciens 
honneurs , et pour expliquer le sens poé- 
tique , l’idée physiologique deses parergas 


CABART.— Description d’un calorimètre em- 
ployé par M. Dulong, pour ses expérien- 


ces sur la chaleur... dense ee ace 
CABEAU. — Exposition d’une nouvelle tkéo- 
nierdes parallèles tetes 


CAGNIARD-LATOUR. — Recherches expé- 
rimentales sur la cause et les effets de la 
Jermentation vineuse. (Rapport sur ce tra- 
Vaio) Et et detre a ele 

CALIGNY (De). — Machine destinée à élever 
de l’eau à l’aide des oscillations. (Rapport 
sur cette Machine.)...., ot 

Paquet cacheté portant pour suscription : 
Nouvelle machine hydraulique. (Séance du 
rSFoctobre.). ae comes TELES 

— Description d’une fontaine intermittente os- 
cillante Se er spears ete del r ee 

— Sur les avantages qu'il y a à entourer d’eau, 
dans les machines aspirantes, la partie de 
l'appareil dans laquelle on fait le vide... 

CALLAUD. — Pendule météréologique, appa- 
reilenregistrant, de demi-heure en demi- 
heure, les indications du thermomètre. . 

CALLERY. — Sur une aurore boréale obser- 
vée à Macao le 26 juin 1838............ 

CALLIER, — Sur la prétendue communication 


CARUS. — Observations sur les causes de la 
Jermentation., 


DCELEREP EEE COCEEETE 


CASTRO (DE). — Note sur les moyens de di- 
riger les afrostats, 


CAUCHY. — Mémoire sur les vibrations. de 
l'éther dans un milieu ou dans le sys- 
tème de deux milieux, lorsque la propaga- 
tion de la lumière s'effectue de la même 
nmanière en tout sens autour de tout axe 
parallèle à une droite donnée... 

— Mémoire sur la Propagation. du mouvement 
Par ondes planes dans un système de mo- 
lécules qui s’attirent ou se repoussent à 
de très petites distances. Analogie de ces 
ondes avec celles dont la propagation 
donne naissance aux phénomènes de Ja 


Pages. 


872 
756 


227 


798 


759 


Bt 


MM. Patte 
ou sculptures emblématiques de la base de 
cette œuvre monumentale. »......,,... 684 
BULLARD. — Suite d’un travail sur la peste; 
transmis par M. le Ministre du Commerce. 1056 
polarisation de la lumière et de la double 
réfraction us annales ee 0665 
— Formules extraites de deux Mémoires sur 
loptique-mathématique.............,.. 907 
— Mémoire sur la réflexion et la réfraction 
de la lumière produites par la surface de 
séparation de deux milieux doués de la 
réfraction simple... ......... 953, 985, 1044 
GAZENAUD. — Nouveaux tableaux sÿnop- 
tiques de l’état actuel de chaque peuple 
des cinq parties du monde.........,...., 116% 


CAZNAUD demande qu'une Commission 
soit chargée de rendre compte des effets 
d’un appareil à amputation qu’il a in- 
ventésetanemel in ensssesenchile 204 
— Mémoire sur la citexcision ou procédé d’am- 


Putation instantanée et sans douleur..... 310 
— Rapport sur ce procédé...........,.,... 772 
CERULLI. — Sur la résolution des équations 

Identiquesf-2ten Cuers 51 SU 


CHAIX-DE-MAURICE. — Son procédé pou 
prévenir la formation des dépôts calcaires 
dans les chaudières des machines à vapeur; 
mentionné dans le Rapport surle concours 
aux prix concernant les arts insalubres. 79 et 323 
— M. Chaix de Maurice envoie à l'Académie, 
par l'entremise de M. Dumas, un bloc de 
dépôt calcaire formé dans la chaudière 
d’un navire à vapeur, ............... . 048 
CHAPOTIN. — Note sur un nouveau système 
de typographie (en commun avec M. Bail- 
let-Sondalot).......... ieciepeetdusse : 
CHAPTOIS. — Note sur une hémorrhagie 
spontanée du mésentère. ....,....,...... 
CHAPUIS.— Mémoire sur les ardoises factices 
et sur un nouveau système de couvertures. 
— Mémoire sur un appareil propre à la cuis- 
son de ces ardoises... sus esenves 
CHARVET. — Sur le Dragoneau qui habite 
les eaux du Fontanil........,.,........ 
CHÉNEAU. — Sur la nature et le traitement 
de la phthisie pulmonaire. (Rapport sur ce 
Mémoire.) ..... 
CHERVIN. — Ses recherches sur la fièvre 
jaune, sur la contagion en général, et sur 
les mesures sanitaires , mentionnées hono- 
rablement dans le Rapport sur le concours 
aux prix de Médecine et de Chirurgie pour 
l’année 1835... 


8358 
586 
Ibid. 


1060 


© 
Te 


MM. 

‘CHEVREUL. — Sur les premiers essais faits 
en France pour extraire la matière co: 
lorante du Polygonum tinctorium; Remar- 
ques à l’occasion d’un Mémoire de M. 
Jaume Saint-Hilaire sur les indigofères 
Asia lIqUESr en ren de ta à à 8102 9e 2 EDS 

— M. Chevreul communique une Lettre de 
M. Baudrimont concernant l’extraction de 
l'indigo du Polygonum tinctorium...... . 

— Remarques à propos d’un échantillon d’in- 
digo du Polygonum tinctorium présenté par 
M. Vilmorin. ....... reine 

— M. Chevreul est nommé membre dela Com- 
mission pour le concours au prix concer- 
nant les arts Insalubres... 2. 2 AM 

CLOS. — Objections d’un météorolopiste 
aux astronomes au sujet de l’aurore bo- 


LL) a et ter bot toto Hate ral 


— Note sur les étoiles Jilantes du mois 
d'août. ..... DE la 8 ele ae a miele eee 


maturité. ..... ÉRotOdte AE de rs 
COLLEGNO (PROVANA ne ). — Mémoire 
sur les terrains tertiaires du nord-ouest de 
lItalie. (Rapport sur ce Mémoire.) ..… 
COLLET. — Appareil pour Îe séchage rapide 
des étoffes, (en commun avec MM. Le- 
vesque frères et Penzoldt.)............. 


DNS Et aie ie a *...... 246 et 
— MM. Savary et Gambey sont adjoints à Ja 
Commission chargée de faire un rapport 
sur ce Mémotre, nt MEN Serie 


les arts insalubres. Rapport dela Commis- 
sion sur le concours de 1837.).......... 
— M. Conseil demande que son Méinoire soit 
admis à concourir de nouveau ; etannonce 
l'envoi de documents destinés à prouver 
que l’efficacité des moyeus qu’il propose 
a été constatée par Pexpérience......... 
CORDIER. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Maravigna concernant les Jormes cris- 
zaîlines du soufre de Sicile... ........... 


( 1199 ) 


Pages. 


123 


949 


232 


972 


MM. 

— M. Cordier est élu membre de la Commis- 
sion pour la révision des comptes de 1835 

CORIOLIS. — Rapport sur une roue hydrau- 
lique présentée par M. Passot......,... 

— Note en réponse aux observations pré- 
sentées par M. Pàssot, contre le précé- 
JET ÉPAPpOrÉe nue ne 

— Rapport sur les pièces adressées au con- 
cours pour le prix de Mécanique, fonda- 
THON MON IVONS een n ie nee . 


ayant pour objet la description d’une ma- 
chine de son invention destinée à élever 
de l’eau. ...... nova CE SLA bE 


comme candidat pour la place de directeur 

des études à l'École Polytechnique, place 
devenue vacante par le décès-de M. Du- 
10np- LE 

— M. Coriolis est nommé membre de la Com- 
mission chargée de s’occuper des moyens 

* de prévenir les explosions des chaudières à 


— Et de la Commission pour le concours au 
prit de Mécanique pour l’année 1838... 
COSTAZ. — Rapport sur les pièces adressées 
au concours pour le prir de Statistique 
CE obrondtédanobnoc hi tanebEs 
— Insertion de ce Rapport dans le Compte 
rendu de la séance publique du 13 août 1838 
— M. Costaz est nommé membre de la Com- 
missio» pour le prix de Statistique, con- 
cours de 1838........ Sales Gb à tn 
COSTE.— Sur les changements survenus dans 
les sondages le long de la côte du Chili à 
la suite des tremblements de terre des 
20 février 1835 et 7 novembre 1835. (Let- 
tre de M. Dumoulin à M. Arago). ........ 
COSTE est présenté par la section de Zoologie 
comme un des candidats pour la place va- 
cante par suite du décès de M. F. Cuvier.. 
COUERBE. — Recherches sur la composition 
du liquide qui se dépose par la compres- 
sion du gas d'éclairage. ............. .… 
COULIER adresse un paquet cacheté concer- 
nant un procédé pour empécher Les contre- 
épreuves degravures, journaux, etc. (séance 
dUAOMAONL) EEE Eee re -h Mae 
— Réclame la priorité sur M. Gagnage, rela- 
tivement à une encre propre à*empêcher 
les faux en écritures...............,..: 
COURTET ve VRÉGILLE. — Observations 
sur les pluies des Antilles; eommuniquées 
par NE PATapO.. 1.12 i- nel HDONLE 


MM. 

COURTIVRON (De). -- Son Mémoire sur l’ap- 
plication de la natation à l’art de la guerre, 
présenté au concours pour le prix concer- 
nant les arts insalubres. (Rapport de la 
Commission pour le concours de 1837)... 

CREVEL. — Essai sur les moyens de dimi- 


DARLU. — Lettre sur les moyens de prévenir 
l'explosion des machines à vapeur, ....... 
D’AUBUSSON (»E La FEUILLADE).—Voir 
à Feuillade ( d'Aubusson de la). 
DAVAINE. — Son compteur dynamométrique 
mentionné honorablement dans le Rap- 
port sur ke concours au prix de pére 
pour l’année 1837... 
DEBAY adresse des échantillons de “re re à 
foulon provenant du nee ei deSeine- 


DECAISNE. — Mémoire sur Le famille des, 
Lardizabalées, précédé de remarques sur 
l'anatomie comparée de quelques tiges de 
végétaux dicotylédonés. (Rapport sur ce 
Mémoire.)...... Bd 

— Recherches sur la betterave à sucre... .... 

DECUPPIS. — Observations sur l'anneau de 
Saturne faites à l'observatoire du Collége 
TOMAÏN. +... 

DELESSERT communique une lettre He 
M. Blondel sur des ossements fossiles ré- 
cemment découverts dans Paris. . . . . . 

DELMAS. — Observations météorologiques 
faites au collége de Saint-Benoît , à Cons- 
FANLINOplIers = che eiene = Pete inc 

DEMARÇAY. — Lettre sur les différences qui 
existent entre l’appareil qu’il emploie 
pour la conservation des grains et celui 
qu'avait proposé autrefois le père Castelli. 

DEMARÇAY (Horace). — Recherches sur la 
composition chimique de la bile. (Rapport 
CAAGERT TU nn ice 

DEMEIS. — Mémoire sur deux Souvéliés 
courbes... .,,,.. Tale 


DÉMONFERRAND Pere avec M. Vicat le 


( 1200 ) 


Pages. 


324 


89 


1027 


prix de Statistique, pour l’année 1837. 15 et 352 


— Remarques sur une Note lue par M. Mo- 
reau de Jonnès à l’occasion de la partie du 
Rapport sur le concours au prix de Seatis- 
tique qui concerne les travaux de M. De- 
monferrand.......... 248 et 

— Mémoire sur la rectification de quelques 
documents relatifs à la statistique de la 
ETANCE DR du eue fe om» » TS EU Ca astete« 

DEMONGEOT. — Des différentes manières 
de prendre des points d'appui fixes dans les 
locomotives à vapeur..,,,,,.,,.,..,... 


312 


1156 


488 


MM. 
nuer le nombre des sinistres en mer.... 

CUVIER ( FrépEnic). — Sa, mort annoncée à 
l'Académie tes ere ajeioieleera/aiats cree aide » 

— Détails sur la maladie à laquelle il a suc- 
combé. (Lettre de M. Duvernoy à M. Flou- 
rent); ss tenues dou une peuples 


DEMON VILLE adresse deux Mémoires, l’un 
sur la chaleur terrestre et sur la cause gé- 
nérale des vents, l’autre sur une "”a- 
Chine ee caen oene nie eee ee na RES 

— Demande à ètre compris dans le nombre 
des candidats pour place vacante dans la 
section de Physique...... 

DENIZARD demande qu’il soit fait un rap- 
port sur un système d'écriture sténogra- 
phique de son invention............,... 

DENIZET. — Sources sujettes à des varia- 
tions qui paraissent en rapport avec la 
pression atmosphérique. ..,,......,.... 

DESHAYES est présenté par la Section de 
Zoologie comme un des candidats pour la 
place vacante par suite du décès de M.F. 
Cuvier.…... nee eat RNA DEN 

— Mémoire sur la famille des Pholadaires. 

DESJARDINS. — Tableau des observations 
météorologiques faites au quartier de Flacq 
(ile Maurice)... 

DESPRETZ. — Sur la dilatation des Cure 
tions salines et du soufre liquide... 

— Recherches expérimentales sur le passage 
de la chaleur d'un corps solide dans un 
autre corps solide... 

— Sur la propagation de la chaleur dans les 
liquides. 

DEVAL adresse un paquet re (Séance du 
1€r octobre). .... 

— Adresse un paquet cacheté (séance du 
26 novembre). 

— Demande l’ouverture de ce paquet, qui 
renferme la description et la figure d’un 
instrument destiné à l'enseignement de la 
Cosmographie... ss. 5 

DEVERGIE (Azrn.). — Son ouvrage intitulé 
Médecine légale théorique et pratique men- 
tionné honorablement dans le Rapport 
sur le concours aux prix de Médecine et 
de Chirurgie pour l’année 1837... -.:.... 

D'HOMBRES-FIRMAS. — Voyez Hombres. 

DIEFFENBACH. — Mémoire sur le traite- 
ment du torticolis invétéré, par la section 
sous-cutanée du muscle sterno-cléido - 
mastoïdien.... 

— Sur le véritable inventeur de la section du 
musele sterno-cléido-mastoïdien sous la 


ssnvnsaiese 


ÉCEECET EEE EEE EEE 


snsnonnunrs nsssunse 


Pages. 


784 


253 


3rt 


994 


343 


MM. 
peau, dans letorticolis.....:........... 


DIEPPEDALE. — Origine de la craie, du sel 
marin fossile et du gypse. 

— M. ie: demande àretirer ce, Mé- 
moire. 

DONNÉ. — Son histoire physiologique et pa- 
thologique de la salive, ses recherches 
sur la nature des mucus secrétés par les 
organes génito-urinaires , ses expériences 
sur les animaux spermatiques, mention- 
nées honorablement dans le Rapport sur 
le concours aux prix de Médecine et de 
Chirurgie pour 1837. . 

D'ORBIGN Y. — L'homme américain considéré 
sous ses rapports physiologiques et mo- 
TAUX prose Die à ee se PRE PHOTO 

— M. d'Orbigny est présenté par la ae de 
Zoologie comme un des candidats pour la 
place vacante par suite du décès de MF. 


Cuvier. . x 
DOS SANTOS-E- SOUZA adresse de Rio- Ve 
neiro les livraisons 1, 2 et 5 d’un Mémoire 
imprimé sur diverses questions d’astrono- 
mie , de physique et de météorologie. ..... 
DOUBLE. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Chéneau concernant la nature et le 
traitement de la phthisie. pulmonaire... 
— M. Double est nommé membre de la Com- 
mission pour le concoursaux prix de Mé- 
decine. et: de Chirurgie, fondation Mon- 
LA 0 PPPPOEEE ELEC E EEE CECI 
DUFOUR (Léon). — Mémoire sur quelques 
nouvelles espèces d’Odynères, et considé- 
rations sur les mœurs des insectes de ce 
genre see Ce misetde te -claine 
DUJARDIN.— Note sur l’animalité des Spon- 
giles. (Rapport sur cette Note.)......... 
— Nouvel appareil pour éclairer les objets vus 
par transparence au microscope. ........ 
— Mémoire sur quatre nouvelles espèces d’An- 
nélides:.,......... eus due 00 0 
DULONG. — M. le Présidéht annonce, à la 
séance du 23 juillet, que tous les mem- 
bres présents de l’Académie ont assisté 
aux obsèques de M. Dulong, décédé le 18 
decétmgisettst MOT. 06 1 eh 
— M. Arago annonce que parmi les papiers 
relatifs aux travaux dont s’occupait M. Du- 
long et qu’il avait à peu près terminés, 
se trouvent des résultats qui! semblent 
indiquer la découverte de deux lois re- 
marquables relatives à la chaleur spéci- 
Jique des gaz composés... .......:.: 3/4 
— Ses recherches sur la chaleur dégagée pen- 
dant la combustion de diverses substances 
simples ou composées; Communication 


( 1201 ) 


Pages. 


587 


565 


974 


117 


717 


504 


556 


Gi9 
648 


129 


603 


MM. 
— Lettre, de M. Hess relative aux mêmes re- 
cherches.........e.ssssmennsssssusse 
— Description du calorimètre de M. Dulong, 
par M. Cabart,..... 
DUMAS fait au nom de la Commission char- 
gée d'examiner les pièces adressées au 
concours pour le: prix fondé par M. de 
Montyon, en faveur de celui qui aura rendu 
un art ou un métier moins insalubre, un 
Rapport dont les conclusions sont qu'il 
n’y a pas lieu cette année à décerner le 
prix, attendu qu'aucun des concurrents 
n’a fourni la preuve que le procédé qu’il 
recommande a commencé à être adopté 
par: l’industrie. — Noms des, concurrents 
qui pourront être admis plus tard à faire 
valoir leurs droits en remplissant cette 
condition............. creer 
— Insertion de ce Rapport dans le Compte 
rendu de la séance publique du 13août 1838 
— Rapport sur un Mémoire de M. Péligotre- 
latif à des recherches sur la nature et les 
propriétés chimiques des sucres... 
— Rapportsur un Mémoire de M. H. Demar- 
cay relatif à la nature de la bile...… 
— Note concernant un acide produit par l’ac- 
tion du chlore sur l’acide acétique....... 
— Note sur l’huile essentielle des fleurs de 
Reine des. prés, par M. Dumas... 
— M. Dumas présente de la part de M. Chair 
un bloc de dépôt calcaire formé sur la 
paroi interne d’une chaudière.......... 
— Rapport sur un Mémoire de M. Masson 
relatif à l’action exercée par le chlorure 
de zinc sur l'alcool. . . . . . . . Ca A 
— Remarques à l’occasion d’une communica- 
tion de M Arago sur l’emploi de la géla- 
tine comme aliment , à Metz. ... 1119 et 
_ Note sur la fabrication du sucre de bette- 
rave, avec dessiceation préalable des raci- 
nes; M. Dumas présente ; de la part de 
M. Haber, divers échantillons relatifs à 
ce genre de fabrication................ 
— M. Dumas est nommé membre de Ia Com- 
mission chargée de proposer une quesfion 
pour le-grand prix des sciences physiques, - 
— Lit, en qualité de rapporteur de la Com- 
mission la question proposée pour ce 
CONCOUTS. «+.» Habbo dE made Haba 
_ M. Dumas est nommé membre de la Com- 
mission pour le concours au prix Concer- 
nant les arts insalubres..............: 
— Est adjoint à la Commission chargée Fe 
l’examen d’un Mémoire de M. Tabariésur 
les effets que la différence de pression at- 
mosphérique peut PETER sur l’économie 
animale... 
DUMÉRIL. — rene SE une explora- 


Pages. 


Ibid. 


ro 


/ 


322 


106 
425 


474 


927—940 


918 


1100 


1131 


1135 


283 


930 


Mal 
tion scientifique de l’Algérie ( partie con- 
cernant la zoologie). ..... CDEECEECEEEEE 

— Sur la propagation et ‘les organes généra= 
teurs dans les reptiles Batraciens....... 

— Remarques à l’occasion d’une Note de 
M. Roberton sur le mouvement de la 
glotte chez le Boa dans l’acte de la déglu- 
HUON seen secs 

— Remarques sur les didelphes fossiles de Sto- 
nesfield, à l’occasion d’un Mémoire de 
M. Geoffroy Saint-Hilaire, concernant l’é- 
poque ‘à laquelle ont apparu les Marsu- 
piaux à la surface du globe. . .,.... 

— Remarques sur les mêmes fossiles , à Fées 
casion d’un Mémoire de M. de Blaimville. 

— Remarques sur la classification des Batra- 
ciens de M. Tschudi.......... nano 

— M. Duméril est nommé membre de la Gin 
raission chargée de proposer une question 
pour le grand prix des Sciences physiques. 

— Membre de la Commission pour le concours 
au prir de Physiologie expérimentale... 

— Etde la Commission pour le concours aux 
prix de Médecine et de Chirurgie, fonda- 
tion Montyon......., 

DUMORTIER. — Observations sur les chan- 
gements de forme que subit la téte chez 
les Orangs-Outangs............ 

DUMOULIN. — Sur les changements surve- 
nus dans les sondages le long de la côte du 
Chili, à la suite des tremblements de terre 
des 20 février 1835 et 7 janvier 1837; Let- 
tre à M. Arago...,..... 


EBILMEN, — Description d’un nouveau pro- 
cédé d'analyse chimique...........,.... 
EDWARDS (Mine). — Mémoire sur an dis- 
tribution géographique des crustacés... 
— Mémoire sur la circulation du sang dans 
les Annélides. (Rapport sur ce mémoire.) 
— Mémoire sur le mécanisme de la respira- 
tion chez les crustacés. ,..... ASS a 
— M. Edwards est présenté par la Section de 
Zoologie comme un des candidats pour la 
place vacante par suite du décès de M. F. 
Güvier.: a ten te enr 
— Estélu membre de l'Académie pour la sec- 
tion de Zoologie. . 
— Ordonnance royale confirmant sa nomina- 


Rapport sur une Lettre de M. Mandl rela- 
tive à la forme des globules du sang chez 
quelques mammifères, . . ., ... +: 

EDWARDS (W.) —Mémoire sur la respiration 

des plantes (en commun avec M. Colin). 


( 1202 ) 


Pages. 
137 
447 


625 


633 
736 
805 


283 
688 


717 


1057 


705 


526 


838 


1136 


922 


MM. 
DUNAL. —- Sur la cause de la coloration en 
rouge de certaines eaux salées... ..... 
DUPERREY. — Note sur un vent d'aspiration 
observé dans la mer Pacifique... 
DUPIN est nommé membre de la Commission 
pour le concours au prix de Statistique , 
année 1838.. 
DUREAU DE LA MALLE. — Sur anne 
et la valeur relative des métaux précieux 
dans l'antiquité, sur les prix moyens du 
blé et de la journée de travail. ......... 
DUTROCHET. — Dépôt d’un paquet cacheté 
concernant des expériences sur la tempéra- 
ture des végétaux. (Séance du 2 juillet)... 
— Paquet cacheté (séance du 26 novembre). . 
DUVERNOY. — Détails sur la maladie à la- 
quelle a succombé M. F. Cuvier (Lettre à 
M.Flourens)........... 
— Sur quelques points de l’organisation des 
Limules , et particulièrement sur la struc- 
ture de leurs branchies; esquisse des prin- 
cipales différences que présentent ces or- 
ganes dans les crustacés, et essai d’une 
classification de ces animaux d’après cette 
considération. . 
— M. Duvernoy met sous les yeux de l’Acadé- 
mie une série de dessins représentant le 
canal alimentaire et ses annexes dans les 
animaux vertébrés... O2 ne. 
— Est présenté par la section de Zoologie 
comme un des candidats pour la place 
vacante, par le décès de M. Frédéric Cu- 
vier., 


— M. Colin écrit que dans des expérience 
faites en 1837, de concert avec M. Ed- 
wards, il avait observé un fait signalé ré- 
cemment par M. Boussingault, savoir que 
des pois n'ayant pour tout aliment que 
l’air et l’eau ont fleuri et donné des se- 
mences qui sont arrivées à maturité... 

EHRENBERG. — Son ouvrage sur les infu- 
soires présenté à l’Académie par M. de 
Humboldt qui en indique brièvement le 
contenu. . 

ÉLIE DEBEAUMONT..- Note sur r L'état un 
du puits artésien à l'abattoir de Grenelle. 

— Instructions pour une exploration scienti- 
fique de lAlgérie (partie concernant la 
géologie)... .......s Enatie coms 

— Rapport sur un Mémoire de M. Puillon- 
Boblaye, relatif à la géologie des pro- 
vinces de Bone et de Constantine... ..... 

— Note sur le terrain qui contient le cripoli 
de Bilin, en Bohème....... 


605 


565 


MM, 

— M, Élie de Beaumont est nommé membre 
de la Commission chargée d’eraminer 
dans quelle région du monde il convient 
d'envoyer des voyageurs...l:........... 

— M. Élie de Beaumont communique un Let- 
tre de M. Aimé sur du corail à l’état fos- 
sile qui, conservant encore une teinte 
rougeâtre, semble indiquer que la forma- 
tion qui le renferme a été soulevée très 
récemment. ..... 

— Et un Mémoire de M. Schultz ayant pour 
titre : Macrobiotus Hufelandii......,... 


FACEMAZ. — Mémoires relatifs à des, ins- 
triments de physique. ....,.........s.. 
FAVAND. — Sur l’emploi fait en Chine 
des chrysalides de ver à soie comme 
aliment, et sur un procédé employé dans 
le même pays pour la conservation des 
œufs d'oiseaux domestiques; Lettre de 
M. Stanislas Julien.......,............ 
FÉE demande que son Essai sur les crypto- 
games des écorces exotiques officinales. soit 
admis au concours pour le prix Montyon, 
médecine et chirurgie... ............... 
FEUILLADE-D’AUBUSSON (De L4).—Mé- 
moire sur la roue à pales mobiles. ....... 
— Mémoire sur le piston à double effet et sur 
les bateaux sous-marins, . ..…............ 
FIARD:. — Ses Recherches sur la vaccine et 
le virus. vaccin mentionnées honorable- 
ment dans le Rapport sur le concours au 
prix de médecine et de chirurgie, pour 
l’année 183744. mens ose 
— Une médaille d’or est décernée à titre d’en- 
couragement à M. Fiard pour ces re- 
cherches... ect 
FISCHER. — Son Orrctographie de Moscou 
est transmise à l’Académie par M. le Dli- 
nistre des Affaires étrangères... ......... 
FLOURENS communique , d’après une lettre 
e M. Duvernoy , quelques détails sur Ja 
maladie à laquelle a succombé M. F. Cu- 


CIE EE RTE 


— Éloge historique de feu M. A.-L, de Jussieu, 
ln à la séance publique du 13 août 1838. 

— M. Flourens est présenté par l’Académie 
comme candidat pour la chaire de physio- 
logie comparée vacante au Muséum d'his- 
toire naturelle par suite du décès de 

M. PF Cuvier eee né cit de 

— Présente à l’Académie , au nom de 
M. Procter, une collection nombreuse de 
fossiles du calcaire de transition de Du- 
dley et de Wenlock. srepressenmeeeree 


( 1203 ) 


l'ages. 


889 


903 
993 


196 


284 


586 


ibid. 


334 


314 


513; 


555 


MM. 
ENCKE. — Sur la Comète a courte période : 
Lettre à M. de Humboldt..... .. 687 et 
ERMAN est présenté par la section de Phy- 
sique comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant........ 
ESPY.—A l’occasion de la présentation d’un 
Mémoire de M. Espy sur les grandstoura- 
gans, M. Arago donne un aperçu des di- 
verses opinions précédemment émises, 
touchant les directions du vent aux divers 
points dans lesquels le phénomène se fait 
SEDfin ane lertamelsele sie Loldp éseiMeer 


— Fait hommage à l’Académie de l’Éloge his- 
torique d’Antoine-Laurent de Jussieu , lu 
à la séance publique du 13 août 1838... 

— Recherches anatomiques sur la manière 
dont l’épiderme se comporte avec les poils 
et avec les ongles.......... aa s (ee nimldiafe : 

— M. Flourens communique une Lettre de 
M. Guyon sur un cas de monstruosité ob- 
servé à Alger. ............. sale e suis © 4 

— Est adjoint à la Commission chargée de 
l'examen d’un Mémoire de M. Tabarié 
concernant les effets qu’un changement dans 
la pression atmosphérique exerce sur l’éco- 
nomie animale, ......., 

— Est nommé membre de la Ft pour 
le concours au prix de physiologie exrpé- 
rimentales sas es ele seen 

FONSECA. — Figure et description dun ins- 
trument destiné aux opérations géodési- 
(LL 0060 Mouse gre = euben ets 

FONTAN. — Recherches sur les eaux miné- 
rales des Pyrénées. A sur ce Mé- 
mois) rar Rseneres < 

FORBES est présenté par la section he da 
sique comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant. ....... 

FORET. -- Note sur un régulateur d’horlo- 
(HAS CRÉEOSE TE ENT NME EU 2 

FOVILLE. — Son Mémiaire sur un nouvel 
appareil pour le traitement des fractures, 
mentionné dans le rapport sur le con- 
cours aux prix de médecine et de chirur- 
gie pour 1837.. .. inst t choats 

FREMY. — Recherches sur la composition et 
les propriétés chimiques des corps aux- 
quels on donne le nom de baumes. 

— Rapport sur ce travail........ sa moe raie 

FREYCINET (DE) communique l'extrait 
d’une lettre de M. Gaimard, concernant 
les travaux de l'expédition envoyée dans 
le Nord de l’Europe. .… 

— Instructions pour une exploration scienti- 


Pages. 


795 


25t 


1080 


344 


250 et 699 


826 


286 et 764 


( 1204 ) 


MM L Pages. 
fique de l'Algérie (Partie concernant l’hy- 
drographie et la marine). “ 

— M. de Frercinet est élu Henbre de le CR 
mission chargée d’examiner dans quelle 
région du globe il conviendrait d'envoyer 
des voyageurs... 

FRIMOT#— Études nee de la machine 


197 


889 


GAGNAGE adresse un échantillon d’uneentre 
qu’il considère comme indélébile. . . . . 
— Note sur la composition d’une encre d’im- 
primerie propre à prévenir la contrefacon 
par décalquage....... AE san 20 34 rence 1116 
GAILLARD. — Ses Recherches sur les en- 
_fants trouvés, mentionnées honorablement 
dans le Rapport sur le concours au prir 
CUP or ana dl 349 
GAIMARD. — Lettre sur quelques observa- 
vations faites par l'expédition envoyée 
dans le Nord de l’Europe....... 286 et 764 
GALISSARD DEMARIGNAC.—Le prix fondé 
par Mad. de Laplace est décerné à M. Ga- 
lissard de Marignac, comme premier 
élève sortant de l'Ecole Polytechnique 
dans la promotion de 1835......... 
GALL. — Observations de la comète à courte 
période faites en septembre, à Berlin, de 
concert avec M''Encke. . . .. ...... 
GAMBEY est nommé membre de la Commis- 
sion pour le concours au prix de méca- 
nique, (ANTÉC LOT ae -eusse- ue slene ss 
— Est adjoint à la Commission chargée de faire 
un rapport sur un travail de M. Combes. . 
GASPARRINI. — Note sur l’Acacia farne- 
siana (Rapport sur cette Note). 
GAUDICHAUD est adjoint à la Commission 
chargée de s'occuper des moyens propres 
à prévenir l’éclosion de la graine de vers à 
soie pendant la traversée de Dr en Eu- 


702 
GAUTIER.—Sa note sur 1 numération n Aa 
décimale n’a pas paru aux commissaires 
chargés de l'examiner, devoir donner lieu 
à un rapport académique.......... tb 
GAUTIER. — Mémoire ayant pour titre : Des- 
cription théorique de Pemploi de l’eau 
lancée en arrière par les roues des ba- 
tORUT d'AmpEUT A. ee M ee eleles aide ieie o1e 
GAUTIER ec 4 — Note sur 1h comète 
à courte période. , ot . 796—895 
GAY-LUSSAC, au nom ‘de la Comitsston 
qui avait été chargée de faire un rapport 
sur un procédé de chauffage proposé par 
M. Gros, déclare qu'il n’y a pas lieu à 
faire ue rapporte mire sheet e lee 


238 


889 | 


MM. 
à vapeur 
FRORIEP DE WEIMAR..: — Tableau géolo- 
gique présenté à l'Académie par MM. de 
Humboldt et AL Brongniart.......:.... 
FUSTER. — Sur les maladies de la France 
dans leurs rapports avec les saisons. ..... 


— M. Gay-Lussac, au nom de la section de 
Physique, propose de déclarer ajournée 
à six mois l’élection pour la place va- 
cante par suite du décès de M. Dulong. 
— Est nommé membre de la Commission pour 
le concours au prix concernant les moyens 
de rendre un art ou un métier moins insa- 


— Et de la Commission chargée démiminés 
dans quelle région du A il conviendrait 
d'envoyer des voyageurs. ....,......... 

GAYMÈGE. (Lisez Gagnage.) 

GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. — Lettre sur 
les ossements humains provenant des ca- 
vernes de Liége, et sur la modification 
qu’éprouve le pelage des chevaux par un 
long séjour dans les profondeurs des 
mines... Rnb tomes een mesne dire 

— Note sur la répulsion considérée comme 
caractéristique de l'essence des choses.. 

— De quelques contemporains des crocodi- 
liens fossiles des âges antédiluviens , d’un 
rang classique jusque alors indéterminé. 

— De la statue de Buffon, afin de lui faire re- 
couvref ses anciens honneurs, et pour 
expliquer le sens poétique, l’idée physio- 
logique dé ses parerga ou sculptures em- 
blématiques de la basé de cette œuvre 
monumentale .:.... 

— M. Geoffray-Saint-Hilaire à annonce qu “il 
est né au hameau de Prunay-sous-Ablis 
deux jumelles unies par les ischions. 

— Études sur ce cas de monstruosité....... 

— M. Geoffroy-Saint-Hilaire, au nom de la 
Section d'anatomie et de zoologie, propose 
de déclarer qu'il y a lieu de nommer à la 
placé vacante par la mort de M. Frédé- 


Mie CUVIEr,,, se sacomuene Bt 
— Mon dernier mot sur Les jumelles de Prunay 
jointes à téte-béche........ soaiÉiso ne 


— M. Geoffroy Saint-Hilaire dépose sur le bu- 
reau une planche lithographiée représen- 
tant ces jumelles. . . . .. . . . 

— Sur une nouvelle fille bicorps, née AUS 
à l'occasion d’une Lettre de M. Guyon.. 

GEOFFROY-SAINT-HILAIRE (Ismore). — 

Axalyse de divers fragments rélatifs à la 


Pages. 


784 


. 1050 


897 


681 
716 


736 


737 


769 


. 1000 


1096 


MM. 
classification, des vertébrés, faisant, partie 
d’un ouvrage encore inédit de M. C, Bo- 
naparte, ayant.pour titre : Systema verte- 
Bratorumiih er ar 260 in 96e 
— M. Isidore Geoffr oy et nommé membre de 
la Commission chargée d'examiner. dans 
quelle région du globe il conviendrait d'en- 
voyer des voyageurs. ..ssssssesessss 
— Dépose un paquet cacheté (séance du 24 dé- 
combrehe sasrell oirittanaigstl $ 
GERENTET. me l'emploi du gaz PEN 
gène appliqué au chauffage des apparte- 


GERV AIS.— Note sur un prets de 
lordre des insectivores dans la Nouvelle- 


GESTIN. — Considérations Éiraunsss sa 
matologiques, hygiéniques et médicales 
sur les différents points de relâche dés 
cinq parties du monde....,........... 

GIRARD (De). — Monographie des Primu- 
lacées et des Lentibulariées du Brésil 
méridional (en commun avec M. A. de 
SaïintaHilaire). Sienne, 52 et 

GIROU DE BUZAREINGUES dépose un pa- 
quet cacheté (séance du 4 décembre). . 

GOEDHOOP. — Réflexions sur la théorie dés 


MATÉESSS ÉCURIES UE L 


GOETHE. — Rapport de M. À. de Saint-Hi- 
laire sur la partie botanique des œuvres 
d'histoire naturelle de Goethe traduites 
ParM- Martins eee Hodeas 

GOLFIER-BESSAIRE adresse des échantil- 
Jons de matières colorantes extraites par 
un procédé qui lui est propre, de divers 
bois employés dans la teinture... DO 

GOURJON. — Météore lumineux observé le 
16 novembre 1838; Lettre à M. Arago... 

GRANGOIR. — Notice sur une nouvelle ser- 
rure à combinaison. ...:.........2.. 

GRAY Lettre (de M. le cou pura de) à à 
M. le Ministre de l’Instruction publique 
sur les fouilles de Fouvent-le-Bas...... 

GROS demande en son nom et celui de 
M. Merle que l'Académie se fasse rendre 


HABER (De). — M. Dumas offre en son nôm 
à J’Académie divers produits relatifs à la 
Jabrication du sucre de betterave avec des- 
sication préalable des racines... AAC 
HANSEN est présenté, par la section d'Aide. 
nomie , comme un des candidats pouriune 
place vacante de correspondant. …...... 
HAUTESSIER. — Sur l'existence du Gua- 
charo à l'ile de la Trinité, et sur les 


; % 
C. R. 1838, 2° Semestre. (T VIL.) 


( 1209 ) 


Pages. 


656 


672 


125 


1128 


MM. 
compte d’un système de ends au gaz 
dont ils sont inyenteurs.........,..,... 
— Écrit que le gaz employé dans je nouveau 
système de chauffage n’est pas, comme 
ont paru le supposer quelques personnes, 
le gaz d'éclairage ordinaire , mais l’hydro- 
gène pur provenant de la décomposition 
de Peau... de bide Re Dee 
GROUVELLE. — Note sur le gaz d'éclairage 
et spécialement sur la fabrication du gaz 
à Peau au moyen des appareils de M. Sel- 
TT PO BCP DRE DD 5 
GUIBERT. — Mémoire sur les probabilités 
des arrêts de deux sortes de cours d'appel. 
GUILLARD revendique en faveur de M. Thi- 
lorier l'honneur d’avoir obtenu le premier 
la solidification de l’acide carbonique... .. 
GUILLAUMET. — Description et figure 
d’un nouvel appareil de plongeur... ..:.. 
GUINAND. — La médaille de Lalande lui est 
décernée pour le succès qu’il a obtenu 
dars la fabrication d’un flint-glass exempt 
de stries et de bulles............ ShnnoS 
GUINGUANT.— Figure et description d’une 
machine, manœuvrant au moyen du flux 
et du reflux de la mer........ EP pre 
GUYON. — Note sur des vers observés entre 
la sclérotique et la conjonctive chez une 
négresse de Guinée, habitant la Marti- 


nique POLE EDIT ECC ECC CECECCEE RER 
— Sur un cas de pi uosité € observé à à Alger; 
Lettre à M. Flourens..#............... 


GUYOT.— Note sur la présence de larves de 
la mouche carnassière dans les plaies des 
soldats qui ont éprouvé des brélures à la 
prise de Constantine................. 

GUYOT (Jures). — De l'influence de la tem- 
pérature de l'atmosphère sur la cicatrisa- 
tion des plaies, suites d’amputation (en 
commun avec M. Breschet)............. 

— Note en réponse à une réclamation de 
M.Larrey, relative au précédent Mémoire. 

— De l'influence thérapeutique de la chaleur 
atmosphérique artificielle. ............. 


mœurs de cet oiseau nocturne ; Lettre à 
M. Bory de Saint-Vincent............ 
HESS. — Lettre à M. Arago concernant 16 
derniers travaux de M. Dulong.........: 
HEYNE. — Le prix de Physiologie erpérimen- 
tale lui est décerné pour ses Recherches 
sur la régénération du système osseux 
(Rapport sur le concours de 1837). 304 et 
HITTORE demande communication d’un 


162 


Pages , 


709 


+ 
el 
+ 


MM. 
procédé présenté autrefois à l’Académie 
des Sciences pour la conservation des 
sculptures en pierre... ... . 

HOMBRES-FIRMAS (D): — ère un essai 
d'éducation de vers à soie provenant de 
graine rapportée du Bengale par l’expédi- 
tion de la Bonite.,............... ..…. 

— Notice sur une portion de mâchoire es 


HOMBRON. — Sur des observations d’His- 
toire naturelle faites pendant la première 
partie de l'expédition de circum-navigation 
commandée par M. Dumont-d'Urville. (Let- 
tre à M. de Blainville). .:............... 

HOOKER est présenté par la section de Bota- 
nique comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant......... 

HUETTE communique à M. Arago des obser- 
vations sur le nombre de jours de tonnerre 
a Nantes a enr aa TARDE da .. 

HUMBOLDT (De) fait hommge, au nom 
de M. Ehrenberg, du grand ouvrage sur 
les infusoires que vient de faire paraître 
ce naturaliste. ....M..se.. ss 

— M. de Humboldt fait Free à prise 
mie de ses Observations physiques sur les 
volcans de Quito et les autres groupes de 
volcans de la chaïne des Andes. ........ 

— Offre, au nom de M. Buckland, des 


JACQUES. — Paquet cacheté (séance du 15 no- 
vEMbPO} NE, MOOD 20 RATE 
JAMES. — Lattre relative aux signes à l’aide 
desquels on peut distinguer les pustules 
du vaccin vieux de celles du vaccin nou- 
C2 OS DONTLLO I DO OL 0 0 D 
JAUME-SAINT-HILAIRE. — Mémoire sur 
les indigofères asiatiques (Rapport sur ce 
Mémoire) tort 
— M. Jaume-Saint-Hilaire adresse, sous en- 
veloppe cachetée, la description d’un pro- 
cédé pour l'extraction de la matière colo- 
rante du polygonum tinctorium. ( Séance 
duya septembre)... ts. secs des 
— Emploi, dans la teinture, du Polygonum 
tinctorium 


— Sur les produits du Polygonum tinctorium, 
JOBART, — Sur le chauffage’ des apparte- 
ments au moyen du gaz hydrogène pur... 
— Sur une des causes de la diminution appa- 
rente des eaux à la surface du globe..... 
JOBERT DE LAMBALLE. — Ses Recherches 
sur les fistules vésico-vaginales mention- 
nées honorablement dans le Rapport sur 


(1206 ) 


Pages. 


503 


878 


837 


599 


500 


950 


250 


122 


660 


741 
1127 


G72 


973 


MM. 
planches représentant des traces de pieds 
de quadrupèdes , trouvées en Angleterre , 
dans le grès rougeet le keuper , analogues à 
celles qui ont été trouvées en Allemagne 
dans le grès bigarré..... LUE 
— Communique des observations de la co- 
mète à courte période, faites à Berlin par 
MM. Encke et Galle....... SOL DA UE 
Présente, au nom de M. Riess, un Mémoire 
sur les quantités de chaleur que l'électricité 
produit dans des fils métalliques. ....... 
Communique une Lettre de M. Bessel sur 
Ja détermination de la parallaxe annuelle 
de la 61" étoile du Gygne.............. 
— Communique une Lettre de M. Encke re- 
lative à la comète à courte période. ..... 
Communique à l’Académie des observa= 
tions de variations horaires magnétiques 
faites à Breslau par M. Boguslawski. ... 
— Présente à l’Académie , au nom de l’auteur, 
M. Froriep, de Weimar, un tableau géolo- 
gique offrant l’ordre le plus généralement 
admis de la formation des terrains...... 
HUZARD est nommé membre de la Commis- 
sion administrative pour le dernier se- 
mestre de 1838 et le premier de 1839... 
— M. le Président de l’Académie annonce, à 
la séance du 3 décembre, que tous les 
membres présents ontassisté aux obsèques 
de M. Huzard, décédé le 30 novembre... 


le concours au prix‘de Médecine et de Chi- 
rurgic pour 1837... here 
JOLLI (Simon) annonce qu'on va faire des 
essais en grand de son procédé pour la 
destruction des charancons C 
JOMARD annonce que la Société formée à Paris 
pour l'exploration du territoire de Car- 
thage a reçu, entre autres produits des 
fouilles qu’elle a fait entreprendre , 
plusieurs mosaïques, représentant divers 
animaux, vertébrés et mollusques..... é 
JULIEN ( Sramsias ) communique une 
- Lettre de M. Favand, missionnaire en 
Chine, sur l'usage qu’on fait dans ce 
pays des chrysalides de ver à soie comme 
aliment, et sur un mode de préparation 
qu’on y émploie pour conserver les œufs 
d'oiseaux domestiques.......: DE ET cd 


— Procédés usités en Chine pour l'extraction 


de la matière colorante du Polygonum 
tincloriumss. sise So MTS de Te 
JUNOD. — Mémoire sur de nouveaux perfec- 
tionnements apportés à la construction 


d’un grand appareil dit cloche pneuma- 


Pages: 


1050 


1 
a 


126 


703 


( 1207 ) 


MM. Pages. 
tique, destiné à agir sur toutes les par- 
ties lu conper RARE en, ani. 973 
JUSSIEU (Anroine-LAURENT DE). — Éloge 
historique de cet académicien, lu à la 
séance publique du 13 août 1838; par 
MeFlotrens Smet Dual 7368 


REENE demande à produire des pièces pour 
s'assurer Ja priorité d’invention relative- 
ment à un procédé d’éclairage par le gaz 


0x RFA 0EÈNE. VAS NN NUE NUAGE 709 
KORILSKY. — Mémoires sur la Météorolo- 
ÉTÉ ÉAe DS a os... 16, 83 et 586 


LABARRE présente un modèle de roues pour 
les bateaux à vapeur. .....,........... 784 
LACROIX déclare qu'une Note de M. Élu 
tier sut la numération duodécimale qu’il 
avait été chargé d’examiner ne lui paraît 
pas devoir donner lieu à un rapport aca- 
démique........ 
— Est nommé membre de la Commission 
pour le concours au grand prix de Mathé- 
matiques pour l’année 1838... ...,.... (670 
LAHITEAU aûresse un Mémoire ayant pate 
titre: Histoire mémorable de l'apparition 
du principe vital de la nature... ........ 488 
— L'auteur demande à retirer ce Mémoire... 949 
LAIZER (De). — Description d’une mächoire 
Jossile appartenant à un carnassier qui 
devient le type d’un genre nouveau, le 
genre Hyænodon ( en commun avec M. de 
Parien) 90e: do M ocre. à 442 
— Rapport sur ce Mémoire................ 1004 
LALLEMAND. — Observation sur un ané- 
vrisme variqueur des vaisseaux fémo- 
FAURE eee ee al Abo NO Pa DO “21531 
— Rapport sur ce Mémoire. .......... 641 
LAMÉ. — Mémoire sur Les FREE isostati- 
ques dans les corps solides en Fe 
d’élasticité.: ...../..:. RAILS 1e 778 
LAMING. — Lettre sur l'électricité et la Ê ve 
vitalion,. .. 
LARREY.— Remarques à l’occasion de com- 
munication de MM. Breschet et J. Guyot, 
relative à l’influence de la zempérature de “ 
l'atmosphère sur la cicatrisation des plaies 
suites d’amputation.. , 
— Réflexions É la réponse faite par 
MM. Breschet et Guyot aux remarques + 
précédentes, ass 0 1e dans Mode 68 


MM. 

JUSSIEU (AortEN pe) présente de la part de 
l’auteur, M. de Notaris, de Turin, un 
ouvrage intitulé : Syllabus muscorum in 
Italia cognitorum. ......,..., COLLE «0839 

— Rapport sur une Note de M. Gasparrini 
concernant l’Acacia farnesiana, …. ., 


Pages. 


ses 1017 


— Description d’un nouvel anémomètre. 496 
KUHLMANN déposeun paquet cacheté (séance 
du 12 novembre).....,....,... res ... 840 
— Note sur plusieurs réactions nouvelles dé- 
terminées par l’éponge de platine... ... 1107 


pour une exploration scientifique de l’A1- 
gérie (partie concernant la Médecine)... 225 
— Rapport sur le citexciseur de M. Caznaud. 772 
— M. Larrey est nommé membre de la Com- 
mis\ion pour le concours aux prix de Mé- 
decine et de Chirurgie , fondation Mon- 
CORTE MR ER, RES 717 
LARTET.—M.le Ministre de L Fnstrution pu- 
blique consulte l’Académie sur lutilité 
dont peut être la continuation des 
Jouilles entreprises par M. Lartet pour 


la recherche d’ossements fossiles......... 17 
— Rapport de la Commission en réponse à 
la demande de M. le Ministre.......... 106 


— Sur la découverte d’une tête de Mastodonte 
(M. angustidens Cuv. ) dans les sables de 


Simorre (Gers)#12#5 04 EN ae 899 
— Note sur une tête fossile de Pachyderme 
trouvée à Simorre (Gers).......,....... 115% 


Voir aussi aux mots Hauteurs relatives, 
Signaux terrestres, Nivellements. 
LASSAIGNE écrit que dans un travail sur le 
lait de vache, dont il a publié, il y a six 
ans, les résultats, il a traité la plupart 
des questions discutées dans un Mémoire 
présenté récemment par MM. Boussingault 
etrbe Del sa DEPART CE ETES 1081 
LATREILLE. — Son buste ‘offert à à l’Acadé- 
mie par M. Valade-Gabel.............. 413 
LAURENT. — Recherches sur la spongille 


fluviatile....., D00 2e noch 00De ue Dane 617 
LAUZERAL. — Note sur quelques problèmes 
relatifs à la mesure du cercle. ........ : 83 


LEBAILLY - GRAINVILLE adresse copie 
d’une Note qu’il a soumise au jugement 
de l’Académie des Beaux-Arts, et qui a 
rapport à un parallèle entre l’octave musi- 
cale et le tétraèdre régulier. .........., 314 


162., 


MM. 

LE BEL. — De l'influence de la nourriture 
des vaches sur la quantité et la constitu- 
tion chimique du lait (en commun avec 

h Boussingault)... .... +, ei sure 

LEC ÆENCHER. — Lettre sur diverses ire 
vations d'Histoire naturelle faites au Kamt- 
schatka , aux îles Aleutiennes et en Cali- 
fornie; communiquée à l’Académie par 
M. Robert...... : 

LEFEBVRE. — Lettre relative à un voyage 
dans le Sennaar et aux puits artésiens des 
oasis d'Ég) BYPLEr as sms une 

— M. Lefebvre, près de partir _—. l’Abrs- 
sinie, demande des Instructions sur les 
observations que l’Académie jugerait utile 
de faire faire dans ce pays 

LEFILS. — Observation sur un cas de mirage 
observé près de Marquentère.... 

LEFRANCAIS-LALANDE est nommé mem- 
bre de la Commission chargée de décerner 
la médaille de Lalande , pour l’année 1838. 

LEGRAND. — Nouvelles observations sur les 
causes auxquélles tient l'augmentation du 
pouvoir émissif qu'on observe. générale- 
ment dans les corps lorsqu'ils ont été dé- 
polis. 

IEONELLI (Zecemm). — M, le Fe Fes 
Affaires étrangères rappelle qu’il n’a pas 
encore été fait de rapport sur deux Mé- 
moires de M. Zecchini Leonelli, transmis 
par son département à l’Académie. ..... 

LEROY D’ETIOLLES soumet au jgement 
de l'Académie de nouveaux instruments 
pour les rétrécissements de l'urètre, et pré- 
sente quelques réflexions sur le choix à 
faire, suivant les cas, entre les diffé- 
rentes méthodes de traitement......... 

— Demande que l’Académie se fasse rendre 
compte de diverses observations qui lui 
sont propres, concernant des calculs en- 


chatonnés. als ane TH UeE 
— Note sur un instrument de lithotritie, le 
compresseur -perCuleur. unes e duvumess ue 
LESIRE-FRUGER. — Note sur une nome 
piéced'antilleriens sshmionte hibiianalés 


LEVESQUE frères. — Appareil pour . sé- 
chage rapide des étoffes (en commun avec 
MM. Pensoldt et Collet) 


MAGENDIE. — Remarques sur une méthode 
de traïternént emplôyéé par MM: Bres- 
chet et Guyot; pour Hâter, au moyen 
dune chaleur artificielle, la cicatrisation 
des plaies suites d’ämpütation {à l'oc- 


1208 ) 


Pages. 


709 
311 


670 


653 


16 


MM. 

LEYMERIE demande , par l'intermédiaire de 
M. le Ministre des Travaux publics, de 
l’Agriculture et du Commerce, que V’Aca- 
démie fasse examiner deux Mémoires 
qu'il a présentés et qui sont relatifs : 
l'un à une pommade destinée au traite- 
ment de Ja gale, l’autre à un appareil 
pour des bains dits thermo-électriques. . 

LEYMERIE (Azexanpre). — Note sur le 
terrain crétacé du département de l'Aube. 

— Sur les terrains secondaires inférieurs du 
département du Rhône (Rapport sur ce 
Mémoire) 2e A EE RRETRES HARRE 

LIBRI est nommé Membre de la Commission 
pour le concours au grand prix de Mathé- 
tiques de l’année 1838.,................ 

LINARI (Le Père SANTI).— Essai sur les 
propriétés électriques de la Torpille..….. 

LINDLEY est présenté par la section de Bo- 
tanique comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant. ,....... 

LIOUVILLE. — Sur quelques /ormules de 
M. Poisson relatives à l'attraction des 
SPRÉR des NS de AE BE ASE 

— Note sur l'intégration d'une équation aux 
différences partielles qui se présente dans 
la, théorie du: son. Anse teens sat 

— M. Liouille est présenté par l’Académie 
comme candidat pour la chaire d'Analyse 
et de Mécanique vacante à l'École Poly- 
technique, par suite de la nomination 
de M. Mathieu, à la place. d’examinateur 
permanent. ...ss. 

— Mémoire sur la théorie des équations diffé- 
rentielles linéaires et sur le développement 


des fonctions en séries:.,.,...,..:...,. 
LONGCHAMP. — Sur la fabrication des gaz 
d'écldiragers tonte) aattasire ft io 


LOTTIN. — Observations relatives au magné- 
tisme terrestre et à la météorologie faites 
dans le cours de l'expédition scientifique 
envoyée dans le nord de l'Europe....... 

LOYER. — M. Berthier remplace M. Séguier 
dans la Commission chargée de l’examen 
d’un Mémoire de M. Loyer sur les ma- 


chinestal vapeurs ess een. 
— Description d’un appareil de sûreté pour 
les bateaux à vapeur... ,.,.......... 


casion de quelques Jouet ce su 
jet présentées par M. Roux), .? 
— M. Magendie fait} au nom d’une Commis- 
sion, un rapport sur le Concours pour le 


grand Prix des sciences physiques mi. 


Pages. 


253 


739 


68 


282 


MM. 
— Insertion de ce Rapport dans le Compte 
rendu de la séancepublique du13 août 1838. 
— M. Magendie, en présentant le 4° volume 
de séès Lecons sur les phénomènes physiques 
de la vie, donne un aperçu des sujets 
qui ysont traités..... CMEARAE CRETE 
— Remarques à l’occasion d’un rapport sur 
une Note de M. Mandl relative à la forme 
elliptique des globules du sangchez quel- 
ques mammifères... ss... 
— Remarques à l’occasion d’une Communi- 
cation de M. Arago relative à l'emploi 
de la gélatine comme aliment dans l’hos- 
pice Saint-Nicolas, à Metz. ..... 1118 et 
— M. Magendie est nommé membre de la 
Commission chargée de praposer une ques- 
tion pour le grand Prix des sciences ply- 
siques qui sera décerné en 1839......:. 
— Et de la Commission pour le concours au 
prir de Physiologie expérimentale. ..... 
Et de la Commission pour le concours au 
prix de Médecine et de Chirurgie, fonda- 


tion Montyon............... NT 
— Et de la Commission pour le coneours con- 
cerpant les arts insalubres............. 


MALAGUTI. — Note sur le formométhylal.. 
MALLET annonce la découverte d’un gise- 
ment considérable de carbonate de chaux 
“cristallisé, à Marbaix ( départ. du Nord). 
MAMIANI. — Sur un tremblement de terre 
qui s’est fait sentir à Pesaro le 23 juin 
Tr goaodonnnanc:-1 OCDE 
MANDL. — Recherches sur nié structure in- 
time des muscles? 3.141. AN. 
— Note sur les caractères chimiques des se- 
Cr étions ss... prnnnnnnn mms nnnnnss 
— Globules du sang de forme ébliprique ob- 
servés chez deux espèces de mammifères. . 
— Rapport sur ee Mémoire..........:..... 
MARATUEH. — Appareil destiné à nées 
les incendies qui commencent par des 
Jeux de cheminées..........., = 
— Rapport sur eet appareil. .:............ 
MARAVIGNA. — Monographie des formes 


diverses que présente le soufre cristallisé 


de la Sicile. ... HAE EC re Entre 
— Rapport sur ce Mémoire................ 
— Sur les rapports qui existent entré le Ba- 
salte'et la Téphrine:. "NI, 
— Monographie de la Célestine de Sicile... 
MARCEL DE SERRES. — Note sur Vaccou- 
plement du mouflon et du mouton, et sur 
les métis qui en sont provenus........ .: 
MARCHAND. — Mémoire concernant les 
ponts ascendants et déscendants, etc..... 
— M. Marchand prie l'Académie de hâter le 
rapport qui doit être fait sur son Mémoire. 
MARIANINI est présenté par la section de 


( 1209 ) 


Pagcss 


319 


499 


1142 


1131 


282 


688 
717 


ibid. 
49r 


904 


MM. Pages: 
Physique comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant......... 251 
— Est élu membre correspondant pour la 
section de Physique...... dEtéhig à lon x 262 


MARION-DESBROSSES.—Ses Recherchessur 
les enfants trouvés, mentionnées honora- 
blement dans le Rapport sur le concours 
au prix de Statistique. ................. 349 

MARTIN. — Ses nouveaux procédés relatifs 
à l’art de l'amidonnier mentionnés dans 
le Rapport de la Commission des arts in- 
POMPES perte etais er FO 59 et 32} 

MARTINS.— Sa traduction des œuvres d'His- 
toire naturelle de Goethe. (Rapport sur la 
partie botanique de cet ouvrage.)....... 434 

— Observations relatives à la botanique et à la 
météorologie, faites dans le cours de l’ex- 
pédition scientifique au nord de l’Europe. 835 

MASSON. — Note sur un essai de télégraphe 
électrique fait au collège de Caen.. ..….. 58 

— Des produits résultant de l’action du chlo- 


rure de zinc sur l'alcool D OR 
— Rapport sur ce Mémoire. ..... RATES 1100 
— Sur le fluide électrique à V’état de diffusion 

dans/le vide... teen eta ges CN 651 


— Description d’un nouveau télégraphe élec- 
trique (en commun avec M. Breguet 
fils); paquet cachèté adressé à la séance 
du 8 octobre...... ES OL ulICE LOC EEE 710 

MATHIEU — Rapport sur un Mémüise de 
M: Sédillot. fils, concernant lés instru- 
ments astronomiques des Arabes,........ 1015 

— M. Mathieu est présenté par l'Académie 
pour la place d’examinateur permanent à 
l'École Polytechnique , place vacante par 
suite de la démission de M. de Pronr.. 444 

— Est nommé membre de la Commission pour 
le prix de Statistique, année 1838... ... 6-0 

— Et de la Commission chargée de décerner 
la médaille de Lalande pour l’année 1838. ibid. 

MATTEUCCI. — Son nom, qui ne se trouve 
point dans la liste de candidats présentés 
par la section de Physique, pour une 
place de Correspondant (p. 251), a été 


omis par erreur.....,..: ADO ECC 626 
— Mémoire sur les polarités secondaires... 741 
MAURICE. — Cadran solaire donnant le temps 

moyen à toutes les époques de l’année... 310 
MEIS (DE). — Mémoire sur deux nouvelles 

COUDES, isa EU -e RL ad dR arf 584 


MELLONI. — De la éEndRE trace que 
les aspérités et le poli des surfaces exer- 
cent sur le pouvoir émissif des corps. .... 295 
MENDEVILLE, consul de France à Quito, 
annonce la terminaison des travaux pour 
la restauration des deux pyramides élevées 
auxextrémités dela base mesurée par les as- 
tronomes francais dans la vallée de Yaruqui. 1104 


MM. 

MENTION. — Paquet cacheté portant pour 
suscription : Description d’un procédé de 
dorure sur argent (adressé, à la séance du 
20 août, par MM. Mentionet Wagner).. . 

MENVILLE présente, par l'entremise de 
M. Breschet, une molaire de Dinotherium. 

MERLE demande, en son nom et celui de 


M. Gros, que l’Académie se fasse rendre 


compte d’un système de chauffage au gaz 
dont ils sont les inventeurs. ..... rss 
— Fait remarquer que le gaz employé dans 
leur procédé n’est pas, comme ont paru le 
supposer quelques personnes, le gaz d’é- 
clairage ordinaire, mais du gaz hydro- 
gène non carburé, obtenu par la décompo- 
sition de l’eau... .. 


MEYEN. — Sur les animaux spermatiques des 
végétaux d'organisation inférieure... ... 
— M. Meyen est présenté par la section de 
Botanique comme un des candidats pour 
une place vacante de correspondant... 
MIDY .— Sur les meilleurs moyens à employer 
pour prévenir les explosions des machines 
a vapeur... 


MIEGEVILLE, — Son procédé pour rendre 
moins insalubre la fabrication des tabacs, 
présenté au concours pour le prix con- 
cernant les arts insalubres. {Rapport de la 
Commission sur le concours de 1837)... 


MILNE EDWARDS.— Voyez Edwards (Milne). 


MINISTRE DE LA GUERRE invite PAcadé- 
mie à lui transmettre le plus prompte- 
ment possible les Instructions qu'il a 
demandées pour la Commission chargée 
de l'exploration scientifique de l'Algérie … 

— Invite l’Académie à désigner trois de ses 
membres pour faire partie du conseil de 
perfectionnement de l’École polytechnique. 

— Invite l'Académie à lui présenter un can- 
didat pour la place de Directeur des Études 
à l'École Polytechnique Arte be Vars ENS QU 

— Invite l’Académie à lui présenter un can- 
didat pour la place d’inspecteur perma - 
nent à l'École Polytechnique. .......... 

— Invite l’Académie à lui présenter un can- 
didat pour la chaire d'Analyse et de Mé- 
canique vacante à l'École Polytechnique. 

— Invite l’Académie à lui présenter un can- 
didat pour la place de professeur de Chi- 
mie vacante à l'École Polytechnique... 

— Accuse réception des Instructions que V'A- 
cadémie, sur sa demande, a préparées pour 
une exploration scientifique de l'Algérie. , 

— Invite l'Académie à lui désigner les per- 
sonnés qu’elle croirait les plus propres à 
faire partie de la Commission ie 
de l'Algérie, 


Pages. 


443 


1081 


598 


709 


532 


599 


1116 


311 


532 


785 


442 


489 


( 1210 ) 


MM. 

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES 
rappelle qu’il n’a pas encore été fait de 
rapports sur deux Mémoires de M. Zec- 
chini Leonelli, transmis par son dépar- 
tement à l’Académie........, .,..:. . 

— Transmet un ouvrage de M. le colonel 
Reid sur le grand ouragan qui s’est fait sen- 
tir en1780, dans les Indes-Occidentales. . 

— Et un exemplaire de lOryctographie de 
Moscou; par M. Fischer.. ..... date 

MINISTRE DU COMMERCE, DE L’AGRI- 
CULTURE ET DES TRAVAUX PU- 
BLICS transmet une lettre de M. Leyme- 
rie qui demande que l’Académie se fasse 
rendre compte de deux Mémoires qu’il a 
présentés et qui sont relatifs , l’un à une 
pommade proposée pour le traitement 
de la gale, l'autre à un appareil pour des 
bains que l’auteur nomme thermo-élec- 
triques 01. aa eis ele Éree-etee 

— Rappelle à l’Académie l'invitation qu'il lui 
a faite de s'occuper des moyens de pré- 
venir l’éclosion de la graine de ver à soie 


envoyée de Chine en France. ......... . 
— Transmet la suite d’un travail de M. Bul- 
lard'surila peste ER Re ; 


MINISTRE DE LA MARINE annonce e 
publication des résultats scientifiques du 
voyage de la Bonite...... PACE AE CS À : 

— Transmet les observations relatives aux 
Sciences physiques et naturelles faites dans 
le cours de l’expédition scientifique en- 
voyée dans le nord de l'Europe. ........ 

MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLI- 
QUE consulte l’Académie sur lutilité 
dont peut être la continuation des fouilles 
entreprises par M. Lartet, pour la re- 
cherche d’ossements fossiles. ..,..,...., 

— Transmet une Note de M. Lefils, ASE 
à un cas de mirage observé sur la côte de 
Marquentère (Somme)....... TE SCC 

— Invite l'Académie à lui présenter un can- 
didat pour la chaire de Physiologie compa- 
rée, devenue vacante au Muséum d’his- 

* toire naturelle par le décès de M. F. Cu- 


— Annonce que désormais les livres et Mé- 
moires envoyés par l’Académie aux So- 
ciétés scientifiques, arriveront sans frais, 
si on les transmet par l'intermédiaire de 
son ministère........... sr 

— Transmet l’ampliation de LORERS 
royale qui approuve la nomination de 
M. Milne Edwards. ....... 

- Adresse l'extrait d’une Lettre de M. le 
sous-préfet de Gray sur les fouilles faites 
dans une caverne à ossements fossiles de 
la commune de Fouvent-le-Bas... 


DCE 


Pages. 


655 


lbid. 


55 


Cp 


83) 


Æ- 


MM. 
— Transmet une Note de M. Scheutz sur une 
machine à calculer. ..,,..,..,......... 
— Invite l'Académie à lui-présenter un candi- 
dat pour la chaire d'anatomie et d'histoire 
naturelle de homme devenue vacante au 
Muséum d'Histoire naturelle par Ja nomi- 
nation de M. Flourens à la chaire de Phy- 
siologie comparée... 


— Et de la Commission chargée de préparer 
des Instructions pour le Yoyage en Afrique 


nique comme un des candidats pour une 
place vacante de correspondant... 
— Est élu correspondant pour la section de 
Botanique... aie ici q sde 
— Adresse ses remerciments à l'Académie. . 
MONTAGNE. — Des coniocystes, ou spo- 


ranges, du genre Bryopsis, de la famille 
des Algues.......,..,... 


NATIVELLE adresse un paquet 


cacheté. 
(Séance du 24 septembre). .... 


NÉEL DE BRÉAUTÉ est nommé correspon- : 


dant de l’Académie pour Ja section d’As- 
tronomie 


PAILLOUX présente deux enfants mort- nés 
qui sont unis entièrement par la région 
abdominale... .. Einlen iso ont alelela/e/= 

PALLAS. —_ Son Mémoire sur le sucre de 
maïs présenté au concours pour le prix 
concernant les arts insalubres. (Rapport 
de la Commission sur le concours de 
1937 eee En 

PAMBOUR (De). — Note sur la chaleur 
constitutive de la vapeur d’eau en contact 
avec, le liquide ; et sur la loï de conserva- 


{ 1211 ) 


Pages. 


1056 


1061 


113 


761 


œ 


28 
709 
889 
599 
617 


740 


79 


83r 


246 


N 


MM. P, 
— Sur les organes mâles du genre Targionia , 
découverts dans une espèce nouvelle du 
Chili (Rapport sur ce Mémoire). ........ 
MOREAU DE JONNÉS présente, à l’occa- 
sion du rapport sur Je concours au prix 
de statistique pour Pannée 1837, quelques 
observations sur.le degré de confiance que 
doivent inspirer les éléments dont on 
peut faire usage pour des tables de mor- 
talité par âges, embrassant la population 
entière de la France.......... 16, 56 et 
— Rectification d’une assertion contenue 
dans une lettre de M. Demonferrand. ….. 
— Note sur le mouvement de la population de 
la France en 1535 et 1836.............. 


ÉURESS Ne IPN TETE ER EE 835 et 


ages, 


115 


97 
249 


771 
825 


974 


— Rapport sur ce Mémoire. ....,......... 1145 


MORSE. — Lettre sur son télégraphe électro- 


une ascension à la cime du Vignemale 
(Pyrénées françaises)............,..... 
— Echantillons de roches recueillies sur le , 
Vignemale........., CHENE CHCEEE L T 
MOTTET. — Son Mémoire sur l'emploi 
de la fécule de marron d'Inde dans Vali- 
mentation , présenté au concours pour le 
prix concernant les arts insalubres. (Rap- 
port de la Commission sur le concours 
de:r937) ee era een ee eee 
MUSLER, — Remarque à l'occasion d’une 
communication de M. Kuhlmann sur les 


593 


534 


739 


réactions opérées par l'éponge de platine. 1162 


— Adresse ses remerciments à l’Académie. . 
NOTARIS (nt). — Syllabus æuscorum in lialia 
et insulis adjacentibus hüc usque cognitorum; 
ouvrage présenté par Made Jussieu... ,.. 


tion du maximum de densité de la yapeur 
Pour sa température, pendant son action 
dans les machines à vapeur 
— Note sur l’extension aux machines à simple 
effet, de la théorie de la machine à vapeur, 
exposée dans plusieurs Mémoires précé- 
dents ce DISPO CUD DT ON SCORE 
PARAVEY (De). — Note sur les bitumes em- 
ployés anciennement dans la Perse et les 
Pays voisins.....,....... MERS A ee 
— M. de Paravey demande que l’Académie se 


904 


19 


MN. 
fasse rendre compte d’une Note qu'il a 
présentée sur l’astronomie ancienne... 
__ Lettres concernant des conséquences qu’on 
pourrait, suivant l’auteur, tirer de divers 
passages des anciens ouvrages grecs et chi- 
nois où ilest question du phénomène du 


LONNETTE  mummmsmmmumns mn nn 
_ M. de Paravey demande à reprendre ces 
lettres........... RG Rte sert) Hot . 
_— Addition aux lettres précédentes. ........ 
— Détails sur le mode de préparation de la 
gélatine, à Utrecht.......... USD 


PARIEU (Dr). — Description d’une ne 
fossile d’un carnassier nouveau qui de- 
vient le type d’un nouveau genre, le genre 
Hyænodon (en commun avec M. de Laiser). 

— Rapportsur ce Mémoire................ 

PASSOT. — Sur une nouvelle roue hydrau- 
lique. (Rapport sur cet appareil. )....... 

— Réflexions à l’occasion de ce Rapport... 

— Additions au Rapport, faites par suite de 
ces réflexions. ....,....: RAA TUE 

PAYEN. — Mémoire sur l’Amidon considéré 
sous le point de vue anatomique, chi- 
mique et physiologique. ...... obtenir 

— Note sur les caractères physiques des cé- 
ruses obtenus par des procédés diférents 
de fabrication. .....::....::.:........ 

— Note sur la coloration de l’eau des marais 
salants à l’époque qui précède la precipi- 
tation du sel........... SUN. EN 

— Mémoire sur la composition du tissu pro- 
pre des plantes et du ligneux.......,... 

— Sur un moyen d'isoler le tissu élémentaire 


ADSBON ON NES NIET ASS RME 
PECLET. — Mémoire sur un nouveau con- 
densateur électrique... ............ AŸAË 


— Mémoire sur l'influence de l’action chimi- 
que dans la production de l'électricité par 


le frottement........u.,.. CON CO 
— Note sur le dévelôppement de Pélectricité 
par la pression, ,............. doses 


— Mémoire sur le développement de l’électri- 
cité statique par le contact des corps bons 
CONAUCIOUTS-.. Sense seb easlees ses 

— M. Péclet demande à ètre compris dans le 
nombre des candidats pour la place va- 
cante dans la section de Physique par suite 
du décès de M. Dulong. ...... Honda 

PÉLIGOT. — Recherches sur la “ie et les 
propriétés des sucres. (Rapport sur ce 
IMMO eee ee musee aleiete DAACOE 

— Recherches sur la betterave à sucre. ..... 

PELLETAN. — Note sur une machine à va- 
peur à rotation immédiate. ...........,. 

PELLETIER. — Communication tte au 
Polygonum tinctorium.........,...... ë 

PELOUZE — Rapport sur la partie ir 


( 1272 ) 


Pages. 


723 


1052 


1125 


486 


522 


624 


MM. Pages. 
d’un Mémoire de M. Fontan, concerant 
les aux minérales des Pyrénées......... 510 
— Note sur une nouvelle combinaison du cya- 


nopène|etidu sens in mens diet . (63 
— Nouvelles recherches sur les corps gras 
(en commun avec M. Boudet).......... (65 


— Note sur les produits résultant de Yaction 
de l'acide nitrique concentré sur l’amidon 
et le ligneux. ....... Hamel. RAS 
— M. Pelouze est présenté comme candidat 
de l'Académie pour la chaire de Chimie 
vacante à l’École Polytechnique par suite 


de la démission de M. Dumas......... 831 - 
PELTIER. — Extrait d’une lettre sur la po- 

larité des courants électriques... ....... « 763 
— Sur la différence de capacité électrique de 

différents corps ......... er. 26 RTS . 965 


PENTLAND. — Sur quelques points de la 
géogrephie physique du Haut-Pérou; Lettre 
à M: Arago: uses PRES RER 490 
— Rectification d’une mesure donnée dans la 
lettre précédente, relativement à la limite 
inférieure des neiges perpétuelles dans la 
cordillère de Vilcanota (Haut-Pérou).... 708 
PENZOLDT. — Appareil pour le séchage ra- 
pide des étoffes (en commun avec MM. Le- 
vesque frères et Collet.....4......... «72 
PERDRAU. — Ses recherches sur la régéné- 
ration du virus vaccin mentionnées ho- 
norablement dans fe Rapport sur le con- 
cours au prix de Médecine et de Chirur- 
gie pour l’année 1837.................. 336 
— Une médaille d'or est accordée, à titre 
d'encouragement, à M Perdrau, pour 
ces recherches. ..........,......... 341 
PERIER. — Projet d’un essai 2e cuttare et 
d'acclimatation des principales espèces de 
quinquina dans l’Algérie............... 652 
PERNET. — Son procédé pour la pulvérisa- 
tion du verdet-gris, mentionné dans le 
rapport de la Commission des arts insa- 
lubres, concours de 1837........ goet 355 
— Nouveaux détails sur ce procédé et sur 
l'application qu’en fait l’industrie. 531 et 948 
PEYROT dépose un paquet cacheté (séance du 


LTMOTEMPNE)= ame sheleele ee eee 840 
PIERREPONT. — Nouveau Su de billets 
dE DANGUE. Le Sue suites che ne FRERE 1127 


PIORRY.— Son Traité de D et 1 de Se 
méiologie , mentionné honorablement 
dans le Rapport sur le concours au prix 
de Médecine et de Chirurgie pour l’année 
Érbeaateonane es AA MRC TA 

PIOT adresse, pour le concours au prix de 
statistique, un exemplaire de la Statistique 
du Jura, plus complet que celui qu'il 
avait précédemment présenté.......... 97 

PIQUEREZ. — Note surune machine qui, 


(-:1273 9 


MM, Pages, 

suivant l’auteur, donnerait augmentation 

de force sans perte de mouvement..... 746 
PIRIA. — Recherches sur la salicine et les 

produits qui en dérivent............ .. 035 
POINSOT. — Remarques sur une nouvelle 

Note de M. Poisson, relative à l’attrac- 

tion des ellipsoïdes...,...,.,......... 3 et 23 
— M. Poinsot est un des trois membres dési- 

gnés pour faire partie du Conseil de per- 

Jfectionnement de l'École Polrtechnique 

pendant l’année 1838—1839..... OCR SP) 
— Est nommé membre de la Commission char- 

gée de présenter une liste de candidats 

pour la place de Directeur des Études à 

l'École Polytechnique. ......,......... 285 
— Et de la Commission pour le concours au 

prix dewStatistique, année 1838......... (670 
— Et de la Commission pour le concours au 

grand prix de Mathématiques, année 1838. Ibid. 
POISSON. — Additions aux remarques insé- 

rées dans le Compte rendu de la séance 

du 18 juin (relativement à l'attraction des 

ellipsoïdes).. Poletne Beat ete liste en leie 
— Note sur une propriété générale de for. 

mules relatives aux attractions des sphé- 

FOTdE SAN. 2 Adepte ra. Me LI à He nc 3 
— M. Poisson est nommé membre de la Com- 

mission chargée de présenter une liste de 

candidats pour la place de Directeur des 

Études à École Polytechnique... Matt 285 
—— Et membre de la Commission pour le con- 

Cours augrand prix de Mathématiques pour 

LannPel839 20e -ernoncece ..... 670 
PONCELET. — Instruotions pour une explo- 

ration scientifique de l’Algérie (partie re- 

lative à Ja Mécanique)...,...,....,..., ot 
— Sur la théorie des effets mécaniques de la 

turbine Fourneyron...,....,..... 225700 Mr (rs) 
— M. Poncelet est nommé membre de la 

Commission chargée de présenter une liste 

de candidats pour la place de Directeur 

des Études à l’École Polytechnique. s.10285 
— Et de la Commission pour la révision des 

comptes de l’année 1837........,......, 513 
— Et de la Commission pour le concours au 

prix de Mécanique, année 1838......... G5o 
PONZI. — Mémoire sur une épizootie observée 

chez certaines espèces de poissons dans le 


lac de Maccarèse.........,....., “….. 1060 
POUCHET. — Note sur le déreloppenins de 
l'embryon des lÿmnées....,............. 86 


POUILLET. — Mémoire sur la chaleur 50- 
laire, sur les pouvoirs rayonnant et ab- 
sorbant de l’atmosphère, et sur la tempé- 
rature de lespace......,,........ 15et 24 

— M. Pouillet est adjoint à la Commission 
chargée de faire un rapport sur deux Mé- 
moires d’optique de M. Babinet........ (Ga 


C. R. 1838, 2€ Semestre. (T. VII.) 


MM. 

PRAVAZ. — Mémoire sur l'emploi du bain 
d'air comprimé dans le traitement des af- 
fections tuberculeuses , des = Te 
,CaPillaires , ete... .... ssnitléeseeee 

PRÉSIDENT DE L’ACADEMIE en à 
l'approbation de l’Académie la réponse 
qui a été faite à M. le Ministre de la Jus- 
tice et des Cultes, par la Commission 
chargée de discuter la question relativeau 
choix à faire entre différents métaux pour 
la couverture.de la cathédrale de Chartres. 

— Annonce que tous les membres présents 
de l’Académie ont assisté aux obsèques 
de M /Dalongete-: Lececaeto-eceree 

— Annonce à l’Académie le décès de M. F. Cu- 
vier nn . . Aussnnsssnsss . 

— Annonce que tous membres présents 
de l’Académie ont assisté aux gi 
du M. Huzard.. RE 

PROCTER annonce 1anvoi Fee _ Gilia 
recueillis en Angleterre... ............ 

— M. Flourers présente au nom de M. Proc- 
ter la collection annencée qui se compose 
de fossiles du calcaire de transition de 
Dudley et de Wenlock........... acte 

— M. Procter offre de compléter la collection 
dont il a fait don à l’Académie par l’en- 
voi de nouveaux fossiles provenant des 
mêmes terrains........ OCDE TEE EN 

PRONY (De) est nommé membre de la Com- 
mission pour le concours au prix de Méca- 
nique, année 1838... De: Mur 

PUILLON-BOBLAYE. — Mémoire sur re 
géologie des provinces de Bone et de Cons- 
tantine es une sossame1251et 

— Rapport sur ce Mémoire... ......,..... 

PUISSANT.—Remarque au sujet d’un article 
de M. Biot sur les hauteurs relatives des 
signaux, conclues de leurs. distances zéni- 
thales réciproques. ......,.. cnosserdess 

— Annonce d’une réponse à des remarques 
de M. Biot sur la note précédente... .…. = 

— Dernières remarques sur la solution de 
M. Biot, concernant la mesure des hau- 


teurs relatives. ........., DD LIU 
— M. Pme n dénee) ne ARTE plus revenir 
sur cette discussion.......... CS TOO», 


— Communication d’observations réciproques 
et.simultanées de distances zénithales et de 
mesures barométriques....,,......., Done 

— Application de distances zénithales réci- 
proques et simultanées à la comparaison 
de différentes formules servant à déter- 
miner les hauteurs relatives .....,,,.. 

— Remarques sur la hauteur du Vipnemale, 
à l’occasion d’une mesuré barométrique 
de cette montagne, donnée par le prince 
de la Moscowa....,....... Jamo ep 


Pages . 


555 


129 
260 


289 


47: 


554 


(1214 ) 


MM. 

— Rapport sur un instrumentdestiné à évaluer 
les distances ek les hauteurs. ....,...... 

— Nouvelles remarques sur la mesure des 
hauteurs relatives, et sur l'évaluation de 
Ja réfraction terrestre... 

— Réplique de M. Puissant à des remarques 


Pages. 


922 


QUARTIN-DILLON annonce son départ pour l’Abyssinie et demande les instructions de l’Académie. 


RAFN: — Lettre relative à une inscription 
découverte l’an passé sur la côte orientale 
du Groënland........, POI TL MON . 18 
RAILLARD. — Nouvelle HI électrique 
dans laquelle des condensateurs contri- 
buent à engendrer la charge;........... 
— Notesur le bruit du tonnerre, sur la marche 
pi mas des éclairs, et sur les vents d’o- 
RER RSA PANNE AIRE UIL 313 
RAOUL- ROCHETTE appelle l'attention de 
l’Académie surles couleurs employées par 
ies anciens Grecs à la décoration de leurs 
édifices. 
REGNAULT. — Sur l'acide chloro-sulfurique 
et la sulfamide.. 
— De l’action du chère sur la liqueur de 
Hollandais et sur le chlorure d'aldéhr- 


1099 


REICHENBACH. — Remarques sur la gravi- 
tation universelle, .......... serai ites 
REID. — Description de l'ouragan arrivé aux 
Indes-Occidentales, en 17804... ë 
RENAUD DE VILBACK. — Note sur la fa- 
brication des machines en France, et sur 
quelques améliorations apportées à la 
construction des locomotives... ......... 
RETZIUS. — Note sur la structure intime 
des dents.4:.11..... 
RICHARD. — ds Rapport sur la partie botanique 
d’un Mémoire de M. Fontan, concernant 
les eaux minérales des Pyrénées. ........ 
RIESS. — Mémoire sur les quantités de cha- 
leur produites par l'électricité dans des 
fils métalliques; présenté par M. de Hum- 
boldt.. 65e SAN Me 
RIVE (De 14). — Sur l'oxidation du platine ; 
Lettre à M. Becquerel................. 
ROBERT. — Considérations suv les causes 
qui ont déterminé le relief actuel de la 
Suède et de la Norwège..........1..,.. 495 
— Sur la constitution géologique des mon- 
a de la rade de Bell-Sound au Serre 


653 


Q 


R 


MM. Pages. 
de M. Biot sur la Note précédente. ....,, 1043 
— Sur l’application du calcul des probabilités 
à la mesure de la précision d’un grand 
nivellement géodésique indépendant des 
distances respectives des stations. 


1102 


— Observations géologiques faites à partir du 
Cap nord de la Laponie, jusqu'à Torneo. 

— Nouvelles considérations sur la géologie du 
nord de l'Europe... . 

— M: Robert transmet de Hambourg la copie 
d’une lettre de M. Leclencher concernant 
diverses observations d'Histoire naturelle 
faites sur les côtes du Kamtschatka, des iles 
Aleutiennes et de la Californie... . 
ROBERTON adresse une Note relative aux 
mouvements qui se remarquent dans la 
glotte du boa pendant Pacte de la dégluti- 
tions. nee DEEE 

— Présente une préparation angéiologique de 
la tête humaine où les vaisseaux sont figu- 

rés par un alliage métallique flexible... . 
ROBINAU. — Note sur un moyen de conserver 
les farines... eersereseneereser.e 783 
ROBINSON est présenté, par la section d'As- 
tronomie, comme un des candidats pour 

une place vacante de correspondant... ,. 
ROBIQUET. — Rapport sur un Mémoire de 
M. Jaume-Saint-Hilaire, relatif aux indi- 
gofères asiatiques. 0e 

— Procédé pour dbienis T'indigotine pure du 
Polygonum tinctorium . 

— Rapport sur un Mémoire de M. Frémy 
concernant les propriétés chimiques des 
baurmess : 10e NN PARTIE 

— M. Robiquet estnommé membre de la Com- 
mission pour le concours au prix concer- 
nant les arts insalubres... 
ROSAGLIO. — Nouveaux modèles de fusils d 
chasse et de guerre. .... C 
ROSENBERG est présenté, dec la section 
d'Astronomie, comme un des candidats 
pour une place vacante de correspondant. 
ROSSI. — Sa machine à écraser les grains, 
présentée pour le concours au prix de 
Mécanique... 
ROSSIN. — union: dit par un pro- 
cédé mécanique, les intégrales des sur- 
DACES te se eee BAD 


CRETE NE EEE ES 


831 


122 


DEEE IIE TES 


820 


702 


MM. 

ROUSSIN (L'amiral) trensmet un résumé 
des observations météorologiques ; faites au 
collége de Saint-Benoît, à Constantinople , 
par l’abbé Delmas. abat oUE - Rush 

ROUX. — Remarques à l’occasion d’un Mé- 
moire de MM. Breschet et Guyot, con- 
cernant l'influence dé Ja température de 
l'atmosphère sur la cicatrisation des plaies 
suites d’amputation.....,,........ Os 


SAINT-ANTOINE (DE) adresse divers échan- 
tillons de caoutchouc divisé en lames 
minces, et de tissus rendus imperméables 
au moyen de cette substance. . , . . . . 

SAINT-HILAIRE (De). — Rapport sur la 
traduction de Ja partie botanique des 
œuvres de Goethe, publiée par M. Martins. 

— Note sur un Mémoire de M. Dunal concer- 
nant la coloration en rouge de certaines 
eaux salées... dpaeslaeuile DFE LINE 


l'École auxiliaire de Médecine, . ei 
SANTI LINARI (le P.) — Voyez à Linari. 
SANTINI «st Présenté, par la section d'Astro- 


Chirurgie, fondation Montyon.......... 
SAV ARY. — Rapport sur un Mémoire de pro- 
babilités présenté par M. Bravais. DATE 
— M. Savary donne des renseignements sur 
l'époque à laquelle remonte la construc- 
tion d’un appareil de photométrie inventé 
par M. Babinet.....,..,... dnatere dé e 
— À l’occasion d’une Note sur le Jluide élec- 
trique à l’état de diffusion dans le vide, 
M. Arago rappelle que M. Savary est de- 
puis long-temps parvenu à produire l’ai- 
mantation à l’aide de la décharge de l’é- 
lectricité de tension développée par le 
frottement et déchargée instantanément 
à travers Je vide... QC PL PTT PREPR 
— M. Savary est adjoint à Ja Commission 


( 1215 ) 


Pages. 


495 


. 1068 


625 


687 


MM. 


chargée de faire un rapport sur un Mé- 
moire de M. Combes. .. ......... 


gée de s’occuper des moyens de prévenir 
les explosions des chaudières à vapeur... 
— Et de la Commission chargée de décerner 
la Médaille de Lalande pour l’année 1838. 
— Est adjoint à la Commission nommée pour 
deux Mémoires d’optique de M. Babinet. 
— Est nommé membre de la Commission 
chargée de rédiger des Instructions pour 
le voyage en Afrique de M, Lefebvre... 
SAVIGNY. — Remarques sur les phosphènes, 
fragments du journal d’un observateur 
atteint d’une maladie des yeux........., 
SCHEUTZ. — Note sur une nouvelle machine 
à calculer, . . . 
SCHOENBEIN. — Observations sur les cou- 
ranis secondaires ( électricité); Lettre à 
M. Becquerel........ oise rm ho lt à 
— Sur la polarisation voltaïque; Lettre à M. 
Becquerel . ..... tisse Car PU TES 
SCHULTZ. — Nouvelles observations sur la 
circulation dans les plantes, ....,,...... 
— M. Schuliz est présenté par la section de 
Botanique comme un des candidats pour 
une place yacantede correspondant... 
— Observations sur les glandes qui sécrètent 
l’eau dans les utricules appendiculaires 
des feuilles du Nepenthes distillatoria.. ... 
— Nouvelles observations sur le sang. ...... 
— Mémoire sur le Macrobiotus Hufelandii; 
communiqué à l’Académie par M. Elie 


de Beaumont ..... ee pau: 
SCHWEI1CH. — Idées théoriques sur la gra- 
PL US AE EE D De nes: (ET 
— Considérations sur les explosions des ma- 
chines à vapeurs. 4). 4.4... 
SCOUTETTEN. — Note sur le traitement de 
la rougeole et de la scarlatine. .......... 


SÉDILLOT (Charles) demande à reprendre 
un Mémoire sur les luxations du fémur. 
SÉDILLOT (Am.). — Mémoire sur les ins- 
truments astronomiques des Arabes (Rap- 
port sur ce Mémoire). . . ....,.,... 


69 


1056 


MM. 
SÉGUIER.— Instructions pour une exploration 
scientifique del’Algérie.(Partie concernant 
l'industrie des habitants de la Régence.).. 
— Rapport sur une pendule à échappement 
libre, présentée par M. Vérité.. . . . .. 
— Rapport sur un appareil destiné à prévenir 
les feux de cheminée, inventé par M. Ma- 
— M. Séguier est nommé membre de la Com- 
mission pour le concours au prix de Méca- 
nique, année 1838........... lentes 
— Et de la Commission pour le concours au 
prix de Statistique , année 1838 ... 
SELLIGUE. — Nouveau système d'éclairage 
par le gaz obtenu de la décomposition de 
l’eau et des matières carburantes. . . . . 
SERRES. — Instructions pour une exploration 
scientifique de l'Algérie (partie concernant 
la Médecine).......…. cocon Pacte 
— Observations sur le développement de 
Pamnios chez l’homme. . . . . .. . ... 
— Réplique à des remarques de M. Breschet 
sur le Mémoire précédent. . . . . . 1.4 
— M. Serres est nommé membre de la Com 
mission pour le concours au prix de Phy- 
siologie expérimentale... ............ 
— Et de la Commission pour le concours au 
prix de Médecine et de Chirurgie, fonda- 
tion Montyon...... cicbonbté ns Ste 
— M. Serres est présenté par l’Académie 
comme candidat pour la ehaire d’anatomie 
et d'histoire naturelle de homme vacante 
au Muséum d'Histoire naturelle. …....... 
SILVESTRE transmet un Mémoire de M. Per- 
ñet sur un moyen de rendre la préparation 
du verdet gris moins insalubre. . . . . . 
— M.Silvestre est nommé membre de la Cm 
mission chargée de préparer des Instructions 
pour le voyageen Afrique de M. Lefebvre. 
SIMON adresse à M. Arago deux perles de cou- 
leur noire qu’il a trouvées dans un grande 
huître jetée sur le rivage de la mer. . . 


TAILLEBERT. — Procédé pour [a décompo- 
sition des matières oléagineuses en gaz-light. 
TEXIER annonce avoir examiné en 1833 des 
échantillons de couleurs recueillis sur des 
monuments de la ville d'Athènes. . . . . 
THENARD. — Remarques à l’occasion d’une 
phrase de la Note de M. Arago sur l’em- 
ploi de la gélatine comme aliment, à l’hos- 
pice Saint-Nicolas à Metz... . ..,. 
— M. Thénard est désigné comme un des trois 
membres qui devront faire partie du Con- 
seil de perfectionnement de l'École Poly- 


( 3216 ) 


Pages. 


1002 


Ibid. 


1148 


“21127 


83 


1109 


OLA 


MM. 

SIMON JOELI. — Voir à Jolli. 

SOLEIL présente an appareil chromatique pour 
servir dans les cours publics aux expe- 
riences de polarisation dans les lames 
cristallisées MIN nee ose 

SOREE demande que l'Académie, qui a été 
consultée par M. le Ministre de la Justice 
et des Cultes , relativement au métal àem- 
ployer pour la couverture de la cathédrale 
de Chartres, recommande l'usage de la 
tôle zincée préparée par son procédé..... 

— Propose deux modifications différentes de 
l'appareil imaginé par M. Biot pour puiser 
de l'eau à de grandes profondeurs, avec les 
gaz qu'elle contient en dissolution. ....... 

SOULIN.—Rapport sur les travaux relatifs à la 
restauration des pyramides élevées aux ex- 
trémités de la base mesurée par les Acadé- 
miciens, au Pérou; transmis par M. de 


Mendeville...... RCE ME TOUL 
STEINHEIL. — Notice sur son Ida aphe 
électrique. .........4....ssssstrene 


STEINHEIL/A.).—Considérations sus\'usage 
que l’on peut faire des rapports de posi- 
tion qui existent entre la bractée et les 
parties de chaque zerticille floral pour la 
détermination dû plan normal sur lequel 
les fleurs des diverses familles sont cons- 
truitess.: en. RENE ne 

STRAUSS. — La section de Zoologie, en pré- 
sentant une liste de candidats pour la 
place vacante par’ suite du décès de M. F. 
Cuvier, exprime le regret de n'avoir pu y 
comprendre le nom de M. Strauss, can- 
didat del’élection précédente, mais qui ne 
s’est pas présenté pour celle-ci. . . « . . 

STURM est nommé membre de la Commission 
pour le concours au grand prix de Mathé- 
matiques pour l’année 1838.. 

— Rapport sur deux Mémoires de M Blanchet 
relatifs à la propagation et à la polarisation 
du mouvement dans un milieu élastique. 


technique pendant l’année 1858—1839.... 
— Est nommé membre de la Commission char- 
gée de présenter une liste de candidats 
pour la place de Directeur des Études à 
l'École Polytechnique. ................ 
TOLLARD aîné demande à être compris dans 
lenombre des candidats pour la place de- 
venue vacante dans la section d'Économie 
rurale par suite du décès de M. Huzard. . 
TSCHUDI.— Classification des Batraciens ; 
Remarques de M: Duméril à ce sujet... . 
TUEFFERD. — Ses recherches relatives à 


Pages 


246 


. 1167 


59e 


1059 


1125 
À 


805 


MM. 
la variole et à la vaccine, mentionnées 
honorablement par la Commission du 
concours au prir de Médecine et de Chi- 
rurgie pour l’année 1837........,...... 

— Médaille d'or accordée à titre d'énicours: 
gement pour ces recherches.....,....., 

— M. Tuefferd annonce qu’il poursuit ses 
travaux sur la variole et la vaccine con- 
formément aux indications de la Com- 
mission. ... 

TURPIN. 


— Rapport sur des expériences 


et’ des observations de M. Cagniard-La- 


VALADE-GABEL fait hommage à l’Académie 
d’un buste de M. Latreille.............. 
VALENCIENNES. — Description de l’ani- 
mal de la Panopée australe, et recherches 
sur les autres espèces de ce genre....... 
— Observations sur les mächoires fossiles 
des couches oolithiques de Stonesfield, 
débris provenant d'animaux qu’on a dési- 
gnés sous les noms de Didelphis Prevostii 
et Didelphis Bucklandiüi..........,..... 
— Considérations générales sur l’icthyologie 
de l'Atlantique, et en particulier des fles 
Canaries tertstene cette es eee 
— M. Valenciennes est présenté par la section 
de Zoologie comme un des candidats pour 
la place vacante par le décès de M. Fré- 


déric Cuvier...... nbotd canon rene 
— Sur des ossements fossiles de rhinocéros 
trouvés daus le centre de Paris. . . .. 


VALERIUS. — Mémoire sur deux appareils 
propres à combattre les déviations de la 
taille... 

VALLA. — Lettre relative à une horloge 
TION ET Peter ae toc banc 

VALLAT. — Son appareil Li le sauvetage 
des ouvriers blessés dans les galeries de 
mines, mentionné dans le rapport de la 
Commission des arts insalubres. .... 79 et 

VALLET D’ARTOIS. — Mémoire sur les 
phénomènes de l'aiguille aimantée...... 

VALLOT.—Sur deux espèces de Cione confon- 
dues par les entomologistes, et sur l’Ozys- 
tomaPoOmong tie: -Micaenic-eesee 

— Sur les cryptogames qui se développent à 
la surface des feuilles des tilleuls....... 

— Lettre sur l’origine des fils de la Vierge. . 

— Sur un eas de monstruosité dans l’espèce du 
CROP eu nn OTIIEÉ 

VALZ écrit de Marseille à M. Arago qu'il a 
aperçu pour la première fois la comète à 
courte période le 9 octobre 1838 ........ 

— Sur les diamètres de la comète à courte pé- 
riode ; Lettre à M. LE do ôter lo re 


(1219) 


MM. Pages 


Pages. 


625 


tour, cuncernant la cause et les eflets 
de la fermentation vineuse......,....... 
— Mémoire sur la cause et les effets de la 
J'ermentation alcoolique et acéteuse..... 
— Examen des débris organiques renfermés 
dans une des couches du terrain qui 
contient le tripoli de Bilin, en Bohème.. 
— Rapport sur une Note de M. Dujardin , 
relative à l’animalité des spongilles.... 
— Etudes microscopiques sur le gisement de 
la matière bleue dans les feuilles du Poly - 
gonum tlinctorium. . . .. 


— M. Valz annonce à M. Arago qu’il a en- 
core observé cette comète le 12 décembre, 
deux jours avant le passage au périhélie. 

— Sur les mouvements successivement directs 
et rétrogrades des météores périodiques 

‘août et de novembre; Lettre à M. Arago. 

VAUSSIN-CHARDANNE.— Instrument des- 
tiné à mesurer les distances. . . .-. - 

VÉRITÉ. — Rapport sur une pendule à Chan 
pement présentée par cet artiste. . . . . 

VERMOULIN. — Observations sur certains 
effets des tremblements de terre qui se 
sont fait ressentir au Chili depuis quel- 
ques années ; Lettre de M. Dumoulin à 
NE AVE Denoccer marco eee 

VÉRUSMOR. — Lettre à M. Arago sur le 
grand météore lumineux vu dans la nuitdu 
13 novembre 1835. . . . .. 

VICAT partage avec M. Demonferrand le 
prix de Statistique, fondation Montyon , 
pour l’année 1837. . . . . . .... 15 et 

VILMORIN. — Note sur un échantillon d’/n- 
dgo du Polygonum tinctorium. . . . . .. 

VINCENT écrit relativement à deux étoiles 
filantes qu’il a observées le 10 décem- 


VIREY se fait connaître pour auteur d’un Me- 
moire présenté à la séance du 27 septem- 
bre et ayant pour titre : Polarité de l'or- 
ganisme considérée dans le règne animal. 

VOISIN transmet, par l'intermédiaire de 
M. Stanislas Julien, une lettre de M. Fa- 
vand, missionnaire en Chine, sur l'em- 
ploi qu’on fait dans ce pays des chrysa- 
lides de ver à soie comme aliment; etfait 
connaître un procédé employé, dans le 
mème pays, pour la conservation des œufs 


VOIZOT. — Lettre sur les ns de rendre 
moins fréquentes et moins dangereuses les 
explosions des machines à vapeur . . © .. 

VORSSELMANN DE HEER. — Note sur 
quelques points de l'électricité voltaique. 


229 


360 


bo cab 772— 806 


705 


J 


go 


350 


1027 


126 


84 


246 


HM. ‘ 
WAGNER. — Note sur les mœurs du Ma- 
croscélide de Roget. . . . . . MTS à à 
WAGNER et MENTION adressent un pa- 
quet cacheté, portant pour suscription : 
Description d'un procédé de dorure sur 
argent (Séance du 20 août) ...... 
WALCKENAER adresse la figure et la des- 
cription d’un instrument destiné à mesu- 
rer les distances, inventé par M. Vaussin- 
(HTC C6 CG oo0 MIT Loc 
WALSH, — Note sur une question d’ana- 
lyse mathématique. . ............ 
WERE-FOX. — Observations de l’inclinaison 


( 1218 ) 


Pages. 


622 


W 


MM. 
et de l'intensité magnétiques faites en diffé- 
rents lieux de l'Europe. . . . . ..... 
WHEATSTONE. — Sur la proposition == 
M. Arago , l’Académie décide que 
M. Wheatstone figurera, en dehors de la 
liste présentée par la section de Phy- 
sique, comme un des candidats pour la 
place vacante de correspondant. 
WIEBEKING. — Note relative à l'adhésion 
— Extrait d’une Lettre sur Ja 
formation de l'embryon; Note commu- 
niquée par M. Auguste Saint-Hilaire... 


Pages: 


989 


.. 251 et 282 


Errata. 


Page 7, ligne 2, l'unité de Za densité, Lisez l’unité de densité 
13, 11, dans les profondeurs des mers, lisez des mines 
! A 
r+r) .. (+r 
26, ligne 8 en remontant, t=R LED lisez 1=R + En) 
87, avant-dernière ligne, après hier au soir, ajoutez 26 juin 1838 
127, ligne 7 en remontant, M. Araujo, attaché à la lésation du Brésil, Zisez 
envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Brésil 
251, ligne 22, ajoutez aux noms des candidats présentés par la section de Phy- 
sique pour une place vacante de correspondant , le nom de M. Matteucci 
; : sin 
269, ligne 4 en remontant, dans la formule, remplacez sinç par se 
Ibid., ligne:11 en remontant, au lieu de ÆM(v° — v"2), mettez : M(v?—v"°) 


: : & oR’ 
272, ligne 15 en remontant, au lieu de ———, mettez ——— 


V'2gH » V'2£H 
273, ligne 4 en remontant, au lieu de n, mettez s 


s 1 
Tbid., ligne 8 en remontant, dans la formule , au lieu de s, mettez Fe 


281, ligne 13, après ces mots : 2° pour la perte de travail correspondante, 
ajoutez par seconde 
Ibid., Faites précéder du facteur 2, les termes en R'*, R'{et R'5 qui en- 
trent dans les différentes formules de cette page, et restituez 
aux dénominateurs des dernières expressions de la perte pro- 
portionnelle ou relative de travail, due à la résistance du 
liquide dans lequel la turbine est censée plongée, le facteur gH 
qui y a été oublié aussi bien que dans les calculs numériques 
mentionnés à l’alinéa suivant. É 
De cette manière, les valeurs de cette perte se trouvant 
réduites à 0,121 et 0,035 respectivement, pour les vitesses 
de 101,5 et 62,8 tours de roue à la minute, on est conduit 
à conclure, non plus que la résistance dont il s’agit et son coef- 
ficient à’ — 0,0036, se trouvent évalués trop haut, mais bien 
que la principale cause du déchet éprouvé par la turbine Four- 
neyron, doit résider dans les remous occasionés par la présence 
de la capacité de cette roue, qui n’est pas soumise directement 
à l’action du fluide. 
282, ligne 11, au lieu de 1830, lisez 1837 


Pages 285, 


3775 


478; 
495, 
543, 
556, 


596, 
617, 
620, 
663, 
665, 
666, 
667, 
803, 


904, 
930, 


934; 
973: 
993» 


1140, 


1081, 


ligne 13, place de directeur de cette école, lisez place de directeur des 
études de cette école. LES 
ligne 3 en.remontant, de la farine, lisez des fraises 
4 en remontant, au lieu de Atlas, Zisez Altaï 
21, Seclande, lisez Seelande 
4 en remontant, upposé, lisez supposé 
5, ajoutez La collection de fossiles présentée par M. Procter est 
renvoyée à l’examen d’une Commission composée de MM. Al. 
Brongniart, Cordier, Beudant 
31, MM. Gras et Merle, Zisez MM. Gros et Merle 
7 en remontant, au lieu de serratophyllum, Zisez ceratophyllum 
30, au lieu de novembre, lisez août 
8, l'existence, lisez un mélange 
13, Poulet, lisez Poutet 
20, lavoira elaïs, lisez Avoira ou Elaïs guineensis 
34, myristica où moschata , lisez myristica moschata où m. aromatica 
2 en remontant. Au tableau météorologique dans les moyennes 
barométriques du 21 au 30: 
à midi, au lieu de 757,174, lisez 756,13 
a 3 heures, au lieu de 757,31, lisez 755,52 
à 9 heures du soir, au lieu de 757,44, lisez 755,55 
8, M. Marchany, lisez M. Marchand 
8, ajoutez le nom de M. Becquerel à ceux des Commissaires designes 
pour l'examen d’un Mémoire de M. Tabarié 
18, 3° colonne, au lieu de 22,04, lisez 24,04 
4 en remontant , au lieu de Gaymege, lisez Gagnage 
dernière ligne de la note, au lieu de sans fondement analytique, lisez sans 
fondement théorique 
23, grossissant environ 5o fois, lisez environ 500 fois 
ligne 12 en remontant, au lieu de 10 de ce mois, lisez 8 de ce mois 


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